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C O N S T R U I R E L A M É D I T E R R A N É E 17~ JUILLET 2011 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 1 w La mondialisation a tué le voisinage, mais la crise économique et financière lui a redonné vie. C’est une bonne nouvelle pour ceux qui œuvrent en faveur de la création d’une Union euro-méditerranéenne. Longtemps (1970-2008), la globalisation de la planète a été au premier plan. Les pays et les entreprises signaient des accords de libre-échange et des contrats… Chacun cherchait des coûts de production de plus en plus bas et négligeait son voisin. L’OMC a essayé, sans succès, de réguler la mondialisation. La folie spéculative a conduit à la crise de 2008- 2010 et a engendré des peurs et le populisme dans de nombreux pays, en particulier en France où les habitants subissent les conséquences de la globali- sation mondiale et de l’élargissement de la régionalisation aux Peco. Mais il existe une autre voie pour mener à l’internationalisation : la régionalisation. Le Benelux fut un premier exemple et en 1957 la Communauté européenne à six lui a emboîté le pas. Puis le Comecom, l’Alena, l’Asean, et en 2008 la création de l’UPM allant dans le sens de l’histoire. L’internationalisation par la régionalisation avec des voisins est un processus lent et difficile mais plus riche que la globalisation. Cette régionalisation par l’économie puis par les institutions et le politique progresse et dessine un monde multipolaire en trois blocs dénommés les trois quartiers d’orange : la région des deux Amériques, de la Chine et la grande région Europe- Méditerranée-Afrique. Les révolutions dans les pays arabes rendent possible cette régionalisation économique et politique. Mais elles exigent aussi des révolutions en Europe. Le tandem franco-allemand a de nouveau un rôle historique à jouer. Jean-Louis Guigou Délégué général d’Ipemed Le retour du voisinage et de la régionalisation expression et les prévisions de crois- sance sont évaluées à 1 % pour 2011 (contre 5,1 % en 2010) pour l’Égypte et à 1,3% pour la Tunisie (contre 3,7 % l’année dernière) et le taux de chômage va augmenter de façon sensible. Il faut donc accompagner cette phase de transition d’autant que les projets d’investissements directs dans les pays du Sud ont diminué de 13 % par rapport au rythme de 2010, selon l’observatoire Anima Investment. DÉFI DE TAILLE Avant de se rendre à Deauville où ils étaient invités, Béji Caïd Essebsi, Premier ministre tuni- sien, avait chiffré les besoins de son pays à 25 milliards de dollars sur cinq ans, et son homologue égyp- tien, Essam Charaf, entre 10 et 12 milliards de dollars d’ici à mi-2012. Des négociations sont en cours avec le Fonds monétaire international (fmi) pour une aide de 3 à 4 mil- liards. La Banque mondiale a éla- boré un plan d’aide d’un montant de 4,5 milliards à l’Égypte sur les deux années à venir afin de renfor- cer son budget et 1,5 milliard a été promis à la Tunisie. La Banque européenne d’investissement (bei), institution de financement à long terme de l’UE, mais aussi la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), se mobiliseront, mais l’aide prendra la forme de prêts. Dès lors, le risque est grand de créer des problèmes politiques et économiques difficiles à surmonter pour ces pays lorsqu’il faudra rembourser ces sommes. Au-delà de ces annonces, il faut met- tre en place, le plus rapidement pos- sible, les mécanismes afin que les gouvernements puissent répondre aux demandes sociales fortes des populations les plus fragiles et éviter qu’elles dénoncent l’aggravation de leur situation de vie à la suite des révolutions. Le défi est de taille. Agnès Levallois Lire pages 4 et 5 l’interview de Hasni Abidi, politolgue et de Jean Pierre Séréni, économiste. Le G8 et la Méditerranée LES PAYS LES PLUS RICHES SE SONT RÉUNIS À DEAUVILLE, LES 26 ET 27 MAI , AFIN DE TROUVER DES SOLUTIONS POUR AIDER LES PAYS DU SUD DANS CETTE PÉRIODE DE TRANSITION QUI SUCCÈDE AU PRINTEMPS ARABE. C omment accompagner les bouleversements au Sud de la Méditerranée? Telle a été la question posée aux pays les plus riches de la planète, réunis à Deau- ville les 26 et 27 mai 2011, et qui ont lancé à cette occasion le Parte- nariat de Deauville. Le « printemps arabe » est un défi aussi bien pour les pays du Sud que pour ceux du Nord et ces derniers ont compris la nécessité d’aider la période de tran- sition afin de préserver le formida- ble mouvement citoyen qui s’est déroulé en Tunisie, en Égypte et qui tente de se faire entendre dans d’au- tres pays comme la Libye, la Syrie, le Yémen… Il y a urgence à agir car la principale ressource qu’est le tou- risme est réduite à sa plus simple ÉDITO Banderoles au Caire : «Le peuple veut la chute du régime.» G.FAVARI

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  • C O N S T R U I R E L A M É D I T E R R A N É E17

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    IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 1

    w La mondialisation a tué le voisinage, maisla crise économique et financière lui aredonné vie. C’est une bonne nouvelle pourceux qui œuvrent en faveur de la créationd’une Union euro-méditerranéenne.Longtemps (1970-2008), la globalisationde la planète a été au premier plan. Lespays et les entreprises signaient desaccords de libre-échange et des contrats…Chacun cherchait des coûts de production

    de plus en plus bas et négligeait sonvoisin. L’OMC a essayé, sans succès,de réguler la mondialisation. La foliespéculative a conduit à la crise de 2008-2010 et a engendré des peurs etle populisme dans de nombreux pays,en particulier en France où les habitantssubissent les conséquences de la globali -sation mondiale et de l’élargissementde la régionalisation aux Peco. Maisil existe une autre voie pour mener àl’internationalisation : la régionalisation.Le Benelux fut un premier exempleet en 1957 la Communauté européenne àsix lui a emboîté le pas. Puis le Comecom,l’Alena, l’Asean, et en 2008 la créationde l’UPM allant dans le sens de l’histoire.

    L’internationalisation par larégionalisation avec des voisins estun processus lent et difficile mais plusriche que la globalisation. Cetterégionalisation par l’économie puis parles institutions et le politique progresseet dessine un monde multipolaire entrois blocs dénommés les trois quartiersd’orange : la région des deux Amériques,de la Chine et la grande région Europe-Méditerranée-Afrique. Les révolutions dans les pays arabesrendent possible cette régionalisationéconomique et politique. Mais ellesexigent aussi des révolutions en Europe.Le tandem franco-allemand a de nouveauun rôle historique à jouer.

    Jean-Louis Guigou Délégué général d’Ipemed

    Le retour duvoisinage et dela régionalisation

    expression et les prévisions de crois-sance sont évaluées à 1% pour 2011(contre 5,1% en 2010) pour l’Égypteet à 1,3% pour la Tunisie (contre3,7% l’année dernière) et le taux dechômage va augmenter de façonsensible. Il faut donc accompagnercette phase de transition d’autantque les projets d’investissementsdirects dans les pays du Sud ontdiminué de 13% par rapport aurythme de 2010, selon l’observatoireAnima Investment.

    DÉFI DE TAILLE Avant de se rendreà Deauville où ils étaient invités, BéjiCaïd Essebsi, Premier ministre tuni-sien, avait chiffré les besoins de sonpays à 25 milliards de dollars surcinq ans, et son homologue égyp-tien, Essam Charaf, entre 10 et 12milliards de dollars d’ici à mi-2012.Des négociations sont en cours avecle Fonds monétaire international(fmi) pour une aide de 3 à 4 mil-liards. La Banque mondiale a éla-boré un plan d’aide d’un montant

    de 4,5 milliards à l’Égypte sur lesdeux années à venir afin de renfor-cer son budget et 1,5 milliard a étépromis à la Tunisie. La Banqueeuropéenne d’investissement (bei),institution de financement à longterme de l’UE, mais aussi la Banqueeuropéenne pour la reconstructionet le développement (Berd), semobiliseront, mais l’aide prendra laforme de prêts. Dès lors, le risqueest grand de créer des problèmespolitiques et économiques difficilesà surmonter pour ces pays lorsqu’ilfaudra rembourser ces sommes. Au-delà de ces annonces, il faut met-tre en place, le plus rapidement pos-sible, les mécanismes afin que lesgouvernements puissent répondreaux demandes sociales fortes despopulations les plus fragiles et éviterqu’elles dénoncent l’aggravation deleur situation de vie à la suite desrévolutions. Le défi est de taille.

    Agnès Levallois

    Lire pages 4 et 5 l’interview de Hasni Abidi, politolgueet de Jean Pierre Séréni, économiste.

    Le G8 et laMéditerranéeLES PAYS LES

    PLUS RICHES

    SE SONT RÉUNIS

    À DEAUVILLE,LES 26 ET

    27 MAI, AFINDE TROUVER DES

    SOLUTIONS POUR

    AIDER LES PAYS

    DU SUD DANS

    CETTE PÉRIODE

    DE TRANSITION

    QUI SUCCÈDE

    AU PRINTEMPS

    ARABE.

    Comment accompagner lesbouleversements au Sud dela Méditerranée? Telle a étéla question posée aux pays les plusriches de la planète, réunis à Deau-ville les 26 et 27 mai 2011, et quiont lancé à cette occasion le Parte-nariat de Deauville. Le «printempsarabe» est un défi aussi bien pourles pays du Sud que pour ceux duNord et ces derniers ont compris lanécessité d’aider la période de tran-sition afin de préserver le formida-ble mouvement citoyen qui s’estdéroulé en Tunisie, en Égypte et quitente de se faire entendre dans d’au-tres pays comme la Libye, la Syrie,le Yémen… Il y a urgence à agir carla principale ressource qu’est le tou-risme est réduite à sa plus simple

    ÉDITO

    Bande roles au Caire :«Le peuple veut lachute du régime.»

    G.FAVARI

  • En France, la presse s’estintéressée au financementdes pays méditerranéensmais aussi au devenir de l’upmà la différence de la presse inter-nationale qui n’a pas évoqué cesujet. «L’upm peut-elle renaître deses cendres?», Les Échos posentainsi la question, voyant là uneoccasion pour relancer le proces-sus institutionnel de l’Unionpour la Méditerranée. Le vice-président de la bei, Philippe deFontaine-Vive, détaille dans LaTribune les «40 milliards de dollarspour le printemps arabe» et reve-nant sur le rôle de la bei et duFemip qui devraient s’engager à hauteurde «6 milliards jusqu’en 2013», il préciseque l’idée, en Tunisie, serait de dynami-ser l’économie en favorisant la créationd’emplois ; en Égypte, la priorité irait auxprojets d’infrastructure et au soutien auxentreprises. Et d’ajouter à propos del’upm : cette «idée est arrivée trop tôt» et«le printemps arabe est l’occasion de refon-der l’Union pour la Méditerranée, mais au-delà des projets techniques et sectoriels évo-qués en 2008 et en prenant davantage encompte les aspirations de la jeunesse».

    LES ANGLO-SAXONS, sceptiques,critiquent «l’insuffisance et l’am-biguïté» des promesses definancement des pays du g8 ensoutien aux printemps arabeset ne parlent pas de l’upm. TheIndependent souligne l’écartentre les 40 milliards de dollarsannoncés par le président Sar-kozy et les 2 milliards mention-nés dans la déclaration finale.Pour le Financial Times, lessommes annoncées ne sont pasà la hauteur des enjeux. L’éco-nomiste Joseph Stiglitz rappelleque les interventions militairesen Irak et en Afghanistan ont

    moins fait avancer la démocratie que lesrévolutions en Tunisie et en Égypte. Ilserait donc plus judicieux d’investir dansces pays plutôt que de poursuivre desactions armées. Pour le New York Times,les promesses des pays occidentaux sontmotivées par «la peur d’une dérive isla-miste» dans le monde arabe. Selon lui,le soutien des pays du g8 aux paysarabes dépendra de leur capacité à s’ou-vrir au marché, à créer des emplois et àgérer les crises politiques et institution-nelles intérieures.

    DU CÔTÉ DE L’UE, l’hebdomadaire Euro-pean Voice souligne que la crise enEurope, et les mesures d’austérité, ris-quent de freiner le soutien à la transitiondémocratique dans les Psem.

    DANS LES PSEM, le regard est plutôt posi-tif sur les résultats du sommet. «Unsoutien de poids aux révolutions arabes»,titre l’hebdomadaire égyptien AlAhram. Pour le quotidien marocain AuFait, l’aide promise est une forme desoutien au processus démocratique. Lejournal en ligne tunisien Leaders y voitaussi un succès diplomatique pour laTunisie. La proposition de créer des«partenariats de long terme» est vuecomme une opportunité. Al-Ahram interprète les déclarationsofficielles comme des encouragementsaux populations des pays en transitiondémocratique à résister aux tentationsanti-démocratiques. La stratégie du g8est comparée à celle du plan Marshallau sortir de la Seconde Guerre mon-diale. Mais il critique l’écart entre lesmontants annoncés par les dirigeantsdu g8 et les demandes d’aide formuléespar l’Égypte et la Tunisie. Le quotidienalgérien El Watan est méfiant quant aux

    promesses du g8 à l’Égypte et laTunisie, mettant en avant l’ambi-güité des conditions de finance-ment et une crainte de néocolo-nialisme. Selon lui, ces paysauraient davantage besoin d’ini-tiatives favorisant le rapproche-ment entre les économies despays du Nord et du Sud de laMéditerranée.

    Keith Nadim Carr, stagiaire Ipemed

    2 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011

    PERSPECTIVE

    LA PRESSE

    INTERNATIO -NALE S’ESTINTÉRESSÉE

    AUX

    DÉCISIONS

    ANNONCÉES

    QUANT AU

    FINANCEMENT

    DE L’AIDEACCORDÉE

    AUX PAYS

    MÉDITER -RANÉENS.TOUR

    D’HORIZON.

    Barack Obama(États-Unis),Nicolas Sarkozy(France),Stephen Harper(Canada), NaotoKan ( Japon),Angela Merkel(Allemagne) et DavidCameron (Royaume-Uni) faisaient partiedes chefs d’État etde gouver ne mentréunis à Deauville .

    l Proposé par l’Autoritépalestinienne et expertisépar le secrétariat del’Union pour la Méditerra -née, un projet d’usine dedessale ment d’eau pourla bande de Gaza a été

    approuvé à l’unanimitépar les ambassadeursde l’upm le 22 juin. Cetteusine sera un composantessentiel du programmed’approvision nementen eau potable deshabitants, enjeu vital auregard de la situationhumanitaire à Gaza. Lecoût du projet est estimé

    à 310 millions d’euros etla durée de sa réalisationestimée à cinq ans.L’Autorité palesti niennes’est félicitée de cettedécision car la crise del’eau dans la bande deGaza est extrêmementpréoccupante, l’essentielde la nappe phréatiqueétant polluée.

    PROJET .

    Dessalementà Gaza

    La presse réagit aux décisions du G8

  • COMMENT

    CONTRIBUER

    À LA MISE

    EN PLACE

    D’ÉTATS DEDROIT ? C’ESTL’UN DESGRANDS

    CHANTIERS

    DE L’UPM, SIELLE VEUT

    PARTICIPER À

    LA STABILITÉ

    ET À LA

    PROSPÉRITÉ

    DE LA RÉGION

    EURO-MÉDITER -RANÉENNE.

    Les mouvements de contestation qui tra-versent les pays arabes obligent à revoirce qu’est l’Union pour la Méditerranée età réfléchir sur ce que pourrait être le nouveaucadre de cette instance qui, à part quelques pro-jets dans le domaine n'a pas, faute de visiond’ensemble, su insuffler une nouvelle dyna-mique aux relations entre les deux rives de laMéditerranée. Il est probable que les nouveauxinterlocuteurs de la rive sud seront plus exi-geants vis-à-vis du Nord en demandant à par-ticiper à la rénovation de cette union par unvéritable dialogue, une vraie concertation sansocculter les points de divergence. L’upm peut-elle contribuer aujourd’hui à la stabilité et laprospérité de la zone euro-méditerranéenne?Oui si elle acceptait de poser sur la table desnégociations les préoccupations essentiellesdes populations, comme celle de la libre circu-lation des personnes – quand l’Europe ne parleque de sécuriser les frontières –, du soutien auxsociétés civiles et peut-être avant tout la recon-naissance de la volonté populaire qui s’est expri-mée à travers la revendication de la dignité.

    AMBITION NOUVELLE Une des grandes leçonsdes printemps arabes tient à l’universalité desrevendications des populations et de la leçonque les pays du Nord doivent en tirer. Aprèsavoir mis en avant la seule dimension écono-mique dans les projets de l’upm, il est tempsde s’arrêter sur la dimension politique et undes chantiers pourrait être comment contribuerà la mise en place d’États de droit avec la garan-tie de la liberté d’expression, du droit à la sécu-rité et la fin de l’arbitraire. Une fois ce cadreétabli, on ne parlerait plus seulement de miseà niveau ou de convergence économiques,même si elles sont fondamentales, mais d’uneambition nouvelle pour les peuples des deuxrives de la Méditerranée. Agnès Levallois

    FOCUS SUR L’UPM

    Où en est l’UPM?

    IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 3

    Point centralde la vie cairote,la place Tahrira été le point deralliement desmanifestations.

    l Youssef Amrani, secrétairegénéral du ministère marocaindes Affaires étrangères, a éténommé secrétaire généralde l’upm lors de la réunionde hauts fonctionnaires des paysmembres de cette organisationqui s’est tenue à Barcelonele 25 mai. Celle-ci était sanssecrétaire général depuisla démission en janvierdu Jordanien Ahmad Masa’dehqui avait expliqué que «lesconditions dans lesquelles il avaitaccepté (ce poste) avaientchangé». La candidature de YoussefAmrani était soutenue parl’ensemble des pays du Sudet par la France. Alain Juppéa immédiatement déclaré:«Nous comptons surMonsieur Amrani pourmettre en œuvre desprojets de coopération

    à même d’accompagner lesréformes et les mouvementsà l’œuvre au Sud dela Méditerranée. Plusieurssecteurs doivent faire l’objetd’une attention particulière :la jeunesse, à travers notammentle projet d’office méditerranéende la jeunesse, la société civile,le développement économique,les énergies renouvelables ouencore la protection civile.»Dès son arrivée au Quaid’Orsay, Alain Juppé avaitappelé à «relancer»l’upm, «plus nécessaireque jamais» selonlui pour permettre auxcitoyens de la rive sudde vivre chezeux en connaissantdémocratie etprospérité.

    l Le prix Méditerranée 2011 a été attribué àPierre Assouline, pour Vies de Job (Gallimard).Le prix Méditerranée étranger revientà Dimitris Stefanakis pour Jours d’Alexandrie

    (Viviane Hamy).«Fondé en 1984 par le Centreméditerranéen de littérature, le prixMéditerranée a pour ambitionde valoriser l’espace culturel entreles différents pays dont laMéditerranée est le creuset etde reconstruire le récit épiquedes diversités fondatrices de sonidentité». Il est placé sous l’égidedu Conseil culturel de l’Unionpour la Méditerranée.

    LITTÉRATURE .

    Pierre Assouline Dimitris Stefanakis

    Prix Méditerranée 2011Youssef Amrani étaitsecrétairegénéraldu ministèremarocaindes Affairesétrangèresdepuisnovembre 2008.

    NOMINATION .

    Youssef Amrani,nouveausecrétaire général

  • RENCONTRE

    tel qu’il existait et qui était extrêmementpuissant doit respecter les nouvelles ins-titutions et ne pas essayer de les influen-cer. Cela va être difficile car le champpolitique joue plutôt l’unité nationale.Par conséquent, les choix économiqueset sociaux nouveaux vont diviser lasociété.

    Quelles sont les priorités politiqueset économiques ?

    JPS : Il faut prendre des mesures d’ur-gence car il y a un mauvais cap à passer :ralentissement de la croissance, deséchanges, du tourisme, augmentationdu chômage. Mais les mesures finan-cières suffiront-elles? Ne faut-il pas enenvisager d’autres telles que le rétablis-sement de certains taux de change, lesursis à transfert de capitaux, de profitsdes entreprises étrangères installéesdans ces pays. Le programme à mettreen place ensuite doit mobiliser les capi-taux privés internes et attirer des capi-taux externes.HA : Il est difficile, alors que la sécuritén’est pas assurée, de convaincre lesinvestisseurs européens, du Golfe oulocaux d’investir, de faire confiance à cesmarchés. L’un des pactes qui a fait lebonheur de ces pays du Sud est la sécu-rité et la stabilité. La sécurité, cela veutdire ouvrir le débat à d’autres forces, y

    Quels sont les enjeux politiqueset économiques de la transition ?HASNI ABIDI : Un des premiers enjeux dela transition politique, c’est l’identifica-tion de ses acteurs, ceux qui sont capa-bles de mener à bien les réformes poli-tiques et de piloter cette transition.L’interrogation porte sur la forme qu’elleprendra. Faut-il s’appuyer sur lesanciennes institutions, sur la Constitu-tion légèrement amendée ou faut-il tra-vailler sur de nouvelles institutions etune nouvelle constitution? L’enjeu éco-nomique et financier est égalementessentiel car les causes économiques etsociales qui ont conduit à ce printempsarabe sont toujours là et elles se sontmême aggravées, surtout avec la criselibyenne et les flux migratoires qui endécoulent.

    JEAN PIERRE SÉRÉNI : La dis-cussion publique n’a pasencore porté sur ces enjeuxalors que les révolutionsont des conséquencesimportantes : ralentisse-ment de la conjoncture etcroissance beaucoup plusfaible qu’espérée. Il y a bienévidemment un accordpour des financements derelais pour passer ce mau-

    4 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011

    vais cap, mais il n’y a pas de discussionsérieuse sur l’avenir.

    Pourquoi ?

    JPS : La nouveauté politique submergetout et, dans ces conditions, les ques-tions économiques sont reléguées ausecond plan. HA : L’économique était monopolisé parceux qui exerçaient le politique. La libé-ralisation politique n’a pas profité à lalibéralisation économique. On n’a pasvu une classe moyenne, un entreprena-riat en mesure de pouvoir jouer à la foisun rôle politique et économique. C’estpour cette raison que l’économie neparaît pas prioritaire alors que c’est enréalité un des moteurs de ce printempsdémocratique. Pour réussir cette transi-

    tion, il faut avoir une alter-native économique qui nesoit pas politisée. Il fautabsolument que la gestiondes affaires économiquessoit indépendante.JPS : Il faut détricoter ce quiétait la fusion du pouvoiréconomique et du pouvoirpolitique. Le nouveau pou-voir politique doit laisser lepouvoir économique endehors de son jeu et inverse-ment le pouvoir économique

    Jean-Pierre SéréniJournaliste, collabora teurrégulier au «Mondediploma tique», il est aussil’auteur de nombreuxouvrages économiques etpolitiques.

    Hasni Abidi et Jean-Pierre Sérénianalysent les enjeux de la transition enTunisie et en Égypte et la nature dusoutien du G8 aux processus en cours.

    Hasni Abidi Politologue, directeur du Centred’études et de recherchesur le monde arabe et méditer -ranéen (Cermam) et chercheurinvité à Paris I, il vientde publier «Le Manifeste desArabes» (éd. Encres d’Orient).

    “LA STABILITÉ,C’EST UN TOUTAVEC DES

    DYNAMIQUES EN

    MESURE DE PORTER

    LE CHANGEMENT,DE SOUTENIR LES

    PARTIS POLITIQUES,LES SYNDICATS ET

    LE TISSU

    ÉCONOMIQUE.

    «Il faut en finir avecla fusion dupolitiqueet de l’économique»

    SIX MOIS APRÈS LE DÉBUT DES RÉVOLTES ARABES

  • IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 5

    compris aux forces du passé.Il faut ouvrir le champ poli-tique, en excluant bien évi-demment ceux qui ont lesmains tachées de sang (c’estdu ressort de la justice). L’ex-clusion du champ politiquede certains éléments peut per-turber cette transition et peutêtre la cause de l’instabilité.

    Les annonces faites à Deauville lorsdu G8 sont-elles en mesure de donnersatisfaction aux pays du Sud ?

    JPS : Cinq milliards de dollars vont êtrerépartis sur deux ans (2011-2012) entreLe Caire (3,5 milliards) et Tunis (1,5 mil-liard). Ces sommes viennent des insti -tutions multinationales, la Banque mon-diale ou la Banque africaine dedéveloppement, et d’agences nationalescomme l’Agence française de dévelop-pement, la Banque européenne d’inves-tissement. C’est l’endettement qui, àterme, va poser des problèmes. Larelance de ces économies peut-elle sebâtir sur l’endettement ?HA : À Tunis, le Premier ministre espa-gnol, qui a été le premier à se rendre surplace, a annoncé un plan Marshall.Celui-ci a été bien accueilli, la situationétant particulièrement difficile en raisondes flux migratoires, du retour des tra-

    Les bouleversements actuelspermettront-ils une intégrationrégionale ?

    HA : Les pays du Sud ont besoin de cetteintégration pour leur survie, pour deve-nir un interlocuteur valable face aux ins-titutions financières internationales. JPS : L’intégration sera peut-être plusfacile d’un point de vue humain maissans être pour autant exclusive. Ces paysont une population jeune et un besoinde forte croissance. Doivent-ils se bran-cher uniquement sur l’ensemble euro-péen qui est une importante masse àtrès faible croissance. Ne faut-il pasregarder vers des zones à croissancerapide comme l’Asie et établir des liensavec ces pays qui dépassent le simplelien commercial? L’intégration vers levoisin européen oui, mais en explorantd’autres pistes.

    Quelles seraient les premières mesuresd’urgence qui permettraient cettetransition et les écueils à éviter ?

    HA : Pour qu’une transition soit réussie,il faut un processus de négociation quiinclut toutes les composantes et ne pasrecourir à d’anciennes méthodes. Leministre britannique des Affaires étran-gères a déclaré : «Nous ne voulons pas quela Libye soit un autre Irak», référence àla politique de débathification, c’est-à-dire de démembrement du parti au pou-voir, de l’armée et de la police en Irak quiont coûté très cher. La volonté de casserà tout prix avec le passé peut être dange-reuse. Miser sur la réconciliation, incluretoutes les sensibilités politiques sont lesconditions d’une transition réussie. JPS : Le problème central est de ne lais-ser personne à l’écart. Il faut que leschangements opérés soient négociés etacceptés par la population. La questiondu consensus va s’imposer. Il n’est dupouvoir de personne de faire disparaîtrele courant nationaliste incarné par lepnd et le rcd au nom de l’histoire pas-sée, car ces courants existent toujours.Il y a deux tendances à l’œuvre: la récon-ciliation et l’épuration. Mais, avec letemps, la première prendra le pas sur laseconde. La difficulté du débat publicest compréhensible. Les gens ont dumal à dialoguer, à entendre des opinionsdifférentes, le débat a tendance à dispa-raître. Il y a là un apprentissage indis-pensable à faire pour que les processuspuissent être à la fois consensuels et tou-cher le maximum de personnes.

    Propos recueillis par Agnès Levallois

    vailleurs tunisiens et égyp-tiens de Libye, avec une baisseconséquente de transfert dedevises. Les pays du Golfe ontaussi une responsabilité et ilsdevraient participer à l’effortpour soutenir cette transitioncar de sa réussite dépend lastabilité de la région. La sta-bilité, ce n’est pas un kit élec-

    toral, c’est un tout avec des dynamiqueséconomiques et sociales en mesure deporter le changement, de soutenir lespartis politiques, les syndicats, le tissuéconomique. Ce sont là des priorités etl’Europe a une expertise à apporter.

    Cela a-t-il un sens de parler de planMarshall ?

    JPS : Non parce qu’historiquement lesAméricains donnaient des devises auxÉtats européens pour importer des marchandises américaines. Ici, noussommes dans un schéma de prêts qu’ilfaudra rembourser et c’est bien la dif-ficulté. Est-ce que la combinaison entreles prêts et les dons est satisfaisante ?Je ne pense pas que ces deux pays soienten mesure de supporter un plan Mar-shall, quel que soit le nom qu’on luidonne, en Tunisie on a parlé de planBouzidi, il va falloir le revoir afin qu’ily ait plus de dons et moins de prêts.

    “IL FAUTQUE LESCHANGEMENTS

    OPÉRÉS SOIENT

    NÉGOCIÉS ET

    ACCEPTÉS PAR

    LA POPULATION.

    Manifestationà Rabat.Après lesTunisiens etles Égyptiens,les Marocainsdemandentdavantage dedémocratie.

  • 6 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011

    Révolutions.Le réveil dumonde arabe«MOYEN-ORIENT»N°10, avril-juin 2011

    Ce numéro de la revue de géopoli-tique, géoéconomie, géostratégie etsociétés du monde arabo-musulmans’intéresse au réveil du monde arabe et s’at-tache à comprendre, à décrypter les dyna-miques révolutionnaires et les transforma-tions dans cette région du monde.Analyses, entretiens et points de vue don-nent les premières pistes de réflexion. L’en-quête menée dans le cadre de l’Arab Baro-meter Survey sur les comportements de lapopulation arabe face à l’islam et à la poli-tique est riche d’enseignements car on ydécouvre une opinion publique largementfavorable à la démocratie, et c’est le sensdes manifestations qui se sont dérouléesau Caire, Tunis ou Sanaa. Enfin, la carto-graphie proposée permet d’appréhenderaussi bien les points communs que lespoints de divergence de cette contestation.

    Éloge de la haine KHALED KHALIFA

    Sindbad, Actes sud, 2011

    Publié en 2006, la traduction de ceroman vient de sortir et a unincroyable écho avec le drame qui sedéroule actuellement à huis clos en Syrie.En effet, il relate, à travers le personnageprincipal, une jeune femme née dans unefamille traditionnelle à Alep, les événe-ments sanglants que ce pays a connus toutau long des années 80, lorsque les Frèresmusulmans ont tenté de déstabiliser lepouvoir alaouite, et la réaction extrême-ment brutale de celui-ci. Si la nature de lacontestation est différente, la violence durégime n’a pas changé.

    Comprendre le réveil arabe«MANIÈRE DE VOIR. LE MONDEDIPLOMATIQUE»N°117, juin-juillet 2011

    Le temps du soulèvement, Un si longhiver et Résistances culturelles sont lestrois parties de ce bimestriel quireprend des articles publiés dans Le Mondediplomatique. Certains laissaient déjà per-cevoir les changements auxquels nousassistons depuis quelques mois, ce quirend leur lecture très instructive. Par exem-ple, le retour sur les racines ouvrières dela révolte égyptienne, que propose l’articlede Raphaël Kempf, démontre que lesgrandes grèves qu’a connues l’Égypte à par-tir de 2004 ont préparé la révolte de 2011.Celui de Jacques Thobie, Les frontières, brû-lantes cicatrices du partage colonial, permetde comprendre que les traces du décou-page colonial du Proche-Orient sont encoreprésentes. L’interrogation que pose Jean-Pierre Séréni dans son article, En Algérie,où va l’argent, est toujours d’actualité cinqans plus tard. La dimension culturelle n’estpas oubliée et en dépit de la censure et del’autoritarisme, des formes de productionculturelle se sont développées. Le numérose termine par l’indispensable article surAl-Jazira. Cette télévision qui dérange, quia joué et joue encore un rôle décisif dansles bouleversements actuels de la région.

    Le 89 arabe. Réflexions sur les révolutionsen coursBENJAMIN STORA.DIALOGUEAVEC EDWY PLENEL

    Un ordre d’idée. Stock

    Le dialogue entre Benjamin Stora, his-torien spécialiste de l’Algérie, et lejournaliste Edwy Plenel est né de lavolonté de ces deux hommes d’analyser,d’expliquer et d’évaluer la portée de la révo-lution démocratique et sociale que connaîtle monde arabe. Ce «89» arabe évoque1989, chute du mur de Berlin mais aussi1789, date de la Révolution française. L’in-térêt de cet échange est de revenir sur l’his-toire de la région afin de comprendre lesressorts du mouvement actuel même sil’imprévu, l’inédit ont toute leur place.

    À LIRE www.crisisgroup.org«INTERNATIONAL CRISIS GROUP»

    w Les rapports rédigés par l’InternationalCrisis Group (icg) sont intéressantsmême si ce think tank a été surprispar les soulèvements dans la région(il avait fermé son antenne au Maghrebquelques mois auparavant). Il vientde publier son cinquième rapportsur les soulèvements populaires enAfrique du Nord et au Moyen-Orientconsacré cette fois à la Libye. Lepremier traitait de l’Égypte (24 février),le deuxième du Yémen (10 mars),le troisième de la révolte au Bahreïn(6 avril) et le quatrième de la Tunisie(28 avril). Ces études se terminenttoutes par des recommandationsdont la lecture est particulière mentstimulante. Par exemple, pour RobertMaley, directeur du programmeMoyen-Orient/Afrique du Nord :«La Tunisie est le pays où touta commencé, c’est également le paysoù la transition démocratique présenteaujourd’hui les plus fortes chancesde réussite. Pour la région et le restedu monde, c’est là une raison suffisantede continuer à prêter attentionà la Tunisie et de l’aider à poursuivreson chemin.»

    Printemps arabes.Comprendre les révolutionsen marche«MOUVEMENTS DES IDÉESET DES LUTTES» 2011/2, n°66. La Découverte

    w Lancé au lendemain des premièresmanifestations, ce numéro, bienqu’élaboré à chaud, est passionnantcar les auteurs sont des chercheurs –politologues, sociologues – installéssur les deux rives de la Méditerranée.Attentifs depuis de longs moisaux évolutions des sociétés, ils enpercevaient les réalités, dont certainessont loin de l’image qu’en avaientles pays européens, notamment cellequi mettait en avant la naturerétrograde de l’islam, l’obsessionde la «menace islamiste» etle fatalisme des populations.Mouvements analyse à la fois l’étatde ces sociétés et observe la périoderévolution naire actuelle, ce qui permetde «comprendre les révolutionsen marche», pour reprendre le sous-titre de cette publication. Des articlessur le Maroc, la Jordanie, le Yémendécryptent « l’effet domino». Celuisur l’expérience algérienne revient surle soulèvement contre l’autorita rismed’octobre 1988 qui avait provoquéla mort de cinq cents personnes,ce qui fait dire aux Algériens qu’ils ontété les premiers à se révolter danscette région du monde.

    RAPPORTS

  • l Dans ces working papers,des experts internationaux,des analystes, des chercheursproposent des élémentsde réflexion et de débat en priseavec l’actualité méditerranéenne.Le terme palimpseste vientdu grec ancienet signifie gratté de

    nouveau. Manuscrit écrit sur unparchemin préalablement utilisé,et dont on a fait disparaîtreles inscriptions pour y écrirede nouveau, il illustre une formed’imperma nence des écrits…

    IPEMED NEWS ~ Juillet 2011 7

    LES PUBLICATIONS D’IPEMED

    Régulations régionales de la mondialisation Quelles recommandations pour la Méditerranée ? COORDONNÉ PARPIERRE BECKOUCHE

    Construire la Méditerranée. Ipemed

    Coordonné par Pierre Beckouche, l’ouvragerend compte des travaux d’un grouped’experts réuni par Ipemed pour traiterde la relation entre intégration régionale et régu-lation. L’idée étant qu’aucune vision stratégiqued’ensemble de ce que devraient et pourraientêtre une intégration profonde et des régulationseuro-méditerranéennes communes n’est véri-tablement proposée. Le partenariat lancé à Barcelone en 1995, quiassocie le libre commerce avec l’objectif centrald’une zone de libre-échange et convergence desagrégats macroéconomiques comme la dette, ledéficit, ou l’inflation, n’a pas permis une aug-mentation sensible du commerce entre les deuxrives. En revanche, l’intégration dans des sec-teurs comme l’énergie a progressé, notammentle marché du gaz entre le Maghreb et l’Europeoccidentale. Le processus a facilité une stabili-sation macroéconomique et l’établissement d’ac-cords (comme ceux d’Agadir) pour des échangeslibres entre les pays du Sud de la Méditerranée.La crise économique de 2008 et le lancementde l’Union pour la Méditerranée sont perçuscomme des opportunités pour développer larégionalisation euro-méditerranéenne, à traversla compétitivité productive et la gouvernancepartagée entre les pays du Nord et ceux du Sud.Après avoir présenté les avantages et les dés-avantages à instaurer des préférences commer-ciales, les auteurs estiment qu’elles bénéficierontsurtout aux économies du Sud, mais qu’ellesrisquent de rencontrer des difficultés dans lessociétés démocratiques du Nord et de contredireencore les règles de l’omc. Ils critiquent l’UE pour son «manque de stratégieméditerranéenne, de bureaucratie excessive et derégulation insuffisante», ce qui n’encourage pasles pays du Sud. Ils comprennent aussi qu’il n’ya pas, pour l’instant, de vraie volonté dans lespays du Nord ou du Sud. Selon eux, les pays duSud n’ont pas de stratégie claire pour la régionmais ils cherchent à préserver leurs intérêts àtravers des accords bilatéraux. Enfin, les auteursestiment qu’un minimum de régulation estnécessaire afin de permettre un projet d’intégra-tion régionale et qu’une telle régulation peut pro-téger les pays adhérents des impacts de la crisefinancière. Keith Nadim Carr, stagiaire Ipemed

    Les réseaux profession nelstransmédi terranéensAMAL CHEVREAU, MAXIME WEIGERTN°1, février 2011

    l Nombreux, ces réseaux nesont malheureusement pasvalorisés alors qu’ils représententune force et un atout pourl’intégration euro-méditerrané -enne. En partant de l’exempleréussi de l’intégration parles réseaux de l’espace baltique,cette étude explique en quoila façon dont l’Union européenneenvisage leur implicationdans la construction de la régioneuropéenne élargie limiteleur influence.

    L’industrie allemandedans les PecoHASSAN BENABDERRAZIK,MAXIME WEIGERT

    N°2, mars 2011

    l Le modèle d’intégrationindustrielle régionale inventépar l’Allemagne, qui reposesur la proximité géographiqueet sur la complémentaritédes économies, peut-il êtreune source de réflexion pourune projection en Méditerranée ?Tel est l’objet de ce document,même si en raison desdifférences structurelleset historiques entre les Psemet les Peco, il n’est pas questionde le transposer mais plutôtde travailler à l’adaptationde ce modèle.

    Une nouvelle collection : Ipemed Palimpsestes

    Bilan d’Euromed. Un état des lieux du financementpar l’UE du développementen MéditerranéePIERRE BECKOUCHE

    N°3, mai 2011

    l La question du financementdu partenariat euro-méditerra -néen par l’UE suscite moultedébats. Cette étude dépassel’analyse des seuls montantsde l’Instrument européen de voi -sinage et de partenariat (ievp).Elle évalue la place de la Méditer -ra née dans l’aide publique audéveloppement et précise lepoids de l’instru ment financierd’Euromed dans cette aideet ses contours : orientation etpart du soutien au secteur privé.

    Pour une réelle coopérationénergétique en MéditerranéeMUSTAPHA K. FAÏDN°4, ma1 2011

    l Mustapha K. Faïd, proposeque l’énergie joue un rôle majeuren tant que facteur fédérateurdans les relations intra-Maghrebpuis comme élément moteurd’une coopération régionaleMaghreb-Europe, «équilibréesolidaire et ambitieuse».Il s’appuie sur la proposition faitelors du lancement du processusde Barcelone : considérerl’énergie comme « le moteurdu développement économique etde la coopération dans la régioneuro-méditerranéenne». Les payseuro-méditerranéens, confrontésà des défis majeurs, doivent faireles bons choix, qu’il soientd’ordre stratégique, économiqueou politique.

    Téléchargerles numérosd’«Ipemed

    Palimpsestes» :www.Ipemed.coop

    > Publications

  • L’afd a-t-elle revu ses priorités àla lumière des événements que connaîtle monde arabe depuis six mois ?Si oui, qu’elles sont-elles ?

    CAROLINE CORNU : Nous intervenons enMéditerranée depuis 1992. Notre mis-sion est d’appuyer les pays de la régiondans leur développement économique,social et environnemental. Une nouvelleère s’est ouverte avec le printemps arabe,elle fait émerger une demande forted’appui à la définition, à l’accompagne-ment et à la mise en œuvre de nouvellespolitiques publiques. Dans l’immédiat,nous voulons les aider pour faciliter lesuccès de leur transition politique. Par

    le financement de plans sectoriels quicombinent la relance économique et desmesures sociales d’urgence, nous cher-chons à les soutenir dans leur croissanceet leur cohésion sociale.

    Comment les accompagnez-vous ? CC : Nous travaillons ensemble sur lessecteurs où nous pouvons apporter dufinancement mais aussi une plus-valuetechnique. L’afd n’est pas qu’un bailleur,son expertise technique est reconnue etrecherchée par nos partenaires.En Tunisie par exemple, notreaide se concentrera sur troisdes quatre priorités de leur

    Plan d’appui à la relance : l’emploi et laformation professionnelle ; le dévelop-pement régional et l’intégration deszones défavorisées et le secteur financier.

    Serait-il possible de faire un focus surl’aide que l’afd apporte à la Tunisie ?

    CC : La France a joué un rôle pionnierdans le plan d’aide internationale enfaveur de l’économie tunisienne. LesTunisiens nous ont formulé desdemandes dès la nomination du gouver-nement du Premier ministre Essebsi enfévrier. Le 21 avril à Tunis, le ministrefrançais des Affaires étrangères, AlainJuppé, annonçait une aide de 350 mil-lions d’euros. Le 27 mai à Deauville, ledirecteur général de l’afd signait une

    première convention de finan-cement de 185 millions d’eurosà décaissement rapide ainsiqu’une deuxième conventionde 15 millions d’euros pourl’École nationale des ingénieursde Bizerte. Parce que toute poli-tique d’emploi trouve seslimites dans les capacités del’économie à occuper la popu-lation active, cette premièretranche conjugue le soutien àl’emploi et le renforcement decapacité du secteur financierpar le développement de la

    micro-finance et du capital investisse-ment. D’autres projets sont en prépara-tion, en complément des 200 millionsd’euros signés au g8. Ils concernerontla réhabilitation des quartiers populaires,l’amélioration de l’habitat, l’assainisse-ment et l’accès à l’eau.

    Propos recueillis par Agnès Levallois

    ÉCHOS

    8 IPEMED NEWS ~ Juillet 2011

    DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-Louis Guigou RÉDACTEUR EN CHEF : Agnès LevalloisONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Keith Nadim Carr, Véronique Stéphan PHOTOS : Larbi Tensaouti, d.r.RÉALISATION : Patricia Jezequel, Alain de Pommereau IMPRESSION : isi Print (sur papier certifié pefc)ABONNEMENTS ET CONTACT : [email protected] ISSN 2106-8410

    lettre mensuelle d’information de l’institut de prospective économique du monde méditerranéen,une association dont le but est de rapprocher les deux rives de la méditerranée par l’économie

    L’AFD intensifie son aide au monde arabe DU CÔTÉ DE NOS PARTENAIRES.

    l Ipemed a enregistrél’adhésion d’une nouvelleentreprise libanaise, DarAl Handasah, multinationalespécialisée dans le domainede l’ingénierie. Cette adhésion

    deviendra effective aprèsversement de sa cotisationannuelle. L’arrivée d’uneseptième entreprise libanaise,en qualité de membrefondateur d’Ipemed, confirme

    l’engagement libanais enfaveur du rapprochementeuro-méditerra néen. IpemedNews reviendra dans uneprochaine édition sur cettenouvelle adhésion.

    DU CÔTÉ D’IPEMED.

    Un quartier populairede Tunis. L’AFD projettede s’investir dansla réhabili tation urbaine.

    Un nouveau partenaire libanais

    Caroline Cornu, directeur exécutif en chargedes Relations extérieures et des partenariatsà l’Agence française de développement, expliquele rôle de l’afd dans les pays méditerranéens.

    “NOUSTRAVAILLONSENSEMBLE

    SUR LES

    SECTEURS

    OÙ NOUS

    POUVONS

    APPORTER DU

    FINANCEMENT

    MAIS AUSSI

    UNE PLUS-VALUE

    TECHNIQUE.

    w TalalSchair,présidentde Dar AlHandasah.