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LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS NOVEMBRE 2009 - N° 39 Dossier Maîtrise des coûts Tableau de bord du cheptel bovin breton Les fourrages pâturables l’hiver P. 4 P. 17 Un numéro spécial viande de

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LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS NOVEMBRE 2009 - N° 39

DossierMaîtrise des coûts

Tableau de bord du cheptel bovin breton

Les fourrages pâturables l’hiver

P. 4

P. 17

Un numéro spécial viande de

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éditorial

Les travaux du Pôle Herbivores sont conduits avec le soutien financier de :

Dans le cadre d’un Contrat d’Objectif

Partenaires associés au Pôle Herbivores

Partenaire santé animale

Les références des éleveurs bretons

Revue éditée par la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne

(Pôle Herbivores)Rond Point Maurice Le LannouCS 74223, 35042 Rennes cedex

Cap Elevage est la continuité des revues départementales créées en Bretagne par

les Maisons de l’Elevage, les EDE et les Chambres d’agriculture :

Elevage Rentabilité (Côtes d’Armor, en 1967), A La Pointe de l’Elevage (Finistère, en 1968),

Morbihan Elevage (Morbihan, en 1997) et Elevage Avenir (Ille et Vilaine, en 2001)

Directeur de la publication : Alain Hindré

Directeur de la rédaction : Rémi Espinasse

Rédacteur en chef : Roger Hérisset

Comité de rédaction : Roger Hérisset, Rémi Espinasse, Gérard Losq, Jacques Charlery,

Jean-Yves Porhiel, Benoît Rubin, Jacques Lefranc, Marie-Hélène Garrec

Assistante de rédaction : Madeleine Lefaucheur

Responsable promotion et diffusion : Jacques Charlery

PAO : Service communication de la Chambre

d’agriculture des Côtes d’Armor

Crédit photographique : Chambres d’agriculture de Bretagne,

GDS, Contrôle Laitier, Institut de l’Elevage.

Dessins : Malo Louarn

Imprimerie : Dessalles - St Brieuc

ISSN : 1779 - 5303 Dépôt légal : Novembre 2009

Abonnement : 10 numéros : 50 TTC

Vente au numéro : 7 TTC

✆ 02-96-79-21-63 [email protected]

www.capelevage.synagri.com

Maîtriser des coûts ne rime pas systématiquement avec coût très faible

La morosité du contexte actuel avec des prix de la viande bien inférieurs à ceux des dernières

années et l’augmentation importante des charges depuis deux ans nécessitent d’être très vigilant

sur nos coûts de production. Aujourd’hui, il est souhaitable de prendre du temps pour analyser nos

résultats et approcher au plus juste nos coûts, afin de dégager les pistes possibles d’amélioration.

Le coût alimentaire est l’un des postes sur lequel il est le plus facile d’agir. La réduction du montant

de ce poste passe, le plus souvent, par la recherche d’une plus grande autonomie alimentaire et par

une meilleure valorisation des fourrages produits sur l’exploitation.

Toutefois, la maîtrise du coût alimentaire, en visant des coûts très bas, ne rime pas systématique-

ment avec une amélioration du revenu. Le montant des charges doit être en adéquation avec le

produit bovin. Ce dernier repose sur des performances animales élévées et la

bonne valorisation commerciale des animaux produits, ce qui est essentiel.

Vous trouverez dans ce numéro de Cap Elevage des repères et pistes pour ali-

menter votre réflexion sur la maîtrise des coûts de production.

Jean-Louis Hervagault

Membre du Comité Professionnel Herbivores

«Cap Elevage spécial Viande, c’est super !»

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sommaire Cap Elevageimprimé sur

papier recyclé

N° 39 - Novembre 2009

Vêlage précoceUne réalité depuis 20 ans à l’Earl de Lanniouarn

contrôle laitier

Le bilan parasitaire d’automneCouper les cycles parasitaires l’hiver et à la rentrée en bâtiment

32santé

Le veau de boucherieUn atout pour le marché de la viande bovine en Europe

30filière

Bilan génétique allaitantUn regard pertinent sur la génétique bretonne 28

bovins croissance

Bœuf Prim’HolsteinUn impératif, raisonner la production 26

economie

Le travail en élevages allaitantsDes gains de temps possibles en période de pâturage ? 23

travail

alimentation conduite

Finition des génisses Blonde d’AquitaineLa complémentation nécessaire au pâturage avant 30 mois

Production de Jeunes BovinsDes fiches techniques pour mieux choisir les régimes par race

14

20

12

17

Vaches allaitantesProgresser en groupe

Economiser les fourra-ges stockésLes ressources fourragères pâturables l’hiver

Abonnez-vous !Bulletin d’abonnement page 16

Dossier • maîtrise des coûts

Cheptel bovin bretonLes effectifs de vaches allaitantes ne progressent plus

Les coûts alimentaires en élevages allaitantsEn hausse, avec de gros écarts entre élevages

Hausse des prix des alimentsL’autonomie alimentaire à l’ordre du jour en viande bovine

zoom sur le tableau de bord de l’elevage breton

7

10

34Station expérimentale de MauronCouverts végétaux ou dérobées 36

la vie des stations

Zoom sur

4

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4 Novembre 2009 - N° 39

territoire

CHEPtEL BoVin BrEton

Les effectifs de vaches allaitantes ne progressent plusPour la première fois, les effectifs de vaches allaitantes de race spécialisée se tassent. Le nombre de naissances en races à viande diminue. Le surplus de vaches laitières disparaît et le nombre de jeunes bovins laitiers progresse notablement (+ 10 %). Ce sont les principaux enseignements de la lecture des données bretonnes d’identification.

uite à la deuxième crise de l’ESB, la Bretagne avait perdu 8 600 vaches de

2002 à 2005 essentiellement en race croisée et à un degré moin-dre en race charolaise (graphi-que 1). Depuis 2005, les effectifs de vaches nourrices ré-augmen-taient, excepté pour les animaux croisés. Mais cette reprise a été stoppée en juillet 2008. La baisse amorcée représente – 3 % entre juillet 2008 et juillet 2009, soit 4 000 mères. Elle est très sensible pour les vaches croisées et la charolaise, respectivement -1 580 et - 1 620. Mais les autres races à viande spécialisées sont aussi touchées. Ce dernier point est à relever car c’est un phénomène nouveau.

Vaches allaitantes : Un arrêt dans la reprisePour expliquer cette diminution, une lecture attentive de la base de données d’identification (EDE de Bretagne – ARSOE) a été réa-lisée. En principe, les évolutions du nombre de vaches allaitantes résultent du différentiel entre les sorties (ventes en boucherie, en élevage, mortalité) et les entrées (achats d’animaux ou vêlages des génisses). Une comparaison par type racial des mouvements des animaux a été effectuée entre les deux périodes juillet 2007 – juin 2008 et juillet 2008 – juin 2009 (tableau 1).Les ventes de vaches allaitantes à la boucherie ont été plus nom-breuses sur la période la plus

Graphique 1 : Evolution du nombre de vaches allaitantes en Bretagne (principales races )

Les effectifs de génisses de moins d’un an en baisse

14 0002001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

19 000

24 000

29 000

34 000

39 000

44 000

49 000

Limousine

Charolaise

Blonde d'Aquitaine

Croisée viande

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5Novembre 2009 - N° 39

Christian Veillaux – Chambres d’agriculture de [email protected]

à partir des données EDE de Bretagne - Arsoé

récente (+ 1 380 vaches), mais à contrario celles à l’élevage ont baissé dans la même proportion. Ce phénomène s’observe parti-culièrement en race limousine (- 580) et Blonde d’Aquitaine (- 320), reflet de la morosité actuelle du marché des reproduc-teurs. Le constat est identique dans la catégorie des génisses de plus de 18 mois. Les animaux qui étaient initialement destinés à la reproduction ont donc été réorientés vers la boucherie. Cela traduirait peut-être un ralentisse-ment de la constitution de nou-veaux troupeaux, un arrêt de la progression du nombre de vaches dans les troupeaux existants ?La mortalité a diminué sur la période de juillet 2008 à juin 2009 avec 480 pertes en moins. Globalement, la mortalité des vaches allaitantes est passée de 2,75 % en 2007-2008 à 2,4 % l’année suivante. Les taux obser-vés sur la période 2002-2007 oscillent entre 2,08 et 2,51 %. Celui de 2007-2008 est particu-lièrement plus élevé.En résumé, la stabilisation du nombre de vaches allaitantes en races Limousine et Blonde d’Aquitaine serait à mettre en parallèle avec un accroissement des ventes de bou-cherie. Par contre, les variations des ventes entre les deux pério-des expliquent seule-

ment 15 % de la baisse des effectifs en Charolais. Pour les croisées, les sorties ont été plus faibles. Il faut donc poursuivre l’enquête en se focalisant sur les entrées.

Le stock de génisses viande augmente

Un nombre plus faible de vêlages de génis-ses devrait induire un volume plus important de génisses vendues. Or, globalement les ventes des génisses > 18 mois à la bou-

cherie sont stables toutes races confondues. Elles augmentent pour les Limousines (+ 170) et les Blondes d’Aquitaine (+ 240) et régressent fortement pour les croisées (- 520 têtes). Les effectifs de génisses viande toutes races sont plus importants en juillet 2009 par rapport à juillet 2008 : + 4 900 femelles de plus de 2 ans, et + 800 pour les femelles de 1 à 2 ans. Le dénombrement des primipares n’étant pas acces-sible directement sur le tableau de bord, il semble difficile de conclure précisément.Plusieurs hypothèses peuvent être émises sur l’évolution des effectifs de vaches charolaises et croisées : des vêlages plus tardifs pour les génisses expli-quant l’augmentation du stock de génisses, un changement dans la gestion des réformes (délai entre l’introduction de la génisse dans un cheptel et la vente de la vache de réforme), le pour-centage de génisses mises à la reproduction…

Moins de naissances en races à viande ?Le comptage des naissances en Bretagne entre les périodes de juin à juillet affiche un déficit de 5 à 7 % pour les races allaitantes spécialisées (tableau 2) et 18 % pour la race croisée qui s’expli-

Tableau de bord de l’élevage breton

Zoom sur

10 % de jeunes bovins laitiers

en plus

Tableau 1 : Comparaison du nombre de naissances

Nombre de naissances Différence

juillet 07-08 juillet 09-08 en nombre en %

Charolaise 39 290 36 517 - 2 773 - 7 %

Limousine 42 897 39 971 - 2 926 - 7 %

Blonde d’Aquit. 30 976 29 568 - 1 408 - 5 %

Salers 2 231 2 350 119 5 %

Rouge des prés 636 599 - 37 - 6 %

Parthenaise 290 318 28 10 %

VA autres races 4 888 3 681 - 1 207 - 25 %

Croisée 158 115 129 233 - 28 882 - 18 %

Total 279 323 242 237 - 37 086 - 13 %

13 % de naissances en moins cette année

Le tableau de bord du cheptel breton est une photo de l’élevage bovin obtenu à partir des données d’identification EDE de Bretagne - Arsoe

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6 Novembre 2009 - N° 39

territoire

que par une forte diminution de la pratique du croisement indus-triel sur 2007- 2008. Pour les races spécialisées, l’allongement des intervalles vêlage-vêlage, la vente de réforme ou de génisse après vêlage, l’évolution des effectifs de mères peuvent expliquer cette baisse. Sur le plan national, l’Ins-titut de l’Elevage annonce aussi une baisse des naissances en races à viande de l’ordre de 7 % sur les sept premiers mois de l’année, qu’il attribue en grande partie à la FCO (voir Tendance lait viande septembre 2009, Cap Elevage 37, p 22).Ainsi, si on analyse l’évolution de la répartition des naissances au sein d’une race quasi-stable en Bretagne sur ces périodes comme la Blonde d’Aquitaine, on note un déficit des naissances sur le prin-temps 2008 et le début d’année 2009. Ce constat est identique à celui relevé sur le plan national. A terme, cela va se traduire par une baisse ou un report de la production de viande bovine. Le stock de génisses viande de deux mois à un an a déjà chuté de 12 % en Bretagne. Cette ten-dance devrait s’accentuer avec l’évolution des effectifs de vaches allaitantes dans les années à venir. Néanmoins, les stocks d’animaux laitiers sont encore très consé-quents, les conséquences néga-tives de l’abondance d’animaux laitiers sur la filière viande pour-raient encore perdurer

Dans un contexte laitier favorable en 2007-2008, les éleveurs laitiers avaient conservé un maximum de vaches, en réduisant la vente des réformes. Ainsi en mars 2008, on dénombrait 19 000 vaches laitières de plus que l’année précédente. Aujourd’hui ce surplus a presque disparu pour se situer en août 2009 à 3 500 têtes. L’abondance des sorties de réforme laitière, conjuguée à une demande poussive a provoqué un effondrement des cours, y compris sur les viandes d’origine allaitante. La crise actuelle en production laitière va pousser les éleveurs à rétablir les effectifs de vaches laitières au plus proche de leurs stricts besoins. Les ventes de réforme risquent encore d’être nombreuses en fin 2009, d’autant plus que les génisses laitières sont très nombreuses (+ 30 000 entre août 2007 et 2009). De plus, les disponibilités en jeunes bovins ou bœufs laitiers sont très importantes (+ 10 % entre août 2007 et 2009). Les médiocres prix de vente de veaux laitiers de 8 jours et les bonnes années fourragères avaient incité les éleveurs à garder leurs veaux mâles.

Zoom sur les animaux laitiers : Une abondance de génisses et de jeunes bovins

Tableau 2 : Evolution des mouvements pour les vaches allaitantes

Différence entre juillet 2009 et juillet 2008

Comparaison entre les périodes juin 2009-juillet 2008 et

juin 2008-juillet 2007

Nombre de vaches allaitantes

au 1er juillet 09

Génisses (> 2ans)

vaches allaitantes

vaches vendues

boucherie

vaches mortes

vaches achetées

Charolaise 37 534 485 - 1 624 335 - 94 - 88

Limousine 36 975 1 412 - 459 661 - 85 56

Blonde d’Aquitaine 28 680 852 - 66 399 - 102 32

Salers 3 492 170 27 59 - 9 - 10

Rouge des prés 768 86 - 43 -10 - 19 - 11

Parthenaise 297 35 41 -16 - 3 18

VA autres races 2 052 42 - 244 -206 3 - 66

Croisée 19 188 1 796 - 1 581 157 - 167 - 16

Total 128 986 4 878 - 3 949 1 379 -476 - 85

un stock important de génisses laitières en Bretagne

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7Novembre 2009 - N° 39

Maîtrise des coûts

DOSSIER

n 2009, le pôle Herbivores des Chambres d’agri-culture de Bretagne a

organisé une étude sur le coût alimentaire en élevages allai-tants. Elle visait à le resituer suite aux récentes hausses de prix des intrants et aussi de mesurer le poids des différentes composan-tes de ce coût et les écarts entre élevages.Cet article présente les premiers résultats de l’étude. Nous vous présenterons par la suite une approche plus complète du coût alimentaire qui facilitera les com-paraisons entre élevages et systè-mes. Elle intégrera des coûts de mécanisation liés à la récolte et à la distribution des fourrages.

14 naisseurs et 12 naisseurs-engraisseursLe groupe d’éleveurs enquê-tés est réparti sur la Bretagne. Il se constitue de 14 élevages en système naisseur (vendeurs de broutards mâles et parfois de femelles) et 12 en naisseur-engraisseur (engraisseurs des mâles nés sur l’exploitation). Les

élevages sont affectés selon trois zones : séchante, intermédiaire ou humide. Les trois principa-les races de la région Bretagne sont aussi présentes : charolaise, limousine et blonde, cette dernière étant peu représentée en sys-tème naisseur-engrais-seur dans l’échantillon (tableau 1).

45 € d’augmentation du coût alimentaire L’analyse des deux derniers exer-

cices comptables fait apparaître une hausse moyenne de 45 € du coût alimentaire par vache entre 2007 et 2008 soit + 32 € pour les naisseurs et + 63 € pour les naisseurs-

engraisseurs. Cette augmenta-tion ne traduit cependant pas

economie

LES CoûtS ALiMEntAirES En éLEVAgES ALLAitAntS

En hausse, avec de gros écarts entre élevagesUne étude menée auprès de 26 élevages confirme l’augmentation du coût alimentaire dans les élevages allaitants. Elle met en avant une hausse par vache de 32 € entre 2007 et 2008 en système naisseur et de 63 € pour les naisseurs engraisseurs. Elle montre également des écarts importants entre élevages sans lien systématique avec les niveaux de marge brute.

26 éleveurs enquêtés

Tableau 1 : Classification des 26 élevages enquêtés

Zone Séchante Intermédiaire Humide

Système Naiss N E Naiss N E Naiss N E

Charolaise 1 1 2 2 1 1 8

Limousine 1 1 1 4 2 2 11

Blonde d’Aquitaine 2 3 1 1 7

6 13 7 26

Les systèmes herbagers basés sur une longue période d’utilisation du pâturage se démarquent par des coûts alimentaires plus faibles

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8 Novembre 2009 - N° 39

economie

l’intégralité de la hausse en 2008, compte-tenu de l’étalement des dates de clôture des exercices comptables.Pour les élevages enquêtés, la hausse s’explique essentielle-ment par le poste concentré qui a fortement progressé notamment chez les naisseurs-engraisseurs en raison du prix des concentrés mais aussi d’une augmentation des quantités utilisées (+ 60 kg en moyenne par UGB).

Des naisseurs-engraisseurs économesLes résultats des deux systèmes, en prenant la moyenne des deux années, nous amènent à quelques commentaires liés aux élevages enquêtés (tableau 2). L’écart de coût alimentaire entre les deux systèmes (40 € par vache) est très faible car les naisseurs-engrais-seurs doivent faire face aux dépenses supplémentaires liées à l’engraissement des bovins mâles. Ainsi, en Bretagne, les moyennes du centre de gestion CER et du réseau d’élevages viande affi-chent des écarts moyens supé-rieurs à 150 €/VA. L’échantillon enquêté révèle que les 14 nais-seurs (dont 6 en race Blonde d’Aquitaine) ont en moyenne des

coûts alimentaires élevés et les 12 naisseurs-engraisseurs des coûts mieux maîtrisés globalement. Le poste fourrages l’illustre très bien

puisque les naisseurs, avec une part de maïs inférieure, ont un coût supérieur de 28 €/VA. Les élevages naisseurs enquêtés se caractérisent par un coût de l’ha de maïs plus élevé qui s’explique par les postes travaux tiers (+ 72 €) et engrais (+ 37 €). Les quanti-tés de fourrages stockés par UGB (2,22 tonnes réalisées sur l’ex-ploitation + 0,18 tonne achetée) sont importantes chez les nais-seurs. Ceux-ci maintiennent en moyenne leurs vaches 10 jours de plus en bâtiment l’hiver que le groupe de naisseurs-engraisseurs. Il en est de même pour le poste concentré avec moins de 90 kg d’écart consommé par UGB et une quantité moyenne un peu élevée pour un système naisseur.

La zone intermédiaire plus productiveLes 13 éleveurs situés en zone intermédiaire se démarquent par une production de viande

Tableau 2 : Résultats moyens des exploitations selon le système de production

(Moyenne des deux dernières campagnes 2007-2008)

Naisseur 14

Naiss-Engr 12

SAU (ha) 71,6 82,4

SFP (ha) 60,67 64,27

dont maïs (ha) 9,6 14,2

Nb de VA 64,6 67,9

UGB/VA 1,61 1,91

Chargement (UGB/Ha) 1,71 2,05

Coût alimentation (€/VA) 344 384

Coût fourrage (€/VA) 204 176

Coût concentré.(€/VA) 140 208

Coût maïs (€/Ha) 555 442

Coût Herbe (€/Ha) 109 103

Quantité de concentré (Kg/UGB) 388 477

Stocks (T.MS/UGB) 2,22 2,51

dont maïs 44 % 55 %

Achat fourrages (T. MS/UGB) 0,18 0,1

PBVV *(kg/UGB) 285 347

Marge brute/VA 854 1124

* Production brute de viande viveLe poste concentré est supérieur chez les naisseurs-engraisseurs.

Tableau 3 : Résultats selon la zone

Séchante Intermédiaire Humide

Naiss NE Naiss NE Naiss NE

Nb élevages 4 2 6 7 4 3

Nb de VA 51,4 72,8 77,2 70,7 58,9 58,2

Chargement 1,74 1,75 1,76 2,32 1,59 1,6

% maïs/SFP 12 15 18 25 15 20

Coût alim/VA 341 356 377 417 298 325

Coût fourr/VA 212 182 223 172 168 181

Coût conc./VA 129 174 154 245 130 144

Coût/Ha maïs 577 480 556 443 538 443

Coût/Ha herbe 115 113 121 122 87 60

Qté de conc/UGB 351 406 385 548 430 360

PBVV/UGB 303 358 322 375 278 326

Coût alim/kg vif 0,74 0,57 0,73 0,59 0,63 0,50

Marge brute/VA 725 1 306 1 015 1 074 741 1 117 Plus de viande produite par UGB en zone intermédiaire

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9Novembre 2009 - N° 39

Maîtrise des coûts

DOSSIER

Thierry Offredo – Chambres d’agriculture de [email protected]

Etude réalisée par Christophe Guyomard – Etudiant ingénieur ESITPA

moyenne supérieure par UGB (322 kg pour les naisseurs et 375 kg pour les naisseurs-engrais-seurs). Ils ont aussi un coût ali-mentaire par vache supérieur (377 € en naisseur et 417 € en naisseur-engraisseur). Ces éleva-ges stockent davantage de four-rages et notamment plus de maïs et logent plus longtemps leurs animaux. Les naisseurs engrais-seurs de cette zone ont aussi un chargement plus élevé qui se traduit par une marge brute de 1 300 €/Ha.

A chaque conduite, son coût alimentaireL’analyse des deux tiers (inférieur et supérieur) pour les deux systè-mes est présentée dans le tableau 4. Ils sont constitués par 4 éleva-ges ayant les coûts alimentaires les plus faibles et les plus éle-vés (en moyenne sur deux ans). Cette analyse montre l’impor-tance des écarts et fait ressor-tir quelques profils de conduite. L’amplitude est particulièrement forte chez les naisseurs : 207 et 476 € de coût moyen entre les deux extrêmes. Dans ce système, le groupe «1/3 inférieur» est éco-nome sur les deux volets (fourra-ges et concentrés). Les éleveurs implantent peu de maïs et ont un système basé sur de l’herbe en RGA + TB avec un coût faible à l’ha. Les naisseurs avec un coût alimentaire élevé utilisent plus de maïs, plus de concentrés et ont un coût plus élevé par ha d’her-be. Ils ont par ailleurs un nombre d’UGB/VA élevé (1,8 contre 1,45 pour le tiers inférieur) qui traduit un temps de présence important pour les élèves ou une proportion plus forte de femelles engrais-sées. Ce groupe, légèrement plus productif en viande (+ 12 kg de PBVV/UGB) dégage une marge brute par vache presque équiva-lente au groupe économe.Pour les naisseurs-engraisseurs, l’écart est un peu plus réduit mais reste conséquent. Le «tiers infé-rieur» est constitué d’élevages économes sur les concentrés. Ils ont une consommation limitée et constituée pour les 2/3 de céréa-les produites sur l’exploitation.

Ces éleveurs réalisent des stocks importants (2,9 T MS/UGB), mais à partir de fourrages à coût bien maîtrisé. Le «tiers supérieur» en coût alimentaire utilise beau-coup de concentré (578 kg/UGB soit 1,1 tonne/vache). Par contre le poste coût de fourrages par vache reste modéré du fait de coûts à l’hectare moyens et d’un bon niveau de chargement qui traduit une bonne productivité des surfaces utilisées. Le char-gement obtenu dans ce groupe contribue largement à la bonne marge brute réalisée par ha.Plus globalement, sur les deux groupes «tiers supérieur», 7 des 8 élevages pratiquent du vêlage d’automne ou la double période de vêlage. Ceci explique et jus-tifie en partie l’écart de coût

alimentaire.Le coût alimentaire est un critère économique important qui ne peut être analysé seul. Il doit être présenté parallèlement aux per-formances techniques réalisées sur le troupeau et les surfaces uti-lisées. Il faut aussi le comparer au produit brut. Les marges brutes obtenues dans le groupe d’éle-veurs enquêtés nous montrent qu’une marge brute correcte peut être obtenue malgré un coût ali-mentaire élevé si le niveau de production et les prix de vente sont bons. Un coût alimentaire bas n’est pas le garant d’une bonne marge brute si les perfor-mances des animaux et leur valo-risation sont insuffisantes

Tableau 4 : Tri sur le coût alimentaire par vache

Naisseur Naiss-Engr

1/3 INF 1/3 SUP 1/3 INF 1/3 SUP

Nb de VA 73,8 49,5 67,6 62,9

Chargement 1,72 1,72 1,8 2,28

% maïs/SFP 6 18 19 24

Coût alim/VA 207 476 308 451

Coût fourr/VA 102 278 162 179

Coût conc./VA 106 198 146 272

Coût/Ha maïs 604 579 389 471

Coût/Ha herbe 55 144 65 122

Qté de conc/UGB 345 527 407 578

PBVV/UGB 269 281 344 356

Coût alim/kg vif 0,53 0,94 0,47 0,66

Marge brute/VA 838 809 1 212 1 097

Marge brute/Ha 946 785 1 107 1 293

L’alimentation hivernale est généralement plus coûteuse en vêlage d’automne

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10 Novembre 2009 - N° 39

economie

HAuSSE dES Prix dES ALiMEntS

L’autonomie alimentaire à l’ordre du jour en viande bovineLa hausse des intrants, notamment des aliments, a été très marquée depuis 2007. Cela se traduit par un accroissement du coût alimentaire de 37 %. Ce contexte pousse les éleveurs de viande bovine à revoir leurs stratégies. Ils cherchent à renforcer l’autonomie alimentaire et veulent mieux valoriser l’herbe de leur exploitation.

ans le cadre du suivi des performances économiques des

systèmes de production, les Réseaux d’élevage, suivis par les Chambres d’agriculture et l’Insti-tut de l’Elevage ont travaillé l’an passé sur les coûts alimentaires et l’impact de la hausse du prix des intrants. L’enquête annuelle a permis de demander aux 450 éleveurs du socle national dont 80 sont situés dans l’Ouest, com-ment ils comptaient s’adapter à ce nouveau contexte. Dans l’Ouest, l’autonomie ali-mentaire est un enjeu essentiel. La capacité des éleveurs à pro-duire des cultures (céréales et cultures fourragères) leur donne la possibilité d’être suffisamment autonomes en aliment énergé-tique. Par contre, leurs besoins en complémentaire azoté sont importants du fait des besoins des animaux en finition et les sur-faces en céréales restent insuffi-santes pour répondre aux besoins de paille. Les achats en aliments concentrés sont principalement composés de complémentaire azoté et d’aliments spécifiques pour la finition.

Depuis 2006, les éleveurs de vian-de bovine font face à la hausse du prix des aliments. L’augmentation des prix des céréales en 2007, puis la raréfac-tion des disponibilités en soja ont contribué à l’augmentation des coûts d’approvisionne-ment. En 2008, le prix des aliments a aug-menté de 32 % par rapport à 2006

selon le nouvel indice IPAMPA viande bovine. Cette hausse est issue de la forte augmentation du

prix du soja et de celle un peu moins forte des aliments complé-mentaires. Evalué sur quelques cas-types régionaux sur 2 ans, le coût alimentaire qui comprend aussi le coût

des fourrages (donc la hausse du prix des engrais), augmente de 37 % pour différents systèmes allaitants, soit entre 40 et 130 € par vache selon les niveaux d’in-tensification. Pour un système engraisseur il augmente de 32 %, soit 69 € par jeune bovin.Dans la pratique, les exploi-tations qui consomment des concentrés dans le cadre de la finition des bovins sont les plus touchées, mais le niveau d’in-

Maîtriser les coûts, une

priorité

Evolution du coût alimentaire par vache ou par jeune bovin entre 2006 et 2008 sur 4 systèmes bretons

Année 2006 2007 2008 Ecart Ecart

Naisseur engraisseur économe 255 € 302 € 337 € 82 € 37 %

Naisseur engraisseur intensif 378 € 440 € 509 € 131 € 37 %

Naisseur herbager 148 € 161 € 186 € 38 € 37 %

Engraisseur broutards 209 € 244 € 278 € 69 € 32 %

Les coûts alimentaires ont augmenté de 37 % en 3 ans.

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11Novembre 2009 - N° 39

Maîtrise des coûts

DOSSIER

Patrick Sarzeaud - Institut de l’[email protected]

tensification et la part de maïs sont aussi des points sensibles. Sur cette période, il a fallu aussi faire avec des variations de ren-dements de l’herbe ou du maïs qui ne favorisent pas l’équilibre alimentaire. Dans certains cas, les rendements en céréales et leurs prix ont même pu déstabi-liser l’intérêt de l’atelier viande. Globalement, 58 % des éleveurs jugent cette nouvelle conjoncture défavorable pour le revenu et 82 % la jugent défavorable pour la marge bovine.

Les adaptations envisagées par les éleveursQuestionnés en 2008 sur leurs pratiques alimentaires, peu d’éle-veurs avaient eu le temps d’adap-ter leurs consommations et les quantités de concentrés consom-més par UGB. Un tiers des éle-veurs sont plutôt en attente pour effectuer des modifications conséquentes sur leur élevage, mais les autres sont en recher-che de solution. 35 % visent à conforter leur autonomie alimen-taire sur le volet céréales soit en s’agrandissant (10 %), soit en revoyant la place qu’ils donnent aux céréales (25 %). Cela peut passer par une légère ré-intensi-fication fourragère si nécessaire pour 10 % des éleveurs. Pour l’heure, la remise en cause de la production n’est pas à l’ordre du jour mais la plupart des éleveurs veulent aussi repenser les condui-tes alimentaires. Avec l’augmen-tation des prix des concentrés, quelques élevages qui avaient misé sur des conduites en rations sèches ont réimplanté des sur-faces en maïs pour réduire leur coût alimentaire.Enfin, la place de l’herbe et sa valorisation est aussi à l’ordre du jour : c’est l’idée de revoir la place et le type de prairies temporai-res en donnant plus d’impor-tance aux légumineuses dans des mélanges de type RG-Trèfle par exemple. C’est aussi améliorer la qualité des fourrages stockés avec des fauches plus précoces. Enfin, l’an passé, compte-tenu de la forte hausse des prix des engrais,

beaucoup ont fortement réduit les apports phospho-potassiques sur l’herbe. D’une manière générale, les éle-veurs de viande bovine pensent que l’avenir de leur production dépendra d’abord du prix des produits, bien avant les aides.

Mais la maîtrise des coûts appa-raît maintenant comme essentiel-le pour la pérennité de l’élevage bovin viande

1 – Aucune adaptation .........................................................32 %2 – Agrandissement .............................................................10 %3 - Equilibre des productions (culture/élevage/hors-sol) ....25 %4 - Orientation des productions BV (engraissement,…) .......8 %5 - La conduite alimentaire des animaux ............................14 %6 - Intensification fourragère ................................................10 %

Le réseau est constitué de 80 élevages dont 25 naisseurs, 45 nais-seurs-engraisseurs et 10 engraisseurs, la Bretagne en compte 25.

Les adaptations envisagées dans 80 élevages bovins viande de l’Ouest

Objectif : privilégier l’herbe

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12 Novembre 2009 - N° 39

economie

VACHES ALLAitAntES

Progresser en groupeDepuis quelques années, des éleveurs de vaches allaitantes Finistériens ont émis le souhait de se rencontrer régulièrement afin d’échanger pour progresser. Ce groupe est animé par la Chambre d’agriculture et son objectif est de pouvoir échanger, visiter et comparer les résultats. Au-delà la recherche d’éléments chiffrés et de nouvelles techniques, la règle fixée par le groupe est d’ouvrir, chacun son tour, les portes de son élevage.

e groupe est constitué d’une vingtaine de pro-ducteurs de vaches allai-

tantes. Les quatre principales races (Blond, Charolais, Limousin et Salers) sont représentées. Certains éleveurs conduisent leur troupeau en système naisseur et d’autres en système naisseur-engraisseur. Certains élevages fonctionnent en conventionnel d’autres sont inscrits en agricul-ture biologique ou ont souscrit à une autre mesure agri-environnemen-tale. Mais tous sont concernés par le même objectif : améliorer les performances de leur élevage. C’est aussi la diversité des exploi-tations qui fait la richesse du groupe et des échanges. Le grou-pe fonctionne depuis plusieurs

années et se rencontre deux fois par an. La matinée est consacrée aux échanges de données chif-frées et l’après-midi aux visites. Selon les sujets, le groupe fait appel au besoin, à un intervenant extérieur.

Point conjoncture et PACChaque réunion démarre par un tour d’horizon de l’actualité, de

la conjoncture et des prix de vente. Cet ins-tant permet à chacun de replacer ses ventes dans le contexte éco-nomique du moment et éventuellement de saisir des opportunités

de marchés en fonction des ani-maux dont il dispose. L’évolution de la PAC est abordée à chaque

réunion car entre deux réformes il y a la conditionnalité des aides, les demandes de droit à pro-duire, les contrôles… Le groupe est toujours attentif à ces chan-gements d’autant plus que les aides représentent à elles seules, l’équivalent de 180 % du résultat courant en système naisseur et près 125 % en système naisseur-engraisseur (Source : CER-France Bretagne) d’où l’importance de ces échanges et la nécessité de ne pas passer à côté.

L’herbe abaisse le coût alimentaireLes discussions «au coin de champs» permettent d’échanger sur des expériences positives ou négatives. Elles permettent de ne pas négliger certains points importants. L’exploitation de

Il n’y a pas de réponse unique

Discussions autour d’une parcelle de dactyle-trèfle à Trévarez

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13Novembre 2009 - N° 39

Maîtrise des coûts

DOSSIER

Raymond Barré – Chambre d’agriculture du Finistè[email protected]

l’herbe est notamment un sujet très complexe qui suscite beau-coup d’interrogations.«Sur l’herbe il y a beaucoup à apprendre». «J’ai mis de la fétu-que pour la fauche, ça sèche vite et ça produit beaucoup et en plus les vaches en apprécient le foin». «Le dactyle se plaît bien dans les parcelles sèches, il faut le pâturer jeune avec une pression animale élevée afin qu’il garde une bonne densité au pied». «Les associa-tions RGA-trèfle blanc donnent satisfaction mais au printemps, il faut être un peu patient». «Moi je préfère les variétés tardives en RGA, ce sont celles dont l’épi en formation peut rester dans la gaine jusque 30 jours, il a donc toutes les chances d’être sectionné avant d’épier ». «Avec les mélanges complexes, j’ai sur-tout compliqué ma gestion du pâturage, car toutes les variétés et espèces n’épient pas au même moment». «Depuis trois ans, je ne mets pas de nourrisseurs aux veaux, j’obtiens pourtant de très bonnes croissances avec près de 1 300 g par jour en mâle comme en femelle». «La fertilisation des prairies se fait entièrement avec du fumier épandu très tôt en jan-vier-février».

Prendre conscience des marges de progrèsEn élevage naisseur selon le CER-France Bretagne et l’étude

de groupe réalisée sur la période octobre 2007 à septembre 2008, on note que le coût alimentaire est en moyenne de 273 € par vache (SFP 179 € et concen-tré 94 €). En système naisseur engraisseur, ce coût alimentaire est de 428 € par vache (soit en SFP 214 € et en concentrés 215 €). Le quart supérieur des élevages naisseurs-engraisseurs parvient à abaisser le chiffre à 315 € par vache. Certains éle-vages font encore mieux sans pénaliser les performances tech-niques. La clé du succès est alors dans la conduite de l’herbe et les rendements fourragers. Les chiffres n’expliquant pas tout, il est alors important d’aller sur le terrain pour décrire les prati-ques ayant permis d’atteindre ce niveau de performances. C’est çà l’intérêt du groupe !

Du produit brut jusqu’au résultat disponibleLa production de vache allaitante est exigeante en capitaux. En effet, le capital moyen engagé dans les bilans est de 5 062 € par vache en système naisseur et 5 600 € en système nais-seur-engraisseur (CER-France Bretagne). Point important : les élevages avec des taux d’endet-tement de 32 et 36 % supportent des annuités par vache de 285 € en naisseur et de 318 € en nais-seur-engraisseur. Mais les situa-

tions sont loin d’être identiques puisqu’on note des écarts qui vont de moins de 100 € à plus de 500 €. Avec ce dernier niveau d’annuité, il faudra compter sur d’autres sources de revenu, l’EBE atteint en moyenne par vache étant de 550 € en système naisseur et 748 € en système naisseur-engraisseur. Le disponi-ble après annuités (pour vivre et auto-financer) est alors respec-tivement de 265 € et de 425 € (le quart supérieur de 602 €). On voit bien ici l’enjeu des grou-pes dont le principal objectif est de vivre de son travail et de rentabiliser les investissements. L’idée est d’avancer en posant ses chiffres en comparaison aux moyennes et surtout en analy-sant ses marges de progression par rapport à celles-ci.Mes animaux sont-ils bien valori-sés ? Ai-je fait le plein au niveau des aides ? Quel est le coût ali-mentaire et le coût de produc-tion ? Comment se situent mes charges de structures ? Est-ce que je peux m’équiper sans hypo-théquer l’avenir ? Quels sont les investissements prioritaires ? Quelles sont les alertes et à quels niveaux se situent-elles ? Bien entendu, il n’y a pas une réponse unique à ces questions. Bien au contraire, c’est la diversité des situations rencontrées qui appor-tera les solutions et permettra à chacun de construire ensuite ses propres itinéraires

Le pâturage à la ferme de Kerlavic est à base de RGA et de trèfle blanc

Jeunes bovins à l’engraissement

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14 Novembre 2009 - N° 39

alimentation conduite

Finition dES géniSSES BLondE d’AquitAinE

La complémentation nécessaire au pâturage avant 30 moisL’herbe au stade feuillu a une très bonne valeur alimentaire. Pâturée, c’est le fourrage le moins cher. Un essai, réalisé à la station expérimentale bovine de Mauron, montre qu’il est possible de finir correctement des génisses Blondes d’Aquitaine de moins de 30 mois au pâturage en début d’été, mais avec une complémentation. Le potentiel de croissance musculaire élevé de cette race et sa capacité d’ingestion plus faible nécessitent un apport de concentré avec le pâturage.

ne enquête réalisée en Bretagne et dans les Pays de la Loire

a montré que dans bon nom-bre d’élevages, les animaux sont finis à l’auge au printemps mal-gré l’herbe disponible en quan-tité et en qualité. Pour beaucoup d’éleveurs de Blondes d’Aquitaine, le pâturage ne permet pas une bonne finition des animaux et les référen-ces concernant cette race sont peu nombreuses.Un premier essai, comparant une finition au pâturage à une finition à l’auge, a montré qu’il

était difficile de finir des génis-ses Blondes d’Aquitaine avec de l’herbe seule. En effet, l’objectif d’atteindre un poids vif et un état d’engraissement suffisant en début d’été n’avait pu être atteint que pour une petite partie de ce

lot de génisses avec seulement du pâtu-rage. Alors, pour rechercher les condi-tions d’une bonne finition au pâturage au printemps, une bande de 30 génis-

ses de race Blonde d’Aquitaine a été rentrée à la station expéri-mentale de Mauron à l’automne

2004. Agées de 6 à 8 mois à l’ar-rivée, ces génisses pesaient en moyenne 275 kg. L’objectif a été de produire des carcasses de 420-430 kg vers l’âge de 28 mois en juin-juillet. Les génisses ont été conduites ensemble le premier hiver et la première année de pâturage.

30 génisses au pâturage avec ou sans complémentationA la rentrée en stabulation en décembre 2005, le poids vif moyen est de 550 kg à 20 mois. Deux lots homogènes de 15

La croissance des blondes

Des croissances de 1 115 g/j au pâturage

avec 4 kg de concentré

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15Novembre 2009 - N° 39

Maîtrise des coûts

DOSSIER

Daniel Le Pichon – Chambres d’agriculture de [email protected]

génisses ont été constitués et 2 conduites ont alors été compa-rées jusqu’à l’abattage avec un objectif de les abattre à la même date:- un lot en finition au pâturage sans aucune complémentation, mais avec des croissances soute-nues en hiver (lot NC),- un lot en finition au pâturage avec une complémentation et un objectif de croissance plus modeste l’hiver (lot C).L’objectif d’une croissance plus élevée en hiver pour les génisses NC au pâturage est d’atteindre un poids vif suffisant dès la mise à l’herbe pour pouvoir les abattre en début d’été.Pendant l’hiver, la ration des génisses du lot NC est constituée de 7,7 kg MS de maïs ensilage, de 1,5 kg de tourteau de soja 48 et de 130 g d’AMV. Celles de l’autre lot ont reçu le même type de régime, mais en moindre quantité, soit 1,3 UF de moins. Les 2 régimes distribués ont per-mis des croissances de 850 et 760 g/jour respectivement pour les génisses de chacun des 2 lots et ont conduit à un écart de 9 kg de poids vif en fin d’hiver. Cet écart de poids vif est inférieur de

18 kg par rapport aux objectifs fixés sans aucune explication.La mise à l’herbe a eu lieu le 4 avril sur des prairies de RGA et de RGA-TB avec une transition sur 1 semaine. Chaque lot de génisses a disposé de la même surface et du même type de prai-rie en 7 paddocks. En fonction de la pousse d’herbe et de la consommation des animaux, une partie de la surface en herbe a été retirée du pâturage et fauchée. Les génisses du lot C ont reçu en moyenne 4,1 kg d’aliment

concentré par jour (75 % de blé aplati – 25 % de tourteau de soja 48). La complémentation est pas-sée de 2 à 6 kg/jour entre le début et la fin du pâturage. La hauteur d’herbe à l’herbomè-tre a été en moyenne de 10,6 cm à l’entrée et de 5,6 cm à la sortie des parcelles pour les 2 lots sur les 4 cycles de pâturage. Au 1er et 2ème cycle, du 04 avril au 17 mai, la surface pâturée est comparable entre les 2 lots ; 15 ares/génisse pour le lot NC contre 14,4 ares pour le lot C. Pour les 2 cycles suivants jusqu’au 23 juillet, date d’abattage, la surface pâturée par génisse est de 19,3 ares pour le lot NC contre 16,7 ares pour le lot C, soit un écart de 13 %. Cet écart s’explique par la substitution concentré-fourrage compte-tenu de la quantité d’herbe offerte comparable pour les 2 lots. La quantité de concentré distribuée a été de 5 kg par génisse sur les 2 derniers cycles de pâturage (69 jours), contre 2,5 kg pour les 2 premiers cycles (42 jours).

432 kg de carcasse à 27,4 moisDu 19 avril, date de la pesée après transition à l’herbe, au 23 juillet, date d’abattage, les génisses du lot NC ont réalisé en moyenne 780 g/j de croissance. Les crois-sances de celles du lot C ont été en moyenne de 1 115 g/j sur la même période ; soit un écart de 335 g pour un apport de 4,1 kg

Avec une finition au pâturage de 4,1 kg de concentré, on obtient des carcasses de 432 kg, classées U-3 à 27,4 mois.

Tableau 1: Poids et croissances

Lots Non complémenté Complémenté

Effectif 15 15

Poids vif (kg)Début hiver, le 22/12Fin hiver, le 31/03Après transition pâturage, le 19/04A l’abattage, le 23/07Age à l’abattage (mois)

554,2637,9631,7703,327,4

554,3629,2623,6725,527,4

UFV/jour en hiver 8,2 6,9

Quantité de concentré/jour au pâturage (kg) 0 4,1

Croissance (g/j)En hiver, du 22/12 au 31/03Au pâturage, du 19/04 au 23/07

850780

7601 115

Surfaces pâturées (are/génisse)1° et 2° cycle (du 04/04 au 16/05)3° et 4° cycle (du 17/05 au 23/07)

15,019,3

14,416,7

La complémentation améliore les croissances et réduit la surface saturée

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16 Novembre 2009 - N° 39

Maîtrise des coûts

DOSSIER

alimentation conduite

de concentré en moyenne. Du 19 avril à la mi-juin, les croissances ont été de 950 g/j pour le lot NC contre 1 225 g pour le lot C. De la mi-juin à l’abattage, les crois-sances ont été respectivement de 300 et 800 g/j pour les génisses du lot NC et celles du lot C. C’est aussi sur cette période que l’ap-port de concentré par jour a été le plus important.Ceci a conduit à atteindre le poids vif de 703 kg pour les

génisses du lot NC et de 725 kg pour celles du lot C le 23 juillet à l’âge de 27,4 mois pour un état d’engraissement en vif respecti-vement de 2,80 et 3,0.La différence de poids vif et de rendement carcasse (0,7 point) a conduit à un poids de carcasse supérieur de 18 kg en faveur des génisses du lot C ; 432 kg contre 414 kg pour celles du lot NC. La conformation est également supérieure de 1/3 de classe pour

les génisses du lot C. Dans le lot NC, seule une carcasse est clas-sée en U et 14 sont classées en R (3R= et 11R+) alors que dans le lot C, 8 carcasses sont classées en U et 7 sont classées en R (3R= et R+). Trois carcasses classées R= sont non labellisables dans chacun des 2 lots. Malgré l’écart de poids de car-casse entre les 2 lots, l’état d’en-graissement des carcasses est comparable ; toutes sont classées en 3=. Le poids des gras éliminés sur la chaîne d’abattage (gras de parage, de bassin et de rognon) est aussi équivalent pour les 2 lots.Un apport de 4 kg de concentré avec du pâturage de bonne qua-lité est suffisant et permet des croissances élevées (1 115 g/j sur 111 jours). Les carcasses produi-tes sont satisfaisantes ; 432 kg classées U-3 en moyenne à l’âge de 27,4 mois. Avec uniquement de l’herbe, seulement 60 % des génisses atteignent le même poids de carcasse à la fin juillet, malgré un niveau de croissance plus élevé pendant l’hiver pré-cédent. Avec des animaux plus âgés ayant terminé leur croissance, la finition au pâturage sans com-plémentation serait sans doute envisageable

Tableau 2: Caractéristiques des carcasses

Lots Non complémenté Complémenté

Effectif 15 15

Poids vif à l’abattage 703,3 725,5

Poids de carcasse (kg) 414 432

Rendement carcasse (%) 58,9 59,6

ConformationNb de carcasses classées R=Nb de carcasses classées R+Nb de carcasses classées U-Nb de carcasses classées U=Nb de carcasses classées U+

R +3

111//

U -34323

Etat d’engraissement 3 = 3 =

Gras éliminés sur la chaîne d’abattageparage, bassin et rognon (kg)En % du poids de carcasse

17,24,15

18,14,18

Avec une complémentation : des carcasses plus lourdes et mieux conformées pour un même état d’engraissement.

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r Ci-joint chèque bancaire de ................... € libellé à l’ordre de l’Agent comptable de la Crab.

Date et signature

LES REFERENCES DES ELEVEURS BRETONS Avril 2009 - N° 33

A Mauron

La station régionale viande

Le mash : maïs ensila-

ge ou ration unique ?

Gestion des fauches

en système viande

P. 7

P. 16

Un numéro spécial viande de

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17Novembre 2009 - N° 39

Maîtrise des coûts

DOSSIER

e contexte économique actuel impose de retra-vailler sur la maîtrise

des coûts, notamment autour de l’alimentation des animaux. Le pâturage hivernal de prai-ries ou d’autres fourrages est un moyen de faire des économies sur les stocks hivernaux et sur les concentrés.

Du pâturage plus longtemps au printemps et à l’automneAllonger la saison de pâturage se traduit soit par une rentrée à l’étable retardée à l’automne, soit par une mise à l’herbe pré-coce en fin d’hiver, voire par du pâturage hivernal sur les prairies pérennes lorsque les conditions le permettent. La durée de la période hivernale en viande est longue et parfois proche de 5 mois. L’objectif est de réduire les stocks de fourrages hivernaux qui coûtent cher, d’économiser de la paille, mais aussi de gagner sur le temps de travail : moins de distribution de fourrages, moins de paillage et moins de fumier à gérer (vidange et épandage). En contre-partie, il faut prévoir du temps pour la conduite du lot d’animaux au pâturage (clôtures, eau, apport de fourrages, sur-veillance). L’agrandissement des troupeaux est parfois aussi un frein au pâturage hivernal, car dans ce cas, les éleveurs cher-chent avant tout à simplifier les conduites animales.En système allaitant, les catégo-ries d’animaux qui sont concer-

nées par du pâturage hivernal sont prioritairement les vaches en gestation ou les génisses de deux ans. Dans un troupeau conduit en vêlage de printemps, la sai-son de pâturage peut être pro-longée jusqu’à décembre-janvier, après le sevrage des veaux en novembre. En fin d’hiver, lorsque des parcelles attenan-tes au bâtiment sont disponibles, elles peuvent être utilisées pour sortir les vaches en journée lorsque la météo le permet, avec éventuellement un libre-accès au bâtiment pour la nuit et la consommation d’un fourrage complémentaire.

Pâturer en hiver : respecter les règlesLe pâturage hivernal en système allaitant peut être intéressant lorsque les places en bâtiment sont un peu justes. Il faut dis-tinguer le pâturage hivernal de l’hivernage en plein air. Le pâtu-rage hivernal cherche à valoriser

l’herbe disponible pendant l’hiver sur les parcelles pâturées ou sur les inter-cultures pendant l’an-née. Dans la plupart des cas, les animaux ont cependant du foin ou de la paille à disposition dans des rateliers. L’hivernage en plein

air répond à d’autres objectifs : bâtiment trop petit, économies de paille. Les animaux sont affouragés dans leur parcelle sans véri-tablement pâturer. Le pâturage hivernal

pratiqué en décembre-janvier doit respecter certaines règles : le chargement doit être modéré (autour de 1 UGB par ha), la conduite doit se faire en pâtu-rage tournant. Un seul passage par parcelle doit être réalisé dans l’hiver, et les temps de séjour ne doivent pas être trop longs (autour de 8 à 15 jours). La sortie des animaux se fait à 4-5 cm de hauteur.La mise en œuvre de cette pra-tique est très liée au climat et aux types de sols des parcelles. Il est conseillé de disposer d’abris

fourrages

EConoMiSEr LES FourrAgES StoCkéS

Les ressources fourragères pâturables l’hiverL’allongement de la période de pâturage est une piste possible dans la maîtrise des charges alimentaires en système lait ou viande. Cela peut se traduire par du pâturage hivernal sur les prairies pérennes afin d’économiser des fourrages stockés. Mais il peut se faire aussi avec d’autres fourrages pâturables en hiver, telles des dérobées.

Pour limiter l’achat de

correcteur azoté

Tableau 1 : Production des prairies au printemps suivant un pâturage hivernal de vaches allaitantes - Station de Crécom (hivers 1997-98 et 1998-99)

Pâturées en hiver

Non pâturées en hiver

1er cycle (10/03 au 01/05)Production (kg MS/ha) 730 1 500

2ème cycle (07/05 au 19/06)Production (kg MS/ha) 2 240 2 360

Production totale (kg MS/ha) 2 970Différence

3 860+ 890 kg MS/ha

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18 Novembre 2009 - N° 39

naturels type haies pour protéger du vent et de la pluie. L’auge et le râtelier sont déplacés à cha-que changement de parcelle. En cas de pluie, il est conseillé de doubler la surface mise à dispo-sition des animaux en offrant plusieurs parcelles ou en faisant tourner plus vite les animaux. Si les conditions météo sont trop mauvaises, il faut envisager l’ar-rêt du pâturage hivernal. Sinon, il y a des risques de conséquences fourragères (moins d’herbe au printemps) ou environnementa-les (fuite d’azote). Ce pâturage «précoce», «tardif» ou «hivernal» ne doit cependant pas entraîner de risques pour la pérennité de la prairie. Le temps de repos hiver-nal doit rester au minimum de deux mois.

Pensez au RGI en dérobée...La généralisation des couverts végétaux pour couvrir les sols apporte aussi une offre four-ragère intéressante à valoriser. Valoriser des RGI implantés en couverts végétaux permet d’éco-nomiser des fourrages stockés, du concentré azoté et de disposer d’une alimentation plus variée. Mais les cultures intermédiai-res sont avant tout des pièges à nitrates. La différence est impor-tante car la notion de rendement est absente de la conduite de ce

pâturage. Pour un RGI implanté après céréale, il est envisageable de faire deux pâturages, en octo-bre et janvier ou février. Pour un semis dans le maïs, un seul pas-sage sera fait après décembre.Pour les parcelles accessibles aux vaches laitières, le pâturage se fait en journée, au fil avant si le RGI est bien développé pour évi-ter le piétinement. Par exemple avec du maïs distribué à volon-té à l’étable, l’ingestion d’herbe sera limitée à environ 2 à 3 kg MS/vache/j. La valeur alimen-taire d’un RGI couvert végétal étant de 1 UFL/kg MS, 130 g PDIN/kg MS, 110 g PDIE/kg MS, cela permet de réduire la quan-tité de soja distribuée d’1 kg brut pour 2,5 kg MS d’herbe pâturée.

Pour les surfaces valorisées en systèmes viande ou par les génis-ses laitières, il faut privilégier un chargement assez faible (50 à 70 ares par UGB). Les séjours sur les parcelles doivent être brefs (infé-rieurs à 10 jours) et sans apport de fourrages conservés pour que le RGI garde son rôle de piège à nitrates.

... mais aussi avoine, trèfle incarnat, colzaLes couverts valorisés participent à la production de biomasse mais aussi à la structuration des sols. Leur intérêt n’est plus seulement environnemental et agronomi-que mais aussi zootechnique et économique. On implantera les dérobées valorisées en priorité sur les parcelles les plus portantes. Les espèces cultivables en déro-bées sont multiples (tableau 2) : il faut choisir celles qui ont une croissance rapide et qui sont pro-ductives. Outre le RGI, on trouve aussi le colza ou le chou qui sont très appétents, mais parfois diffi-ciles à valoriser.Les céréales (avoine) sont moins appétentes mais très productives. Elles ont l’avantage d’être peu coûteuses à implanter si on uti-lise des semences fermières. Elles seront valorisées à l’automne. Les associations de RGI avec du trèfle incarnat par exemple amé-liorent la valeur alimentaire et la productivité.

fourrages

Tableau 2 : Principales caractéristiques des espèces destinées aux cultures de dérobées et pâturables

Espèce Dose de semis Intérêt Remarques

RGI alternatif 15 - 25 kg/ha Valeur alimen-taire

Valorisation possible de 2 à 3 TMS/ha.

Associations exemple : RGI/ Trèfle incarnat

RGI : 10-15 kg/haTrèfle incarnat : 10-15 kg/ha

Très bonne valeur alimentaire : à réserver aux cou-verts valorisés

Trèfle incarnat non météo-risantApport de PDI (+20 g/kg MS par rapport au RGI seul)

Colza, chou 8 à 10 kg/ha (variété tardives)

Productivité (2-3 TMS/ha)

Des précautions à prendre au pâturage (facteurs de croissance)

Céréales : Avoine diploïdeAvoine

30-35 kg/ha60-80 kg/ha

Faible coût des semences

Très bonne productivitéAppétence moindre. Valorisable qu’en automne

Navette 8 à 12 kg/ha Limiter à 3-4 kg MS/j pour les vaches

Le pâturage du colza ou du rGI permet d’économiser des fourrages stockés

Essais de cultures dérobées à la station de Trévarez (hiver 2009-2010)

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19Novembre 2009 - N° 39

Maîtrise des coûts

DOSSIER

Jean-Marc Seuret – Chambres d’agriculture de [email protected]

Même les betteraves se pâturent !Il est possible aussi de faire pâtu-rer des betteraves pendant l’hiver. Cette pratique est mise en œuvre pour les vaches laitières sur des parcelles très proches de la sta-bulation. Les vaches pâturent les betteraves au fil avant : l’avance-ment est calculé en nombre de rangs pour distribuer 3 à 5 kg de MS par vache et par jour. On peut rappeler que la bet-terave fourragère pour vaches laitières améliore fortement la valeur énergétique de la ration, notamment dans les systèmes utilisant de l’ensilage d’herbe ou du foin car la substitution n’est pas totale jusqu’à 5 kg de MS/j : l’ingestion globale augmente de 0,5 kg pour 1 kg de betterave dis-tribué. Sa valeur UFL est supé-rieure de 20 % à celle d’un maïs ensilage (1,12 contre 0,92 UFL) , par contre la teneur en matières azotées est faible, proche de celle du maïs. Il faut toutefois la limi-ter à 5 kg de matière sèche par vache et par jour pour éviter les troubles métaboliques (acidoses). L’apport d’1 kg de MS de bette-rave améliore la production de lait de 1,5 à 2 kg avec un régime à base de foin, et de 0,5 à 0,8 kg de lait pour un régime maïs. La betterave a un effet favorable sur le TP, et aussi sur le TB avec des

rations ensilage d’herbe et foin.Pour le pâturage, il faut mieux choisir des variétés pour lesquel-les le tubercule est peu enterré. Les vaches se débrouillent très bien et valorisent les feuilles, ce qui permet en plus une économie de correcteur azoté. La limite principale de cette technique est la météo humide qui peut entraî-ner le matraquage de la parcelle avec des conséquences sur la structure du sol, et le salissement des vaches.Il y a donc une diversité de fourrages valorisables en hiver. Certes le pâturage hivernal a des inconvénients car il génère un travail extérieur à une période où les conditions climatiques sont parfois mauvaises : changement de parcelles des animaux, affou-ragement éventuel, et pour les dérobées, des aménagements de clôtures et des points d’eau qui seront à défaire avant le semis de la culture suivante. Au niveau zootechnique, l’inconvénient majeur est sans doute une moins bonne connaissance des niveaux d’alimentation qui peut avoir des répercussions sur les animaux. Mais cette pratique a un vrai inté-rêt économique puisqu’elle per-met des économies substantielles sur les stocks et le concentré et donc sur le coût alimentaire⁄

A Crécom, un lot de vaches allaitantes est resté dehors les hivers 97/98 et 98/99 (pendant 84 jours) alors qu’un autre était en bâtiment. Chaque vache disposait d’une surface de 62 ares au pâturage. Les prairies ont été exploitées en pâturage tournant sur 5 parcelles : un seul passage a été réalisé par parcelle d’une durée moyenne de 16 jours. Une surface importante par vache et une conduite adaptée sont indispensables pour éviter la dégradation de la prairie. Les animaux ont reçu autour de 8,5 kg de MS de foin et d’enrubannage. Les consommations d’herbe au pâturage ont été estimées de l’ordre de 2 à 2,5 kg MS / vache et par jour, soit 300 kg de MS par vache sur la période. Les poids des animaux ont été identiques en fin d’essai. Le lot resté en bâtiment a utilisé 650 kg de paille par vache. La production d’herbe au printemps suivant est inférieure de 900 kg au printemps suivant sur les parcel-les pâturées l’hiver : la différence se fait sur les deux premiers cycles de pâturage (tableau 1). Si on tient compte de ce qui a été valorisé pendant l’hiver, c’est 600 kg de rendement herbe en moins sur les parcelles pâturées l’hiver. Cela est compensé par les économies de paille et de places de bâtiment. Les mesures de fuites d’azote sous les prairies n’ont pas montré de différences entre les deux traitements, car les journées de pâturage à l’hectare sont restées modérées. A Kerlavic, de 1999 à 2001, des génisses charolaises de 18 mois ont passé une partie de l’hiver dehors (jusqu’au 8 janvier) sans apport de fourrages complémentaires : elles disposaient de 44 ares par animal. Les performances animales n’ont pas été dégradées avec le pâturage hivernal. Les deux mois supplémentaires de pâturage ont permis d’économiser 400 kg de stocks par animal. La mise à l’herbe a été retardée d’une semaine au printemps suivant, mais la production annuelle des prairies est restée comparable entre les deux pratiques. Enfin le pâturage de novembre à janvier n’a pas augmenté les quantités d’azote lessivé.

Deux essais de pâturage hivernal à Crécom et Kerlavic

La betterave peut être pâturée par les vaches laitières l’hiver mais en prenant des précautions

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20 Novembre 2009 - N° 39

alimentation conduite

ProduCtion dE JEunES BoVinS

Des fiches techniques pour mieux choisir les régimes par raceUn travail important de synthèse des résultats d’essais menés sur jeunes bovins depuis 15 ans dans les fermes expérimentales vient d’être réalisé par l’Institut de l’Elevage, les Chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire et Arvalis-Institut du Végétal.

ette synthèse concer-ne 5 races (Charolais, Limousins, Blonds

d’Aquitaine, Normands, Montbéliards, Prim’Holstein) et plusieurs régimes alimentaires (à base d’ensilage de maïs plus ou moins fortement complémenté ou de rations sèches avec du blé ou du Mash). Il se présente sous la forme d’un document com-posé de 13 fiches techniques (par race et ration) dont le contenu a été présenté lors de la journée viande bovine de Mauron du 26 mars dernier et dans un article de Cap Elevage d’avril 2009. Les données précises fournies dans ces fiches sur les consom-mations et sur les performances des animaux (par période d’en-graissement et pour l’ensemble de l’engraissement) permettent de réaliser une analyse compara-tive entre race et régimes. C’est cet aspect du dossier que nous allons vous détailler dans cet arti-cle.

Des consommations variables entre races et régimesPour les races à viandes, les consommations aug-mentent d’autant plus vite au cours de l’en-graissement que les rations sont riches en énergie (figure 1). Dans le cas des rations 100 % blé (CH4 pour les charolais par exemple), les niveaux de consommations par animal et par jour augmentent très vite de 8 à 12 mois (passant de moins de 6 kg à plus de 10 kg

de MS) pour plafonner ensuite. Ce constat est moins vrai en jeu-nes bovins de race laitière. Pour les Prim’Holstein, les évolutions des consommations au cours de la phase d’engraissement sont peu différentes entre une ration ensilage de maïs faiblement com-plémenté (PH1) ou une ration

100 % blé (PH2). A 18-20 mois, pour cette race, le plafond ne semble pas encore atteint.Enfin, ces résultats de consommation permettent de mieux

appréhender les écarts entre race sur les capacités d’ingestion. Sur des rations ensilage de maïs fai-blement complémenté, les jeunes

bovins laitiers (Prim’Holstein, N o r m a n d s - M o n t b é l i a r d s ) consomment, sur des classes d’âge identiques, environ 10 à 12 % de plus que des Limousins ou Blonds d’Aquitaine. Par contre, les Charolais ont des niveaux de consommation proches des lai-tiers.

Des performances liées à la race mais aussi à la rationPour les animaux de race à vian-de, les croissances augmentent progressivement au cours des premières semaines d’engrais-sement jusqu’à un pic (figure 2). L’augmentation et le niveau du pic sont d’autant plus élevés

Un outil de simulation technico-

économique

Figure 1 : Evolution des consommations en engraissement de jeunes bovins Charolais (CH) et Prim’Holstein (PH) sur des régimes ensilage de maïs (EM) ou 100% blé

Les jeunes bovins charolais ont des niveaux de consommation élevés, comparables aux jeunes bovins laitiers.

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âge (mois)

consommations (kg MS/j)

CH2 : EM + 4kg

CH4 : 100% blé

PH1 : EM + 2 kg

PH2 : 100% blé

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21Novembre 2009 - N° 39

Didier Bastien – Institut de l’[email protected]

que les rations sont riches en énergie. Ainsi, dans le cas des jeunes bovins charolais, le niveau moyen de performance atteint au pic avec un régime ensilage de maïs et 4 kg de complément est de 1 600 g/j (CH2) contre 1 800 g/j pour le régime 100 % blé (CH4). Par contre, les croissan-ces avec des régimes fortement concentrés chutent rapidement ensuite, une fois passé ce pic. En jeunes bovins laitiers, le pic de croissance est atteint sur un animal beaucoup plus jeune. Les animaux Prim’Holstein ont atteint le pic vers 7 mois avec une croissance moyenne d’envi-ron 1 300 g/j (PH1 et PH2). Cette croissance baisse ensuite avec l’âge mais moins fortement qu’en race en viande puisqu’à 18 mois, les croissances moyennes sont encore de l’ordre de 1 000 g/j.

Les indices de consommations détériorés avec l’âgeAinsi, quand on analyse l’effica-cité alimentaire en rapportant ce qui a été consommé par l’animal en regard de ses performances, on constate que les indices de consommation (exprimés en kg de MS consommés par kg de gain de poids vif) se détériorent avec l’âge (figure 3). Ainsi, il faut envi-ron 5 kg de MS pour faire 1 kg de gain de poids pour un jeune bovin Prim’Holstein âgé de 7 mois alors qu’il en faut le double (10 kg de MS ingéré) pour la même crois-sance à 17 mois. Entre races,

Des croissances qui passent par un pic en milieu d’engraissement, plus élevé en race à viande et en ration concentré.

Un dossier de 37 pages dispo-nible en version pdf ou papier.

Pour télécharger le document complet : http:/www.syna-gri.comhttp://www.inst-elevage.asso.fr/html1/spip.hp?article16769

Figure 2 : Evolution des croissances en engraissement de jeunes bovins Charolais (CH) et Prim’Holstein (PH) sur des régimes ensilage de maïs (EM) ou 100% blé

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âge (mois)

croissances (kg/j)

CH2 : EM + 4kg

CH4 : 100% blé

PH1 : EM + 2 kg

PH2 : 100% blé

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22 Novembre 2009 - N° 39

alimentation conduite

les indices de consommation sont moins bons pour les jeunes bovins laitiers par rapport aux races à viande (au moins 1 point d’écart sur l’indice de consom-mation entre les Prim’Holstein par rapport aux Charolais quel que soit l’âge). Enfin, il faut noter qu’en race à viande sur des régi-mes très concentrés, les indices de consommation se dégradent très rapidement passé un certain âge (cas des charolais 100 % blé après 15-16 mois par exemple CH4), d’où l’intérêt sur ce type de régimes d’abattre les animaux relativement jeunes.

Des références pour faire des choix pertinentsAu final, ces informations sont synthétisées sous forme de bilan de production par race, par ration d’engraissement et par âge à l’abattage. Ainsi, les per-formances moyennes par type de ration permettent de mieux cibler l’âge à l’abattage par rap-port à des objectifs de poids de carcasse à atteindre. Par exem-ple (tableau 1), avec un régi-me ensilage de maïs et 2 kg de concentrés en engraissement de jeunes bovins Prim’Holstein, on peut viser comme objectif 350 kg

de carcasse à 18 mois. Dans ce cas, si les animaux sont abattus à 20 mois, les carcasses seront alourdies en moyenne de 30 kg. Plus les rations sont concentrées et plus on cherchera à abattre les animaux jeunes pour des ques-tions de finition des carcasses (qui vont s’engraisser plus rapi-dement), mais également pour des questions de coûts de pro-duction (les indices de consom-mation se dégradant au fil de l’engraissement). Les croissances moyennes en Charolais avec un régime ensilage de maïs et 4 kg de concentrés sont de l’or-dre de 1 450 g/j sur l’ensemble de l’engraissement alors qu’el-les sont autour de 1 520 g/j en régime 100 % blé. Dans ce cas (régime blé), repousser l’abattage d’1 mois (de 16 à 17 mois) entraî-ne une dégradation de l’indice de consommation global de 0,4 point alors que la détérioration de l’indice ne serait que de 0,2 point avec un régime ensilage de maïs.Toutes ces références sont donc autant d’éléments d’aide à la conduite de l’engraissement de jeunes bovins, en permettant d’établir des bilans prévisionnels, de réaliser au préalable des simu-lations économiques sur l’impact du choix de telle ou telle condui-te, en permettant de mieux adap-ter le modèle de production au contexte d’exploitation (fourra-ges disponibles,…) et de marché (poids de carcasse recherchés,..), ou en positionnant les perfor-mances d’engraissement ou les bilans de lot des animaux de son propre atelier

Figure 3 : Evolution des indices de consommation en engraissement de jeunes bovins Charolais (CH) et Prim’Holstein (PH) sur des régimes ensilage de maïs (EM) ou 100% blé

CH2 : EM + 4kg

CH4 : 100% blé

PH1 : EM + 2 kg

PH2 : 100% blé

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âge (mois)

indice de consommation (kg de MS/kg de gain)

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Tableau 1 : Bilan de production de jeunes bovins Charolais et Prim’Holstein selon les âges à l’abattage.

Charolais Prim’Holstein

Race et régime alimentaire CH2 : EM + 4 kg CH4 : 100% blé PH1 : EM + 2 kg PH2 : 100 % blé

Age abattage (mois) 16,5 17 17,5 15 16 17 18 19 20 16 17 18

Poids de carcasse (kg) 405 420 435 375 400 420 350 365 380 320 335 350

GMQ moyen (g/j) 1460 1450 1440 1550 1520 1450 1180 1150 1130 1200 1190 1170

Rendement carcasse (%) 58,2 58,6 58,9 57,3 57,8 58,2 51,9 52,1 52,4 51,6 51,7 51,9

Indice de consommation (kg MS/kg gain) 6,3 6,4 6,5 6,0 6,2 6,6 6,9 7,2 7,4 7,5 7,7 7,8

Des repères pour la conduite des jeunes bovins par race et par régime

Les indices de consommation sont moins bons en JB laitiers et se dégradent pour tou-tes les races avec l’âge.

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23Novembre 2009 - N° 39

our limiter le temps de travail, en période hiver-nale, trois voies de sim-

plification ont été explorées : (alimentation en ration unique, diminution des fréquences de distribution, mécanisation de la distribution…). Concernant le travail en période de pâturage, les travaux de recherche permettant de déga-ger des axes de sim-plification sont moins nombreux. Une étude du pôle Herbivores des Chambres d’agricul-ture de Bretagne a été conduite afin de mesurer le temps de travail sur cette période et de comprendre les écarts observés entre exploitations. Elle conju-gue trois approches de l’élevage : allotement, parcellaire et temps de travail. Les enquêtes ont été réalisées auprès de 27 éleveurs spécialisés en vaches allaitantes répartis dans toute la Bretagne, entre mai et juillet 2009. Ces exploitations ont été choisies au hasard en tenant compte des périodes de vêlages du troupeau. En moyenne, elles ont enregistré 65 vêlages (de 44 à 156) sur la campagne 2008 pour une surface moyenne de 81 ha (de 47 à 167). Le nombre d’UTH moyen est de 1,22 en moyenne. 21 élevages sont pilotés par une seule per-sonne. L’échantillon est composé de 14 naisseurs et 13 naisseurs-engraisseurs. Le temps de travail alloué à la production de jeunes bovins sur la saison de pâturage n’est pas pris en compte dans l’analyse ci-dessous.

Un temps de travail d’astreinte du simple au triple Le temps de travail d’astreinte, (travaux quotidiens non différa-bles) a été estimé par les éleveurs enquêtés, selon la méthode «bilan travail». Ce temps de travail jour-nalier moyen varie pendant la

période de pâturage de moins de 45 minu-tes à plus de 3h45. En moyenne, il se situe à 2h04 par jour et tend à s’accroître avec le nombre de vaches. Additionné sur toute

la période de pâturage et ramené au nombre de vêlage par an, pour gommer l’effet taille du cheptel,

il varie de 3,1 h à 14,5 h, pour une moyenne de 8,1 h (graphi-que 1). Ce critère n’est corrélé ni avec la durée de pâturage (252 jours en moyenne), ni avec la durée d’affouragement estival (2 mois en moyenne). Néanmoins, les éleveurs (16 sur 27) apportant un complément de fourrages l’été ont une durée de travail supérieure d’une demi-heure par vache ( 8 h 30 contre 7 h 54). Le nombre de lots d’animaux au pâturage est proportionnel au nombre de vêlages (corrélation de 0,76). Les critères d’allote-ment ont été donc exprimés pour 100 vêlages. Chez les éle-veurs enquêtés, on dénombre

LE trAVAiL En éLEVAgES ALLAitAntS

Des gains de temps possibles en période de pâturage ?Etant souvent à la recherche d’une amélioration des conditions de travail, les éleveurs bovins allaitants se voient proposer des solutions de simplification pour la période hivernale. Qu’en est-il de la période de pâturage ? Réduire le nombre de lots et limiter les mouvements d’animaux semblent être des pistes à privilégier selon une enquête réalisée auprès d’éleveurs allaitants bretons.

travail

Simplifier, avec des

performances équivalentes

Graphique 1 : Temps de travail d’astreinte en fonction de la période de vêlage

La période de vêlage n’est pas déterminante dans le temps de travail

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HeuresVêlages "fin automne-hiver"2 périodesVêlages "Ete-début automne"Vêlages "fin hiver-printemps"Vêlages étalés

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24 Novembre 2009 - N° 39

travail

en moyenne 8,2 lots pour 100 vêlages, comportant chacun 21 animaux avec une grande diversité (graphique 2). Ces lots connaissent 10 remaniements en moyenne (sevrages, sorties d’ani-maux…) pendant le période de pâturage. La gestion du parcellaire a été analysée par îlot et par parcel-le en s’appuyant sur les vues aériennes de l’exploitation. Vingt-neuf parcelles d’une sur-face moyenne de 2,9 ha formant 17 îlots sont exploitées. 85 % des îlots sont accessibles par les animaux. Statistiquement, il n’a pas été possible de montrer l’im-pact des pratiques d’allotement ou l’influence de la gestion du parcellaire sur le temps de travail. Ceci a conduit à une approche multi-factorielle pour prendre en compte les combinaisons poten-tielles.

Quatre conduites-types Ainsi quatre conduites-types ont été mises en évidence.La première, qualifiée de «com-plexe», travail important, est caractérisée par la quantité de travail à fournir nettement supé-rieure à la moyenne : 10,8 h par vêlage enregistré, et par une formule d’allotement complexe :

nombre de lots élevé (plus de 10 pour 100 vêlages enregistrés), lots de petite taille (19 animaux). On trouve parmi ces éleveurs tous types de gestion des vêlages, avec une part plus importante de vêlages d’automne (3/7). Sur les sept exploitants, seulement deux pratiquent les vêlages étalés.La seconde conduite-type «flexi-ble», se caractérise par une fluc-tuation importante du travail au pâturage selon les mois et une part d’herbe dans la SFP plus

réduite. Elle rassemble les éle-veurs sélectionneurs de l’échan-tillon. La taille moyenne des lots est importante mais on y recense aussi des lots à effectif réduit et à fort potentiel génétique. Dans la troisième conduite-type «efficace», les éleveurs ont une formule d’allotement complexe, mais le temps de travail ramené au vêlage est plus proche de la moyenne (8,6 h). Les parcelles accessibles par les animaux sont beaucoup plus grandes ( 4,1 ha contre 3,1). La part de SFP dans la SAU (61 %) laisse supposer une concurrence entre productions chez ces éleveurs impliquant un besoin d’efficacité. La dernière conduite-type, qua-lifiée de «simple» se caractérise notamment par la faible quan-tité de travail fournie ramené au vêlage (5 h 20 par vêlage enregis-tré). Cette logique de simplicité est confortée par un nombre total de lots gérés relativement faible, et un nombre d’animaux dans ces lots élevé. La SFP représente une grande partie de la SAU et la part d’herbe dans la SFP est très importante (près de 90 %). Ces élevages ont également un chargement nettement inférieur à celui relevé dans les autres conduites. On n’observe pas de lien avec des zones pédo-clima-tiques. En ce qui concerne la

Graphique 2 : Répartition des tailles de lots et du nombre de lots

Le nombre de lots diminue quant la taille des lots augmente

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nombre d'animaux par lot au pâturage

nombre de lots pour 100 vêlages

75 % des éleveurs enquêtés sont des adeptes

du pâturage tournant

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25Novembre 2009 - N° 39

Christian Veillaux – Chambres d’agriculture de Bretagne - [email protected]

Aurélien Collin - étudiant ENITA de Bordeaux

gestion des périodes de vêlages, un seul éleveur est en système de vêlages étalés, quatre sont en vêlages fin d’automne/hiver (sur cinq enquêtés ayant cette pratique), trois en vêlages à deux périodes et un seul en vêlages d’automne.

Quelles voies de simplification à approfondir ?La simplification du travail en période de pâturage passe d’abord par une simplification de l’allotement. Celle-ci se traduit par un nombre réduit de lots, d’opérations de réallotement et une taille importante des lots. Elle semble être facilitée par l’organi-sation des périodes de vêlages qui permet notamment de pré-voir des lots d’animaux stables, organisés à la mise à l’herbe et au retour en bâtiment. Les vêla-ges de fin d’automne–hiver sem-blent être ceux qui permettent un gain de temps important sur la période de pâturage (graphi-que 1), mais peuvent présenter un risque accru sur le plan sani-taire pour les veaux (concentra-tion importante en bâtiment) aux dires d’éleveurs enquêtés.

La conduite de lots de génisses «tous âges» est une autre piste de simplification, mais attention notamment au niveau du para-sitisme. Ce dernier est à évaluer en fonction de la pression parasi-taire présente sur l’exploitation.Par ailleurs, les systèmes her-bagers du fait notamment d’un recours moindre à l’apport esti-val de fourrages conservés, sont sources d’économie de temps de travail.Enfin, la simplification d’un sys-tème peut aussi être recherchée à travers une optimisation du parcellaire (parcelles de grande taille), mais celle-ci n’est pas tou-

jours maîtrisable par l’éleveur. L’organisation en paddocks est alors aisée et le déplacement des animaux est facilité. Il intervient plus dans le processus de sur-veillance que dans la réalisation d’une tâche dédiée.Le travail présenté ici met en évidence des voies de simplifica-tion dont certaines peuvent être en contradiction avec les préco-nisations techniques habituelles. Leurs impacts technico-écono-miques feront l’objet d’analyses complémentaires. Simplification ne doit pas rimer avec baisse des performances

Tableau 1 : Caractéristiques des exploitations selon les conduites-types

Conduite-type PopulationenquêtéeComplexe Flexible Efficace Simple

Nombre d’exploitations 7 4 7 9 27

Nombre de vêlages 58 66 55 76 65

Nombre d’UTH 1,14 1,25 1,14 1 ,33 1,22

Surface de l’exploitation (SAU) 64 88 87 86 81

Durée de paturage (j) 261 248 233 258 252

Durée d’alimentation au champs (mois) 1,9 2,1 2,1 1,7 1 ,9

Travail d’astreinte par vêlage enregistré (h) 10,8 9,02 8,6 5,3 8,14

Nombre moyen de lots gérés (pour 100 vêlages) 10,5 6,7 9,6 6,8 8,5

Nombre moyen d’animaux par lot 18,8 22,7 19,7 23,6 21,2

Part de SFP dans la SAU (%) 85 73 61 88 78

Part d’herbe dans la SFP (%) 80 74 75 89 81

Surface d’herbe par animal présent* (ares) 38 48 39 61 47

Nombre de parcelles 24 39 24 32 29

Surface moyenne des parcelles 2,7 2,3 3,6 2,9 2,9* Animal présent : tous types d’animaux hors veaux non sevrés et atelier engraissement

La conduite type «simple» permet de diviser par deux le temps de travail

simplifier en diminuant le nombre de lots au pâturage

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26 Novembre 2009 - N° 39

economie

BœuF PriM’HoLStEin

Un impératif, raisonner la productionLa diminution régulière du cheptel laitier se traduit par une baisse des abattages de vaches de réformes laitières. Parallèlement, la demande du marché français n’a cessé d’augmenter pour ce type de viande. Produisant des carcasses comparables à celles des réformes laitières, le bœuf Prim’Holstein abattu entre 23 et 26 mois peut contribuer à réduire ce déficit structurel. Toutefois, seuls les itinéraires techniques conduisant à des ventes de fin de printemps et d’été permettent d’assurer un niveau de marge satisfaisant.

eux essais, portant cha-cun sur 2 séries de 32 à 36 veaux Prim’Holstein

nés soit en octobre, soit fin mars début avril sont mis en place à la station expérimentale de Mauron entre 2002 et 2008. Dans ces essais, différents itinéraires tech-niques pour une production de bœufs de 19, 24 ou 26 mois sont testés afin de mesurer la faisabi-lité technique et économique.

Au minimum 200 kg à 6 moisLes objectifs de croissance fixés et l’alimentation mise en œuvre sur la phase d’élevage correspon-dent à ceux des génisses laitières de renouvellement. Les veaux sont sevrés à l’âge de 10 semai-nes au poids de 100 kg. Ils reçoi-vent un repas de lait par jour et un concentré fermier distribué

à volonté. Les veaux disposent également de foin et de l’eau à volonté.Les veaux nés à l’automne (sep-tembre-octobre) reçoivent en plus de l’ensilage de maïs à partir de la neuvième semaine d’âge. Après le sevrage, l’ensilage de maïs est rationné pour respecter l’objectif de croissance fixé à 1 000 g/j. Il est complémenté avec un concentré fermier limité à 2,2 kg par animal et par jour. A 6 mois les veaux pesaient 223 kg.Les veaux nés en fin d’hiver (fin mars-début avril) sont alimentés avec du foin et un concentré fermier. La mise à l’herbe a lieu un mois après le sevrage vers le 20 juillet. Du sevrage à la mise à l’herbe, les veaux consomment 2,3 kg d’un concentré fermier

et 1 kg de foin par jour. Ils réa-lisent une croissance journalière de 976 g (objectif 1 000 g/j). L’apport de concentré fermier est maintenu sur la période de pâtu-

rage. En été, de l’herbe enrubannée ou ensi-lée est distribuée pour compenser le manque d’herbe. A 6 mois, les veaux pesaient 217 kg.

Les naissances d’automne abattues à 23-24 moisLes veaux nés à l’automne sont mis à l’herbe début avril et conduits en pâturage tournant, l’apport de concentré et de foin est maintenu jusqu’au 15 juin. A partir de la fin du mois de juillet, l’herbe faisant défaut, les bœufs reçoivent un apport d’ensilage d’herbe, du foin et du concen-tré (0,95 kg/animal/j). Sur cette première saison de pâturage, la croissance journalière est de 770 g d’avril à fin octobre.Au cours de l’hiver suivant (début novembre à fin mars), ce lot est rentré en stabulation et alimenté avec une ration quotidienne d’en-silage de maïs limitée à 5,5 kg de MS, 0,9 kg de tourteau de soja, 0,1 kg d’aliment minéral par ani-mal et de la paille distribuée à volonté. La croissance réalisée avec cette ration est de 745 g par jour.Au printemps suivant, les bœufs sont conduits au pâturage sans aucun apport complémentaire. Après une phase de transition, les bœufs réalisent une croissance

Vendre en fin de printemps-été

Maximiser le pâturage pour réduire les coûts : lot de bœufs pâturant du RGA

au 15 janvier 2007 à Mauron

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27Novembre 2009 - N° 39

Alain Guillaume – Chambres d’agriculture de [email protected]

journalière de 1 360 g. A partir du début août, un apport quotidien d’ensilage d’herbe (6,6 kg MS/animal) est effectué pour com-penser le manque d’herbe. Cette ration de fourrage est complétée par 2 kg de concentré (75 % blé-25 % tx soja) à partir du début septembre. Sur la phase de finition (du 17 juillet à l’abattage au 30 septem-bre), la croissance est de 895 g par animal et par jour. Abattus à 24 mois au poids vif de 684 kg, les bœufs produisent des car-casses de 337 kg classées O- en conformation et 3=/3+ en état d’engraissement.

Les naissances de fin d’hiver abattues à 26 moisLes veaux nés en fin d’hiver sont mis à l’herbe mi-juillet à l’âge de 3,5 mois. Un apport de concentré fermier (2 kg/animal/jour) et du foin sont maintenus sur toute la saison de pâturage. Sur cette première saison de pâturage, la croissance est de 850 g/j de la mi-juillet à la fin-novembre.Au cours de l’hiver, les animaux de ce lot sont rentrés en sta-bulation et alimentés avec de l’ensilage d’herbe distribué à volonté (5,8 kg de MS/animal/j) et complémenté par 0,4 kg de tourteau de soja, 0,7 kg de blé et 0,1 kg d’aliment minéral. Avec cette ration, la croissance est en

moyenne de 850 g/j sur l’hiver.Au printemps suivant, la mise à l’herbe a eu lieu début avril, l’apport de concentré et de foin est maintenu jusqu’au 15 juin. A partir de la fin du mois de juillet, les bœufs reçoivent un apport de fourrage et de concentré pour pallier le manque d’herbe. Sur cette 2ème saison de pâturage, la croissance journalière est de 770 g d’avril à fin octobre.Le pâturage s’est poursuivi jusqu’au 2 février après rajout d’une surface de 50 ares par ani-mal (pâturage des parcelles utili-sées précédemment par d’autres lots). De la paille est mise dans un râtelier à libre disposition des animaux. Lorsque qu’il n’y a plus d’herbe dans les parcelles, les bœufs sont rentrés en stabulation et alimentés avec ration d’en-silage d’herbe (2/3) et de paille (1/3). En fin d’hiver, ils pèsent 588 kg. Sur l’ensemble de l’hiver la croissance est en moyenne de 465 g par jour.Ces bœufs sont finis en fin de printemps au cours de la 3ème année de pâturage sans apport de concentré. Après la transition de mise à l’herbe en début mars, la croissance est de 1 075 g par jour sur la phase de finition. Les bœufs sont abattus le 27 juin au poids vif de 699 kg. Agés de 26 mois, ils produisent des carcas-ses de 347 kg classées O=/O- en conformation et 3+ en état d’en-graissement.

Raisonner la production, se fixer des objectifs…En production de bœufs comme pour les autres productions de viande, l’obtention d’un bon niveau de marge est liée à la maîtrise du coût alimentaire et aussi à la recherche d’un produit brut élevé. Les prix de vente des bœufs laitiers étant plus favora-bles en fin de printemps et en été il est impératif de caler les ventes sur cette période. Les différentes conduites testées à Mauron ont permis de cer-ner les coûts de production et d’identifier les itinéraires écono-miquement les plus intéressants. Ainsi en fonction de la date de naissance du veau, l’âge optimal de vente est de 22 à 24 mois pour les naissances d’automne et de 25 à 27 mois pour les naissances de fin d’hiver. Pour des veaux nés en fin d’hiver, une diminution du cycle de production pour un abattage à 19 ou 23 mois (vente de décembre à mars) ne permet pas de réduire suffisamment le coût alimentaire pour être envi-sagé, compte-tenu du prix de vente du boeuf plus faible à cette période.Avec les prix moyens des trois dernières années (2006 à 2008), dans les conditions pédoclima-tiques de Mauron et sur des surfaces labourables, la marge brute obtenue par hectare de sur-face fourragère, frais financiers déduits, se situe à 710 € par hec-tare de SFP pour le lot «automne» abattu à 24 mois. Pour le lot «fin d’hiver» abattu à 26 mois en fin de printemps, elle atteint 680 €/ha de SFP. Elle n’est que de 380 à 400 €/ha de SFP pour les lots abattus à 19 ou 23 mois. Ces résultats nécessitent une conduite rigoureuse, une bonne maîtrise du pâturage et des coûts de production. Ne sont pas pris en compte dans ce calcul l’aspect complémentarité avec l’atelier lait ou l’utilisation de dérobées permettant d’améliorer ce niveau de marge

Tableau 1 : Résultats obtenus suivant la période de naissance

Période de naissance Automne Fin hiver

Age à la vente (mois)Mois de vente

24septembre

26juin

Poids de carcasse (kg) 336 347

Surface utilisée (ares/ boeuf) dont : - prairie - maïs (rend : 11.5 t MS/ha)Total concentrés (kg / bœuf)

54468

575

54540

450

Nb de bœuf produit / ha SFP 1,85 1,87

Prix du veau (€) Prix / kg de carcasse (€) Coût alimentaire (€/bœuf)Marge par hectare de SPF (€)

1102,7330710

1852,65260680

Né à l’automne ou en fin d’hiver, une bonne maîtrise des itinéraires techniques pemet de dégager une marge satisfaisante.

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28 Novembre 2009 - N° 39

bovins croissance

es résultats génétiques des troupeaux bretons sur les 3 races majeu-

res en effectifs (Limousine, Charolaise, Blonde d’A quitaine) sont supérieurs aux moyennes nationales, notamment en déve-loppement du squelette. En race Blonde d’Aquitaine, le niveau génétique de l’ascendance paternelle est supérieure de 1,2 point comparé au niveau natio-nal. Cet écart atteint près de 10 points pour les 30 % meilleurs. Les taureaux utilisés apportent de la croissance au sevrage (CRsev) et du développement squeletti-que (DSsev). En contrepartie, le poids des veaux à la naissance est supérieur à la moyenne de la race sans néanmoins détériorer l’aptitude au vêlage (tableau 1).La race charolaise se caractérise par un trou-

peau de vaches légèrement supé-rieur à la moyenne nationale. La charo-laise «bretonne» est bonne laitière, ayant

de bonnes aptitudes au vêlage. Ses index sont bien équilibrés et sont situés autour de la base 100 pour l’ensemble des postes (tableau 2).La croissance moyenne des veaux limousins bretons mâles et femelles est respectivement de 1 125 g par jour et 1 020 g par jour. Génétiquement cela se traduit par un index au sevrage identique à la moyenne natio-nale. Par contre, leurs différences portent sur les index élémentai-res. En Bretagne les veaux ont une capacité de croissance et un développement squelettique supérieur. Un effort génétique est nécessaire pour améliorer la part du muscle (tableau 3).

BiLAn génétiquE ALLAitAnt

Un regard pertinent sur la génétique bretonneAu printemps dernier, les éleveurs adhérents à Bovins croissance ont reçu leurs bilans génétiques allaitants. Ces bilans traduisent la valeur génétique des animaux, ils reposent sur les poids à la naissance, sur les croissances jusqu’au sevrage et sur les notes de développement musculaire et squelettique. La synthèse de ces bilans permet de mesurer la valeur génétique du troupeau breton en comparaison aux moyennes nationales. Elle repose sur une base de plus de 10 000 vaches contrôlées. L’édition 2009 intègre les premiers index poids de carcasse pour les taureaux.

Un niveau breton haut de

gamme

Tableau 1 : Ascendance paternelle en race Blonde d’Aquitaine

Race Bretagne 30 %>Bretagne

IFNAIS 99,7 96,6 96,5

CRsev 101,9 104,8 107,8

DMsev 101,1 98,2 101,8

DSsev 102,4 106,2 108,6

ISEVR 102,8 103,7 109,1

AVel 100,7 102,6 104

Alait 100,1 99,9 103,7

IVMAT 102,9 104,1 112,1

Les nouveaux index intègrent les poids de carcarsse des jeunes bovins

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29Novembre 2009 - N° 39

Pierrick Messager – Breizh Bovins [email protected]

David Renault – Bovins Croissance [email protected]

Les nouveaux index «poids de carcasse» Le nouveau sigle IABjbf signifie Indexation Aptitude Bouchère des Jeunes Bovins en Ferme. Il a été diffusé pour la première fois dans les bilans génétiques 2009. Cet index est calculé pour les principales races : Charolaise, Limousine, Blonde d’Aquitaine, Rouge des Prés et Parthenaise.L’indexation ABjbf est réalisée a partir des données des mâles

abattus entre 10,5 et 24 mois. Auparavant les animaux devront posséder leur poids à 210 j ainsi que leurs pointages. Les données servant à indexer sont le poids de carcasse, le classement et l’âge à l’abattage (tableau 4).Cet index de synthèse traduit la capacité de croissance mesu-rée par l’âge à l’abattage et le poids de carcasse. La conforma-tion autre élément de l’index est obtenu grâce au classement.

Pour cette première année, ce sont principalement des taureaux des centres d’insémination qui disposent de ce nouvel index. Les taureaux de monte naturelle pourront également être indexés à condition de posséder un index Isevr, et d’avoir produit au mini-mum 25 jeunes bovins connus avec l’ensemble des éléments d’indexation.Les vaches indexées pourront également avoir cet index à condition d’avoir au minimum un taurillon abattu.Hormis l’indexation poids de car-casse, l’analyse des données de la base régionale met en évidence le fait que les adhérents à la chaîne génétique commercialise, toutes races confondues, les animaux à un âge plus précoce, tout en obtenant des poids de carcasse supérieurs

Exemple de traduction des nouveaux index : Ionesco et Highlander sont deux taureaux possédant respectivement des index IABjbf de 122 et 91. Ceci se traduit par l’aptitude de Ionesco à produire des Jeunes bovins à croissance rapide (CRsev) et bien confor-més (DMsev). Highlander quant à lui possède des index faibles sur ces critères et n’est donc pas le meilleur choix pour la production de jeunes bovins.

Les index • IFNAIS facilité de naissance • CRsev capacité de croissance avant sevrage • DMsev développement musculaire au sevrage • DSsev développement squelettique au sevrage • AVel aptitude au vêlage • ALait aptitude maternelle à l’allaitement • ISEVR synthè-se au sevrage (combine IFNAIS, CRsev, DMsev, DSsev) • IVMAT synthèse de valeur maternelle au sevrage (combine ISEVR, AVel, ALait).Plus d’informations : Cap Elevage 33 – Avril 2009

Tableau 2 : Ascendance maternelle en race charolaise

Race Bretagne 30%>Bretagne

IFNAIS 102 101,8 102,4

CRsev 98,5 99,7 102,8

DMsev 98,8 98,6 100

DSsev 98,6 100 102,2

ISEVR 98,1 99,7 104,2

AVel 100,5 100,9 101,2

Alait 99,8 100,5 102,4

IVMAT 98,2 99,8 105

Tableau 3 : Index veaux limousins

National Bretagne 25%>Bretagne

IFNAIS 100,4 98,6 99,1

CRsev 100,9 102,2 105,1

DMsev 100,4 99,5 102,3

DSsev 100,7 102,6 102,1

ISEVR 101,2 101,2 105,9

Tableau 4 : Analyse poids de carcasse

Adhérents Bovins Croissance (3 478 animaux)

Source Bovins croissance

Ensemble des élevages Bretons (66 946 animaux)

Source Pôle Herbivores 2003-2005

Limousin Charolais Blond d’Aquitaine Limousin Charolais Blond

d’Aquitaine

Age à l’abattage 19 m 8 j 18 m 16 j 19 m 20 m 18 j 20 m 9 j 20 m 9 j

Poids de carcasse 427 kg 431 kg 450 kg 425 kg 429 kg 447 kg

GMQ 1 110 g 1 240 g 1 155 g 1 035 g 1 120 g 1 072 g

Le bilan génétique de votre élevage : un document d’une vingtaine de pages

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30 Novembre 2009 - N° 39

filière

LE VEAu dE BouCHEriE

Un atout pour le marché de la viande bovine en EuropeComment font les autres grands pays producteurs de lait pour valoriser leurs petits veaux ? Il n’existe pas dans le monde, de filières veaux de boucherie aussi développées que la filière européenne. Ainsi en Europe, la production de veaux de boucherie ne vient pas déstabiliser le marché de la viande rouge.

n automne 2008, le prix du veau de 8 jours à trois semaines frôlait la barre

des 50 €. A cette époque la filière veaux de boucherie pesait de tout son poids pour faire baisser le prix du petit veau. Ainsi, elle essayait de limiter le coût de pro-duction qui avait flambé suite à une hausse sans précédent de la poudre de lait et du lactosérum.

Peu de valorisation en Océanie

En Nouvelle-Zélande et en Australie les veaux sont surtout destinés à la production de vian-de rouge et à ce titre ils sont vendus aux alentours de 30 € par tête (source : Stuff.co.nz juillet 2008). Les autres veaux appelés bobby calf sont abattus peu de temps après leur naissance et on utilise les abats, la présure et la peau.

Une petite filière en Amérique du NordAux Etats-Unis et surtout au Canada la présence de commu-nautés italiennes et françaises a permis le développement de filières proches de celle du veau

de boucherie que l’on connaît en France. Les veaux de lait au Canada ou les spécial fed veal aux Etats-Unis reçoi-vent une alimentation à base de produits lai-tiers. Les veaux de grain au Québec sont alimentés essen-tiellement avec des céréales. Le Canada produit 250 000 veaux

de boucherie chaque année, à comparer à leurs 5,5 millions de veaux nés dont 900 000 veaux laitiers. Aux Etats-Unis, 8 mil-lions de veaux laitiers naissent chaque année

et seulement 500 000 veaux de boucherie sont produits. La pro-duction reste donc très modeste et les bons veaux mâles laitiers ne sont pas payés très cher. Leur prix varie entre 7 et 45 € par veau, bien en-dessous des prix pratiqués en Europe (graphique).

La filière veaux de boucherie un atout !Ainsi, la filière veaux de bouche-rie, en valorisant pratiquement 28 % des veaux du bassin laitier européen contribue au maintien de leur prix. D’autre part, elle permet de valoriser les poudres de lait et les lactosérums. Elle

Prix du veau de 8 jours : comparaison France Amérique du Nord.

Source France Agrimer et Fédération des producteurs de bovins du Québec

Bobby calf australien

«spécial fed veal T-bone» un plat apprécié par les nord-américains

Le marché de la viande rouge préservé d’un engorgement

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Mis en place sur l’initiative du GIE Lait-Viande de Bretagne et financé par France Agrimer, et Interbovi-Interbev, le réseau de référence «veaux de bouche-rie» compte actuellement 40 élevages, suivi par les ingénieurs de la recherche appliquée des Chambres d’agriculture de Bretagne et de l’Institut de l’Elevage. Il a fourni des références sur les consommations d’énergie. La consommation d’énergie directe chez un éleveur de veau intégré équivaut à 15 % de ses charges d’ex-ploitation, soit 10 à 15 € par veau. La production d’eau chaude correspond aux 3/4 de cette consommation. Le gaz est le plus souvent utilisé pour la préparation du repas, dans environ 80 % des élevages. Quelle que soit cependant la source d’énergie utilisée (gaz, électricité, fioul), la consommation se situe autour des 110 kwh par veau. Face aux écarts constatés, du simple au double entre élevages, la démarche de diagnostic s’avère indispensable avant de chercher à économiser cette énergie.Les points suivants doivent être observés en prio-rité :- Le générateur d’eau chaude : sa puissance est-elle

adaptée à la taille de l’élevage, est-il en état de bonne marche, pour fournir de l’eau chaude conforme à la consigne ?- La cuve de stockage d’eau chaude est-elle bien isolée et adaptée aux besoins ?- Le réseau de transfert est-il bien isolé ?Les prix du gaz appliqués chez les éleveurs du réseau vous seront communiqués prochainement.

Le réseau d’élevage veaux de boucherie et les consommations d’énergie

31Novembre 2009 - N° 39

Philippe Briand, Jean-Pierre [email protected] - [email protected]

avec le concours d’Aurélie Cloarec stagiaire au service économie de la Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine

évite aussi d’engorger la filière viande rouge. C’est un atout spé-cifique qui n’a pas d’équivalent dans le monde. Pourtant c’est aussi une production qui vient de traverser une crise sans pré-cédent qui a laissé de nombreux producteurs sur le bord de la

route. Les prix de la poudre et du lactosérum avait quasiment doublé en 2007 pour retrouver leur niveau initial l’année sui-vante. Après le prix des matières premières, c’est au tour de la consommation de déstabiliser la filière. Les débouchés ont fléchi de 10 % en Europe au cours de l’année 2008. Par rapport aux autres viandes, c’est la viande de veau de boucherie qui résiste le moins dans le contexte de crise actuel. La recherche d’un équili-bre entre coût de production et prix de vente est un défi perma-nent. C’est pourquoi améliorer la compétitivité de la filière veaux de boucherie par la maîtrise des coûts de production est le thème principal du 4ème réseau veaux de boucherie.Des aspects positifs peuvent contribuer au renouvellement des générations chez les éleveurs : la viande de veau est reconnue pour ses qualités et l’image de la production a été valorisée, suite à la mise aux normes s’accompa-gnant de la rénovation du parc

bâtiment. Ajoutons qu’il existe une liaison assez étroite entre production et distribution

La viande de veau de boucherie est reconnue pour ses qualités

Des recettes québecoises disponibles sur www.veaudegrain.com

entendu, vu, lu

La production d’eau chaude : les 3/4 de la consommation d’énergie en

bâtiment veau de boucherie

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32 Novembre 2009 - N° 39

santé

l’automne, les stron-gles digestifs de la caillette ou de l’in-

testin vont en majorité évoluer vers des formes enkystées pour passer l’hiver. Cela rend le dia-gnostic délicat à cette époque, car les vers arrêtent de pondre des œufs (encadré). Il faut de plus raisonner la prévention et les traitements en fonction de la des-tination des animaux. Les mâles destinés à l’engraissement méri-tent un traitement plus précoce, alors qu’il faut privilégier l’acqui-sition de résistance aux strongles chez les femelles d’élevage. Dans tous les cas, le sevrage qui est une période de stress immuni-taire est la période à privilégier, s’il faut traiter.La bronchite vermineuse n’était que peu rencontrée ces dernières années. On note, cependant en fin d’été, une augmentation signi-ficative des élevages confrontés à cette parasitose. Lorsque plusieurs animaux sont atteints simultané-ment, l’origine parasitaire de la

toux est confortée. A l’inverse une propagation en tache d’huile est plutôt signe d’une affection virale ou bactérienne.L’apparition de la bronchite ver-mineuse est liée de façon directe à la charge parasitaire à laquelle est soumis le bovin et à son immu-nité vis à vis de cette infestation. L’arrivée des larves provoque un emphysème accompa-gné d’une toux com-parable à celle induite par le virus syncytial. Dans tous les cas, il faudra en tenir compte lors des traitements afin de ne pas laisser des animaux « porteurs » dans le troupeau.Juste avant l’hiver, la douve et le paramphistome qui ont un cycle long au niveau des pâtures sont dans leur période d’infestation maximale des bovins. Pour eux, l’immunité des animaux joue peu, du broutard à l’animal adulte tous les bovins qui ont pâturé des parcelles à risque peuvent être concernés. C’est au printemps qu’on peut repérer les limnées,

petits escargots aquatiques indis-pensables au cycle de ces parasi-tes. Sinon il faut s’en remettre au diagnostic de laboratoire (enca-dré). La paramphistomose est d’apparition récente dans l’Ouest

de la France, il faut être vigilant car les traite-ments classiques douve ne suffisent en général pas à la maîtriser.Chez les jeunes bovins en croissance, la coc-cidiose sub-clinique

est relativement fréquente. Des travaux ont montré que des trai-tements prophylactiques contre Eimeria zuernii et Eimeria bovis permettaient d’obtenir des gains de croissance et une meilleure résistance aux affections respira-toires classiques lors de la mise en lots. En cas de doute, un dia-gnostic s’impose.Enfin, les animaux à la rentrée à l’étable peuvent se trouver confrontés aux parasites exter-nes : poux, teigne (dartres)… Il faut éventuellement en tenir compte dans le choix des straté-gies de traitements

LE BiLAn PArASitAirE d’AutoMnE

Couper les cycles parasitaires l’hiver et à la rentrée en bâtimentLe sevrage des broutards, la mise en lot des animaux d’engraissement, la rentrée en stabulation… autant d’occasions de se poser la question de sa conduite en matière de prévention et de traitement des parasites des bovins.

L’accumulation des adultes, qui mesurent quelques cm de long, peut provoquer une broncho-trachéite par obstruction, à l’origine d’une forte détresse respiratoire. Une centaine de parasites adultes suffit à provoquer la toux.

Le guide «Connaître et gérer les parasites sur vos pâturages, guide pratique de l’éleveur» - septem-bre 2004 – est dis-ponible auprès des Chambres d’agri-culture de Bretagne (Pôle Herbivores) au prix de 15 €.

Les parasites préparent

leur hivernage

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33Novembre 2009 - N° 39

Rémy Vermesse - Union bretonne des [email protected]

Comment diagnostiquer une pathologie parasitaire ?

Parasit’Info : une aide à la décision

Parasit’info est un logiciel d’aide au conseil en matière de lutte contre les parasites des bovins. Il permet d’établir dans chaque élevage, un diagnostic personnalisé du risque parasitaire. Parasit’Info est maintenant disponible en version web, une démonstration est accessible sur le site www.parasitinfo.fr ou sur demande auprès de votre GDS.

En un coup d’œil, pour chaque lot

d’animaux, les périodes en

rouge alertent l’éleveur ou

son conseiller sur les risques

strongles ou grande douve

Les analyses coprologiquesRéalisées à partir de prélèvements de bouses, elles consistent à mettre en évidence les œufs ou les larves de parasites, afin de les identifier et de les compter.Les résultats d’une analyse coproscopique doivent être interprétés avec beaucoup de précautions. Tout d’abord, les niveaux d’excrétion sont variables selon les espèces et le stade de l’infestation. A l’automne on peut retrouver des œufs de douve et de paramphis-tome. Les strongles sont par contre peu productifs à cette période, d’où un risque de faux résultats négatifs. Ensuite, il n’y a pas de liaison directe entre le niveau d’excrétion et la gravité des symptômes. Enfin, aucun seuil précis «d’ookyste/g de féces» n’est communé-ment admis. De plus, si aucune diagnose d’espèce de parasites n’est réalisée (quelle coccidie, quel strongle ?), il faut rester prudent dans l’interprétation, car toutes n’ont pas le même pouvoir de ponte, ni le même pouvoir pathogène. Face à une suspicion de bronchite vermineuse, le diagnostic repose sur la mise en évidence de larves dans les fèces par coproscopie de Baermann ou de Mc Kenna. Il se réalise sur prélèvement individuel ou sur mélange issu de trois animaux maximum. Les pré-lèvements sont individuels, le mélange est réalisé au laboratoire. En raison de la fragilité des larves, le dia-gnostic doit être réalisé dans les 12 heures qui suivent le prélèvement. Pour les autres espèces de parasites, il vaut mieux respecter un délai de 24 heures au maxi-mum, sous couvert du froid, mais sans congélation.Les analyses sérologiquesOn peut rechercher dans le sang la présence d’anti-corps qui sont le témoin d’une infestation, notamment

par la grande douve. On dispo-sera rapidement à l’avenir aussi d’analyses pour les strongles digestifs.En pratique, c’est la sérologie douve qui la plus pratique d’uti-lisation, les anticorps apparais-sent 1 à 2 mois après la période maximale d’infestation. Les prises de sang sont donc à réaliser en novembre-décembre, à la condition de se situer au moins six mois après un traitement. Des prélèvements sont à réaliser sur 5 animaux d’un lot (même système de pâturage au cours d’une saison complète).Les analyses biochimiquesEn cas d’infestation par les strongles de la caillette, les jeunes bovins présentent un taux de pepsinogène dans la circulation élevé. Mais cette analyse n’est interprétable que sur les bovins de première année de pâture, à l’automne ou au moment de la rentrée. On réalise en général un sondage de cinq prises de sang pour un lot.Les systèmes expertsIl est possible de prévoir en fonction du système de pâture et des données météo locales les risques de strongles digestifs et douve grâce à un logiciel expert comme Parasint’Info.Grâce à la saisie du planning complet de pâturage, il est possible d’affiner beaucoup la prévision à la fois du risque parasitaire, mais aussi de l’acquisition par les bovins d’une immunité vis à vis des strongles.

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34 Novembre 2009 - N° 39

contrôle laitier

hez Jean-Claude et Jacqueline L’Hostis, éle-veurs sur la commune

de Plouarzel, la soixantaine de vaches vêlent de fin août à février. Les 40 premiers veaux sont gar-dés et élevés en bœufs et génisses de renou-vellement. L’objectif est clair : faire vêler à 2 ans pour conserver la période de vêlage et conduire les veaux en lots homogènes. Pour les éleveurs, l’homogénéité des lots est primordiale dans la ratio-nalisation du travail et de l’ali-mentation. Mais cette stratégie n’est pas arrivée là par hasard.

Le suivi génisses : toute une histoireEn 1987, Jean-Claude démarre le suivi génisse en groupe, alors animé par Jean-Luc Le Mat, de la Chambre d’agriculture. Très vite, le vêlage précoce lui apparaît comme une évidence tant sur l’aspect économique, organisa-

tion du travail que carrière des animaux. Jean-Claude se lance alors dans la pesée régulière de ses animaux. Les résultats sont vite au rendez-vous puisque sur les archives de l’élevage datant

de 1991, les génisses atteignent déjà des croissances moyenne de 800 g/jour.«Et pourtant, Jean-Claude souvient : à l’époque, tout était à faire : apprendre à

gérer la phase lactée, sortir les jeunes génisses à l’herbe, ration-ner le maïs... mais en groupe, on se stimule et on progresse vite.»Depuis 1995, c’est en suivi individuel avec Pierre Cornen, conseiller spécialisé génisses de Bretagne Contrôle Laitier Ouest, qu’il continue de faire évoluer ses pratiques. Depuis 2008, il a «troqué» sa bascule contre un barymètre. «La bascule aurait mérité plus d’entretien, avoue l’éleveur. Avec le barymètre, dès lors qu’on a des cornadis, c’est rapide et facile de mesurer les

génisses. Même si j’ai mainte-nant acquis un bon coup d’œil, mesurer me conforte sur les déci-sions à prendre tant au niveau du sevrage que de l’insémination.»

Un suivi qui rapporteDans l’élevage, les résultats sont appréciables : les lots de génisses se suivent et se ressemblent en terme de régularité de croissance. Les lots de l’hiver dernier annon-çaient 108 cm de tour de poitrine à 2 mois (pour un objectif entre 98 et 109 cm), le lot de 12 mois atteignait les 157 cm en moyenne

VêLAgE PréCoCE

Une réalité depuis 20 ans à l’Earl de LanniouarnLe suivi génisses peut être un moyen de caler la conduite de ses génisses et de parvenir à faire baisser l’âge au vêlage dans son élevage. Voici un témoignage d’éleveurs qui pratiquent le vêlage précoce depuis 20 ans.

Croissance moyenne de 800 g/jour

En BretagneL’âge au vêlage moyen des génisses en Bretagne est de 29 mois depuis des années. Et pour-tant ! Outre l’aspect économique indéniable (1 euro/1 000 litres par mois d’âge gagné), le vêlage pré-coce présente un intérêt certain dans la rationalisation du travail et de l’alimentation des génisses.

Canadère, âgée de 22 mois, va vêler d’ici 3 semaines : Jean-Claude L’Hostis (à gauche) et Pierre Cornen (à

droite) apprécient son développement

Les génisses de première année d’herbe bénéficient

d’une herbe de qualité toute la saison

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35Novembre 2009 - N° 39

Elisabeth Beuzit – Bretagne Contrôle Laitierelisabeth.beuzit@bretagne-contrôle-laitier.fr

(objectif entre 150 et 162 cm) et le lot de 15 mois prêt à être insé-miné faisait 174 cm de moyenne (objectif 164 à 178 cm). L’âge moyen au vêlage est de 26 mois avec un niveau vêla-ge primipare de 30,9 kg de lait sur la dernière campagne. D’un aspect visuel, les primipares ne se démarquent même pas des multipares. Le vêlage précoce n’est abso-lument pas un frein à la vente de génisses. Chaque année, les éleveurs vendent 5 ou 6 primipa-res. Ils assurent que les acheteurs savent reconnaître les beaux ani-maux, d’autant plus qu’ils ont vêlé jeunes.

Un suivi qui apporteLes rencontres régulières entre Jean-Claude L’Hostis et Pierre

Cornen sont toujours des temps forts pour échanger sur les résul-tats de croissance et les évolu-tions de conduite à mettre en oeuvre. «Discuter avec un homme d’expérience qui vous propose différentes techniques permet toujours de trouver des solutions pratiques adaptée à son élevage», estime Jean-Claude. C’est ainsi qu’en 2003, ils ont fait évoluer le plan lacté pour gagner en temps de travail : le plan «lait entier en 2 repas par jour» est remplacé par un plan «lait mixte (mélange instantané de lait entier et de lait en poudre) en 1 repas par jour». Ils ont également essayé la ration complète pour les veaux, pour arriver finalement à la techni-que foin et concentrés. La der-nière grande amélioration dans la conduite des génisses a été la

mise en place d’une case collec-tive supplémentaire juste avant sevrage : les veaux s’habituent en case collective et au grand volume d’air sans changer leur alimentation. «Une case tampon qui ne coûte pas cher mais qui change beaucoup de chose sur la croissance des veaux,» explique l’éleveur.«Même après 22 ans de suivi, j’ai besoin de faire le point une fois par an sur l’élevage de mes génis-ses : ça m’oblige à garder le cap et à faire évoluer mes pratiques. Je pourrais essayer le 6 repas semaine ou le plan lacté constant par exemple. Mais il faut souvent que l’on en discute plusieurs fois avant que je fasse le pas !»

- avoir une lampe chauffante pour les petits veaux un peu faibles- s’équiper d’un système de dis-tribution d’eau simple et prati-que, y compris pour les veaux en cases individuelles (cf photo des pipettes)- s’équiper d’un bac (avec réchauffe-lait) sur roulette pour transporter le lait dans la nur-serie- sortir les génisses de première année d’herbe avec quelques grandes qui connaissent les limi-tes du paddock et qui éduque-ront rapidement les petites

Pour Jean-Claude L’Hostis, les étapes à ne pas manquer pour inséminer dès 15 mois et faire du vêlage précoce sont :- la phase veau : bien gérer le plan lacté et l’ambiance du loge-ment pour éviter les diarrhées- le sevrage : éviter tout stress (ali-mentaire, logement, écornage)- le rationnement hivernal aux dif-férents âges : être rigoureux sur le temps de consommation- la mise à l’herbe précoce des animaux : privilégier une herbe de qualité pour les jeunes, pré-voir la gestion du parasitisme

Astuces vues et entendues dans l’élevage

Un système de pipette permet ici l’abreuvement des veaux en cases individuelles : pas de transport d’eau, pas de

seaux à laver, pas d’humidité ambiante supplémentaire

Une lampe chauffante peut aider quelques veaux à bien démarrer après la naissance

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la vie des stations

Novembre 2009 - N° 39

StAtion ExPériMEntALE dE MAuron

Couverts végétaux ou dérobéesUn mélange RGI-trèfle incarnat a été semé sur 7 ha sous couvert du maïs le 23 juin. Nous avons également convenu de récolter des dérobées semées après des céréales chez 2 agriculteurs voisins qui n’ont pas de bovins pour les valoriser. Outre l’obligation de mettre en place un couvert végétal pendant la période de risque de lessivage, l’objectif est bien de valoriser ce couvert par les animaux pour diminuer les coûts de production.

la station expérimentale de Mauron, les parcelles qui pourraient rester nues l’hiver sont celles en maïs ensilage réimplantées

à nouveau en maïs l’année suivante. Les parcelles éventuellement en céréales sont généralement mises en herbe après la récolte pour quelques années. Les semis de RGI après la récolte du maïs sont souvent tardifs et ne permettent pas un pâturage ou une récolte avant l’hiver. Depuis déjà plusieurs années, nous semons du RGI sous couvert dans le maïs. Pour les parcelles accessibles, le RGI est pâturé et pour les autres, il est détruit en fin d’hiver. Le semis de RGI à 25 kg/ha est réalisé avec la bineuse lorsque le maïs est entre 50 et 80 cm de hauteur. Avant ce stade, le RGI se développe trop vite et après on abîme trop le maïs. Et une fois le maïs ensilé, le ray-grass démarre rapidement.Cette année, nous avons semé, le 23 juin, 7 ha d’un mélange RGI-trèfle incarnat sous couvert du maïs en espérant augmenter le rendement et la valeur alimentaire de cette dérobée. La récolte est envisagée sur une partie sous forme de pâturage avant et après l’hiver et sur l’autre partie, sous forme d’ensilage au printemps prochain.Deux voisins producteurs de porcs et céréaliers implantent aussi des couverts qui sont généralement enfouis. Dans l’objectif d’une valorisation par des bovins, un mélange RGI-vesce-trèfle incarnat a été semé début août après une orge. Cette parcelle sera en maïs en 2010. Dans une autre parcelle, avec des

légumes dans la rotation, il a été semé un mélange seigle-avoine et une avoine de printemps que l’agri-culteur récolte et utilise pour ses couverts. Dans les parcelles avec des légumes dans la rotation, il est sou-haitable de ne pas implanter du trèfle pour limiter le risque de sclérotinia pour la culture de légume. Il est envisagé de récolter ces 2 parcelles en fin d’automne et au printemps. La récolte au printemps devra être relativement précoce pour ne pas pénaliser le rende-ment des cultures suivantes.L’objectif est de mesurer le rendement possible de ce type de dérobée, la valeur alimentaire et aussi le coût de production (implantation, récolte…)

Daniel Le Pichon – Chambres d’agriculture de [email protected]

Mélange RGI-trèfle incarnat au moment de l’ensilage de maïs le 15 septembre

Mélange RGI-vesce Trèfle incarnat au 12 octobre semé après une orge Mélange seigle-avoine au 12 octobre