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DU MAG MARSEILLE IGNORÉE DOSSIER SPÉCIAL MARSEILLE EST-ELLE CHARLIE ? SECTES : CERVEAUX À DISPOSITION PAYE TA PLACE AU PORT ! PLAISANCE CROYANCES — 2015 — P. 3 P. 10

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DUMAG

MARSEILLEIGNORÉE

DOSSIER SPÉCIALMARSEILLE

EST-ELLECHARLIE ?

SECTES : CERVEAUX À DISPOSITIONPAYE TA PLACE AU PORT !PLAISANCE

CROYANCES

— 2015 —

P. 3

P. 10

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— PLAISANCE —

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Il y a le visible. Marseille reine des magouilles, du football et du pas-tis. Une réputation qui nous colle à la peau dans tout le pays. Et qui fait peur. Ce « Marseille bashing » qui nous agace tant, les politiciens tentent de le contrer par un discours rassurant. « Regardez tout ce qui se passe ici », comme notre ville est innovante, dynamique et paisible. Mais le propos sonne encore faux. Cette réputation est de-venue notre carte de visite, et le renier serait se mentir à soi-même.Pourtant, derrière les clichés, il y a le caché. La ville est un vrai mys-tère et ce qu’elle a à offrir est invisible pour celui qui ne s’y intéresse pas. Le meilleur, les Marseillais le gardent pour eux. Pour ce maga-zine, nous avons décidé de nous perdre dans ses rues pour y révéler quelques trésors. Car Marseille, c’est une explosion de talents. Loin de sa réputation de cagole, elle voit naître des créateurs qui font trem-bler les États-Unis. Des graffeurs anonymes qui colorent la ville. Des chevaliers qui parent plus vite que leur ombre. Des trésors du passé enfouis six pieds sous terre. De vastes chantiers à ciel ouvert qui abri-teront bientôt, mais on ne le sait pas encore, de vrais fleurons écono-miques. Nous le verrons, la ville est aussi écologique et alternative.Mais Marseille ne serait pas Marseille sans ses petits travers. Ici, c’est sur terre mais aussi sur l’eau qu’on « s’arrange », lorsqu’on cherche un anneau pour son bateau. Et c’est un secret. Comme ceux que gardent les très discrètes sectes du centre-ville et là, on ne parle pas de l’OM, premier des « cultes » marseillais. Ce ma-gazine est une invitation pour partir à la découverte des mys-tères de Marseille. Il ne vous reste plus qu’à franchir cette porte.

— ÉDITO —

PAR CAMILLE JOURNET — ET SI ON CREUSAIT ? —

PLAISANCE

CROYANCES SOCIÉTÉ SPORT MODE SORTIES

HABITAT ÉNERGIE CULTUREARCHÉOLOGIE

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Directeur de publication : Denis Trossero - Encadrement rédaction : Michel Couartou - Encadrement maquette : Olivier Lafont.Rédacteur en chef : Camille Journet - Maquettiste : Julien Prioux - Responsable photo : Eva Naim - Secrétaire de rédaction : Myriam Riffaut. Rédaction : Alexandra Dupont, Magali Farge, Léa Giustiniani, Bastien Michel, Eva Naim, Julien Prioux, Myriam Riffaut, Pauline Roche.

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— PLAISANCE —

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PAYE TA PLACE AU PORT ! Légalité et infractions flottent dans les ports de Marseille. Malgré les réglementations, les plaisanciers trouvent toujours le moyen de virer de bord pour éviter les contraintes de la Communauté urbaine qui permettent l’obtention des anneaux. Reportage en direct des ports marseillais.

Marseille, pour avoir une place de bateau, il faut s’inscrire sur une liste d’attente... ou connaître

quelqu’un », s’amuse Serge, plaisancier au port de la Pointe Rouge. En effet, la rumeur court. Depuis longtemps déjà, on murmure qu’il existe, dans les 14 ports de plaisance de la ville, un commerce des places. Aujourd’hui, pourtant, la Communauté urbaine assure que cette pratique aurait pris fin.

La fin du transfert d’usageDu côté du Vieux-Port, Pierre, membre du Club nautique Rive Neuve, accepte de nous expliquer le processus à suivre pour acqué-rir une place : « Avant, on achetait le bateau et on avait une place, c’était le transfert d’usage, se souvient-il, mais maintenant ça a changé. » Désormais, l’achat de la place et celui du ba-teau sont différenciés. Le plaisancier se voit attribuer le titre de propriétaire-passager pendant six mois, renouvelables quatre fois, soit deux ans au total. À ce terme, celui-ci passe devant la commission du club nautique qui décide si oui ou non la place peut encore lui être louée. Théoriquement, les places ap-partiennent à la Communauté urbaine, elles ne peuvent pas être vendues.Quant au prix du bateau, il diffère selon sa taille : entre 15 000 et 20 000 euros pour un sept mètres à titre d’exemple. La place, elle, est louée entre 1 000 et 10 000 euros l’année. Au détour de promenades sur les quais du Vieux-Port, on remarque des emplacements vides. Alors, y aurait-il encore de la place ? Pas selon Pierre. « Ici, il n’y en a pas de dis-ponibles. Dès qu’il y a une place, la capitainerie l’occupe. Il y a des listes d’attente », explique-t-il. Ça, c’est la théorie.

Les combines toujours présentesUn peu plus loin dans la ville, au port de la Pointe-Rouge, Jean, membre du Yachting club, assure le contraire : « Avec la crise, il y a beau-coup de places disponibles pour 3 000 euros l’an-née. » Il poursuit : « Certes, l’eau n’appartient à personne, mais en fait certains sous-louent leurs emplacements. » Des propos confirmés par Thomas, un autre plaisancier : « Ta place, tu peux la relouer à la capitainerie. »Virgile, membre de la société nautique Mas-silia, va plus loin encore et dénonce une mé-thode qui, selon lui, est assez répandue dans

À

les ports : « Le meilleur moyen de récupérer une place au port, c’est de devenir légalement copro-priétaire d’un bateau. Le propriétaire va alors déclarer aux affaires maritimes que vous êtes désormais deux à posséder le bateau. » Il pré-cise : « Le club nautique affilie ce nouveau nom dans le registre des places. On attend six mois, et le propriétaire nous « cède » ses parts officiel-lement. Mais officieusement, on lui rachète et on obtient une place au port. » Sans ces combines, certains attendent plusieurs années avant d’obtenir une place, à moins d’avoir la chance de connaître quelqu’un, comme Thomas : « Trouver une place, c’est devenu une rareté. J’ai obtenu la mienne grâce à une connaissance, un employé à la mairie », confie-t-il. Contactée sur le sujet, la capitainerie n’a pas souhaité nous répondre.

Léa Giustiniani & Camille Journet

Au Vieux-Port, les places de bateaux sont chères.

le saviez-vous?L’Assemblée a adopté le 4 mars une taxe de mouillage qui provoque la co-lère des plaisanciers. Objectif : faire payer le droit de jeter l’ancre dans une aire marine protégée à hauteur de 20 euros par m2, soit 140 euros pour un bateau de sept mètres. Une taxe difficile à supporter, selon les plaisanciers. Avant d’être défi-nitivement adoptée, la proposition de loi sera soumise aux sénateurs.

«

© Léa Giustiniani

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— ARCHÉOLOGIE —

TRÉSORS CACHÉS D’AUJOURD’HUIMARSEILLE D’HIER

Revivez la métamorphose de cette cité portuaire au travers des vestiges mis au jour à l’occasion des princi-paux chantiers de construction de ces vingt dernières années.

arseille a cette particularité de poursuivre son dévelop-pement urbain depuis des

millénaires tout en redécouvrant chaque jour son passé. À ce jour, 49 sites archéolo-giques émaillent la ville et recèlent des ves-tiges allant du mésolithique au XXe siècle, pour la plupart visibles au musée d’Histoire de Marseille. Un laboratoire de choix pour tout archéologue.L’étude d’implantation du Mucem et la restauration du fort Saint-Jean confir-ment tout d’abord l’apport colossal des Grecs. Les enceintes fortifiées présentes au jardin des Vestiges et à la butte des Carmes témoignent également de l’histoire antique. La cité se développe à l’époque sur près de 50 hectares et connaît sa plus forte croissance. Massalia la Grecque est née.

Marseille indépendanteCité-État comme Venise ou Gênes, Mar-

seille s’allie à Rome pour ne pas souffrir de ses voisins gaulois, mais entre malgré elle dans la guerre civile en ne soutenant pas Jules César ; il le lui fera payer. La ville perd son indépendance. L’urbanisation reprend quelques décennies plus tard, avec majes-té, sous le règne d’Auguste. Théâtres, en-trepôts liés au commerce du vin, villas et thermes fleurissent. L’opulence de Massilia la Romaine s’affirme.En 2005, ce passé florissant ressurgit. Les fouilles entreprises sous le futur hôtel Intercontinental Hôtel-Dieu révèlent

Les bâtiments du Grand séminaire du XIXe s. et la nouvelle Major au second plan (fouille de l’esplanade

de la Major à Marseille).

Archéologue responsable de l’opération : Françoise Paone

© Denis Gliksman, Inrap

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— ARCHÉOLOGIE —

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un bâtiment public romain disposant d’un chauffage par le sol. Et dire que la tempéra-ture intérieure pouvait atteindre 30 degrés Celsius ! Ce grand pas dans la moderni-té est confirmé par d’autres découvertes. Un premier réseau de rues, de faubourgs, d’habitations avec foyers, mais aussi des ci-ternes individuelles, un collecteur d’égouts et des cimetières sont mis au jour lors de la construction du tunnel de la Major en 2000 et 2001. D’autres vestiges dévoilent l’histoire des communautés religieuses, chrétiennes prin-cipalement, qui investissent les lieux à partir du Ve siècle. En témoigne une église funé-raire, retrouvée intacte avec ses sar-cophages inviolés, dans le quartier de la Joliette lors de la création d’un parking souterrain en 2003.

Marseille assiégéeSi les périodes grecque et romaine ont laissé de nom-breuses traces de progrès architecturaux, le Moyen Âge a quant à lui marqué la ville au fer rouge. Devenue capitale de la Provence, Mar-seille est prise dans les conflits entre rois francs au VIIIe siècle et pillée par Charles Martel. Les Sarrasins prennent le relais, la ville est poussée au repli. Heureuse-ment, les croisades et l’établissement de comptoirs marchands au XIIe siècle concourent au développement des échanges commerciaux avec l’Orient. Pour preuve, le

bourg des potiers de Sainte-Barbe, dé-couvert en 1991 : les artisans y travaillaient selon des techniques de façonnage et de cuisson identiques à celles connues à Cor-doue en Espagne ou Samarkand en Ouzbé-kistan. Un cimetière musulman au-dessous de la place Charles-de-Gaulle témoigne également de l’installation ancienne de la population orientale. Finalement, Marseille devient déjà une plaque tournante du com-merce maritime en Méditerranée.

—— « ON N’EST PAS INDIANA JONES » ——

Qu’apporte l’archéologie préventive ? Elle permet l’aménagement du territoire, de libérer le terrain pour l’aménageur en le purgeant. C’est une véritable activité économique qui fait travailler ouvriers, scientifiques et personnels divers dans les domaines du logement, de la restauration ou du transport. Notre première préoccupation est d’exécuter l’appel d’offres et de mener les études ; la fouille est l’étape la plus courte du processus. Plus le projet d’aménagement est grand, plus il y a de risques (ou de chances) de tomber sur des vestiges.

Comment le public est-il informé de ces découvertes ? Beaucoup de choses sont montrées au public : le musée d’Histoire de Marseille, par exemple, expose son bateau échoué [le Grand-Congloué découvert dans les années 1950, NDLR]. Il y a une profonde de-mande de la société, on refuse du monde aux journées portes ouvertes, ça fait la une des journaux télévisés. Pour autant, l’accès aux chantiers n’est pas ouvert au public, car c’est un travail de professionnels ; les spectateurs peuvent gêner, voire se blesser.

Quelle est votre découverte la plus marquante ? Je ne sais jamais quoi répondre à cette question ! On ressent des émotions quand on trouve des objets esthétiques, mais on n’est pas Indiana Jones, on ne cherche pas de trésor ; quand il fait une enquête et finit par trouver l’objet convoité, le film s’arrête ; pour nous, tout commence. L’archéologie, c’est la compréhension des sociétés par les objets qu’elles ont laissés.

Archéologue responsable d’opération : Philippe Mellinand

© Véronique Abel, Inrap

Marseille excommuniéeEt pourtant, quelle époque troublée que les XIe et XIIe siècles ! Après avoir fait face aux pillages et à des suzerains divers, Marseille se rebelle contre l’évêque et est excommu-niée trois fois en 40 ans. Plusieurs épidémies de peste la touchent également au Moyen Âge puis au XVIe siècle. Dans le quartier du Panier, en 1994, la construction d’un immeuble avec parking souterrain révèle la présence d’un charnier de pestiférés ; d’autres fosses communes sont aussi retrou-vées aux abords de l’esplanade de la Major. Marseille connaît aussi la guerre de Cent Ans.

Et pour se protéger des troupes armées, la population regagne l’intérieur des

remparts. Les faubourgs, qui se dé-veloppaient depuis le XIIIe siècle,

sont laissés à l’abandon. Des jardins recouvrent leurs traces jusqu’à la création de la ville nouvelle par Louis XIV. La salle du jeu de paume de la rue Thubaneau, dé-couverte préalablement à la construction du mémorial de la Marseillaise en 2008, en est un symbole. La Mar-

seillaise y aurait été entendue pour la première fois.

Tant de constructions, tant de destructions. Et Marseille, ville re-

belle, toujours debout. De ce voyage à travers les siècles surgit une ques-

tion : la cité d’aujourd’hui laissera-t-elle des vestiges aussi dignes d’intérêt ?

Alexandra Dupont

le saviez-vous?Les Journées nationales de l’ar-chéologie auront lieu du 19 au 21 juin 2015. À Marseille, le Mu-séum d’histoire naturelle propose-ra des animations, des conférences, des séances CinéMuséum et des ateliers pédagogiques sur « l’évolu-tion de la faune et de la flore à Mar-seille depuis un million d’années ».

Assiette en faïence de Montelupo (Toscane) datée du XVIe s., mise au

jour lors de la fouille de l’église de la commanderie du fort Saint-Jean.

3 questions à Jean-Pierre Bracco, archéologue spécialiste de la préhistoire et professeur à l’université d’Aix-Marseille.

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— HABITAT —

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— ÉNERGIE —

UN QUARTIER SORT DE TERREAu bout du boulevard National, depuis plusieurs mois, se joue un curieux manège. Cachés par de grandes affiches du groupe Nexity, des ouvriers s’activent autour d’un immense chantier, les Docks libres. Intrigués par les grues, les habitants s’interrogent sur ces constructions innovantes...

e passe tous les jours devant et je ne sais pas ce qu’ils sont en train de construire », confie Ahmed, qui vit dans le quartier depuis cinq ans. « J’ai entendu dire qu’il

va y avoir des bureaux et une crèche, je n’en sais pas plus », explique Maria, qui ne travaille pas très loin du chantier. Malgré la visibilité de cet immense chantier, de nombreux Mar-seillais ignorent que la première tranche de 39 000 m² sera livrée cet été... Est-ce dû à un manque de communication ou au manque de curiosité des passants ? Même certains professionnels ne sont pas au courant : « Les Docks libres ? Non ça ne me dit rien, ça se trouve où ? Quelle agence s’en occupe ? », réplique d’un air étonné Aghiles Boudarene, agent im-mobilier chez Connexion.

Favoriser la mixité sociale« Ce projet ne va pas chambouler l’équilibre de Marseille, mais celui du quartier », affirme Ro-land Carta, architecte en charge du projet. Selon lui, la population marseillaise réagit en général une fois l’opération terminée. Seuls les gens du métier sont réellement au cou-rant. Situé entre le quartier Saint-Mauront et le périmètre Euroméditerranée, le projet de réaménagement urbain des Docks libres proposera à terme des logements sociaux, une résidence étudiante, des bureaux, des commerces et une crèche.

J La municipalité tente de reconquérir ce sec-teur de la ville, en vue de le réhabiliter pour favoriser la mixité sociale. C’est une requa-lification d’envergure pour ces anciennes friches industrielles, acquises en 2005, par la ville et l’Établissement public foncier (EPF Paca). « Nexity se veut exemplaire en s’installant ici dans une démarche conquérante », indique Laure-Agnès Caradec, adjointe au maire chargée de l’urbanisme. Ainsi l’opération des Docks libres sera l’élé-ment emblématique de ce renouveau urbain. « Il y avait nécessité à transformer ce quartier très pauvre », assure Audrey Dawid, assistante des programmes chez Nexity. Au début de l’année 2014, d’ailleurs, le chantier avait été bloqué par des riverains qui réclamaient un emploi sur le site. Le programme a été finale-ment récompensé par le Prix de la cohésion sociale 2014 du réseau Institut de mécénat de solidarité (IMS) pour sa qualité. Ce prix est le fruit de différentes actions qui ont été menées afin de développer le lien avec les habitants et mettre en place une « véritable démarche citoyenne ». Ainsi, le projet archi-tectural a été présenté aux associations du quartier, une réunion pédagogique sur les métiers du bâtiment a été menée avec le col-lège Belle-de-Mai et « quelques heures de tra-vail données à certains habitants du quartier ».

Eva Naim

Nexity a décroché une pyramide d’argent dans la catégorie immobilier d’entreprise pour son projet très original de bureaux en bois Ywood Business aux Docks libres. Avec six étages, « c’est le plus haut immeuble de bureaux de France en bois », se félicitent les responsables de Nexity. Cet ensemble est le fruit d’une éco-conception qui uti-lise une structure en panneaux bois mas-sif et des équipements sélectionnés pour leurs performances énergétiques et envi-ronnementales.

UNE ÉCO-CONCEPTION

À côté d’Euroméditérranée, les nouveaux immeubles atteindront jusqu’à 16 étages.

© N

exity

«

© Eva Naim

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— HABITAT —

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— ÉNERGIE —

CAP AU LARGE POUR L’ÉOLIEN

aute de 35 mètres, d’un dia-mètre de 50 mètres, l’éolienne Vertiwind, installée au Grand

port maritime de Marseille (GPMM) a de quoi intriguer, avec son look peu commun d’étrange tourniquet. Ce premier prototype terrestre, conçu par la société française Né-nuphar, est d’ores et déjà mis à l’épreuve, en attendant de grimper un peu plus pour at-teindre sa taille définitive d’une centaine de mètres.« La construction du deuxième étage est pré-vue pour début 2016, indique Marie Viala, porte-parole de Nénuphar. Un prototype sera ensuite  installé en mer fin 2016 et  testé pendant un ou deux ans. » La ferme pilote de treize éoliennes, installée à une vingtaine de kilomètres au large de Fos, constitue l’étape suivante. Elle devrait fournir une puissance de 30 mégawatts (MW), avec 2,6 MW par éolienne. Le projet, intitulé Provence grand large, est porté par EDF Énergies nouvelles, qui estime son coût à 130 millions d’euros.

Un défi technologiqueContrairement à la Manche et à la côte At-lantique, dont les plateaux continentaux peu profonds sont favorables à l’installation de « l’éolien posé », la Méditerranée accueille-ra plutôt « l’éolien flottant », mieux adap-té à son fond marin qui descend de façon abrupte. Nénuphar a justement optimisé son éolienne pour une implantation en eaux pro-fondes, de 50 à 200 mètres. Pas de fondation au sol, donc, pour Vertiwind. Elle sera portée par d’importants flotteurs, fixés eux-mêmes

au sous-sol marin par plusieurs ancres.Mais l’innovation majeure réside dans le concept d’éolienne à axe vertical. En effet, le mouvement de la structure est celui d’un tourniquet de jardin d’enfants et non celui d’un moulin à vent. En tournant autour d’un rotor vertical, l’éolienne profite du vent d’où qu’il vienne, tandis que les modèles clas-siques à axe horizontal doivent s’orienter en fonction de sa direction.

« Ne pas gêner les pêcheurs »La planification de l’éolien en mer est ac-tuellement en cours au niveau national. En Méditerranée, la Direction interrégionale de la mer (DIRM) Méditerranée mène les concertations. « Nous en sommes au stade de l’identification  des  zones,  où  effectivement  des fermes pourront s’installer », explique Nicolas Singellos, chargé de mission à la DIRM Médi-terranée. Les zones doivent être technique-ment favorables à l’implantation d’éoliennes, tout en prenant en compte des contraintes environnementales ou liées aux usages de la mer, notamment par la Défense nationale, les armateurs et les pêcheurs.Consulté sur le sujet, le Comité marseillais des armateurs de France (CMAF) com-mente : « Le zonage tient compte de nos routes régulières, elles ne seront donc pas impactées. » Et du côté du port, les armateurs ne seront pas non plus dérangés. Aucune installation de parcs n’est envisagée sur les approches portuaires. Les compromis sont issus d’une « concerta-tion exemplaire », remarque Daniel Moutet,

H président de l’Association de défense et protection du littoral du golfe de Fos. « Nous avons défini des endroits propices, pour ne pas gêner les pêcheurs professionnels ou ne pas perturber l’œil humain », ajoute-t-il. Les dis-cussions ont également permis d’éclairer d’autres problématiques, comme l’installa-tion du câble de raccordement au réseau électrique de la ferme en projet (lire ci-des-sous). Enfin, concernant l’avenir des parcs pilotes, Nicolas Singellos souligne « l’impor-tance du suivi périodique », afin d’évaluer leurs impacts.Aujourd’hui, une zone de plusieurs centaines de kilomètres carrés se dessine dans le golfe de Fos, la « zone de Faraman », où s’installe-ront des projets pionniers de l’éolien flottant. C’est là que les treize éoliennes Vertiwind, alignées sur deux rangées dans une zone de 14 km2, seront soumises aux vents marins et à la forte houle.

Myriam Riffaut

Au Grand port maritime de Marseille, la société Nénuphar teste actuellement un prototype innovant d’éo-lienne offshore. À l’horizon 2018, une ferme pilote de treize éoliennes flottantes verra le jour au large de Fos- sur- Mer. Un projet inédit en France.

le saviez-vous?Un câble électrique d’environ 30 km, dont 20 km sous-marin, permettra de raccorder la ferme pilote au Réseau de transport de l’électricité (RTE). Chaque kilo-mètre de câble sous-marin posé coûte environ deux millions d’euros.

© EDF Énergies Nouvelles

Le futur parc éolien sera installé à une vingtaine de

kilomètres des côtes.

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— CULTURE —— CULTURE —

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’art urbain – ou street art –, plus que n’importe quel mouve-ment artistique contemporain, interpelle car il s’impose au re-gard. Dans les rues de Marseille, il est devenu difficile d’éviter

les graffitis et tags qui recouvrent l’espace urbain. Mais qui sont ces ar-tistes vandales ? Individus ou collectifs de graffeurs ? C215, Gamo, Mis-terkalm, Russ. Des noms empreints de mystère qui ont choisi Marseille comme canevas.Sur les murs des rues du cours Julien, berceau de l’art urbain local, tout se mélange, des graffitis aux collages, dans un chaos graphique des plus surprenants. Rue Bussy l’Indien, le graffiti en hommage à Cabu arrête quelques passants le temps de prendre une photo avec leur téléphone. Au milieu du visage du caricaturiste a été grossièrement tracé un sym-bole féministe anarchiste. L’art urbain reste éphémère : petit à petit, graf-fitis et affiches viendront recouvrir le mur à leur tour, faisant tomber dans l’oubli la fresque colorée.

Un train de retard« Le street art est devenu à la mode depuis que les journalistes ont récupéré le terme », se désole Cédric Malo alias Tabas. Ancien graffeur marseillais devenu illustrateur et graphiste, il n’aime pas le terme street art pour parler de graffiti, qu’il considère comme un genre à part dans un art aux disciplines multiples. Un genre qui, à Marseille, « n’a pas beaucoup évolué depuis les années 80 », selon lui. On retrouve encore des graffitis d’un autre temps, comme la série de fruits et légumes de 1983 du peintre provençal Jean-Claude Quilici le long des quais du métro cours Julien. Des peintures en réel décalage temporel par rapport aux collages de freaks de Mr Pixel ou du slogan « Thanks for nuclear » et sa fillette à la fleur nucléaire sur l’escalier multicolore menant au cours. Marseille peine à moderniser son art urbain, encore largement influencé par le graffiti new-yorkais des années 1980. Les fresques, ces graffitis démesurés utilisant des pans de mur entiers, sont une espèce rare à Marseille, selon Cédric Malo. « C’est plus facile de faire du tag que de la fresque », fait-il remarquer. Street art à moindre coût, le tag s’est répandu à travers la ville. Profitant du moindre recoin, ces maestros du marqueur posent leur nom. Un « j’étais ici » noyé au milieu de l’océan de signatures calligraphiées sur les rues de Marseille. « Ils se revendiquent du graffiti mais c’est plus la mode d’une génération », s’exaspère Cédric Malo, face à l’apparition d’une nouvelle école de graffeurs tatoués et barbus qui manipulent l’appli Instagram mieux que l’aérosol. À la boutique All City (6e), rare point de vente à Marseille de matériel dédié à l’art urbain, l’unique employée remarque « une augmentation de la fréquentation depuis quelques années », surtout des jeunes de 13 à 16 ans. « Il y a aussi de plus en plus de jeunes filles. » Venu acheter quatre bombes de peinture avec son argent de poche, Sam explique avoir commencé le graff à 13 ans. C’est pour lui « un moyen de s’exprimer dans la rue en écrivant sur les murs », et il ne prévoit pas de s’arrêter, malgré les risques.

Art à la sauvetteL’art urbain se fait à la volée, avec la crainte de caméras et de la police au ventre. Une épée de Damoclès sous la forme d’une amende de 1 500 à 3 750 euros accompagnés de travaux d’intérêt généraux. L’atelier Jux-tapoz a voulu créer un semblant de légalité en proposant une « galerie d’exposition à ciel ouvert », explique Karine Terlizi, chargée de projet. LE MUR-Marseille offre chaque mois carte blanche à un artiste urbain. À l’angle de la rue Crudère et du cours Julien, ce panneau de trois mètres

L

Graffiti hommage à Cabu par JuisRue Bussy l’Indien (6e).

© Julien Prioux

Fresque « 2015 » par Gamo, Eazy & Difuz

Rue du Petit Puits (2e).© Julien Prioux

BOMBES DE VANDALES

Des profondeurs du métro aux sommets des im-meubles haussmanniens, l’art urbain, qu’il émerveille ou révolte, ne laisse pas indifférent. Ces hors-la-loi de la bombe de peinture recouvrent Marseille d’un voile coloré, entre vandalisme et œuvre d’art.

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— CULTURE —

par cinq se fond dans les graffitis alentour dans l’anonymat le plus total. La démarche encadrée du MUR s’oppose naturellement à l’aspect van-dale de l’art urbain. « Les artistes ne viennent pas sur le MUR pour faire de la provocation, c’est plus pour s’exprimer et se donner de la visibilité », précise Karine Terlizzi.Au sein de l’association de skateboard Board Spirit Marseille (BSM) ba-sée à la Friche, on proposait en février dernier une session découverte du graffiti aux enfants. Le graffeur Rish propose un apprentissage qui se veut encadré. « Ce n’est pas l’art vandale qui est mis en avant », explique Thomas Walks, porte-parole de BSM, qui précise que « ce n’est pas ce qui convient aux gamins de 10 ans. » Une nouvelle génération d’artistes ur-bains qui n’apprend plus dans la rue, comme les vieux de la vieille, incar-nant un « pan de l’art urbain qui s’institutionnalise », conclut Thomas Walks. Dans le quartier du Panier, certains graffitis sont « réalisés avec l’aval de la mairie », explique Didier Dropy, adjoint à la culture du 2e secteur. Ceux-là ne bougeront pas. Quant aux autres, c’est un peu au cas par cas. Graffitis et fresques ne disparaîtront que « si c’est insultant, précise l’élu, mais à partir du moment où il y a une œuvre, on la laisse ». Une tolérance de la part de la mairie qui n’exclut pas un déploiement de moyens importants dans le combat contre l’art vandale. Éric Fina, responsable de la lutte anti-graffiti à Marseille, espère voir « le budget de 600 000 euros proposé pour 2015 va-lidé très prochainement ». L’année dernière, 94 000 m² d’art urbain ont pu être nettoyés, tous arrondissements confondus. « Il y a entre 350 et 500 demandes de nettoyage par mois », informe Éric Fina. Ces alertes peuvent provoquer des opérations anti-graffiti sur des rues entières. Pour autant, il ne suffit pas qu’un riverain décroche son téléphone pour voir débar-quer la brigade anti-graffiti. « Même si une fresque n’est pas au goût d’un habitant, c’est toujours mieux qu’un mur lépreux », rationalise Didier Dropy. C’est là qu’entre en scène la subjectivité de l’art.

Julien Prioux

Fresque « 2015 » par Gamo, Eazy & Difuz

Rue du Petit Puits (2e).© Julien Prioux

Le MUR du mois de Mars 2015 par PedroRue Crudère (6e).

© Julien Prioux

Graffiti de porte par C215Rue Pastoret (6e).

© Julien Prioux

BOMBES DE VANDALES

Fresque par Asha & GamoCroisement de la Rue du

Refuge et de la Rue Fontaine de Caylus (2e).

Les graffitis se multiplient sur les façades des immeubles qui longent le cours Lieutaud (6e).

le saviez-vous?

Radio grenouille propose d’origi-nales promenades sonores. La n°16, intitulée «  Le  souffleur  », entraîne le marcheur dans une balade au cœur du quartier de la Plaine. À la nuit tombée, munis d’une petite lampe torche et la musique dans les oreilles, vous observerez ces tré-sors cachés que sont les pochoirs.www.promenades-sonores .com

© Julien Prioux

© Julien Prioux

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— SOCIÉTÉ —— CROYANCES —

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SECTES : CERVEAUX À DISPOSITIONMarseille, ville cosmopolite. Ce n’est donc pas étonnant que les sectes y trouvent leur Eldorado. Dans des maisons de maîtres comme rue Salvator, ou chez l’habitant, il n’est pas évident de savoir ce qui se cache derrière des murs d’apparence ordinaire. Près de 400 groupes à dérives sectaires sont répertoriés en ville.

l naît des sectes comme des parfums de glaces, il y en a pour tous les goûts. Entre groupes qualifiés de sectes par le

rapport d’enquête parlementaire de 1995 comme la Scientologie ou les Témoins de Jéhovah et les groupes à dérives sectaires surveillées, depuis le Schri RAM Chandra jusqu’à la soixantaine d’églises évangéliques marginales, Marseille est aussi riche de cela. Quand par le passé l’homme se dirigeait plus facilement vers une quête spirituelle, il pré-fère maintenant ce qui touche « l’entretien du corps et le psychisme ». Le message est bien passé, on a vu l’éclosion de nombreuses sectes dites « thérapeutiques » ou new age, comme la Nouvelle acropole ou Mahikari. « Ils s’adaptent au marché et à tous les profils de manière brillante », explique Didier Pachoud, président du Groupe d’études des mouve-ments de pensée en vue de la protection de l’individu (Gemppi). Dans un État libre de droits, il ne faut pas chercher très loin pour trouver les locaux des plus grosses sectes. Sous couvert de la Maison de la philosophie, espace Salvator (6e), vous rencontrerez la Nouvelle Acropole. Chez Mahikari, on pré-fère les maisons de maître, boulevard Ca-mille Flammarion (4e). D’autres se réfugient derrière la façade d’une église. Il est donc dif-ficile de connaître leur face cachée, comme pour la Scientologie, installée rue de Lodi.

« Ma vie à servir Dieu »Le Gemppi travaille pour défendre et préve-nir le public contre ces dérives sectaires, « on reçoit 1 200 demandes d’aides ou d’informations par an de la part des familles ou des victimes », confie Didier Pachoud. Le Gemppi aide les adeptes à se reconstruire à leur sortie.

I

Les sectes sont réputées pour soustraire à leurs disciples le maximum d’argent possible. Comme dans la communauté mormone où elles récupèrent 10 % des revenus des fidé-les. « On dit que les sectes, c’est un problème d’argent. Non, c’est un problème de pouvoir. Elles usent d’un pouvoir sur les personnes qui abdiquent toute raison », s’agace le président du Gemppi. Les sectes utilisent la manière douce pour endoctriner. Un passage par les plus grosses structures s’impose. Installée devant la Nouvelle acropole, Marie, la qua-rantaine, nous rit au nez à l’évocation du mot « secte » : « Il n’y a rien de suspect, leurs cours sont très agréables. Ils parlent également de concepts modernes comme ceux de Livra-ga. » Ce nom ne vous dit rien ? Logique, c’est

leur gourou. Simple et sans contrainte. Chez les Témoins de Jéhovah – 5 000 membres à Marseille –, le discours est comme préparé. Mathieu commence : « J’ai décidé de consacrer ma vie à servir Dieu ainsi, je ne suis jamais seul entouré de mes frères.» Paul continue : « Nous ne sommes pas une secte, mais une communau-té d’amour et de respect entre frères et sœurs, deux valeurs qui devraient être partagées par tous, pour rendre le monde meilleur.» Par chance, les sectes sont très surveillées dans notre pays. « La France est le plus néfaste et le moins accueillant des pays pour les sectes », conclut Didier Pachoud. Est-ce la raison pour laquelle on ignore alors leur grande présence à Marseille ?

Camille Journet

Lunettes noires, visage fermé, Solène(1) nous attend sur la Cane-bière. « Je préfère que l’on discute dans un lieu public, ils sont partout. » « Ils », ce sont les membres de la Scientologie. Cette paranoïa est justifiée par la réputation du groupe. Le manège commence tou-jours de la même manière. La victime est en état de faiblesse ou en quête de valorisation, et croise la route d’une personne qui lui fait rencontrer le groupe. « On s’est déplacé dans un centre où j’ai passé des tests, une vraie connerie. Je me suis retrouvée face à des personnes qui m’ont fait comprendre que je ne suivais pas la bonne route. Ils m’of-fraient des solutions à travers des stages. J’ai payé et la machine infernale

a commencé. » Expatriée aux États-Unis pour suivre une meilleure formation, Solène croise un ancien camarade qui lui annonce le décès de son propre père deux ans plus tôt. Électrochoc. « Je suis rapidement devenue persona non grata. Ils ont utilisé mes confessions pour me faire chanter. » Solène aura passé cinq ans au sein de la secte et déboursé plus de 150 000 euros. Épuisée, elle passe deux ans en hôpital psychiatrique. « Ils mettent une telle pression que l’on fait tout pour leur plaire. Le but, c’est que l’on devienne un chien qui veut attirer l’attention de son maître. »

— SOLÈNE, RESCAPÉE DE LA SCIENTOLOGIE —

(1) Son nom a été modifié pour sa propre sécurité

Propos recueillis par C.J.

© Gemppi et Ateliers de l’image et du son

Cet extrait du court-métrage « Les Visiteurs : Religiosité

sectaire » scénarise les adeptes faisant du porte à porte pour

prêcher leur parole.

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— SOCIÉTÉ —

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— CROYANCES —

L

MARSEILLE SUR COURANT ALTERNATIFAu milieu des cafés associatifs et des commerces équitables, bien implantés, il existe un réseau d’initiatives solidaires et citoyennes moins connu mais omniprésent sur le quartier du cours Julien et qui s’étend désor-mais à toute la ville.

e jour militant et culturel, la nuit festive, Marseille concentre un vi-vier alternatif qui soutient un mode

de vie collaboratif et une économie sociale et solidaire (ESS). Une réponse à la sur- consommation et à la mondialisation.On ne compte plus le nombre d’associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), proposant fruits et légumes à ses adhérents, parfois viandes, miel ou vins. À L’Équitable, haut lieu de cette vie alternative sur le cours Julien, on récupère ainsi ses pa-niers de produits frais en dégustant un café avant de découvrir la programmation musi-cale ou le débat de la semaine. Au chapitre primeur, on peut aussi ajouter les quelque 26 jardins collaboratifs recensés à Marseille et cultivés par les habitants.Rue Breteuil, il suffit de passer sous un porche pour tomber sur le Point de bascule, un café éclectique créé il y a 10 ans par un collectif de plasticiens. Il est devenu en peu de temps la vitrine du croisement militant et culturel à Marseille. Guillain, l’un des ini-tiateurs de l’aventure s’explique : « Sans pres-sion aucune, on s’est dit, ce lieu, on ne sait pas ce qu’on va y faire, mais on l’ouvre et on verra bien ! C’est un non-projet, ce qui préfigure l’idée de vi-vement maintenant. » À la suite d’une ouver-ture tonitruante, ce lieu s’est vite développé sans grande communication, restant poreux à toutes propositions. Ici, on organise des

meetings citoyens, des sessions musicales, ou on vient plus simplement y boire un verre.Le Green Bear Coffee, un café/fast-food végétalien, implante son troisième établisse-ment dans la ville grâce au financement de la Nouvelle économie fraternelle (Nef). Il s’agit d’une société coopérative de finances soli-daires qui se veut transparente et éthique. Elle est dans l’attente de l’agrément pour devenir une vraie banque. Peu connue des professionnels et en excès de fonds, la Nef a financé d’autres projets comme celui du Bar à vrac, un bar-épicerie bio sans emballage.

La ville a un riche potentiel« Marseille est riche d’un potentiel alternatif que les banques classiques restent fébriles à financer », annonce Mathieu Gros, banquier itinérant de la Nef. Un autre partenariat est en cours de discussion avec Habitons Groupés 13, une association qui vise à faire connaître l’ha-bitat participatif au grand public, aux collec-tivités et aux institutions. Le principe étant que les futurs occupants décident ensemble de leurs besoins pour leurs logements, et de principes communs autour de valeurs éthiques, sociales et environnementales. Ain-si, trois projets sont en cours de réalisation, à l’Estaque, à la Belle-de-Mai et sur la place des Habeilles (près de Saint-Charles), réunissant 39 familles désireuses d’un habitat convivial et solidaire. Encore peu connu en France, ce

mode de vie a déjà fait ses preuves chez nos voisins norvégiens et allemands. Boulevard National enfin, la Ruche est un lieu de travail collaboratif entre différentes struc-tures. Elle accueille, par exemple, l’Agence provençale de l’économie alternative et so-lidaire (Apéas) qui a pour objectif de pro-mouvoir et de développer cette fameuse économie alternative. Elle accompagne les collectivités locales et appuie des initiatives solidaires ou des projets écologiques. Ainsi, le festival FestifriK, en 2012, a touché le grand public sur « une autre monnaie possible ». D’un bout à l’autre de Marseille, ils sont ainsi de plus en plus nombreux à créer une autre vie dans la ville.

Magali Farge

le saviez-vous?La Bricothèque propose des ateliers d’initiations aux travaux de second œuvre pour les particuliers. On peut aussi y louer du petit outil-lage. L’idée est de rendre autonome les locataires sur l’entretien de leur logement et de leur éviter les frais onéreux d’un professionnel. Ainsi, bailleurs et particuliers peuvent ad-hérer à l’association. 30 rue Flégier 13001 Marseille, 04 96 21 20 07

À L’équitable café, haut lieu de cette vie alternative sur le cours Julien, on récu-père ses paniers de produits frais en dégustant un thé. © Magali Farge

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— SPORT —

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h, le sport et Marseille ! Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’y a pas que l’OM dans la cité pho-céenne. Il existe également des sports pour celles et

ceux qui souhaitent faire dans l’originalité, sortir des sentiers bat-tus, pour les rebelles de la discipline ou encore pour les aventuriers de l’activité physique inconnue. Ces associations, dont certaines existent depuis déjà plusieurs années, ont quelques difficultés à se faire connaître ou même à survivre. Ainsi, les MMA (Mixed martial arts, littéralement « Arts martiaux mélangés ») sont un sport de combat mêlant principalement pu-gilat et lutte. Le club Team Duca a été créé en 2012 et fait ses entraînements dans le 9e arrondissement. Cette activité ouverte aux hommes comme aux femmes a été reconnue en France en janvier 2008 mais reste rattachée à la fédération de lutte. Contrai-rement à ce qui se fait dans les autres pays européens, il est interdit de donner des coups à un adversaire au sol. Hormis cela, il est permis de frapper avec les pieds, poings, genoux et de faire des soumissions composées de clés de bras et autres. Les combat-tants s’affrontent dans une cage nommée « octogone » durant une période de deux fois, voire trois fois cinq minutes, selon les catégories. Malgré la violence effective de ce sport, il apparaît que les participants mettent un point d’honneur à ne pas blesser leurs adversaires. « Venant d’autres arts martiaux, j’ai trouvé qu’il y avait plus de respect entre combattants dans ce sport, plus profond, plus vrai », confie Ahmed, entraîneur à la Team Duca. Du respect envers son opposant, on en trouve égale-ment dans l’esprit chevaleresque des Guerriers du lendemain. Cette association de combat médiéval fondée en 1999 est basée sur Istres et sur Marseille. Elle rassemble une quarantaine de férus d’histoire qui ont fait de leur passion un art martial basé sur des textes de maîtres d’armes de la fin du Moyen Âge. Équipés de pro-tections matelassées ou en acier, ils s’affrontent avec des reproductions d’armes d’époque, en nylon (plastique dur) ou en métal. Ce club également mixte est rattaché depuis quatre ans à la Fé-dération française des arts martiaux historiques euro-péens (FFAMHE) mais garde son in-dépendance en ce qui concerne le contenu de ses cours et le rythme de ses en-traînements. Il organise plu-

sieurs fois par an des rencontres avec d’autres associations faisant partie ou non de la fédération. Les participants y échangent leurs savoirs et en profitent pour ferrailler entre eux avec bravoure.

Des sports collectifs en essorDe la bravoure, elles n’en manquent pas. « Elles », ce sont les filles du Blue Stars. Une jeune branche de l’association de football amé-ricain est apparue en février dans la ville. Bien qu’elle n’ait que huit membres pour le moment, cette petite équipe s’entraîne dur pour pouvoir l’année prochaine intégrer le « challenge », « sorte de mini championnat de France non officiel qui est en train d’être mis en place par la fédération », explique le président des Blue Stars, Julien Toth. Ce sport, qui allie endurance et rapidité, oppose dans sa version féminine deux équipes de neuf joueuses. Dans les 120 euros de cotisation est comprise la location de l’équipement, à savoir les épaulières et le casque. C’est dans une ambiance aussi joyeuse qu’appliquée que les footballeuses mouillent le maillot.S’il y en a pour qui se mouiller n’est pas un problème, ce sont bien les membres de l’association de hockey subaquatique. Le club de Massilia Sub, autrefois associé à un autre club, a pris son indépen-dance en 2001. Il compte aujourd’hui une trentaine de membres de tous âges. Pourtant, l’équipe de France masculine est cham-pionne du monde de cette discipline qui reste peu connue. Ces sirènes et tritons des temps modernes s’ébattent dans l’eau claire d’une piscine, se jetant sur le palet tels des requins sur un morceau

de viande afin de l’amener dans le but adverse. Armés de casques, masques, tubas, palmes, gants et petites crosses,

ils s’affrontent avec adresse et grâce dans des matchs de deux fois dix minutes.

L’enjeu : se faire connaîtrePour ces associations, le recrutement est plus qu’important car une grande partie de leurs re-venus vient de la cotisation des membres. Ainsi,

cherchent-ils par toutes les méthodes nécessaires à se faire connaître, en

présentant par exemple leurs ac-tivités lors des animations de

quartier orga-nisées par la ville. Des p r o c é d é s

sur lesquels comptent beau-

coup le hockey su-baquatique et le MMA.

Internet prend également une part importante dans cette promo-

tion à travers divers réseaux sociaux et forums.Néanmoins, faire vivre cette communication de-

mande énormément de temps. Pour les bénévoles, il est parfois difficile de s’en occuper en parallèle de leurs vies

professionnelles et personnelles, ce qui désole Guy Occhipinti,

PETITS CLUBS, GRANDES AMBITIONSLoin des projecteurs braqués sur Marseille capitale européenne du sport 2017, certaines associations tentent de percer l’anonymat afin de faire connaître au public leurs activités sportives très originales. Arts martiaux mélangés, football américain féminin ou hockey subaquatique : place à l’exotisme !

A

© Bastien Michel

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— SPORT —

membre de Massilia Sub depuis ses débuts : « On n’a pas de couverture médiatique suffisante. » D’autres clubs, comme la Team Duca ou les Blue Stars, ont de leur côté réussi à trouver des sponsors qui acceptent de les financer en échange de publicités et de flyers. « Les sponsors sont à la recherche d’une dynamique positive », s’enthousiasme Julien Toth. Les Guerriers du lendemain, eux, se rémunèrent en partie grâce à des prestations de reconstitutions, qu’ils effectuent dans diverses communes où ils combattent en armure et font découvrir au public cette période.Marseille reste malgré tout une ville très active au niveau des as-sociations sportives, qui n’hésitent pas à innover pour trouver des financements et à augmenter toujours un peu plus leurs ambitions. Et qui sait ? Peut-être qu’un jour l’une d’entre elle prendra la place du ballon rond dans le cœur des Marseillais ?

Bastien Michel

13

Infos pratiques :Association féminine de football américain les Blue StarsEntraînements tous les jeudis de 18h à 19h30 au stade Saint JérômePlus d’infos sur : www.marseille-bluestars.com Association de hockey subaquatique Massilia SubLundi de 20h15 à 21h30, piscine Saint Charles (1er) - Mercredi de 19h00 à 21h30, piscine de Hyères - Jeudi de 21h15 à 22h15, piscine d’Aix-en-Provence - Vendredi de 20h15 à 21h30, piscine la Martine (15e). Plus d’infos sur : massiliasub.free.fr

Association de combat médiéval Les Guerriers du lendemainLundi et jeudi de 20h00 à 22h00, 14 rue des Lices 13007Plus d’infos sur : lgdl.fr

Association de MMA Team DucaTous les soirs de la semaine au 16 boulevard Trollat, 13009

D’après les dires de Mélissa, le hockey subaquatique est un sport « vif et dynamique ».© Brigitte Scorsonelli

Apprentissage des gestes techniques avant la pratique en armures d’acier.© Bastien Michel

Malgré le manque d’équipement, les filles du Blue Stars donnent tout ce qu’elles ont pendant les entraînements.© Bastien Michel

le saviez-vous?La ville de Marseille possède un palmarès sportif impressionnant en dénombrant 102 titres nationaux et neuf titres internationaux tous sports confondus. L’un de ses plus anciens champions est Jean Bouin, détenteur de trois Cross des na-tions consecutifs en 1911, 12 et 13.

Malgré leur motivation, ces associations se heurtent à divers problèmes qui les empêchent de se développer. C’est le cas de Massilia Sub qui est obligé de changer de lieu à chaque entraîne-ment, devant parfois aller jusqu’à Hyères. Une base plus saine et plus stable serait d’avoir une piscine attitrée et réservée à leurs horaires, une structure adaptée pour recevoir ce genre d’activi-tés comme c’était le cas lorsque la piscine de Luminy (9e) était encore ouverte. Seulement voilà, la mairie de Marseille a eu l’idée en 2008 de la rénover mais, par manque de financement, le projet comme le bâtiment ont été laissés à l’abandon. Il en va de même pour les médiévistes qui doivent de temps en temps laisser la salle à d’autres activités municipales.Outre l’aspect matériel, certaines difficultés viennent de la lo-gistique humaine, comme pour l’équipe féminine de football américain qui verra partir en juin son entraîneur québécois. Trouver un remplaçant pourrait s’avérer un vrai parcours du combattant. D’autant que l’équipe souhaite trouver un entraî-neur de qualité, comme le souligne le président Julien Toth : « Ce n’est pas parce que ce sont des filles que les entraînements sont plus light, elles sont très exigeantes donc il faut qu’on les accompagne sérieusement. » En ce qui concerne le MMA, ce n’est pas le manque d’entraîneurs qui pose souci mais plu-tôt le coût de l’inscription car, outre la cotisation annuelle, il faut également payer chaque année la licence, ce qui revient en tout à devoir débourser environ 300 euros, somme que tout le monde ne peut pas se permettre de dépenser.

B.M.

— UN COMBAT POUR SURVIVRE —

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— SORTIES —— MODE —

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C’est le créateur de Adore me, un site de vente en ligne de lingerie low-cost lancé en 2011. Le Marseillais a choisi la ville de New York pour « son énergie, son activité économique et la facilité avec laquelle on peut y créer une entreprise ». Au-jourd’hui, Adore me, avec 6,6 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2014, est un concurrent sérieux pour le géant Victoria’s Secret. L’objec-tif de Morgan Hermand-Waiche est d’atteindre les 100 millions de recettes d’ici trois ans.

Difficile de passer à côté de ces petites médailles portées fièrement autour du cou ou aux bras des Marseillaises. Si Ginette NY remporte un franc succès à Marseille, c’est grâce à un départ à New York en 1999. Depuis, Frédérique Dessemond est devenue une créatrice de bijoux reconnue à l’international. Ses créations sont vendues dans la France entière et outre-Atlantique. La Mar-seillaise innove encore aujourd’hui puisqu’elle vient d’ouvrir un « Jewellery bar » à New York.

Voilà dix ans déjà qu’American Vintage, la marque de vêtements féminins qui allie le « basique américain » au « féminisme européen », remplit les dressings des Marseillaises. Une vingtaine de bou-tiques en France vendent aujourd’hui les créations de Michaël Azoulay et le succès est également au rendez-vous en Israël, en Grèce, en Espagne et aux Pays-Bas. Des collections masculines depuis 2008 et une ligne d’accessoires lancée en 2015 sont les preuves que la marque n’a pas fini de se développer.

Morgan Hermand-WaicheFrédérique Dessemond Michaël Azoulay

MATTHIEU GAMET, CRÉATEUR KULTEEt si votre marque fétiche était l’œuvre de créateurs marseillais ? Ils sont en effet nombreux à rayonner sous le soleil de la cité phocéenne. C’est le cas de Matthieu Gamet, créateur de la marque de vêtements 100 % marseillaise : Kulte.

our Matthieu Gamet, l’aventure Kulte commence en 1998. Son travail et celui d’une équipe de passionnés de mode, d’arts graphiques et de musique, originaires de

Marseille, lui permettent de lancer Kulte. Ou plutôt de relancer la marque. En effet, après avoir passé quatre ans à Londres, où il découvre le monde du textile en travaillant pour un magazine spécialisé dans les sports de glisse, c’est la révélation. Ce jeune diplômé en droit veut créer son propre style. En rentrant à Marseille, il cherche une marque à développer. Il choisit Kulte et rassemble ses proches autour de son projet. Ainsi, son oncle achète la marque, ses deux cousines travaillent la logistique et la production. Ses meilleurs amis l’accompagnent dans la création. Toute cette petite famille fonctionne selon une « gouvernance participative » orchestrée par Matthieu, qui dirige ses acolytes et « implique chaque membre en lui laissant imposer le plus possible son style, sa personnalité ». Kulte est lancée et devient LA marque marseillaise incontournable pour toute une génération.

Matthieu est un passionnéInfluencé par les années 1950-1960, le Marseillais s’inspire de tout ce qui a bercé son enfance et puise no-tamment dans ses photos de famille pour réaliser certaines de ses collections. À travers Kulte, il propose un style rétro-chic, un brin décalé, qui le fait « vibrer ». Toujours à la recherche de nou-velles idées pour développer sa marque, il entraîne aujourd’hui ses nombreux fans dans un univers musical et artistique pointu,

P son autre passion. La marque dispose en effet de compilations CD Kulte music et réalise des podcasts pour accompagner la sortie de chacune de ses nouvelles collections. Amateur de grands shows pour les présenter, Matthieu aime mettre en scène chaque thématique de ses collections en s’adressant aux tribus, réelles ou virtuelles, que Kulte touche en communiquant énergi-quement sur les réseaux sociaux.

Président de la Maison de la modeAujourd’hui, Matthieu est à la tête d’une dizaine

de boutiques et d’un café-Kulte, en plein cœur de Marseille, au 10 place de la Joliette. Le papa de 40 ans s’estime satisfait de sa vie trépidante de PDG : « Je suis heureux de ne pas avoir de jour-née type… Je touche à suffisamment de domaines pour pouvoir varier les plaisirs quotidiennement. » Optimiste de nature, il confie aussi s’intéresser à tout ce qui touche à la vie... sauf la politique. Il fait notamment référence à sa ville qu’il « adore » dans une de ses collections appelée « série Marseille ». Côté projets,

il vient de lancer une collection « street wear » en collaboration avec Coca-Cola et

tente doucement d’exporter sa marque à l’étranger avec une boutique à Athènes, dont les ventes ne repré-

sentent que 5 % du chiffre d’affaires. Enfin, Matthieu se fixe, en tant que président de la Maison de la mode, l’objectif de réussir la première Biennale de la mode méditerranéenne qui aura lieu au printemps 2016.

Léa Giustiniani

— CES AUTRES MARSEILLAIS QUI ONT CONQUIS L’ÉTRANGER —

©Yohan Colin

©Ginette N

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©M. Hermand

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— SORTIES —

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— MODE —

BALADE DANS LE MARSEILLE INSOLITELoin des habituels parcours touristiques centrés sur le Mucem, le palais Longchamp ou le Vélodrome, Mar-seille cache d’autres merveilles. D’un musée ignoré au fin fond du 13e à la rencontre du Bon Père, en passant par de cosy salons de thé, découvrez le Marseille que seuls les plus aguerris connaissent.

ous souhaitez en savoir plus sur la culture provençale dont Marseille est le berceau ? Rien de mieux pour commencer la journée que le Musée des

arts et traditions du terroir marseillais de Châ-teau-Gombert(1), dans le 13e. Vous serez rapidement transportés dans un autre monde, le temps d’une visite au gré des scènes d’autrefois, grandeur nature.Par la suite, bien loin des boutiques touristiques du Vieux-Port, tournez-vous vers un santonnier tradition-nel comme Catherine Grassi(2). C’est une belle adresse pour faire vos emplettes : sonnez donc au portail de cette artiste qui travaille chez elle, à quelques cen-taines de mètres du musée. Elle vous fera dé-couvrir avec passion ses ateliers, vous ex-pliquera le déroulé de création des santons et, si vous êtes chanceux, vous fera même une démons-tration de son travail quotidien.

L’alter ego de Notre-Dame-de-la-GardeL’heure du repas a sonné, réser-vez un véritable tuk-tuk(3) pour retourner dans le centre-ville. Moyennant une cinquantaine d’euros, rien de plus insolite pour une traversée de Marseille.Pour un déjeuner tout en douceur et tranquillité, Cup Of Tea(4) dans le 2e, s’avère être le parfait endroit pour une pause dans une char-mante ambiance. Dans ce salon de thé atypique, autant restaurant que lieu de lecture, vous pourrez déguster des tartes salées et sucrées faites maison, tout en feuil-letant l’un des nombreux bouquins et magazines mis à disposition.Loin de Notre-Dame-de-la-Garde et de son at-trait touristique, rendez-vous ensuite, à l’exact opposé, au méconnu Parc de la colline Saint-Joseph, dans le 9e, pour une petite balade dans un noyau de verdure en plein centre-ville(5). Cet endroit est une merveille à lui seul, pour une halte, un pique-nique, un moment de détente... Au sommet de la colline se trouve la Chapelle Saint-Joseph, dont le gardien se fera une joie de vous racon-ter l’histoire : « Peu de Marseil-lais en ont la connaissance, mais il s’agit pourtant de l’alter ego de Notre-Dame-de-la-Garde, les deux se trouvant sur les deux points culminants de Marseille. Ils se ré-

V pondent même, puisque de l’un, nous pouvons voir l’autre au loin. »

Pour la collation de 16 heures, dirigez-vous vers l’incroyable Coogee(6), dans le 5e. Vous suc-comberez littéralement à ce petit café douillet, agrémenté d’une incroyable décoration, faite uniquement d’objets re-cyclés, trouvés en mille lieux de l’Hexagone par le patron lui-même. Vous vous sentirez dès le départ « à la maison », très vite mis à l’aise par les serveurs,

qui vous tendront cookies, muffins ou cafés façon « latte art », véritables pe-

tites œuvres d’art sur crème.

De jeunes talents mis en avantVous vous rendrez ensuite à l’allée de la Compas-sion(7), dans le 12e, pour une jolie promenade. La ba-lade n’est pas très longue, mais il suffit de quelques pas seulement pour n’entendre plus que les oiseaux, loin

du tumulte de la ville. Vous y contemplerez avec dé-lice de superbes demeures et jardins des XVIIIe

et XIXe siècles.Et si une petite sortie en soirée

vous tente encore, dirigez-vous vers l’Arteka, Tremplin ar-tistique(8) dans le 1er. Tout le charme de ce lieu réside dans le fait que vous ne saurez jamais à quoi vous attendre. En effet, il fait la part belle aux jeunes talents et le programme est incroyablement varié. Théâtre, improvisation, concert, humour, spectacles, stages, expositions.

Un véritable et bouillonnant foyer de culture !

Pauline Roche

De haut en bas :Le Bon Père, nom adéquat pour la chapelle Saint-Joseph.Les santons de Catherine Grassi. Le Coogee, café méconnu de Marseille.À l’Arteka, les différents cours sont accessibles à tous.

(1) www.espace-pignol.com(2) www.cotesanton-grassi.com(3) www.tuk-tuk-marseille.com(4) 1 rue Caisserie, 13002 Marseille(5) Accessible par le bus n°24, arrêt Fangas(6) 100 boulevard Baille, 13005 Marseille(7) Accessible par le bus n°9, arrêt Compassion(8) 15 rue Jean Roque, 13001 Marseille

© Pauline Roche

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