Palabres 16 190*254 - Revues Plurielles · avec les jeunes, surtout ceux des écoles primaires....

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142 142 l’arbre à Palabres # 16 - novembre 2004 I In nv vi it té é A As ss so oc ci ia at ti if f A A R R C C H H I I V V E E ASSOCIATION DE RECHERCHE SUR LA CULTURE ET L ’HISTOIRE POUR L ’IDENTITÉ ET LA VÉRITÉ DE L ’ENSEIGNEMENT PROPOS RECUEILLIS PAR SIMÉON ABBY KPATA A U NOM DETOUS LES MIENS ... A U NOM DETOUS LES MIENS ...

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IInnvviittéé AAssssoocciiaattiiff

AAAARRRRCCCCHHHHIIIIVVVVEEEEASSOCIATION DE RECHERCHE SUR LA CULTURE ET L’HISTOIRE

POUR L’IDENTITÉ ET LA VÉRITÉ DE L’ENSEIGNEMENT

PROPOS RECUEILLIS PAR SIMÉON ABBY KPATA

AU NOM DE TOUS LES MIENS...AU NOM DE TOUS LES MIENS...

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L’Arbre à Palabres :Pourquoi Archive ?

Yvan Voice L’Associationde Recherche sur la Culture etl’Histoire pour l’Identité et laVérité de l’EnseignementARCHIVE) est le fruit del’union d’hommes et defemmes qui ont mené leur en-gagement pour la reconnais-sance universelle des grandspersonnages de la commu-nauté noire du monde entier.Archive œuvre pour la recon-naissance des inventeurs et sa-vants noirs, qui ont contribuéà l’évolution et à l’avancementde l’humanité dans les do-maines des sciences appliquéesaux XIXe et XXe siècles.

Pour trouver les numérosdes brevets d’invention noussommes allés sur le site BlackInventors aux États-Unis.Nous avons eu sur ce sitetoutes les informations sur lesinventeurs et savants, alorsqu’en France il n’y avait rien.

Pour nous, le problème dela création d’une associationne se serait pas posé, si nousn’avions pas constaté qu’il yavait eu une volonté délibéréede cacher les inventions desnoirs. Alors qu’au quotidien,nous utilisons tout ce qu’ilsont créé.

A.P. : Que répondez-vousà l’affirmation que les noirsn’ont jamais rien apporté àl’évolution de l’humanité…

Y.V : Nous pouvons affir-mer le contraire, car toutes cesinformations existent en an-glais sur le site Black Inventors– sas compter les encyclopé-dies, les livres, mles magazinesen langue anglaise qui parais-sent aux États-Unis – et nouspouvons prouver que les noirsont contribué également auxinventions et ont apporté leurpierre à l’avancement de l’hu-manité.

Cela ne pose pas de pro-blème pour les noirs anglo-phones. Et aux États-Unis, degrandes universités portent lesnoms d’inventeurs et savantsnoirs. Ce qui démontre qu’aumoins, il y a eu information,vulgarisation autour de laquestion. Dans les îles anglo-phones, on apprend dès l’éco-le primaire les noms des in-venteurs et savants que nouscitons dans nos calendriers etdans ma chanson. Mais c’estdans les pays francophonesque le bât blesse.

A.P. : C’est donc votre colè-re qui a fait naître Archive ?

Y.V : Lorsque nous avonssu l’existence des Inventeurs etSavants noirs, nous avons crééle site d’Archive en 2001.Nous avons traduit une partiedes biographies des inventeurset savants noirs. Il fallait unsupport, un moyen facile d’ac-cès et à ce jour, c’est Archive

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Les noirs n’ont jamais contribué à l’évolution de l’humanité, tel est le credo qu’on entend par ci et parlà. Pourtant à l’aube des grandes découvertes mondiales aux XIXe et XXe siècles, des noirs ont bien parti-cipé au progrès technique et scientifique et l’ont accompagné. Ainsi en 1881, le noir américain Lewis HowardLatimer invente l’ampoule incandescente au filament de carbone, qui produit la lumière en continue. Unautre grand inventeur de génie, Granville Woods, invente le télégraphe à réduction en 1888, ainsi que letramway, l’électrification du chemin de fer et en 1923 les feux de signalisation… Jan Esnst Matzeliger en1884 met au point la machine à cordonnerie…

L’Association Archive, créée en 2000, fait de la reconnaissance des inventeurs et savants noirs son che-val de bataille. Nous avons rencontré Yvan Voice, président de l’Association Archive accompagné de OlivierBirna, qui a accepté de nous accorder l’interview qui suit.

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qui met ces informations àdisposition du public.

A.P. : Quelles sont vos ac-tions ?

Y.V : Après avoir fait le si-te, nous avons invité le pro-fesseur Yves Antoine, ensei-gnant à l’université d’Ottawaau Canada, qui a écrit un livreInventeurs et savants noirs aveclequel nous avons effectuétoute une série de conférences,expositions, débats dans diffé-rents centres culturels et lycéesde la Guadeloupe.

A partir de ce moment-là,sachant que j’ai un atout entant que chanteur, il était im-portant à travers mes inter-ventions télévisées et radio-phoniques, de pouvoir sensi-biliser la population, notam-ment les professeurs antillais.

A.P : Peut-être une mé-connaissance de leur part ?

Y.V : D'après les témoi-gnages de certains professeursqui avaient connaissance del’existence des inventeurs et sa-vants noirs, de par leursvoyages aux États-Unis, ils nepouvaient enseigner dans leursclasses cela, car ils suivent leprogramme que leur imposel’Éducation Nationale.Maintenant, je leur dis, rap-prochez-vous de nous, nousallons pouvoir travailler en-

semble, de façon à sensibiliserles jeunes. En France de nom-breux ouvrages ne mention-nent pas l’existence de ces in-venteurs et personnalités noirs,ce qui n’est pas le cas chez lesanglophones. A partir desconférences débats, nousavons eu à sensibiliser lesélèves, des classes de l’ensei-gnement secondaire.Ensemble, nous sommes arri-vés au constat en nous posantla question, pourquoi cela a-t-il été caché aussi longtemps ?

A.P. : À votre avis, pour-quoi cela a-t-il été caché ?

Y.V : Je l’ai dit dans machanson : On nous doit la vé-rité .

Pour des raisons diverses etvariées, j’ai constaté dans lespays francophones que parlerdes génies et savants noirs dessciences modernes appliquéesest considéré comme tabouaujourd’hui. Il a été plus faci-le d’aliéner mon peuple desîles françaises par l’un des or-ganes des plus puissant qu’estla télévision en montrant desnoirs d’Afrique toujours dévê-tus dans des reportages ou do-cumentaires.

On a stigmatisé ainsi notrerace dans des domaines com-me le sport, la musique et lecinéma où l’on pouvait excel-ler. Il a donc été très difficile

pour notre diaspora d’accéderà ces informations fondamen-tales pour l’avenir de nos en-fants, pour cela il nous a fallufaire un travail intelligent, pé-dagogique, ludique pourconscientiser.

A.P : Que fait Archive pourremédier à cette carence ?

Y.V : Au préalable, nousavons fait toute une série deconférences et avons travailléavec les jeunes, surtout ceuxdes écoles primaires. Notre ac-tion c’est de pouvoir faire desexpositions itinérantes sur lesinventeurs et savoirs noirs,pour que les jeunes aient uneapproche pédagogique.Ensuite nous allons inscrirenotre combat dans le domai-ne éducatif. À savoir que l’É-ducation nationale doitprendre en compte dans lesprogrammes scolaires les spé-cificités de la Guadeloupe, laMartinique, les Caraïbes et lespays d’Afrique francophone.

Il n’est pas normal d’am-puter leur histoire del’exemple de grands person-nages qui pourraient être unrepère pour les jeunes, quisont en mal d’identité et quicherchent leur voie dans cettesociété.

En créant l’Association enjanvier 2000 en Guadeloupe,nous avons envisagé de faire

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une expansion en France etailleurs. Nous nous sommesdit, nous sommes une passe-relle avec l’Afrique, c’est biend’avoir des diplômes, de fairedes études supérieures, mais ilfaut connaître son histoire.Comme l’histoire d’Afriquen’est pas l’histoire enseignéeaux Antilles, nous les Antillais,nous sommes encore plus in-cultes sur ce qui concernel’Afrique. Maintenant nousdisons, nous qui n’avons pasfait des études supérieures,tout simplement avec beau-coup d’humilité, nous voulonsfaire en sorte que maintenantnous redressions la tête. Quenous soyons fiers de ce quenous sommes, comme je l’ai

dit dans ma chanson: Que tusois noir de cuba, du Panama,du Zimbabwe… il ne devraitplus y avoir de frontières pournous séparer par les clivages,qui font en sorte que noussoyons plus divisés.

De toutes les classes du se-condaire que nous avons solli-citées aux Antilles, aucun pro-fesseur ne sait jamais inscrit enfaux, concernant la véracité denotre message.

Nous envisageons de cefait d’engager toute une séried’actions juridiques dans l’ave-nir. Nous avons écrit au rec-teur de l’académie deGuadeloupe pour l'informerqu’il y allait avoir toute une sé-rie de conférences, expositions,

débats interactifs dans diffé-rentes communes de l’archipelsur les inventeurs et savantsnoirs: à ce jour aucune répon-se effective de sa part.

A.P : Où en êtes-vouspour l’insertion dans les pro-grammes scolaires ?

Y.V : Après nos conférences,expositions, débats, nous avonsécrit à différents ministères dugouvernement Jospin. Nousavons écrit au ministère del’Education nationale, à l’ancienpremier Ministre, au ministèrede la Technologie et dessciences. Nous leur avons dit:vous célébrez depuis dix ans lafête de la Science en France etaux Antilles. Au départ, c’est

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Yvan Voice et Olivier BirnaConférenciers

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une bonne chose mais à notregrand regret, on constate qu’iln’y a pas un seul homme descience ou d’inventeur noir.Alors on leur a écrit en joignantla photo de Lewis HowardLatimer, ainsi que le prototypede l’ampoule, du filament decarbone inventé par ce dernieren 1881, qu’on a attribué àEdison. Parti de Guadeloupe,cela a créé une surprise totale,car qu’est-ce qui peut sortir deGuadeloupe si ce n’est le dou-douisme, le punch et le zouk.Voilà comment ils nous voient.

Ca été un choc, a tel pointqu’ils ont appelé le ministère desDom–Tom en demandant cequ’était cette association. Ils ontappelé le préfet de région del’époque qui a diligenté une en-quête sur notre Association.Ainsi les renseignements géné-raux de Guadeloupe m’ontconvoqué. Car nous avions tou-ché un point important. Si lesrenseignements généraux s’enmêlent, c’est qu’il y a problème.J’ai été reçu par un Antillais quime connaissait comme chan-teur. Il voulait savoir ce qu’est l’Association Archive et son ac-tion. A ce moment-là, on s’estdit qu’on allait continuer l’ac-tion, parce que les réponses quenous avions reçues des minis-tères et surtout du ministère del’Education nationale concer-nant l’insertion dans les pro-

grammes scolaires des person-nages illustres, qui malheureu-sement ont été spoliés, occultés,étaient les suivantes : " Nous nepouvons accéder à votre requê-te par rapport à la demande desubvention que vous demandezpour votre Association ", alorsque nous n’avions jamais de-mandé de subvention !

Chaque année AnneGiscard d’Estain publiel’Encyclopédie Mondiale desInventions. Mais dans cette en-cyclopédie mondiale, il n’y a pasd’inventeurs ou de savants noirs,alors nous avons écrit à cettedernière, concernant leshommes de science noirs, ellenous a répondu Je transmettraiceci au comité de la rédaction.L’année suivante toujours pasd’inventeur et savant noir.

De là, en 2002 le calendrierdes inventeurs et savants noirsest né. On l’a fait avec notrepropre argent. Pour faire en sor-te que la majeure partie de la po-pulation aux Antilles soit aucourant de l'existence des in-venteurs et savants noirs.

Le calendrier des inventeurset des savants noirs a été trèsbien accueilli et a eu un succèsretentissant. En Guadeloupe,les professeurs ont sensibiliséleurs élèves et ont fait des cours,à l’aide du calendrier, sur cesgrands personnages. Nousavons également participé au

Salon du Livre, participé àd’autres salons de l’Invention, àdes salons des Caraïbes, à desmanifestations culturelles…Notre action de sensibilisation afait en sorte qu’en un an,d’autres associations, commeRacine en Guadeloupe, militentdans ce sens.

A.P : Pouvez-vous nousparler des principaux inven-teurs et savants noirs ainsique de leurs inventions ?

Y.V : Nous avons constatéqu’il était scandaleux d’êtredans l’ignorance depuis silongtemps concernant ces in-ventions fondamentales, quiau quotidien sont utilisées àl’échelle planétaire. Nousavons l’ampoule incandescen-te au filament de carbone in-ventée en 1881, par LewisHoward Latimer, qui tra-vaillait chez EdisonCompagnie. Edison a eu àconfectionner un filament faiten bambou, qui ne pouvaitdonner l’éclairage que durant20 à 35 heures pas plus. LewisHomard Latimer et Nicholsont trouvé en 1881 commentavoir l’éclairage sans interrup-tion. Lewis Homard Latimer afait l’éclairage de Philadelphie,de New York, du Canada et deLondres. Lewis HomardLatimer est aussi l’inventeurdes toilettes dans les trains, il

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était poète, claviste, musicienhors pair, il a vraiment marquéson temps. Aucun livre enFrance ne rapporte ce fait.

Un autre grand inventeurde génie, Granville T. Woods,est l’inventeur du télégraphe àinduction, du tramway qui adonné naissance au train élec-trique, de l’électrification duchemin de fer, du troisièmerail (aiguillage), de la télégra-phonie qui permet de mettreen relation le machiniste et lagare routière, de l’interrupteurélectrique à l’intérieur des mai-sons et de l’émetteur de télé-phone considéré comme l’in-vention de Graham Bell. Dansles manuels en France on ap-prend que c’est Grambele l’in-venteur. Granville T. Woods ainventé également : l’appareilde divertissement (manège),l’appareil de transmission demessage via l’électricité, la bat-terie galvanique, l’instrumentde transmission, le système etappareils électriques, télé-graphe des chemins de fer,tunnel pour train électrique.

Jan Ernst Matzeliger est lepremier à avoir inventé la ma-chine à monter les empeignesqui nous permet aujourd’huid’avoir des chaussures.Georges Carruthers a inventéla caméra-spectographe quifut transportée par Apollo 16et installée sur la Lune, et le

convertisseur d’image; GarretMorgan le feu de signalisationet le masque à gaz ; FrederickMickinley Jones, le condition-nement d’air ; Lewis HomardLatimer, la lampe électrique ;Norbert Rillieux, la produc-tion sucrière améliorée…

A.P : Rencontrez-vous desdifficultés pour mener vos ac-tions ?

Y.V : Dans mon albumOn nous doit la vérité , et danscette chanson, j’évoque, jechante les inventeurs qui mal-heureusement ont été occul-tés. Je parle de la façon dontl’Europe vénère ces grandsnoms comme Mozart, lesfrères Lumière… et je dis quemaintenant pour nous, il estgrand temps d’honorer nosgrands personnages, en leurrendant hommage.

L’album et la chanson ontété un succès retentissant dansla communauté, ils ont eu unécho jusqu’en Afrique. Danscertains pays comme la Côted’Ivoire, le Cameroun, leGabon, le Congo, le succès aété tel que nous sommes dé-terminés aujourd’hui à établirla passerelle reliant la Caraïbeet l’Afrique, grâce aux sup-ports de la musique et del’image, du clip vidéo On nousdoit la vérité qui a été vision-né dans ces différents pays,

jusqu’en Europe ; j’ai été de cefait dans une certaine mesurecensuré sur certaines radios etmarginalisé.

De par mon engagementen outre, la production de l’al-bum On nous doit la vérité n’arien fait pour m’envoyer enAfrique, comment pouvez-vous comprendre cela ? Nousvoulons que la musique serveà sensibiliser les consciences deceux qui ont soif de connais-sance. Les sportifs de haut ni-veau, les chanteurs internatio-naux et comédiens de notrediaspora pour ne citer queceux-là, ont un rôle majeur àjouer pour notre communau-té. Concernant leur implica-tion et leur engagement à pro-pos des carences que nousavons au quotidien dans cepays, cela ferait prendreconscience aux masse médiades problèmes que la commu-nauté doit surmonter : em-ploi, logement, etc…

A.P. : Prenons l’exempledu footballeur Zidane qui aorganisé un match de sou-tien à l’Algérie. Pourquoiune telle action ne pourrait-elle inspirer les stars an-tillaises et africaines ?

Y.V : Il est vrai que la no-toriété dont je bénéficie ausein de ma communauté a étépour ma part le fer de lance de

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mon combat, pour vulgariserà tous prix tous ces grands per-sonnages nègres incontour-nables de l’histoire de l’huma-nité.

Nous avons eu par le passédes exemples impressionnantsde chanteurs et de chanteusesafricains-américains, qui audétriment de leur carrière ar-tistique ont eu l’audace de dé-noncer une Amérique ségré-gationniste et raciste qui ba-fouait les droits civiques desnoirs.

Aujourd’hui, malheureuse-ment les stars antillaises et afri-caines pour l’instant n’ontpeut être pas encore comprisqu’il est urgentissime que lesupport musical dont ils sontles vecteurs soit le moyen effi-cace pour sensibiliser la plusgrande partie des gens sur lesproblèmes que nous rencon-trons en tant que noirs fran-çais. Je déplore sincèrementque dans ce domaine, noussoyons réellement en retard etil nous faudra unifier toutesnos forces vives afin de pré-tendre au respect et à la digni-té de notre diaspora noire dis-persée sur toute la terre.

A.P. : Tenant compte de ceque vous venez de dire, pour-quoi ne mettez-vous pas enplace un plan d’action dans lespays francophones d’Afrique ?

Y.V : Forts de toutes les in-formations que l’associationArchive possède concernantles hommes de science nègresdu XIXe et XXe siècles, nousproposons des expositions iti-nérantes, conférences, débatsinteractifs, calendriers quenous diffusons chaque annéessur les personnalités noires etcélèbres, tee-shirts à leur effi-gie, clip de la chanson Onnous doit la vérité, mettant enimage les savants noirs.

Ce sont à mon sens des op-portunités que nous mettons àla disposition d’associationsculturelles d’Afrique franco-phone et anglophone; celles-cipeuvent nous inviter à ren-contrer en Afrique la jeunesse,qui malheureusement estignorante du combat de l’as-sociation Archive dans ce do-maine.

A.P. : Qu’est-ce qui vous apoussé à faire le calendrier ?Et quel objectif poursuivez-vous ?

Y.V : En tant que chan-teur, il est à mon avis fonda-mental et urgent de s’inscriredans ce combat. Constatantdepuis longtemps les écueilsrencontrés par nous les noirsdans le domaine de l’éduca-tion en France notammentdans les milieux scolaires, ilest important de voir que nos

jeunes de la diaspora sont encrise identitaire culturelle etcultuelle, la vérité sur cesgrands génies de la science aété retenue captive depuisdes siècles et décennies. AuXXIème siècle il est grandtemps pour l’émancipationde notre peuple que le voilede la vérité se lève, pour ren-voyer libres les consciencestrop longtemps prisonnièresdes chaînes, de l’aliénation,de l’assimilation et de la fal-sification de l’histoire.

Archive, sans prétention,a cette honorable missiond’être un des propulseurs cul-turels de la diaspora noire.Au lieu de pleurer auprès desinstitutions qui le savent, (lesujet est trop brûlant pourque l’on nous aide), il est pré-férable de sensibiliser le pluspossible la jeunesse de ma-nière ludique et pédagogique.Nous avons eu l’idée du ca-lendrier avec les membresfondateurs de l’associationArchive : Laurent Bamy, JeanCharles Martyr-Fale, OlivierBirna.

Calendrier qui restera in-temporel , 2002, 2003,2004….c’est pour cela quenous sommes intéressés parce circuit itinérant que nousvoulons faire en Afrique, c’estla Caraïbe qui tend la main àl’Afrique.

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par Benoist LHONIPoussée par

pression

Récipient àusage industriel

Édit

Épargna

Telle uneartère

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Voixrauque

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Supportde balle

Poids lourd delégende

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A.P : Que pensez- vous de CheikAnta Diop, anthropologue, égypto-logue, historien africain ?

Y.V : Cheik Anta Diop est unefigure emblématique du mondenoir. On a même envie de dire quesans Cheik Anta Diop, on n' auraitpas su l’africanité de l’Egypte an-cienne. C’est un grand honneurd’avoir un chercheur comme lui. Ilfigure sur l’un de notre calendrier(2004) et aussi sur le tee-shirt noirset célèbres. Cheik Anta Diop a ap-porté beaucoup lorsqu’il a présentésa thèse, en démontrant qu’il y avaitune Egypte nègre, en mai 1974, aucolloque-conférence du Caire,conférence sur l’Egyptologie. Jecrois qu’il a fait l’unanimité avecThéophile Obenga. Et tout le mon-de a reconnu qu’on ne pouvait pasnier une Egypte antique nègre.Cheik Anta Diop a fait beaucouppour la communauté noire, il a étéun précurseur culturel pourd’autres frères de la communautéqui se sont inspirés de lui et ont étéinfluencés par lui, pour faire des re-cherches et des thèses.

Par rapport à l’associationArchive, lorsqu’on le présente auxjeunes, ils se disent qu’ils veulentressembler à ces grands chercheurscomme Cheik Anta Diop. Ce quiest indéniable, l’Egypte antiqueétait nègre. Mais dans aucun ma-nuel qui traite de l’égyptologie, ona changé d’un iota et on continueà nous faire croire que l’Egyptec’étaient des blancs, c’est terrible !

A.P : En tant que chanteur,qu’est ce qui vous a poussé à vousmettre en association ?

Y.V. Pour ma part, l’impératif decréer l’association Archive est né dufait que la jeunesse n'a pas eu accès àla connaissance de ces informations,et de la nécessité de se mobiliser dèsmaintenant pour comprendre la gra-vité de la situation actuelle. Dans tousles pays francophones il y a eu unevolonté réelle de plonger dans l’obs-curantisme l’histoire et tout l’apportscientifique des noirs au monde mo-derne. Nous pensons que tous lesjeunes noirs français doivent recaptu-rer la mémoire et le génie inventif denos ancêtres nègres depuis l’Egypteantique jusqu’au 19ème et 20èmesiècle afin de prétendre, comme toutêtre humain, à son épanouissement.

Il est dit dans le vieil adage unpeuple se meurt faute de connaissance.

A.P. : Comment envisagez-vousl'avenir ?

Y.V. : Le combat risque d’être longet inégal, mais nous espérons que laréhabilitation des grands personnagesnoirs et célèbres sera reconnue par legrand public et dans tous les ouvragesscolaires etc… Étant convaincus quele savoir est universel, nous souhai-tons que les institutions compétentesde ce pays prennent en compte la dé-marche éducative de l’associationArchive pour l’avancement de l’his-toire des sciences et des techniques del’humanité. q