liE CHATEAUBRIAND

294
OEUVRES COMPLETES DE M. LE VICOUTE liE CHATEAUBRIAND ........ D. L'ACADt"l. Fll""4t01S1. -- TOME SEJZIEME. LES NATCHEZ. TOilE I. PARIS. POURRAT FRERES, EDITEURS, ava DB PftlT.. "V6111Tms; •• 5. I'V.II., L tUAI DI. AUCU.TIJI •• 1'1" 3ij. II Deee xxxv.

Transcript of liE CHATEAUBRIAND

Oeuvres complètes de m. le vicomte de ChateaubriandliE
II Deee xxxv.
••• :.....
Lorequ'ell ISbo je quittai l'Ang1eterre pour reatrer. en France eous un nom suppose, je n'oeai me charpr d'un trap grol bil8a~: je laiNai la plupart de mea ma­ nuacrita i. Lobellel. Parmi cea manuma Ie tI'ouvoit celui dea6atclle~, dontje n)pportois i. Pamqu~, Jlta/a, et q11elque~deacriptions de l'Amerique.
Quatorze annees s'ecoulerent ava~t q11e lea commu­ nications avec la Grande-Bretagne se rouwsent. Je ne songeai guere i. mes papiera dans Ie premier mo­ ment de la Restauration ;-et d'ailleU1'8 comment lea ... tI'ouver PDa etoient restea remermea dana une mane, chez une Angloiae qui m'avoit 108e nn petit appatte­ m~nt i. Londres. J'avois oublie Ie nom de cette fem~e; Ie nom de la rue et Ie, nume~ de lam~ 00. ra.oil dem~ure..etoient eplemen¥ortis de ma memoire.
Sur quelques renseipementa vagues et m~me eon­ tradictoires, que je 6a paller Ii Londrea, MM. de Thni'l' eurent la bon~ de coqunencer des recherchea; ila lea pourauivirent avec un die, u~ pene~rancedont il r ~
a tria pen d'e:s:emplea : je me plais ici... leur en _oi-•goer publiquement ma recoDnoillance. ns decouvrirent d'abord avec une peipe· -'nie la
maison que j'avois habitee dans la ,Eartie ouest de Lon­ dree. Mais mon Mtesse etoit morte depuis plulieura
LII lUTeBD. T. I. 1
2 PREFACE.
annees, (It ron ne savoit ce que ses enfants etoient de­ venus. lJ'indicationl en indication., de renseignements en renseigne~ent&, MM. de Thuisy, apres bien des courses infructueuses, retrOU\Terent .enSn , dans un vil~.. lage aplusieurs milles de..Londres, la fainill, de mon
',," . h6tesse. .
• ·A.voit-ellf\~garde la maUe d'un emigre, une mJlle remplie de vieus; papiera a peu pre. indkhiffrable8"? N'avoit-elle point jet4i au feu eet.;Mu.tile ramal de ma- nuacrita fram,oi. P ...,.
Diun autre c6te, ai m0l)..JJom IOrti de ~o:q.ob.curite
avoit. attire dana les journaux de Londres 1'attention des e.manta de mon ancieone h6teaae, n'auroieJit- ils poin~ voulu pro&ter de cea papiera, qui des lora aeque­ roient une eertaine vale~?
'"aieh de tout eela n'etoj&. arrive : Ie. manuscrita fl\'t)i~tlt ete conserve.; la malle n'avoit pas mt\me ete oU"erte. Une religieuse 6.delite, dan. une famille mal­ heu~use, avoit ete gardee a un enfant du tnalhetr. l'avoii" confW, avec simplicite Ie produit dei travllUX d.'un~ partie de ma vie aJa probite d'un depoai"taire ev.nger, et mon trUor m'etoit rendu avec ·la m~me eimp1icite. Je ne connoia rien qui m'eit plus touche dana•.ma vie que la honne f<¥ et la loyaute de cette
.. paovre familie antJIoise. . V~ comme je parlois dee NatcMz. danala Preface de la premiere edition d'-iltala .~
I C J'eteis encore tres jeune 10l"eque je conc;ue I'idee de cfaire l'epopU de l'komme de la nature, ou de peindre.. ,c lee mreU1'8 des SaU.vagea, en lea liant aquelqo.e eve-
PREFACE. 3. . IInementc~nnu. Aprea la'decouverte de l'Amerique, je «ne vis pas de sujet plus interessatt, IUrto,t pour des II Frarfc;ois , que Ie rdssac'1-e de la colonie de. Niltchez a ula Louiltiane, en t 727. Toutes- 1. tl'ibu8 indiebnes
•a. cQnspirant, apres deux siecles d'appression, ponr • •II rendre la liberte au Nouveau - Monde, me parurent
a. offrir un sujet fresque au~si heureux que la conqu~te . cdu Manque. Je jetaj quelques fragments de eat OUt
«vrage SQr Ie ptpier; mais je m'aperc;us bientM que je' cmanquois des vraies eJuleurs, ~t que si je voulois 'aire (( une im~e semblab1e, il falloit, al'exemfle d'Homere, (I visiter fes peupl~s que je voulois peindre. •
..tn 1789,je 6s pm AM. detMalerherbes du de88&in (l qu6j'avois d~ passer en y.erique. Mais, desirant tft.
a.~~me temps donner un but utile t\ mon voyage, j~ • cformal I~ dessein de deeouvrir par terre Ie pa8Sag6
a. tant cherche, et sur lequel Cook m~me avbit lais&e (I des doutes. J~ partis;~ .les solitudes amerieaines, a. et je revinl avec des plans pour un sec*fnd voyage t
<l qui devon: durer nimf ans. Je me .~roposois de t1'a~ «verser tout IQ,eontinent de l'Amerique septentrionale, <cde remonter ensuite Ie long des c6tes, an nOl'd de Ia «Californie, et de re-renir. par la baie d'Hudt,on, en
•• tournant sous Ie p61e t. M. de Malesherbes se chargea ~ .
«de presente, m~s plans au gouYernement, et ce fut i
«alors qu'il "ente:ndit" I~ll premiers ~mentsdu petit c ouvrage que je donne aujo~rd'hui ' ... public. La r~, I' •
I 1\1. l\Iackensie a depuis execute une partie de ce plan •.
• La eapillrine Franklin est e';tri\ dernierement dans 1. mer Polaire, vue par Bearne. et continue dans ce moment ses recberch~s.
t.
PREFACE.
«volution mit £in a. tous mes projets. Couvert du sang • de mon frere uniqtie, de ma beUe-sreur, de celui de ul'illustre vieill¥d leur pere, ayaDt vu ma mere et une II autre sreur pleine. de talent& mourir des suites du trai­ '~ten:.tentqu'eUes avoient,eprouve dans les cachots, j'ai , erre sur les terres etrangeres...
uDe tous mes manuscrits sur l'Amerique, je n'ai "sauve que quelques frapents, en p~rticu1ier .Atala, c qui n'etoit eUe-m~mequ'un episode dfiS Natc4ez. .Atala I a ete, ecrite dans Ie desert, et sous lea huttes des II Sauvages. Je ne sais si Ie public golltera cette histoire, «qui sorl' de toutesles routes connues, et qw'presente ,une nature et des Qlalurs tout-a.-fait citrangeres a. d'Europe s.. .
Dans Ie Genie liu Christ~is11UJ,tome n de~ anciennes 'editioDs., au chapitre du Yague au PassiON, on lisoit ·ces mots:
«Nous seroit-il permis-\ie· donner aux lecteurs un «episode .erlrait, comme .Alala, de nos ~nciens Nat­
u chez: G'est la vie ·de ce jeune Rene, a. qui Chactas a 'raconte son hiitoire, etc. lJ
Enn, dans la Preface generale de l'edition de zpes OEuvqcs, j'ai deja donne quelquea renseignements,sur les Natcnez.\
'Un manuscrit dontj'ai pu tirer .At~la, Rene, et plu­ sieurs descripti9ns placees dans Ie Genie au Cnristia­
.nisme, n'est PIS tout-a.-fait aterile. II sa compose, comme je l'ai'llit aiUeurs II, de deux mille trois cent
I Preface de 1a premiere edition d'.4tala. • A_vertissement des (Euvrea complthea
PREFACE.
quatre-vingt-trois pages'in-folio. Ce premier m!1nuscrit eat ecrit de suite, sans section i tous les sujeu y sont confondus , voyages, histoire natureUe, partie drama­ tique, etc. i.mais aupres de ce m~nu8crit d'un seul jet it en existe un autre partage en livres, qui malheu­ reusement n'est .pas complet, et aU j'avois commence aetablir I'ordre. Dans eEl second travail non ache~e,
j'avois non-seulement procede ala division de la ma:' . tiere, mais j'avois encore chang«He genre de la compo­ sinon, en la fainnt passer du roman. Ii. l'epopee.
La revfsion, et m~me la simple I~cture de cet im­ mense Qlanuscrit, a ete un travail penible: il a faUu mettre Ii part ce qui est voyage, apart ce qui est his­ toire naturelle" Ii part ce qui est drame i il a faUu beau­ couJirejeter, et brdler encore davan~agede ces compo­ sitions 3ll1'llbondantes. Un jeune homme qui entasse p~le-m~le ses idees, Ses inve~tions, ses e~udes, ses lectures, doit produire Ie chaos i mais· aussi dans ce chaos il y a une certaine fecondite qui tient ala puis­ sance de l'Age, et qt1i diminue en avaD~antdans la vie.
n m'est arrive ce qui n'est .peut-~tre jamais arrive. un auteur: c'est de relire apres trente annees un ma­ nuscrit que j'avois totalement oublie. Je l'ai jut¢comme j'aurois pu juger l'ouvrage d'un etranger : .I,e vieil ecri­ vain forme a son art, l'homme eclaire par la critique, " l'homme d'nn esprit calme et d'un sang rassis, a corrige les essais d'ug auteur iDlexperimente, abando~e aux caprices de son imagination.
J'avois pourtant un danger acra!ndre. En repas8ant Ie pinceau sur Ie tableau, je pouvois ealindre les COQ:o
6 PREFACE.
leurs'; upe main plus sdre, mais moins rapide, couroit risque de faire disparottre les traits moins corrects, mais av.ssi les touches plus vives de lajeunesse : il fal­ loit conserver ala composition son independanc,e, et pour ainsi dire sa tougue; il fa~oit laisser l'ecume au frein du jeune cout'8ier. S'il y a dans les Natchez des
, . c~oses que je ne hasarderois qu'en tremblant aujour- Aui, il ya aU8si des choses que je n'ecriroi~plus, 00­
tamment la lettre de Rene dans Ie second volume.
Plrtout, dans ..et immense tableau, des :if6cu~!l considerables se sont presentees au peintre : il n'?Joit pas tout-a-fait aise, par exemple, de m~ler ades com;'
bats, a des denombrements de .troupes Ii la maniere des anciens, de m~ler, dis-je, des descriptions de ba- ­
taiUes, de revue., de manreuvres, d'uniformes et d'armes modernes. Dans ces sujets mixtes, od mar~he
constamm~nt entre de~x ecueI1s, l'aff'ectatfon ou la trivialite. Quant Ii l'impressioD generale qui resulte de la lecture des Natchez, c'est, si je n'e me trompe, celle qu'on eprouve a'1a lecture de Rene et d'Atala: il est naturel que Ie tout ait de l'afflnite avec la..partie.
On peut lire «tans Charlevoix (Histoire de la NoufJelle­ France, tome IV, page 24) Ie fait historique qui sert de base a la Qemposition des NatcMz. C'eat de l'action'
particuliere, racontee par l'Hlstorien, que j'ai fait, en l'agrandissant, Ie sujet de mon ouvrage. Le lecteur verra ce que la fiction a ajoute Ii la veri1l6. •
J'ai deja dit qu'il existoit deux manuscritA des Nat­ -chez .. l'un divise en livres, et qui ne va guere qu'a la
moitie de l'oun-age; rautre qui cofttient Ie tout sans
PREFACR~ J
division, et .vee tout Ie dosordre "de la matiere. De J.a une singnlarite liUeraire~ana I'OUvreg6 tel que je Ie donne au publio: Ie pre.wer volume s'elel"e. aIII dipite
.de l'epnpee, CQmme dens IN Marv" j Ie 8eoond VOIUlUO descend ala nap-ation ordinaire, COIQ.JllQ dan. A tal" ett.· ,..d.ns 8,,,.. 1
Pour arrwer al'unfe du style., i1 edt fllUu e.er du pre.wel' volume Ii oouleur epUlue, ou l'etendre lUI' Ie second: or, dans run ou l'autre C4ls,je D'auroi. plus reproduit avec &dellte Ie travail d" ma jeunesae.
Ainlli d(Jnc, danstle premier volume d. NatcluJ;s •
on trouvera.le me",eilleu, et Ie DlCIrveiUeux de toute. les aapeces: Ie merveilleux chretitlll, Ie merveillet4 my­
tkoloCique, Ie merveille8il in~ien; 06 rencontrera de.. muses ,. des aog.t;a; des dlmon., des genies, des com­ bats, des perao.nagel allegoriques: la Renonmu!e, Ie Temps, la Nuit, la Mort, l'A~itie. Ce veluGle offre de. invocations, des sacrinC6f, des prodiges, -des compa­
raisons multipliees, les.unes co..-a:e., les ,utres lon­ gues, Ii la fa~~ d'Homere, et 'formant de petitl1 ta­
bleaux. Dansie second volume, Ie mervei/leu.z elispar., mais" . ~l'intrigue Ie complique, et les .rsonnages se multi-
plient : quelq~s-uns d'entre ellX .ont pris j~1Squedans les rangs inferieurs de la socie~. Enfin Ie roman r.­ place Ie potime, saos mlanmoins descendre au-dessous du style de Rene etd'...ltata, et ~~ remontaM quelque­ Eois, par III nature du sujet, par celIe des caracteres et par la description'des lieux, au ton de l'epopee.
Le premier volume contient la suite de l'histoire de
.. PRBFACE. Chaetal et Ion voyage a Paris. L'intention de ce r.;cit est de mettre en oppoaitiob les mretirl des peuples chasseurs; ~cheura et pasteura, avec lea'mreul'8 du peuple Ie pille police de la terre. ,C'elt 1 la fois la cri- ' tique et l'eloge du aiecle 'de Loui~XlV, et un plaidoyer entre la civilisation et !'etat de nature: on verra quel. juge decide la questiOll.
PoUr faire passer 8Oua'lesyeux de Chactallel hammett : illu8trel du gl'8lld .iecle, j'ai quelquefoia ete oblige de ser~r lei temps, de grouper ensemble des hommes qui n'oat"pa. vecu tout~a-f'ait edtemble, mais qui ae aont auccede dana la suite d'un long rigne. Pel'SOnne ne me reprochera saDa doute cellegera anachronilmea, que je devoil pol1l'tant ffire.remarquer ict
Je dis la ml\me chose des evenemeD18 que j'ai trans­ portes et renfermes dana une periode obligee, et qui a'etendent, bistoriquemcnt, en d~ et au-dela de cette
periode. ~
On De I¥ 1Il0ntreia, j'espet:e, p~ plu de rigueur POUl'la critique des lois. La procedure criminelle cessa d'~tre publique en France sou, FranCiOil ler, et les ac­ cuses n'a,voient pas de de(e,nseUl's. Ainsi, quand Chactas suiste a la plaidoin. d'un jugement criminel, il y a anachronis~e pour lea loia: Ii j'avois besoin SUI' ce pamt d'une justi&.catioa, je la trouverois danl Racine m~me; Dandin dit a Isabelle :
Avez-VO\l1 jamail vu donner la queltion i'
lSolBBLLB.
Non, et De Ie verrai, que je crois, de ma vie.
PRE-N.CE.
D"'I'DIIf. ", ":
• .. ..... LL ••
.. P4Jf.DII'. •, Bon! cela fait tolljou... paaae.. !In. beUl'l! o~eUll.
9
Racine luppoee qu'on voyoit de lOll empa donner la question, et eela n'etoit pas: les jugel, Ie gret1ler, Ie bourreau et lea gaJ'CtOns, assistoient seuls l la tol'ture.
r(>spere en&n qu'aucun veritable~ de noa joW'l ne I'offenfera du recit d'one seance i. l'Academie,
etd'uneinnocente critique de la science ioual.ouia XIV, Cl'itique qui tI'ouve d'ailleW'll son contre-poids au 10"­ ptJr cM:& Ninon. Ds ne a'en offenseront paa davantage que lea gens de robe ne se blesseront de! ma relation d'UIle audience au Palais. Nos avocate /'nobles deren­ aeurs des libertes publiqu,es, ne p8J'lent plus comme Ie Petit-.lean des PlaitJeur.l; et dall&"notre ,siecle, ou. la .clenee a fait de ~i grands pas ~~e'tantde prodiges, la pedanlerie est_, ridictfle ~pIeteDleDt ignore de nos illustrel savants. '. '
On tMfItve aus" dana Ie premier volume des NatcM:&
un livre d'nn Ciel chr8iitm, different du~l du Mar­
.,.,..: en Ie lisant j'ai eru eprouve~ un sentiment de l'infini qui m'a determine acOnsetJer ee livre. Lea ideee de Platon y sont confonduea avec les idees ehretiennes, et ee melange ne m'a paria preaent~r rien de profane ou de bizarre.
Si on s'occupoit encore de style, les jeunes ecri-
#'
L'histoirf:, qui punit et qui recdmpense, perdroit sa puissance. s{ elle ne savoit peindre: sans Tite - Live, qui se sOfvipdroit du vieuI Brutus? sa~s Tacite,. qui penseroit a Tibere? Cesar a plaide lui-m~me la cause de son immortalite dans ses Commentaire&, et il l'a gagnee. Achille n'existe que par Homere. Otez de ce monde I'art d'ecrire, il est probableJJue vous en 6tereJi la, gloire. Cette gloire est peut~treJoe assez belle inu­ tilite pour qufil soit bon de la conserver, du rqpins encore quelque temps.

·LIVRE PREMIER. - ...
A l'ombre del for~ta americainea, je veux chan­ ter del airl de la lolitude tela que n'en ont point encore entendu del oreilles mortelles ; je veux ra­ conter VOl malheurf; 6 Natchez 1 6 nation de la I.<>uiliane 1dont il ne relte plul que dea aOUf"enirs. ~)nfo!-tunes .'un obscur haMtant des bois au­ roient-elles moins de droits it n08 pleurs que celIes des autres hommes ? d lea mausoIees des rois dans nos temples sont-ils plus touchanta que Ie tombeau d'un Indien IOUS Ie ch~ne de sa patrie?
Ettoi, flambeau des meditlltions~ astre des nuits,.. . sois pour moi l'astre du Pinde 1marehe devant mes pas, it travers les regions inconnues du ~ouveau­
Monde, pour me decouvrir it ta lum~ere lei secreta ~jssanta de ees desertal . J
Rene, accompagne de ses guides, avoitt remonte Ie coura du Mesehacebe; sa barque flo&tojt au pied des troia collines doni ie rideau derobe aux regar. Ie beau pays des enfanta diJ. Solei!. II s'elance sur Ia rive, gravit Ia e6te escar.pee, et atteint,le sommet Ie plus ~Ieve ,4es trois eoteaux•. Le jrau.d village des Nattbez se montroit it quelque flistance dans
12 LES NATCHEZ.
une plaine parsemee de' bocages de sas88fraa: ~ et lit errojent des Indiennes aussi Iegeres que les bichefavec lesquelles elles,~n.dissoient; leur bras gauche etoit charge d'une corheille sUllpendue it 'une longue ecorce de bouleau; elles cueilloient les fraises .dont l'incarnat teignoit les doigts et lea gazons d'alentollI' Rene descend de la colline et s'avance TRs Ie village. Les femmes s'arr~toient it quelque distance pour voir passer les etrangers, et puis s'enfuyoient vers les bois: ainsi des colombes regardent Ie chasseur du haut d'une roche elevee , et s'envolent it 80n approche.
Les voyageursarrivent ath premieres cabanes du grand village; ils se presentent it la porte d'une de ces cabanes. La une familleassembIee' etoit.as­ sise sur des nattes de jonc; les hommes fum.oient Ie calumet; les femmes filoient des nerfs de che­ vreuil. Des melons d'eau, des plakmines seche8, et des pommes de.mai etoient poses sur de8 feuilles eje vign~vierge au mi~ieu du cercle :.un nmud de bambou servoit pour ,boire l'eau d'erable.
Les voyageurs 8'arr~terent'sUl' Ie seuil et dirent: «Nous 80mmes venus. Jl Et Ie chef de la' famille repcindit: «Vous ~te8 venus, c'est bien.. D Apres quoi chaque voyageur s'assit sur une natte et par­ tagea Ie fe$tin 8ans parler. Quand cela fut fait, un de8 interp~etes eleva la voix et dit: «0'1 e8t Ie «Soleil t ? D Le chef repondit: «Absent. D Et Ie si­ lence recommen~a.
c' • ~ • I Le Soft/ii, Ie Grand-Chef I ou I'Empereur del Natchez.
LIVRE I. 13
One jeune IDle parut a l'entree de la cahane. Sa taille haute, fine et deliee, tenoit a laSlis de l'eM gance di1 palmier et de la foiblesse du roseau. Quelque chose de souffrant et de r~veur se m~loit
a Se8 grftces presque divines. Les Indiens, pout:' 'peindre la tristes8e et la beaute de Celula, disoient queUe avoit Ie regard de la Nuit et Ie 80urire de l'1\urore. Ce n'etoit point encore une femme mal­ heureuse, mais une femme destinee a Ie devenir. On auroit ete tentc de presser cette admirable crea­ t..-e dans ses bras, si ron n'eUt craint de sentir palpiter un emur devoue d'avance aux chagrin8 de IJ'v~
celuta ~re en rougissant dansla cabane, pa.sse devant I• .etrangeps, 8e penche a l'~~.ille de la ma­ trone du lieu, lui dit quelques mots' a voixbaase et se retire. Sa robe blanclle d'eeorce de murier on-
•doyoit Mgerem~erriere eUe, et ses deux talons de rose en rele\roient Ie bord a chaqtie pas. L'air dellleura embaflme 8~ les trace'S de l'Indienne du parfum des Beurs de upgnolia qui couronnoient sa ~te: telle parut1lero aux fltes d'Abydos; telle Venus se fit eonnoitre, dans les bois de Carthage, a sa demarche et a,l'odeur d'ambroisie qu'exhaloit sa .elure. ", .
Ce'pendant les guides acheveht leur repas, Ie
levent et disent : u Nous nous en altons. » Et Ie chef ildien' ....epond: II Allez oil Ie veulent les Genies.,. Et lIs sortent avec Rene sans qu'oQ. leur demande quels soin8 Ie ciel leur a eommiB.
Us pa88ent au milieu du grand village, dont les •
14 LES NATCHEZ.
cabanes carl'e~ supportoient' un toit arrond~en
dome. Ces ~its de chaume de Ibms entrelace de feuilles s'apphyoient sur des murs reco~ert8 en dedans et en dehors de nattes fort minces. A l'ex­ tremite du village les voyageurs arriverent sur un~ place irreguliere que formoi~tla cabane du Grand­ Chef des Natchez ,et celIe de 88 plus proche pa- rente,la Femme-Chefl. - < ..
U concours d'Indiens de tOUI les 'ges animoit cel lieux. La nuit etoit survenue, mais les flam-.'beaux de cedre albtmes de toutes parts jetaient • v1ve clarte sur la mobilite du tableau. Des vieillards fumoient leurs calumets, en s'entretenant des ~ho/es du passe; des meres allaitoient leurs enfants, ou les IUlpendoieotd~s leurs berceaux aux bioanches des ta~ar~s; plus "loin de jeunes gar~ons, les brill attach~s ensemble, s'essa.oient il.(lui supporteroi~
piuS' long-temps l'ardeur d'un ~bon e~flamme;
lea guerriers jouoient it. Ia balle'ldec des raquettes garnies de peauxlfde serpen_ts; d'lutres gue~rs
avoient de vives contestatious' aux jeux des pailles et des osselets; un "plus grandi~m.bre executoit Ia danse de Ia guerre ou celIe .u buffie, tandis que des musicicos frappoient avec ~lDe seule baguette une sorte pe tambour, sou~ient dans ulW:~n.
que sauvage, ou tiroient des sonI d'un os de che­ vreuil perc6 i qu.e trous, comme Ie flfre aimt d,u sdldat. '" • '0' i
~'etoit l'he...e ·ou __ Aeun de'l'hibiscus com·- " ....
I Le lU, de celle ilemme heriloit de 1a royaute• •
LIVRE I. 15
mencent it .'entr'ouvrir dana lee lavanes, ou lelt tortUe8 du Beuve vieDllent deposer leurs milfs dana ses sabl.. Les etrangers avoient deja passe sur la place des jeux tout Ie temps qu'un enfant mdieD met it parcourir- une cabane, quaod, pour e888.yer Ia marche, Ia mere lui presente la 'maJDC!lle, et Be
retire en souriant devant lUi. On vit alo~8 paroitre un vieillard. Le ciel avoit voulu l'eprouvet: Sett
yeux ne voyoi~nt plus la lumiere du Jour..,II che­ minoit tout courbe, s'appuyant'd'un c6te, sur Ie bras d'une jeune femme, de l'autre sur un' bAton de ch~ne.
I.e patriarche du desert Be promenoit au milieu de la fowe charmee; les, ~aclaem8 mt,me paroil­ lOient aaisis de respect, ~ ~soient, en Ie suivant, un cortege de siecles au'~enerable homme qui jetoit tant ll'ecIat et'attiroit tant d'amour sur Ie viwil Age.

J6 LESNATOHEZ.
• etranger, vous devez,' un pied- nu dans Ie Reuve .et une main ~tendue sur. lei eaux, faire un sacri- • lice-au ~eschacebe: C4lr l'etranger estaime du • G.-d-Espri!. D
Pre8 du lieu ou parloit ainsi Ie vieillard se voyoit un catalaa ·au trone noueux, aux rameaux etendus et charg~sllde leurs: le"vieillard ordonne it sa iille de 1'1' cQnd~ke. n .'usied au pied de I'arbre avec Retie et)es guide8. Des enfantB montesaur les bran­ ches du catalpa eclairoient avec des flambeaux la scene au-dessou8 d'eux. Frappes de la lueur rou­ geAtre des torches, Ie vieil arbre et Ie vieil homme Ie pr~toient mutuellement une beaute religieuse; l'un et I'autre porteient les marques de8 rigueurs du ciet, et ~ourtant ila ieuri880ient enco~ apre8 &Voir ete frappe8 de la"foudre.
Le frere d'AmeIie ne se la880it poi~t d'admirer Ie Sachem. Chactas (c'etoit son nom) ·ressembtflit am: heros l'epresente8 par ces bustes antiques qui expriment Ie repos dans Ie genie, et qui semblent naturellement aveugles. La. pm des passiqnf eteinc tel se m~loit, sur Ie front de Chactas, ~tte sere­ nite reOllll'q~le chez les hommes qui ont v.erdu Ia vue; soit qien etant prives de la lumiere terre8tre nOU8 commercion8 plus intimement avec celle .des cie~, ~ q,ue I'ombre 00. vivent les aveugle. ait
•• Y .
un calme qtll8'etende sur l'Am.e; de m~me que la nuit eftt plus silencieuse ~e Ie jour.
, .
LIVRE t. 17.. terre, et 1a troi8ieme autour .. l'hoJJizo,n. EDBwte ill: pre8enle 'aUX etrangers. Alors Ie .frere d'Ameli,; ; dit: • Vieillard t·. pui888 Ie ciel te Mng dana l~• .. e..fan41 Es-tv-1e paste'!l..de ~ peuple qt,li t'eD~
.. vironne? permetl-mQi de me ran~r parmi Wn, tr ."II oupeau.» ," 1>iF> : •
... -.,... Etranger, re.partit Ie sage «\es boi8,.Ie .ne ...ui8 qu'un sim~' .Sachem, .fil, d'Outaiiasi. Qa .. me nomme C¥cta., paJlte·qu'on pretend que ~a • von a cwelque douceut~ qui peut "r~enu.de .la crainte..q~ j'ai (lu frrand-EsR.rit., Si noUl te II reeevons comme un fill,. n.oui .De devOIl8. point . II en retirer de 10uan,ge8., Oepuia IODg-~mp8 nou~ • • iommes amis d'Ononthio t dont Ie Sole~ 2 babi~
II de rautre cottdu lac "'8 rivage 3. lei vieill~tds II d.e toq pays ont disconru avec les vi~ill~ ~
.. mien, et mene dans leur .templ.la dapse de~ lor~,. 'c. 01;>8, aie~x etoient tine race. pw88at\te..JJQ~ usom~nous aul.u:;es de n~s pli.eul:ffjl~i-melX\e
"uqJi ~e parle,j'ai habite ~dis'parmi tes,peres :je.. II n'e1;8is pas courbe vers.laterr~,GO'A~ ~1JjoU!"
II ~hui, et mOD n6m retentis80it. qaqs Jes for~t8.,
II J';ti contracte ~ne Wande dette ~n,!er:Jt.laFr~.
u Si rOIl me trouve quelqJle ~e~e:~8t~ un Fran- Cl ~Oi8 que je i~ dais;; ce 80nt· 8ea ·1~$qn8 qui. onf, ugerme daD/!. mon ~reUll' : le8.,parole~ ~ l'homme, Cl selpn.les v.oies du .~fand-Esprit. llont des (f'lline% u figes, que lea brise.8 de la fec~nditedispersent 'dlins « mille climats, OU ~ne6 se qevel()~nt.en·pur m~,.
• I Ite gouvefneu';.~ranc;oi•.
LIla lUTCBBI.. T. I. •
I t,tI • LES NATCHEZ.
. «0\1 fM ft'niu d~li(!iel1X. Me. ()8 ,:~mon fit.~ J'e,P0.
Clseroient mollement dans la cabane'tle la mort, si ije pou~oh, avant de ~cendre it·lacontree. ~e8 d A.melt, prouver rna: r~nnoissanc:e' l"lr quelque • se'rvice rendu aux c0'¥'PQtriote& d~ mon ancien'
1« hote du P8lYs des Blanes. It
, En llcheva'nt deprononcer ces' mots, Ie Nest~r . des Natchez 'Ie cou~rit la t~e "'e son manteau, et pattit ae perdre dans ettfelque grUld souvenir. La beaute de'~ vieillard, Jj.eloge d'uD h~mp1e polic~ prononce au milieu d'un desert par uri Sauvage,
•1'e titre de fils donne it un ~t..anger, cette cotitume • ilaive des peuples de III nature, d~ traiter de parents
tous lei hommes, touchoienl profondement Rene. . .
, Chactas, apres quelques moments de silence, tepr,it llinsi la parole: CI. Etranger du pay' de I'An­ «rore, .i je t'ai bien compris, il me semble qUe 8 tu el venn pour habitcr les forMs ou Ie solell se • coOOhe. Ta fais III ,une entreprise perilleusff; il ~·e.t pas aU8silli.e q'le tu Ie penses d'erreJ' par a'le! sentiers du cheVI'euiL. II fa~t que les Maftitou~
CI du malheur t'aient donne des songes bien fu­ II nestes, pour t'a~oir cond~t It une pareilIe resolu­ «tion. Baconte"BOUS ton histoire, jeune et~nge":
ci~Juge par J.a fratcheur de ta voix~ 'et en to,!chant c tea bras je vois par leur \ouplesse .que tu dois «~tre'dans l'Age des passions. Tn ttot1venas lei des It cmurs qui pourront compatir a tell souffrafices. c Plusieura des'Sachems qui nous ecoutent con­ • noissent la langue et lea mmurs d.e ton pays-; tu CI dois apercevoir aussi, dans la fotile, des bl81'lC8.
.. LIVRE I. .•9..
Ii..• ~pfltrit)tes~Jl fort .Roaelie, flui seront~ehar.· - mes d'~eDdl'e parl~r de lel;lrpaya.» .-
Le frere d'Amelie I'epoodit d\1ne TO~ uoobWe: -1ndleo , ma ~ie elf; saA. aventUres, ot Ie cmur. de R • . •u ene n~ ;~ J'8C98.te pOlllt". )i
Ges pHole, brUllCil1les fW"eot .uivies d'lUl profmMf silence: lea regards du ftoore ,d'Amelie etinceloient cfun' feu iOmbre; les pelM8eS .'amoneeloient et a'em'9~Vfoiedt 4KU' SOD trout. comme desn~•.; 8e8 cheyeux a.voient U~ legere agitation sur sit te~ea. Mille 8el)umtnts oonfus regnoient dalJ8 la ~ultitude:Ie. uns p~ent .'etnmger pour 1IIl in­ ae~se, ldI autrea pou.r un flenie' revka dl\lfl~~ • hUUlaine. .
fIhacta&, etendan:t la' main dt1D8 l'om1?re, prit celie de.Rene.uEtr~ger'lui dit-il, pudonne amil . «'{'riere indi~r4he; lea vieillardB eont .curieux ;'0. • a aiment.~ecouter lea iliatoires po. avoir Je pltUil' ade faire des ~90ntL: .¥t. • '. .... ~
Sorta~.t iel'amel'twnede set pense., fKr8IDI8H
au senti~nt de sa nouv"lle existence, Rebe· .up" plia Chactaa de Ie faira ..dmeure. au nombr.e i~'"
guerriers n~tchez, et de .l'~opter. lw-mtlme Pour II8Il fils. . . . ! '" ; , •.
,\.Tu. trouveru .. natf4 ~an8 ma ~~~•.~~ a ponqit Ie Sachem.,t mes Vleux ans seQ. r6J01Ul'
.
•• 20 LE~ NATCHEZ.
• «~I\ oomr lea ~gret8 de 'Ia.patrie ? Tout ~ reduit :souvent, pour Ie voyageur, a echanger dans la • terre etrangere ~sjllU8ions contre des sou,!enirs. «Vhomme entretient datA SO'ft sein' un delir ~e «ben1'ieur qui IJt se detruit ni ne -se reaIjee; il y a .
-. dans n08 boil une plante dont la 8eu.r se forme .et,ne s'epanouitjalllBis!c'est l'esperance. D ' •
Ainsi parloit Ie Sachem : m~lant la force a la douceur, il ressemblait lees vietA ch~nes oU. les
iabeilles ont cache lellr mieI.' • Chac.tas Be leve a l'aide elI bras de' sa fille. Le
&ere d'Amelie suit 1e Sachem, que la foule em­ pre88~e .ec80duit it sa cabane. Lett guidet: reto\lr- nerent au fort Rosalie. ..
Cepepdant Retie eroit e'ntre sous.le toil de;a~on hl;te, qu'ombrageoient ~atre. supeI'bes tulipiers.
• On fait chauffer nne eau pure dans ~ vase·de pierre noire, ponr la-.er lea' pieds du frl!re d'Ame­
,lie.' Chactas sacri6.e ~~*apitous ~rotecteurs des .etrangers;.j! brule en leur honneur ~Qf feuilles de saule': Ie saule est agreable aux genies..des voya­ geurs, parce qtllil croit au bord des fleuves, em.. bleiiIes d'une vie errllnte. Apres ceci"'Chactas pre­ senta it Bene la calebasse de l'hospitalite, ou It\ ~neNllion8 avoient bu l'eau.:.~'erable. Ene lItoit ~ronnee d'hyacinthes ble. qui repandoient nne bonne odeur. Deux Indien\;c~llres par .leur esprit ingeniewt;. avoient crayon~e iur ~s flanc~
dQres I'histoire~ll!un voyageur. egare daM le~ bois. :loRene, IIpres avail' mouilIe ses levres dim818;.~oupe
fragile, la rendit aux mains tl'emblantes du patron
LIVRE I. 2i
de la 8olitUlJe. Le calumet'de pai~, ~ont Ie four­ neau etoit fait d'une pierre rouge, fut de nOlilveau pre8ente au frere d'Amelie. On lui servit en m~me
temp8 "deuX jeune8 ramiers qui, nourri8 de baiel :de geoevrier par leur .mere, e~oieI1t un mets digne- ,de la table d'un roi. Le repas acheve·, une jeune • fille aux bru nUl parut devant l'etranger, et, dan­ I8nt la chanson de l'h08pitalite', eUe disoit:
."'ut, h6te du Grand-Esprit! sqlJIt, (\ Ie pItA­ uacrts dedhomme8! Nou8 avODS du mai8 et une • cou.e ~our toi': salut, h6te du Grand-Esprit t' 41 8alut, (\ Ie plu8 sacre des hommes ! D La jeune tiUe prit l'etranger p8.'r la main, Ie conduisit a la peau d'otlrs qui devait lui servir de lit, et puis eUe Be retira aupres de ses parents.~ene s'etendit sur Il.. c~u~ije du chasseur', et dormit 80n premier' 80mmeil chez lee Natchez: ••
Tandis que la nation du Soleil 8'OCCUPe" encore' de jeux et de _f~tes, une fatale destinee precipite de toutes parts les evenements. Abandonnant les. champa fertili8~ par les sueurs de leurs aieux, de jeunes hommes, plantes etrangeres arrachees au doux sol: de la Franc~, viennent en foule peuplel' de 'eur fructueux exil Ie fort' qui gourm~nde Ie' Mesehacebe, et qui fait redire a ses bords Ie nom ch~rmant de Rosalie. Perrier, qui gouverne a la Nouv~ne-OrIean"es vastes champs de la Loui­ 8iane, Perrier- ordonne a Chepar, vaillaot capitaine des- Fran~oj8 aox Natchez., de faire- Ie d~nombre­
ment de 8es 80ldats, lfin de porter ensuite, si telIe! etqit la nece88ite, Ie .80C ou la b~cl}e jusque ~ao3
I
~. LES NATCHEZ.
lea tombeaux: des lDdieR&. Chepal' commap~aua· ~tot.a ses baiaillopa de Ie deployer a la pr~miere Q.urore sur lea bords du leuve.
A peioe' les rayons du mann avoient jailli du ,ein des mel'S Allantiquea, que Ie' bruit des tam­ boura et lea .fanfares"de. trompettes font tl"e88aillir
·le guerrier dans sa tente ~a.lpi. Le desert .'ep6u­ vante et aecoue. sa cbevelure de fol~tI; la terreur peBetre au fond de sea demeur~s', qui, depu¥ la naisianCe du rrionde, ne repetoient quek8 soupil'8 des vents, Ie bramement de8certi et Ie cru.t des Qiseaux. ,
A ce signal, Ie demon· d~s combats, Ie sangui­ naife Areskoui 1 et les autl'es eSprits des ombres pousscot un cII de joie. L'ange du Dieu des aPIDee8 repond a leurs menaces en frappant sa"lance d'or sur SOIl bouclter dediamant: telles 80nt tes rumeu'" de l'Ocean lorsque lei 8euvea amerieains. en8ant leurs urnes, rondent tous ensemble 'sur leur vieux pere; rOce~, frac8l88nt sel vagues entre lea 1'0­
chers,- etinca:Ue; il se souleve indig.e, se precipite sur sea· nIs, et les frappant de son trident, leI re­ pousse-. dans leur lit fangeur. Le loldat ~i. enten,d -ees bruits; il se reveille, oomme Ie che'tal de bataille qui dresee l'breille au fremiasement de rairain, ouvre ses narines fumanre., remplit rail' «te sel gr~les hennissements, m¥d.· les barreaux de sa creche, qu'il couvre d'ecume, et dece~e dans t~te8 les allures l'impatience, Ie courll8e, la CrA£e et· la legerete. ""
I Genie oa di~de Ia lJW!I'l'8 claM le, 88l1VlltJUo. ·
LIVRE I, 13
'4Un DlOUV4NQtItt .n'ral Ie ....... Ie camp e1 Jdant. Ie fort.· U. fllllta8lio. caUtiot au faiaceaux d'armea; I... cavalier. volti•• deja .ur leun counier.) on eDteod Ie~ dee chaiaee et lea rouJelD"tB de la PCADW artillerie. Partout brille l'aoiet,:, putout Sotte..! lee d.,.~~ de Ie
• Frrmce: drapeau ilJllPortela.eouven.d, ~tI'ice~ comIQe~a gultrri~PI vieillia dan.le~ COlDbaW. Bie.. t(\t l'&rIDee Ie d61W1e.le IOB8 ~ MeJc~be, La chreur dea inatrumentl de Bellone anir;q, de let
air. triom~ toua c~ brave., tae(ija que ron voit .'8fPter en fadenoe Ie bonnet du greQadier, qui, ",poM .ur 881 ,a~a, ba! Ie ~ure avec une • piete q,ii in.pire la wrreur.
Fille de Mn81D01fCle 8. fa loop ..moire 1Am~ poetiqu~ dea trepied"de Delphea 8t det 'colombe. de Dodone, 'deetH qui elumtu aulOUr.du U~ pbap d'Ho~ere 8U1' quelque tp'eve inconnue de Ia ~r Esee, VOUI qui, non loin de rantique Parthe. QO~, f~te. naitre.trJ laurier du wmbeau d~Virpe, l\lute1 daign~ qQitter UQ .~oment~ cee morW harmonieut et 1eurf viy_a pouaaieret; .... donnez lea riv{lge& de I'Au80nie, lea OQdes du Spel'>­ olUua et lea cham~ OU £ut Troie; .vene,cn'animer de vot1'e divin touffte: qQje pJliaae DOIDIIl8r I. ~pitainea et lef. bataill0D8 de oe ,peuple indornpte ' dont lea exploita fatigueJ'4,lNmt ~, " CaMiope 1 votre poitrine immor~ne!
Au centre de l'amiee paroiseoit ce _taillon vthu d'amr. q,ui I~nce lea foudree de Bellone: c'eet lui qui, dane pres4ue taus le8 cp'lDbatt, determine la
~4 LES, NATCHEZ.
~une it Nine laFl'lltlce; instruit dan. lea ~ie_• . lea plus lublimes, iI'mt s~r Ie geniel ....couron­
Iler lavictoire. Nulle nation tfe peut se vaitter d'une pareille troupe. Folard la commande, l'impassible Folard, qui peut, da~ les plus grands dangers, mesurel' Ia courbe du' boulet 011 d~ la bomhe,
. i.fadiquer :'a colline dont il faut'se .aisir, tracer • et resoudre SUi'. l'arime sanglan\e' au· milieu des few: et de la mort, les figures et .lesproblemea de Pythagore.
.L'infanterie, blanche et Ie~l'e oomme la neige, ~ ae forme rapidement devant lesJeutes machines
~qui vomis~ent·le fer :et 1& flamme. Marseille', dont les gale~es remontent fantique Egyptus; 1orient, qui fait vogueI' sell, vaisseaw:jusque daos-!es mel'S de la Trapobane; la Tourmn~; si delic!euse par se8
fruits; la Flandl'e aw: plaines en88llglvuees; Lyon la romai.ne; Strasbourg la~ermanique; ~oulouse,
siceIebre par eel troUbadours; Reims, ou les rois vont che'tcher'leur eouronne; ParisI ouils viennent la Porter : tmltes les'~illes, totltes le~provinces, tOUIJ les Seoves des Gaules, ont"donne-'~s fameux soldats a l'Amerique. "
Leun ~es nQt sont p~ l'epee on rangon; ils. . ne 5e parent Jlus du large bracha et d~ colliers d'or; 'ils portent un tube enftamme, surmoote du glaivefd.e Bayonne; leur ..~tement est celui du lis, synIDole virginal de l'honneur de Ia France. ' . Divisee en 'einquante QOmpagnies, cinquanie ca­
pitaines choisis commandent cette infant~rie for­ midable. La'se montteDt Ell l'infatigabIe ..Toustain,
.. LIVRE. I. 25
qui n:qui-.ux plaines de la Beauee, ou. Ie.lIioiuOn' roulenten nappe.d'or, etle prompt Armagnae, qui fut plon6~en ,paissant dans ce fteuve dont les ondea inllpirent Ie ~ouraae et lea saillies, et Ie patient TOUl'fille; DOurri dansles valIeea herl>ues aU dan­ s~t des paYSannes ala haute eoiffure et IU conet de 8Oie. Mais qui pourroit nomIner 'tant d'iJlultrea fruerriers.: Beaumanoir, sorti des rochers de l'Ar-
.~riqu.,·Causans, qqe la tendre mere mit au jour au bord de la fontaine de Laure;d'Aumale, qui g01ita)e vin d'Ai avant Ie lait de sa nou""~ce ; Saint­ Aulaii-e de Ntmel, eleve 80US uIt portiqUe ramain; et Gautier de Paris, dont 1a jeuneue enchantee ·coula parmi les roses de Fontenay, les ch~nes de Senar, lea jardin8 de Chantilly, de Ve~aillea e( d'Ermenonville ? ~. •
Parmi ces vaillants capitaines, on di8tingue 8ur­ tout l.jeune d'Artaguettei\labeaute de son vilase,
. al'air d'humanite et de do~ur qui tempere l'in­ trepidite de son regard.. ll 8uit Ie cIrapeau de I'hon­ neur, et bnile d~ ~erser80n' sang pourla France; mai8 il deteste le8 it;lj118tice., et plu8 d'une fois, dalls lea conseils. de Is .guetre, il a defendu lea malheureui: Indiens contre Ja cupidite de leun
., . ~ . oppresleur8. . " ..
A la 'gauche de l'infa~terie ;~tendent les lestes escadrons de celt e8peces de Centautes au v~tement
vert, dont Ie'cuq~e est sUrinonte d'un dragon. bn . voit sur leur8 t~tes se mou"toir leurs aigrettes' de crin, qu'agitent les mouvements du !coursier re­ tenu a~ec peine dan. Ie rang de se~ .compagnons.'
~ LESN.TcaEi eel ca~er& enfonceot'1eu... jambet dal}' UD cuir noirci, d~pouilledu bufBe Bau~8e; up.IoD8 aabl'8 reboodit sur leur cuisae, lorsqUe balaynt la terre llvec lea SallCJ de leur coursier, ila fondent, Ie pia­ tolet it la main, sur l'ennemi. SeJon Ie. hasal'~ de' Bel1Qne, po les voit quiUCr leura cheva.u a la cri­ Di~pe doree, oombattre it pied aur, la mon.e" s'cHancer de Douveausurleura couraiere, deiCendre et remonter encore. Cea guerriers ont preiCJll8 to116 vu Ie jour non loin de ce Renve oule aoleil milrit un Yin legw propre a eteindre la soif du 80Idat dari8 l~-eur de 1. bataiUe; i18 obeilNlePt i la will du brillant Villara.,
A I'aile opposee du corp~ de l'annee plp'Oit,. immobile, la pe8lmte cavalerie, dont Ie v~tement,
d'un sombre azUl', est ranime par un pli .hriUant emprunt~ du voile de I'Aurore:Le. gland.a, d'uD or file et 101'00, aauteDt en etincelant sur Its epaulet des guerrier., au .tro~ _awe de leon chevaux. . Cea guerriera couvrent lenr. frontl du chapeau gaulois, dont 1e-'~riaD~lebizarre e.torne d'uge roM
blanche ,qu'a~ha soUvent la main d'unevierp timide~ et que aurmoow de 88 cime Ie~e un tJl'ac.ieux faia_u de flUIDet- C'etoit voue, intre-.
_pide Nemours, qui meniez ces fameux chev.ux aux combata. • .~."
Maia pourr~a - je ouhlier cette phalange qui, pllicee derriere toute l'armee, de.yoit '}a defendre des surprises de l'ennew? Sacre :bataillon de la­ boureura, vous etiez deecendua des ~rs de l'Helvetie, V~tu8 de la pourpre de Mars; la"pique
LIVRE I. 27 dOfttvos aiellS: peI'oorent lea tyl'8Q8 est encore dana vos main8. ruatiq.uea: au milieu du deso~re de, campa. et de la i:ibt-rupUon du ,nouvel AS-, 'Y011&
gardez vos vertIii 'premieres. Le souveni!- de 't0S
demeurea champ~ires TOUS poursuit; ce·n'est 'qt1a regret qtie :VOU1l vous tronvez exiles SUI' de lointains riTages, et' I'on erai~t de vouyai~~nteDdre ees ail's de lao patrie qui vous rappellent '"'Ids peres, voa meres, vos freres, vos 8OOUI'S, et le'mugi.sement
. .. des troupeaus: sOT V08 -montagnes. .
D'Erlaeh tie~t sous sa discipline eea enfants de Guillaume Tell; il jeseend d'UJl de ef(f Suisses qur teignirent de leur sang; aupre' de Henri JI1, les Lis abandjnnes. !Ieureux si, sur !f..~ degres dtJl'~uvre,
.fs fils de ees' etrangers ne renouvellent POUlt leur ~crince! .' . Enfin Ie Canadien Henri dirige it l'avant-garde
cette troupe de Franc;ois demi - sauvages, enfant.. sana sQueis des for~ts du Nouveau - Monde. Ces ehesseun, assembles p~le-m~le ala t~te de l'ar\\l.ee, portent pour tout v~tement une tunique de lin' qu'une eeinture l'approche de leurs flan9S : nne corne de chevreuil; renfennant Ie plomb ~t~e sal-
• p~tre, s'attache par un cordon, en forme)Je bau­ drier, lUI' leur poitrine; une coune earabine rayee Ie suspend comm~ ~n carquois it:~8 epaules : rareinent ils mal~uent leur but, et poursuitlent lea hoinmes dans lqs £ois eomme lea daims et ~es cerfa. Rivaux dea peoples du dcsertJ.ils en ont ~~, les fI>:UU,.8 mreun et la litlertj.; Ii, savent, de­ eouvrir lea traces d'un ennemi, lUI 'tend~ des
28 LES NATCHEZ.
embdches,' ou Ie forcer dans sa retraite. En vain les p~ndourJ(s qui let accompagn~nt~surleur~ petits . clievaux-"'3e race tartare, en VIlIQ.··ces cavahenl du Danube,. aux' longs pantalons, aut vestes fo~rrees
BJitant en arriere, au bonnet oriental, aux mous­ taehes retroussees, veulent devancer Ie' eOureurs'
)canadien' : m.oins r~de est l'hirondelle effleurant Ie. ondes,~ Ieger Ie duvet du roaeau qu'em­ pbrte '~n tourbillon.
tes troupes ainsi rassemhlees hordoient les rives dO: Beuve, lorsque, monte sur une cavale blanche, ~Ievee vagabQnde dins les savanes me~coine8,
void venir Chepar ad milieu d'J:t cortege de guel"- riel'S. . it ._. '.. .. •
Ne sous la tente J:s Luxembourg e1des Catinat;."'· Ie vieux capitaine- ne voyoit la 80ciete que dan; les armes; Ie monde pour lui ~toit un camp. Inu­ tilement iI. avoit trav~tse les mel'S, sa vueOrestoit cirronscrite au cer&le qu'elle avoitjadis e~}lra88e, et 1'~ll1erique sauvage ne' reproduisoit a Se8 yeu que I'Europe civili~e : ainsi Ie vel' lahorieux, qui ourdit.IQ plus helle trame; ne ceniloit cependaot que sa v:oute d'or, et ne peut etendre sei regards . sur la n'tture: .'Ill
Le chef s'avahee, et s'arrMe bientot a quelques .pas du fron# '~es gUerriers ties 'roulements des. tauM8urs se font entendre, les tapitaines codrent a ~ur poste, les 80ldata s'affermissent dans l~mr8 raogs. Au &eCOid 8i~al, la liFe se fixe et devient im~o~iIe, ~hljhle~alors au mur d._ci~ au- dess\fk dtlquel flottent le8 drapeaox de Mars. . ..
" LIVRE J.. . 29 .~u;a tambours se taisent;. une T~ s'.Ueve, et va ~ repeta~t Ie long des bataIllon8, .de'~hefen chef, eomm~l'echp en echo. Mille tubes -enleves de la terre £rappent ensemble l'epaule du fantassin; lea eavaliers. tirent leurs tabres; dont l'aCier, re8echi...
".sant les rayons du soleil, m~le ses eclairs aux tri­ ples ondes du feu ~s baionnettes: ainsi durant une nuit d'hiver brille une solitude OU dea tribus clnadiennes celebrent 18 f~te de leurs ~niesj1'eu-­
.nies 'sur la surface solide d'ud 8euve, elles dansent \'a !llueur des pins alJumes d& toutes parts; le~
cataractes. enchainCea, le8 montagne8- de neige, 1«& ~ts de criatal, se rev~tent de aplelldeur, tandls que.~ 'Sauvag. croient voir les Esprits du nord voguerd~ leurs canota aeriens, aVeA. des pagaiett de Hammes., sur l'aurore·mouvan~.4e'Boref\.....
• Cependantles raBgS d~l'armee s,:entr'ou~rent, ~t
presentent au co~andant des alIees regt1her~ : .it les parcollrt a~iTenteur,examinant les gueM'iel's soumis a ses. otdres, comme umajardinier se pro­ mete entre les fUes ~.Mmne8 arbres ~8nt sa main
".ffermit-Ies raciltes\et dirige les .rameaux. AU88itbt que1a ~Vve est Bnie, Chepar v~t que"
lea capitaines exereent les troupes auxjeux de MarS. L'or~rc .est donn~t J~e coup de bague~te retentit. SoudJrn VOU8 eusslt'tnVU Ie soldat~endreet porter. en ava'nt Ie pied gauche, avec l'lssut'ance et la fer­ ms.te d'GnHe,rcule. L'armee eohere- s'ehraole';' ses ':8 egahx ·melfurent I: mawhe tID..'£rappent 1M· tamltonrs. Les jambes nOI~8 dWS 80ltlAtQ onvrent
~'7\ • et fel'lI)eut nne longue avenue.! an se' cToisant
30 LES NNfCREZ. " cornme lea cit,eaux d'une jeune' fiUe qui <teooye d'iDgenieux.;,;.'l~rages. Par intervalles, lee caisses d'airain quelrecouvre la peau de l'onagre aHaisent au aigne du geant qui les guide; alors'mille instru­ menta, fila d'Eole, animent lei for~ta, tandis que les cymbales du negre se choquent dan' rail' eff toument comme deux soleils.
Rien de plus merveilleux et de plus terrible ala foi.; que de voir cea legions marcher au son de'a musique, comme .i elles ouvrorent leI dall8e1l de quelque f~te : nul pe peut les resarder sarlS 8lse~
iho PQssede de la fureur des combats, sans -bn\ler de partager leur gloire et leurs perils. Les f,nt... sins s'appuient et toument 8ur le..s ailes'dl'cilU. lerie comme;'sur deux p61e1; tautOt ils";.iarr~tent , e1:¥'anlent 18 '$oiitude pal'o de pesantes. decharges,
'9. . ou par un feti successif 1ui remonte et red~cend Ie long de la ligne comme le8 ~~Ut!s d'un serpent;' tantot ils baissent tous 8. la, ~!; la pointe de la baionnette, si fatale dans des muns fram;oif!es:
, . coueher leurs armes 8. t., lea reprendre, les lancer aleur epaule, les pre.,enter au salut, lee· char8* ou se reposer sur lilt'll, te n'eSl pas-Ia duree d'un moment pour ees enfants de la ¥ictoire. ,. cet exercice des armes ,,~~cedent de savantt!8 ,
manreuvr~. Tour a tour l'a~ee s'allonge :et se: resserre, tour a10»1' s'avance et se reti~e: ici elle Ie creuse coinme la corbeille de Flore; la elle s'enle hemme les cqp~1'8 ~.'une· urne de Co~i~the :. i~ Meandre .~ repli" main' de foil aur lui-m~me, la ilanse ~'Ariad~e....8rav~ sur Ie bouclier d'AchiIle .
LIVRE I. 31
avoit moina a'erreurs-que°les labpinthea trace. lIur
la plaine ,ar 00& diaciplea de. Mar•. Leur. m~itainea font prendre au bataillons toutea lea figures de rart d'Uranie : .nnsi des enfanta etendeut dea80iea legere. aur leur. doigts legers; sans con~ndre ou briser Ie dedale fragile, ils ..Ie deploient. tlD etoile t

...
- .-
.,';,..
- - . ""'-
'.

• .._.
Satan,"pla~ant da~s~es airs l . ~u-dea8u~de l'~e-' . rique, jetoit un reg,ard" desesp.er,e sur cette pilrti~,
de la terre, 'ou 'Ie Sauveur Ie poursuit J comme Ie , . . . I : .•.
soleH ql}i!' s'avanc;;an.t des portes de POrient" cha.se de"'ant lui les tenebres ; Ie Chili, Je Perou, Ie Mexiqil'e,la Californie, reconnoisserit deja le~ lois de l'Evangile; d'autres colonies ~hretiennes cou­ vrent les rivages de I'Atlantique, et qes mission­ naires ont enseigne ~e vrai Dieu aux Sauvages des deserts. Sattn, rempli ~·p.fojets de vengeance, v.a aux enfers rassembler Ie'conseil des derp,ons.. '
11 deroule, devant SeS compagrions de douleurl' Ie tableau de ce qu'il a fait pour perdre la raCl!l humaine, "pour partager Ie monde cree avec Ie Createur,'pOur opposer Ie mal au biens~ terre,
•• ~. • 1'.
et, au-dela' de'la terre, l'enfer au ciel. II p'ropose ani legion's maudites un dernier combat"; il veut armer y>utes !~s nations idolatres du nouve~oT\i. • tinent, il veut'iroir toutes ces nations dans un vaste' complot, ann d'exterminer les chretiens. . ' .
C'esJ;~u milieu des)~atchez qu'il ape~oit.l8,
pass~ons propres it secohderlon entreprise. u Dieux . ude I'Awerique, ~'ecrie-t-i\', anges tOQlges avec u moi, vous q~i ~q:s faites adorer soug la forme « d'uy serpe'ht, ~o~ que I'on iny.oq~ 4ilomme les /I Genies des s:a:st~rI et deS-ours, vous qui, .sous le
LES NATChEZ. LIVRE II. 33
• nom de Manitous, nempliaaez ,les .onges, in.pirez • lea craintes eu entretenez Ie. eaperallces dea peu- • pIes barbares; vous qui murmure.z d~ lea vents, aqui mugiaaez dans les cQ&Ilractes, qui pre.idez au •'silence ou a la terreur del forits, allez defe~ avOS autel•. Repandez le~ illusions et lei tenebrel; ", a80Ufftez de toute part la discorde, la jalousie, l'a- • mour, l~ haine, la ,,"engeance. .Melez-vous aux con- a seils et aux jeux ~ Natchez; que tout devierme • prodiae che.z des homuiea 00. tout eat mte. et.~om ..
{J ~ ~.
• bats. Je vous donnerai mes ordres : soyez attenti& • ales executer. D •
II dit, et'l~ Tartare pOUSIe un rtigissement de' joie, qui fut enmndu dans les fo~ts du Nouveau­ Monde. Areakol1i, demon de Ia guerre, AthaeD.ic qui excite a Ia ven.geance, Ie genie des fatales
, amoul'$, mille autres puisaaDces infernales S6 levent a loa fois pOl1r seconder les desseins du prince des tenebrea. Celui-ei va chercher aur la tllre Ie drimon de Ia renommee, qui n'avo)t point assiste au cons... inftitbal. f ' .
Le soleil ne faisoit que de paroitre a l'hoNon lorsque Ie frire d'Amelie ouvrit lea yeux dans la demtare d'un· ~vage. L'ecore- qui serv6it de porte ala hutte,8'Voit ete roulee et relevee•.le toit. Enveloppe dansYson manteau, Rene Ie, trou­ voit cou~ sur Aa· natte de marYere qu~~' tete atoit placee aTouverture de la cabane. Lea pre­ miers objets qui, s'offrirent a sa-vue, en'sortant d'lHl pl"Ofond aommeil, furent la vaste coupole d'ull ciel bleu ou voloient quelques .oiaealU, et All cime
us IUTeBIZ. T. I. J
34 LES NATCHEZ.
des tulipiers qui fremis80ient au souffle des brise. du matin. Des ecureuils se jouoient dans les bran­ ches de ees beaux arbres, et des perruches sif­ BoieDt sous leurs feuilles satinees. Le village tourne '"8 Ie dbme azure, .le jeune etranger enfonc;oit
,s~ regards dans ce dQme qui lui paroissoit ,d'une immense profond~tlr et transparent comme Ie verre,' Un sentiment c~nfus de bonheur, trop in­ connn a Rene, reposoit au fond de son Ame, en m~me temps que Ie frere d'Amelie croloit sentiI' son sang. rafraichi descendre de son coour dans ses
• veines, et par un 10llg detour remonter asa source: tell~ l'antiquite nous peint des ruisseaux de lait ·s'efflrant au sein de la terre, lorsque les hommes avoienl leur innocence, ,et que Ie soleil de l'Age d'or se levoit aux chants d'un peuple de pasteurs.
Un mouvement dans la, cabane tira Ie voyageur de sa r~verie : il apert;ut a10rs Ie patriarche des Sauvagesavissur une natte de roseau. Aupres du
Joyer., Sasega, laborieuse matrone, faisoit infb.ser de8 dentelles de Loghetto avec des ecorces de pin rouge, qui donnent une pOUl'pre eclatante. Dans un lieu retire, la niece de Chaetas. empennoit des 8eches avec'det plumes de faucon. Cel., 80n amic., qui l'etojt venue visiter, sembloit l'aider dans son travail; mais sa main, 6rr~tee sur l'ouvrage, ann~oit que d'autres sentiments occ1jlOient son OCEur.
Le frere d'Amelie s'etmt endormi l'homme de la societe, il se reveilloit l'homme de la nature. I.e ciel e.>it sur sa t~te, comme Ie daia de sa coucbe ;
LIVRE JI. 35
des courtiJles de feuiJlages et de fte~rs sembloient pendre de ce dais superbe; des vents soufftoient la ' fraicheur et IS. sante; des hommes libres, des femmes pures entouroient la ~ouche du jeune homme. lIse aeroit volontiers touche pour s'a88u­ rel'de son existence, pour se convainere qu'autour de lui tout n'etoit pas iiIusion. Tel fut Ie reveil du guerrier aime d'Armide, lorsque l'enchanteresse trouvant son ennemi plonge dausle 8Ommeil, l'em­ porta sur une nue 'et Ie deposa dans los boeages des i1es Fortunees.. , Rene se Jeve, sort, seplonge dans l'onde voisine,
respire l'odeur des sassafras et des liquidamhars, salue la lumiere de l'orient, les flats du Meschacebe, les S8vanes et les for~ts, et rentre dans la cabane.
Cependant les remmes sourioient des manierea de l'etrangerj c'etoit de ce sourire de femmes qui ne blease point. Celuta fut chargee d'appr~ter.Ie
repas de l'h6te de Chaetas: elle' prit de la farine de -mais, qu'elle petrit avec de l'eal_ de fontaine; elle elt"fonna un gAteau qu'elle presenta a la flamme, en Ie 'soutenant avec une pierre. Elle fit ensuite bouillir de reau dans un vase en forme de corl:>eillej elle versa cette eau sur la poudre de la(
! racine de smilaxc;. ce melange, expose a' l'air, se , changea en une, geIee rose d'un gout deIicieux.t Alors Celuta retira Ie pain du foyer et l'offrit au frere d'Amelie: dle'lui serVit ea.~~me temps, avec la HeMe nouvelle, un rayon de miel et de reau d'erable.
Ayant tini ces choses avec un grand zele, elle se 3.
'3lj LES. NATCH~.
tint debout for~ agitee deval)t l'etranger. Celui-ci, enseigne par Chaeta,s, se leva, imposa leQ deux mains en signe de deuil sur la telt: de l'Indienne, car elle avoit 'perdu son' pere et sa mere,·et elte n'avoit plus pour soutien que son frere Outougamiz. La famille poussa les trois c.ris de douleur, appeles cris de veuve : Celuta retourna' a son ouvragej Rene eommen~a son repa~ du matin.
Alors Celuta, chargee d'amuser Ie guerrier blanc, St;' mit It chanter. Elle disoit:, .
II Voici Ie plaqueminierj soo.s ce plaqueminier il • II Y a un gazonj sous ce gazon .repose une.femme.
IIMoi qui plelire sous Ie plaqueminier, je tp'appelte II Celuta : je suis nIle de la femme qui repose s~us
. .A,
II Ie gazon j eUe, etOlt rna mere. II Ma mere me dit en m<?'urant : Travaille; sois n-
-II dele-a ton epoux quand tu l'auras trouve-j s'il est (l h(mreux, sois humble et timidej n'approche ~ (lluiqu:e Iorsqu'il te dira: Viens, mes'levres veulent tI parler aux ltiennes. '•
•.S'il est infortune, sois prodigue de tes~aressesj
II que ~ton arne envirohne la sieime, que ta chair • soit insensible aux vents et aux douleurs. Moi, qui «m'appelle Celuta, je pleure maintenant sous Ie «plaqUlXninier; je suis Ia nile~a femme qui re- {l pos.e sous Ie gazon. J) ...;.. •
L'lndienne, en f~a~tant ces pal'ol~, trembloit, ct des lal'mes eodte'ICnt comme des perles Ie long de ses joues : eHe:ne savoit pourquoi, a la VU9 du frere d'Amelie, elle se souvenoit des derniers con­ .seil. de sa mere. Rene sentoit lui-meme ses yeux
. i.IVRE II. 31
humide8. La famille partageoit l'emotion de Celu~ et toute la cabane pleuroit de regret, d'amour et de vertu. Tel fut Ie repas du matin..
A peinecette scene etoit termmee qu'un guerrier parut: il apportoit une hache en present it I~etran­
gel', pour qu'il se b'dt une cabane. II conduisoit en m~me temps une vier.ge plus helle et plus jeune que Chryseis, atin que Ie nouveau tils de Chaew comment;'t un lit dans Ie desert. Celuta bais.la ~te danS\.aon aein: Chacta8, averti de ce qui Ie paslQit, devina Ie reate. Alon, d'une voix courrotl­ cee~ II Veut- on faire un affront it Chactas? Le II guerrier adopte par ~oi ne doit paa ~tre traite· • comme un etranger••
Conlterne it cette reprimande du vieillard, I'en­ voye frappa des main. et a'ecria : • Rene adopte • par Chaetal ne doit pas ~tre r~gard.e comme ub II etranger. a
. Cependant Chactas oonaeilla au frere d'AIDelie de faire un present it Mila, dana 10: crain~e d'offen­ seI' une famiUe puiSsaDte qui comptoit plus de trente tombeaux. Rene obeit: iI ouvrit une cusette de bois de papaya; il en tira un collier de porce­ laine : ce collier etoit monte sur un til d~ la racin~
du tremble, appeIel'arhre du refus, parce que 1a liane se deaseche autour de son tronc. Rene faisoit ces ch08es plllfltle conleil de Chactas; il donna Ie collier aMila, apeine Agee de quatorze ana, en lui diaant: u Heur.eux.votre pere etvotre Dlere! plu. • heureo.x celui qui aera votre epoux!. Mila jeta Ie collier a terre.
as LES 'NATCHEZ.
La paix de8cendit sur la cabane Ie re8te de la journee; Celuta retourna chez 80n frere Outouga-, miz, ;Mila chez 8e8 parenti, et C~tu alia conver­ aeravec 1e8 Sachem8.
.Le .6oir on 8e ral8embla 8Oulle8 tulipi'ers: Ia famille prit un repa8 sur l'herbe semee de verveine empourpree et de ruellel d'or. Le chant ~onotone du>will-poor-will, le bourdonnement du, colibri, Ie .cride8 dinde8 sauvage8, le8 80upirs de la non­ pareille, Ie 8ifflement de l'oiaeau moqueur, Ie IOUrd mugissement des crocodile8 dans lesgl~euli, fot'­ moient l'inexprimable 8ymphonie de ce banquet.
Echappes du royaume de8 ombrel, et de8cen­ dant 8ans bruit it la clarte des etoile8, le8 80nges venoient 8e reposer 8urIe'toit des Sauvage8. C'e­ toit I'heure ou Ie cyclope europeen rallume la fournaise dont'la fI~mme8e dilate ou 8e concentre aux mouvements des larges soufflets. Tout it coup ~n cri retentit; reveilIees en sursaut danslacabane, leI fem~el se dressent sur leur couche; Chactaa prete l'oreille; une Indienne souleve l'ecorce de la porte, et ees mots se pressent sur ses leYres : • Les « meehants Manitous 80nt deehaincs: sortez! sortez! D'
La faI:Dille·se prceipite 80US lea tulipiers. La nuit rcgnoit: des nuages brisc8 ressembloient,
dans leur dcsordre 8ur Ie firmament ,aux ebauches d'un peintre dont ]e pineeau se aeroit eS8aye au huard sur une toile azuree. Des langues de feu li­ vides et Il?-ouvantes Iechoient la voute du eiel. Sou­ dain ees feux s'eteignent: on entend quelque chose de terrible passer dans l'obscurite; et du fond de8
LIVRE II. 39
for~t8 s'eleve une voix qui n'a rien de I'homme. "Dans"ce moment un gUerrier se presente a la
porte de la cabane; iI adresse aChactu ces paroles precipitees:". I.e conseil de la" nation s'assemble; I( les Blanes se preparent a lever la hache contre u nous; illeur est arrive de nouveauxsoldats. D'une u autre part Ie trouble est dans la nation: Ia.Femme­ CI Chef, mere dujeune Solei}, elten proie aux mau­ u vais Genies; Ondoure .paroit possede d'une pas­ • sion funeste. Le Grand-Pr~tre parle d'oracles'et II de 8Onges; on murmure sourdement contre Ie "Fram;ois que vous voulez faire adopter. VOllS ~tes
II temoin des prodiges de la nuit: hAtez - vous de II vous rendre" au conseil.•
En achevant ces mots, Ie messager poul'luit sa route et va reveiller Adario. Chactas rentre dans sa cabane: il suspend it son epaule gauche 10D
manteau de peau de martre; il demande Ion baton d'hicory 1 surmonte d'une tete de vautour.Milcoue avoit coupe ce ba10n dans sa vieillesse; il I'avoit lai&8e en heritage a son fils Outalissi, et celui-ci a son fils Chactas, qui, appuye sur ce Iceptre here­ ditaire, donnoit des l~ons de sagesse aux jeunes chuseurs reunis au carrefour del forets. Un Indien compIetement arme vient chercher Chactu, et Ie conduit au con@eil. .
Tous les Sachems avoient deja pril leurpla~: les guerriers etoient ranges derriere eox; les ma­ trones ayant a leur tete la Femme-Chef, mere de
, Eapece de n(l'fe~.
40 LES NATCHEZ.
}'h~ritier de la couronne, occupoi«mt leI lieges qui leur etoient reserves, et ~ti -dessoul d'~lles S'Il8­
seyoient les pr~tres.
Adario, chef de la tribu de la Tortue, Ie leve: " inaccessible it la crainte, insensible a l'esperance,
ee Sa~heR1", se distingue par un ardent amour de ~ patrif:}mplacable ennemi des Europeeos qui avoi'ent massacre son pere, mais.les abhol"rant en­ core plus comme 'tyrans de son pays, it parloit in­ ~essammentcontre ~ux dans les conleils. .Quoiqu'il reverAt Chactas. et qu'il se plut it conresser la su­ periorite du Sachem aveugle, ib etoit ceperidant presque 'toujours d'un avis OPPOI~ a celui de Ion ~~a~ .
Les bras pendants et immobiles, les regards nt­ tach~s ala terre; il prononc;a'l'ce discours:'
u SacheIn8, 'matrones, guerriers des quatre tri- ci bus, ~cotitez: "
~Deja l'aloes avoit fteuri deux fois, depuis que 1I Ferdinand de Soto, l'Espagnaf; etoit tombe sous 1I la massue de nos anc'~trcsl; deja nous etions alMs ci combattre les tyrans 10iQde nos borcts, lorsque «Ie Meschacebe raconta it nos vieillards qu'une na- d tion etra'ngeredescendoitde scs sources. Ce peuple «n'etoit point..de la race sup'erbe des giIerriers de I
u feu 1. Sa gaiete, s.a bravoure, son amour des for~ts
1I et de'·nos usages, Ie faisoient cherir. Nos cahanes Ii eurent pitre de S8 misere, etdonnerent aLasalle 2
CI tout ce qu'elles pouvoient lui offrir.
J Lea Eapagnob. • II deacendit Ie prt'mier Ie Miaaiuipi.
.~ LIVRE II. 41
• Bient4t la nation Mgere aborde de toutes parts •sur DOS rives: d'Iberville, Ie dompteur des Bots, • he Ses guerrien au Centre m~me de notre pays. aJe m'opposai it cet ~tablissement; mag vous atta- • chAtes Ie grand canot de l'etranger am:: bui880DS, •:en.uite aID: arbres, pq.is an rochen, enfin it' la • grande mon.e, et vous asseyant sur la chaine ,qui lioit Ie cf\n~t des Blanes it nos Beuves, vous •• voultites plus faire qu'un .peuple avec Ie peu­ li pIe de l'Auro!'~.
aVoua savez, 6 SachelD81 queUe fut la recom- • pense de votre hospitalite IVous prites les wrmes; • mais, trop prompts it les quitter, vous rallumA.tes .Ie calumet de ·pais:. Hommes imprudent. I la fu­ • mee de la servitude et celle de I'independance apouvoient-elles sortir du m~me calumet? n mut • nne ~ plus forte que celle de l'escrave pour • n'~tre point troublee par Ie parfum de la libene.
•Apeine avez-vous eD~rre la hache'!, it peine, • vous repoSRDt sur la foi de~ colliera 2, commencez­ avousaeclaircir la chaine d'union"que, par lit:plus • noire des perfidies, Ie chef actuel des Franc;ois u veut vous attaquer sur vos nattes. La biche n'a • pas change plus de fois d~ parure que je n'ai de • doigts it cette main mutilee en defendant mon apere, depuis que les derniett.1ittentats des Blanes .ont aouilM nos savanes~ Et nous h.esitons encore!
aPeut-etre, enfants du Soleil, peut~tre comPtez­ Ii vous changer de desert, abandonner it vos oppres-
_ ' Faire I. pais. • Lettrt'I, contratl. traites. etc.
42 LES NATCHEZ.
a seurs la terre de la patrie? Mais oil voulez;..vous a porter vos pas? Au couchant, au .levant , vel's a l'etoi]e immobile t, vel's ces regions oil Ie Genie a du jour s'assied sur ]a natte de feu 2, partout lont' ales ennemis de votre race. III ne lont pIUI, eel II temps .ou. vous pouviez disposer de toutes les 8Oli­ (( tudes, ou. tous les fleuves couloient, pour vous a seuls. Vos tyrans oot demande de nouveaux satel­ a lites; ils meditent une, nouvelle invasion de nOI a foyers. Mais notre jeunesse est florissante et nom­ a breuse; n'attendons pas qu'on vienn~ nous I~r­
(( prendre et nous egorger comme des femmes. Mon a 8img se rallume dans mel V'eines, ma hache brUle « it ma ceinture. Natchez! soyezdi~s de vo.s peres, a et Ie vieil Adario vous conduit 'des aujourd'hui fl aux ba,tailles sanglantes. Puissent les fleuves rouler a it .la grande eau les cadavres des ennemis de rna ( patrie! Puissiez-voull, (, terre trop genereuse des «chairs rouges, etouffer dans votre sein Ie froment (I empoisonnc qu'y jeta Iii main de la servitude! a PuiSlent ce!l mois80ns impies, repandues sur la a {loussiere de nos aieux, ne porter sur leur tige a que les setnences de 1;1 tombe ! J)
Ainsi parle Adario. Les guerrieri, les rnatron~s,
les vieillards m~me, troubl~s par sa mAle eloquence, s'agitent comme l~ hie dans Ie boisseau bruyant q?i Ie verse it Ia meule rapide. Ondoure se Ieve au milfeU de l'assembIee. '
Le :Grand-Chef des Natchez, bien qu'il fulen
I Le nord. • Le midi.
LIVRE II. 43
core d'une force etonnante, touchoit am derniefts limites de la vieille8se; sa plus proche parente, Ia violente Akansie, • mere du jeune fils qui'devoit heriterdu rang supr~me: ainsi l'avoit regM la loi de I'Etat. Akansie Doul'I'iasoit au fond de 80n C<eur ' une pai8ion criminelle pour Ondoure, un des prin­ cipaux guerriers de la nation; mais Ondoure, au lieu de repondre aramour d'Aka~8ie,brnloit pour Celuta, dont Ie creul' commenc;oit a incliner veJ'8 l'etranger, hote du venerable Chactas.
Devore d'ambition et d'amour, ayant contracte to )US les vices des Blanes, qu'i1 detestoit, mais dont il avoit l'adresse de se &ire paiseI' pourI'ami, On­ doure ~voit pris la resolution dese taire dans Ie coMeil, &fin de Be menager, corrime ason ordinaire, e~tre les deux partis ; mais son amour pour Celuta et sa jalousie nais8ante contre Rene l'entrmnerent a prononcer ces paroles: Cl Peres de'la patrie, qu'at­ «tendons-nolls? Le grand Adari'o ne nous a-t-il pas «trace la rovte ? Je ne vois ici que Ie sage Chactas u qui puisse s'opposer a Ia levee de la hache t. Mais «enfin Ie venerable fils d'Outalissi montre un trop «grand penchant pour les etrangers. Falloit-il qu'il «introduisit encore parmi nous cet hote doltt ral'­ « rivee a' ete marq~ee par des signes ronestes? Chac­ a tas, cette lumiere des"peuples, senti~:.hientot que usa generosite l'emporte au-dela des hornes de·la a prudence : iI sera Ie premier a. renier ce 61s ,~~op­ fl tif, a Ie sacrifier, s'iI Ie faul, a. la patrie. D
'La guerre.
44 LESN,ATCHEZ.
Comme autrefois une Bacchante que l'esprit du Dieu avoit saisie, couroit echevelee SUI' lea monta­ gnes qU'elle faisoit retentil' 'd":~s hurlements, la j~ouse mere du jeune Solei! ~ tent transportee de roreur a ces paroles d'Ondoure: elle y decoUvre la paaaion de ce guerrier pour une rivale. Ses joues pA­ liuent, IeS rega~lancent des eclairs sur l'homme do~telle eft 'meprlsee:tous ses memhres sont agites comme dans une fiev~ ardente. Elle v~ut parler, et res mots manquentases pensees. Que va-t-elle dire? que va-t...elle proposer au conseil? La guerreou la paix ? Exigera-t-ell~ la mort ou Ie banninemeilt de l'etranger qui 'augmente l'amour d'Ondoure pour I~ fille~TabamicalDemandera-t-elle, aucgptraire, I ~dQptlon du nouveau :6.ls de Chactas, ann "de .,­ soler,; par ]a presence de Rene, l'ingrat qui ]a d~­
~aigne, afin de lui faire eprouver une pattie des tourments qu'elle endure? Ces paroles tombent de ses ]evres decolorees et tremblantes :
a Vieillards lnsenses ! n'avez-vous pojnt songe au • danger de la presence des Europeens parmi nous ? uAvez-vous des secrets pour rendre Ie sein des • femmes aussi froid que Ie v6tre ? Lorsque ]a vierge «troitlfee sera ~omme Ie poisson que Ie 6.let a jete 1I palpitant st,lr Ie sable aride j lorsque l'epouse aura u trahi l'e~~ de sa couche"';lorsque la mere,ou­ u Wiant son' 6.ls; 8uivra eperdue dans ]es for~ts Ie <l<guerrier qui l'entraine, vous reconnoitrez, mais u trop tard, 'Yotre imprudence. Reveillez-vous de II ]'asRoupis~.~ihent'~vos annees ! Oui, jl ~aut du l( sang aujourd'tui ! La guerre ! il faut du saug! les
LIVRE II. 45
tl Manitous l'ordonnent! un feu devor~llt coule dans tl tQus les cmurs. Ne consultez poin~ entrailles tl de 1'0uI'I'sacre : les vmu, lcs prie..ei;~les aritels, tl sont inutiles a nos maux ! I)
Elle dit: sa couronne de plumes et de Beurs tfJinbe de sa: t~te. CommeuD pavot frappe des rayons do soleil se penche vers la terre, et laisse echapper de sa tige les gouttes ameres du sommeib ain;i la femme jalouse, devoree par les feux de l'amour; baiNe sonfront, dont la mort sembleepan­ ch~ des sueurs glaeces. La confusion regne dans l'assemhIee; une epaisse fumee, repandue par lea E9f'rits du mal, remplit la salle de tenebres; on entenJJJes eris dea matrones, les mouvements de. guerriers, ta..'liyoix des vieillaros. AhWi ,. ,dans un ate­ lier, des ouvriers preparent les lai~8- d;AlhiQD OU
". de l'lberie : ceu:t-ei hatten~ les toisons'poudreuses , ceux-Ul les transf(fr;J!).ent e~ de merveilleux tissus . plusieurs les plongebt dans la pourpre de Tyr QU
dans l'azur de' l'lndostan : mais si quelque main mal assuree vient a reptitdre sur la f1amme la li­ queur des. cuvesbrulabtes, Rne vapeur s'cleve avec un sif'tlement da1ls h~s ..lIes, et des c1ameurs sor­ tent de cette soudaine nnit.
Toutes les esperanQes se toni-noient vers Chae­ tas; luhleul ponvoit' ~etablir Ie calme : il annonce par un signe qu'il va se faire eiltendr.e. L'assem­ hie.- devic~t immobile' et muette',' et 'l'orateiIr, qui n'a 'pas encore parle, ~mbIe"deja Faire por':' ter au-¥: passions leA chaines' 'de lIa piliAie cIo- quence. i'.
46 LES. N!A.TCHEZ.
nse leve: sa Mte couronnee de cheveux argen­ tes, Ull pept"balancee par la vieillesse et par d'at­ tendrissants·souvenirs, ressemble aretoile du soir, qui parolt tremeler avant de Be plonger dans.les Bots de rOcean. Adressant son discours it son ami Adario, Chactas s'exprime de la sorte:
_Mon frere rAigle, vos paroles ont rabondan~ e des grandes e~ux, et les cypres d~ la savane 80nt «enracines moins fortement que vous 8ur les tom­ e beaux de n08 peres. Je sais aussi lea injustices des «Blancs; mon cmur s'en est afBige. Mais 80mmes­ e nous certains' que nous n'avoDs rien it nous "re- • procher noul-m~mes?Avonl-nous fait tout ce que • nousavons pu 'pour demeurer libres? Est!ce avec • des mains pures que nous pretenc:lons lever la c hache d'Aresioui? Mes enfants, car mon Age et II mon amour pour vous ine permettent de vous a donnt:r ~ nom, je deplore la perte de l'innocente • simplicite qui faisoit la bea\Jte. de nos cabanea. • Qu'auroient dit nos p~re8, s'ils avoient decouvert • dans une matrone les sio't~s qui vienneDt de trou­ a bIer Ie cODseil? Femme, portez ailleurs l'ega­ _rement de vos esprits; n~ venei point au milieu a des Sachems, avec Ie souffle de vos passions, • tirer des plaintes du feujIlage fletri des vieux .ch~Des.
Cl Et toi, jeune,. chef, qui as ose .prendre la pa­ • role avantJes vieillards, crois-tu doqc trol9per .. Chactas,? Tremble que je De devoiie ton 'm~ «aussi c;:reuse que le'l'ocher OU Be renrerme l'ours «du Labrador I .
,LIVRE H. 47
• Preparons- nous aux je~ d'Areskoui, exer· • ~ons notre jeunesle, faisoD$ de~ alliances avec II de puis88nts voisins, Iilais aupilravant prenon8 .le8 sentier8 de la paix: renOUOII8 la chaine d'al­ .liance avec Chepar; qu'il. parle dans la verite • de Ion creur, qu'il dise dan8 quel dessein il ral- • semble ses guerriers. Mettons les Manitou8 equi- • tahles de notre c6te, et si nous sommes' ennn • forces it lever la hache, nous combattrons avec .1'assurance de la victoire ou d'une mort sainte, .la plus helle et la plus certaine des delivrances. • J'ai dit.., .'
Chactas jette un collier hleu, symbole de paix, au'milieu:de l'assemhIee, et se ras!,ied..Tous les guerriers etoient emus: II QueUe experience! di­ soient les· UD,8 ; queUe douceur et queUe autorite ! disoient les autres. Jamais on ne retrouvera un tel Sachem. II sait la langue de ~outes les foret8; il connoit tous les tomheaux qui 8erven! de limites aux: peQilles, tous les fleuve8 qui'separent les na­ tions. Nos peres ont ete plus heu,reux que nOU8: ils ont passe leur vie avec sa sagesse; nons, nons ¥ Ie. verr6ns que maurir. D Ainsi parloient les. '
guerrlers. L'avis de Chactas £ot adopte: quatre deputes
pol'tant Ie calumet de paix-furent envoy.~ au fort Rosalie. Mais Areskoui ,,~dele aux- ordres de Satan, riant d'u,n rire farouche, suivoiHtil1ielque'distance les mes8agers de paix avec la T~son ,.la PeW", J.a Fuite, les Do.teurl et la Mort. '. , .
Cependant Ie p~incedes enf:r. etoif arrive aux
48 LE~ NATCHEZ.
extremites du monde, sous Ie pOle dont l'intri!pide Cook mesura la- circonference a travers les vents et lea teoip~tea. La, au milieu des terres australes qu'une barriere deglaces derobe it la curiosite dea hommes, s'eleve ,-une montagne qui 8urpasse en hauteur ; lea sommets lea plus eleves de. Andes dans Ie Nouveau-Monde, ou du Thibet dan. Tan­ tique Asie.
Sur cette montagne est.bAti un palai8,ouvrage des p~issancea infernales. Ce palais a mille por­ tiques d'airain; le8 moindres bruita viennent frap­ per les d6mes de eet edifice, dont Ie silence n'a jamais franchi Ie ..-euil. '
Au centre du monument est une voute tournee en spirale, comme u~ ,oonque, et faite de sorte que tous lea son8 qui penetrent dans Ie palais y ilboutissent: mais par un e.ffet du genie de l'ar­ chitecte des mensonges,la plupart de ees 8001 Ie
trouvent faussement reproduits; lOuvent une Ie­ gere ruDkur s'entle et gronde en entr. pal' la voie preparee a~ eclats du tonnerre, tandis ,que lea roulementa de la foudre expirent, en pauant par lea routes sinJleuses destineea aox foibles br_it'"'~~
C'est la que, l'oreille placee a l'ouverture de eet immense echo. estassis sur. un tr6ne retentilUant un de~lP , la Renomlfte. Cette puissance ,filie de Satan et de ~!Orgueil, noouit autrefois pOUI' an­ nOBCcP'le mal: ,~ant Ie jour 00. Lucifer leva I'e­ wndard oontre'1. Tout-Puissant, la Renommee etoit inconnue. 8~un m~mde .e,noitra .'animer ou a s'eteindre; si I'Eternel .a.oit tire un univers du
LIVRE'II. , 49
n~~nt, ou teplonge un. de '~ ouvraget danl Ie chaos; s'il avoit jetedet soleil. dans l'espace, cree un lIlo,uvel ordre de Seraphins, e8881e1a b.onUi d'une lumiere. toutel ee8 ,choaea etoieat aU88it6t con,nues dane 'Ie ciel par un .entimeot intime.d'. miration et d'amout, par' Ie ehllllt mylterie~. la celeste Jerusalem. Mais apoos. II: re~lliOD del mauvais anges, la Renommee usurpa la place de cette intuition diviD:e. ~ent6t ,pr,OOipit8e. a~ en­ fel'l, ce fut ,elle qui puhlia dana ,I'ahlme la nail­ sance_de notre, globe, et qui- porta l'enneJDi de Dieu 'il tenter la chute~ l'hoQlllle. Elle vint iur . ]a terre avec la Mort, et des ~mo~ot elle e~lit
sa demeure .aur la mo~l:agne, o~'elle entend at' re­ pete conN8ement ce qui Ie~ lur I~ tetre, aux enfers et dans les cieux.
Satan! arrive au palais, peb.etr~ jUl:p'au liJu ou' veilloit la Renom~ee.. ,.
u.\\fa fille, iui dit-iI, cstrce ainsi ~e" Ilie, se~]. u peux-tu ignorer les proj~ts que' je medite'? Toi. u seule n'as point paru dans l'aaseJDhlee des pui.­ u sances inferDllles. Cependant, 6.11~ :,ingraw, pour u qui travailIe-je' en ce,,'mom~nt, si 'Ce' n'est ~ur utoi~~l estJ.'ange que j'ai fl~ plus tendr,e-. u ment que.je ne i'ai~e? Lorsq¥c; 'l'QraueiI, .~n, a premier ~mpur, 'W ;.donna ~anoo, je ttl JWi~
u sur mes poux, je'~e, pr~iguai las care8"~'un u pere. Hl\te":toi done de me p~ouver qu.e ~ n'~.
«pal rompu Ies Ii~ns. ,qui ;noJJ8 .Wli~e~t .. .vie~•..; « suis-mol j Ie temps prC8se j il faut que ill par-Ies, «il faut que tu repete8 cel que je t'a,IWrel\~raij
LES NlTCBIlZ. T. I. •
• tOl1 eileke peut mettte en danger mon empire. l)
~ demOn de III renotnmee 80uriant au prince de. Un~bre8, lui r~pond d'une Vo1X eclatante: .•0 mMt peret je n'ai' paw rompu les liens qui ttklU8 "Dissenl. J'fti "entendu les bruit$ l'cpandus «par tor cheZ' les Natchez; j'ai' yu avec transport .Ies gra.' cho~ que tn' prepares; mai~' il me • veftOit dM18 'ce inomeil't d.'autres bruits de'la terre: 1j'~tMs 'Oet'lipee"aredire au '~ond'e 'Ia gloire d'un «~arquede 'I'EttTOpe 1. Ces ~ran~ois m'accah1ent • de' letu'S" tne!'Veilles; il me faudroit des siec1es Ii ~1lr les:entendre et les raconter. Cependant je • suis- pJ"~ oft· te -suiTre, et j'abandonne tout pour «servlr fe$. desseins. li . .
En fl'Ch'eTarit ees motS, ~ Reriommee descend de 80n t.rone : de toutes les voutes, de tous les d6mes, de tous 1~'SOuterrains du palais ebranle, s'echap­ pent des 'sons confu~ et discordants: teIs 'sont les rDtJissements d'un troupeau de, lions, lorsque. la
·SUeuleenAatnmee·, la 'langue 'pendante, ils e1evelh la yOOi dut-ant urie s~cherellse dans 1'aridite des 88bles' afrioai'il8~""
Stttan et' 18 R~ommee sortent du sonore edifice, g"ahattent ~uie deux aigles au. pied de 11{;mon­ taspe; on l8. ~nit' leur amime un char.' Ds y mon­ tent. La Renommee saisit les 'rMes qu.i flottoient emha'rrassees dans las ailes' des deu~ ~our8iers : demon fantastique,' dans h~s tenehres elle ressem­ ltfe a un,geant; ala lumiere eUe n'est plus qu'un , . • .: . ". .;. ~ " , t· •
. 'I'Loui. XIV: '.;.".) , . -
pygmee. L'EtQIlQement 1& precede, I'Enw'ie la'.uit de pres, et I'Adtniratioll I'BOOomPSgDe de loin. ~ ~ple pe,vel'8 franchit eel,mer. meJ.plor6tt
qui. s'~tendeDt entre la CO:..Ipole de glaeeet.tet'J'eS
q~ n'avoieot point encore oommee. let Cook et lei ·Laper()U.f~ La ReJll)mmee" dir~ea.ot 8es coureier.l auf' la ~ro,ix .du &ud" tOUPM Ie doa aees cooetelia.. bOOr ~trtl1es qJl'u.o reilhumaio ne vit jQ.mUsi puis, paJ'1.e eone.eil de S..tan, de 'pep.r .d'~tre apel"­ ~l1e de i'lutge,qui6arde l'A_; 8U lieu. de reJOODter
l'ocean PlWiliq~ ,.elle ~llcl veta l'orieot, pour 'Wler $.ll' Is plain.e h\l,mide qui slipare I'Afl'ique du nouv~ e~mtiQenl;. ~Ue .De voit'point Owti' .-vee ~ pahniel'8, ,SeI chantt, .ae,8 eb~UP8 ,see daoM', et '8e8 peuple. <pJi f'ecotJlm~ru:oi.eot la Grice. Plus I'apide' que le petlsk. Ie~r do~ble Ie cap ou un ocelW, &.i lons-telJlPJ i800,6-, livre d'eterneLt·.eom.. ba14 &UJ: mer.. de l'Jiociet.l monde. . '
Sata» et III ~Jllee laiateat loin .Perriere.t lea~~ q"".i s'ele17~p.t 4ee teFre8 Magellaaiqu.eil; pltare ~~:q~'8uct1ne meiIl ,o~allnwe, ~t qui. brUle aansiJat'doien" aUK boJodS·d'une JDel'aaD8 navi. pteur. lis VO\lS.8al~nt, ruines fumantes ~ JMo.,. JaneiJ·., ro~Dlent ~ to valeur, /) Won &u:neu:x. oompatriote! "
SatanJrappe d.e,'.i.a~~,~oursiers haletants., et b~t'il • p_ ~lt,~ qui reQut ja61is un~ eolOl)ie _Carth.~. L'''mazone deCQuVN so.n i~~~~~¢hur~, "* leu que La Conda. mine ,conduit' par ,la .celeste, Uranie , visita d'JMl sa doote course, etque It'lmhgldtdevoit:illustrer.
4.
52 LES NATCHEZ.- . A l'inatant m~lIle, Ie char traverse la ligne que
Ie soleiI bnile de sea fem l entre dansl'autre he­ misphere, et I~e sur la gaucJte la tri8te Cayenne, que l'avenir a marquoo.pour l'exiI et la douleur. Les deux puisaancea iofernaIes, en penIant de VJle eette terre qui lea fait aourire~ volent au-deuus des iles des Caraihes, etse trouvent engagees dans I'archipel du golfe. Mexicain. La montueuse Marti­ nique, qui n'etoit poi,nt encore soumise.& la valeur franc;oise, la Dominique conquise par les ~nglois,
disparoissent sousles roues du char. Saint-Domin­ gue, qui depuis s'enivra de richesses, de 'sang et de liberte, Saint-Domingue, d~nt les destinees de­ voient ~tre 8i extraordinaires, se montroit alors ·.en partie sauvage, ,tel que lea intrepides ·ftibustiera l'avoient Iaisse en heritage &la France. Et toi, ~ile
de San:"Salvador, a jamais celebre entre toutes les iles, tu fos decouver-te parl'mil de-I. Renommee, bien qu'uneingrate obscurite aitsuccede atagloire. Elevant la t~te·entre tea smu~ de Bahama, ce Eot toi qui sOuris Iii premiere &CoIQmb; ce fut toi qui vis descendre de sea vaisseaux l'imIilortel Genois, eomIhe Ie fiIs-alne de l'Ocean; ce fut sur tes rivages ,que se 'V'il4iterent lea peuples ~~ I'Ocoident et de I'Aurore, qu'ils se saluerent mt.ftuellemenJ du nom d'hommes! Tea rochen retentis~entdu bruit d'une musique guerriere annonc;ant cette grande'alliance, tandis .que ColqIDb tomboit it genoux,' et baisoit cette terre, autre moitie de l'heritap,e des filsd'Adam.
A peine la Renommee a-t-cUe quitte San-Sal­ vador, qu'elle aborde a l'iathme des Florides: elle
LIVRE II. S3 aJ'~te Ie char, 8'eliince avec l'archangelUr les greves dont- I~ mer 8e retire. Seta'n promene un moment 8e8 regard8 8ur les for~ts, comme s'il aper­ cevoit deja dan8 ce8 solitUdes de8 'peuple8 detftines . a changer la face du monde. La Renommee jette . un nuage'8ur 8On- char, etend ses ailes, donne une main a IOn eompagnon : tous deux, renferme8 dans un globe de feu, s'elevent a Une hauteur demesn...:' ree, et retombimt au bord 'du Meschacebe. U, Satan quitie sa trompeuse fille pour voleI' ad'au­ tres desseins, tandis qu'elle Be hAte d'executer lelJ: ordres de 80il pere. , EIle prend 18 demarche et la contenanced'un' vieillard, &fin de donner un plm grand air de ve­ rite ases paroles. Sa ~te se depouille, 80n corps se courbe sur un arc detendu qu'elle tient a la main en guise de bAton; sea traits re88emblent parfaite. menl aceux du Sachem Ondaga, un dea pIu8 8age8' hommes des Natchez. Ainsi transforme, Ie demon' indi8cret'va frappant de cabane en cabane, paeon~ taot Ie doux penehant de'Celuta pour Rene, et aj()u~
tant toujours quelque circonstance qui eveille la curi08it~, la baine, l'envie ou l'amour. La jalouse mere du jeune Soleil, Akansle, POUS8e' un cri de joie it ces bruit$ 8emelJ par la Reoomm~, car elle esp6roit qu'ainsi rejete de Celutll, Ondoure revien­ "droit peut-~tre a l'amante qu'il avoit dedaignee; mais Ie faux -,j,eillard ajoute aussit6t qu'Ondoure est tomb6 dans Ie plus violent desespoir, et qu'il menace les jours de l'etranger. \.
Ces dernieres paroles glac.ent Ie «Xeur d'Akan8ie,
,
54 LES' NATCHEZ.
La femme infottunee 8'eerie: «-8<1,S de rna ca'bane, «0 le'p}vs imp~d~nt des vieillard8! Va continuer «ai~leurs tell ..ecits' in8epses. Puis8ent Ie. Sachems ee &ire de toi' un exemple memorable; et t'arracher «cette langue qui distille Ie pOisonl-
En pronODl;atlt ces moti, Aka,Deie, nouvelle Me~ dee,8e sent pr~te it deehirer ses enfants et it plon­ gel' I~ poip,lilard dans Ie .clEur de sa rival~ ,
La Renommee quitt~ la Femme-Chef, et va cher­ cher Ondonre. Elle Ie trouva derriere 8a cabane f" . ' ,
travaillant dan. la foret a la construction, d'un canot d'ecorce de bouleau; fragile nacelle de.tinee it 'flatter 8Ur lesein des la<;e f' comma Ie cygne, dont elle imitoit la blancheur et la f()rJile.
La Renommee 8'avanoe vert Ie guerrier, et exa­ mine d'sbard en silence eon, ouvr8ge. Contempteur de la vieille88e et des lois, OndourtS dit au faJlx Ondaga, en Ie regardant d'un air moqueur: (I Tu a ferois mieux, Sachem~ d'aller cauter avec les'au­ (l tres hommes dont l'age a affoibli la raison, et a rendu las