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COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE DE L’OUEST ECONOMIC COMMUNITY OF WEST AFRICAN STATES COMMISSION Conseil extraordinaire des Ministres sur la hausse des prix des denrées alimentaires en Afrique de l’Ouest Abuja, Nigeria réunion des experts : 18 Mai 2008 réunion ministérielle : 19 Mai 2008 Mai 2008

Transcript of Mémorandum CEDEAO hausse des prix def€¦ · populations et de résister à la ... Des raisons...

COMMUNAUTE ECONOMIQUE DES ETATS DE L’AFRIQUE DE L’OUEST ECONOMIC COMMUNITY OF WEST AFRICAN STATES

COMMISSION

Conseil extraordinaire des Ministres sur la hausse des prix des denrées alimentaires en Afrique de l’Ouest

Abuja, Nigeria

• réunion des experts : 18 Mai 2008 • réunion ministérielle : 19 Mai 2008

Mai 2008

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Mémorandum 1 relatif à la hausse des prix des denrées alimentaires : Situation, perspectives, stratégie et mesures recommandées

Sommaire 1 Introduction ...................................................................................................................... 2

2 Etat de la situation en Afrique de l’Ouest....................................................................... 3

2.1 Les faits ....................................................................................................................... 3 2.2 Les causes.................................................................................................................... 5 2.3 Les conséquences ........................................................................................................ 6 2.4 Les réponses apportées................................................................................................ 7

3 Les perspectives des marchés et opportunités ............................................................... 9

4 Les mesures recommandées .......................................................................................... 11

4.1 Trois axes thématiques .............................................................................................. 11 4.2 Trois horizons temporels........................................................................................... 11 4.3 Trois niveaux de gouvernance et de responsabilité..................................................... 12

5 Coordination et mise en œuvre ...................................................................................... 20

1 Préparé par la CEDEAO et le CILSS, avec l’appui technique de l’ADRAO et du ReSAKSS WA

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1 Introduction

1. Au cours de ces derniers mois, les prix des produits alimentaires ont connu des hausses

spectaculaires qui font ressurgir le spectre d’une crise alimentaire mondiale majeure. 2. Ces augmentations brutales2 interviennent dans un contexte de crise des marchés

financiers, de hausse quasi générale des prix des matières premières, notamment le pétrole (le prix du baril de brut est passé de 63 à 120 dollars au cours des 12 derniers mois), et de chute du dollar (1$ valait un € au 1er janvier 2000, 0,75 € au 1er avril 2007 pour atteindre 0,63 € un an plus tard).

3. Sur une longue période cependant, les prix des produits alimentaires ont connu une

baisse quasi constante depuis le début des années 60 jusqu’au début des années 2000. Les marchés mondiaux des produits agricoles et alimentaires ont été fortement affectés par les politiques de soutien à l’agriculture des pays développés et la guerre commerciale à laquelle se sont livrés les principaux exportateurs. L’exportation constituait un moyen de régulation des marchés intérieurs, via l’exportation subventionnée des excédents de production. C’est aussi le cas du marché mondial du riz, qualifié de résiduel car il permettait surtout de réguler les immenses marchés intérieurs des grands pays asiatiques producteurs et consommateurs.

4. Libéralisée dans le cadre de l’ajustement structurel, l’agriculture ouest africaine n’a pas

bénéficié des soutiens qui lui auraient permis d’assurer la sécurité alimentaire des populations et de résister à la concurrence internationale déloyale. Nombre de pays de la région se sont progressivement habitués à nourrir leur population en forte croissance et de plus en plus urbanisée, en recourrant aux importations bon marché, incités en cela par les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds.

5. De multiples facteurs se conjuguent pour imprimer le mouvement actuel de hausse des

prix, enclenché depuis le début des années 2000. Des raisons structurelles amplifient des causes conjoncturelles et provoquent des tensions extrêmes sur les marchés, que les interventions publiques arrivent difficilement à juguler.

6. Les hausses de prix résultent d’un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande, et

que la quasi disparition des stocks de denrées de base ne permet pas de compenser. L’offre augmente mais insuffisamment, notamment en raison des politiques de limitation de l’offre et des accidents climatiques (sécheresses). La demande est dopée par la croissance économique et l’amélioration du pouvoir d’achat des pays émergeants, au premier rang desquels figurent la Chine et l’Inde, ainsi que par la croissance démographique. La hausse des prix du pétrole pèse sur les coûts de production et dope la demande d’énergies de substitution, notamment les biocarburants de 1ère génération. Alors que le dollar se déprécie par rapport à la plupart des monnaies de référence, l’inflation mondiale pourrait voisiner 5 % en 2008. La crise des subprime conduit les investisseurs à se reporter sur les marchés de l’énergie et des produits agricoles pour tenter de compenser leurs pertes dans le secteur de l’immobilier et sur les marchés des

2 Entre avril 2007 et avril 2008, la tonne de riz est passée de 300 à plus de 700 US $, avant d’atteindre le record historique de 1000 $ début mai ; entre mars 2007 et mars 2008 le blé est passé de 170 à 397 $ / tonne ; la poudre de lait passait quant à elle de 2125 $/t en avril 2006, à 3850 un an plus tard, pour atteindre 4550 $ en avril 2008 .

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changes. La hausse des prix des denrées est amplifiée par le renchérissement du coût du transport maritime et terrestre, en raison du prix de l’énergie et de l’accroissement du trafic de fret inhérent à l’explosion de la demande asiatique (importations de matières premières industrielles et minières, exportations de produits manufacturés).

7. Face aux tensions sociales induites par ces hausses de prix, pays importateurs et pays

exportateurs réagissent en fonction de leurs intérêts respectifs à court terme. Certains grands exportateurs de riz ont prohibé les exportations (Chine, Inde, Thaïlande, Egypte, Vietnam et Brésil). A l’inverse, les pays importateurs, notamment les pays africains, suspendent les droits de douane et la TVA pour tenter de peser sur les prix à la consommation des produits importés.

2 Etat de la situation en Afrique de l’Ouest

2.1 Les faits

8. Le contexte mondial pèse directement sur les économies alimentaires ouest-africaines. Les

marchés de la région sont insérés dans les marchés mondiaux et en subissent la volatilité. Les fluctuations des prix internationaux se reportent assez directement sur les marchés régionaux, en l’absence de politique commerciale suffisamment flexible aux frontières (à l’exception du Nigeria) pour amortir les effets de l’instabilité internationale sur les marchés locaux.

9. C’est ainsi que les prix du riz sont en hausse constante depuis août 2007 et n’ont pas

connu de fléchissement net à la période de récolte des céréales dans les pays sahéliens. Le graphe ci-dessous donne l’évolution du prix du riz importé au Sénégal.

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OCTNOV

DECJAN

FEVMARS

AVR MAIJUIN

JUILAOUT

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2006/07 2007/08 2002/03-2006/07

10. La hausse des prix sur les marchés internationaux s’est aussi traduite par l’augmentation des prix sur les marchés régionaux des produits locaux concurrents (les viandes, le niébé, les fruits et légumes et les céréales, les racines et tubercules, etc.). Ce phénomène est lié (i) à la hausse des coûts de production et de transaction ; (ii) à la transmission des prix

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internationaux sur les prix locaux en raison de la continuité des marchés, et du report des consommateurs sur les produits locaux lorsque les prix des produits importés sont jugés prohibitifs ; et enfin, (iii) au climat d’incertitude et de psychose.

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Sorghumdawanu Cowpeadawanu millet bamako rizdakar MilletNiamey

11. Pour les céréales locales, les situations s’avèrent assez hétérogènes. Par exemple, les prix

du mil, du sorgho et du maïs au Burkina Faso sont proches des prix moyens des cinq dernières années et généralement inférieurs aux prix observés au cours de la campagne 2004-05, année de crise alimentaire et nutritionnelle grave, particulièrement au Niger. Dans ce dernier pays, les prix du maïs, du mil et du sorgho sont assez voisins des prix de 2004-05. mais généralement supérieurs aux prix moyens enregistrés ces cinq dernières années, notamment à Niamey, la capitale. Au Nigeria, les prix du mil sont très proches des prix 2004-05 et sont de plus en plus élevés par rapport à la moyenne des cinq dernières années, au fur et à mesure de l’approche de la période de soudure. Le sorgho, dont le prix après les récoltes d’octobre-novembre 2007 était beaucoup plus faible que les prix de 2004-05, s’accroissent fortement ces dernières semaines. Au Sénégal, le mil dépasse la moyenne des 5 dernières années de 30 % sur la période décembre 2007– avril 2008, alors qu’au Mali voisin, mais enclavé, les prix n’ont pas dépassé cette moyenne. Pour le maïs, les prix dans l’est de la région (Nigeria et Niger) ont connu des hausses beaucoup plus importantes que dans les pays de l’ouest, en raison de la mauvaise campagne agricole au Nigeria et de la forte demande pour l’industrie de l’alimentation animale.

12. De façon générale, les prix des produits locaux ont augmenté durant cette campagne seulement dans les pays qui ont connu une baisse considérable de leur production alimentaire, à l’instar du Nigeria. Cette augmentation des prix est constatée au Niger, malgré un excédent prévisionnel important pour les céréales sèches, du fait de la très forte intégration du marché de ce pays à celui du Nord Nigeria.

13. Cette diversité de situations nationales ne s’explique pas uniquement par la dépendance

des pays à l’égard des importations, l’enclavement ou les déséquilibres localisés entre l’offre et la demande. Le Burkina par exemple connaît une situation contrastée entre ses bassins de production. Les prix à la production sont aussi largement fonction des stratégies de commercialisation des producteurs. Lorsqu’il existe des organisations pour la mise en marché collective, les producteurs semblent mieux à même de tirer meilleur partie de leur production en retardant la vente pour bénéficier de la hausse des prix à la veille

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d’une soudure qui s’annonce délicate. Le gain est moins évident lorsque les producteurs affrontent individuellement le marché ou cèdent des céréales pour rembourser des dettes contractées avant la récolte, auprès des commerçants.

14. Les niveaux de production ayant été globalement satisfaisants, la période de soudure ne

commence véritablement qu’avec l’arrivée des premières pluies dans le Sahel. Les conséquences les plus évidentes vont se faire sentir dans les prochaines semaines et les mois à venir. Il convient de distinguer la situation : (i) des ménages urbains, (ii) des ménages ruraux acheteurs nets de vivres et, (iii) des ménages ruraux excédentaires nets.

15. Enfin, la hausse des prix du pétrole a de multiples conséquences sur les ménages et les

économies ouest africaines. Elle obère directement le pouvoir d’achat, renchérit le coût des transports internationaux, régionaux et locaux. Enfin, le pétrole entre dans la fabrication de nombreux intrants agricoles notamment les engrais. Toutes les autres sources d’énergie, découlant ou non du pétrole sont orientées fortement à la hausse : électricité, gaz. L’ensemble des coûts de production et de transaction est renchéri par ces hausses en chaîne.

16. L’inflation induite par la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation partout dans le

monde alimente un phénomène inflationniste qui se répercute à son tour sur les prix de l’ensemble des biens d’équipements, des facteurs de production (fer à béton, ciment, etc.) et des produits de consommation. Elle pèse sur le pouvoir d’achat de l’ensemble des catégories de ménages, même si elle affecte beaucoup plus sévèrement les ménages les plus pauvres.

2.2 Les causes

17. Les facteurs mondiaux se conjuguent avec des facteurs régionaux pour conférer un

caractère potentiellement explosif à la crise. Ces facteurs régionaux sont liés (i) à l’ampleur de la pauvreté qui est le principal frein à l’accès à l’alimentation ; (ii) à la dépendance de la région à l’égard des importations ; (iii) à la baisse des productions céréalières dans certains pays (Nigeria, Sénégal, Cap vert, Gambie et Guinée Bissau, Ghana) dans un contexte de forte croissance démographique3 ; (iv) à la situation de conflit ou de post-conflit de plusieurs pays, avec des économies très fragilisées ; (v) à des marchés qui restent encore imparfaits et partiellement cloisonnés. Cette situation est amplifiée par le fait que certains Etats, qui redoutent les pénuries, préfèrent prohiber les exportations de vivres vers les pays voisins, en contradiction avec les traités relatifs à l’intégration régionale.

18. Dans un contexte de tension des marchés les phénomènes spéculatifs se

multiplient et contribuent à exacerber la situation. Il convient de distinguer trois phénomènes.

19. En premier lieu, les producteurs - notamment ceux qui sont organisés pour

commercialiser leurs produits - retardent la commercialisation pour tirer un meilleur parti du marché, améliorer la valorisation de leur produit et leur rémunération. Leur action est généralement encouragée car elle vise un meilleur équilibre entre les agents au sein des filières et contribue à la régulation des marchés.

3 Il faut une augmentation moyenne de l’ordre de 10 % des productions alimentaires dans la région tous les trois

ans pour que l’offre suive la croissance de la demande inhérente à l’augmentation de la population

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20. En deuxième lieu, les consommateurs ont des stratégies d’anticipation et de

sécurisation. Lorsqu’ils en ont les moyens et la possibilité, ils achètent à l’avance quelques sacs. Ce phénomène peut prendre des proportions importantes, surtout quand plane le spectre d’une pénurie, et alimenter ainsi la hausse des prix. Cette stratégie se double parfois d’une recherche de profit à petite échelle, via la revente avec une forte marge dans le réseau de proximité.

21. Enfin, les commerçants cherchent nécessairement à améliorer leurs marges

nettes. Ils vont le faire d’autant plus que la hausse des prix offre des opportunités importantes mais aussi parce qu’ils ont des besoins importants de trésorerie pour pouvoir opérer sur les marchés. Dans certains pays, les opérateurs n’ont pas aujourd’hui suffisamment de liquidités pour acheter du riz sur le marché international.

22. Le pouvoir d’achat de certaines populations ouest africaines s’est fortement dégradé. C’est

le cas notamment des producteurs de coton et d’arachide. Pour l’ensemble des consommateurs, la hausse généralisée des prix des biens de première nécessité (logement, électricité, transports, soins de santé, etc.) dégrade le pouvoir d’achat alors que grimpent les prix de l’alimentation.

2.3 Les conséquences

23. Cette situation éloigne d’avantage la région de l’atteinte des objectifs du

Millénaire. Car c’est sur le plan de l’accessibilité des vivres et de la diversité alimentaire que les conséquences sont les plus importantes. Les ménages urbains pauvres et très pauvres, ainsi que les ménages ruraux qui dépendent du marché pour s’approvisionner sont les ménages les plus vulnérables à la conjoncture actuelle. Les ménages les plus pauvres consacrent une part très importante de leurs ressources (plus de 60 %) à l’alimentation. Ainsi, la hausse des prix des produits de base, conduit ces ménages à adopter des stratégies de survie ou d’adaptation :

a. Limitation du nombre de repas pris quotidiennement ; b. Suppression des légumes, viandes, et réduction concomitante de la diversité

alimentaire, fondamentale pour l’équilibre nutritionnel ; c. Usage des aliments de pénurie (les enquêtes de vulnérabilité montrent cependant

qu’à la fin avril, les ménages ne semblent pas avoir recours à ce type de stratégie) ; d. Différenciation des repas selon le statut et l’âge des membres de la famille : cette

tendance devrait s’accentuer fortement lors du démarrage de l’hivernage, avec une priorité accordée aux membres qui travaillent dans les champs, au détriment des personnes les plus vulnérables : les femmes enceintes et allaitantes, les jeunes enfants notamment ;

e. Recours à la solidarité familiale, à l’exode temporaire, à l’emprunt, etc. 24. Il convient de rappeler qu’environ 60 % de la population vit avec moins d’un dollar par

jour en Afrique de l’Ouest, soit environ 175 millions de personnes4. Lorsqu’un kg de riz coûte un dollar sur le marché international, il n’est pas difficile d’imaginer l’ampleur de la crise alimentaire qui frappe la majorité de la population.

4 Source : L’intégration régionale au service de la croissance et de la réduction de la pauvreté en Afrique de

l’Ouest ; CEDEAO-UEMOA ; sept. 2006

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25. Il faut néanmoins reconnaître que les dispositifs d’information sur la vulnérabilité des ménages et l’insécurité alimentaire sont très insuffisants pour rendre compte de l’ampleur de la crise actuelle. En particulier, la plupart des systèmes d’alerte précoce dans le Sahel sont focalisés sur les zones rurales. Ils sont moins opérationnels dans les pays côtiers hors zone CILSS quand il en existe. Ils sont incapables de rendre compte de la vulnérabilité des ménages en zones urbaines, qui sont pourtant les plus dépendantes du marché et donc parmi les plus vulnérables face à la hausse des prix. Il est de ce fait très difficile d’appréhender les impacts de la hausse des prix, d’autant plus que les enquêtes ponctuelles sur la situation alimentaire des ménages sont elles aussi adaptées aux économies alimentaires rurales et saisissent difficilement les risques alimentaires en économie urbaine.

26. Les manifestations qui se sont déroulées dans plusieurs pays pourraient n’être que les

prémices d’une crise sociale beaucoup plus grave, lorsque les premières stratégies d’adaptation à la hausse des prix seront épuisées. Il en va par exemple des solidarités au sein des familles ou des communautés, des solidarités ville-campagne, etc. Or, la période de soudure ne fait que commencer et les prix semblent s’orienter durablement à la hausse.

2.4 Les réponses apportées

27. Les Etats ont réagi différemment à la hausse des prix en adoptant (i) un ensemble de

mesures d’urgence visant essentiellement à réduire le coût de l’alimentation et (ii) des mesures ciblées sur la prochaine campagne agropastorale.

28. Sans prétendre à l’exhaustivité, les mesures d’urgence visant à préserver le pouvoir d’achat des populations portent sur les aspects suivants :

a. Les mesures fiscales : (i) suspension des droits de douanes sur les denrées

alimentaires de première nécessité (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Guinée, Nigeria) ; (ii) réduction ou suspension de la TVA sur certains produits de première nécessité (Côte d’Ivoire, Sénégal) ;

b. La fixation et le contrôle des prix : fixation des prix de première nécessité (Sénégal, Bénin, Burkina-Faso et Mali) notamment sur le riz et le pain, avec mise en place de dispositif de contrôle (Mali et Sénégal) ;

c. Les subventions des prix du carburant au Mali, Bénin et Burkina-Faso ; d. Les interventions sur les marchés des vivriers et les opérations ciblées sur

les populations vulnérables : (i) déstockage et distribution gratuite ou cession à prix modéré de céréales, opérations de « vivre contre travail » notamment dans les pays du Sahel et au Nigeria ; (ii) importations et distributions gratuites de riz (Nigeria) aux groupes vulnérables ou vente à prix modéré (Bénin) ; (iii) appui financier spécifique au monde rural (Sénégal pour un coût annoncé de 10 milliards de Fcfa) et Niger ; (iv) renforcement des programmes d’appui aux cantines scolaires.

29. Il est difficile d’évaluer l’impact de ces interventions. 30. La suspension des droits de douane et de la TVA n’introduit qu’une accalmie temporaire

compte tenu de la croissance continue des prix. Les importateurs ne répercutent pas toujours l’allègement fiscal sur les prix à la consommation (vente de stocks taxés, ententes entre importateurs). Par ailleurs, certains Etats ont dégagé des ressources financières conséquentes pour importer des denrées alimentaires. Cette pression financière ( réduction et élimination des droits à l’importation, mobilisation de ressources publiques

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pour importer) ont des conséquences négatives sur les finances publiques des pays de la CEDEAO. Actuellement plusieurs pays font face à des déficits budgétaires très importants avec comme conséquence, l’augmentation de l’inflation et l’instabilité des taux de change dans certains pays.

31. Par ailleurs, les interventions sur les marchés par l’utilisation des stocks nationaux de sécurité portent généralement sur des quantités trop faibles pour affecter les prix de marché. En revanche, les opérations ciblées sur certaines catégories de populations vulnérables contribuent à alléger au moins temporairement les difficultés des populations qui en bénéficient.

32. Les mesures en direction de la campagne agro-sylvo-pastorale 2008-2009 : la

plupart des pays de la région conçoivent actuellement des plans d’action ou des programmes spéciaux. Certains ont déjà annoncés des programmes ciblés sur une production ou des programmes plus globaux :

a. Programme d’urgence d’augmentation de la production du riz : (i) Initiative riz

Mali : objectif campagne 2008-2009, porter la production de 1 100 000 à 1 600 000 tonnes, soit un accroissement de 500 000 tonnes : coût du programme 43 milliards de Fcfa ; (ii) Programme d’autosuffisance en riz du Sénégal : objectif 2008-2009, porter la production de 150 000 tonnes à 350 000 tonnes de riz usiné, soit 500 000 tonnes de paddy ;

b. Programme maïs de contre saison au Bénin : 25 000 tonnes pour la campagne 2008 ;

c. Programme global « Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance » au Sénégal.

33. Outre ces deux grandes catégories de mesures, l’interdiction des exportations, décrétée

par plusieurs gouvernements (Nigeria, Mali, Burkina Faso, Bénin et Guinée) vise à éviter la sortie de vivres du territoire national dans un contexte où les autorités craignent une pénurie. Cette réaction contribue au cloisonnement des marchés et alimente la hausse du prix des vivres. Elle est certes contraire aux traités régionaux mais n’est pas nouvelle. Elle a été observée lors de la crise de 2004/05, alors que les pays craignaient une propagation de la crise alimentaire du Niger. Elle montre que face aux incertitudes des marchés, l’espace régional n’est pas encore considéré comme un facteur de sécurité et de stabilité. Cet aspect montre que l’intégration régionale des marchés des produits alimentaires doit être abordée sur le plan de la sécurité collective et non pas sur le seul terrain de la libre circulation des marchandises. L’expérience montre que les déclarations en faveur d’un respect des traités commerciaux régionaux sont sans effet face aux risques politiques induits par une crise et/ou une pénurie alimentaire. Il ne peut s’agir d’une simple question de volonté politique sur un sujet aussi sensible et stratégique. Il convient donc de repenser la façon d’aborder cette question en s’interrogeant sur les voies et moyens pour que l’espace régional soit considéré comme un vecteur de stabilisation des marchés et de sécurisation des approvisionnements.

34. Pour l’heure, les dispositifs de prévention des crises avec les instruments habituels utilisés

dans le Sahel sont relativement insuffisants pour répondre à une crise qui frappe d’abord les populations selon des critères économiques plus que géographiques. Par conséquent l’efficacité du ciblage des mesures de sécurisation n’est pas prouvée. Par ailleurs les Etats

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n’ont pas les ressources permettant de mettre en place des mesures de subvention massive des prix à la consommation.

3 Les perspectives des marchés et opportunités

35. La plupart des instituts de prospective révisent en profondeur leurs hypothèses relatives à

l’évolution de l’offre, de la demande et des prix pour les 20 prochaines années. La plupart des projections ont sous-estimé la hausse des prix. Beaucoup d’incertitudes demeurent cependant au jour d’aujourd’hui tant les paramètres sont nombreux.

36. La plupart des observateurs parient aujourd’hui sur un maintien de prix élevés dans la

mesure où nombre de facteurs explicatifs de la hausse des prix sont de nature structurelle : (i) demande alimentaire soutenue en raison de la croissance démographique et de la part croissante des protéines animales dans les régimes alimentaires des pays émergeants ; (ii) concurrence exercée par les usages non alimentaires (énergie) ; (iii) limitations aux accroissements de productivité en raison des conséquences environnementales et de la rentabilité des systèmes intensifs en intrants ; (iv) concurrence accrue sur l’affectation des terres (usages agricoles, zones urbaines, zones industrielles et commerciales, infrastructures de communication, réserves de biosphère, etc. ); etc.

37. L’ampleur et la durée du cycle de prix élevés reste en débat. Mais la région peut miser sur

ce nouveau contexte pour fonder une nouvelle stratégie de développement agricole et agro-alimentaire. Les conditions économiques d’une modernisation et d’une intensification de l’agriculture apparaissent enfin réunies.

38. L’Afrique de l’Ouest a fortement accru ses productions au cours des 20 dernières années,

malgré un contexte économique et commercial plutôt défavorable. Une amélioration de ce contexte devrait inciter les producteurs à réinvestir dans la production vivrière. Les premiers signaux dans ce sens se font sentir : meilleure valorisation de la 2ème saison de culture, développement des cultures de contre saison, reprise des aménagements et accélération des programmes de réhabilitation des périmètres existants, etc.

39. La région dispose encore de plusieurs atouts insuffisamment exploités, lui permettant

d’accroître encore ses productions et de s’affranchir des aléas du marché international lui permettant d’accroître encore ses productions sur ses produits alimentaires de base et de s’affranchir des aléas du marché international:

• la diversité des écosystèmes, source potentielle d’une diversification de la production

permettant, non seulement d’exploiter au mieux les avantages comparatifs de la région, mais aussi de favoriser l’émergence d’un marché régional fondé sur les complémentarités écologiques;

• la grande disponibilité de surfaces agricoles cultivables : 284 millions d’hectares, y compris les jachères longues, dont seulement 60 millions sont actuellement mis en valeur, soit 24,6 % ou 2 ha par habitant rural. À ce potentiel de terre cultivable, s’ajoutent plus de 215 millions d’ha de pâturages, essentiellement localisés dans les zones sahéliennes et sahélo-soudaniennes et plus de 10 millions de terres irrigables - dont moins de 10% sont mises en valeur - souvent à des fins de production de riz et de légumes;

• l’importance du marché régional qui abrite près d’un quart de milliards de consommateurs dont une bonne partie de l’approvisionnement en certains produits vivriers est assurée à partir des importations du marché international ;

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• une agriculture en pleine transformation, avec des gains significatifs de productivité, dans les zones qui ont bénéficié d'incitations soutenues et d’un bon accès aux marchés;

• l’émergence d’acteurs de mieux en mieux organisés au niveau régional. 40. D’importants réservoirs d’amélioration de la productivité sur la base des connaissances

actuelles sont possibles à court terme. Mais des goulots d’étranglement doivent être impérativement levés : accès aux semences de qualité, accès aux intrants, financement des crédits de campagne, etc.

41. La région doit garder une veille par rapport au risque d’effondrement temporaire des

marchés sur le court terme, malgré un contexte international très porteur à moyen et long terme. Les producteurs sont habitués à des méventes importantes dès que les volumes produits augmentent sensiblement, en raison de l’absence d’organisation de filières : capacités de stockage et de transformation, outils de régulation de la mise en marché, etc.

42. Une augmentation des productions à court terme de 20 ou 30 % - résultant d’un

accroissement des surfaces emblavées, un usage accru des intrants (programmes de subvention, dons), des conditions climatiques favorables – pourrait conduire à des chutes de prix en deçà des coûts de production, au moment des récoltes5. Les producteurs ont de faibles capacités techniques et financières de stockage permettant d’étaler la commercialisation, en fonction de la demande. Les Etats n’ont pas non plus des capacités suffisantes d’intervention sur les marchés. Enfin, les organisations interprofessionnelles, encore souvent embryonnaires, n’ont pas en l’état actuel des choses la capacité de jouer très vite un rôle majeur dans l’organisation des marchés. Cette situation est préoccupante.

43. La région doit faire face à une situation ambivalente : (i) exploiter un contexte de prix

élevés qui constitue une opportunité historique permettant de rémunérer le travail des producteurs vivriers et de financer la transformation des agricultures ouest africaines ; tout en (ii) assurant l’accès à l’alimentation des populations pauvres, urbaines comme rurales. Ces deux objectifs n’étant pas faciles à faire converger à court terme.

44. Autrement dit, la région doit non seulement relancer la production – axe privilégié par les

Etats et la Communauté internationale – mais très vite renforcer les investissements dans les infrastructures de transformation et de distribution (marchés, routes). C’est avec cette stratégie que la région pourra réduire durablement sa dépendance alimentaire, en améliorant le revenu et les conditions de vie des producteurs, tout en réalisant des gains de productivité permettant aux consommateurs d’accéder à des vivres à des prix suffisamment stables et accessibles. Cet aspect constitue le dernier pilier de la stratégie régionale : assurer l’accès à l’alimentation des populations pauvres et vulnérables.

45. La cohérence et l’équilibre entre ces trois piliers sont les clés d’une stratégie régionale

durable, de réponse à la crise alimentaire liée à la flambée des prix : (i) relance déterminée de la production ; (ii) organisation des marchés et des filières ; (iii) actions en faveur de l’accès à l’alimentation des populations vulnérables.

46. Ces trois piliers sont les pieds sur lesquelles repose l’Offensive régionale pour la

production alimentaire et contre la faim, qui vise à répondre de manière efficace à la situation

5 Par exemple, le Mali envisage dans le cadre de l’initiative Riz de d’accroître de 50 % la production de riz au

cours de la prochaine campagne ; le Sénégal annonce son intention d’assurer l’autosuffisance en riz d’ici 2015,

avec un accroissement annuel de 100 000 tonnes de riz produit, etc.

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d’urgence , tout en donnant des réponses durables grâce à la mise en œuvre de la politique Agricole Régionale, l’ECOWAP.

4 Les mesures recommandées

47. L’offensive régionale pour la production alimentaire et contre la faim (The regional

offensive for food production and against hunger), repose sur: • trois thématiques ; • trois horizons temporels • trois niveaux de gouvernance et de responsabilité.

4.1 Axes thématiques

i. l’accroissement rapide et durable des productions alimentaires

48. Il vise à accroître fortement les productions agricoles pour réduire la dépendance régionale à l’égard des importations, qui constitue un facteur de vulnérabilité régionale. En développant ses productions la région fait le choix de s’appuyer sur son agriculture pour faire reculer la pauvreté massive en milieu rural.

ii.la structuration des filières et la régulation des marchés

49. Elles visent à assurer un débouché aux productions agricoles en jouant un rôle de régulation de l’offre de vivre entre une production saisonnière et une demande journalière. Elles doivent permettre de stabiliser les marchés et de développer des produits qui sont adaptés à la demande et aux modes de vie des consommateurs. Ce pilier est stratégique pour la reconquête par les producteurs ouest africains de leur marché naturel.

iii.la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables

50. A court terme, les populations souffrent considérablement en raison de leurs faibles

revenus. La réussite de l’offensive régionale résidera dans,la capacité de la région à répondre à court terme à cette souffrance par la mise en place de filets de sécurité et d’un ensemble de mesures permettant d’assurer leur accès à l’alimentation et à la sécurité nutritionnelle.

4.2 Horizons temporels

51. L’offensive régionale se décline sur trois horizons qui se veulent répondre à l’urgence de

la situation, dominée par les problèmes d’accès aux vivres des populations pauvres, le moyens terme permettant d’accélérer la production et de réduire la pauvreté massive et enfin, à long terme, car les problèmes auxquels l’offensive s’adresse sont des problèmes structurels qui appellent des réponses dans la durée.

i. Les mesures d’urgence immédiates pour lutter contre la faim et

rétablir une offre alimentaire régionale suffisante ; ii. Les mesures pour une croissance agricole rapide et l’éradication de

la faim (le moyen terme) ; iii. Les mesures à long terme : fonder le développement régional sur la

transformation maîtrisée des agricultures dans une perspective de sécurité

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alimentaire et de lutte contre la pauvreté, via la mise en œuvre déterminée de ECOWAP/PDDAA.

4.3 Niveaux de gouvernance et de responsabilité

52. Compte tenu des responsabilités multiples et des interdépendances à l’échelle mondiale, une mobilisation efficace implique de combiner des interventions à l’échelle nationale, régionale et internationale.

i. Les mesures nationales ii. Les mesures régionales iii. Les mesures internationales

Le tableau suivant détaille les interventions proposées selon ces axes thématiques, ces horizons temporels et ces niveaux de responsabilité.

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Niveau d’intervention

Mesures immédiates d’urgence Pacte à moyen terme Programme à long terme

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1er axe

Accroissement rapide et durable des productions alimentaires

National

- concevoir et mettre en œuvre un programme national « produire pour consommer » visant le renforcement rapide des capacités de production existantes et ciblé sur certaines denrées alimentaires de première nécessité : riz, racines et tubercules, maïs, animaux à cycle court, culture de contre saison, etc. - Faciliter l’accès (subvention) aux semences de qualité, aux intrants (engrais) et petits équipements, - Faciliter l’accès au crédit de campagne dans les principaux bassins de production, avec des taux bonifiés et des procédures de garantie assouplies ; - Renforcer d’urgence les dispositifs de contrôle de la qualité des semences importées et des intrants (fertilisants et produits phytosanitaires) ; - Mettre en place un fonds spécial drainant les ressources internes et externes et permettant de financer le programme national

- Accroître substantiellement les capacités de production des denrées alimentaires stratégiques : * Reconstruire le système semencier et faciliter l’accès aux semences améliorées, * Améliorer le système d’approvisionnement et de distribution des engrais et des autres intrants agricoles, * Renforcer le conseil agricole et les capacités des organisations paysannes, * Mettre en œuvre de mesures incitatives à l’investissement privé dans le secteur agricole, notamment dans la production des semences, la transformation des produits agricoles : exonération fiscale, facilitation de l’accès aux crédits et au foncier, * Assurer la réhabilitation durable des aménagements hydro agricoles avec les groupements de producteurs

- Réaliser les objectifs du PDDAA/NEPAD et les OMD - Affecter au moins 10% du budget national à l’agriculture - Mettre en oeuvre au niveau national les programmes d’investissements agricoles (PNIA) recouvrant les priorités de l’ECOWAP/PDDAA et les politiques sectorielles complémentaires (protection de l’environnement, gestion intégrée des ressources en eau, infrastructures etc.) : * l’amélioration de la gestion de l’eau, comprenant: (i) la promotion de l'irrigation ; (ii) la gestion intégrée des ressources en eau;

* le développement durable des exploitations agricoles, comprenant: (i) la gestion intégrée de la fertilité des sols; (ii) le renforcement des services de support aux producteurs ‘service financier, conseil agricole, information); (iii) la dissémination de technologies améliorées ;

* la gestion améliorée des autres ressources naturelles, comprenant: (i) l'organisation de la transhumance et l'aménagement des parcours; (ii) la gestion durable des ressources forestières; (iii) la gestion durable des ressources halieutiques;

le renforcement institutionnel, comprenant: (i) l'appui à l'amélioration des capacités de formulation des politiques et stratégies agricoles et rurales ; (ii) le renforcement des capacités de pilotage et de coordination ; (iii) le renforcement des capacités de la recherche agricole, de suivi et évaluation.

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Régional

- coordonner un programme régional d’urgence « produire pour consommer » - développer les actions de plaidoyer en faveur du financement de ces programmes - mettre en place un fonds régional spécial permettant de co-financer les programmes de développement agricole dans les bassins de production à vocation régionale

- Mettre en oeuvre le programme régional d’investissement agricoles (PRIA) recouvrant les priorités de l’ECOWAP/PDDAA et les politiques sectorielles complémentaires (protection de l’environnement, gestion intégrée des ressources en eau, infrastructures etc.), complémentaires des programmes natioanux :

International

- mobiliser des ressources nouvelles (au minimum 70 %) et éventuellement réallouer des ressources existantes (maximum 30 %) pour financer ces programmes nationaux

- Appui aux initiatives nationales, régionales et continentales de réduction de la faim et de la malnutrition (riz Nérica, manioc, maïs, cultures à haute valeur nutritive) dans le cadre du

NEPAD

2ème axe

Amélioration du fonctionnement des marchés et structuration des filières

National

- Levée des mesures d’interdiction de sortie des céréales - mettre en place des lignes de crédit incitatives (bonification) pour faciliter le commerce - évaluer la possibilité de subventionner la mise en marché des stocks par les commerçants et les organisations de producteurs (incitations anti-spéculatives)

- renforcer les systèmes d’information de marchés en incluant les principaux produits alimentaires, les engrais, le suivi des marchés mondiaux - organiser des filières efficaces de transformation, stockage et commercialisation des produits agricoles locaux : * financement et formation des PME/PMI * initiative spéciale en faveur du transfert de technologies appropriées à la transformation artisanale et semi industrielle * incitation à l’investissement dans le cadre de joint venture avec des entreprises étrangères impliquées dans l’agro-alimentaire * appui à l’organisation interprofessionnelle

- Mettre en œuvre le deuxième axe de l’ECOWAP relatif au développement des filières agricoles et la promotion des marchés, comprenant:

(i) le développement des différentes filières (vivrières, agriculture péri-urbaine, cultures d'exportation, élevage à cycle court, produits agro-forestiers alimentaires, pêche artisanale et aquaculture);

(ii) le développement de la transformation des produits ;

(iii) le renforcement des services de support aux opérateurs;

(iv) la promotion du commerce national, régional et international ;

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Régional

- renforcer les mécanismes de surveillance des pratiques anormales aux frontières - renforcer les dispositifs d’information sur les marchés et la mise en relation des opérateurs ; - mettre en place un système de surveillance des marchés : renforcement du contrôle de qualité des vivres importées ; veille rapprochée sur les ententes entre opérateurs - ouverture ciblée des stocks publics dans les zones où les prix sont supérieurs à la moyenne nationale

- Renforcer le système de facilitation du commerce régional par : * la promotion d’une bourse régionale des produits vivriers ; * le renforcement des systèmes ; d’information sur les marchés * la professionnalisation des acteurs, - Finaliser l’Union Douanière (TEC, Règles d’origine, mesures de défense commerciale, normalisation des produits et système de contrôle) et assurer sa mise en œuvre effective - s’assurer que les produits alimentaires de base figurent dans la liste des produits sensibles dans les accords commerciaux de libre échange et dans la catégorie des produits spéciaux à l’OMC au titre de la sécurité alimentaire

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International

- - évaluer l’opportunité d’exploiter l’APE UE/AO pour contribuer à la sécurité alimentaire régionale via la régulation des prix, le renforcement des capacités de stockage, les appuis à la structuration des filières agro-alimentaires et à l’organisation socio-professionnelle ; - réviser les accords de coopération et introduire les enjeux agricoles et alimentaires comme domaine prioritaire ou de concentration de l’aide publique - intégrer la spécificité des marchés de produits alimentaires dans la négociation des règles et dérogations à l’OMC pour les pays en développement et pour les PMA (mécanismes de sauvegarde spéciale) - revisiter l’ensemble de l’accord agricole à la lumière des enseignements tirés de la crise actuelle et repenser la question de la compatibilité des politiques, les mesures de soutien, etc. à la lumière des nouvelles prospectives alimentaires ; - reconnaître le double principe de souveraineté alimentaire et de non agression commerciale par les ensembles régionaux

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National

- procéder à l’identification des populations vulnérables : * adaptation des méthodologies pour la détermination des populations urbaines et rurales vulnérables à la hausse des prix * conduite et traitement des enquêtes * assurer une veille rapprochée sur la situation nutritionnelle - programmer et conduire les interventions ciblées sur l’accessibilité des vivres et la nutrition * déterminer les réponses appropriées : filets de sécurité : vivres contre le travail, travaux à haute intensité de main d’œuvre, cantines scolaires, vente à prix modérés ciblées sur les populations pauvres, fourniture ciblée de vivres de soudure aux familles rurales pauvres, transferts financiers, etc. * mobiliser les ressources financières * programmer et coordonner les interventions des acteurs nationaux et internationaux * défiscaliser les vivres destinées aux programmes d’urgence alimentaire

- Renforcer et élargir la gamme de filets de sécurité adaptés à ce type de crise - Constituer et renforcer les stocks de sécurité alimentaire dans tous les pays ; - développer des mécanismes d’incitation au stockage décentralisé et favoriser le financement de capacités de stockage de proximité - Renforcer et étendre à l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest le dispositif de suivi de la sécurité alimentaire en vigueur dans le Sahel ; - Expérimenter puis développer les systèmes d’alerte précoce et de suivi de la vulnérabilité dans les zones urbaines

- Assurer la mise en œuvre de l’axe de l’ECOWAP relatif à la prévention et la gestion des crises alimentaires et des autres calamités naturelles, comprenant:

(i) la promotion de systèmes d'alerte précoce;

(ii) le développement de systèmes de gestion des crises;

(ii) l'appui à la réhabilitation des zones après les crises;

(iv) le développement de mécanismes de compensations/assurances contre les calamités ;

3ème axe

Sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables à la hausse des prix

Régional

- appuyer les programmes d’urgence nationaux : * impulser une réflexion accélérée sur les filets de sécurité * appuyer les systèmes d’information et coordonner les méthodologies d’enquête * Assurer la concertation et la coordination des interventions * développer le plaidoyer pour mobiliser les ressources

- concevoir et mettre en place un dispositif ou mécanisme régional de mutualisation des stocks de sécurité adossé à un mécanisme d’assurance contre les risques ou à un fonds d’urgence ;

*Assurer la mise en œuvre de la composante régionale de l’axe de l’ECOWAP relatif à la prévention et la gestion des crises alimentaires et des autres calamités naturelles

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International

*accorder un appui budgétaire d’urgence pour faire face aux conséquences des déficits publics intérieurs et extérieurs enregistrés ; *répondre positivement à l’appel du PAM pays donateurs pour mobiliser 500 millions de dollars d’aide supplémentaire pour les pays africains affectés y compris ceux de la CEDEAO. La contribution de l’UE et de ses Etats membres au PAM permettraient de faire face à l’aide alimentaire d’urgence recherchée. *appuyer les dispositifs d’information et d’enquête *appuyer les dispositifs nationaux et régionaux d’intervention

*apporter un appui à l’exécution des mesures à mettre en œuvre aux niveaux national et régional

*apporter un appui la mise en œuvre, aux niveaux national et régional, de l’axe de l’ECOWAP relatif à la prévention et la gestion des crises alimentaires et des autres calamités naturelles

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5 Coordination et mise en œuvre

53. La CEDEAO doit se doter des moyens d’une mise en œuvre concertée de l’ensemble des mesures et stratégies ainsi prévues :

54. Ces moyens combinent : a. des ressources financières au travers de la mobilisation de fonds propres à la

CEDEAO, de ressources budgétaires des pays membres, de la réorientation d’une partie des financements extérieurs actuels vers le développement agricole et la lutte contre la faim et la malnutrition, et enfin la mobilisation de nouveaux fonds ;

b. un mécanisme de concertation et de coordination avec les pays, les OIG, les OP,

le secteur privé et la société civile pour affiner l’offensive régionale pour la production alimentaire et contre la faim et la mettre en œuvre sur la base des complémentarités des rôles et des compétences des différents acteurs nationaux, régionaux, et internationaux, des institutions publiques, des organisations socio-professionnelles et du secteur privé

c. un mécanisme de suivi /évaluation de la mise en œuvre des mesures proposées

d. d’un mécanisme spécifique de coopération entre la CEDEAO et ces partenaires

dans le cadre de la mise en œuvre des mesures proposées.