Les Techniques modernes dans l'enseignement:...

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Les techniques modernes dans nseign Comptes rendus de quelques expériences - 1 Niger

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Comptes rendusde quelques expériences - 1Niger

Les techniques modernes dans l'enseignement

LES TECHNIQUES MODERNES DANS L'ENSEIGNEMENT

COMPTES RENDUS DE QUELQUES EXPERIENCES

Volume I Niger

Programme d'enquêtes financé parun contrat de l'Agencé américaine pour

le développement international (USAID)

i

I

| IIEP Documentation Centre

031267001002

Unesco : Institut international de planificationde l'éducation

Les enquêtes dont les monographies ci-après - entreautres - marquent l'aboutissement ont été effectuées

en 1965/66 par l'Institut international de planificationde l'éducation grâce à un contrat conclu avec l'Agenceaméricaine pour le développement international (USAID),contrat reconnaissant à l'Institut toute liberté d'inves¬

tigation ainsi que le droit de publier ses conclusions auprofit de tous les pays. L'exécution de ce programmea été dirigée par M. Wilbur Schramm (détaché de l'U¬niversité Stanford). Parmi ses principaux collabora¬teurs appartenant à l'Institut, mentionnons M. PhilipH. Coombs, directeur de l'IIPE, M. Friedrich Kahnert

(détaché de l'Organisation de coopération et de dévelop¬pement économiques) et M, Jack Lyle (détaché de l'U¬niversité de Californie, Los Angeles).

Publié en 1967 par l'Organisation desNations Unies pour l'éducation, la science et la culturePlace de Fontenoy, 75 Paris- 7e

©Unesco 1967

AVANT-PROPOS

Partout dans le monde, les pays en voie de développement rencontrent,

dans la lutte qu'ils mènent pour faire face à leurs immenses et urgentsbesoins dans le domaine de l'éducation, de redoutables difficultés : pénu¬

rie de personnel, d'argent et de moyens; programmes périmés, matérield'enseignement démodé; structures administratives inadaptées et débor¬dées; population très disséminée et d'accès difficile; traditions et force

d'inertie faisant obstacle au changement.

En quête de moyens pour venir à bout de ces difficultés, les dirigeants

et les planificateurs de l'éducation de ces pays ont interrogé avec insis¬tance différents organismes, dont l'IIPE, au sujet de ce qu'on appelle les"techniques modernes d'enseignement", telles que la télévision, la radio,le cinéma et l'enseignement programmé. Ces techniques pourraient -ellesleur être utiles ?

Plus précisément, ils ont posé les questions suivantes : ces techniques

peuvent -elles donner de bons résultats pédagogiques ? Quel en est le coût ?

Pouvons -nous , financièrement, les adopter, et dans quelles circonstances ?

Quelles difficultés d'ordre administratif et logistique leur emploi peut- ilsoulever ? Comment planifier leur utilisation, et comment démarrer ?

Soucieux de donner à ces questions les meilleures réponses possibles,

l'IIPE a entrepris, en 1965, une campagne d'investigation à travers lemonde entier. Cette enquête se proposait de dégager les leçons de l'expé¬

rience accumulée par les nombreux pays qui ont fait, dans l'application deces nouvelles techniques, oeuvre de pionniers.

Il s'agissait dans un premier temps de définir une méthode applicable, sipossible, à tous les cas étudiés, afin que les résultats puissent être com¬

parés.

Il convenait ensuite de choisir les cas à étudier : pas trop nombreux mais

cependant représentatifs de l'expérience acquise, à la fois dans sa diver¬

sité et sa totalité. Plus d'une vingtaine ont été retenus, avec l'aide de spé¬

cialistes de l'Unesco et d'autres experts.En troisième lieu, il a fallu s'assurer la collaboration, au niveau national

et au niveau local, des fonctionnaires et des experts attachés à ces entre¬

prises, rassembler et analyser le maximum d'éléments d'informationconcernant chaque projet, et former les équipes de recherche qui iraientmener leur enquête sur le terrain, La plupart de ces équipes devaient

comprendre un ou deux éducateurs chevronnés chargés d'étudier spéciale¬

ment les aspects pédagogiques et administratifs de l'expérience, un éco¬nomiste devant en analyser le coût et le financement, et un spécialiste

des moyens d'information qui examinerait les problèmes proprement

techniques. Dans quelques cas, c'est un expert du pays même qui a

dirigé l'enquête, secondé par des compatriotes et guidé par un mem¬bre de l'IIPE.

Quatrième étape : la préparation des projets de rapports contenant lesobservations des membres de l'équipe, et l'envoi de ces textes aux hautsfonctionnaires du pays considéré et aux experts sur place pour recueillirleurs critiques, corrections et suggestions. La plupart de ces monogra¬phies ont ainsi subi deux ou trois révisions avant d'être jugées prêtes àêtre publiées.

Enfin, toutes ces études particulières ont été rassemblées et analyséesafin d'en dégager les conclusions importantes, les enseignements et lesorientations qui pourraient être proposés aux dirigeants et aux planifica¬teurs de l'éducation dans un dernier rapport récapitulatif, (ce rapport,en cours de publication, est intitulé Techniques modernes au serviced'une éducation planifiée (1)).

Ce vaste travail n'a pas été aussi simple, évidemment, que ce bref exposéne le laisse entendre. C'est ainsi que, lors du choix des cas à étudier, ila été bien plus difficile que prévu d'obtenir des renseignements dignes defoi au sujet de diverses expériences sans se rendre sur le terrain même;et plus d'une fois les enquêteurs ont constaté avec surprise que la réalitéétait différente de ce à quoi ils s'attendaient.

Il n'a pas été plus facile de rassembler des données suffisantes et compara¬bles, en particulier sur les coûts et sur l'efficacité pédagogique, malgré lacollaboration entière que nous ont apportée toutes les autorités localesconsultées. Parfois, cette documentation était tout simplement inexistante;plus souvent, elle s'est révélée partielle, ou mal constituée, ou encore

inexacte. Le plus remarquable est peut-être qu'en dépit de ces difficultésinévitables, tant de données assurées aient pu en définitive être rassem¬blées.

La simple organisation matérielle de cette campagne d'enquêtes, touchantvingt-trois entreprises réparties dans dix- sept pays, et menée à bien enmoins de douze mois, avait de quoi effrayer n'importe quel administrateur.

Des centaines de lettres ont été échangées entre l'Institut, les ministères,les experts locaux, les enquêteurs et bien d'autres correspondants. Il afallu mettre au point des itinéraires complexes pour conduire les enquêteursd'une localité à l'autre à travers l'Afrique, l'Amérique latine, le Moyen-Orient

1. W. Schramm, P. H. Coombs, F. Kahnert, J. Lyle,

Techniques modernes au service d'une éducationplanifiée. Paris, Unesco/IIPE, 1967

et l'Asie - sans parler des problèmes de logement. Dans un pays, un coup

d'état a brutalement interrompu les opérations d'enquête, mais heureusement

pour un seul jour. Ailleurs, un cyclone manqua d'emporter le dîner qu'un

chef de tribu offrait en l'honneur de l'équipe, et dans la nuit le mur de l'hôtels'effondra, dévoilant soudain à nos collègues l'immensité de l'océan; le len¬demain, ils durent inclure dans leurs activités l'assèchement de l'immeuble

de la télévision pour aider à protéger le matériel, mais les interviews nefurent pas arrêtées pour autant. L'opération fut assurément pour eux, à plusd'un titre, riche d'enseignements !

L'Institut se félicite d'avoir persuadé M. Wilbur Schramm, de l'Universitéde Stanford, spécialiste de renommée mondiale dans le domaine des nouvelles

techniques d'éducation, d'assurer la direction technique de ce projet, et d'a¬voir obtenu le concours de M. Jack Lyle, détaché par l'Université de Califor¬nie à Los Angeles, en tant que sous -directeur, et de M. Friedrich Kahnert,

principal économiste de l'opération. Le Directeur de l'Institut et plusieursmembres permanents de son personnel ont également pris une grande part àce projet, avec de nombreux consultants et plusieurs experts de l'Unescodont la collaboration nous a été généreusement offerte.

Nous espérons que les résultats de ces enquêtes permettront aux planificateursde l'éducation des pays en voie de développement, ainsi qu'aux organismesd'aide extérieure, de mieux estimer la valeur de certaines des techniques

d'enseignement les plus modernes et de déterminer plus aisément la place àleur donner dans leurs plans généraux de développement.

Ce projet a été généreusement financé par l'Agence américaine pour le déve¬loppement international (United States Agency for International Development),et a bénéficié de l'appui des départements et divisions compétents de l'Unesco.

Nous remercions tout particulièrement les nombreux fonctionnaires, éduca¬

teurs et spécialistes qui,, dans les divers pays visités, se sont dépensés sans

compter pour nous aider. Il va sans dire, toutefois, que la responsabilité ducontenu de ces études incombe aux auteurs dont le nom est mentionné.

Philip H. CoombsDirecteur de l'IIPE

Table des matières

La télévision scolaire 11

Conditions générales 15Organisation 20

Equipement 25

Programme. 26Attitudes 37

Financement 39

Résultats 42

Conclusion 53

Les radio-clubs de la République du Niger ... 57

Conditions générales

Organisation . .Les programmes .Attitudes

EquipementFinancement

Résultats

Conclusion .

Conditions générales . . . . ... .Organisation

Les programmes et l'enseignementRésultats

EquipementFinancement

Avenir . .

Conclusion .

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La radiovision au service de l'alphabétisation dans

là République dû Niger 83

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LA TELEVISION SCOLAIRE

Rapport à l'Institut international de planification del'éducation, établi par Robert Lefranc, directeur du

Centre audio-visuel, Ecole normale supérieure,Saint-Cloud (France), suite à une mission au Nigeren mars 1966

QUELQUES RENSEIGNEMENTS SUR LE NIGER La Répu¬

blique du Niger est devenue indépendante en 1960. Elle a

un régime présidentiel et une assemblée nationale élue

pour 5 ans. La capitale est Niamey.Le pays est situé dans la partie nord de l'Afrique cen¬

trale, entre les méridiens 0° et 16° est et les parallèles12° et 23°30' nord. Il est limité au nord par l'Algérie et

la Lybie, à l'est par le Tchad, au sud par la Nigeria et

le Dahomey et à l'ouest par la Haute-Volta et le Mali. Sasuperficie est d'environ 1 189 000 kilomètres.

La partie méridionale du pays est une zone agricole re¬cevant 600 à 800 millimètres de pluie par an. Au nord,

du 14e ou du 15e parallèle la quantité de pluie baisserapidement et tout l'immense territoire du pays situé au

nord du 16e parallèle est pratiquement du désert. La tem¬pérature moyenne annuelle est très élevée. La saison despluies s'étend du mois de juin au mois de septembre.

La population en 1962 dépassait les 3 millions, alorsqu'elle était de 2 100 000 en 1956. Seulement 3 % de lapopulation vit dans les villes et environ 85 % de la popu¬lation vit dans le quart méridional du pays où les chutes

de pluies sont supérieures à 350 millimètres par an. En¬viron 15 % de la population est nomade.Le revenu national en 1962 était de 61 600 millions de

francs CFA, soit environ 250 millions de dollars, au

taux de 247 francs CFA pour un dollar. Le revenu

moyen par habitant était d'environ 20 375 francs CFA,soit un peu plus de 80 dollars. Environ 85 % du revenunational provient de l'agriculture. Le plan actuel de dé¬veloppement prévoit 19,8 % des investissements dansl'industrie, 24 % dans l'agriculture, et 15 % dans l'édu¬cation.

La population scolaire totale est d'environ 28 000 repré¬sentant peut-être 5 % des enfants d'âge scolaire. Lenombre d'analphabètes est considérable, mais les chif¬

fres demeurent quelque peu imprécis.

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La langue officielle est le français. Il y a deuxlangues vernaculaires principales, le haoussa et

le djerma, et un certain nombre d'autres languestribales. La majeure partie de la population est

musulmane. Dans beaucoup de villages le marabout

est la seule personne sachant lire et écrire.

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. CONDITIONS GENERALES

L'expérience de télévision éducative du Niger a été organisée en 1963 etelle a débuté en 1964. C'est-à-dire qu'à notre connaissance, c'était la

première fois qu'un pays africain (et une des toutes premières fois dansl'ensemble du monde) a utilisé la télévision pour donner une instructioncomplète à de jeûnes enfants commençant leur scolarité. C'était la pre¬mière fois que l'emploi combiné de télévision et de moniteurs a été réalisé

pour remplacer progressivement les instituteurs dont on avait besoin pourdonner un niveau plus élevé d'enseignement. C'est une des toutes premiè¬res fois qu'un usage total et intensif de la télévision a été fait à des finsstrictement scolaires, et une des rares expériences de télévision scolaire

dans laquelle la priorité pédagogique a été donnée au visuel après des testsnombreux et systématiques.

A. But

L'objectif principal est de pallier le nombre très réduit de maîtres quali¬fiés. On voudra bien se reporter aux statistiques analysées au début duprésent rapport. La télévision est apparue comme un moyen d'essayer derésoudre ce problème par l'utilisation conjointe d'émissions de télévisionet d'un moniteur muni du certificat d'études primaires, ayant bénéficiéd'une formation accélérée.

Il convient également de mentionner d'autres objectifs particulièrementimportants :

1. Commencer à donner, grâce à la télévision, un enseignement dès lecours d'initiation, "c'est-à-dire avant le cours préparatoire", à desenfants n'ayant aucune connaissance du français.

2. Mener une expérience restreinte au départ, en conservant toujours l'idéeque les maquettes d'émissions ainsi produites devaient servir ultérieure¬ment (après modifications éventuelles) pour diffusion par station, et nonplus par circuit fermé. De là, un certain nombre de règles strictes,auxquelles se sont astreints les responsables de l'expérience: ne jamais

intervenir durant la classe, ne donner de consignes d'exploitation qu'aumoyen de fiches pédagogiques quotidiennes, ne donner de conseils péda¬gogiques qu'au travers d'émissions hebdomadaires. Autrement dit, bienqu'au départ les deux classes expérimentales se trouvent à proximité du

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Niger

studio de télévision, on se place dans les mêmes conditions que si lesclasses étaient distantes de dizaines, de centaines de kilomètres.

3. Nécessité d'une formation accélérée du personnel. Cette dispositionn'est pas considérée comme un palliatif temporaire, mais comme un

des éléments constitutifs permanents de l'ensemble de cet enseignement.Cette formation est conçue dans l'optique d'une véritable symbiose entrele moniteur et le moyen audio-visuel, l'un étant pensé en fonction del'autre.

4. Remédier à l'absence de formation des maîtres nigériens dans l'utilisa¬tion de nouveaux moyens de communication et de nouveaux modes d'ex¬pression. En effet, l'école traditionnelle essentiellement fondée sur latradition orale ne permet pas d'accéder facilement au mode de penséede l'expression moderne, nécessaire au développement intellectuel etéconomique du pays.

5. Souci de ne pas entraver une future réforme de l'enseignement. Lespromoteurs de l'expérience, soucieux d'innover, ont été bien entendutentés par une rénovation non seulement de la forme mais du contenu

de l'enseignement. Mais ils se le sont interdit, de façon à ce que l'expé¬rience ne risque pas de devenir une entreprise sans lendemain. Ils onteu pour souci de se tenir dans le cadre des initiatives des autorités nigé¬riennes dans le domaine de l'éducation. Ceci apparaît avec évidence dansle rapport préparé par le Commissariat au Plan pour la partie concernantl'enseignement. On y relève en effet l'affirmation suivante:

"'Eh. 1965 une expérience de scolarisation par la télévision sera entrepriseà Niamey. Si cette expérience est positive, la généralisation de cette formed'enseignement sera réalisée. Actuellement on n'a aucune donnée permet¬tant de faire la moindre prévision sur le coût d'un tel système et de sonfonctionnement.,!lNous avons donc raisonné sur les bases d'un enseignementpar les 'méthodes traditionnelles qui seront évidemmerit remises en causesi les essais s'avèrent concluants".

B. Sources et initiatives

On se doit de mentionner lés études qui, depuis 1960, avaient été menées enFrance et dans certains pays africains, afin d'étudier l'apport possible desnouveaux moyens de communication à l'enseignement. Sur l'initiative de laCommission nationale française pour l'Unesco, un ensemble cohérent depropositions avait été présenté à l'Unesco, sous le ''nom de projet "Berger",M. Berger, à l'époque directeur général de l'enseignement supérieur, ayant

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La télévision scolaire

été le promoteur de ces idées. D'autre part, les services français de coo¬pération, par l'intermédiaire de divers organismes de recherches, avaientmené des études sur la contribution éducative de la radio et de la télévision

en pays en voie de développement.

Le Président Diori avait eu lui aussi l'idée à la même époque de mettre àprofit la télévision pour améliorer les conditions d'enseignement au Niger.

Dès 1962, il avait fait faire une étude par Radio-Niger en vue d'une utilisa¬tion de la télévision durant la journée pour l'enseignement scolaire, et lesoir pour les adultes.

L'expérience est donc née de cette double initiative des services de coopé¬

ration française, désireux de connaître l'impact de la télévision scolairesur le milieu africain, ayant accepté l'idée de l'expérimenter dans le moinsscolarisé des pays francophones. Dès l'été de 1963, des études ont été

menées tant à Paris qu'au Niger par M. Solères, auteur d'une méthoded'alphabétisation, et par M. Egly, au titre d'expert consultant. Durant l'étéde 1963, un groupe de travail s'est réuni à Paris, mettant à profit entreautres l'expérience de chercheurs de l'Université de Dakar et de praticiensde l'enseignement, tels que M. Chicot, ayant une solide expérience de diverspays africains, et en particulier de la Côte-d'Ivoire.A la suite de ces études, le Ministère français de la coopération, avecl'accord du gouvernement nigérien, décida d'entreprendre l'expérience.Dans ce but, fût rédigée une série de 5 conventions préliminaires, puisune convention d'établissement portant sur deux années.

Une équipe de production arriva à Niamey début octobre 1964. Les moni¬teurs furent choisis et formés. On choisit également les élèves des premiè¬res classes expérimentales. L'école ouvrit début novembre et le premier

des 400 programmes de télévision fut montré en circuit fermé le 16 novem¬bre. Le président de la République visita les classes expérimentales le 24novembre, et un groupe d'experts du Ministère français de la coopérationvint inspecter l'expérience en janvier 1965. Les premiers examens eurentlieu en avril 1965.

Au mois de mai, après la fin des émissions, l'équipe de production a vi¬sionné à nouveau toutes les émissions et, en fonction des réactions des

élèves, a décidé de celles que l'on pouvait rediffuser telles quelles, de

celles qui étaient à retoucher ou même à refondre complètement.

Du 15 mai au 30 Juin a été entrepris un cours de perfectionnement des mem¬bres nigériens de l'équipe, en particulier des techniciens et des moniteurs.Ainsi se termina la première année d'expérience.

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Niger

C. Statut

La télévision scolaire est sous l'autorité du Ministère de l'éducation natio¬

nale. Ainsi qu'il a été mentionné, elle fonctionne avec l'aide du gouvernement

français. En 1965, cette aide avait donné lieu à la signature de 5 accordspréliminaires. Pendant cette période, les questions dé télévision scolaireont été examinées par un comité interministériel et les fonds provenaient

directement du Ministère de la coopération.

En 1965, à la lumière de l'expérience 1964/1965, le gouvernement françaisa signé avec le gouvernement nigérien une nouvelle convention unique et aconfié la gestion de l'ensemble à l'AUDECAM (Association universitaired'échanges culturels avec l'Afrique et Madagascar).On analysera ci-dessous rapidement l'économie de cette Convention.Aux termes de l'article 1er : "La Convention a pour objet la conception etla production de programmes et de matériels audio-visuels adaptés aux

prévisions de développement de l'enseignement établies par le gouvernementde la République du Niger, la réception d'émissions télévisées dans un cadrepédagogique approprié, et la réalisation des études nécessaires à la miseen oeuvre d'une télévision éducative, à l'exclusion des études relatives aux

problèmes posés par la constitution d'un réseau national de diffusion hert¬

zienne confiées par ailleurs à l'Office de coopération radiophonique (Ocôra),et au Bureau d'études des postes et télécommunications d'outre-mer

(BEPTOM) par le gouvernement de la République du Niger sur ses ressourcespropres".La Convention porte (article 2) "sur une période limitée à la durée de deuxannées scolaires (1965/1966 et 1966/1967), correspondant à la phase prépa¬ratoire d'une éventuelle extension généralisée de ce système d'enseignementet comprenant pour la première année: la mise en place et le fonctionnement

d'un centre de production, d'un émetteur expérimental de faible puissance,et d'un réseau de réception limité à une vingtaine de villages à proximité deNiamey. Pour la deuxième année: le fonctionnement du centre de production,la mise en place et l'exploitation d'un émetteur de grande puissance, et d'unréseau de réception couvrant une région rurale".En fait, ainsi qu'on le verra, en 1965/1966, l'expérience a continué avecun circuit fermé et deux classes. De là un décalage d'un an dans l'exten¬sion de l'expérience et une durée réelle de convention de trois années.

L'aide financière de la République française, d'un montant de 6 030 000francs, porte sur la réalisation d'investissement et le financement de

frais de fonctionnement relatifs aux trois secteurs de production, diffusionet réception. Les frais de fonctionnement comprennent à la fois la priseen charge du personnel et les dépenses d'exploitation.

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La télévision scolaire

Aux termes de l'article 5, le gouvernement du Niger apporte son concourssous les formes suivantes :

"Affectation du bâtiment dénommé mess dès officiers et du terrain sur

lequel il se trouve .

"Construction et entretien des écoles constituées en centres de réception."Affectation et rémunération du corps professoral nigérien participant àla conception et à l'animation des émissions, et du corps monitoral pre¬

nant en charge les classes télévision."Logement et ameublement du personnel expatrié . "A l'occasion de cette convention, les modalités administratives ont été

précisées. Il apparaît intéressant à cet égard de citer in extenso l'arti¬cle 6 :

"En raison de la nature pédagogique des objectifs propres à cette opération,les deux gouvernements conviennent que la direction et le contrôle en se¬

ront confiés au ministre de l'éducation nationale de la République du Niger."Le ministre de l'éducation nationale sera assisté d'un comité comprenantsous sa présidence :

" - les membres suivants, désignés par le gouvernement de la Républiquedu Niger :

- le commissaire général au plan (1) ,- le commissaire à la promotion humaine (1) ,- l'inspecteur d'académie;;

" - les membres suivants désignés par le gouvernement de la Républiquefrançaise :- le chef de la Mission d'aide et de coopération,

- le conseiller culturel auprès de l'ambassade de France,- un chargé de mission de la Direction de la coopération culturelle

du Ministère de la coopération;" - d'autre part, afin d'assurer la coordination avec les études techniques

du réseau de diffusion hertzienne mentionnée à l'article premier etpréparer l'évolution ultérieure du projet, pourront être associés auxtravaux du comité :

- à l'initiative du gouvernement de la République du Niger un représen¬tant du ministre de 1 ' information et un représentant du ministrechargé des télécommunications ,

- et à l'initiative du gouvernement de la République française le oules techniciens qualifiés dont le concours pourra apparaître utile.

1 . Le commissaire général au plan et le commissairegénéral à la promotion humaine sont désormais uneseule personne . L ' inspecteur d ' académie aura , enfait, le contrôle pédagogique de l'opération.

19

Niger

"Le secrétariat du comité sera assuré par le responsable administratifde l'opération mis à la disposition de la République du Niger au titre dela présente convention. "

D. Extension actuelle et future

Selon le planning primitivement prévu, l'extension devait se faire de lafaçon suivante :

1965/1966 : 20 centres, soit environ 800 élèves.1966/1967 : une centaine de centres, soit environ 4 400

élèves.

1967/1968. : 300 centres, soit environ 18 000 élèves.1968/1969 : 500 centres, soit environ 40 000 élèves.

L'extension du réseau de réception se poursuivra à partir de 1969 pouratteindre le chiffre des 1500 centres prévus en année pleine d'exploitation.Rappelons que, par suite du décalage, l'expérience 1965/1966 ne porteque sur deux écoles attenantes à la station, et le planning initial sera doncdécalé d'un an.

Ce décalage a été jugé salutaire par l'équipe de réalisation, car il a permisde réajuster ou de refondre les 400 émissions de l'année 1964/1965, et d'enajouter environ 200 nouvelles. De cette sorte, à la fin de l'année 1965/1966,la télévision scolaire se trouvera à la tête de 600 émissions pour le coursd'initiation, et elle disposera ainsi toujours d'un an de battement au fur età mesure de l'extension de l'enseignement à d'autres cours.

ORGANISATION

A. Organigramme

Il est rappelé que la télévision scolaire est désormais sous l'autorité duMinistère de l'éducation nationale (cf. plus haut, Statut).On trouvera ci-joint cet organigramme.On notera que la direction de la station qui était assurée durant l'annéescolaire 1964/1965 par une seule personne, est devenue bicéphale, puisque

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Postes de centralisation

TELEVISION SCOLAIRE DU NIGER

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Niger

l'on compte un directeur de la production pédagogique et un directeur dela production technique. Il faut également noter l'existence désormaisd'une direction administrative. Mais l'organisation d'ensemble reposesur deux piliers : pédagogie, technique.Il existe un comité de direction qui comprend :

- le directeur de la production pédagogique- le directeur de la production technique

- le responsable administratif- le réalisateur en chef.

On analysera ci-desous la composition des diverses catégories de

personnel :

1. Personnel pédagogique

Trois groupes :

a - l'équipe pédagogique d'assistance technique. Elle comporte un direc¬teur, deux enseignants chargés de la conception des émissions; unenseignant responsable des activités de classe; un enseignant respon¬

sable des programmes; un enseignant chargé du contrôle pédagogique;trois chercheurs (psychologue, sociologue, ethnologue);

b - des maîtres nigériens qui sont au nombre de 8, résultat de deuxsélections successives;

c - les moniteurs actuellement au nombre de 2 (un par classe).

2. Pér's'ohhel techhique

Il comprend un directeur technique, un ingénieur, un réalisateur, deuxassistants réalisateurs, un directeur de la photographie, un régisseur,une script-girl, un projectionniste, un assistant cameraman, trois

stagiaires, trois assistants opérateurs du son, un assistant décorateur,un assistant régisseur, un menuisier, deux électriciens, un peintre,quatre manoeuvres, trois chauffeurs.

3. Personnel administratif

Il comporte un responsable administratif, Une secrétaire-comptable, une

secrétaire dactylographe, deux interprètes, deux plantons.

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La télévision scolaire

Le principe qui a été retenu est en gros le suivant : 50 % de personnelfrançais et 50 % de personnel nigérien. En fait, cette proportion ne peutpas être absolue étant donné les conditions locales du recrutement, et

dans la phase actuelle de l'expérience, toutes les fonctions de responsa¬

bilités sont tenues par du personnel français, ce qui ne manquera pas deposer de très sérieux problèmes lorsque la télévision scolaire sera

reprise totalement en charge par le gouvernement nigérien.En ce qui concerne le personnel pédagogique, on compte à l'heure actuelle,ainsi que nous l'avons vu, 9 français et 10 nigériens.L'équipe technique compte 8 français et 21 nigériens.Le personnel administratif, à l'exception des interprètes et des plantons,est français.

B. Formation du personnel

1. Formation du personnel pédagogique

a. Personnel français. Ce personnel a reçu sa formation dans les univer¬sités françaises, au Centre audio-visuel et au CREDIF de l'Ecole normalesupérieure de Saint-Cloud. Les jeunes instituteurs appartenant au contin¬gent viennent de l'Ecole normale du Mans.

b. Maîtres nigériens. Ils sont le fruit de deux sélections successives.

Du double point de vue de leur qualité pédagogique et de leur aptitude autravail en télévision.

En effet, lors de la sélection, on a tenu compte d'une part de leur qualitétélégénique, de leur faculté d'adaptation à des situations nouvelles, deleur aptitude au travail en équipe, de leur sens de la visualisation, deleur capacité d'expression orale et gestuelle. La maîtrise de soi, l'éga¬lité d'humeur, l'habileté à manipuler, le goût pour le dessin, sont leséléments essentiels qui ont été pris en considération.De surcroît, les maîtres candidats ont été soumis à un ensemble de tests

(lecture, récitation, dessin, mime, interprétation de photographies,culture générale) et à des épreuves psychologiques. Le tout a été complétépar un entretien personnel.La sélection fut très rigoureuse et un maître fut recruté en septembre 1964,trois autres en avril 1965.

Ces quatre maîtres reçurent ensuite une formation accélérée à la fois surle plan pédagogique et sur le plan télévisuel en France, du 15 avril au31 juillet 1964. Cette formation leur fut donnée à l'Ocora et au CREDIF.

23

Niger

Quatre nouveaux maîtres furent recrutés selon le même processus desélection en mai 1965 et suivirent un stage en France, de juin à sep¬tembre 1965.

Dès janvier 1965, ces maîtres nigériens purent être chargés dé tâchesde conception et de l'émission hebdomadaire destinée aux moniteurs.

c. Moniteurs. Ils ont été choisis en fonction d'une conception réaliste del'extension du système d'enseignement. On a eu le souci de recruter lesindividus représentatifs de la catégorie, plutôt que des individus parti¬culièrement doués. On a attaché beaucoup d'importance à leur désir debien faire, leur souci d'apprendre, et leur amour des enfants.Dans ce cas, la sélection a eu lieu après un stage de trois semaines,qui s'est déroulé à Niamey, stage d'une durée insuffisante aux dires mêmesdu directeur pédagogique. Sa durée et son principe devront être revus envue de la formation sur une plus grande échelle des moniteurs pour lesannées à venir.

A l'issue de ce stage, ont été retenus deux hommes et deux femmes, plusdeux moniteurs, auxquels ont été dévolues ultérieurement des fonctions

techniques d'assistant cameraman et assistant preneur de son. En fait,ce qui est envisagé pour les moniteurs auxquels sont dévolues des fonc¬tions pédagogiques, c'est un système de "formation permanente", mettantà profit les classes télévisées même si elles s'adressent par principe auxélèves, les fiches, les émissions pédagogiques hebdomadaires du samedisoir, et des stages de recyclage. Etant donné que la formation pédagogiquedu personnel nigérien relève de l'équipe pédagogique française déjà sur¬chargée par les tâches de production, il convient d'en envisager le renfor¬cement.'

2, P ersonnel tëchniqu e

Le personnel technique français provient essentiellement de l'Ocora, de latélévision libanaise, et de la télévision scolaire française.Pour le personnel auxiliaire technique nigérien, est organisé chaque annéeentre le 15 mai et le 30 juin, un cours de promotion portant d'une part surles techniques de l'image et de la photographie, d'autre part sur les tech¬niques de l'électricité et de la télévision.

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La télévision scolaire

EQUIPEMENT

A. Description

1. Production

Le matériel video comprend essentiellement trois caméras, dont deux à

viseurs électroniques, et une télécommandée, (elles sont de type compact,entièrement transistorées), un télécinéma, un passe-vues diapositives,un lecteur de documents.

La régie comprend un pupitre de mélange video, un pupitre son, deuxtourne-disques, un magnétophone, un magnétoscope, 6 voies video etleurs écrans de contrôle, un récepteur HF avec image finale et un récep¬teur de contrôle du circuit.

Le studio est équipé de 15 projecteurs de 1 ou 2 kwts, de 10 projecteursd'ambiance, de 10 de 50 watts, d'une table permettant des animations.Pour les studios ont été également fabriquées un certain nombre defeuilles de décor.

Le télécinéma se trouve dans une salle équipée également pour, le mon¬

tage en 16mm. Une caméra 16mm permettrait des reportages.

2. Emissions

Le matériel d'émission qui doit être mis prochainement en place com¬prendra un émetteur de 50 watts, une baie de contrôle, avec des modula¬

teurs image et son, deux récepteurs de contrôle, deux oscilloscopes, unpanneau de documentation, un pylône de 25 mètres, et deux dièdres.

3, Réception

Dans une salle d'observation, se trouvent deux récepteurs de contrôle,l'un donnant l'émission en cours, l'autre les réactions de la classe, grâce

à une caméra télécommandée pivotante, pouvant donner l'image de l'uneou l'autre salle de classe. Dans chacune dès salles de classe ont été ins¬

tallés deux récepteurs standard 54cm. La station possède de surcroît dumatériel de transport, actuellement deux voitures et de l'outillage.

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Niger

B. Origine de l'équipement

Tout l'équipement, à l'exception des feuilles de décor et de quelques

accessoires, est d'importation. Tout cet équipement est de fabrication

française, à l'exception d'un microphone et du magnétoscope.

C. Maintenance

La maintenance de l'équipement est assurée sur place d'une part parl'ingénieur, d'autre part par un jeune militaire stagiaire et élève ingé¬nieur; enfin le directeur technique fort compétent intervient souvent

lorsqu'il est nécessaire de réparer le matériel d'urgence.

D, Suggestions pour l'amélioration de l'équipement

L'achat d'une unité mobile, qui serait constituée par un camion ayant descaméras mobiles et un autre magnétoscope, a été décidé. Le matérieldoit être prochainement livré.Dans un pays où l'ensoleillement est très important, ce matériel permet¬

tant des prises de vues extérieures, donnera infiniment plus de souplesseà la production.

PROGRAMME

A. Contenu

1. Description

Ainsi qu'il a déjà été dit, tous les programmes, sont faits au niveau du coursd'initiation. Le programme officiel donne peu d'instructions en ce qui con¬cerne ce niveau, cependant l'équipe télévision a tenu à respecter ce pro¬gramme et à transmettre les connaissances exigées selon les méthodes quilui sont propres.

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La télévision scolaire

En particulier, elle a mis en avant l'idée d'observation et la nécessité de la

connaissance du milieu. Elle a par ailleurs eu recours, contrairement aux

méthodes en vigueur au Niger, avant tout au langage parlé, l'apprentissage

de la lecture étant décalé par rapport à celui-ci. Elle a eu recours systé¬matiquement aux méthodes actives et entre autres aux jeux éducatifs, qui

occupent une grande part de l'emploi du temps.Nous allons analyser le contenu des programmes dans les disciplines

principales.

a. Apprentissage du langage. Dans cet apprentissage, le moniteur et latélévision ont une fonction complémentaire. La fonction du premier estessentiellement qualitative, la fonction de la seconde quantitative. Ils

constituent les deux pôles complémentaires d'un même enseignement. Laméthode semi-globale est utilisée pour le langage qui est uniquement lefrançais parlé, seule langue de communication utilisée entre maîtres, moni¬teur et élèves. Chaque leçon comporte trois phases : présentation, répétition,utilisation, suivies d'une séance d'exploitation dirigée. La technique descentres d'intérêt est systématiquement appliquée. Voici quelques-unsd'entre eux: le village, le puits,, les bêtes, l'intérieur de la case, les ob¬jets de la case, le matériel scolaire, la famille, le corps, les besoins,la nourriture, les vêtements, le marché, le fleuve.

A l'issue de la première année d'enseignement, les leçons de langageavaient dû transmettre aux élèves les 259 structures linguistiques.

b. Apprentissage de là lecture. On n'attaque la lecture que trois mois

après le départ de la scolarité.Cet enseignement vise à l'acquisition de mécanismes de bases : lecturedes voyelles, lecture globale, analyse des mots en syllabes, analyse dessyllabes en consonnes et voyelles, association consonnes et voyelles,synthèse de mots.

La télévision intervient de façon très efficace grâce à ses nombreux atouts :fixation matérielle de la pensée, mémorisation quasi-automatique; liaisonssémantiques du concept et de sa transcription, motivation, collectivisationdu rythme de déchiffrage.

L'apprentissage de la lecture suivant de trois mois l'apprentissage dulangage, durant la première année, a porté sur 11 semaines, à raisonde trois émissions de 15 minutes par semaine, plus quelques émissionsd'exploitation et d'imprégnation. Ainsi, 54 heures au lieu de 81 heuresdans l'enseignement traditionnel sont consacrées à la lecture.

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Niger

L'apprentissage de la lecture est organisé, sur le plan méthodologiquepar le recours systématique à des émissions d'imprégnation ayant plusieurs

buts : d'une part, elles visent à permettre l'apprentissage des éléments dela lecture, dont la rétention et la disponibilité ne requièrent pas d'activitéréfléchie de la part des élèves, tels que l'apprentissage des voyelles, oula conservation d'éléments déjà acquis. D'autre part, elles tendent à faire

acquérir des notions dont l'explication logique aurait requis une verbali¬sation inaccessible aux enfants. On y a recours en particulier pour l'ana¬lyse des mots en syllabes, l'extraction de consonnes à partir de syllabes,et l'association consonnes et voyelles.

Les émissions présentaient les nouveaux éléments eh associant les imageset les mots, conduisant à une mémorisation réfléchie et incitant à un

déchiffrage intelligent. En règle générale, l'acquisition des mécanismesde base était toujours préparée une semaine auparavant par une périodepréalable d'intervention. "Les enfants recevaient un capital de messagesvisuels dont la logique et l'opportunité ne se révélaient qu'après, lorsdes émissions didactiques, et au cours des exploitations en classe. "Les émissions d'imprégnation et les émissions d'acquisition construites defaçon à avoir de manière autonome un impact considérable sur l'enfant,ne doivent pas faire oublier l'importance des exploitations menées par lemoniteur.

L'ensemble de cette méthode a répondu à la demande de ses créateurs,qui notent dans leur rapport: "Il s'est avéré que l'intense motivationapportée à l'apprentissage de la lecture, d'une part grâce à la liaisonorganique et décalée dans le temps avec le langage, d'autre part grâceau procédé télévisuel, a facilité considérablement cet apprentissage. Lesenfants ont appris avec un intérêt évident en dehors de toute tutelle contrai¬gnante les connaissances dont l'acquisition est prouvée par les résultatsau contrôle de fin d'expérience. "

c. Ecriture. Le but essentiel des émissions d'écriture introduites comme

il a été dit plus haut après la lecture est de procéder à une initiation gra¬phique débouchant sur l'écriture intelligente dés éléments acquis en calculet en lecture. Il s'agit donc de développer à des fins précises les facultésmotrices des enfants.

Or, lés enfants semblaient a priori mal disposés à l'activité graphiqueet on pouvait se demander si la télévision pouvait être utilisée efficace¬ment pour cet apprentissage moteur. On a donc cherché à réaliser desimages qui provoquent indirectement la sensibilité musculaire, qui exci¬tent la motricité, qui favorisent la mémoire kinesthésique. Ces imagesutilisent à cette fin la mise en relief par des éclairages adaptés, des

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La télévision scolaire

mouvements focalisant l'attention des élèves, de la musique rythmant letout. Il s'agit en fait d'une sorte d'incitation à l'écriture par la pratiqueincessante d'exercices concrets.

Il y a deux émissions d'écriture par semaine. Dans l'ensemble du cycledes études, cela représente 11 heures de télévision pour 78 heures tota¬

les consacrées à cette discipline. En plus des émissions, de larges placesdans l'emploi du temps journalier sont consacrées à des activités manuel¬les dirigées.

La méthodologie implique tout d'abord des exercices d'initiation graphique

dès l'arrivée en classe, les supports graphiques étant divers (sable,peinture, coloriages, craie, crayons, etc.). Puis les émissions sontorganisées selon une progression systématique en vue de répondre aux

exigences suivantes : main légère, main ferme, sens de la latéralisation,mémoire kinesthésique.

Après une présentation visuelle globale, on décompose le graphisme àétudier, qui est peu à peu réalisé après des exercices d'assouplissementmusculaire sur une des bases indiquées ci-dessus.

Les exercices en classe, après l'émission de télévision, occupent, onl'a vu, une part très importante. Il s'agit tantôt d'exercices libres, tantôtd'exercices dirigés.

d. Calcul . L'équipe de production s'est attachée à mettre sur pied uneformule mixte de télé- enseignement du calcul. Le programme était celuide la première année de scolarisation au Niger, c'est-à-dire étude prati¬que des nombres de 1 à 10, les quatre opérations en insistant sur leursens, le calcul appliqué sous forme de petits énoncés oraux et trans¬crits.

L'initiation au calcul s'est faite durant 15 semaines de 5 journées, àraison d'une émission de 15 minutes que prolongent chaque matin 10 mi¬nutes d'exploitation et l'après-midi 20 à 30 minutes d'exercices dirigéspar le moniteur.

Ainsi, pendant une demi-année scolaire, on a retrouvé un temps consacréau calcul sensiblement égal à celui des classes traditionnelles.Les émissions de mathématiques étaient fort différenciées selon le type

de présentation, également selon le type de participation. On relève troisensembles d'émissions :

1. Emissions d'imprégnation. D'une part des bandes sont utilisées pourfaire associer par les enfants de façon répétitive l'image, le nom, etle signe de la quantité (elles évoluent d'un contenu figuratif - silhouettes

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Niger

sur tableau de feutre - à un contenu constellant et numérique, elles

donnent lieu à des images particulièrement dépouillées, dont la pré-gnance lumineuse "forme sur fond" peut être ici maximale).D'autre part des prégénériques représentant le plus souvent des imagesfixes, sonorisées, permettant de réviser avant chaque leçon les élémentsutiles.

Ces émissions d'imprégnation semblent avoir joué un rôle très utileau niveau de l'apprentissage scolaire des nombres.

2. Emissions dirigées. Il s'agit ici d'une présentation directive, impli¬quant une participation effective des enfants. Ils disposent, pour ce

faire, d'objets tels que cailloux ou bâtonnets. Ces émissions ménagent

des temps d'exécution sous le contrôle du moniteur. Le rythme des

émissions a posé des problèmes aux producteurs.

3. Emissions animées. Elles s'efforcent de mettre les quantités et lesopérations en situation à partir de supports variables en complexité,l'animation répondant ainsi en quelque façon à un principe de "scéna-risation". Ces émissions ont revêtu plusieurs formes :

a. Bandes d'animation présentant la composition d'une quantité à partird'un support animé simple (exemple : oiseaux qui arrivent uh à un surune branche). Les opérations sont constituées progressivement ensurimpression.

b. Les émissions d'animation. Ce sont des situations numériques jouées

grâce à des manipulations de silhouettes sur lecteur de documents(sorte de petits dessins animés à thème numérique).

c. Les émissions avec boulier et marionnettes se prêtent particulièrementaux jeux et exercices de composition et décomposition des quantités.

d. Les sketches inspirés de ceux que le langage présente, proposent desproblèmes joués en studio par les présentateurs.

Les émissions sont complétées d'une part par des exploitations au cours

desquelles sont reprises les situations apportées par l'écran grâce à desmanipulations, des dessins au tableau ou des sketches, d'autre part pardes exercices dirigés, plus traditionnels dans leur nature, faisant appelà la fois à des manipulations et à des exercices écrits.

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La télévision scolaire

2. Approche éducative

La méthodologie décrite ci-dessus à propos des quatre disciplines fonda¬mentales a déjà permis de se faire quelque idée des principes de basequi président à cet enseignement.On est parti de trois impératifs :

1. Adapter à l'expression télévisée le contenu du cours d'initiation.

2. Refuser les solutions faciles telles que le maître utilisant le tableau

noir comme support visuel.

3. Préparer la mise en place d'un télé -enseignement national de qualitéà production centralisée.

Voulant inventer une télé-pédagogie efficace bien adaptée au Niger, lespromoteurs de l'expérience ont commencé par faire un inventaire desprincipaux facteurs du système nouveau d'enseignement aménagé : l'impor¬tance du visuel, le rôle des émissions en class es -studio, le rôle du maître

régulateur, la propédeutique de l'image,, l'apprentissage d'un code visuel,les formes diverses de pseudo-dialogue.Tous ces facteurs furent considérés en relation avec les caractéristiques

essentielles d'un enseignement intégré.Une des marques originales de l'expérience de Niamey, par rapport àd'autres systèmes de télévision scolaire qui, en rfini;dp. compté, tendent àscléroser et à répandre de façon massive des formes d'enseignement trèstraditionnelles, est de faire appel de façon de plus en plus fréquente auxméthodes d'éducation active. Cet appel a pour but de fournir un contre¬point permanent au caractère collectif de l'enseignement par télévision,de ne pas séparer l'enfant de son milieu, d'offrir à l'enfant le maximumde chances d'acquérir le goût de l'étude.Aussi l'émission, d'après le dernier rapport d'activité, est-elle considérée,comme "le pivot de l'enseignement autour duquel s'ordonnaient outre lesexploitations, toutes les activités de la classe. L'émission devait se présen¬ter comme un document au service du moniteur, manifester une certaine

connivence entre l'animateur de l'écran et le moniteur, évitant de dévalo¬

riser celui-ci aux yeux dés élèves".Comme il n'était pas question de découper le programme du cours d'initia¬tion en 400 tranches, des transpositions furent nécessaires, faisant appeltantôt au pouvoir de motivation de la télévision, tantôt aux méthodes actives,le but final étant d'apprendre à apprendre aux élèves.

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Niger

Cette option fondamentale a amené pour la première fois les enfants àposer des questions. On voit apparaître le pourquoi, ce qui est inhabitueldans la société traditionnelle nigérienne. Les parents s'étonnèrent d'en¬tendre les enfants discuter, certains d'entre eux eurent d'ailleurs un

certain ressentiment à l'égard de ce résultat de l'intervention de latélévision.

Deux principes fondamentaux ont présidé à l'élaboration desémissions :

- toutes les disciplines majeures ont été programmées harmonieusementdé façon à être intégrées, chacune utilisant les acquisitions del'autre;

- on a diversifié les émissions que l'on peut ranger sous trois rubriquescomplémentaires :

- émissions d'imprégnation- émissions d'observation

- émissions de révision.

Ainsi l'intérêt des enfants a été entretenu, leur attention a été orienté^,et mobilisée durant les émissions moins en fonction des matières abordées

qu'en fonction du rôle de l'émission (présenter, répéter, faire comprendre,motiver). De là de nombreuses formes télévisuelles.

Cette approche éducative nouvelle a donné lieu à des recherches parallèlesde visualisation, qui sont certainement un des aspects les plus originauxet les plus remarquables de l'expérience de Niamey. On ne peut en effetmanquer d'être frappé par la multiplicité des procédés mis en oeuvre avecun équipement élémentaire. Et l'on peut certainement dire dans ce cas quele besoin rend ingénieux. Les responsables de l'expérience ont décrit dansun rapport fort volumineux, d'un intérêt fondamental pour tout enseignantvoulant avoir recours à l'expression télévisée, les problèmes qui avaientété rencontrés et les solutions que l'on a cherché à y apporter (1).

On doit se contenter ici de mentionner les thèmes

de recherches qui constituent les parties de cerapport :

- les relations particulières entre l'image et lecommentaire,

- clarté et richesse de la séquence,- l'intervention d'une marionnette, Yaro,

- passage du connu à l'inconnu,- simplification et reconnaissance,- enchaînement des images,

- code, image artificielle et conventionnelle,

- les rythmes.

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La télévision scolaire

Ces recherches ont donné lieu à des réalisations pratiques susceptiblesd'intéresser toutes les équipes de réalisation de télévision scolaire.

Ces réalisations pratiques portaient sur trois domaines :- le recours à des moyens proprement électroniques. La réalisation en

direct, jointe à l'enregistrement sur magnétoscope offre une souplesseet une gamme de possibilités auxquelles on a eu recours.Les deux plus utilisées lors,rde la première année sont :- les artifices géométriques : motivation de proportion, déformation

intentionnelle, inversion de polarité, gauche- droite, et haut-bas;- artifices de contrastes. Compression de relief noir et blanc, ensemble

ou séparément, jusqu'au laminage total. Dissimulation de zones d'in¬formation sombres ou claires, sous -exposition et sur- exposition,changement de la polarité, de la clarté -luminosité;

- utilisation systématique du lecteur de documents. Elle se fit de deuxfaçons :

- utilisation en omniscope en faisant appel au matériel classique, papier,

colle, gouache, crayon, craie, stylo feutre, etc. ;- utilisation comme banc titre d'animation avec des maquettes animées,

bi-dimensionnelles, réalisées en carton. Difficiles à réaliser et diffi¬

ciles à manipuler, ces matériaux d'animation ont donné cependant desrésultats remarquables;

- matériel de studio. On a eu recours également à un certain nombre dedispositifs d'usage courant dans les stations de télévision scolaire :supports pour documents, déroulants verticaux et horizontaux, "tour-nettes". De plus, on aocréé un appareil dit "lumistyle", permettant ledéplacement d'un spot lumineux suivant lettres et mots dans le sens etselon le rythme de l'écriture.

Originale également est "la boîte à constellations", permettant l'élabora¬tion progressive de constellations par le passage d'une boîte à l'autre.Cette recherche systématique d'une visualisation adaptée a confirmé lanécessité d'une collaboration constante entre techniciens et pédagogues.

3. Programmation

Durant la première année, 400 émissions ont été produites et diffusées,selon les horaires suivants : de 8 h 45 à 9 h 30 et de 10 h 30 à 11 h 15,

soit 4 émissions par jour. Elles durent de 15 à 18 minutes. Elles sontdiffusées 5 jours par semaine.Chaque émission est précédée d'un prégénérique, d'une durée de 4 minutes,

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Niger

accompagné de musique. On peut voir les enfants chanter et danser très .,librement durant ces prégénériques.L'après-midi, que les éducateurs de la station consacrent à la préparationet à la réalisation des émissions, est dans les classes à la charge des mo¬niteurs. Ceux-ci se conformant aux instructions données, se livrent alors

à de nouveaux exercices d'exploitation de langage, de calcul, de lectureet d'écriture. L'après-midi est également consacré à des exercices senso¬riels, à des activités manuelles, et des activités de plein air.L'équipe de production se réserve le jeudi, jour sans classe, pour desréunions au cours desquelles on évalue la production et l'utilisation desémissions de la semaine passée, on établit le planning du travail pour lasemaine qui vient, en même temps que les prévisions pour la secondesemaine. Ceci donne lieu à un travail d'équipe réel et à une auto-critiquedes émissions rendue possible chaque fois qu'il est nécessaire par le

recours au magnétoscope.

4. Description des documents d'accompagnement

Ils sont peu nombreux pour le moment. On compte seulement les feuillesronéotypées destinées à donner des instructions aux moniteurs et quelques

figurines pour tableau de feutre qui doivent servir aux exercices pourl'enseignement du calcul, du langage et de la lecture.L'équipe de production n'envisage d'ailleurs pas de documents d'accompa¬gnement nombreux d'une part parce que le coût de l'opération serait alourdi,d'autre part parce que l'on compte faire appel au maximum à l'outil-tëlé-vision pour fournir instructions et documents complémentaires.Cependant, on envisage, lors de l'extension de l'expérience, d'une part uncahier de l'élève, sorte de livre unique fournissant des modèles imprimés,des pages de lecture, des pages d'écriture, des exercices de calcul, d'au¬tre part, un manuel des moniteurs comportant les principales rubriquessuivantes :

- calendrier trimestriel des émissions, avec les fiches pédagogiques corres¬pondantes, un véritable "catéchisme" du moniteur, petit manuel de pédagogietrès simple, contenant les conseils nécessaires;

- un carnet de bord, qui reprendrait les émissions et contiendrait desfeuilles blanches sur lesquelles les moniteurs porteraient leurs notés etremarques concernant les émissions. Ceci permettrait un meilleurcontrôle des écoutes.

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La télévision scolaire

B. Origine des programmes et documents

Tous les programmes de télévision sont produits localement, les promo¬teurs de l'expérience s'étant interdit dès le début d'avoir recours à des

documents étrangers. Les divers éléments visuels utilisés pour lesémissions sont également faits au Niger, en particulier les photographieset les dessins.

La seule exception concerne l'utilisation d'environ 10 minutes de films

par semaine, le samedi matin, en dernière émission, à propos du centred'intérêt de la semaine. Il s'agit surtout de films d'ethnographie ou defilms sur les animaux. La plupart de ces films sont empruntés aux ser¬vices culturels français.L'illustration sonore des émissions souvent fournie par de la musiquelocale, est importée en partie. On utilise en effet également de la musiqueclassique et moderne européenne ou américaine, de la musique du folkloreafricain et de la musique indienne.

C. Evaluation et modifications de la méthode et des

documents

1. Procédure d'évaluation

Certaines images et certaines séquences sont présentées à de petitsgroupes d'élèves. S'ils identifient le contenu, images et séquences sontutilisées. Sinon, elles sont rejetées. Cette procédure est utilisée aussibien pour des images abstraites que pour des images concrètes.L'évaluation se fait principalement à l'occasion des réunions de l'équipede production, à laquelle s'adjoignent les enseignants dont la fonctionprincipale est d'observer les classes. Techniciens et pédagogues parti¬cipent à ces réunions, au cours desquelles pendant des heures sont revuesau magnétoscope les bandes des émissions passées. Il arrive que ce soientles techniciens qui mettent leur veto à la rediffusion d'une émission, d'autrefois ce sont les pédagogues, les premiers à la suite de la constatation defautes de technique, les seconds à la suite d'erreurs pédagogiques ou defautes sur le plan méthodologique.A la. suite de ces séances d'évaluation, il est décidé ou de conserver telles

quelles les émissions (ce qui est rare), ou de les modifier ou de les refaire.C'est ainsi que 60 % des. émissions de la première année ont été refaitespour la deuxième année.

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Niger

2 . Procédé de feedback

Il n'y a dans la phase expérimentale présente aucun feedback de la partdu moniteur, ce qui constitue certainement une des faiblesses du système.

Même si le moniteur est peu qualifié, il doit être amené à faire des remar¬ques et critiques sur les émissions qu'il suit avec ses élèves, et qui serventde base à l'enseignement qu'il donne.Les dirigeants de la station semblent mettre plus d'espoir dans les rapportsqui seront faits lors de l'extension de l'expérience par les conseillers pé¬dagogiques itinérants qui ont été prévus.

3. Recherches psychologiques

La station bénéficie du concours de trois chercheurs, psychologue,sociologue et ethnologue. A l'heure actuelle, ils partagent leur temps

entre l'observation critique de l'expérience en cours, et des études surles 20 villages qui vont bénéficier l'an prochain des émissions de télévi¬sion scolaire.

Des recherches systématiquement organisées sont exigées par une expé¬rience aussi importante. Ces recherches se font d'une part sur le terrain,c'est-à-dire auprès d'une population rurale non scolarisée, n'utilisant

pas la langue française et non encore touchée par l'information audio¬visuelle, d'autre part en situation scolaire. Dans ce dernier cas, grâceà une salle d'observation: permettant de voir et d'entendre ce qui se passaitdans les salles de cours.

Durant l'année scolaire, les recherches ont suivi la chronologiesuivante :

- avant la rentrée des classes : organisation d'une séance avec les parentsd'élèves;

- du 1er au 16 novembre : avant le début des émissions, observation du

groupe enfants pour étudier l'adaptation à l'école et l'organisation desclasses;

- du 19 au 29 novembre, étude de là période dû premier apprentissageaudio-visuel grâce à l'enregistrement au magnétophone des réactionsverbales et à l'observation des réactions gestuelles, et à des interviewsd'enfants;

- de décembre à avril, enregistrement des réactions verbales et gestuel¬les, interviews se sont poursuivis, mais parallèlement, on a procédé à:- des essais de lecture et d'évaluation d'un certain nombre de phénomè¬

nes propres à l'usage des moyens de communication de masse;

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La télévision scolaire

- l'étude de la perception des héros;- des observations cliniques de quelques enfants;- des émissions -tests du samedi, sondages en vue d'un apprentissage

perceptif;

- des réunions hebdomadaires de parents;

- durant la dernière quinzaine d'école, on a procédé à un essai de miseau point d'une batterie d'épreuves essentiellement à base de graphismeset à base de classement de figures faisant appel à une discriminationperceptive de plus en plus fine.

On trouvera les conclusions de ces études dont l'intérêt dépasse largementle cadre nigérien dans le rapport de synthèse pour l'année 1964/1965.

ATTITUDES

Les entretiens, observations et visites qu'il nous a été donné de fairelors de notre séjour à Niamey nous permettent de nous faire une bonne

idée des attitudes des diverses catégories de personnes intéressées.

A. Administrateurs

Durant la première année, ils ont, semble-t-il, adopté une attitude fortprudente, car beaucoup n'ignoraient pas le sort malheureux de certainesexpériences d'emploi des moyens audio-visuels en Afrique. Leur attitudeétait donc surtout faite d'expectative et de crainte qu'après une expérience"luxueuse", disposant de moyens importants, il serait impossible de conti¬nuer selon les mêmes normes.

La première année d'expérience semble avoir convaincu les administra¬teurs, depuis les chefs de services, responsables, jusqu'au ministre. Ilest particulièrement typique que le plan de scolarisation du Ministèremise,ainsi que nous le verrons plus loin, sur la réussite intégrale de la télévi¬sion scolaire, en particulier pour résoudre le problème du manque d'ensei¬gnants qualifiés.

37

Niger

B. Maîtres

Nous distinguerons ici deux catégories, ceux qui ne participent pas à l'ex¬périence, et ceux qui sont directement impliqués.Parmi les premiers, on retrouve un certain nombre de critiques auxquelles

on pouvait légitimement s'attendre, du type de celles-ci : rien ne peut rem¬placer le maître, pas même la meilleure télévision scolaire; on va donnerun enseignement au rabais; on ne saurait donner un enseignement valableavec un encadrement constitué uniquement par des moniteurs; les Françaisfont ici ce qu'ils ne pourraient faire en France, en utilisant les Nigérienscomme cobayes.

On peut penser d'ailleurs que ces réticences initiales ont beaucoup diminuéaprès la première année de l'expérience. Il semble que les visites duprésident de la République et de plusieurs ministres, leurs réactionsfavorables, l'information menée auprès du syndicat, aient eu quelque

influence à ce sujet.

Parmi les maîtres impliqués, on relèvera d'abord que les maîtres nigé¬riens animateurs, participant à l'élaboration des émissions en studio, se

sont peu à peu intégrés aux équipes de réalisation et marquent un intérêtcroissant pour ces nouvelles méthodes d'enseignement. Leurs plaintes neconcernent que leurs horaires de travail qui sont évidemment beaucoup

plus lourds que dans l'enseignement normal, et leurs revendications por¬

tent sur l'attribution d'heures supplémentaires ou d'indemnités.Particulièrement intéressantes sont les attitudes des moniteurs, puisque

le succès de l'expérience dans les années à venir repose en large partiesur cette catégorie de personnel. Ils se sont montrés ouverts, prochesdes enfants, s 'intéressant à eux. Il a été difficile de leur faire comprendre

leur rôle durant les émissions. Trop souvent ils étaient préoccupés davan¬tage par leurs problèmes que par ceux des enfants, et ils se laissaiententraîner par le côté spectacle de la télévision.Ils se sont montrés très déficients surtout au cours des exercices d'exploi¬tation, car ils ne dominaient pas la méthodologie. Ils s'arrêtaient tropsouvent à la phase la plus simple du travail, par exemple dans le cas dulangage à la répétition, dans le cas du calcul à la mémorisation mécanique.Ils ne se livraient pas à un travail individuel suffisant pour préparer leursinterventions dans la classe.

Ces difficultés proviennent de leur manque de formation. Il est certain quel'équipe de Niamey devra reconsidérer de fond en comble le programmede formation des moniteurs, qui apparaît dès à présent comme un desmaillons faibles du système.

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La télévision scolaire

C. Elèves

L'attitude des élèves vaut surtout d'être définie par comparaison avec desélèves suivant un enseignement traditionnel dans les écoles voisines.

Conformément à notre propre observation, et à celle des enseignants dela station, les élèves recevant l'enseignement par télévision sont apparusbeaucoup plus souriants, spontanés, intéressés. Ils sont en classe libres,joyeux, par moment ils ont un air absolument ravi.

Très librement, d'eux-mêmes, on les voit parfois applaudir, chanter,danser. Ceci ne pose d'ailleurs pas de problèmes de discipline, les moni¬teurs sachant quand il faut tempérer amicalement cet enthousiasme.

On peut également faire deux constatations qui témoignent de l'intérêtdes enfants pour ce mode d'enseignement: contrairement aux autres éco¬les, il n'y a pas d'absentéisme, même durant une épidémie récente. Ilsviennent à l'école, bien en avance pour être sûrs de ne pas manquerl'émission.

FINANCEMENT

A. Contribution du Gouvernement français

L'expérience de la première année 1964/1965 a été financée par un créditde 1 100 000 francs (environ 225 000 dollars) accordés par le ministèrefrançais de coopération.Le concours financier assuré par la République française portait en1965/1966 sur 6 030 000 francs; il est prévu pour l'année 1966/1967,7 220 000 francs, soit une estimation totale de 13 250 000 francs, se

décomposant comme il est indiqué dans le tableau 1.

39

Niger

Tableau 1. Aide financière accordée par le gouvernement français à latélévision éducative du Niger (1965/1967)

Première année 1965/66 Deuxième année 1966/67

Investis- Fonction- Investis- Fonction-

Secteurs sements nement sements nement

Production 2 670 000 3 320 000 3 300 000

Diffusion (1) (1) 3 000 000 560 000

Réception 40 000 40 000 160 000 200 000

2 710 000 3 360 000 3 160 000 4 060 000

(1) Compris dans investissements production

B. Contribution du gouvernement du Niger

Le concours apporté par la République du Niger est réparti sur deuxannées ainsi qu'il suit :

- Au titre de la première année :- Apport d'un bâtiment et d'un terrain constituant l'infrastructure du

Centre de production.

- Affectation et rémunération de 9 maîtres nigériens pour le Centrede production.

- Construction et entretien de 20 écoles en matériaux traditionnels.

- Affectation et rémunération de 20 moniteurs d'enseignement.- Logement et ameublement de 29 agents expatriés.

- Au titre de la deuxième année:

- Rémunération des maîtres nigériens pour le Centre de production(nombre à préciser ultérieurement).

- Construction et entretien de 80 écoles en matériaux traditionnels.

- Affectation et rémunération de 100 moniteurs d'enseignement(20 +80).

- Attribution d'un terrain pour l'installation de l'émetteur de 10 kw.- Logement et ameublement du personnel expatrié (nombre à préciser

ultérieurement).

40

La télévision scolaire

C. Dépenses récurrentes

Compte tenu du fait que la période présente de l'expérience ne peut fournirde certitudes pour les prévisions budgétaires futures, nous avons cepen¬dant obtenu le détail des principaux postes de dépenses récurrentes pourles trois premiers mois de 1966. Durant cette période, le coût du person¬nel recruté localement s'élevait à environ 426 000 francs CFA par mois(environ 1 700 dollars au taux d'échange de 247 francs CFA pour un dollar).Les dépenses administratives s'élevaient à environ 134 000 francs CFA

(environ 620 dollars). La production des programmes à environ 84 000francs CFA (340 dollars) et les dépenses techniques environ 53 000 francsCFA (210 dollars). Ainsi les dépenses récurrentes moyennes par moispendant ces trois mois s'élevaient à environ 697 000 francs CFA, soitenviron 2 870 dollars.

D. Bâtiments

Actuellement, la station est établie dans les locaux de Radio-Niger. Ceux-ci

étant très exigus, la station de télévision ne dispose que des locaux suivantsun petit studio (6 m x 7 m), une petite régie, une pièce pour le télé-cinéma,une salle d'observation, un petit atelier, et quelques bureaux.

Depuis un an est en cours la construction d'une nouvelle station. Dans ces

nouveaux locaux sont déjà occupés plusieurs bureaux, une salle de dessin,une salle de régie, et un laboratoire de photos.

Cette construction nouvelle est entreprise grâce aux crédits d'investisse¬

ments français (voir ci-dessus), auxquels est venu s'ajouter un complémentde financement de 16 millions de francs CFA du gouvernement de la Répu¬blique du Niger. Il reste encore à trouver le financement de 6 millions defrancs CFA de dépassement.

Cette station qui s'étend sur 1 535 mètres carrés, comprend les locaux

suivants : 12 bureaux; salles diverses : un laboratoire photo; une salle de

dessin; magasins et ateliers (137 m2); studios -technique : un studio A(89 m2), un studio B (80 m2), un studio C (168 m2), un studio de plein air,deux salles caméra, deux salles de télé-cinéma, une salle d'énergie, deux

régies (chacune de 46 m2), une salle de maintenance, une salle d'émetteuret une salle où se trouvent les appareils de climatisation.

41

Niger

E. Frais de formation de personnel

La formation du personnel étant donnée sur place par le personnel de lastation, les frais afférents n'ont pas été comptabilisés.

RESULTATS

Nous distinguerons les résultats sur le plan financier, sur le plan durecrutement du personnel, et sur le plan pédagogique.

A. Sur le plan financier

Etant donné le décalage d'une année qui est survenu par rapport au planinitial, et le fait qu'en 1965/1966, l'expérience porte encore sur deuxclasses, il n'est guère possible de se livrer à des calculs sur la renta¬bilité de l'opération.

Cependant, comme désormais le plan va être appliqué selon les modalitésfinancières définies ci-dessus, il nous parait bon de reproduire ici partied'une étude sur les perspectives offertes par la télévision pour le déve¬loppement de l'enseignement primaire et de l'éducation des adultes au

Niger, définies à l'issue d'une mission d'étude de 4 spécialistes français,MM. de Chambure, Florenson, Le Gall et Ménard, en mars 1965.

"Même à titre provisoire, il nous a semblé capital d'assortir les réfle¬xions précédentes de considérations économiques afin de montrer dans

quelles conditions un système généralisé de télévision scolaire peut sejustifier dans l'économie générale de l'enseignement nigérien."Il est classique de distinguer en matière de télévision éducatives 3ensembles :

- la production de programmes éducatifs,- la diffusion de ces programmes sur un réseau,- la réception en classe."Dans tout ce qui suit, nous avons. repris cette distinction et nous avonscalculé les charges financières: du système en tenant compte des chargesde fonctionnement et des amortissements résultant des nombreux inves¬

tissements nécessaires.

42

La télévision scolaire

"Pour ne pas alourdir les calculs nous n'avons pas intégré les chargesfinancières qui demeurent constantes quel que soit le mode d'enseignement,

traditionnel ou télévisé qui est employé. C'est notamment le cas pour lecoût des constructions scolaires et les charges récurrentes de fonctionne¬ment (corps enseignant non compris)."L'équilibre général du système peut être appréhendé eh comparant lecoût total de la télévision et l'économie réalisée dans le budget de l'éduca¬tion nationale en utilisant des moniteurs à la place deumaîtr es qualifiés.

Les courbes données page suivante montrent les conditions d'équilibre dusystème. C'est plus l'allure de ces courbes que leur valeur absolue qui

doit être examinée, dans l'état actuel de nos connaissances et des hypo¬

thèses qui sont formulées il n'est en effet pas possible d'établir descourbes précises et définitives.

"Ces courbes donnent une idée de la variation du prix de revient parannée et par élève de la réception (courbe 1), de la production (courbe 2)et de la diffusion (courbe 3). La somme de ces trois courbes (courbe 4)

mise en regard de la droite (courbe 5) qui donne le montant de l'économiemoyenne réalisée du fait de la différence de salaire des maîtres qualifiés

(charge annuelle 432 000 francs) et des moniteurs (charge annuelle 288 000francs) montre qu'une zone de rentabilité peut être atteinte."Cette zone est comprise entre 170 000 élèves et 85 % de la populationscolarisable. En deçà le coût de la production et de la diffusion est tel quel'économie réalisée sur le personnel enseignant est insuffisant pour obtenirun système équilibré, au-delà de 85 % de la population scolarisable le coûtde la diffusion devient prohibitif."En effet, on peut estimer que 85 % de la population est répartie sur 25 %du territoire nigérien, au sud de l'isohyète 350 (terres cultivables). Lacouverture des 3/4 du territoire nigérien situé au nord de cette zone sielle permettait d'obtenir une couverture totale et par conséquent d'atteindrethéoriquement toute la population scolarisable nécessiterait des investisse¬ments extrêmement lourds en matière de diffusion. Le prix de revient par

année et par élève serait dans ces conditions également prohibitif."Avant de dresser un tableau récapitulatif des investissements, des amor¬tissements et des coûts de fonctionnement de la production, de la diffusion

et de la réception, nous donnerons rapidement quelques éléments d'appré¬ciation des courbes donnant le prix de revient par année et par élève.

43

Fr. CFA

10 000 000

1 975 650

1 650 000

1 000 000

325 000

100 000

10 000

3 200

1 000

650

100

Courbe 1

Courbe 2

Courbe 3

Courbe 4

Courbe 5

rv .prix de la réception

prix de revient de la productionprix de revient de la diffusion

prix de revient total (somme 1 j- 2 +'3J-économie du fait des moniteurs ' f '

100 1 000 10 000 100 000Nombre d'élèves

Schéma 2, Prix de revient annéevfelève (amortissement compris)de la télévision scolaire au Niger

44

La télévision scolaire

a. Prix de revient de la réception (courbe 1)

"Il résulte des chapitres C V et C VI que l'unité de réception par écolereprésente un budget en année pleine de 17 500 francs pour les amortis¬sements et de 70 000 francs pour le fonctionnement. Ce dernier chiffre

est élevé du fait du coût de l'énergie électrique. Si à long terme d'aprèsles précisions décennales on peut escompter en moyenne trois classespar école, c'est environ par 135 élèves qu'il faut diviser le total de87 500 francs des deux chiffres précédents. En moyenne le coût parélève et par année de la réception s'élève à 650 francs. Dans le systèmede coordonnées choisies le prix de revient par élève de la réception estune droite horizontale figurée par la courbe !..

b. Prix de revient de la production (courbe 2)

"Il résulte des chapitres C I et C II que la production représente en annéepleine un budget de 165 millions de francs dont 10 millions sont consacrésaux amortissements. Ramené à l'année/élève le prix de revient de laproduction, sera d'autant plus petit que le nombre d'élèves concernés sera

important. Dans le système de coordonnées choisies la courbe représen¬

tant le prix de revient par année et par élève de la production est une

droite inclinée à 45° figurée par la courbe 2.

c. Prix de revient de la diffusion (courbe 3)

"Cette courbe est plus délicate à définir dans la mesure où elle supposeque soient établies des hypothèses concernant la répartition des élèves

dans la zone couverte par les émetteurs. La courbe arbitraire qpii a étédessinée présente 3 tronçons caractéristiques où, entre 100 et 20 000élèves, on a supposé qu'un seul émetteur serait suffisant (c'est notammentle cas de la 2 e année du plan quadriennal décrit dans la 2e partie du rap¬port), où, entre 20 000 et 300 000 élèves on a supposé le réseau décritdans la 3 e partie du rapport entièrement constitué; où enfin, on a évaluéle coût des investissements nécessaires pour couvrir toute la partie norddu pays.

45

Niger

d. Prix de revient total (courbe 4)

"Cette courbe résulte de la somme des trois courbes précédentes. Dansle système de coordonnées choisies (coordonnées logarithmiques) lacourbe 4 a une allure particulière qui ne résulte pas d'une simple addi¬tion des abscisses des différentes courbes.

e. Economie résultant de l'emploi des moniteurs (courbe 5)

"Selon les indications du plan décennal l'économie réalisée en remplaçantun instituteur par un moniteur s'élève à 144 000 francs par unité. Pour

une classe évaluée en moyenne à 45 élèves, l'économie ainsi réaliséepar an et par élève s'élève à 3 200 francs. Dans le système de coordon¬

née choisie la courbe 5 représentant l'économie réalisée est une droitehorizontale,

"On peut constater, en examinant ces différentes courbes, que le prix derevient année/élève de l'ensemble du système de télévision scolaire estde l'ordre de l'économie réalisée du fait de l'emploi des moniteurs dèsque le nombre d'élèves atteint environ 170 000 tout en restant inférieur

à 85 % de la population scolarisable,"On définit donc ainsi une zone de rentabilité du système où non seulementtoutes les perspectives analysées dans le chapitre A 3 pourraient êtreréalisées, mais où le système n'apporterait pas de charges supplémentai¬res au budget nigérien de l'éducation nationale, "A la suite de cette étude économique, les rapporteurs ont formulé lesconclusions suivantes :

"Nous résumerons cette première partie consacrée à l'examen des pers¬pectives à long terme de l'enseignement nigérien en fonction de la télévi¬sion, première partie relativement complexe, en disant :

1. telles qu'elles sont planifiées les perspectives décennales de l'enseigne¬ment primaire nigérien ne pourront être atteintes qu'au prix d'un effortconsidérable qui n'est pas sans danger pour la qualité même de l'ensei¬gnement;

2. telles qu'apparaissent les perspectives de la télévision scolaire, pers¬pectives qui demandent à être vérifiées expérimentalement, il sembleque non seulement les perspectives décennales pourraient être atteintesavec sécurité mais qu'une augmentation de 20 % d'élèves scolarisés

pourrait être atteinte du fait du raccourcissement du cycle de l'enseigne¬ment primaire qui, grâce à la télévision scolaire, pourrait valablementêtre ramené à 5 années;

46

La télévision scolaire

3. le problème de l'adaptation des programmes de l'enseignement auxbesoins réels de la population nigérienne pourrait être résolu avec

de surcroît l'assurance d'une réelle qualité pédagogique de l'ensei¬gnement;

4. à long terme, le système de télévision scolaire étant développé surtoute la partie du territoire nigérien situé au sud de l'isohyète 350(terres cultivables), on peut prévoir qu'il n'en résulterait aucunecharge supplémentaire pour le budget nigérien de l'éducation natio¬nale dès que plus de 170 000 élèves bénéficieraient de cet enseigne¬ment. Si par sécurité on établit les projets de développement de latélévision scolaire sur la base de 200 000 élèves, on voit que dès 1970

c'est pratiquement toutes les nouvelles classes qui devront être sco¬larisées à l'aide de la télévision.

"Ces perspectives extrêmement encourageantes ne sauraient en tout casêtre actuellement considérées comme définitives. Nous avons estimé quedeux années expérimentales sont encore. nécessaires avant d'entreprendrele développement systématique du réseau. On trouvera dans la 2e partiede ce rapport les éléments d'un plan quadriennal où seront justement

intégrées la période expérimentale et la période de développement."La simple analyse des courbes décrites au chapitre A VI montre quedurant ces 4 années les conditions de rentabilité du système seront mau¬

vaises mais il faut souligner que l'effort financier important qu'il convien¬dra de consacrer à la télévision scolaire ne peut être concentré sur moinsde quatre ans. !'Il sera intéressant de garder en l'esprit cette étude forcément théoriqueet de la confronter avec les résultats obtenus durant les années quiviennent.

B. Sur le plan du recrutement des maîtres

En ce domaine, c'est à nouveau davantage de prospective que de résultats

que l'on peut faire état. Mais ici encore il est bon de souligner qu'un desrésultats attendus du plan quadriennal incluant la télévision est une solu¬tion au problème du recrutement et de la qualification des enseignants.

Le plan établi jusqu'en 1968, dont le tableau ci-après donne un résumé,inclut les classes télévisées. Ce tableau est également très significatifcar il met en valeur une modification dans le pourcentage des maîtresayant le BEPC, pourcentage en augmentation jusqu'en 1967, mais en dimi¬nution à partir de 1968, par suite du relai pris dans les premières classesdu premier degré par les moniteurs encadrant les classes télévisées.

47

Niger

Tableau 3. La télévision scolaire du Niger jusqu'en 1968.

1964 1965 1966 1967 1968

Nombre de classes nouvelles 133

Maîtres quittant l'enseignement 25

Besoins en maîtres 158

Niveau du BEPC ou supérieur 83

Niveau inférieur au BEPC 75

Nombre total 1 254

Pourcentage ayant le BEPC 46, 8

180 147 158 187

30 34 38 48

210 181 196 229

110 120 120 80

90 61 76 149

1 424 1 571 1 723 1 916

48,9 51,9 54,2 52,0

Le plan attend également beaucoup des résultats indirects de l'expériencetélévision, pour favoriser un meilleur recrutement des maîtres de l'en¬seignement du second degré.On relève en effet les passages suivants qui sont caractéristiques : "pourfournir une production de maîtres du niveau BEPC suffisante, les pers¬

pectives décennales envisageaient, de porter le taux de passage dans lesecondaire à 35 % dès 1964/1965. La perspective d'une généralisation dela télévision dans le primaire n'impose plus cette solution et le tauxpourra être maintenu à 25 %, ce qui empêchera toute baisse de qualitéde l'enseignement dispensé."Tel quel le taux en question obligera à créer chaque année de nouvellesclasses de 6e : 4 en 1966, 9 en 1967, 9 en 1968, 19 en 1968/1969."Si la télévision scolaire s'implante définitivement, elle permettra en1968/1969 de créer 6 nouvelles classes de seconde et de maintenir parla suite le même rythme d'expansion du second cycle, ou même l'accroî¬

tre. Le Niger commencera alors à rattraper son retard en formation de

cadres de niveau baccalauréat. Auparavant, les trop faibles effectifs enclasses de troisième auront seulement permis l'ouverture de deux nou¬velles secondes en 1966/1967."Si la diffusion d'un enseignement télévisé s'avère irréalisable, ilconviendra de réviser immédiatement le plan. Ainsi, au cas où une

décision négative interviendrait avant octobre 1966, on devrait augmen¬ter à cette date le taux d'entrée en sixième de plusieurs points et le

48

La télévision scolaire

porter sans doute à 32 %, recourir à un recrutement passagèrement accrude maîtres étrangers, et renoncer pour un temps à une progression rapidedes effectifs du second cycle. "Cependant, les planificateurs ne veulent pas envisager cette hypothèse,et font confiance à la télévision en ces termes :

"Quoi qu'il en soit, la télévision scolaire ayant de bonnes chances desuccès, nous nous placerons dans l'hypothèse de sa progression dans lestemps envisagés. "

C. Sur le plan pédagogique

Bien que dans la plupart des pays l'enseignement traditionnel ne se prêteà aucun contrôle (sauf à l'époque des examens), bien que l'efficacité desmanuels par exemple n'ait jamais été réellement contrôlée, on attend

généralement de l'enseignement par les techniques audio -visuelles qu'ilse soumette à des contrôles au cours desquels on cherche à établir son

efficacité sur le plan pédagogique. Cette obligation a été d'ailleurs bienaccueillie par les responsables de la télévision scolaire, car ils souhai¬taient avoir le maximum d'indications sur les résultats qu'ils obtenaient

avec leur nouveau type d'enseignement. Ils ont donc eux-mêmes organiséun contrôle permanent tout au long de l'expérience par le personnel péda¬gogique et le personnel de recherche de la station.Ils ont bien volontiers accepté en avril 1965, à la demande du Ministère,qu'un contrôle de connaissances soit effectué par un inspecteur primaire(maintenant directeur de l'enseignement primaire), et un membre dubureau pédagogique.Cette inspection a été complétée par le contrôle final, qui a été fait parl'équipe elle-même durant les trois dernières semaines et dont nous don¬nerons les résultats en ce qui concerne les quatre disciplines principales

1. Langage

Trois épreuves individuelles ont été administrées. Elles avaient pourbut de contrôler :

- la compréhension (grâce à dix phrases de difficulté progressive);- l'expression (grâce à dix réponses à des supports visuels et dix répon¬

ses à une conversation abstraite);

- la prononciation, plus difficile à contrôler car les normes phonétiquesne sont pas satisfaisantes. Il s'agissait de répéter 20 structures et de

49

Niger

mesurer les progrès par rapport au point de départ, et le degré decompréhensibilité.

Ces trois épreuves ont donné les résultats suivants :

Tableau 4. Tests destinés à mesurer les progrès des élèves en matière

de langue parlée.

Classe des petits (33) Classe des grands (32)

Compréhension 32 ont obtenu plus de 30 ont obtenu plus dela moyenne, la moyenne,dont 5 le maximum dont 7 le maximum

Expression 15 ont obtenu plus de 20 ont obtenu plus dela moyenne la moyenne,

dont 2 le maximum

Prononciation 30 ont obtenu plus de 30 ont obtenu plus de

la moyenne la moyenne

Résultats globaux pour les deux classes (65 élèves) :51 ont obtenu plus de la moyenne, soit 78, 5 %,14 ont obtenu moins de la moyenne, soit 21,5 %.

En résumé, les trois quarts des élèves ont obtenu des résultats satis¬

faisants, les grands ayant généralement de meilleures notes que lespetits. L'épreuve d'expression est la moins réussie, ce qui pose leproblème des moniteurs et peut-être de la méthode en ce domaine. Onpeut donc en tirer, comme les responsables, la conclusion suivante:"le français est devenu, grâce à la compréhension généralisée, la lan¬gue de communication entre les enfants et les personnages de l'écran,ce qui apparaissait comme une gageure en début d'expérience, "

2. Lecture

Quatre épreuves ont été administrées, correspondant aux mécanismesqui avaient été étudiés. Les résultats obtenus sont donnés dans le ta¬

bleau 5 ci- après :

50

La télévision scolaire

Tableau 5. Tests destinés à mesurer les progrès des élèves en matière delecture.

Classe des petits Classe des grands

Lecture globale de mots 29 ont obtenu plus de 26 ont obtenu plus dela moyenne la moyenne

Lecture de phrases 22 ont obtenu plus de 26 ont obtenu plus dela moyenne la moyenne

Lecture de voyelles 20 ont obtenu plus de 28 ont obtenu plus dela moyenne la moyenne

Lecture de syllabes 16 ont obtenu plus de 16 ont obtenu plus de

la moyenne la moyenne

Le résultat global établi pour 59 élèves montre que 52 ont la moyennegénérale. L'apprentissage de la lecture a donc été un succès.

3. Ecriture

Le but de cette épreuve de contrôle était d'essayer de déterminer les

facultés acquises au bout de la période expérimentale de cette éducation

graphique. On procédait à un exposé devant les enfants en s 'accompagnantd'un tableau. Ceux-ci devaient reproduire soit les lettres isolées soit les

mots, soit les chiffres, soit même les phrases courtes qui étaientécrites.

La notation ne se faisait pas selon les normes formelles habituelles. Une

première notation était faite en fonction des quatre exercices proposés,une deuxième notation se faisant en fonction des facultés mises à l'épreuve(latéralisation, correction, régularité, obéissance à contrainte spatiale,aisance).

Sur 35 élèves de la classe des petits, on relève les résultats suivants :16 ont plus de la moyenne, soit 46 %; 19 ont en-dessous de la moyenne,soit 54 %.

Dans la classe des grands, sur 28 élèves, 19 ont la moyenne, soit 67,8 %.L'interprétation des résultats révèle de meilleurs résultats chez lesgrands que chez les petits, mais dans les deux cas on note que les acquisi¬tions les meilleures portent sur les chiffres puis sur les lettres et mots

51

Niger

isolés, et enfin sur les phrases.La latéralisation est la mieux acquise, les notes les moins bonnes étantattribuées aux critères des sens. Les chercheurs concluent que, à partir

d'une certaine maîtrise dans le graphisme, chaque enfant ne révèle pasde distorsion grave.

4. Calcul

La première demi-année de programmation du calcul s'est achevée austade des additions et soustractions concrètes de 1 à 9, et de l'écriture

des opérations correspondantes. Le contrôle a porté sur 6 séries d'é¬preuves :

1. Série concrète : vérification active des actions d'enlever et d'ajouter,

et de la connaissance des quantités de 1 à 7.

2. Série semi-mentale : cette série amorce une initiative mentale à partir

du support des quantités et de l'action concrète.

3. Série mentale : seul le support d'action est conservé en gestes et pa-. rôles, les quantités sont fictives.

4. Calcul appliqué oral : cette série aborde le calcul appliqué sous formede petits énoncés simples dont les enfants connaissent en principe tous

' , les termes, et qui se réfèrent le plus souvent à des situations éprouvéesen classe ou à l'écran.

5. Calcul appliqué transcrit : on demande aux enfants de transcrire sur

l'ardoise les opérations appliquées par les énoncés.6. Calcul abstrait : cette série propose sur l'ardoise à l'enfant les pre¬

miers membres de quatre égalités qu'il doit successivement déchiffreret résoudre.

On trouvera, dans le tableau 6, mention des résultats obtenus.

Il s'en dégage les constatations suivantes :

Série 1. Les 7 enfants 65 qui ont échoué posent un problème d'âge réel etde développement mental.Série 3. Les enfants qui échouent se rencontrent davantage chez les petitset davantage chez les petites filles.Série 5. 32 échecs sur 65. Ces résultats traduisent une difficulté généraleà la transcription arithmétique de petits énoncés oraux, et reflètent en

premier lieu l'absence de tels exercices systématiquement entrepris aucours des exploitations en classe.Série 6. Calcul abstrait écrit. Ces résultats recueillent à la fois les diffi¬

cultés de l'exercice abstrait et du calcul mental. Ils révèlent enfin les

52

La télévision scolaire

Tableau 6 . Tests destinés à mesurer les progrès des élèves en matièred'arithmétique (résultats en pourcentage)

Série - Petits (32) Grands (33) Indice global (65)

1 Concret 84 90 89

2 Semi mental 81 90 87

3 Mental 60 87 75

4 Calcul oral 66 72 70

5 Appliqué transcrit 33 60 50

6 Calcul abstrait 24 42 33

écrit

(une série est tenue pour réussie lorsque l'enfant donne trois bonnes

réponses sur quatre).

dernières confusions entre les deux signes de l'addition et de la soustrac¬tion. Il est incontestable que cette première année est une année d'essaides conditions d'enseignement du calcul par télévision. La méthode demandeà être mise au point. Les responsables en conviennent, qui écrivent dansleur rapport d'activité :"Bilan d'une forme mixte, ces résultats dans leur ensemble restent néan¬

moins sensibles aux tâtonnements d'une approche méthodologique quiintégrât le double canal de l'émission et de l'exploitation, les différents

aspects de la pédagogie du calcul par rapport à ce canal et finalement lecalcul lui-même par rapport à l'ensemble des autres matières."

CONCLUSION

1 On peut considérer le bilan de cette première expérience comme étanttrès positif.Les résultats obtenus sur le plan de l'acquisition des connaissances se

53

Niger

révèlent très satisfaisants, surtout si on les compare à ceux qui sont

généralement obtenus par des maîtres plus qualifiés dans des classestraditionnelles.

La preuve a été faite que l'on peut mettre en place un système impliquantl'action conjointe de la télévision, quelle que soit la distance de l'écolepar rapport à l'émetteur. L'apport de la télévision se fait surtout sur leplan quantitatif, l'apport du moniteur surtout sur le plan qualitatif. Ce¬

pendant, la télévision, grâce à ses formes originales d'expression aune influence considérable sur la qualité même de l'enseignement. Le

but initial a certainement été rempli: "préparer la mise en place d'untélé- enseignement de qualité à production centralisée. "Au-delà des résultats mesurables sur le plan scolaire, on se doit deconstater que la télévision scolaire a créé chez les enfants un véritable

goût à l'étude. Celui-ci se traduit par leur intérêt, leur participationactive aux diverses situations du spectacle pédagogique, par leur besoind'expression, leur aisance intellectuelle, leur rapide acculturation àl'image.

L'expérience de télévision scolaire de Niamey est la première tentativeréussie qu'il nous a été donné d'observer de conciliation entre le carac¬

tère impératif du message télévisé et les méthodes actives de pédagogie.On en voit la preuve certaine dans l'activité des enfants et le climat de

confiance qui règne dans les classes.

On se doit aussi de constater la qualité des études préliminaires et desétudes contemporaines de l'expérience dans le domaine de la psychologieet de la psycho-sociologie. Elles ont contribué et contribueront certaine¬

ment pour une large part au succès de l'ensemble.

On doit également rendre hommage aux efforts remarquables qui ont étéfaits pour "visualiser" les messages télévisés selon des formules souventéconomiques et originales, et pour les adapter de façon rigoureuse aumilieu s ocio- culturel auquel appartiennent les enfants.

2. Aussi, l'on peut envisager l'extension de l'expérience selon diversesperspectives.

Tout d'abord, on peut sans crainte l'étendre à d'autres écoles selon les

prévisions du plan. .On peut également envisager avec optimisme l'extension aux cours prépa¬ratoires et ultérieurement aux autres classes de l'enseignement du premierdegré, à raison d'un cours nouveau traité par année.On peut valablement- espérer avoir recours à la télévision scolaire non

seulement pour l'enseignement direct aux enfants, mais pour le perfec¬tionnement des maîtres de façon directe (grâce à des émissions spéciales)

54

La télévision scolaire

et de façon indirecte (grâce à l'exploitation des émissions scolaires).On aboutira ainsi à cette "école normale permanente", ambition suprêmedes promoteurs de l'expérience.

On réussira sans doute à raccourcir le cycle des études primaires à5 ans, tout en assurant aux enfants un enseignement de meilleure qualité

et plus fructueux que celui qui est obtenu après les 6 années d'études.

La réduction certaine du taux d'absentéi'sme, grâce à l'intervention de

ce nouveau moyen, ne sera pas étrangère à ces résultats.On doit envisager dès que possible l'extension de ces méthodes d'ensei¬gnement et l'exploitation de l'infrastructure à l'intention des adolescents

et des adultes. Ceci aura, entre autres avantages, celui de diminuerle coût de l'investissement et le prix de revient de l'exploitation desémissions proprement scolaires.

On peut enfin espérer sinon des économies, qui paraissent peu conceva¬bles dans les 4 ou 5 années à venir, mais du moins une meilleure renta¬

bilité des crédits investis que dans le cas de l'enseignement traditionnel,

3. Mais pour que l'expérience se poursuive avec succès et qu'elle puisseêtre étendue à d'autres secteurs, certaines conditions doivent être rem¬

plies :

- l'aide française au gouvernement du Niger en finances et en personneldevra être maintenue encore pendant plusieurs années et bien au-delàdes limites de l'actuelle convention;

- la méthode devra être constamment perfectionnée et les programmes

de chaque année, même ceux qui donnent lieu à une deuxième diffusiondevront être reconsidérés et le cas échéant modifiés ou refaits complè¬

tement. Cette remarque est particulièrement valable en ce qui concerne

l'enseignement du calcul qui ne semble pas avoir donné des résultats

aussi efficaces que l'enseignement du langage, de la lecture et del'écriture;

- les moniteurs devront être formés d'une façon plus systématique àl'occasion de stages plus longs. Leur recyclage devra être entreprisà la fin de chaque année scolaire, et au cours de l'année scolaire, par

exemple le jeudi;- un statut spécial devra être élaboré pour le personnel enseignant nigé¬

rien appartenant au service de production;- le nombre des enseignants "concepteurs" devra être accru. En effet,

la tâche pédagogique de ceux qui sont actuellement en fonction estécrasante, car ils ont un rôle quadruple sur le plan de la conception

des émissions, mais aussi du contrôle, du conseil pédagogique et dela formation des moniteurs. On ne peut tout attendre de la même

55

Niger

personne et cette polyvalence devra être abandonnée dès la premièrephase d'extension. Ces tâches diverses gagneront à être confiées àdes spécialistes, ce qui implique la présence d'une douzaine d'ensei¬

gnants titulaires très expérimentés, d'autant plus que les émissionsde l'an prochain étant consacrées au cours préparatoire, certainsenseignants demeureront attachés au contrôle et à l'amélioration de

l'enseignement au cours d'initiation;

- il faudra accroître les moyens de production au-delà des prévisions

faites et mises en vigueur aux termes de la présente convention;- il faudra passer progressivement d'un mode de production artisanale

à un mode de production plus industriel, en cherchant toutefois à nepas perdre les avantages sur le plan humain et pédagogique du premiermode;

- il conviendra démettre en place des moyens écrits et oraux autorisantun feedback systématique entre les classes et la station;

- l'accroissement du personnel d'enseignement et de conception devraitpermettre de lui accorder davantage de temps d'étude et de réflexion.

Trop souvent, à l'heure actuelle, l'esprit de ce personnel est absorbé

par des problèmes quotidiens qui lui interdisent de prendre le reculnécessaire.

Dans les limites d'une expérience vraiment révolutionnaire, la jeune et

dynamique équipe responsable de l'expérience de télévision scolaire auNiger est sur la bonne voie pour aboutir à "un usage intégral de la télé¬vision à des fins scolaires". Mais l'apport de cette expérience débordede beaucoup le cadre de ce pays. Il semble qu'elle puisse fournir des

solutions sur le plan international. Elle ne manquera pas, surtout, deremettre en cause beaucoup de principes erronés de l'enseignement parla télévision comme de l'enseignement traditionnel.

56

LES RADIO-CLUBS DE LA REPUBLIQUE DU NIGER

Rapport à l'Institut international de planification de

l'éducation, établi par Robert Lefranc, directeur duCentre audio-visuel, Ecole normale supérieure,

Saint-Cloud (France), suite à une mission au Nigeren mars 1966

57

CONDITIONS GENERALES

L'expérience des radio-clubs du Niger a débuté en juin 1962, sur l'ini¬tiative de Radio-Niger et d'un certain nombre de personnalités officiellesagissant à titre privé.

Bien que les programmes des radio-clubs soient transmis par Radio-Niger,la responsabilité en incombe à l'Association des radio- clubs du Niger(ARCN), association au sein de laquelle plusieurs Ministères et adminis¬trations sont représentés. Cette expérience s'est développée selon unrythme fixé de façon délibérée; en 1966, il y avait 42 clubs, et on penseatteindre 70 en 1967/1968.L'intérêt de cette expérience forcément limitée, paraît résider dans lesfaits suivants :

1. Un essai de mise en pratique de démocratie au village.2. La formation systématique de personnel d'encadrement.3. Le soin apporté à la mise en place de structures d'accueil adaptées.4. Le recours à un système complexe de feed-back faisant appel à divers

procédés complémentaires.Les radio-clubs ont été créés pour combler un vide dans le service de laradio nationale. Dans les documents annonçant le lancement de cette expé¬rience, l'ARCN faisait valoir que bien que la majorité de la population du

pays soit rurale, la très grande majorité des programmes de Radio-Nigerporte la marque d'un type de production destinée surtout "aux gens de laville". Dans les programmes habituels de radio, il n'y a pour ainsi direpas d'occasion de trouver des moyens d'expression personnels pour lespersonnes qui n'habitent pas les villes. Les radio-clubs ont été crééspour "former une association d'auditeurs pouvant être représentés danstous les centres du pays et aptes à grouper tous ceux qui désirentparticiper à l'activité radiophonique nigérienne".Il est certain que des expériences de radio-clubs conduites dans d'autrespays ont inspiré cette expérience- ci, mais celle du Niger est unique enson genre et a su adapter sous des formes originales le concept du radio-club. Les responsables de Radio-Niger ont essayé de combattre la tendancecentralisatrice des services radiophoniques, grâce à un réseau de corres¬pondants locaux. Certains d'entre eux ont reçu des magnétophones; autourde ces correspondants, des groupes d'auditeurs se sont formés pour menerles discussions. Le manque de récepteurs de radio individuels a favoriséla formation de tels groupes. Ces discussions ont fourni des documentsconstituant des enregistrements au magnétophone de l'opinion deshabitants.

59

Niger

Les buts de l'Association des radio-clubs du Niger (ARCN) sont définis àl'article 3 de ses statuts :

"L'Association a pour but, par l'utilisation des techniques audio-visuelles :- de contribuer à la promotion éducative et à la culture des auditeurs;- d'organiser dans cette perspective l'écoute radiophonique au sein de grou-

ments appelés radio- clubs;

- de fournir aux responsables des programmes de radiodiffusion une meil¬leure connaisance des auditoires auxquels ils s'adressent;

- de permettre aux auditeurs, sous la direction d'animateurs qualifiés, des'exprimer et de faire connaître leurs réflexions et suggestions relativesaux programmes. "

La brochure relative à l'ARCN précise ces buts de la façon suivante :"Ce qui distingue ces radio -clubs d'entreprises similaires dont on a conservéle souvenir ou qui sont encore observées, c'est qu'il s'agit en fait de vérita¬bles unités de production sonore dont les activités sont axées sur des thèmes

en rapport avec le développement économique et social, et coordonnées à

l'échelon national. Ces activités tendent à conférer à la radiodiffusion nigé¬

rienne le caractère d'une vaste tribune réellement populaire grâce à laquelleles paysans expriment de leur propre voix commentaires, opinions (contes¬tations même) sur des problèmes qui les touchent de près."Si l'on considère que cette action se déploie dans un pays de tradition orale,où la force du verbe réside tout autant dans son mode de formulation que dans

le contenu propre du message exprimé, on conviendra que le recueil systéma¬

tique de témoignages sonores par les radio-clubs du Niger constitue une formu¬le tout à fait spécifique. "Le président de l'Association a précisé devant moi d'autres objectifs : lesradio-clubs doivent être avant tout une éducation de la conscience. En effet,

les adultes doivent prendre conscience des problèmes qui se posent à euxsur le plan personnel, local, et national. Ils doivent dépasser leurs problè¬

mes personnels et locaux, pour s'intégrer efficacement dans la communauténationale. Le but de l'ARCN est donc de fournir une éducation très libérale,

très démocratisée, un terrain d'entente très sûr entre des "citoyens com¬plets."Ainsi l'expérience a trois aspects : éducatif, social et civique. L'approcheest pragmatique. Les conditions d'adhésion de l'Association sont très sou¬

ples, si bien que les membres représentent des individus de tout âge appar¬tenant à toutes les professions, comprenant des hommes et des femmes,

réunis en groupes réduits au sein desquels ils peuvent se sentir à l'aise. Lesanimateurs des clubs doivent bien connaître les membres et leurs conditions

de vie, et pouvoir parler avec eux de leurs problèmes, tout en respectantleur liberté d'expression.

60

Les radio-clubs

Cette expérience a bénéficié de l'appui des plus hautes autorités du gouver¬nement . Le président de la République a précisé que les radio-clubs devaientfaciliter "une véritable communication entre le gouvernement et l'ensemblede la population, celle-ci ayant conscience de participer aux décisions etcelui-là étant informé des aspirations concrètes des masses."Ainsi qu'il a déjà été indiqué, l'ARCN est née d'une heureuse conjonctionentre les autorités et certains spécialistes de Radio-Niger, et d'une doubleinitiative franco -nigérienne . En effet, on ne peut passer sous silence l'actionde M. Lucas, actuellement directeur de Radio-Niger, et surtout celle deM. Robert qui, pendant plusieurs années, fut le secrétaire général et l'ani¬mateur des radio-clubs. Mais leur action n'aurait pas été possible, s'ilsn'avaient reçu dès le départ l'appui des autorités nigériennes à l'échelonle plus élevé, en particulier des personnalités composant à l'heure actuellele Comité exécutif, et d'autre part de nombreuses personnes qui, sur leplan local, ont accepté de tenter l'expérience.L'expansion de l'expérience est résumée dans le tableau ci-dessous

Tableau 1 . Nombre de radio-clubs en activité de 1962 à 1968

Année Nombre Année Nombre

1962/63 14 1965/66 421963/64 " 17 1966/67 (prévision) 551964/65 25 1967/68 (prévision) 70

Lors des premières années , les radio-clubs ont été créés en fonction del'origine des volontaires qui s'étaient présentés pour suivre les stages. Delà, une implantation déterminée et une très grande dispersion géographique.Celle-ci n'était pas sans avantages, car elle a permis de comparer le rende¬ment des radio-clubs dans diverses régions .Le plan d'extension cherche d'une part à compléter certains vides importants,tout eh tenant compte de problèmes matériels et linguistiques . "On s'est aperçuque les radio-clubs répondaient surtout aux besoins des populations des peti¬tes agglomérations . On a pu mesurer les inconvénients qu'il y avait à les im¬planter très loin des pistes principales. La rapidité des liaisons postales joueun rôle important dans le bon fonctionnement du système . On a pu conclure àla nécessité d'une répartition très équilibrée dans les deux grandes aireslinguistiques". (Tendances, n° 9, 1964).Les procédures de recrutement ont été standardisées . Au lieu d'accueillirdes candidatures d'où qu'elles viennent, dans un souci d'efficacité, le secré-

61

Niger

tariat des radio-clubs demande que désormais les candidatures aux fonctions

d'animateurs passent par les commandants de cercles. En effet, si ceux-ciapprouvent et recommandent la candidature, on peut être assuré que les res¬

ponsables auront un appui sans réserve des autorités, ce qui s'est révélénécessaire.

Le problème des radio-clubs étant beaucoup plus un problème de qualité quede quantité, il n'apparaît pas au coordinateur raisonnable d'aller au-delà de70, pour des raisons qui seront analysées plus loin.Il faut ajouter à ces radio- clubs fonctionnant régulièrement, ceux qui nefonctionnent que l'été (15 juillet-15 septembre), à l'occasion de la "curesalée". A cette époque, 150 à 200 000 nomades se retrouvent dans la régiond'In Gail. Les radio-clubs ont inauguré pour la première fois en 1965, àleur intention, des programmes en tamachek, comportant des informationspratiques, des enseignements sur le plan sanitaire, et une certaine partied'éducation civique. 40 moniteurs ont été spécialement engagés pour guiderl'écoute dans les campements; organiser des débats, enregistrer les réac¬tions. Bien que l'on ait eu beaucoup de déboires avec ces moniteurs recrutésd'une façon hâtive, l'expérience sera renouvelée en 1966, sur des bases nou¬velles.

Toute extension sur l'ensemble du pays devra d'ailleurs désormais tenircompte de l'action du service de l'animation rurale et du service de l'alpha¬bétisation et d'éducation des adultes, dont les structures d'accueil et les buts

présentent beaucoup d'analogie avec ceux des radio-clubs. De là, un problèmecertain de coordination.

ORGANISATION

L'Association des radio-clubs du Niger a été fondée comme Association d'édu¬cation populaire, sans but lucratif.

Aux termes de l'article 2 dé ceux-ci, "l'ARCN relève, en tant qu'Associationd'éducation populaire, de la juridiction du Commissariat à la jeunesse et auxsports. " 'La structure de l'Association est résumée dans le schéma h° 1.

62

Les radio-clubs

Schéma n° 1. Fonctionnement de l'association des Radio-Clubs du Niger

CONSEIL DE L'ASSOCIATION

Orientation

COMITE EXECUTIF

Définition du programme

BUREAU DU COMITE EXECUTIF

Consignes d'applicationTransmission des documents

fournis par les radio-clubs

Consignes d'organisation

EQUIPE PERMANENTEDE REALISATION

RADIODIFFUSION

Fourniture des documents de travail

Réalisation des émissions Aide techniqueAnalyse des résultats Prêt de personnel

Fourniture d'émissions

Réalisation d'enquêtes sur commandes

RADIO- CLUBS

Compte rendu permanent des activitésFourniture des documents réalisés

Consignes, suggestions

63

Niger

A l'échelon national, l'ARCN comprend le Conseil de l'association, leComité exécutif et l'Equipe permanente de réalisation.Le Conseil de l'association, composé de personnalités gouvernementaleset politiques, a pour tâche de guider l'orientation générale de l'Associa¬tion.

Le Comité exécutif administre l'Association. Il est composé d'un bureauet de membres techniciens.

Le Bureau veille à l'exécution du programme et assure la marche adminis¬trative de l'Association.

Les autres membres du Comité exécutif représentent les services directe¬

ment intéressés à la promotion humaine, tels que le plan, l'agriculture, laDéfense nationale, le Service des grandes endémies, la radiodiffusion,l'Education nationale.

Le Comité exécutif a surtout pour tâche de préciser les programmes d'ac¬tion et de choisir les thèmes sur lesquels porteront émissions etdébats.

Le service de Niamey gère l'ARCN.On insistera particulièrement sur le rôle de coordonnâteur qui est en même

temps le secrétaire général de l'organisation. Il a pour tâche de mettre enoeuvre les programmes de travail selon les grandes lignes définies lors dessessions de l'Assemblée générale, et lors des réunions du Comité exécutif,compte tenu des consignes fournies par le Bureau. Sa tâche comporte unquadruple aspect de prévision, de planification, de contrôle et de recher¬che.

Il maintient des contacts constants avec les organes et en particulier lebureau de l'ARCN et les autres ministères et organismes compétents, notam¬ment le Commissariat général à la promotion humaine, le Ministère de l'édu¬cation nationale, Radio-Niger, et le Centre national audio-visuel. Il assure larédaction en chef du bulletin de liaison des animateurs sur lequel des préci¬sions seront données plus loin. Il maintient des contacts avec la presse écriteet parlée et toutes les personnalités s'intéressant à l'action de l'ARCN sur leplan national ou local. Il veille à la diffusion régulière de la documentationà l'intention des correspondants nigériens et étrangers.Le cahier des charges des membres de l'équipe permanente de réalisationdonne des indications précises sur les fonctions de chacun des membres.

Un réalisateur

- participation à l'établissement des programmes de travail des animateurs;- exploitation des documents sonores fournis par les radio- clubs;- enregistrement de tous éléments sonores d'appoint;

64

Les radio-clubs

- réalisation et responsabilité du montage final des émissions;- évaluation des enquêtes;

- ventilation des éléments sonores destinés à Radio-Niger;

- conseils techniques aux animateurs;

- gestion du matériel technique.

Deux assistants réalisateurs

- sélection et montage des documents sonores fournis par les radio-clubs;- interviews d'appoint en langues vernaculaires;- traductions diverses et transcriptions;

- régie.

Un conseiller pédagogique

- étude préalable des thèmes d'émission en liaison avec les spécialistes;- orientation du travail du rédacteur-documentaliste;

- supervision des fiches documentaires;- établissement des schémas d'enquête et de débat;

- participation à l'établissement des plans et conducteurs d'émission;- mise au point des rapports de synthèse;

- formation permanente des animateurs;

- préparation pédagogique des stages de formation et de recyclage.

Ces personnes sont assistées d'un rédacteur documentaliste, d'une sercé-taire comptable, d'une dactylographe, d'un planton et d'un chauffeur.A l'échelon local, il y avait en 1965/1966, 43 animateurs qui sont pour 52 %des membres de l'enseignement. Les autres sont recrutés principalementparmi les moniteurs agricoles, les infirmiers et les agents des Pet T.En effet, l'association exige que les candidats aient une profession détermi¬née, un minimum de connaissances et une bonne insertion sociale. Leur

activité au service des radio-clubs s'exerce en sus de leur profession.Les animateurs en activité ont de 20 à 35 ans. Leur formation est assurée

chaque année au cours d'un stage organisé durant les grandes vacances,

stage qui sera défini plus loin.L'expérience ayant montré que les activités bénévoles ne permettent pasd'assurer un rendement régulier, l'ARCN attribue aux animateurs des primesmodestes, dont le montant varie chaque mois selon le volume et la qualitédes activités de chaque animateur.

Ainsi qu'il a été indiqué plus haut, tous les animateurs sont de petits fonc¬tionnaires. Ceci ne résulte pas d'une politique systématique de l'ARCN,mais l'expérience prouve que jusqu'à présent "les volontaires qui se sont

65

Niger

présentés appartiennent tous à cette classe moyenne au sein de laquelle oncompte les individus à la fois les plus intégrés à la population et présentantl'ouverture d'esprit et le bagage intellectuel suffisants. Par l'appartenancesociale et l'âge (peu nombreux sont les plus de 30 ans) ils représentent lasouche la plus dynamique. "Le recrutement de ces animateurs est effectué de façon sélective. Un premier

filtrage a lieu avec l'aide des autorités locales et souvent des organisationsdu Parti. Puis, une nouvelle sélection prend place à l'issue d'une session d'a¬

nimation d'une quinzaine de jours. En 1962, 14 animateurs ont été retenussur 25 candidats et 15 sur 22 en 1963, Après l'expérience des premières

années, les réussites et certains abandons, l'ancien secrétaire général del'ARCN a décrit le profil de l'animateur idéal.Le stage annuel qui dure 15 jours se déroule fin juillet, début août. Le pro¬gramme en est le suivant : durant les premiers jours, sensibilisation desstagiaires aux problèmes du développement économique et social du Niger.Examen du but essentiel du radio-club : "modification progressive des atti¬tudes des groupes dans le sens d'une meilleure adaptation aux institutionset aux techniques nouvelles. " Cette action de sensibilisation est menée aucours de nombreuses séances d'étude consacrées davantage à des exercices

pratiques et des démonstrations qu'à des exposés. Les thèmes en sont géné¬

ralement : la vie d'un groupe, la fonction du leader, les techniques d'anima¬tion de réunion, les méthodes d'étude des problèmes, la discussion collective,

interviews. Au cours de ces séances, on procède également à l'étude del'organisation de l'association. Durant la deuxième semaine, sont abordés

les aspects proprement radiophoniques. Ici encore, il y a beaucoup plus de

travaux pratiques que de cours théoriques. Le stage est couronné par uneenquête faite au magnétophone sur un sujet choisi par les stagiaires. Onprocède à un montage et deux écoutes collectives sont organisées en milieurural, dans les environs de Niamey. Les stagiaires suivent l'organisationd'un débat et y participent.

A l'issue du stage, a lieu un concours consistant en quatre sortes d'épreuves :1. Choix commenté de thèmes d'émissions.

2. Interrogation sur l'ensemble des matières abordées. durant le stage.3... Manipulation d'un récepteur et d'un magnétophone.4. Argumentation au cours d'un psychodrame reconstituant une situation de

conflit que pourra vivre l'amateur en exercice.Il est bien évident que la session de 15 jours ne peut être en soi suffisante,La formation permanente des animateurs est assurée par divers moyens :a. Une session de recyclage qui prend place quelques mois après le stage

et regroupe les nouveaux animateurs sous la direction des mêmes moni¬

teurs. On y confronte les premiers résultats. On discute des difficultés.

66

Les radio -clubs

On cherche des remèdes. On décide de nouvelles actions.

L'encadrement de ce stage est comme le premier assuré par les membresde l'équipe permanente de réalisation et par des éducateurs spécialisés,mis temporairement à la disposition de l'ARCN par le Ministère françaisde la coopération.

b. Des documents de travail divers.

c. Un bulletin de liaison permettant à l'animateur de confronter de façonpermanente les "données théoriques" avec l'expérience acquise peu à peusur le terrain.

LES PROGRAMMES

A. Processus d'ensemble

Les programmes hebdomadaires proviennent réellement des membres desclubs qui sont non seulement des auditeurs mais des participants.Le Comité exécutif envoie à chaque animateur de club les documents néces¬saires pour conduire des enquêtes sur des sujets de type sociologique etéducatif. Ces documents comportent des instructions sur la façon dont l'en¬quête doit être conduite localement de façon pratique.A la réception des documents, l'animateur du club provoque une réuniongénérale des membres du club, explique le but de l'enquête, leur montreles documents reçus, explique les procédures recommandées, et indiquele temps qui sera nécessaire. Les membres du club, y compris l'animateur,

conduisent l'enquête, en fait une enquête d'opinion publique, dans leur sec¬

teur et à la date qui a été convenue ils font rapport lors d'une autre réunionà laquelle chacun apporte les résultats obtenus, en même temps que sespropres commentaires. Cette session est enregistrée sur bande magné¬tique;L'animateur résume les informations et les commentaires obtenus et les

réunit en un rapport qui décrit également dans quelles circonstances l'en¬quête à été menée. Ce rapport et la bande magnétique sont envoyés auComité exécutif à Niamey.Les membres du Bureau permanent écoutent les bandes et retiennent cellesdont ils sélectionnent des parties, à monter dans les programmes de radio

67

Niger

appelés "émissions -Carrefour", et diffusées dans lés deux ^principales lan¬gues vernaculaires. Ceci est fait avec le conseil des spécialistes du sujetfaisant partie de l'équipe centrale. Environ un quart des bandes sont sélec¬tionnées de cette façon. Les émissions de radio sont écoutées par les mem¬bres du club selon une procédure pour laquelle les animateurs pnt étéformés.

L'animateur dirige la discussion de telle façon; qu'il provoque les réactionsdes membres sans leur imposer sa propre opinion^ Il doit clarifier certains

points de l'émission, et dans ce but il reçoit du bureau de Niamey des docu¬ments de référence. L'animateur doit rédiger un rapport sur chaque séance

du club et enregistrer les déclarations et remarques des membres qui pour¬raient être utilisées dans les programmes futurs. Le rapport détaillé, écritet rédigé selon un plan standard, comporte des catégories telles que le nom¬bre de membres, leurs réactions à l'émission y compris les principales

idées et remarques, les conditions de la récèptioh dahs la salle, et la qualitétechnique de l'émission.

Les rapports écrits font l'objet d'une synthèse faite par le service central.Celle-ci est adressée aux animateurs des radio-clubs, mais aussi aux per¬sonnes qui, du fait de leur situation administrative ou de leur intérêt, sontconcernés..:

Le but de ce processus éducatif apparemment complexe est bien évidemmentd'établir un dialogue' entré les réalisateurs et les clubs, mais égalemententre les clubs.

B. Préparation

Toute la production, tant des programmes radiophoniques que des documentsd'accompagnement et du bulletin de liaison, est assurée à Niamey. ;

La réalisation des émissions est assurée selon la procédure suivante : le .service central étudie lés bandes reçues des radiOfrclubs, procédé à la tra¬duction en langue française, rémet en ordre les interventions et argumentsretenus, ^puis.î effectue un rémontagei Ce remontage est écouté par l'ensem¬ble de l'équipe de production, en présence du coordonnateur. Le montage ;final tient eompte%de leurs remarques. i< i -oj m

Les trois catégories d:'émissiona;réelament un travail: différent ;: ,-u 'Vj

1. Celles: qui sont réalistes en <coHaboration directe avec lés radio- clubs ;.:pUn schéma d'enquête est adressé à l'animateur, 11 réalise, avec le concours

des adhérents, des documents sonores qui sont intégrés à Hémission?dohtle plan a étéaétabli à llavahee grâce à l'aide du ou désifspéciàlistesclufsûjettraité (économie, hygiène, élevage, agriculture, etc. ),

6B

Les radio- clubs

2. Celles qui constituent la mise en forme des débats enregistrés à l'issue

ides écoutes collectives et dont lai matière est à peu; près totalement four¬nie par les radio-clubs ("Carrefour").

3 1 Celles qui ont un caractère didactique prononcé et pour lesquelles la

collaboration des radio- clubs nï est pas requise au stade de la; préparation(connaissance des pays voisins, présentation d'un organisme officiel).

Les animateurs disposent des documents suivants, préparés par le servicecentral--:-;.": ..,; . ,

- un schéma d'enquête établi en vue.d? émissions.; futures;

- un formulaire à remplir pour le rapport d' enquête;- une fiche documentaire et un schéma de débat pour chaque émission;- des cartes d' écoute simplifiées. ? iA plusieurs reprises, souvent en liaison avec d'autres services se consacrantà des tâches éducatives, les animateurs de radio-clubs ont reçu des collectionsde photos ou de dessins.

C. Contenu des programmes

Ils sont d'un niveau élémentaire et conçus pour s'adresser à des populations

analphabètes en très grande majorité.Les thèmes et le contenu sont arrêtés par le Comité exécutif qui tient comptedes souhaits et demandes des adhérents transmis au service central par les

animateurs, au terme des enquêtes et d'entretiens avec les populationslocales.

De près ou de loin, tous les thèmes se rapportent au développement. Ainsi,en 1962/1963, ont été faites les émissions suivantes. :- 27 émissions sur le développement.- il4 "émissions Carrefour", sur les émissions précédentes.-., 5 émissions documentaires : 2 émissions "Connaissance du Niger" et 3

, émissions d'éducation, de base.

A,titre d'exemple, les thèmes suivants ont été traités de 1962 à 1965 :En 1962/1963 : les soins aux enfants, la scolarisation, l'exode rural, la faim,la dotales lîeux de^ brousSje^^le-jDahomey, la Haute-Vplta, les griots.En 1963/1964 : la solidarité et le, développement,, les inyeçs^issèments humains,les. services publics, les,femmes , et le travail,.d^4a terre, les jeunesetletravail de la terre, la rougeole, le prêt, l'élevage du bétail, les économies,les jeunes/-et le mariage^ la, peste bovine, llanimatipn, rurale, la médecinemobile. ;, -.p >

En 1964/1965 : le Niger depuis l'indépendance, les rapports entre paysanset fonctionnaires, les puits, les aveugles, les cultures maraîchères, les

69

Niger

investissements humains, les arbres, les villages provisoires de culture,l'état- civil, les impôts, la volaille, la protection de la faune, la méningite,l'entretien de la maison.

Certains dé ces thèmes ont donné lieu à deux ou trois émissions différentes.

Au total, en trois saisons, cent cinquante émissions d'une durée moyennede quarante minutes auront été réalisées1.

A ceci, il faut ajouter une vingtaine d'émissions de folklore.Le principe d'une certaine progression avait été retenu après la premièreannée de fonctionnement mais, d'après la brochure "20 questions", l'ons'est aperçu qu'il n'était pas réaliste, car une partie de la population sedéplace durant la saison : seuls bénéficieraient de cette progression lespersonnes qui ne s'absentent jamais du village; elles ne sont pas les plusnombreuses (bien entendu, ce phénomène a une ampleur différente selonles régions)."En fait, le programme est maintenant agencé en fonction du calendrierde la vie rurale; on parle des impôts au moment de la collecte, de telle outelle maladie au moment où sévissent habituellement les épidémies,etc. "

L'approche éducative utilisée par les responsables des radio-clubs conduit"à partir de la vie, expliciter la vie, transformer la vie". Elle peut êtrerésumée par la formule "voir, comprendre, agir". Elle s'inspire largementde la méthode "de l'ehtraîhement mental" misé au point par Peuple et Cul¬ture. Cette méthode, qui préside à l'établissement des schémas d'enquêté,se retrouve tout au long du- processus éducatif considéré comme "l'appren¬tissage d'une démarche rationnelle de la pensée"."Les schémas d'enquête doivent conduire les participants à établir les donnéesdu fait étudié, puis à chercher les causes, enfin à envisager les modifica¬tions à apporter dans leur comportement individuel et collectifi"Les émissions élléë-mêmes tiennent compte de ce processus; les documentsenvoyés pai* lès ràdiô-clubs permettent de partir dé la perception du problèmequ'ont les auditeurs; des interviews de personnalités Compétentes apportentdes éléments d'explication; chaque émission suggère enfin des perspectivespratiques. .. ;..-. :l;.-;"On voit que l'action éducative des radio- clubs a une triplé dimension :!.. Elle est uh apprentissage à des connaissances nouvelles. :2 . Elle est une incitation à des changements de comportement(et d 'attitudes ,

. et d'abord à IHhitiàtivei > »

3, Elle est ùh entraînement à un mode de penséerationhel"; (Tendances, -n° 9, juillet 1964).

70

Les radio-clubs

"La brochure "Doctrine" fournit un certain nombre d'indications complémen¬taires : :

a. Les sujets traités par les radio-clubs sont simples : il est nécessaire que

les enquêtes , les émissions et les débats portent sur des suj ets simpleset limités; les sujets compliqués et abstraits provoquent la.confusion, etles participants ne retiennent rien.

b. Les sujets traités par les radio-clubs sont en rapport avec les possibi¬lités du pays.

Les radio-clubs évitent de développer dans la population des besoins quel'administration. n'est pas en mesure de satisfaire dans un délai raisonna¬

ble. Dans le cas contraire on ne crée que de la déception, du décourage¬

ment et des critiques, sur l'action des radio- clubs.c. L'action des radio -clubs, pour être efficace, implique la répétition.d. L'expérience montre qu'il ne faut.pas hésiter à répéter émissions et dis¬

cussions sur un thème identique pour que les participants, peu à peu,s'interrpgent, réfléchissent et agissent,

e. L'objectivité et la prudence sont le souci constant des radip-clubs.

Les radio-clubs veulent traiter des sujets importants, niais ils ont le

souci d'être objectifs et prudents,^ Ils recueillent tous les avis. Quand ;un service administratif est critiqué, ils vont recueillir l'avis de ce ser-

vice. Ils veulent ainsi éviter le; sectarisme,, la simple critique. Ils neveulent pas diviser l'opinion, mais instruire les esprits. Les radio^clubs ont un but constructif .: Ils veillent spécialement à ne pas. tirer sys-

. tématiquement d'un cas; particulier des conclusions généraies.f. Les radio-clubs évoquent tpus les sujets en collaboration avec les autres

services pour appuyçr, l'action de ceux-ci. "En, règle générale,; l|ARCNi ne rediffuse pas ces programmes. On considèreque .chaque programme radipphpnique devrait être révisé en tenant compte del'apport du feed-back et des critiques qui ont été faites. Certains sujets

sont repris chaque année naaiSjàJ'pccasion dlénaissipns qui ont été modifiéesoumême complètement refaites, V

D. Evaluation

Les responsables de l'ARCN ont apporté un soin spécial à l'établissementde procédure d'évaluation pour favoriser une interaction constante entre

l'équipe de production, les animateurs et les membres des clubs.Le système est basé sur une évaluation continue et un feed-back systématique

grâce à divers moyens : recyclage des animateurs > résultats des enquêtes

71

Niger

fournis sur bandes magnétiques ou par écrit, fiches d'écoute, rapportsd'écoute, rapports de discussion, rapports d'activité mensuels auxquelsles animateurs doivent joindre un rapport sur l'état de l'équipement. Lesanimateurs échangent également une correspondance abondante avec le

service de Niamey. Enfin, ainsi qu'il a été dit, un bulletin ronéotypépublié chaque mois constitue un lien supplémentaire entre les animateurset le service central.

Il faut ici mentionner l'enquête finale faite chaque année à partir des ques¬

tionnaires envoyés aux animateurs. En 1965, par exemple, 17 questionsont été posées à. 85 personnes de 10 radio- clubs différents. Les questions

portaient sur des points tels que composition du groupe d'auditeurs, intérêtpour les sujets des émissions, opinion sur les émissions, valeur de la dis¬cussion après chaque émission, qualité technique de l'émission, fonctionne¬ment du radio-club, raison de l'absence de certains membres, raison de

la présence des autres membres, discussion après la réunion du radio-club,raison pour la non-participation à ces activités d'une partie de la population,valeur relative d'un petit groupe et d'un groupe plus large, sentiment de gênedevant le magnétophone, résultat de l'effort du radio- club sur les activitésdu village, conseils entendus lors des émissions et mis à profit, suggestionsen vue de certaines améliorations, sujets souhaités d'émissions, réactionsà l'idée d'une éventuelle dissolution du radio-club.

De plus, en 1964, le service central a demandé à une organisation privée,Synergie-Roc, de faire une analyse d'interviews, menées au Niger auprèsdes différents types de personnes impliquées dans les radio-clubs, analyseà laquelle nous nous référerons à nouveau dans notre conclusion.

En outre, des membres du service central effectuent des inspections lorsde leurs missions dans les différentes régions. Il est tenu compte de leursconstatations pour l'amélioration des programmes et parfois même pourl'administration et la gestion des radio-clubs.Les responsables de l'ARCN se plaignent qu'ils n'ont pas suffisamment depersonnel et de fonds pour mettre sur pied un mode de contrôle plus systé¬matique. Ils souhaitent ajouter à leur équipe un psychologue et un socio¬logue.

72

Les radio-club s

ATTITUDES

Les attitudes à l'égard de l'expérience des radio-clubs peuvent être connuesau travers des nombreux procédés de feed-back étudiés ci-dessus. Mais on

retiendra surtout la contribution des enquêtes finales annuelles et de l'en¬quête menée par Synergie.Il semble évident qu'au départ de nombreux administrateurs aient vu avecquelque méfiance l'implantation des radio-clubs. Ils y voyaient une concur¬rencé éventuelle. Ils y voyaient également des ferments d'anarchie, étantdonné que les enseignements donnés par cette association auraient pu êtreen contradiction avec les consignes qu'ils avaient à donner et à faire appli¬quer.

Ils paraissent avoir été rassurés peu à peu d'une part par la caution donnéeaux radio-clubs par les plus hautes autorités du pays, membres du conseil

de l'association ou du comité exécutif. Ils paraissent aussi avoir comprisque le système de démocratie locale encouragé par les radio-clubs allaitfinalement tout à fait dans le sens de leur action.

Les réticences semblent avoir été plus vives et plus longues à vaincre en

ce qui concerne les dirigeants du Parti. Ceux-ci, dans de nombreux cas,ont vu dans l'implantation de cette nouvelle cellule locale qu'est le radio-

club, une concurrence directe, risquant de détourner par ses débats et dis¬cussions des adhérents des objectifs assignés par le Parti. Devant cette

situation, les responsables de l'ARCN ont dû essayer par tous les moyensd'impliquer les représentants du Parti dans l'organisation du radio-clublocal. Désormais, et dans toute la mesure du possible, les dirigeants du

Parti sont consultés lors du choix de l'animateur, plusieurs d'entre eux ontmême consenti à être ces animateurs. C'est une situation particulièrement

favorable, car l'organisation du Parti rassemble et encadre les adhérentset auditeurs occasionnels des radio-clubs.

Il y a également eu méfiance de la part d'autres autorités locales impliquéesdans une oeuvre d'éducation, certains moniteurs d'agriculture, certainsinfirmiers, certains instituteurs ont vu d'un mauvais oeil l'apparition d'une

nouvelle structure susceptible de leur ravir un public. Peu à peu, ces réti¬cences ont diminué. D'une parti la plupart ont compris que l'action desradio- clubs complétait la leur et ne la doublait pas. Ce qui pose une fois deplus le problème d'une coordination organique des structures éducatives ausens le plus large du mot à l'échelon local, problème sur lequel nous revien¬drons plus loin. D'autre part, beaucoup d'éducateurs (enseignement, alphabé¬tisation, animation rurale, etc. ) ont accepté de devenir animateurs de radio-clubs.

73

Niger

L'attitude des chefs de village a un rôle souvent déterminant dans la créationet surtout dans la fréquentation et le maintien d'un radio-club. Or, les chefsde villages se désintéressent trop fréquemment de l'action des radio-clubs,ce qui a une répercussion immédiate et fâcheuse sur la population. Une desréponses les plus couramment faites, lorsque l'on s'informe auprès d'adhé¬rents d'absences successives à certaines émissions, est la suivante : "le

chef du village lui-même ne vient pas".A l'origine, rappelons-le, les animateurs sont toujours des volontaires. Doncleur attitude au départ est par principe favorable.L'expérience prouve cependant qu'un nombre important d'entre eux ont peu àpeu renoncé à leurs fonctions, pour diverses raisons, parmi lesquelles nous

citerons le manque de contact réel avec la population, les difficultés d'aboutirà un dialogue véritable, les conflits avec d'autres éducateurs locaux, le man¬que d'appui des autorités locales, des conflits avec les membres du Parti, lasurcharge de travail, la non-attribution de primes suffisantes.Le public des radio-clubs reflète dans une large mesure la structure de lasociété nigérienne. Des données statistiques de la campagne 1964/1965,nous retiendrons certains faits :

1. L'étude du tableau de répartition des adhérents formels établi pour troiscampagnes, 1962/1963, 1963/1964 et 1964/1965, révèle entre autres :

a. l'intérêt croissant des notables : 2,23 % de l'ensemble en 1962/1963,6,90 %pour 1964/1965;

b. une désaffection certaine des fonctionnaires : 20,08 % - 10,45 %;c. un accroissement de l'intérêt des cultivateurs : 30, 13 % - 36, 08 %;

d. une fluctuation curieuse du nombre de ménagères : 6,5 % en 1962/1963,15, 96 % en 1963/1964, 7, 06 % en 1964/1965, sans que l'on puisse trouverla raison de cette variation.

2. Le tableau n° 2, que nous reproduisons ci-après, donne une idée de laparticipation aux activités des radio-clubs selon les catégories socio¬professionnelles.

La proportion des agriculteurs dépasse, on le voit, la moitié du publicd'écoute.

Parmi ce public de catégories socio -professionnelles très différentes, il estdifficile, même au terme d'enquêtes, de déterminer des constantes dans les

attitudes. On peut dire cependant que lors de l'implantation des radio-clubs,il y a eu des réticences certaines d'une bonne partie de la population et sur¬tout une méfiance souvent liée, il faut bien le dire, au caractère largementrural des populations dont les types de réactions ne seraient pas tellementdéveloppés. C'est ainsi que beaucoup refusent de parler, d'une part par timi¬dité certes, mais par crainte de voir leurs idées consignées et enregistrées

74

Les radio-clubs

Tableau 2. Participation aux activités des radio-clubs selon les catégoriessocioprofessionnelles

Catégories Enquêtes Ecoutes

% %

Notables, responsables 9,0 5,5

Fonctionnaires 10,8 6,0

Commerçants 5,3 0

Artisans 8,2 15,0

Cultivateurs, éleveurs 37,4 52,5

Marabouts 1,2 6,2

Griots 3,7 1,5

Ouvriers 2,4 0,5

Chauffeurs 0,8 0,1

Manoeuvres 2,4 p. m.

Plantons -gardiens, domestiques 0,8 1,4

Ménagères 10,1

Commis 0,2 p. m.

Sans profession, divers 3,5 3,5

de surcroît par une machine. "Ils ont peur dé parler, ils croient qu'ils dirontdes bêtises qui pourraient leur coûter cher". "Ils craignent de marquer leurdésaccord avec l'orthodoxie politique". "Ils ne veulent pas se mêler à la ma¬jorité à cause de leur opinion politique".La difficulté à s'exprimer est d'ailleurs liée souvent à un sentiment de peurd'être condamné. Cette réflexion revient souvent : "certains ne peuvent pasrépondre, ils ont honte, ils ne reviennent plus". Beaucoup de participantset en particulier de paysans demeurent à convaincre du fait que le temps detravail qu'ils consacrent aux radio-clubs n'est pas du temps perdu. Si beau¬coup d'adultes préfèrent le radio-club à l'alphabétisation parfois source dehonte pour eux, les jeunes sont sensibles à une certaine concurrence entrel'alphabétisation et les radio-clubs. On signale souvent une opposition d'ordre

75

Niger

coutumier. "Les vieux n'aiment pas les réunions tout le temps". La fatigueest souvent un prétexte donné par les paysans pour ne pas participer auxradio-clubs, La désaffection des leaders du village (chefs coutumiers,chefs du village, enseignants) joue un rôle essentiel dans la désaffection denombreuses personnes.

Mais, par-delà ces réticences, on peut noter un intérêt général pour la nou¬

veauté, une participation importante jusqu'à l'âge de quarante ans, uneémulation certaine entre diverses couches de population, l'appui sans réservede nombreuses autorités locales et de fonctionnaires intéressés.

Il est bien évident que dans l'intérêt même de l'expérience des radio-clubs,l'étude de l'évolution des attitudes gagnerait à être entreprise d'une façonplus systématique et plus scientifique.

EQUIPEMENT

Le Service central utilise l'équipement de Radio-Niger pour les enregistre¬ments finaux, mais il possède un magnétophone de reportage, deux magné¬tophones de montage. Le Service dispose de plus d'un véhicule LandRover.

Chaque radio-club possède l'équipement suivant :- un récepteur à transistors fonctionnant sur une pile de 1 volt 3;- un magnétophone portatif transistorisé, fonctionnant sur piles, monopiste,

avec une autonomie d'enregistrement de 10 minutes environ. Cet appareilest muni d'un étage d'amplification qui permet de diriger la modulationsur 4 haut-parleurs d'une puissance totale de 1 watt;

- un micro;

- un jeu de 20 bandes magnétiques;- une lampe à pression.Tout l'équipement provient de l'étranger.La maintenance des appareils était assurée au début par le service techniquede Radio-Niger. Puis, l'entretien et les réparations durent être confiés à

des techniciens de l'Ecole d'aviation de Niamey, rémunérés en heures supplé¬mentaires. A partir de 1965, on a eu recours à un technicien en électroniquedu Centre audio-visuel national .

76

Les radio-clubs

Les appareils ont à souffrir en particulier du transport dans des conditions

souvent dures, malgré les emballages spéciaux dans du polystirène ex¬

pansé.

Les appareils radio semblent avoir donné toute satisfaction. Par contre,

le magnétophone adapté d'un modèle amateur s'est révélé fragile et lapoussière pénètre trop facilement dans le mécanisme.

Le service élabore un cahier des charges du matériel idéal souhaité etdésirerait qu'un constructeur le fabrique.

Jusqu'à présent le Service central était installé' dans deux bureaux de Radio-

Niger et les studios de Radio-Niger étaient utilisés à certaines heures commeil a déjà été indiqué.

En avril 1966, le Service central a été transféré dans quatre bureaux duCentre audio-visuel national.

FINANCEMENT

A. Budget

En 1962/1963, le budget de l'ARCN s'élevait à 1 400 000 francs CFA, auquelil y avait lieu d'ajouter un certain nombre d'éléments tels que le salaire du

coordonnâteur, la contribution inchiffrable du personnel de Radio-Niger, levéhicule de liaison.

Lors des années suivantes, le budget a évolué ainsi : 7 200 000 francs CFAen 1963/1964; 16 700 000 en 1964/1965 et 19 300 000 en 1965/1966.Ce budget est alimenté par les crédits suivants :1. Subvention personnelle du président de la République.2. Fonds inscrits au budget (la quasi- totalité en 1964/1965).3. Parfois, subventions exceptionnelles, par exemple en 1963/1964, une

subvention de 5 millions de francs CFA du gouvernement français, auquelpar ailleurs une demande de 10 millions de francs CFA a été faite à nou¬veau en 19Ç5.

4. Cotisation des adhérents. La carte de membre est délivrée moyennant une

cotisation annuelle de 100 francs CFA. A l'époque où il y avait 25 radio-clubs, le nombre des adhérents était d'environ 700. Le revenu des cotisa¬

tions est donc faible. Ceci tient au fait que la majeure partie des partici-

pantsaux radio-clubs ne prennent pas de carte. En effet, en 1964/1965,

77

Niger

on a compté en fait environ-10 000 présences, d'après les rapportsd'écoute.

L'essentiel de l'équipement a été financé les deux premières années parle Ministère français de la coopération. Il a été depuis complété sur lebudget propre de l'Association.En 1965/1966, une partie du budget, 700 000 francs CFA, a servi à couvrirles frais de stages (initiation et recyclage). Ce budget couvre une partie duvoyage des participants, leurs frais de séjour et les dépenses matérielles.Par contre, la participation française en particulier sous forme d'instruc¬teurs, est financée directement par la France.

B. Dépenses récurrentes

Celles-ci consistent en salaires de l'équipe permanente de réalisation,frais de voyage et de transport, primes et gratifications des animateurslocaux.

La politique de l'ARCN a évolué entre les gratifications quasi- automatiques,et des primes à la productivité et au rendement. La solution mixte adoptéeen 1964/1965 semble donner des résultats satisfaisants :a. une prime de base de 3 000 francs CFA par mois;

b. des primes mensuelles de régularité pour les rapports d'enquête(1 000 francs), A ce système s'ajoutent des primes à la qualité.

RESULTATS

Les animateurs des radio-clubs conviennent eux-mêmes que leur entreprisen'a pas franchi le stade expérimental. Il est donc difficile de dresser unbilan définitif des résultats, d'autant plus que ceux-ci ne peuvent être chif¬frés. A plus forte raison, est-il difficile de différencier les résultats ob¬

tenus grâce aux radio-clubs de ceux qui sont dus à l'ensemble des émissions

de radio, et surtout à l'ensemble des autres entreprises agissant sur lemême public.

78

Les radio-club s

Faute de résultats mesurables, il est possible, au travers de divers comptes

rendus et documents fournis par le service central, de déterminer l'apportdes radio-clubs.

D'après "L'analyse des interviews réalisées au Niger auprès des différentescatégories de personnes concernées par les radio-clubs", entreprise parSynergie-Roc pour l'Association des radio-clubs du Niger : "Les radio-clubsont un impact très fort sur les populations. Ils sont ressentis plus comme unmoyen de formation que d'information,"Cette formulation revêt les aspects suivants :1. Découverte de la radio comme moyen de communication.

2. Bienfait de la possibilité de l'expression entre gens d'un village peu habi¬tués à communiquer ensemble, et bienfait de pouvoir s'exprimer et sefaire entendre pour des gens qui ne savent ni lire, ni écrire.

3. Communication entre villages et entre personnes ayant des activités dif¬férentes. Création de liens amicaux. Sentiment de rattachement à la Com¬

munauté nationale. Sensibilisation à la coopération.4... Ouverture sur le monde extérieur.

5. Apprentissage à apprendre et non plus simple apprentissage à écouter.. Acquisition de connaissances nouvelles.

6. Eveil de l'intelligence. Accroissement du sentiment d'exister. Libéra¬tion de la crainte. "

On peut encore relever parmi les résultats à l'actif des radio-clubs :a, l'instauration d'un climat psychologique propice à l'assimilation du contenu

. éducatif des émissions;

b, certaines attitudes ou certains comportements nouveaux des populationsdébouchant dans bon nombre de cas sur des actions concrètes telles que

fréquentation accrue du dispensaire, contrôle de l'accès des griots aux

places de marché, création de comités de femmes pour surveiller l'ob¬

servance des règles d'hygiène infantile par les mères, demandes deconseils au vétérinaire, à l'infirmier, lutte collective contre les incen¬

dies, achat de matériel agricole, etc.;c, dans certains villages où les animateurs sont particulièrement compétents,

constitution d'un véritable foyer culturel autour du radio-club;

d, un appoint important aux autres entreprises de promotion humaine (ani¬mation rurale, alphabétisation, etc.);

e, un enrichissement et une authentificatiôn des programmes de radiodif-. fusion;

f, la possibilité de découvrir des cadres locaux grâce aux nouveaux moyensd'expression qui sont offerts aux individus intelligents, dynamiques etsocialement actifs.

79

Niger

Cependant, toujours d'après l'enquête de Synergie-Roc, il y aurait unecoupure entre l'expérience vécue dans les radio-clubs et les structures

actuelles de la société, coupure résultant d'une présentation assez impré¬

cise chez toutes les catégories de personnes interrogées, du rapportexistant entre le pouvoir, les autorités locales et les animateurs.

Les personnes qui ressentiraient le plus cette coupure sont celles qui setrouvent à la charnière entre la population et la hiérarchie, à savoir lesautorités locales et les animateurs.

Par-delà les difficultés d'ordre technique ou sociologique précédemment

énumérées, cette coupure pourrait rendre compte des problèmes majeursdes radio-clubs, qui sont :

1. L'attitude négative des fonctionnaires dans les villages.2. La tentation des représentants de l'autorité de s'abstenir de participer

ou, au contraire, de tenter démettre les radio- clubs à leur service

. (au lieu de mettre leur autorité au service du développement);3. Enfin, la surcharge de travail considérable que constitue pour l'anima¬

teur l'obligation de concilier les radio-clubs avec ses devoirs profes¬sionnels. '

CONCLUSIONS

La question s'est posée de savoir si le statut d'association est le meilleurpour atteindre les buts que se sont fixés les radio-clubs.

Certains pensent qu'il serait bon de transformer l'ARCN en départementou service de Radio-Niger, mais la majorité.des personnes questionnéesne sont pas favorables à cette solution. Elles croient que les radio-clubsn'auraient plus le même attrait pour les volontaires dont la participations'est révélée essentielle. Entant que fonctionnaires du gouvernement, lesanimateurs des clubs se sentiraient beaucoup plus contrôlés et perdraientune liberté d'action qui est indispensable dans leur travail. De plus, il ne

serait pas si facile de demander l'aide de pays étrangers. Enfin, le budgetdes radio-clubs serait une charge supplémentaire pour le budget de Radio-Niger.-.* -^-v . .

L'expérience des radio^clubs apparaît comme un des moyens parmi d'autresd'assurer une meilleure promotion humaine des populations nigériennes, mais

80

Les radio-clubs

cette entreprise est limitée et le demeurera si l'on en croit les plans misau point par les animateurs eux-mêmes. L'influence des radio-clubs est

donc réduite dans le temps et dans l'espace.Cependant, cette expérience peut jouer un rôle déterminant à l'avenirsi l'on tient compte de ses aspects positifs :1. L'expérimentation d'un moyen efficace de promotion humaine.2. La création de véritables tribunes populaires rurales, un des bons outils

pour la mise en place de structures démocratiques.3. La mise en place d'un circuit d'information dans lequel les populations

rurales ne sont -pas seulement consommatrices mais productrices.

4. La mise à l'épreuve d'un système élaboré et efficace de feedback à diverséchelons et grâce à plusieurs méthodes, permettant une évaluation conti¬

nue des résultats et de l'impact sur les populations.

5. Une décentralisation systématique de l'information, moyen de lutter contre

un certain monolithisme inhérent à la structure politique des états mo¬dernes.

6. La mise à l'essai de nouvelles formes d'expression radiophoniques mieuxadaptées au pays.

7. Un banc d'essai utile et efficace en vue de la mise en place ultérieurement

d'un réseau de télé- clubs et, au-delà, de structures permettant l'utilisa¬

tion de la télévision pour l'éducation des adultes.

Mais l'action présente des radio-clubs pourrait être considérablement amé¬liorée si les recommandations suivantes étaient suivies d'effet :

a; accroissement du nombre des émissions utilisant la formule des radio-

clubs, même si cela est au détriment d'autres émissions de la radio

. nigérienne;b. meilleur choix des sujets d'émissions fait davantage en consultation non

seulement avec les populations mais avec les autres services nationaux. de promotion humaine;

ç. mise en place à Niamey d'un personnel plus important, permettant deproduire davantage d'émissions, de meilleures émissions, et permettantune meilleure exploitation des documents sonores et écrits reçus desclubs. Certains de ceux-ci se plaignent que leur contribution n'apparaisse

_ pas suffisamment tant dans les émissions que dans les comptes rendus;d. une meilleure adaptation de l'équipement technique aux conditions locales;e. un meilleur encadrement sur le plan local;f. la mise au point de méthodes permettant une participation réelle et mieux

équilibrée des diverses catégories sociales de chaque radio-club. Tropsouvent, les animateurs donnent la parole aux autorités et aux notablesau lieu d'inciter systématiquement à parler d'autres villageois dont laprésence demeure passive;

81

Niger

g. chercher par tous les moyens à assurer une plus grande régularité dansle fonctionnement des radio-clubs etune meilleure assiduité des popu¬lations;

h. une collaboration plus étroite à l'échelon national et à l'échelon localavec les autres organismes concernés par la promotion sociale et hu¬maine, y compris la mise en commun toutes les fois que cela estpossible, des structures d'accueil.

Les animateurs des radio- clubs sont conscients de ce problème et recher¬

chent eux-mêmes une solution qui ne peut être que d'ordre politique. L'é¬volution des radio-clubs devrait donc se faire dans le sens que souhaitent

ses promoteurs et tel qu'ils l'ont exposé dans le n° 9 de Tendances(1964)..:: ,,,: .. >

"Sur le plan de l'organisation, il n'est pas interdit de prévoir des réamé¬nagements, notamment au niveau des instances supérieures de l'associa-

tion^ Les structures en cours portent lamarque de la.période qui les avu naître. Depuis, la politique du gouvernement nigérien en matière de

promotion humaine s'est précisée et a déterminé la naissance de servicesavec lesquels se posent des problèmes de coordination. En effet, dans un

pays peu développé, une harmonisation de ce genre d'actions est indispen¬sable. Les doubles emplois dans les programmes doivent être évités.Toutes les activités s'appuient sur des relais humains qui se recrutent

dans lesmêmesmilieux et dont le nombre n'est pas inépuisable; les sourcesde financement sont souvent lesmêmes. Des liaisons organiques, que faci¬literait une identité de statut, méritent donc d'être envisagées. "

82

LA RADIOVISION AU SERVICE DE

L'ALPHABETISATION DANS LA REPUBLIQUE DU NIGER

Rapport à l'Institut international de planification del'éducation, établi par Robert Lefranc, directeur duCentre audio-visuel, Ecole normale supérieure,Saint-Cloud (France), suite à une mission au Nigeren mars 1966

83

CONDITIONS GENERALES

Etant donné le très faible taux de scolarisation du Niger, et compte tenudu fait que, pendant des années, il était bien inférieur à ce qu'il est main¬

tenant, la très grande majorité des adultes sont analphabètes, tant dansles campagnes que dans les centres urbains.

Le gouvernement s'emploie, selon diverses modalités, à alphabétiserune partie des adultes, en particulier pour procurer à l'agriculture et àl'industrie naissante les cadres dont elles ont cruellement besoin.

Le service de l'alphabétisation, qui relève du Ministère de l'éducation

national, a été créé à cet effet. Cette alphabétisation est faite en languevernaculaire, puis en français dans les campagnes, mais d'emblée enfrançais dans les villes, le public étant surtout constitué par des ouvrierset des employés pour lesquels la connaissance du français est la conditionsine qua non de leur promotion sociale ou professionnelle.

L'alphabétisation fait appel à des méthodes traditionnelles, mais elle acherché et elle cherche à nouveau à pallier l'insuffisance en éducateurset animateurs qualifiés, par recours aux moyens audio-visuels, princi¬palement la radio et les projections fixes. Tantôt l'une et l'autre de ces

techniques sont utilisées de façon séparée et autonome, mais on cherche

à les coupler en vue d'une action plus efficace.Il n'est pas possible d'analyser les expériences de radiovision sans

présenter l'ensemble de l'effort d'alphabétisation, mais on s'apercevra,

à la lecture de ce rapport, que la part de la radiovision proprement diteest très faible dans cet ensemble.

Bien avant les recommandations de la Conférence de Téhéran, cette

expérience a été menée à l'initiative du gouvernement nigérien, sous

l'impulsion d'un expert français, M, Soler.Celui-ci avait mis au point une méthode d'enseignement du français auxadultes, méthode qui comportait de très nombreuses illustrations, àl'origine destinées uniquement à l'impression.L'expérience d'alphabétisation a été peu à peu élargie depuis 1962, selonla progression ci-dessous :1962/63 : 10 villages de la région de Maradi. On utilise la méthode Solerà raison de 3 séances par semaine, 2 séances au cours desquelles l'ins¬

tructeur f'aide de la projection des images illustrant la méthode, uneséance au cours de laquelle l'instructeur est secondé par la radio et laprojection simultanée des: images.

85

Niger

1963/64 : extension à une centaine de villages nouveaux. On introduit deuxdegrés dans la méthode. Certains des sujets déjà alphabétisés les deux

premières années passant à un deuxième niveau, La radio est utilisée deuxfois par semaine, -1964/65 : lors de cette campagne il y avait 121 centres pour débutants,64 centres de deuxième niveau, et 12 centres urbains, soit au total 197centres.

1965/66 : les plans prévoyaient l'extension à plus de 150 villages. Le per¬sonnel enseignant a reçu une formation complémentaire mais les délaisde livraison de l'équipement ont retardé cette extension. Malgré ces dif¬

ficultés, 50 nouveaux centres urbains ont été ouverts, 7 d'entre eux gérés

par les missions catholiques, tous les autres étant publics.

Les réactions de la masse à ce projet ont été en général très favorables.Il existe chez beaucoup de nigériens un grand désir de sortir de l'ornièreet de la routine. Pour beaucoup l'apprentissage du français constitue leseul moyen de promotion. Les autorités nigériennes, tout en favorisant

l'alphabétisation en français comme moyen de promotion sociale et pro¬fessionnelle, et de cohésion nationale, tiennent beaucoup à ce que dansles régions rurales l'alphabétisation se fasse aussi et d'abord en languevernaculaire. L'expérience semble prouver cependant que les populations

locales manifestent d'autant plus d'empressement à suivre l'enseignements'il est donné en français, car elles ne voient pas l'utilité de la lecture

et de l'écriture en langue vernaculaire, puisqu 'aussi bien les coutumeset la tradition se sont jusqu'ici transmises par la voie orale, les affairesétant traitées de même.. Oh cite le cas d'un village où l'alphabétisation enhaoussa a été proposée. Il y avait alors 5 candidats; dès qu'on a proposéle français, 45 candidats se sont présentés.

Les seules résistances que l'on ait rencontrées dans les villages provien¬nent de villages de zones très isolées où le besoin de l'éducation n'est pasressenti, et encore dans ces villages, surtout des vieillards et de certainschefs coutumiers.

L'accueil des autorités des départements est en général favorable. Lescommandants de cercles ont beaucoup aidé à l'implantation des centresd'alphabétisation par leur ;action personnelle et par leur aide sur le planadministratif et financier.

Les autorités du Parti ont été également favorables. Le Parti contribuedans la plupart des cas pour la moitié au paiement des instructeurs. Dansla région de Magaria, par exemple, où existent 18 centres d'alphabétisa¬tion, le Parti a contribué pour 200 000 francs CFA au fonctionnement des

centres et, pour ce faire, a recueilli des dons dans 500 villages. L'expé¬rience prouve que les villages où la présence du Parti n'est pas affirmée

86

La radiovision

contribuent moins volontiers à la lutte contre l'analphabétisme.

Les autorités locales, en l'occurrence les chefs de village et les mara¬

bouts, invitent le plus souvent les gens à venir. Le chef de village est

généralement le président du Centre, mais il vient rarement lui-mêmeaux séances.

De même les griots font beaucoup de publicité mais viennent rarement.

Les instituteurs et maîtres des villages sont d'autant plus favorablesque, généralement, ce sont eux-mêmes qui sont chargés de l'ensei¬

gnement.

On a tendance à accroître davantage le nombre des centres d'alphabéti¬sation en zone urbaine, car c'est dans ce domaine que les besoins à

brève échéance sont les plus évidents, et c'est aussi dans ces zonesurbaines que les résultats les plus certains ont été le plus rapidementacquis.

Lors de l'extension future dans les régions rurales, on cherchera àintégrer, davantage les activités rurales dans le programme d'alphabé¬

tisation. On apportera plus de soin à obtenir la participation des nota¬bles des divers villages et à leur enseigner les méthodes d'agriculturequ'ils peuvent appliquer dans leur village.

ORGANISATION

Il est rappelé que le service.d'alphabétisation dépend désormais du Minis¬tère de l'éducation nationale. Cependant son siège se trouve à la mairie

de Niamey.

Dans les -projets actuels du Ministère de l'éducation nationale, lorsquesera créé le Centre pédagogique national, il abritera également le service

de l'alphabétisation.Le directeur du service est M. Koulibaly qui, jusqu'à une date récente,

était assisté d'un expert de l'Unesco. Le service est divisé entre un bureaupédagogique et une section administrative.Le bureau pédagogique comprend un professeur, quatre instituteurs et unedessinatrice. La section administrative comprend une secrétaire, un res¬

ponsable du matériel, cinq traducteurs et quelques chauffeurs et plantons. .L'action du service est relayée dans les régions qui sont au nombre de 10.

87

Niger

Dans chacune d'entre elles, on trouve:

a. Un responsable régional, dit contrôleur, assisté généralement, d'unVolontaire du Peace Corps. Responsable de l'administration dans larégion, le contrôleur passe la majeure partie de son temps à fairedes tournées dans la brousse.

b. Un comité d'alphabétisation constitué par le commandant de cercle,le secrétaire du comité et plusieurs chefs de services régionaux,selon les problèmes à débattre. Ces comités d'alphabétisation fontrégulièrement parvenir au service central des fiches de contrôle.

c. Au niveau du village, on trouve un instructeur, le plus souvent unenseignant travaillant en heures supplémentaires pour donner, de20 h à 22 h, des cours d'alphabétisation. Il est payé en général5 000 francs CFA par mois pendant cinq mois. Il est assisté d'un

comité villageois, comprenant le plus souvent le chef du village, desnotables, de. jeunes animateurs ruraux, des infirmiers et d'autresenseignants.

Le service central comporte, en plus des sept membres nigériens, cinqfrançais et deux américains.Dans chacune des régions, lès contrôleurs sont nigériens mais, ainsiqu'il a déjà été mentionné, chacun d'entre eux est assisté d'un américain.A l'échelon du village, tout le personnel est nigérien.La formation du personnel se fait à trois échelons différents :

1. Au niveau des villages

Les instructeurs sont, pour les neuf dixièmes, des enseignants. Mais ce

ne sont pas toujours des enseignants très qualifiés, instituteurs ou insti¬tuteurs-adjoints. Il y a aussi beaucoup de moniteurs.A leur intention sont organisés chaque année des stages dans les régions.Ils durent en général une semaine et sont dirigés par un responsable derégion assisté par un Volontaire du Peacé Corps. Aussi souvent que pos¬sible, un responsable du service central vient superviser ce stage.

Durant celui-ci, on procède à la description des programmes, à des dé¬monstrations, à des travaux pratiques, dans une double optique de péda¬gogie des adultes et de pédagogie des moyens audio-visuels.

2. Au niveau des régions ...'-.-

Chaque année se tient à Niamey, généralement au mois d'octobre ou de

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La radiovision

novembre, un stage d'une semaine à 10 jours, auquel assistent 30 à 35personnes. De plus, chaque année au mois de juillet, a lieu un séminairequi permet de faire le bilan de la campagne qui vient dé s'achever.On passera en revue tous les aspects pédagogiques et autres de l'expé¬rience^Ce séminaire a été suivi en 1965 par 48 personnes réparties de lafaçon suivante : quatre agents régionaux; dix-sept secrétaires des comitésrégionaux; six Volontaires du Peace Corps; seize instructeurs des centresd'alphabétisation choisis parmi les plus représentatifs; cinq responsablesdu service central.

Pour la première fois, en 1965, cinq responsables régionaux particulière¬ment actifs ont bénéficié d'un stage de 5 mois en France.

3. Au niveau du service central

La plupart des responsables du service central se sont perfectionnés aucours de stages en France. Certains d'entre eux dans le cas d'une forma¬

tion continue, ont reçu un complément de formation technique, par exempleen ce qui concerne la production de maquettes, utilisation de la projection

fixe et des techniques de production graphique.

LES PROGRAMMES ET L'ENSEIGNEMENT

Il faut distinguer deux types de programmes. Ceux qui sont utilisés princi¬palement dans le cadre de l'alphabétisation et de l'éducation des adultesdes zones rurales et ceux qui sont conçus pour l'alphabétisation urbaine etfonctionnelle.

A. Programmé pédagogique portant sur un cycle completd ' àlphabetisàt'iôh

1 . Première année

Lecture et écriture : décomposition de toutes les syllabes de la langue

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Niger

maternelle; apprentissage de tous les signes de transcription pour débou¬cher en fin d'année sur la lecture courante et sur l'écriture de petits

textes; cinq brochures "Savoir pour mieux vivre", publiées en quatrelangues.

Calcul : numération jusqu'à 10; additions et soustractions avec retenues;multiplications jusqu'à 9x9; divisions à 2 chiffres.Thèmes éducatifs : thèmes de première urgence traités dans la langue du

pays.

Français parlé : 21 leçons associées à un film fixe et à deux émissionsde radio par semaine, permettant l'acquisition d'un vocabulaire pratiquede 700 mots et les structures syntaxiques simples du français.

2. Deuxième année

Lecture et écriture : révisions; brochures orientées vers de nombreux

textes de lecture; monographies en langue du pays.Calcul : révision des 4 opérations; notions de système métrique; notionsde temps.

Thèmes éducatifs : cf. première année. De plus, thèmes des radio-clubsdont les émissions sont écoutées dans les centres.

Français parlé : nombre restreint de films fixes; rôle plus important desémissions de radio; orientation vers la conversation dirigée.

3. Troisième année

Centres communautaires. Ces centres ne sont plus sous la responsabilitéentière de l'alphabétisation, mais le service d'alphabétisation conserveNl'initiative dans le domaine de l'enseignement.Lecture et écriture : un journal en langue du pays permettant d'entretenirles acquisitions. ,Calcul : distribution de livres de calcul aux adultes.

Français parlé et écrit : seuls, les meilleurs éléments suivent les cours

de français écrit.

C entrés urbains . Apprentissage du français parlé et écrit, permettant unelecture courante au bout de deux ans.

Calcul : même brochure que pour les centres de brousse.

Thèmes éducatifs : monographies en français. Lé service prévoit une mo¬nographie consacrée au code de la route.Il est à noter que l'apprentissage du français écrit qui devait débuter durantla campagne 1966 a été reporté à la campagne 1967.

90

La radiovision

B. Alphabétisation urbaine et alphabétisation fonctionnelle

Tout en poursuivant son action dans les zones rurales selon le programmeci-dessus, le service de l'alphabétisation a entrepris dans les villes plu¬sieurs autres actions en vue de donner aux travailleurs analphabètes unminimum d'éducation et de formation. Ceci s 'est traduit par :- L'ouverture de 43 centres urbains. Le public est cohaposé de commerçants,

artisans, chauffeurs, forgerons, tailleurs, employés des travaux publics,etc. Tous ces volontaires viennent aux centres dans le souci d'arriver très

Vite à des résultats pratiques.

On emploie pour l'écriture un dosage deméthode globale et de méthodesyllàbique.

Chaque soir, l'enseignement comporte trente minutes de français parléet soixante-quinzeminutes de lecture et d'écriture.

- Classes expérimentales de français parlé,, pour une entreprise dont les5 1 ouvriers reçoivent un enseignement donné à l'aidé de magnétophoneset de vues : fixés. La méthode utilisée est celle des centres ruraux, avec

une adaptation du vocabulaire aux activités de l'entreprise.

- Action de l'alphabétisation fonctionnelle à Malbaza. L'enseignement estdestiné aux 150 ouvriers de cette cimenterie.

La priorité dans un premier temps sera donnée au français parlé et à un

programme de calcul. L'écriture ne sera abordée que dans un deuxième

temps. . -

Parallèlement , le s ervice d ' alphabétisation s ' efforce d ' etendr e 1 ' alphabé -tisation fonctionnelle à certains secteurs ruraux et en particulier dans la

région de Tilabéri, a été entreprise une expérience d'alphabétisation in¬tensive et sélective dans le cadre de l'union nigérienne de Crédit et decoopération. Ceci a donné lieu à une formule nouvelle de stage d'alphabéti¬sation intensive à raison de 6 heures par jour pendant trois semaines.Il est à noter enfin que le pervicé songe à des programmes expérimentaux,mettant à profit l'infrastructure de télévision, dès que celle-ci pourra êtreutilisée, le soir, pour la pronaotion des adultes.Il a paru intéressant de donner quelque idée.de la progression utilisée àpropos de l'apprentissage du français parlé. Le cours comporte 21 leçons.Une leçon nouvelle doit être vue chaque semaine, à raison de trois soirspar semaine.Nous ; extrairons de la brochure -'Conseils aux instructeurs", à propos del'acquisition du vocabulaire par les films 1 à 7, un exemple de la méthodepédagogique utilisée.

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Niger

1. Premier temps

"Présentez le film en vous arrêtant à l'image 1 de la leçon. Pour cetteimage, vous énoncez le commentaire en langue maternelle puis vous don¬nez aussitôt le commentaire correspondant en français."Vous répétez et faites répéter plusieurs fois cette réponse par des élèvesdifférents puis collectivement."Tout en faisant parler votre classe, allez à l'écran, mimez les situationset faites comprendre par gestes ce que vous dites en français. Vous arri¬verez facilement à avoir un système conventionnel de gestes et de mimi¬ques connus de la classe et employés par elle, et facilitant la compréhen¬sion (par exemple : pour, à côté de, sur, sous, grand, petit, loin, dans,etc.).

"Quand vous estimerez que la classe a suffisamment répété le commentairefrançais, vous passez à l'image suivante et vous recommencez de la mêmefaçon jusqu'à la dernière image dé la leçon du jour : image 6. Vous corrige¬rez la prononciation. Remarque : vous supprimerez le "oui" du commentairedans ce premier temps.

2. Deuxième temps

"Le films a été ramené à l'image 1. Pour chaque image vous posez la ques¬tion en langue maternelle et aussitôt après vous donnez cette question enfrançais telle qu'elle est écrite sur la fiche. Vous répétez et faites répétercette dernière individuellement et collectivement jusqu'à son acquisition.

Corrigez la prononciation de chacun.

3. Troisième temps

"Le film a été ramené sur l'image 1. Après avoir donné l'exemple deux outrois fois (question puis réponse en français), posez la question en françaisà l'auditoire puis exigez de celui-ci la réponse en français. Interrogezindividuellement puis collectivement et profitez- en pour corriger la pronon¬ciation des adultes.

"Attention : le commentaire donné par les adultes doit être strictementcelui de la fiche.

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La radiovision

4. Quatrième temps

"Maintenant le dialogue français entre élèves est possible. A chaque imageprésentée (dans l'ordre d'abord, puis dans le désordre) tout élève doit êtrecapable de poser à un camarade la question en français correspondant à

l'image "et obtenir du camarade désigné la bonne réponse."Dirigez vous-même ce jeu de questions-réponses. Interrogez, faites ques¬tionner : en désignant l'élève qui doit interroger; en exigeant que question

et réponse soient strictement celles écrites sur la fiche; en corrigeant lesfautes d'intonation et de prononciation. "L'approche éducative de cette action d'alphabétisation est définie dans lamême brochure, d|où nous extrayons le passage suivant :"Il est bien entendu que l'alphabétisation n'est qu'un aspect de l'éducation,et que lire et écrire ne sont pas une fin mais un moyen de participer à l'édu¬cation qui permet à l'individu de se libérer."Les thèmes éducatifs que nous vous proposons sont destinés à enseignerquelque chose d'utile dans les domaines de l'hygiène, de l'agriculture, del'économie domestique et ménagère, de la puériculture, de l'organisation

du pays, des diverses techniques. Cet enseignement doit apporter à vosélèves des notions et des raisons d'agir d'une certaine façon."Quel sera votre rôle exact ?"Vous pouvez d'abord avoir un rôle de conseiller, celui d'un homme instruitqui a lu et fait des études. Mais n'oubliez pas que si vous êtes très savantdans certains domaines, vos élèves sont des adultes ayant autant et parfois

plus d'expérience que vous,"Vous devez être le guide de la discussion, celui qui interroge, donne laparole ou la retire (rarement, mais il le faut parfois) et oriente le débatvers les conclusions souhaitées, "

On notera que les élèves sont mis systématiquement dans une attitude active.Il leur appartient non seulement de comprendre, mais de construire. De làl'orientation des "leçons" beaucoup; plus vers la forme de débat et de discus¬sions que de cours en bonne et due forme.

C. Programmation

Sous réserve de modifications locales pour certaines actions d'alphabétisationfonctionnelle, telles que celles qui ont été mentionnées ci-dessus, le rythme

habituel d'enseignement est de trois séances d'une heure et demie par semaine.Pendant la moitié de la dernière séance, l'instructeur utilise la radio en asso¬

ciation avec l'image, selon le procédé dit de radiovision.

93

Niger

Il est envisagé d'étendre ce procédé dès que des bandes horaires supplé¬mentaires pourront être accordées parla radiodiffusion nigérienne.

D. Matériel d'enseignement

Publications

Le livre de base pour le premier degré est une brochure intitulée "Savoirpour mieux vivre". Les thèmes de lecture sont consacrées à la géogra¬phie, l'hygiène, au calcul, à la lecture, et à l'écriture.Pour le second degré, on utilise de petites brochures remises aux élèves,qui traitent de questions pratiques concernant la santé, la culture, la viecivique, etc. Les élèves du second degré reçoivent également "le courrierde l'alphabétisation", journal qui a beaucoup de succès tant auprès desadultes des centres d'alphabétisation que des gens des villages et desautorités car, en fait, il représente le "seul moyen d'information quipuisse être lu par les paysans".Les centres de troisième degré utilisent des manuels d'enseignement dufrançais "Méthode Soler améliorée", des monographies en français, ainsique dès livres de calcul. Ils lisent le journal hebdomadaire de langue fran¬çaise "Le Niger".De surcroît, un certain nombre de livres et brochures sont destinés au

maître : manuels du français parlé, manuels du français écrit, manuelsde calcul, conseils aux instructeurs.

Films

Vingt et un films fixes de 12 à 15 images présentent aux adultes des situa¬tions et dès personnages qui leur sont familiers.

E. Origine des programmes

Tous les documents destinés à l'enseignement du français parlé et écrit,brochures, livres, films fixes, ont jusqu'à présent été produits en France,à l'exception bien entendu du journal "Le Niger".Tous les documents destinés à l'enseignement en langue vernaculaire sontproduits localement.

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La radiovision

Cette procédure n'est pas sans" présenter des inconvénients. En effet, laqualité technique des documents produits en France es$ certainement su¬périeure, mais les délais de transmission sont importants, et le débutde la campagne d'alphabétisation 1965/1966 a failli être compromis parsuite de retards dans la livraison des documents. Par ailleurs, il n'est

pas toujours facile aux responsables de Niamey de suivre d'aussi prèsqu'ils le souhaiteraient la réalisation des documents. Aussi, dans l'ave¬

nir,, paraft-il souhaitable de procéder sur place dans toute la mesure dupossible à la réalisation des documents, en particulier jusqu'à l'établis¬sement des négatifs des films fixes, même si le tirage industriel doits'effectuer en France,

F. Evaluation et modification de la méthode et des documents

Il n'y a pas de procédure formelle d'évaluation. En fait, on a seulementprocédé à un banc d'essais des documents, lors de la campagne 1962/1963,portant sur 10 villages de la région de Maradi.Divers procédés sont utilisés par le service. On tient tout d'abord comptedes réactions des instructeurs. Celles-ci sont connues de diverses façons.Les instructeurs envoient souvent des lettres aux services, les tenant in¬

formés de leurs progrès et difficultés.. Des inspecteurs rédigent, lors dechaque visite, des fiches de contrôle. Enfin, lors du séminaire qui prendplace à la fin de chaque année, des instructeurs, ont la possibilité d'exposerleur point de vue et leurs critiques éventuelles.Les indications fournies par les chefs dé services d'autres administrations(par exemple agriculture, santé publique) sont précieuses, car elles per¬mettent souvent de se rendre compte de la portée de certains enseignementset de certains aspects de la campagne. Par exemple, , on constate que lenombre de cas d'une maladie a baissé dans une certaine proportion, ce quisemble lié aux mesures qui ont été préconisées.Il est plus difficile de connaître les réactions des élèves. En fait, leursréactions ne sont connues qu'au travers des instructeurs., qui les recueil¬lent lors des discussions prenant place après les leçons.Les contrôles fourniss ent aussi des informations très précieus es . En1964/1965, ces contrôles ont été effectués dans presque tous les centres.En-général, ils sont faits par l'agent régional, sauf pour les centres deNiamey.et de Say, contrôlés directement par lès membres du servicecentral. La fréquence des contrôles a été de trois fois en moyenne par

centre pendant les cinq mois d'activité, sauf dans les régions de Magariaet de Maradi, où ce contrôle a été plus irrégulier et moins efficace.

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Niger

Le bilan annuel résume ainsi la procédure utilisée: "Par contrôle, nousentendons la visite prolongée d'un agent (agent régional, Volontaire duPeace Corps, secrétaire du comité régional, membre du service central)qualifié à faire des remarques et à donner des conseils pédagogiques

tandis que nous n'avons pas considéré comme contrôle technique les tour¬nées qui ont pour but la seule distribution du matériel, ou les visites desautorités et des diverses personnalités, visités qui sont d'autre parttrès appréciées et très utiles pour l'encouragement des adultes et labonne marche des Centres."

Diverses critiques sont faites à l'égard des émissions de radio, lesprincipales concernant les phrases jugées trop longues et les temps derépétition trop courts. En conséquence, le service central a proposé dechanger complètement le genre d'émissions en utilisant surtout la for¬mule des sketches.

RESULTATS

A. Fréquentation

Le premier indice des résultats obtenus peut être fourni par la fréquen¬tation des centres d'alphabétisation par les adultes.En 1964/1965, sur 11 219 adultes inscrits dans 197 centres, 6 007 ontterminé les cours avec succès. Le pourcentage est donc de 53, 5 % cequi, au Niger, est considéré comme très encourageant, si on tient compte

du système en vigueur. En effet, les centres acceptent au début une ins¬cription massive aux cours, en tablant sur les abandons qui ne manquent

pas de survenir dans les premières semaines de la part de ceux qui sontmoins doués, de ceux qui ne sont pas réellement intéressés, et de ceuxqui voyagent très souvent.Le service dispose de statistiques très précises concernant la proportiondes adultes qui ont terminé le cours avec succès. La moyenne oscilletoujours autour de 50 %, et se décompose ainsi: centres de premier de¬gré, 55 %; centres de second degré, 49 %; centres urbains, 55 %,Cependant ces moyennes ne rendent pas compte dé variations considé¬rables suivant les centres. En ce qui concerne les centres de premier

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La radiovision

degré, on note les deux extrêmes suivants : 17 % à N^Guigni; 71 % àMaradi.

Mais la moyenne des centres de premier degré implantés dans les villesévolué généralement entre 50 et 60 %.

B.. Connaissances acquises

Les résultats qui viennent d'être mentionnés sont établis en fonction de

certains critères. Selon le bilan d'activités, en effet, le service considère

un adulte comme alphabétisé quandil est capable :

1. De lire et d'écrire couramment des textes simples en langue maternelle,du genre de ceux qui sont imprimés dans les publications éditées par le

service et de les comprendre. Il ne s'agit donc pas d'un simple déchif¬frage de mots , mais il faut que l'élève soit enmesure d'écrire de cour¬

tes lettres ou des messages pour communiquer des nouvelles, donner ourecevoir des informations.

2. De compter au moins jusqu'à mille et d'effectuer les quatre opérations.3. De parler un français élémentaire dé mille mots.Mais il est évident que les résultats obtenus dépassent largement ce cadreétroit. Les adultes alphabétisés ont effectivement acquis des connaissances

dans le domaine de la santé, de l'hygiène, de l'agriculture, de l'administra¬tion, etc.

Les résultats acquis ne peuvent être mesurés seulement en fonction de

critères scolaires. Par exemple, les responsables médicaux de la régionde Zihder ont constaté que le nombre de décès causés par la méningite et

la rougeole a considérablement baissé dans les villages alphabétisés. Dansla région de Madoua, le nombre de paysans qui amènent leurs enfants audispensaire a plus que doublé j ;et on note une participation plus active auxréunions publiques de villages.

ÉQUIPEMENT

Les impressions dedoçuments sont faites grâce à une machine offsetofferte au Ministère de l'éducation nationale par l'Unicef. Au sein du

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Niger

Ministère, elle est utilisée par priorité pour la production de documentspour l'alphabétisation.

La duplication de documents est assurée grâce à 3 machines : une Ges-tefax et 2 Gestetner.

Les reproductions de documents sont assurées par une machine à photo¬copier.

Le service possède également un laboratoire de photographie.Les émissions de radio sont produites pour une part dans les studios dela radio nationale, en général de 9 h à 11 h les jeudis mais, par ailleurs,le service assure lui-même la production dé Certains programmes, grâceà un magnétophone Perfectone, donné par l'Unesco. Une personne du ser¬vice se consacre entièrement à la production des émissions. Celles-cise font de plus en plus en liaison avec le Centre audio-visuel.En 1965, le matériel suivant était en service : 200 postes de radio, dont

100 Grundig et 100 Techni-France; 200 projecteurs à films fixes, du typeBroussard; 200 lampes à pression Coleman et Petromax; 200 globes, 200cartes d'Afrique, .200 cartes du Niger, 20 000 cahiers, ardoises, crayons,64 000 brochures.

En tant que matériel de transport : 12 voitures du type Land-Rover.La France a fourni 100 postes radio, tous les projecteurs à films fixes,tous les documents écrits, 3 tonnes de documents imprimés, 185 tableauxnoirs, les cartes et les globes. Les Etats-Unis ont fourni les lampesColeman, deux duplicateurs, les cahiers et les crayons et 6 Land-Rover.L'Allemagne a fourni 100 postes radio et les lampes Petromax. L'Unescoa fourni le matériel de bureau, un duplicateur, le magnétophone Perfec¬tone, un appareil photo Leitz. L'Unicef a fourni 6 Land-Rover.Tout l'équipement des centres se trouvant actuellement dans les villagesest confié aU comité villageois. Le matériel qui nécessitait des réparationsa été porté par l'agent régional au chef- lieu de la région ou à Niamey.Le Ministère de l'éducation nationale assure la maintenance des 12 voitures,

et en même temps il fournit l'essence.

Le Centre audio-visuel assure la réparation des appareils radio. Les

lampes sont entretenues et réparées par desmaisons locales.

Suggestions pour l'amélioration de l'équipement

Appareils radio. Il y a eu beaucoup de déboires avec certains appareils,en particulier du fait de la construction du coffre en contreplaqué. Dansbeaucoup de cas également, celui-ci a dû être remplacé après la saisondes pluies. Le Service d'alphabétisation souhaite que des organismes

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La radiovision

internationaux compétents, tels que l'Unesco, fassent l'étude d'appareils

plus simples, le cas échéant, adaptés à une seule longueur d'ondes, etconçus pour une utilisation en Afrique tropicale.

Projecteurs. Le rendement des projecteurs utilisés a été satisfaisant,

mais le service souhaiterait pouvoir mettre à l'essai d'autres projecteursà pétrole. .-

Les lampes d'éclairage ont donné satisfaction. Le service souhaiteraitstandardiser avec les lampes Petromax, plus faciles à manier et mieuxconnues au Niger.

Les ardoises n'ont pas donné satisfaction. TTfaut changer de modèle.Trop de stylos à" bille étaient vieux et secs.Cahiers, tableaux noirs, écrans, films fixes et cartes, ont donné satis¬

faction. Certains globes ont souffert des conditions climatiques.

Le service a eu quelques difficultés pour l'équipement des nouveaux cen¬

tres et le remplacement du matériel abîmé. La livraison de l'équipementa causé beaucoup de soucis par suite des. délais nécessaires pour l'arri¬vée du matériel d'Europe et des Etats-Unis et par suite du manque decamions pour transporter le matériel dans les régions.

FINANCEMENT

A. Budget

En 1964/1965, le budget s'élevait à 33 millions de francs CFA, soit envi¬ron 5 % du budget de l'Education nationale. Il se décomposait de la façonsuivante :

- Equipement et fonctionnement du service central : 5 millions.- Equipement des centres d'alphabétisation : 11 millions.- Fonctionnement des centres d'alphabétisation : 3 570 000.

-Personnel régional : 9 millions,- Formation dès cadres : 1500 000.

-Édition et publications : 3 500 000.Dans ce budget, n'était pas compris le personnel de l'assistance techniquemultilatérale ou bilatérale, c'est-à-dire un expert Unesco, trois experts

de la Coopération française, soit un professeur détaché et deux enseignantsdu contingent, un dessinateur et cinq animateurs, Volontaires du PeaceCorps.

99

Niger

B. Bâtiments

Pour le moment,, le service d'alphabétisation est installé darts la mairieoù il ne dispose que de 4 bureaux.

Il a déjà été dit qu'il sera transféré dans le Centre de recherche et d'ac¬

tion pédagogique, dont la construction va débuter. Un crédit de 25 mil¬lions a été prévu, sur lequel le FAC (Fonds d'aide et de coopération)accordera 17 millions. Dans ces nouveaux bâtiments, le service disposera

d'une quinzaine de pièces.

La nature de l'équipement de production et de réception et d'utilisation,ainsi que son financement, ont été définis plus haut. La même remarque

s'applique à la production des documents, en particulier publications etfilms fixes.

C. Frais de formation du personnel

Ainsi qu'on a pu le voir, en 1964/1965, la formation des cadres assuréepar le service central a coûté 1 500 000 francs. Cette somme correspond

aux heures, supplément aires des instructeurs, aux frais de séjour desstagiaires. De surcroît, l'Unesco et la France ont pris en charge un cer¬

tain nombre de bourses d'étude à l'étranger.

D. Dépenses récurrentes

Elles sont de nature diverse : rémunération de personnel à temps partiel,

d'acteurs; salaire et heures supplémentaires des techniciens assurantl'entretien du matériel; heures supplémentaires et gratifications des en¬seignants.

E. Ressources

Les ressources ont rapidement augmenté puisque le budget 1965/1966 estpratiquement le double du budget 1964/1965. Ceci a été permis tout parti¬culièrement par le doublement de l'aide française, passée de 14 500 000francs à 30 millions. De plus, il est à noter que les Etats-Unis ont accordé13 personnes au lieu de 5 en 1964/1965, et ont triplé leur fourniture depapier.

100

La radiovision

v

Les ressources budgétaires sont réparties entre l'aide extérieure, legouvernement central, les cercles et les collectivités régionales.A titre d'exemple, voici quelle/était la répartition des ressources pourle budget 1964/1965 :- aide française : environ 14 500 000 francs;

- cercles et collectivités régionales : environ 5 millions;- budget du gouvernement central : environ 14 millions.

Ainsi qu'il a été dit, n'entrent pas dans ce budget les bourses et salairespayés par la France, les Etats-Unis et l'Unesco.

AVENIR

Dans le bilan d'activités, on trouve ainsi défini le programme d'extension

en ce qui concerne les régions : '"Pour ce qui concerne les régions où les centres seront ouverts, le ser¬vice prendra des contacts avec les services de la promotion humaine,

afin que les différentes actions de développement puissent se déroulerdans les mêmes zones. Le service de l'alphabétisation tiendra également

compte dans son programme d'extension de l'opportunité de renforcerl'esprit d'unité nationale auprès des différentes ethnies du Niger, ehs'efforçant dans la mesure du possible de ne pas laisser des régions com¬

plètement dépourvues de toute action éducative : le service tâchera deporter une certaine culture sur l'étendue du territoire: de la République.Le programme pour les régions nomades sera particulièrement développé.Six nouveaux agents régionaux seront affectés dans les principaux chefs -lieux du Pays, ainsi que six nouveaux Volontaires du Peace Corps. Ilsseront équipés des véhicules nécessaires pour le contrôle des centres."On envisage également des changements dans le degré des centres. Il a étéen effet jugé opportun que certains centres du premier degré et du deuxièmedegré redoublent le programme.Les participants au séminaire 1965 ont estimé que la période de 7 moisentre deux campagnes d'alphabétisation est trop longue pour les adultes.Il faut donc aider les nouveaux alphab et es à maintenir et consolider lesconnaissances acquises. Or,, par suite d'impératifs précis (stage desinstructeurs, commercialisation des produits agricoles, saison des pluieset travaux champêtres), il n'est pas possible de débuter les campagnes

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Niger

avant le 1er janvier et de les poursuivre au-delà du mois de juin. Une autre

formule doit être adoptée pour continuer le programme d'alphabétisation pen¬dant l'hivernage et jusqu'au départ de la campagne suivante.Aussi, a-t-il été décidé de créer un feuilleton d'information sous la forme

d'un journal, dans les régions de Madaoua et de Zinder. Ces journaux,écrits en langue maternelle, seront rédigés et édités sur place par lesagents régionaux, compte tenu des intérêts des paysans, et en utilisant

les informations et les renseignements importants recueillis dans larégion. Le service central voit des avantages à cette expérience au-delàdu cadre étroit de l'alphabétisation. En effet, ces journaux écrits enlangue maternelle pourront servir aussi comme moyens d'expression desautres services techniques (agriculture, eaux et forêts, élevages, CFDT,santé du Parti et de l'administration). Ces services ont effectivement

pendant cette période une action décisive et un rôle soutenu dans le cadrede la vulgarisation des techniques, mais ils n'ont jusqu'ici que des moyens

peu efficaces (conseils donnés sous forme de discours suivis de quelquesdémonstrations ) .

La création d'un tel instrument pourrait non seulement offrir un bon

nombre d'occasions pour mettre en valeur, en cette période de pleine ac¬tivité de travaux champêtres, les connaissances acquises pendant l'année,mais aussi élever le niveau des adultes, permettre une meilleure assimi¬lation des nouvelles techniques relatives à la lecture et à l'écriture, et

représenter aussi une forte motivation à l'étude de la langue mater¬nelle.

M. le Ministre de l'éducation nationale envisage la création d'uneécole permanente de formation pour instructeurs des centres d'alpha¬bétisation.

Cette école devrait permettre, en 1966/1967, l'ouverture de centresd'alphabétisation dans les villages ne disposant pas d'un personnel capablede diriger un centre. L'organisation suivante est prévue :Les cours se dérouleraient à temps plein pendant deux ans, le titre d'admis¬sion serait le certificat d'études. L'école pourrait accueillir 100 élèvesla première année et 100 nouveaux l'année d'après, afin d'assurer un effectifde 200 élèves. On prévoit un programme de 30 heures de cours par semaine,plus 15 heures de "laboratoire" comprenant grosso modo les disciplinessuivantes : histoire, géographie, français, instruction civique, techniquesd'alphabétisation et d'éducation des adultes, psychopédagogie des adultes,hygiène, secourisme, puériculture, techniques audio-visuelles, linguisti¬que, techniques.d'animation , développement communautaire, dessin, édu¬cation physique.

Bien entendu, durant la journée, les diplômés de cette école qui appartien¬dront aux cadres du personnel du Ministère de l'éducation nationale, seconsacreront à l'instruction des enfants.

102

La radiovision

CONCLUSION

Il est nécessaire de parler d'une expérience d'emploi de la radiovision,

car jusqu'à présent cette technique a été employée à très faible dose.

La majeure partie du temps, c'est la parole de l'éducateur qui vient en

appui sur les images projetées et non pas un programme de radio conçuavec ces images.

Par rapport à l'effort considérable que représente le travail actuel du

service d'alphabétisation des adultes, la radiovision ne constitue qu'un

apport marginal proportionnellement peu important. La radiovision n'estpas vraiment intégrée dans l'ensemble. L'aspeCt audio-visuel de l'ensei¬

gnement demeure épidermique pour ne pas dire facultatif.Pourtant, une extension méthodologique de l'emploi de la radiovision et

son insertion systématique dans le programme d'alphabétisation présente¬

rait sans nul doute des avantages certains. Parmi ceux-ci, on peutrelever :

1. Un rythme de travail imposé tant aux.animateur s locaux qu'aux adultesdésirant apprendre à lire et à écrire.

2 . Une bonne prononciation du français parlé par radio par des personnescompétentes.

3. L'amélioration du soutien logistique en particulier en ce qui concernela diffusion des émissions et le transport des équipements et des docu-

... ments d'accompagnement.4. La production à Niamey des films fixes aussi bien que des programmes

radio.

5. La coordination rigoureuse sur le plan technique et sur le plan pédago¬

gique des films fixes et des émissions de radio, tant au niveau de laconception qu'au niveau de la diffusion et de l'exploitation.

6. . Le renouvellement de la formule des émissions de radio, de façon à

ce qu'elles soient mieux adaptées d'une part à des adultes, d'autre

, part aux populations du Niger.

7. La mise en place d'un système de feedback plus efficace qui pourraits'inspirer de celui qui est utilisé par les radios-clubs.

8.. Une meilleure formation des animateurs locaux.

9. Une coordination plus systématique à l'échelon national et à l'échelonlocal entre l'alphabétisation et les autres actions entreprises pour lapromotion des adultes par d'autres organisations ou Ministères.

En particulier, on doit souhaiter que les structures locales d'accueil

103

Niger

soient communes . Les services utilisateurs et les adultes en tireraient

les plus grands profits.10. La production plus systématique d'un matériel de lecture pour les

adultes récemment, alphabétisés tant pour les langues vernaculairesutilisées que pour la langue française.

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Autres publications de l'IIPE

Bibliographie de la planification de l'éducation

1965. Existe aussi en anglaisPlanification de l'éducation : répertoire d'institutionsde formation et de recherche

1965. Existe aussi en anglaisPlanification de l'éducation : thèmes principaux derecherché

1965. Existe aussi en anglaisProblems and stratégies of educational planning :lessons from Latin America

1965. Existe aussi en espagnolPrincipes de la planification de l'éducation

Collection; publiée également en anglais. Liste complètedes titres parus sur demande

Pour se procurer ces ouvrages, s'adresser aux agentsde vente des publications de l'Unesco dans les divers

pays ou directement au siège de l'Organisation

Librairie de l'Unesco, place de Fontenoy,75 Paris-7e, France

L'Institut international de planificationde l'éducation

L'Institut international de planification de l'éducation

(IIPE) a été établi par l'Unesco en tant que centre in¬ternational pour la formation et la recherche au niveausupérieur dans le domaine de la planification de l'édu¬cation. L'Unesco, la Banque internationale pour la re¬

construction et le développement ainsi que la FondationFord ont assuré au début le financement du budget de

base de l'Institut, et le gouvernement français a misà sa disposition les locaux nécessaires. Par la suite,l'IIPE a obtenu des crédits supplémentaires de sourcesgouvernementales et privées.

L'Institut a pour but d'augmenter les connaissanceset le nombre d'experts compétents en matière de plani¬fication de l'éducation, afin d'aider tous les pays àaccélérer le rythme de leur développement éducatif,condition essentielle du développement économique

et social général. Pour atteindre ce but, l'Institutapporte sa collaboration aux organisations qui, dansle monde, s'intéressent à cet aspect de la formationet de la recherche.

Pour obtenir des renseignements plus completssur l'IIPE, s'adresser à :

M. le Directeur, Institut interriational de planification del'éducation, 7 rue Eugène-Delacroix, 75 Paris- 16e

Conseil d'administration de l'IIPE

Président Sir Sydney Caine (Royaume-Uni), directeur de The LondonSchool of Economies and Political Science

Membres Hellmut Becker (République Fédérale d'Allemagne), président de la Fédération allemande de centres d'éducation des

adultes

S. A. Choumovsky (URSS), chef du Département d'adminis¬tration méthodologique, Ministère de l'enseignement supé¬rieur et de l'enseignement secondaire spécialisé de laRSFSR

Carlos Cueto Fernandini (Pérou), ancien ministre de l'é¬ducation

Richard H. Demuth (Etats-Unis d'Amérique), directeurdes Services du développement, Banque internationale

pour la reconstruction et le développementJoseph Ki-Zerbo (Haute-Volta), président de la Commissionnationale de la Haute-Volta pour l'Unesco

D. S. Kothari (Inde), président de la University Grants Com¬mission

David Owen (Royaume-Uni), co administrateur du Programmedes Nations Unis pour le développementP.S. N. Prasad (Inde), directeur de l'Institut asiatique pour

le développement et la planification économiquesFergus B. Wilspn (Royaume-Uni), chef de la Sous-divisionde l'éducation agricole, Division des institutions et servicesruraux, Organisation des Nations Unies pour l'alimentationet l'agriculture (FAOV