Les Matrices de Comptabilité Sociale · Calculer les principaux agrégats et ratios...
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1. Les documents comptables
La MCS fait partie de la grande famille des tableaux économiques et
constitue une généralisation du tableau « entrée-sortie » de Leontief.
Les MCS s’intéressent donc bien aux flux monétaires entre les agents
économiques. Les Matrices de Comptabilité Sociale (MCS) permettent alors
de synthétiser en un tableau unique l’ensemble des transactions (flux)
réalisées entre les différents agents économiques et constituent, de fait, une
synthèse du Tableau Entrée Sortie (TES) et du Tableau Economique
d’Ensemble (TEE).
L’utilisation des tableaux comptables peut être complétée par des enquêtes
ménages afin par exemple, de prendre en compte les activités informelle ou
des caractéristiques particulières des ménages. En effet, un des avantages
de la MCS réside dans sa flexibilité permettant une plus ou moins grande
désagrégation des activités, des secteurs institutionnels et des facteurs de
production en fonction de la disponibilité des informations et des intérêts du
constructeur.
1.1. Le Tableau Economique d’Ensemble
Le Tableau Economique d’Ensemble (TEE) permet de décrire l’équilibre
global de l’économie en synthétisant tous les comptes institutionnels et toutes
les opérations en un seul tableau.
Il permet de :
Voir d’où vient le revenu national
Décrire la répartition de ce revenu entre les agents
Mettre en valeur la répartition du revenu entre consommation et
épargne.
Décrire l’équilibre financier.
Calculer les principaux agrégats et ratios économiquement significatifs.
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Figure 6 : Tableau Economie d’Ensemble
1.2. Le Tableau Entrée-Sortie
Le Tableau Entrée-Sortie (TES) décrit l’équilibre des opérations sur biens et
services détaillé par branche d’activité.
L’intérêt majeur de ce tableau est de montrer les interdépendances entre les
branches et, de ce fait, la manière dont les variations de l’activité d’une des
branches affectent les autres branches et donc leur production. Il
décompose la valeur (au prix de marché) des biens et services offerts sur les
marchés en productions distribuées et en importations.
La production est évaluée hors TVA et droits de douanes. Pour obtenir des
ressources évaluées aux prix de marché (comme les emplois), il faut ajouter la
TVA et les droits de douanes, nets de subventions à l’importation. Dans un TES,
la production est évaluée en prix à la production (avant commercialisation)
et on insère une colonne supplémentaire pour ajouter les entreprises
commerciales chargées de la commercialisation des produits. Dans un TES les
exportations sont évaluées sans subventions et hors taxes.
- Le tableau des entrées intermédiaires : Chaque colonne décrit les
achats d’une branche en produits des diverses branches. Chaque
ligne décrit les ventes d’un produit aux diverses autres branches qui
l’utiliserons à titre de consommation intermédiaire. La diagonale
montre l’intra-consommation de la branche.
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- Le tableau des emplois finals : Il montre les différents emplois d’un
produit au stade final : consommation, investissement ou exportation.
- Le tableau de production par branche : Il retrace les comptes de
production par branches et décrit la liaison entre la production des
branches et la consommation intermédiaire de biens et services
nécessaires à celle-ci. Son solde est la valeur ajoutée brute dans
l’optique de production.
- Le tableau des ressources en produits : Il reprend la production en
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produits et y ajoute les diverses ressources non produites susceptibles
de faire l’objet d’emplois finals et intermédiaires et permettant
l’équilibre emploi-ressource.
- Autre tableau : Calcul du PIB.
1.3. Le Tableau des Opérations Financières de l’Etat
Le Tableau des Opérations Financières de l’Etat (TOFE) présente l’ensemble
des opérations de l’Etat de la constitution à la distribution de son revenu.
Dans la MCS on ne s’intéresse qu’au compte courant du TOFE, à la création
des besoins ou des capacités de financement, au flux et non au stock. Le
compte de capital est un stock donc on ne s’y intéresse pas. L’épargne de
l’Etat est la différence entre les recettes courantes et les dépenses courantes
de l’Etat.
Figure 8 : Le Tableau des Opérations Financières de l’Etat
1.4. La Balance des Paiements
La balance des paiements (BP) est constituée de trois comptes :
- Le compte courant : il regroupe transactions courantes et transferts
courants: Biens et services ; Revenus (du travail et du capital).
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- La balance des paiements évalue les flux avec subvention et avec
taxes alors que la MCS évalue les exportations et les importations au
prix de marché c'est-à-dire taxes comprises, nettes de subventions.
- Le compte de capital : il regroupe les transferts en capital et les
transactions sur actifs non financiers non produits.
- Le compte d’opérations financières : toutes les transactions portant sur
des éléments financiers : Investissement direct, Investissement de
portefeuille, Autres investissements, Avoirs de réserves.
Figure 9 : La balance des paiements
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2. Les Matrices de Comptabilité Sociale
Rarement disponible, la M.C.S doit le plus souvent être élaborée par le
modélisateur lui-même. Le travail peut être long car il est souvent nécessaire
de retourner aux sources d’informations primaires (bilan des entreprises,
recensements, enquêtes budget-consommation, etc.). Le degré de
sophistication de la matrice dépend des questions auxquelles le modélisateur
cherche à répondre. Par exemple, il est possible de répartir les ménages
suivant leur niveau de revenu de manière à mettre en évidence des groupes
cibles homogènes (les urbains et les ruraux, les riches et les pauvres, etc...); de
distinguer les firmes selon leurs types et leur dimension; de classifier le facteur
travail pour tenir compte des divers niveaux de qualification (main d’œuvre
du secteur moderne et du secteur traditionnel, etc...).
2.1. Les institutions dans une MCS
Le principe de la comptabilité utilisé établit que chaque institution dispose de
ressources en provenance de diverses sources qu’elle affecte à différents
emplois (ou dispose de revenus qu’elle alloue à différents postes de
dépenses). Par exemple, le gouvernement reçoit un revenu sous la forme de
recettes tarifaires (revenu ou ressources) qu’il utilise pour consommer et
épargner (dépense ou emploi).
Une MCS retrace l’ensemble des revenus et dépenses (ou emplois et
ressources) de chaque institution. Elle se présente sous la forme d’un tableau
carré comportant n lignes (indicées i) et n colonnes (indicées j), où n représente le nombre d’institutions. Ces éléments, notés 𝑒𝑖,𝑗représentent les
ressources que l’institution i reçoit de l’institution j.
Les totaux en ligne et en colonne représentent respectivement le total des
revenus (Ri) et le total des dépenses (Di) de chaque institution.
Chaque total à la propriété:
𝑅𝑖 = 𝑃𝑗 ∗ 𝑒𝑖𝑗 𝑒𝑡 𝐷𝑖 = 𝑃𝑗 ∗ 𝑒𝑖𝑗 donc 𝐷𝑖 = 𝑅𝑖 (1.14)
On voit que 1.14 met en exergue la contrainte budgétaire de chaque
institution.
2.2. Une MCS standard se présente sous forme de cinq
comptes agrégés
Le compte de facteurs reprend la désagrégation des rémunérations de
facteurs reçues par les agents. Le secteur productif rémunère le travail et le
capital, qui est transféré aux ménages, aux entreprises et à l’Etat détenteur
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des facteurs de production à travers le compte facteurs. Le compte des
facteurs peut être compris comme un compte transitoire permettant une
désagrégation des revenus de facteurs travail et capital entre les différents
agents économiques
Le compte courant des unités institutionnelles résidentes comprend les sous
comptes "ménages", "entreprises", "Etat et administrations publiques", chacun
pouvant être désagrégé à son tour en plusieurs sous comptes et le compte
courant « reste du monde » comprend les unités non résidentes.
Le sous compte des ménages perçoit des revenus de facteurs (travail et
capital), et des revenus de transfert des entreprises, de l’État et du reste du
monde. Il verse des taxes et des prélèvements sociaux, acquiert des biens et
services de consommation, procède à des transferts aux autres unités
institutionnelles; le revenu résiduel est épargné par le ménage via le compte
d’accumulation.
Le sous compte des entreprises reçoit une part des profits générés par les
activités productives, et des revenus de transfert des autres unités
institutionnelles résidentes et du reste du monde (ligne 2). Ce revenu est
partiellement transféré - sous forme d’intérêts, de dividendes, de loyers,
d’impôts et de prélèvements sociaux obligatoires - aux propriétaires d'actifs
financiers, aux actionnaires et à l’État ; le résidu, c’est-à-dire l’épargne des
entreprises, est imputé au compte d’accumulation.
Le sous compte de l’Etat et des administrations publiques retient une part des
revenus générés par les agents et les transactions économiques sous forme
de prélèvements obligatoires (impôts sur le revenu et la richesse, impôts sur la
production et sur les produits, et impôts et taxes sur les importations et les
exportations) et des revenus de transfert des autres institutions résidentes et
du reste du monde. Le revenu du compte de l’Etat et des administrations
publiques est alloué aux achats de services de l'administration publique, des
transferts et des subventions aux ménages, aux sociétés et au reste du
monde; le revenu excédentaire ou déficitaire est transféré au compte
d’accumulation.
Le sous compte reste du monde synthétise les transactions entre les agents
résidents et non-résidents. Le reste du monde reçoit les revenus de vente des
biens et services à l’économie nationale (importations) et des transferts des
agents résidents. A son tour, le reste du monde achète des biens et services à
l’économie nationale (exportations) et transfère des revenus aux unités
institutionnelles résidente. Un solde excédentaire correspond à un
investissement net des agents non-résidents dans l’économie nationale et un
solde déficitaire correspond à un investissement net des nationaux à
l’étranger.
Le compte d’accumulation combine la formation brute de capital fixe
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(investissement) et les variations de stocks. Il collecte les épargnes des unités
institutionnelles résidentes et non résidentes pour l’investissement. Le compte
d’accumulation retranscrit les besoins et capacités de financement des
unités institutionnelles et non la manière dont ces besoins ou capacités de
financements ont été utilisés (Compte financier).
Le compte des activités productives génère des recettes issues de la vente
de produits. Les dépenses de ces activités incluent l'achat de matières
premières et de produits intermédiaires, la rémunération des facteurs de
production (travail et capital) et le paiement de taxes sur la production nette
de subvention à la production.
Le compte des produits achète les biens et services des producteurs locaux
et étrangers (importations), pour les céder aux ménages, aux administrations
publiques (consommation finale) et aux entreprises des branches de
production (consommation intermédiaire). L’utilisation de l’épargne des
agents du compte d’accumulation correspond à l’investissement.
La MCS n’enregistre que les flux entre les agents. C’est-à-dire les
opérations courantes. Le compte de capital n'est donc pas intégré dans la
MCS.
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2.3. La représentation des identités de la comptabilité
nationale
Pour chaque compte, la MCS reprend les identités de la comptabilité
nationale en économie ouverte présentées au début du cours.
Par exemple, le compte du reste du monde (RDM) tire ses revenus des
importations (M). Ses dépenses sont constituées des exportations (X), et des
revenus nets de facteurs (RNF) ainsi que des transferts nets courants (TNC)
qu’il verse aux agents résidents privés. Son épargne, qui représente la
différence entre revenus et dépenses (M -X -TNC - RNF), est donc égale à CC.
Le dernier compte reprend l’identité épargne, épargne-investissement. A ce
stade nous savons que la somme de l’épargne privée, publique et étrangère
est égale à l’investissement. Certains agents (ou secteurs institutionnels) vont
cependant investir plus qu’ils n’épargnent et devront s’endetter pour
combler leur besoin de financement. A l’inverse d’autres agents (ou secteurs
institutionnels) vont investir moins qu’ils n’épargnent et dégager une capacité
de financement. L’identité épargne-investissement implique celle des
capacités et des besoins de financement. Nous ignorons simplement sous
quelle forme va s’opérer le rapprochement entre les capacités et les besoins
de financement des différents agents (ou secteurs institutionnels). L’analyse
des comptes financiers permettra de le préciser.
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Application
Tableau des Comptes Economiques Intégrés Sénégal , données 2005 milliards de CFA
Emplois Ressources
Compte 0S2 0S1 0S1004/5 0S1003 0S1001/2 0S1001/2 0S1003 0S1004/5 0S1 0S2 Compte
B &S
Reste du
monde
Economie
Totale ménages APU Soc Soc APU ménages
Economie
Totale
Reste du
monde B &S
1 617 0P7Importations 1 617
1 048 0P6Exportations 1 048
7 003 0P1Production 4 171 395 2 437 7 003
3 332 600 235 2 497 0P2Consommation intermédiaire 3 332
3 671 1 837 160 1 674 B01Valeur ajoutée brute 1 674 160 1 837 3 671
0 824 100 160 564 0D1Rémunération des salariés 0 0 824 824 0
523 135 30 0 105 D.2-D.3Impôts - subventions sur produits & imports 0 658 0 658
2 712 1 707 0 1 005 B0ARevenu d'exploitation 1 005 0 1 707 2 712
0 605 0 45 560 D4Revenus de la propriété 0 0 560 560 45
4 149 3 091 613 445 B05Solde des revenus primaires / Revenu national 445 613 3 091 4 149
106 106 0 0 Impôts courants sur les revenus et le capital 0 106 0 106
100 0 100 0 0D6002Prestations sociales autres qu'en nature 0 0 100 100
342 100 0 0 100 Autres transferts courants 7 87 348 442
4 491 3 433 706 352 B06Revenu disponible brut 352 706 3 433 4 491
3 713 3 318 395 0 0P3Dépense de consommation finale 3 713
272 778 115 311 352 B08Epargne brute 352 311 115 778 272
P51Investissement 1 050
T.O.F.E
DEPENSES RECETTES
Dépenses courantes 540 Recettes totales et dons 851
Prestations Sociales 100 Dons 87
Dépenses courantes (B & S) 235 Recettes fiscales 764
Impôts / Revenu 106
Salaire des fonctionnaires 160 - Ménages 106
- Entreprises 0
Autres dépenses (intérêts) 45 Taxes / production 135
Taxes / produits 523
Epargne Budgétaire 311
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Tableau Ressources Emplois – Sénégal 2005
Tableau des entrées intermédiaires Tableau des emplois finals
Branche Agr Ind Ser Total Conso. Conso.
Produit Ménages Publique Invest. Export. Total
Agr 35 274 28 337 473 0 25 56 891
Ind 95 902 776 1773 1443 0 300 612 4128
Serv. 51 345 826 1222 1402 395 725 380 4124
Total 181 1521 1630 3318 395 1050 1048 9143
Compte de production par branche
Production 769 2267 3967 7003
- Conso. interm. 181 1521 1630 3332
- VA 588 746 2337 3671
Compte d'exploitation par branche
V. A. 588 746 2337 3671
- Salaires 6 131 687 824
- Impots/Production 4 45 86 135
- EBE 578 570 1564 2712
Compte des ressources en produits
Production 769 2267 3967 7003
Import. 102 1404 111 1617
Impots sur produits 20 457 46 523
Total 891 4128 4124 9143
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MENAGES ENTREPRISES
EMPLOI RESSOURCES EMPLOI RESSOURCES
Conso. int. 600 Prod. 2437 cpte de production Conso. int. 2497 Prod. 4171
VA 1837 VA 1674
Salaires 100 VA 1837 cpte d'exploitation Salaires 564 VA 1674
Impots/Production 30 Impots/Production 105
EBE 1707 EBE 1005
Impôt 106 Salaires 824 cpte de revenu Impôt 0 EBE 1005
EBE 1707 Transferts courants 100 Transferts courants 7
Revenus de la propriété 560 Revenus de la propriété 560
Prestations sociales 100
Transferts courants 348
Rev. dispo. 3433 Rev. dispo. 352
Conso. 3318 Rev. dispo. 3433 cpte d'utilisation Revenu Conso. 0 Rev. dispo. 352
Epargne 115 Epargne 352
Balance des paiements
Compte courant -272
A,B - Biens et services -569
Importations -1617
Exportations 1048
C - Revenu -45
Débit
- intérêt dette publique -45
D - Transferts courants 342
Crédits
- Dons intergouvernementaux 87
- Rapatriements de fonds des travailleurs imigrés 248
- Autres 7
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Travail Capital Adm Pub Société Ménages Agricul. Industrie Service Agricul. Industrie Service Total
Travail
Capital
Adm Pub
Société
Ménages
ACC
Agriculture
Industrie
Services
Agriculture
Industrie
Services
RDM
Total
FACTEURS COMPTE COURANT ACC
PRODUCTION BIENS ET SERVICES RDM
Travail Capital Adm Pub Société Ménages Agricul. Industrie Service Agricul. Industrie Service Total
Travail 6 131 687 824
Capital 578 570 1564 2712
Adm Pub 0 106 4 45 86 20 457 46 87 851
Société 1005 7 1012
Ménages 824 1707 100 660 248 3539
ACC 311 352 115 272 1050
Agriculture 769 769
Industrie 2267 2267
Services 3967 3967
Snm
Agriculture 473 25 35 274 28 56 891
Industrie 1443 300 95 902 776 612 4128
Services 395 1402 725 51 345 826 380 4124
Snm
RDM 45 102 1404 111 1662
Total 824 2712 851 1012 3539 1050 769 2267 3967 891 4128 4124 1662
FACTEURS COMPTE COURANT ACC
PRODUCTION BIENS ET SERVICES RDM