MA GAZINE - Hôpital du Juraquente est n cessaire, comme lÕemploi dÕun cath ter. Ou en-core, il...

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14 | Mercredi 17 septembre 2014 | Le Quotidien Jurassien MAGAZINE santé Cette page Magazine santé est réalisée en collaboration avec l’Hôpital du Jura et le Service cantonal de la santé publique. S’informer sur les AVC: pour soi, mais aussi pour ses proches aux victimes et à leurs proches (dans le Jura, l’antenne se situe à Courfaivre, en collaboration avec le «Centre Rencontres»). Une personne sur six sera vic- time d’un AVC au cours de sa vie. Pour s’en prémunir, il est recommandé de manger sai- nement, de ne pas fumer, de faire suffisamment d’activités physiques, de modérer sa consommation d’alcool et de li- miter le stress. Le D r Combre- mont insiste: «Les check-up ré- guliers chez son médecin trai- tant sont essentiels pour déter- miner l’existence d’éventuels facteurs de risque. Et s’il en existe, il faut suivre son traite- ment, ce qui ne va pas de soi lorsqu’aucun symptôme n’est perceptible, comme c’est sou- vent le cas, par exemple avec l’hypertension artérielle ou le cholestérol.» AM tient et de lui faire réappren- dre les gestes dont il a perdu la maîtrise pour qu’il retrouve ses capacités d’avant l’acci- dent», explique le spécialiste. Quelles peuvent être les sé- quelles d’un AVC? Juste après, des troubles de la déglutition qui peuvent mener à une in- fection des poumons, mais aussi des troubles moteurs ou cognitifs (mémoire, langage), des problèmes de perception de son propre corps ou de son environnement. Des troubles qui peuvent prendre plusieurs années avant de disparaître, à force de volonté, s’ils dispa- raissent… Mieux vaut prévenir Les trois quarts des victimes d’AVC sont âgées de plus de 65 ans, selon www.fragile.ch, une association qui vient en aide ne peuvent pas s’appliquer à tous les patients car, si elles peuvent aider, elles compor- tent aussi des risques et des contre-indications. Réapprendre le quotidien La prise en charge aiguë, celle qui suit l’accident, dure quelques jours. Une fois le pa- tient stabilisé, il peut souffrir de séquelles plus ou moins sé- vères nécessitant une réhabili- tation en milieu hospitalier. Le site de Porrentruy est parfaite- ment adapté à cette seconde étape de soins, avec une équi- pe de soignants spécialisés, formée de physiothérapeutes, d’ergothérapeutes, de neurop- sychologues, de logopédistes, de psychologues et d’assis- tants sociaux. Le but étant de «stimuler le cerveau du pa- siens victimes d’un AVC sont, dans la règle, emmenés direc- tement à l’Hôpital de Bâle où se trouve un plateau technique complet pour être pris en charge «Parfois, dans le cas des AVC ischémiques (obs- truction d’un vaisseau), il suf- fit d’injecter une substance en intraveineuse pour dissoudre le caillot, mais d’autres fois une intervention plus consé- quente est nécessaire, comme l’emploi d’un cathéter. Ou en- core, il faut ouvrir la boîte crâ- nienne et procéder à une opé- ration sur le cerveau lui- même. Cela nécessite un pla- teau technique complexe et plusieurs neurochirurgiens, disponibles 24 heures sur 24», explique le neurologue, qui occupe son poste à l’HJU depuis un mois. Il faut aussi savoir que ces interventions sage, difficultés à accomplir des gestes simples, problèmes d’élocution, sont les signes les plus visibles. «Dès le moment où l’un de ces symptômes ap- paraît, il est impératif d’appe- ler le 144 sur-le-champ, même si ce n’est pas douloureux, martèle Pierre Combremont, médecin-chef en neurologie à l’Hôpital du Jura. Time is brain (temps = cerveau)!» Mal- heureusement, ce n’est pas toujours possible: «Imaginez un patient seul, à terre, la moi- tié du corps paralysé et qui doit se saisir du téléphone, composer le numéro, par- ler…» C’est seulement au cours des toutes premières heures qu’une intervention peut éventuellement avoir lieu pour limiter les dégâts; c’est pourquoi les patients juras- Chaque année en Suisse, on dénombre 15000 accidents vasculaires cérébraux et c’est la troisième cause de décès dans le pays, après le cancer et les maladies cardiovasculai- res. Qu’est-ce qu’un AVC? Le cerveau est irrigué par de nombreux vaisseaux sanguins qui lui apportent l’oxygène et les nutriments nécessaires à son bon fonctionnement. Lorsque l’un de ces vaisseaux est bouché par un caillot (AVC dit ischémique, 85% des cas), ou s’il se brise (AVC dit hé- morragique), le cerveau n’est plus irrigué comme il se doit et devient incapable d’assurer son fonctionnement ordinai- re. C’est l’attaque. Chaque minute compte Paralysie de la moitié du corps ou/et de la moitié du vi- «Depuis mon AVC, je vais à l’essentiel. La vie c’est l’essentiel» V TÉMOIGNAGE Jacques Seydoux, médecin-chef du Service de gynécologie et obstétrique de l’Hôpital du Jura raconte ce qu’il lui est arrivé il y a plus d’une année Il y a un an et demi, alors qu’il termine son petit-déjeuner chez lui, le D r Jacques Seydoux s’écroule, victime d’un AVC. Depuis, il a retrouvé qua- siment l’entièreté de ses capacités, «bientôt totalement», se réjouit le sexagénaire à l’optimisme débordant. PHOTO ROGER MEIER – Qu’est-ce qui a changé depuis vo- tre accident? – Je n’ai plus peur de la mort, elle n’a pas voulu de moi! (Rire.) Mainte- nant je vais à l’essentiel. La vie c’est l’essentiel. Ma sœur me disait tou- jours que je fonctionnais plutôt que de vivre. J’ai enfin compris. Je travail- lais 80 heures par semaines. C’est terminé. J’apprécie les petits mo- ments de bonheur, une jolie fleur, un arbre, une balade au marché le same- di matin. Le système nous pousse à la performance, à la réussite sociale. C’est un mirage ça, ce n’est pas la vie. Propos recueillis par ALAN MONNAT rer les gestes et avoir confiance. Ce fut pareil lorsque j’ai recommencé à conduire. – Le rôle des proches est-il impor- tant durant la convalescence? – Essentiel. J’ai le soutien de mes deux filles, de mon fils et de ma fem- me qui n’ont jamais douté de ma guérison; mais aussi de mes patien- tes qui m’ont envoyé des cartes, des pots de confitures ou des chausset- tes. Je n’ai pas assez de mots pour remercier tous ceux qui m’ont té- moigné leur soutien. Les signes de sympathie, ça vous aide à rester po- sitif, une condition clé de la guéri- son. mais ça n’a pas marché. J’ai alors ac- cepté qu’ils m’insèrent un cathéter dans l’artère fémorale pour le faire remonter jusqu’au cerveau, afin de saisir le caillot, une technique expéri- mentale. Ensuite, je suis resté aux soins intensifs, j’ai même fait une pe- tite crise d’épilepsie. Au départ, je ne pouvais pas bouger du tout, puis un doigt, la main, le pied… J’ai repris vie. Je ne me suis jamais découragé. – Les progrès ont été rapides? – Déjà à Bâle, j’ai pu marcher. Je faisais des progrès tous les jours. Pe- tit à petit j’ai pu me laver tout seul, al- ler seul aux toilettes – des gestes qui paraissent simples, mais qu’il faut ré- apprendre à force de volonté et de pa- tience. La réhabilitation a commencé à Bâle, déjà, pendant les trois semai- nes que j’y ai passées, et s’est pour- suivie à Porrentruy, pendant trois mois. Au départ, j’ai dû passer une batterie de tests (mémoire, logique, rapidité). Par chance, mes fonctions cognitives étaient intactes. C’est sur- tout au niveau de la motricité que l’AVC a laissé des traces. Grâce aux physiothérapeutes et aux ergothéra- peutes, j’ai retrouvé peu à peu la mo- bilité de mes membres, j’ai même af- fronté le mur de grimpe! Il faut aller étape par étape. Ne pas se donner des objectifs irréalisables. – Quelle a été la dernière étape en date? – J’ai réussi à faire le tour de la ville de Rhodes avec ma femme, une mar- che de deux heures! Depuis que j’ai eu mon AVC, je me fatigue plus rapi- dement. La prochaine étape? Opérer à nouveau, en 2015. A présent, je peux effectuer toutes les tâches cou- rantes de mon cabinet, j’y travaille à 30 %: contrôles, biopsies endomé- triales, poses de stérilets, etc. Poser un stérilet avait déjà été une étape de ma guérison; j’étais très anxieux, alors que je l’avais déjà fait des cen- taines de fois. Ainsi, pour chaque ac- tion que l’on souhaite accomplir, il faut se concentrer, bien se remémo- L e 18 mars 2013, vers 7 heures du matin, le D r Jacques Sey- doux termine son petit-dé- jeuner, puis s’effondre, tom- be de sa chaise, victime d’un accident vasculaire cérébrale (AVC). Sa fem- me arrive à la cuisine, elle appelle les urgences. L’ambulance transporte le gynécologue à l’Hôpital universitaire de Bâle où il subit une intervention pour retirer le caillot qui obstrue l’une de ses artères cérébrales, juste au-dessus de la tempe droite. Le D r Seydoux est bien connu des Jurassiens, il est médecin chef du Service de gynécologie et obstétrique de l’Hôpital de Delémont depuis près de 23 ans. Son attaque a donc eu lieu il y a un an et demi. Depuis, il a re- trouvé quasiment l’entièreté de ses capacités, «bientôt totalement» se ré- jouit le sexagénaire à l’optimisme dé- bordant. Il a accepté de nous raconter son histoire, avant tout pour encoura- ger tous ceux qui auront à subir une telle épreuve. Un message d’espoir, une leçon de vie. Le Quotidien Jurassien: – Il s’est passé trois heures entre le début de l’attaque et la fin de l’intervention, à Bâle. Comment avez-vous vécu ces moments? Jacques Seydoux: – J’avais la bouche pâteuse et j’étais incapable de bouger le côté gauche de mon corps, bras, jambe et visage, mais je n’ai jamais paniqué. Je savais dès le début que je m’en sortirais, j’en étais certain, mais j’avais peur des séquelles. En tant que médecin, on connaît les risques d’un AVC. Vivre dans une chaise roulante, perdre des facultés cogniti- ves, c’était pour moi insupportable. Je me demandais ce que j’allais deve- nir, j’étais calme, pourtant. – Comment s’est passée votre prise en charge à l’Hôpital de Bâle? – Ils se sont très bien occupés de moi, j’avais confiance, j’ai confiance en la médecine! On m’a fait un scan- ner. Ils ont tenté de dissoudre le cail- lot par une injection intraveineuse, Face (visage): demandez à la personne de sourire. Le sourire est-il asymétrique ? Arm (bras): demandez à la personne de lever les deux bras. Impossible? Speech (parole): demandez à la personne de répéter une phrase simple. Impossible? Time (temps): si l’une des réponses à ces questions est positive, vite (FAST), appelez le 144. AM Reconnaître un AVC et faire vite

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14 | Mercredi 17 septembre 2014 | Le Quotidien Jurassien

MAGAZINE santé }Cette page Magazine santéest réalisée en collaborationavec l’Hôpital du Jura et leService cantonal de la santépublique.

S’informer sur les AVC: pour soi, mais aussi pour ses prochesaux victimes et à leurs proches(dans le Jura, l’antenne se situeà Courfaivre, en collaborationavec le «Centre Rencontres»).Une personne sur six sera vic-time d’un AVC au cours de savie. Pour s’en prémunir, il estrecommandé de manger sai-nement, de ne pas fumer, defaire suffisamment d’activitésphysiques, de modérer saconsommation d’alcool et de li-miter le stress. Le Dr Combre-mont insiste: «Les check-up ré-guliers chez son médecin trai-tant sont essentiels pour déter-miner l’existence d’éventuelsfacteurs de risque. Et s’il enexiste, il faut suivre son traite-ment, ce qui ne va pas de soilorsqu’aucun symptôme n’estperceptible, comme c’est sou-vent le cas, par exemple avecl’hypertension artérielle ou lecholestérol.» AM

tient et de lui faire réappren-dre les gestes dont il a perdu lamaîtrise pour qu’il retrouveses capacités d’avant l’acci-dent», explique le spécialiste.

Quelles peuvent être les sé-quelles d’un AVC? Juste après,des troubles de la déglutitionqui peuvent mener à une in-fection des poumons, maisaussi des troubles moteurs oucognitifs (mémoire, langage),des problèmes de perceptionde son propre corps ou de sonenvironnement. Des troublesqui peuvent prendre plusieursannées avant de disparaître, àforce de volonté, s’ils dispa-raissent…

Mieux vaut prévenirLes trois quarts des victimes

d’AVC sont âgées de plus de 65ans, selon www.fragile.ch, uneassociation qui vient en aide

ne peuvent pas s’appliquer àtous les patients car, si ellespeuvent aider, elles compor-tent aussi des risques et descontre-indications.

Réapprendrele quotidien

La prise en charge aiguë,celle qui suit l’accident, durequelques jours. Une fois le pa-tient stabilisé, il peut souffrirde séquelles plus ou moins sé-vères nécessitant une réhabili-tation en milieu hospitalier. Lesite de Porrentruy est parfaite-ment adapté à cette secondeétape de soins, avec une équi-pe de soignants spécialisés,formée de physiothérapeutes,d’ergothérapeutes, de neurop-sychologues, de logopédistes,de psychologues et d’assis-tants sociaux. Le but étant de«stimuler le cerveau du pa-

siens victimes d’un AVC sont,dans la règle, emmenés direc-tement à l’Hôpital de Bâle oùse trouve un plateau techniquecomplet pour être pris encharge «Parfois, dans le casdes AVC ischémiques (obs-truction d’un vaisseau), il suf-fit d’injecter une substance enintraveineuse pour dissoudrele caillot, mais d’autres foisune intervention plus consé-quente est nécessaire, commel’emploi d’un cathéter. Ou en-core, il faut ouvrir la boîte crâ-nienne et procéder à une opé-ration sur le cerveau lui-même. Cela nécessite un pla-teau technique complexe etplusieurs neurochirurgiens,disponibles 24 heures sur24», explique le neurologue,qui occupe son poste à l’HJUdepuis un mois. Il faut aussisavoir que ces interventions

sage, difficultés à accomplirdes gestes simples, problèmesd’élocution, sont les signes lesplus visibles. «Dès le momentoù l’un de ces symptômes ap-paraît, il est impératif d’appe-ler le 144 sur-le-champ, mêmesi ce n’est pas douloureux,martèle Pierre Combremont,médecin-chef en neurologie àl’Hôpital du Jura. Time isbrain (temps = cerveau)!» Mal-heureusement, ce n’est pastoujours possible: «Imaginezun patient seul, à terre, la moi-tié du corps paralysé et quidoit se saisir du téléphone,composer le numéro, par-ler…»

C’est seulement au coursdes toutes premières heuresqu’une intervention peutéventuellement avoir lieupour limiter les dégâts; c’estpourquoi les patients juras-

Chaque année en Suisse, ondénombre 15000 accidentsvasculaires cérébraux et c’estla troisième cause de décèsdans le pays, après le cancer etles maladies cardiovasculai-res. Qu’est-ce qu’un AVC? Lecerveau est irrigué par denombreux vaisseaux sanguinsqui lui apportent l’oxygène etles nutriments nécessaires àson bon fonctionnement.Lorsque l’un de ces vaisseauxest bouché par un caillot (AVCdit ischémique, 85% des cas),ou s’il se brise (AVC dit hé-morragique), le cerveau n’estplus irrigué comme il se doitet devient incapable d’assurerson fonctionnement ordinai-re. C’est l’attaque.

Chaque minute compteParalysie de la moitié du

corps ou/et de la moitié du vi-

«Depuis mon AVC, je vais à l’essentiel.La vie c’est l’essentiel»V TÉMOIGNAGE Jacques Seydoux, médecin-chef du Service de gynécologie et obstétrique de l’Hôpital du Juraraconte ce qu’il lui est arrivé il y a plus d’une année

Il y a un an et demi, alors qu’il termine son petit-déjeuner chez lui, le Dr Jacques Seydoux s’écroule, victime d’un AVC. Depuis, il a retrouvé qua-siment l’entièreté de ses capacités, «bientôt totalement», se réjouit le sexagénaire à l’optimisme débordant. PHOTO ROGER MEIER

– Qu’est-ce qui a changé depuis vo-tre accident?

– Je n’ai plus peur de la mort, ellen’a pas voulu de moi! (Rire.) Mainte-nant je vais à l’essentiel. La vie c’estl’essentiel. Ma sœur me disait tou-jours que je fonctionnais plutôt quede vivre. J’ai enfin compris. Je travail-lais 80 heures par semaines. C’estterminé. J’apprécie les petits mo-ments de bonheur, une jolie fleur, unarbre, une balade au marché le same-di matin. Le système nous pousse à laperformance, à la réussite sociale.C’est un mirage ça, ce n’est pas la vie.

Propos recueillis parALAN MONNAT

rer les gestes et avoir confiance. Cefut pareil lorsque j’ai recommencé àconduire.

– Le rôle des proches est-il impor-tant durant la convalescence?

– Essentiel. J’ai le soutien de mesdeux filles, de mon fils et de ma fem-me qui n’ont jamais douté de maguérison; mais aussi de mes patien-tes qui m’ont envoyé des cartes, despots de confitures ou des chausset-tes. Je n’ai pas assez de mots pourremercier tous ceux qui m’ont té-moigné leur soutien. Les signes desympathie, ça vous aide à rester po-sitif, une condition clé de la guéri-son.

mais ça n’a pas marché. J’ai alors ac-cepté qu’ils m’insèrent un cathéterdans l’artère fémorale pour le faireremonter jusqu’au cerveau, afin desaisir le caillot, une technique expéri-mentale. Ensuite, je suis resté auxsoins intensifs, j’ai même fait une pe-tite crise d’épilepsie. Au départ, je nepouvais pas bouger du tout, puis undoigt, la main, le pied… J’ai repris vie.Je ne me suis jamais découragé.

– Les progrès ont été rapides?– Déjà à Bâle, j’ai pu marcher. Je

faisais des progrès tous les jours. Pe-tit à petit j’ai pu me laver tout seul, al-ler seul aux toilettes – des gestes quiparaissent simples, mais qu’il faut ré-apprendre à force de volonté et de pa-tience. La réhabilitation a commencéà Bâle, déjà, pendant les trois semai-nes que j’y ai passées, et s’est pour-suivie à Porrentruy, pendant troismois. Au départ, j’ai dû passer unebatterie de tests (mémoire, logique,rapidité). Par chance, mes fonctionscognitives étaient intactes. C’est sur-tout au niveau de la motricité quel’AVC a laissé des traces. Grâce auxphysiothérapeutes et aux ergothéra-peutes, j’ai retrouvé peu à peu la mo-bilité de mes membres, j’ai même af-fronté le mur de grimpe! Il faut allerétape par étape. Ne pas se donner desobjectifs irréalisables.

– Quelle a été la dernière étape endate?

– J’ai réussi à faire le tour de la villede Rhodes avec ma femme, une mar-che de deux heures! Depuis que j’aieu mon AVC, je me fatigue plus rapi-dement. La prochaine étape? Opérerà nouveau, en 2015. A présent, jepeux effectuer toutes les tâches cou-rantes de mon cabinet, j’y travaille à30 %: contrôles, biopsies endomé-triales, poses de stérilets, etc. Poserun stérilet avait déjà été une étape dema guérison; j’étais très anxieux,alors que je l’avais déjà fait des cen-taines de fois. Ainsi, pour chaque ac-tion que l’on souhaite accomplir, ilfaut se concentrer, bien se remémo-

L e 18 mars 2013, vers 7 heuresdu matin, le Dr Jacques Sey-doux termine son petit-dé-jeuner, puis s’effondre, tom-

be de sa chaise, victime d’un accidentvasculaire cérébrale (AVC). Sa fem-me arrive à la cuisine, elle appelle lesurgences. L’ambulance transporte legynécologue à l’Hôpital universitairede Bâle où il subit une interventionpour retirer le caillot qui obstruel’une de ses artères cérébrales, justeau-dessus de la tempe droite.

Le Dr Seydoux est bien connu desJurassiens, il est médecin chef duService de gynécologie et obstétriquede l’Hôpital de Delémont depuis prèsde 23 ans. Son attaque a donc eu lieuil y a un an et demi. Depuis, il a re-trouvé quasiment l’entièreté de sescapacités, «bientôt totalement» se ré-jouit le sexagénaire à l’optimisme dé-bordant. Il a accepté de nous raconterson histoire, avant tout pour encoura-ger tous ceux qui auront à subir unetelle épreuve. Un message d’espoir,une leçon de vie.

Le Quotidien Jurassien: – Il s’estpassé trois heures entre le début del’attaque et la fin de l’intervention, àBâle. Comment avez-vous vécu cesmoments?

Jacques Seydoux: – J’avais la bouchepâteuse et j’étais incapable de bougerle côté gauche de mon corps, bras,jambe et visage, mais je n’ai jamaispaniqué. Je savais dès le début que jem’en sortirais, j’en étais certain, maisj’avais peur des séquelles. En tantque médecin, on connaît les risquesd’un AVC. Vivre dans une chaiseroulante, perdre des facultés cogniti-ves, c’était pour moi insupportable.Je me demandais ce que j’allais deve-nir, j’étais calme, pourtant.

– Comment s’est passée votre priseen charge à l’Hôpital de Bâle?

– Ils se sont très bien occupés demoi, j’avais confiance, j’ai confianceen la médecine! On m’a fait un scan-ner. Ils ont tenté de dissoudre le cail-lot par une injection intraveineuse,

nFace (visage):demandez à la personne de sourire.Le sourire est-il asymétrique ?

nArm (bras):demandez à la personne de lever les deuxbras. Impossible?

nSpeech (parole):demandez à la personne de répéterune phrase simple. Impossible?

nTime (temps):si l’une des réponses à ces questions estpositive, vite (FAST), appelez le 144. AM

Reconnaître un AVCet faire vite