Michel Lajoye, Memoire

download Michel Lajoye,  Memoire

of 99

Transcript of Michel Lajoye, Memoire

Mmoire

Michel Lajoyedit et mis en ligne par:

L'glise Mondiale du CrateurP.O. Box 2002 USA East Peoria, IL 61611http://www.creator.org http://www.wcotc.com/france

Avant-propos (en guise d'introduction)

V

ous tenez entre vos mains un "mmoire" qui n'en est pas sa premire dition: cette prsente est la huitime! La toute premire rdaction de ce document a t acheve il y a 3 ans, en dcembre 1997. Date symbolique, puisque cela faisait alors 10 ans que j'tais incarcr pour une affair e criminelle qui apparaissait dj comme "pas claire". Aujourd'hui, en avril 2001, je suis entr dans ma quatorzime anne de dtention et je vous propose de lire ce mmoire qui vous relate une manipulation d'tat dont, vous aussi, vous avez t victime, puisqu'elle tait destine influencer votre opinion, votre choix, votre conditionnement lectoral... Ne pensez pas que j'exagre, car ce document vous apprendra que le terrorisme d'tat existe, que le Pouvoir n'hsite pas y recourir, que cela soit pour liminer des opposants, ou pour servir la propagande d'tat. Car qui y a-t-il de mieux qu'un bon attentat, intervenant au bon moment, pour souder une opinion publique derrire une politique gouvernementale? En France, dams les annes 80, il a t commis divers attentats que l'on a qualifis d'extrme-droite. Des actions qui ont toujours t perptres au "bon moment" pour servir la propagande gouvernementale contre ce qui tait l'poque le Front National. Ce document contient le rcit d'une de ces campagnes. Une opration qui s'est solde, entre autres, par ma condamnation la rclusion criminelle perptuit assortie d'une peine incompressible de 18 ans, pour la pose d'une bombe, qui n'a peut-tre pas explos, et qui, en tout cas , n'a caus ni dgt, ni bless et, bien entendu: aucun mort. Condamnation prononce l'issue d'un procs (si l'on peut appeler cela comme a...) qui s'est tenu Caen en juin l99O, c'est--dire entre la profanation de Carpentras (commise, elle aussi, fort propos...) et l'adoption/promulgation de la loi qui

porte le nom du stalinien Gayssot et qui contraint les goyim tre des disciples de la Trs Sainte Religion Holocaustique Dans mon rcit, je me suis efforc de dcomposer chaque pan de cette/mon affaire en commenant par le dbut: ma rencontre avec un dnomm Christophe Arcini qui fut mon coaccus lors du procs de Caen. Le lecteur dcouvrira que cet individu, fonctionnaire du Ministre de l'intrieur, tait un agent charg d'infiltrer les milieux d'extrme-droite afin de leur faire commettre des attentats. Le lecteur dcouvrira aussi comment la Police Judiciaire et l'lnstitution Judiciaire ont excut les ordres du Pouvoir politique et ont relch (provisoirement...) cet Arcini qu'ils avaient auparavant interpell! Ceci pour qu'il puisse continuer jouer son rle d'agent-provocateur et me fasse commettre un attentat la bombe. Lire ce document, ce sera aussi entrer dans les coulisses des services et des polices politiques . Que ce soit la civile avec les Renseignements Gnraux, mais aussi de la militaire avec la Direction de la Protection, de la Scurit et de la Dfense (l'exScurit Militaire). Cette DPSD, dont il sera beaucoup question dans ce rcit, est inconnue du grand public. Pour ce dernier, la police politique, en France, se limite aux civils des RG et ceux de la Direction de la Surveillance du Territoire. Pourtant, les chiffres budgtaires pour 1999/2000 sont sans quivoque (cf. l'organigramme paru dans Libration du 26 novembre 1999): la DPSD a officiellement 1620 permanents. Et nous en sommes arrivs 2800 "civils" plus 2200 militaires pour la Direction Gnrale des Services Extrie urs. Sans omettre les 1709 fonctionnaires de la Direction du Renseignement Militaire. l'oppos, la police politique civile compte officiellement, avec les RG, 3200 fonctionnaires. Et la DST,

quant elle, est la moins bien lotie avec seulement l5OO agents. Pourtant, la DST est trs connue, vous en aviez dj entendu parler. Ce qui n'tait pas le cas de la DPSD et de ses 1620 barbouzes! Additionnons la DGSE, la DRM et la DPSD et cela constitue, au sens large, une police politique militaire de 4100 + 1709 + 1620 = 7429 agents! Un total bien suprieur aux RG (3200) et la DST (1500) runis qui, eux, n'alignent donc que 4700 agents, soit 2729 de moins que la police politique militaire! Et aux effectifs de cette dernire, il ne faut pas oublier d'y ajouter les 95 000 gendarmes qui sont des militaires et qui ne se font pas prier pour faire, ds que la DPSD le leur ordonne, du renseignement sur tel ou tel citoyen! Ces chiffres vous tonnent, mais ils parlent d'eux-mmes: en France la police politique est plus militaire que civile. Lisez ce mmoire, cela vous en apprendra encore plus sur les activits de cette police politique militaire, omniprsente, mais dont vous n'aviez jamais entendu parler avant et dont vous ne souponniez mme pas l'existence, alors que c'est vous, contr ibuable, qui la financez. Certains lecteurs ne manqueront pas de s'tonner que ce mmoire soit imprim sur des feuilles A4, et non "en livre". Cela tient au contenu mme de ce rcit, et aux chiffres dtaills plus haut. Quel est l'diteur grand public qui oserait braver ces assassins st ipendis par l'tat? Alors ce que vous avez entre les mains ne pouvait tre qu'un samizdat , car aujourd'hui, cause des polices politiques, un diss ident ne peut pas plus se faire diter en France qu'il ne le pouvait en URSS du temps de la "splendeur" du KGB. Le lecteur dispose, au recto de cette prsentation, d'un Sommaire pour faciliter ses ventuelles recherches et/ou retours en arrire, travers ce mmoire. Bonne lecture!

Huitime dition, avril 2001

SommaireChapitre 11. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Premiers contacts avec Arcini (1984) Mon parcours, mon passage au FN, et mon fichage par les polices politiques ... Rencontre avec Arcini .......... Origines d'Arcini ... Arcini forcment fich . Travail d'Arcini . La rcupration d'armes, d'explosifs, et autres Formation qui m'est dispense .. Arcini forcment manipul ou agent infiltr. 13. Arcini forcment identifi par la police ds juin 1987 14. Nouvelle voiture pour Arcini 15. Une fuite malencontreuse dans la presse ... 16. Les revendications sionistes 17. Visite d'un inspecteur la prison o j'tais dtenu .... 31 33 33 34 34 4. Lundi 7 dcembre 1987 (convocation la PJ) .. 5. Plan pour faire vader Arcini des locaux de la PJ . 6. Mardi 8 dcembre 1987, convocation la PJ (suite) ... 7. Arcini "s'vade" 8. Mercredi 9 dcembre 1987 (trajet Caen-Le Havre) ... 9. Je croise Arcini "par hasard" ... 10. Le jeudi 10 dcembre (l'arrestation) ... 11. Arrts sur "renseignement" .. 12. Un, ou des mystrieux "groupes arms" .. 57 57 57 58 61 61 62 64 65

3 4 4 4 5 5 6 7

Chapitre 6Ma sortie de prison (26 octobre 1987) 1. Reprises de contacts avec Arcini .... 35

Chapitre 7I. 2. 3. L'attentat qui m'est reproch Avant toute chose ..... Arcini n'y a pas particip directement Trajet Caen-Cherbourg (vendredi 20 novembre 1987) ... 4 Assemblage de la bombe (dimanche 22 novembre 1987) .. Essai avec la "bombe-test" (lundi 23 novembre 1987) ... Possible substitution de l'explosif ... Cabines tlphoniques toutes en panne .... Oblig de partir pour Caen (25 novembre 1987) ... Trajet Cherbourg-Rouen (27 novembre 1987) . Derniers reprages (29 novembre 1987) . L'attentat en lui-mme, tel que j'ai opr (30 novembre 1987) .. Retour Caen (30 novembre 1987) .... Rcit de l'explosion de la bombe (version officielle) ... Le Parquet n'a jamais convoqu les tmoins! ... Bilan de l'explosion: trois blesss (version officielle) .... "Bizarreries " des versions officielles Un explosif dfectueux selon la version officielle .... Rcit de l'attentat (version du tmoin Bounifia) ... Disposition de chacun (selon Bounifia) .. Ce qui a suivi mon dpart (version Bounifia) ... Disposition de chacun lors de l'explosion (version Bounifia) Effets matriels de l'explosion (selon Bounifia) ... Aucun dgt humain (selon Bounifia) Hypothse d'une dfaillance du systme de mise feu .... Bounifia ne savait pas... Un assureur fantme Conclusions sur ce tmoignage de Bounifia .... Tmoignage de Bounifia, version janvier 2000 ...... Ce qui a pu se drouler dans ce bar le 30 novembre 1987 ... Arcini m'a dconseill un systme de mise feu " bille" .... Aucun dbris de la bombe ne sera prsent au procs .... Conclusions sur cet "attentat virtuel" .. 35 36 36 36 37 37 37 38 39 39 39 41 41

Chapitre 2Passage l'arme 1. Procdure d'engagement (mars 1985) .. 2. trange visite au Peloton d'Elves Grads (juin 1985) ....... 3. Arrive au rgiment d'affectation, puis description de mon travail ... 2. Mon nom disparat de l'effectif rgimentaire ..... 5. Visites officielles de la Scurit Militaire (fin mars 1986) ..... 6. Est-ce un agent de la DGSE? 7. Premire mission (avril 1986) ... 8. Problmes idologiques .. 9. Les autres missions, en vrac (courant 1986) ..... 10. L'affaire des GAL (octobre 1986) .... 11. Refus de la mission GAL, je dserte (octobre/novembre 1986) 12. Conclusion du passage l'arme ... 13. Contexte de l'poque .... 14. Durant l'arme, contacts rguliers avec Arcini ... 7 8 9 10 10 12 12 13 13 14 15 16 16 19

Chapitre 91. 2. 3. 4. La garde--vue et l'instruction Il manque des armes et les explosifs ont disparu .... L'instruction .. Les motifs d'inculpation ... Soi-disant arrt avec l'arme du crime de Caen . 66 69 70 70

4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32.

Chapitre 10Le dossier

1. Sa remise (8 juin 1990) ... 72 2. L'enqute de personnalit a t en partie rdige par la gendarmerie ... 72 3. Les parents ... 73 4. Les frres et surs . 74 5. Procs-verbaux sur la priode scolaire .. 75 6. Procs-verbaux militaires . 76 7. L'enqute fut manifestement stoppe 8. Pas d'audition d'ami(e) ou de voisin .. 77

Chapitre 1142 43 43 44 45 46 46 47 48 49 50 51 51 51 52 53 54 55 55 1. 2. 3. 4. 5. Le procs aux Assises (juin 1990) 1. Dates, lieu, ambiance .. 2. Le prsident de la Cour ... 3. L'avocat gnral (promu aprs le procs) . 4. Comportement anormal des jurs .. 5. Les tmoins cits ..... 6. Les tmoins que j'avais fait citer 7. Les parties civiles qui s'taient constitues 8. Les experts cits .. 9. Comportement d'Arcini durant le procs ... 10. Arcini incapable de dcrire, techniquement, la bombe .. 11. Le rquisitoire contre moi ... 12. Le rquisitoire contre Arcini .... 13. Les plaidoiries de la dfense ... 14. J'ai pris la parole pendant prs de 2 heures ... 15. Le verdict .. 16. Arcini est toujours en prison ... 77 78 78 79 80 80 81 81 81 81 83 83 83 84 84 84

Chapitre 3Une libert trs surveille 1. Ma voiture qui prend feu .. 20 2. Une voiture pige qui disparat ..... 21

Chapitre 4Ma premire incarcration (janvier 1987) 1. L'arrestation . 22 2. Le procs "arrang" de Coutances (4 aot 1987) 22 3. Un projet d'attentat ... 23 4. Visite d'un colonel en prison et dmission de l'arme ...... 24

Chapitre 5Les attentats commis par Arcini (1987) 1. Rappel de ma situation l'poque de ces attentats ..... 24 2. Le prernier attentat (6 marsl987) .... 24 3. Le second attentat (5 juin 1987) .. 24 4. Arcini a utilis sa voiture personnelle 26 5. Arcini a-t-il opr seul? .. 26 6. Le jour de l'attentat, Arcini protgeait Balladur .... 27 7. Provenance trange de l'arme du crime . 27 8. Celui qui a fourni l'arme abattu par la suite .. 27 9. Des munitions identiques dans diverses affaires ... 29 10. Les munitions qui ont servi au crime de Caen 29 11. Prcisions de la presse concernant les munitions .... 30 12. Arcini a peut-tre commis des attentats en Corse .... 31

Chapitre 12Le pourvoi en cassation Je n'tais pas pour ... Arcini dpose un pourvoi . L'avocat, qui avait accept, se dsiste ... Mon pourvoi, videmment, rejet . Des journaux ont les attendus avant nous ... 85 85 85 86 86

Chapitre 8Derniers jours avant l'arrestation I. Vendredi 4 dcembre 1987 ..... 56 2. Samedi 5 dcembre 1987 (envoi d'une revendication) .... 56 3. Dimanche 6 dcembre 1987 ... 57

Conclusion ... 86 Postface de Carlos 97

Mmoire de Michel Lajoye

page 2

Chapitre 1PREMIERS CONTACTS AVEC ARCINI (1984) 1. MON PARCOURS, MON PASSAGE AU FN ET MON "FICHAGE" PAR LES POLICES POLITIQUES trou. Le collge avait beau rler, menacer, et tout et tout: rien n'y faisait! Ils ne pouvaient quand mme pas me forcer y aller, et encore moins m'attacher sur la chaise dans une salle de cours pour que j'y reste... J'avais mme le droit des mises pied, un vrai bonheur: je manquais le collge, et, en punition, j'tais interdit d'y venir (de toute faon je n'y serais pas venu...) pendant 3 ou 8 jours. J'tais aussi (pour)suivi par une assistante sociale et une (r)ducatrice qui, videmment, ne me voyaient jamais: pour a il aurait d'abord fallu qu'elles m'attrapent... Cela a dur ainsi de mes 12/13 ans (1980) jusqu' mes 16 ans (1983). "L'aggravation" a surtout t partir d'avril 1981 o j'ai eu 14 ans, 1'ge minimum pour avoir un cyclomoteur, et je m'en suis achet un grce aux revenus procurs par les castors... Avec ce vhicule (une petite moto plus qu'un cyclo) j'tais trs mobile, ce qui a accru mon absentisme scolaire... En avril 1983, j'ai eu 16 ans. Par consquent libre (outre d'acheter une moto de cylindre plus grosse) de ne surtout plus aller au collge (puisque la scolarit/endoctrinement est obligatoire jusqu' 16 ans). Je n'ai pas fait un jour de plus, j'ai donc quitt l'cole 16 ans pile, et mme un peu avant puisque mon 16 me anniversaire tombait durant les vacances scolaires de Pques 1983. l'poque j'tais en troisime, mais disons que j'tais inscrit ce niveau, car dire que j'y tais scolaris, cela serait trs exagr. La dernire anne, si je me souviens bien, j'ai t malade trois mois d'affile: le trimestre d'hiver o je chassais les castors du Cotentin... Durant cette priode, puisque je frquentais des gens plus gs, nous sortions beaucoup, et chaque jour tait un jour de fte... Ce qui me permettait de vivre ainsi, c'est que j'tais indpendant financirement grce mes activits de chasse aux rats d'eau. la fin de l't, dbut de l'automne, j'agrmentais en faisant du braconnage la truite de mer. Dans la Vire, la plus importante rivire commune aux dpartements de la Manche et du Calvados, il remontait pas mal de truites de mer (et parfois quelques saumons). Il tait ais de les capturer avec un filet lorsque les poissons tentaient de franchir, par les chelles saumons, les divers barrages de la Vire. Des restaurants m'achetaient les prises un trs bon prix. Les affaires marchaient fort bien... En 1984 (j'avais 16/17 ans) j'tais donc dj en rupture totale de scolarit depuis prs d'une anne et peu peu j'ai chang de frquentations. Fini les beuveries et autres (au bout de 3 4 ans, a lasse...), il n'tait que temps que cela se termine, que je dcroche de certaines accoutumances... J'ai par consquent mis fin cette priode que l'on peut qualifier de "baba-cool". Comme prcis plus haut, c'est ce moment-l (1984) que j'ai adhr au FN. Ce fut le dbut de mapage 3

E

n 1984, comme aujourd'hui, les mdia prsentaient le Front National comme un parti nofasciste, nonazi, et j'en passe. Ds lors, puisqu'ils me prsentaient ainsi ce mouvement: j'y ai adhr de confiance! Mais voyons avant mon parcours personnel, plutt sinueux, qui m'a conduit m'encarter dans ce parti politique (mon "environnement familial" ne sera abord qu'au chapitre 10). Je suis n en 1967, le 19 avril, dans la commune de Le Dzert (environ 500 habitants l'poque) situe dans le canton de Saint-Jean-de-Daye (cela se trouve entre Saint-L et Carentan), dans le dpartement de la Manche. J'ai vcu toute mon enfance dans cette rgion la limite sud du Cotentin. Au niveau scolarit, ce fut trs chaotique, mais seulement partir du collge. compter de mes 12/13 ans, j'estimais que j'avais mieux faire que de passer mon temps biller en n'coutant mme pas les professeurs. Et de toute faon pour ce qu'ils avaient dire... Il y a aussi que lorsque j'tais petit, j'tais anormalement grand pour mon ge... La raison en est que j'ai fait ma croissance en avance, et en consquence vers mes 12/13 ans, j'avais dj quasiment ma taille adulte. Je n'ai plus grandi depuis mes 13/14 ans. Ds lors, je n'avais pas vraiment envie de rester avec des "petits merdeux" de mon ge qui n'taient mme pas ma taille en plus... Ceci s'ajoutait au fait, aux dires mme de mes professeurs, que j'avais une maturit prcoce. C'est exact, et j'aspirais d'autres activits/loisirs que ceux dont j'avais l'ge. Je ne frquentais donc que des personnes plus ges que moi, des anes de 4 5 ans, parfois plus. En ce temps-l, mes loisirs taient surtout axs "nature": pche (en rivire), plus chasse. Cela avait aussi un but trs lucratif, car j'habitais en bordure du Cotentin, et l'hiver, ds que les rivires entraient en crue, tous les marais taient inonds. Dans ces derniers, l'poque, c'tait plein de rats d'eau (les castors locaux!) trs facile capturer lorsque tout est inond puisqu'ils sont obligs de se rfugier sur des lots. J'utilisais une barque moteur et je pouvais ainsi les traquer dans tous les marais du Cotentin. Un tanneur m'achetait chaque bte 10 francs. Au dbut des annes 80 c'tait trs rentable, car j'en capturais en moyenne une trentaine par jour lorsqu'il y avait des crues! Par consquent, entre aller l'cole, ou capturer des rats d'eau qui se matrialisaient pour moi en argent de poche, c'tait vite choisi! Ds l'hiver, ds que les premires grosses pluies donnaient des crues: je tombais toujours gravement malade pour la dure des crues, et de ce fait la scolarit tait pluttMmoire de Michel Lajoye

politisation si je puis dire, car auparavant je ne l'tais pas, du moins je ne m'en tais pas rendu compte, alors que je l'tais. . . En effet, comme tout petit Blanc confi l'enseignement soi-disant laque, mais qui est tout ce qu'il y a de plus confessionnel, j'ai t soumis un embrigadement. Mes professeurs voulaient, et mme devaient remplir leur mission de fonctionnaires de l'tat, c'est--dire faire de nous tous des moutons incultes, adeptes des religions d'tat, que cela soit l'Antiracisme, les Droits de l'Homme et, bien entendu, la sacro-sainte croyance dans le Dogme de la Shoah, ce Mythe fondateur de nos socits actuelles. Ils exigeaient (c'tait au dbut des annes 80, paralllement l'arrive au pouvoir de Mitterrand et l'installation de sa clique! Alors les profs gauchosocialistes se lchaient...) que l'on se mobilise pour servir de suppltifs, une sorte de Garde jaune, ce Pouvoir sioniste, ce Grand Frre, c'est--dire ce Big Brother que tout goy doit aimer et servir. .. J'tais impermable cet endoctrinement prosioniste (raction biologique?), et pour tout dire je ragissais mme, instinctivement, assez violemment cette acculturation. C'est ce qui explique que, par la suite, en raction ce que l'ducation nationale avait voulu m'inculquer, j'ai adhr au FN (le mal absolu pour mes profs...) ds qu'il est apparu sur la scne politique et que j'ai eu une adresse o le contacter. J'aurais sans doute adhr au FN plus tt (ds 1983, ds la perce de Jean-Pierre Stirbois Dreux) si j'avais eu le moyen d'entrer en contact avec. Mais dans le dpartement de la Manche, l'poque, il tait difficile d'obtenir l'adresse du sige de ce mouvement. Je n'ai pu avoir un contact que grce au qui, au dbut de 1984, avait eu la bonne ide de s'indigner (ses employs aux critures sont pays pour quotidien Ouest-France cela!) de la cration d'une section du FN dans le sud du dpartement, et de mentionner le nom du responsable local. Le jour mme, je lui crivais aprs avoir trouv son adresse dans l'annuaire. On m'a rpondu et je me suis encart.. . Au FN, j'ai particip la campagne des lections europennes de 1984, collages d'affiches et autres dans le dpartement de la Manche, notamment sur la ville de Saint-L. Lors de ces actions militantes, plusieurs reprises, j'ai subi des contrles d'identit oprs par la police urbaine de cette ville. De fait, pour ma part, ds 1984 (j'avais alors 16/17 ans) j'tais forcment fich aux Renseignements Gnraux puisque la police urbaine, dmocratie oblige, transmet automatiquement les identits des colleurs d'affiches du FN aux diverses polices politiques et officines de police de la pense. De plus, lors de ces diverses activits, j'tais en compagnie de militants connus et dment fichs pour leurs opinions nationalistes. Il est vident que les RG (et autres) ont forcment mis en fiche l'identit du nouveau venu. l'issue de cette campagne des Europennes de juin 1984 o le FN a ralis sa premire grandeMmoire de Michel Lajoye

perce nationale (11%), j'ai quitt ce mouvement. En effet, la propagande destine conditionner la "masse goye" me l'avait prsent comme nofasciste, nonazi, etc, mais j'ai pu constater, de l'intrieur, qu'il y avait tromperie sur la marchandise que les mdia vendaient! Donc, ne voyant pas le moindre prmisse de soulvement arm en prparation du ct du FN (et la suite m'a donn raison...), j'ai tout naturellement, et fort logiquement, quitt ce mouvement dmocratique, beaucoup trop lgaliste mon got.

2.

RENCONTRE AVEC ARCINI

Je me suis alors dirig vers dautres formations rputes plus dures. Jai ainsi t amen ctoyer le responsable local dun mouvement dont je tais le patronyme. Cette personne avait coutume dinviter les militants des dpartements de la Manche et du Calvados venir discuter de choses et dautres. Tous mouvements nationalistes confondus, cela nous mettait parfois jusqu 5 factieux table puisque les dmocrates du FN, qui auraient pu renforcer leffectif, ntaient bien sr pas invits ces agapes. Cest chez cette personne que jai rencontr, en 1984, Christophe Arcini qui venait darriver Caen.

3.

ORIGINES D'ARCINI

Christophe Arcini est n en 1961, en Algrie, cest un pied-noir. Lorsque je lai rencontr en 1984, il avait 23 ans, ce ntait pas un novice en politique. Il avait un pass activiste. Il tait adhrent dun mouvement nationaliste: luvre Franaise. Et je sais aussi que dans le Nord de la France (l o sa famille a t rapatrie), il a frquent diverses autres formations, notamment le Parti des Forces Nouvelles (PFN).

4.

ARCINI FORCMENT FICH

En 1984, lorsque nous organisions nos rencontres "cumniques", le "coordonnateur" invitait chacun par tlphone et ce dernier tait forcment sur coute chez quelques militants (sans compter les indics qui renseignaient directement...). Par consquent les RG avaient forcment connaissance dune prochaine runion. Il y avait l en gnral 4 5 militants, mais la tendance dure de la rgion. Ce qui ne pouvait que les intresser! Comme la personne chez qui avaient lieu ces rceptions habitait un pavillon, et que chaque invit garait sa voiture devant, il suffisait un membre des RG (ou autres) de passer dans la rue pour relever les numros des plaques dimmatriculation des vhicules afin den connatre les propritaires. Jtais le seul navoir pas dautomobile, puisque lpoque jtais encore trop jeune (javais 17 ans, je suis n en avril 1967) pour en avoir une. Puisque Arcini allait ces rendez-vous avec sa voiture et quil la garait, comme les autres, bien en vue devant la maison, il tait forcment fich comme activiste depuis, au moins, 1984! Son fichage est dautant plus certain pour deux autres raisons:page 4

La premire est quen 1998, des renseignements (pris auprs de certains militants et ex-militants des rgions de Cherbourg et de Caen) ont permis dtablir quen 1984/1987 le nom de Christophe Arcini tait connu de la mouvance nationaliste basnormande. La seconde est quen 1984 jai particip avec lui, dans la fort de Fontainebleau, un "camp" o se regroupaient divers militants (nous tions plus dune trentaine!) venus de tous les coins de France. Vu la proportion dindicateurs, il est totalement utopique de penser que les RG nont pas eu les identits de tous les participants qui sy taient rendus, comme Arcini, avec leur vhicule personnel sans en avoir pralablement chang les plaques dimmatriculation Par consquent, Arcini tait, forcment, fich en 1984! Et, probablement quil ltait dj avant 1984 cause de son activisme dans le Nord de la France. Que cela soit au sein du PFN, ou par la suite de luvre Franaise. Mais, admettons que ce ne soit que seulement en 1984, en Normandie, quil ait t "fich" par une police politique.

de dcouverte dobjet suspect, tait envoye sur place.1 Arcini tait donc la disposition du Ministre de lIntrieur qui, ayant une trs haute ide de ses comptences (il tait connu pour faire des miracles), lenvoyait l o on en avait besoin. De mme quil ntait pas simple artificier-dmineur puisquil assurait galement, rgulirement, des protections rapproches comme nous le verrons plus loin quand sera abord lattentat de Caen commis en juin 1987. Lorsque des Ministres dtat (ou autres autorits) faisaient une visite en Normandie, ou dans une rgion o Arcini tait dtach temporairement, sil fallait une protection, cest lui qui lassurait pour tout ce qui tait du domaine des explosifs. Cest ainsi quil frquentait rgulirement les milieux de la scurit des hommes politiques. Christophe Arcini tait tout, sauf ce petit employ de la Scurit Civile de Caen, comme on a tent, fort logiquement dailleurs, de le prsenter.

6.

LA RCUPRATION D'ARMES, D'EXPLOSIFS, ET AUTRES

5.

TRAVAIL D'ARCINI

cette poque (1984) Arcini tait dj artificierdmineur et il venait dtre rcemment affect Caen avec le grade de Contrleur. Ce qui, aux vues de ses 23 ans (il est n en 1961), tait lev. Il ntait artificier-dmineur que depuis 1982. Avant dtre affect Caen il a pass un an au centre de dminage dArras o ses comptences avaient retenu lattention. Lors du procs de juin 1990, dans la partie personnalit, il a t dit que lanne o Arcini est devenu artificier-dmineur, il ny avait quun poste pourvoir pour toute la France. Ce poste a t attribu celui arriv en tte du concours et ce fut Arcini. Cela dmontre que ctait un grand professionnel de la chose, car finir premier dun concours national de ce niveau, ce nest pas la porte du premier venu! La propagande officielle, sur cette affaire, a prsent Arcini comme un vague employ de la Scurit Civile du Calvados, il nen tait rien! Ce ntait pas un banal artificier-dmineur, mais lun des artificiers-dmineurs les plus cots de France dpendant du Ministre de lIntrieur. Il ntait pas aux ordres de la Scurit Civile comme cela a t claironn trop complaisamment, mais ceux de la Prfecture qui le dtachait la Scurit Civile! Ce qui nest pas tout fait la mme chose De plus, son affectation en Basse-Normandie ntait pas sdentaire, il tait rgulirement envoy en renfort et l. Que cela soit en Corse (il y sjournait professionnellement trs souvent) ou Paris. En 1986, lorsquil y a eu la vague dattentats, il fut dtach dans la capitale pour intgrer une brigade dintervention qui la moindre alerte, en cas

Pour moi Arcini ctait la relation prcieuse, bien plus intressant que les autres militants que je ctoyais! Car avec lui, au moins, je ne mennuyais pas Entre coller des affiches et distribuer des tracts, ou apprendre des choses trs dtonantes avec lui, je nai pas hsit! Comme le travail dArcini tait dtre artificierdmineur et quen Normandie ctait encore frquent qu lpoque il soit mis jour des armes de la dernire guerre mondiale, cela offrait de nombreuses opportunits. En gnral lorsque sur une plage, ou dans un champ, voire dans une maison (chez des "collectionneurs"), il tait dcouvert des obus, grenades, etc, ctait pour lui. En cas de dcouverte de ce genre, il arrivait pour soccuper de tout cela, et si ctait transportable, il emportait le tout la Scurit Civile de Caen o il avait un atelier. En gnral il oprait seul sur un site. Il ny a que sur les gros chantiers o ils venaient plusieurs et ctait le Contrleur Arcini qui contrlait, donc qui conduisait les oprations de dminage. Ces dernires permettaient des rcuprations trs intressantes. Par exemple, lorsquil tait mis jour de larmement, seul Arcini voyait combien lemplacement contenait dobus, de grenades, de mines et choses diverses puisque ctait le seul oprer dessus. Et il rapportait, officiellement, son atelier (ou faisait sauter sur place) ce quil voulait bien. Il pouvait en mettre de ct pour lui (et pour moi), personne ne pouvait le savoir puisque nul nallait mettre son nez sur les obus et mines pendant quil les maniait au risque de se faire sauter avec.1

En 1998, la Scurit Civile comptait alors 2.885 membres, dont 1.458 professionnels, tous rattachs au Ministre de l'Intrieur. Mais le Corps des Artificiers-Dmineurs, auquel appartenait officiellement Christophe Arcini, n'tait compos que de 123 personnes rparties dans 19 centres rgionaux d'intervention se trouvant, en gnral, au sein des bases de la Scurit Civile. Cela fait une moyenne d'un peu plus de 6 hommes par centre de dminage, ce qui explique qu'en cas de besoin (vague d'attentats), on "dgarnissait" un centre pour envoyer des renforts vers un autre. page 5

Mmoire de Michel Lajoye

Il faut bien remettre les choses dans leur contexte gographique: dans le milieu des annes 80 dans les dpartements du Calvados et de la Manche, il ne se droulait pas de semaine sans que quelque part il soit mis jour des vestiges des combats de 1944. Alors cela donne une ide du nombre dopportunits quArcini avait de rcuprer pour lui (et pour moi) des obus, mines, grenades, etc Cest ainsi quil y avait, galement, moyen de rcuprer aisment des armes de poing ou dpaule. Du moins suffisamment facilement pour nous quiper. Il tait mis jour rgulirement (que cela soit sur une plage ou en pleine campagne) des caisses (ou des cantines) qui avaient t enterres par accident durant les combats de 1944. Pour cela il suffisait quun obus (ou une bombe davion) tombe proximit dune caisse quelconque pour quelle se retrouve totalement enterre pour des dcennies. Puisquen gnral, les armes allemandes, conditionnes dans des caisses, taient soigneusement emballes dans des papiers spciaux de protection, ou des housses en cuir (pour les pistolets dans les cantines), plus de 40 ans aprs les caisses et/ou les cantines taient dans un piteux tat extrieur, mais lintrieur, ce qui sy trouvait tait encore souvent en bon tat. Et mme quelquefois ltat neuf! Les mises jour darmes anglo-amricaines ntaient pas si payantes, cela dpendait du lieu de dcouverte. Parfois il y en avait qui contenaient des choses intressantes. Mais le plus souvent ces armes anglo-amricaines avaient t perdues sans protection extrieure suffisante, ce qui faisait quelles taient presque toujours inutilisables 40 ans aprs. Seuls les corps des grenades anglo-amricaines taient rcuprables, principalement les grenades anglaises Mills, car simples recycler. Par exemple, pour une grenade, il suffisait de la brosser pour ter lventuelle oxydation extrieure, et, videmment, de remplacer la charge explosive vieille de 40 ans (qui ntait plus fiable) par une neuve. Idem pour le systme de mise feu. Je prcise, tout de mme, que les bonnes dcouvertes en armes de poing et dpaule taient rares. Par an cela se comptait sur les doigts dune main! En revanche pour les obus, mines et grenades: ctait autant que nous en voulions pour ainsi dire, il suffisait de se servir! Outre cette possibilit de rcuprer des armes et des quipements en tout genre de la dernire guerre mondiale, il tait ais de se procurer du matriel neuf (plastic, dtonateurs, etc...). Arcini pouvait en dtourner de son atelier sans aucun problme. Lorsquil allait faire sauter des obus ou des mines qui avaient t mis jour, la charge servant ptarder tait son apprciation. Il pouvait, par exemple, mentionner sur son cahier quil avait utilis 1 kilo pour dtruire tel site alors quen fait, il nen avait utilis que 800 grammes, le reste tait "mis de ct" Personne ne pouvait contrler: ctait lui le Contrleur! Cet explosif mis de ct nous servait, en priorit, recycler le matriel.Mmoire de Michel Lajoye

Il arrivait aussi quelquefois quArcini soit charg de ptarder des stocks rforms de larme franaise provenant notamment de rgiments dits de Gnie matriel. Apparemment larme navait pas dartificier comptent. Ils confiaient ce travail la Scurit Civile, autrement dit Arcini. Et videmment, mme prlvement au passage, si nous en avions besoin. Mais, dans ce cas, lutilisation tait plus risque, car lexplosif militaire est coup avec des composants chimiques permettant didentifier le numro du lot. Ainsi, aprs lexplosion dune bombe ou dune grenade, lanalyse scientifique des restes, il est possible de dterminer le numro du lot dexplosif, et de ce fait sa provenance rgimentaire. Ce qui aurait t fcheux! Il nen tait pas de mme pour lexplosif de la Scurit Civile servant ptarder, lui tait anonyme quant sa provenance. Cest pour cette raison que ctait celui-l qui tait dtourn en priorit. En conclusion, de trs grandes facilits pour rcuprer certaines choses, mais il ntait dtourn que ce quil fallait, cela naurait servi rien que lon stocke dmesurment. Il nous fallait simplement de quoi couvrir nos besoins.

7.

FORMATION QUI M'EST DISPENSE

En plus de cet approvisionnement en matriel, jai bnfici dune formation. Car jai beaucoup appris avec Arcini dans le maniement des armes et des explosifs. De par ses fonctions, puisquil dpendait du Ministre de lIntrieur, Arcini tait aussi destinataire de rapports confidentiels. Ces documents taient publis aprs chaque attentat (en Europe), ou en cas de menaces prcises. Cela faisait le topo sur les engins employs par divers groupes terroristes. De ce fait, javais connaissance de tous les "trucs et astuces" pour raliser du pigeage. Je pouvais, surtout, me servir de lexprience des autres (et prendre en compte les erreurs quils avaient commises). Dans ces documents, destins tous les artificiers du Ministre de lIntrieur, javais aussi les commentaires et directives indiquant la meilleure faon de neutraliser tel ou tel engin couramment employ par tel groupe terroriste. Ces rapports me permettaient, aussi, de me rendre compte que les versions officielles (mdiatiques et judiciaires) de certains attentats des annes 80 ne correspondaient pas du tout avec la ralit! Mais ceci est une autre histoire Je signale, car cela a son importance, que jtais, apparemment, le seul "lve" dArcini. Mais je nen suis pas certain Je nai jamais eu connaissance quil ait fait bnficier dautres militants de son savoir (et quel savoir!) et il napprovisionnait pas, ma connaissance, dautres activistes en matriel divers (et quel matriel!). Mais je ne peux laffirmer catgoriquement.

page 6

8.

ARCINI FORCMENT MANIPUL OU AGENT INFILTR

Maintenant il faut tre logique: Arcini tait forcment fich comme "factieux" (depuis au moins 1984, comme expliqu dans ce chapitre la section 4) et il est totalement farfelu de penser quune personne fiche comme "activiste dextrme-droite" ait pu occuper un emploi aussi sensible. Et admettons que ce ne soit quen 1984 que les RG, ou autres, laient fich comme activiste. Dans ce cas, ds quils ont appris sa profession, ils ont donn lalerte! Cest lvidence mme! Or, Arcini a continu aprs 1984 (et il tait dj activiste avant!) frquenter les milieux nonazis et

nofascistes, tout en tant Contrleur artificierdmineur du Ministre de lIntrieur qui lavait dtach la Scurit Civile de Basse-Normandie. De plus il assurait la protection rapproche de Ministres dtat! Donc, soit il tait manipul et on le laissait faire en le surveillant de trs prs quand mme pour savoir qu'il faisait bnficier de ses connaissances et qui il approvisionnait en matriel. Soit, tout simplement, Arcini ntait pas un lment nationaliste infiltr, mais un agent du Ministre de lIntrieur charg dinfiltrer les mouvements nationalistes. Cette dernire hypothse apparat aujourdhui comme la plus plausible.

Chapitre 2PASSAGE L'ARME 1. PROCDURE D'ENGAGEMENT (mars 1985)recrutement de Saint-L. Aprs que j'ai accept l'ide de contracter un engagement, le major qui m'a reu a tlphon pour prendre rendez-vous pour les tests que j'ai passs moins de 8 jours plus tard. Ayant t reu "haut la main" (note 17/20), j'avais le droit tout ce que je voulais comme affectation rgimentaire, moi de choisir. Je me suis alors vu numrer des rgiments, et comme je n'avais pas d'opinion sur le sujet, je rpondais toujours Bof, le suivant c'est quoi? . Aprs une vingtaine de bof... , les nerfs de l'orienteur ont un peu lch et il m'a dit qu'il faudrait que je me dcide un peu... Comme ce moment-l il tait sur 5 me Rgiment d'Hlicoptres de Combat bas Pau, ce fut adopt: direction le Barn, dans l'Aviation Lgre de l'Arme de Terre (ALAT). Par consquent, je pense (mais chacun est libre d'avoir son opinion, je ne fais que relater les faits) que c'est le hasard qui a voulu que je me sois retrouv dans ce rgiment. Il me semble (pour moi qui ai vcu ces msaventures) que si l'orienteur s'tait fatigu plus tt, ou plus tard, de mes bof... , j'aurais t affect ailleurs. moins que ce major n'ait t machiavlique, et qu'il m'ait fait croire que j'avais le choix de mon affectation, mais qu'il ait prvu, au final, de me faire signer, d'une faon ou d'une autre, pour le 5 me RHC. I1 ne peut tre exclu, en effet, que l'on m'ait sciemment envoy dans cette unit, aprs qu'Arcini ait signal ses suprieurs qu'il y avait moyen de me faire contracter un engagement militaire. Il savait que j'allais me rendre au Centre de Documentation et de Recrutement de l'Arme de Terre de Saint-L, puisque je lui en avais parl. A-t-il agit en consquence?2 Ce qui pourrait faire rpondre par l'affirmative cette question, c'est une analyse des vnements.2

E

n 1985 je me suis engag dans larme. Mais en fait, initialement, je nai jamais eu lintention de menrler dans la milice suppltive de l'US Army, puisque je ne voulais pas servir de sabbat-goy Tsahal! Je dsirais juste faire un devancement dappel pour tre dbarrass du service militaire. Cependant, ce ntait pas possible, car en mars 1985 jtais encore mineur et lon ne pouvait pas effectuer de devancement dappel lorsque lon avait moins de 18 ans. Mais le Centre de documentation et de recrutement de larme de terre de Saint-L ma propos un engagement de 3 ans, et de faire en ralit 6 mois comme engag, de rsilier mon contrat au bout de cette priode, et de finir les 6 autres mois du service national (il tait dun an lpoque) comme appel. Si ctait possible, cest quengag alors que jtais mineur, je pouvais rsilier mon contrat au bout de 6 mois (contre 3 mois pour les engags majeurs). Cependant, ce n'tait pas possible, car en mars 1985 j'tais encore mineur et l'on ne pouvait pas effectuer de devancement d'appel lorsque l'on avait moins de 18 ans. Mais le Centre de Documentation et de Recrutement de l'Arme de Terre de Saint-L m'a propos un engagement de 3 ans, et de faire en ralit 6 mois comme engag, de rsilier mon contrat au bout de cette priode, et de finir les 6 autres mois du service national (il tait d'un an l'poque) comme appel. Si c'tait possible, c'est qu'engag alors que j'tais mineur, je pouvais rsilier mon contrat au bout de 6 mois (contre 3 mois pour les engags majeurs). C'tait allchant, car le premier semestre j'avais la solde des professionnels, le second la misre des appels. En plus je gardais les 45 jours de permission des engags. C'tait vraiment une bonne affaire qui me convenait parfaitement. C'est en mars 1985, le 12 (si je me souviens bien) du mois, que je suis entr dans ce centre deMmoire de Michel Lajoye

Nous verrons plus loin, dans la Conclusion de ce rcit, qu'Arcini a fort bien pu tre, en ralit, une barbouze oprant pour le compte de la police politique militaire. Dans ce cas, son statut de fonctionnaire du Ministre de l'Intrieur n'aurait t qu'une "couverture". page 7

C'est un peu comme si l'arme n'attendait que moi ou presque! I1 suffit de voir avec quelle promptitude j'ai t engag, accueilli bras ouverts! Mais il reste bien difficile de dire, de faon affirmative, qu'Arcini a eu (ou n'a pas eu) un rle dans cet engagement. Quoi qu'il en soit, le 3 avril 1985, j'tais de nouveau au centre de recrutement de Saint-L pour signer mon contrat. Ce qui fait qu'entre le 12 mars, date o je suis entr dans ce centre pour me renseigner et le 3 avril, jour o j'y signais mon engagement, il s'est coul 3 semaines (quelle rapidit!). Ce cours dlai exclut totalement qu'ils aient fait une enqute de moralit sur mon compte. Il faut compter trois mois pour une procdure de ce genre et ce n'est que plus tard que je serai (du moins, je l'interprte ainsi) rattrap par cette enqute. Une fois le contrat paraph, je me suis rendu Pau, non pas pour tre incorpor tout de suite au 5 me RHC, mais pour commencer par un sjour la "prestigieuse" cole des Troupes Aroportes (ETAP) qui se trouve galement Pau.

2.

TRANGE VISITE AU PELOTON D'LVES GRADS (juin 1985)

Dbut juin 1985, jtais militaire depuis deux mois, et cela faisait prs dun trimestre que javais sollicit un engagement. Soit le dlai moyen pour le retour dune enqute de moralit. cette date, jtais dans lun des deux Pelotons dElves Grads de lETAP et je fus demand dans le bureau du lieutenant du PEG de la 12 me compagnie, un certain Bellinck. Une fois entr dans la pice, jai pu voir quoutre Bellinck qui tait assis son bureau, il y avait un autre lieutenant derrire lui, adoss au mur. Ce mystrieux militaire mtait inconnu, et il avait les cheveux assez "longs" (trop longs pour appartenir lETAP, ou alors ctait le beatnik de lcole!). Bellinck ma dentre dit quil avait un "problme de scurit" avec moi, et quil avait une "note de scurit" remplir me concernant. Jen ai ds lors conclu que les Renseignements Gnraux (et autres) avaient bien fait leur travail, et que jtais bel et bien fich comme activiste Aprs diverses questions destines remplir cette note de scurit, jai t invit disposer. Jai prsum que cette note ne pouvait avoir t demande que par la Scurit Militaire et que ce lieutenant, dans le bureau de Bellinck, en faisait partie. Il navait aucun insigne dunit, il tait juste en treillis, pas de bret ou de kpi apparent, et de fait pas de signe qui maurait indiqu do il venait. Quant son nom sur la bande patronymique de sa veste, je nai pas pu le lire, si tent que cela ait t son vrai nom en plus. Durant lentretien que jai eu avec Bellinck ce lieutenant na pas dit un mot, il est rest adoss au mur afin de le soutenir Ce qui sest droul est trs important, car ds juin 1985 jtais donc repr officiellement par la Scurit Militaire (cela ne pouvait tre que cela!). Tout partir de cette date doit tre vu avec lesprit que les autorits militaires savaient forcment qui elles avaient faire, et il ne faut pas exclure que lonMmoire de Michel Lajoye

comptait mutiliser, me manipuler, pour diverses choses. Il faut bien voir qu cette poque je ctoyais dj Arcini depuis un moment. Et sil tait manipul, ceux qui tiraient les ficelles savaient quil men avait appris beaucoup dans le domaine des explosifs et que je mentranais souvent avec lui, que cela soit au tir, lanc de grenades, pigeages complexes, etc. Si Arcini ntait pas manipul, mais un agent infiltr, cest encore pire, car la police politique tait, dans ce cas, encore mieux informe! partir de ce moment, la logique aurait voulu que lon me dise de faire mon paquetage et daller voir ailleurs puisque "lactivisme nonazi" est un motif dexclusion de larme dite franaise. Or, ce nest pas ce qui sest droul, bien au contraire! Car, lissue de cette "visite", cela a chang: on soccupait de moi. Je me retrouvais envoy en formation et en entranement bien plus souvent que les autres lves du peloton. Par exemple les sances dinstruction taient par petits groupes (4 5 lves afin de mieux personnaliser), chaque groupe tournait sur une activit. En moyenne une seule activit pousse par jour et par groupe. Le reste du temps: TIG, cest-dire astiquer les btiments. Pour ma part jtais inclus dans plusieurs groupes de faon tre continuellement en formation. Ce qui fait que lorsque les autres lves faisaient une seule activit dans la journe, jen avais fait 4 5 en passant dun groupe lautre. Et lon ne me passait rien, l o les autres russissaient moyennement ce qui leur tait demand, et o les instructeurs sen foutaient pas mal quils russissent ou pas, si je faisais une chose mdiocrement, je devais recommencer jusqu que cela soit parfait. Ctait systmatique, ds que jarrivais sur un terrain dentranement (nous tions toujours plusieurs lves y arriver), la premire chose que faisaient les instructeurs ctait de reprer celui qui avait Lajoye crit sur sa bande patronymique. Ils avaient des consignes de me pousser plus que les autres, et chaque fois jy avais droit. Il y avait forcment une raison ce "traitement de faveur". Dautant plus que les listes de leffectif dsign pour tels et tels entranements venaient directement de ltat-major de lETAP. En quelque sorte, je peux dire que jai eu un entranement plus pouss avec la contrepartie suivante: aucune permission et/ou quartier libre. La raison en est que j'tais mlang tous les groupes, je passais de l'un l'autre, et je n'tais donc pas mis au repos en mme temps que "mon" groupe, puisque je n'tais rattach aucun. Ainsi, j'tais "isol" de la troupe. Jai mis ce "traitement spcial" (qui a dbut aussitt aprs la mystrieuse visite de ce lieutenant) sur le compte de mon affectation future. Le 5 me RHC est (sur le papier) une "unit dlite" (ayant connu ce rgiment de lintrieur, jen rigole encore!), un des piliers de la Force dAction Rapide (a aussi, cela me fait encore bien rigoler!) de lpoque. Alors je pensais qu unit dlite, entranements plus pousss.page 8

3.

ARRIVE AU RGIMENT D'AFFECTATION, PUIS DESCRIPTION DE MON TRAVAIL

Fin juillet 1985, la promotion en avait fini avec l'ETAP. Nos examens s'taient bien drouls, sauf pour quelques-uns qui furent recals. Pour ma part je me retrouvais "major de promotion" (j'ai peut-tre bnfici d'un petit coup de pouce occulte, mais comme j'avais bien assimil les cours dispenss par Arcini et dont j'ai fait tat au chapitre 1, section 7, les examens militaires furent pour moi une "promenade de sant"... ). ce moment, les lves grads ont t ventils dans leurs units respectives. Pour moi le 5me RHC qui se trouve moins de 2 kilomtres de l'ETAP, sur la petite commune d'Uzein, l o est situ l'aroport de Pau. Arriv la base d'hlicoptres, j'ai t avis que je devais me prsenter, immdiatement, au commandant Drulhe (il tait Chef d'Escadron pour tre prcis), chef des Services Techniques du rgiment. Une fois que je me suis prsent aux ST, j'ai vu le commandant Drulhe qui m'a inform que je travaillerais son secrtariat et que j'tais galement la disposition des officiers comptables des Services Techniques qu'il dirigeait. Partant de l, j'ai intgr ces lieux qui taient stratgiques dans ce rgiment. Ils graient la comptabilit matriel (armes notamment), carburants, munitions, parc automobile et d'hlicoptres, pices dtaches, etc. Le chef des ST est celui qui gre les potentiels de vols pour chaque hlicoptre, c'est le chef technique de toutes les escadrilles volantes, des ateliers d'entretien, que cela soit des vhicules ou des aronefs. Autrement dit, en importance, le boss aprs le chef de corps et son adjoint! En tant au secrtariat du chef des ST, j'tais, en quelque sorte, une "mmoire" du service, celui qui triait le courrier, et qui rpartissait mme le travail de "frappe" sur les deux dactylos appels, qui de fait devenaient mes subordonns. ce poste, j'avais aussi accs aux comptabilits, aux cls des soutes munitions, aux alarmes, etc. J'occupais ds lors des fonctions bien peu compatibles avec mon fichage comme activiste! C'est le moins que l'on puisse dire, car en occupant cet emploi, j'tais bel et bien un des seuls militaires du rgiment avoir, la fois, accs aux cls des diverses soutes (munitions, notamment) et aux alarmes que je pouvais neutraliser! Sans oublier la comptabilit, aisment falsifiable, de tout cela! Ils auraient voulu accrditer, par la suite, que je me suis forcment copieusement servi dans les stocks, qu'ils n'auraient pas eu m'affecter dans un autre service au sein du 5me RHC... Encore aujourd'hui, je me demande pourquoi ils m'avaient fait affecter au secrtariat des Services Techniques de ce rgiment, alors qu'ils savaient pour mon activisme (cf. section 2 de ce chapitre)? J'ai du mal croire que cette affectation, aux ST du 5me RHC, fut le fruit du hasard... Ils en attendaient quelque chose, cela semble vident!Mmoire de Michel Lajoye

Quoi qu'il en soit, du coup, vu les conditions de travail et les tches vraiment pas crasantes (j'avais juste faire travailler les deux dactylos appels) que j'avais dans ce rgiment, cela ne me donnait plus du tout envie de rsilier mon contrat au bout de 6 mois comme je l'avais prvu initialement. En effet, je n'avais aucune astreinte dans ce service! J'embauchais le matin 8 heures, pour dbaucher le soir 17 heures 30 (17 heures le vendredi). Travail (ou plus exactement "acte de prsence au bureau") du lundi au vendredi. Tous les soirs de libre pour rentrer l'appartement que j'avais lou dans Pau. Idem pour le week-end: j'tais libre du vendredi 17 heures au lundi matin 8 heures puisque les Services Techniques ne travaillaient jamais les week-ends et jours fris. Ajoutons tous ces quartiers libres, les 45 jours de permission par an. Plus tous les aprs-midi que je prenais a et l aprs avoir demand l'autorisation mon commandant de rentrer chez moi midi plutt qu' 17 heures 30 (un militaire, c'est avant tout un fonctionnaire...). En outre, avantage non ngligeable: puisque j'tais au service d'un officier suprieur, j'tais dispens d'aller aux divers rapports, ainsi que d'aller faire le guignol dans des occasions dont seule l'arme dite franaise a le secret. En conclusion: un emploi plus administratif que militaire, ou pour mieux dire, une sincure "faite sur mesure" pour que je ne rsille pas mon contrat, et que je reste au sein de l'arme... J'aurais t bien bte de ne pas y rester, car un travail (si je puis nommer cela ainsi...) aussi reposant, et fort bien pay, je ne risquais pas de trouver cela dans le civil. Cet emploi ppre cadrait mal avec ce que l'on avait exig de moi I ETAP, o tous les "brevets" et "diplmes que j'y ai obtenus sont estampills d'appellations issues des "troupes de choc". Mais le 5me Rgiment d'Hlicoptres de Combat est, comme son nom l'indique, un rgiment de combat, donc il ne comprenait pas de "groupe de choc" destin au combat (c'tait le nom de l'unit qui tait cens terroriser l'ennemi, pas son personnel!). Cependant, compte tenu de mon emploi aux Services Techniques, j'avais plus d'occasions que tout autre militaire de parfaire mon entranement. J'avais juste demander mon commandant si je pouvais aller faire telle ou telle activit afin de me divertir. I1 tait toujours d'accord et comme cet officier tait hirarchiquement le numro 3 de l'unit, personne, hormis le chef de corps et son adjoint, n'aurait pu se permettre d'aller l'encontre de cette autorisation accorde par mon chef... Je citerai deux exemples de ces facilits qui m'taient offertes: Le premier est qu'en tant que secrtaire du service qui tablissait les "potentiels de vol" des appareils, les pilotes ne me refusaient jamais un embarquement lorsque j'allais faire de "l'hlico-stop". Ceci afin de sauter "clandestinement" en parachute durant un vol passant au-dessus de la drop zone qui jouxtait la base militaire (j'avais russi me faire allouer un quipement militaire "personnel" pour ces sauts).page 9

Le second est que je passais une bonne partie de mon temps faire du tir puisque j'avais la place idale. Au secrtariat des ST, j'assistais, entre autres, le comptable carburant qui tait aussi le munitionnaire (les munitions sont assimiles aux carburants). Si pour une sance de tir, il tait sorti des comptes et dstocks des soutes 10.000 cartouches, et si l'issue de la sance d'instruction, l'officier de tir nous rapportait 8.500 douilles et 1.500 munitions non utilises, nous ne rentrions pas ces dernires en comptabilit. Ceci pour faciliter nos comptes, ainsi que le conditionnement des munitions (de faon gnrale, nous ne reprenions en compte aucun surplus: tout lot dstock tait considr comme tir et devait l'tre. Seules devaient nous revenir les douilles). S'il y avait du rab, je le prenais, passais l'armurerie prendre une arme correspondant au calibre des munitions, et en compagnie d'un appel (il me fallait bien quelqu'un pour ramasser les douilles jectes... ) j'allais tirer ce surplus au stand de tir. J'y passais parfois plusieurs aprs-midi par semaine! En consquence, j'avais certes un emploi ppre de bureau, mais je n'tais pas toujours au bureau! Et, au final, j'avais un entranement (que j'effectuais volontairement), ainsi que des sances de tir ou autres, sans commune mesure avec ce que j'aurais eu en tant dans un "groupe de combat". Ceux qui ont t dans de tels groupes savent de quoi je veux parler! Eux qui n'ont lanc, au mieux, qu'une grenade, tir 200 cartouches, n'ont mme pas eu le droit 15 sauts en parachute, et n'ont vu le maniement des explosifs que de faon thorique...

commandant Drulhe, lui-mme, qui ltait! Mais je me voyais mal lui demander en quel honneur il faisait cela et sil navait pas bientt fini Une chose est cependant vidente: je ntais pas intgr dans leffectif rgimentaire! Officiellement jtais affect au 5 me RHC, mais, au sein de cette unit, je ntais pas pris en compte! Sur le coup je ne me suis pos quelques questions pensant que je ne faisais pas laffaire et que jallais tre ject. Mais il nen a rien t, et les semaines qui passaient me voyaient minstaller. Ce nest que par la suite que cest devenu clair lorsque la Scurit Militaire est venue me voir.

5.

VISITES OFFICIELLES DE LA SCURIT MILITAIRE (fin mars 1986)

4.

MON NOM DISPARAT DE L'EFFECTIF RGIMENTAIRE

Lors de mon affectation aux Services Techniques le premier travail que jai eu effectuer fut de mettre jour le tableau des effectifs du commandant Drulhe. Sur lun des murs de son bureau, il avait un gigantesque tableau organigramme de tous les services et escadrilles volantes avec indiqu les noms des personnels les composant et sur lesquels le commandant avait la haute main. Cela faisait lensemble du rgiment. Jai mis de nouvelles tiquettes nominatives suite la ventilation du nouveau contingent (il y avait toujours quelques appels dans les escadrilles volantes et autres pour balayer les hangars), jai t les noms des "librs", etc. Et, bien sr, vers le haut de ce grand tableau dans la case Secrtariat des Services Techniques, au-dessus des noms des deux dactylos appels, jai mis une tiquette avec mon nom, cela allait de soi. H bien apparemment non! Car quelques jours plus tard, par hasard, je constate que ltiquette avec mon nom avait disparu. Jen remets donc une puisque quand mme, tant celui qui devait veiller la mise jour du tableau, cela faisait dsordre que le seul nom qui manque cela soit justement le mien. Jai surveill cela, et de nouveau quelques jours plus tard, jai vu que ltiquette avec mon nom tait encore partie. Il tait vident que ctait leMmoire de Michel Lajoye

Jtais engag, mais comme tous les militaires professionnels, jtais quand mme rattach un contingent. Celui de la date de mon engagement, c'est--dire le 85/04 qui a t libr fin mars 1986. Moi aussi, si javais rsili mon contact pour redevenir appel au bout de 6 mois, jaurais t libr fin mars 1986 lissue de la dure lgale de service (12 mois lpoque). Mais au moment o les appels du contingent 85/04 rentraient chez eux, de mon ct cest la visite de la Scurit Militaire que jai eue. Cela sest droul un aprs-midi (je ne me souviens plus de la date, cela devait tre vers le 25 mars 1986), le tlphone a sonn au secrtariat des Services Techniques: jtais demand au PC. Jy suis all, cela navait rien danormal, jy tais demand trs frquemment pour aller chercher des documents que le colonel (ou son adjoint) voulait remettre au commandant Drulhe. En arrivant au btiment, jai remarqu, gare devant, une 305 blanche qui avait des plaques dimmatriculation civile. Jai trouv anormal quune voiture civile soit gare ici puisque laccs de la base tait interdit aux vhicules de ce genre. Mais je nai pas prt plus attention que cela cette voiture. Une fois dans le PC, jai t inform que jtais demand dans le bureau du chef de corps adjoint. Je pensais que ctait lui qui voulait me voir, mais ce ntait pas le lieutenant-colonel qui tait dans son bureau: ctait un type en civil assis sa place. Il ma fait asseoir aussitt, prenant un ton jovial. Je trouvais trs trange quun civil "squatte" le bureau du chef de corps adjoint. Ce visiteur ma d'entre dit quil avait parler avec moi, et que nous en aurions pour tout laprs-midi. Jai tout de suite pens RG, puisque tout de mme, dans ces moments-l, on y pense Il ne ma pas dit qui il tait, il jouait le mystre, et jtais mal plac pour lui demander qui ai-je lhonneur? , puisque sil tait assis la place du numro deux du rgiment, cest quil avait un "certain pouvoir" et que ce ntait pas un VRP! Il a commenc par me poser un tas de questions qui portaient sur un peu tout, famille, scolarit, etc. Mais visiblement il savait dj tout cela et il me le faisait bien voir par des petits commentaires amuss, notamment en rectifiant lui-mme les erreurs ou lespage 10

oublis volontaires que je commettais Toutes ces questions ctait vraiment la mise en condition pour me dsaronner, car je me demandais vraiment qui tait ce type en civil qui savait absolument tout sur moi: mme la moindre bricole lui tait connue!. Mais, chose tonnante, sil savait tout, et sil a absolument tout abord, il na pas t question une seule fois de politique, de mon activisme notamment. Pourtant il savait forcment un moment, chose certainement que navait pas prvu ce mystrieux civil, le lieutenant-colonel3 est venu dans son bureau pour rcuprer un dossier. Comme il me connaissait fort bien, il a eu un commentaire mon gard et a d voir que je ntais pas laise. Il s'est alors mis donner lautre, le civil, du Mon commandant (le lieutenant-colonel l'a-t-il fait exprs pour "griller" mon visiteur?). Ainsi jai su tout de suite que jtais en face dun militaire, mais en civil. Ce qui pour moi tait dj une indication! Jai tout de suite pens "Scurit Militaire" la place de "Renseignements Gnraux" J'tais d'autant plus confort dans mon ide d'avoir affaire la SM que j'avais t tonn d'entendre le lieutenant-colonel donner au "civil" du Mon commandant . Un suprieur, en l'occurrence un lieutenant-colonel, ne donne jamais du mon un infrieur en grade, en l'tat un commandant. Le fait que le lieutenant-colonel l'ait appel ainsi m'assurait que j'avais en face de moi un "Commissaire politique" qui mme un lieutenantcolonel, chef-adjoint d'un rgiment, parlait avec la plus extrme dfrence en n'oubliant pas d'inclure le mon de politesse qu'il aurait refus n'importe quel autre commandant. Aprs le dpart du lieutenant-colonel, cela a t plus direct, le "civil" a d se sentir dmasqu avec le Mon commandant . La priode du jeu des questions dont il connaissait lavance toutes les rponses, tait finie. Il ma alors parl de la Direction de la Protection, de la Scurit et de la Dfense et il sest prsent comme le chef de lAntenne de la Protection, de la Scurit et de la Dfense de la rgion. Au niveau national cest une Direction, donc la DPSD, et au niveau rgional des Antennes, par consquent des APSD. Et celui que javais devant moi ctait le commandant de lAPSD base Tarbes, au 35 me RAP, avec qui lAntenne partageait des infrastructures. Il ma expliqu ce qutait la DPSD puisque je lignorais. Comme tout le monde, javais entendu parler de la Scurit Militaire, mais sans plus et jen tais rest la dnomination SM. Il ma appris que cette dernire nexistait plus depuis novembre 1981, que ctait maintenant la DPSD et quelle tait lie la DGSE. Pour simplifier, il ma prsent la DPSD comme une version militaire de la DST et des RG runis (pas moins!). Mais aucun moment il ne ma dfini la DPSD comme une "police politique militaire", alors que cest cela en ralit comme nous le verrons3

Un dnomm Ladevze, il est aujourdhui gnral. En 1991 il a particip lagression contre lIrak. Et en 1996/1997 il a eu un commandement "onusien" en Bosnie Mmoire de Michel Lajoye

plus loin avec les missions que jai eu effectuer. Il ma aussi prcis que, cest important, lon ne demandait jamais y entrer, mais que ctait elle qui recrutait son personnel. Tout cela faisait que plus nous avancions, plus je comprenais que je ntais plus du 5 me RHC, mais affili la DPSD. Tout devenait clair: lentranement pouss lETAP, le fait que mon nom ne soit pas sur le tableau organigramme du commandant Drulhe contenant leffectif technique du rgiment, etc, etc. Il devenait vident que lorsque jtais lETAP jai t repr, puis recrut mon insu. Et en juin 1985, lorsque jtais en PEG lETAP, le lieutenant mystrieux dans le bureau de Bellinck est sans doute venu voir, de visu, le repr. Il faut aussi noter que cest en mars 1986 que la DPSD est venue au 5 me RHC. On a donc attendu que jaie accompli la dure lgale de service. Ce nest pas pour rien. En effet, aucun moment je nai t plac devant un choix, ce commandant de lAPSD de Tarbes ne ma pas demand si je voulais en tre, ctait acquis pour lui. Mais hypothse que jaie refus, que je lui aie dit dentre que je nacceptais pas dtre intgr une police politique (bien qu lpoque je ne savais pas que cen tait une). Dans ce cas, ctait simple: il est venu me voir fin mars 1986, soit pile au moment o le contingent 85/04 (auquel jtais rattach pour ma priode lgale de service) tait libr. Cest--dire une poque o, moi aussi, jaurais d finir mon service si javais rsili mon contrat dengagement comme jen avais initialement envie. Il est vident que si javais dit Non la DPSD en mars 1986, ils sortaient le fait que jtais fich comme "activiste nonazi" et que lon ne voulait pas de a. Mon contrat aurait t cass, et, comme javais accompli les 12 mois minimum, le soir mme (ou quelques jours aprs) jtais civil. Je pense que cest uniquement pour cette raison que je nai pas t contact, officiellement, plus tt. Lentretien a dur dans les 4 heures quand mme, et jimagine que ce fut un tte--tte comme en subissent tous les recruts. Le lendemain, mme procdure que la veille: appel tlphonique au secrtariat des ST pour me signaler que jtais demand au PC. Devant il tait gar la 305 blanche de la veille plus une 4 L de la mme couleur avec elle aussi une immatriculation civile. Une fois arriv au PC, pour cette seconde visite, jai vu que nous navions plus droit au bureau de chef de corps adjoint, mais la salle dhonneur (que lon aura toujours pour les entrevues suivantes). Le commandant ntait pas seul, il avait avec lui le chauffeur de la 4L qui me sera prsent comme tant "ladjudant-chef Michel" (probablement un pseudonyme). Cela a t assez rapide, le commandant ma prsent cet adjudant-chef Michel en me disant que cela serait lui mon chef. De l lofficier a pris ses affaires, et il est parti (pour si peu ce ntait pas la peine quil vienne!). Aprs le dpart du commandant, cet adjudantchef Michel ma alors fait savoir diverses choses,page 11

remis des numros de tlphone, et expliqu que je resterais au 5 me RHC, et plus particulirement aux Services Techniques, mais dans une sorte "demploi mi-temps". Il ma aussi annonc que le commandant Drulhe, chef des ST, aurait pour consignes de me laisser partir selon les directives que lAPSD de Tarbes donnerait. Jai galement appris une information ce moment-l, cest que lofficier dirigeant lAPSD de Tarbes (donc celui que je connaissais depuis la veille) ctait le "commandant Fvrier". L aussi, un pseudonyme tous les coups. Je sais que ce commandant Fvrier se faisait galement appeler "commandant Till". Si je le sais cest que lorsquil venait me voir au 5 me RHC, en mme temps, il allait faire le plein de sa 305 aux pompes rgimentaires et sur le bordereau de prise de carburant, il tait mentionn "commandant Till". Comme le comptable carburant se trouvait aux Services Techniques, le soutier-pompiste rapportait au secrtariat des ST (donc moi) les feuilles journalires. Jai pu les consulter et savoir de cette faon que le civil chauffeur de cette 305 blanche donnait le grade et le nom de commandant Till au pompiste. La feuille de prise de carburant tait toujours marge dune signature "Till" la calligraphie identique dune feuille lautre. Ce qui dmontrait que celui qui utilisait ce patronyme avait lhabitude de signer ainsi

passait me prendre aprs djeuner, et que je devais mhabiller en civil. Je mentionne, par la mme occasion, que le commandant Fvrier et ladjudant-chef Michel, je les ai toujours vus en civil, jamais en uniforme. Ctait une rgle lAPSD: tous les membres devaient y venir en civil afin quun observateur ne puisse pas dterminer les units de provenance des agents. Cette visite avait pour but de mieux me prsenter la maison et surtout de me confier ma premire mission.

7.

PREMIRE MISSION (avril 1986)

6.

EST-CE UN AGENT DE LA DGSE?

Et l jouvre une parenthse, car dans laffaire du Rainbow Warrior, il a t cit plusieurs reprises un "commandant Till". Jignore son implication exacte, javais juste lu ce nom dans une publication. Et il y a deux solutions: soit le commandant Fvrier tait un petit plaisantin qui utilisait un pseudonyme connu lorsquil prenait du carburant ; soit cest le mme commandant Till que celui mouill (cest le cas de le dire) dans le plasticage du Rainbow Warrior. Ce qui est techniquement possible, la DPSD est lie la DGSE, et lon passe de lune lautre trs facilement selon les besoins des missions: oprations en France ou ltranger. La DPSD nayant t cre que pour contourner le fait que le DGSE ne doit oprer, en thorie, qu ltranger. Physiquement, lpoque, ce commandant Fvrier/Till tait un sosie du cinaste Claude Chabrol. Mmes lunettes, mme "bouille". Il lui ressemblait tellement qu chaque fois que je voyais Chabrol la tlvision, cela me faisait rigoler de voir mon commandant en train de faire le pitre! Fvrier avait la cinquantaine lorsque je lai connu (1986). La seconde visite de la DPSD sest droule sans que je sache prcisment ce que lon attendait de moi. Je suis reparti continuer mon service aux ST en attendant la suite, puisque lon procdait par pisodes. Je nai pas eu attendre trs longtemps, car quelques jours plus tard, un matin, jai eu au tlphone ladjudant-chef Michel qui ma dit quil

Une fois install, il ma t apport un dossier, celui dun certain Christian Coutard, habitant la rgion de Rouen ( Tourville la Rivire pour tre prcis). Les documents quil contenait manaient des RG. Ctait le dossier RG de Coutard transmis par cette police politique civile la police politique militaire quest la DPSD. Cette dernire navait pas son propre dossier sur Coutard, et elle prenait pour argent comptant ce quavaient racont les RG (la guerre des services faisait quils sintoxiquaient les uns les autres!). Il se trouve que je connaissais dj ce Coutard, puisque Normand javais frquent un peu tous les groupes de Normandie et Coutard en fondait quasiment un toutes les semaines. Ce type est un escroc notoire, mais il intressait la DPSD, et pas nimporte quelle antenne, celle de Tarbes! Un sousgroupuscule de Rouen surveill par lAPSD de Tarbes au lieu de celle de Rouen, ctait trange! Mais peut-tre quils considraient que le "meilleur" pour infiltrer le mouvement de Coutard ctait encore moi qui le connaissais si bien. Jai lu le dossier Coutard et ce qui tait dit de son groupuscule, cela ma amus, car connaissant dj ce mouvement, je savais que ctait 3 4 tondus et 2 pels, et encore, en comptant trs large. Or sur le rapport il y avait une cinquantaine de noms de "membres connus", mais inconnus de moi! Etrangement il ny avait pas mon nom. Ainsi, les RG nauraient pas su que javais frquent un temps ce Coutard? Etonnant quand mme et trs peu crdible! Une fois lu le dossier, ce fut direct: ladjudant-chef Michel ma dit que jallais retourner en Normandie et minscrire au parti de Coutard! Javoue que ctait la mission facile pour moi, puisque Coutard je le connaissais dj. De fait, la DPSD me demandait de faire ce que javais dj ralis, et je navais plus qu reprendre contact avec Coutard. Soit la DPSD ignorait (ce qui est douteux!) que je lavais dj frquent ; soit ils avaient une autre ide (que jignore) derrire la tte. Toujours est-il quaussitt, cest--dire au tout dbut avril 1986, direction la Normandie, et l jai admir la "couverture". En effet, jtais affect officiellement au 5 me RHC, et plus particulirement aux Services Techniques, je ne pouvais pas partir comme a, cela se serait remarqu. Quimporte, il y avait les permissions spciales, tout tait prvu! Jarrivais avec mon carton de demandes de permission, et je prenais despage 12

Mmoire de Michel Lajoye

congs selon les besoins de la DPSD. Seulement, les jours ne mtaient pas dcompts de sur mon temps de permissions normales: je gardais mes 45 jours de congs par an. Tant et si bien quen 1986, ajout mes 45 jours de permissions normales, jai d tre en permission au total une centaine de jours, si ce nest plus! Sans parler des "en stage" (ou autres prtextes bien vaseux) pour expliquer mes frquentes absences aux yeux des autres militaires du 5 me RHC. Quant aux frais de mission, ctait couvert en liquide. Il mtait remis une somme suffisante pour mes dplacements, et au besoin je pouvais demander une rallonge si jen avais t de ma poche, ce qui nest jamais arriv. Il me ntait pas demand de notes de frais, ctait une relation de confiance, jen avais eu pour tant, un point cest tout. Je me suis donc inscrit chez Coutard (cotisation paye avec les fonds de la DPSD!), je trouvais cela dbile de voir la DPSD surveiller un type aussi mythomane, escroc, et jen passe Jai pass un peu moins dune semaine en Normandie, chez Coutard en plus, car je le connaissais suffisamment pour quil minvite chez lui. Ctait de linfiltration mene haut la main: directement dans la place! mon retour, ladjudant-chef Michel est venu me voir au 5 me RHC, toujours au PC, et jai fait mon compte rendu. Cest lui qui sest dplac, car comme je navais pas de voiture (jen aurai une dans les semaines suivantes), ctait plus facile que ce soit lui qui vienne Pau, plutt que moi qui aille Tarbes. Par la suite, il y a eu dautres "oprations Coutard" (ils my ont fait aller plein de fois pour vrifier parfois des bricoles). La DPSD faisait une fixation sur Coutard, cen tait risible puisque, daprs sa fiche, ctait un indicateur de la gendarmerie de Clon, en Seine-Maritime, et les RG avaient dj infiltr son mouvement 4. Ainsi, les runions de son groupe (o nous tions parfois quatre!) taient alors couvertes par: les RG qui avaient un agent (je nai jamais su avec certitude qui ctait, mais je me doute...), la DPSD qui avait un agent (moi) et Coutard indic de la gendarmerie! Comme la gendarmerie, cest militaire, la DPSD aurait pu passer par la brigade de Clon pour avoir ses renseignements, au lieu de menvoyer en Normandie. Mais sils lont fait, cest quil y a une raison. Laquelle? Mystre! En octobre 1986 la DPSD laissera tomber Coutard, mme la police politique militaire a fini par se rendre compte que ctait un provocateur, cest dire! Ils ont mis 6 mois denqutes pousses, de suivis, dinfiltrations, dcoutes tlphoniques (nous utilisions un "crdit dcoutes" de la DGSE pour cela!), etc, pour raliser que ce type tait un mythomane et que ce sont les RG qui avaient intoxiqu la DPSD en grossissant dmesurment le "danger Coutard". Ils craignaient, daprs ce que jai vu dans les fiches, la4

cration dun "mouvement autonomiste arm" en Normandie puisque Coutard reprenaient (selon les RG) des thmes "rgionalistes". Ds fin 1984 ( moins que ce ne soit au dbut de 1985), lhebdomadaire Minute avait publi deux pages entires sur Coutard en dmontrant que ctait un provocateur manipul par des lments du Parti Socialiste pour nuire au FN en particulier et aux nationalistes en gnral. Mais apparemment la DPSD ils navaient pas Minute (ils fichaient juste ceux qui le lisaient!). Dommage pour eux, car cela leur aurait vit de perdre 6 mois, davril 1986 octobre 1986 pour apprendre ce que Minute avait publi la fin de 1984 ou au dbut de 1985! Si jai relat longuement cette "mission Coutard" cest que lors de mon arrestation en dcembre 1987, et lors de mon procs en juin 1990, les mdia et mme le prsident de la Cour dAssises, ont affirm que jtais membre du parti de Coutard. Non, je nen tais pas membre, je lavais infiltr pour le compte de la DPSD, ce qui nest pas la mme chose.

8.

PROBLMES IDOLOGIQUES

Tout cela me posait des gros problmes. Car tout le temps que cela portait sur des oprations concernant des individus comme Coutard, cela allait. Compte tenu que ce dernier tait un indic de gendarmerie, tout militant de ses sous-groupuscules tait obligatoirement fich. De fait, cela ne me posait pas de problme de morale de saboter les "coutarderies". Ctait mme plutt de la salubrit publique que dempcher ce type de nuire. Cependant, si pour Coutard cela ne me posait pas de problme, je savais que tt ou tard on me demanderait dautres choses que je ne pourrai accepter. Ce qui veut dire que, ds avril 1986, jai pris la dcision de leur "tirer ma rvrence" ds que cela irait trop loin, et quils me demanderaient de faire une chose contraire mes opinions. Cela sera le cas 6 mois plus tard, mais nous nen sommes pas encore l Pour le moment, en avril 1986, je ne voyais que des avantages laffaire, cela me permettait dinfiltrer le milieu du renseignement pour voir comment il travaillait.

9.

LES AUTRES MISSIONS EN VRAC (courant 1986)

La gendarmerie "tenait" Coutard car il faisait dans le vol et lescroquerie. Il ntait jamais inquit par la Justice: ses bons renseignements lui valaient une "protection en or" avec loubli total de tout ce quil commettait! Cest dire si ctait un indicateur "de qualit", trs efficace, pour bnficier dune telle rmunration! Mmoire de Michel Lajoye

Les autres missions effectues sont du tout venant. Du renseignement en majorit, parfois mme ltranger, notamment en Belgique, et toujours orient politiquement dans le mme sens: lutte contre la bate immnde! Jai aussi eu le "plaisir" de participer, en avril 1986, lexfiltration dun mystrieux pilote amricain tomb dans les Pyrnes franais et qui avait t rcupr par la gendarmerie dOloron-Sainte-Marie. Do venait ce pilote? Venait-il de Grande-Bretagne et se dirigeait-il vers la Libye? Ou, inversement, en revenait-il? Car dtail gnant: cette exfiltration a eu lieu la fameuse nuit davril 1986 o les USA ontpage 13

bombard Tripoli pour tenter de tuer le chef de ltat libyen! Il se pourrait que cet avion, mystrieusement cras dans les Pyrnes et dont le lendemain des hlicoptres Puma ont t ramasser les morceaux, ait t touch au-dessus de Tripoli par la DCA libyenne ; que le pilote pensait rentrer en Grande-Bretagne, mais quil ait fini son vol dans les Pyrnes franais Trs fcheux! Car la France a toujours jur-crach que les avions amricains, partis de GrandeBretagne (lEspagne avait refus quils partent de son territoire), navaient jamais survol le sol franais. On imagine lembarras de Jacques Chirac, alors Premier Ministre, si laller, ou au retour, un des avions amricains sest cras dans les Pyrnes suite un problme technique Mais peut-tre que la Libye na rien voir ldedans, et quil ne se soit agi que dune banale liaison arienne de lOTAN entre lEspagne et la Grande-Bretagne (ou inversement) ; ou entre lEspagne et lAllemagne (ou inversement). Un pilote dun avion amricain en liaison technique a-t-il eu un problme au-dessus des Pyrnes et a-t-il d sjecter? Tout est possible! Si le gouvernement franais (dont la parole est sacre!) a affirm que les avions amricains nont jamais survol la France, cest forcment la vrit vraie. peu prs au mme moment le mme gouvernement franais avait aussi dit sa vrit concernant le nuage radioactif de Tchernobyl, savoir quil navait jamais survol le territoire franais! Nuage radioactif, avions amricains, mme vrit vraie? Pour ma part je nen sais pas plus, si ce nest que suite cette exfiltration, laquelle jai modestement apport ma petite contribution, jai chang de chef. Avant jtais "trait" par ladjudant-chef Michel, par la suite je le serai directement par le commandant Fvrier! Donc: promotion!

10. L'AFFAIRE DES GAL (octobre 1986)En octobre 1986 (vers le 15 du mois) jai eu un entretien avec le commandant Fvrier, cela aurait d tre un tte--tte de routine, mais cela ne la pas t. Pour commencer le lieu de cette rencontre, ce ntait ni lAPSD de Tarbes, ni au 5 me RHC de Pau, mais dans un bar: le Henry IV Pau. Javoue que lorsque jai appris quil me rencontrerait dans un lieu public jai trouv que Fvrier tombait dans le mauvais film. Ctait contraire la plus lmentaire scurit, et il tait quand mme plus fiable de parler "affaires" dans un bureau du 5 me RHC ou de lAPSD de Tarbes! Finalement jai pens que mon officier traitant avait certainement quelquun me prsenter, une personne non-militaire quil ne souhaitait pas faire entrer dans une enceinte de larme. En ralit Fvrier tait seul, il mattendait une table, prs de la vitrine en plus! Ce qui fait que du trottoir, du parc public qui tait en face, et mme de la rue en passant en voiture, nous tions visibles!

Nous pouvions tre pris en photo, films, etc, sans le moindre problme!5 Lentretien a eu lieu vers les 18 heures et a dur une heure environ. Dentre jai trouv Fvrier bizarre, il ne me tutoyait plus (alors quil lavait toujours fait), mais me vouvoyait. Ou alors il alternait les deux et faisait parfois du tu/vous dans la mme phrase. De la part dun "pro" du renseignement comme lui, cela ma tonn. Soit il jouait la comdie du "paniqueur" ; soit il paniquait vraiment. Quoi quil en ft, il ma sorti un baratin (tournant franchement la trs grosse flagornerie) disant quil avait pour moi de "grands projets" (selon son expression). Jai bien senti quil ne contrlait pas lopration quil allait mexposer. Jusque-l toutes les missions, cest lui qui les dirigeait, ctait lui le patron. L ctait vident quil ne ltait plus, on lui avait dit de faire comme ci et comme a, et cela se voyait quil ne sentait pas bien laffaire qui se prsentait. Ce que je devais faire est "simple", il ma dit que je devais minscrire lun des deux para-club de Pau (celui qui est sur la commune dUzein). Ensuite je devais my prsenter comme "militaire aux ides de droite", me faire remarquer comme "extrmiste", pour reprendre les termes qui mont t tenus. Ensuite il ma dit que si tout se droulait comme prvu, je serais contact: soit par une jeune femme ; soit par un homme auquel la jeune femme allait me signaler. Fvrier a ajout que ces gens taient souponns dtre des "recruteurs" de tueurs pour le compte des GAL 6. Jai fait en sorte de ne rien laisser paratre lorsquil a lch le terme GAL, mais en ralit, il mavait sci avec son annonce. Parce que, tout de mme, en 1986, les GAL taient rputs, surtout dans le Barn et au Pays Basque! Le tte--tte sest poursuivi et Fvrier a sorti de son attach-case des photos (du type clichs pris de loin au tlobjectif par les RG ou autres...) de cette jeune femme souponne de signaler dautres les "mercenaires galeux" potentiels. Il a aussi sorti des photos de lhomme souponn, puisquil ne savait pas qui des deux allait mapprocher. Je nen sais pas plus, car lorsque jai demand Et aprs? , jai eu pour rponse que lon aviserait ce moment-l, puisquil ntait pas dit que je sois approch comme on lavait prvu. Et cela pouvait prendre longtemps avant que le poisson ne morde lhameon. Mais, en tout cas, ctait moi lappt! Jai quand mme eu un ventail des moyens car jai demand si je devais frquenter juste un peu comme a le para-club, ou y tre tous les week-ends et plus. Car, dans ce cas, cela impliquait des crdits importants ds lors que ce nest pas gratuit de faire des sauts civils en parachute. Il fallait prvoir lachat dun matriel civil, ou sa location. Fvrier ma rpondu quil y aurait ce quil faut. Ce qui ma confirm que ce

5

Peut-tre que nous lavons t! Il nest pas impossible que Fvrier ait d me montrer et me faire couter des gens 6 Ces mystrieux Groupes Antiterroristes de Libration qui liquidaient les membres de lETA et qui taient, en partie, composs de policiers espagnols. page 14

Mmoire de Michel Lajoye

ntait pas lAPSD de Tarbes qui "pilotait" laffaire puisque, subitement, elle tait devenue riche! Et dans les moyens, le commandant Fvrier a ajout quil me serait dlivr un permis de port darme. Ce dtail ma vraiment fait tiquer, car sil mtait dlivr un permis de port darme (donc un permis permanent englobant le hors-service), cest que cette mission "puait" un maximum Cest tout, je nen saurai pas plus, et mme aujourdhui je nen sais pas plus sur ce qu'on attendait de moi au final. Aprs cet entretien, jai repris ma voiture, direction la Normandie, puisque je devais "oprer" sur Cherbourg en liaison avec lAPSD locale et je devais, une dernire fois, raliser une "coutarderie" sur Rouen. Ce qui me laissait quelques jours pour rflchir ce que mavait dit Fvrier concernant les GAL.

11. REFUS DE LA MISSION GAL, JE DSERTE (octobre/novembre 1986)En fait je navais pas beaucoup rflchir, car il tait hors de question que jaccepte quelque chose de ce genre pour le compte de la DPSD. Ce qui mtait propos avait le ct excitant du mystre et de laventure. Ctait quand mme autre chose que la routine quont les militaires moyens! Beaucoup auraient voulu tre ma place, mais au point de vue idologique je navais pas accepter cela. Comme depuis quelques semaines jen avais de plus en plus marre de tout cela, puisque appartenir une police politique militaire ne menthousiasmait pas, jai par consquent dcid de dserter. Seul "choix" que javais! Vers les 25 octobre, jai eu un contact tlphonique avec le commandant Fvrier, je lai eu depuis Cherbourg puisque ce moment-l jtais en "renfort" auprs de lAPSD cherbourgeoise (infiltration/surveillance des "fafounets" locaux). La conversation (dans laquelle Fvrier me tutoyait nouveau) a port sur diverses choses, notamment les "coutarderies" et cest l que Fvrier ma annonc que cen tait fini pour Coutard. Je ne devais plus men occuper et il ma dit que je devais rentrer Pau/Tarbes, car il avait un besoin urgent de moi. Il na pas prcis pourquoi, mais jai prsum que ctait pour les GAL. Bien quil se peut que cette "urgence" ait eu une autre raison! Cependant, je navais pas rentrer tout de suite. Car, avant de partir en mission en Normandie, javais dpos un cong de 8 jours et ce nest que dbut novembre que je devais revoir Fvrier. Mais il ne ma pas revu, puisque je ne suis pas rentr Pau, ni Tarbes, du moins pas rentr le voir. Alors ma dsertion cest comme lon veut: elle peut tre date de fin octobre 1986 moment o ma dcision a t prise, ou lon peut la dater de dbut novembre 1986, poque o ma permission de 8 jours tait finie et o jaurais d rentrer. Je suis quand mme pass Pau fin octobre (durant le temps de mon cong) pour rgler diverses affaires. Je suis galement pass au para-club auquel Fvrier mavait dit de minscrire. Jai eu de laMmoire de Michel Lajoye

chance, ds ma premire visite, jai vu la jeune femme signale par Fvrier. Je craignais de devoir revenir plusieurs fois pour tomber dessus. Ensuite cela sest droul trs rapidement, je suis all la voir, je lui ai remis une enveloppe en lui disant que javais cela lui remettre et je suis reparti. Cette enveloppe contenait des renseignements sur lAPSD de Tarbes, numros de tlphone, adresses de permanents, dagents ou dhonorables correspondants, galement divers numros de plaques immatriculation frquemment apposes sur les voitures civiles utilises par lAntenne, etc, etc. Jabordais aussi les GAL et je mentionnais tout ce que je savais sur ce qui se prparait en relatant ce qui mavait t "propos" par Fvrier. Je prcisais bien quune infiltration tait en cours. Cest tout, eux (les GAL) den tirer les consquences et les conclusions. Jai remis et/ou envoy des choses similaires dautres personnes dautres groupes ; des combattants politiques surveills par des honorables correspondants ou des agents officiels de la DPSD. En faisant cela je franchissais plusieurs barrires, non seulement je faisais dfection de la DPSD, mais en plus je lui "cassais la baraque" dans un tas dinfiltrations en cours, sans oublier que je lui "grillais" et mme "carbonisais", tous les agents et indics que je connaissais. Dbut novembre, le jour o jaurais d reprendre le travail, jai tlphon deux "collgues" pour demander, lun puis lautre, comment il avait t pris le fait que le matin, je ntais pas de retour. Ils mont dit que pour le moment il ny avait pas deffervescence, car tout le monde pensait que jtais retenu par une mission et que je navais pas pu prvenir. Ces deux collgues mont quand mme conseill de ne pas dconner et de rentrer avant que cela ne se remarque. Je leur ai dit que je ne rentrerai pas, et que ctait irrvocable. Quelques jours plus tard, jai nouveau tlphon ces collgues pour "prendre la temprature", et l cela avait chang, ctait lbullition! Par la suite, lors dune arrestation, japprendrais que lon avait mis de trs gros moyens (de gendarmerie, etc), et mme les RG (les ennemis hrditaires de la DPSD pourtant...) taient pris de donner un coup de main pour me retrouver vite fait pour laver cet affront! Je naurai plus de contact avec ces deux collgues par la suite, mais ce dernier appel tlphonique ma confirm que la DPSD tait sur les dents (cela se comprend!) et que lon n'avait pas beaucoup apprci, cest le moins que lon puisse dire, que dune part je dserte, mais que dautre part, je mette en lair lopration dinfiltration des GAL! Ainsi quun tas dautres actions dont javais eu connaissance en "fouinant" dans les archives de lAPSD de Tarbes Sans prtention excessive, je peux quand mme dire que j'ai dsorganis la DPSD pour quelque temps, car les renseignements dtourns, remis diverses personnes et/ou groupes, taient trs importants.page 15

Pour effectuer ces dtournements, j'ai profit de l'installation rcente, par la DPSD dans ses Antennes, de terminaux similaires ce que la gendarmerie possdait avec son rseau Saphir. Il suffisait de pianoter sur le clavier pour avoir des renseignements sur telle ou telle affaire et/ou personne fiche. Le rseau Saphir de la gendarmerie tait d'ailleurs inclus dans celui de la DPSD. videmment les terminaux n'avaient aucun lecteur de disquettes (il ne s'agissait pas d'ordinateurs, mais plutt d'espces de Minitel) et aucune sortie d'imprimante afin qu'un agent "vreux" ne puisse pas dtourner en listage ces prcieux renseignements... Partant de l, les "cerveaux" de la DPSD taient certains que personne ne pourrait leur pirater des informations. Tout au plus craignaient-ils qu'un agentpirate, ayant russi "cracker" les codes d'accs/protection, puisse afficher des pages sur l'cran. Mais moins d'avoir une mmoire phnomnale, il ne pourrait jamais retenir toutes ces pages de donnes. Ce que les cerveaux n'avaient pas prvu, c'est qu'un agent (en l'occurrence moi) utiliserait un appareil photo et photographierait, en gros plan, l'cran du terminal sur lequel s'affichaient, les unes aprs les autres, les pages d'informations confidentielles. Ds lors, il me fut ais de faire afficher, entre autres, la liste des indics ou agents infiltrs dans tel ou tel mouvement... En ralit ce ne fut pas aussi simple que cela, car chaque indic avait un nom de code qu'il fallait "percer", mais j'ai schmatis, pour que les non-initis ces technologies puissent comprendre comment j'ai fait pour dtourner ces informations. Pour conclure ce point, je mentionne que dans les annes 80, alors que j'tais encore au collge, puis par la suite jusqu' mon dpart pour l'arme, j'avais coutume d'aller plusieurs heures par semaine dans un centre informatique. C'est un domaine o je ne suis pas tomb dedans lorsque j'tais tout petit (car cela n'existait pas encore), mais ds que les premiers micro-ordinateurs sont apparus, je m'y suis intress et ai pratiqu. Fvrier le savait (il connaissait tout sur moi comme expliqu la section 5 de ce chapitre), et il aurait d se mfier de mes comptences en la matire que j'ai mises profit contre le rseau interne de la DPSD... Cette dernire, en plus de sa mission de police politique, a celle de veiller la protection et la scurit de tout ce qui est li la dfense, mais elle n'a mme pas t foutue de protger son propre rseau... La honte des hontes pour elle!

12. CONCLUSION DU PASSAGE L'ARMEJai donc t militaire pendant plus de 19 mois de service actif. De dbut avril 1985 novembre 1986. Avec 7 mois dappartenance "officielle" et active la DPSD puisque cest fin mars 1986 quils mont officiellement contact, mais cest en juin 1985 quils mont apparemment recrut. Il est vident que rien na t fait au hasard, je nai pas t enrl parce que jtais "bon lve" lETAP, il y a une autre raison. Je suis persuad queMmoire de Michel Lajoye

la DPSD comptait mutiliser pour quelque chose. Peut-tre me faire commettre des actes criminels afin dimpliquer lextrme-droite? Je doute quand mme quils aient t sincres mon gard et me considraient comme un agent comme les autres, part entire. Il faut bien voir qua lpoque, lors de la premire approche officielle en mars 1986, jtais trois semaines de mes 19 ans! Ce qui fait bien jeune pour appartenir de faon active, ce genre de service spcialis en barbouzeries. De plus, lutilisation dun "bleu" pour des missions dlicates (comme ltait celle contre les GAL!) est contraire tous les usages! Ces derniers commandent de bien tester le nouvel agent pour viter les ventuelles "dfections". Cette rgle de base apparat comme ncessaire. Si elle avait t applique, lAPSD de Tarbes, et plus gnralement la DPSD, nauraient pas eu ces dboires. Mais, aprs tout, jtais militaire depuis avril 1985, trs bien not. En mars 1986, aprs 12 mois de tests militaires, ont dmarr les tests DPSD avec les "missions Coutard" et autres. Puis, comme je donnais pleinement satisfaction, aprs ces classes de 18 mois, le commandant Fvrier a trs bien pu commettre une