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DRAFT COMPLET DU 15 DEC Groupe Régional WASH (Eau Hygiène Assainissement) Afrique de l’Ouest & Afrique Centrale Lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles dans le cadre de la lutte contre le paludisme GUIDANCE TECHNIQUE Le vecteur du paludisme : le moustique Anophèles ‘Connaitre son ennemi’ Comprendre le vecteur du paludisme dans des contextes variés et changeants Les méthodes de lutte antivectorielle ‘Viser juste’ Croiser les taux d’incidence épidémiologiques (actuels et/ou précédents), les indicateurs entomologiques, la typologie des gites larvaires et les pratiques comportementales pour intervenir de manière optimale et efficace sur le vecteur du paludisme Vers une stratégie régionale de lutte antivectorielle ‘Pas de réservoir’ Engager un combat collectif, coordonné et pluridisciplinaire depuis le domicile jusqu’au niveau gouvernemental contre les réservoirs de moustiques anophèles Version du 15 décembre 2016 Pour le Groupe Régional WASH, Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale https://www.humanitarianresponse.info/en/operations/west-and-central-africa/water-sanitation-hygiene

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Groupe Régional WASH (Eau Hygiène Assainissement)

Afrique de l’Ouest & Afrique Centrale

Lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles

dans le cadre de la lutte contre le paludisme

GUIDANCE TECHNIQUE

Le vecteur du paludisme : le moustique Anophèles

‘Connaitre son ennemi’

Comprendre le vecteur du paludisme dans des contextes variés et changeants

Les méthodes de lutte antivectorielle

‘Viser juste’

Croiser les taux d’incidence épidémiologiques (actuels et/ou précédents), les indicateurs entomologiques,

la typologie des gites larvaires et les pratiques comportementales pour intervenir de manière optimale et

efficace sur le vecteur du paludisme

Vers une stratégie régionale de lutte antivectorielle

‘Pas de réservoir’

Engager un combat collectif, coordonné et pluridisciplinaire depuis le domicile jusqu’au niveau

gouvernemental contre les réservoirs de moustiques anophèles

Version du 15 décembre 2016

Pour le Groupe Régional WASH, Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale

https://www.humanitarianresponse.info/en/operations/west-and-central-africa/water-sanitation-hygiene

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GUIDANCE TECHNIQUE - Lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles dans le cadre de la lutte

contre le paludisme

Cet outil peut être utilisé par toutes les parties prenantes de la lutte antivectorielle, des opérateurs de terrain

aux acteurs de la surveillance épidémiologique, en passant par les acteurs de la recherche appliquée en

entomologie. Néanmoins, il s’adresse particulièrement aux acteurs WASH dans le but de renforcer leurs

capacités et celles de leurs partenaires opérationnels dans le domaine de la lutte antivectorielle contre le

moustique Anophèles.

Face à l’énorme fardeau du paludisme dans la région d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale, le secteur

WASH doit accroitre ses actions de lutte antivectorielle autant dans le cadre de réponses humanitaires

d’urgence que de programmes de développement en lien avec la santé publique.

Cet outil a pour objectif de donner une meilleure compréhension technique de la lutte antivectorielle, de

proposer des méthodes d’actions ciblées et efficaces et définir un cadre de mise en œuvre selon les contextes

d’intervention (prévention, préparation et réponse à une flambée).

Cet outil insiste fortement sur le besoin d’une approche qui soit intégrée avec les acteurs de l’entomologie

et de la surveillance épidémiologique et qui vient en complément des actions dites conventionnelles de lutte

antivectorielle. En ce sens, de nombreuses références sont faites dans ce document aux autres guides et

publications déjà développés et fort utiles.

Cet outil se focalise principalement sur les actions dites mécaniques de lutte contre le vecteur du paludisme

(selon la phase aquatique ou aérienne de son cycle de vie). Il met volontairement de côté la lutte chimique

car elle ne correspond pas aux domaines de compétences des acteurs WASH (informations mises en annexe).

De même, les moyens de protection individuelle (hors moustiquaires imprégnées) sont seulement énumérés

en annexe à titre indicatif.

La guidance technique est également un travail préalable au développement et à la mise en place d’une

stratégie régionale intégrée de lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles, avec à terme sa

transcription en des plans d’actions opérationnels par pays.

Les acteurs impliqués dans la production sont présentés et remerciés en annexe.

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Sommaire

1. Fiches Techniques du Vecteur du Paludisme : le moustique Anophèles ...................................... 1

1.1 Le paludisme en Afrique de l’Ouest et Centrale............................................................................... 2

1.2 Informations générales sur le moustique Anophèles ...................................................................... 3

1.3 Le mode de piqure du moustique Anophèles .................................................................................. 5

1.4 Les zones de gites larvaires de l’Anophèles ..................................................................................... 6

2. Les méthodes de lutte antivectorielle ....................................................................................... 7

2.1 Les interventions intra-domiciliaires classiques ............................................................................... 8

2.2 La modification de l’habitat ............................................................................................................ 11

2.3 L’engagement communautaire ...................................................................................................... 17

2.4 Commentaire spécifique à propos des méthodes de lutte biologique et chimique ...................... 19

3. Vers une stratégie régionale intégrée de lutte antivectorielle .................................................. 21

3.1 Une collaboration multisectorielle pour un ciblage et une efficacité optimale ............................ 21

3.2 Les grandes lignes d’une stratégie régionale et intégrée de lutte antivectorielle ......................... 22

3.3 Cadre d’intervention général pour la mise en œuvre d’actions de lutte antivectorielle ............... 24

4. Les activités applicables au secteur WASH dans la lutte antivectorielle intégrée, selon les phasages

de la crise et le niveau d’intervention ............................................................................................ 26

4.1 En période de préparation à une flambée (= en amont de la saison à risque) .............................. 26

4.2 En période de réponse à une flambée (pendant la crise) .............................................................. 30

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Annexe 1 – Cycle de développement du moustique Anophèles ............................................................... 32

Annexe 2 – Différences clés entre le moustique Anophèles et le moustique Aedes ................................. 33

Annexe 3 – Liste de Vérification ‘Ne pas Nuire’ pour la lutte chimique.................................................... 34

Annexe 4 – Méthodes complémentaires de Protection Individuelle et Familiale ..................................... 35

Annexe 5 – Bibliographies et références documentaires ......................................................................... 36

Annexe 6 – Personnes consultées ............................................................................................................. 37

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‘… Connaitre son ennemi…’

1. Fiches Techniques du Vecteur du Paludisme : le moustique Anophèles1

L’approche entomologique est primordiale pour la lutte antivectorielle et le choix d’actions appropriées et

efficaces. Ce chapitre propose de décrire les caractéristiques générales du moustique Anophèles, mais

également ses différentes spécificités.

Ce chapitre est divisé en 4 parties : 1- un rapide résumé des caractéristiques de la maladie ; 2- les

informations générales sur le moustique Anophèles ; 3- les modes de piqures et ; 4- les gites larvaires.

Zone de couverture mondiale du paludisme Moustique en position de repos

Repas du moustique Anophèle (Gambiae) Larves d’Anophèles en surface

Le moustique Anophèles

1 Sources principales : Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et Center for Disease Control (CDC)

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1.1 Le paludisme en Afrique de l’Ouest et Centrale

En 2015, la prévalence du paludisme reste très forte avec 214 millions de cas, dont près d’un demi-million (438 000) décès, dont 70% sont des enfants en Afrique. Environ 3,2 milliards de personnes – soit près de la moitié de la population mondiale – sont exposées au risque de paludisme.

L’Afrique subsaharienne continue de supporter la part la plus lourde, et de manière disproportionnée, de la charge mondiale du paludisme, avec 88% des cas et 90% des décès sur l’année 2015.

Le paludisme est dû à un parasite, le Plasmodium, qui utilise l’être humain comme hôte, à travers la piqure de moustiques Anophèles. Les humains peuvent être infectés par 5 types d’espèces du parasite Plasmodium. 2 d’entre eux sont particulièrement dangereux :

o P. falciparum, responsable de la quasi-totalité des décès, très répandu en Afrique,

o P. vivax, très répandu hors Afrique, mais présent dans quelques zones en Afrique (tendance à l’accroissement ?)

Le paludisme touche principalement les enfants de moins de 5 ans, les populations pauvres et les groupes de population défavorisés avec un accès limité aux soins (difficulté d’accès aux établissements de santé et/ou de paiement des traitements médicaux).

Etant plus exposés, les habitants de zone endémique peuvent développer une immunité leur permettant de lutter contre les infections palustres2. Dans les zones à fort taux de P. falciparum, les personnes adultes développent rarement un paludisme sévère. Cette immunité peut néanmoins être perdue en cas d’infections d’autres maladies, de malnutrition, de stress et de fatigue.

Les femmes qui ont développé une certaine immunité contre P. falciparum peuvent perdre la protection durant la grossesse (surtout lors de la première), avec des risques sur la survie du bébé et d’elle-même. Dans les zones endémiques du P. falciparum, les nouveau-nés bénéficient de la protection immunitaire de la mère pendant quelques mois puis deviennent très vulnérables.

Des flambées sont possibles auprès des populations non-immunisées, comme lors de déplacements massifs de populations non exposées vers des zones endémiques ou en cas de circonstances climatiques exceptionnelles.

Le paludisme se transmet sous les climats tropicaux et subtropicaux. La température est particulièrement importante : P. falciparum a besoin d’une température ambiante supérieure à 20° pour effectuer son cycle dans le moustique et se retrouver suffisamment rapidement dans ses glandes salivaires afin d’être injecté avant la mort du moustique auprès d’un nouvel hôte intermédiaire.

Le phénomène du changement climatique semble modifier ces limites (exemple du paludisme en altitude à des hauteurs plus élevées dans les régions montagneuses d'Afrique de l'Est et à Madagascar).

De manière générale, le paludisme est souvent lié aux variations saisonnières, avec un pic de transmission en saison des pluies. Dans les régions plus chaudes et plus proches de l’Equateur, la transmission est plus élevée tout au long de l’année.

On parle généralement de flambées ou de pics ou de recrudescence de cas plutôt que d’épidémie3.

Dans les pays endémiques, la transmission de la maladie reste néanmoins inexistante dans certains contextes : haute altitude (env. 2 000 m), saisons froides, en zone désertique (hors oasis).

Dans de nombreuses régions du monde – principalement en Asie à ce jour - le parasite est déjà devenu résistants aux médicaments antipaludiques, principalement ceux à base de dérivés d’artémisinine.

Les efforts entrepris depuis 15 ans ont permis une baisse de 60% des décès et une diminution importante du nombre total de cas de paludisme.

2 Liées au paludisme 3 Augmentation de la morbidité qui dépasse nettement ce qui est normal pour la région ; taux de létalité du paludisme à falciparum excessifs (> 1 % pour l’ensemble des cas et > 20% pour les cas graves).

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1.2 Informations générales sur le moustique Anophèles

L’Anophèles est le seul moustique qui transmet le paludisme. L’Anophèles n’est pas le même type de moustique que celui qui transmet le virus Zika, la Fièvre Jaune, la Dengue, le Chikungunya (Aedes) – [Cf. Annexes 1 et 2].

Environ 480 espèces de moustique Anophèles sont actuellement identifiées à travers le monde, dont 150 en Afrique subsaharienne. 60 espèces, dont une douzaine est présente en Afrique subsaharienne, transmettent le parasite Plasmodium à l'être humain. A titre d’exemple, une vingtaine d’espèces Anophèles ont été identifiées au Sénégal.

Les femelles adultes qui sont porteurs du parasite sont responsables de la transmission du paludisme. Après la reproduction, l’Anophèles femelle va chercher à se nourrir de sang par piqure aux animaux qui gardent la température de leur corps constante (homéothermes) – Voir plus loin 1.3 Le mode de piqure du moustique Anophèles.

L’Anophèles male se nourrit de nectar de fleurs ou de sucre. Il n’intervient donc pas directement dans la transmission de la maladie. Toutefois, la femelle ne cherchant à se nourrir (de sang) qu’une fois fécondée, l’Anophèles male joue un rôle au moment de la reproduction (recherches en cours sur la lutte génétique pour rendre les males stériles).

L’Anophèles femelle est infectée lors d’un repas/piqure auprès d’une personne porteuse de gamétocytes du parasite.

Hormis de rares cas constatés en Asie du sud (Plasmodium knowlesi se trouvant à la fois dans des singes et des humains), il n’y a pas de transmission de la maladie d’un animal infecté à un être humain (via un moustique). Toutefois, la présence animale, comme le bétail par exemple, augmente la densité de population de moustiques et, en conséquence, accroit le risque de transmission de la maladie.

Le moustique Anophèles alterne une vie aquatique et aérienne et passe par 4 stades dans son cycle de vie : œuf, larve, nymphe (ou pupae) et adulte (ou imago).

Les 3 premiers stades du cycle de vie ont lieu en milieu aquatique et varient entre 7 jours et 5 semaines selon l'espèce et la température ambiante (cycle total moyen de 7 à 13 jours dans des conditions favorables) – Voir 1.4 Les zones de gites larvaires de l’Anophèles.

Le stade adulte qui se déroule en milieu aérien dure environ 1 semaine pour le mâle et jusqu'à 2 mois pour la femelle (durée moyenne = environ 1 mois).

Contrairement au moustique Aedes qui peut transmettre le virus de la dengue de l’adulte à l’œuf, le parasite Plasmodium n’est pas transmis par voie parentale. Les œufs et les larves de l’Anophèles ne sont donc pas infectés.

Les jeunes adultes (femelles) ingèrent le parasite pour la première fois lorsqu'ils se nourrissent du sang d’une personne infectée. Il faut entre 9 à 20 jours au moustique pour devenir infectant.

Le moustique Anophèles reste infecté à vie (durée de vie moyenne de la phase adulte = environ 1 mois).

Une différenciation dans le comportement des différentes espèces d'Anophèles est son degré d’acceptation de vie dans un milieu habité par les êtres humains.

La longue durée de vie (longévité) et la forte préférence pour l’être humain (anthropophile) des espèces Anophèles du continent africain expliquent en partie que près de 90% des cas de paludisme surviennent en Afrique.

Les moustiques présentent des capacités d’adaptation aux changements à long terme, comme l’utilisation d’insecticides ou l’absence d’un environnement classique pour le développement de nouveaux moustiques. Par exemple, des larves d’Anophèles peuvent se développer dans des eaux très chargées.

De même, il a été observé une augmentation de la résistance à l’insecticide d’imprégnation des moustiquaires (surtout aux pyréthroïdes). De nouvelles moustiquaires contenant des nouveaux

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produits capables d’endiguer la résistance des moustiques (jusqu’à sa prochaine adaptation) sont en cours d’essai.

La transmission du paludisme n’est possible que lorsque le moustique Anophèles peut se reproduire mais aussi lorsque le parasite peut suivre son cycle de vie complet chez le moustique infecté. Cela signifie que le moustique doit avoir une longévité longue pour permettre au parasite de poursuivre son cycle. Ainsi, la lutte antivectorielle consiste à :

o Réduire la population de moustique (densité et durée de vie)

o Empêcher les piqures

o Combattre la prolifération des gites larvaires.

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1.3 Le mode de piqure du moustique Anophèles

La vie de l’Anophèles femelle est rythmée par la recherche de repas sanguin, la maturation des œufs

et la ponte.

Après la copulation, les moustiques Anophèles femelles recherchent leur nourriture (sang) dès le crépuscule et pendant la nuit : certaines espèces piquent pendant la nuit ou aux premières heures du matin tandis que d’autres prennent leur repas au crépuscule et en début de soirée.

Les moustiques sont attirés par les odeurs (et le dioxyde de carbone) que dégage le corps humain. Les odeurs de certaines hormones secrétées par la femme enceinte sont aussi très attirantes. Les moustiques préfèrent les couleurs foncées, et plus spécialement le noir.

Il a été observé que les moustiques Anophèles modifient leurs comportements et ont tendance à piquer de plus en plus en dehors des créneaux horaires habituels pour être en mesure de piquer les gens avant qu’ils ne dorment (et qu’ils soient sous moustiquaire) par exemple.

Certaines espèces d’Anophèles préfèrent piquer à l’intérieur des bâtiments (endophile) alors que d'autres (comme l’A. Arabiensis) favorise l’extérieur des bâtiments (exophile). Certaines espèces piquent essentiellement les humains (anthropophile) et rarement le bétail, alors que d’autres piquent aussi bien le bétail que les humains.

En général, l’Anophèles préfère se reposer à l’intérieur des bâtiments, souvent dans les coins sombres des pièces (chambres, latrines, douches), dessous les lits et meubles. Un espace ventilé ou climatisé peut réduire le risque d’être piqué, sans toutefois garantir une absence totale de risque comme c’est le cas avec l’utilisation d’une moustiquaire.

Après 12-13 jours, le moustique infecté est capable de transmettre à son tour le parasite à chaque piqure à un nouvel individu pendant le reste de sa vie. Si un individu devient infecté (avec ou sans symptômes cliniques), il pourra alors transmettre l’infection à un nouveau moustique en cas de piqure (après XXX jours). C’est ainsi que le cercle vicieux continue.

L’Anophèles peut voler jusqu’à un rayon moyen de 2 kms. Il peut aussi se déplacer de son endroit initial

dans les avions, voitures, etc.

La transmission du paludisme sans piqure de l’Anophèles femelle infectée peut aussi se passer lors des transfusions sanguines ou d’organes. La transmission peut aussi se faire pendant la grossesse de la mère à son bébé (avant ou pendant l’accouchement).

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1.4 Les zones de gites larvaires de l’Anophèles

Après s’être gorgé de sang, l’Anophèle femelle part à la recherche d’un site de repos pour la digestion de son repas, soit à l'intérieur soit à l'extérieur des maisons, dans toute une série d'abris naturels abrités, selon le comportement trophique de l’espèce.

2 jours plus tard, elle part à la recherche d’un point d'eau pour pondre entre 30 et 300 œufs.

Les œufs sont pondus isolément à la surface de l’eau. Les œufs ne résistent pas à la sécheresse/dessiccation.

Le passage de l’œuf à la forme adulte peut prendre jusqu’à 2 semaines : ils éclosent entre 36 et 48 heures en climat tropical et en 2 à 3 semaines en climat tempéré. De nos jours, l’Anophèles peut se reproduire en 8 jours dans de petites quantités d’eau à domicile.

Les larves peuvent compléter leur cycle dans des eaux stagnantes temporaires (retenues d’eau ou flaques d’eau saisonnières) durant la saison des pluies.

Chaque espèce de l’Anophèles présente des exigences écologiques particulières et exploite une variété de surfaces aquatiques pour leur ponte. Par exemple :

o A. gambiae s.str se développe plutôt dans de petites collections temporaires d’eaux claires, ensoleillées et sans végétation ;

o A. arabiensis peuple les environnements plus secs jusqu’en bordure du Sahara ; o A. funestus peuple les mares permanentes ou semi-permanentes ombragées ainsi que les

étangs ; o A. nili se développe sur les bords des rivières à courant assez rapide ; o A. moucheti se développe dans les fleuves à courant lent, dans le bloc forestier d’Afrique

Centrale ; o Certaines espèces comme A. melas et A. merus se développent dans les eaux saumâtres des

zones côtières ou des mangroves, tolérant une concentration en sel comprise entre 5 et 37 g/l.

Les réservoirs naturels d’eau stagnantes non fortement polluées (de préférence, ensoleillées et avec de la végétation) et de différentes tailles comme les mares, les marécages, les flaques d’eau et les feuilles sont des zones potentielles de gites larvaires.

Les réservoirs artificiels (comme les rizières, les systèmes d’irrigation peu profonds, les terrains agricoles, etc.) ou à plus petite échelle, à domicile (sacs plastiques, pneus, boites de conserves, voire réservoirs de stockage d’eau) peuvent aussi être des gites larvaires s’ils ne sont pas couverts.

Les cours d’eau avec des zones de débit très faible (notamment les bords de rive ou les zones de barrage à cause de déchets solides) peuvent également accueillir des gites larvaires.

De manière générale, l’Anophèles se développent dans des eaux de faible profonde (hauteur maximale de quelques cm jusqu’à une dizaine de cm).

L’Anophèles préfère l’eau claire mais on note qu’il commence à se reproduire, en cas d’absence d’autres options, dans de l’eau polluée et turbide.

Les larves s'alimentent et se maintiennent au repos à la surface de l’eau, respirant par leurs stigmates situés sur l'avant dernier segment abdominal. Elles doivent pour respirer se maintenir parallèles à la surface de l’eau, ce qui est caractéristique de cette sous famille.

Exemples de gites larvaires de l’Anophèles

- Insérer les photos –

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‘… Viser juste…’

2. Les méthodes de lutte antivectorielle

Le paludisme est considéré comme une maladie ‘évitable’ et soignable. Beaucoup d’efforts du secteur de la santé ont permis une baisse drastique de la prévalence de la maladie. La lutte antivectorielle contre le moustique Anopheles fait partie intégrante de la réussite de la lutte contre le paludisme. Les expériences dans le domaine de la lutte antivectorielle sont nombreuses.

Les efforts conséquents de certains pays, en particulier en milieu urbain, permettent de retenir des leçons intéressantes pour continuer à améliorer la qualité de la lutte contre le paludisme. De nombreuses initiatives de recherche permettent également d’apporter des éléments scientifiques utiles, que les programmes de lutte antivectorielle – et en particulier ceux des acteurs du secteur WASH – doivent savoir exploiter pour en tirer le meilleur profit.

Des outils et des guides techniques ont été développés et des recherches scientifiques ont notamment permis d’avancer dans la compréhension de certains phénomènes. Néanmoins, les nombreuses avancées acquises par l’expérience et les travaux scientifiques ne semblent pas trouver de manière optimale leur application pratique en ce qui concerne le domaine de la WASH et son intégration dans une approche multisectorielle.

Le niveau de préparation du secteur WASH à la lutte antivectorielle contre le paludisme reste relativement faible, d’autant plus si on le compare avec les efforts considérables du secteur déployés sur les autres enjeux majeurs régionaux de santé publique. Pourtant le secteur WASH a un rôle crucial à jouer dans le contrôle de cette maladie liée à l’eau l’hygiène et l’assainissement4.

Etant vecteur de la maladie, la lutte contre le moustique Anophèles, aux stades de sa vie aquatique et aérienne, revêt une importance primordiale pour la prévention et le contrôle du paludisme. La Stratégie Technique Mondiale de Lutte contre le Paludisme 2016-2030 fixe le cadre général de la lutte antivectorielle et la repose sur 3 piliers principaux :

1. Garantir l’accès universel à la prévention, au diagnostic et au traitement du paludisme 2. Accélérer les efforts vers l’élimination et vers l’obtention du statut exempt de paludisme 3. Faire de la surveillance du paludisme une intervention de base.

Les méthodes de lutte antivectorielle sont classés en plusieurs catégories, que l’on peut regrouper de la manière suivante :

1. La lutte chimique ainsi que la lutte biologique (basée sur l'introduction d'organismes pouvant être des proies ou des parasites, concurrencer ou réduire les populations des espèces ciblées) et la lutte génétique (technique de l'insecte stérile et des moustiques génétiquement modifiés)

2. La gestion de l'environnement, avec les interventions intra-domiciliaires et la lutte contre les nuisances par la réduction des sources de propagation (modifications de l’habitat).

Les méthodes liées à la première catégorie ne concernent pas les champs d’action du secteur WASH ; elles sont donc rapidement évoquées dans ce document (références documentaires fournies). Néanmoins, ces actions de lutte antivectorielle, lorsqu’elles sont mises en œuvre de manière pertinente, justifiée, responsable et efficace, restent appropriées dans de nombreux contextes. Il n’est pas ici question de les occulter mais de laisser ses considérations techniques détaillées à d’autres documentations, à laquelle il est fait référence dans le document (cf. Annexe 4).

Les méthodes de lutte antivectorielle décrites ci-après concernent donc principalement les actions dites mécaniques.

4 Classifications usuelles des maladies liées à l’Eau l’Hygiène l’Assainissement : 1- Water-borne infection ; 2- Water-washed infection ; 3- Food-borne infection and 4- Vector-borne infection (dont le paludisme).

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2.1 Les interventions intra-domiciliaires classiques

La lutte antivectorielle met en place des barrières mécaniques et chimiques afin d’agir sur les formes larvaires et adultes de l’Anophèles. Les 2 méthodes phares de la lutte antivectorielle contre l’Anophèles, préconisée par l’OMS et à efficacité prouvée dans de nombreuses situations, sont : les moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA5) et la pulvérisation – ou aspersion - intra-domiciliaire (PID6) d’insecticides à effet rémanent à l’intérieur des habitations.

En limitant au maximum le contact entre les moustiques et les individus, ces actions de protection individuelle et familiale ont pour objectifs à la fois d’éviter les piqures de moustiques et de réduire la longévité des moustiques adultes dans le but de diminuer le nombre de moustiques infectés (= avec le parasite ayant pu compléter son cycle de développement).

En Afrique, 59% des populations à risque ont été couvertes soit par 1 MILDA , soit par 1 PID, soit par les 2 (2014). Le chiffre dépasse les 80% dans 9 pays (dont Burkina Faso, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Sénégal).

Proportion de la population couverte par 1 MILDA ou 1 PID (2014)7

Moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d’action - MILDA

o L’OMS recommande de ‘… distribuer des LLIN à toutes les populations à risque…’. o ‘… Le moyen le plus efficace et le moins coûteux d’y parvenir est de les fournir gratuitement, afin que

tout le monde y ait accès dans les mêmes conditions...’ o La distribution gratuite s’organise principalement à travers les programmes nationaux des ministères

de la Santé (PNLP ou autres). o Avec l’adoption de politiques d’accès universel aux MILDA dans les pays endémiques, le nombre de

personnes dormant sous moustiquaires imprégnées a considérablement augmenté en Afrique sub-saharienne depuis 2000 : de 2% en 2000 à 55% en 2015. Toutefois, il reste de gros efforts à fournir pour atteindre les 100% recherchés.

o La carte ci-dessous montre les disparités de la proportion de la population domant sous MILDA8.

5 En anglais : Long-Lasting Insecticide Net (LLIN) 6 En anglais : Insecticide Residual Spraying (IRS) 7 Sources : World Malaria Report, 2015 8 Sources: World Malaria Report, 2015

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o Les populations à risque concernent l’ensemble des personnes vivant dans des zones à risque. Le ciblage se fait soit par individu soit par couchage, selon les décisions par pays.

o Les femmes enceintes sont touchées lors de leur première consultation au centre de santé (distribution gratuite d’une moustiquaire imprégnée).

o Chaque personne qui consulte pour le paludisme reçoit une moustiquaire imprégnée gratuite. Certains pays ont mis en place un système d’approvisionnement complémentaire pour tout personne qui en fait la demande, payant en centre de santé et dans certains lieux de vente.

o Une moustiquaire imprégnée garde un niveau d’insecticide suffisant jusqu’à 20 lavages. o En parallèle, les campagnes de communication permettent de sensibiliser la population à leur bonne

utilisation pour que chaque personne, et notamment les groupes de personnes les plus à risque, dorme toutes les nuits sous une moustiquaire imprégnée.

o La durée de vie d’une moustiquaire imprégnée est en général de 3 ans. Cela dépend notamment de la bonne utilisation (nettoyage, séchage à l’ombre, réparation des trous, etc.).

o Après 3 ans, les familles reçoivent-elles de nouvelles MILDA ou doivent-elles s’en procurer sur le marché ? Il s’agit d’un point important à identifier dans chaque zone d’intervention pour analyser le besoin de nouvelle distribution gratuite en cas de période à risque (et/ou d’une campagne de communication de masse et de proximité).

o L’OMS ne recommande pas l’utilisation des méthodes de marketing social pour l’obtention de moustiquaires (sur base de la promotion de l’accès universel).

o Le moustiques Anophèles a su développer une résistance aux insecticides employés sur les moustiquaires, notamment les produits à base de pyréthroïdes (cf. paragraphe 2.5 pour plus d’informations). De nouvelles MILDA sont en train d’arriver sur le marché avec un ‘booster’ pour endiguer cette résistance ; d’autres produits sont également en cours de validation.

Pulvérisation Intra-Domiciliaire - PID

o La PID est un moyen très efficace de réduire rapidement la transmission du paludisme. La pulvérisation d’insecticides à effet rémanent se fait à l’intérieur des habitations (contre le mur, dans les endroits sombres).

o La PID est utile pour les espèces d’Anophèles piquant à l’extérieur car le moustique qui viendra se reposer à l’intérieur après avoir pris son repas sanguin sera également exposé longuement à l’insecticide.

o La couverture des habitations touchées par la PID semble avoir baissé au fil des années. Dans les pays qui considèrent la PID comme action prioritaire, 70% des habitations sont concernées dans les pays d’Afrique sub-saharienne alors que seulement 6% le sont dans les pays qui n’en ont pas fait une priorité d’action.

o La résistance des moustiques aux pyréthroïdes peut expliquer ces chiffres car l’utilisation d’autres produits est plus couteuse.

o L’efficacité du produit aspergé contre les murs intérieurs des habitations est généralement de 3 à 6 mois en fonction de la formulation de l’insecticide utilisé et du type de surface pulvérisée.

o Pour obtenir un résultat optimal, il faut pulvériser des insecticides dans 80% au moins des habitations dans les zones ciblées.

o La PID peut avoir des contraintes pratiques qui freinent la systématisation ou la réussite de cette intervention : besoin d’enlever les meubles, ne pas repeindre les murs (même si la pulvérisation laisse des traces).

Critères d’aide à la décision

La stratégie de lutte antivectorielle qui ne doit pas être considérée comme une approche standardisée et systématique doit valider la pertinence des 2 actions préconisées ou de l’une ou de l’autre. Il est important de baser les choix d’intervention sur l’analyse détaillée de la situation selon le contexte spécifique de la crise.

Des études ont montré que la PID peut s’avérer d’une efficacité limitée dans la baisse de la maladie dans les zones de forte couverture en MILDA. L’OMS préconise le choix d’une des 2 actions phares à un niveau

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maximal plutôt qu’une combinaison des 2. Malgré tout, en cas de résistance accrue aux insecticides, l’utilisation des 2 méthodes peut avoir de meilleurs résultats (à condition que les produits insecticides soient différents).

Et les autres mesures de protection individuelle ?

Intervenir sur les capacités de survie du vecteur est plus efficace que de réduire l’ampleur des contacts possibles. Autrement dit, si la majorité de la communauté les utilise correctement, la présence de moustiquaires imprégnées et la pulvérisation d’insecticides dans les maisons auront de meilleurs résultats que les mesures de protection individuelle (répulsifs, vêtements longs, etc.). De plus, ces produits sont des biens de consommation qui sont périssables et qui ont un cout non négligeable (inabordable pour les ménages à faible revenu).

Ces mesures de protection individuelle ne sont donc pas préconisées dans le sens de distribution aux familles vivant dans des zones à risque. Toutefois, les campagnes de sensibilisation peuvent informer sur la possibilité de coupler les actions primordiales (MILDA, PID, modifications de l’habitat) avec ce genre de produits. Elles restent en effet des méthodes complémentaires et efficaces, qui peuvent s’avérer intéressantes selon les possibilités/faisabilités de mise en œuvre. Une liste non exhaustive est présentée en annexe 4.

A titre exceptionnel, les produits de protection individuelle peuvent faire partie de programme de lutte antivectorielle. Au niveau des acteurs luttant contre le paludisme, il sera important de bien considérer dans le cadre de la prise de décision, les enjeux à garantir leur renouvellement dans le foyer et leur utilisation optimale. Il faut pour cela assurer la nécessité de (i) convaincre les usagers à l’achat de ces équipements (et de l’impact du bénéfice sur la santé par rapport au cout d’achat) et (ii) définir une stratégie de distribution de ces produits selon les degrés de priorité (urgence de la crise, populations vulnérables, etc.).

Enjeux actuels des interventions intra-domiciliaires classiques

Avec la priorisation des 2 dernières décennies données aux campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées, les 15 dernières années ont montré une baisse de 37% du nombre de nouveaux cas parmi les populations exposées à l’échelle mondiale et une baisse significative du taux de mortalité de 65% chez les enfants de moins de 5 ans. Toutefois, même avec ces efforts sur ces 2 actions phares de la lutte antivectorielle, la réduction du paludisme en Afrique de l’Ouest et Centrale apparait atteindre un seuil plancher actuellement.

En effet l’Anophèles développe désormais des résistances aux produits insecticides utilisés en santé publique. De même, alors que la méthode s’avère productive dans certains cas de figure, le recours aux produits chimiques (insecticides adulticides et larvicides, etc.) comporte des limites et ne répond pas aux attentes de contrôle maximal de la maladie, tout en posant des inquiétudes sur les impacts à la fois sanitaire et environnemental des produits utilisés. Enfin, la concentration des actions sur les nuisances provoquées par les moustiques plutôt que le ciblage des cas rapportés ne semble pas permettre le contrôle efficace des épidémies de paludisme.

Afin d’aller vers des objectifs ambitieux d’élimination du paludisme, les actions classiques de lutte antivectorielle doivent donc être accompagnées par des interventions supplémentaires (décrites ci-après dans le paragraphe 2.3 La modification de l’habitat) qui demandent des capacités qui correspondent très bien à celles des acteurs WASH.

Il est important de bien les considérer dans une dynamique nouvelle d’amélioration des actions WASH actuelles, pour plus de performance et d’impact.

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2.2 La modification de l’habitat

Les activités de contrôle des nuisances vont chercher à changer l'environnement dans le but d'empêcher ou de minimiser la propagation du vecteur et le contact humain avec le pathogène par la suppression des zones d’eaux qui fournissent des habitats larvaires. De telles actions doivent constituer avec les interventions intra-domiciliaires les piliers de la lutte antivectorielle, en particulier en ce qui concerne les acteurs WASH.

Le moustique Anophèles, dont 3 étapes sur 4 de son cycle de vie concernent le milieu aquatique, prolifère grâce aux zones d’eaux stagnantes, qui peuvent être naturelles (mares, marécages, etc.) ou artificielles (créées par les activités humaines). Les facteurs environnementaux qui influent la prolifération du vecteur concernent des enjeux géographiques et environnementaux (comme le climat, les zones humides, la végétation, la densité de population humaine, etc.). La prise en compte des comportements humains à risque est également primordiale.

Pour réduire au maximum les facteurs à risque de prolifération du vecteur de la maladie par des actions de réduction de la transmission du parasite entre les humains et les moustiques, la lutte antivectorielle doit agir en parallèle à 2 niveaux :

(1) Les modifications de l’environnement de vie des populations sont typiquement des actions dites de ‘sanitation’9, qui sont directement en lien avec le secteur Eau Hygiène Assainissement.

(2) Les modifications de comportements pour des pratiques sans risque rentrent dans le cadre des activités de communication et de promotion de l’hygiène.

Le moustique Anophèles utilise une large panoplie d'habitats larvaires confinés, à la fois naturels et fabriqués par l'homme. La nécessité d’une lutte antivectorielle mécanique contre le vecteur du paludisme semble actuellement sous-estimée alors que l’Anophèles peut désormais se reproduire en 8 jours dans de petites rigoles d’eau turbide, à l‘intérieur des concessions, et non plus seulement dans les plans d’eaux stagnantes ou les bras de cours d’eau limpide.

Pour des résultats optimaux, la lutte antivectorielle environnementale doit idéalement cibler tous les sites de développement du moustique dans sa phase aquatique ainsi que les zones de prédilection de l’Anophèles adulte dans sa phase aérienne. Cependant, il n’est souvent ni rentable ni réalisable de tenter de lutter sur l’ensemble des gites larvaires, au sein même d’une communauté. Certains gites larvaires peuvent produire un plus grand nombre de moustiques adultes selon les espèces, alors que d'autres seront moins productifs. Cela implique une priorisation des zones selon le contexte local (non standardisation systématique des réponses).

Par conséquence, quand la limitation des ressources impose un choix, les efforts de lutte doivent prioriser les habitats qui sont les plus productifs et donc considérés d’un point de vue entomologique comme plus importants. De telles stratégies de ciblage requièrent une compréhension profonde de l'écologie vectorielle locale et des attitudes et habitudes des résidents en relation avec les possibles gites larvaires (en lien avec le paragraphe 1.4. Les zones de gites larvaires de l’Anophèles). En outre, les interventions de lutte antivectorielle doivent se baser sur les données épidémiologiques et entomologiques locales plutôt que sur les plaintes de nuisance des moustiques.

Les méthodes de lutte antivectorielle sur la gestion de l'environnement proposent des aménagements environnementaux, qui peuvent être des transformations physiques rapides (en cas de réponse d’urgence à une flambée) et/ou durables (prévention à long terme) afin de réduire les gites larvaires de l’Anophèles. A l’inverse, des travaux d’infrastructure, comme la construction d’un réseau d’évacuation des eaux usées et/ou pluviales, prendront du temps et requièrent une technicité et des couts importants. D’autres actions, aux effets sans doute moins durables, peuvent être effectués par les populations à moindre cout et sans capacité particulière (creusement de tranchées, puisards, ramassage des ordures, etc.).

9 Le terme anglais Sanitation englobe les activités de : gestion des excrétas, gestion des eaux usées issues de l’utilisation de l’eau

pour les besoins domestiques, gestion des déchets et autres contrôles des vecteurs.

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Le choix des solutions techniques les plus appropriées dépendra de plusieurs paramètres :

a) Présence de quelle espèce d’Anophèles et dans quels types d’habitat (investigations entomologiques)

b) Evaluation sur le terrain des risques sanitaires selon l’existant (dysfonctionnements physiques et de fonctionnement)

c) Pertinence, impact et efficience de la résolution du problème identifié.

Evacuation des eaux pluviales

o Existence d’infrastructures d’évacuation des eaux : +++ Canaux d’évacuation dans les rues (bétonnés ou en terre) +++ Gouttières aux toitures ou rigoles en bas des habitations + Réservoir fermé de collecte d’eau de pluie

o Niveau satisfaisant de fonctionnement et maintenance des infrastructures : +++ Nettoyage fréquent des canaux d’évacuation +++ Egaliser les empreintes de pas dans les rues et du bétail +++ Bonne gestion des chantiers de construction pendant les évènements pluvieux

(combler les excavations, utilisation de sacs de jute pour le durcissement du béton, etc.

+++ Nettoyage des gouttières +++ Pompage des eaux stagnantes dans les rues inondées

Gestion des déchets solides

o Existence d’infrastructures : +++ Bacs d’ordures ménagères +++ Poubelles fermées dans les habitations

o Niveau satisfaisant de fonctionnement et maintenance des infrastructures : +++ Système de collecte des ordures ménagères +++ Nettoyage communautaire des déchets dans les rues et lieux de vie publics +++ Absence de déchets solides dans les habitations +++ Stocker les pneus, +++ Vider les pots de fleurs ou autres récipients (surtout s’ils ont été identifiés comme

gites larvaires)

Drainage des eaux usées

o Existence d’infrastructures d’évacuation des eaux : +++ Dalle bétonnée autour des points d’eau publics +++ Puisard d’infiltration aux points d’eau publics et autres robinets extérieurs ou

canalisations enterrées (vers réseau d’eaux usées ou tranchées d’infiltration) +++ Puisard d’infiltration pour les douches et aires de lavage

o Niveau satisfaisant de fonctionnement et maintenance des infrastructures : +++ Absence d’eaux stagnantes provoquées par une mauvaise évacuation des eaux

usées +++ Absence de trop-pleins de puisards d’infiltration +++ Bonne gestion des chantiers de construction pendant les évènements pluvieux

(combler les excavations, utilisation de sacs de jute pour le durcissement du béton, etc.

++ Réparation des fuites de canalisations des réseaux d’eau potable + Absence de trop-pleins de fosse septique

Pour les zones humides

o Favoriser la vitesse du courant des petits cours d’eau

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+++ Canaliser l’écoulement en supprimer les zones de ralentissement du cours d’eau (travaux manuels temporaires ou canaux bétonnés)

+++ Ramassage des déchets qui obstruent le cours d’eau et créent des zones de stagnation du courant

+ Approfondir les bords de cours d’eau pour éviter des profondeurs de quelques cms, favorables au développement des larves d’Anophèles

o Aménager les bords d’étendues d’eau +++ Approfondir les bords de cours d’eau pour éviter des profondeurs de quelques cms,

favorables au développement des larves d’Anophèles + Aplanir les zones d’abreuvage du bétail en bord de mares

Pour les aspects techniques, de nombreuses fiches techniques existent à propos des activités de drainage et d’assainissement. La partie ‘Lutte antivectorielle’ du site du Groupe Régional WASH Afrique de l’Ouest et Centrale répertorie quelques documents principaux.

Comment choisir les actions prioritaires de lutte antivectorielle ?

La décision des méthodes les plus adaptées se fait systématiquement en fonction du contexte et des investigations de terrain. Il est recommandé de suivre le mécanisme suivant :

Ciblage et identification de la zone d’action prioritaire en fonction des données épidémiologiques

provenant des sites sentinelles ou des seuils d’alerte communiqués par les acteurs de terrain

Investigations entomologiques de terrain qui vont conclure à l’identification de l’espèce d’Anophèle,

son caractère endophile/exophile, ses lieux de prédilection de reproduction et de repos, la

présence des gites larvaires, etc.

Choix de l’intervention de base : MILDA ou PID ou MILDA + PID

Actions complémentaires de lutte antivectorielle à définir selon les gites larvaires à contrôler

Décision d’actions larvicides complémentaires

Définition des messages prioritaires à faire passer à la communication et choix des méthodes de

communication.

Les 3 cas pratiques des pages suivantes permettent de dégager des leçons importantes pour une meilleure approche de la lutte antivectorielle dans une optique de prévention et de réponse aux flambées. Elles confirment l’importance majeure d’une approche intégrée et plus approfondie de la lutte antivectorielle.

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Exemple 1 [Quartier Pikine, zone péri-urbaine de Dakar, Sénégal] : un programme d’assainissement urbain

pour lutter contre le paludisme

Par le passé, cette zone périurbaine fortement peuplée de la capitale du pays était régulièrement touchée par des flambées importantes de paludisme. Sans système approprié d’évacuation collectif des eaux usées, les rues étroites étaient sous les eaux pendant la saison des pluies. Les campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées ont nettement amélioré la protection contre les piqures quand les gens dorment. Toutefois, la population restait exposée en début de soirée ou lors d’évènements culturels particuliers.

Depuis quelques années, le quartier a fait l’objet d’un vaste programme d’assainissement des rues, avec la construction d’un réseau fermé d’eaux usées et d’eaux pluviales. Les cas de paludisme ont depuis baissé de manière drastique.

Avec l’absence d’eaux stagnantes permanentes en saison des pluies dans les rues, la construction d’infrastructures d’assainissement a ainsi supprimé un réservoir important du vecteur du paludisme. En parallèle, les campagnes de sensibilisation ont insisté sur l’hygiène des ménages qui doit être respecté pour une lutte collective efficace. L’opportunité de garantir un cadre de vie propre (et salubre) que ce programme d’assainissement a pu créer renforce les initiatives communautaires et la volonté des habitants à garder un environnement sain.

Les zones de développement des moustiques se sont maintenant reportés sur les bassins de rétention (zone de stockage des eaux pluviales – niveau d’eau permanent sur toute l’année), mais il devient nettement plus facile de contrôler le développement des gites larvaires. Par exemple, il peut être appliqué des larvicides sur les bords des bassins en période critique, en amont de flambées potentielles.

Ce contrôle peut être précisément marqué par des visites de surveillance entomologique et par le suivi des cas rapportés de paludisme (rôle des sites sentinelles). Les services municipaux d’hygiène restent mobilisables en cas de besoin d’actions urgentes, plus isolées et spécifiques, donc plus efficace.

Cet exemple de contrôle efficace du paludisme dans une zone à risque met en avant ainsi la pertinence et l’impact d’une approche mixte, basée sur des travaux d’assainissement de grande ampleur (contexte urbain) et des efforts au niveau communautaire pour un travail de proximité et selon les besoins localisés et prioritaires. Sans l’investissement conséquent d’un programme de construction d’infrastructures de grande échelle, l’impact d’actions au niveau communautaire aurait malgré tout gardé un grand intérêt, mais sans toutefois les mêmes effets sur le long terme.

D’un point de vue du plaidoyer, il faut souligner les bénéfices à long terme et les effets multiplicateurs d’un tel programme d’assainissement urbain (‘retour sur investissement’ positif sur la durée). Au-delà d’un impact certain sur le paludisme, il améliore également l’environnement sanitaire de manière efficace et durable (baisse des maladies liées à l’hygiène et à un environnement salubre). Des études d’impact mesurant les bénéfices engendrés par ces actions complémentaires de lutte antivectorielle par rapport à leur efficience permettraient de mieux promouvoir ces actions de lutte contre le paludisme, auprès des acteurs concernés, des autorités nationales aux bailleurs de fonds internationaux.

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Exemple 2 [Quartier Dioulassoba, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso] : Adaptation du moustique Anophèles

dans les eaux chargées et rôle non négligeable de la mauvaise collecte des déchets ménagers tout au long

de l’année

Au cœur de la ville de Bobo-Dioulasso, le quartier de Dioulassoba est traversé par 2 cours d’eau pérennes (le Sagnon qui vient se jeter dans le Houet). La qualité de l’eau de rivière est très dégradée (eau fortement chargée et eutrophisée). Les eaux usées des habitations (évacuations de douches et eaux de cuisine + par endroits, trop pleins de fosses de toilettes) se rejettent dans les cours d’eau sans traitement (eaux grisâtres / noirâtres) par l’intermédiaire de rigoles creusées dans les ruelles.

Cette zone de la ville est très touchée par des recrudescences systématiques de cas de paludisme. Tout au long de l’année, la densité des moustiques reste très importante. Une étude entomologique de l’IRSS (Centre Muraz, Bobo-Dioulasso) a mis en lumière un phénomène nouveau : la présence de larves d’Anophèles dans ces cours d’eau très pollués.

Ces nouveaux gites larvaires, présents tout le long des cours d’eau, sont possibles à cause de :

(1) l’adaptation de l’Anophèles à des eaux polluées mais aussi

(2) la présence très importance de déchets solides.

En effet, le manque de système fonctionnel de collecte des ordures ménagères entraine un vaste rejet de sacs plastiques et autres déchets solides dans les cours d’eau, créant de multiples mini-barrages qui font stopper l’écoulement des eaux.

La capacité des larves d’Anophèles à se développer dans des eaux chargées est un enjeu inquiétant de santé publique, avec la multiplication des gites larvaires potentiels (présence pérenne de rigoles d’eaux usées dans les quartiers périphériques des villes) et le risque inhérent d’élévation du seuil plancher de cas de paludisme hors saison des pluies.

Cet exemple illustre de l’importance de la collecte et la bonne gestion des déchets ménagers au niveau des quartiers. Il pointe aussi la nécessité de la bonne gestion des zones de stockage et de traitement / enfouissement des déchets pour éviter la présence de sacs plastiques et autres déchets solides dans l’environnement (réservoirs propices en saison des pluies mais également facteur primordial du ralentissement de l’écoulement des cours d’eaux).

Par rapport à la problématique de développement des larves dans les cours d’eau, il faut absolument améliorer l’écoulement du cours d’eau en :

(i) Nivelant la pente des cours d’eau et aménageant les bords des cours d’eau (ii) Empêchant tout ralentissement et création de mini-zones d’eau stagnantes dans la rivière.

Avec la forte possibilité de l’accroissement de la tendance de l’adaptation de l’Anophèles aux eaux chargées, l’assainissement des quartiers péri-urbains (fosse domestique et canaux enterrés d’évacuation des eaux) a une place importante dans la lutte antivectorielle.

En plus d’un impact fort en saison des pluies, une collecte des déchets ménagers et des ruelles assainies dans les quartiers périurbains des villes (à forte densité) restent des paramètres clé de réussite pour stopper la création de gites larvaires (eaux polluées ou non).

D’un point de vue plaidoyer, des efforts d’assainissement urbain et de collecte des ordures ménagères amènent des effets démultiplicateurs importants en termes de santé publique, au-delà du seul abaissement des seuils de cas de paludisme.

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Exemple 3 [Epidémie de dengue, Ouagadougou, Burkina Faso] : analyse rapide des grandes lignes de la

lutte antivectorielle

Face à l’ampleur des données épidémiologiques, un mini-plan de riposte intègre des actions de lutte antivectorielle a été développé pour face à une épidémie d’une ampleur sans précédent dans le pays.

Identification et destruction des gites larvaires sur la commune de Ouagadougou

Pulvérisation spatiale avec un seul produit chimique

Campagne de communication

Pas de distribution de MILDA et PID

Même si les actions diffèrent quelque peu pour la lutte antivectorielle contre l’Anophèles, regardons d’un peu plus près les possibilités d’action concernant la destruction des gites larvaires de l’Aedes car la démarche est riche d’enseignements.

Tout d’abord, les actions mécaniques d’élimination des gites larvaires de l’Aedes concernent des actions spécifiques* qui diffèrent de celles de l’Anophèles. Ces spécificités restent peu connues ; la guidance Technique spécifique à l’Aedes faiblement diffusés aux acteurs de la lutte antivectorielle dans le pays. Elles démontrent donc le besoin de diffusion et d’assimilation des guidances techniques ; des séances de formation aux personnes clés semblent par conséquent essentiels à court terme.

* Actions spécifiques à la lutte contre les gites larvaires Aedes (contexte Ouagadougou) :

- Les récipients de stockage de l’eau pour le ménage étant le type de gite larvaire le plus développé, il faut bien vider au moins une fois par semaine les récipients de stockage d’eau sans oublier de frotter les parois car les œufs se collent aux parois ; ou alors laisser les récipients 48h en plein soleil. Idéalement les recouvrir.

- Vider les autres récipients de stockage d’eau + pots de fleurs + pneus, sacs plastiques, etc. (même si l’absence de pluies limite l’importance de ces réservoirs)

- Assurer une campagne de communication/sensibilisation en direct, en porte-à-porte, au moment des visites domiciliaires de contrôle, qui vient en complément des messages de communication de masse déjà en place (TV, radio, etc.).

- Certains espaces publics comme les écoles, les marchés ou des maquis bien fréquentés, etc. sont à considérer selon l’évaluation des risques ou la présence de gites constatés sur le terrain.

De manière générale, il vaut mieux axer les efforts de lutte antivectorielle sur la destruction (mécanique, voire avec des larvicides) des gites larvaires dans les concessions et clusters identifiés. L’élimination des gites larvaires au niveau des ménages et du voisinage est en effet une priorité car l'Aedes ne vole pas plus de 150m et la transmission parentale du virus font que les larves d’une femelle infectée le sont aussi. Aussi, sans temps de latence entre un individu et un moustique, une personne infectée sur un lieu autre que chez soi va transférer de manière rapide le réservoir vers son habitation, avec le risque de contamination pour sa famille.

Planifiée pour l’ensemble de la capitale du pays, les actions n’ont peu de chance d’être efficaces au vu de l’ampleur de la tache dans une période limitée d’actions rapides. On voit bien que la stratégie de riposte doit être ciblée et favoriser les zones d’habitations des cas rapportés pour une lutte prioritaire contre le vecteur (et non pas l’ensemble de la nuisance ‘moustique’).

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2.3 L’engagement communautaire

La mobilisation communautaire joue un rôle majeur dans l’impact de la lutte antivectorielle.

(i) Les bonnes pratiques individuelles dans chaque famille et dans toute la communauté permettent de réduire les risques de prolifération du vecteur du paludisme et de contrôler le niveau de propagation de la maladie.

(ii) L’engagement communautaire est le gage d’actions collectives réussies, restant le meilleur moyen de prévention à l’échelle d’une population donnée : zone d’influence du moustique sur 2-3 kms ; présence de gites larvaires et de zones de prédilection du moustique adulte dans les lieux de vie collectifs ; utilisation des capacités communautaires ; etc.).

Des actions quotidiennes dans son lieu de vie

Hormis les chantiers de drainage ou d’assainissement, à grande échelle urbaine (réseau d’assainissement, vaste programme de collecte des déchets ménagers, canaux d’eau de ruissellement, etc.), les moyens efficaces de la lutte antivectorielle au niveau des ménages concernent majoritairement des actions simples de gestion quotidienne, accessibles à tous, pour garantir un environnement de vie salubre.

Le risque diminue avec la réduction efficace de la transmission du parasite. Pour chaque personne et chaque famille, il existe une variété de bons comportements à adapter (cf. ci-dessous), que les actions de lutte antivectorielle doivent promouvoir auprès de la population.

Les mesures principales de protection contre les piqures pour soi-même et sa famille :

o Dormir systématiquement sous moustiquaires imprégnées (MILDA) pendant la nuit o Bien utiliser les moustiquaires imprégnées : absence de trous, nettoyage approprié, etc. o Selon les caractéristiques de l’habitat, fermeture des portes et installation de moustiquaires aux

ouvertures de fenêtres, etc. – [Non applicable de partout – selon la configuration des habitations] o Autres moyens de protection individuelle (cf. Annexe XXX) – [Non applicable de partout – selon

les capacités financières des ménages]

Des pratiques préventives à domicile de baisse de la densité du moustique Anophèles :

o Maintenir la pulvérisation intra-domiciliaires associées à des pratiques quotidiennes comme : o Aérer les pièces o Destruction des gites larvaires potentiels (autant que possible/réalisable) :

Couvrir les récipients d’eau Ramasser les déchets (plastiques, boites de conserves, pneus, etc.) Remblayer les trous éventuels devant les habitations Assurer un cadre de vie propre et sans eaux stagnantes autour de l’habitation Vidage hebdomadaire des contenants de stockage, des vases de fleurs, etc. Remplir de terres les trous, pots et autres containers vides Gestion ou suppression aux alentours des habitations des plantes qui recueillent l'eau sur les

aisselles de leurs feuilles Selon le besoin d’actions collectives et de visibilité, couper l’herbe chez soi et aux alentours

Les méthodes de communication et le rôle des structures communautaires

Sachant que l’être humain est l’hôte du parasite du paludisme et que l’Anophèles est un vecteur qui peut se déplacer sur une grande distance (2kms), les comportements individuels ont un impact sur la lutte collective de la maladie. Un environnement de vie hygiénique chez soi et un comportement préventif des membres de la famille ne peuvent pas garantir une protection suffisante contre la maladie. Les bénéfices qui découlent des bonnes pratiques sont étroitement liés à la capacité de la communauté à s’approprier ces bons comportements pour le bien-être de tous. La sensibilisation doit donc ciblée les attitudes personnelles dans un cadre communautaire plus large (comportements individuels et collectifs).

Les techniques de communication pertinentes pour la prévention du paludisme sont de même nature que celles utilisées par les acteurs WASH dans le cadre de programmes Eau Hygiène Assainissement.

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Adaptables aux caractéristiques du contexte local et aux capacités de mise en oeuvre, elles peuvent avoir des portées différentes : (i) diffusion large et immédiate, touchant le maximum de personnes dans un temps court mais à l’impact de courte à moyenne durée [applicable en cas de risque imminent ou pendant une période de recrudescence des cas] ou (ii) ciblage limité au niveau des communautés dans une optique de contrôle de la maladie sur le long terme. Dans ce cas-là, les pratiques dites participatives et de proximité sont plus efficaces mais demandent plus d’efforts de mise en œuvre.

Dans tous les cas, les types de communication peuvent se résumer à :

- Communication de masse : messages télés ou radiophoniques, envoi de SMS, presse, haut-parleurs / crieurs dans les lieux collectifs, panneaux d’information, etc. – Se référer aux programmes de prévention existants (localement ou au niveau national) pour utiliser les messages (et les supports de communication relatifs) déjà créés et assurer une bonne coordination (pour éviter les doublons, manques, etc.)

- Communication en direct : visites à domicile, discussions/causeries de groupes, formations de formateurs (personnes relais dans la communauté)

- Communication dans les structures communautaires : travail avec le personnel de santé, avec les écoliers, etc.

Les canaux de communication les plus efficaces proviendront sans doute des organisations à base communautaire et les structures locales sur place (centres de santé, écoles, établissements religieux, séances traditionnelles de discussions, etc.) qui constituent des ressources locales importantes et appropriées, quel que ce soit le type de communication choisi.

La formation des relais communautaires peut s’appuyer sur les outils développés par les Programmes Nationaux de Lutte contre le Paludisme, comme ceux du Sénégal : ‘Guide de formation sur le paludisme pour le relais communautaire’ et ‘Manuel du relais communautaire sur le paludisme’.

Des études ont montré l’importance des campagnes de sensibilisation de changement de comportements, notamment sur la bonne utilisation des MILDA, soulignant le rôle clé des visites régulières par des agents communautaires ou de santé pour repasser les messages.

Descriptif de l’entomologie communautaire10

L’approche d’entomologie communautaire est un concept novateur, en cours de développement. L’IRSS travaille en étroite collaboration avec d’autres organismes de recherche en Afrique et obtient ainsi les leçons d’expérience d’autres zones/pays pour consolider leurs travaux de recherche opérationnelle. Les conclusions ne sont donc pas encore disponibles ; toutefois les premiers résultats semblent indiquer la pertinence et l’efficacité du travail avec les communautés. Il est utile de présenter l’entomologie communautaire rapidement ci-dessous en attendant plus d’informations :

Les actions principales concernent la formation de volontaires dans la communauté pour reconnaitre des essaims d’Anophèles, signaler une alerte de période à risque nécessitant des actions communautaires de lutte antivectorielle, collecter des échantillons de larves et de moustiques adultes pour analyse en laboratoire.

Ainsi, les équipes (limitées) d’entomologistes et d’acteurs de la lutte antivectorielle n’ont pas besoin de se déplacer systématiquement et des actions préventives peuvent être mises en place avant l’arrivée des services spécialisés en lutte antivectorielle. Envisagée à plus large échelle, cette approche permettra de dupliquer les actions en impliquant fortement les communautés elles-mêmes dans la lutte antivectorielle.

Ces interventions communautaires, qui font partie des méthodologies usuelles du secteur WASH (formation participative et monitoring de volontaires communautaires, visite terrain d’appui, campagne de sensibilisation participative ou de porte-à-porte, etc.), pourraient être développées par l’intermédiaire des acteurs WASH, après avoir reçu une formation spécifique initiale par des spécialistes en entomologie.

10 Projet pilote 2016-2017, IRSS, Bobo-Dioulasso, Burkina Faso

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2.4 Commentaire spécifique à propos des méthodes de lutte biologique et chimique

Conjointement à l’aménagement de l’habitat, l’utilisation de larvicides dans des gites larvaires non contrôlables (mares, étangs, etc.) ainsi que la pulvérisation spatiale dans les communautés peuvent s’avérer être une composante de la lutte antivectorielle pendant une recrudescence des cas. L’OMS recommande que ‘… Les mesures de lutte contre les larves sont très spécifiques du lieu et de l’écologie. Les traitements larvicides ne sont recommandés que dans les zones où les gîtes larvaires de moustiques vecteurs du paludisme sont peu nombreux, fixes et identifiables, et où les sites sont faciles à localiser, à cartographier et à traiter…’.

Sans prendre la responsabilité de concevoir, planifier et réaliser des interventions de lutte chimique, les acteurs WASH peut néanmoins participer à des initiatives menées par le gouvernement et ses partenaires utilisant ces méthodes. Les activités de lutte antivectorielle utilisant des larvicides et/ou des adulticides doivent être réalisées sous la stricte supervision du Ministère de la Santé et de l'OMS, d’autant plus si elles ont lieu par l’intermédiaire d’organisations communautaires.

Par son caractère évident d’effets néfastes potentiels à l’environnement et à la santé, l’utilisation de produits chimiques (insecticides, larvicides, etc.) doit être menée avec la plus grande prudence. A ce sujet, une liste de vérifications ‘Ne pas nuire - do no harm’ (présentée en Annexe 3) doit être effectuée avant la décision de lancement de telles activités.

En outre, le choix des produits chimiques doit être validé par des investigations scientifiques qui prouvent l’adéquation du produit sur le moustique. Ces enquêtes sont menées par les services d’entomologie en laboratoire, après des prélèvements d’échantillons sur les zones concernées.

L'application de quelconque méthode chimique doit être strictement guidée par les recommandations de l'OMS (schéma d'évaluation des pesticides – Site internet WHOPES 11 ) en lien avec les informations entomologiques localement disponibles. Cet outil de référencement des pesticides recommande 12 composés et formulations pour lutter contre les larves.

Les opérations larvicides, les inhibiteurs de croissance ou la surveillance ‘centralisée’ du moustique Anophèles sont généralement utilisés en ce qui concerne les intérieurs des bâtiments et éventuellement les gites larvaires. Il est difficile et coûteux d'appliquer des larvicides chimiques sur du long-terme. La meilleure utilisation des larvicides chimiques réside dans les situations où la maladie et la surveillance vectorielle indiquent l'existence de certaines périodes à haut risque, et dans des localités où les épidémies peuvent se produire. La gestion des gîtes larvaires peut être particulièrement utile dans les zones urbaines et périurbaines d’Afrique subsaharienne, mais elle risque de manquer d’efficacité dans les zones rurales d’Afrique, où les gîtes larvaires sont nombreux, changeants et très dispersés.

Larvicides (tiré d'une webinar de The Mentor Initiative, spécialiste des formations sur le paludisme : www.thementorinitiative.org) : o Facile à appliquer, sans grande formation nécessaire, ne nécessitant pas d'équipement spécial.

o Les opérations larvicides doivent être répétées toutes les 6 à 8 semaines pour des grands récipients d'eau.

o Les opérations larvicides peuvent ne pas être durables dans les zones endémiques mais peuvent être hautement efficaces en contexte épidémique.

o Les larvicides sous forme sableuse ou granulée sont idéales pour les programmes à base communautaire, la pulvérisation nécessitant une importante sensibilisation communautaire dans la mesure où les agents pulvérisateurs doivent porter un équipement de protection personnel.

11 http://www.who.int/whopes/

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Résistance aux insecticides

D’après l’OMS, ‘… récemment une résistance des moustiques aux pyréthroïdes a fait son apparition dans de nombreux pays. Dans certaines zones, on a détecté une résistance aux 4 classes d’insecticides utilisées en santé publique. Pour la pulvérisation d’insecticides à effet rémanent à l’intérieur des habitations, il est recommandé d’utiliser les différentes classes d’insecticides en alternance afin d’éviter la résistance.

Les régions d’endémie palustre en Afrique subsaharienne suscitent néanmoins de grandes préoccupations en raison de hauts niveaux de transmission de la maladie et de nombreux signalements de résistance aux insecticides. L’utilisation de 2 insecticides permet d’atténuer le risque de développement et de propagation de la résistance.

De nouvelles moustiquaires imprégnées et de nouveaux produits insecticides sont actuellement testés. La détection d’une résistance aux insecticides devrait donc être une composante essentielle de tous les efforts nationaux de lutte antipaludique, afin de garantir la mise en œuvre des méthodes de lutte antivectorielle les plus efficaces. Le choix d’un insecticide pour les pulvérisations à l’intérieur des habitations devrait toujours être une décision prise sur la base des données locales récentes concernant la sensibilité des vecteurs cibles…’

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‘… Pas de réservoirs…’

3. Vers une stratégie régionale intégrée de lutte antivectorielle

3.1 Une collaboration multisectorielle pour un ciblage et une efficacité optimale

L’importance d’une approche multisectorielle améliorée

Si les interventions de contrôle du paludisme concernent une couverture suffisamment élevée dans une région donnée, l’ensemble de la communauté sera alors protégé. Les actions de lutte antivectorielle doivent concerner prioritairement les mesures les plus efficaces, qui sont :

(i) le contrôle de l’Anophèles, (ii) la gestion du milieu de vie dans lequel les transmissions ont lieu, et (iii) la prise en compte des conditions de vie des populations affectées.

Pour cela, l’efficacité optimale de la lutte antivectorielle doit être abordée de manière plus globale, en prenant en compte un ensemble de composantes qu’il faut approcher dans son ensemble, de manière intégrée. La lutte antivectorielle doit pouvoir ainsi s’appuyer sur les efforts primordiaux de la surveillance épidémiologique et de la surveillance entomologique (qui concerne chacune des étapes de la vie du moustique Anophèles, selon ses espèces).

Priorités opérationnelles pour la surveillance

Une lutte antivectorielle efficace passe par un meilleur ciblage des actions à travers l’analyse des cas rapportés. Les sites sentinelles, en place ou à créer, servent de support sur le terrain pour signifier les alertes en temps voulu. Le suivi épidémiologique permet également de mesurer la réussite des actions de lutte contre le paludisme et le besoin en capacité qui est nécessaire en fonction du niveau d’alerte.

La mise en œuvre d’une approche d’intervention basée sur le ciblage des cas rapportés pose l’enjeu des capacités réelles en termes de surveillance épidémiologique.

Le seuil d’alerte pour le déclenchement d’actions de lutte antivectorielle pourrait être liée à des indicateurs prédéfinies dans la stratégie Régionale, retranscrite de manière opérationnelle au contexte du pays.

Surveillance entomologique pour des réponses ciblées

La qualité de la surveillance du vecteur du paludisme influe considérablement sur l’impact de la réponse apportée par la lutte antivectorielle. Associé à la surveillance des cas, elle aide à identifier les zones et les groupes de population les plus vulnérables / touchées pour ciblage prioritaire au moment le plus opportun.

D’un point de vus stratégique, une surveillance fiable fournit des évidences et permet aux programmes d’agir de façon optimale car ils peuvent :

Servir de plaidoyer en faveur d’investissements tant au niveau national et international

Allouer des ressources aux populations qui en ont le plus besoin et pour les interventions les plus efficaces afin d’obtenir un impact maximal en termes de santé publique

Vérifier régulièrement l’état de mise en œuvre des plans et d’ajuster au besoin les interventions.

Tenir compte de l’impact du financement reçu et permettre à la population ou à ses représentants élus et aux donateurs d’apprécier la rentabilité du financement alloué.

Déterminer si les objectifs programmatiques ont été atteints et tirer des enseignements afin de concevoir des programmes plus efficients et plus efficaces.

De même que pour la surveillance épidémiologique, la mise en œuvre d’une approche d’intervention basée

sur le ciblage des cas rapportés pose l’enjeu des capacités réelles en termes de surveillance entomologique.

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3.2 Les grandes lignes d’une stratégie régionale et intégrée de lutte antivectorielle

Adapter les orientations stratégiques actuelles vers une stratégie régionale intégrée de lutte

antivectorielle

Historiquement fortement touchée par le paludisme (région du monde de loin la plus touchée), la région d’Afrique de l’Ouest et Centrale a engagé de nombreuses initiatives pour combattre ce fléau de santé publique. Les efforts au niveau du renforcement de la prévention et des mesures de lutte ont permis de faire baisser les taux de mortalité liée au paludisme de plus de 60% à l’échelle mondiale depuis 2000. Il est observé cependant des difficultés à passer en dessous de certains seuils épidémiologiques, ce qui tend à montrer les limites de certaines méthodes ou approches systématiques et sectorielles.

Le contrôle des flambées et les capacités de lutte restent encore beaucoup focalisés sur les actions de réponse, c’est-à-dire en réaction plutôt qu’en anticipation. Comme pour l’approche prônée pour la lutte contre le moustique Aedes, une lutte antivectorielle efficace passe par une forte surveillance entomologique, des approches intégrées qui s'attaquent à chacune des étapes de la vie du moustique impliquant à part entière les communautés. Dans le cadre de l’optimisation des impacts du secteur WASH sur les thématiques de santé publique, des actions sectorielles (dit ‘en silo’) n’ont pas les effets escomptés.

Il est plus pertinent et efficace de mener des actions en synergie et de manière coordonnée entre acteurs et domaines de compétences (surveillance épidémiologique, services de santé, services d’hygiène, Protection Civile, etc.) plutôt que de manière uniforme. En outre, il faut favoriser les approches de lutte antivectorielle favorisant le ciblage par rapport au rapportage des cas plutôt qu’aux nuisances dus aux moustiques.

Pour toutes ces raisons, il est indispensable de mieux planifier et suivre un plan d’action multisectoriel qui permet la mise en application d’une stratégie intégrée de lutte antivectorielle basée sur les leçons retenues des parties prenantes de chaque domaine d’action / secteur.

La méthode, ou une combinaison de méthodes, choisie pour la lutte antivectorielle la plus appropriée doit s'assurer de prendre en compte l'écologie, l’environnement local, le comportement des espèces ciblées, le contexte socio-culturel dans lequel ces interventions sont réalisées, la perception et les comportements de la population affectée, les ressources disponibles pour la mise en œuvre des actions, la faisabilité de les appliquer en temps opportun ainsi que le juste niveau de couverture.

Les orientations de mise en œuvre de la lutte antivectorielle intégrée doivent incorporer les 2 dimensions principales des actions sur le terrain : (i) les actions dites de masse (mises en place par les services étatiques : Programmes Nationaux, Service de l’Hygiène, la Protection Civile, etc. ; et (ii) les actions au niveau communautaire (ciblage intra domiciliaire et péri-domiciliaire).

Agir ensemble nécessite logiquement une collaboration en amont et une évaluation régulière des activités effectués. Cette démarche nous permettra de connaitre les points forts, les points à améliorer et les points faibles afin de mieux affiner les stratégies de lutte antivectorielle. Un effort conséquent de coordination est donc indispensable à tous les niveaux de décision.

Les composantes majeures à considérer

[Similaire à la guidance technique Aedes] Le modèle de Gestion Vectorielle Intégrée (Integrated Vector Management - IVM) est un processus décisionnel rationnel pour l'utilisation optimale des ressources dans la lutte antivectorielle. Il met en lumière 5 éléments-clés dans le processus de gestion, à savoir :

Plaidoyer, communication sur le risque et engagement de la communauté ainsi que de la législation afférente : la promotion de ces principes dans les politiques de développement de toutes les agences et organisations pertinentes, et la société civile, l'établissement ou le renforcement des contrôles régulatoires et législatifs pour la santé publique, ainsi que le renforcement des communautés.

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Collaboration entre le secteur de la santé et les autres secteurs : la considération de toutes les options de collaboration interne et entre les secteurs public et privé, la planification et la prise de décision déléguée au niveau administratif le plus bas possible, et le renforcement de la communication entre les décideurs politiques, gestionnaires de programmes pour la lutte contre les maladies à transmission vectorielle, et les autres partenaires-clés.

Approche intégrée de la lutte contre la maladie : s'assurant de l'utilisation rationnelle des ressources disponibles à travers l'application d'une approche de lutte pluri-pathologique ; intégration de méthodes de lutte antivectorielle chimiques et non-chimiques, et intégration avec des mesures de lutte contre d'autres maladies.

Prise de décision factuelle : l’adaptation locale de stratégies et d'interventions pour l'écologie des vecteurs locaux, l'épidémiologie et les moyens locaux, guidée par la recherche opérationnelle et soumise à un suivi-évaluation régulier.

Renforcement des capacités : le développement d'infrastructures essentielles, de ressources financières et de ressources humaines adéquates aux niveaux nationaux et locaux pour gérer des programmes IVM, basé sur une analyse affinée de la situation.

Pour aller jusqu’où ?

Alors que la Stratégie Technique Mondiale de Lutte contre le Paludisme 2016-2030 vise à réduire les taux de mortalité palustre et l'incidence de la maladie d’au moins 90 % d’ici 2030, l’élimination est définie comme l’interruption de la transmission locale d’une espèce de Plasmodium bien spécifiée, dans une zone géographique définie, suite à des efforts délibérés. Il faut appliquer des mesures continuelles pour éviter le rétablissement de la transmission, jusqu’à atteindre l’éradication (incidence mondiale permanente de zéro cas d’infection palustre provoquée par des parasites infestant l’homme suite à des efforts délibérés).

Selon l’OMS, le rythme des progrès dans un pays en particulier dépend de la robustesse du système de santé national, du niveau des investissements dans la lutte antipaludique et d’un certain nombre d’autres facteurs, comme les déterminants biologiques, l’environnement et les réalités sociales, démographiques, politiques et économiques du pays en question.

Dans les pays ayant une transmission modérée à forte du paludisme, les programmes nationaux de lutte antipaludique visent à réduire au maximum le nombre des cas et des décès dus à cette maladie. Quand les pays approchent de l’élimination, les systèmes de surveillance renforcée contribuent à ce que chaque infection soit détectée, traitée, investiguée et notifiée au registre national du paludisme. Les patients ayant un diagnostic de paludisme doivent être traités rapidement avec des médicaments antipaludiques efficaces, afin de protéger leur propre santé mais aussi d’éviter une transmission ultérieure de la maladie dans la communauté. Des guides techniques sont élaborés pour les zones dites d’élimination, notamment pour garder un état de vigilance élevé notamment en termes de lutte antivectorielle.

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3.3 Cadre d’intervention général pour la mise en œuvre d’actions de lutte antivectorielle

Les parties prenantes de la lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles

Services étatiques nationaux et décentralisés (Ministère de la Santé, PNLP, services communaux d’Hygiène, etc.)

Les agences des Nations Unies (WHO ; UNICEF) ; le Fonds Mondial

Les instituts de recherche et les universités

Les ONG

Les organisations à base communautaire, les structures scolaires et religieuses

Les ménages

Les groupes de population les plus vulnérables au paludisme (et par extension au risque d’en être atteints gravement) sont les nourrissons, les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes, les personnes malades, les familles à revenus les plus pauvres et celles éloignées des centres de santé. Toute personne en déplacement (voyageurs ou réfugiés/migrants/ déplacés) se retrouve en situation de risque fort, d’autant plus si l’intensité du paludisme dans son lieu de provenance est moins fort.

Les différents phasages et contextes de crise

Les épidémies de paludisme sont bien souvent corrélées à d’autres vulnérabilités en cours dans les zones touchées. Concentrant près de 90% des cas mondiaux de paludisme, la région d’Afrique de l’Ouest et Centrale est d’autant plus touchée qu’elle est confrontée à de multiples crises humanitaires soudaines et durables, aboutissant le plus souvent à une problématique de crises complexes avec superposition des vulnérabilités affectant les populations victimes de conflits armés, d’insécurité alimentaire, de malnutrition, de catastrophes naturelles et d’épidémies. La problématique de la lutte antivectorielle contre le moustique Anophèles s’inscrit donc sur 2 échelles différentes :

(i) Les contextes dits stables avec des recrudescences régulières de cas, et (ii) Les urgences humanitaires qui sont souvent le socle de nouvelles flambées importantes.

Dans tous les cas, la période en amont de la saison à risque est primordiale à aborder dans la question de la lutte antivectorielle contre l’Anophèles. Valable aussi bien dans les contextes d’urgence que dans une optique de prévention à long terme, elle implique de considérer fortement les actions de réduction de risques et de préparation en cas de riposte.

Les contextes d’intervention diffèrent selon la situation locale. Les phases de prévention, préparation et réponse aux flambées n’incluent pas les mêmes priorités, objectifs, moyens et voire le public ciblé que des actions dans un contexte endémique. De même, le risque de recrudescence des cas et les capacités de réponse doivent être ajustés en cas de contexte de crise humanitaire (catastrophes naturelles, conflits, déplacement de populations, etc.). Dans tous les cas, les actions doivent suivre une logique d’intervention adaptée aux contextes d’intervention. Les guides et stratégie régionale disponibles sont des outils de référence à adapter selon les spécificités locales.

Au regard de l’enjeu en santé publique du contrôle des épidémies en situation de crise, les organisations humanitaires mettent en œuvre des interventions contre le paludisme. Ces actions ad-hoc se résument pour la plupart à des réponses d’urgence non systématiques, localisées et/ou ponctuelles, selon l’état du contexte dégradé (camps de personnes déplacées / réfugiées ; inondations ; etc.) ou en raison de la présence d’autres vulnérabilités inquiétantes (comme des épidémies de diarrhées, un taux élevé de malnutrition aigüe sévère, etc.). Les interventions humanitaires, notamment en santé environnementale / WASH pour lutter contre les flambées (prévention ou réponse) restent peu documentées et généralement associées à d’autres crises humanitaires en cours.

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Facteurs de risque à prendre en considération lors du développement d’actions de lutte

antivectorielle pendant une flambée

Présence de l’Anophèles : Toutes les zones avec présence de l’Anophèles sont à risque pour la transmission du parasite. La surveillance épidémiologique et les investigations entomologiques aident au ciblage prioritaire des zones d’intervention (en phase de préparation et en phase de riposte).

Variables saisonnières (géographiques et climatiques) : Les variables climatiques comme les précipitations, la température et l'humidité relative sont des indicateurs de la présence de l’Anophèles. L'altitude et la végétation jouent également un rôle.

Contexte de crise humanitaire et prévalence des autres enjeux sanitaires : précarités et soudaineté de la crise, niveau de malnutrition aigüe, prévalence d’autres maladies, déplacements de population, etc.

Contexte urbain Versus contexte rural : y compris les zones périurbaines

Habitat : qualité de l’environnement sanitaire autour de l’habitation, présence d’eaux stagnantes à domicile, équipements disponibles, luminosité et niveau d’aération des pièces

Activités professionnelles : présence de bétail, irrigation & rizières, etc.

Capacités nationales et locales : Le manque de capacité globale et de ressources disponibles pour soutenir les programmes de lutte antivectorielle est un facteur de risque pour la transmission du pathogène.

Résistance à l'insecticide : La résistance des vecteurs aux insecticides peut anéantir les efforts, d'où l'importance vitale d'avoir une information locale sur les caractéristiques de l’Anophèles et les données entomologiques existantes (y compris le profil de résistance) afin de mieux cibler les méthodes de lutte antivectorielle.

Les principaux ‘points d’actions’ de la lutte avant et pendant une réponse à une épidémie

La coordination intersectorielle entre le Ministère de la Santé et les autres groupes sectoriels

Une analyse situationnelle (incluant les éléments épidémiologiques, entomologiques, le niveau de résistance aux insecticides, la gestion des produits chimiques et le cadre réglementaire) qui identifie les facteurs de risque propres au contexte et qui cartographie les sites à haut risque afin de cibler les interventions prioritaires

Une évaluation des besoins en matière de lutte antivectorielle pour la préparation et la réponse à une épidémie dans ce contexte (en simultané avec l’analyse situationnelle)

La définition d’une stratégie de lutte antivectorielle, spécifique et appropriée au contexte et réaliste par rapport aux capacités en place et/ou à renforcer, fixant les objectifs à atteindre, les activités à mettre ne place et les indicateurs de suivi et d’évaluation de la qualité de la réponse

La sélection des méthodes de lutte antivectorielle les plus adaptées sur la base des investigations initiales (analyse situationnelle et évaluation des besoins)

La priorisation et l’intégration de la communication auprès des acteurs locaux et de la population et de l'engagement communautaire dans toutes les activités de lutte antivectorielle

L’identification, la formation et la mobilisation des partenaires locaux et des groupes communautaires afin d'améliorer la connaissance en matière de lutte antivectorielle et de garantir l’appropriation des activités par la communauté

La liste des intrants nécessaires pour la mise en œuvre de la lutte antivectorielle

Le lien des acteurs de mise en œuvre avec les services épidémiologiques afin d’assurer le suivi des gites larvaires et d’intervenir de manière ciblée et réactive selon les besoins

Le suivi et l’évaluation des actions de lutte antivectorielle et la mise en œuvre des réajustements nécessaires selon l’évolution de la situation sur le terrain, y compris le suivi de la résistance aux insecticides

Le plaidoyer institutionnel et la mobilisation des financements.

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4. Les activités applicables au secteur WASH dans la lutte antivectorielle intégrée, selon les phasages de la crise et le niveau d’intervention12

La liste ci-dessous contient un certain nombre de propositions d'activités et d'interventions où le secteur WASH peut être plus actif et jouer un rôle dans la lutte antivectorielle. Cela ne signifie pas que les acteurs WASH seront les seuls à intervenir sur ces activités (collaboration multisectorielle éventuelle).

Les acteurs WASH doivent être vigilants afin que tous les aspects sont considérés et comment assurer que les manques éventuels (au sein d’un niveau d’intervention ou bien à l’intérieur même d’une activité, notamment en termes de couverture géographique) sont bien adressés.

La planification des activités listées ci-dessous part du principe que la stratégie régionale intégrée de lutte antivectorielle contre l’Anophèles à l’attention des acteurs WASH est développée et sert de cadre de base aux actions à mettre en œuvre (en phases de préparation, de réponse et de post-réponse).

La liste des activités applicables au secteur WASH dans la lutte antivectorielle intégrée n’est pas exhaustive et elle reste ajustable au contexte d’intervention. Elle continuera à être mise à jour au fil de l’acquisition des expériences supplémentaires partagées.

4.1 En période de préparation à une flambée (= en amont de la saison à risque)

Les différents niveaux d’intervention

Avec les autorités nationales et locales (administratives et services décentralisés)

Communautaire (rues et voisinage ; établissements publics : écoles et centres de santé ; lieux de culte)

Auprès des ménages

Coordination • Lancer (ou relancer) un mécanisme de coordination

intersectorielle pour la lutte antivectorielle • Inclure les Ministères en charge de la Santé, de l’Education, des Travaux Publics, de l’Eau et Assainissement, de la Gestion des Déchets, de l’Environnement, de la Communication • S’assurer de la participation active du groupe sectoriel WASH, des Partenaires Techniques et Financiers et des ONG internationales et nationales

• Renforcer les liens entre les programmes de lutte antivectorielle à base communautaire et les administrateurs des centres de santé, les administrateurs scolaires, les leaders communautaires et les chefs religieux • Impliquer les administrateurs scolaires dans les activités de lutte antivectorielle • Impliquer les organisations à base communautaire dans le processus de coordination, y compris les

N/A

12 Tableau à redévelopper lors de la Stratégie Régionale Intégrée de Lutte contre l’Anophèles

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• Appuyer le Ministère de la Santé pour cartographier un 4W (Qui Fait Quoi Où Quand ?) de la lutte antivectorielle • Coordonner les interventions intra-domiciliaires avec d’autres actions de terrain (communication porte-à-porte ; identification des risques ; etc.)

volontaires du Mouvement de la Croix-Rouge / Croissant-Rouge • Fournir au besoin un soutien logistique pour permettre la coordination des activités communautaires de lutte antivectorielle entre les partenaires

Evaluation des risques

• Participer à l'évaluation des risques au niveau national et local, notamment en appuyant la surveillance vectorielle de façon appropriée • Identifier / cartographier les zones à risque en fonction des flambées précédentes et des informations des sites sentinelles de surveillance

• Conduire des évaluations à base communautaire des risques et des besoins en lutte antivectorielle, à partir d’approches de mobilisation communautaire • Déployer une équipe pluridisciplinaire (WASH, communication, entomologie) pour l’identification des zones à risques et la définition des solutions de lutte antivectorielle appropriées

• Transmettre des messages aux ménages pour évaluer le risque de gites larvaires et de contact avec les moustiques à la maison et dans les zones alentours • Transmettre des messages aux ménages pour réduire les risques identifiés

Développement d’un plan de préparation de lutte antivectorielle

• Appuyer le Ministère de la Santé dans le développement d'un plan de préparation de lutte antivectorielle • Promouvoir la mise en application de la stratégie régionale intégrée ‘WASH Malaria+’ • Fournir au besoin les ressources suffisantes pour la mise en œuvre et la coordination du plan de préparation

• Appuyer les autorités locales et les leaders communautaires pour adapter la stratégie de lutte contre les vecteurs • Développer un plan d’action opérationnel à base communautaire adaptée au contexte local • Appuyer les Ministères de la Santé et de l’Education dans le développement d'une stratégie de lutte antivectorielle en milieu scolaire • Appuyer les Ministères de la Santé et de l’Education dans le développement d'une stratégie de lutte antivectorielle en centres de santé

• Elaborer et transmettre des messages aux familles pour un plan de lutte antivectorielle intra-domiciliaire

Identification des partenaires opérateurs

• Interagir avec les Ministères en charge de la Santé, de l’Education, des Travaux Publics, de l’Eau, de la Gestion des Déchets, de l’Education • Inclure les acteurs WASH non-gouvernementaux et les acteurs non-WASH spécifiques (épidémiologie et entomologie) dans le processus • Définir les rôles et responsabilités de chaque type d’acteurs

• Collaborer avec les ONG locales, la Croix-Rouge, les leaders communautaires, les mobilisateurs communautaires, les femmes et les groupes de jeunes, les enseignants, les administrateurs scolaires, les chefs religieux • Signer des accords de coopération avec les partenaires, incluant un plan d’action et les ressources suffisantes

• Collaborer avec les volontaires de la Croix-Rouge / Croissant-Rouge et les organisations à base communautaire qui mènent les visites à domicile

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Identification des besoins en intrants

• Sur base de la stratégie d'évaluation des besoins et de la lutte antivectorielle, appuyer les ministères concernés dans l'identification et/ou l'achat des intrants (stock de contingence) • Développer (ou mettre à jour) des programmes de communication de masse et planifier la diffusion des messages sur les zones prioritaires

N/A

N/A

Développement des capacités et formations

• Appuyer les autorités nationales et locales concernées dans la conduite à tous les niveaux de formations de lutte antivectorielle • Mener un programme de renforcement des capacités des acteurs WASH, selon la Guidance Technique Lutte antivectorielle contre l’Anophèles et la stratégie régionale intégrée associée • Selon les besoins, élaborer des programmes de formation et des outils pédagogiques

• Appuyer les autorités locales à former en matière de lutte antivectorielle les organisations communautaires, les leaders communautaires, les enseignants, les chefs religieux, etc. • Identifier les personnes clés pour la formation à l’entomologie communautaire

• Renforcer les ménages en connaissances pour mettre en œuvre la lutte antivectorielle intra-domiciliaire et une protection personnelle appropriée

Monitoring des activités

• S’assurer de la mise en œuvre prévue des activités du plan de préparation • Appuyer le Ministère de la Santé et ses partenaires pour conduire des enquêtes entomologiques • Soutenir des études spécifiques sur les gites larvaires

• Appuyer la mise en œuvre d’études entomologiques au niveau des lieux publics et espaces de vie collectifs • Coordonner des initiatives communautaires de destruction des gites larvaires • Mener des visites de monitoring pour évaluer la nature des améliorations de l’habitat, en collaboration avec des spécialistes de l’entomologie • Réaliser des enquêtes CAP pour évaluer l'impact des messages pour le changement de comportement pour une lutte antivectorielle efficace

• Appuyer la mise en œuvre d’études entomologiques au niveau des domiciles • Suivre la réalisation des activités de communication, basée à la fois sur de la communication de masse et des messages en direct • Mener des visites de monitoring pour évaluer la nature des améliorations de l’habitat, en collaboration avec des spécialistes de l’entomologie • Réaliser des enquêtes CAP pour évaluer l'impact des messages pour le changement de comportement pour une lutte antivectorielle efficace

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Indicateurs13 • Nombre et % de districts avec des plans de préparation de lutte antivectorielle actifs • Nombre et % de districts avec surveillance vectorielle

• Nombre et % des communautés classées à haut risque qui entreprennent avec succès des actions de lutte antivectorielle en amont des périodes de pics habituels • Perception communautaire de l'efficacité du programme • Nombre et % d’établissements scolaires avec des mécanismes de contrôle vectoriel en place • Nombre et % de système de gestion des collectes d’ordures ménagères • Nombre et % de rues avec un système satisfaisant d’évacuation des eaux

• Indice Maison (% de maisons avec présence de larve ou nymphe) • Indice Conteneur (% des conteneurs d’eau avec présence de larve ou nymphe)

13 A détailler dans la Stratégie Régionale Intégrée

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4.2 En période de réponse à une flambée (pendant la crise)

Niveau d’intervention

Avec les autorités nationales et locales (administratives et services décentralisés)

Communautaire (rues et voisinage ; établissements publics : écoles et centres de santé ; lieux de culte)

Auprès des ménages

Coordination • Organiser des réunions régulières de coordination intersectorielle

pour la lutte antivectorielle, incluant l’ensemble des partenaires identifiés comme prévu dans le plan de riposte • S’assurer de la mise à jour de la cartographie 4W (Qui Fait Quoi Où Quand ?) de la lutte antivectorielle • Identifier les lacunes en couverture des besoins, en se basant sur la mise à jour régulière de l’évaluation des besoins • Décider des actions à mettre en œuvre (et par qui et quand) pour combler les besoins identifiés • Appuyer le Ministère de la Santé pour cartographier un 4W (Qui Fait Quoi Où Quand ?) de la lutte antivectorielle • Coordonner les interventions intra-domiciliaires avec d’autres actions de terrain (communication porte-à-porte ; identification des risques ; etc.)

• Impliquer les organisations à base communautaire dans le processus de coordination, y compris les volontaires du Mouvement de la Croix-Rouge / Croissant-Rouge • Fournir au besoin un soutien logistique pour permettre la coordination des activités communautaires de lutte antivectorielle entre les partenaires

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Evaluation des Besoins

• Participer à l'évaluation des besoins au niveau national et local, avec une équipe multi-acteurs et pluridisciplinaire • Mener des investigations entomologiques sur les • Identifier / cartographier les zones prioritaires grâce au rapportage des cas cliniques et du système épidémiologique de surveillance

• Conduire des évaluations à base communautaire des risques et des besoins en lutte antivectorielle, à partir d’approches de mobilisation communautaire • Déployer une équipe pluridisciplinaire (WASH,

communication, entomologie) pour l’identification des zones

à risques et la définition des solutions de lutte antivectorielle

appropriées

• Transmettre des messages aux ménages pour évaluer le risque de gites larvaires et de contact avec les moustiques à la maison et dans les zones alentours • Transmettre des messages

aux ménages pour réduire les

risques identifiés

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Développement d’une plan de riposte de lutte antivectorielle

• Appuyer le Ministère de la Santé dans le développement d'un plan de riposte de lutte antivectorielle • Promouvoir la mise en application de la stratégie régionale intégrée ‘WASH Malaria+’ • Fournir les ressources suffisantes pour la mise en œuvre et la coordination du plan de riposte

Identification des partenaires opérateurs

• Interagir avec les Ministères en charge de la Santé, de l’Education, des Travaux Publics, de l’Eau et de l’Assainissement et de la Gestion des Déchets • Inclure les acteurs WASH non-gouvernementaux et les acteurs non-WASH spécifiques (épidémiologie et entomologie) dans le processus • Définir les rôles et responsabilités de chaque type d’acteurs

• Collaborer avec les ONG locales, la Croix-Rouge, les leaders communautaires, les mobilisateurs communautaires, les femmes et les groupes de jeunes, les enseignants, les administrateurs scolaires, les chefs religieux • Signer des accords de coopération avec les partenaires, incluant un plan d’action et les ressources suffisantes

• Collaborer avec les volontaires de la Croix-Rouge / Croissant-Rouge et les organisations à base communautaire qui mènent les visites à domicile

Identification des besoins en intrants

• Mener des études entomologiques pour connaitre la résistance de l’Anophèles aux produits insecticides et larvicides • Sur base du plan de riposte et de l'évaluation des besoins, appuyer l'approvisionnement et le stockage des intrants • Selon l’ampleur de la recrudescence des cas et le niveau de risque, reproduire les messages de communication

• Fournir les supports de communication adéquats • Fournir les supports de

communication adéquats

Développement des capacités et formations

• Selon les besoins, élaborer des formations rapides de mise à niveau • Vérifier de la bonne connaissance du sujet de la part des leaders communautaires, des organisations communautaires, des enseignants, des chefs religieux, etc.

• Renforcer les ménages en connaissances pour mettre en œuvre la lutte antivectorielle intra-domiciliaire et une protection personnelle appropriée

Monitoring • Appuyer le Ministère de la Santé pour mener des études / enquêtes / monitoring sur les gites larvaires avec les multiples parties-prenantes • Mettre en place les activités prévues dans le plan de riposte

• Appuyer le Ministère de la Santé pour mener des études / enquêtes / monitoring sur les gites larvaires avec les multiples parties-prenantes • Mettre en place les activités prévues dans le plan de riposte

Indicateurs14 • Nombre et % des districts avec la surveillance vectorielle

14 A détailler dans la Stratégie Régionale Intégrée

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Annexe 1 – Cycle de développement du moustique Anophèles

Le cycle biologique de l’Anophèles – IRD, 2009

Les différentes phases de vie de l’Anopheles

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Annexe 2 – Différences clés entre le moustique Anophèles et le moustique Aedes

Différences Visuelles

Anopheles Aedes Œufs

A la surface de l’eau Collés contre les parois

Larves Parallèle à la surface de l’eau A un angle par rapport à la

surface de l’eau

Pupae Peu de différence visuelle

Adulte Alignement de la trompe avec le corps

Le corps forme un angle avec le sol

Parallèle au sol

Ailes tachetées Ailes uniformes

Stries blanches sur l’abdomen

et pattes baguées

Voir tableau ‘7 14 Vector Control Criteria for Recognition of the different mosquitoes’ genera (Anopheles, Aedes, Culex)’, MSF Public Health Engineering in precarious situations.

Différences de comportements

Anopheles Aedes Résistance à la dessiccation des œufs

Très faible Jusqu’à plusieurs mois

Piqure De nuit Tôt le matin et de 6h à 19h

Transmission parentale du parasite

Non Oui

Capacité de vol 2 kms et + si vent Environ 150 m

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Annexe 3 – Liste de Vérification ‘Ne pas Nuire’ pour la lutte chimique

(Similaire à celle de la Guidance Technique sur la lutte antivectorielle contre le moustique Aedes)

L’appui du secteur WASH à la lutte antivectorielle chimique peut se faire à partir d’une requête officielle et précise du Ministère de la Santé et/ou de l’OMS. Liste d’exemples de points à vérifier :

Si commande, transport, livraison et/ou appui terrain concernant des insecticides (larvicides ou adulticides) :

1. Présence du produit dans la liste des produits autorisés (Oui / Non)

2. Indication du nom commercial + de la composition chimique du produit ? (Oui / Non)

3. Contenants ou sachets scellés avec date d'expiration valide spécifiée ? (Oui / Non)

4. Spécification des conditions de transport et de stockage du produit ? (Oui / Non)

5. Spécification des matériels et équipements requis pour l’utilisation du produit ? (Oui / Non)

6. Présence d’une notice d’utilisation ou mode d'emploi du produit ? (Oui / Non)

7. Spécification du nom des partenaires ou acteurs réceptionnant le produit ? (Oui / Non)

Si formation sur la lutte antivectorielle chimique :

1. Mention des nom(s) des personnels, partenaires ou communautés ciblées ? (Oui / Non) 2. Mention des nom(s) des équipes et formateurs agréés ? (Oui / Non)

S'il y a un seul « Non » dans la liste, alors il y a un risque de préjudice

Le secteur WASH ne doit pas répondre favorablement aux requêtes d’appui à la lutte antivectorielle chimique en cas de présence d’un « Non ».

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Annexe 4 – Méthodes complémentaires de Protection Individuelle et Familiale

Vêtements

o Les vêtements, qui minimisent l'exposition de la peau (manches longues, pantalons) au crépuscule et en soirée, quand l’Anophèle est le plus actif, offrent un peu de protection contre les piqûres de moustique. Ils sont à encourager, surtout pendant les épidémies, au travers de campagnes de sensibilisation

o Porter des vêtements de couleurs claires, car les moustiques sont attirés par les couleurs sombres

Les répulsifs sur la peau

o Les répulsifs peuvent être appliqués sur la peau qui reste exposée. L'usage de répulsifs doit se faire strictement conformément aux instructions du fabricant. Il faut suivre les protocoles de sécurité internationaux et nationaux pour la sécurité notamment des enfants et des femmes enceintes.

o Les répulsifs doivent contenir du DEET (N, N-diethyl- 3-methylbenzamide), IR3535 (3-[acide N-acetyl-N-butyl]-aminopropionique ester éthylique) ou Icaridin (acide 1-piperidinecarboxylicque, 2-(2-hydroxyethyl)-1ester metho-propylique)

o Les répulsifs suivants sont considérés d'une utilisation sûre pendant la grossesse : DEET, IR3535 et KBR3023 (icaridine, aussi connu sous le nom de picaridine) lorsque les instructions sont suivies à la lettre et attentivement

o DEET : la durée de l'effet dépend de la formule et de la concentration et aussi de l'environnement dans lequel il est utilisé. Les concentrations inférieures à 20% nécessitent en général des applications répétées au long de la journée.

o Des conseils appropriés sur les instructions d'utilisation doivent être fournis pour assurer la sécurité, surtout des populations qui n'ont pas pour habitude d'utiliser de répulsifs.

o L’OMS ne recommande pas de promouvoir le marketing social pour ce genre de produits.

Les répulsifs appliqués sur les vêtements (uniformes scolaires, habits de travail, etc.)

o Des études ont montré que des vêtements imprégnés de permétrhine longue durée sont en mesure de protéger contre les piqûres de moustique, alors qu’en parallèle le moustique arrive à développer une certaine résistance.

o La perméthrine est l'ingrédient le plus communément utilisé. D’autres, comme la bifenthrine, deltaméthrine, cyfluthrine, le DEET (N,N-diethyl-3-methylbenz-amide) et KBR3023 (icaridine), ont également été testés en matière d'application sur des vêtements protecteurs et ont montré des effets en fonction de la susceptibilité du vecteur local présent. Le DEET peut être appliqué sur les vêtements mais peut abîmer les tissus synthétiques comme la soie et les matières plastiques.

o La perméthrine, le DEET et le KBR3023 (Icaridine) peuvent être utilisés par les femmes enceintes et on devrait donc encourager l'utilisation de ces répulsifs lorsque appliqués aux vêtements.

Les produits type aérosol

o Là où il arrive de se faire piquer en intérieur, les produits insecticides aérosol, les serpentins et autres vaporisateurs peuvent aussi réduire les piqûres

Les installations au domicile :

o Les installations au domicile qui réduisent l'accès au moustique réduiront les piqûres. Ceci inclut : Les moustiquaires aux fenêtres et aux portes Les rideaux traités à l'insecticide L’utilisateur de ventilateurs La climatisation.

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Annexe 5 – Bibliographies et références documentaires

o IRD - Les anophèles : Biologie, transmission du Plasmodium et lutte antivectorielle, 2009

o WHO – Stratégie Technique Mondiale de Lutte contre le Paludisme 2016-2030

o WHO – Rapport sur le Paludisme dans le Monde Résumé, 2015

o WHO - A Toolkit for Integrated Vector Management in Sub-Saharan Africa, 2016

o WHO - Handbook for integrated vector management, 2012

o WHO - Monitoring & Evaluation Indicators for Integrated Vector Management, 2012

o WHO – Vector Control Methods for use by individuals and communities, 1997

o WHO / Global Malaria Programme – Insecticide-treated Mosquito Net: WHO Position Statement

o WHO - WHO recommendations for achieving universal coverage with long-lasting insecticidal nets in malaria control, 2013

o WHO - Indoor residual spraying: an operation manual for indoor residual spraying (IRS) for malaria control and elimination, 2013

o OXFAM - Low cost drainage for emergencies

o PNLP / Intrahealth - Manuel du Relais Communautaire, Sénégal 2015

o WHO – Disease Surveillance for Malaria Control: an operational manual, 2012

o Global WASH Cluster (prepared by CARE and ProAct Network) - Reducing the Environmental Impacts of Vector Control Chemicals in Emergencies

o WEDC - Emergency Vector Control using Chemicals, 1999

o MSF – Public Health Engineering in precarious situations, 2010

… et pleins d’autres documentations sur le sujet !

https://www.humanitarianresponse.info/en/operations/west-and-central-africa/water-sanitation-

hygiene

http://washcluster.net/topics/vector-control/

http://www.who.int/malaria/areas/vector_control/complementary_methods/fr/

https://www.cdc.gov/malaria/

http://www.who.int/whopes/en/

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Annexe 6 – Personnes consultées

Les personnes ci-dessous ont contribué par leur implication et leur temps disponible à la production de ce document, au travers d’entretiens, de leur participation aux travaux de groupe et/ou de la relecture du document. Qu’ils en soient chaleureusement remerciés :

UNICEF WCARO

o Francois BELLET, Regional WASH Specialist, chef de file du Groupe Régional WASH

Afrique de l’Ouest et Centrale

o Marie-Reine FABRY, Regional Health Malaria Specialist

o Julie GAUTHIER, Cholera Specialist, WASH in Emergencies

UNICEF Siège, New York

o Valentina BUJ, Global Malaria Advisor

o Laure ANQUEZ, WASH Specialist, Vector Control

Ministère de la Santé, Sénégal

o Ibrahima SECK, Conseiller Technique #1

PNLP Sénégal

o Dr Fatou BA, chef de bureau Lutte antivectorielle

o Dr Libasse GADIAGA

o Mamadou WADE, entomologiste

Université Cheikh Anta Diop de Dakar

o Professeur Ousmane FAYE, Maitre de Conférences Entomologie

Institut Pasteur :

o Dr Ibrahima, Chef Entomologie

OMS :

o Dr Madi BA

IRSS :

o Professeur DABIRE Roch, Directeur de Recherche

o Dr DIABATE Abdulaye, Docteur en entomologie

o SAWADOGO Simon Péguédwindé, entomologiste

o OUARDI Ali, Technicien de Laboratoire Entomologie

IRD :

o Karine MOULINE

ECHO :

o Damien BLANC, Expert WASH Afrique de l’Ouest

CRS :

o Suzanne VAN HULLE, Senior Technical Advisor for Malaria

o Jean-Philippe DEBUS, Régional Technical Advisor for Water Environment and Sanitation

MSF :

o Geza HARCZI, Support Régional Médico-Opérationnel aux Urgences

o Cécile RENAUDIN, Experte Eau et Assainissement

Save the Children :

o Théophalle BOUTROLLE, Regional WASH Advisor

… Ainsi que le Groupe Régional Santé Afrique de l’Ouest et Centrale, les spécialistes WASH des bureaux

pays UNICEF, la section C4D du bureau régional UNICEF, le bureau régional d’ACF et ACF Burkina Faso,

World Vision, IOM, le CNRS Dakar et la Commission ‘Lutte antivectorielle’ du Burkina Faso.