livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

25
forums rhônalpins des microfinances et de l’entrepreunariat social livret de capitalisation et d’information sur la microfinance en Rhône-Alpes complément au site www.forummicrofinancerhonealpes.org

description

livret de capitalisation et d’information sur la microfinance en Rhône-Alpes, actes des trois premiers forums rhônalpins organisés par arcenciel

Transcript of livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Page 1: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

forums rhônalpins des microfinances et de l’entrepreunariat sociallivret de capitalisation et d’information sur la microfinance en Rhône-Alpescomplément au site www.forummicrofinancerhonealpes.org

Page 2: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

remerciementsLes équipes de Horizons Partagés et arcencielfrance souhaitent remercier la ville de Lyon et la région Rhône-Alpes pour leur soutien sans lequel nous n’aurions pas pu réaliser ce livret, ainsi que le portail Internet de la microfinance [www.forummicrofinancerhonealpes.org]. Ces projets nous tiennent à coeur depuis 2008 et ont pu être concrétisés grâce à leur appui.

Nous voulons aussi remercier le master Codemmo et Sciences Po Lyon pour leur implication dans ces forums et le travail de qualité que les étudiants fournissent chaque année. Ce livret est indirectement le résultat palpable de leur travail. Merci aussi aux étudiants du master ESS de l’Université Lyon 2 qui ont participé à la capitalisation du forum.

Nous remercions aussi les différentes structures de microfinance en Rhône-Alpes qui ont bien voulu répondre à notre appel et nous fournir toutes les informations dont nous avions besoin. Nous remercions également les intervenants des différentes conférences [forum I, II & II] pour la qualité de leur intervention. Vous retrouverez une sélection de certains thèmes dans ce livret. Nous espérons que ce livret vous sera utile.

Nous remercions enfin toutes les personnes, acteurs de la solidarité internationale, acteurs de la grande famille de l’économie sociale et solidaire, étudiants, retraités, curieux, actif en reconversion,…. qui se déplacent chaque année au Forum de la microfinance. Nous espérons vous y retrouver cette année ! Ce livret vous est dédié.

Octobre 2011 - L'équipe du forum [arcenciel et Horizons Partagés]

sommairepage 04 présentations des forumspage 06 éditopage 08 introduction à la microfinance09 rappel historique sur la microfinance 10 populations cibles 10 panorama des services proposés 10 d'autres services liés à la microfinance 12 mesurer la performance socialepage 14 thématiques (actes des forums)15 microfinance et zones rurales 21 microfinance et zones urbaines difficiles 25 financement de la microfinance 32 un dépôt à terme pour soutenir la microfinance dans les pays du Sudpage 34 acteurs36 Adie 37 arcenciel 38 Ecidec 39 eMicrOcrédit 40 Entrepreneurs de la Cité 41 FinanCités 42 Horizons Partagés 43 La Nef 44 RDI 45 Xetic 45 Microsfere 46 Fandiyéma 46 Jumelage Pama-Kompienga / La Clusaz-Aravispage 47 mot de conclusion

réalisé avec le soutien de

noticeCe livret se veut être un outil de travail et de communication pour tous les praticiens de la microfinance. Vous pourrez vous en servir comme support d’information, comme moyen d’introduire des néophytes à la microfinance. Nous avons divisé ce livret en trois parties :

La partie « introduction à la microfinance » : basée sur l’experience d’intervenants de «horizons partagés» dans de nombreuses écoles, cette section entend vous fournir un outil de communication et un support pour d’éventuelles interventions. Il permet aussi de vulgariser les bases de la microfinance et de rendre ce livret, nous l’espérons, à tous ceux intéressés par la microfinance, qu’ils soient des professionnels du secteur ou de simples curieux.

La partie « thématiques » présentent trois thèmes que nous avons abordés lors des précédentes éditions du Forum : microfinance et zones rurales ; microfinance et zones urbaines sensibles ; financement de la microfinance. Ces présentations ont pour but d’une part de reprendre les principales conclusions atteintes lors des débats des Forums. D’autre part, nous souhaitions aussi apporter un éclairage plus large sur ces thèmes, fournir une somme permettant de couvrir plus globalement ces trois thèmes, de les balayer afin d’obtenir un précis.

Pourquoi ces trois thèmes ? Ces thèmes nous ont paru couvrir les problématiques majeures de la microfinance. Ils permettent de compléter et d’approfondir la première partie en entrant pleinement dans l’opérationnel de la microfinance. Si vous souhaitez trouver des informations sur d’autres thématiques en lien avec la microfinance, rendez vous sur notre portail forummicrofinancerhonealpes.org. Vous y trouverez notamment la totalité des actes des forums de la microfinance, touchant des thèmes tels que la microfinance islamique, le cadre légal de la microfinance en France, les migrations et la microfinance,…

La partie « acteurs » reprend les fiches signalétiques des acteurs rhônalpins de la microfinance parues sur le portail web. Elle propose aussi des articles, des interviews, des cartes,… de ces acteurs afin de les présenter plus en détails, de faire mieux ressortir leurs particularités et leurs logiques d’action.

Page 3: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

participe activement à son développement et sa pérennisation. Pour cela, elle travaille avec différents partenaires locaux tels que l’association arcencielfrance2 ; les étudiants du Master Coopération et Développement au Maghreb et au Moyen-Orient de l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon3 , avec l’appui de la communauté urbaine de Lyon4 , la région Rhône alpes, le Crédit Coopératif, l’association Ecidec5 et de Resacoop6.

le 4° forum rhônalpin de la microfinanceNous préparons actuellement la 4° édition du Forum rhônalpin de la microfinance. Cette année, nous souhaitons opérer un élargissement thématique et ouvrir les discussions sur l’entrepreneuriat social. Nous voulons ainsi inscrire la microfinance dans un cadre plus large et présenter d’autres « outils » de création d’activité économique en faveur de la lutte contre la pauvreté.

Le 4° forum aura lieu courant janvier. Comme les années précédentes, il sera co-organisé par les étudiants du master Codemmo de Sciences Po Lyon, Horizons Partagés et l’association d’ingénierie du développement arcencielfrance.

le Portail Internet de la microfinance en Rhône-AlpesNous sommes nombreux en Rhône-Alpes à utiliser le microcrédit et la microfinance comme outils de développement local. arcenciel et Horizons Partagés ont donc souhaité capitaliser les différentes éditions des Forums afin de garder une trace et donner une utilité concrète aux échanges qui en ont découlé. Outre ce livret, un portail Internet a aussi été créé : ce site regroupe d’une part tous les actes des précédents forums, et permet d’autre part l’identification rapide des acteurs de la microfinance en Rhône-Alpes, dans le but de faciliter les rencontres et de préparer le prochain forum. S’y trouvent aussi de nombreux liens vers des outils utiles aux praticiens de la microfinance.

Nous souhaitons que ce site soit à la fois un outils de capitalisation, d’information et de travail. Allez donc faire un tour sur notre portail : www.forummicrofinancerhonealpes.org, et n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques !

1. Trois thèmes ont étés abordés lors de l’édition 2010 : financement de la microfinance ; migrations et microfinance ; microfinance islamique

2. arcenciel est une association libanaise à but non lucratif, apolitique et non-confessionnelle, fondée en 1985 qui s’est donnée pour mission de participer au développement durable de la société par le soutien des groupes fragilisés et l’intégration des personnes marginalisées.

3. http://iep.univ-lyon2.fr/index.php?Rub=164 4. http://www.grandlyon.com/Presentation.12.0.html 5. Depuis 1992, l’objectif général d’Ecidec est d’accompagner des programmes et des

institutions de microfinance qui portent des valeurs sociales fortes et sont engagées en faveur d’une microfinance à « visage humain ».

6. Resacoop est un réseau d’appui, d’information, de concertation des organisations de Rhône-Alpes réalisant des projets de coopération décentralisée.

Véritable outil de sensibilisation et de capitalisation, le forum rhônalpin permet à Horizons Partagés, arcenciel et ses autres partenaires de stimuler des rencontres décloisonnées entre tous les acteurs de la microfinance et secteurs connexes.

Depuis 2005 l’association Horizons Partagés organise des formations et des conférences sur le thème de la microfinance, finance solidaire et social business partout en France. Ses actions ont été récemment saluées par l’obtention du Trophée de l’Audace, remis dans le cadre de « La diversité en action », manifestation organisée par Le Progrès et le Club Rhône-Alpes Diversité.

La 1ére édition, co-organisée par Horizons Partagés et Ecidec a eu lieu en Novembre 2008 à l’hôtel de ville de Lyon, elle a réuni 80 personnes et a porté sur le thème de : « la microfinance, outil de développement local ». Les intervenants étaient tous issus du terrain.

La 2éme édition co-organisée par Horizons Partagés, arcenciel et le master Codemmo a réuni plus de 120 personnes à l’hôtel de ville de Lyon. L’approche par thématique1 a permis à des

chercheurs et divers acteurs de la microfinance de présenter des exposés le 29 Janvier 2010.

Le 3ème Forum Rhônalpin de la Microfinance s’est déroulé à Lyon le 21 janvier 2011 et a ressemblé une centaine de participants, praticiens de la microfinance et public curieux d’en apprendre plus sur l’Economie Sociale et Solidaire. Au cours de cette journée, trois grands thèmes furent abordés : le cadre légal français de la microfinance, les outils de la microfinance à destination des zones rurales et l’action des Institutions de Microfinance (IMF) dans les Zones Urbaines Difficiles. Les discussions ont par ailleurs été traversées par une problématique plus générale à laquelle les intervenants ont cherché à apporter des éléments de réponses, des pistes de réflexion : l’impact de la microfinance sur la création d’emplois.

Les organisateurs et partenaires

Acteur dynamique de la microfinance en Rhône-Alpes, l’association Horizons Partagés accorde une importance toute particulière à ce forum et

Présentation des forums

04 05

Page 4: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

‘Prendre sa vie en main’ ici où ailleurs c’est apprendre, c’est entreprendre, c’est se risquer dans une aventure individuelle ou collective pour créer de la richesse et cultiver le ‘mieux vivre ensemble’7.

Initialement, la microfinance a pour ambition d’extraire des « cercles vicieux de la pauvreté » les personnes qui, par manque de capital (entre autre), se trouvent en situation d’exclusion ou de dépendance financière.

La notion de pauvreté est multidimensionnelle, elle concerne les besoins économiques et non économiques, et est spécifique à chaque milieu. Il est risqué de prétendre que la microfinance puisse satisfaire tous ces besoins. Il est plus réaliste de considérer qu’elle peut être un outil de création d’activité économique, accompagnant les petites entreprises, générant ou renforçant par là même des emplois.

Ainsi, la microfinance permet effectivement de réduire la précarité économique par le développement des activités génératrices de revenus et l’inclusion financière8.

La microfinance ne saurait se substituer aux politiques structurelles (social, santé, éducation, protection des plus démunis, etc…) nécessaires pour résoudre les problèmes de pauvreté, réduire les inégalités par l’intervention d’autres acteurs compétents sur les thématiques non économiques comme le social.

Désormais, si la microfinance maintient son objectif de lutte contre la pauvreté, les stratégies à promouvoir devraient s’appuyer sur la constitution de projets et réseaux pluridisciplinaires. Car si une IMF9 , et son personnel sont compétents pour évaluer la viabilité de la création d’une boulangerie, ou d’une petite entreprise de livraison, ils ne peuvent aspirer à réduire l’exclusion sociale ou médicale des emprunteurs. Les IMF doivent donc inscrire leurs actions dans une démarche plus globale et identifier les acteurs qui sauront répondre aux besoins non économiques

(santé, éducation, droit, justice...). Ainsi on identifie des actions visant un objectif ou une cible précise, et la microfinance est un des outils employés, au même titre que d’autres outils, tels que la formation agricole, les soins aux porteurs du VIH, la production de spiruline pour le lutter contre la malnutrition, etc…

La microfinance demeure un mouvement hétérogène. Les objectifs des acteurs sont très divers (volume d’activité, pratique, gouvernance, forme juridique,…), et leurs résultats sont évalués différemment.

Pour les uns, la microfinance est à la base des fondements d’une économie sociale à travers la prise en compte de la solidarité et le mode d’organisation de

7. Extrait de la lettre d’information N°15 de ECIDEC www.ecidec.org8. L’inclusion financière est la prestation de services financiers solides et abordables

aux personnes qui n’ont pas de compte bancaire et à celles qui n’ont pas accès au système financier officiel. L’inclusion financière est bien plus qu’une simple question économique, il s’agit d’un véritable processus de réforme juridique et réglementaire. Les activités mises en œuvre par l’OIDD dans le secteur du droit et de la régle-mentation de la microfinance permettent de surmonter les obstacles à l’inclusion financière grâce à la mise en place de structures juridiques innovatrices qui donnent aux personnes n’ayant pas de compte bancaire la possibilité d’accéder à des services financiers sûrs et accessibles.

Source - organisation internationale du droit du développement9. IMF= Institution de Microfinance. Terme générique désignant tous types de structures

(association, coopérative, société commerciale, banque) proposant des services de microfinance.

10. Article Le système de la microfinance en crise de Esther Duflot, lemonde, microcrédit : miracle ou désastre / Article de Arnaud Rodier, lefigaro, Le système de la microfi-nance en crise

11. Courrier international, extrait du New York Time, N°1016 du 28 avril 2010. « … Prêter aux pauvres peut se révéler particulièrement lucratif. Certaines institutions commerciales pratiquent en effet des taux d’intérêts supérieurs à 100%... »

12. Certains l’associent à l’inclusion financière, (Le portail de la microfinance, septembre 2010 : … L’inclusion financière des jeunes : une préoccupation croissante mais une traduction effective encore très limitée…, d’autres à la mesure du taux de sortie de la pauvreté.

13. www.lamicrofinance.org14. La loi n° 2008-776 du 4 août 2008 a instauré un nouveau cadre juridique, social et

fiscal pour le créateur d’entreprise: le statut d’auto-entrepreneur.15. Extrait du rapport de l’observatoire de la microfinance en France – 2008. La loi n° 2001-420 du 15/05/2001 sur les nouvelles régulations économiques — dite

« loi NRE » — a instauré la possibilité, pour les associations sans but lucratif, d’octroyer des prêts, d’un montant maximum de 10 000 euros , afin de financer la création d’entreprise par des chômeurs ou des titulaires de minima sociaux. La loi n° 2005-32 de janvier 2005 de programmation pour la cohésion sociale — dite « loi Borloo » — s’est ensuite traduite par la création du Fonds de cohésion sociale (FCS) dont le rôle est d’apporter sa garantie aux prêts octroyés aux chômeurs et aux bénéficiaires de minima sociaux pour créer une entreprise. La loi n° 2008-776 adoptée en juillet 2008 - loi de modernisation de l’Économie dite « loi LME ». Cette dernière, qui vise notamment à favoriser le développement de la microentreprise à travers différentes mesures telles que la création du statut d’auto entrepreneur.

certaines Institutions de microfinance. Pour les autres, c’est un prolongement du modèle libéral à travers la promotion de l’individu entrepreneur.

Problèmes d’interprétations, problèmes d’applications : après quarante ans d’expériences, les promesses n’ont pas toujours été tenues. De fait, de nombreuses critiques10 ont été formulées à l’égard du secteur, quant à certaines dérives dans les méthodes, dans les taux d’intérêts pratiqués et à l’atteinte d’une forte rentabilité enrichissant les actionnaires et non pas au profit des usagers11. Les efforts se sont longtemps portés sur la viabilité des Institutions de microfinance, au niveau institutionnel, opérationnel et particulièrement financier.

Aujourd’hui, les acteurs locaux, internationaux, ainsi que le grand public attendent des résultats concrets en termes d’impact social12. Les techniques du management des IMF est [partiellement] acquise, il faut se focaliser sur l’objectif même de la microfinance. Les ambitions du secteur doivent s’orienter vers la création d’entreprises, le développement des emplois, et la pérennisation des activités créées.

Les IMF doivent être proches des entrepreneurs, les former, et les accompagner (s’ils en ont le besoin). Les

efforts fournis par les acteurs de la microfinance: les bailleurs de fonds, les plateformes d’information13, les ONG, et les autres acteurs les collectivités locales [qui constituent l’industrie de la microfinance] doivent réfléchir pour savoir comment stimuler la création d’emploi.

Cela a été fait en France, par exemple avec le statut d’auto entrepreneur14, et l’évolution du cadre légal pour le prêt aux micro entrepreneurs15. Ainsi pour que la microfinance demeure un outil porteur d’espoirs et de solutions concrètes, les praticiens et autres acteurs de l’économie et du social doivent réfléchir et agir à la fois dans une logique de filière et de manière transversale, afin de promouvoir des modèles viables pour les entrepreneurs et, ainsi, maintenir un tissu économique local et dynamique.

SylvainDumas Horizons Partagés Marc-OlivierChoukour, Master CODEMMO

édito

06 07

Page 5: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

La microfinance est un secteur d’activité qui concerne l’ensemble des services financiers (microcrédit, épargne, assurance) adaptés aux personnes exclues du système bancaire classique. Ces personnes sont communément nommées imbanquables16 en raison de leurs faibles revenus, d’un manque de garanties, d’un éloignement géographique,...

La microfinance doit être distinguée du microcrédit Le microcrédit est un des éléments de ce secteur, celui dont on a le plus parlé parce que c’est certainement le plus innovant. Mais on ne doit cependant pas négliger d’autres instruments tels que l’épargne et l’assurance. Le microcrédit est avant tout un crédit, avec un préteur, un emprunteur, une relation contractuelle, et avec un taux d’intérêt souvent élevé. Ce taux élevé est à relativiser par rapport aux taux des banques classiques ou des usuriers dans certains pays, car il sert à rentabiliser le prêt de petites sommes. Le coût d’un microcrédit est, comparativement à un crédit classique portant sur un montant beaucoup plus important, plus élevé. Ce coût doit être supporté par le taux d’intérêt. Néanmoins on peut considérer que certaines IMF abusent de ce raisonnement pour justifier des TEG17 de l’ordre de 50% et pouvant dans certains pays atteindre 100%.

Rappel historique sur la microfinance

On peut considérer que la microfinance a toujours existé même si elle ne portait pas exactement ce nom là. On parle de services d’intermédiations financières informelles18 : tontines, caisses solidaires villageoises, clubs d’épargnes, gestionnaires, prestataires informels...

Dans les années 60-70, les premières coopératives d’épargne et de crédit se développent en Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Togo, Cameroun) pour permettre le développement des activités agricoles. Sa généralisation émerge à partir d’expériences menées dans les années 70-80, en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Ainsi est aussi créée la Grameen Bank, qui sera véritablement lancée en 83. Aujourd’hui la Grameen compte 4 millions de clients pour le microcrédit. Elle possède également différentes filiales (Grameen Fund, Grameen Education, Grameen

Electricity, Grameen Phone...), et est devenue un grand groupe qui s’implante sur plusieurs continents. Dans la même période, on observe des initiatives au Brésil à Récife avec Accion19, et l’ONG PRODEM20 en Bolivie.

Le secteur de la microfinance connaît depuis 2006 un taux de croissance de 30%. Cette croissance est positive : elle signifie que de plus en plus de personnes accèdent à ces services, et que plus d’argent est disponible. Mais cette forte croissance comporte un risque de dérives. Les dérives peuvent être nombreuses, et difficiles à éviter : la gouvernance, le public cible, la politique de prix, les montants accordés, le type d’entreprises financées, la qualité des services non financiers, la pression sur les clients, etc… Tous ces éléments peuvent être maitrisés et ils peuvent rester au cœur de la mission stratégique des IMF qui souhaitent réellement rester acteur du développement.

Introduction à la microfinance

09

Page 6: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Les populations cibles La microfinance vise des populations pauvres considérées non solvables, et qui ont la volonté d’entreprendre une activité génératrice de revenus. Elle suppose souvent l’existence de pré-requis et ne s’adresse pas nécessairement à la partie la plus pauvre de la population, ni à l’ensemble de la population d’un pays. En effet, on constate que les zones urbaines sont beaucoup plus ciblées par les institutions de microfinance, à l’inverse le taux de pénétration21 dans les zones rurales reste très faible dans la plupart des pays. Elle est un moyen pour les populations concernées de s’émanciper grâce à une activité économique.

Si les contextes sont différents entre pays du Sud et du Nord (cadre légal, réseau de solidarité, population concernée...), il existe partout des situations d’exclusion économique face auxquelles la microfinance peut proposer des solutions : par exemple une alternative aux pratiques usurières discriminantes et/ou pallier à l’absence/défaillance des banques sur le segment des micro et petites entreprises.

Panorama des services proposés par la microfinance (cf schéma ci contre)

Il existe deux types de microcrédit en terme d’usage: • Lemicrocréditpersonneldestinéàlafamille,àla

santé... Ce n’est pas le produit le plus répandu mais il est proposé par certaines IMF

• Le microcrédit professionnel, à usageentrepreneurial pour développer des entreprises, et, plus rarement, pour en créer.

Il existe deux grandes méthodologies de crédit :

• Aunepersonne,créditindividuel,avecdessystèmesde garantie assez innovant.

• A un groupe, crédit collectif ou crédit solidaire,où les individus sont soit tous responsables solidairement, soit juste un groupe de soutien se réunissant régulièrement.

Épargne : Certains organismes, notamment les associations, n’ont pas le droit de collecter de l’épargne, pour protéger les emprunteurs, parce que la gestion d’épargne constitue un risque. Il existe trois types de comptes d’épargne :

• Compteàvue(peuoupasrémunéré)• Epargneàterme,bloquéepourplusieursmois,et

rémunérée.• Untroisièmetype,trèspratiquédanslescoopératives

d’Afrique de l’Ouest, où l’épargne est posée comme une obligation préalable à l’accès au crédit.

D’autres services sont liés à la microfinance :• Laformation,l’accompagnement.Lamicrofinance

est considérée comme efficace que si elle est accompagnée de formation. Il y existe un important débat théorique et économique qui s’interroge pour savoir si une institution de microfinance est toujours capable de supporter ce coût de la formation.

Il existe plusieurs statuts qui permettent d’exercer l’activité de microfinance. Ils sont plus ou moins appliqués dans les pays selon la législation en vigueur et la stratégie de l’IMF face au contexte et aux besoins.

* Institutions de microfinance

choix juridiqueprojet

Partenariats “pilotes” Nord-

Sud

institutions publiquesMCPP - Bénin

coopérativeCOOPEC CI – Côte d’Ivoire

COAC Minga - Equateur

societé privée BRI – IndonésieMicrocredProcredit

associationsWAGES – Togo

OTIV - Madagascar

des IMF* de toutes tailles, formes juridiques et poursuivant des objectifs différents...

• Lamicroassurance,etnotammentlesassurancesliées à la santé. Elle est assez différente du microcrédit. L’institution de microfinance peut proposer « de A à Z » les services d’assurance qu’elle gère entièrement, ou bien peut passer un partenariat avec un organisme d’assurance classique, et ne fait alors que vendre le service.

• Les transferts d’argent : unepart dupublic dansles réseaux du Sud n’a pas de compte bancaire, et ils peuvent donc à ce titre être inclus dans la microfinance, même si ces services sont assurés par des entreprises qui n’ont aucune démarche sociale.

L’IMF bolivienne Bancosol propose une gamme de services très complète avec plus de 15 produits. A l’inverse de nombreuses petites IMF ne proposent qu’un ou 2 produits très adaptés au contexte d’intervention.

Les institutions de microfinance (IMF) regroupent plusieurs types d’organismes :

• Leplussouvent,lesIMFsontdesassociations,avecunemission sociale très forte, un public cible très démuni, et souvent une interdiction de collecter de l’épargne.

• Les coopératives, dont la collecte d’’épargne etde parts sociales sont des fondements. Les clients sont sociétaires de l’IMF. On trouve de nombreuses coopératives en Afrique de l’Ouest. Bien souvent elles ont une implantation en zone rurale. On citera, parmi tant d’autres, la FuCec au Togo, CECAM à Madagascar et CPBF au Burkina Faso.

• Lesstatutsdesociétésanonymesoucapitalistiquesbasées sur un apport en capital important, sont constituées de vastes réseaux de succursales. Ces types d’organismes nouveaux développent une approche plus commerciale de la microfinance. Exemple : Procrédit Holding [siège social en Allemagne] ou Microcred Holding [siège social en France]

• Desprogrammespublics:certainsEtatsvontutiliserle microcrédit comme un outil de politique sociale. Il en existe une dizaine dans le monde, par exemple le programme MCPP au Benin qui est un programme de microcrédit subventionné pour toucher les plus démunis parfois délaissés par les IMF.

10 11

Page 7: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Mesurer la performance socialeLa croissance du secteur et les récentes critiques amènent aussi à s’interroger sur l’utilité sociale de la microfinance, qui a longtemps été considérée comme acquise. Aujourd’hui, des outils et approches existent pour promouvoir les performances sociales du secteur.

La notion de « performances sociales » a été définie au sein de la Social Performance Task Force comme « la traduction effective dans la pratique de la mission sociale d’une institution de microfinance en lien avec des valeurs sociales communément acceptées qui fixent de servir un nombre croissant de personnes pauvres et exclues, d’améliorer la qualité et l’adaptation des services financiers, de créer des bénéfices pour les clients et d’améliorer la responsabilité sociale d’une IMF ».

Cette évolution a notamment été portée par l’implication de certaines IMF et de leurs réseaux, partageant la vision de la vocation sociale du secteur et de la possibilité de concilier performances sociales et financières. Ces structures ont ainsi développé de nombreux outils [audit, notation, évaluation qualitative,…] qui permettent de mesurer ou d’améliorer leur performance sociale22.

16. De l’anglais unbankable, désigne les personnes qui n’ont pas accès aux banques dites «classiques» soit pour des critères géographique [éloignement des banques notamment dans certains pays en voie de développement ou le réseau bancaire est très peu développé] soit pour des raisons économique [ faiblesses et informalités des revenus et du patrimoine]

17. TEG : Taux effectif global. Le TEG consiste à calculer tous les frais liés au crédit ( interet, frais de dossier, etc..) rapporté au montant total emprunté

18. « comment les pauvres gèrent leur argent » Stuart Rutherford, Edition GRET - Khartala19. Accion : ACCION International est une organisation privée, à but non lucratif dont la

mission est de donner aux gens les outils financiers dont ils ont besoin pour sortir de la pauvreté.

20. PRODEM créée en 1986 décide de « filialiser » ses activités de microfinance sous forme de banque en créant la Banco Solario SA.

21. Calcul en pourcentage du rapport entre le nombre d’éléments d’une population sensibilisée (utilisateurs) par les caractéristiques d’un produit, d’un support, d’une annonce publicitaire…, et la population cible tout entière

22. Voir le dossier ‘impact et performance sociale’ sur la microfinance.org

Quelques sources www.lamicrofinance.orgDe nombreux documents de qualité, une veille médiatique sur l’actualité, les formations et des fiches pays.

www.mixmarket.org Des cartes recensent l’ensemble des institutions œuvrant dans chaque pays. Le contenu est plus technique et moins accessible par le grand public.

www.forummicrofinancerhonealpes.orgLe portail rhônalpin de la microfinance reprend les thématiques majeures de la microfinance et fournit un grand nombre de liens vers des outils et des acteurs.

www.entrepreneursdumonde.org/pratiques/Le site « Pratiques » de Entrepreneurs du Monde et InterAide. De nombreux outils et fiches pratiques issus des différents programme de EDM et IA.

Le guide de la MicrofinanceMicrocrédit et épargne pour le développement, Jérémy Hajdenberg, Christine Poursat, Sébastien Boyé, édition Organisation.

partout dans le monde, les micros,

petites et moyennes entreprises sont

les premiers employeurs

12

Page 8: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

thématiques (actes des forums)

Introduction

L’activité de microfinance en zones rurales suppose une stratégie adaptée aux spécificités de ces zones périphériques où existent, au Nord comme au Sud, des situations d’exclusion sociale et de précarité économique.

La microfinance ne possède pas, a priori, tous les outils pour répondre aux besoins de ces zones caractérisées par une saisonnalité des revenus, le manque d’infrastructures, et une faible densité de populations (ce qui décourage l’implantation importante d’institutions de microfinance) et des besoins économiques importants (notamment pour le lancement d’activités agricoles).

Afin d’enrayer des phénomènes de précarisation de l’activité économique de ces zones, concomitante à l’exode rural, la microfinance, ou tout autre activité solidaire, peut développer des solutions innovantes pour (re)dynamiser, au Nord comme au Sud, le tissu économique local et, in fine, développer de l’activité, voire de l’emploi.

Les problématiques divergent au Nord et au Sud et les réponses apportées doivent s’adapter aux contextes locaux. Dans les pays du Sud émergent des stratégies par filière qui visent à accroître le dynamisme de la filière entière, limiter les goulots d’étranglement, empêcher l’isolement par la circulation des services

financiers à différents niveaux. Ces réponses supposent une approche intégrée des différents niveaux de production/consommation et se doivent d’être pluri-thématiques. Complexes à mettre en œuvre, elles supposent une connaissance approfondie des problématiques en jeu, une maîtrise des principaux risques et un contrôle des coûts financiers.

Des initiatives émergent, comme Wataneh23 au Liban mis en place par arcenciel ou les wadjas par le CIDR, mais elles sont encore peu nombreuses. Il s’agit donc de s’inspirer des meilleures pratiques, de les promouvoir pour tenter de faire émerger des réponses à des problèmes similaires par une connaissance approfondie des difficultés des filières agricoles. Cela suppose des moyens financiers conséquents, et des compétences spécifiques.

Au Nord, et plus spécifiquement en France, le microcrédit, dans sa forme classique, n’est pas forcement adapté aux besoins des entrepreneurs ruraux. Des initiatives émergent et réinventent des outils financiers (microcrédit agricole, crédit, investissement, fonds de garantie,…) Par exemple, l’Adie a lancé le projet ISOMIR (Industrialisation Solidaire en Milieu Rural), MIRAMAP vient de lancer un produit de finances solidaires (produits de garanties) - Terres de liens - pour faciliter l’accès au foncier…

Les « circuit court » sont également intéressants car ils répondent en quelques sortes aux mêmes problématiques que la microfinance par des méthodes totalement différentes.

Extrait du III forum rhônalpin de la microfinanceIntervenants :Daniela Campos Martins – EcidecLéo Coutellec – Alliance Pec / Terres de LiensYvan Dedessus le Moustier – DERIC, Région Rhône-AlpesSolène Morvant Roux – Fondation FarmYael Zlotowski – Crédit coopératifModérateur : Sylvain Dumas - Horizons Partagés

microfinance et zones rurales : Que propose la microfinance pour favoriser l’emploi en zones rurales ?

15

Page 9: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

A ce stade de développement du secteur de la microfinance, il semble pertinent de ne pas appliquer systématiquement les mêmes outils, mais plutôt de chercher les solutions techniques les plus proches des vrais problèmes auxquels sont confrontés les agriculteurs et les autres acteurs économiques des zones rurales.

L’exceptionnalité de l’activité rurale agricoleLes zones rurales ont des caractéristiques particulières impliquant des besoins en services financiers différents des zones urbaines. Les revenus issus des activités économiques en zones rurales se distinguent ainsi par leur saisonnalité24 et leur forte dépendance à des facteurs externes.

Ces zones sont par ailleurs souvent sujettes à de fortes migrations, les populations, et surtout les jeunes, opérant un mouvement marqué en direction des villes. La désertification des zones rurales, l’enclavement perdurant de ces zones, font des populations restantes des populations isolées et ayant difficilement accès à des services appropriés.

La commercialisation des produits issus de l’activité agricole est parfois aussi difficile : elle demande des moyens supplémentaires en termes de temps et de transport. Elle suppose un accès à un point de commercialisation, sinon à un réseau, ainsi qu’une connaissance des prix du marché.

Dans les pays du Sud, ces caractéristiques sont exacerbées. Un ménage rural n’a pas une seule activité : il opère une diversification des activités qui permet une diversification des risques et une multiplication des sources de revenus, l’activité centrale restant l’agriculture familiale. Le deuxième type d’activité en zones rurales est le salariat agricole. Lorsque les mois sont creux, les agriculteurs vendent leur force de travail auprès d’autres agriculteurs, ou dans d’autres zones, pour compléter le revenu du ménage. Cela entraîne des migrations nationales ou internationales très importantes. Au sein du ménage, on trouve des activités commerciales (achat/vente de produits agricoles...), et parfois des activités artisanales. On note donc une diversité marquée des forces économiques, principalement due aux risques importants découlant des activités agricoles et à la faiblesse des revenus. Il faut insister sur le fait que toutes ces activités secondaires sont informelles.

Bien souvent on note une absence de protection sociale pour ces ménages, malgré les risques importants auxquels ils font face dans leurs activités.

Les activités agricoles, d’une manière générale, servent soit à de l’autoconsommation (le vivrier), soit comme productions de rentes, destinées à être écoulées sur le marché. Dans les pays du Sud, la partie de la production servant à l’autoconsommation peut être très importante (parfois près de 90%), très peu de cette production étant alors commercialisée.

Ce qui caractérise ces ménages et a des conséquences importantes sur leurs besoins en matière de services financiers, c’est le décalage temporel entre les revenus et les dépenses. Par ailleurs, les activités agricoles nécessitent des investissements très importants,

coûtant chers. Afin d’effectuer ces investissements, les agriculteurs ont donc besoin de crédits élevés sur du moyen terme. A contrario, ces mêmes agriculteurs peuvent aussi avoir besoin de petites sommes sur du très court terme en raison de la saisonnalité de leurs revenus : une fois leur épargne dépensée, et avant de pouvoir profiter des nouveaux revenus issus de la vente de leur production. On nomme cette période, dans certains pays, « période de soudure ».

Les besoins des agriculteurs en termes de services financiers sont à la fois importants, en raison de la faiblesse et de l’imprévisibilité de leurs revenus, et très variés : les institutions financières présentes dans les zones rurales doivent tenter de répondre à ces paramètres afin de toucher aux besoins réels des ménages.

Les outils proposés par la microfinance en zones ruralesComment les services financiers peuvent-ils répondre aux besoins identifiés des agriculteurs ? Pour le moyen et long terme, les agriculteurs ont rarement des ressources financières disponibles, l’interaction avec le système bancaire leur faisant alors cruellement défaut et freinent les investissements.

La microfinance s’est développée essentiellement en milieu urbain, il a donc fallu développer de nouveaux produits, ajustés aux zones rurales. L’offre s’est progressivement structurée avec des produits plus ou

16 17

Page 10: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

moins adaptés. Les CECAM à Madagascar, réseau couvrant une grande partie du territoire malgache, ont élaboré leur offre de services financiers sur la base d’un partenariat avec les organisations paysannes pour bien analyser les besoins, les flux de trésorerie de ces familles paysannes.

Les IMF en milieu rural ont souvent une démarche de mise en réseau afin de pouvoir apporter plus facilement du crédit et soutenir des acteurs économiques ayant besoin de pérenniser leur activité.

Le crédit de stockage (warrantage) a été mis en place pour faire face aux fluctuations des prix : au moment des récoltes, le prix des denrées est faible. Le paysan peut alors stocker sa production et attendre un moment plus favorable pour la vendre sur le marché local. Une coopérative de producteurs s’associe avec un organisme de microcrédit pour gérer le stockage de leurs marchandises. L’IMF vend ensuite au bon moment, pour obtenir le meilleur prix. Le warrantage suppose donc un pari sur l’augmentation des prix. Or les prix ne montent pas systématiquement. Il arrive donc que l’organisation paysanne soit obligée de rembourser lorsque les prix ne montent pas. De plus, le

pari fait est un pari contre le consommateur : ce dernier n’a plus forcément accès aux produits lorsque les prix montent. C’est donc risquer de mettre en insécurité à la fois le consommateur en pariant sur une hausse des prix, et l’organisation paysanne qui parie sur ces prix. Cette approche spéculative est très critiquée.

Les IMF rurales proposent aussi des produits d’épargne, les besoins étant importants afin de faire face aux aléas climatiques et économiques. Certaines caisses demandent des garanties qui couvrent 100% du montant du crédit proposé. Cela demande d’épargner au préalable pendant 3 mois : le petit agriculteur n’a pas accès à ce crédit.

L’offre des IMF en zones rurales, du fait des particularités des activités agricoles, est donc complexe et souvent imparfaite.

Une piste de solution pourrait être de subventionner les taux d’intérêt pour les agriculteurs, comme on le fait en France. Car plus les agriculteurs se trouvent dans des zones isolées, plus le travail des IMF est complexe. Cependant, le débat sur le subventionnement des taux d’intérêt est loin d’être terminé, le sujet touchant à certains « tabous » économiques.

L’accompagnement et la formationLes agriculteurs ont des besoins financiers liés à leurs activités, mais il existe d’autres besoins, notamment sociaux et techniques. C’est pour faire face à ces besoins que de plus en plus d’IMF développent des services d’accompagnement et de formation. Cette évolution ne concerne pas uniquement les zones rurales, mais elle y est particulièrement cruciale.Les IMF doivent dépasser une vision à court terme de leur action, et doivent développer une approche systémique. Les IMF doivent ainsi intervenir sur plusieurs thématiques : offres de financement, mais aussi formation, travail en direction des mutuelles de santé, questions des transports, et autres problématiques de structuration des filières.

Les acteurs de la microfinance ont détecté d’importants besoins en formation des bénéficiaires de microcrédit, qu’ils soient artisans, commerçants ou agriculteurs. La formation du porteur de projet est essentielle pour la réussite de son projet. Il est nécessaire d’accompagner ces entrepreneurs pendant leur microcrédit : leur rendre visite, identifier leurs difficultés, élaborer avec eux des solutions,… Il est aussi fondamental d’accompagner les mutuelles qui doivent répondre aux besoins de ces agriculteurs se retrouvant dans des zones isolées où les problématiques rencontrées sont très spécifiques.

L’objectif de cet accompagnement est de dépasser une vision étriquée du microcrédit. Il est en effet absurde et contreproductif de faire produire les gens, sans leur donner la possibilité de s’organiser pour vendre leur production. L’épargne et l’octroi de crédit ne suffisent pas, il faut offrir d’autres services, des débouchés, et développer une vision à moyen et long terme du projet.

Par exemple, concernant les enjeux de commercialisation, une formation peut être octroyée préalablement au crédit afin d’apprendre aux entrepreneurs à connaître le marché, à s’organiser pour leurs achats, leurs ventes, etc. L’accompagnement proposé par les IMF peut parfois aller jusqu’à l’accès aux capacités d’installation, le développement d’une formation continue ou le transfert de nouvelles techniques qui permettraient aux entrepreneurs de développer leur production.

Le problème du foncierLe problème du foncier est une particularité de l’activité agricole. En effet, le paysan ne maitrise plus le foncier agricole qui subit une spéculation énorme. En France,

une ferme aujourd’hui coûte en moyenne 150 000€. Acheter les terres nécessaires à l’activité représente donc une hypothèque sur le bâtiment, les troupeaux...

Des outils, tel que l’épargne solidaire proposée notamment par Terres de Liens25 par des citoyens qui mettent de côté de l’argent (épargne non rémunérée récupérée au bout de 5 ans) permettant l’achat de terres collectives, est un modèle qui doit s’exporter, au moment où l’on voit l’accaparement des terres par des fonds de pensions et des multinationales dans les pays du Sud.

La terre est l’outil de production en agriculture, elle ne doit pas constituer une ressource patrimoniale sur laquelle on spécule. Le concept d’autonomie de l’exploitation est primordial : cela ne veut pas dire autarcie, mais coopération. Le caractère imprévisible des revenus, le décalage entre dépenses et recettes... : ce sont autant de besoins auxquels les agriculteurs doivent quotidiennement faire face.

Ce constat est à la base de la création des AMAP (représenté en Rhône-Alpes par Alliance Pec). Les AMAP permettent d’avancer la trésorerie, de pallier au décalage entre le moment où les semences sont achetées, et le moment de la commercialisation. Le système de commercialisation doit être adapté à cette imprévisibilité. Les coopérations et les innovations dans les modes opératoires sont essentielles pour face à la diversité et aux complexités des problématiques auxquelles sont confrontés les agriculteurs au Nord comme au Sud.

Lienswww.ruralfinance.orgLe site du centre de ressources sur la finance rurale de la FAO et du FIDA

www.lamicrofinance.orgVoir le dossier la microfinance en zone rurale

23. www.wataneh.org24. Saisonnalité : Irrégularité, périodicité des revenus qui n’est pas mensuelle mais

annuelle. Revenu une fois par an qu’il faudra gérer tout au long de l’année - Faiblesse et imprévisibilité des revenus des activités agricoles. Multiplication et diversification des revenus. (Fluctuations importantes du prix des intrants et du prix de revente de la production, aléas climatiques,…).

25. Le Mouvement Terre de Liens propose une action concrète pour permettre l’installation de paysans et le développement d’une agriculture biologique.

18 19

Page 11: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

InterviewKalidouTouré de EcidecLe Fonds d’Appui aux Initiatives Locales (FAIL) à Matam, Sénégal

En 2008, Ecidec , [plus d’information sur Ecidec page 38] en partenariat avec les conseils régionaux de Matam et de Rhône-Alpes, lance un programme d’appui aux initiatives locales. Développé en collaboration avec 3 institutions de microfinance sénégalaises, ce programme est avant tout un outil de lutte contre la pauvreté qui permettra aux agriculteurs, éleveurs et artisans de bénéficier d’un financement et d’un accompagnement spécifiques destinés à faciliter la concrétisation de leurs initiatives économiques.

Les bénéficiaires sont des hommes et des femmes de la région, souvent organisés en groupement, et trop pauvres pour « intéresser » les banques classiques. La microfinance apparait comme le seul moyen pour eux de pouvoir démarrer ou consolider une activité génératrice de revenus, et d’améliorer ainsi les conditions de vie de leur famille.

Kalidou Touré, 37 ans, recruté par Ecidec en avril 2008, coordonne la mise en œuvre du FAIL à Matam, région à l’est du Sénégal, frontalière à la Mauritanie. Thomas Popy, stagiaire pour Ecidec au Sénégal, nous livre son témoignage.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?Je suis natif de Thiès au Sénégal. Diplômé de l’Ecole Nationale d’Economie Appliquée, ma carrière professionnelle s’est orientée naturellement vers les actions de développement de mon pays. Après divers postes occupés en gestion et coordination de projets, j’ai rejoint Ecidec en mai 2008 en tant que coordinateur du FAIL.

Pouvez-vous présenter le FAIL (fonds d’appui aux initiatives locales) ?Le FAIL est un instrument de lutte contre la pauvreté coordonné par Ecidec, mis-en en œuvre en partenariat avec trois institutions de microfinance. L’intervention du FAIL se fera à travers l’octroi de microcrédits et la mise en place d’un service de formation des bénéficiaires. L’objectif est de donner toutes les chances de réussite aux porteurs de projet, agriculteurs, éleveurs ou artisans, et parallèlement d’accroître le professionnalisme des institutions de microfinance partenaires.

Selon vous, quelles sont les particularités du FAIL ?Ecidec, à travers le FAIL, est la seule ONG que je connaisse au Sénégal qui fasse de la microfinance en prenant soin de répondre aux besoins des porteurs de projets, notamment au travers la formation et l’accompagnement. Les porteurs de projet reçoivent un accompagnement individuel pour qu’ils puissent mener à terme leur projet dans de bonnes conditions. Le FAIL s’applique également à créer un cadre de concertation avec les partenaires institutionnels de la région de Matam, pour qu’une synergie des actions de développement puisse être profitable aux bénéficiaires.

Pensez-vous que le FAIL puisse contribuer au développement de Matam ? Pourquoi ?C’est évident, la microfinance est le fer de lance de l’économie sénégalaise. Le FAIL a pour objectif de renforcer la capacité financière des institutions de microfinance en leur donnant les moyens de répondre de façon équitable aux besoins financiers des populations défavorisées, notamment celles vivant dans les zones rurales reculées.

Où en est-on de la mise en œuvre du programme ?Pour les besoins du programme, il fallait faire un état des lieux des institutions de la microfinance de la région de Matam, en définissant pour chaque institution son niveau de développement et la qualité de sa gestion. Nous avons ensuite sélectionné les trois premières IMF avec qui le FAIL entrera en partenariat après un diagnostic approfondi. Nous avons signé avec ces IMF un protocole de partenariat nous engageant mutuellement à respecter les objectifs du FAIL. Nous avons d’ores et déjà renforcé l’équipe d’Ecidec au Sénégal par le recrutement de deux agents d’accompagnement qui suivront les porteurs de projets.

Introduction

Partout dans le monde la microfinance est essentiellement concentrée dans les pôles urbains, et particulièrement les grandes villes. [Notamment les zones à forte densité de population ou de PME].

Mais dans les pays intermédiaires, voire développés, les zones de périphéries urbaines sont souvent délaissées, devenant même des zones de non droit, même si la situation diverge selon les pays. Le chômage y est encore plus développé qu’ailleurs et l’exclusion bancaire bien présente.

Des initiatives émergent, comme celle de Joaquim Melo au Brésil et tentent de réduire ces inégalités. La banque Palmas26 est une institution de microfinance solidaire, créée en 1998 par les habitants de la favela « Conjunto Palmeiras », elle est le fruit de 30 ans de lutte contre la pauvreté. Face à la question « pourquoi sommes nous pauvres ? », la réponse se dessine « nous ne sommes pas pauvres parce que nous n’avons pas d’argent, mais parce que nous ne dépensons pas cet argent ici. Nous le dépensons en biens et services dans des lieux extérieurs au quartier, notamment chez des multinationales, il faut donc garantir que la base monétaire disponible sur le quartier y reste ». L’objectif est de construire simultanément l’offre et la demande dans le quartier et de relocaliser durablement les échanges. Pour cela la banque Palmas s’appuie sur une organisation originale qui allie microcrédit et monnaie locale.

En France, le chômage dans les zones urbaines sensibles est environ deux fois plus important qu’ailleurs. Pourtant, une étude de l’INSEE précise que la volonté d’entreprendre y est également deux fois plus forte qu’ailleurs. Mieux, l’activité entrepreneuriale augmente chaque année dans ces zones de 10 à 30%.Le développement de la microfinance en zones urbaines sensibles est donc en pleine évolution. En France, l’acteur principal est l’Adie27, et des acteurs tels que FinanCités28, France Active et France

Extrait du III forum rhônalpin de la microfinanceIntervenants : Angèle Mignonac - AdieCecile Dambricourt - FinanCitésAlexandre Gleich - Ville de Vaux en VelinGuillaume Barral - Association PROMESS et RDIHayat Boaira - Entrepreneurs de la citéModérateur : Guillaume Moraël - arcenciel

microfinance et zones urbaines difficiles :Que propose la microfinance pour favoriser l’emploi en zones rurales ?

20 21

Page 12: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Initiative travaillent dans les zones urbaines.En terme de créations d’emplois, il est important que ces petites entreprises soient pérennes dans le temps : en effet, seules 60% d’entre elles en ZUS parviennent à passer le cap des trois ans d’activité. Le réseau La Nouvelle PME29 se propose d’accompagner en particulier les entreprises créées dans ces zones urbaines sensibles.

D’autres mouvements émergent : les Business Angels des Cités [BAC]30, association créée en 2007 par Aziz Senni, est décrite comme « le premier fonds d’investissement dédié au développement économique des banlieues ».

Dans les zones franches urbaines, l’existence de procédures fiscales permettant l’exonération de charges pour les nouvelles entreprises créées, était censée faciliter le développement de l’emploi. Or, le rapport de la caisse des dépôts démontre que l’incidence sur l’emploi reste faible : « la part des entreprises procédant à des recrutements nouveaux et bénéficiant des exonérations est très faible. Très peu d’entreprises éligibles à la ZFU procèdent à de nouveaux recrutements.” L’effet sur l’emploi demeure donc marginal malgré des initiatives originales notamment le développement de la boutique de l’initiative de Vénissieux, mise en place par l’Adie.

Les acteursFinanCités est un fonds d’investissement capital risque, lancé par PlaNet Finance. Les services proposés vont de l’investissement dans les TPE ayant au moins un an d’activité, à l’aide à l’embauche, en passant par l’apport de ressources à long terme, afin d’aider au développement de nouveaux projets. FinanCités s’intéressent donc aux entreprises déjà lancées mais confrontées à des problèmes de trésorerie, lors de période de croissance de l’entreprise, phases souvent risquées pour les entrepreneurs. A cet égard, la micro-assurance est un service important pour les entreprises.

Les besoins de ces entreprises émergent principalement une fois qu’elles sont lancées, quand elles entrent dans des problématiques où les banques ne veulent pas s’engager. Ce sont des sociétés qui ont du potentiel mais qui n’intéressent pas les investisseurs classiques car sont considérées comme peu rentables.

L’économie sociale et solidaire a développé des outils de financements adaptés aux besoins des

entrepreneurs : fonds propres, garanties auprès des banques,... Le but est de permettre à des entrepreneurs classiques de créer leurs propres emplois et de financer des entreprises en coopérative ou associations.

L’Adie apporte un accompagnement aux personnes souhaitant démarrer une activité ainsi que de l’accompagnement post-création. Les prêts octroyés peuvent aller jusqu’à 6 000€, avec un maximum de 10 000€ par entreprise financée. L’Adie défend une logique d’auto-emploi. L’association est présente dans les quartiers réputés difficiles car il y a une forte demande. Des formations sont aussi proposées en macro-finance, gestion commerciale, gestion de programme, mise en place de projet.

Spécificité des territoires de ZUSLes spécificités de ces zones urbaines sensibles sont connues : ce sont des quartiers présentant une forte précarité, plus condensée que dans les autres territoires des villes, devant faire face à un enclavement géographique et symbolique, avec de faibles niveaux

de revenus, de faibles revenus fiscaux, un taux de chômage plus élevé... Ces quartiers sont par ailleurs souvent très jeunes, mais doivent faire face à l’exode d’une grande partie de ces jeunes. Mais ces quartiers ont aussi des dimensions positives : ils sont très actifs, remplis d’initiatives économiques, et bénéficient d’un maillage social et associatif très important créant un liant social fort entre habitants.

Alors que dans nombre de pays il est valorisant de créer une entreprise, en France, de culture, on crée une entreprise plus par obligation que par choix. Le système éducatif lui-même ne pousse pas à la création d’entreprise. A fortiori, dans les quartiers difficiles, on les crée par nécessité, comme moyen d’accéder à l’emploi. De plus, outre les difficultés classiques inhérentes à la création d’entreprise, les difficultés se multiplient pour les jeunes des quartiers après la création : problèmes de management, de comptabilité, la pérennité… mais aussi problèmes de savoir-être. Ces jeunes peuvent acquérir un savoir-faire mais le savoir-être «chef d’entreprise» reste dur à acquérir. Le problème est donc moins une question de compétences techniques que de compétences en gestion, et de revêtir le costume de manager. Le domaine clef de l’action des structures de services financiers est donc l’accès à l’information. Les personnes n’ont pas les mêmes facteurs culturels, il faut donc agir par de l’accompagnement.

Par ailleurs, il existe un fort blocage physique et psychologique chez ces jeunes entrepreneurs des quartiers sensibles. Peu d’entre eux vont à la CCI [chambre de commerce et d’industrie], ils peinent à avoir une vision de l’après périphérique.

Les communautés urbaines ont la capacité de coordonner à tous les niveaux, mais la coordination n’est pas toujours effective. Les communautés urbaines devraient permettre d’organiser et structurer les acteurs impliqués dans des projets d’entrepreneuriat par la création d’un point d’entrée, un « guichet unique », afin d’être plus visible et accessible aux porteurs de projet, et leur permettre d’être orientés vers les bons interlocuteurs. Le manque de clarté du système, le « millefeuille institutionnel», est un des freins principaux évoqués par les entrepreneurs lors de la création d’entreprise.

Dans cette aide à la création d’entreprises, le soutien à l’entrepreneuriat, la force politique est prépondérante, ses discours notamment. Jusqu’à peu, ces discours étaient centrés sur le social uniquement. Aujourd’hui, le politique a compris qu’un des piliers du développement était économique. Il est ainsi nécessaire d’avoir une approche globale du développement de ces quartiers

sensibles, et de la ville en général : on se focalisant sur les quartiers, on perpétue une vision enclavée du quartier. Il faut recréer le lien entre la ville et les ZUS.

Il y a aussi un problème de communication entre les différentes filières : la filière insertion ne communiquait quasiment pas avec les filières économiques, ni avec la filière culture. Cette étanchéité des filières ne permet pas de création de synergies pour la poursuite de projets originaux. Les MJC, les institutions culturelles et sportives, les centres sociaux,… toutes ces structures doivent être mises en relation et bénéficier de passerelles et de plateformes d’échanges afin de dynamiser l’entrepreneuriat et de permettre l’émergence de projets.

Les conditions pour accéder à ces financements : quelques exemples

Taux d’intérêtLes banques font un taux d’intérêt de 3% aux reprêteurs tel que l’Adie ou FinanCités. Le taux des prêts, aux entrepreneurs, est d’environ 9-10% annuel, ce qui comprend paiement des intérêts du prêt et de l’accompagnement.

Taux de remboursementD’une manière générale, les gens ont plus de difficultés qu’avant à rembourser leurs emprunts, à cause de la crise. Mais les praticiens ne notent pas plus de défaut dans les ZUS qu’ailleurs.

FinanCitésLes financements proposés par la structure sont octroyés à des entreprises qui ont montré la capacité à mettre en œuvre une stratégie pour atteindre un marché. C’est avant tout le potentiel de l’entreprise qui intéresse, ses perspectives. La valeur de l’entreprise est déterminée avec le chef d’entreprise : en général elle varie de 25 000 à 125 000 euros. Question du capital social : FinanCités achète des parts avec la valeur potentielle de croissance de l’entreprise. Ces parts sont revendues avec la prise de valeur. En attendant, FinanCités vit des subventions et des actionnaires : FinanCités (comme l’Adie) est en partie financée par ses banques partenaires : ces dernières prêtent de l’argent à FinanCités, qui le reprête.

22 23

Page 13: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Rhône Développement Initiative 31 [RDI]Le but est de financer des entreprises qui ont l’idée de pérenniser les emplois. Une analyse économique des projets est conduite afin de déterminer s’ils sont viables. Les outils de RDI, qui sont la condition d’un prêt bancaire de qualité, sont de deux sortes :

- apport en fonds propres, le but étant de compléter l’apport du créateur.

- garant auprès de la banque et assure le remboursement. Cela permet de faciliter l’octroi du prêt.

Entrepreneurs de la Cité 32

Au niveau de l’assurance, plusieurs constats s’imposent :

- peu de présence des acteurs commerciaux, ils ne sont pas là pour informer les entrepreneurs. Entrepreneurs de la Cité forme donc des conseillers pour donner une information la plus large possible. Ces conseillers vont aussi sensibiliser la population à la question de l’assurance.

- en termes de produits, ces derniers ne sont pas adaptés aux petits entrepreneurs. Les prix sont trop élevés sur le marché et excluent une partie de la population. Il a donc fallu développer une nouvelle offre. Les tarifs sont plus bas que sur le marché car la gestion du produit est subventionnée par le mécénat. De plus, un système de paiement mensuel a été mis en place, au lieu d’une somme très élevée une fois par an.

Entrepreneurs de la Cité essaye de travailler dans la prévention pour les sinistres en fournissant des diagnostics des risques gratuitement.

Public cibleUn tri sélectif est opéré : ne sont aidées par ces structures que les personnes qui n’ont pas accès au crédit bancaire classique. Le public a généralement du mal à structurer son projet, et donc besoin d’accompagnement. Ce sont souvent des activités non déclarées qui souhaitent se positionner sur le secteur marchand. L’Adie a délivré environ 80 000 microcrédits en 20 ans, d’un montant moyen de 3 000€. Les crédits de RDI sont de 5 000-6 000€.

AccompagnementLa valeur ajoutée du microcrédit, c’est l’accompagnement et l’accès à un réseau. Un dossier de demande de financement représente au minimum de 10h à 15h d’accompagnement : il s’agit d’expliquer les termes, les procédures… Un énorme travail de pédagogie est à réaliser.

BibliographieLes études de l’Adienotamment : Scores d’exclusion sociale et financière

2010 – Synthèse Les micro-entrepreneurs face à la crise –

Adie/CSA Les populations des ZUS de Martinique Impact de l’action de l’Adie sur les

créateurs des quartiers

Les habitants des ZUS et le microcréditEtude de l’Ifop

www.planetfinance.orgVoir leur dossier « Entreprendre en banlieue »

Le rapport annuel de l’Observatoire de la microfinance

26. www.banquepalmas.fr27. Voir fiche acteur p. 3628. Voir fiche acteur p. 4129. www.lanouvellepme.fr30. bac-partenaires.fr31. Voir fiche acteur p. 4532. Voir fiche acteur p. 40

Toute institution de microfinance (IMF) poursuit en premier lieu une mission sociale. Cependant, elle a besoin d’être viable économiquement et financièrement pour pouvoir perdurer. Quelles sont les sources de financement des IMF ? En quoi ces sources peuvent influencer le fonctionnement des IMF ?

***

On a surtout parlé des bailleurs de fonds publics qui ont dominé la phase de développement du secteur au cours des années 1970. Est-ce que les bailleurs de fonds privés sont aussi intéressés par ce secteur ?

Jean-Michel SERVET : Pour comprendre le fonctionnement de la microfinance, il faut considérer qu’il existe plusieurs principes qui guident son financement. Ces principes, ce sont d’abord ceux de la solidarité internationale qui apporte des financements éthiques. Le deuxième type de financement regroupe les financeurs publics – à tous ses échelons : internationaux (institutions de la nébuleuse onusienne), fédéraux, nationaux, locaux (dans le cadre de la coopération décentralisée). Le troisième niveau de financement est un niveau privé, à but lucratif. Certaines entreprises le font par conviction ou bien en support à un service de communication. Les trois s’articulent, il ne faut pas les opposer. Il est difficile de connaître les montants exacts avancés par chacun des financeurs, mais les fonds lucratifs sont en croissance très forte. Je suis un administrateur du troisième fond de microfinance à but lucratif suisse. Il faut savoir que la Suisse gère un quart des fonds internationaux de la microfinance et un tiers de la fortune privée hors frontières.

Il est fondamental de comprendre que derrière certaines dénominations, il y a des modalités combinées. 40% des interventions privées dans la microfinance sont gérées par la coopération publique allemande : il s’agit d’un fond géré comme celui d’une banque privée, mais avec un financement public massif. En 2005, le CGAP évaluait le flux mondial de fonds en faveur de la microfinance entre 800 millions et 1 milliards d’euros, quelle est la part du financement public dans le total de ces interventions ?

On observe que l’on a souvent recours à des actions liées à la microfinance dans des contextes de reconstruction post-conflit : la Grameen Bank a commencé à intervenir au Bangladesh juste après la scission d’avec le Pakistan. On a tenté de reconstruire l’Ouganda de cette manière-là, après la chute d’Amin Dada. Au Pérou, la microfinance a permis la reconversion des paramilitaires du Sentier Lumineux. Dans ces contextes, il est difficile de distinguer la part des fonds destinés à la reconstruction et ceux purement de microfinance. On ne peut pas calculer non plus exactement la part de chaque type de financeurs intervenant dans la microfinance, mais on estime à hauteur de 8 milliards d’USD environ l’intervention des financeurs privés. Cependant, le but lucratif peut parfois guider l’utilisation de fonds éthiques.

Comment intervient l’investissement public auprès des IMF, et sous quelles formes ?

JMS : La microfinance au Nord n’a rien à voir avec la microfinance au Sud. Au Nord, elle fait partie des politiques de l’emploi, tandis qu’au Sud, les interventions les plus importantes ne sont pas faites pour financer la création d’entreprises : il faut que, sur le terrain, les activités existent déjà.

Extrait du II forum rhônalpin de la microfinance Intervenants :Jean-Michel Servet - Symbiotics et Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement [IHEID]Bruno Chaigne - SIDIAurélie Duthoit - BabyloanModérateurs : Marc Goutalier et Thibaut Mary

financement de la microfinance

24 25

Page 14: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Il y a différentes modalités d’intervention publique. L’intervention publique indienne par exemple est un système dit « avec adossement bancaire ». L’Etat fédéral oblige les établissements bancaires à avoir dans leur portefeuille de clients une part fixe de populations rurales et exclues. En échange, l’Etat met à disposition des systèmes financiers des fonds pour être prêtés à ces populations en particulier. Le financement public intervient aussi parfois sous la forme d’une subvention, simple ligne de crédit dans la comptabilité des IMF. Il n’y a pas forcément de financement direct du crédit, mais les subventions de l’Etat peuvent servir à financer les charges fixes des IMF.

Dans certains cas, l’Etat subventionne des IMF pour qu’elles octroient des crédits à taux préférentiels à leur clientèle, créant ainsi une situation de concurrence déloyale. Cette situation ne risque-t-elle pas de causer du tort aux autres IMF non éligibles aux critères d’octroi de ces taux préférentiels ?

JMS : Tout dépend du ciblage : pour mesurer le caractère éthique d’un crédit, il ne suffit pas de regarder le taux pratiqué par l’institution financière. Ainsi, on a accusé l’IMF mexicaine Compartamos d’escroquer ses clients en pratiquant des taux d’intérêts de 100%, mais il faut voir que ces prêts financent des activités ayant un retour sur investissement de 200%. À l’inverse, lorsque Mohammad Yunus prête en zone rurale à 35% pour financer des activités ayant un retour sur investissement de 8%, on peut dire qu’il appauvrit ses clients. Pour qualifier le taux idéal pratiqué par une IMF, il ne faut pas parler de taux d’intérêt raisonnable, mais plutôt de taux d’intérêt soutenable. Dites moi quelle activité le crédit finance, et je vous dirais s’il est soutenable. En zone rurale, on ne peut que prêter à taux faibles, sinon on appauvrit les gens. Il y a des critiques qui sont faites de l’expérience de financement public MCCP (Microcrédit Pour les Pauvres) au Bénin. Il y a un dogme néolibéral qui consiste à dire qu’on est contre toute forme de subventions et qu’il faut toujours préférer l’argent de fondations plutôt que l’argent de l’Etat. On pourrait penser que plus on intervient pour les pauvres et plus ça nous coûte cher, mais ce n’est pas forcément vrai. Il faut prendre en compte à la fois la viabilité économique et la viabilité sociale d’un crédit pour mesurer son coût réel.

L’Etat peut intervenir aussi au niveau du cadre réglementaire et de la fiscalité qui encadre : je crois que Babyloan travaille avec d’autres acteurs de la microfinance pour permettre à des épargnants français de prêter à des micro entrepreneurs. Aurélie Duthoit peux-tu nous en dire plus ?

Aurélie Duthoit : Nous n’avons pas abordé l’action que pouvait avoir l’Etat et le gouvernement sur le terrain pour mettre en place des conditions favorables au financement de la microfinance, que ce soit au niveau de l’encadrement juridique et fiscal, de la stabilité politique ou du climat des affaires.

Babyloan est une plateforme qui permet à n’importe quel internaute de parrainer un micro entrepreneur dans un pays en développement qui a besoin d’un microcrédit pour développer son projet. Il s’agit de casser la logique qui voulait que l’on ne puisse prendre part à l’aide au développement que sous la forme

de dons. On voulait ensuite adapter ce concept aux microentrepreneurs du Nord qui avaient besoin de ce type de financement. Il fallait permettre au très grand nombre de participer directement à des activités de microcrédit. L’Etat ne nous a pas du tout aidé à trouver un modèle juridique pour permettre ce genre d’activité. On y est arrivé finalement mais ça n’a pas été facile.

Quand vous parlez de cadre juridique, parle-t-on du ministère des finances, de la législation ou de la banque de France ?

AD : On parle surtout de la banque de France et donc du monopole bancaire. On peut faire participer le grand public à des activités de prêts uniquement si les prêts n’ont pas de taux d’intérêt, et sont affectés à une personne avec un projet bien défini. Le cadre réglementaire des activités de prêt est très strict, et nous nous sommes heurtés à une réglementation doublement incohérente. Tout d’abord, on nous a imposé le prêt sans intérêt, alors que les entreprises ne peuvent pas payer solidairement (le prêt sans intérêt

est considéré comme un acte anormal de gestion : passible de redressement fiscal). Ensuite, deuxième incohérence : pourquoi Babyloan ne pourrait pas aider des entreprises françaises ? Dans un contexte de crise et de montée du chômage, nous avions voulu au début de notre expérience prêter à des micro entrepreneurs français. La banque de France nous a dit que ce n’était pas possible pour les entrepreneurs français. L’Adie (l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique) a fait passer au début des années 1990 l’amendement Nowak : des non banques peuvent faire crédit à condition que l’argent reçu provienne de banques ou de la caisse des dépôts : ce système exclut de fait les particuliers.

JMS : Il faut comprendre que la raison d’une telle réglementation, c’est la protection de l’épargnant [voir par exemple l’affaire Madoff et la chaîne de ponzi33]. La puissance publique doit assurer un équilibre entre les protections et l’innovation.

AD : Lorsque l’on a lancé le projet Babyloan avec des anciens banquiers, nous avons eu ce réflexe réglementaire et prudentiel. Nous sommes allés voir la banque de France et l’Autorité des Marchés Financiers. Nous avons montré patte blanche durant un certain temps, mais désormais, nous aimerions aller plus loin dans l’innovation.

Revenons sur les IMF dans les pays du Sud. Quels rôles peuvent jouer les bailleurs de fonds auprès des Etats qui encadrent les IMF des pays du Sud ? JMS : La palette des interventions est très large : il y a d’un côté des mécanismes de lignes budgétaires à disposition des ministères, et de l’autre des interventions d’associations par le biais d’investissements. En Inde, les autorités sont très nationalistes et contrôlent fortement les investissements extérieurs faits dans le pays. Dans ces pays, il existe des ressources financières locales. Le problème consiste à mobiliser ces ressources localement. Il faudrait dans ce sens monter des fonds de garantie pour que les ressources disponibles au Sud soient mobilisables au Sud. La crise financière a révélé que les flux financiers ne vont plus dans un sens Nord-Sud mais dans un sens Sud-Nord. Depuis 2006, l’Afrique finance les pays développés. Il s’agit donc de ne pas penser les transferts de fonds seulement dans un sens Nord-Sud. En revanche, il y a des techniques de financement qui sont détenues par les pays du Nord et qui doivent être transférées dans les pays du Sud.

26 27

Page 15: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Comment Babyloan intervient dans le cadre de ses partenariats avec les IMF du Sud ? Est-ce que vous influencez les choix politiques et stratégiques de ces organisations ? Que se passe-t-il si une IMF ne répond plus aux critères exigés par Babyloan ? AD : Babyloan souhaite répondre au problème de la tendance de la financiarisation de la microfinance. L’exemple de Compartamos34 est significatif de cette « lucratisation » du secteur de la microfinance, ce qui favorise l’intervention des banques privées dans le secteur et les dérives qui découlent forcément de cette intervention. Les IMF de petite taille, davantage soucieuses du développement social qu’économique de leur activité, ont peu accès aux financements à la fois publics et privés. Babyloan traite avec ces petites et moyennes IMF qui séduisent davantage un particulier soucieux en premier lieu de l’impact social de son prêt solidaire. Le prêteur accepte un contrat de prêt avec l’IMF qui est donc tenue de le rembourser. On a un contrat de prestation de service avec l’IMF qui a plusieurs obligations, et notamment celle de bien affecter de manière comptable l’argent prêté au micro entrepreneur choisi par le particulier.

Pour sélectionner les IMF que nous finançons, nous exigeons un acte de candidature de 30 pages environ, analysé par un spécialiste qui prend en compte la viabilité financière, l’impact social et la bonne gouvernance de cette IMF. Si la recommandation du spécialiste est positive, un comité de sélection donne son avis. Durant le contrat, la rédaction de rapports trimestriels, semestriels, et annuels permet le suivi des activités. Le but de Babyloan est d’accompagner ces IMF vers l’indépendance financière. On demande à l’IMF d’impacter à long terme le prêt à taux 0 qu’on lui fournit sur le montant des taux d’intérêts proposés à ses clients. Après un an de participation, Babyloan essaie avec l’IMF de voir comment les avantages fournis peuvent impacter le taux d’intérêt pratiqué par cette IMF.

Bruno Chaigne, pourriez-vous nous présenter la SIDI, qui fonctionne un peu de la même manière que Babyloan ?

Bruno Chaigne : La SIDI fonctionne à peu près de la même manière que Babyloan. Je suis un actionnaire solidaire de cette organisation. A la SIDI, on place nos économies en achetant des actions dans cette société anonyme. Il n’y a pas de dividendes, la SIDI

ne fait ni plus value ni moins value. Ce qui intéresse ses investisseurs c’est l’utilisation qui est faite de leur épargne. La SIDI est la filiale microfinance du CCFD terre solidaire, qui était axée sur le don depuis sa création. Il y a 25 ans le CCFD a créé une filiale organisée autour de 3 principes :

- On prête aux plus pauvres dans les pays les plus pauvres.

- On ne parachute pas un système préexistant dans un pays. On s’appuie sur structures existantes dans les pays (on compte 68 partenaires dans 32 pays). On répond à des demandes de structures financières de proximité.

- On n’apporte pas seulement un appui financier à des activités de production : les fonds prêtés doivent avoir des retombées sur les conditions de vie des micro entrepreneurs et sur leur environnement local de façon à enclencher un processus de développement.

La structure a été conçue de manière à faire respecter ces principes. La SIDI est une Société Anonyme détenue à 51% par le CCFD et deux congrégations religieuses, qui ont prêté leur argent pour vérifier que l’on respecte ces 3 principes. Ensuite la SA est détenue par environ 1000 actionnaires solidaires comme moi, qui interviennent à hauteur de 26% du capital dans le même esprit.

La SIDI finance des structures financières de proximité. Il s’agit d’IMF (50% des partenaires), mais aussi de coopératives de producteurs, d’associations de micro prêt (comme au Maroc par exemple) ou de mutuelles de solidarité. Nous intervenons toujours en veillant à rester minoritaire dans le capital de ces organisations.

Vous parliez du cadre réglementaire au Maroc qui ne permet pas aux associations de collecter l’épargne de ses membres. La SIDI permet donc de fournir à ces organisations privées d’épargne, des ressources suffisantes ?

BC : Effectivement, ces ONG se financent en général par l’emprunt. L’association marocaine dont nous parlons n’a pas le droit de collecter d’épargne. La SIDI intervient au niveau de son conseil d’administration afin d’ajouter une démarche d’accompagnement au soutien financier apporté. Pour nous, il n’y a pas de financement sans accompagnement. L’accompagnement ça signifie beaucoup de choses.

on compte plus de 10 000 IMF dans

le monde pour plus de 200 000 000

emprunteurs28

Page 16: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Avant de prêter on fait connaissance : on se renseigne sur l’organisation interne, la gouvernance, la gestion comptable, les systèmes de communication, de commercialisation, la création de nouveaux produits… C’est un moyen de vérifier et de faire respecter des objectifs de départ. Si ces objectifs ne sont pas respectés, on se retire.

Les ressources de la SIDI, dans leur majorité, sont issues de l’épargne solidaire. Le capital de la SIDI est de 13 millions d’euros et entièrement fourni par les investisseurs solidaires. L’accompagnement est aussi financé par l’épargne solidaire. Le CCFD a créé l’ancêtre des Fonds Communs de Placement et de Partage en France, il s’appelle le Fond Faim et Développement. Chaque année, l’ensemble des souscripteurs de ce fond donne la moitié du revenu de leur placement au CCFD. Le CCFD donne ensuite ce revenu à la SIDI pour financer les activités d’accompagnement. Cette épargne solidaire permet de financer un fonds de garantie contre le risque de change, car il faut savoir que 56% des financements de la SIDI sont faits en monnaie locale. Les taux d’intérêt pratiqués sont amoindris du fait de la gratuité de ces ressources. Cette gratuité permet de pratiquer des taux d’intérêts faibles ou bien de prendre des risques que personne ne veut prendre (en investissant par exemple dans des pays où personne ne veut aller…)

JMS : Je voulais revenir sur l’affaire Compartamos. La stratégie de cette IMF est la suivante pour remplir des objectifs sociaux : les fonds de partage ne suffisent pas pour survivre, il faut qu’une partie des prêts rapporte, soit rentable. C’est ainsi que Compartamos est passée de 60 000 clients à plus d’un million. Si on prête à 100% à ceux qui peuvent rembourser, on démultiplie les prêts qui peuvent être affectés. Cette stratégie est discutable car ce modèle de prêt standard est inadapté aux activités agricoles. Compartamos poursuit aussi un combat politique : il s’agissait de lutter contre les caisses mutuelles soutenues par l’Eglise. Compartamos a été fondée par une bourgeoisie qui menait une action idéologique et politique contre la mainmise de l’Eglise sur les classes populaires.

BC : Ce n’est pas le financement militant qui répond aux besoins. La SIDI participe toujours à moins de 10% des expériences de finance solidaire. La vraie valeur ajoutée de la SIDI est dans l’accompagnement et la capitalisation des expériences de microfinance avec lesquelles elle s’associe.

AD : La critique que je portais sur Compartamos était que le modèle développé par l’IMF était difficilement réplicable vers d’autres types de population. Elle n’est pas parvenue à s’adresser à d’autres publics que son public de base. C’est en cela qu’il y a une dérive de mission.

Bibliographie :

CGAP, BriefLe processus de décision des IMF en matière de structure du capital : pour une approche plus réfléchie et plus méthodique, août 2007.

Etude du CGAP, Grameen FoundationQuelques recommandations générales pour les IMF : quelle stratégie financière développer, et pourquoi il est nécessaire de bien évaluer le coût réel des différents outils financiers disponibles.

CGAP, Focus Note n°40Prêts garantis aux institutions de microfinance.Quels avantages ?, janvier 2007.

Barlet K., BIM, L’actionnariat en microfinance.Propriété et gouvernance des IMF, 2004.

Focus n°42 du CGAP Réflexions sur l’introduction en bourse de Compartamos : une étude de cas sur les taux d’intérêt et les profits de la microfinance , juin 2007.

33. Une chaîne de Ponzi est un circuit financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements effectués par les clients, au moyen essentiellement des fonds procurés par les nouveaux entrants, le système étant découvert et s’écroulant quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients1. Elle tient son nom de Charles Ponzi qui est devenu célèbre après avoir mis en place une opération basée sur ce principe à Boston dans les années 1920.

34. Une ONG de microfinance Mexicaine qui devient en 5 ans la banque la plus rentable du Mexique, et qui s’introduit en bourse à Wall Street pour lever des fonds. Plus d’information sur le site du CGAP.

30 31

Page 17: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

récente « financiarisation » de la microfinance, qui considère les pauvres comme « un segment de marché comme un autre », révèle les effets pervers (faillites, surendettements) qu’elle génère.

Elle nous rappelle également quelques fondamentaux :

- Oui, les personnes fragilisées sont dignes de confiance et n’ont pas besoin d’être assistées : elles ont besoin d’être accompagnées et impliquées dans la prise en main de leur propre développement. Le microcrédit leur offre une opportunité de faciliter leur insertion socio-économique.

- Oui, le microcrédit a un impact dans la lutte contre la pauvreté à condition qu’il soit couplé à un accompagnement humain important.

- Oui, pour sortir de la précarité il faut du temps, car la pauvreté est multidimensionnelle et l’accès à l’argent ne résout pas tout, tout de suite.

Un Dépôt à Terme pour une microfinance « à visage humain »L’association Ecidec, qui développe avec succès des programmes de finances solidaires depuis 15 ans au Bénin et au Sénégal, a proposé à la Nef d’unir leurs forces pour déployer un circuit financier permettant de consolider l’action des IMF : le DAT Microfinance a ainsi vu le jour, premier maillon d’une chaîne de solidarité au service des populations fragiles du Sud. D’une durée de 30 mois et rémunéré à 2,5 % par an, il est ouvert aux sociétaires de la Nef, ainsi qu’à un large public de citoyens français et étrangers. Ce DAT Microfinance présente la particularité de laisser à chaque déposant la possibilité d’exercer sa responsabilité sur son argent en choisissant d’orienter son dépôt vers l’IMF de son choix tout en garantissant une partie du crédit. Une fois l’argent collecté, des crédits sont accordés à des IMF sélectionnées par Ecidec et la Nef qui s’engagent à financer des projets économiques créateurs de richesses locales,

permettant à chacun de vivre dignement de son activité. De son côté, Ecidec accompagne les IMF partenaires, assure le suivi qualitatif des projets financés ainsi que la formation du personnel des institutions et des bénéficiaires.

En février, le DAT prend vie au Sénégal puis au Bénin… C’est au Sénégal que la première ligne de crédit va être affectée afin de soutenir de nombreux agriculteurs (groupements de maraîchers), éleveurs, artisans (menuisiers, forgerons) ou commerçants de la région de Matam. L’IMF bénéficiaire, la CECAM1, est déjà en partenariat avec Ecidec depuis quatre ans. Elle a financé et accompagné plus de 800 personnes. Une fois ce premier crédit accordé, le DAT Microfinance permettra de soutenir Minonkpo, une IMF de la région de Porto Novo au Bénin. Par la suite, le dispositif sera élargi à d’autres pays d’Afrique et à d’autres continents, avec l’implication de structures d’accompagnement partageant nos valeurs. Pour la première fois dans l’histoire de la Nef, il est possible de participer directement au soutien d’organisations de finance éthique hors de nos frontières grâce au DAT Microfinance.

C’est donc avec enthousiasme et humilité que chaque acteur du projet prend part à cette aventure, car comme le souligne Franck Faladé, Responsable des Programmes Microfinance de Minonkpo au Bénin : « nous faisons un millième de ce qu’il faudrait faire pour éradiquer la pauvreté ! Mais un millième, c’est déjà quelque chose… ».

Ce n’est pas un hasard si le Prix Nobel de la Paix a été accordé en 2006 à un acteur majeur de la microfinance, Mohammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank : il existe un lien direct entre la réduction des inégalités et la paix.

En permettant aux populations exclues des circuits bancaires classiques d’avoir accès à des ressources financières pour développer une activité économique, la microfinance peut être un outil pertinent de lutte contre la pauvreté. Forts de cette conviction, Ecidec et la Nef ont créé un nouveau Dépôt à Terme, le DAT Microfinance, dont la finalité

est de favoriser la création de richesses dans les pays du Sud en finançant des projets économiques à taille humaine qui répondent à des besoins locaux.

Dans les pays du Sud, la difficulté d’accès aux ressources financières limite fortement la capacité d’entreprendre. Pourtant, bénéficier d’un crédit peut améliorer sensiblement les conditions de vie de populations démunies, à condition qu’il soit associé à un suivi et à une formation adaptée pour permettre aux bénéficiaires de passer d’une logique de survie à une logique de projet. Dans ce but, des institutions de microfinance (IMF) se sont constituées dès la fin des années 80, souvent à l’initiative de la société civile. Cependant, la

Co-rédigé par M. Carbonnare [présidente de Ecidec] et Léo Miranda [coordinateur de projets pour la Nef]

Un Dépôt à Terme pour soutenir la microfinance dans les pays du Sud

32 33

Page 18: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

acteurs

A quoi ça sert ?Nous avons créé ce petit répertoire des acteurs rhônalpins de la microfinance dans une double optique :

- donner une visibilité à la fois à des structures et à un territoire actif

- permettre la création de synergies entre ces différentes structures, et avec le public

Mode d’emploiPour chaque acteur, vous trouverez une fiche signalétique qui vous permettra de contacter les structures, une présentation succincte des activités, et enfin un document (article, interviews, chiffres clés, photos…) qui apporte un point de vue original ou qui fait un gros plan sur les actions et la démarche de l’acteur.

Adie arcenciel Ecidec eMicrOcrédit Entrepreneurs de la Cité FinanCités Horizons Partagés La Nef RDI Xetic Microsfere Fandiyéma Jumelage Pama-

Kompienga/ La Clusaz-Aravis

35

Page 19: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

adieassociation pour le droit à l›initiative économiquedate de création : 1989 adresse bureau : 2 avenue Leclerc 69007 Lyontéléphone : 0 800 800 566 site web : www.adie.org

arcencieldate de création : 2006 adresse bureau : 58 rue Raulin 69007 Lyontéléphone : 04 78 91 97 48site web : www.arcenciel-france.org www.forummicrofinancerhonealpes.org

Zone(s) d’intervention : France et Liban principa-lement, actions ponctuelles au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe

Domaines d’intervention : la formation et le conseil dans tous les domaines de l’économie sociale et solidaire et de l’entrepreneuriat social, le développement durable.

Descriptif des actions menées :

•formation

Fort de son expérience dans les domaines de la microfinance, de l’entrepreneuriat social et de la coopération internationale, arcenciel se pro-pose de partager son savoir faire aux acteurs et futurs acteurs du développement, à travers un programme de formation centré sur ses métiers.

En 2011, plus de 300 heures de formations sont déjà prévues avec plus de 15 écoles et univer-sités françaises : Sciences Po Lyon, l’ESC Tou-louse, Bordeaux Ecole de Management, l’ESCD 3A,... arcenciel dispense aussi des formations dans des instituts spécialisés (RESACOOP, Bio-force…)

•appuietsoutien

arcenciel propose de conseiller ponctuellement ou d’appuyer sur le long terme les petites struc-tures partageant nos valeurs. arcenciel effectue un diagnostic de la situation, crée des outils, en assure la formation et le suivi. Nous sommes ainsi partenaire de l’association Cap&Vie,

acteur dans les quartiers de la banlieue pari-sienne, pour qui nous intervenons en support de leur communication et leur recherche de fonds. Nous travaillons aussi avec l’association Hori-zons Partagés, l’UDAF78…

•portaildelamicrofinance

arcenciel organise depuis 3 ans, avec l’associa-tion Horizons Partagés et en partenariat avec la ville de Lyon, la région Rhône-Alpes et Sciences Po Lyon, les forums rhônalpins de la microfi-nance.

Face au succès rencontré et à l’intérêt témoigné par le public, Horizons Partagés et arcenciel ont décidé de capitaliser ces expériences en créant un site web et en éditant un livret axé sur la mi-crofinance en Rhône-Alpes.

•lalaiteriedesMonts

arcenciel met par ailleurs en place ses propres projets de développement durable à destination des personnes en difficulté en France. arcenciel met en place un service visant à revaloriser l’ac-tivité laitière et ses produits. Grâce à ce projet, arcenciel permettra aux agriculteurs de vendre leur production à un prix juste et aux consom-mateurs de bénéficier d’un lait frais, de qualité, et provenant de leur région.

www.monts-lait.fr

Zone(s) d’intervention : la France entière

Domaines d’intervention : le microcrédit et l›accompagnement

Descriptif des actions menées :

L’Association pour le Droit à l›Initiative Eco-nomique (Adie) est une association reconnue d’utilité publique qui aide des personnes exclues du marché du travail et du système bancaire à créer leur entreprise et donc leur propre emploi grâce au microcrédit.

Les missions de l’Adie sont les suivantes :

•Financer les micro-entrepreneurs qui n’ontpas accès au crédit bancaire, et plus particu-lièrement les chômeurs et les allocataires des minima sociaux, à travers le microcrédit,

•Accompagnerlesmicro-entrepreneursavant,pendant et après la création de leur entre-prise pour assurer la pérennité de leur acti-vité,

•Contribuer à l’amélioration de l’environne-ment institutionnel du microcrédit et de la création d’entreprise.

65 %68 % 70 %

57 % 59 % 55 %

80 % 79 %

2007 2010 Données nationales entreprises individuellesBase: Ensemble (1 300 micro-entrepreneurs financés par l’Adie)

Source pour les données nationales de pérennité des entreprises individuelles: insee, enquete SINE cohorte 2002, vague d’interrogation 2005

Taux d’insertion des créateurs : 79%Taux d'insertion

Taux de pérennité a 3 ans

Taux de pérennité a 2 ans

36 37

Page 20: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

ecidecdate de création : 1992adresse siège social : 58 rue Raulin 69007 Lyontéléphone : 04 78 85 21 37email : [email protected] web : www.ecidec.orgnom du contact : Daniela Campos Martins

eMicrOcréditnom de la structure : eMicrOcréditdate de création : 8 Juin 2010adresse bureau : EMLYON Business School, 23 Avenue Guy de Collongue, 69134 Écullytéléphone : 06 37 07 65 79email : [email protected] du contact : Thibault Ferrand (Président) [email protected]

Domaines d’intervention : microcrédit et formation

Zone(s) d’intervention : En France pour la sensibilisation et la collecte d’épargne, au Bénin pour l’appui technique et financier à une IMF, et au Sénégal

Descriptif des actions menées :

le microcrédit

Sénégal, région MatamDéveloppé en collaboration avec trois institutions de microfinance sénégalaises, ce programme d’appui aux initiatives locales permet aux agriculteurs, éleveurs et artisans de bénéficier d’un financement et d’un accompagnement spécifique destiné à faciliter la concrétisation de leurs initiatives économiques.

Les actions d’Ecidec dans cette région ont pour but de lever les difficultés que rencontrent les porteurs de projet pour :

- Formaliser et planifier leur projet, évaluer leur besoin de crédit

- Effectuer le suivi financier de leur projet (créer et suivre un compte d’exploitation prévisionnel par exemple)

- Obtenir un financement approprié à leur activité

Bénin, région de Porto NovoCe programme a pour principaux objectifs de permettre aux bénéficiaires qui sont exclus

du système bancaire classique de développer des activités génératrices de revenus grâce à l’obtention de crédits et à un accompagnement humain adapté, allant dans le sens d’une plus grande autonomie.

Le programme de crédit solidaire a pour spécificité de toucher exclusivement des femmes analphabètes, n’ayant pas accès au système bancaire. Actuellement ce programme touche 2800 bénéficiaires et a permis d’octroyer, en 10 ans, plus de 20 000 prêts.

Le caractère novateur de ce programme réside dans le fait de coupler crédit et formation. Ainsi, pour bénéficier d’un crédit chaque bénéficiaire doit suivre cinq modules de formation obligatoires. De plus, en fonction de ses besoins et après le premier octroi de crédit, la bénéficiaire peut choisir des formations complémentaires (fabrication de gari et de tapioca, de savon, de galettes et caramel, tissage de sac…).

le dépôt à termeLe Dépôt à Terme microfinance (DAT microfinance) permet aux déposants de placer de l’argent sur un produit financier, ces dépôts bénéficient ensuite aux IMF partenaires d’Ecidec afin de soutenir des projets économiques à taille humaine répondants à des besoins locaux. La Nef assure la gestion administrative des dépôts et Ecidec assure l’animation des partenariats avec les IMFs, ainsi que le suivi qualitatif des projets financés.

Zone(s) d’intervention : Lyon et proche banlieue

Domaines d’intervention : microfinance, conseil à la création d’entreprise, entrepreneuriat social

Descriptif des actions menées :

Levées de fonds

nous organisons des levées de fonds auprès des étudiants de l’EMLYON Business School afin de financer des projets dans le monde entier. Nous travaillons en partenariat avec Babyloan et nous assurons un suivi régulier de l’état d’avancement et de remboursement des projets.

A chaque levée de fonds, les étudiants peuvent choisir entre différents projets de plusieurs continents. Nous avons pour projet d’ouvrir ses levées de fonds à des étudiants en dehors de l’EMLYON Business School afin d’accroître leur efficacité.

Conseil à la création d’entreprise

nous travaillons en partenariat avec l’Adie de Vaulx-en-Velin dans le cadre des ateliers « Créajeunes ». Notre activité consiste à apporter un soutien et du conseil à la création d’entreprise, sous la forme de modules de cours et de tutorats. Il s’agit principalement de

la réalisation du Business Plan et notamment de la phase étude de marché. Nous souhaitons développer cette activité de tutorat à la région lyonnaise.

Sensibilisation

- Nous souhaitons organiser des conférences au sein de l’EMLYON Business School afin de sensibiliser aux enjeux de la microfinance et de l’entrepreneuriat social.

- Nous publions des articles dans les magazines suivants : Journal des Grandes Ecoles et Finance Grandes Ecoles. Ces articles sont au cœur des problématiques de microfinance et d’entrepreneuriat social.

38 39

Page 21: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Fondation Entrepreneurs de la Citédate de création : 2007 adresse bureau : 72 rue Francis de Pressensé 69 100 Villeurbanne téléphone : 04 37 24 52 75 email : [email protected] site web : www.entrepreneursdelacite.orgnom du contact : Hayat Boaira

FinanCitésdate de création : 2007 adresse bureau : Adam Cré’Acteurs 19 Boulevard Lénine 69200 Vénissieux adresse siège social : 44 rue de Prony, 75017 Paris téléphone : 06.75.66.87.38 email : [email protected] site web : www.financites.fr nom du contact : Cécile Dambricourt

Zone(s) d’intervention : France.

Descriptif des actions menées : Protection des entrepreneurs vulnérables accompagnés par un réseau d’aide à la création d’entreprise. La Fondation soutient ces entrepreneurs grâce à une solution de micro-assurance professionnelle adaptée et moins chère, car subventionnée par le mécénat.

2000entrepreneurs par en accueilliset informés

1700entrepreneurs assuréssur toute la france

145entrepreneurs sinistrés accompagnéspar la fondation en 2010

30%des assurés exercent leur activitéen zone urbaine sensible

75%des créateurs d’entreprise étaient demandeurs d’emploi

6 20solidarités et bénévoles

Zone(s) d’intervention : les territoires CUCS (Contrat Urbain de Cohésion Sociale)

Domaines d’intervention : le capital investissement risque

Descriptif des actions menées :FinanCités propose de l’investissement en fonds propres et de l’accompagnement sous forme

de coaching pour soutenir le développement des petites entreprises : financement de l’augmentation du BFR (stock, recrutement, décalage des paiements), financement des investissements matériels et immatériels, effet de levier bancaire,... L’investissement dure 5 ans.

FINANCER SOLIDAIRE

Dans le contexte de crise actuelle, les banques hésitent à financer les projets de développement des très petites entreprises [TPE], et a fortiori de celles situées dans

les quartiers en difficulté, qui très souvent, ne peuvent fournir de garanties suffisantes. Or ce sont justement ces TPE qui constituent le potentiel le plus riche en termes de croissance et d’emploi, et qui peuvent donc permettre de redynamiser ces quartiers.

Au niveau national, les TPE représentent 97% du tissu économique avec 2,6 millions d’entreprises, 37% de l’emploi et 28% de la valeur ajoutée produite (source Insee 2006). 93% d’entre elles sont des entreprises de moins de 10 salariés et elles constituent également l’essentiel du tissu économique des quartiers.

La vocation de FinanCités est de leur permettre de se développer en leur donnant les moyens de recruter, d’investir dans l’achat de nouveau matériel, ou d’alimenter leur fonds de roulement, pour favoriser leur croissance et leur pérennité.

Créée en 2007 par PlaNet Finance, organisation de solidarité internationale spécialisée en microfinance et active dans plus de 80 pays, FinanCités est une société de capital-risque solidaire qui participe à cette nouvelle économie centrée sur la personne humaine.

La particularité des financeurs solidaires est de privilégier le « dividende social » à la stricte plus-value financière. Mais pour garantir la viabilité de l’entreprise, il faut aussi veiller à ce que le projet de développement soit pertinent et s’appuie sur un solide business plan.En apportant un financement aux très petites entreprises [TPE] situées dans des quartiers en difficulté, nous voulons ainsi favoriser leur croissance et dynamiser le tissu économique local.

Notre missionProtéger les personnes exclues du mondedu travail-chômeurs,bénéficiaires des minima saciaux, handicapés, jeunes, seniors-qui créent leur entreprise.

Notre action- Proposer un produit de micro-assurance

adapté a un prix «hors marché».

- Faire de la prévention en informant l›entrepreneur sur les risques de son entreprise et en formant les réseaux d aide a la création d entreprise.

- Sauver les entreprises en danger prace au fonds de solidatité ‹‹ Rebond ».

40 41

Page 22: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Horizons Partagésnom de la structure :Horizons Partagés date de création : 1993 adresse siège social : 47 rue sergent Michel Berthet 69009 Lyon téléphone : 04 78 91 97 48 email : [email protected] site web : www.horizonspartages.com

Société financière de la Nefadresse siège social : 114 boulevard du 11 novembre 1918 69626

Villeurbanne cedextéléphone : 0 811 90 11 90 ou 04 72 69 08 60Fax : 04 72 69 08 79email : [email protected] : www.lanef.com

Zone(s) d’intervention : Différents projets réalisés en France, au Sénégal et au Togo.

Domaines d’intervention : microfinance et formation professionnelle

Descriptif des actions menées :

• Lamicrofinance Accompagnement technique et financier

d’une coopérative d’épargne et de crédit à Wahala au Togo. Formation du personnel à la gestion de l’institution de microfinance, conseil aux emprunteurs, développement de produits adaptés aux zones rurales

• Laformationprofessionnelle De 2005 à 2010 Horizons Partagés a

appuyé l’ONG Togolaise AMRAD, dans le cadre du projet de formation professionnelle des jeunes démunis et descolarisés. 2 promotions de 30 jeunes ont obtenu leur diplôme professionnel. En parallèle de leur formation technique, les jeunes ont suivi des cours d’éducation générale et des ateliers santé et entrepreneuriat.

• La formation en microfinance, «socialbusiness et entrepreneuriat social»

Depuis 2005 Horizons Partagés dispense des formations dans les écoles de commerce, universités, et centres de formation professionnelle. Les thèmes présentés vont de l’introduction à la microfinance, le processus de microcrédit, la gestion d’une IMF, le social business,... tous les cours sont appuyés par des cas pratiques et animés par des intervenants ayant une expérience «terrain» dans les pays en voie de développement. Depuis mars 2011 les formations sont animées en partenariat avec arcenciel France.

Zone(s) d’intervention : principalement en France et au Sénégal et Bénin pour les activités du DAT microfinance, en collaboration avec Ecidec

Domaines d’intervention : collecte d’épargne, et crédit aux entreprises respectueuses de la personne et de la terre

Descriptif des actions menées :

La Société financière de la Nef est une coopérative de finances solidaires qui se place dans le mouvement des banques éthiques et alternatives. Sa mission est de relier épargnants

et emprunteurs autour de projets respectueux de la personne et de la terre. Elle intervient au moyen de prêts pour soutenir des projets à caractère social, environnemental et/ou culturel grâce à l’argent que lui confient ses 28 000 sociétaires sur des comptes de dépôts à terme ou des comptes bancaires (comptes-chèques et comptes sur livret). La Société financière de la Nef est un établissement agréé et contrôlé par la Banque de France. Tous les produits d’épargne solidaire de la Nef sont labellisés par Finansol.

CapitalEncours des dépôts à termePrêts débloqués en 2010

Résultat net (après impôts sur lse sociétés)

Prêts en cours deremboursement

Total du bilan

24875160 €

236 prêts pour un montant de 16,5 M€74 M€

1528 pour un encours total de 73 M€

31 386,35 €321 693 000 €

Chiffres clés au 31 décembre 2010

42 43

Page 23: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

RDIdate de création : 1993 adresse bureau : 2 place André Latarjet 69008 Lyon téléphone : 04 37 28 68 69 email : [email protected] site web : www.rdi.asso.fr

Zone(s) d’intervention : le département du Rhône Domaines d’intervention : financement et accompagnement des TPE et des structures de l’ESS.

Descriptif des actions menées :

Rhône Développement Initiative (RDI) a pour objectif principal la promotion des entreprises créant de l’emploi pour les personnes en situation d’exclusion.

Son objet est :

• desoutenirlesinitiativesdesassociationsetdes entreprises d’utilité sociale, qui ont une activité économique, génératrice d’emploi et d’insertion,

• de favoriser l’initiative créatrice d’emploiset d’activités, par l’appui à la création, à la reprise ou au développement d’une entreprise notamment auprès de publics en difficultés.

RDI a 2 activités principales :

• Elleaccompagneet financedescréateursde Très Petites Entreprises afin de leur permettre d’accéder au crédit bancaire.

L’appui de RDI se matérialise essentiellement par un soutien financier aux projets grâce à deux outils : une garantie sur emprunt bancaire et un prêt d’honneur permettant de conforter les apports personnels.

RDI propose également un accompagnement et un suivi personnalisé, un réseau de relations et de partenaires spécialisés de la création, la mise en place d’un parrainage par un chef d’entreprise ou un cadre expérimenté.

• Elle accompagne et finance les structuresde l’économie sociale et solidaire dans leur création ou leur développement.

RDI peut mettre en place un accompagnement personnalisé au travers du Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) et apporter un soutien financier sous la forme de garantie sur prêt bancaire et d’apports en quasi fonds propres afin de pérenniser leur développement ou assurer leur consolidation.

Xetic date de création : septembre 2010 adresse bureau : 4 place de Verdun, 69250 Albigny-sur-Saône téléphone : 06.07.56.87.12 email : [email protected] site web : www.xetic.org nom du responsable : Jérémy Camus

Microsferedate de création : 2007adresse siège social : BP 16, 69579 Limonest

Cedex, Franceemail : [email protected] web : www.microsfere.orgnom du responsable/contact : Mariella Fourli

Zone(s) d’intervention : Bénin, Sénégal, Burkina Faso et Mali

Domaines d’intervention : Collecte de fonds pour le financement de microcrédits Descriptif des actions menées :

En quelques mots, Xetic est une association sans but lucratif qui vient de lancer une nouvelle plateforme Internet sur laquelle les internautes ont la possibilité de prêter des petites sommes d’argent à des micro-entrepreneurs d’Afrique n’ayant pas accès au crédit.

Contrairement à un don classique, après remboursement du prêt par le micro-entrepreneur, les internautes ont la possibilité de récupérer leurs fonds ou de les prêter à nouveau. Et ainsi de suite : l’argent prêté sur Xetic rentre dans un cercle vertueux, bénéficiant tour à tour à de multiples porteurs de projets. Depuis le lancement du site en septembre dernier, près de 500 internautes ont déjà prêté près de 30 000 euros en cumulé à environ 80 micro-entrepreneurs au Bénin, au Sénégal ou encore au Burkina Faso !

Zone(s) d’intervention : Microsfère intervient exclusivement dans des zones rurales. Nos deux premiers projets se situent au Ghana, dans le Parc National de Kakum et la Zone Humide d’Amansuri.

Domaines d’intervention : formation technique des bénéficiaires, microcrédit, conseil & accompagnement, sensibilisation à la biodiversité.

Descriptif des actions menées :

Les personnes ciblées par nos projets sont des exclus du système bancaire classique à cause de leurs faibles revenus et de leur manque de garanties financières. Le microcrédit proposé par Microsfere leur permet de développer une activité commerciale ou agricole.

44 45

Page 24: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

Mot de conclusion

Nous espérons que ce livret vous a intéressé, et surtout qu’il vous a été utile. Il n’a pas vocation à reprendre de manière exhaustive tous les grands thèmes de la microfinance, mais vise plutôt à capitaliser les forums que nous avons organisés, en approfondissant les sujets nous paraissant les plus pertinents. Il en va de même pour les acteurs : nous n’avons pu lister qu’un certain nombre de structures de microfinance en Rhône-Alpes.

Nous espérons que vous pourrez vous servir de ce livret comme d’un support d’information voire de formation, bref comme un outil de travail.

N’hésitez pas à nous faire part de vos impressions et commentaires. Afin de compléter ce livret, nous vous recommandons aussi d’aller visiter le site des Forums [www.forummicrofinancerhonealpes.org], vous y trouverez des dossiers thématiques complémentaires ainsi que de nombreux liens vers des outils pertinents de la microfinance.

Nous remercions toutes les personnes qui de près ou de loin nous ont aidés à la réalisation de ce livret.

Rendez-vous en janvier pour un nouveau forum de la microfinance et de l’entreprenariat social !

Nous contacter

téléphone : +33 4 78 91 97 48adresse : 58, rue Raulin 69 007 Lyon, Franceemail : [email protected] web : www.arcenciel-france.orgfacebook : arcenciel-france

responsable organisation : axelle coumert [email protected]

responsable communication : guillaume moraël [email protected]

Zone(s) d’intervention : Commune Urbaine de Gouré (Région de Zinder, Niger), actions de sensibilisation à la solidarité internationale en France : en Rhône-Alpes et en Bretagne.

Domaines d’intervention : Microcrédit et formation en faveur de femmes.

Descriptif des actions menées :

•Lemicrocrédit:Accompagnement d’une cinquantaine de femmes dans leurs activités économiques par l’octroi de prêts de 30 à 80 €. Le microcrédit, géré par l’association nigérienne, fonctionne grâce aux dons de particuliers.

• LeCentreRessources, d’Informationet deFormation des Femmes « Dalil Kambé » : Le centre a ouvert ses portes au mois de mars 2011. Les activités sont :

- les droits des femmes et des jeunes filles : information, accès aux droits, solidarité

- les formations : formations de base et multi professionnelles en alphabétisation, couture, cuisine et transformation de produits alimentaires; lieu également d’échanges de savoirs et savoir-faire

- les ressources : aide à l’initiative économique. Ce pôle analysera les pratiques économiques des femmes en leur fournissant une formation en comptabilité et gestion.

Zone(s) d’intervention : commune de Madjoari, province de la Kompienga, Burkina Faso

Domaines d’intervention : actions en faveur de l’autonomie des femmes

Descriptif des actions menées :

Le jumelage apporte un soutien à une association regroupant environ 200 femmes habitant les villages de brousse sur la commune de Madjoari. La plupart sont des femmes d’agriculteurs, souvent illettrées, mais montrant la volonté de s’engager dans une entreprise économique. Nous leur permettons l’achat de matériels pour monter un commerce : par exemple, l'achat de casserole pour faire des beignets lors des marchés ou le passage de voyageurs.

Nos apports sont confiés à cette association locale et déposés dans une « caisse populaire ». Les prêts octroyés aux femmes, d’un montant maximum de 70€, doivent être remboursés dans l’année, ce qui permet un roulement. Ce sont ces femmes elles-mêmes qui décident qui a droit à un prêt et se chargent de le faire rembourser. La mairie de Madjoari contrôle le bon fonctionnement de cette action et peut intervenir en cas de litige.

Fandiyémadate de création : Septembre 2006 adresse siège social : Centre Social de Champvert, 204 . Barthélémy Buyer, 69009 Lyon téléphone : 06 03 53 07 03 site web : www.fandiyema.over-blog.com nom du responsable/contact : Hadiza Dedessus-Le-Moustier / [email protected]

Jumelage Pama-Kompienga/La Clusaz-Aravisdate de création : Décembre 1983 adresse bureau : 1 place de l’église 74220 La Clusaz téléphone : 0450024826 ou 0686991304 site web : aravis.kompienga.e-monsite.com nom du contact : Giguet Bernard [président] [email protected]

46 47

Page 25: livret des forums rhônalpins de la microfinance et de l'entrepreneuriat social

réalisé par

en collaboration avec

partenaire du forum et livret

partenaire des forums