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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 2

    DEDICACE

    Je ddie ce travail :

    A mes Trs chers Parents pour les sacrifices consentis pour ma

    russite scolaire

    A mes Frres et Surs pour leurs soutiens multiformes

    A ma Bien aime Tante Nana Kouldiati et mes cousins

    A Monsieur et Madame Ganam Soumala et Albertine

    Et chaque jeune africain qui narrive pas poursuivre ses

    tudes faute de moyens.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 3

    REMERCIEMENTSNous sommes reconnaissants envers les personnes suivantes qui nont mnagaucun effort pour nous soutenir et nous encourager au cours de ce travail :

    A Madame Delphine Gardey, Enseignante Paris 8.

    A Monsieur Magnini Seindra Enseignant lUniversit de

    Ouagadougou.

    A mes camarades tudiants lUniversit de Ouagadougou.

    Au Programme ADELE Fada/ Burkina Faso.

    A mes biens aims frres et surs de FFIM.

    A Madame Jacqueline Bondi du Bureau des tudiants trangers

    Paris 8.

    A Monsieur Guy Briot du dpartement de Sociologie Paris 8.

    A Madame Clmence Pajot de Coordination Sud

    A Madame Elisabeth Hofmann de Genre en Action Aux ONG qui nous ont accord des entretiens

    Et toutes les personnes qui ont contribu la ralisation de ce

    travail.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 4

    SIGLES ET ABREVIATIONSGED : Genre Et Dveloppement

    ONG : Organisation Non Gouvernementale

    IFD: Intgration de la Femme au Dveloppement

    NU: Nations Unies

    BIT: Bureau International du Travail

    DGCID: Direction Gnrale de la Coopration Internationale et

    du Dveloppement

    MAE: Ministre de Affaires Etrangres

    AEC/BF: Aide lEnfance Canada/ Burkina Faso

    GV : Groupements Villageois

    GVF : Groupement Villageois Fminin

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 5

    PLAN

    INTRODUCTION

    1re PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIEI APPROPRIATION DU THEME

    1 1 JUSTIFICATION

    1 2 REVUE DE LITTERATURE

    * GENRE : APPROCHE CONCEPTUELLEDe IFD au concept GED

    La construction sociale des sexes

    La question du Fminisme

    * ONG : APPROCHE CONCEPTUELLE ET INSTITUTIONNELLELe concept dONG et de projet de dveloppement

    Les ONG : du sige au terrain

    Forces et faiblesses des ONG

    * ONG ET GENRELa prise en compte du genre dans les projets de dveloppement

    La place des hommes

    La formation

    1 3 PROBLEMATIQUE

    1 4 OBJECTIFS ET HYPOTHESES1 5 CONCEPTS

    II METHODOLOGIE

    2 1 Echantillonnage

    2 2 Outils et techniques de collectes des donnes

    2 3 Le Terrain

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 6

    2 PARTIE : ANNALYSE DES DONNEES

    I APPROCHE CONCEPTUELLE DE LA PRISE EN COMPTE DU

    GENRE

    1 1 Dfinition de la prise en compte du genre

    1 2 Interrelation entre le Genre et le Fminisme au sein des ONG

    1 3 Le Genre et la place des hommes

    II LES RAISONS DE LA PRISE EN COMPTE DU GENRE :

    POURQUOI LE GENRE ?

    2 1 Les principales raisons voques ou les raisons officielles

    2 2 La question des pressions externes ou les raisons non officielles

    III PARTENARIAT, PRISE EN COMPTE DES BESOINS ET

    SYSTEMES DE REPRESENTATION DES DIFFERENTS ACTEURS

    3 1 Conception du partenariat

    3 2 Etudes pralables et strotypes

    3 3 Changements prioritaires : besoins stratgiques et besoins pratiques

    3 4 Expriences vcues

    IV CONDUITE OPERATIONNELLE OU STRATEGIQUE DES ONG

    4 1 La place de la prise en compte du genre dans les actions des ONG ?

    4 2 Le genre en interne et le genre dans les actions de terrain

    4 3 Les principales stratgies mises en uvre

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 9

    INTRODUCTION

    La question de la rduction des ingalits constates entre les sexes tait perue ses dbuts comme un

    problme pouvant se rsoudre par le simple apport de la parit ou dun simple partage des rles entre les

    hommes et les femmes. Il a t question, de la libert, de lgalit, de la parit, de lquit, de la mixit, des

    quotas, etc. puis aujourdhui nous parlons de genre.

    Les rapports sociaux contiennent toujours des dimensions et des noyaux imaginaires. Une partie du

    pouvoir est toujours imaginaire mais lexercice du pouvoir ne lest pas. Cest ainsi que si la construction

    sociale des sexes octroie des pouvoirs imaginaires aux hommes (prdispositions) lexercice de ce pouvoir

    nest pas imaginaire. Il est inscrit dans nos ralits et ceci dans tous les domaines de la vie : politique,

    social bien sr, conomique, etc.

    Le dveloppement peut tre considr comme un de ces domaines qui nchappe pas aux effets

    de sexes. Lingalit entre les sexes et lingalit des traitements conduisent lingalit des chances de

    profiter des bnfices du dveloppement.

    Cest la fois alerts par cet tat de fait, et la conscience de la capacit de changer les choses que lespromoteurs du dveloppement vont tenter de sinscrire dans une action en adquation avec la prise en

    compte du genre dans le cadre de la lutte contre la pauvret. Un des acteurs que sont les ONG se donnera

    alors pour mission ou pour ambition de participer la valorisation des capacits et un partage quitable

    des fruits du dveloppement. La notion Genre et Dveloppement prendra toute sa valeur avec pour

    principe de base lanalyse des constructions sociales des sexes et lintgration de lautre sexe dans les

    luttes contre les ingalits.

    Pour un auteur comme Michle FERRAND1 lun des domaines qui semble le plus rsister lgalisation

    des positions selon le sexe est le domaine conomique. Le dveloppement serait donc le dernier

    bastion au sein duquel la construction sociale des sexes produit beaucoup deffets.

    Pour lanalyser, nous avons choisi dexplorer un domaine prcis de cette question de la prise en compte du

    genre qui est lintervention des ONG pour la lutte contre la pauvret. Cest ainsi que nous avons choisi un

    pays comme la France qui a un engagement significatif dans la solidarit internationale mais qui la fois

    1 Michle FERRAND, 2004, Fminin Masculin, Paris, Repres, La Dcouverte.

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    parat en retard pour ce qui concerne la prise en compte du genre. Nous chercherons donc savoir

    comment les ONG franaises sintgrent dans la problmatique de la construction sociale des sexes et sa

    prise en compte dans les projets de dveloppements. Dit autrement nous aurons pour objet les actions et

    les stratgies de la lutte contre les ingalits de sexe dans les actions de dveloppement. Comment est

    pratique la lutte contre les ingalits de sexe par les ONG franaises dans leur lutte quotidienne contre lapauvret travers les projets de dveloppement ? Quelle est la vritable place de lanalyse au cours de

    ces actions ?

    Cette forme de partenariat se voulant plus proche des populations nous pouvons aussi nous interroger sur

    lensemble des reprsentations et des pratiques par lesquelles les acteurs du monde occidental saisissent

    la situation de ces populations souvent plonges dans des situations quelles-mmes croient souvent

    irrversibles. Le but sera danalyser le processus dappui au dveloppement en nous demandant commentces actions chappent la strotypie ? Comment les ONG arrivent-elles prendre en compte les

    constructions sociales de sexes de ces populations avant de tenter de les modifier travers les projets de

    dveloppement ? Le dcalage gographique nest-il pas souvent un obstacle qui conduirait de faon

    invitable un dcalage stratgique ?

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 11

    1re PARTIE

    APPROPRIATION DU THEME ET METHODOLOGIE

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 12

    I. APPROPRIATION DU THEME

    1.1. JUSTIFICATION DU CHOIX

    - De lapproche genre : nous avons choisi de nous intresser au genre dune part du fait de la

    prsence des grands discours sur la question et particulirement du fait que la prise en compte du

    genre est lune des principales actualits du processus de dveloppement.

    - Du thme : Parlant des ONG, le Pasteur Samuel Yamogo2 alors Secrtaire Gnral du SPONG

    (Secrtariat Permanant des ONG) disait ceci lappui des ONG nest pas un thme dactualit,cest plutt un thme de toujours, de tous les jours . Le choix de lanalyse du processus se justifie

    par le fait que la plupart des investigations sur ces structures se sont bases sur le constat des

    rsultats. Nous saurons donc comment les ONG rpondent aux exigences actuelles de la lutte

    contre la pauvret.

    - Le choix du terrain franais se justifie par le fait que la France est prsente comme un pays en

    retard sur la question des galits entre les sexes. La France est considre comme lun des pays

    ayant le plus rsist la monte de la dconstruction sociale des rapports de sexes.

    - Par ailleurs, nous nous sommes intresss aux ONG pour une raison plus personnelle relative

    des projets professionnels. Le dsir de connatre un monde que nous souhaitons intgrer plu tard

    dans le cadre de notre carrire professionnelle, nous a aussi motiv choisir ce thme.

    1.2. REVUE DE LITTERATURE

    Ntant pas un travail de pionnier, notre tude sest inspire des investigations de plusieurs

    devanciers qui ont plus ou moins explor la question du genre et du dveloppement. Il existe en effet

    plusieurs travaux et ouvrages relatifs au thme du genre et du dveloppement et en particuliers sur les

    ONG.

    2 Aide lEnfance Canada/ Burkina Faso (AEC/BF), Oct 1988, Rapport de colloque sur lesONG et lappui lorganisation du monde paysan au Burkina Faso.

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    Le genre

    La notion de Genre a eu une approche conceptuelle assez enrichie par des enjeux qui rgnaient dj

    autour de la diffrence des sexes. Ce concept a encore suscit plus de questionnements lors de son

    introduction dans le monde du dveloppement.

    Dimportation amricaine le concept de genre est considr en France tort ou raison comme tant la

    version adoucie et moins antagoniste du fminisme.

    Cette conception, mme si elle est la mieux partage nest pas la seule qui est voqu pour expliquer le

    genre. Une littrature abondante t dveloppe sur la question et les points de vue divergent autour de

    la question du genre et de son adquation pour lutter contre les ingalits de sexes. Nous verrons que cesdbats quont suscits le phnomne sont guids par des enjeux aussi bien politiques, conomiques que

    sociaux.

    Dans le monde du dveloppement le concept est souvent dfini en relation, ou en opposition avec dautres

    concepts touchant les femmes ou les hommes et la lutte contre la pauvret.

    Du concept "Intgration de la Femme au Dveloppement (IFD)"au concept "Genre Et

    Dveloppement (GED)".

    Intgration de la Femme au Dveloppement (IFD)

    Cest une approche qui cherche intgrer les femmes dans le processus de dveloppement car les

    planificateurs du dveloppement ont longtemps considr les femmes comme des mres et des femmes

    au foyer, plus que comme des individus part entire, avec leurs propres besoins, leurs problmes, leursresponsabilits et leur identit. Petit petit, le rle indispensable des femmes dans le dveloppement des

    programmes pour lenfance a permis de les impliquer un peu plus dans les diffrents projets mis en place

    par les ONG ou les organismes internationaux. Un nombre croissant dinitiatives et de programmes

    conomiques et sociaux intgrent prsent leur rle.

    Mais il a fallu attendre la dcennie internationale de la femme (1975-1985), sur linitiative des Nations

    Unies, pour que la communaut du dveloppement porte son attention sur le statut discriminatoire dont

    souffrent la plupart des femmes travers le monde. Les confrences de Mexico (1975), de Copenhague

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    (1980), et de Nairobi, (1985) qui ont jalonn cette dcennie, ont pass en revue le sort des femmes pays

    par pays. Elles ont permis llaboration de recommandations afin dabaisser les obstacles lgalit des

    sexes et la participation des femmes au dveloppement.

    La femme tait de ce fait lobjet de proccupation. Le but tant de les aider accder une galit destatut avec les hommes. Autrement dit, le statut de lhomme tait considr comme la norme de rfrence

    vers laquelle il fallait tendre.

    En effet la plupart des institutions daide au dveloppement de lAfrique (multilatrales ou bilatrales) ont

    plus ou moins dcouvert depuis quelques annes le rle conomique de la femme africaine. De ce fait la

    femme africaine surgit dans une nouvelle identit fabrique par les dveloppeurs . Laccs

    leau, la sant, au planning familial, lcole et au lyce lui est reconnu en termes dobjectif conomique.Elle est la femme pauvre, vaillante, aider dans son effort pour participer la croissance conomique et

    la dcroissance dmographique. Face lchec de trente anne de dveloppement de lAfrique on reporte

    sur la femme la responsabilit de tenter un nouveau dveloppement (accs au crdit rural, micro

    entreprises urbaines, etc.).

    Ces questions qui concernaient jadis les milieux politiques et administratifs vont se gnraliser tous les

    domaines que se partagent les deux sexes. La question de la diffrence des sexes investit chaque jour

    davantage des domaines et paralllement, ides, valeurs, sensibilits fminines imprgnent de plus en

    plus les attitudes et comportements des hommes. Pourtant, un examen attentif montre la persistance des

    rsistances lgalit des sexes : les femmes ne sont toujours pas des hommes comme les autres . Il

    ne suffit pas par exemple de dcrter la mixit pour quelle entrane une galisation des statuts et des rles

    sexus. Malgr la fminisation croissante des instances dirigeantes elles ne peuvent dpasser le fameux

    plafond de verre .

    Genre Et dveloppement

    La notion deGender est dfini comme construction sociale et culturelle de la diffrence des sexes . Une

    notion ne aux Etats-Unis et ayant pntr les recherches historiques franaises sur les femmes.

    Il sagira dassocier les hommes laction pour la rduction des ingalits : les hommes sont de plus en

    plus au centre du discours politique et des mesures de promotion de lgalit des sexes. Des mesures

    axes sur les hommes cherchent les intgrer dans laction

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    Cest l que se situe lenjeu : comment jouer sur les relations de sexes sans faire essentiellement des

    femmes lobjet de changement ? Que les hommes soient galement considrs comme les sujets du

    changement identitaire !

    En sude par exemple dans une politique de genre dans le domaine de lemploi en 1995, un mois decong parental tait propos aux pres afin de les inciter consacrer plus de temps leurs enfants. Ce qui

    conduit plus ou moins un partage des tches domestiques entre les sexes et favorisant une

    dconstruction sociale des sexes.

    A tort GED est peru comme tant moins politique que lIFD. Sans doute parce que les formations, entre

    autres ont eu tendance linstrumentaliser.

    Selon Claudy VOUYE3 A Madagascar, lapproche GED est perue comme une vision moins antagoniste

    et fministe des rapports homme/femme que lapproche IFD. Les participants de la formation taient

    rassurs de voir que GED tait plutt ltude des rapports sociaux quune approche pour la promotion de la

    femme .

    En quoi consiste lapproche intgre du genre ?

    Lapproche intgre du genre suppose un glissement de paradigme au niveau de la rflexion et de laction,

    par rapport aux politiques prcdentes qui constituent raliser lgalit entre les sexes (galit de

    traitement, galit des chances, action positive, discrimination positive, etc.). Cette dmarche pour but de

    faire changer la dominante masculine et landrocentrisme des organisations (Rees, 1998). Teresa REES4

    souligne le fait que lapproche intgre du genre suppose des politiques qui respectent la diffrence et la

    prennent en compte plutt que dessayer daider les femmes sadapter aux institutions et aux cultures

    conues par et pour les hommes. Le paradigme de lapproche intgre du genre implique une stratgie

    capable de transformer les institutions genres fondes sur des perspectives androcentriques et les

    remplacer par des institutions ayant un impact sur le partage des possibilits entre les deux sexes. En

    outre, on peut concevoir lapproche intgre du genre comme une approche pluraliste tendant permettre

    aux citoyens dassumer diffrentes identits sexuelles sans perdre pour autant leurs droits de citoyennet.

    3 Claudy Vouy : Formatage ou transformation ? Rapports tendu entre le mainstraining et legenre et les formations en genre , Colloque international GED, quels enjeux pour la formation , Bordeaux,Fvrier 2006.4 EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard dessciences sociales, Paris, La Dcouverte.

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    Somme toute nous pouvons dire que lapproche intgre du genre tmoigne de la ncessit de sattaquer

    aux racines des ingalits entre les sexes plutt que de recourir des actions correctrices et dintgrer la

    rflexion sur lgalit des chances aux processus dcisionnels.

    Les concepts dgalit de parit et dquit

    A propos des nuances du propos galitaire Genevive FRAISE5 rappelle que quand nous parlons

    dgalit, nous ne disons pas que le femme est semblable lhomme : nous la prtendons de valeur

    quivalente (HARLOR, 1900). Et ROUSSEL6 de poursuivre en disant que nous prfrons tre nous-

    mmes. Nous aspirons autre chose quau rle dimitatrice pour signifier que le terme dquivalence est

    souvent utilis pour souligner quil ne sagit pas pour les femmes de se confondre avec un modle

    dominant.

    Il est dailleurs un terme aujourdhui en politique qui joint dans la discordance galit et diffrence : le mot

    de parit. Ainsi Evelyne PISIER7 qualifie le projet de parit dide fausse et dangereuse dans la mesure

    o il repose sur une diffrentiation naturaliste et o son intgration en droit ouvrirait la voie aux pires

    rgressions . En effet ce mot est en effet un substantif paradoxal : il veut conqurir luniversel au nom de

    la diffrence humaine premire, la diffrence des sexes ; ce mot veut lidentique dans la diffrence ; il veut

    fabriquer duun sans dtruire le deux ; il veut ledeux rel dans le un symbolique, dans une loi. Alors

    question : laspiration lgalit entre hommes et femmes peut-elle se conjuguer avec la reconnaissance et

    la valorisation des diffrences entre eux ? les dbats internationaux sont sous tendus par trois approches

    diffrentes :

    - lapproche strictement galitaire qui gomme toute diffrence entre hommes et femmes

    - lapproche protectionniste qui met laccent sur le rle de la femme dans la transmission de la

    vie

    - lapproche partenariale qui vise concilier lexigence dgalit et les respect des identits

    respectives dans lmergence dun nouveau contrat entre les sexes.

    5 EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard dessciences sociales, Paris, La Dcouverte.6

    EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard dessciences sociales, Paris, La Dcouverte.7 EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard dessciences sociales, Paris, La Dcouverte.

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    Antoinette FOUQUE8 conoit la parit comme tant la volont politique dapplication dans toutes les

    instances dcisionnelles dune galit qui noublierait pas quil y a des hommes et des femmes.

    Pour Evelyne PISIER9 : Egalit ou Parit ? Aujourdhui, la mode est au concept dquit pour corriger les

    effets de certaines ingalits. Importation amricaine, lquit est porteuse du meilleur et du pire. Le pirene menace pas seulement les droits pniblement acquis par les femmes : la socit entire peut tre

    vise.

    Lide dquit exprime le plus souvent une restriction par rapport celle dgalit

    Pour ce qui concerne la mixit qui a t si longtemps controverse, elle va simposer sans dbat thorique

    ni rsistance idologique, comme solution aux problmes de personnel, de locaux et denseignants.

    Autour de toutes ces notions que chaque auteur a dveloppes et expliques gravitent des enjeux, des

    sous-entendus et les malentendus suscits par les concepts autour du genre.

    Maurice GODELIER10 retient que lanalyse des mythes dorigine, des rcits fondateurs, permet dj de

    faire apparatre les enjeux associs la construction des catgories de sexe. Ce sont des enjeux de

    pouvoir. Pouvoir de contrler des personnes, de contrler laccs aux dieux et aux forces qui rglent

    lunivers, aux anctres et bien entendu laccs la terre, aux moyens de destruction (armes) de production

    (outils) dchange et aux moyens de subsistance.

    Il est clair que le dsir damliorer le niveau de vie familial nest pas le seul enjeu du travail fminin.

    On parle mme denjeux linguistiques du fait que les hommes (les garons) ne sont le genre humain (cest

    dire le rfrent), mais seulement le genre masculin.

    o La construction sociale des sexes

    Comment se fait-il que les diffrences biologiques peu pertinentes en viennent prendre une telle

    importance sociale ? . Cette interrogation peut tre peut poser dans tous les groupes sociaux que se

    8 EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard dessciences sociales, Paris, La Dcouverte.9 EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard des

    sciences sociales, Paris, La Dcouverte.10 Lapproche intgre du genre dans la stratgie europenne pour lemploi, Ute BEHNING etAMPARO Serrano Pascual, Paris, Harmattan, 2002.Johanna SIMEANT et Pascual DAUWIN, 2004, ONG et Humanitaire, Paris,Harmattan.

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    partagent les hommes et des femmes. Les effets de la culture sur les constructions de genre sont rels et

    leur analyse a t un objet dtude assez courtis et qui le demeure toujours. Cette bicatgorisation qui se

    rclame de la nature , est dune force incontournable dans les reprsentations et dans les pratiques de

    notre socit.

    Selon Annick DURAND-DELVIGNE11 Le genre peut tre dfini comme un produit sociocognitif, li aux

    idologies relatives la fminit et la masculinit qui participent elles-mmes au maintien dun ordre

    social donn. Cela signifie, bien sr, que fminit et masculinit ne sont pas des traits psychologiques

    inhrents au sexe biologique, ni mme lidentit sexuelle, pas plus quelles ne sont les rsultantes

    inluctables dun processus de socialisation rendu ncessaire par la prtendue nature diffrentielle des

    sexes. Ce sont des ensembles de traits rifis, oprant dans la reprsentation de soi, dautrui et du monde

    social, ncessaires un systme social ordonnant la place des deux sexes .

    Penser la dynamique des relations hommes-femmes en termes de catgorisation et sattacher en

    dcrire les effets sur le vcu individuel et social, des femmes en particulier nest pas nouveau. Ds 1949,

    cette ligne danalyse est soumise par Simone DE BEAUVOIR dans son introduction au Deuxime Sexe.

    La force de la construction sociale des sexes est telle que Marie-France PICHEVIN12 se demande

    simplement : Serions-nous tous sexistes ? . En effet selon elle les strotypes de sexe sont

    consensuels, partags par les hommes et les femmes, prescriptifs, rsistants ce qui les infirme et ont des

    effets sur nos modes de penser et nos faons de nous comporter. De trs nombreuses recherches ont

    montr que les strotypes de sexes cest dire lensemble des traits et attributs censs caractriser les

    membres dun groupe de sexe donnent forme et contenu nos perceptions, normalisent nos jugements,

    nos valuations, nos interprtations, nos attentes relatives aux hommes et aux femmes, guident nos

    comportements, modifient nos rapports autrui et gnrent un monde leur image.

    Certains auteurs appellent ce rseau schma de genre , dautres, reprsentations sociales desexes .

    En effet, quils partent du droit, de la philosophie, de la sociologie, de lhistoire des femmes, de la

    psychanalyse ou de la littrature, les textes saccordent presque tous sur un point : lingalit entre les

    hommes et les femmes est un phnomne persistant dans notre socit occidentale alors mme que celle- 11 Lapproche intgre du genre dans la stratgie europenne pour lemploi, Ute BEHNING et

    AMPARO Serrano Pascual, Paris, Harmattan, 2002.Johanna SIMEANT et Pascual DAUWIN, 2004, ONG et Humanitaire, Paris,Harmattan.12 EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard dessciences sociales, Paris, La Dcouverte.

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    ci repose sur un fondement galitaire. Cela dmontre de limportance de lencrage social du phnomne

    qui va au-del des lois et des dcrets. En exemple : en rponse au souci de genre, la politique parfois trop

    volontariste mise en uvre en matire dorientation, et souvent accepte comme telle par les intresss,

    consiste pousser les filles vers des filires scientifiques et technologiques plutt qu faire voluer les

    mentalits en faveur dune revalorisation des lettres et des sciences humaines.

    Vu la complexit du processus, en raison mme de la transformation des rapports sociaux de sexe,

    repenser lgalit, r analyser la diffrence, mettre en scne leur dialectique, leurs contradictions, leurs

    compromis, situer la libert au regard de lgalit et de la diffrence, voil les thmes qui sont au centre

    des interrogations.

    Bien de pistes ont t explores pour comprendre comment et pourquoi ctait ainsi mais ni lexplicationessentialiste ou mtaphysique ne sauraient rguler les rapports de sexes.

    La certitude partage est que lide que la diffrence du masculin et du fminin nest pas une donne

    naturelle immuable, mais une construction historique et culturelle.

    Selon Franois POULAIN13, le premier prjug dont le genre humain devrait se dfaire est celui de la

    prtendue supriorit des hommes sur les femmes. Mais il sagit dun prjug ingalitariste partag par les

    femmes autant que les hommes.

    En France la spcificit des femmes a t lobjet dun vritable travail social de naturalisation auquel ont

    contribu (mdecins, biologiste, hyginiste, mais aussi philosophes et juristes) permettant la politisation de

    cette spcificit.

    Cest cette importance des ancrages des ingalits de sexes qui a donn aux mouvements fministes une

    lgitimit militante base sur la logique suivante : Puisque la diffrence des sexes est une construction,

    alors on peut la dconstruire, tous les niveaux (thories et pratiques, reprsentations et faits matriels,

    mots et choses) .

    13 Tabouret AUPLAT, Claire, 2003, Les ONG du Commonwealth contemporain : rles bilanset perspectives, Paris, lHarmattan.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 20

    Le fminisme

    Le fminisme peut tre dfini par le sens commun comme un mouvement, un courant qui prsente les

    femmes comme des victimes tout en sinscrivant dans une ncessit de prendre des mesures protectrices.

    Selon Florence ROCHEFORT14 cest le seul courant philosophique qui aborde la femme comme un

    individu part entire et cherche les moyens de lui permettre une vritable ralisation de soi.

    La question du fminisme a t toujours aborde en France et plus quailleurs sous langle des

    excs quon lui applique et du point de vue de la diffrence entre les fministes dits essentialistes et ceux

    dits galitaristes ou diffrentialistes.

    Nous nallons nous inscrire dans aucune de ces deux polmiques mais aborder le fminisme comme

    symbole de la rsistance du monde social face la pression du politique.

    Dailleurs, lhistoire du fminisme ne trace pas de frontire infranchissable entre les deux problmatiques.

    La volont de dmontrer lgalit des sexes et de ladopter comme principe politique caractrise sans

    doute la vision ne du fminisme moderne n sous la Rvolution franaise. Si laile modre du

    mouvement des annes 1990 prfre la femme au foyer alors que laile radicale lenvisage partant laconqute des territoires masculins, tous saccordent ce quelle puisse elle-mme choisir sa voie et

    obtenir les moyens de ce choix. Cest dans la voix suivre plutt que dans le but atteindre que le social

    rsiste au fminisme. Les aspirations identitaires sont multiples sans pour autant briser la cohrence

    idologique du fminisme comme pense philosophique ou comme mouvement politique social et culturel

    galitaire.

    La volont de rduire les ingalits entre les sexes est classer comme combat fministe ou dans lordre de

    lapproche adoucie du genre selon la justification donne.

    La ncessit de rduire les ingalits peut tre dune part justifie comme tant un besoin pour un meilleur

    dveloppement, une socit plus juste ; ou plus quitable pour le bonheur de la socit entire : on parlera

    donc de genre.

    14 EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard dessciences sociales, Paris, La Dcouverte.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 21

    Dautres justifieront cela par linjustice qui existe et le drame que constituent les ingalits de sexes et l on

    parlera dgalit juridique de droit ou de dmocratie. Ceux-ci seront traits de fministes car ils diront que

    Garantir les mmes droits aux femmes et aux hommes est la condition sine qua non pour instaurer

    lgalit des sexes .

    Le fminisme nest donc pas synonyme dextrmisme. Mais ce que nous pouvons appliquer aux fministes

    cest quelles sont de celles qui trouvent toujours que ce qui reste acqurir est plus important que ce qui

    est atteint en matire dgalit entre les hommes et les femmes.

    Quelques exemples peuvent tre cits : les femmes accdent au travail cest plus ou moins un acquis mais

    pour les fministes cest un travail plutt non qualifi et quand elles occupent un emploi les fministes

    dnonceront plus la prcarit de celui-ci. Sur le plan domestique (familial) les femmes peuvent maintenantavoir un enfant sans tre maries et sans que cela ne soit un dshonneur mais les fministes dnonceront

    dans ce cas le fait quelles lvent souvent seules leurs enfants. Les femmes ont aussi la matrise de la

    contraception mais les fministes dnonceront plutt le fait que le pouvoir mdical sur leur corps samplifie.

    Enfin sur le plan marital elles peuvent divorcer librement mais des tudes ont rvl quil faut en moyenne

    dix ans une femme aprs son divorce pour retrouver le niveau de vie quelle avait avant la sparation.

    Autant de faits qui peuvent la fois crditer le fminisme du fait du changement rel et profond quil prne

    mais qui pourrait aussi discrditer le mouvement qui peut paratre ringard.

    ROUSSEL15 (1906) dfinit le fminisme comme une doctrine de bonheur individuel et dun intrt

    gnral .

    Mme si le fminisme a beaucoup plus retenu lattention pour sa connotation exagre et mme pjorative

    de la lutte contre les ingalits de sexes, nous devons reconnatre quil est lorigine de lveil de

    conscience qui a suscit le changement des mentalits sur la question. Il peut dailleurs tre considr

    comme llment dclencheur du concept de Genre dont on chante les vertus et les mrites en

    lopposant toujours au fminisme.

    En conclusion nous pouvons dire que le termegender , qui remplace souvent le mot femme dans

    lanalyse fministe de nos jours, met laccent plutt sur les rapports entre les deux sexes, et dplace ainsi

    lobjet de lanalyse. La femme ntant plus au centre de lanalyse mais plutt les deux sexes. Mais il faut

    15 EPHESIA, 1995, La place des femmes : les enjeux de lidentit et de lgalit au regard dessciences sociales, Paris, La Dcouverte.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 22

    noter que lenjeu principal du point de vue stratgique demeure le plus souvent le mme : accrotre la part

    ou la place des femmes.

    ONG : approche conceptuelle et institutionnelle

    Les ONG sont souvent prsentes avec les mouvements associatifs comme les derniers venus sur

    le champ du dveloppement dans leur vision de dveloppement local, de dveloppement la base, de

    dveloppement intgr, bref de dveloppement avec les dvelopps, par les dvelopps et pour les

    dvelopps. Ici dvelopps renvoie la notion dveloppeurs/dvelopps et non dvelopps /sous

    dvelopps. Un auteur comme SAUTTER16 (1978 :242) parlera d amnags et d amnageurs .

    Aujourdhui le monde est en train de prendre conscience que la socit civile recouvre une ralit trs

    complexe, et que le terme dONG nest pas automatiquement synonyme soit de mouvements dutopistes

    soit de regroupements violents ou irresponsables. Il ralise aussi que les ONG ont un rle jouer dans la

    socit, rle dautant plus important que lEtat se dsengage progressivement de certaines activits qui

    taient traditionnellement de son essor : entre dune part des dictats provenant de super structures

    internationales et multilatrales (comme lOMC, la Banque Mondiale, lEurope pour prendre quelques

    exemples) et dautre part des instances locales o les ONG ont souvent une position de force.

    Les nations occidentales partenaires au dveloppement des pays en voie de dveloppement ne tarderont

    pas sinscrire dans cette perspective non gouvernementale.

    Mettant en jeu plusieurs acteurs sociaux, le phnomne a intress la littrature sociologique et plusieurs

    auteurs ont investi le domaine. Mais que ce soit pour la dfinition mme du concept dONG ou encore la

    question de lapport de ces structures la rduction de la pauvret, les auteurs auront des points de vue

    divergents.

    - Le concept dOrganisation Non Gouvernementale (ONG)

    La notion dOrganisation Non Gouvernementale fit son apparition officielle en 1945 lors de la charte de

    lOrganisation de Nations Unies. Mais si son apparition ne sest pas faite sans particularits majeures, la

    16 Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN, 1998, Anthropologie et dveloppement : Essai ensocio-anthropologie du changement social, Paris, Bordas.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 23

    question de la dfinition dune ONG demeura trs complexe et celle-ci est loin de faire lunanimit, mme

    parmi les diffrentes associations concernes.

    En effet lunivers trs vari et la diversit des ONG rendent difficile toute dfinition. Les tentatives de

    dfinitions plus prcises dune ONG se sont toujours heurtes la varit des formes que peuvent prendreces regroupements dintrts, ainsi qu la diversit des domaines quils recouvrent.

    Cependant, on entend gnralement par ONG tout groupement, association ou mouvement constitu de

    faon durable par des particuliers en vue de la poursuite dobjectifs sans but lucratif, ou encore toute

    association caractre conomique et socio culturel pour contribuer soit individuellement lamlioration

    des conditions de vie des communauts villageoises ou urbaines mais l encore dans un but non lucratif.

    Les difficults de dfinition ont conduit certains initiateurs substituer lappellation ONG certaines

    appellations comme Organisations Volontaires de Dveloppement pour les pays Afrique Francophone

    ou Organisations Prives Volontaires pour les pays anglophones.

    Toutefois, de faon rsume, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) sont des Associations de

    personnes physiques ou morales, ou de groupes de personnes qui travaillent dans un esprit de solidarit

    humaine, la promotion du Dveloppement et lpanouissement humain des couches des populations

    les plus dfavorises sans chercher de bnfice.

    Selon le Dpartement de linformation des Nations Unies : une Organisation Non Gouvernementale (ONG)

    est un groupe de citoyens volontaires, sans but lucratif et organis lchelon local, national ou

    international. Les ONG remplissent divers types de services et fonctions : humanitaires, dinformation aux

    gouvernements sur les proccupations de leurs citoyens, de surveillance des politiques des

    gouvernements, et de promotion de la participation politique au niveau communautaire. Elles fournissent

    des analyses et expertises, servent de mcanique dalerte avance et aident superviser et mettre en

    uvre des accords internationaux. Certaines sont organises autour de questions spcifiques telles que

    les droits de lhomme, lenvironnement ou la sant. Leurs relations avec les diffrents bureaux et agences

    du systme des Nations Unies diffrent selon leurs objectifs, leur sige et leur mandat.

    Pour le SPONG (Secrtariat Permanent des ONG) au Burkina Faso : Quelle que soit sa dfinition, une

    ONG des caractristiques et des philosophies qui lui sont propres :

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 24

    cest une organisation cre par un ou plusieurs individus et qui est indpendante de tout

    gouvernement et par consquent, libre de ses choix, de ses orientations, de ses mthodes

    daction et de ses structures. (Jouissance dune stabilit juridique autonome prvoyant une

    gestion par une structure lue dmocratiquement),

    elle a toujours pour vocation, de rpondre des proccupations socio-conomiques et

    but non lucratif.

    En cela, elle se distingue dune entreprise commerciale.

    - Typologie des ONG

    A partir de la diversit des ONG, de leurs approches, de leur philosophie et de leurs stratgies, on admet

    aisment lexistence de plusieurs types :

    Les ONG de financement qui collectent des fonds parmi leurs militants et sympathisants et qui

    obtiennent parfois des subventions de leurs gouvernements. Elles peuvent tre

    confessionnelles ou non confessionnelles, nationales ou rgionales.

    Les ONG dintervention qui oprent sur le terrain dans un ou plusieurs domaines du

    dveloppement (INADES-FORMATION, le CESAO, le GRAAP). Leurs ressources financires

    proviennent de sources diverses. Elles se tournent en gnral vers les ONG de financement.

    Elles sont en gnral spcialises MISEROR (Allemagne).

    Les ONG dappui elles apportent gnralement des appui dordre financier humain ou

    technique. Elles mettent la disposition des ONG dintervention et des projets locaux, des

    volontaires AFVP (France).

    Les ONG de base tels les groupements de paysans, les fdrations des unions. On peut

    ajouter cette liste non exhaustive la catgorie des ONG spcialises en formation.

    - Le projet de dveloppement

    Plusieurs dfinitions sont proposes partir des diffrentes expriences sur le terrain.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 25

    Le SPONG les synthtisent en donnant la dfinition suivante : un projet de dveloppement est un

    ensemble dactivits volontaires programmes dans le temps, utilisant des moyens prcis et adapts

    (appropries) pour rpondre a un besoin dun groupe en vue datteindre un but dfini.

    La dfinition ci-dessus du projet de dveloppement ne suffit pas pour connatre ce quest un projetde dveloppement ; voyons quelles sont alors les caractristiques essentielles dun projet de

    dveloppement.

    Un projet de dveloppement est caractris par :

    un groupe cible (bnficiaires du projet de dveloppement) ;

    une finalit (raison ultime du projet) ;

    un but (lobjet du projet, ce quil veut raliser) ;

    un ou des objectifs (dcomposition du but en lments distincts, rsultat spcifique) ;

    une stratgie (art de combiner les activits) ;

    une programmation (calendrier) ;

    La question qui se pose le plus souvent sur le projet de dveloppement se situe entre sa conception et sa

    mise en uvre sur le terrain du fait du dcalage. De sa conception son valuation en passant par sa

    mise en uvre, un projet de dveloppement peut tre marqu par un dcalage temporaire, gographique,

    stratgique, social et culturel du fait la prsence de multiples acteurs. La relation la plus courante est le

    rapport dveloppeurs dvelopps travers la coopration bilatrale Nord-Sud.

    - Les ONG : du sige au terrain

    Les oprateurs privs du dveloppement (ou encore les promoteurs de l humanitaire ) dans leur qute

    bnvole de meilleures conditions dexistence pour les populations les plus pauvres ont toujours

    officiellement reconnu laisser une marge de manuvre aux bnficiaires.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 26

    En effet que ce soit les ONG du Sud dans leurs rapports directs avec les populations ou les grandes ONG

    du Nord quand elles financent leurs auxiliaires du sud la logique officielle est la mme : un rapport quilibr

    entre elles et les acteurs en face (les bnficiaires). Aucun groupe de dveloppeurs nadmet avoir souvent

    ignorer les dvelopps dans la conception et la mise en route des projets de dveloppement.

    Mais les chercheurs qui se sont intresss cette question des rapports entre le Nord et le Sud rvlent

    plus dun manquement dans le rle de partenaire que les dveloppeurs se donnent. Ceux-ci sont souvent

    prsents comme ayant des reprsentations strotypes des dvelopps mmes quand ils affirment que

    les populations elles-mmes ont pris en main les projets .

    En effet les situations de dveloppement mettent en prsence dun ct une culture pour une bonne part

    cosmopolite, internationale, celle de la configuration dveloppementiste , dcline bien sr en souscultures (elles aussi transnationales) par divers clans bases idologiques et/ou professionnelles, qui

    agissent chacun de faon largement identique aux quatre coins de la plante et de lautre ct une grande

    varit de cultures et de sous cultures locales. Cette situation de confrontation (non une opposition mais un

    contact) entre cultures fait natre souvent un dcalage entre les logiques des dveloppeurs et les logiques

    des dvelopps.

    La socio anthropologie du dveloppement sest intresse aux reprsentations plus ou moins latentes qui

    dominent chez les diffrents acteurs. Les reprsentations sociales des uns et des autres sont en effet une

    donne de base pour comprendre les stratgies de chacun. Deux sries de reprsentations

    complmentaires sont prendre en compte : la vision des socits telles quelles sont et la vision des

    socits telles quelles devraient tre. Il sagit aussi bien du caractre immanent, inconscient, incorpor,

    inculqu des logiques pratiques que de laspect dlibr, explicite, calcul, conscient des logiques

    dactions.

    OLIVIER DE SARDAN17 a t un des principaux auteurs qui ont dnonc ces strotypes,

    idologies et reprsentations qui animent les acteurs du Nord sur les acteurs du Sud. Celui-ci soutient quil

    faut viter les fausses explications du type ils sont attards ou cest leur culture qui veut a ; on

    peut remplacer culture par mentalit . Selon lui ces fausses explications lgitimeraient trop

    souvent la routinisation des pratiques des oprateurs de dveloppement, leur dmission face des ralits

    trop complexes pour, leur trange persvrance dans lerreur, ou leurs attitudes peu innovatrices et

    adaptatives :

    17 Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN, 1998, Anthropologie et dveloppement : Essai ensocio-anthropologie du changement social, Paris, Bordas.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 27

    Certains auteurs trouvent en effet que les ONG du Nord seraient celles qui dcident le plus dans leurs

    rapports entretenus avec les auxiliaires du Sud. Cette influence des ONG occidentales sur celles du Sud

    rsulterait des systmes de reprsentations, des idologies voire des strotypes que celles-ci se font de

    leurs partenaires du Sud. Ces rapports dsquilibrs peuvent rsulter aussi de lexistence de certainsenjeux et contraintes allant au-del de la logique humanitaire. Mais cet aspect de la question ne sera pas

    celui qui retiendra lessentiel de notre argumentation.

    Les dveloppeurs se servent de notions molles pour faire croire quils tiennent compte

    des socits locales, sans avoir se donner la peine de les connatre vraiment poursuit OLIVIER DE

    SARDAN18. Lauteur soutiendrait donc quil faut que lon arme les agents de dveloppement ; c'est--dire

    de quil faut les prmunir contre clichs et strotypes sur les socits paysannes qui saturent le monde du

    dveloppement. Ces strotypes sont souvent encrs du fait mme de limage et de la vision que cesacteurs du Nord ont des populations du Sud.

    En effet, ventres ballonns, corps mutils, enfants famliques lorsquelles apparaissent sur la scne

    mdiatique internationale, les populations jouent immanquablement le rle de la victime. Ces images, dont

    lobjectif est bien souvent de favoriser les collectes de dons en faveur dactions humanitaires durgence

    entretiennent le clich du volontaire missionnaire qui, nanti, vient secourir des populations sur

    lesquelles sabattent dcidment tous les malheurs du monde. Toutefois elles effacent toute ide de

    partenariat.

    Il faut alors rompre avec cet hritage colonial qui a donn une tradition de mpris chez les fonctionnaires et

    de mfiance chez les paysans qui se renforce lune lautre.

    Bien sr on peut dire autant des reprsentations des populations cibles car la faon dont les dvelopps

    voient les dveloppeurs nexprime pas plus la vrit et nest pas moins biaise que la faon dont

    les dveloppeurs voient les dvelopps.

    Notons que ces prcdents arguments, dvelopps par des auteurs assez critiques sur lintervention des

    ONG, ne sont pas de lavis des dveloppeurs qui ont toujours soutenu que des tudes sur les contextes

    locaux prcdent toujours leurs actions de terrain. Ils soutiennent avoir toujours une ligne directrice en

    adquation avec les besoins des populations partenaires.

    18 Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN, (1998).

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 28

    Mais que reprsente cette notion de besoins qui se situe au centre de laction ?

    La critique en terme de besoin a t faite depuis longtemps et notamment avec Barnett (1953) Bonacieux19

    en 1991 sur les activits de post alphabtisation au Niger ; et Mathieu20 en 1994 au Mali sur des projets

    dONG.

    Le terme de besoin affine le considrable avantage de combiner une connotation sociologique et

    une connotation morale : le dveloppement doit se faire selon leur intrt.

    La troisime dimension (galement morale), le fait que cest aux intresss eux-mmes de dire

    quels sont leurs besoins. Mais faisons un retour dans le temps c'est--dire aux dbuts des relations entre

    les pays aujourdhui dits dvelopps et ceux considrs comme sous dvelopps : Nous savons quau

    moment de la colonisation, le colon a dit au paysan : "toi tu nes rien, tu nas pas dhistoire, tu nas pas deculture, tu nas pas de religion, tu es sauvage, ignorant, tu ne connais rien".

    A lpoque des Nocolonies, des Nationaux, les fils mme du paysan sont venus lui dire : toi, tu es

    ignorant, tu es pauvre, cesse tes pratiques et jette ce que tu possdes, tout est sauvage, adopte ce que

    nous allons te donner et suis nos pratiques .

    Le paysan a fini par intrioriser tout ce quon a voulu quil soit, il a pous lidologie de lalination.

    Nous arrivons maintenant et nous lui disons, dis nous tes besoins, nous allons taider les satisfaire . Il

    ne peut que nous ressortir ce que les autres lui avaient inculqu.

    Ainsi le fait que le paysan demande un forage ou une cole plutt que la construction dun march btail

    ne rvle pas le besoin primordial dun forage ou dune cole au dpend dun march btail mais rsulte

    du fait que le colon lui avait dj inculqu quune cole est le meilleur moyen de lui ressembler mieux

    quun march btail qui ne lloigne pas assez de son tat d attard .

    Quest ce que donc quun besoin ? Qui dfini les besoins de qui, comment sexprime un besoin

    et ladresse de qui ?

    19

    Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN, 1998, Anthropologie et dveloppement : Essai ensocio-anthropologie du changement social, Paris, Bordas.20 Jean Pierre OLIVIER DE SARDAN, 1998, Anthropologie et dveloppement : Essai ensocio-anthropologie du changement social, Paris, Bordas.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 30

    Marie Stphane MARADEX23 qui a dfendu le mrite des ONG considre dailleurs la plupart des

    faiblesses des ONG comme pure invention du politique local pour discrditer une ONG gnante. Dune

    part les arguments politiques dvelopps par les gouvernements des pays htes des ONG rsultent de

    linertie de ces pouvoirs locaux. Elle justifie cette attitude des dirigeants des pays daccueil des ONG par

    le fait quils sont suspicieux vis vis de ces organisations qui tt ou tard chercheront transformer encapital politique la confiance acquise auprs des populations. Dautre part il y a conflit entre instance

    gouvernementale locale et ONG car les Etats doutent de la neutralit des ONG.

    En effet les drames survenus en ex-Yougoslavie, en Somalie au Rwanda, au Soudan ont ractualis les

    dbats inhrents laction humanitaire autour de la neutralit de ses relations avec la politique, les Etats et

    larme. Comment rester fidle au principe de neutralit de la victime en tmoignant sur un gnocide ?

    Comment agir avec lappui (notamment financier) des Etats sans servir dalibi une inertie politique ?Comment travailler sur le terrain avec larme qui assure parfois la protection des expatris sans courir le

    risque de brouiller limage de son association ?

    Les relations entre les ONG et pouvoirs locaux ne sont souvent ni des relations amicales ni des relations

    aises. De nombreux gouvernements leur sont souvent hostiles et cest plus gnralement le cas dans les

    pays en voie de dveloppement qui rappelons le constituent lessentiel des partenaires des ONG

    occidentales.

    On peut citer un rapport du HRW (Human Rights Watch) sur les relations entre les ONG prsentes en

    Ouganda et le gouvernement. Le rapport explique longuement que les ONG de dfense des droits de

    lhomme sont soumises des pressions trs fortes pour pratiquer lautocensure et ne pas se heurter au

    gouvernement. Le gouvernement ougandais exerce un contrle considrable sur les activits des ONG et

    selon certains reprsentants dONG, le gouvernement intervient pour faire taire les critiques.

    La solidarit internationale se prend en effet rgulirement les pieds dans les fils tisss et tirs par les

    Etats dont elle devient parfois lenjeu, lotage ou le bouclier.

    Mais cette ide de MARADEX24 nest pas une formule commune et universelle car une autre forme de

    relation peut se lire entre les ONG et les gouvernements locaux.

    23 Marie Stphane MARADEX, 1990, Les ONG amricaines en Afrique : activits etperspectives de trente ONG, Paris, Syros Alternatives.24 Item, op cit

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 31

    Plutt que de voir une rivalit entre ces organes, on peut lire une forme de coopration pour un but

    commun qui est la lutte contre la pauvret. Les ONG peuvent donc tre considres comme des auxiliaires

    prcieux pour les gouvernements. Elles permettraient alors dattnuer le manque de moyens nationaux et

    leurs projets constituent des tests de terrain dessai avec leur intervention souple et rapide.

    Ce qui peut tre ajout cette analyse des formes de relation des ONG avec les gouvernements sur place,

    cest cette nouvelle tendance que lon est tent de voir. En effet au-del de ces relations de rivalit et

    dauxiliariat la tendance actuelle est que les ONG sont de plus en plus des outils politiques aux mains des

    dirigeants. Cest ainsi que certaines ONG sinstallent et se dplacent plus pour des raisons politiques que

    pour la vritable cause du dveloppement. Elles sinstallent donc dans des rgions politiquement

    soutenues et accentuant les disparits entre les rgions.

    Ces formes de relations ci-dessus cites entre ONG et gouvernements des pays bnficiaires peuvent

    avoir dautres variables valeurs finalits pour les pays dveloppeurs dans lesquels les ONG peuvent

    tre considres comme des outils au service des classes politiques.

    Dans cette version les rapports ONG et pouvoirs locaux ont deux tendances. Dune part elles peuvent tre

    considres comme des vecteurs que des groupes ou personnes issues du secteur gouvernemental ont

    crs pour faire passer un message dopposition une politique gouvernementale. Ce cas de figure

    concerne le plus souvent les ONG nationales.

    Dautre part, et ceci concerne les ONG occidentales denvergure internationale, les ONG sont des vecteurs

    dexpansion de cultures. Elles seraient un systme de mise en place dans les pays htes des premires

    bases dun systme refltant le mode de fonctionnement de la socit britannique quand il sagit par

    exemple dONG affilie au Commonwealth ou de la socit franaise quand il sagit dONG francophones.

    On ne leur reconnat donc pas toujours dans ce cas une relle autonomie daction : elles ne sont en fait

    utilises que comme des catalyseurs permettant de mettre plus facilement en place les politiques dcides

    par des organisations occidentales telles que le Commonwealth ou la Francophonie ou encore les Nations

    Unies.

    Cette critique sur lenjeu politique que reprsentent les ONG est une des faiblesses que lon reconnat

    ces organisations qui ne sont pas toujours exempte de reproches malgr leur statut dorganisations

    humanitaires, solidaires, charitables.

  • 8/13/2019 Mmoire ONG

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 32

    - Les forces et les faiblesses des ONG

    Les forces et les faiblesses des ONG ont t le thme le plus trait. Se penchant sur lapport de ces

    organes certains auteurs vont centrer leurs investigations sur la politique genre de ces institutions.Lapproche des ONG dans ce domaine fait aussi lobjet de dbats aussi bien conomiques que

    sociologiques. Se penchant particulirement sur les faiblesses, dautres auteurs traiteront de la ncessit

    dune mutation de ces institutions dans leur forme dassistance. Cest suite ces critiques que de

    nouvelles stratgies de collaboration avec les populations vont tre introduites. La principale stratgie pour

    mieux faire retenue par les auteurs est la formation aussi bien avec les hommes quavec les femmes. Une

    stratgie qui ne sera pas non plus exempte de toute critique.

    Les atouts supposs des ONG sont nombreux et divers. Nous pouvons citer entre autres : une bonne

    connaissance du milieu, une action en rponse une demande villageoise, une aide complmentaire

    leffort des populations, une attention focalise sur les couches sociales dfavorises, la valorisation des

    potentialits locales, la formation des bnficiaires et un faible cot de fonctionnement. Mais quen est-il de

    la ralit ? Dune faon gnrale, quel bilan peut-on dresser de laction des ONG ? Les qualits que lon

    attend, sont-elles confirmes par une observation sur le terrain ? Telles sont en rsum les questions qui

    ont guid lesprit des auteurs dans leurs uvres sur les forces et les faiblesses des ONG. Ces questions

    sont traites aussi par des auteurs spcifiques dans leurs ouvrages que par les institutions internationales,

    qui sont les principaux bailleurs de fonds de ces structures non gouvernementales.

    Pour une institution comme lAgence Canadienne de Dveloppement International (ACDI)25 pour lAfrique

    Francophone les ONG sont reconnues pour tre linstrument dintervention de loin le plus efficace au

    niveau de la base . Mais cette ide ne fait pas lunanimit au sein des auteurs qui ont abord la question.

    Pendant que certains auteurs reconnaissent en ces organisations une efficacit partager, dautres voient

    en elles des agents qui "passent cot" de leur mission. Ainsi certaines mthodes et pratiques des ONG

    sont des modles mais dautres sont purement et simplement dnonces.

    Pour Marie Christine GUENEAU26, les ONG ont plusieurs facteurs de russite quelle nomme "bonnes

    cls". Ces bonnes cls sont entre autres, la conscience et lexpression dun besoin, la sensibilisation de la

    population, la participation de la population, la simplicit de linnovation technique. Notons que cette

    25 Aide lEnfance Canada (AEC/BF) (1988)26 Marie Christine Gueneau : Afrique : Les petits projets de dveloppement sont-ils efficaces ? Harmattan ;Paris1986

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 33

    simplicit technique a des limites car, mme si les ONG embauchent du personnel local, elles fournissent

    le plus souvent leurs propres technologies et mthodes dont ladaptation au contexte local nest pas

    souvent vident.

    Pour David C. KORLEN27, ces organisations ne sont pas limage de cette assertion de GUENEAU28. Ilrelve quant lui une srie de faiblesses qui laisse leur fiabilit dsirer : elles se concentrent sur la

    solution dun problme plutt que sur la prennit dune institution. Elles font preuve damateurisme et de

    navet. Elles ont du mal coordonner leurs actions. Elles ne sont pas fiables, agissent sur une petite

    chelle, elles sont oligarchiques et pas toujours soudes ; tendant lactivisme. Mais ce penchant

    lactivisme peut se justifier avec des raisons propres aux ONG. Elles se mfieraient de tels regroupements

    dune part parce quelles dtestent quon ait un regard qui pourrait se transformer en perte dautonomie

    pour elles sur ce quelles font, et par ailleurs elles sont souvent convaincues de limportance de garderleur spcificit pour la cause quelles dfendent. Ce qui les conduit rejeter les rapprochements avec

    dautres organisations poursuivant des buts similaires, mme au risque davoir des redondances.

    En plus de ces critiques orientes vers les fondements et lassise institutionnelle des ONG, ces institutions

    sont aussi critiques dans leur forme de relation avec les populations bnficiaires de leur appui.

    Si avec les pouvoirs locaux elles sont considres comme victimes de malversations politiques avec les

    populations locales elles jouent souvent le rle du "bourreau ".

    Une des pratiques avec laquelle les ONG sont le plus souvent mises faux est le financement quelles

    accordent aux populations ; notamment le crdit. En effet le crdit est aussi bien accrdit que crdit :

    cest selon les auteurs.

    Lors dun colloque, Benot Hamidou OUEDRAOGO29 a racont cette anecdote image pour

    dnoncer les "coups dargent" que les populations reoivent de la part des ONG: Les termites

    construisaient leur nid, mais le soleil avait durci la terre et le travail avanait pniblement. Un lphant

    passait par l pour aller boire la marre voisine : les termites lui demandrent sil pouvait leur rapporter un

    petit peu deau dans sa trompe. A son retour, llphant, prvenant, crut bien faire en arrosant la termitire

    dune pleine trompe deau et les termites se noyrent toutes.

    27

    Marie Stphane Maradex : les ONG amricaines en Afrique : activits et perspectives trente organisations nongouvernementales. Paris, Syros Alternatives 1990 ; collection Ateliers du dveloppement.28 Marie Christine Gueneau (1986)29 Benot Hamidou OUEDRAOGO alors Ministre charg de la question paysanne lors du colloque de LAEC/BF

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 35

    ceux qui reoivent sont dans une position infrieure. Il faut crer un esprit de partenariat, adopter une

    approche qui amne le paysan retrouver sa dignit, dfendre cette dignit, considrer laide comme

    un moyen pour lui permettre de se passer un jour du partenaire qui est l momentanment pour laider.

    Quen est-il pour lapproche genre particulirement ?

    - ONG et genre

    Pour quelques organisations non gouvernementales, il sagit en effet daller vers une reconnaissance et

    une valorisation de lnorme travail invisible des femmes des rgions les moins dveloppes. Mais la prise

    en compte du genre implique une ide plus large. Il sagit des construction sociales de sexes et de leurs

    effets sur la situation des populations. Et la question est : Comment tenir compte de tout cela dans les

    projets de dveloppement ?

    - La prise en compte du genre dans les projets de dveloppement

    Aprs une analyse sur lefficacit des ONG, Marie Christine GUENEAU32, se penchant sur les relations des

    femmes avec ces structures, rvle un impact assez positif des petits projets de dveloppement sur le

    statut socioconomique de ces femmes. Il ressort en effet de son analyse que les projets concernant les

    femmes font voluer leur image de marque . Selon elle, les femmes sont de ce fait mieux considres.

    Elles sont plus respectes par les hommes car elles ont plus de savoir et pratique des activits nouvelles.

    Elles ont plus de libert du fait que les hommes les autorisent sabsenter pour leurs activits et leurs

    runions ; ce qui ntait pas envisageable auparavant ajoute lauteur. Ces femmes se sentent elles mmes

    plus volues grce leur capacit mener des travaux nouveaux et grce aux sollicitations des ONG qui

    suscitent leurs rflexions. Elles dclarent sapercevoir que nous aussi, nous sommes capables davoir

    des ides . Alors question : si les projets touchant particulirement les femmes sont positifs pour le genre,

    quen est-il des projets qui ne les ciblent pas ? Sont-ils seulement sans effet sur le genre ou bien ont-ils un

    impact ngatif sur les relations hommes-femmes ?

    Pour rpondre cette interrogation Olivia Drevet, DABBOUS33 dclare que les ONG par leurs projets

    masculins ne font pas quoublier les femmes mais les oppriment. Elle prend en illustration lintroduction de

    projets de riziculture en Mauritanie et au Sngal, qui a eu des incidences ngatives sur les femmes.

    Celles-ci ntaient pas considres comme des productrices part entire, mais elles devaient aider leurs

    maris producteurs. Ce qui augmentait leurs tches plus lourdes et moins rentables.

    32 Marie Christine Gueneau (1986)33 Olivia Drevet DABBOUS : Synthse darticles et douvrages, Paris 2001

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 36

    En rsum, les ONG, par certains de leurs projets, accentuent lexploitation des femmes par les hommes

    et augmentent du mme coup lingalit entre les deux sexes. Une ingalit qui a dj du mal se rduire

    mme lorsque les femmes accdent un statut conomique plus lev.

    En effet mme aprs avoir acquis un pouvoir conomique important, grce au financement des ONG, les

    femmes peuvent avoir du mal se faire prendre en compte. Cest dailleurs ce que soutient Marthe

    DIARRA34 par ces crits : la femme a toujours particip aux dpenses familiales et cela na pas chang

    sa position dans la famille ; le pouvoir de dcision est toujours au niveau des hommes mme sils ont

    besoin de largent de la femme pour la concrtisation de la dcision . Elle trouve que les ONG en

    accordant dans leur approche genre des crdits aux femmes ne conduisent qu un surcrot de

    responsabilits en termes de dpenses qui nest pas accompagn par un transfert de responsabilit ou depouvoir de lhomme la femme. Mais face cette thse de DIARRA35, dautres auteurs dvelopperont une

    antithse sur la question de lapproche genre des ONG.

    Laccs plus large des femmes aux micro financements est un moyen de leur donner un meilleur

    statut au sein du foyer et de la communaut, do un rle plus important dans la prise de dcision . Cette

    affirmation est de Linda MAYOUX36 qui remet ainsi en cause lide ci-dessus de DIARRA. MAYOUX trouve

    que lorsque les ONG apportent un pouvoir conomique aux femmes, elles leur apportent du mme coup

    un pouvoir de dcision aussi bien dans le foyer auprs de leurs maris, que dans la communaut tout

    entire.

    Dorris BONNET37 quant elle proposera une combinaison quilibre entre combat contre les

    mentalits et combat conomique. Celle-ci soutient que on ne changera pas les comportements en

    voulant uniquement intervenir sur les croyances ou les mentalits (ducation sanitaire, campagnes de

    planification familiale, etc.) mais en modifiant conjointement les conditions de vie des hommes et des

    femmes et conscutivement les relations de genre.

    Lauteur qui sera plus catgorique face cette thse de DIARRA38 est Mohamadou ABDOUL39 qui affirme

    sans dtour que quand le pouvoir conomique des femmes nest pas accompagn de pouvoir de

    34 Marthe Diarra : Femmes et Microconomie, le petit crdit. Genve, Berne, IUED (Institut Universitaire dEtudesdu Dveloppement et de la coopration, Commission nationale Suisse pour lUNESCO, DDC, 1998.35 Item op cit 36 Linda MAYOUX : Les silences de lconomie : Economie et rapports sociaux entre hommes et femmes ; Genve,Berne ; IUED 199837

    item op cit 38 Marthe Diarra (1998)39 Mohamadou ABDOUL et alii : dans Franois HAINARD, Christine VERSCHUUR : Femmes dans les crisesurbaines ; Relations de genre et environnements prcaires ; Karthala ; Paris 2002.

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    dcision, ceci nest autre que le fruit de "lorgueil des hommes" . A partir dune tude Santhiala au

    Sngal, ABDOUL40 et ses collgues y constatent que le travail confre aux femmes un sentiment

    dindpendance et une considration de la part de leurs maris, des voisins, du quartier qui leur vouent

    respect et admiration. Elles dpassent le cadre strict de la subsistance de la famille et accdent au pouvoir

    de dcision.

    Aprs ces thse et antithse dveloppes par les auteurs, quelle synthse pouvons nous dvelopper ?

    Nous pouvons retenir que le pouvoir conomique apport aux femmes par les ONG ne suffit pas souvent

    lui seul pour modifier les rapports sociaux de sexes tous les niveaux du processus de lutte contre la

    pauvret, notamment au niveau de la prise de dcision. Il faut donc aller au-del du simple projet

    gnrateur de revenus pour inculquer aux populations lesprit de lgalit. Par exemple les ONG doiventtravailler en genre avec des arguments touchant la justice/quit sociale ainsi que sur des arguments

    defficacit du dveloppement par le genre. Il faut par exemple faire la part des choses entre relever le

    niveau des femmes ou de rduire le monopole des hommes. Ainsi les hommes nauront plus tre

    orgueilleux en voyant au genre la qute dune meilleure distribution sociale et non une faon de mettre en

    seconde position leur efficacit pour la promotion du dveloppement. Ceux-ci exprimeront moins leur

    orgueil, si on leur parlait de lavnement dune socit plus dmocratique, plus libre et plus galitaire

    comme le dit Javati GHOSH41 par une place plus importante accorde aux femmes.

    Les ONG pourront ainsi se diffrencier du secteur priv dans lequel, il sagit essentiellement dune question

    de ressources et de rendement ou dutilisation des comptences fminines dans un but defficience. Il ny

    est pas prvu que les femmes aient du pouvoir et quelles en usent ; elles sont une ressource qui peut tre

    et sera utilise par ceux qui ont le pouvoir (les hommes). La question de lgalit des sexes nest donc plus

    traite comme un problme se posant la socit, mais comme un problme organisationnel devant

    trouver une solution pour que lentreprise rponde lattente de ses clients.

    La seconde analyse qui peut tre faite de ce thme de la promotion du genre par les ONG cest que ces

    institutions doivent apprendre aller au-del de la simple raction aux politiques officielles, et intgrer le

    genre de faon transversale pour une relle promotion du genre aussi bien sur le plan conomique que

    pour la prise de dcision. Cette rflexion rsulte de la remarque suivante : si le discours est cohrent, la

    pointe de la rflexion sur la promotion du genre dans les programmes qui veut que les attentes des

    bnficiaires priment sur les autres considrations, force est de constater que, dans la ralit du terrain,

    40 Item op cit 41Jovati GHOSH : Alternatives Sud (Letri-harmattan) ; 1999, vol4 ; traduit de langlais par Karine ALVAREZ

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 38

    toutes les tapes de ce processus qui, si elles taient respectes devaient conduire les bnficiaires une

    vritable prise en charge de leur dveloppement, sont en fait souvent escamotes par les ONG,

    hypothquant du mme coup le succs de leur intervention. En effet bien souvent le terme"genre" est

    rajout dans la formulation des programmes sans rien en changer ; les programmes ne sont guids que

    par une obligation de "genrer" : les attitudes et les habitudes de planification et les valeurs institutionnellesnvoluent pas. La participation des femmes est instrumentalise pour servir lefficacit des programmes

    sans forcment servir leur mancipation. Lapproche genre peut donc tre sur toutes les lvres et dans les

    documents sans tre prsente ni dans les esprits ni dans les actions. Les programmes se rduisent

    souvent "mettre le genre dedans" sans souci de transformation et mme en faisant presque un contre

    sens. La question du contre sens rsulte le plus souvent de la place qui est accore aux hommes.

    - La place des hommes

    Pour une actrice du genre telle que Claudy- VOUYE42, les organisations et les femmes ne sont pas les

    seuls acteurs qui doivent intervenir sur les relations de genre. Les hommes aussi doivent tre viss. Il

    faut travailler sur et avec les hommes dit-elle. Elle propose par exemple que, dans la relation femme/

    homme, la masculinit et le rle des hommes soient un sujet dtude et de dbat dans les formations.

    Mais cette place des hommes dans lapproche genre ne fait pas lunanimit car pour ce qui est de ce

    partenariat avec les hommes pour la rduction des ingalits en genre Jeanne BISSILIAT43 quant elle yvoit un paradoxe. De son avis il serait pour le moins paradoxal que les hommes accordent aux femmes un

    pouvoir de dcision puisque la ngation du travail productif fminin est justement llment essentiel de

    leur position dominante. Et BISILLIAT de poursuivre que cette contradiction structurale ne peut tre rsolue

    par la seule vertu dune conception utopique et mythique et valable soit-elle de lorganisation sociale et

    du changement social. Mais Mohamadou ABDOUL44 na-t-il pas voqu lorgueil des hommes ?

    Mais de tout cela nous devons reconnatre que, mis part lorgueil des hommes et, que ceux-ci soient ouiou non intgrs dans les approches genre, il existe plus dune raison de collaborer prioritairement avec les

    femmes, notamment travers les crdits. En effet, dune part elles vont plus probablement partager leurs

    prts avec les membres masculins du mnage. Avec elles il est plus probable que toute la famille en

    bnficie conomiquement et elles-mmes personnellement et socialement. Dautre part les prts aux

    hommes ont peu deffet car ils renforcent les ingalits de genre au sein des mnages en offrant aux

    42

    Claudy VOUYE (2006).43 Jeanne BISILLIAT : La sortie des femmes du travail invisible : les femmes dans lconomie ; Revue Tiers-monde, Tome XXVI ; n102 ; Avril- Juin 1985.44 Mohamadou ABDOUL et alii (2002).

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 39

    hommes un moyen ventuel dempcher leurs femmes davoir leurs propres activits gnratrices de

    revenus. Mais pour rsoudre ce problme avec les hommes la principale solution est de les informer et les

    sensibiliser et ceci principalement travers la formation.

    - La formation

    La formation est un outil, une stratgie, un espace de rflexion, un lieu de dbats et peut-tre de lutte.

    Cest un processus de transformation qui vise augmenter la connaissance et dvelopper la

    comprhension dans le but de changer les attitudes. La formation vise aussi proposer des outils

    permettant daccompagner ce changement . Cette dfinition de Mandy MCDONALD45 nous situe sur les

    diffrents apports contours que contient la stratgie par la formation.

    La ncessit de former les populations est ne dun constat fait par les ONG selon lequel il est capital que

    toutes les actions soient accompagnes ou prcdes de mise jour sur le plan des opinions, des

    connaissances et des enjeux des actions. Il faut guider le paysan, lui venir en aide afin quil se retrouve

    par rapport aux projets qui lui sont destins ; et tout cela ne peut que se trouver dans la formation . Ce

    rcit dun responsable de AEC/BF46 montre quel point il est indispensable de former les populations

    rurales afin quelles puissent exprimer leurs besoins rels et quelles puissent mieux collaborer avec les

    institutions de dveloppement. Ainsi les ONG pourront promouvoir un vritable dveloppement au profit de

    ces populations.

    Cest aussi ce type dassistance non matrielle que E. F. SCHULMACHER47 met en valeur lorsquil nous

    dit que la meilleure aide que lon puisse apporter est une aide intellectuelle : faire cadeau dun savoir

    utile. Donner en cadeaux des biens matriels, cest rendre les gens indpendants. Par contre leur donner

    le savoir, cest les rendre libres .

    Il y a donc un besoin de sensibilisation, de conscientisation et de responsabilisation lendroit de ces

    populations qui souvent ont du mal se rendre compte de la situation dans laquelle elles se trouvent ; une

    situation quelles mmes croient irrversible. Le cas de la formation en genre peut tre pris en illustration:

    la sensibilisation des hommes en tant que citoyens sur les effets nfastes des ingalits aussi bien sur le

    dveloppement que sur la socit ; ceci pourrait ralentir leur complexe dinefficacit dans la lutte contre la

    pauvret chaque fois que leur sera voqu le genre.

    45 Mandy MCDONALD (1993)46 AEC/BF (1988)47 E.F. Schulmacher : Small is beautiful ; le Seuil 1978, cite par Marie Christine Gueneau (1986), P 173.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 40

    Mais ce quil faut dplorer pour ce qui concerne cette stratgie novatrice cest ce que nous fait remarquer

    Hlne RYCKMANS48 particulirement pour les formations en genre : malgr le terme "genre", les

    formations se centrent souvent sur les femmes et les changements autour de leurs conditions, pas de la

    relation femmes/hommes . Les formations sont souvent "hors sujet" et sont dispenses pour servir

    defficacit des programmes et parfois mme pour puiser les enveloppes budgtaires. Il ne faut donc pas"former pour former" car une formation peut tre trs bonne et navoir aucun effet durable sur les

    organisations. Certes la formation elle-mme est importante mais les facteurs qui contribuent limpact

    dune formation sont ailleurs, notamment dans le soutient organisationnel avant et aprs la formation. Une

    formation sera sans effet si elle est le dbut et la fin dune action.

    Il est donc urgent de passer du "rafistolage" au "grand mnage", de repenser stratgiquement la place et le

    rle de la formation pour une meilleure action sur le terrain. Plus que de faire la somme desfemmes/hommes qui ont suivi les formations, laspect qualitatif doit entrer en ligne de compte. Quest-ce

    que ces personnes souhaitaient/avaient besoin dapprendre et/ou de savoir faire ? Les formations ont-elles

    rpondu cette attente ? La formation a-t-elle permis damliorer les pratiques, de changer les attitudes ?

    Quel est limpact de ce changement sur le droulement des programmes et par ricochet, sur les femmes et

    les hommes et les rapports entre eux dans lorganisation. Sinterroger et rpondre ces questions sont

    la cl dun vritable impact de la formation sur les populations bnficiaires.

    Des ouvrages mthodologiques ont aussi fait lobjet dune investigation dans le but dadapter notre tude

    aux principes thoriques de base de la recherche sociologique.

    1.3. PROBLEMATIQUE

    Les premires actions touchant la question des sexes dans le dveloppement taient principalement

    issues de mouvements de femmes militantes et faisaient de la femme le centre dintrt. Ces actionstaient exclusives aux femmes non seulement en tant que bnficiaires mais aussi en tant quactrices :

    cest ainsi quest n le concept dIntgration de la Femme au Dveloppement (IFD).

    Cette approche qui cherche donner des pouvoirs aux femmes pour modifier les rapports ingaux entre

    les femmes et les hommes sera critique du fait quelle restera exclusive au seul sexe fminin et en

    48 Hlne RYCKMANS : La formation en genre dans le monde francophone ; pratiques et enjeux. Colloque Ined2000 et sur www.ined.fr/coll_abidjan/publis/pdf/session2/ryckmans.pdf

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 41

    considrant les hommes comme adversaires et non comme partenaires. Elle mettra plus laccent sur

    laction que sur lanalyse.

    Progressivement nous assisterons une volont de rduire cette connotation fministe et antagoniste de

    la lutte contre les ingalits pour centrer laction sur les deux sexes et leurs rapports sociaux. Cest ainsique natra la notion de Genre et Dveloppement qui sera fonde sur une analyse des constructions

    sociales des sexes dans le dveloppement.

    Dimportation amricaine, cette stratgie qui tait perue comme moins militante et moins engage

    deviendra celle qui passera le mieux et que la solidarit internationale prendra son compte.

    Si un pays comme la France nest pas reste en marge de limportance croissante des ONG, elle est parcontre en retard sur la question de la prise en compte du genre dans sa politique de coopration au

    dveloppement. En effet aprs avoir rsist de faon particulire la monte du fminisme, la France ne

    parat pas non plus avoir donn une place de choix au Gender .

    Mais une question qui surgit toujours ; qui est apparue avec les ONG et qui reste dactualit est la question

    de ladquation entre les stratgies prvues par ces ONG au Nord et celles de leurs partenaires

    (auxiliaires) du Sud. Notamment quant il sagit de rpondre aux actualits de la lutte contre la pauvret. Un

    de ces dcalages peut tre dans la volont quaffichent certaines ONG de rduire les ingalits entre les

    hommes et les femmes pour ce qui concerne le dveloppement. La faon dont le genre est pens depuis

    le sige des ONG est-elle en adquation avec les rapports locaux de sexes et les proccupations des

    populations bnficiaires ?

    La plupart des ONG qui se sont engages dans la question de lintgration de la femme au dveloppement

    ont toujours sembl laiss une place au genre dans leur dmarche. Elles semblent dailleurs plus ouvertes

    au genre que les structures gouvernementales. Mais bien regarder ces agents de dveloppement dans

    leurs prestations souvent le genre y gagne, souvent le genre y perd; c'est--dire que les actions de ces

    ONG rduisent souvent les ingalits mais parfois elles les accentuent. Cest du reste ce que nous

    rvlent les analyses des auteurs qui se sont intresss la question "ONG et genre". La question des

    rsultats ne sera pas celle qui guidera notre investigation. Celle-ci sera oriente vers lanalyse du

    processus en amont plutt que du constat des rsultats au niveau des populations locales pour savoir

    comment les ONG passent du "bureau au terrain" dans la prise en compte du genre. Il sagit dune

    investigation sur les stratgies et les bases reprsentationnelles sur lesquelles elles reposent.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 42

    Nous pouvons donc nous demander dans quelle mesure lmergence de la problmatique genre dans les

    ONG traduit une proccupation occidentale ou trouve-t-elle des points dencrage dans les proccupations

    et les systmes de reprsentation des populations locales ? En dautres termes comment en amont sont

    associs certains fragments des populations bnficiaires ; c'est--dire jusquo les populations et

    notamment les femmes coproduisent les projets de dveloppement ? Quelle place occupe lanalyse desrapports de sexes ? Quelles sont les raisons qui justifient lintroduction du genre dans les principes de

    financement ? Enfin nous pouvons nous interroger sur les logiques et les enjeux de la prise en compte de

    lapproche genre. Mais avant tout quest-ce quune ONG qui prend en compte le genre ?

    1.4. OBJECTIFS ET HYPOTHESES

    Objectifs

    Il sagira par une tude comprhensive de lapproche genre des ONG, de sinvestir sur la conduite

    technique et organisationnelle des ONG franaises dans leur processus de collaboration et dappui aux

    ONG et aux populations du sud pour ce qui concerne leurs stratgies de rductions des ingalits. Le but

    nest pas dexpliquer uniquement comment les choses sont rellement, mais aussi et surtout comment

    elles sont expliques, interprtes et comment elles sont justifies par les acteurs en prsence. Nous nous

    intresserons la manire de prsenter le genre, la manire dont il sexprime selon le discours et la

    mesure dans laquelle les proccupations des paysannes sont prises en compte.

    Nous mettrons dune part laccent sur lensemble des reprsentations et des pratiques par lesquelles les

    acteurs des siges saisissent la situation du genre dans les pays o ils interviennent. La question nest

    pas : quelle point telle reprsentation exprime la vrit ou telle stratgie est mauvaise ? Mais

    quimpliquent ces reprsentations ? Comme est formule la question genre dune ONG lautre, dun

    acteur (individuel) lautre ? Quelle est la place de lanalyse ?

    Dautre part sur le plan des stratgies et de la prise de dcision nous chercherons savoir dans

    quelle mesure lmergence de la problmatique genre pourrait-elle rsulter dune proccupation autre que

    celle de rpondre aux besoins des dvelopps.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 43

    Hypothses

    Notre travail sarticule autour de lhypothse selon laquelle la conduite technique et organisationnelle des

    ONG pour la prise en compte du genre dans leurs stratgies de dveloppement est base sur des

    systmes de reprsentation, des idologies, des strotypes. Que ces systmes de reprsentations quirsultent dun manque danalyse des rapports locaux de sexes ont une incidence capitale (plus ou moins

    ngative) sur la prise en compte du genre et de sa mise en uvre sur le terrain.

    Nous supposons dautre part que mme si on parle beaucoup de participation , de recherche

    participative ou participation communautaire , au bout du compte il sagit dun intervenant extrieur

    qui tente de changer les choses. Les ONG feraient dautre part le genre par souci de bonne conduite

    lgard des enjeux actuels de la coopration internationale influencs par des idaux dmocratiques et lgard des partenaires occidentaux.

    1.5. DEFINITION DE CONCEPTS

    Dveloppement et dveloppement local

    Le dveloppement est un concept complexe, vaste, qui fait lobjet de nombreuses thories de la part des

    spcialistes qui chacun dans son domaine et selon son orientation idologique, privilgie telle ou telle

    dimension. Il est communment dfini comme tant laction de dvelopper, de dployer quelque chose

    et comme lamlioration quantitative et durable dune conomie et son fonctionnement. Cest la

    croissance, lextension .

    La dernire dfinition, conoit le dveloppement comme une simple croissance conomique. Le

    dveloppement serait alors synonyme de croissance conomique. Si cette dfinition rejoint bien la

    conception du dveloppement par les pays du Nord, conception guide par les dsirs daccumulation de

    richesses et de confort qui rsulte dune volont de rompre avec le pass, elle ne fait pas lunanimit.

    En effet cette conception du dveloppement ne rejoint pas celle de CISSE Ben Mady pour qui le

    dveloppement est un mouvement, une modification en profondeur de la socit sous tous ses aspects :

    conomiques, sociaux physique mme . Nous avons l une conception plus globale de la notion de

    dveloppement. En effet, selon cet auteur, le dveloppement doit prendre en compte toutes ses

    composantes de la vie sociale, lhomme y compris.

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    Mmoire de Master1/P. Maxime OUOBA 44

    En plus de ces deux (02) conceptions du dveloppement, il est important de mentionner que le

    dveloppement peut avoir deux origines : lune, interne (cest le dveloppement endogne) ; lautre externe

    (cest le dveloppement exogne). Pour J. Ky Zerbo, "le dveloppement est un passage de soi soi mme

    sans se dtacher du pass".

    Le dveloppement endogne, encore appel dveloppement autocentr est produit par la population dune

    socit, dun pays, dune nation sans lintervention dune main extrieure. Ici, le processus est suscit,

    dclench par la population elle-mme et pour elle-mme. Nous dbouchons l sur le concept de

    dveloppement local.

    "Le dveloppement local est la mise en mouvement et en synergie des acteurs locaux pour la valorisation

    des ressources humaines et naturelles dun territoire donn, en relation ngocie avec les ensemblesconomiques et politiques plus vastes dans lequel ils sinsrent" Paul HOUE (1998 12)

    Cest le paradigme du dveloppement "par le bas" qui est mis en relief travers ce concept.

    Les acteurs locaux seront donc les hommes, les femmes et autres groupes formels et informels de la

    famille, du village, de la rgion. Le principe est de compter sur ces propres moyens humains, culturels et

    matriels. Et Bernard Ldea OUEDRAOGO dajouter que : "le dveloppement nest pas ce quon apporte,

    cest ce quon fait clore ; ce nest pas ce quon impose de lextrieur cest ce quon invente sur place".

    Pour lui "lanimation reste la cl de vote du dveloppement. Elle dsigne lensemble des mthodes et des

    oprations qui permettent un groupe humain de prendre en charge son dveloppement".

    Ainsi il explique que, avec les paysans il sagira dveiller leur conscience sur leurs propres problmes afin

    quils dcouvrent le chemin parcourir et trouvent la force et la volont de le faire ensemble.

    On dit donc que cest un type original de dveloppement pour les milieux les plus dfavoriss, en

    privilgiant lexpression de la dynamique intrinsque des communauts locales. Cest donc une approche

    qui valorise lindividu et la collectivit en suscitant linitiative dentreprendre en vu dune auto prise en

    charge. Cest une approche responsabilisante, autonomisant parce quil y a des approches qui