L'Exemplaire-Vol.XX-No17

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, , VOLUME XX NUMÉRO 17 LE MERCREDI 7 MARS 2012 L’hebdomadaire des étudiants en journalisme de l’Université Laval QUÉBEC îlot irving Un parti encouragé Page 5 DOSSIER déficience intellectuelle Les défis de l’intégration Page 7 ENTREVUE daniel turp Pour Kyoto Page 8 CULTURE southern cross Nouvel album Page 11 SPORTS raquette au québec Un sport en éclosion Page 12 Grève étudiante Photo-reportage p.2 Analyse p.3 Le RTC se positionne Des Métrobus géolocalisables p.5 Photos Raphaël Lavoie

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En une : Des GPS dans les autobus de la RTC permettront de connaître les horaires en temps réel.

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VOLUME XX NUMÉRO 17 LE MERCREDI 7 MARS 2012

L’hebdomadaire des étudiants en journalisme de l’Université Laval

QUÉBEC

îlot irving

Un parti encouragé

Page 5

DOSSIER

déficience intellectuelle

Les défis de l’intégration

Page 7

ENTREVUE

daniel turp

Pour KyotoPage 8

CULTURE

southern cross

Nouvel album Page 11

SPORTS

raquette au québec

Un sport en éclosion

Page 12

Grève étudiantePhoto-reportage

p.2Analyse

p.3

Le RTC se positionne

Des Métrobus géolocalisables

p.5Photos Raphaël Lavoie

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GRÈVE ÉTUDIANTE2 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

M a n i f e s t i o n d u 1 e r m a r s e n d e u x t e m p s

U n e m a r c h e p a c i f i q u e

L a c o n f r o n t a t i o n

Photos Raphaël Lavoie et Catherine Desroches-Lapointe

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GRÈVE ÉTUDIANTE 3L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

«On vit le même scé-nario qu’en 2005, et ce même gou-vernement

était revenu sur sa

décision»

«Ils n’étaient que 5 000 à la manifestation de jeu-di dernier. C’est loin en

deçà des attentes, a avancé Simon Talbot, porte-parole du MESRQ. Lorsqu’on considère qu’il y a 450 000 universitaires au Qué-bec, on voit bien que ce n’est pas très représentatif.»

M. Talbot s’est moqué de ceux qui ont expliqué ces résul-tats par le mauvais temps. «S’ils sont vraiment contre le dégel, ce n’est pas la température qui de-vrait refroidir leurs ardeurs.»

Selon lui, plusieurs ont voté en faveur de la grève uniquement pour prolonger les vacances de la relâche. «Ce n’est peut-être pas la majorité qui a fait ça, mais je suis convaincu qu’ils étaient très nombreux», a-t-il spéculé.

M. Talbot craint d’ailleurs que les protestataires n’entachent la réputation des étudiants au-près de la population. À son avis, l’opinion publique serait claire-ment opposée à la grève.

Il soutient toutefois que les Québécois ne sont pas vrai-

ment en faveur des arguments du MESRQ, mais plutôt sim-plement incommodés par les manifestations.

Il croit que cela explique l’attitude du gouvernement Cha-rest qui refuse de négocier avec les étudiants. «S’il plie devant les manifestants, le Parti libéral va se mettre à dos une trop grosse partie de l’électo-rat», a analysé celui qui étudie en sécurité et études policières à l’Université de Montréal.

Mobilisation satis-faisante

À la Coalition large pour une so-lidarité syndicale étudiante (CLASSE), on est satisfait de la mobilisation qu’il y a eu à Québec.«Étant donné les condi-tions météo qui ont joué en notre défaveur et à cause de la tempête, il y a des gens qui ont annulé», a argumenté Jeanne Reynolds, co-porte-parole de la CLASSE. «Par contre, a-t-elle nuancé, beaucoup d’étudiants de l’UL ont participé

et c’est ce qu’on voulait, envoyer un message aux gens de Québec pour qu’ils se joignent à cette lutte-là.»

Elle rappelle aussi que la Fé-dération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédé-ration étudiante collégiale du Québec (FECQ) organisent une grande manifestation étudiante le 22 mars prochain dans la métropole.

Impression de déjà vu«On vit le même scénario

qu’en 2005, et ce même gouver-nement était revenu sur sa décision, a mentionné Mme Rey-nolds. Juste en trois semaines de grève, on remarque qu’il y a déjà beaucoup plus de gens qui nous ap-puient. On pense que la lutte étudiante, qui est une lutte de socié-té, pourrait devenir assez positive dans l’espace public.»

Pour l’instant, chez les membres du MESRQ, outre leur présence dans les médias, rien n’est prévu pour répondre aux coups d’éclat des grévistes.

L’organisation se réunira ce vendredi afin de planifier ses ac-tions à venir pour accroître son exposition médiatique.

Manifestations étudiantes

Les jeunes pour la hausse sont déçusFrançois Pagé[email protected]

Québec — Alors que l’opposition à la hausse des droits de scolarité a franchi le seuil des 130 000 grévistes, le Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec (MESRQ) qualifie cette mobilisation de «faible».

Les étudiants s’organisent

130 000 grévistes

Nicolas [email protected]

Analyse — Le mouvement contre la hausse des droits de scolarité prend-il de l’ampleur? Lentement mais sûrement, dit le proverbe. C’est une citation que l’on pourrait appli-quer au mouvement étudiant qui parraine maintenant plus de 130 000 étudiants en grève.

Tous ces jeunes se battent contre la hausse des droits de scolarité de 1 625$ sur cinq

ans, annoncée par le gouvernement Charest. Une année scolaire coûte présentement 2 200$ et en coûte-rait, après l’augmentation, 4 700$, ce qui représente une hausse totale de 75% des droits d’ici 2017.

La hausse doit entrer en vi-gueur dès le prochain budget pro-vincial, à hauteur de 325$ par ses-sion. À moins d’une surprise des Libéraux, qui pourraient décider de reculer soudainement, les futurs travailleurs payeront beaucoup plus cher pour être formés.

Pour sa part, la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, est claire sur sa position: elle gardera le cap. Elle a rappelé, à la veille de la manifestation du 1er mars dernier, que sa décision était défi-nitive. «Les étudiants doivent faire leur juste part», a-t-elle réitéré. En avant-plan de ce décret: les diri-geants des universités, irrités par le sous-financement des établisse-ments scolaires québécois.

Une opinion réfutée par les associations étudiantes, qui croient que le financement actuel est mal réparti et que la classe moyenne est déjà assez interpellée financiè-rement. Cette poignée de contesta-taires a connu des débuts difficiles. Ceux qui essayaient de convaincre les leurs de la nécessité de bloquer cette nouvelle hausse n’avaient rien d’avantageux qui se dessinait devant eux.

L’argumentaire semblait com-plexe à saisir et les préjugés étaient grands. Trop de chiffres, une opi-nion publique négative à leur en-droit et une vague qui était encore loin du tsunami de 2005, qui avait emporté 250 000 étudiants en grève.

En prime, les débordements, dont le blocage du Pont Jacques-Cartier et le grabuge fait au Cégep du Vieux-Montréal en février der-nier, n’ont pas aidé la cause des manifestants.

Le vent tournePar contre, l’entêtement du

gouvernement a des limites pour une tranche marquée d’étudiants. Le mouvement de contestation, qui a pris beaucoup de temps avant de prendre son envol, a atteint des sommets dernièrement et ne cesse d’augmenter. Le vent serait-il en train de tourner?

Une chose est certaine pour les leaders étudiants, la marée monte et le mouvement est maintenant bien en selle. Ils sont première-ment transportés par les gaffes communicationnelles des citoyens favorables à la hausse, comme le passage raté de la porte-parole du Mouvement des étudiants socia-lement responsables du Québec [MESRQ] Arielle Grenier à Tout le monde en parle, qui a mis l’accent sur l’individualisme, le «je, me, moi» de l’éducation et l’apparence d’une association au Parti libéral. Et deuxièmement, le message d’ur-gence des grévistes commence à se faire comprendre par la population.

«On sent que la population nous appuie. Le gouvernement n’aura pas le choix de reculer avec plus de 100 000 étudiants en grève», a souligné la co-porte-pa-role de la Coalition large de l’as-sociation pour une solidarité syn-dicale étudiante (CLASSE), Jeanne Reynolds.

Selon Mme Reynolds, c’est l’arrogance du gouvernement qui refuse même de s’asseoir avec les étudiants qui désole la population. «On est confiant qu’avec la pres-sion actuelle, ils vont vouloir au moins discuter avec nous», a ren-chéri celle qui croit en une éduca-tion accessible à tous.

En effet, pour la CLASSE, une hausse pourrait réduire l’accessibi-lité aux études et augmenter le far-deau fiscal de la classe moyenne. De plus, toujours selon eux, plus les jeunes auront accès à l’éducation, plus ils pourront contribuer à l’en-semble de la société grâce aux im-pôts qu’ils payeront une fois leurs études complétées.

Photo Catherine Desroches-LapointeQuelque 5 000 étudiants ont pris place devant le Parlement afin de manifester

leur désaccord sur la hausse des droits de scolarité.

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4 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012UNIVERSITÉ

E N B R E Fassociations

en grèveQuatre de plus

Quatre associations supplé-mentaires ont obtenu un

mandat de grève générale illi-mitée (GGI) à l’Université La-val la semaine dernière. Elles représentent les étudiants en histoire de 2e et 3e cycle, les étudiants en histoire de l’art, en arts plastiques et en arts visuels et médiatiques. Il y a désormais plus de 3050 étudiants en GGI à l’UL. (J.-B. D.)

nutritionConférences

du BEN

À l’occasion du Mois de la nutrition au Canada, le

Bureau d’Entraide en Nutrition (BEN) et l’Association des étu-diants et étudiantes en nutrition tiendront une série de confé-rences du 13 au 21 mars. Des in-tervenants délivreront conseils et informations aux étudiants autour des thématiques de l’obésité et de l’alimentation des femmes enceintes et des personnes atteintes d’un cancer. (J.-B. D.)

recherche sur le cancerL’UL à la

fine pointe

Des subventions totalisant 470 000$ ont été octroyées

à quatre chercheurs de l’Uni-versité Laval par la Société de recherche sur le cancer (SRC) le 29 février dernier. À cette oc-casion, la SRC a voulu rendre hommage à l’excellence de l’UL en la matière. Celle-ci a obtenu près de 12% des subventions nationales depuis 2002, pour un total avoisinant les six millions de dollars, destinés à financer 48 projets différents. (J.-B. D.)

sciences sociales

Vers la grève générale?

L’Association des étudiants en sciences sociales de

l’Université Laval (AÉSS-UL) a convoqué l’ensemble de ses 3 500 membres le 15 mars pro-chain à une assemblée générale spéciale qui déterminera son en-trée en grève générale illimitée. Un vote favorable à cette option outrepassera ainsi de facto les décisions prises antérieurement dans les différentes associations étudiantes rassemblées dans l’AÉSS. (J.-B. D.)

David Desmartis et l’intégration des handicapés

Une expérience exemplaireValérie [email protected]

Cité universitaire — L’Université Laval a facilité l’intégra-tion d’un étudiant étranger handicapé qui fréquente le cam-pus depuis cet automne.

Le Département de sociologie a accueilli David Desmartis, un étudiant français atteint

d’une infirmité motrice cérébrale. Son expérience témoigne des réus-sites de la politique d’intégration des personnes handicapées étudiant à l’Université Laval.

M. Desmartis a atterri à Qué-bec fin septembre. Cela faisait déjà un an qu’il y pensait. «Je voulais

voyager, voir une autre société. Si j’étais un élève valide, normal, j’au-rais pu prendre un sac à dos et partir travailler au Québec ou ailleurs, a-t-il dit. Je voulais partir de chez moi, pour me prouver à moi-même que j’étais capable de partir, pour qu’il y ait un avant et un après.»

En trois jours, M. Desmartis a obtenu les informations néces-saires à la mise en branle de son

projet. «C’est à cet instant que j’ai vécu mon premier choc culturel. La facilité avec laquelle le processus s’est fait n’avait rien à voir avec les problèmes administratifs français. On voyait qu’ils étaient là, qu’il y avait toujours des solutions», a-t-il raconté.

Afin d’atteindre ses objectifs en matière d’intégration, l’Univer-sité Laval s’est dotée d’un centre d’aide aux étudiants handicapés.

En fonction des besoins, l’UL offre les services d’un preneur de notes, d’un interprète et de manuels traduits en braille.

C’est Anne-Louise Fournier, conseillère, qui s’est occupée de David Desmartis. «On vise toujours l’autonomie. Le processus d’admis-sion se fait comme tout le monde, sur la base du bulletin, a-t-elle souli-gné. Notre travail consiste à évaluer les obstacles potentiels et à trou-ver les services nécessaires pour y faire face.»

Une communauté accueillante

La rencontre entre David et le Département de sociologie a été un franc succès. L’étudiant a apprécié le réseau de tunnels, la vie en rési-dence et la proximité des services. «Vraiment, fait-il remarquer, avec mon handicap, l’accessibilité de la chambre, c’était super! C’est telle-

ment important. En France, il y a des endroits qui ne sont pas acces-sibles… c’est fatigant.». M. Des-martis a de plus profité des instal-lations présentes dans les parcours Métrobus pour aller se promener sur les Plaines, voir le Moulin à images, et faire ses emplettes à l’Épicerie Européenne.

Manque d’information au RTC

Par contre, c’est lui qui a ins-truit les chauffeurs du Réseau de transport de la Capitale à propos de la procédure à suivre lorsqu’ils accueillent des personnes handi-capées. «Je m’étais informé par Internet. Quand je suis arrivé à l’Université, c’était marrant, les chauffeurs d’autobus ne savaient pas comment ça fonctionnait», a-t-il indiqué.

Une grande partie des étudiants qui requièrent les services du Centre d’aide sont atteints de limitations difficiles à observer. Selon Anne-Louise Fournier, c’est le manque de connaissances à l’égard de la pro-blématique qui est à la source des préjugés. «Les gens qui voient une personne en chaise roulante peuvent en constater les limites. Ça peut être plus difficile pour les personnes qui sont atteintes de handicaps in-visibles comme la dyslexie, le dia-bète, les troubles de perception. Une fois qu’on en parle, ça se calme gé-néralement.»

Photo Sylvain CouvelaereDavid Desmartis a particulièrement apprécié le réseau de tunnels,

la vie en résidence et la proximité des services.

Mélissa Côté[email protected]

Cité universitaire — Après une avalanche et une fuite de la toiture, l’Université a mésestimé certains détails, mais veut calmer les inquiétudes sur l’état actuel du Stade Telus.

«On a sous-estimé la vitesse et la force de la chute de neige lors

du dégagement de la gouttière», a concédé le directeur du service des immeubles, Jean Richard.

En effet, M. Richard sou-ligne que le toit du Stade Telus est conçu pour se vider de lui-même lorsqu’il y a une accumulation de neige. Il produit des petites ava-lanches occasionnelles pour se nettoyer.

«Une équipe est venue dénei-ger parce qu’on a remarqué que la gouttière gondolait, ce qui était anormal. Elle a été enlevée pour que l’on puisse analyser comment on peut la modifier pour régler le

problème, ou si on doit revoir le design complet du système d’éva-cuation d’eau», a-t-il expliqué.

Un risque connuNéanmoins, il assure que ce

genre d’incidents survenus sur la structure du stade est normal. «Il y a toujours des ajustements post-li-vraison à faire, que ce soit à l’ajus-tement des taux d’humidité, ou de l’éclairage», a-t-il assuré.

La fuite, causée par une in-filtration d’eau au niveau d’un ancrage, endroit qui permet aux travailleurs de s’accrocher de manière sécuritaire lorsqu’ils marchent sur le toit, a été répa-rée promptement. «Le toit a com-mencé à couler le vendredi en fin

de journée, et le lundi matin à la première heure, le constructeur est venu resceller le toit», a expliqué M. Richard.

Problèmes de construction?Pour Francis Vandal, étu-

diant en génie civil à l’UL, les problèmes du Stade Telus ne sont cependant pas nécessairement imputables à la nouveauté de la structure. Et les responsabilités de ces avaries seraient plutôt à cher-cher du côté des entrepreneurs.

«Les pépins, ça peut arriver. Ils ne sont probablement pas reliés à l’architecture ou à l’ingénierie, mais plutôt à l’entrepreneur en construction», a-t-il affirmé.

«Lorsqu’il y a des projets qui utilisent le plus bas soumis-sionnaire conforme et qu’il y a une sous-estimation importante des coûts, il arrive que l’entre-preneur coupe les coins ronds», a-t-il ajouté.

Hélène Lefranc, responsable aux communications de l’Ordre des architectes du Québec, a elle aussi écarté l’idée d’une malfa-çon dans la conception du stade. «Il n’est pas normal qu’il y ait des problèmes à la suite de la livrai-son d’une construction neuve», a-t-elle soutenu, sans pour autant pouvoir indiquer la fréquence ha-bituelle de problèmes structurels sur les bâtiments neufs.

Pas de surcoûtsL’UL ne devrait pas payer le

coût de remise en état du Stade Telus. En effet, lorsqu’un défaut se manifeste sur une construction neuve, ce n’est pas le propriétaire qui défraie les coûts de réparation.

Après une enquête qui déter-mine les causes des incidents, les frais de réparation sont supportés par leurs responsables. «Il y a une garantie et des assurances sur un bâtiment», a indiqué M. Richard à L’EXEMPLAIRE.

Avaries au Stade Telus

Calmer les inquiétudes

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L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012 5QUÉBEC

GPS dans les autobus du RTC

Informer en temps réelFrancois-Olivier [email protected]

Québec — L’horaire des autobus sera affiché en temps réel à certains arrêts du Réseau de Transport de la Capitale (RTC) dès 2013.

Le RTC a confirmé le lance-ment d’une phase d’essai qui comprendra l’installa-

tion de GPS dans une quinzaine de véhicules. Des bornes affichant les délais d’attente à plusieurs ar-rêts seront aussi implantées. Grâce au système d’aide à l’exploitation et d’information des voyageurs (SAEIV), il sera aussi possible de consulter sur son téléphone intelli-gent la position exacte des autobus sur la route.

Selon les plans actuels, ce sont les métrobus 800 et 801 qui bénéficieront en premier de la nou-velle technologie. Si les tests sont concluants, le SAEIV sera ensuite étendu à l’ensemble du réseau dès 2015.

Le budget de la phase d’essai est de 13,3 M$. C’est la compa-gnie française INEO Systrans qui a remporté l’appel d’offres. D’ailleurs, la Société de Transport de Montréal (STM) adoptera éga-lement cette nouvelle technologie pour la totalité de ses 1700 auto-bus en 2014 au coût de 200 M$. À titre comparatif, le RTC compte un peu moins de 600 véhicules.

Carole Brousseau, porte-pa-role du RTC, est d’avis que le pro-jet améliorera considérablement l’expérience du transport en com-mun. «Avec des bornes placées aux arrêts stratégiques, les voya-geurs pourront connaître le temps d’attente exact avant l’arrivée de leur autobus. Plus d’estimation,

ils seront informés en temps réel», a-t-elle souligné.

Mme Brousseau ajoute que le SAIEV sera d’une aide capi-tale pour la gestion des opéra-tions routières. «Nous serons en mesure d’avoir une image réelle de la situation de nos autobus sur les routes. Ainsi, les conducteurs seront informés en permanence de leur retard ou de leur avance sur l’horaire», s’est-elle réjouie. Elle souligne de plus que les employés pourront également réagir plus ef-ficacement aux imprévus. «Il n’y a aucun doute pour nous que le système nous permettra d’être plus efficaces et de mieux répondre à notre clientèle.»

Marie-Hélène Vandersmis-sen, spécialiste en transport ur-bain à l’UL, estime aussi que l’implantation du système de lo-calisation améliorera de façon significative l’expérience des usagers du RTC.

«C’est extrêmement posi-tif! Les gens seront en mesure de connaître les délais réels d’attente. Si le panneau indique dix minutes, l’usager pourra aller se chercher un café et revenir à temps, sans le souci de manquer son autobus», a-t-elle noté.

Mme Vandersmissen doute toutefois de l’influence de la me-sure sur le nombre d’usagers des transports en commun. «Toutes les mesures prises pour améliorer l’expérience des voyageurs sont positives. Par contre, je ne crois pas qu’un tel système aura une forte influence sur la quantité de gens prenant l’autobus. Les gens font un choix qui dépend de condi-tions plus larges: budget, trafic, va-leurs environnementales», a-t-elle expliqué.

Le syndicat des chauffeurs an-noncera sa position officielle par rapport au projet dans environ deux semaines.

E N B R E Féco-promenade

Menaces de poursuite

Des donateurs privés me-nacent de poursuivre

les gestionnaires du projet de l’Éco-promenade des Rivières. Des entreprises avaient promis 500 000$ pour l’aménagement d’un sentier entre les boulevards Bastien et Lebourgneuf. La Ville a abandonné le projet alors que les organisateurs avaient dépensé près de 30 000$. Les gestionnaires envisagent des recours judi-ciaires contre la Ville. (F.P.)

manège militaire

Plans bloqués

Le Bureau du Conseil pri-vé du premier ministre

Harper a bloqué la diffusion par le journal LE SOLEIL de documents reliés aux plans du futur Manège militaire de Québec. Alors que les diffé-rentes esquisses et l’évalua-tion des coûts de reconstruc-tion de l’édifice sont prêts depuis des mois, le Conseil privé juge que le document contient des renseignements confidentiels. (M.F.)

appels frauduleux

Citoyens furieux

Des manifestants de Van-couver ont dénoncé

samedi le scandale des ap-pels frauduleux desquels le gouvernement conservateur est accusé. Ils réclament une enquête publique sur le dos-sier, alors qu’Élections Ca-nada planche déjà sur plus de 31 000 plaintes en lien avec ces appels. Une manifes-tation aura lieu le 11 mars, notamment dans les villes de Toronto et Calgary. (M.F.)

nucléaireManifestation

à Québec

Une manifestation anti-nucléaire organisée par

Greenpeace se tiendra ce di-manche devant l’Assemblée nationale. Les protestataires souhaitent la fermeture dé-finitive de la centrale Gen-tilly-2. Ils dénoncent les pro-jets d’exploitation de mines d’uranium inclus dans le Plan Nord. Il commémorera le 1er anniversaire de la catastrophe de Fukushima au Japon. (F.P.)

Nouveau projet à l’îlot Irving

Québec autrement appuieChloé Noë[email protected]

François Pagé[email protected]

Québec — Le futur parti municipal, Québec autrement, ac-cueille d’un œil favorable le nouveau projet de GM Dévelop-pement pour l’îlot Irving et croit que la perte de logements sociaux n’est pas dramatique.

Pierre Boucher, porte-parole du mouvement d’opposition Québec autrement, se dit

déçu par le retrait des logements so-ciaux, mais est d’avis qu’il ne faut pas exagérer la gravité de la situa-tion. «L’objectif de mixité sociale ne pourra pas être atteint pour des raisons de rentabilité, ce qui n’est pas dramatique en soi. Ça n’em-pêche pas une mixité sociale dans le quartier ou dans le quadrilatère dans le futur», a-t-il nuancé.

«Ce trou urbain doit enfin être comblé par une construction de

qualité. Le projet proposé par le promoteur semble de très belle fac-ture, on sent une recherche de qua-lité architecturale», a affirmé Pierre Boucher, se basant sur le projet ini-tial de neuf étages du groupe GM. Reste que les détails officiels du récent projet n’ont pas encore été dévoilés. Selon lui, il faut donner la priorité au respect de l’échelle du quartier. Tout projet devrait respec-ter le gabarit moyen des immeubles voisins.

Lors d’un référendum d’ini-tiative populaire en février dernier,

les citoyens du quartier Saint-Jean-Baptiste se sont prononcés contre une dérogation au règlement mu-nicipal qui aurait permis à GM Développement de construire un immeuble de neuf étages. Le pro-moteur a déposé un nouveau projet à la Ville de Québec. Dans sa nou-velle version, l’édifice ne compte plus que six étages et ne fait plus de place au logement social.

Loin d’être unanimeMathieu Houle-Courcelles, or-

ganisateur communautaire au Co-mité populaire Saint-Jean-Baptiste, est en désaccord avec cette idée. «Ce nouveau projet, c’est le scé-nario qu’on souhaitait éviter. Celui qui propose un projet 100% condos dans le secteur de l’îlot Irving. Se-lon nous, c’est pire qu’un projet qui ne respectait pas le zonage.»

Il redoute également que d’autres éléments du plan initial soient abandonnés, tels que le toit

vert ou le stationnement public. GM Développement refuse pour l’instant de se prononcer sur le su-jet.

«Ça fait assez longtemps qu’on essaie avec la carotte, il est temps qu’on passe au bâton pour obliger les promoteurs à inclure du loge-ment social», a t-il réitéré

L’équipe Labeaume entend néanmoins maintenir sa stratégie pour atteindre la mixité sociale. «On va procéder de la même façon, en essayant de convaincre les pro-moteurs. Je me rends compte que certains seraient prêts à inclure des logements abordables à l’intérieur de leurs constructions. Il faut juste une réponse positive des citoyens, a avancé Chantal Gilbert, conseillère du secteur des Faubourgs. On doit expliquer aux gens que pour le dé-veloppement d’une ville équitable et saine, il y a des changements à faire et des décisions à prendre.»

Photo Raphaël LavoieCe sont les métrobus 800 et 801 qui bénéficieront en premier de la nouvelle technologie.

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OPINION6 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

Commentaire

Des girouettes, les Québécois? À la lumière des multiples sondages qui nous annoncent un jour la déconfiture du PQ et le lendemain que ce même parti pourrait former un gouverne-

ment majoritaire, force est de constater que les Québécois changent d’allégeance politique comme ils changent de chemise. Devant cette mollesse, j’aurais tendance à m’indigner. Mais au lieu de décrier bêtement ce manque de convictions politiques de mes concitoyens, je suis plutôt d’avis que nous devons amorcer une prise de conscience collective et nous demander si nous avons le pouvoir d’inverser cette tendance.

Arrêtons de blâmer uniquement les partis politiques pour expli-quer l’indécision des électeurs. Après tout, les élus représentent les citoyens et sont, en quelque sorte, le miroir de ceux-ci. Encore plus, les élus «sont» des citoyens. Si les Québécois savaient fermement ce qu’ils veulent et ce à quoi ils aspirent, la CAQ n’aurait jamais vu le jour et nous ne prendrions pas l’habitude d’assister à des transfuges politiques.

Intellectuels et journalistes peuvent bien regarder de haut «monsieur et madame tout le monde», discutant d’idéologies et de tractations politiques. Pendant ce temps, des milliers de Québécois ne savent même pas distinguer la gauche de la droite. Indignes, ces Québécois qui ignorent l’ABC de la politique? Je ne crois pas. La chance d’évoluer dans un milieu politisé et engagé n’est pas offerte à tout le monde. En outre, la société doit prendre les moyens qui s’imposent pour former des citoyens intéressés et curieux, ouverts sur notre monde.

Avez-vous déjà ouvert un journal dans vos cours de français au primaire, au secondaire? Pour ma part, jamais. J’ai par contre lu des dizaines et des dizaines de romans jeunesse de «La courte échelle», et d’innombrables vers de légendaires poètes de la francophonie. Bien que je sois résolument en faveur de cette initiation plus qu’importante à la littérature, pourrions-nous aussi apprendre à nos jeunes, électeurs et citoyens de demain, à lire un journal? À démystifier dès le secon-daire cette mine d’or d’informations qui en rebute plus d’un à l’âge adulte? Apprivoiser la bête, voilà qui aiderait certainement à former des citoyens plus informés et ainsi, plus responsables lorsqu’ils arri-vent à l’urne.

Je regarde autour de moi et je suis moi-même entourée de personnes qui, malgré leur bonne éducation, n’étaient pas au courant de la déclaration incendiaire du sénateur Boisvenu sur le suicide en prison, ou même de l’identité des Shafia. Chaque individu est respon-sable, j’en conviens. Mais il serait trop facile de leur jeter la pierre. Selon moi, le problème est beaucoup plus profond. La société se doit de prendre sa part de responsabilité pour espérer vaincre l’indécision.

Sophie Côté [email protected]

La valeur de la sobriété

L’équipe de L’ExEmplairEJournal école des étudiants en journalisme. Son contenu n’engage en rien la responsabilité du Département d’information et de communication. Fondateur: Jacques Guay; Éditeur: Jean-Claude Picard (656-2131 poste 4683); Directeur de la production: Baptiste Barbe (8942); Adjoint à l’éditeur: Matthieu Dessureault (8942); Rédactrice en chef: Sophie Côté (4513); Secrétaire de rédaction: Nicolas Lachance (4513); Adjointe-Secrétaire de rédac-tiion: Héloïse Kermarrec (4513); Éditorialiste en chef: Gabrielle Thibault-Delorme (8954); Maquettiste: Maxime Fouquette-L’Anglais (8959); Directeur de la photographie: Raphaël Lavoie (8954); Caricaturiste: Gabrielle Thibault-Delorme; Université: Mathieu Massé, Is-mail Mbonigaba et Jean-Baptiste Delhomme (5224); Municipal, régional et gouvernemen-tal: Lydia Desjardins, François Pagé et Marjolaine Faucher (8956); Dossiers: Valérie Péré (8954); Entrevue: Xavier Savard-Fournier (8956); Monde: Pierre-Louis Curabet (8954); Culture: Marie-Claude Savoie, Aude Garachon et Catherine Desroches-Lapointe (8957); Sports: Catherine Lille et Marc-Antoine Paquin (8957).

Conception de la maquette typographique: Marco Dubé et François Baron du Studio Graphiskor; Julie Verville et Mario Fraser; Dépôt légal: Bibliothèque Nationale du Québec, 1994; Imprimeur: Les Presses du Fleuve, 100, avenue de la Cour, Montmagny (Québec) G5V 2V9; Tirage: 1000 copies. Adresse: Département d’information et de communication, C.P. 4120, pavillon Louis-Jacques-Casault, local 3832, Cité universitaire (Québec) G1V 0A6; Télécopieur: (418) 656-3865; Courriel: [email protected]; Site Web: http://www.exemplaire.com.ulaval.ca; Facebook: L’Exemplaire (Page officielle); Fil Twitter: lexemplaire

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À la mi-avril, les conducteurs québécois de moins de 21 ans devront faire preuve de vigi-lance. En matière de consommation d’alcool,

ce sera tolérance zéro. Le gouvernement provincial vient de fixer la date d’entrée en vigueur du projet de loi 71.

Actuellement, cette règle ne touchait que les dé-tenteurs d’un permis probatoire et les apprentis, tous âges confondus. C’est un changement légal drastique.

Pour la première fois, l’âge devient un critère au même titre que l’expérience sur la route. Trois autres provinces ont instauré cette mesure chez les jeunes conducteurs. Le Québec s’ajoute ainsi à l’Ontario, au Manitoba et au Nouveau-Brunswick.

De prime abord, la loi semble logique. Les sta-tistiques du bilan routier sont éloquentes. Les jeunes de 16-24 ans représentent 10% des titulaires de permis de conduire au Québec. Or, ils demeurent environ le quart des conducteurs impliqués dans des accidents causant des lésions corporelles. Et ils sont responsables du cinquième des infractions venant avec des points d’inaptitude.

Devant ces chiffres, nul ne remet en doute l’encadrement légal de la conduite automobile chez les jeunes.

Le gouvernement n’en est d’ailleurs pas à sa première mesure législative restrictive pour les jeunes conducteurs. Il y a moins d’un an, il instaurait un nouveau régime de points d’inaptitude. Avec celui-ci, le nombre de points accordés aux jeunes de moins de 25 ans s’est vu diminué. Cette mesure représente une restriction.

Celle de la tolérance zéro n’en est pas une. C’est une interdiction. La loi marquera une ligne de conduite intransigeante pour les jeunes tentés de prendre le volant après une bière.

Les jeunes adultes, et surtout les adolescents, requièrent certes un encadrement. Mais est-ce la majorité des jeunes de moins de 21 ans qui sont irresponsables? Ou est-ce que cette loi, comme trop souvent, brime la majorité, faute de l’insouciance d’une minorité?

Le projet de loi a été contesté devant les tribu-naux par la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). Son président, Léo Bureau-Blouin, a décrié son caractère inconstitutionnel. Selon l’article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés, la loi doit s’appliquer également à tous les citoyens. Or, dans le cas de la tolérance zéro, les moins de 21 ans seraient discriminés. Une telle loi ne fait qu’accentuer le fossé intergénérationnel.

La tolérance zéro ne représente-t-elle pas une contrainte excessive? Les jeunes, particulièrement à l’adolescence, sont toujours tentés de repousser leurs limites, de défier l’autorité. Qu’elle soit parentale, gouvernementale ou légale.

Les jeunes de moins de 21 ans trouveront des moyens pour contourner la loi. De la même façon que

les mineurs réussissent à entrer dans les bars avant leur majorité.

C’est un exemple concret de l’ingé-rence de l’État dans la vie privée. Dicter une ligne de conduite pour tous les jeunes de moins de 21 ans ne fait pas partie de son rôle. Ce sont les parents, à travers leur éducation, qui doivent apprendre aux jeunes ces valeurs. La valeur du respect d’autrui, la valeur de la vie.

La conduite en état de sobriété est un comportement qui s’apprend. Sans cet acquis, un jeune de 16 ans ou un adulte de 38 ans représentent le même danger sur la route. Tout un chacun, nous avons à jouer ce rôle – celui du modèle, du bon exemple.

Interdire tout alcool chez les jeunes atteindra probablement son objectif. Il y aura moins d’ac-cidents de la route impliquant des jeunes en état d’ivresse. Mais combien seront pénalisés par cette mesure?

Imposer une telle loi, pour contrer une minorité, opprime la majorité. C’est, tel que décrié par le prési-dent de la FECQ, de la discrimination. Et c’est ce qui est inacceptable.

Marjolaine Faucher [email protected]

Imposer une telle loi, pour contrer une

minorité, opprime la majorité

Citoyens «girouettes»

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DOSSIER 7L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

Textes et photos : Gabrielle Thibault-Delorme | [email protected]

Québec — L’intégration au marché du travail est une étape décisive et stressante du passage à l’âge adulte. Mais comment se vit-elle lorsqu’un jeune adulte présente une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant du développement?

Au Québec, ce sont les Centre de réadaptation en déficience intellectuelle

(CRDI) qui ont pour mission de développer l’autonomie et le potentiel des personnes présen-tant une déficience intellectuelle. «Toute personne, peu importe ce qu’elle est, a un potentiel et de ce fait peut s’intégrer dans la so-ciété», a déclaré Catherine Cha-gnon, agente de communication au CRDI de Québec. Les services offerts par ces centres incluent le soutien à la personne dans ses acti-vités quotidiennes (autonomie à la maison), l’intégration communau-taire et l’intégration sur le marché du travail.

L’intégration au travail com-prend divers niveaux. Tout d’abord, le jeune adulte peut suivre des ate-

liers de travail qui lui permettra d’accomplir des tâches s’apparen-tant à du vrai travail. Il peut aussi s’intégrer à des plateaux de travail, où les personnes présentant une dé-ficience accomplissent des tâches supervisées par un intervenant dans un milieu de travail. Des em-ployeurs comme Alcoa possèdent ce genre de plateaux de travail.

Il peut aussi réaliser un stage en entreprise où il sera supervisé par son intervenant. S’il obtient un emploi régulier, le soutien de l’intervenant est plus épisodique. Si les conditions le permettent, il pourra se retirer complètement.

La transition s’accomplit généralement vers 21 ans, l’âge où se termine la formation sco-laire. «Quand le jeune a 18 ans,

on cherche toujours à l’intégrer dans un milieu régulier en tenant compte des habiletés du jeune», a expliqué Marie Alain, responsable de l’adaptation scolaire à l’école De Rochebelle. «L’école rencontre les éducateurs pour cerner la per-sonnalité et les habiletés du jeune. Avec le CRDI, on trouve un milieu qui lui correspond», a-t-elle ajouté.

Parcours semé d’embûchesDans le meilleur des cas, le ju-

melage permettra au jeune adulte de trouver un emploi régulier. Mais ces cas sont rares, sur les 2 343 usagers du CRDI de Québec en 2010-2011, seuls 41 usagers de 5 à 44 ans ont réussi une intégration à l’emploi. Selon Mme Chagnon, la situation demeure assez stable chaque année.

Deux éléments expliquent cette situation. D’abord, ce ne sont pas toutes les personnes présentant une déficience intellectuelle qui ont les capacités nécessaires pour occuper un emploi. Elles seront

alors redirigées vers des centres de jour comme le centre Louis-Jo-liet qui donne des formations aux adultes.

Mais surtout, le CRDI souffre d’un manque de ressources finan-cières. De plus, le centre d’aide à l’emploi Équitravail a de la diffi-culté à trouver des milieux de tra-vail intéressés à engager un de leurs usagers. «Cette année, j’ai un jeune

très autonome et on n’arrive pas à lui trouver un emploi. C’est dur, pendant 5 ans on le forme à entrer sur le marché du travail et ensuite, on ne réussit pas à le placer», a ad-mis Mme Alain. «Les employeurs ont souvent une méconnaissance de la déficience intellectuelle, il faut promouvoir le potentiel de ces per-sonnes», a indiqué Mme Chagnon. Selon elle, les employeurs qui se prêtent au jeu ne le regrettent pas.

Une fois l’employeur et l’employé jumelés, l’intégration néces-

site une période d’adaptation. «Il a fallu monter un horaire en pictogrammes. Parfois, les personnes ne savent pas lire ou écrire. Alors on met des images sur les tâches», a ex-pliqué Dan Gagné, proprié-taire de la garderie Moi, mes souliers… et employeur d’une personne présentant une défi-cience intellectuelle. Ce der-nier a également surmonté la difficulté que présentait la lecture de l’heure. «Sa montre sonne, après chaque tâche, à sa pause aussi», a-t-il ajouté.

L’éducateur du CRDI reste présent durant le proces-sus d’adaptation au milieu de travail. Par la suite, il peut re-venir au besoin ou de manière épisodique. À la suite de cette période d’adaptation, M. Ga-gné ne se passerait pas du tout de son employé. Alors que la méconnaissance, ou la crainte

d’un surplus de travail, em-pêche souvent les employeurs d’envisager cette intégration, ce n’était pas son cas. «Je suis éducateur spécialisé de forma-tion et j’ai travaillé en déficience intellectuelle. Je crois à l’inté-gration», a exprimé M. Gagné.

Marie-Emmanuelle Côté, de la résidence Louis-XIV, héberge des adultes atteints du syndrôme d’Asperger. Se-lon elle, l’entrée dans un mi-lieu de travail peut s’avérer très positive pour l’estime.

« L’intégration sociale est leur premier objectif de vie […]. Le milieu de travail peut pallier beaucoup de manques», a-t-elle expliqué. «Quand ton premier milieu social (famille) te considère inadéquat, on a un travail de revalorisation important à effectuer. Le mi-lieu professionnel peut alors être très valorisant», a-t-elle ajouté, spécifiant que ce der-nier doit toutefois être réceptif.

Québec — L’intégration sur le marché de l’emploi ap-porte son lot d’expériences, tant pour la personne pos-sédant une déficience intellectuelle que pour son em-ployeur.

Le jumelage employeur-employé

Adaptation partagée

Intégration au travail des personnes ayant une déficience intellectuelle

Le potentiel de réussir

Source CRDI de Québec

Un exemple d’horaire à pictogrammes, où chaque image représente la tâche et indique l’heure à laquelle elle doit être effectuée.

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ENTREVUE8 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

Propos recueillis par Nom | courriel Propos recueillis par Nicolas Lachance | [email protected]

«J’étais fâché, boule-versé,

indigné en fait»

L’EXEMPLAIRE: Quelles sont vos motivations à poursuivre Stephen Harper?

Daniel Turp: D’abord, c’est un certain attachement au protocole de Kyoto. Moi, qui suis un professeur de droit international, j’ai suivi de très près la genèse de ce protocole. C’est un protocole à grande conven-tion qui a été adopté à Rio en 1992.

Pour moi, c’est une façon de penser enfin sérieusement à agir autrement pour préserver la planète pour les générations futures. Et au-delà de la convention, il y avait les cibles et les gestes concrets que l’on devait poser. Je trouvais intéressant aussi que ce ne soit pas un traité comme les autres. Dès qu’il a été en vigueur et qu’il a commencé à pro-duire ses effets, je savais que nous étions sur la bonne voie.

Lorsque le Canada a annoncé qu’il dénonçait le traité et qu’il se retirait, j’étais fâché, bouleversé, in-digné en fait. De cet événement, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. De là ces deux idées; que les citoyens québécois signent symbo-liquement le protocole, pour que les individus se sentent concernés, car comme citoyen j’y crois. Puis, l’idée de prendre un recours, parce qu’à mon avis, il y avait une viola-tion d’une loi, une mise en œuvre de grands principes constitutionnels.

L’EXEMPLAIRE: Pour-quoi avoir fait participer vos étu-diants à ce recours?

D.T.: Ce qu’il y a d’intéressant, c’est que j’ai dit à mes étudiants tout haut, ce que je pensais tout bas, en leur deman-dant : «Puis, est-ce qu’il y en a qui veulent m’ai-der? Me soutenir? Des juristes parmi vous?» Alors, j’ai eu une ré-ponse incroyable!

Les étudiants ve-naient me voir à la pause, après les cours à l’Université de Montréal et à l’Université Laval. Il y a aussi maintenant des étudiants de l’UQAM, de McGill et même bientôt de Sherbrooke. On a donc formé l’Équipe Kyoto. À cause de

l’indignation, mais aussi de la né-cessité de Kyoto pour la planète. C’est l’idée d’une action populaire militante, où les gens coalisent leurs compétences.

L’EXEMPLAIRE: Est-ce que cette poursuite peut avoir un impact concret, ou n’est-elle pas symbolique?

D.T.: Et bien, je l’espère! Nous, on considère qu’on a une bonne cause. On considère vrai-ment que cette dénonciation faite par le gouvernement Harper est illégale et que si le tribunal devait nous donner raison, le Canada se-rait encore dans le protocole de Kyoto, ou il faudrait qu’il recom-mence à y participer et qu’il y ait un vrai débat public.

L’EXEMPLAIRE: De quelle manière le gouvernement Harper transgresse-t-il les règles s’étant retiré du protocole?

D.T.: Harper viole à notre avis la loi de mise en œuvre du protocole et il devrait respecter cette loi qu’il a signée. Le Canada ne veut pas se lancer dans une nouvelle phase, ne veut pas respecter les cibles qu’il devait respecter. Il a violé le proto-cole pendant quatre ans et il ne peut pas penser s’en sortir en dénonçant. Il a failli à sa tâche et à sa responsa-bilité internationale.

Rappelons-nous que les Qué-bécois n’ont pas été consultés, l’As-semblée nationale à Québec n’a pas été consultée, les autres provinces n’ont pas été consultées. Pourtant, c’est dans nos champs de compé-

tences. On a l’essentiel des compétences en matière d’environnement.

Il n’a pas respecté des grands principes constitu-tionnels: primauté du droit, séparation des pouvoirs, principes démocratiques. Parce que nous pensons qu’il ne s’agit pas d’un geste dé-

mocratique. Le gouvernement du Québec avait été consulté avant qu’on ratifie le traité. Alors, dans l’ordre des choses, on devait être consulté aussi pour se retirer du traité, ce qui n’a pas été fait.

L’EXEMPLAIRE: Jusqu’où êtes-vous prêt à aller afin de ga-gner cette cause?

D.T.: Le gouvernement, une fois la décision rendue, peut très bien porter la cause en appel, ou même aller jusqu’en Cour suprême. Mais on est prêt à y aller. Les gens pensent que le Canada est déjà reti-ré. Mais non! Ça n’a pas encore pris effet, c’est juste le 16 décembre. On sait que ça va être long. Le procu-reur général du Canada fait toute sorte de démarches pour repous-ser au plus l’audition de l’affaire. Il y a de grandes négociations en ce moment entre notre avocat et le procureur général. Il veut repousser ça en mai, en juin. C’est vraiment frustrant.

L’EXEMPLAIRE: Selon vous, qu’est-ce que le retrait du protocole va changer, pour le Canada et le Québec, sur le plan diplomatique?

D.T.: La réputation du Canada est tellement entachée déjà. On a vu la réaction, la semaine dernière, de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique du Sud qui ont réagi très négative-ment. La France et le Royaume-Uni aussi ont mal réagi, parce que ça lance de très mauvais signes aux autres pays et à la communauté in-ternationale dans son ensemble.

Le Québec a de son côté décidé de voter à l’unanimité en Chambre une motion disant que le Québec continuerait le protocole de Kyoto. Cependant, pour les gens dans le reste du monde, le Canada n’en

fait plus partie, donc le Québec non plus. De cette manière, la réputa-tion du Québec aussi est entachée. Lorsqu’on va faire savoir que nous croyons à Kyoto, on va toujours se faire dire que notre pays n’en fait plus partie.

L’EXEMPLAIRE: Dans l’hypothèse que votre démarche ne fonctionne pas, de quelle façon le militant que vous êtes conti-nuera-t-il à se battre pour cette cause?

D.T.: Premièrement, on part du principe que ça va marcher. Mais je vais toujours continuer à défendre le protocole. Je vais toujours dire que cette décision du Canada était mau-vaise. Le Canada doit négocier de bonne foi la suite des choses, parce que pour l’instant, le gouvernement ne veut pas faire partie de la deu-xième phase, mais il s’est engagé à signer un accord d’ici 2015. Il va falloir continuer. Il faut que les pays aient des cibles environnementales.

L’EXEMPLAIRE: Mais le gouvernement conservateur du Canada est majoritaire, ne peut-il donc pas agir à sa guise, en toute légitimité?

D.T.: Mais quelle légitimité? Il a été élu avec moins de 25% de l’appui de la population quand on compte tous les électeurs. Il a beau avoir plus de députés en Chambre que les autres, mais les autres en-sembles représentent davantage de personne en terme de pourcentage et de votants que les conservateurs. Jusqu’à ce qu’on corrige ce mode

électoral qui crée de telles distor-sions, il faudrait au moins que le gouvernement en place respecte les élus, les représentants du peuple, qu’il consulte le Parlement et qu’il y ait de vrais débats. Moi, je n’ac-cepte pas cette façon de gouverner un pays.

L’EXEMPLAIRE: Alors, pour vous, on a un problème avec notre système démocratique?

D.T.: Oui, même au Québec. Moi, j’ai toujours été favorable au système proportionnel. Un vrai système proportionnel avec toutes sortes de modalités qui mettraient fin aux distorsions. Il faut avoir un gouvernement plus représentatif, allant même jusqu’à la possibi-lité d’avoir des gouvernements de coalition.

Je vivrais très bien avec des gouvernements où les ministres seraient issus de différentes forma-tions politiques. Il y a un manque de courage et une pression énorme des députés qui ne veulent pas perdre leur siège.

L’EXEMPLAIRE: Vous qui avez perdu votre siège aux der-nières élections, seriez-vous prêt à laisser votre place pour changer de système démocratique?

D.T.: Je n’ai pas de problème avec ça. Je crois en un meilleur système de représentation. Je veux, pour le Québec, un meilleur système, où les plus petits partis comme Québec solidaire et les verts seraient représentés.

Entrevue avec Daniel Turp

Un homme indigné, libre et convaincu

Courtoisie Claude Boucher Daniel Turp a formé l’Équipe Kyoto, composée d’étudiants de plusieurs universités québécoises.

Québec — C’est l’homme qui poursuit le gouvernement Har-per devant les tribunaux pour s’être retiré du protocole de Kyoto. Il est militant certes, mais aussi avocat, enseignant et même étudiant en musicologie. Daniel Turp ne souhaite qu’une chose de ses élèves et des gens qu’il côtoie : qu’ils aient des convictions. Entrevue avec un homme qui aime profondément le droit, l’environnement et la justice sociale.

Page 9: L'Exemplaire-Vol.XX-No17

MONDE 9L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

E N B R E FE N B R E FE N B R E F

Pierre-Louis [email protected]

Québec — Le Super Tuesday s’est tenu hier dans le cadre des primaires républicaines. L’événement connaît une cou-verture médiatique importante. Il n’est pas pour autant décisif.

Primaires républicaines – Super Tuesday

La route est encore longue

Ils ne sont plus que quatre dans la course : Newt Gingrich, Ron Paul, Mitt Romney et Rick San-

torum. Avant le 6 mars, ces candi-dats avaient obtenu respectivement 29, 23, 180 et 90 délégués. Mitt Romney restait sur trois victoires dans le Michigan, en Arizona et à Washington. De son côté, Rick Santorum n’avait pas perdu trop de terrain en obtenant autant de délé-gués [Ndlr : 15] que son adversaire dans l’État du Michigan et cinq autres à Washington.

Médiatique, mais pas crucialLors du Super Tuesday, 11 États

ont voté. Quatre cent soixante-six délégués étaient à prendre. Quels que soient les résultats, la course ré-

publicaine continuera. La raison: il faut 1 144 délégués pour être nom-mé candidat du parti à la présiden-tielle. «Même si le Super Tuesday est la journée où il va y avoir le plus de délégués qui vont être répartis, il ne sera absolument pas décisif d’un point de vue mathématique, a affirmé Rafael Jacob, spécialiste de la politique étasunienne à la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM. Il restera des États extrêmement po-puleux comme le Texas, la Cali-fornie ou encore New York.» Lors des primaires de ces trois États, il y aura 155, 172 et 95 délégués distribués.

«Le jour du Super Tuesday, l’important, c’est de voir quels

États vont être remportés par quel candidat», a remarqué le chercheur de l’UQAM. Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts, se doit de gagner les primaires de cet État, ou sa campagne en prendra un coup. Même cas de figure pour Newt Gingrich en Géorgie, car il a été représentant du 6e district de cet État durant 20 ans. Il faudra aussi surveiller de près les résultats de l’Ohio. «Cet État joue habituelle-ment un rôle décisif dans les élec-tions présidentielles, a expliqué Rafael Jacob. Le meilleur exemple est celui de 2004 où l’Ohio, à lui seul, a décidé de l’élection de George Bush. Celui qui rempor-tera cet État pourra dire qu’il est capable de l’emporter où c’est important de gagner.»

Scénarios alternatifsEn raison de cette course

très serrée, on pourrait se rendre jusqu’à la Convention républicaine dans une situation incertaine, ce qui est rarissime. «Les Conven-

tions ne sont que de simples for-malités ratificatoires [sic], note Louis Massicotte, professeur de science politique à l’Université Laval. Normalement, la saison des primaires a permis de dégager un vainqueur. La dernière Convention qui a été véritablement décision-nelle est celle des républicains en 1976 entre Reagan et Ford.»

Face à un tel scénario, Louis Massicotte pointe du doigt une autre possibilité dont on parle à demi-mot chez les Républicains. «Plutôt qu’une guerre de tranchées lors de la Convention, qui rejailli-rait très mal pour le parti, on es-saiera de trouver un candidat qui réalise un consensus autour de sa personne.» Le nom de Jeb Bush, frère du dernier président Bush, est souvent cité. «L’idée qu’ils vont pouvoir sortir un lapin de leur cha-peau n’est pas réaliste, a objecté Rafael Jacob. Et pour ce qui est de Jeb Bush, son nom est absolument toxique pour le parti républicain.»

pakistanPoursuite contre

l’ex-président

Le ministre pakistanais de l’intérieur, Rehman Malik,

a demandé à Interpol d’émettre un mandat d’arrêt contre l’an-cien président pakistanais Per-vez Musharraf pour l’assassinat de l’ex première ministre Bena-zir Bhutto. Cette dernière avait été tuée dans un attentat suicide le 27 décembre 2007. Il est re-proché au général Musharraf d’avoir refusé à la dirigeante politique un service de sécurité adéquat pendant sa campagne électorale. (P.-L.C.)

syrieOffensive de

Bachar al-Assad

Les forces syriennes fidèles au président Bachar al-As-

sad ont commencé à bombarder la ville de Rastan, à 20 km au nord de Homs, dimanche der-nier. Certains officiers améri-cains, cités par le WASHINGTON POST, affirment que l’Iran four-nit une aide militaire et logis-tique au régime syrien. Selon l’ONU, la répression a fait plus de 7 500 morts depuis ses dé-buts il y a près d’un an. (P.-L.C.)

iranAhmadinejad

esseulé

Les partisans du guide su-prême de la révolution ira-

nienne, l’ayatollah Ali Khame-nei, ont remporté plus de 75% des sièges lors des élections législatives de vendredi dernier. Les réformateurs ont boycotté ce scrutin. Cette déroute des par-tisans du président Mahmoud Ahmadinejad pourrait encore affaiblir ce dernier. Ces résultats font rebattre les cartes parmi les conservateurs alors que les pro-chaines présidentielles auront lieu en 2013. (P.-L.C.)

russiePoutine de retour

au pouvoir

Vladimir Poutine a remporté les élections présidentielles

russes dimanche dernier dès le premier tour, avec plus de 60% des suffrages exprimés. Après deux mandats de quatre ans entre 2000 et 2008, le chef du gouvernement retrouve donc le poste de président pour six ans cette fois-ci. Des partis d’oppo-sition et des ONG russes dénon-cent des fraudes dans de nom-breux bureaux de vote. (P.-L.C)

Un an après la catastrophe de Fukushima

Trente ans de radioactivitéBérengère [email protected]

Québec — Un an après l’accident nucléaire de Fukushima, la situation est toujours précaire. D’après des experts de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), trente ans de radioactivité sont à prévoir.

À quelques jours de la date anniversaire de la catas-trophe de Fukushima,

l’heure est au constat. Tandis que les travailleurs du nucléaire s’acti-vent à minimiser les dégâts provo-qués par la catastrophe du 11 mars 2011, l’IRSN a publié le 28 février dernier ses premières estimations quant aux conséquences de la ca-tastrophe. «La situation s’est bien améliorée, mais elle est encore précaire», affirme Thierry Charles, directeur général adjoint de l’IRSN, chargé de la sûreté nucléaire.

Encore des rejets radioactifsLes bâtiments qui abritent les

réacteurs n’étant pas étanches, il y a toujours des rejets de particules radioactifs dans l’environnement. «L’activité radioactive qui est re-jetée actuellement est faible et ne se remarque pas trop dans l’en-vironnement, puisque ce dernier est encore très contaminé», ajoute Thierry Charles. Pour maîtriser ces rejets radioactifs, les Japonais ont mis en œuvre des moyens impor-tants. Les réacteurs sont actuelle-

ment en situation «d’arrêt à froid», ce qui permet de garder sous forme liquide l’eau servant à refroidir le cœur du réacteur et ainsi de di-minuer les rejets. La compagnie Tepco, qui exploite le réacteur de Fukushima, prévoit également re-couvrir les trois réacteurs acciden-tés d’une charpente métallique. «Ce qui reste à faire pour le numéro 2 et pour le numéro 3», a souligné Thierry Charles.

Selon les estimations provi-soires de l’IRSM, les rejets d’iodes radioactifs ont atteint 408 millions de milliards de becquerels depuis la catastrophe. Par chance, l’iode a une durée de vie très courte. Sa radioactivité se réduit de moitié dans les heures ou la semaine qui suivent son expulsion dans l’air. Cependant, 98% de la radioactivi-té initiale en césium 137 demeure dans l’environnement. Or, sa du-rée de radioactivité est de 30 ans. Au total, sur environ 24 000 km² du territoire japonais contaminé par le césium 137, 600 km² dépas-seraient aujourd’hui le seuil des

600 000 becquerels par m², estime l’IRSN. Au-delà de cette limite, cet institut recommande l’évacuation du territoire. Ces données ont été cartographiées et font état d’im-portantes irrégularités, notamment d’une contamination en «taches de léopard» jusqu’à 250 km, ainsi que des zones de «points chauds», très contaminées du fait de l’accumulation des pluies.

Concernant les conséquences sanitaires, «Tepco a fait une liste d’environ 20 000 personnes qui sont intervenues. La dose maximale ab-sorbée parmi ceux-ci est de l’ordre de 700 millisieverts (msV)», a in-diqué Thierry Charles. Les risques de cancers sont avérés à partir de 100 msV. Par ailleurs, des études épidémiologiques ont été mises

en place par les Japonais, mais des incertitudes demeurent quant à l’exposition de la population japonaise.

«Culture de la collusion»Selon Georges Baumgartner,

journaliste suisse spécialiste du Japon, les données sur la radioac-tivité sont fiables, car elles peuvent être vérifiées par des organismes indépendants. D’après lui, il s’agit plutôt de constater «une culture de la collusion entre les politiciens, les bureaucrates, les opérateurs des centrales, les scientifiques, les médias et les tribunaux». «L’après-Fukushima au Japon restera nu-cléaire, d’autant plus que cette culture de collusion n’est pas re-mise en cause», a précisé Georges Baumgartner.

Courtoisie Flickr Radio Progreso HondurasÀ la suite d’un tremblement de terre de 8,9 sur l’échelle de Richter, la côte est de

l’archipel japonais a été ravagée par un tsunami, le 11 mars dernier.

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CULTURE10 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

E N B R E FE N B R E Fkarine vanasse à hollywoodNouvelle série

américaine

L’actrice Karine Vanasse a de nouveau décroché un

rôle dans une série américaine. «Scruples» a pour personnage principal le designer Billy Winthrop. L’actrice québécoise interprète le rôle de Valentine, une Parisienne qui emménage à New York pour devenir créatrice de renom. Une émission-pilote sera diffusée sur les ondes de la chaîne ABC l’automne pro-chain. Le scénariste s’est basé sur le roman de l’auteure Judith Krantz, publié en 1978. (A.G.)

mois de la poésie

Les femmes à plume

Dans le cadre du Printemps des Poètes, le Studio P pré-

sente une édition spéciale des Femmes à plume: la «Journée internationale de la femme», le 8 mars prochain. Ce spectacle vise à mettre en évidence le talent de femmes qui manient la plume, tant en poésie, en humour, en théâtre, en conte, qu’en chanson. La mise en scène des tableaux est assurée par la comédienne et profes-seure de théâtre Dominique De-blois. (A.G.)

madame de sade Un regard

féminin

La pièce de théâtre Madame de Sade a débuté hier au

Grand Théâtre. Mis en scène par Martine Beaulne, le texte de l’auteur Yukio Mishima raconte l’histoire du marquis de Sade, d’après le point de vue d’une femme. Madame de Sade est présentée jusqu’au 31 mars au Grand Théâtre. (A.G.)

Soirée des jutra

14e cérémonie

La 14e soirée des prix Ju-tra, présentée en direct du

théâtre St-Denis à Montréal, aura lieu ce dimanche. L’ani-mation sera prise en main par Sylvie Moreau et Yves Pelletier. Les gars de Misteur Valaire as-sureront la partie musicale de la soirée. L’émission spéciale «Notre cinéma 2011» sera dif-fusée dès 18h30 sur les ondes d’ARTV, proposant une revue des moments cinématogra-phiques marquants. (C.D.-L.)

Julia [email protected]

Québec — Le Pascale Picard Band signe la trame sonore de la troisième saison de la série télévisée Trauma. Une com-mande spéciale de l’auteure Fabienne Larouche.

«Le mandat était de faire des chansons pour la série. Ce sont des ex-

traits qui viennent ponctuer une scène, dans un moment critique ou touchant de l’épisode.»

En entrevue à L’EXEMPLAIRE avant son spectacle donné au Théâtre Petit Champlain samedi, Pascale Picard a convenu que le processus de création était dif-férent d’un album traditionnel. «Quand j’ai rencontré Fabienne [Larouche], elle ne voulait pas né-cessairement un projet de groupe. Les chansons devaient respecter la même rythmique que les origi-nales, donc on n’aurait pas pu faire une version punk de ‘‘It’s Now or Never’’ d’Elvis Presley!»

La chanteuse tenait toutefois à être entourée de ses musiciens. «Mais c’était clair que Fabienne ne voulait pas de grandes envolées vo-cales ou d’instruments intrusifs», a-t-elle illustré.

Fabienne Larouche s’est ins-pirée de plusieurs chansons afin de ponctuer l’histoire de Trauma. Pascale Picard a toutefois pu négo-

cier certains titres. «Je suis partie avec la liste des chansons. Si je ne trouvais rien de nouveau à y appor-ter, j’essayais d’en trouver d’autres avec une même thématique.» De celles écartées, la chanteuse men-tionne des chansons de Martha Wainwright et Janis Joplin, aux-quelles elle n’osait pas toucher.

«Des fois c’est trop de pression de se dire qu’on va faire une version meilleure que l’originale. La ligne qu’on s’est donnée c’était de se les approprier et de faire comme si c’était les nôtres.»

La meneuse du groupe sou-ligne tout le plaisir qu’ils ont eu à travailler sur le projet. «On a été vraiment libres même si c’était à

l’intérieur d’un cadre assez rigide. D’avoir à répondre à un seul créa-teur, ça enlève toute la pression d’un album normal où l’on pense à nous, mais aussi aux 300 000 personnes qui ont acheté l’album précédent.»

L’artiste de Limoilou concède qu’elle aurait aimé interpréter

quelques titres en français. Elle en a d’ailleurs proposés à Fabienne Larouche, mais cette dernière a ré-pondu que l’expérience avait déjà été faite avec Ariane Moffatt. Cette dernière avait signé la trame so-nore pour les saisons 1 et 2, avec des reprises de R.E.M., Leonard Cohen et des Pixies. «Elle m’a ex-pliqué que ça enlève le focus sur la scène quand on est en mesure de comprendre le texte. Ça surcharge l’information. D’entendre une mé-lodie avec des paroles en anglais, ça permet un détachement.»

Retour aux sourcesL’idée de revisiter des clas-

siques a tout de suite plu à la chan-teuse, qui a commencé sa carrière en faisant des covers dans les bars de Québec, seule avec sa guitare. «Faire des reprises, c’est pouvoir interpréter des textes que j’aurais aimé écrire.»

Le groupe poursuit sa tournée à travers la province au printemps, et attend des confirmations de dates de spectacles pour la saison estivale. La sortie de l’album en France, dont la date n’est pas en-core connue, leur permettra aussi d’y retourner en faire la promotion et d’offrir une deuxième tournée.

Bande sonore

Pascale Picard berce Trauma

Réminiscence

La fin d’un cycleClaudia [email protected]

Québec — La compagnie de création Nuages en pantalon présente la troisième et dernière partie du Projet EAU in-titulée Réminiscence. Elle investira du 6 au 24 mars les planches du Théâtre Périscope de Québec.

«Que reste-t-il après avoir été dépouillé de tout ce qui est

superflu, de ce qui constitue ce que l’on est comme notre per-sonnalité et notre sexe?» Voilà la question que l’équipe de création s’est posée en créant la pièce Ré-miniscence. «Il s’agit d’un spec-tacle politique et métaphorique», a expliqué Laurie-Ève Gagnon, l’une des artistes faisant partie de la troupe.

La présentation de la compa-gnie de création Nuages en panta-lon n’est pas une pièce de théâtre comme les autres. Réminiscence s’adresse à n’importe qui étant ouvert d’esprit et ayant envie d’embarquer dans une proposition un peu déconcertante. Ce n’est pas un type de théâtre habituel. Il n’y a pas de début, de milieu ou de fin. Il y a beaucoup de danse et d’images, c’est une expérience

de sensations. Les personnes ai-mant la danse contemporaine et celles ayant envie de s’évader dans quelque chose de plus poé-tique vont apprécier le spectacle», a précisé Laurie-Ève Gagnon, diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2006.

«Des hommes et des femmes font l’inventaire de leur existence. Ils se remémorent ce qu’a été leur vie, a-t-elle résumé. Ensuite, il y a la perte d’un être cher qui nous fait basculer dans une descente au fond de nous-mêmes. À travers cette chute, il y aura un dépouille-ment de ce qu’ils ont été pour re-tourner au point zéro.»

Dès le départ, Nuages en pan-talon et le cerveau derrière Rémi-niscence, Jean-Philippe Joubert, ont voulu impliquer les artistes dans le processus de création. «Nous nous sommes faits ques-

tionner par le metteur en scène au sujet de notre rapport avec l’eau, puis nous répondions par des im-provisations. Jean Philippe [Jou-bert] nous disait dès le début qu’il voulait travailler sur le thème de l’eau et notre relation personnelle avec cet élément», a-t-elle imagé. L’eau est très présente dans le dé-roulement de Réminiscence. Un bassin sera posé au milieu de la scène afin de mieux illustrer le message des artistes.

Questionnée à propos des difficultés rencontrées lors du processus de création, Mme Ga-gnon a avoué que l’absence de fil conducteur avait rendu quelques artisans perplexes. «Nous avons travaillé à lier tous les éléments afin que les spectateurs nous sui-vent jusqu’à la fin, sans qu’il y ait de véritable histoire. Le défi était de trouver des moyens nécessaires à la compréhension et l’intérêt du public en évitant de retomber dans une forme de théâtre plus conven-tionnelle», a-t-elle expliqué.

Réminiscence est le troisième volet d’une série de trois spec-tacles présentés par Nuages en pantalon. Le premier, intitulé «Le

Chant de la mer», plonge le spec-tateur dans l’enfance. «Le spec-tacle mise sur les mouvements, les sensations, les images et on ne retrouve pas beaucoup de paroles, de la même manière que dans les autres chapitres du Projet EAU», a spécifié Laurie-Ève Gagnon.

La deuxième partie, «L’Ivresse des profondeurs», aborde le thème de l’adolescence avec trois filles et un garçon plongeant dans les pro-fondeurs de l’océan. «C’est une espèce de chaos où les relations s’entrechoquent. Il y a un triangle amoureux faisant éclater le groupe. Ils doivent donc retrouver la cohé-sion entre eux. Il y a aussi un volet plus écologique dans ce spectacle alors que nous abordons l’impor-tance de l’eau, de son gaspillage et de l’impuissance que l’on res-sent face à ce problème», a-t-elle conclu.

Réminiscence, le troisième fragment du Projet EAU, se veut une conclusion au cycle. Il le fait en se remémorant le passé et en retournant au point de départ de la vie, tout en explorant la rela-tion que l’humain entretient avec l’eau.

Photo Julia Stewart-PageLe Pascale Picard Band entend poursuivre sa tournée du Québec au printemps.

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CULTURE 11L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

Satir Productions 2012

C’est dans la boîte! Daniel Fré[email protected]

Québec — Satir Productions lançait sa saison 2012 avec le Showcase Booking, mercredi soir dernier au Cercle. Un évé-nement qui illustre qu’une boîte de production de groupes émergents peut évoluer et réussir à Québec.

Juno, Bright Stones, Monia&Fil, Guillaume Gagnon, Unwanted. Cinq artistes et formations dif-

férentes étaient réunies le 29 février dernier sur la scène du Cercle. Cinq artistes, qui ont tous signé chez Satir Productions. Cette jeune entreprise, créée en 2009, œuvre dans la pro-motion musicale de talents émer-gents de Québec.

«Au début, j’ai créé Satir Pro-ductions pour propulser un de mes bands», a expliqué Hugo Aubin-Na-deau, fondateur, directeur artistique de l’entreprise, et lui-même batteur de la formation pop-rock Haute Tension. Celui-ci déplorait que les initiatives culturelles peinent à être reconnues. C’est pourquoi il a eu l’idée de créer sa propre boîte de production. «Je voulais montrer que ça peut se faire en région, à Belle-chasse, d’où je suis originaire, par exemple.»

Lancer sa boîte de production ne se fait pas du jour au lendemain, comme en témoigne M. Aubin-Na-deau. «Il faut mettre beaucoup de

temps et de passion et surtout, ne pas penser à l’argent.» Une boîte de production agit dans le placement des artistes, dans les relations avec les médias, la gestion et la planifica-tion d’événements. Un sérieux coup de pouce pour des jeunes artistes. Ils sont d’ailleurs nombreux à vouloir signer. Dans sa sélection, M. Au-bin-Nadeau met en avant un critère déterminant. «On ne s’attend à rien des groupes, sauf qu’ils soient aussi passionnés que nous.»

Effet boule de neigeIl existe de nombreuses mai-

sons de disque et de production indépendantes dans la province. Depuis les années 1980, ces entre-prises mettent l’accent sur l’aspect local dans leur diffusion.

Selon Gourmet Délice, direc-teur au développement internatio-nal, management et publishing chez Bonsound, «l’évolution d’une boîte vient naturellement». M. Délice explique que l’on peut observer un effet boule de neige, et qu’avec les années, la boîte de production gros-

sit par nécessité. «Au début, on était que trois associés et maintenant, on a en plus de ça 11 employés à temps plein», a-t-il indiqué.

Néanmoins, le domaine de la diffusion musicale est complexe, et il faut savoir anticiper, s’adapter, comme l’explique Jean Lamothe, directeur de Tacca Musique. «Sou-vent, la compréhension du milieu est difficile, il faut comprendre le système de chacun des médias.» Se-lon le producteur, «pour que la boîte puisse évoluer, il faut compter sur la radio. Aujourd’hui, tu peux réussir sans radio, mais ça va être dur».

Des défis auxquels doivent faire face des entreprises encore jeunes. Satir Productions reste une petite boîte de production comparée aux grandes maisons de disque de Québec comme Bonsound ou en-core Audiogram. Difficile de faire le poids, comme l’explique Hugo Au-bin-Nadeau. «C’est surtout lorsque l’artiste devient trop gros, quand sa carrière prend une tournure un peu plus nationale, que c’est difficile à gérer.» Pour sa part, Jean Lamothe, directeur de Tacca Musique, estime «qu’il y a de la place autant pour les grandes que les petites boîtes de pro-duction». L’important, c’est qu’il y ait une boîte accessible pour tous les talents.

Catherine [email protected]

Québec — La formation Southern Cross, originaire de Qué-bec, change son fusil d’épaule en lançant un troisième al-bum à saveur métal progressif. Une évolution musicale qui ne se fait pas sans quelques embuches.

Southern Cross

Sous une nouvelle étoile

Le groupe, formé en 2001 par David Lizotte et Jean-Fran-çois Boudreault, était connu

de ses fans pour son style power qui caractérise les deux premiers opus Rise Above (2006) et Down Below (2009). «Sur le deuxième album, il y avait déjà des couleurs plus pro-gressives. On a pris une certaine distance avec nos racines, ce qui a rendu notre musique plus acces-sible, a souligné Olivier Perrier-Maurel, guitariste. Même quelqu’un qui ne connait pas la musique métal peut trouver quelque chose qui lui plaît dans ce qu’on fait.»

Lors du lancement de l’album au Cercle sur St-Joseph, plus d’une centaine de personnes se sont dépla-cées pour entendre le nouveau son de Southern Cross. À la composi-tion, David Lizotte, chanteur et gui-tariste, avoue avoir reçu plus d’aide

de la part des autres membres. «Les premiers albums, c’était un travail beaucoup plus en solo. Pour From Tragedy, Jean Benoit [Lemire] arri-vait avec un riff au piano et ça évo-luait facilement en une chanson de 10 minutes.»

Pour le troisième album, ils ont également bénéficié de l’arri-vée d’Antoine Guertin à la batterie. «Il s’est joint à nous en 2009, juste après la sortie de Down Below. Il a fait rouler l’album en spectacle, mais il a ensuite vraiment contri-bué à la composition de From Tragedy, a fait remarquer Olivier Perrier-Maurel.

«‘‘Guert’’, c’est un vrai fan de Porcupine Tree. Ses influences ont apporté des progressions un peu plus spéciales dans notre musique. On a inséré des effets électroniques

en plus d’amener plus de change-ments dans une même chanson», a-t-il enchaîné pour décrire l’évolu-tion de Southern Cross.

Jean Benoit Lemire, aux cla-viers, poursuit en mentionnant les influences folks qui sont venues teinter leur produit. «On a inséré de la guitare sèche dans plusieurs de nos compositions en plus de mettre des orchestrations au pre-mier plan.» «On l’a fait pour une raison artistique, parce que ça sor-tait de même au moment de créer», a précisé David Lizotte.

Dure réalitéLa scène musicale québécoise

ne semble toutefois pas une terre d’accueil idéale pour les groupes de métal progressif. «On n’est pas dedans du tout; on est totalement à côté de la track», a lancé le guita-riste principal.

Pour eux, il est difficile de se greffer aux autres formations mé-tal en raison de leur style particu-lier. «Au Québec, il y a une grosse scène de power metal et de death

metal. On arrive avec un créneau vraiment différent avec le progres-sif. Donc, on est comme à cheval entre deux styles. On pourrait col-ler partout et en même temps on colle nulle part», s’accordent-ils tous à dire.

« Il y a un public pour le mé-tal progressif au Québec, mais l’idée avec les trippeux, c’est qu’ils aiment souvent un style pré-cis. Ça devient donc difficile de faire rouler un album», a reconnu Antoine Guertin en entrevue à L’EXEMPLAIRE.

«Ça serait intéressant de se produire hors Québec. On a vendu 1500-2000 copies en Eu-rope sans jamais avoir joué là-bas. Le but serait de se greffer à un groupe connu et de s’assurer suffisamment de dates pour évi-ter que ça soit un coup de dés, a abondé Lizotte. De là, on serait en mesure de se bâtir une carrière internationale.»

En attendant, les garçons tra-vaillent pour faire la diffusion In-ternet de From Tragedy, un album mature qui gagne à être connu.

Photo Catherine Desroches-LapointeIl y a un public pour le métal progressif au Québec.

Les danseuses au poteau est un ensemble d’une ving-taine de tableaux. Cette

série met en évidence la femme, à la fois «en tant que sujet et ob-jet de désir, mais également en tant que sujet de son devenir», a expliqué son initiateur Yan-nick Cadoret, étudiant finissant au baccalauréat en arts visuels et médiatiques. L’exposition est composée de dessins figuratifs présentant des formes féminines «au poteau» et des vidéos diffu-sées simultanément et en boucle sur trois murs. Pour compléter le tableau, une musique d’ambiance techno et des voix de femmes déclamant de la poésie sont diffusées.

À travers Les danseuses au poteau, M. Cadoret affirme vou-loir créer un «effet psychédélique d’imagerie féminine» chez les visiteurs. À l’égard de ceux qui ne supportent pas les sensations fortes, une affiche à l’entrée de la salle les avertit: «Attention, cette expérience peut provoquer des

sourcillements. Esprits fermés, s’abstenir!». À l’intérieur, c’est un parcours sans balises, tous azimuts, hétéroclite, prévu pour déstabiliser le spectateur. Des icônes de Madonna ou de Lolo Ferrari en passant par des formes plus abstraites. «La lecture n’est pas toujours facile», a reconnu l’artiste.

«C’est un projet expérimen-tal, il a été conçu en atelier durant la session précédente», a pour-suivi M. Cadoret, qui situe l’ori-ginalité de son œuvre dans les matériaux utilisés. «Les dessins sont faits en ruban adhésif. Pour la plupart, il n’y a pas de crayon. C’est une technique inusitée que j’ai développée.» Yannick Cado-ret a intégré au projet la poésie de Nicholas Giguère, doctorant en lettres, même si celui-ci se défend d’être co-promoteur de l’exposi-tion. «C’est vraiment Yannick qui a initié le projet», a-t-il souligné.

L’exposition est présentée jusqu’au 9 mars prochain.

Exposition Les danseuses au poteau

Provocante!Djilikoun Cyriaque Somé[email protected]

Cité universitaire — Yannick Cadoret présente Les dan-seuses au poteau à la salle d’exposition du pavillon Al-phonse-Desjardins de l’Université Laval. Une œuvre d’art provocante aux dimensions multi-sensorielles.

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SPORTS12 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 7 MARS 2012

E N B R E Fvolleyball du

rouge & orDeuxième du championnat

L’équipe masculine de vol-leyball du Rouge et Or a

perdu 3 à 1 aux mains des Spar-tans de Trinity Western, en fi-nale du Championnat du Sport interuniversitaire canadien (SIC) de volleyball, dimanche dernier, à Kingston. C’est une deuxième victoire consécutive pour ces derniers, qui avaient aussi remporté le titre l’an dernier. Les Lavallois Karl De Grandpré et Justin Boudreault ont par ailleurs été sélection-nés pour l’équipe d’étoiles du championnat. (M.-A.P.)

basketball du r&oDéfaite

crève-cœur

L’équipe masculine de bas-ketball du Rouge et Or a

perdu 66-65 en demi-finale contre les champions en titre, les Stingers de Concordia. Les Lavallois ont créé la surprise en prenant les devants au troi-sième quart, mais les Stongers sont revenus de l’arrière à deux secondes de la fin, avec un lan-cer franc. (C.L.)

dubreuilChampion du monde

Laurent Dubreuil, de Lévis, est devenu le premier pa-

tineur de vitesse longue piste québécois à mettre la main sur le titre de champion du monde junior. Il est revenu cette se-maine d’Obihiro, au Japon, où sa victoire au 500 m lui a per-mis d’obtenir le titre qui avait même échappé à Gaétan Bou-cher. Le patineur, qui en était à sa dernière compétition chez les juniors, n’a cependant pas été en mesure de répéter son exploit lors de l’épreuve de 1000 m, alors qu’il a terminé au 4e rang. (F.-O.R.)

ski de fondHarvey 44e

Le fondeur québécois Alex Harvey a terminé au 44e

rang au sprint style classique de la Coupe du monde de ski de fond, qui se tenait dimanche dernier, à Lahti, en Finlande. C’est une contre-performance pour le jeune athlète de 23 ans, qui avait pourtant rem-porté la médaille de bronze la veille, à l’épreuve de skiathlon. (M.-A.P.)

Catherine [email protected]

Québec — Alors qu’onze Québécois se préparent pour le Championnat mondial de raquettes qui se tiendra le 11 mars à la Forêt Montmorency, le président de Raquette Québec, Daniel Des Rosiers, assure que le sport connaît une popula-rité exponentielle au Québec et sur la scène internationale.

Course en raquettes

Une discipline en plein essor

«Lors de la première course, il y a eu 26 participants. Depuis

deux ans, il y a quatre courses qualificatives pour les Cham-pionnats québécois et entre 300 et 400 participants», a affirmé M. Des Rosiers.

Le champion du monde, le Québécois David Le Porho, ex-plique que la popularité de ce sport augmente d’années en années. «Il y a de plus en plus de compétitions au

niveau international. Il y en a beau-coup en Europe. Aux États-Unis, 20 États organisent des courses qua-lificatives, et il y a aussi quelques courses au Japon.»

Pallier un manque d’organisation

Au Québec, la première course en raquettes s’est tenue à Val-Bé-lair, il y a trois ans. L’organisateur, Daniel Des Rosiers, a alors consta-té qu’il y avait une forte demande pour ce type de compétition, mais

qu’il manquait d’infrastructures. Les organisateurs ne savaient pas comment préparer une course et comment les parcours devaient être conçus.

«On a décidé de fonder une as-sociation de course en raquettes, en attendant qu’il y ait une fédération, pour aider les organisateurs à mettre en place des structures et des para-mètres pour les courses», explique-t-il. C’est ainsi qu’est née Raquette Québec, dont il est le président.

Par contre, il n’existe pas encore de fédération de raquettes ni au Québec, ni au Canada. La création d’une telle organisation demande du person-nel et des locaux, donc globalement beaucoup d’argent. «Pour l’ins-tant, on préfère garder l’argent et la donner di-rectement aux athlètes pour leurs compétitions», a justifié Daniel Des Rosiers.

Pour le président de Raquette Québec, il serait préférable de s’as-socier à une fédération existante afin d’économiser.

Visée olympique«C’est clair qu’un des buts est

de se rendre aux Jeux Olympiques. Mais pour que le Comité inter-national olympique considère un nouveau sport, il faut au moins 20 fédérations de ce sport au niveau international», explique Daniel Des Rosiers. Présentement, il y a 11 fédérations.

David Le Porho précise cet objectif. «On voudrait être reconnu comme sport olympique pour les Jeux d’hiver de 2018. De plus, re-connaître la raquette permettrait de reconnaître le pentathlon.»

Le pentathlon est une compé-tition qui se compose de cinq dis-ciplines: vélo, ski de fond, course, patinage et raquette.«Pour y arriver, il faut avoir de la crédibilité, être bien organisé et structuré», rajoute Le Porho.

Manque de com-mandites

Raquette Québec peine à attirer les com-manditaires puisque le sport est encore méconnu. «On a des commandites limités parce les compagnies ne voient pas les re-tombées économiques et ne croient pas à la philanthropie.»

Un des seuls commanditaires du Championnat mondial de ra-quettes est l’Université Laval, puisque l’institution gère le terri-toire de la Forêt Montmorency, où a lieu la compétition.

Pour David Le Porho, il est plus facile d’obtenir des comman-ditaires. «Puisque je fais des com-pétitions de course à pied et des courses en forêt l’été, je suis déjà commandité. Pour les compagnies, le fait que je participe à des com-pétitions de raquettes est un avan-tage car la période de visibilité est plus longue.»

Les Remparts de Québec

Victoire chaudement gagnéeMarc-Antoine [email protected]

Québec — Les Remparts ont vaincu le Screaming Eagles du Cape Breton par la marque de 4 à 2 dans un match chau-dement disputé dimanche au Colisée Pepsi. L’entraîneur et les joueurs de Québec se sont entendus pour dire que ce fut une partie plus difficile que prévu.

Malgré la victoire, l’entraî-neur-chef de l’équipe, Patrick Roy, ne s’atten-

dait pas à un match aussi serré face aux Screaming Eagles, positionnés avant-derniers au classement géné-ral de la LHJMQ. «Ils ont joué tout un match. On n’a pas vu la même équipe que la dernière fois», a-t-il souligné, en conférence de presse. En effet, les Remparts les avaient écrasés 7 à 1 en décembre dernier au Cap-Breton.

Le défenseur des Diables rouges, Martin Lefebvre, a avoué lui aussi avoir été surpris par la performance adverse. «On ne s’at-tendait pas à un match aussi serrée. Il faut leur donner le crédit. Ils ont joué une grosse game. L’impor-tant, c’est qu’on a les deux points.» C’est le premier trio des Remparts qui a fait la différence dans cette partie. Auteurs d’un but chacun, Anthony Duclair, Mikhail Grigo-renko et Frédérick Roy ont offert

toute une performance aux 15 000 spectateurs présents.

Roy, fils de l’ancien cerbère du Canadien de Montréal, a van-té les mérites de ses coéquipiers. «C’est des joueurs exceptionnels. Ils me rendent la tâche facile. J’ai juste à travailler fort puis à créer de la place sur la glace», a-t-il té-moigné.

La saison s’achèveIl ne reste que cinq rencontres

au calendrier des Remparts avant le début des séries éliminatoires. Martin Lefebvre voit l’arrivée des séries comme une motivation sup-plémentaire. «On a tous hâte de jouer les derniers matchs et puis d’arriver dans les séries. On veut

être prêts, c’est pourquoi les der-nières parties sont aussi impor-tantes», a-t-il affirmé.

D’après Lefebvre, pour les sé-ries, les Remparts souhaitent être encore plus intenses. «Il faudra mettre de la pression devant le filet, gagner nos batailles, c’est ça la clé en séries», a-t-il ajouté.

À l’inverse de son coéquipier, Vincent Barnard ne croit pas qu’il faut déjà penser aux éliminatoires; la fin de saison est sa priorité. «Il faut rester concentrés sur nos cinq dernières parties. On souhaite fi-nir la saison sur une bonne note. Ensuite, on se préparera pour les séries», a-t-il fait part après la ren-contre.

Courtoisie Frédérick Meunier Le champion du monde, le Québécois David Le Porho, a commencé

les courses de raquettes il y a trois ans.

«C’est clair qu’un des

buts est de se rendre aux Jeux

Olympiques»