Lettre BiotechBourse #47 · BiotechBourse – Mai 2015 1 SOMMAIRE Edito du 04/05/2015 - par Sacha...
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Lettre BiotechBourse #47 3 Mai 2015
BiotechBourse – Mai 2015
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SOMMAIRE
Edito du 04/05/2015 - par Sacha Pouget 2
Indices Biotechs US vs Biotech France entre le 01/01/2014 et le 01/05/2015 3
Saisonnalité en Mai 5
Comportement des Biotechs françaises 8
Un mois de Mai marqué encore par des Outflows Nets sur le Nasdaq Biotech 12
Titres détenus en Portefeuille, mis à jour au 02/05/15 (*) 13
Performance des titres du Portefeuille, par période (au 02/05/15) 13
Newsflow des titres du Portefeuille 14
IPOs en baisse aux US au 1er Trimestre 2015.. mais explosion des augmentations de
capital 18
Breaktrough Therapy Designation : le statut le plus convoité et le plus difficile à
décrocher auprès de la FDA 20
Retour sur le congrès de l'AACR (Cancer), par Cédric BROCK (contributeur
BiotechBourse) 22
Valorisation actuelle des Large Caps Biotechs US 25
Résultats financiers du 1er Trimestre des Large Caps Biotechs US 29
Le débat sur le Prix de vente des médicaments continue… 34
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Edito du 04/05/2015 - par Sacha Pouget
« Sell in May and go Away » nous dit l’adage. Si effectivement la période Mai-Octobre a largement
sous-erformé Novembre-Avril sur le S&P 500 (voir ici), il n’en demeure pas moins que le Nasdaq Biotech
a su tirer son épingle du jeu au cours des 5 dernières années (avec un gain de plus de 2% en moyenne).
Pour autant, comme nous allons le voir dans la partie saisonnalité de cette Lettre, le début du mois de
Mai est généralement très négatif pour l’ensemble des indices.
Alors que le mois d’Avril avait bien
commencé, les 4 dernières séances du mois
ont été l’occasion d’une prise de bénéfices,
avec une augmentation des volumes.
L’amplitude de variation a été importante
lors des 4 dernières séances sur l’indice
parisien.
Le mois d’Avril se termine donc sur une note
baissière pour le CAC 40, qui a perdu 5% par
rapport à son plus haut du mois.
Au cours des derniers jours, on a donc pu
assister à une volatilité accrue sur le CAC
40.
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La saisonnalité pourrait donc continuer de peser sur la tendance. Comme nous l’avons évoqué dans
notre dernière Lettre mensuelle, la Macro et la géopolitique sont les constituantes les plus à risque
selon nous. Aux Etats-Unis, nous avons toujours des questions en ce qui concerne le « pricing power »
(voir mon interview ici, mais nous revenons plus en détail une fois de plus sur ce sujet).
Indices Biotechs US vs Biotech France entre le 01/01/2014 et le 01/05/2015
Evolution des indices BiotechBourse France vs BiotechBourse US depuis 2014 (en base 100 au
01/01/2014):
Sur le graphique ci-dessus, on observe une explosion de l’indice Biotech Bourse France (en bleu, qui est composé de 19 Biotechs françaises) : il s’est apprécié de 175,57% entre début Janvier 2014 et fin Avril 2015 (avec un plus haut de 198,95% le 24/03). L’indice Biotech Bourse US (qui est composé de 80 sociétés) a pour sa part progressé de 50,67% « seulement » sur cette période (avec un plus haut de 61,68% le 20/03).
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Evolution Hebdomadaire des indices BiotechBourse France et US, depuis 2015 :
Evolution Mensuelle des indices BiotechBourse France et US, depuis 2014 :
Source : www.biotechbourse.fr
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Saisonnalité en Mai
Evolution moyenne (‘classique’) des indices Euro. Biotech et US Biotech (moyenne sur 2010 – 2014) :
Si on s’en tient à la progression moyenne de l’indice Biotech US entre 2010 et 2014, la hausse est
continue tout au long de l’année.
Progression moyenne par Indice en Mars (moyenne sur les 5 dernières années) :
Le mois de Mai est généralement défavorable sur le CAC 40 ainsi que sur le S&P 500, si on s'en tient aux statistiques sur les 5 dernières années (entre 2010 et 2014). Le début du mois de Mai est particulièrement difficile puisqu'on observe, en date du 8 Mai, une baisse généralisée. La fin du mois de Mai est en revanche généralement favorable. En terme de comportement, on observe donc que : - la 1re semaine (du 01/05 au 08/05) est traditionnellement en déclin - la 2e semaine (du 09/05 au 16/05) est suivie par une remontée, d'environ 2% - la 3e semaine (du 17/05 au 24/05) est en baisse, parfois importante (comme sur l'Euronext Biotech et le Nasdaq Biotech, qui perdent plus de 2%, le reste des indices perdant environ 1,5%) - la 4e semaine (24/05-31/05) est marquée par une hausse de 0,5% (S&P500) à 3% (Euronext Biotech).
Au mois de Mai, l’indice Euronext
Biotech a signé la plus mauvaise
performance moyenne (-0,77%) au
cours des cinq dernières années.
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Evolution moyenne (‘classique’) des indices Euro. Biotech et US Biotech (moyenne sur 2010 – 2014) :
Il vaut mieux privilégier les Biotechs US tout au long du 2e Trimestre et idéalement se repositionner à
partir du 3e Trimestre. Au mois de Mai, les 2 indices connaissent généralement des parcours opposés.
Evolution moyenne des Indices au mois de Mai (moyenne 2010 – 2014, base 100 au 01/05) :
Le mois de Mai a été un mois positif (en moyenne, sur les 5 dernières années) sauf pour le CAC Small,
le Nasdaq Biotech et le Russell 2000.
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Progression de l’ Indice Euronext Biotech, au mois de Mai (2010 - 2014, base 100 au 01/05) :
Comme on peut le voir, l’ Euronext Biotech a toujours été en baisse en Avril au cours des 5 dernières
années. L’indice Biotech européen a particulièrement souffert en 2010 (-8,3%) et en 2013 (-5,5%).
Progression Euronext Biotech et Nasdaq Biotech en Avril (moy. 2010 - 2014, base 100 au 01/05) :
En Mai, le Nasdaq Biotech a dominé l’Euronext Biotech sur les 5 dernières années.
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Progression mensuelle moyenne du Barclay Healthcare & Biotechnology Index (moyenne 2000 - 2014) :
Selon le Barclay Healthcare & Biotechnology Index (qui reprend l’évolution de 50 Fonds
d’investissements spécialisés dans la Santé et les Biotechnologies), le mois de Mai est le 6e meilleur
mois de l’année.
Comportement des Biotechs françaises
Progression des biotechs françaises en 2015 :
Cellectis, Innate et Cardio 3 sont les plus fortes hausses Biotechs à Paris en 2015. Transgene, (qui vient
de toucher un plus bas sur 5 ans), Néovacs, et Hybrigenics sont les plus fortes baisses.
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Progression des biotechs françaises sur 1 an :
Cellectis, Adocia et DBV sont les plus fortes hausses Biotechs à Paris sur 1 an. Transgene, Néovacs et
Hybrigenics sont, comme sur 2015, les plus fortes baisses.
Progression des biotechs française, par période:
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Répartition des Volumes moyens négociés / séance sur les Biotechs françaises (en %) :
On peut catégoriser les biotechs françaises en 3 catégories :
-les liquides (volumes supérieurs à 4 M EUR par séance)
-les intermédiaires (volumes compris entre 1 et 4 Millions EUR par séance)
-les small caps (volumes inférieurs à 1 Million EUR par séance)
Répartition Volumes moyens négociés sur les Biotechs françaises (en Millions EUR, par séance) :
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Valorisation des Biotechs françaises / Euronext Paris (en Millions d’euros), au 02/05/15 :
Répartition de la valorisation des Biotechs françaises / Euronext Paris (en % du total), au 02/05/15 :
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Un mois de Mai marqué encore par des Outflows Nets sur le Nasdaq
Biotech
Les Inflows / Outflows permettent de suivre les entrées et les sorties de capitaux sur un Indice.
Evolution mensuelle des Inflows et Outflows sur le Nasdaq Biotech (IBB), en Millions $ :
Le mois d’Avril s’est soldé par une baisse des encours de106,3 Millions $ sur l’indice Nasdaq Biotech (après une baisse de 122,5 Millions $ en Mars).
Si on se réfère à ce qui a été observé depuis début 2014 sur l'iShares Nasdaq Biotechnology (IBB, Tracker du Nasdaq Biotech), on voit que les inflows ont atteint 1375 Millions $ (les 6 derniers mois représentant les 80% de ce montant), alors que les outflows ont atteint -1382 Millions $.
En net, on observe désormais des outflows de 7 Millions $ sur cet indice depuis Janvier 2014, et des inflows nets de 21 Millions $. Nous en sommes à 612 Millions $ d’Inflows Nets cumulés sur les 6 derniers mois sur le Nasdaq Biotech.
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Titres détenus en Portefeuille, mis à jour au 02/05/15 (*)
La performance du Portefeuille est actualisée aux cours de change lors de l’achat, ainsi qu’au dernier
taux de change du 02/05/15 de l’USD/EUR (qui est à 0,8928). (*) Taux de change USD/EUR lors de
l’achat: BIND : 0,773 ; CNAT : 0,773 ; DSCO : 0,754 ; ICOTF : 0,73 ; LAKE : 0,79 ; SGYP : 0,727 ; TKMR :
0,724 ; SQNM : 0,9459 ; ITEK : 0,9459 ; OXGN : 0,9235.
Performance des titres du Portefeuille, par période (au 02/05/15)
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Newsflow des titres du Portefeuille
Nom NEWSFLOW
AB Science
T2 2015: Résu. de Phase 3 Mastocytose; T2 2015: Résu. phase 3 Myélome; T3 2015: Résu. Phase 3 Asthme sévère; T4 2015: Résu. Phase 3 Alzheimer
Bind Ther. -
Cellectis
T1 2015: Projet de cotation aux US dans les prochaines semaines; Passage en Phases cliniques sur différents programmes.
Conatus T1 2015: Résu. de Ph. 2 sur Emricasan dans la NASH
Discovery Lab.
T1 2015: Résultats Phase 2 sur Aerosurf (syndrome de détresse respiratoire) – résultats repoussés 2 fois
Erytech
1/ 3 présentations lors du congrès de l’AACR (18 au 22/04); 2/ Fin du recrutement dans l'AML au S2 2015; 3/ Avis du DSMB de l’étude de phase II dans le cancer du pancréas sur l’évaluation de la tolérance du produit en combinaison avec Folfox 4/ 2ème DSMB dans la LAM attendu au T2 2015; 5/ Mi-2015 : Avis du DSMB de l’étude de phase II dans le cancer du pancréas sur les 24 premiers patients traités; 6/ T2 2015 : Avis du DSMB de l’étude de phase I/II dans la LAL aux États-Unis ; 7/ Soumission AMM Europe sur Graspa au S1 2015.
Genfit
1/ 8th Healthcare/Life Sciences Conference 16 avril 2015, New York 2/ EASL (The International Liver Congress) 22-26 avril 2015, Vienne; 2/ Eté 2015: publication dans une revue scientifique sur les détails complets de l'étude GOLDEN du GFT 505 ; 3/ mi-2015 : Design de l’étude de Phase 3 FDA pour GFT505
Ico Ther. Mise à jour sur la Ph. 2 avec iCo-007
Innate
1/ Résu. sur IPH 2102 (tumeurs solides); 2/Fin de Ph 1 sur IPH2201; 3/ IPH41: Demande de Ph 1; 4/ IPH33: Partenariat (?) – Possible cotation aux US en 2015
Inotek
T2 2015: Meeting avec la FDA sur le protocole et le design de la Phase 3 avec Trabodenoson dans la PIO (lancement Ph. 3 mi-2015); S2 2015: début Phase 1 sur le Trabodenoson dans le traitement de la neuropathie du nerf optique
Lakeland 2015: Commandes ONG et Industriels pour combinaisons
MEI Pharma
T2 2015: Données complètes de Phase 2 Pracinostat + VIDAZA dans la MDS au Congrès EHA (11 - 14/06); T2 2015: Résu. Phase 2 Pracinostat dans l’AML en Juin; T3 2015: Résultats de Phase 1b pour le ME-344 en combo avec HYCAMTIN dans le Cancer du poumon à petites cellules et le cancer de l'ovaire
Oxigene
T2 2015: la FDA va donner ses directives sur le design de l'étude de Phase 3 sur Fosbretabulin dans le cancer de l'ovaire; S2 2015: OXi4503 va passer en Phase 1/2 dans le cancer du sang (AML) « en 2015 »; S2 2015: Un statut de médicament orphelin pourrait être accordé dans l'UE pour OXi4503 (AML)
Pharming
1/ Résu. sur la sécurité du Ruconest pour les enfants de 2 à 13 ans 2/ Résu. Ruconest dans la Prophylaxie
Sequenom
1/ Lancement du test HerediT aux US; 2/ lancement du test VisibiliT aux US; 3/ lancement du test de prénatalité 'Noninvasive karyotype‘ aux US au T3 2015
Synergy T2 2015: Résu. Phase 3 pour le Plecanatide (SP-304) dans le CIC
Tekmira
1/ Résu. Ph. 2/3 sur Patisiran dans le TTR-FAP; 2/ Mises à jour sur TKM-Ebola; 3/ Avancées dans l’ Hép. B
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Performance des positions vendues en 2015 :
Performance des positions vendues en 2015 :
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Evolution des Gains cumulés en 2015 :
Evolution des Gains cumulés en 2014 :
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Performance des positions vendues en 2014 :
Statistiques sur le Portefeuille Biotech Bourse, entre le 01/01/2012 et le 01/05/2015 :
Depuis Janvier 2012, sur les 143 trades effectués:
73% des trades sont en Profit.
Le Gain moyen (105) est de +68%.
La Perte moyenne (37) est de -21%.
Statistiques consultables ici : http://profit.ly/stats/user/Sacha_Pouget/analysis
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Evolution du Portefeuille Biotech Bourse depuis Juin 2011 (lancement du Service), au 02/04/15:
IPOs en baisse aux US au 1er Trimestre 2015.. mais explosion des
augmentations de capital
Les levées de fonds des biotechs aux US ont atteint des niveaux jamais vus. Au premier trimestre, les
sociétés du secteur Santé ont procédé à 93 augmentations de capital, leur permettant de lever 18,7
milliards $ sur les marchés financiers, trois fois plus qu'en 2014 selon les données compilées par
Bloomberg (source).
Evolution trimestrielle des montants levés via des Introductions en bourse de biotechs aux US (IPOs,
en bleu sur le graphique), et via des augmentations de capital (FO, en rouge sur le graphique) :
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Les IPOs (introductions en bourse) de biotechs aux US sont en revanche passées de 10 au premier
trimestre 2014 à 30 en 2015, pour une valeur totale de transaction de 789 millions $ au 1er Trimestre
2015 - soit moins de la moitié que ce qui a levé au 1er Trimestre 2014.
Par ailleurs, les biotechs ont annoncé une décote moyenne de 5,8 % au 1er Trimestre, comparé à une
moyenne de 6,2 % pour les autres sociétés, selon Bloomberg.
Si on regarde les acteurs qui ont levé le plus de cash au cours du 1er trimestre, on observe que le géant
pharmaceutique Actavis a réussi à lever quelques 4,2 milliards $ (pour l'acquisition d'Allergan). On
trouve ensuite Alnylam, Intercept et Auspex.
Certaines entreprises ont même levé 2 fois du cash au cours du même trimestre. Ce fut le cas
d’Intercept, un concurrent de Genfit. La société a levé 202 millions $ le 3 février (juste après avoir reçu
le statut Breakthrough Therapy pour son traitement de la NASH). Puis, Intercept est retourné sur le
marché, levant 375 millions $ le 31 Mars.
La biotech Ultragenyx, qui se concentre sur les maladies génétiques rares, a de son côté levé par deux
fois du cash depuis son IPO en Janvier 2014, levant au total quelques 418 millions $ en un peu plus
d'un an.
Plus importantes augmentations de capital dans le secteur Santé au 1er Trimestre 2015 :
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Les conditions de marché récentes ont été généralement favorables aux sociétés de biotechnologie,
conjuguées avec de véritables avancées dans leur pipeline. Les marchés sont cycliques, et il n’est pas
certains que les biotechs trouveront toujours aussi facilement de telles conditions de financement.
C’est ce qui explique cette ruée vers les augmentations de capital. Reste que la discipline financière
lorsqu’il y a abondance ne doit pas être mise de côté.
Breaktrough Therapy Designation : le statut le plus convoité et le plus
difficile à décrocher auprès de la FDA
En juillet 2012, la loi dite “Food and Drug Administration Safety and Innovation Act” a institué une
nouvelle désignation destinée à accélérer le développement de médicaments représentant une
véritable percée thérapeutique : Breakthrough Therapy (BTD). Il s’agit d’un statut distinct et, nous le
verrons, plus élitiste que le célèbre « Fast Track », institué en 1998. La loi ne prévoit pas que l’agence
prenne d’elle-même la décision d’attribuer le statut, c’est la société pharmaceutique qui doit le
demander (en pratique, la FDA peut leur suggérer de se porter candidates).
Dans l’esprit Breaktrough Therapy et Fast Track Development sont tous deux destinés à accélérer le
développement et l'examen de médicaments pour des maladies graves voire mortelles, mais le niveau
d’exigence est beaucoup plus important.
Schématiquement, le statut de Fast Track est accordé autant en fonction de l’indication visée qu’en
regard des caractéristiques propres au produit. Son attribution est devenue presque routinière dès
lors qu’un candidat vise à traiter une maladie grave, ce que dénoncent d’ailleurs certains observateurs.
Pour l’obtenir des preuves d’activité préclinique peuvent suffire. En revanche, une désignation de
Breakthrough Therapy nécessite d’apporter cliniquement la preuve que le candidat médicament peut
vraiment apporter une amélioration thérapeutique substantielle.
En termes d’avantages pour l’entreprise, la BTD comporte :
tous les éléments du programme Fast Track mais en plus
des préconisations plus précises sur la conception des études ;
un engagement sur l’implication de représentants seniors de la FDA (au moins deux
« directors ») dans les meetings ;
l’éligibilité à une éventuelle revue prioritaire (Priority Review) de la demande de mise sur
le marché.
En reconnaissant le potentiel de rupture d’une Breatkthrough Therapy, la FDA s’engage donc
véritablement à épauler l’entreprise dans le développement du produit jusqu’au marché. Inversement,
dans la mesure où l’agence investir une partie significative de ses ressources dans le cadre de cette
désignation, elle peut aussi la retirer à un produit si elle juge que l’ensemble des critères d’une BTD ne
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sont plus remplis afin de porter ses efforts ailleurs. C’est ce qui risque d’arriver à Merck pour son
combo contre l’hépatite C grazoprevir/elbasvir : non pas que ce traitement ne soit plus
intrinsèquement prometteur, mais les avancées des composés concurrents de Gilead (Harvoni) et
d’AbbVie (Viekira Pak) font que son potentiel de rupture face à l’existant n’est plus aussi évident.
Selon le cabinet Baker & McKenzie, la désignation de percée thérapeutique offre trois principaux
avantages :
Diminution de 30 à 50 % de la durée restante de développement ;
Amélioration des probabilités d’approbation finale (dans la mesure où il y a plus de chances
que la FDA agrée le protocole clinique qu’elle a contribué à élaborer) ;
Gain d’image de marque pour le produit auprès des leaders d’opinion et des investisseurs.
Dès lors le taux d’obtention d'une Breakthrough Therapy est beaucoup plus faible. Entre la création
du statut en 2012 et la fin de l’année 2014, le bureau d’études Evercore ISI a recensé 62 attributions
pour 206 demandes du côté des CDER (petites molécules) et 7 attributions pour 27 demandes au CBER
(médicament biologiques). D’après ces mesures, on remarque que dans la biotech seulement 25 % des
demandes de Breakthrough sont satisfaites, alors que le taux d’obtention se situe à plus de 70 % pour
les demandes de Fast Track !
À ce jour, DBV Technologies est la seule biotech française à avoir obtenu une Breakthrough
Designation pour Viaskin Peanut dans le traitement de l’allergie aux arachides chez les enfants.
En résumé :
Type de désignation Fast Track Breakthrough Therapy
Délai d’attribution ou de rejet
de la demande :
60 jours 60 jours
Critères : Vise à traiter une maladie grave
et des données précliniques ou
cliniques démontrent un
potentiel de réponse à un
besoin thérapeutique
insatisfait
ou
Vise à traiter une maladie
infectieuse au sein d’une liste
prédéterminée
Vise à traiter une maladie grave
et établissement (sur un ou
plusieurs endpoints) d’une
preuve clinique préliminaire
de la capacité à apporter une
amélioration substantielle par
rapport aux thérapies
existantes
Retrait possible du statut : Oui Oui
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Retour sur le congrès de l'AACR (Cancer), par Cédric BROCK (contributeur
BiotechBourse)
Du 18 au 22 avril 2015 se tenait à Philadelphie (US) l'un des plus importants meetings en matière de
recherches sur les traitements en oncologie à l'échelle internationale. La 106ème réunion annuelle de
l'AACR (American Association for Cancer Research) a mis en lumière les dernières découvertes dans
tous les domaines de la recherche sur le cancer et a fourni ainsi une occasion unique pour les
chercheurs du monde entier de rencontrer leurs pairs, d'échanger et de partager leurs points de vue.
Le thème de la réunion de cette année - "Porter les découvertes sur le cancer aux patients" - souligne
le lien vital et inextricable entre la découverte et le traitement, et il renforce le fait que la recherche
est la base de tous les progrès réalisés pour aboutir aux thérapies contre le cancer.
I/ Les faits marquants de ce congrès
En guise d’introduction, des travaux portant sur l’ "Immunologie des tumeurs et immunothérapies
pour les non-immunologistes" ont permis de débuter ce meeting. Il a été révélé que le microbiome
(qui est notre collection personnelle de bactéries, virus et champignons qui vivent sur et en nous)
conditionnent la façon dont nos propres cellules se comportent. Notons que plus de 16% des cancers
dans le monde sont causés par des agents infectieux, y compris le cancer colorectal et le cancer de
l'estomac. Il est important de comprendre le rôle que le microbiome peut jouer dans l'apparition des
cancers, par exemple, et favorise l'inflammation. Notre collection de germes peut aussi influencer
notre réponse au traitement du cancer. Un microbiome pleinement fonctionnel peut en fait être
nécessaire pour obtenir une réponse efficace à une thérapie. Tuer certaines souches de bactéries
bénéfiques avec des antibiotiques par exemple, peut réduire l'efficacité de certaines formes de
chimiothérapies et/ou immunothérapies.
Deux grandes sessions, consacrées aux thèmes de "La voie de l'accélérateur" et "Relâcher les freins de
la réponse immunitaire" ont examiné les stratégies actuelles pour surmonter l'immunosuppression
soit par des "accélérateurs de l'immunité" tels que CD137, CD27, OX40 et/ou le blocage des freins
immunitaires telles que les cellules T régulatrices et les cellules "tueuses" dérivées de cellules
myéloïdes. Ces technologies font déjà preuves d'une attention particulière de la part des Big Pharmas.
Nina Bhardwaj de l'École de médecine d'Ichan (Mt. Sinaï) a noté que William Coley, il y a plus de 100
ans, avait déjà développé ce qui était le premier vaccin contre le cancer. Bien qu'il ne le savait pas à
l'époque, l'idée de Coley était essentiellement d'injecter des PAMP ("pathogen associated molecular
patterns") dans les tumeurs. Nous savons maintenant que c’est parfois une façon efficace pour
stimuler le système immunitaire et créer une réponse contre le cancer. Beaucoup d’approches
poursuivies aujourd'hui en matière de vaccins contre les virus oncolytiques peuvent être considérées
comme la poursuite du travail commencé par Coley il y a de cela plus d'un siècle.
Mélanome : résultats sur le Pembrolizumab
Les résultats d'un essai clinique de phase III avec le traitement anti-PD-1 de Merck appelé
Pembrolizumab (nom commercial : Keytruda) chez les patients atteints de mélanomes avancés ont
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été dévoilés. Pembrolizumab confére une meilleure survie globale, avec moins de toxicité, de
l'Ipilimumab. Le risque de décès a été réduit d'environ 35% pour les patients traités avec Pembro
rapport à l'Ipilimumab. Une performance supérieure de Pembro vis à vis de l’Ipi a été montré pour
tous les sous-groupes de patients (sauf pour les patients atteints de tumeurs PD-L1 négatives, où la
taille des échantillons était réduite). Les résultats appuient l'utilisation de Pembrolizumab pour le
traitement du mélanome avancé indépendamment du fait que les patients aient reçu préalablement
un traitement par Ipilimumab. Pembrolizumab est actuellement approuvé par la FDA pour le
traitement du mélanome avancé qui a échoué au traitement préalable avec l'Ipilimumab.
Cibles dans l’Immunothérapie : mésothéline contre néoantigène
Sur le front de l'immunothérapie, les résultats de la phase I de l'essai clinique de récepteur d'antigène
chimérique mésothéline ciblée (CAR) des cellules T a créé un buzz. Les cellules CAR-T ciblant la
mésothéline n'induisent pas d'effets secondaires graves et les méthodes employées pour créer et
administrer ces dernières sont 100% réalisables. Les résultats ont donné une vague d'optimisme pour
le traitement CAR-T dans certaines tumeurs solides. Plusieurs autres essais utilisant des cellules CAR-T
ciblant la mésothéline sont en cours d'étude aux US, à l'Institut national du cancer. Une grande
question en ce moment dans le domaine thérapeutique est quel est ou quels sont le(s) antigène(s)
représentant de bonnes cibles pour l'immunothérapie des cancers. La mésothéline est une protéine
du corps qui est souvent régulée à la hausse dans le cancer. Comme elle n'est pas spécifique au cancer,
il y a un danger d'immunotoxicité hors-cible. Une autre approche consiste à utiliser des antigènes
spécifiques des cancers - on parle alors de néoantigènes. Ce qui conduit à "l'immunothérapie
personnalisée". Ces voies sont néanmoins encore exploratoires. La puissance de l'immunothérapie
n'est plus à démontrer, mais à présent une autre chose s'est clarifiée au cours de l'AACR 2015 :
lorsqu’un patient a recours à une séance d'immunothérapie, il est préférable d'y aller le plus tôt
possible.
Voies exploratoires dans le cancer du pancréas
Le cancer du pancréas est parmi les cancers "communs" celui qui a le plus faible taux de survie à 5
ans : seulement 6%. Jusqu'à présent, ce type de cancer n'avait pas répondu à l'immunothérapie. Une
des raisons possibles de cet échec est que le système immunitaire des patients atteints de cancer du
pancréas n'a pas su monter une première attaque sur le cancer. "Libérer les freins" de la réponse
immunitaire n'a donc aucun effet, car il n'y a rien à libérer. Pourquoi le système immunitaire est-il
incapable d’attaquer le cancer du pancréas ? C’est encore un mystère non résolu à ce jour. Une
possibilité serait que le tissu dense (ou stroma) qui entoure la tumeur empêche les cellules
immunitaires de pénétrer dans la cellule cancéreuse. Là encore il s’agit d’une piste que les chercheurs
doivent encore explorer.
Robert H. Vonderheide, de l'Université de Pennsylvanie, a de son côté cherché à investiguer pour voir
s’il était possible "d'amadouer" les cellules T dans une tumeur pancréatique en les stimulant avec un
"vaccin". Le dit "vaccin" est une combinaison de chimiothérapie et d'un anticorps agoniste spécifique
(ou "stimulant") pour une molécule immunitaire appelée CD40, présente sur les cellules qui
contiennent des antigènes. Il a montré dans un modèle de souris que cette immunothérapie,
lorsqu'elle est combinée avec le blocage des points de contrôle, est efficace pour le traitement du
cancer du pancréas chez 65% des souris. Fait intéressant, cet effet était entièrement dépendant des
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cellules T. Vonderheide a souligné qu'il existe diverses combinaisons de traitements qui pourraient
servir d'immunothérapies efficaces dans le cancer du pancréas et a noté qu'il y a maintenant un certain
nombre d'essais cliniques actuellement en cours qui testent ces vaccins en association avec des
inhibiteurs de points de contrôle. Ces essais vont dans le sens de faire du cancer du pancréas une cible
efficace de l'immunothérapie.
Thérapie cellulaire adoptive
La thérapie cellulaire adoptive était au cœur de la 4e journée de cette réunion. Dans cette approche,
les cellules immunitaires d'un patient sont prélevées, modifiées, mises en culture en laboratoire, et
ensuite ré-injectées chez le patient. Diverses approches sont explorées, notamment la thérapie des
cellules T la plus célèbre : le récepteur d'antigène chimérique (CAR). Les CAR sont des molécules
hybrides formées par la reconnaissance de l'antigène d'un anticorps, lié à la zone de signalisation d'un
récepteur de cellule T.
Taux de rémission impressionnants avec les CARs
Différents laboratoires appartenant à des institutions telles que l'Université de Pennsylvanie, le
Memorial Sloan Kettering, Fred Hutchinson, et l'Institut national du cancer ont utilisé les CAR-T contre
la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL), atteignant des taux de réponse remarquables. Environ 90%
d'un groupe restreint mais croissant de patients traités de cette façon ont connu des rémissions
complètes. Les CARs qui ont été utilisés jusqu'à présent pour traiter la leucémie sont ce qu'on appelle
une "deuxième génération". Les progrès dans notre compréhension de la biologie de l'activation des
cellules T ont permis de construire la "troisième génération" avec une capacité encore plus grande
pour se multiplier et persister chez les patients, deux qualités associées à des réponses plus fortes et
plus durables. Le premier lot de ces CARs de troisième génération cible une molécule appelée
mésothéline, qui est surexprimé sur de nombreux cancers tels que le cancer du pancréas et le
mésothéliome.
En équipant une cellule T spécifique du virus avec un récepteur CAR ciblant un antigène du cancer, il
est possible d'utiliser la co-stimulation qui vient du virus comme un moyen de relancer le CAR dans
son combat contre le cancer. Dans cette approche, les patients sont d'abord vaccinés avec le virus et
ensuite le CAR leur est administré. Des essais cliniques à un stade avancé sont actuellement en cours
pour cette technique.
Rôle des cellules T et PD-L1
Le rôle important des cellules T, à la fois naturelles et génétiquement modifiées, a également été
abordé dans la lutte contre le cancer. Mais les cellules T ne peuvent pas faire leur travail toutes seules.
De nombreux cellules jouent un rôle de soutien et, dans certains cas, participent à la suppression de la
réponse immunitaire. Le Docteur Ira Mellman, de Genentech, a donné une conférence axée sur la
compréhension du rôle des cellules immunitaires appelées cellules myéloïdes dans la détermination
de la réponse des patients à la thérapie anti-PD-L1. La plupart des discussions portant sur le PD-L1 ont
mis l'accent sur le rôle de cette molécule sur les cellules tumorales. Les cellules tumorales sont censées
utiliser PD-L1 comme un moyen de dévier une attaque imminente des lymphocytes T.
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Mais de récentes données provenant des essais cliniques humains pour une variété de types de
cancers suggèrent que l'expression PD-L1 sur les cellules myéloïdes peut être tout aussi, sinon plus,
importante. Les patients avec des niveaux élevés d'expression de PD-L1 dans les cellules myéloïdes
tumorales avaient de meilleures réponses que celles ayant un faible niveau d'expression. PD-1 semble
pouvoir supprimer l'activité des récepteurs des cellules T par l'inhibition de la molécule de co-
stimulation CD28, plutôt que le récepteur de lymphocyte T lui-même.
II/ L'AACR est-il devenu un congrès recherché, au point de talonner l'ASCO ?
L'AACR est devenu un congrès très prisé : c'est une certitude. Il a été démontré que la qualité des
études et des présentations ainsi que leur pertinence, dans un contexte où la réactivité est de mise
dans l’industrie pharmaceutique. Toutefois, le meeting de l'ASCO reste et sera encore pour un certain
temps incontournable dans le domaine de l'oncologie pour son caractère plus international et ouvrant
peut-être davantage ses portes aux industriels alors que l'AACR semble encore très académique.
III/ Conclusion
D'énormes progrès sont réalisés dans la lutte contre le cancer. Les délais de recherche raccourcis se
traduisent par une amélioration de la prévention de diagnostic et fournissent des stratégies de
traitements efficaces pour les patients. C’est une période excitante pour la recherche. Les expériences
faites sur le mélanome, le cancer du poumon, le cancer du rein, et quelques autres nous ont montré
que le système immunitaire est peut-être le seul capable d'obtenir des rémissions de longue durée
sur des cancers avancés. Pourtant, seule une fraction des patients traités par les immunothérapies
actuellement disponibles y répondent. Le défi est maintenant de comprendre comment libérer et
renforcer le pouvoir de la réponse immunitaire pour se fixer sur les cellules cancéreuses.
Valorisation actuelle des Large Caps Biotechs US
Les Large caps biotech US viennent de publier des résultats trimestriels rassurants (voir plus loin). Mais
au-delà des chiffres publiés, les perspectives paraissent dégagées avec des valorisations attrayantes.
Croissance du CA : selon les estimations du consensus pour la période 2015-2017, les Large caps US
se négocient à un ratio Price to sales (CB / CA) de 2,5x plus que les Big Pharmas pour 2015 et de 0,5x
de plus seulement pour 2017 en raison de la croissance du CA anticipée.
Croissance de la marge : les Large caps US devraient voir leur marge passer de 47% en 2015 à 54% en
2017. Comme point de comparaison, les marges des Pharmas sont estimées à 23% en 2015 et 29%
pour 2017.
Croissance du BPA : la croissance du BPA des Large caps US sur la période 2015-2017 devrait atteindre
+21% par an , contre +15% par an pour les Pharmas US et +10% par an pour les Pharmas européennes.
PER : le PER moyen 2015 des Large caps US est de 24,3 en ce moment vs 23,0 pour les Pharmas, alors
que le PER 2017 des Large caps US devrait atteindre 17,2 vs 16,7 pour les Pharmas. Autant dire que la
croissance anticipée sur les biotechs ne se paie pas très chère.
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Estimation de la croissance du CA, de la marge et du BPA des Large caps US dans la Santé (2015-2017) :
Pour illustrer la croissance des ventes des biotechs, prenons un exemple : Alexion, qui est devenue la
6e capitalisation boursière biotech US (35 milliards $) et dont le cours a été multiplié par 10 entre début
2010 et fin 2014. Ses ventes ont explosé depuis 2007, époque à laquelle cette société a mis sur le
marché son Soliris, un produit thérapeutique pour traiter un trouble génétique rare du sang.
Evolution des ventes d’Alexion (barre = ventes sur les 12 derniers mois, publiées en Trimestriel) :
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Aussi, selon l’analyste Mark
Schoenebaum et comme on peut le
voir en bleu sur le graphique ci-
contre, les valorisations des Large
caps biotechs US se négocient en
dessous de celles du S&P 500 pour
la deuxième fois seulement en 10
ans (source). L’analyste utilise ici
uniquement les PER positifs capés à
100, et à 12 mois (2016) ce qui en
limite l’utilisation même si cela
apporte une information sur le
niveau des valorisations et sur ce
que le marché est prêt à payer par
rapport au passé. Il en ressort donc
qu’il n’y aurait pas de
survalorisation à l’heure actuelle.
Bien au contraire ! Les sociétés
biotechs US seraient même moins
chères que les sociétés du S&P 500.
Sur les graphiques qui suivent, nous avons réalisé un résumé du niveau de croissance des bénéfices et
des ventes ainsi que l’évolution des marges des Large caps biotechs US et nous les avons comparé avec
le secteur biotech dans son ensemble.
La marge brute moyenne des 12 derniers mois pour les Large caps biotechs US s’établie à 89% soit
bien au-dessus de celle du secteur (56%) et un peu au-dessus de ce qu’on a constaté au cours des 5
dernières années (88% en moyenne). La marge opérationnelle moyenne sur 12 mois des Large caps
biotechs US est de 39% soit bien au-dessus de celle du secteur (15%) et au-dessus de ce qu’on a vu sur
5 ans (34,5% en moyenne).
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La marge nette moyenne des 12 derniers mois pour les Large caps biotechs US s’établie à 29% soit
bien au-dessus de celle du secteur (12%) et de ce qu’on a constaté au cours des 5 dernières années
(12%). La croissance moyenne sur 12 mois du BPA des Large caps biotechs US est de 83% (38% hors
GILD) avec une accélération au dernier trimestre (+108% vs T1 2014, +55% hors GILD) et largement au-
dessus de ce qu’on a pu constater sur 5 ans (19% en moyenne, 15% hors GILD).
La croissance moyenne du Chiffre d’affaires sur les 12 derniers mois des Large caps biotechs US
s’établie à 40% (24% hors GILD) soit bien au-dessus de celle du secteur (9%) et de ce qu’on a constaté
au cours des 5 dernières années (11%). Au dernier trimestre par rapport à il y a 1 an, la croissance est
de 37% (18% hors GILD) contre 4% pour le secteur. Le PER actuel des Large caps biotechs US est de 54
(34 hors REGN) soit loin du plus haut sur 5 ans (65) mais aussi très loin du plus bas sur 5 ans (24). Le
PER moyen de tout le secteur biotech US est de 39 à l’heure actuelle, au plus haut sur 5 ans.
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Résultats financiers du 1er Trimestre des Large Caps Biotechs US
Les grosses locomotives de la biotech US ont publié de bons résultats au cours du 1er
Trimestre 2015 (T1). Si on exclut Biogen, l’ensemble des grosses capitalisations ont
vraiment rassuré. On attend encore les résultats de Regeneron, qui publiera le 7 Mai,
pour se faire une idée plus précise mais les perspectives pour 2015 ont de quoi
alimenter un certain optimisme sur les Large caps Biotechs US. Nous avons procédé à
une revue des publications trimestrielle des Large caps biotechs US, et à un
récapitulatif de la croissance trimestrielle du bénéfice par Action (BPA).
Gilead : bien au-dessus du consensus. Perspectives
accrues. Premier dividende historique versé (0,43$ /
titre)
Le CA du T1 dans le VHC a été de 4.55 milliards $ (+
19% par rapport au trimestre précédent; + 100% par
rapport au T1 2014), contre un consensus de 3.67
milliards $. Les ventes aux US ont atteint 3.44 milliards
$, contre 1.11 milliards $ à l’international. Le total des
revenus a été de 7.59 milliards $ (+4% par rapport au trimestre précédent; +52% par rapport au T1
2014), bien au-dessus du consensus de 6.74 milliards $. Le BPA (bénéfice par action) a été de 2,89 $
contre un consensus de 2,78 $. Gilead a révisé à la hausse ses prévisions de ventes pour 2015, à 28.0-
29.0 milliards $ contre 26.0-27.0 milliards $ auparavant.
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Amgen : bon démarrage d’année
Amgen a enregistré des ventes solides de 4.87
milliards $ au T1 contre un consensus de 4.74
milliards $. La croissance des revenus a été de 11%
par rapport au T1 20144 (en tenant compte d’un
impact de changes défavorables de 300 millions $).
De multiples lancements de produits sont
attendues prochainement (Corlanor, Repatha et T-
Vec). Plusieurs produits ont dépassé les attentes
au 1er trimestre (Epogen, Enbrel, Aranesp, Xgeva et Sensipar) tandis que Neupogen déçu. La marge
Opérationnelle a atteint 50,2% contre un consensus de 44,7%. Le BPA (voir ci-contre) a progressé de
33% par rapport au T1 2014, à 2,48 $ contre un consensus de 2.11 $. Le BPA 2015 a été porté par le
management de 9,05-9,40 $ à 9,35-9,65 $. Le revenu est attendu à 20.9-21.3 milliards par la direction
contre des estimations précédentes de 20.8 à 21.3 milliards $.
Biogen : déception sur les ventes
Le BPA (voir ci-contre) a atteint 3,82 $ (+55% par
rapport au T1 2014) contre un consensus de 3,91 $.
Les revenus ont atteint 2.55 milliards $ (+20% par
rapport au T1 2014), contre un consensus de 2.66
milliards $. La performance des ventes du 1er
trimestre a été impactée par une demande plus
faible, une mauvaise saisonnalité, et des changes
défavorables, avec une performance
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particulièrement médiocre pour son produit Tecfidera. La société n’a pas procédé à une mise à jour de
ses perspectives pour 2015. Les ventes de Tecfidera étaient 825 millions $ incluant 648 millions $ de
ventes aux US (contre un consensus de 727 millions $) et 177 millions $ hors Etats-Unis (contre un
consensus de 204 millions $). La franchise ‘Interferon’ (IFN) de Biogen (produits Avonex et Plegridy) a
enregistré 755 millions $ de ventes (-1% par rapport au T1 2014), en ligne avec le consensus 758
millions $. Les ventes mondiales d’Avonex ont été de 693 millions $, en ligne avec le consensus de 695
millions $. Les ventes de Tysabri étaient de 463 millions $ (+ 5% par rapport au T1 2014), en dessous
du consensus de 492 millions $. Les revenus associés à Rituxan / Gazyva (331 millions $, +11% par
rapport au T1 2014) étaient supérieurs au consensus (301 millions $). La franchise dans l'hémophilie
(Alprolix) a rapporté 43 millions $ de ventes tandis qu’Eloctate a rapporté 54 millions $. La Marge
d'exploitation a été de 47,7%. Biogen n'a pas mis à jour ses perspectives pour 2015. La société
présentera des données sur BIIB037 (sur sa dose de 6mg) au en Juillet.
Celgene : une activité soutenue
Celgene a publié un BPA (voir ci-contre) de 0.95$
(+29% par rapport au T1 2014) contre un consensus
de 0.93$, pour des revenus de 2.081 milliards $
(+20% par rapport au T1 2014, contre un consensus
2.117 milliards $) et a réitéré ses perspectives pour
2015. Son produit Revlimid a connu un bon T1, avec
des ventes de 1.343 milliards $ (+17% par rapport au
T1 2014) contre un consensus de 1.33 milliards $. La
direction s’attend maintenant à des ventes 2015 au niveau ou au-dessus de la fourchette supérieure
de 5.6-5.7 milliards $ et à un BPA de 4,60-4,75 $ contre un consensus de 4.81 $. Des données sur son
Revlimid seront publiées à l'ASCO en juin prochain.
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BioMarin : Fort Lancement de Vimizim;
Perspectives de Revenus accrues
BioMarin a enregistré des revenus de 203.3 millions
$ au T1 2015, en ligne avec le consensus de 202.9
millions $. Le BPA (voir ci-contre) a été de -0,25 $
contre un consensus de -0,53 $. Les ventes au T1 de
son Vimizim ont atteint 50.6 millions $ (+37% par
rapport au Trimestre précédent), bien au-dessus du
consensus de 40.3 millions $. Avec l'ajout de 6 pays
au T1, Vimizim est maintenant disponible dans 26 pays et la direction prévoit une croissance continue
avec une pénétration accrue dans les marchés nouveaux et existants. En conséquence, BioMarin a
augmenté ses perspectives de revenus pour 2015 sur son Vimizim (de 170-200 millions $ à 200-220
millions $) et son estimation de chiffre d'affaires totale est passé de 840- 870 millions $ à 850-880
millions $. Des données cliniques sont attendues pour son BMN-111 dans l'achondroplasie pour la fin
Juin.
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Illumina : des ventes et des perspectives solides
Les revenus ont progressé de 28% par rapport au T1
2014 à 539 millions $ (contre un consensus de 524
millions $). La marge d'exploitation a atteint 33%,
battant les attentes du consensus de 4%. Le BPA (voir
ci-contre) a été de 0,91 $ (+71% par rapport au T1
2014) contre un consensus de 0,72$. Les principaux
moteurs de la croissance sont avant tout l’activité
séquençage, ainsi que les services. La direction a réitéré son objectif de croissance du chiffre d'affaires
en 2015 de 20% et a porté ses estimations de BPA de 3.12-3.18 $ à 3,36-3,42 $. Les revenus de la
société devraient augmenter à un rythme soutenu de 25-30% en 2015.
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Le débat sur le Prix de vente des médicaments continue…
Cela fait maintenant 18 mois que le chiffon brûle au sujet du prix de vente des médicaments.
Rappelez-vous : tout avait commencé en Janvier 2014 lorsque Gilead avait annoncé un prix
par traitement pour l’Hépatite C de 84 000$ pour son Sovaldi. Bien qu’absolument
révolutionnaire, son prix de vente avait amené à l’époque des républicains au Congrès qui
s’étaient enquis à batailler et pour demander au fabricant de se justifier sur cette pratique.
Un peu plus tard, Express Script, qui est un assureur Santé américain et qui est une sorte de
grossiste pour les médicaments, avait alors annoncé préférer négocier un rabais sur un
médicament similaire auprès de Bristol-Myers Squibb (toujours en free interferon, donc sans
toxicité, et avec un taux de guérison ultra significatif).
Depuis, il n’y a eu que très peu de tensions sur le sujet, à savoir que les Pharmas et les Biotechs
pouvaient continuer à imposer à peu près n’importe quel prix sur leurs médicaments. C’est un
sujet hautement important pour l’industrie du médicament - comme on l’a vu, au regard des
taux de marge brute moyens de 90% et des taux de marges nets de 30% que génèrent les
médicaments. Mais on ressent que cette situation est de moins en moins tenable.
Acheter des médicaments pour augmenter leurs prix
En effet, la presse se fait l’écho (voir cet
article sur le WSJ) de prix de ventes des
médicaments totalement hors contrôle. En
février 2015, on apprenait que Valeant
Pharmaceuticals avait racheté les droits de
2 médicaments pour le cœur. Le même
jour, leurs prix de ventes ont augmenté de
525% et 212%. Aucun de ces médicaments,
Nitropress et Isuprel, n’avait été amélioré -
on aurait pu penser que des
investissements coûteux en laboratoire et
en essais sur les humains auraient pu
justifier ces écarts. Mais ce n’était pas le
cas.
Début 2014, Mallinckrodt a payé 1,4 milliard $ pour racheter Cadence Pharmaceuticals et son
médicament contre la douleur Ofirmev. Trois mois plus tard, le prix de vente d’Ofirmev avait
presqu’été multiplié par 2,5 (à 1019.5 $). Mallinckrodt fait savoir que ce prix se justifie car les
économisent sur les coûts d'hospitalisation des patients. Horizon Pharma a pour sa part
racheté un médicament contre la douleur, le VIMOVO, à AstraZeneca à la fin de 2013. Le 1er
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janvier 2014, le prix de 60 comprimés est passé à 959,04$ soit une augmentation de 597%.
Horizon a même encore augmenté le prix de vente au 1er janvier 2015 à 1678,32 $. Valeant
aurait augmenté d'au moins 20% le prix de ses médicaments à 122 reprises depuis le début
de 2011, selon Needham & Co.
Acheter des médicaments considérés comme étant sous-évalués, pour augmenter les prix :
s’agit-il d’une bonne intention ? Certainement pas. A la rigueur, si on pouvait noter un
bénéfice thérapeutique (on va voir plus loin que cela a un coût) : pourquoi pas ? Mais ce n’est
pas le cas. Ce n’était pas la propriété du médicament qui avait changé. Mais simplement son
propriétaire. Au-delà de parler de pratique déloyale, il s’agit également d’un problème
éthique. Car cette hausse du coût des médicaments est payée par les contribuables, les
employeurs ou par les employés.
Monter régulièrement les prix des médicaments
Selon l’article du WSJ citant Express Scripts, depuis 2008, les prix de ventes des médicaments
(hors génériques) ont augmenté de 127% aux Etats-Unis, contre une hausse de 11% de l'indice
des prix à la consommation. Les analystes Santé de chez Needham, dans une note de
recherche publiée en Juin 2014, ont mis en avant que les 2 dernières années avaient
représenté au moins la moitié de de l’augmentation des prix de ventes observés lors de la
précédente décennie. Autant dire que ce, mécanisme d’inflation s’est de plus en plus accéléré.
Au point de toucher ses limites.
Exemple de l’inflation du prix de ventes des médicaments dans la sclérose en plaques :
Récemment, la revue Neurology (lien ici) s’est penchée sur l’inflation du prix de ventes des
médicaments dans la sclérose en plaques (une maladie chronique du système nerveux qui
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affecte environ 400 000 américains). Lorsque les premières thérapies pour cette maladie ont
été approuvées dans les années 1990, leur prix était de 8000 à 12 000$ par an. Comme on
peut le voir sur le graphique précédent, ces mêmes médicaments vendus encore aujourd’hui
coûtent entre 50 000 et 65 000 $ par an. Pour autant, il n'y a pas de remède pour cette
maladie. Les patients prennent généralement ces médicaments pendant des années, voire des
décennies.
Le Copaxone, approuvé en 1996, est toujours un best-seller, avec des ventes 2014 de 3,4
milliards de dollars aux États-Unis. 3 autres médicaments approuvés dans les années 90
(Betaseron de Bayer, Avonex de Biogen, et Copaxone de Teva) réalisaient des ventes totales
de 2 milliards $ en 2006 aux US. Ce chiffre a triplé à plus de 6 milliards $ en 2014, alors même
que plusieurs thérapies concurrentes ont été approuvées. Une des raisons à cette situation
vient du fait qu’il n’y a pas de versions génériques de traitements contre la sclérose en
plaques. Ces médicaments, issus tout droit de la biotechnologie, sont plus difficiles à élaborer
et fabriquer.
Inflation du prix de vente de certains médicaments (période 2008-2014) :
Selon Credit Suisse (graphiques ci-dessus), de nombreux traitement voient leur prix de ventes
progresser de plus de 10% par an (CAGR, pour « Compound annuel growth rate » qui est le
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taux croissance annuel moyen) ce qui représente un doublement des prix tous les 7 ans.
Encore une fois, il ne s’agit pas de traitements qui apportent un bénéfice thérapeutique par
rapport à leur ancienne version. On peut donc légitimement se poser la question de savoir si
cette hausse des prix est juste.
Les médicaments sous ordonnance représentent certes une part infime des dépenses (10%
du marché total). Or, les nombreux abus et dérapages sur le marché des médicaments vendus
aux hôpitaux - soit 376 milliards $ l'an dernier aux Etats-Unis – entraînent de plus en plus
d’inquiétude sur ces coûts élevés, alors même que les expirations de brevets qui se profilent
sont moindre qu’avant (et donc moins de génériques à bas prix pour compenser la hausse des
prix).
Toute la question est maintenant de savoir si les politiques chercheront à attaquer l’industrie
pharmaceutique qui sont de puissants lobbies. Egalement, se pose la question de savoir, alors
même que cela fait déjà longtemps que les compagnies d'assurance et les patients se
plaignent de coûts élevés pour les médicaments, si les médecins sont de plus en plus les
rejoindre. Certains médecins commencent à participer à des revues académiques pour plaider
en faveur d’une baisse des prix pour les médicaments. Reste à voir à quelle vitesse tout cela
se fera.
Jusqu'à présent, les prix relativement élevés pour les médicaments, mettait les investisseurs
dans une certaine zone de confort. Peut-être que tout cela ne durera pas éternellement. Du
moins aux Etats-Unis, qui est quand même le plus gros marché mondial.