L'examen des affections traumatiques du genou

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1 . Ann. Kinésithér., 1984, t. 11, 6, pp. 271-278 © Masson, Paris, 1984 L'examen des affections traumatiques du genou Les « trucs » et les « pièges » M. Michaux CONDUITE A TENIR DEVANT Chirurgien, Service d'orthopédie, Clinique « Reine-Fabiola », Montignies-sur-Sambre (Belgique). L'examen du genou Cet exposé n'aura pas pour but de vous faire poser un diagnostic mais il devrait vous permet- tre de mieux comprendre la lésion que l'on vous demande de traiter et d'en suivre l'évolution ainsi que le résultat de votre traitement. COMMENT EXAMINER UN GENOU? Lorsque le patient se présente à la consulta- tion, il faut d'abord examiner le genou en position debout. On verra ainsi s'il existe un genu valgum, un genu varum, un flexum du genou - c'est-à-dire que le patient ne peut pas l'étendre -ou, inversement, le patient dépassant la rectitude, un recurvatum. Patient couché sur la table d'examen Son aspect: y a-t-il atrophie du quadriceps? y a-t-il gonflement de l'articulation par hydar- throse ou par hémarthrose, cette dernière signant un accident aigu? La différence entre les deux ne pouvant être faite que par ponction intra-articulaire. Pour mettre en évidence la présence de liquide intra-articulaire, on rassem- blera le liquide se trouvant dans le cul-de-sac, de façon à l'amener sous la rotule et on recherchera alors le choc rotulien. Tirés à part: M. MICHAUX, à l'adresse ci-dessus. Genou toujours en extension, patient relâché, on déplacera la rotule vers le haut, vers le bas et latéralement, ce qui mettra en évidence le signe du rabot, c'est-à-dire un accrochage du cartilage rotulien sur le cartilage fémoral, traduisant une chondromalacie rétrorotulienne. S'il y a flexum, on verra s'il est réductible, en essayant d'étendre le genou et, s'il ne l'est pas, on pourra mesurer son angulation. De la même façon, en levant la pointe du pied, on pourra voir s'il y a recurvatum et le mesurer. On regardera alors l'axe du système extenseu'r. Normalement, l'axe du quadriceps et l'axe du tendon rotulien se rejoignent au milieù de la rotule et une angulation, ouverte vers le dehors, de 10°, est acceptable. Dans les cas de subluxation rotulienne, le doigt remontera la crête tibiale, pour arriver exactement au niveau de la tubérosité tibiale et on verra que celle-ci est déportée très fort vers le dehors, donnant un angle quadriceps-tendon rotulien supérieur à 10°. Cela traduit une subluxation rotulienne avec signe du rabot, comme dit plus haut. S'il n'y a pas de désaxation du système extenseur et cependant un signe du rabot net, il faut songer davantage à une hyperpression externe de la rotule. Genou plié à 30° : malade relâché, on empaum.era le pied, on mettra la main en contre-appui en externe pour juger du valgus et à la face interne du genou pour tester le varus. Si, soit le valgus, soit le varus est anormal, cela traduit une laxité du ligament latéral interne ou

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Ann. Kinésithér., 1984, t. 11, n° 6, pp. 271-278© Masson, Paris, 1984

L'examen des affectionstraumatiques du genou

Les « trucs » et les « pièges »

M. Michaux

CONDUITE A TENIR DEVANT

Chirurgien, Service d'orthopédie, Clinique « Reine-Fabiola », Montignies-sur-Sambre (Belgique).

L'examen du genou

Cet exposé n'aura pas pour but de vous faireposer un diagnostic mais il devrait vous permet­tre de mieux comprendre la lésion que l'on vousdemande de traiter et d'en suivre l'évolutionainsi que le résultat de votre traitement.

COMMENT EXAMINER UN GENOU?

Lorsque le patient se présente à la consulta­tion, il faut d'abord examiner le genou enposition debout. On verra ainsi s'il existe ungenu valgum, un genu varum, un flexum dugenou - c'est-à-dire que le patient ne peut pasl'étendre -ou, inversement, le patient dépassantla rectitude, un recurvatum.

Patient couché sur la table d'examen

Son aspect: y a-t-il atrophie du quadriceps?y a-t-il gonflement de l'articulation par hydar­throse ou par hémarthrose, cette dernièresignant un accident aigu? La différence entreles deux ne pouvant être faite que par ponctionintra-articulaire. Pour mettre en évidence laprésence de liquide intra-articulaire, on rassem­blera le liquide se trouvant dans le cul-de-sac,de façon à l'amener sous la rotule et onrecherchera alors le choc rotulien.

Tirés à part: M. MICHAUX, à l'adresse ci-dessus.

Genou toujours en extension, patient relâché,on déplacera la rotule vers le haut, vers le baset latéralement, ce qui mettra en évidence lesigne du rabot, c'est-à-dire un accrochage ducartilage rotulien sur le cartilage fémoral,traduisant une chondromalacie rétrorotulienne.

S'il y a flexum, on verra s'il est réductible,en essayant d'étendre le genou et, s'il ne l'estpas, on pourra mesurer son angulation. De lamême façon, en levant la pointe du pied, onpourra voir s'il y a recurvatum et le mesurer.

On regardera alors l'axe du système extenseu'r.Normalement, l'axe du quadriceps et l'axe dutendon rotulien se rejoignent au milieù de larotule et une angulation, ouverte vers le dehors,de 5 à 10°, est acceptable. Dans les cas desubluxation rotulienne, le doigt remontera lacrête tibiale, pour arriver exactement au niveaude la tubérosité tibiale et on verra que celle-ciest déportée très fort vers le dehors, donnantun angle quadriceps-tendon rotulien supérieurà 10°. Cela traduit une subluxation rotulienneavec signe du rabot, comme dit plus haut. S'iln'y a pas de désaxation du système extenseuret cependant un signe du rabot net, il faut songerdavantage à une hyperpression externe de larotule.

Genou plié à 30° : malade relâché, onempaum.era le pied, on mettra la main encontre-appui en externe pour juger du valgus età la face interne du genou pour tester le varus.Si, soit le valgus, soit le varus est anormal, celatraduit une laxité du ligament latéral interne ou

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du ligament latéral externe. Comme ces laxitéssont rarement isolées, mais souvent associées àune laxité ou à une déchirure du ligament croiséantérieur, on refera la même manœuvre mettantla main gauche à la face externe du genou,empoignant de la main droite le pied, mais, cettefois, en le tournant en rotation externe, et si leligament latéral interne et le ligament croisé sontlésés, on aura une laxité en valgus-flexion­rotation externe.

Inversement, en empaumant le pied et letournant en rotation interne, en faisant contre­appui à la face interne du genou, on testera leligament latéral externe et le ligament croiséantérieur et, en cas cle laxité, on aura une laxitéen varus-flexion-rotatÏon interne.

Genou plié à 60° : on tirera le tibia en avantpour tester le ligament croisé antérieur et ce serale tiroir antérieur ou alors on poussera le tiroirvers l'arrière et ce sera un tiroir postérieur,traduisant une déchirure du croisé postérieur.

A nouveau, ici également, le croisé antérieurest rarement lésé et souvent associé, soit à uneélongation du système ligamentaire interne, cequi est le plus fréquent, ou, plus rarement, à unelaxité des formations ligament aires externes et,au lieu de tirer le tibia droit devant pour faireapparaître le tiroir direct, on tirera le tibia piedtourné vers le dedans et ce sera le tiroir rotatoireinterne. (lésion ligament croisé + formationligamentaire externe) puis on tirera le tibia piedtourné vers le dehors, ce sera le tiroir rotatoireexterne (croisé extérieur + formation ligamen­taire interne).

Genou plié à 90° : palper les insertionssupérieures du ligament latéral interne et duligament latéral externe, au niveau du condyleet de la face interne du tibia. Palper, de la mêmefaçon, les insertions ligamentaires externes au'condyle externe et à la tête du péroné. Toutedouleur à ce niveau traduira une entorse de celigament, soit à son attache supérieure, soit àson attache inférieure, puis on palpera l'inter­ligne interne et l'interligne externe de façon àéventuellement mettre en évidence une douleurméniscale.

On verra et on notera la flexion maximum.

On palpera, en mettant la main sur la rotulelors de l'extension contrariée de la jambe enpoussant sur le tibia où la flexion contrariée dela jambe en mettant la main derrière le tibia,on palpera donc également l'accrochagerotulien.

Remarques importantes: tout élément positifqui serait révélé par cet examen, pour être admis« anormal », doit être comparé au genounormal. Par exemple, si on trouve une laxité duligament latéral interne, si on trouve un recurva­tum du genou, dont le patient se plaint, avantd'affirmer qu'il est anormal, il faut le comparerà l'autre genou réputé normal.

La méniscectomie

Nous avons l'habitude de placer 5 jours deplâtre afin d'éviter que l'articulation opérée nesaigne trop. Sous plâtre, les contractions stati­ques du quadriceps et l'élévation jambe tendueseront réalisées.

Après enlèvement du plâtre, les 5 premièresséances seront très progressives.

- Physiothérapie: excitomoteur du quadri­ceps, diadynamiques si douleurs et applicationde glace. A ce sujet, notons que l'applicationrépétée est meilleure que l'application prolongée.

- On travai~lera d'abord l'amplitude arti­culaire : assouplissement en flexion et enextension.

- Ensuite, on tonifiera la cuisse : tonificationisométrique du quadriceps qui aura pour butd'éviter d'éventuels conflits femoro-patellaires.Tonification dynamique des ischio-jambiers etici signalons que la tonification excentrique nousa paru donner plus rapidement la récupérationde la force musculaire que la tonificationconcentrique.

- Vélo-ergométrique avec peu de résistanceau début poUr récupérer la mobilité articulaire,puis on augmentera cette résistance pourmuscler.

- On s'attaquera alors à la musculationdynamique du quadriceps.

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- Puis, selon le gonflement de l'articulation,on réalisera la rééducation fonctionnelle proprio­ceptive et le ré-entraînement à l'effort.

Remarques : il est utile de savoir que laméniscectomie externe laissera derrière elle unehydarthrose beaucoup plus longue que la ménis­cectomie interne.

Il est certain que le passage d'une étape àl'autre dans le schéma ci-dessus varie d'unepersonne à l'autre, de son âge et de samotivation.

D'une façon générale, la rééducation aprèsméniscectomie n'offre guère de problèmes, sauf:qu'il faudra freiner les jeunes sportifs. Qu'il fautsavoir qu'un ménisqu~ ne se déchire jamais sansaccident. S'il vous arrivait de devoir rééduquerune méniscectomie où le patient déclare avoirprésenté une déchirure méniscale spontanée etque cette méniscectomie a des suites peufavorables, songez qu'il existe peut-être un genuvarum qui a usé le ménisque interne et qu'ilaurait sans doute fallu corriger par ostéotomiede valgisation en même temps que laméniscectomie.

Une méniscectomie dont les suites ne sont pasfavorables doit également faire songer à unproblème rotulien : en effet, si la subluxationrotulienne favorise la déchirure du ménisqueinterne par rotation externe exagérée du tibiasur le fémur, le fait d'enlever ce ménisque, freinde cette rotation externe exagérée, va surchargerdavantage la rotule et peut faire décompenserune pathologie fémoro-patellaire qui jusque-làévoluait à bas bruit.

Les affections rotuliennes

LA RÉSECTION D'AILERON EXTERNE

Postopératoire : quelques jours de plâtre.Rééducation assez rapide, en tout cas plus

rapide qu'après méniscectomie. Bien sûr, il fauttoujours avoir à l'esprit que la rotule souffre maisthéoriquement, lorsqu'on réalise une résectiond'aileron externe pour hyperpression externe dela rotule, il s'agit toujours de patients jeunes sanslésion d'arthrose, tout au plus une chondromala­cie œdémateuse.

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De toute façon, la rééducation ne peut enaucun cas faire mal.

L'EMSLIE

Choix de la technique1. Simple transposition-soulèvement si l'ar­throse est modérée.2. Transposition avec interposition d'un greffonosseux selon la techni'que de Maquet si l'arthroseest sévère..

Postopératoire : il est classique de placer 4à 5 semaines de plâtre, période pendant laquelleil ne faut pas abandonner le patient : contrac­tions statiques de façon à mobiliser la rotule,élévation jambe tendue.

Suppression du plâtre : il faudra rééduquerlentement et prudemment. Il faut savoir en effetqu'à la sortie du plâtre, la mobilité sera réduiteet il y aura une atrophie du quadriceps.

D'autre part, il y a presque toujours une passedouloureuse au cours de la flexion correspon­dant à l'accrochage rotulien. Enfin, une douleurapparaissant au niveau de la tubérosité tibialeen cours de rééducation signe des tiraillementssur la baguette osseuse transposée, ne présenteaucun danger, signale simplement qu'il faut sartsdoute diminuer les efforts de sollicitation de cettebaguette.

Physiothérapie : glace, excito du"quadriceps,diadynamique si douleurs, ultrasons si gonfle­ment, jobst pour améliorer la circulation dumembre opéré.

Contractions statiques du quadriceps et mobi­lisation manuelle de la rotule tant dans le senslatéral que dans le sens haut-bas.

Hydrothérapie : Whirpool, Evian, massagessous eau.

Récupérer l'extension de façon active aidéd'un ressort et d'un poids.

S'attaquer alors à la récupération de la flexionet à ce sujet, il nous est apparu que cetterécupération, en réalisant une manœuvre detiroir antérieur du tibia, donnait de bonsrésultats quant à la douleur, et ce en diminuantla force -de placage de la rotule.

Musculation isométrique du quadriceps enauto-passif dans les derniers degrés d'extension.

Musculation des ischio-jambiers.

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Travail en souplesse sur le vélo ergométrique.Intensifier alors la rééducation mais tout en

restant sous le seuil de la douleur fémoro­

p<l;tellaire.

Deux remarques : il faut savoir qu'il vautmieux mettre de la glace souvent que longtemps.Il faut recommander au patient d'éviter la miseà genoux étant donné la présence de la ou desVIS.

C'est en définitive une rééducation où il fautencourager le patient car l'atténuation de ladouleur est lente, les craquements fémoro­patellaires les inquiètent et ce n'est que le tempsqui les fera diminue{, voire disparaître.

Entorses fraîches

ENTORSE BÉNIGNE

Symptômes : douleurs extrêmement vives àl'une des insertions ligament aires, flexum dugenou qui est en réalité une position antalgique,pas d'hydarthrose, pas de laxité latérale.

Traitement physio et kiné :

Éventuellement taping permettant un traite­ment physiothérapique en prenant soin de bienisoler la peau. Les différentes techniques detaping sont bien décrites dans le livre deVandenbrœcke.

Glace, dia, ultrasons, radar ou diatron. Cedernier est moins douloureux que le radar, maismoins efficace.

Hydrothérapie : mobilisation douce dans lesamplitudes indolores.

Mécanothérapie: musculation isométrique duquadriceps, élévation jambe tendue avec ressort.

On ne saurait assez insister sur la récupération'de l'extension. En effet, les ligaments sont tendusen extension, relâchés en flexion; par consé­quent, le flexum est antalgique mais si l'on yprend garde, la cicatrisation du ligament va sefaire dans cette position et il sera alors extrême­ment difficile de le récupérer.

Musculation dynamique du quadriceps et desischio-jambiers.

Rééducation proprioceptive sur planche deFreeman, ce qui permet de solliciter progressive­ment le ligament traumatisé et d'améliorer larapidité de la réponse motrice afin de prévenirune récidive éventuelle.

Réentraînement à l'effort.

Remarques: si l'on dispose d'une piscine, letravail avec palmes est extrêmement bénéfiquedans ce genre d'affection.

ENTORSE MODÉRÉE

Symptômes : douleurs à l'une des insertionsligament aires flexum antalgique, légère hydar­throse ou hémarthrose, pas de laxité en exten­sion, légère laxité en flexion.

Reste le problème de la douleur méniscale.Le ménisque s'attachant au ligament, dès quece ligament est douloureux, le ménisque estdouloureux. Comment savoir si oui ou non leménisque est déchiré? Disons tout de suite quela présence de liquide dans l'articulation est unélément qui plaide pour une souffrance ménis­cale. Mais le moyen certainement le plus facileest de traiter l'entorse et lorsque les do~leursligamentaires sont disparues de voir s'il reste unedouleur au niveau de l'interligne méniscal, cequi, avec une persistance d'hydarthrose, plaidepour une lésion méniscale. surajoutée.

Traitement.: les entorses modérées doiventêtre plâtrées en extension et si celle-ci n'est pasobtenue par repos, application de glace etposture, il faut éventuellement endormir lepatient pour pouvoir réaliser ce plâtre enextension.

A l'enlèvement du plâtre, le même schéma derééducation que ci-dessus sera rélisé mais sansdoute de façon plus lente.

Remarques : les entorses moyennes nontraitées correctement vont donner une cicatrisa­tion de l'insertion ligamentaire avec calcifica­tions que l'on verra apparaître trois à quatremois après l'accident.

Il ne s'agit pas d'une fracture mais d'unPellegrini-Stieda.

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ENTORSE GRAVE

Traitement

Ces entorses relèvent toujours de la chirurgieavec suture des différents ligaments lésés.

En ce qui concerne le problème méniscal, sicelui-ci est désinséré au niveau de son insertioncapsulo-ligamentaire, il est classique à l'heureactuelle de le suturer et non plus de l'enlevercomme c'était le cas précédemment.

L'intervention sera toujours suivie de troissemaines de plâtre en flexion pour détendre leligament et permettre sa cicatrication et de troissemaines de plâtre d'extension sera réalisé.

Rééducation

Celle-ci s'appparente fort à celle des ligamen­toplasties que nous allons traiter ci-dessus;rappelons cependant qu'il faut récupérer l'exten­sion et que d'autre par si l'on bute pendant uncertain temps sur des adhérences, c'est-à-dire sil'on ne gagne plus en mobilité, il faut renvoyerle patient au chirurgien afin qu'une mobilisationsous anesthésie générale permettant de gagnerquelques degrés seulement soit faite.

La rééducation sera alors reprise dès lelendemain et vous serez étonné de voir que lesadhérences ayant été rompues, vous reprenez legain de mobilité.

Ligamentoplastie

INTRODUCTION

Différents types de ligamentoplastie sontréalisés pour compenser les laxités du ligamentcroisé antérieur (Lindemanantérieur, Kenneth­Jones, Lemaire), du ligament croisé postérieur(Lindeman postérieur, Augustine), du ligamentlatéral interne (intervention de Helfett, retentedu ligament), du ligament latéral externe (abais­sement de la moitié de la tête du péroné de façonà retendre le ligament latéral externe). Il fautcependant noter qu'il est exceptionnel d'interve­nir pour un ligament seul et que bien souvent,c'est à une laxité d'un ligament croisé et d'unligament latéral qu'il faut s'attaquer.

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POSTOPÉRATOIRE

Sauf pour l'intervention de Lemaire, il y atoujours plâtre en flexion d'abord, puis enextension.

RÉÉDUCATION

Le rôle temporisateur du kinésithérapeute estici particulièrement important.

En effet :- il s'agit de jeunes sportifs préoccupés par

une récupération rapide, effrayés par la fontemusculaire et leur déficit d'extension;

- le kiné devra donc guider, rassurer ce jeunedont le seul souci est de reprendre le sport sansse soucier de son avenir articulaire, bien souventdéjà très sombre.

PRINCIPES DE RÉÉDUCATION

Assouplir l'articulation et tout ce qui l'entouredans les derniers degrés possibles de flexion oud'extension par petites insistances en activo­passif grâce à l'adjonction d'un circuit ressort.

Après 15 à 20 minutes de travail, on passeà la mise en posture progressive dans les derniersdegrés de l'amplitude articulaire travaillés et cedurant 10 minutes. C'est le patient qui se metlui-même très progressivement en posture parun système de Racagnac meilleur que par unsystème ressort car on évite ainsi la contracturemusculaire. Ce dernier exercice agit directementsur la capsule.

La mobilisation passive effectuée très progres­sivement par le kiné est parfois indispensable.Notons cependant qu'il ne faut pas vouloirgagner trop d'amplitude en une fois.

Si l'on ne progresse pas pendant un certaintemps, il faut absolument renvoyer le patient auchirurgien pour une mobilisation sous anesthésiegénérale.

Celle-ci est souvent décriée parce que considé­rée comme brutale alors qu'en réalité, le gainne doit être que de quelques degrés, juste rompreles adhérences qui faisaient piétiner la rééduca­tion et dans ce cas, il n'y a aucun danger. Ilest capital que le patient reprenne sa kiné dès

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le lendemain de cette mobilisation sous anesthé­sie générale, et vous serez alors étonné qu'effecti­vement, vous gagnez à nouveau facilement enamplitude. Si après cette mobilisation sousanesthésie générale, il y a un gonflement, c'estque la manœuvre a été trop brutale, a faitsaigner. Il faut alors garder le genou au repos,appliquer de la glace, faire de la physio, maisen principe, le genou doit sortir sec d'unemobilisatin sous anesthésie générale.

L'attelle motorisée est ici particulièrementutile puisqu'elle permet la mise en flexion, enextension dans des amplitudes bien déterminéeset avec une vitesse douce et réglable.

Muscler le groupe stabilisateur et éduquer leréflexe de contractioii : chaque fois que le patientpose le pied par terre, il doit avoir le réflexe deconditionné de contracter les muscles de lacuisse et ce pour freiner l'articulation dans lesens antéropostérieur.

Rééducation proprioceptive sur planche deFreeman : elle trouve ici sa plus belle indication.Elle mettra en effet le patient dans des conditionsd'instabilité, lui apprendra le réflexe de correc­tion rapide et évitera par conséquent desrécidives.

Il n'est pas rare de voir apparaitre en coursde rééducation des tendinites d'insertion.

Traitement: radar, diatron, ultrasons, mas­sages à la glace.

Il faut aussi savoir interrompre la rééducationet met~re l'articulation quelques jours au repossi on s'aperçoit qu'après une progression nor­male, on stagne et puis on régresse. Cela veutdire que l'on a dépassé l'optimum et quel'articulation est fatiguée.

La mise d'une contention adhésive nonextensible soulage et sécurise le patient.

Enfin, l'intérêt de la technique de Lemairepour la plastie du ligament croisé antérieurréside dans le fait qu'elle ne nécessite pas deplâtre. La rééducation peut donc être entrepriseimmédiatement.

Les ostéotomies de valgisàtion et de varisation

Contrairement à ce que l'on pourrait penser,ces interventions posent souvent moins de

problèmes aux rééducateurs que les précédentes.La récupération de la mobilité articulaire estsouvent rapide et facile alors qu'il s'agit depatients souvent fort ennuyés par leur arthrosedu genou; ils voient leur vie transformée et c'estcertainement une des interventions du genouqui, selon l'appréciation du patient, donne lesmeilleurs résultats.

Le postopératoire comporte maximum unesemaine de plâtre de façon à permettre auxmuscles de la loge antérieure de se recoller,d'éviter les hématomes mais le genou est, après8 jours, libre de tout plâtre et la récupérationde la mobilité peut être entreprise.

La seule limitation dans ces ostéotomies estévidemment la consolidation du tibia. C'estpourquoi si, dès le huitième jour, le patient peutaller au fauteuil, il devra se déplacer en déchargedu membre opéré à l'aide d'une tribune, ensuiteau fur et à mesure que le cal se dessine, deuxcannes, une canne et appui total.

Si l'on dispose d'une piscine, il est évident quela mise en charge à grande profondeur pourrabien sûr être réalisée plus rapidement. Lerééducateur aura donc un rôle extrêmementimportant pour guider, éventuellement selon lesindications du chirurgien, cette mise en ~hargeprogreSSIve.

Pour le reste, la rééducation ressemble trèsfort à celle d'un Emslie.

L'accent doit dependant ·êtré· mis sur lasurveillance des troubles circulatoires en généralfort importants chez ces personnes âgées.

On fera alors appel à la physiothérapie, àl'Evian, au Whirpool, aux massages manuels,aux massages sous eau, au jobst, au vasotrain.Le port d'un bas élastique est conseillé dans biendes cas.

Une dernière remarque: on constate souventque la formation du cal est plus rapide chez lespersonnes âgées que chez les jeunes. Aussi, lekinésiste devra en tenir compte dans la progres­sion de son traitement.

Quelques trucs

Je voudrais en terminant vous donner quel­ques « tuyaux » concernant certaines affectionsauxquelles vous pourriez être confronté.

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LE KYSTE DU CREU POPLITÉ

Ces kystes sont de deux types- le kyste vrai sans communication avec

l'articulation,- le kyste constituant le vase d'expansion du

genou, c'est-à-dire qu'il n'existe que lorsqu'il ya hydrarthrose. Ces derniers font donc partied'une pathologie articulaire qu'il faut traiter. Lespremiers, par contre, lorsqu'ils sont gênants,doivent être enlevés chirurgicalement. Il estcependant intéressant de savoir que certainspatients pourraient vous être renvoyés parcequ'ils ont ressenti une brutale douleur dans lecreux poplité de type coup de fouet et dans lesheures qui ont suivi, le mollet est devenuextrêmement douloureux. Il ne s'agit pas d'unephlébite mais d'un kyste qui s'est rompu et dontle liquide s'est répandu dans les muscles dumollet.

MALADIE D'OSGOOD-SCHLA TTER

Patient jeune présentant une tuméfactiondouloureuse à la face antérieure, tiers supérieurdu tibia. Les radiographies montrent un morcel­lement du noyau de la tubérosité tibiale. Il s'agitd'un trouble de croissance qui disparaîtra à lafin de celle-ci mais dont les douleurs peuventêtre effectivement atténuées grâce à un traite­ment p~ysiothérapique.

OSTÉOCHONDRITE VRAIE OU LÉSION DEMILLGRAM

L'une comme l'autre montrent un corpsétranger, soit un corps attenant à la nicheosseuse dont il s'est séparé, soit libre dansl'articulation. La première (ostéochondritevraie) est un trouble de croissance. La preuvec'est que le noyau libéré peut être en fin decroissance réassimilé par l'os, ce qui amène uneguérison; par contre, la fracture sous-chondraleest une fracture due à une torsion du genou. Ellene sera jamais réassimilée par l'os et elle selibérera dans l'articulation à un moment donné.Cela m'amène à vous parler de forage de Pridieet spongialisation. Dans l'un ou l'autre cas, leprincipe est de mettre l'os spongieux à nu, d'aller

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chercher l'os saignant et d'attendre que ce tissubourgeonne et se recouvre d'un tissu fibreuxpseudo-cartilagineux. Il est évident que si cetterepousse de tissu fibreux doit être rodée,c'est-à-dire qu'il faut mobiliser l'articulation, ellene doit pas être écrasée et par conséquent celaexplique que l'on vous enverra ces patients àrééduquer mais à laisser en décharge pendanttrois mois.

MORPHOTYPE ATHLÉTIQUE

Il vous arrivera de voir dans votre clientèledes parents affolés qui vous amèneront leur filsparce qu'il présente un tibia vara, un métatarsusvarus et un recurvatum du genou en profil. Celane présente aucun signe de gravité, au contraire,cela répond au morphotype athlétique et il nefaut rien faire.

LES TENDINITES

Elles relèvent essentiellement de la physiothé­rapie. Elles peuvent sièger à l'attache du tendonrotulien à la pointe de la rotule, à l'attache dutendon quadricipital au bord supérieur de larotule. Il existe également la tendinite de labandelette de Maissiat et la tendinite des muscles

de la patte d'oie et des jumeaux._

L'HÉMATOME SOUS-PÉRIOSTÉ DE LA ROTULE

Il s'agit d'un patient qui s'est cogné et qui voussera envoyé parce qu'il existe à la face antérieurede la rotule une douleur élective bien localiséeet persistante. Il s'agit d'un hématome sous­périosté qu'il faudra traiter par de la

, physiothérapie.

L'HYGROMA .

Ne confondez jamais un hygroma, c'est-à-direun gonflement prérotulien du genou avec unhydarthrose, c'est-à-dire un épanchement intra­articulaire.

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LE RESSAUT EXTERNE DU GENOU

Il s'agit en réalité d'un ressaut du tenseur dutenseur du fascia lata sur le condyle externe.

Deux origines :- surmenage du tenseur du fascia lata chez

un jeune sportif,- irrégularité arthrosique du condyle externe.Traitement : physiothérapie, repos de l'arti­

culation, si pas d'amélioration, il faudra recourirà la résection de l'aileron externe.

N.R : il existe trois « clacs » au membreinférieur :

- au niveau de la hanche : ressaut du tenseurdu fascia sur le grand trochanter;

- au niveau du genou : ressaut du tenseur dufascia lata sur le condyle interne;

- à la cheville : luxation, subluxation destendons péroniers.

LA FRACTURE DE ROTULE

Lorsqu'il y a déplacement, elle nécessitera untraitement chirurgical et la rééducation sera fortsemblable à celle d'un Emslie.

Cette rééducation sera essentiellement condi­tionnée par le respect de la surface articulaire.

PATELLA BIPARTITA

Il ne faut pas considérer celle-ci comme unefracture mais d'autre part, il faut savoir que cespatella bipartita sont souvent un épiphénomèned'un problème rotulien.

MÉDECINE DU CYCLISMEpar H. JUDET et G. PORTE

Cet ouvrage étudie tous les aspects médicaux liés àla pratique du cyclisme.

Il traite donc successivement :

- l'approche globale des problèmes cardio­vasculaires avec une étude approfondie du "Cœurdu cycliste".

- l'examen d'aptitude de base, très important avantd'autoriser la pratique du cyclisme.

- les méthodes de contrôle de l'entraînement.

- les différents aspects de la diététique sportive quisont développés en détaiL

- les problèmes liés à la préparation biologique etaux limites et dangers du "doping".

- la traumatologie avec les accidents aigus et lapathologie chronique micro-traumatique.

Collection "Monographies de Médecine du Sport"dirigée par Ph. MOST

1983, broché, 157 p., 53 fig.110 F Prix Public TTC au 15.11.83

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La colonne du cycliste, si la position est bien rég7ée, n'est pasmenacée car les courbures sont physiologiques.

Ouvrage en vente en librairie ou à laMaison du Livre Spécialisé - B.P. 36 - 41353 Vineuil