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lesgensdumois La Gazette n° 281 - Du 31 janvier au 27 février 2013 6 artine vend des savons aux Halles. Martine or- ganise des ciné-débats (1). Martine manifeste pour le mariage pour tous. Martine fait sa revue de presse militante. Martine démolit les préju- gés homophobes à “l’école”. Dans la série des Martine, l’éditeur pour enfants a oublié de pas- ser par Sète. Et a zappé quelques opus engagés. À 60 ans, la commerçante sétoise Martine Guiton se bat contre toutes les discriminations. Alors que les députés examinent la loi sur le mariage homo depuis le 29 janvier, elle parti- cipe activement à cette avancée historique (2). Dans les défilés, mais aussi par des interven- tions auprès des lycéens sétois, sous la bannière de l’association SOS Homophobie (3). Depuis trois ans, elle fait sauter les stéréotypes, ques- tionne les insultes, libère la parole des jeunes. “Quand j’ai découvert que les ados homosexuels font cinq fois plus de tentatives de suicide que la moyenne, j’ai eu un déclic”. Tremblez, intolérances! “Montrés du doigt, les homosexuels se sont fait déporter, doivent se cacher, sont virés de chez eux, se font tuer. Et les outrages continuent.” À Sète, l’un de ses amis s’est fait jeter à terre par des jeunes. “Les propos homophobes se multiplient sur le Net et dans la rue. On amalgame avec la zoophilie, la pédophilie, la polygamie. On confond procréation médicalement assistée (PMA) et mères porteuses. 800 articles scientifiques le prouvent, les enfants de parents homos n’ont pas plus de problèmes que les autres. Pourquoi n’auraient- ils pas droit à la même protection juridique ?” Violoncelles cubiques Et ce ne sont pas les milliers d’anti-mariage gay “archaïques” qui l’impressionnent: “Les fondamen- talistes — politiques et religieux — ont toujours voulu bloquer des évolutions de société.” Peur,méconnais- sance, rigidité. “À l’époque, la pilule et l’IVG étaient censés favoriser les amours illicites. Aujourd’hui, on en rigole! Le mariage n’est pas lié à la procréation. Et la famille stable n’est qu’un mythe.” “Très fière de mener ce combat”, Martine rêve de voir le “premier magistrat de Sète” unir deux homos. Car “ce qui est important, c’est de parler d’amour !” Sans oublier ses autres chevaux de bataille. Les agressions contre les femmes : avec le collectif de spectateurs du Cinémistral, elle partage le film Les femmes du bus 678. Le ra- cisme : face à la montée de l’extrême-droite, elle participe à la défense des immigrés. Petite-fille d’un juif” assassiné à Auschwitz”, nièce d’une déportée au numéro indélébile sur le bras, à 15 ans Martine vend le bulletin du Mrap (4) sur les marchés de Colombes, en région parisienne. La militante porte le droit à la différence jusque dans la culture. Dans les années 90, elle monte le Festival des instruments pas comme les au- tres, avec les violoncelles cubiques de Jean Weinfeld, l’Orgue à feu ou des arrosoirs sonores. À Sète en 2003, Martine organise, pour le théâ- tre de la Fonderie, des “animations insensées” et des projections citoyennes de films engagés, comme Orange amère sur le FN. Pour élever sa fille Lola, elle crée ensuite une boutique de ca- deaux aux Halles. Un Comptoir du Sud généreux. Comme son combat, “les mêmes droits pour tous”. Ligne d’écoute SOS Homophobie : 0810 108 135 (1) Le 7 février, soirée ciné festive autour du ma- riage pour tous à Frontignan, voir p. 30. (2) Dix pays autorisent le mariage pour tous. (3) Prochaine action les 14 et 15 mars au lycée Charles-de-Gaulle. (4) Mrap : Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples. MARTINE GUITON Martine milite contre l’homophobie 0

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La Gazette n° 281 - Du 31 janvier au 27 février 2013

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artine vend des savons aux Halles. Martine or-ganise des ciné-débats (1). Martine manifestepour le mariage pour tous. Martine fait sa revuede presse militante. Martine démolit les préju-gés homophobes à “l’école”. Dans la série desMartine, l’éditeur pour enfants a oublié de pas-ser par Sète. Et a zappé quelques opus engagés.À 60 ans, la commerçante sétoise MartineGuiton se bat contre toutes les discriminations.Alors que les députés examinent la loi sur lemariage homo depuis le 29 janvier, elle parti-cipe activement à cette avancée historique (2).Dans les défilés, mais aussi par des interven-tions auprès des lycéens sétois, sous la bannièrede l’association SOS Homophobie (3). Depuistrois ans, elle fait sauter les stéréotypes, ques-tionne les insultes, libère la parole des jeunes.“Quand j’ai découvert que les ados homosexuelsfont cinq fois plus de tentatives de suicide que lamoyenne, j’ai eu un déclic”.

Tremblez, intolérances!“Montrés du doigt, les homosexuels se sont faitdéporter, doivent se cacher, sont virés de chez eux,se font tuer. Et les outrages continuent.” À Sète,l’un de ses amis s’est fait jeter à terre par desjeunes. “Les propos homophobes se multiplient

sur le Net et dans la rue. On amalgame avec lazoophilie, la pédophilie, la polygamie. On confondprocréation médicalement assistée (PMA) et mèresporteuses. 800 articles scientifiques le prouvent,les enfants de parents homos n’ont pas plus deproblèmes que les autres. Pourquoi n’auraient-ils pas droit à la même protection juridique?”

Violoncelles cubiquesEt ce ne sont pas les milliers d’anti-mariage gay“archaïques” qui l’impressionnent: “Les fondamen-talistes — politiques et religieux — ont toujours voulubloquer des évolutions de société.” Peur,méconnais-sance, rigidité. “À l’époque, la pilule et l’IVG étaientcensés favoriser les amours illicites. Aujourd’hui, onen rigole! Le mariage n’est pas lié à la procréation.Et la famille stable n’est qu’un mythe.”“Très fière de mener ce combat”, Martine rêvede voir le “premier magistrat de Sète” unir deuxhomos. Car “ce qui est important, c’est de parlerd’amour!” Sans oublier ses autres chevaux debataille. Les agressions contre les femmes: avecle collectif de spectateurs du Cinémistral, ellepartage le film Les femmes du bus 678. Le ra-cisme: face à la montée de l’extrême-droite, elleparticipe à la défense des immigrés. Petite-filled’un juif” assassiné à Auschwitz”, nièce d’une

déportée au numéro indélébile sur le bras, à15 ans Martine vend le bulletin du Mrap (4) surles marchés de Colombes, en région parisienne.La militante porte le droit à la différence jusquedans la culture. Dans les années 90, elle montele Festival des instruments pas comme les au-tres, avec les violoncelles cubiques de JeanWeinfeld, l’Orgue à feu ou des arrosoirs sonores.À Sète en 2003, Martine organise, pour le théâ-tre de la Fonderie, des “animations insensées”et des projections citoyennes de films engagés,comme Orange amère sur le FN. Pour élever safille Lola, elle crée ensuite une boutique de ca-deaux aux Halles. Un Comptoir du Sud généreux.Comme son combat, “les mêmes droits pourtous”.

Ligne d’écoute SOS Homophobie: 0810 108135

(1) Le 7 février, soirée ciné festive autour du ma-riage pour tous à Frontignan, voir p. 30.(2) Dix pays autorisent le mariage pour tous.(3) Prochaine action les 14 et 15 mars au lycéeCharles-de-Gaulle.(4) Mrap: Mouvement contre le racisme et pourl’amitié entre les peuples.

MARTINE GUITONMartine milite contre l’homophobie

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Sa motivation: “aider et préserver les gens”. À 35 ans, Caroline Beldaprend la tête du commissariat de Sète-Frontignan, et de ses 141 policiers,“avec le cœur”. Issue du commissariat d’Agde, cette bosseuse d’originefrancilienne compte mettre l’accent sur la pédagogie routière et améliorerl’accueil du public avec la pré-plainte en ligne dès le 4 février. Violencesfamiliales, vols et stupéfiants: Caroline Belda coordonne coups de filetet suivis sociaux, avec le “fort maillage associatif local”. Et prépare déjà,en réseau, la saison touristique.Premier exercice le 7 février avec le Tour méditerranéen cycliste.

ils et elles font l’actualité autour de l’étang de thau / pages réalisées par Raquel Hadida et Anne-Laure Ochando /

photos Guillaume Bonnefont, Pascal Ray-Les givrés du canot, Raquel Hadida, Ville de Sète /

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Un coup de pagaie dans le Saint-Laurent, un coup de “trottinette” entreles blocs de glace, par -20 °C. C’est le défi que va relever le rameur sétois ÉricBonijoly au Québec, où il part le 8 février pour un mois avec l’équipe françaisede canot à glace, dont le boxeur sétois Nicolas Salis. Au programme: entraînementsintensifs avant trois dimanches de courses à Montréal, Québec et sur l’île auCoudre. Des courses déjantées, physiques et stratégiques. Aguerri en rametraditionnelle via les joutes et Cettarames, ce pompier de 42 ans s’échauffepour l’aventure gelée… en gravissant le mont Saint-Clair.À suivre sur le blog http://lesfrappesducanot.free.fr

TOPOLINOCroqueur compulsif

ÉRIC BONIJOLYRameur givré

CAROLINE BELDACommissaire de cœur

KRISTOFF K. ROLLMagiciens du sonC’est officiel: Alain Vergé commande la caserne des

pompiers de Sète*. À 45 ans, cet officier d’origine ariégeoisechoisit de revenir “au cœur du métier“. Ex-chef de zone dunord du bassin de Thau, Alain Vergé dirigeait depuis quatreans le service “opérations” à l’état-major départemental(SDIS de Vailhauquès). Il est même à l’origine de lacentralisation et de l’informatisation des alertes dans lesannées 1990. Après les épreuves de la Saint-Louis et duTour de France l’été dernier, il organise les interventionsquotidiennes à Sète et Balaruc-le-Vieux, 30 par jour enmoyenne. *Michel Devinaut, l’ex-adjoint de Sète, devient chef ducentre de Frontignan.

ALAIN VERGÉPompier en chef

ILS FONT LEURS VŒUXCÀ Poussan, le maire Jacques Adgé réclame une réunion publiquesur l’Hinterland. À Loupian, Christian Turel annule la réception auprofit du centre d’action sociale. À Mèze, Henri Fricou annonce sacandidature pour 2014. À Mireval, Francis Foulquier, maire depuis1995, ne se représentera pas. À Frontignan, Pierre Bouldoire resteMobil… isé face au risque industriel.

ILS SE DISTINGUENTCEmmanuelle Rivas quitte Montélimar pour diriger l’Office detourisme de Sète. Stéphane Tarroux devient conservateur du pa-trimoine au musée Paul-Valéry aux côtés de Maïthé Vallès-Bled,directrice. Le pointu Sylvain Sabatier inaugure le Royal, un nou-veau cabaret quai Léopold-Suquet à Sète (voir p.46-47).!

ILS PORTENT LA VOIX D’ICI À PARISCLa Séto-Bretonne Danièle Bousquet préside le nouveau Hautconseil de l’égalité femmes-hommes. Le député Christian Assaf(8e circ.) refuse le cumul des mandats et veut une loi anti-patronsvoyous. Le Sétois André Lubrano représente la Méditerranée auConseil national de la mer et des littoraux. Le député Sébastien Denaja(7e circ.) défend le lido en intégrant un groupe d’études sur le littoral.

ET AUSSI...

À l’oreille, sur le vif. C’est ainsi que Marco Combas, aliasTopolino, dessine sa ville. La partition de son expositionSymphonie sétoise, il l’improvise au marqueur noir, sanslever le feutre. Et nous livre une sélection parmi les 700dessins réalisés depuis deux ans sur la vie culturelle sétoise,à la demande de la Ville et du musée Paul-Valéry. Dont unstoryboard quotidien de la restauration du théâtre Molièreet une chronique des festivals et expos, avec beaucoup deSétois dedans. Et ce poète de la ligne n’a pas hésité à dessiner,au pied levé… sur le mur de son expo! Jusqu’au 10 févrierà la chapelle du Quartier-Haut à Sète (voir p. 26).

Le duo de musiciens Kristoff K. Roll se produit àFrontignan. Originaires d’ici, Jean Kristoff Camps et CaroleRieussec, ensemble sur scène comme à la vie, donnentdans l’improvisation électro-acoustique. Depuis 1990, ilsmanipulent les bruits, à l’aide d’une table de mixage, d’unordinateur, et d’amplis. Et la magie opère : voilà unemusique composée sous vos yeux, à partir des sonsambiants, le tout couplé à du théâtre d’objet. Que ce soità Frontignan, en Pologne ou à New York, ce duo bouleversela conception sonore. Concert le 22 février à Frontignan(voir p. 35).

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