MBA ou MS : faire le bon choix
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MBA OU MS : NOS CONSEILS POUR FAIRE LE BON CHOIX
Joëlle Planche-Ryan est responsable du développement du pôle Carrière de la société des anciens des Arts et Métiers et ancienne du MBA du Boston College.
REPORTAGE Les nouvelles façons de se financer un cursus diplômant
ENQUÊTE Décrocher un bac + 5 tout en continuant à travailler
INTERVIEW « Pour réussir une VAE, il faut parfaitement définir son projet professionnel », Gérard Podevin du Cereq.
emploiproformation
La formation a obtenu le label qualité de l’Université des Métiers du Bâtiment de Bourgogne
Université des Métiers du Bâtiment de Bourgogne
UMBB
ESIREM DIJON
Ecole d'IngénieursMatériaux - InfoTronique
Université des Métiers du Bâtiment de Bourgogne
UMBB
Le futur se construit dès aujourd’hui !
PRÉSENTATION DE LA FORMATIONCe diplôme conjugue de très hautes expertises professionnelles, des connaissances techniques pluridisciplinaires et une approche managériale innovante.
OBJECTIFS DE LA FORMATIONLa formation vise à :Renforcer ses compétences techniques de la maîtrise de l’énergieOptimiser la conception environnementale et énergétique du bâtiAcquérir une vision psycho-sociotechnique de la conception du bâtimentFédérer, rassembler et animer des équipes pour concevoir un bâtiment performant Maîtriser le management de projetsCoordonner simultanément les acteurs des différents corps de métiers…
PUBLIC Toute personne confrontée à la gestion de projets (architectes, chefs de projets, conducteurs de travaux, chefs de chantiers…)
PRÉ-REQUIS Bac + 2 en relation avec le domaine (Génie Civil, Electrotechnique, Environnement, Gestion de l’énergie, Economie de la construction…)Validation des acquis professionnels
FACILITÉ D’ACCÈS À LA FORMATIONLa formation peut être suivie sur une ou plusieurs années
DISPOSITIFS D’ACCÈS POUR LES SALARIÉSPériodes de professionnalisation, contrat de professionnalisation, compte personnel de formation, droit indivuel à la formation, plan de formation, congé individuel de formation
DISPOSITIFS D’ACCÈS POUR LES DEMANDEURS D’EMPLOIChèques formation, aide du Conseil Régional (en Bourgogne), contrat de professionnalisation
PROGRAMME (210H)Conduite de projet, gestion d’affaires et managementUE1 Droit - Législation - UrbanismeUE2 Management et gestion de projets - Gestion d’affairesUE3 Communication interpersonnelle et managériale, animation d’équipe
Maîtrise et Gestion de l’énergie et de l’environnement du bâtimentUE4 Réglementation thermique et environnementaleUE4 Bâtiment et environnement : architecture bioclimatique et à énergie positiveUE5 Energie et transferts énergétiquesUE5 Energies renouvelables : éolien, biomasse, géothermie, solaire, etc.UE6 Thermique du bâtiment, chauffage, ventilation, climatisation, normes et réglementationUE7 Audit energétique, construction neuve et rénovation : DPEUE7 Systèmes de management de l’énergie
Développement durable et éco-comportementsUE8 Contraintes et réglementations liées au développement durable, stratégies adaptéesUE8 Responsabilité sociale des entreprises et développement durableUE9 Prise en compte des éco-comportements et de l’usager dès la conception
DURÉE 3 jours consécutifs une fois par mois d’octobre à juillet
LIEUX DE LA FORMATION À DIJONTour ELITHIS (modèle d’efficacité énergétique et environnementale)Locaux de l’ESIREM (campus universitaire de Dijon)
VALIDATIONDiplôme universitaire de niveau 2 (Bac +3)
TARIFSFormation complète (5400 + 200€ de frais d’inscription universitaire)Modules de 3 jours (Nous consulter)
QUESTIONS ET INSCRIPTION ADMINISTRATIVEMyriam DAVID (assistante administrative)
Tél : 03 80 39 37 71 - myriam.david@u-bourgogne
QUESTIONS PÉDAGOGIQUESPhilippe GRELU (responsable de la formation)
Tel : 03 80 39 60 15 - [email protected]
TARIFS ET FINANCEMENT DE VOTRE FORMATIONEmmanuel SALEUR (ingénieur d’études)
Tél : 03 80 39 38 69 - [email protected]
Diplôme Universitaire Management de la Performance Energétique du Bâtiment
www.emploi-pro.fr ı MBA ı juin 2014 3
Édito
C’est une situation kafkaïenne, mais
bien réelle. La société française
et ses recruteurs privilégient la
formation initiale. Tant et si bien que les
diplômés issus d’une formation continue
sont parfois considérés comme des
empêcheurs de tourner en rond par leur
hiérarchie. Un comble. Alors faut-il pour
autant baisser les bras ? Bien sûr que
non. Des personnalités capables, à 30
ans, de mettre entre parenthèses leurs familles, leurs loisirs, leur
confort pour développer leurs compétences, se remettre en
question, travailler 60 heures par semaine sont des héros. Elles
ne doivent pas s’arrêter en chemin du fait d’un environnement
social engoncé, malade de ses diplômes et de ses privilèges.
Avec ou contre son employeur, il faut donc se former tout au
long de sa vie. C’est inéluctable. Cependant, cette aventure
doit être engagée, le plus possible, en symbiose avec son
entreprise. Cela facilite grandement les choses. En amont pour
financer son cursus et étudier dans de bonnes conditions. En
aval, ensuite, pour être promu à la suite du cursus. Mais si cela
doit se faire sans l’employeur, cela se fera aussi. Le nombre
de recrutements de cadres est en constante augmentation
depuis une vingtaine d’années. Aujourd’hui, en pleine crise
économique, avec un chômage global dépassant, mi-2014,
10 % de la population active française, le chômage des cadres
est quasi inexistant. Alors se former permet d’intégrer ces
« happy fews », d’améliorer son employabilité et de trouver du
travail en externe s’il le faut. Si l’employeur ne comprend pas
que décrocher un diplôme de haut niveau par la formation
continue est une preuve d’abnégation, de courage, de
force de travail, d’humilité, de remise en question, un autre,
plus malin, plus ambitieux, le comprendra. Cette nouvelle
édition des guides emploi-pro
consacrée aux MBA et autres
Mastères spécialisés a, enfin, pour
ambition, de vous guider dans vos
choix en matière de cursus mais
aussi de financement de cursus
souvent onéreux. La formation
continue constitue une deuxième
chance. L’ensemble de la société
française doit le comprendre. L’ensemble des employeurs aussi.
Certains mettent du temps à intégrer cette donnée. Oubliez-les
et passez votre chemin. Ce sont aussi ceux qui disparaîtront en
premier.
Gwenole GuiomardRédacteur en chef d’emploipro [email protected]
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Se former tout au long de la vie est inéluctable
Une preuve d’abnégation, de courage, de force de travail, d’humilité…
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GRAND TÉMOIN
INTERVIEW
REPORTAGE
DR
DOSSIERL
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MBA OU MS : NOS CONSEILS POUR FAIRE LE BON CHOIX Une envie de monter en compétences et en responsabilité ? Les MBA et les MS s’adressent à tous les cadres avides de trouver des programmes qui doperont leurs carrières. Mais lequel choisir ? Voici des éléments de réponses pour savoir si vous êtes plus fait pour un MS ou pour un MBA. P 6
ENQUÊTEDÉCROCHER UN BAC +5TOUT EN CONTINUANT À TRAVAILLERComment suivre les 350 heures (au minimum) de cours d’un Master, tout en continuant son activité professionnelle ? De plus en plus d’écoles et d’universités résolvent ce paradoxe en proposant des formations diplômantes en part-time, en cours du soir ou à distance. P 14
« LES IAE DÉLIVRENT DES MASTERS, SOIT UN DIPLÔME NATIONAL ET UN GRADE. C’EST UNE VÉRITABLE FORCE »IAE : trois petites lettres et beaucoup d’effet ? Ces instituts d’administration des entreprises qui ont accueilli, dès l’origine, des cadres souhaitant compléter leurs expériences par un bagage académique en gestion et management connaissent, il est vrai, un franc succès. Jérôme Rive, président du réseau des IAE, revient sur leurs atouts. P 12
LES NOUVELLES FAÇONS DE SE FINANCER UN CURSUS DIPLÔMANTLe 6 mars dernier était publiée, dans le Journal officiel, la loi relative à la formation professionnelle. Avec elle, il sera plus facile pour les salariés de se faire financer un cursus diplômant. P 22
« POUR RÉUSSIR UNE VAE, IL FAUT PARFAITEMENT DÉFINIR SON PROJET PROFESSIONNEL ET ÊTRE BIEN ACCOMPAGNÉ »Gérard Podevin est coauteur, avec Nathalie Beaupère, de l’étude « Pour un accompagnement global des parcours de VAE » (Bref du Céreq, n° 302, novembre 2012,téléchargeable sur le site www.cereq.fr). Il est aussi directeur adjoint du centre associé au Céreq pour la région Bretagne. Il nous explique Ô combien ce parcours VAE est difficile. Il nous précise comment franchir, avec succès, ses différentes étapes. P 18
Sommaire
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Emploi-pro - Site Internet : www.emploipro.fr17, rue d'Uzès 75002 - Téléphone : 01 40 13 (+ n° poste) - Fax : 01 40 13 39 86 - Directeur de la publication : Christophe Czajka - Directeur du Pôle Annonces : Véronique Billaud - Rédacteur en chef : Gwenole Guiomard - 36 94 - Rédaction : Lucile Chevalier - Secrétaire de rédaction : Martine Favier - Pôle commercial : Sandra Mention - 36 78 - Maquette /conception graphique et réalisation : Caroline Place - 36 84 - IMPRESSION : ROTO FRANCE IMPRESSION 77185 LOGNES - SAS au capital de 37 000 Euros RCS Paris 507 644 482 - N° TVA FR 90 507 644 482
Spécial «MBA»
Supplément à L’Usine Nouvelle n° 3381 du 12 juin 2014 - Numéro d’enregistrement à la Commission paritaire pour les publications non quotidiennes 0712 T 81903 - Supplément à L’Argus de L’Assurance n°7366 du 13 juin 2014 Numéro d’enregistrement à la Commission paritaire pour les publications non quotidiennes 0212 T 81380 - Supplément à LSA n° 2324 du 12 juin 2014 Numéro d’enregistrement à la Commission paritaire pour les publications non quotidiennes 0914 T 84928 - Ne peut être vendu séparément.
Des publications du groupe INFOPRO DIGITAL, Antony Parc II - 10, place du Général-de-Gaulle - 92160 Antony Cedex
www.emploi-pro.fr ı MBA ı juin 2014 4
Brèves
Master, grade de Master, Mastère, Master of, c’en est trop ! Geneviève Fioraso, alors ministre de l’Ensei-gnement supérieur et de la Recherche, aujourd'hui secrétaire d'état dans ce même domaine, veut y mettre bon ordre. D’ici à juillet, sera votée une loi qui permettra de sanctionner plus durement toutes les écoles privées usant abu-sivement du terme master. Et le ministère entend aussi surveiller davantage le processus de création des Masters. Le label Masters of Science a ainsi été déposé en 2002 par la Conférence
des grandes écoles. Cela irrite ces établissements qui ont sonné le tocsin à la fin janvier. Elles veulent garder les mains libres tant sur les intitulés que sur les modalités et les délais de création.
Touche pas à mon MSc !
Fraîchement diplômés d’une grande école, peu sont prêts à enchaîner de nouveau avec un Bac +6 ou un MBA. Trop tôt peut-être. Et cela est encore plus vrai pour les ma-nagers, seulement 5 % d’entre eux décident de pour-suivre leurs études contre 16 % des ingénieurs. 8 % des « nouvellement » ingénieurs optent ainsi pour un doctorat et le soutien d’une thèse, 4 % pour un Mastère spécialisé ou un Master of Science, et 0,5 % pour un MBA, détaille la dernière enquête d’insertion de la CGE. Concernant les managers tout juste diplômés, 1 % continue avec un MS ou MSc, et 0,25 % opte pour le MBA. Des chiffres stables depuis 2002.
4 % des ingénieurs poursuivent leurs études avec un MS
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Les titulaires de MBA reviennent dans la course
Le MBA est resté en 2013 un produit attractif. Selon la der-nière étude réalisée par la QS Intelligence Unit auprès de 4 300 employeurs dans 39 pays, les embauches de titulaires de MBA ont aug-menté de 14 %. Certes, il y avait eu la crise, avec une baisse de 5 % dans les recrutements de MBAistes en 2009, mais tout cela fait partie du passé. En-fin, pas complètement. Alors que les recruteurs asiatiques raffolent des diplômés en MBA – sur cette région les embauches ont bondi de 20 % en 2013 – les Américains et recruteurs d’Europe occi-dentale se lassent un peu. Aux États-Unis, les embauches ont augmenté péniblement de 2 % et en Europe de 1 % en 2013. Mais ce ne serait que partie remise, anticipe la QS Intelligence Unit. Le retour de la confiance sur les marchés et de la crois-sance en 2014 devrait remettre les titulaires de MBA dans la course. L’étude prévoit une hausse de 16 % des embauches aux États-Unis et de 6 % en Europe. Le conseil, la finance, les hautes technologique, gros consommateurs de MBA en 2013, devraient être les moteurs de ce redémarrage.
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Geneviève Fioraso.Le campus de Centrale Paris.
Vie et mort des MSEn 2013, 27 MS ont poussé leur dernier souffle et 33 ont pous-sé leur premier cri. Conçu pour répondre aux besoins des entreprises, ce Bac +6 évolue au gré des tendances du mar-ché. Ainsi, en jetant un œil sur les nouveaux arrivants, force
est de remarquer la poursuite de l’internationalisation de ces cursus avec 5 nouveaux MS créés en partenariat avec des universités africaines, américaines et chinoises. Et un grand intérêt pour les expertises en Big Data, en management des risques et en santé.
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Les MS en Big Data se développent.
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Brèves
Il ne faut pas voir une dépense mais un investissement, cla-ment les business school. Toutefois, les paroles ne pèsent pas lourd par temps de disette. Il faut des preuves, et le dernier classement du Financial Times arrive à point nommé pour faire rêver. Les anciens qui gagnent le plus viennent du MBA de Stanford : 134 135 euros par an en moyenne 3 ans après l’obtention du « booster de carrière » qui n’aura coûté au final que 142 000 euros de frais de sco-
larité. Les anciens du MBA chinois de la Ceibs ont vu leur salaire exploser de 156 % pour atteindre une moyenne de 92 000 euros pour un investissement de départ de 46 500 euros. De toute façon, suivre un des 10 meilleurs MBA mon-diaux constitue l’assurance de voir son salaire doubler. Un discours bien huilé à répéter auprès de son banquier.
Les MBA qui rapportent le plus
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Le MBA constituerait l’assurance de voir son salaire doubler.
Repenser le MBA Un MBA ne vaut vraiment le coup que dans 5 % des cas, selon Steve Tappin, coach pour dirigeants et auteur des Se-crets des dirigeants, Nicholas Brealey Publishing. Trop cher,
tests d’admission évaluant mal les capacités en leadership, contenu trop théorique et faibles débouchés, le conseiller des patrons milite, à travers une pétition sur LinkedIn, pour un nouveau MBA : un Master of Business Leadership.
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Hausse des salaires des diplômés en MBA
Les jeunes diplômés de MBA n’ont pas eu grand mal à vendre leur MBA sur le marché de l’emploi en 2013. Par-tout, à l’exception de l’Europe centrale, les salaires ont été à la hausse, indique la QS Intelligence Unit : + 8 % en Asie, + 5 % au Moyen-Orient, + 4 % en Europe occidentale comme en Amérique du Nord. En revanche, ils sont res-tés stables en Amérique latine et ont baissé de 5 % en Eu-rope centrale. Les pays les plus généreux sont l’Australie (96 760 euros de salaire moyen annuel), la Suisse (94 290 euros) et le Danemark (88 260 euros).
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Au début 2014, 88 000 personnes étaient inscrites sur la plate-forme de France université numérique (FUN...). Un franc succès pour ces premiers Moocs (Massive Open Online Courses – cours en ligne ouverts et massifs). Le programme « du mana-ger au leader », proposé par le Cnam (Conser-vatoire national des arts et métiers) a reçu plus de 14 000 inscriptions confirmant l’envie des salariés de retourner vir-tuellement sur les bancs d’universités. La ministre de l’Ensei-gnement supérieur et de la Recherche a annoncé qu’un fonds d’investissement de 5 millions d’euros sera destiné à la création de Moocs dédiés à la formation professionnelle.
Succès de la plate-forme France université numérique
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www.emploi-pro.fr ı MBA ı juin 2014 6
Dossier
« Faire un MS pour changer complètement de métier n’est pas une bonne idée. Un acheteur qui voudrait passer à la finance devra d’abord passer par un poste intermédiaire et ensuite envisager un MS », conseille Christian Gury, spécialiste de la gestion de carrière.
« Les anciens de notre MBA disent souvent que notre
programme a changé leur vie », déclare avec emphase
l’Insead sur la page de présentation de son MBA. En effet,
ce « cursus d’apprentissage accéléré sur 10 mois » trans-
forme des cadres à haut potentiel en « leaders à succès,
porteurs d’une vraie valeur ajoutée pour leur entreprise »
et bien mieux rémunérés. Le salaire des participants
à ce programme double dans les années suivant la fin
du cursus, précise le Financial Times. Pour les Mastères
spécialisés, plus jeunes et plus français, on retrouve les
mêmes ficelles dans l’argumentaire. L’Essec, certes avec
moins de lyrisme, définit ces Mastères spécialisés comme
d’« excellents moyens d’élargir compétences et opportu-
nités professionnelles ». Ils permettraient dans certains cas
de faire un bond salarial pouvant atteindre les 25 %. Bref, le
discours est alléchant et se vend d’ailleurs très bien auprès
Une envie de monter en compétences et en responsabilité ? Les MBA et les MS s’adressent à tous les cadres avides de trouver des programmes qui
doperont leurs carrières. Mais lequel choisir ? Voici des éléments de réponses qui vous détermineront dans votre choix d'orientation vers un MS ou un MBA.
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MBA OU MS : NOS CONSEILS POUR FAIRE
LE BON CHOIX
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Dossier
L’addition s’il vous plaît ! Les frais de scolarité des MS oscillent entre 5 000 et 25 000 euros. Pour les MBA, cela peut atteindre les 100 000 euros.
En matière de MS, les plus cotés sont souvent les plus chers : 21 200 euros pour le MS
in international finance d’HEC, 24 000 euros pour l’Executive MS en mangement des
systèmes d’information d’HEC et Mines ParisTech et autour de 20 000 euros pour les MS
de l’ESCP. Et la note s’allonge. Il y a, bien sûr, les frais de dossier tournant autour de 100
euros, le gîte, le couvert, les assurances, ou l’accès Internet (HEC conseille de compter
1 000 euros par mois) et la perte de salaire au cours de l’année que dure le MS (soit 35
000 euros pour un jeune diplômé de grande école). Au final, l’année de MS coûtera
autour de 70 000 euros. Pour les MBA, l’addition est encore plus salée. De 7 000 à plus de 100 000 euros en frais de scolarité
pour les MBA américains les plus prestigieux. S’ajoutent les frais de dossier (300 euros), l’inscription au GMAT (200 euros) et
éventuellement des cours de préparation (1 000 euros), le coût de la vie (estimé autour de 25 000 euros par an à Harvard
et à Stanford) et le manque à gagner (entre 45 000 et 67 000 euros de salaire annuel pour les admis dans les meilleurs MBA
selon le Financial Times). Bref, pour un bon MBA européen qui se déroule sur un peu plus d’un an, il faut compter 126 000
euros. Et 270 000 euros pour un des meilleurs MBA américains qui se déroule sur 2 ans. Le prix d’une maison... L. C.
Pour un MBA américain, la note peut atteindre, tout compris, les 270 000 euros…
des cadres, toujours plus nombreux à être à la recherche
de programmes de formation dopant leurs carrières. Ainsi,
les effectifs inscrits au titre de la formation continue dans
les MS n’ont cessé d’augmenter pour atteindre les 28 %.
Et chaque année, un millier de cadres se ruent sur les dos-
siers d’inscription d’un des 10 meilleurs MBA mondiaux. Ah,
faire carrière ! D’accord, mais lequel de ces deux types de
diplôme amène le plus sûrement à bon port ?
LES STRATÉGIES DE CARRIÈRELe cabinet de recrutement Michael Page et le spécialiste
de la gestion de carrière, Christian Gury, préfèrent préve-
nir. « Un MBA ou un MS n’est pas une baguette magique. Il
n’y aura d’effets si, et seulement si, le diplôme visé s’inscrit
dans la logique et la continuité d’un projet professionnel. »
Cela entraîne le cadre à se poser ces deux questions.
Quel poste dois-je viser à moyen et à long terme ? Une
formation diplômante est-elle nécessaire pour l’atteindre ?
Les réponses à ces deux questions vont alors l’orienter soit
vers un MS, soit vers un MBA, soit vers aucun des deux. «
Un MS s’adresse à un candidat qui occupe une certaine
fonction et qui désire poursuivre dans cette fonction mais
à un niveau plus élevé, précise Fabienne Delorme, asso-
ciée en charge de la Practice Industry au sein du presti-
gieux cabinet de chasse de têtes CTPartners. Un acheteur,
par exemple, suit un MS en achat international pour ap-
profondir son expertise et élargir son périmètre d’action.
Il grimpera mais dans un champ précis, celui de la fonc-
tion achat. On est dans une logique d’approfondissement
d’une expertise. Le MS apporte ici une vraie valeur. » Le
MBA, c’est autre chose. « On en fait un pour sortir de l’ex-
pertise, de l’opérationnel pour aller vers plus de manage-
ment, de stratégie », analyse Joëlle Planche-Ryan respon-
sable du développement du pôle Carrière de la société
des anciens des Arts et Métiers. Elle se souvient du cas
d’un ingénieur, chef d’une petite entité de R&D de 5 per-
sonnes. Sa société a financé son MBA. Il est retourné sur
les bancs de l’école et en est revenu avec une nouvelle
approche et un discours plus stratégique sur son métier.
Il a fait savoir qu’il était intéressé par la prise en charge
de projets transversaux. Il y avait là une business unit de
20 personnes qui battait de l’aile. Son employeur lui a
confié l’affaire, à charge pour lui de donner un nouveau
souffle. Ce qu’il fit. Il dirige, aujourd’hui, une des grosses
filiales du groupe à l’étranger. Pour les MS, Joëlle Planche-
Ryan décrit d’autres parcours. Celui de cette ingénieure
des Arts et Métiers qui voulait occuper un poste opération-
nel dans un cabinet de conseil. Elle a suivi le MS en stra-
tégie d’HEC dans la poursuite de ses études. L’expertise
acquise lui a ouvert les portes du monde du conseil. Elle
a décroché le poste qu’elle visait. Il y a aussi cette jeune
femme qui travaillait pour une entreprise industrielle. Elle y
avait appris le marketing sur le tas. Pour légitimer son ex-
périence et approfondir ses compétences en la matière,
elle a décroché un MS en marketing et communication.
Elle est revenue dans son entreprise et a été rapidement
repérée par une autre société qui lui a confié un poste à
responsabilité dans le marketing. Pour résumer, dans les
3 cas, MBA et MS ont été des accélérateurs de carrière,
mais pas dans le même type de carrière.
SAVOIR, SAVOIR-FAIRE ET SAVOIR-ÊTREOn aurait pu s’en douter rien qu’à la dénomination des
deux cursus. Un MS spécialisé quand un MBA apporte des
outils de gestion d’entreprise. Autrement dit, « un MBA ap-
porte un savoir-faire et un savoir-être quand les MS
www.emploi-pro.fr ı MBA ı juin 2014 8
Dossier
LES MEILLEURS MBA FRANÇAIS Selon les classements, Insead et HEC se partagent le podium des meilleurs MBA français. Alors que l’Edhec, EM Lyon jouent les challengers.
Quels sont les meilleurs MBA disponibles sur le marché ? Les journaux anglo-saxons, se présentant comme des bibles
en la matière, adorent répondre chaque année à cette question. D’un journal à l’autre la réponse diffère. Une his-
toire de critère et de message à véhiculer. Ainsi, pour le Financial Times, les meilleurs MBA sont ceux qui permettent
de gagner le plus gros salaire. En France, c’est l’Insead qui l’emporte avec un salaire moyen annuel de 108 000
euros 3 ans après la sortie du MBA. Il est suivi par HEC qui décroche la 21e position (87 500 euros de salaire annuel
moyen) et l’EMLyon (95e) qui clôt la marche avec un salaire annuel moyen de 68 000 euros annuels. Pour The Eco-
nomist, l’intérêt d’un MBA réside dans les opportunités professionnelles qu’apporte ce dernier. Dans ce domaine,
HEC (8e) grille la première place du podium des meilleurs MBA français à l’Insead (26e). L’Edhec occupe la 3e place
du podium (62e). Mais Forbes n’est pas d’accord. Pour le journal américain, compte tenu des frais engendrés, les
meilleurs MBA sont ceux qui assurent un retour rapide sur investissement. Et ici, Insead repasse en tête en se classant
2e du palmarès des meilleurs MBA hors américains. HEC occupe la 20e place. Bref, toujours les 2 mêmes : HEC et
l’Insead. L. C.
sont beaucoup plus dans le savoir », résume Daniel Porot,
autre spécialiste de la gestion de carrière. Il suffit, d’ail-
leurs, de jeter un œil sur les programmes pédagogiques
pour s’en convaincre. À HEC, dans le MS en intelligence
du marketing, les participants se mettent en jambe avec
des cours d’introduction au marketing (data
mining, méthodes statistiques, droit du marke-
ting), poursuivent avec un apprentissage des
fondements de la discipline et de ses métho-
dologies (comportement du consommateur,
stratégie marketing, brand management, ges-
tion de projet, digital marketing strategy, etc.)
et terminent par le soutien d’une thèse profes-
sionnelle appliquée à l’entreprise dans laquelle
ils ont effectué une mission de 4 à 6 mois. À
HEC toujours, mais cette fois au sein du MBA, les
participants sont formés au marketing comme
à la finance, à l’économie, au management.
L’approche y est sensiblement différente. Ces
cours doivent les rendre capables de « com-
prendre les apports du marketing dans la plus-
value d’une entreprise », de « décrire et analy-
ser les spécificités d’un marché en utilisant les
données disponibles sur l’environnement, les
clients et les concurrents », de « développer
une stratégie marketing à partir des ressources
disponibles sur une entreprise et de son poten-
tiel sur un marché », détaille HEC.
LES RÉSEAUXUne différence de pédagogie et des équipes
pédagogiques qui ne sont nécessairement
pas les mêmes. « Les équipes de nos MS sont
composées à 70 % par des enseignants (ensei-
gnants-chercheurs, enseignants du cycle de formation
initiale et enseignants proches des chaires entreprises) et
à 30 % par des professionnels du secteur, décrit Florence
Durand, directrice opérationnelle de la formation continue
« Dans un MBA, on apprend à travailler différemment, à changer d’approches, de vision et de comportements », observe Joëlle Planche-Ryan, responsable du développement du pôle Carrière de la société des anciens des Arts et Métiers et ancienne du MBA du Boston College.
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Dossier
LES MEILLEURS MS Il n’existe pas de classement fiable pour les MS. Voici, très subjectivement, nos favoris.
Faute de palmarès probant, le salarié ou l’étudiant doit se débrouiller seul dans la jungle des 410 MS. Voici néanmoins un petit coup de pouce à travers notre sélection des meilleurs MS en finance, en marketing et en management des systèmes d’information, fondée sur la réputation de l’école, son corps enseignant et le contenu des cours. En finance, 3 écoles se démarquent. L’ESCP : son plus, ses 25 semaines de cursus réparties entre le campus parisien et le campus londonien. Il y a aussi le MS techniques finan-cières de l’Essec, un bon complément pour les ingénieurs désireux de mettre un pied dans le secteur financier. Et enfin le MS in international finance avec ses atouts : une forte réputation sur la scène internationale et ses spécialisations au choix (finance dans l’énergie, social business). En marketing, le MS de l’Essec et celui de l’ESCP se distinguent par leur contenu académique. Le plus du 1er : ses voyages d’étude dans les grandes capitales. Le plus du 2nd : les cours en e-marketing. En management des systèmes d’information, le MS proposé par HEC et Mines ParisTech offre une véritable double expertise et des chercheurs réputés. Il y en a également un proposé par Centrale, très orienté ingénieur et international (20 % des cours sont en anglais et 40 % des étudiants sont étrangers). L. C.
DR
Paris. Les participants ont ainsi accès à l’excellence aca-
démique dispensée par une grande école. » C’est d’ail-
leurs une des conditions sine qua non pour obtenir le label
« MS », attribué par la Conférence des grandes écoles. «
On s’assure que
l’établissement
a les ressources
suffisantes pour
mettre en place
le cursus et que
les entreprises
sont à la re-
cherche de ces
compétences »,
explique Alain
Storck, président
de la commis-
sion accrédita-
tion au sein de
la CGE. D’ail-
leurs, un certain
niveau acadé-
mique, Bac +5
ou à la rigueur
Bac +4 avec de
l’expérience, est
demandé à tous
les participants
de ces pro-
grammes. Pour
les postulants aux meilleurs MBA, sont exigées une richesse
dans le parcours professionnel et une ouverture internatio-
nale. La couleur est annoncée dès la composition du dossier
de candidature comprenant lettres de recommandation,
CV, score obtenu au TOEFL attestant d’un excellent niveau
d’anglais et « essays » sur le thème d’une expérience pro-
fessionnelle réussie, d’une expérience à l’étranger. Les pro-
motions sont ainsi riches de différentes nationalités (60 pour
la promo 2014 - 2015 du MBA de Harvard) et de différentes
expériences : manager, acheteur, commercial, ingénieur
travaillant dans le conseil, la finance, les NTICS, la santé, l’in-
dustrie. « Avec un MBA vous créez des liens avec des hauts
potentiels venus de tous les pays du monde. Avec un MS
vous rencontrez des spécialistes d’une fonction, d’un sec-
teur », poursuit Daniel Porot. Ce ne sont donc pas les mêmes
réseaux qui s’ouvrent selon que l’on ait fait un MS ou un MBA.
LE BON MOMENTMBA ou MS ? Tout dépend donc de vos aspirations pro-
fessionnelles. Il faut que cela ait un sens dans votre par-
cours. Il faut aussi choisir le bon moment pour le faire.
« Pour un MBA, il faut avoir autour de 10 ans d’expérience.
C’est l’idéal. On doit être également à un moment de
sa carrière où l’on n’est pas loin de décrocher un poste
de directeur général, de directeur d’une filiale ou d’une
business unit. Un MS a encore du sens jusqu’à 45 ans, pour
légitimer une expérience, asseoir une crédibilité », explique
Christian Gury, expert en gestion de carrière. Il faut aussi
choisir le bon marché. « En période de crise, les entreprises
rechignent à miser sur des potentiels à moyen terme, elles
cherchent plutôt des experts directement opérationnels. Un
MBA est moins un accélérateur aujourd’hui dans les pays
occidentaux en crise. Il l’est plutôt en Asie ou au Moyen-
Orient, sur des marchés à forte croissance », conclut Nicolas
Leroy, directeur Industrie et Supply-Chain chez Michael Page.
Lucile Chevalier
DR
« Pour choisir le bon MS ou bon MBA, il faut vérifier que ce diplôme vienne en appui d’une évolution de carrière, en parler avec son DRH et manager et avec des anciens du programme pour s’assurer de sa qualité et de ses effets », explique Nicolas Leroy, directeur Industrie et Supply Chain chez Michael Page.
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GrandTémoin
Quand ils sont apparus dans le milieu des années
1950, les IAE étaient surnommés « business schools
à la française ». Et, dès leur origine, les IAE ont dé-
cidé d’accueillir, en plus des étudiants, des cadres désireux
d’approfondir leurs connaissances en gestion et manage-
ment. De 8 au début, ils sont 32 aujourd’hui. Et les étudiants
se pressent à leurs portes. Entre 2007 et 2013, le nombre
d’inscrits (étudiants et salariés) a augmenté de 33 %. En
2013, 5 564 salariés étaient inscrits au titre de la formation
continue, dont 4 189 en Master 2. Dans ces établissements
universitaires, pas de MBA ni de MS ici, mais bien des Mas-
ters et un certain nombre d’atouts, à en croire Jérôme Rive,
président du réseau des IAE.
Emploi-Pro : Pourquoi un salarié désireux de se former a-t-il
intérêt à opter pour un IAE ?
Jérôme Rive : Il y a déjà le positionnement historique. Dès
le début, les IAE se sont positionnés à la fois sur la formation
initiale et la formation continue. Ainsi, dans les années 1950,
le MAE (Master d’administration des entreprises) s’adressait
aux ingénieurs et aux cadres techniques désireux d’acqué-
rir une double compétence en se formant aux techniques
du management. Il était dispensé en cours du soir. Et nous
continuons aujourd’hui à répondre aux besoins des salariés,
tant dans le contenu des formations – des DRH de grandes
entreprises siègent aux comités de pilotage pour décider
de l’évolution du contenu des formations – que dans la
forme : cours en soirée, les week-ends, ou échelonnés dans
la durée avec le découpage en modules. Il y a aussi notre
ancrage local. Il existe 32 IAE. Par exemple, une entreprise
organisée en réseau ou franchise peut s’adresser à l’IAE de
Rennes pour concevoir une formation spécifique pour leurs
salariés en Bretagne.
Emploi-Pro : La pédagogie dans les IAE est-elle différente de
celle des écoles avec leurs Mastères spécialisés ?
Jérôme Rive : Les IAE délivrent des Masters, soit un diplôme
national et un grade. C’est une véritable force. En France,
les grandes entreprises accordent une grande importance
au diplôme, au titre et au grade, c’est même un facteur
discriminant. Ensuite, si je devais résumer la singularité des
IAE en un triptyque, ce serait « enseignement-recherche-
entreprises ». Nos équipes pédagogiques sont composées
d’enseignants académiques, d’enseignants-chercheurs,
et d’enseignants associés proches du terrain et du marché
du travail. Cette diversité est un de nos autres atouts. Les
salariés viennent chez nous pour avoir un recul sur leurs pra-
tiques. Ils viennent chercher une méthodologie et des grilles
conceptuelles. Nos enseignants, experts académiques, dé-
veloppent des idées, amènent une profondeur de réflexion,
un recul. Nos enseignants associés jouent le rôle de passeurs
entre le professionnel et l’académique.
Emploi-Pro : À combien s’élèvent les frais de scolarité ?
Jérôme Rive : Pour un Master exclusivement dédié aux
salariés, il faut compter autour de 8 000 euros. Un Mas-
ter mixant les publics étudiants et salariés coûte environ
6 000 euros. Toutefois, nous portons une mission de ser-
vice public. À ce titre, nous trouvons des aides ou nous
nous organisons sur les échéances de paiement pour des
publics en difficulté comme les demandeurs d’emploi.
Propos recueillis par Lucile Chevalier.
« LES IAE DÉLIVRENT DES MASTERS, SOIT UN DIPLÔME NATIONAL ET UN GRADE.
C’EST UNE VÉRITABLE FORCE »IAE : trois petites lettres et beaucoup d’effet ? Ces instituts d’administration des entreprises qui ont
accueilli, dès l’origine, des cadres souhaitant compléter leurs expériences par un bagage académique en gestion et management connaissent, il est vrai, un franc succès. Jérôme Rive, président du réseau
des IAE, revient sur leurs atouts.
Jérôme Rive est président du réseau des 32 IAE (Instituts d’administration des entreprises).
DR
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Enquête
DÉCROCHER UN BAC +5 TOUT EN CONTINUANT À TRAVAILLER
Comment suivre les 350 heures (au minimum) de cours d’un Master, tout en continuant son activité professionnelle ? De plus en plus d’écoles et d’universités résolvent ce paradoxe en
proposant des formations diplômantes en part-time, en cours du soir ou à distance.
Hubert Riondel est pilote d’avion et aime son métier. Il
y a plus de 2 ans de cela, il a eu envie d’« élargir ses
compétences pour évoluer vers le management »,
explique-t-il. Il a un peu hésité entre un MBA ou un
Master en management, puis il a opté pour la seconde solution.
Mais, voilà, il n’est pas inutile de le répéter : Hubert Riondel est
pilote. Pour garder sa licence, il doit justifier d’une expérience
de vol récente. Impossible donc pour lui d’arrêter son activité
professionnelle. Pour résumer, le pilote voulait continuer à piloter
tout en étant en cours pour suivre les 350 heures d’un Master.
Un vrai casse-tête chinois que les écoles, les universités et les
entreprises ignoraient il y a à peine 15 ans. Sauf que le vœu
d’Hubert Riondel est loin d’être unique. En effet, ils sont de plus
en plus nombreux, cadres et salariés, à vouloir décrocher un
diplôme « pour sécuriser leur parcours professionnel, observe le
Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) qui constate
depuis 2 ans une recrudescence des demandes. Certains ont
un Bac +2 et visent un diplôme de niveau Bac +5 qui viendrait
sanctionner leur expérience. D’autres ont déjà un Bac +5 et visent
un Master dans une autre discipline ». Le diplôme rassure, mais
la formation inquiète. Quitter son job, alors que le chômage ne
cesse de monter, montrer que l’entreprise peut se passer de moi
pendant quelques mois, ce n’est peut-être pas ce que j’ai de
mieux à faire par les temps qui courent. Et d’ailleurs les entreprises,
elles-mêmes, par manque de financement et dans un contexte
de marché tendu, privilégient les formations courtes.
UN MASTER DÉCOUPÉ Pour plaire à tout le monde, il faudrait une formation diplômante
donc longue mais courte. « Pour lever cette contradiction, nous
proposons depuis une dizaine d’années, des MS en part-time,
note Laurent Amice, directeur des programmes interentreprises
et des Executive MS à l’ESCP. Nos participants, cadres ayant
autour de 35 ans en moyenne, viennent chercher une nouvelle
inflexion à leurs parcours de carrière, comme donner une
dimension marketing à un parcours dans la communication.
« 766 salariés ou apprentis ont suivi notre cursus ingénieur à distance. Un succès que l’on doit à nos ressources haut de gamme, au fait que l’offre soit personnalisée et adaptée à la population salariée », estime Véronique Misery, responsable Corolia, service d’ingénierie pédagogique à distance de Telecom Lille.
DR
15
Enquête
Ces formations durent 18 mois, avec des cours en présentiel de
2 ou 3 jours toutes les 2 ou 3 semaines. Nous avons également
mis en place, il y a 2 ans, un diplôme de
manager dirigeant de niveau 1 et enregistré
au Répertoire national des certifications
professionnelles pour répondre aux
demandes de cadres qui souhaitent acquérir
des compétences en management tout en
continuant leur activité professionnelle. » Pour
décrocher le diplôme, le participant dispose
de 5 ans pour capitaliser trois programmes
certifiant, dont un obligatoire, celui du
« management général de l’entreprise »
(182 heures, 26 jours). Pour les deux autres, il
choisit parmi les 25 thématiques proposées :
pilotage de la performance et contrôle de
gestion, direction commerciale, business 2.0,
marketing de la santé, etc. En découvrant
ce programme, il y a 2 ans, Hubert Riondel,
le pilote, sut qu’il avait trouvé chaussure à son
pied. « Je me suis inscrit en mai 2012. J’ai expliqué
mon projet à l’ESCP qui m’a guidé dans le choix des programmes.
La charge de travail est loin d’être insurmontable. Les modules sont
dispensés à raison de 2 ou 3 jours par mois. Toutefois, je ne nie pas
que les choses ont pu être parfois un peu plus compliquées. Cette
formation m’a ouvert des opportunités professionnelles. En ma
qualité de pilote et grâce aux nouvelles compétences acquises
par la formation (être capable de mobiliser les bonnes personnes
dans une entreprise, savoir interagir avec les différents services),
mon entreprise m’a confié le projet de mise en place d’une
plate-forme de travail collaboratif. J’ai donc eu à un
« Dans un MS réalisé en part-time, le participant n’effectue pas un stage de 6 mois dans une entreprise, contrairement à ce qui se passe dans le full-time. Il réalise néanmoins une thèse professionnelle qu’il effectue, dans la majorité des cas, en répondant à une problématique propre à son entreprise », détaille Laurent Amice, directeur des programmes interentreprises et Executive MS à l’ESCP.
DR
> Advanced Technology Managment> Software Techniques for CAE> Robotics> Embedded SystemsAvec les universités de Wolverhampton, Cran�eld et Salford-Manchester / Après M1 ou M2Part-Time en Grande-Bretagne, à Biarritz et en entreprise / Rentrée : Septembre
> CILIOConsultant et chef de projet en organisation, logistique et e-businessLabellisé Conférence des Grandes Écoles / Après Masters (Bac + 6)1 semaine en cours, 3 semaines en entreprise / Rentrée : Septembre
> Gestion : Ingénierie de projets - Formation continue VAP-VAE / Rentrée : janvier> Gestion : Management de projets complexes - Formation continue / Cadres à fort potentiel / Rentrée : septembre> Stratégie : Consultants en organisation, logistique et e-business - Formation initiale et continue / Rentrée : septembreSceau IAE-UPPA et Univ. de Bordeaux / 1 semaine en cours, 3 semaines en entreprise
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www.emploi-pro.fr ı MBA ı juin 2014 16
Enquête
moment donné plus de travail, et j’ai dû mieux m’organiser. Au
lieu de suivre un module par mois, j’en suivais deux pour m’aider
à mener à bien le projet que m’avait confié mon entreprise »,
explique-t-il. Il décrochera son diplôme en octobre prochain.
LES COURS DU SOIRGuy Uring, ingénieur de formation, partageait la même ambition
qu’Hubert Riondel : « évoluer vers plus de management ».
Il en a parlé autour de lui, s’est rendu dans des salons. « Il y
avait énormément de formations et pas toujours données,
se remémore-t-il. J’ai trouvé ce qui correspondait le mieux
à mes envies dans le programme MBA Administration des
entreprises de l’IAE de Paris. Je n’avais pas à sacrifier mon activité
professionnelle, le programme est dispensé en cours du soir. Pour
le travail personnel, auquel il faut consacrer en moyenne autant
de temps qu’en présentiel, je le faisais le week-end. Et il y avait
beaucoup de TD, de pratique, ce qui me plaisait aussi. Cela a
été payant, car, d’une part, grâce à cette formation, j’ai pu
justifier mon passage d’acheteur à manager achat, sans
mettre entre parenthèses mon parcours professionnel, et
d’autre part, par la suite, j’ai été contacté par beaucoup
de sociétés intéressées par ma formation et ma double
compétence », raconte-t-il. Il est aujourd’hui responsable
d’agence chez Alten.
LA FORMATION À DISTANCED’autres cursus proposent des cours alliant cursus à distance
et semaine de présence à l’école. C’est le cas de Telecom
Lille. « En 1994, lors de la création de notre établissement, il y
avait cette volonté de répondre à une forte demande des
techniciens en télécom qui, faute de diplôme d’ingénieur, se
retrouvaient bloqués dans leur carrière, explique Véronique
Misery, responsable d’un service d’ingénierie à distance à
Telecom Lille. Il était évident qu’il était hors de question pour
les entreprises de se passer de leurs salariés pendant 3 ans. »
Ainsi naquit le cursus TutTelNet qui allie présentiel (1 semaine
toutes les 6 semaines), e-learning avec une plate-forme
comprenant un forum d’échanges, des cours, des quizz
et des classes virtuelles. L’enseignement vient sur le lieu de
travail.
UNE OFFRE PLÉTHORIQUE …« Les formations à distance ou mixtes, c’est-à-dire alliant
présentiel et cours à distance marchent bien, observe
Martine Carette, responsable du service de formation
continue à Lille 1. Il y a aussi pas mal de demandes pour
des formations à temps partiel par unités capitalisables.
Il y a plusieurs années, les salariés venaient se former le
samedi ou bien les cadres voulant faire un break avec leur
entreprise préféraient bloquer une semaine de formation
DR
« Il n’y a pas la même aura ni le même réseau entre un Master effectué en formation initiale dans une grande école de commerce et un MS suivi dans cette même école », analyse Xavière Phisel, directrice associée du cabinet Sirca.
UN MBA, LES MARDIS ET JEUDIS SOIR Mathieu Dengler était responsable grands comptes dans les télécoms. Cela c’était avant. Avant son MBA Administration des entreprises à l’IAE de Paris, avant le rachat de son entreprise.
« Je voulais évoluer vers des fonctions de direction générale. Et cela n’était pas possible dans l’entreprise où j’étais. Je m’étais donc décidé à partir, mais je voulais aussi acquérir des compétences solides pour réaliser mes ambitions. Mon entreprise était déjà en mauvaise posture et n’était pas prête à m’accompagner. Je n’étais pas non plus prêt à quitter mon travail. C’est plus simple de trouver un poste quand on est déjà en poste. On peut prendre le temps de choisir la bonne opportunité. Retourner sur les bancs de l’école quand on évolue depuis des années dans le milieu professionnel n’est pas évident. Le fait que la formation était diluée sur 2 ans m’a permis de mieux digérer les parties académiques. Ainsi, de 2011 à 2013, le mardi et le jeudi soir entre 20h30 et 22 heures, je me suis rendu à l’IAE de Paris aux cours d’amphi et TD. Certains samedis matin, j’allais à Arcueil pour les examens. Aujourd’hui, je suis adjoint au directeur du développement chez Cigere. » L. C.
Mathieu Dengler.
DR
17
Enquête
par mois. Aujourd’hui, c’est beaucoup moins le cas. » Au
Cnam, il est vrai, « on développe beaucoup le e-learning
depuis quelques années, rend compte Moy Taillepied,
responsable information et orientation. 6 nouvelles salles
consacrées aux cours virtuels ont été ouvertes. Mais on ne
délaisse pas les autres options. On laisse un grand choix aux
apprenants. Un même cours peut être suivi à distance, en
cours du soir, ou en journée. » Chez Demos, Sylvestre Perrault,
directeur des opérations, travaille sur la construction d’une
nouvelle offre de formations. « On a constaté une forte baisse
ces deux dernières années de demandes pour le diplômant :
- 15 % en 2013. Cela tenait peut-être aux modalités pas assez
adaptées aux salariés que nous proposions. On constate,
toutefois, depuis quelques mois, que les demandes repartent
et cela devrait s’accentuer avec l’entrée en vigueur en
2015 du compte personnel de formation. » … pas toujours
bien identifiée par les recruteurs. Que d’évolutions ! Il y a
25 ans, un salarié qui reprenait ses études était un cas
rare. Aujourd’hui, l’offre est pléthorique et « il n’est pas
toujours facile pour un recruteur de s’y repérer, reconnaît
Xavière Phisel, directrice associée du cabinet de
recrutement Sirca. Les cursus en formation initiale, plus
anciens, sont mieux identifiés. Pour un diplôme obtenu
dans le cadre de la formation continue, on pose plus
de questions. On cherche à savoir pourquoi le candidat a
suivi cette formation, comment elle s’inscrit dans son parcours
de carrière. Qu’il l’est obtenu en part-time ou en présentiel a
peu d’importance. En revanche, il peut en retirer des gains
importants pour sa carrière. Une personne qui, par exemple,
a décroché un diplôme d’ingénieur sera mieux positionnée
qu’une personne restée sans diplôme ». Reste à savoir s’il
peut rattraper son retard par rapport à une personne l’ayant
décroché en formation initiale, c’est une autre histoire. « En
France, même si les mentalités évoluent, on accorde encore
une grande importance à la formation initiale », conclut
Xavière Phisel. Lucile Chevalier
« J’AI DÉCROCHÉ MON TITRE D’INGÉNIEUR EN COURS DU SOIR »En 10 ans, Fabien Angot est passé du statut de sans diplôme à celui d’ingénieur en suivant les cours du Cnam. Un parcours longue durée.
« Je suis rentré dans le monde de l’entreprise à 19 ans
et j’y ai développé pas mal de connaissances. En 2001,
développeur, avec 4 ans d’expérience, j’ai
souhaité progresser professionnellement.
Mais sans diplôme, j’avais peu de chance
de décrocher un poste à responsabilité.
C’est alors que mon parcours au Cnam a
commencé. L’établissement proposait une
large offre de formations en informatique,
des cours du soir et une grande couverture
nationale. Je pouvais suivre des cours en
présentiel à côté de mon travail. Sur l’année
universitaire 2001-2002, accompagné
par le Cnam, j’ai fait une VAE pour obtenir un niveau
équivalent à Bac +2. Cela m’a ouvert l’accès aux formations
de niveau Bac +5. Les 2 années suivantes, j’ai poursuivi avec
les cours du cycle probatoire, 3 heures 5 soirs par semaine
et des cours le samedi matin, c’était assez intense. En 2004,
j’ai décroché un diplôme d’étude supérieur et technique
en informatique (niveau Bac +4). J’ai continué avec des
cours d’approfondissement et réussi en décembre 2005 mon
examen probatoire. Il me restait le mémoire pour obtenir le
titre d’ingénieur. Je l’ai décroché en 2013 avec les félicitations
du jury. Ingénieur, je suis chef de projet au sein d’un grand
groupe de locations de voitures. » L. C.
« COURS À DISTANCE ET PRÉSENTIEL »Abdelhak Benmoussa, technicien chez SFR, suit un cursus ingénieur en blended learning à Telecom Lille. Témoignage.
« J’ai travaillé pendant plus de 6 ans dans les télécoms
comme technicien supérieur. Dans la pratique, je faisais
une bonne partie des tâches qu’effectuaient les ingénieurs,
mais sans la reconnaissance, ni le même salaire. En outre,
je participais aux projets, mais je
ne les pilotais pas, contrairement
à mes collègues ingénieurs.
J’ai donc décidé de partir de
mon entreprise. J’ai postulé à
SFR car je savais que le groupe
proposait des parcours de
formation pour les techniciens.
J’avais là l’occasion de suivre un
cursus d’ingénieur et d’obtenir le titre. L’entreprise a un
partenariat avec Telecom Lille. La formule proposée allie
cours à distance et présentiel. Concrètement, je suis une
fois par semaine un cours en classe virtuelle de 4 heures de
mon lieu de travail. Et toutes les 6 semaines, je me rends à
Telecom Lille pour une semaine de cours en présentiel. Ce
cursus m’a permis d’avoir une approche plus globale de
mon travail. Je me sens plus confiant. Je pilote aujourd’hui
des projets. J’ai commencé la formation début 2010 et
je serai diplômé en juin prochain. À ce moment-là, avec
mon entreprise, on étudiera la possibilité d’obtenir un
meilleur poste, un poste d’ingénieur. »
Fabien Angot.Abdelhak Benmoussa.
DR
DR
www.emploi-pro.fr ı MBA ı juin 2014 18
Interview
La VAE (validation des acquis de l’expérience) est née
en 2002. Le gouvernement lui prêtait un grand destin. En
effet, on annonçait que grâce à elle, chaque année,
60 000 personnes pourraient décrocher, en faisant valoir
leurs expériences professionnelles, un certificat, un titre, un
diplôme. La barre était sans doute trop haute. En moyenne,
aujourd’hui, 30 000 personnes obtiennent cette certification.
« On estime qu’un tiers des personnes vont jusqu’au bout de
la démarche. Les autres ont soit abandonné en route, soit
décroché une validation partielle », détaille Gérard Podevin,
directeur adjoint du centre associé au Céreq pour la région
Bretagne et coauteur avec Nathalie Beaupère de l’étude
« Pour un accompagnement global des parcours de VAE »
(Bref du Céreq, n° 302, novembre 2012, téléchargeable sur
le site www.cereq.fr). Pour les diplômes de l’enseignement
supérieur, difficile de savoir combien de personnes se
sont présentées sur la ligne de départ. Aucun chiffre n’est
disponible à ce sujet. En revanche, la Direction de l’évaluation
de la prospective et de la performance déclare qu’« en 2011,
2 400 personnes ont obtenu une validation complète et 1
700 une validation partielle ». Gérard Podevin revient sur
les causes de ces abandons et donne des conseils aux
candidats pour réussir leur parcours.
« POUR RÉUSSIR UNE VAE, IL FAUT PARFAITEMENT DÉFINIR SON PROJET PROFESSIONNEL
ET ÊTRE BIEN ACCOMPAGNÉ »
Gérard Podevin est coauteur, avec Nathalie Beaupère, de l’étude « Pour un accompagnement global des parcours de VAE » (Bref du Céreq, n° 302, novembre 2012, téléchargeable sur le site www.cereq.fr). Il est aussi directeur adjoint du centre associé au Céreq pour la région Bretagne. Il nous explique Ô combien ce parcours VAE est difficile. Il
nous précise comment franchir, avec succès, ces différentes étapes.
J’AI DÉCROCHÉ UN MASTER DE L’ESCP VIA LA VAE Matthieu Fruchard, 10 ans d’expérience dans le management commercial au compteur, a décroché un Master de l’ESCP par la VAE.
« Depuis 10 ans, j’occupe des postes dans le management commercial au sein de la même entreprise. Du côté des études par contre, je me suis arrêté au Bac. Le fait de n’avoir pas obtenu de diplôme du supérieur à un certain niveau constitue un frein. C’est pour cela, à la fois pour être plus crédible pour postuler à un poste à plus haut niveau mais, aussi pour changer le regard de mes collègues et supérieurs, que j’ai décidé de décrocher un diplôme d’école de commerce, une des meilleures tant qu’à faire. Très rapidement, j’ai opté pour une VAE. Après avoir étudié les différentes offres, j’ai choisi, avec mon entreprise que j’ai mise dans la boucle, le diplôme manager dirigeant (niveau 1) de l’ESCP. L’école propose une formule mixte : une VAE doublée d’un complément de formation. C’était parfait pour moi : faire valoir mon expérience et acquérir un complément de compétences. Cela m’a pris près d’un an. J’étais accompagné par l’ESCP pour constituer mon dossier pour la VAE et en parallèle je suivais 2 modules de formation. En janvier dernier, après le passage devant le jury, j’ai obtenu le diplôme et j’ai pu gagner en responsabilité. Je suis, aujourd’hui, directeur de publicité au sein d’un groupe de communication. »
Matthieu Fruchard.
DR
« Les chargés de mission des centres et points d'information conseil jouent un rôle majeur dans le succès d'une VAE. Ils accompagnent les candidats à choisir le diplôme ou la certification qui correspond le mieux à leur parcours et à leur projet professionnel », constate Gérard Podevin, coauteur avec Nathalie Beaupère de l’étude « Pour un accompagnement global des parcours de VAE ».
DR
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Interview
Emploi-Pro. Comment expliquez-vous que deux tiers des personnes ne vont pas jusqu’au bout de leur démarche de VAE ? Gérard Podevin. D’abord, la démarche, contrairement
à ce que pensent au départ les candidats, peut
se révéler longue. Entre la prise d’information et
le passage devant le jury, il peut parfois s’écouler
2 ans. Des efforts ont toutefois été réalisés pour réduire les
délais. Lors de l’étude de recevabilité du dossier, certains
organismes de certification ont raccourci le délai de 6 à 2
mois. La constitution du dossier prend entre 3 et 6 mois. Mais
cela peut coincer pour obtenir une date devant un jury.
Faute d’effectifs suffisants dans certaines spécialités, les jurys
peuvent se réunir qu’une fois par an. Si le candidat loupe le
coche, il repart donc pour un an. À l’université, beaucoup
de candidats, pour gagner du temps, optent pour une VAP
( validation des acquis professionnels ) qui les dispense d’une
partie des cours de la formation, et décrochent ainsi, à la
fin de leur formation, un an après, le diplôme visé. Puis, cela
tient à la complexité du parcours avec une multiplication
des étapes – avec ma collègue, Nathalie Beaupère, nous en
avons dénombré entre 7 et 8 – et une forte segmentation
des épreuves. Le passage d’une étape à une autre n’est
pas facile. Le candidat n’est pas toujours suffisamment
accompagné. Par exemple, lors de la première étape
qui consiste à trouver la certification la plus adaptée aux
expériences et compétences accumulées par le candidat,
ce dernier doit s’y retrouver dans l’offre abondante de titres
ou de diplômes et la multiplicité des certificateurs. Certains
renoncent déjà. Ensuite, il y a la constitution du dossier à travers
lequel le candidat doit faire correspondre ses expériences
avec les compétences mises en exergue dans le référentiel
de certification. Devant l’ampleur de cette tâche, d’autres
abandonnent. Enfin, pour ceux qui se présentent devant le
jury, une moitié en moyenne obtient une validation partielle
de leur certification ou diplôme. Et ici encore, certains n’iront
pas jusqu’au bout en suivant des modules de formation
nécessaires pour valider la totalité du diplôme.
Emploi-Pro. Comment s’y prennent ceux qui réussissent ? Gérard Podevin. Je n’ai pas de recette magique. La question
est plutôt de savoir comment garder sa motivation. Une VAE
ne se fait rarement pour elle-même : on veut un diplôme
pour progresser professionnellement ou changer de métier.
Pour réussir une VAE, il faut parfaitement définir son projet
professionnel et être bien accompagné. Cela peut passer
par l’entreprise qui soutient le candidat dans sa démarche. Le
responsable de formation l’aide ainsi à trouver le bon diplôme
et le bon organisme certificateur. Autrement, il s’adresse aux
points information conseil. Tous les organismes certificateurs
ne sont pas aussi performants dans l’accompagnement. Il
faut trouver celui qui correspond le mieux à ses besoins en
menant son enquête : aller les voir, demander conseil à son
entreprise ou à des collègues ou amis qui se seraient engagés
dans la démarche. Certains OPCA [organismes paritaires
collecteurs agréés] accompagnent tout le long du parcours,
jusqu’à la validation complète. Ce n’est pas inintéressant.
Propos recueillis par Lucile Chevalier
DES CADRES EN EMPLOI : LE PROFIL IDÉAL POUR RÉUSSIR LA VAELes personnes qui ont réussi une VAE en 2011 sont pour moitié des cadres et à une immense majorité des personnes en emploi. Elles visent une Licence ou un Master.
C’est un signal fort, 45 % des personnes ayant obtenu en 2011 une validation complète ou partielle de leur diplôme du supérieur via la VAE (validation des acquis de l’expérience) sont des cadres. 85 % de ces heureux élus sont en emploi. Dans leur ligne de mire : une Licence professionnelle ou un Master. Sous l’effet de la réforme LMD (Licence-Master-Doctorat) et du développement de la Licence professionnelle, ces deux diplômes sont, en effet, devenus en 10 ans, les diplômes les plus demandés pour les candidats à une VAE. En 2002, les VAE octroyées pour une Licence professionnelle ne pesaient pas bien lourd : 8 %. En 2011, dernier chiffre fourni par la Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation, elles comptent pour 37 %. Elles ont volé la vedette à sa voisine, la Licence classique, qui elle passe de 24 % à 8 % des VAE. Quant aux Masters 2, ils sont passés, en 10 ans, de 22 % à 44 %. Les Doctorats, eux, n’intéressent guère, ou moins. « En 2011, ils représentent autour de 1 % des validations octroyées pour une VAE », poursuit l’étude. Pour conclure, une bonne nouvelle. Les candidats sont de plus en plus nombreux à décrocher une validation complète. 17 % y parvenaient en 2002 sur le total des validations octroyées (complètes et partielles). Ils étaient 60 % en 2011. L. C. Les cadres représentent 45 %
des personnes ayant décroché une VAE.
DR
www.emploi-pro.fr ı MBA ı juin 2014 20
Reportage
Le gouvernement est heureux. Il a annoncé,
par une publication dans le Journal officiel du
6 mars dernier, la naissance de la loi relative
à la formation professionnelle. Cette troisième
grande réforme de la décennie donnera un coup de
pouce financier aux salariés désireux de valider leurs
qualifications en suivant une formation diplômante.
Pour rappel, un Master coûte entre 5 000 et 10 000 euros
et un MS entre 5 000 et 25 000 euros. À l’Edhec, Martine
Caffiaux, directrice du cycle supérieur de management
constate : « Il est de plus en plus rare qu’une entreprise
prenne en charge la totalité des frais engagés lors d’une
formation. Dans notre cycle, seulement 16 personnes sur
151 étaient dans ce cas-là. Les entreprises comme les
organismes extérieurs, tel le Fongecif, demandent de
plus en plus aux salariés de participer au financement
en donnant de leurs RTT, ou en finançant une partie. »
Ainsi, pour une formation à l’Edhec facturée autour
LES NOUVELLES FAÇONS DE SE FINANCER UN CURSUS DIPLÔMANT
Le 6 mars dernier était publiée, dans le Journal officiel, la loi relative à la formation professionnelle. Avec elle, il sera plus facile pour les salariés
de se faire financer un cursus diplômant.
« Nous ne disposons pas encore de grande visibilité sur la mise en place de la loi sur la formation professionnelle. Les nouveaux outils mis en œuvre pour qu’ils marchent devront être simples d’utilisation et il faut qu’il y ait une information suffisante », déclare Florence Letessier, responsable de l’apprentissage dans les programmes Mastères à l’Essec.
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Reportage
LE COMPTE PERSONNEL DE FORMATION À partir de 2015, le CPF (compte personnel de formation) remplacera le DIF (droit individuel à la formation). Ce compte pourra accumuler un crédit formation allant jusqu’à 150 heures. Il sera attaché à la personne et non à l’entreprise.
Le DIF est mort, vive le CPF ! À partir de 2015, le compte personnel de formation viendra remplacer le DIF. Toute personne, âgée d’au moins 16 ans et entrant sur le marché du travail, se verra attribuer une sorte de compte d’épargne formation qui la suivra jusqu’à la retraite, qu’elle change d’entreprise ou passe par des périodes de chômage. C’est la véritable nouveauté. Les droits de formation ne sont plus attachés à un contrat, mais à la personne. Le compte est abondé à raison de 20 heures par an pour un salarié à temps plein, dans un maximum de 150 heures. Insuffisant donc pour prendre en charge la totalité d’un Master qui comprend 350 heures de formation. Le Master, comme les autres certifications inscrites au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles), et les CQP (certifications de qualification professionnelle) sont les seules formations pouvant être payées au titre du CPF. Le salarié pourra se passer de l’accord de son entreprise s’il entreprend sa formation en dehors de ses heures de travail. L. C.
de 16 000 euros, le Fongecif prend en charge
10 000 euros. Cette tendance à la responsabilisation
du salarié et au mixage des financements devrait
se renforcer avec la nouvelle loi. Les conséquences
du CPF (compte personnel de formation) resteront
limitées. Le seuil maximal de 150 heures, à part dans
de rares cas, constitue environ 40 à 50 % d’un Master
durant environ 350 heures. Ainsi, même si le salarié
avec ce dispositif n’est pas obligé de solliciter l’accord
de son entreprise, il continuera à lui demander un petit
coup de pouce financier. Jusque-là, pour ce faire, il
murmurait ses souhaits de formation à l’oreille de son
manager lors de l’entretien annuel. Depuis le 7 mars
dernier, il saisira aussi l’occasion de le faire, lors de
l’entretien professionnel obligatoire, se tenant tous les
2 ans ou dès une reprise d’activité, et visant à apprécier
l’évolution des compétences du salarié et à favoriser sa
progression professionnelle. Tous les 6 ans, l’employeur
doit procéder à un récapitulatif du parcours
professionnel du salarié. Et si lors de ce bilan effectué
dans les entreprises de plus de 50 salariés, il est établi
que le salarié n’a bénéficié ni d’action de formation,
ni de progression salariale ou professionnelle, ni de VAE
(validation des acquis de l’expérience), alors le CPF du
salarié sera immédiatement crédité de 100 heures. Le
salarié peut aussi se tourner vers le Fongecif. Fanny Armelin,
ingénieur commercial diplômant chez Cegos, conseille
ici aux cadres en activité « de se rapprocher du dispositif
“ formation hors du temps de travail ”. Une personne ayant
un niveau de diplôme équivalent ou supérieur à un Bac +4
et visant une formation de haut niveau a plus de chances
de bénéficier de ce dispositif que du CIF [congé individuel
de formation] pour lequel
elle ne sera pas considérée
comme prioritaire ». Enfin,
il reste l’apprentissage.
Avec la nouvelle loi, le
contrat d’apprentissage
pourra désormais, si
l’entreprise y consent, être
signé en CDI (contrat à
durée indéterminée). « Les
étudiants recherchent de
plus en plus ce mode de
formation », observe Florence
Letessier, responsable de
l’apprentissage dans les
programmes Mastères à
l’Essec. Une formule qui
marche donc et que l’Essec
envisage d’ouvrir un autre
public. « Dans le contrat
d’apprentissage, il existe une
limite d’âge : 26 ans. Ce n’est
pas le cas dans le contrat de
professionnalisation. C’est par
ce biais que nous ouvrirons
à la rentrée nos MS en alternance à un public plus âgé,
d’actifs en reconversion professionnelle », annonce
Florence Letessier. Si cela ne fonctionne toujours pas, il
reste les bourses proposées par certaines écoles selon
des critères différents ou les prêts à taux préférentiel
(2 ou 3 %) au sein des banques en partenariat avec
certaines écoles. Lucile Chevalier
« Un tiers de nos participants financent leur formation sur leurs fonds personnels. Depuis 2 ans, on constate une hausse de ce type de financement », observe Fanny Armelin, ingénieur commercial diplômant au sein du centre de relation clients de Cegos.
Le compte personnel de formation va remplacer le DIF d’ici à 2015.
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