LES FLUX DE BOVINS ENTRE UNE EXPLOITATON DE … Vétérinaire à l’institut de l’élevage, Pour...

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON Année 2010 - Thèse n° Flux de bovins à travers les opérateurs commerciaux et pratiques sanitaires : étude préliminaire dans la région du Grand Ouest THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 29 novembre 2010 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par BESSON Pierrick Né le 1 er mars 1984 à Lyon 4 ème (69)

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

Année 2010 - Thèse n°

Flux de bovins à travers les opérateurs commerciaux et pratiques

sanitaires : étude préliminaire dans la région du Grand Ouest

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I

(Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 29 novembre 2010

pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

BESSON Pierrick Né le 1

er mars 1984

à Lyon 4ème

(69)

ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON

Année 2010 - Thèse n°

Flux de bovins à travers les opérateurs commerciaux et pratiques

sanitaires : étude préliminaire dans la région du Grand Ouest

THESE

Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I

(Médecine - Pharmacie)

et soutenue publiquement le 29 novembre 2010

pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire

par

BESSON Pierrick Né le 1

er mars 1984

à Lyon 4ème

(69)

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Remerciements

A Monsieur le Professeur Claude GHARIB,

De la faculté de Médecine Claude Bernard de Lyon,

Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse,

Hommage respectueux.

A Monsieur le Docteur Luc MOUNIER,

De l’école Nationale Vétérinaire de Lyon,

Pour avoir accepté de m’encadrer sur ce sujet,

Pour votre grande disponibilité, et vos précieux conseils,

Trouvez en ces lignes le témoignage de ma reconnaissance la plus sincère.

A Madame le Docteur Marie-Anne ARCANGIOLI,

De l’école Nationale Vétérinaire de Lyon,

Pour avoir accepté de juger ce travail et de participer à notre jury de thèse,

Sincères remerciements.

A Monsieur Fatah BENDALI,

Vétérinaire à l’institut de l’élevage,

Pour m’avoir encadré à chaque étape de ce travail,

Qui m’a fait l’honneur de prendre part à notre jury de thèse,

Sincères remerciements.

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A toutes les personnes qui ont contribué à l’élaboration de ce travail,

Au Docteur Jacquemine Viallard,

Pour m’avoir aidé au commencement de ce travail,

Pour vos conseils et votre disponibilité.

A toutes les personnes de l’institut de l’élevage à Paris,

Valérie David, Benoit Piednoir, Sylvie Masselin-Silvin, François Raflegeau…

Aux coordinateurs du projet SANCRE à l’ENVN,

Dr Christine Fourichon et Dr Nathalie Bareille.

A toutes les personnes qui ont participé aux enquêtes terrain,

Pour leur accueil et leur patience : les responsables des marchés aux bestiaux, des centres

d’allotement, les vétérinaires des coopératives…

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A mes parents,

Parce que c’est grâce à vous que je suis là aujourd’hui,

Pour l’éducation que vous nous avez donnée,

Pour votre soutien inégalable à tout moment,

Merci.

A mes frères,

A Emilien et ta réussite qui ne faisait pas de doute.

A Adrien, merci d’avoir contribuer à ce travail par votre hébergement toujours convivial,

bonne continuation avec Morgane.

A mes grands parents, je pense notamment à Antoine.

A mes oncles, tantes, cousins et cousines,

Les journées en famille sont toujours des moments de plaisir.

A mes amis.

A la famille Fuster, pour votre accueil à chaque fois chaleureux.

Aux vétos praticiens que j’ai pu croiser,

Pour leurs conseils et leur patience.

Et à toi, Camille, pour tout ce qui nous reste à vivre ensemble… Je t’aime.

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Liste des abréviations :

ACERSA : Association pour la CERtification en Santé Animale

AFSSA : Agence Française de la Sécurité Sanitaire des Aliments

ASDA : Attestation Sanitaire à Délivrance Anticipée

BDNI : Base de Données Nationale d’Identification

BTV : Blue Tongue Virus

BVD : Diarrhée Virale Bovine

CAPTAV : Certificat d’Aptitude Professionnelle au Transport des Animaux Vivants

CE : Communauté Européenne

CEMAGREF : Institut de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement

CNIEL : Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière

DAB : Document d’Accompagnement des Bovins

DDPP : Direction Départementale de la Protection des Populations

DGAl : Direction Générale de l’Alimentation

DSA : Document Sanitaire d’Accompagnement

EDE : Etablissement Départementale de l’Elevage

ESB : Encéphalopathie Spongiforme Bovine

ESST : Encéphalopathie Spongiforme Subaiguë Transmissible

FCO : Fièvre Catarrhale Ovine ou Bluetongue

FFCB : Fédération Française des Commerçants en Bestiaux

FMBV : Fédération française des Marchés de Bétail Vif

FNGDS : Fédération Nationale des Groupements de Défense Sanitaire

FNTR : Fédération Nationale des Transporteurs Routiers

GDS : Groupement de Défense Sanitaire

GMS : Grande et Moyenne Surface

GTV : Groupement Technique Vétérinaire

HACCP: Hazard Analysis Critical Control Point

IAA : Industrie Agro Alimentaire

IBR : Rhinotrachéite Infectieuse Bovine

ICA : Information sur la Chaine Alimentaire

IM : Intra-Musculaire

INRA : Institut National de la Recherche Agronomique

INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

10

IPI : Infecté Permanent Immunotolérant

LPS : Laissez-Passer Sanitaire

MADO : Maladies A Déclaration Obligatoire

MLRC : Maladies Légalement Réputées Contagieuses (ou MRC)

PCR : Polymérase Chain Reaction

PCB : Polychlorobiphényle

PI3 : ParaInfluenza 3

PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petites et Moyennes Entreprises

SANCRE : SANté animale, sécurité des aliments et Compétitivité des filières animales

REgionales

SC : Sous-Cutané

SIGAL : Système d’Information Généralisé de la direction générale de l’Alimentation

SIIB : Système d’Information de l’Identification Bovine

SNGTV : Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires

UE : Union Européenne

VRS : Virus Respiratoire Syncytial (ou RS)

VSE : Vecteur Standard d’Echange

ZI : Zone Infectée

ZR : Zone Réglementée

ZV : Zone Vaccinale

11

Sommaire

Liste des figures ....................................................................................................................... 15

Liste des graphiques ................................................................................................................. 16

Liste des tableaux ..................................................................................................................... 18

Liste des annexes ...................................................................................................................... 19

Introduction .............................................................................................................................. 21

1ère

partie : étude bibliographique

I. L’élevage bovin en France et en Grand Ouest ................................................................. 25

1. La filière bovin lait ....................................................................................................... 25

a. Le paysage laitier Français ......................................................................................... 25

b. L’organisation de la filière laitière ............................................................................. 28

2. La filière bovin viande ................................................................................................. 30

a. La production de viande bovine en France ................................................................ 30

b. Les différents systèmes d’exploitation ....................................................................... 31

c. L’organisation de la filière viande bovine ................................................................. 32

II. La réglementation sanitaire vétérinaire ............................................................................ 36

1. L’organisation sanitaire ................................................................................................ 36

2. Les supports de l’information sanitaire ........................................................................ 37

a. Le passeport du bovin ................................................................................................ 38

b. L’attestation sanitaire ................................................................................................. 39

3. La Base de Données Nationale d’identification (BDNI).............................................. 40

4. La base de données SIGAL .......................................................................................... 42

5. Les conséquences de la réglementation pour les mouvements et les rassemblements

d’animaux ............................................................................................................................. 42

a. Les mesures offensives de lutte.................................................................................. 42

b. Les mesures défensives de lutte ................................................................................. 44

i. La circulation d’animaux vivants ........................................................................ 44

ii. Les lieux de rassemblement d’animaux .............................................................. 45

III. Les mouvements des bovins ou de leurs produits et les impacts sur la santé animale: état

des lieux dans le Grand Ouest .................................................................................................. 47

12

1. Les différents circuits d’animaux ................................................................................. 47

a. Description qualitative des différents types d’animaux ............................................. 47

i. Les veaux ............................................................................................................ 47

ii. Les jeunes bovins ................................................................................................ 48

iii. Les gros bovins ................................................................................................... 50

b. Description quantitative des mouvements de bovins des élevages du Grand Ouest par

région ................................................................................................................................ 50

2. Les différents types d'opérateurs commerciaux ........................................................... 54

a. Les commerçants de bovins ....................................................................................... 54

b. Les coopératives et groupements de producteurs....................................................... 55

c. Les intégrateurs .......................................................................................................... 56

d. Les marchés ................................................................................................................ 56

e. Les transporteurs ........................................................................................................ 58

i. La formation des personnes ................................................................................ 58

ii. La réglementation relative au bien-être animal ................................................... 59

f. Les abattoirs ............................................................................................................... 59

g. L’exportation et l’importation .................................................................................... 60

3. Les rôles et impacts des opérateurs commerciaux vis-à-vis de la santé animale ......... 61

a. Identification des dangers .......................................................................................... 61

b. Le rôle des centres de rassemblement dans la dispersion des maladies animales ..... 65

c. La gestion du risque sanitaire par ces opérateurs ....................................................... 66

d. Les impacts des crises sanitaires sur une filière : de l’amont à l’aval........................ 68

2ème

partie: problématique

I. La problématique .............................................................................................................. 73

II. Le projet SANCRE Grand Ouest ..................................................................................... 74

3ème

partie: contribution des opérateurs commerciaux aux risques sanitaires dans le Grand

Ouest

I. Matériel et méthode .......................................................................................................... 77

1. Analyse des flux d’animaux dans les marchés, les centres de rassemblement et les

abattoirs ................................................................................................................................ 77

a. Extraction de données de la BDNI ............................................................................. 77

b. Caractéristiques des différents flux ............................................................................ 79

13

2. Les enquêtes terrain : les pratiques sanitaires conduites par les opérateurs

commerciaux ........................................................................................................................ 80

a. Les dangers pris en compte dans l’enquête ................................................................ 80

b. L’enquête.................................................................................................................... 80

c. Les opérateurs enquêtés ............................................................................................. 82

i. Les caractéristiques de l’échantillon ................................................................... 82

ii. Les difficultés rencontrées .................................................................................. 84

II. Résultats ........................................................................................................................... 84

1. Les flux d’animaux dans les marchés, les centres de rassemblement et les abattoirs .. 84

a. Les flux de bovins dans les marchés du Grand Ouest ................................................ 85

i. Le volume des flux dans les marchés .................................................................. 85

ii. L’origine des flux dans les marchés .................................................................... 89

iii. La destination des flux dans les marchés ............................................................ 93

b. Les flux de bovins dans les centres de rassemblement du Grand Ouest .................... 95

i. Le volume des flux dans les centres de rassemblement ...................................... 95

ii. L’origine des flux dans les centres de rassemblement ........................................ 98

iii. La destination des flux dans les centres de rassemblement .............................. 100

c. Les flux de bovins dans les abattoirs du Grand Ouest ............................................. 102

i. Le volume des flux dans les abattoirs ............................................................... 102

ii. L’origine des flux dans les abattoirs ................................................................. 105

d. Le risque sanitaire .................................................................................................... 108

e. Synthèse ................................................................................................................... 109

2. Les enquêtes terrain sur les pratiques sanitaires ......................................................... 110

a. Généralités................................................................................................................ 110

b. Contrôle sanitaire des animaux commercialisés ...................................................... 112

i. L’IBR ................................................................................................................ 112

ii. La FCO .............................................................................................................. 113

iii. La BVD et la Paratuberculose ........................................................................... 113

c. La durée de séjour des animaux dans le centre ........................................................ 114

d. Pratique de lavage/désinfection/désinsectisation ..................................................... 116

i. Les fréquences de lavage/désinfection .............................................................. 117

ii. Les produits utilisés .......................................................................................... 118

iii. L’appréciation de la propreté ............................................................................ 119

e. Les traitements réalisés en centre de rassemblement ............................................... 120

14

i. Chez les commerçants privés ............................................................................ 120

ii. Dans les coopératives et les groupements d’éleveurs ....................................... 121

iii. Chez les intégrateurs ......................................................................................... 121

f. Les transports ........................................................................................................... 122

III. Discussion ...................................................................................................................... 124

1. Critiques de notre travail sur la zone Grand Ouest .................................................... 124

a. Les apports et l’originalité de l’étude....................................................................... 124

b. Limite de l’analyse de la BDNI ............................................................................... 125

c. Limite de l’enquête .................................................................................................. 125

2. Les flux de bovins à travers les opérateurs commerciaux .......................................... 126

3. Les pratiques sanitaires des opérateurs commerciaux ................................................ 127

a. Généralités................................................................................................................ 127

b. Les pratiques de vaccination .................................................................................... 129

c. Les pratiques de désinsectisation ............................................................................. 130

d. Les pratiques d’antibioprophylaxie et la santé humaine .......................................... 131

4. La perception et les répercussions économiques du sanitaire .................................... 132

a. La vision de la santé animale pour les opérateurs commerciaux ............................. 132

b. Les répercussions économiques de la réglementation sanitaire et des crises sanitaires

.................................................................................................................................. 133

5. Les recommandations et les pistes à explorer pour améliorer la gestion de la santé

animale chez ces opérateurs ............................................................................................... 135

a. L’amélioration de la notification des mouvements des bovins ................................ 135

b. Le développement de plans de maitrise associée à la diffusion de l’information .... 135

c. La méthode HACCP chez les opérateurs commerciaux .......................................... 136

Conclusion ............................................................................................................................. 137

Bibliographie ......................................................................................................................... 139

Annexes ................................................................................................................................. 143

15

Liste des figures

Figure 1: la filière laitière ......................................................................................................... 29

Figure 2: la filière viande bovine ............................................................................................. 33

Figure 3: les boucles auriculaires d'identification (source: institut de l'élevage) ..................... 37

Figure 4: le passeport bovin ou Document d'Accompagnement Bovin (DAB) (source: institut

de l'élevage) .............................................................................................................................. 38

Figure 5: l'Attestation Sanitaire à Délivrance Anticipée (source: Interbev) ............................ 39

Figure 6: fonctionnement de la BDNI (source: ministère de l'agriculture) .............................. 40

Figure 7: échange d'informations entre les détenteurs d'animaux et la BDNI (source: institut

de l'élevage) .............................................................................................................................. 41

Figure 8: les circuits d'animaux vivants de la filière intégrée "veaux de boucherie" ............... 48

Figure 9: les circuits de jeunes bovins vivants ......................................................................... 49

Figure 10: représentation schématique des principaux contacts potentiels d'un élevage bovin

(source: M.L. Brennan et al.) ................................................................................................... 65

Figure 11: effectifs de bovins transitant par des marchés du Grand Ouest en 2008 (source :

BDNI) ....................................................................................................................................... 86

Figure 12: effectifs de bovins transitant par des centres de rassemblement du Grand Ouest en

2008 (source : BDNI) ............................................................................................................... 95

Figure 13: effectifs de bovins entrant dans un abattoir du Grand Ouest en 2008 (source :

BDNI) ..................................................................................................................................... 102

16

Liste des graphiques

Graphique 1: collecte de lait dans l'Union Européenne en 2008 (source: CNIEL) .................. 26

Graphique 2: nombre de vaches laitières dans l'UE à 27 en 2008 (source: FranceAgriMer) .. 26

Graphique 3: effectif de producteurs de lait de vaches par région en 2008 (source: CNIEL) . 27

Graphique 4: volume de lait collectés par département en 2008 (source: CNIEL) ................. 28

Graphique 5: nombre de vaches allaitantes dans l'UE à 27 en 2008 (source: FranceAgriMer)

.................................................................................................................................................. 30

Graphique 6 : production de viande bovine en 2008 (source: Agreste "statistiques agricoles

annuelles") ................................................................................................................................ 31

Graphique 7: effectifs de bovins en 2008 en Grand Ouest (source: Agreste "statistiques

agricoles annuelles") ................................................................................................................ 34

Graphique 8: mouvements bovins des élevages de Bretagne en 2008 (source: office de

l'élevage) ................................................................................................................................... 50

Graphique 9: mouvements bovins des élevages de Basse-Normandie en 2008 (source: office

de l'élevage) .............................................................................................................................. 51

Graphique 10: mouvements bovins des élevages de Pays de la Loire en 2008 (source: office

de l'élevage) .............................................................................................................................. 52

Graphique 11: mouvements bovins des élevages de Poitou-Charentes en 2008 (source: office

de l'élevage) .............................................................................................................................. 53

Graphique 12: importance des marchés du Grand Ouest (source : FMBV) ............................ 57

Graphique 13: proportion d'élevages certifiés IBR par département en 2007-2008 (source:

FNGDS) ................................................................................................................................... 63

Graphique 14: nombre de centres de rassemblement "type 31" ............................................... 78

Graphique 15: nombre de marchés "type 32" .......................................................................... 78

Graphique 16: nombre d'abattoirs "type 40" ............................................................................ 79

Graphique 17: type de structure de destination des bovins après leur sortie d'un élevage du

Grand Ouest (source : BDNI) ................................................................................................... 85

Graphique 18: effectifs de bovins transitant par des marchés du Grand Ouest en 2008 en

fonction du type d'animaux (source : BDNI) ........................................................................... 87

Graphique 19: type de bovins transitant dans des marchés du Grand Ouest (source : BDNI) 88

Graphique 20: saisonnalité de l'approvisionnement des marchés du Grand Ouest (source :

BDNI) ....................................................................................................................................... 89

17

Graphique 21: provenance géographique des bovins transitant dans des marchés du Grand

Ouest (source : BDNI) .............................................................................................................. 90

Graphique 22: taux d'auto-approvisionnement des marchés par département dans le Grand

Ouest (source : BDNI) .............................................................................................................. 91

Graphique 23: type d'exploitation de provenance (précédent l’entrée au marché) des bovins

transitant dans des marchés du Grand Ouest (source : BDNI) ................................................. 92

Graphique 24: destination géographique des animaux après passage par des marchés du Grand

Ouest (source : BDNI) .............................................................................................................. 93

Graphique 25: type d'exploitation de destination (après passage dans un marché) pour les

bovins transitant dans des marchés du Grand Ouest (source : BDNI) ..................................... 94

Graphique 26: effectifs de bovins transitant par des centres de rassemblement du Grand Ouest

en 2008 en fonction du type d'animaux (source : BDNI) ......................................................... 96

Graphique 27: type de bovins transitant dans des centres de rassemblement du Grand Ouest

(source : BDNI) ........................................................................................................................ 97

Graphique 28: saisonnalité de l'approvisionnement des centres de rassemblement du Grand

Ouest (source : BDNI) .............................................................................................................. 98

Graphique 29: provenance des animaux transitant dans des centres de rassemblement du

Grand Ouest (source : BDNI) ................................................................................................... 99

Graphique 30: taux d'auto-approvisionnement des centres de rassemblement par département

dans le Grand Ouest (source : BDNI) .................................................................................... 100

Graphique 31: destination des animaux après passage par des centres de rassemblement du

Grand Ouest (source : BDNI) ................................................................................................. 101

Graphique 32: effectifs de bovins entrant dans un abattoir du Grand Ouest en 2008 en

fonction du type d'animaux (source : BDNI) ......................................................................... 103

Graphique 33: type de bovins entrant dans des abattoirs du Grand Ouest (source : BDNI) .. 104

Graphique 34: saisonnalité de l'approvisionnement des abattoirs du Grand Ouest (source :

BDNI) ..................................................................................................................................... 105

Graphique 35: provenance des bovins entrant dans des abattoirs du Grand Ouest (source :

BDNI) ..................................................................................................................................... 106

Graphique 36: taux d'auto-approvisionnement des abattoirs du Grand Ouest (source : BDNI)

................................................................................................................................................ 107

Graphique 37: type d'exploitation de provenance des bovins entrant dans des abattoirs du

Grand Ouest (source : BDNI) ................................................................................................. 107

18

Liste des tableaux

Tableau 1: nombre d'abattoirs par département (source: DGAl) ............................................. 60

Tableau 2: nombre de centres de rassemblement et de négociants possédant l'agrément

sanitaire par département (source: DGAl) ............................................................................... 67

Tableau 3: définition des catégories d'animaux pour l'analyse de la BDNI ............................. 79

Tableau 4: caractéristiques et nombre des opérateurs enquêtés (N=38) .................................. 83

Tableau 5: taille des opérateurs enquêtés (N=37) .................................................................. 111

Tableau 6: maladies faisant l'objet d'un contrôle lors de la commercialisation (N=38) ........ 112

Tableau 7: durées de transit des animaux dans les centres de rassemblement selon le type

d'opérateurs commerciaux (N=34) ......................................................................................... 115

Tableau 8: les pratiques de lavage, désinfection et désinsectisation dans les centres de

rassemblement (N=34) ........................................................................................................... 117

Tableau 9: appréciation de l'hygiène des bâtiments (N=19) .................................................. 119

Tableau 10: les traitements réalisés par les opérateurs commerciaux (N=36) ....................... 120

Tableau 11: pratiques de lavage, désinfection et désinsectisation des camions (N=25) ........ 123

19

Liste des annexes

Annexe 1 : Les MRC et les MADO chez les bovins, ovins et caprins ................................... 143

Annexe 2 : Conditions nationales de mouvements des ruminants vis-à-vis des sérotypes BTV

1 et 8 ....................................................................................................................................... 144

Annexe 3 : Conditions générales d’échanges intracommunautaires de ZR vers ZI des

ruminants vis-à-vis des sérotypes BTV 1 et 8 ........................................................................ 145

Annexe 4 : L’enquête terrain .................................................................................................. 146

Annexe 5 : Caractéristiques des désinfectants utilisés par les opérateurs enquêtés ............... 150

Annexe 6 : Caractéristiques des désinsectisants utilisés par les opérateurs enquêtés ............ 151

Annexe 7 : Caractéristiques des médicaments vétérinaires utilisés par les opérateurs enquêtés

................................................................................................................................................ 152

20

21

Introduction

Malgré de nombreux moyens de contrôle des épizooties, ces dernières impactent les

élevages français, et les filières agricoles. Les crises de la « vache folle » ou de la Fièvre

Aphteuse en sont des exemples récents. Ainsi est né le concept de biosécurité. Ce dernier est

le résultat de toutes activités visant à écarter l’introduction d’un agent pathogène dans un lieu

que l’on essaye de protéger (David A. Dargatz et al., 2002).

La propagation d’agents pathogènes, à l’origine des épizooties, se fait principalement

lors de transport d’animaux vivants, et donc fréquemment au moment de leur

commercialisation. L’application des normes de biosécurité se doit donc d’être

particulièrement stricte à cette étape pour protéger une nation, une région ou un élevage de

certaines maladies animales.

Depuis longtemps, la santé animale et le respect des normes de biosécurité sont

appréhendés au niveau de l’élevage mais assez peu au niveau des différents opérateurs qui

peuvent intervenir tout au long de la commercialisation des animaux. Ainsi, les structures

dans lesquelles un bovin peut transiter entre sa sortie d’un élevage et sa destination finale

(autre élevage, abattoir ou exportation) sont relativement peu connues alors qu’il s’agit de

points stratégiques dans la gestion sanitaire.

C’est pourquoi au sein du projet « SANCRE Grand Ouest » (SANté animale, sécurité

des aliments et Compétitivité des filières animales REgionales), nous nous sommes intéressés

à ces structures en nous focalisant sur les mouvements des bovins. Pour cela, nous avons tout

d’abord voulu caractériser les flux d’animaux au sein de ces structures, par l’intermédiaire

d’une analyse quantitative de la Base de Données Nationale d’Identification des bovins

(BDNI), puis étudier les pratiques sanitaires de ces opérateurs commerciaux grâce une

enquête sur le terrain.

22

23

1ère partie : étude bibliographique

24

25

I. L’élevage bovin en France et en Grand Ouest

En France, le secteur agroalimentaire joue un rôle important dans notre économie. En

effet, il représente 3,5% du Produit Intérieur Brut (PIB) français (source : Agreste 2005) dont

2% pour l’agriculture, la sylviculture et la pêche et 1,5% pour l’Industrie Agro Alimentaire

(IAA).

La région Grand Ouest (Bretagne, Basse-Normandie et Pays de la Loire) est un

territoire où ce secteur agroalimentaire est très développé. Ce domaine est synonyme d’enjeux

économiques, d’emplois, d’aménagement du territoire, de terroir. En 2007, la population

active agricole du Grand Ouest comptait 201.000 personnes équivalents temps plein (source :

Agreste 2007). Ce chiffre représente 25% des actifs agricoles sur la France métropolitaine.

Nous décrirons dans un premier temps l’élevage bovin et ses caractéristiques en

différenciant la filière laitière et la filière viande.

1. La filière bovin lait

a. Le paysage laitier Français

Dans le monde, la production de lait de vache se situerait en 2008 autour de 576

millions de tonnes, soit environ 15 millions de tonnes en plus par rapport à l’année 2007

(source : CNIEL).

En 2008, la collecte européenne d’environ 134 milliards de litres est assurée à 20% par

l’Allemagne et à près de 18% par la France (graphique 1). Le secteur laitier de l’IAA en

France représente 121,3 milliards d’euros de chiffres d’affaires (source : INSEE) ; ce qui situe

ce secteur parmi les secteurs les plus important devant celui de l’automobile.

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Graphique 1: collecte de lait dans l'Union Européenne en 2008 (source: CNIEL)

Le troupeau laitier est en conséquence relativement important dans ces deux pays

(graphique 2). En France, c’est la race Prim Holstein qui est le plus représentée.

Graphique 2: nombre de vaches laitières dans l'UE à 27 en 2008 (source:

FranceAgriMer)

En France, les trois régions qui regroupent le plus de producteurs (42% des

producteurs français) sont des régions situées en zone Grand Ouest (Bretagne, Basse-

Normandie et Pays de Loire). Par conséquence, avec une production de près de 11,09

milliards de litres de lait produits en 2008, ces régions du Grand Ouest occupent une place

majeure au niveau Européen puisqu’elles représentent plus de 47,9% de la production

Française. Il s’agit de trois régions incluses dans le projet SANCRE (graphique 3).

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Graphique 3: effectif de producteurs de lait de vaches par région en 2008 (source:

CNIEL)

L’évolution des structures laitières du Grand Ouest a suivi la tendance nationale, à

savoir une baisse du nombre de producteurs de lait (passant en France de 68.000 producteurs

en 1998 à 53.000 en 2007 Source : CNIEL) et une augmentation de la production moyenne

par exploitation (le quota moyen passant en France de 193.300 litres de lait en 1998 à 267.800

litres en 2007).

A l’intérieur de la zone Grand Ouest, la région Bretagne est la plus grande productrice

de lait avec environ cinq milliards de litres collectés en 2008. Six départements produisent

plus d’un milliard de litres : l’Ille-et-Vilaine, la Manche, les Côtes d’Armor, le Finistère, la

Mayenne et le Morbihan (graphique 4).

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Graphique 4: volume de lait collectés par département en 2008 (source: CNIEL)

b. L’organisation de la filière laitière

On entend par filière l’ensemble des activités étroitement imbriquées, liées

verticalement par l’appartenance à un même produit, et dont la finalité consiste à satisfaire

l’utilisateur final : le consommateur (I. Cauty et J.M. Perreau, 2003). On considère ainsi une

succession d’étapes qui implique un grand nombre d’acteurs, et qui vont de la production à la

consommation. On peut également intégrer à la filière des acteurs qui interviennent en amont

de la production comme les fabricants d’aliments, les centres d’inséminations, les fournisseurs

de matériels agricoles, etc.

29

Figure 1: la filière laitière

La filière laitière met en jeu un nombre important d’opérateurs (figure 1). On imagine

facilement, l’impact d’une rupture de cette chaine pour la filière entière : plus la rupture est

proche de l’amont, plus les conséquences sont importantes car elles feront intervenir d’autant

plus d’opérateurs. On remarque notamment que la collecte et le transport du lait, qui sont

susceptible d’être touchés par une crise sanitaire, sont un point critique de la filière qui est

indispensable pour l’approvisionnement non seulement des industries agro-alimentaires

destinées à l’alimentation humaine, mais également des entreprises d’alimentation animale

intervenant surtout dans la production du veaux de boucherie, et d’autres industries plus

spécialisées comme la production de caséine de lait par exemple. Enfin, nous remarquons la

Producteurs de lait

Industries et

coopératives laitières

Collecte et transport

Grande distribution

Gestion technico-

économique

Fournitures agricoles Inséminateur,

vétérinaires, GDS…

Autres élevages

Abattoirs

Alimentation animale Industrie

Transformation à la

ferme

Grossiste

Vente directe

à la ferme

Consommateurs

Opérateurs commerciaux

Contrôle laitier

30

place des opérateurs commerciaux intervenant dans les mouvements des bovins. Ils ont un

lien direct avec la plaque tournante de la filière, à savoir les élevages.

2. La filière bovin viande

a. La production de viande bovine en France

La France est le plus grand producteur de bovin viande dans l’Union Européenne

(graphique 5). En effet, elle possède le plus grand troupeau de vaches allaitantes. Plusieurs

régions en France ont une véritable tradition d’élevage, cependant une grande partie de notre

production est ensuite exportée, notamment en Italie et en Espagne, pour la partie

engraissement.

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Graphique 5: nombre de vaches allaitantes dans l'UE à 27 en 2008 (source:

FranceAgriMer)

En Grand Ouest, depuis l’instauration des quotas laitiers, le troupeau allaitant n’a

cessé d’augmenter (Institut de l’élevage, 2003). Cette augmentation a représenté le tiers de la

croissance du cheptel allaitant français en 12 ans. Dans le même temps, le Grand Ouest

perdait 650.000 vaches laitières. La région Pays de Loire est celle qui regroupe le plus de

bovin viande. Contrairement à la filière lait, la filière viande est plus hétérogène et son

organisation peut paraître plus compliquée. En effet, les systèmes d’exploitation sont

nombreux et parfois très différents, et les circuits d’animaux ou de produits animaux sont

également nombreux et complexes.

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Graphique 6 : production de viande bovine en 2008 (source: Agreste "statistiques

agricoles annuelles")

La région qui produit le plus de viande bovine est la région Pays de Loire avec une

production de 255.180 tonne équivalent carcasse. Cependant, quatre départements, pas

forcement situés en Pays de Loire, ont une production importante du fait de gros abattoirs

dans ces départements : il s’agit de la Manche, de l’Ille-et-Vilaine, de la Mayenne et de la

Vendée (graphique 6). Cette observation a une importance particulière, en effet, le fait d’une

production de viande importante suppose un afflux important d’animaux vivants dans ces

zones.

b. Les différents systèmes d’exploitation

Différents systèmes d’exploitation existent dans le domaine de la production de

viande. Souvent, on parle de naisseurs, naisseurs-engraisseurs et engraisseurs purs. Le

ministère de l’agriculture a défini officiellement huit systèmes d’exploitation différents dont

un est un système « laitier ». Les sept autres systèmes d’élevage sont plus orientés vers la

production de viande : les petits élevages mixtes, les petits élevages viande, les naisseurs, les

naisseurs-engraisseurs sans achat et avec achat, les engraisseurs laitiers et les engraisseurs

spécialisés.

32

c. L’organisation de la filière viande bovine

La zone Grand Ouest, marquée par une grande diversité des types d’exploitations,

demeure très nettement attachée à l’engraissement contrairement à d’autres régions comme le

Charolais par exemple qui aura davantage une vocation dirigée vers l’élevage. Par ailleurs,

près du tiers des vaches allaitantes sont détenues par des exploitations mixtes lait et viande,

avec une orientation marquée vers l’engraissement.

D’après le dossier économie de l’élevage de juin 2003, environ 40% des jeunes bovins

allaitants produits en Grand Ouest l’ont été à partir de broutards achetés, à 70% dans la zone

Grand Ouest et 30% hors de la zone. Une attention particulière est portée aux risques

sanitaires liés à l’introduction d’animaux extérieurs, notamment dans les élevages laitiers vis-

à-vis de la Rhinotrachéite Infectieuse Bovine (IBR). De ce fait, les naisseurs-engraisseurs

avec achats préfèrent de plus en plus engraisser leurs propres animaux plutôt que d’acheter

d’autres bêtes à l’extérieur.

Dans un schéma qui matérialise la filière viande bovine, on se rend compte de

l’importance des opérateurs qui commercialisent le bétail vif (figure 2). Ils sont

indispensables entre l’étape de production et d’abattage. Cette étape de commercialisation

d’animaux vivants induit des mouvements d’animaux susceptibles de porter atteinte à la santé

animale et à la santé publique.

Nous terminerons cette présentation générale du contexte agricole en Grand Ouest en

comparant les effectifs des différentes catégories de bovins, notamment les effectifs

d’animaux « viande » et d’animaux « lait » par régions (graphique 7). Nous pouvons

remarquer l’importance, en termes d’effectif, des animaux femelles de plus de deux ans

(vaches laitières et allaitantes) ainsi que des animaux de moins de un an (veaux). Enfin, nous

remarquons que plus on se situe dans le sud du Grand Ouest (Pays de la Loire et surtout

Poitou-Charentes), plus on retrouve des animaux de type allaitant par rapport au type laitier.

33

Figure 2: la filière viande bovine

Elevages allaitants et laitiers

Marchands aux bestiaux Coopératives/groupement de producteurs

Marchés aux bestiaux

Abattoirs publics ou privés Abattoirs coopératifs

Ateliers de découpe privés Ateliers de découpe coopératifs

Bouchers détaillants Restauration hors foyers GMS

Consommateurs

Inséminateur,

vétérinaires, GDS…

Gestion technico-

économique

Fournitures agricoles

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35

Pour conclure cette partie de présentation générale du contexte agricole, nous

insisterons sur trois points :

- l’importance de l’élevage allaitant et surtout

laitier dans la zone du Grand Ouest

- l’importance des transferts d’animaux associés

- l’importance des opérateurs commerciaux au

sein des filières agricoles.

Ces trois observations justifient l’importance qui doit être donné à la gestion sanitaire

au sein des élevages mais aussi des structures de commerce du bétail.

Une réglementation régit l’élevage bovin et notamment les différents mouvements

d’animaux qui existent entre les différents opérateurs.

36

II. La réglementation sanitaire vétérinaire

Après avoir brièvement rappelé l’importance du secteur agricole dans la zone du

Grand Ouest, et particulièrement l’importance des opérateurs commerciaux au sein des

filières « lait » et surtout « viande », nous allons développer la base de la réglementation

sanitaire vétérinaire.

En effet, le point de départ de la gestion de la santé animale dépend en premier lieu du

respect de la réglementation vétérinaire en vigueur. Notamment lors des mouvements des

animaux vivants susceptibles de transporter des agents infectieux. Cette organisation sanitaire

repose sur un support de l’information sanitaire pour permettre une identification adéquat des

animaux et leur traçabilité lors de chaque mouvement (J.P. Ganiere et al., 2004).

1. L’organisation sanitaire

La réglementation sanitaire vétérinaire correspond à l’ensemble des lois et règlements

permettant l’application des mesures de lutte, offensives et défensives, contre certaines

maladies des animaux. D’autres maladies sont non réglementées et gérées de manière plus

individuelle. Les maladies réglementées dépendent d’abord de l’Etat, c’est à dire du Ministère

de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, dont certains services (centraux et

déconcentrés) sont particulièrement chargés de la conception et de la mise en œuvre des

mesures de lutte contre les maladies animales. Ces services, que l’on peut regrouper sous le

terme de « services vétérinaires », ont comme principaux acteurs des fonctionnaires

inspecteurs de la santé publique vétérinaire assistés par des techniciens des services

vétérinaires.

Sur le terrain, les Directions Départementales de la Protection des Populations

(DDPP) font appel, sur le plan technique, à des vétérinaires praticiens auxquels a été octroyé

un mandat sanitaire. Ce sont ces vétérinaires sanitaires qui assurent un véritable lien entre

l’administration et les éleveurs. Des organisations vétérinaires à vocation technique, comme

les Groupements Techniques Vétérinaires (GTV), sont également reconnus par l’Etat qui peut

leur déléguer certaines missions sanitaires.

Le 3ème

acteur est l’éleveur lui même par l’intermédiaire des Groupements de Défense

Sanitaire (GDS). Ces organismes à vocation sanitaire représentent dans chaque département

un partenaire des DDPP dans la réalisation des prophylaxies.

37

Enfin, les services vétérinaires ont besoin dans leur action d’un soutien technique et

scientifique, par exemple pour la mise au point de méthode de diagnostic. Les structures leur

apportant ce soutien sont essentiellement des laboratoires de l’Agence Française de Sécurité

Sanitaire des Aliments (AFSSA) et localement les laboratoires départementaux.

2. Les supports de l’information sanitaire

L ‘application des mesures de lutte contre les maladies animales est conditionnée par

la possibilité de disposer de données fiables sur les caractéristiques des élevages, leur

localisation géographique et les mouvements d’animaux qui en sont issus. Donc par

l’identification des élevages et des animaux qui vont contribuer à faire suivre l’information

sanitaire. L’importance de l’identification bovine a été renforcée par diverses crises sanitaires,

comme la crise de la « vache folle », qui ont montré la nécessité de pouvoir assurer, dans un

concept de sécurité des aliments, une traçabilité des produits d’origine animale à chaque étape

de la filière, depuis l’élevage jusqu’à l’assiette du consommateur en passant notamment par

les opérateurs commerciaux comme les marchés ou les centres d’allotement…

L’identification correspond donc à l’attribution à chaque animal d’un numéro exclusif.

Ce numéro unique à 10 chiffres précédé du code pays, porté par l’animal sous forme de

boucles auriculaires (figure 3), va correspondre avec une « carte d’identité du bovin » : le

passeport.

Figure 3: les boucles auriculaires d'identification (source: institut de l'élevage)

38

a. Le passeport du bovin

Le passeport bovin comporte des informations générales comme les références de

l’élevage (numéro de cheptel) et des informations plus précises concernant l’animal (figure

4). Ces dernières sont l’identification de l’exploitation de naissance, le type racial du bovin, le

type racial de la mère et du père, la date de naissance du bovin, son sexe, l’identité de sa

mère, le numéro national du bovin (qui doit correspondre au numéro inscrit sur les boucles

auriculaires), l’état civil du bovin et la gestion des primes. Enfin, les informations relatives

aux mouvements du bovin sont également inscrites sur le verso du passeport par l’éleveur.

Le passeport est édité par l’Etablissement Départemental de l’Elevage (EDE) à partir

de la Base de Données Nationale d’Identification (BDNI). Cette base de données fait partie

du Système d’Information de l’Identification Bovine (SIIB), contrôlé par l’état.

Figure 4: le passeport bovin ou Document d'Accompagnement Bovin (DAB) (source:

institut de l'élevage)

39

b. L’attestation sanitaire

Au recto du passeport, on trouve l’Attestation Sanitaire à Délivrance Anticipée

(ASDA) (figure 5). Celle ci est modifiée à chaque changement d’exploitation du bovin et

contient le nom du dernier détenteur de l’animal ainsi que son statut sanitaire vis à vis des

Maladies Légalement Réputées Contagieuses (MLRC) comme la brucellose, la leucose et la

tuberculose, et dans certains départements vis à vis de certaines maladies sous certification

(IBR, hypodermose).

Figure 5: l'Attestation Sanitaire à Délivrance Anticipée (source: Interbev)

A partir du 1er

janvier 2010 a été mis en place l’Information sur la Chaine Alimentaire

(ICA) qui est une application du paquet hygiène. Dans ce cadre, une nouvelle ASDA a été

mise en place. Dans cette dernière, l’ICA sera à transmettre lors de chaque sortie d’un bovin

d’une exploitation. L’ICA comporte des informations sur certains événements sanitaires

apparus dans le troupeau en question et présent sur le registre d’élevage. On retrouve donc les

traitements de l’animal en cour (délais d’attente), des informations données par le vétérinaire

40

relatives à certaines maladies (botulisme, listéria et salmonellose) et enfin, des informations

fournis par les autorités administratives compétentes vis à vis de la cysticercose et des

contaminants de l’environnement dont la gestion est assurée par les Pouvoirs Publics

(dioxine, PCB, métaux lourds…).

3. La Base de Données Nationale d’identification (BDNI)

Cette BDNI est alimentée par tous les détenteurs d’animaux : éleveurs, opérateurs

commerciaux comme les négociants avec des centres de rassemblement, marchés, abattoirs et

équarrissages. Les opérateurs commerciaux et les marchés ont une obligation de notification

seulement depuis le 1er

janvier 2003.

Figure 6: fonctionnement de la BDNI (source: ministère de l'agriculture)

La création d’une donnée relative à un mouvement a lieu chez le détenteur de

l’animal. Ce dernier doit transmettre le mouvement à l’EDE, soit par un document de

notification papier soit par une notification électronique. Le détenteur du bovin doit déclarer

les événements survenus dans son exploitation (naissance, entrée, sortie…) dans un délai de

sept jours. L’EDE enregistre ensuite ces mouvements dans une base locale avec la date de

réception de l’information. Cette dernière est ensuite mise en forme par le logiciel local au

format « Vecteur Standard d’Echange ou VSE », puis l’EDE envoie les données à la BDNI

(figure 6). Une fois l’information traitée par la BDNI, celle ci renvoie un accusé de traitement

et d’éventuels messages en retour vers la base de données locale. Certains de ces messages

41

signalent une anomalie suite à un contrôle de cohérence en BDNI et appellent à une

correction de la part de l’EDE.

Figure 7: échange d'informations entre les détenteurs d'animaux et la BDNI (source:

institut de l'élevage)

Les opérateurs commerciaux n’échappent évidemment pas à ces règles

d’identification et de traçabilité (figure 7). Un bovin ne peut circuler qu’identifié avec deux

boucles auriculaires agréées et accompagné de son passeport. C’est pourquoi nous avons

utilisé cette base de données dans la suite de notre travail.

Naissance Passeport Mouvements

Mort

Mort

BDB

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Abattoirs

Equarisseurs

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Naissance Passeport Mouvements Mouvements Mouvements

Marchés Opérateurs

commerciaux Elevages

BDNI

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4. La base de données SIGAL

Le Système d’Information Généralisé de la direction générale de l’Alimentation

(SIGAL), sous l’autorité directe de la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL), a pour

but une certaine unité de la traçabilité sanitaire en intégrant sur le même support la santé

animale et la sécurité alimentaire. Le projet SIGAL est né en 2001 suite à la mise en place de

la BDNI.

Cette base de données a pour objectifs d’harmoniser les pratiques des services

vétérinaires sur tout le territoire national et d’assurer une véritable traçabilité sanitaire pour

optimiser la surveillance sanitaire du territoire national. Aujourd’hui, SIGAL est utilisé pour

la prophylaxie bovine à travers les DDPP et des GDS, cette base de données a également été

utilisée dernièrement pour la traçabilité de la vaccination contre la Fièvre Catarrhale Ovine

(FCO). Nous n’utiliserons pas cet outil dans notre travail.

5. Les conséquences de la réglementation pour les mouvements et les

rassemblements d’animaux

La réglementation en place a deux objectifs : des mesures de lutte offensives et des

mesures de lutte défensives de contrôle des maladies animales.

a. Les mesures offensives de lutte

Les mesures de lutte offensives contre les maladies des animaux sont de deux types :

les mesures de police sanitaire et les prophylaxies.

La police sanitaire permet de prendre des mesures notamment lorsqu’un foyer d’une

maladie réglementée se déclare. Les maladies qui rentrent dans le cadre de ces actions sont

des maladies importantes soit par leur aspect zoonotique, soit par leurs conséquences socio-

économiques ou par leurs répercussions sur le commerce international des animaux et de

leurs produits. Ces maladies sont réparties en deux groupes (voir annexe 1) :

- les maladies réputées contagieuses (MRC) dont les

conséquences sont les plus importantes. Elles induisent

des mesures de police sanitaire

- les maladies à déclaration obligatoire (MADO) qui

donnent lieu à déclaration sans application des mesures de

police sanitaire. Des mesures d’assainissement peuvent

43

être cependant appliquées hors du cadre strict de la police

sanitaire.

Ces différentes mesures ont des conséquences directes sur la zone réglementée,

comme par exemple la délimitation de périmètres infectés, la mise en interdit, le recensement

des animaux, le marquage, l’isolement, l’abattage, la destruction de cadavres, le traitement ou

la vaccination (si cela est autorisé) et la désinfection. On comprend bien les conséquences que

cela peut engendrer pour les filières bovines. Les structures de commerce d’animaux sont

parmi les 1ères

touchées lorsqu’il y a des restrictions de circulation et des interdictions de

rassemblement. La FCO en est un exemple récent (voir annexe 2 et 3).

Enfin, les mesures de prophylaxie permettent notamment d’attribuer la qualification

des élevages. Ainsi, la Fédération Nationale des Groupements de Défense Sanitaire (FNGDS)

et la Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires (SNGTV) ont proposé la

création à l’échelon national d’un organisme de certification sanitaire destiné à mettre en

place les démarches permettant d’apprécier et de certifier l’état sanitaire des élevages vis à vis

de maladies spécifiques de manière à faciliter les mouvements des animaux. Il s’agit de

l’Association pour la Certification de la Santé Animale en élevage (ACERSA). Ces

principales missions sont (D. Repiquet, 2003):

- définir les maladies pour lesquelles il est utile,

scientifiquement possible et économiquement viable

d’apporter une certification, trois maladies sont visées

actuellement (IBR, hypodermose bovine et

Paratuberculose)

- préciser les données techniques inhérentes à la maladie à

certifier, valider le cahier des charges (modalité

d’appréciation de l’état sanitaire) et rédiger des procédures

d’application

- établir des procédures internes de fonctionnement et

d’habilitation du GDS à délivrer les certificats garantissant

le cheptel demandeur indemne.

Il devient alors possible aux services vétérinaires, sur la base des certificats obtenus,

d’attester officiellement l’appellation indemne des cheptels correspondants.

44

b. Les mesures défensives de lutte

La protection sanitaire regroupe également un ensemble de mesures défensives

obligatoires et permanentes, visant à la fois à prévenir la propagation des maladies des

animaux et à empêcher la contamination des élevages indemnes. Ces mesures concernent

essentiellement les domaines suivants : déplacements et rassemblements d’animaux,

introductions d’animaux dans un élevage indemne, monte publique, insémination et transferts

d’embryons, destruction des cadavres, alimentation des animaux et répression des épizooties

provoquées. Nous allons développer seulement les parties déplacements et rassemblements

d’animaux qui concernent notamment les opérateurs commerciaux.

En effet, tous déplacements et transports d’animaux vivants, lorsqu’ils proviennent

d’un pays, d’une région ou d’un élevage infectés, peuvent favoriser la dissémination d’une

maladie contagieuse.

i. La circulation d’animaux vivants

Pour toute mise sur le marché d’animaux vivants, il faut un Document Sanitaire

d’Accompagnement (DSA) qui comprend le passeport (DAB) associé à une ASDA ou un

Laissez-passer Sanitaire (LPS).

Lorsqu’ils le jugent nécessaire (en cas d’épizootie par exemple), le préfet dans un

département (arrêté préfectoral), ou le ministre chargé de l’agriculture pour la Nation (arrêté

ministériel), peuvent transitoirement réglementer la circulation des animaux. Ils peuvent

interdire l’entrée ou la sortie des animaux dans une zone déterminée, supprimer les

déplacements dans une région ou les limiter à certaines conditions, ou interdire les foires,

marchés et autres rassemblements d’animaux. Gardons à l’esprit que de toute façon,

l’identification des bovins ainsi que la connaissance de certaines données sanitaires (ASDA)

sont indispensablement aux déplacements des animaux.

Deux groupes de mesures destinées à prévenir la dissémination des maladies à

l’occasion de transports d’animaux doivent être respectées par les transporteurs

professionnels et les négociants en bestiaux acheminant des animaux vivants dans les foires,

marchés, expositions et abattoirs :

- mesures de désinfection des véhicules : tout entrepreneur

qui aura transporté des animaux est tenu de désinfecter les

véhicules ayant servi à cet usage. Le nettoyage (par un

système haute pression) et la désinfection (avec des

désinfectants homologués pour cet usage) doivent être

45

réalisés aussitôt après le déchargement des animaux. Le

transporteur est tenu de mentionner la date et le lieu de

désinfection sur une plaque fixée à l’extérieur de son

véhicule

- séparation des transports d’animaux destinés à l’élevage et

d’animaux de statut sanitaire inconnu ou différent : une

telle mesure vise à éviter la contamination d’un animal

destiné à l’élevage à l’occasion d’un transport en commun

avec des animaux éventuellement infectés.

Ces mesures sont bien évidemment renforcées lorsque le transport concerne des

animaux acheminés vers l’abattoir en vue d’un abattage sanitaire si l’exploitation d’origine

n’est pas qualifiée vis à vis de la tuberculose, de la brucellose, ou de la leucose bovine

enzootique (sous un LPS).

ii. Les lieux de rassemblement d’animaux

L’introduction, dans un lieu de rassemblement d’animaux tel que les marchés, d’un

animal infecté (porteur ou malade) est particulièrement grave, pouvant entrainer la

contamination d’animaux éventuellement d’une grande valeur, et permettant une dispersion

rapide et à grande distance de l’infection lorsque les animaux retournent dans des cheptels

éventuellement éloignés.

Nous avons vu précédemment que ces rassemblements pouvaient être interdits par

arrêté en cas d’épizootie. La réglementation prévoit également la surveillance de ces

rassemblements d’animaux par des agents de la DDPP. Leur objectif est de contrôler que les

animaux ont été déplacés dans le respect des dispositions réglementaires et ne présentent pas

de symptômes permettant de suspecter une MRC. En outre, les maires veillent à ce que,

aussitôt après chaque tenue de marchés, les infrastructures soient nettoyées et désinfectées.

Les mêmes dispositions doivent être prises pour d’autres types de rassemblements

d’animaux comme les foires, expositions d’animaux, concours, etc. De plus, la présence

d’animaux de haute valeur peut induire des exigences sanitaires supplémentaires alors

spécifiées dans un règlement sanitaire.

46

Pour conclure, nous insisterons sur le rôle essentiel de l’identification bovine et

de la BDNI pour permettre une gestion sanitaire efficace. De plus, nous avons mis en

évidence des mesures spécifiques (nettoyage et désinfection des locaux, séparation des

animaux d’élevage et de boucherie…) s’appliquant aux opérateurs commerciaux en plus

de mesures générales pouvant les concerner (restriction de circulation…).

Ensuite, nous allons nous intéresser plus précisément aux différents circuits

d’animaux ainsi qu’au fond de notre étude : les opérateurs commerciaux intervenant

lors de mouvements de bovins.

47

III. Les mouvements des bovins ou de leurs produits et les

impacts sur la santé animale: état des lieux dans le Grand

Ouest

Après cette description de l’élevage bovin dans le Grand Ouest et un rappel succinct

de la réglementation sanitaire, nous allons nous intéressé spécifiquement aux circuits

d’animaux. De plus, nous insisterons à décrire les opérateurs commerciaux intervenant dans

le commerce des bovins sur lesquels nous allons travailler.

1. Les différents circuits d’animaux

D’une manière plus générale, lorsque l’on veut décrire les mouvements d’animaux, on

raisonne à partir des élevages. En effet, avec la BDNI on peut retrouver chaque mouvement

de bovin, c’est à dire soit une entrée soit une sortie d’un élevage. Cette information nous

donne déjà un 1er

renseignement sur les types d’animaux qui rentrent et qui sortent des

élevages et qui sont donc susceptibles de transiter chez un ou plusieurs opérateurs

commerciaux.

a. Description qualitative des différents types d’animaux

i. Les veaux

La filière « veaux » a une importance capitale dans le Grand Ouest en raison du

caractère laitier de la région. En effet, en élevage laitier, les veaux de race pure mâle (surtout

Prim Holstein et Normand) ainsi que les veaux croisés (animaux qui ne peuvent servir à un

renouvellement du cheptel laitier) sont vendus très jeunes (souvent avant trois semaines) pour

être valorisés notamment à travers la production de veaux de boucherie. Les veaux de

boucherie correspondent à des veaux, mâles ou femelles, destinés à être abattus avant l’âge de

six mois. En France, les veaux issus des élevages laitiers sont dirigés à 72% vers la

production de veaux de boucherie (source : office de l’élevage). Le reste est dirigé soit vers

une filière « jeunes bovins » à 26% soit vers la production de bœufs qui reste anecdotique

(2%). Les veaux issus des élevages allaitants sont principalement orientés vers la production

de jeunes bovins (surtout à l’étranger) que nous détaillerons dans la suite du document.

48

La production de veaux de boucherie est une production presque entièrement intégrée.

En effet, nous remarquons la place incontournable des intégrateurs dans cette production

(figure 8).

Figure 8: les circuits d'animaux vivants de la filière intégrée "veaux de boucherie"

Le système d’intégration est particulier, les entreprises qui font de l’intégration sont

en contrat avec les éleveurs engraisseurs. Ce contrat défini le fonctionnement des élevages

(approvisionnement en alimentation, débouchés…). Notamment au niveau sanitaire où les

engraisseurs doivent respecter les pratiques définies par le contrat comme les traitements aux

animaux, les pratiques de lavage et désinfection, la durée du vide sanitaire entre deux lots…

Les sociétés d’intégrations possèdent souvent toutes les étapes de la production, de la

fabrication de l’aliment jusqu’à l’abattage. Par contre, l’approvisionnement en veaux de

moins de trois semaines avant l’allotement est hétérogène, soit directement des élevages, soit

des marchés ou encore des commerçants en bestiaux (ou de coopératives ou des groupements

d’éleveurs). Cet approvisionnement hétérogène a toute son importance au niveau de la

dissémination d’agents infectieux.

Il existe également une autre catégorie d’animaux, issu de l’élevage allaitant, il s’agit

du veau sous la mère, cependant cette production n’est pas développée en zone Grand Ouest.

ii. Les jeunes bovins

Les jeunes bovins regroupent différents types d’animaux que l’on peut diviser en

deux :

Elevages laitiers et allaitants

Intégrateurs

Engraisseur en contrat

Abattoirs

Marchés Commerçants en bestiaux

49

- les animaux de moins de un an représentés principalement

par les « broutards » qui sont des bovins maigres, ces

derniers regroupent essentiellement des animaux de race

allaitante, destinés à retourner en engraissement

- les animaux de un à deux ans qui comprennent notamment

les « taurillons » (mâle) qui sont des bovins gras destinés à

l’abattoir, et les laitonnes qui sont des femelles allaitantes

destinées à l’abattoir ou au renouvellement du troupeau.

Comme nous l’avons vu, le Grand Ouest est une région attachée à l’engraissement des

animaux maigres, même si une partie importante des animaux est exportée vers l’étranger.

Figure 9: les circuits de jeunes bovins vivants

On se rend compte de l’importance des commerçants en bestiaux et des

coopératives/groupements d’éleveurs, qui sont une véritable plaque tournante du commerce

des animaux maigres (figure 9). En zone Grand Ouest, on retrouve une proportion importante

de naisseurs-engraisseurs qui favorisent de plus en plus l’auto approvisionnement, notamment

pour des problèmes de gestion sanitaire. L’exportation a moins d’importance que dans des

Elevages naisseurs Elevages naisseurs-engraisseurs

Marchés Commerçants en bestiaux ou coopératives

Exportation Importation

Engraisseurs

spécialisés

Abattoir

50

bassins de purs naisseurs comme le Charolais. Les bovins maigres du Grand Ouest

apparaissent de moins bonne qualité que dans certaines autres régions (lots moins

homogènes), mais il a l’avantage d’être comparativement moins cher.

iii. Les gros bovins

Les gros bovins sont représentés en grande partie par les animaux de réforme, c’est à

dire des animaux laitiers ou allaitants en fin de carrière. Les bœufs sont aussi une production

dont la finition nécessite plus de temps que les jeunes bovins (environ 36 mois vs 18-24 mois

pour les jeunes bovins). Cependant, cette production a fortement régressé depuis deux

décennies, notamment du fait des primes destinées à des animaux non castrés.

b. Description quantitative des mouvements de bovins des élevages du

Grand Ouest par région

Nous finirons donc cette partie en examinant les mouvements de bovins des élevages

dans les quatre régions du Grand Ouest. En effet, les élevages constituent soit le début soit la

fin (avec les abattoirs et l’export) d’un mouvement d’un bovin.

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

No

mb

re d

'an

ima

ux

type de production

Sorties des élevages (tête)

Entrées dans les élevages (tête)

Graphique 8: mouvements bovins des élevages de Bretagne en 2008 (source: office de

l'élevage)

51

Les entrées et les sorties des élevages de Bretagne sont représentatifs du caractère très

laitier de la Bretagne. Effet, les mouvements concernent en grande partie des vaches laitières,

des veaux laitiers ou croisés (graphique 8).

0

10000

20000

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50000

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90000

No

mb

re d

'an

ima

ux

Type de productions

Sorties des élevages (tête)

Entrées dans les élevages (tête)

Graphique 9: mouvements bovins des élevages de Basse-Normandie en 2008 (source:

office de l'élevage)

La Basse-Normandie est également une région à fort caractère laitier mais on

remarque que cette région garde un attrait pour l’engraissement des jeunes bovins mâles (plus

de 50.000 entrées de broutards dans les élevages) (graphique 9).

52

0

50000

100000

150000

200000

250000N

om

bre

d'a

nim

au

x

Type de productions

Sorties des élevages (tête)

Entrées dans les élevages (tête)

Graphique 10: mouvements bovins des élevages de Pays de la Loire en 2008 (source:

office de l'élevage)

La région Pays de Loire est définie comme une région plutôt mixte entre l’élevage

laitier et allaitant, ceci se retrouve dans les mouvements d’animaux dans les élevages. En

effet, on remarque déjà au niveau de cette région une plus grande proportion de mouvements

de vaches allaitantes. Cependant, les veaux et les broutards sont les animaux qui sortent et

entrent le plus des élevages des Pays de la Loire (graphique 10).

53

0

5000

10000

15000

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25000

30000

35000

40000

45000N

om

bre

d'a

nim

au

x

Type de productions

Sorties des élevages (tête)

Entrées dans les élevages (tête)

Graphique 11: mouvements bovins des élevages de Poitou-Charentes en 2008 (source:

office de l'élevage)

La région Poitou-Charentes apparaît comme la région la plus orientée vers la viande

également au niveau des mouvements d’animaux. En effet, on remarque que les mouvements

d’animaux concernent proportionnellement davantage des bêtes à viande que dans les trois

autres régions étudiées (graphique 11).

En conclusion, on remarque que pour les quatre régions du Grand Ouest, les animaux

qui circulent le plus sont les veaux (laitiers ou viandes) ainsi que les mâles de moins de un an,

c’est à dire les broutards. Les vaches laitières (surtout dans le nord du Grand Ouest) et

allaitantes (surtout en Poitou-Charentes) constituent un type d’animaux dont les mouvements

sont relativement importants par rapport aux autres catégories. On remarque donc que les

animaux entrent et sortent régulièrement des élevages pour alimenter le commerce d’animaux

vivants. Après que l’animal soit sorti d’une exploitation, il peut être dirigé directement vers

une autre exploitation ou un abattoir. Il s’agit du circuit le plus simple possible. Cependant,

dans de nombreux cas, le bovin peut transiter par différentes structures correspondant aux

opérateurs commerciaux avant de rejoindre sa destination finale notamment pour les

broutards et les veaux de trois semaines.

54

2. Les différents types d'opérateurs commerciaux

Les opérateurs commerciaux sont des acteurs indispensables des filières lait et viande.

Pour le service d’identification bovine, ils sont définis comme étant des détenteurs de bovins

à titre temporaire (moins de 30 jours) qui exercent une activité liée à la commercialisation de

bétail vif. Dans le cadre de ce travail, où l’attention est portée sur la santé animale, nous

appellerons opérateurs commerciaux :

- toutes les structures qui interviennent entre la sortie d’un

bovin d’une exploitation et son entrée soit dans un autre

élevage, soit un centre d’engraissement, soit un abattoir ou

bien encore à l’export et

- qui ont des centres de rassemblement de bovin.

Nous distinguerons:

- les commerçants privés

- les coopératives et les groupements d’éleveurs

- les intégrateurs de la filière veaux de boucherie

- les marchés aux bestiaux

- les transporteurs

- les abattoirs

a. Les commerçants de bovins

Les commerçants d’animaux vivants sont des acteurs des filières bovines assez

hétérogènes. La plupart des commerçants exercent leurs activités au sein de Petites et

Moyennes Entreprises (PME). Si la moyenne des entreprises comporte environ cinq

personnes, de nombreux commerçants exercent leur métier dans une structure familiale.

Toutefois, certaines entreprises peuvent compter jusqu’à plusieurs dizaines de personnes. La

profession de commerçant en bestiaux se caractérise par une grande diversité : commerçants

locaux ou de proximité, commerçants régionaux, nationaux et même ceux à vocation

internationale. Cette diversité existe aussi dans les catégories d’animaux commercialisés :

veaux de moins de trois semaines, broutards, gros bovins, voire d’autres espèces comme les

ovins.

Les commerçants en bestiaux sont regroupés au sein d’une fédération : la Fédération

Française des Commerçants en Bestiaux (FFCB). La Bretagne compte environ 105

commerçants en bestiaux dont une soixantaine affilié à la FFCB, la Basse-Normandie environ

55

50 dont 32 affiliés à la fédération, les Pays de Loire 116 affiliés à la FFCB et Poitou-

Charentes environ 30 (source : FFCB).

Les commerçants de bovins ont un rôle non négligeable dans la collecte et le transport

des animaux vivants, même si il ne s’agit pas de leur activité principale. Le transport routier

des animaux vivants est un maillon indispensable pour valoriser les diverses productions.

Chaque région d’élevage a sa spécificité et le transport qui en découle est alors fonction de

cette spécificité. En région Grand Ouest, on aura un transport important de veaux de huit

jours.

Le transport des animaux vivants, mis en cause parfois par des comportements

excessifs fortement médiatisés, souffre incontestablement d’une mauvaise image auprès du

grand public. La réglementation européenne précise les conditions dans lesquelles les

transports d’animaux vivants doivent être réalisés. Des pressions fortes continuent à s’exercer

dans le sens d’un plus grand renforcement de cette réglementation. Il est donc extrêmement

important pour les professionnels de la filière de bien connaître la réglementation pour

pouvoir s’y conformer. L’institut de l’élevage a beaucoup travaillé sur ce sujet de manière à

développer les meilleures pratiques possibles.

Les marchands de bestiaux peuvent avoir également un rôle d’allotement des animaux

de manière à valoriser la production. Les centres d’allotement sont des structures permettant

d’accueillir des bovins d’origines différentes de manière à les trier selon des exigences

particulières dans le but de les valoriser. L’allotement est uniquement utilisé pour mettre en

valeur des animaux destinés à la boucherie ou à l’engraissement. Différentes types de

structures peuvent avoir recourt à ce genre de centre pour valoriser leur marchandise.

Beaucoup de petits commerçants font de l’allotement sans avoir de réel centre d’allotement.

Ils collectent sur une même tournée des animaux plus ou moins homogènes (en élevage, dans

les marchés…).

b. Les coopératives et groupements de producteurs

Les coopératives ou les groupements de producteurs sont des entreprises parfois de

grande taille, comportant jusqu'à plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’employés en

France pour certaines coopératives. Ces structures ont donc la possibilité d’avoir un ou

plusieurs centres d’allotement pour commercialiser un grand nombre de bovins, notamment à

l’étranger. La différence avec les gros commerçants privés se fait surtout sur le statut de

l’entreprise. Dans le cas des coopératives et des groupements, les éleveurs adhèrent à la

structure et ils peuvent intervenir sur son fonctionnement.

56

c. Les intégrateurs

Les intégrateurs interviennent essentiellement dans le marché des veaux de boucherie.

En effet, cette production est très standardisée. Les intégrateurs collectent des veaux soit

directement dans les fermes soit par l’intermédiaire de marchands ou de marchés. Ils allotent

les veaux avant de les envoyer chez des engraisseurs avec qui ils sont en contrat. Ces

intégrateurs possèdent donc des centres d’allotement et ces derniers seront adaptés aux veaux.

Les contrats d’intégration prévoient une relation étroite entre société intégratrice et éleveurs :

fourniture d’aliments pour les veaux provenant de la société d’intégration, règles de

fonctionnement et notamment règles sanitaires fixées à l’avance…

Les veaux commercialisés dans l’ouest de la France sont plus jeunes que le reste de la

France (A. Brulle et al., 2003) notamment car les veaux laitiers sont séparés plus tôt de leurs

mères.

Sur la zone du Grand Ouest, la BDNI recense 486 opérateurs commerciaux (il peut

s’agir de commerçants privés, de coopératives, de groupements d’éleveur ou encore

d’intégrateurs) qui ont des centres de rassemblement. Ces centres représentent 30% des

centres qui ont notifié des mouvements d’animaux en 2008 à la BDNI en France.

d. Les marchés

Avec des apports de plus de 1,5 millions d’animaux sur la France en 2008, les 55

marchés adhérents à la Fédération française des Marchés de Bétail Vifs (FMBV) assurent une

part importante du commerce de bétail vif, malgré une baisse régulière d’activité chaque

année notamment lors de crises sanitaires comme la Fièvre aphteuse en 2001 (FMBV, 2009).

Une réglementation très précise encadre le fonctionnement des marchés. Ils sont

aujourd’hui agréés par les services vétérinaires, sur la base de l’arrêté du 9 juin 1994 relatif

aux centres de rassemblement d’animaux. Cette législation (agrément sanitaire) a été mise en

place dans le but d’améliorer deux aspects du commerce de bétail : la diminution du risque

sanitaire et la prise en compte du bien-être animal.

En Grand Ouest, on retrouve deux types de marchés : des marchés de gré à gré et des

marchés au cadran. Dans les marchés de gré à gré, les vendeurs amènent les animaux avant le

marché, les mettent en place dans des parcs où ils sont classés par catégorie. Dès que le

marché ouvre, les acheteurs vont directement discuter les prix des animaux qui les intéressent

avec les vendeurs. Dans les marchés au cadran, les animaux amenés par les vendeurs sont pris

en charge par les bouviers dès leur déchargement dans les parcs. Les bouviers les répartissent

selon leur catégorie puis les animaux sont conduits un à un sur un ring de présentation où les

57

acheteurs peuvent les observer. Le chef des ventes présente alors l’animal (les informations

relatives aux animaux sont indiquées sur le cadran en même temps) et indique le prix de

départ des enchères. Les acheteurs surenchérissent à l’aide un bouton placé sur leur pupitre.

La particularité des marché au cadran du Grand Ouest est que la vente se réalise animal par

animal alors que dans le centre de la France, il existe des marchés où la vente peut se faire par

lots. Enfin, il faut savoir que les marchés au cadran résistent davantage au contexte actuel

défavorable que les marchés de gré à gré, notamment grâce à la sécurité et la rapidité de

paiement pour les vendeurs (Réussir Bovins Viande, 2010).

Dans le secteur laitier, les marchés ont une importance surtout dans la filière du veau.

Sur la zone étudiée, on compte 2 marchés aux veaux de grande importance : Château-Gontier

(53) et Lezay (79). Les marchés sont davantage sollicités au niveau de la filière viande. Pour

les jeunes bovins et les gros bovins, on retrouve également deux marchés de très grande

importance : Châteaubriand (44) et Cholet (49) (graphique 12).

0

10000

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No

mb

re d

e t

ête

s

Gros Bovins de boucherie

Broutards

Gros bovins maigres

veaux

total BOVIN

Graphique 12: importance des marchés du Grand Ouest (source : FMBV)

Pour la lecture des passeports et de l’ASDA, les marchés utilisent une « douchette »

leur permettant de scanner le code barre des documents. L’informatique est un outil qui

devient incontournable lorsque le nombre d’animaux commercialisés devient important.

Enfin, en plus de la mission d’identification et de traçabilité, les marchés doivent respecter

58

des règles sanitaires précises comme un lavage à haute pression et une désinfection avec un

produit agréé.

En 2008, 36 marchés aux bestiaux ont notifié des mouvements de bovin dans le Grand

Ouest sur 75 au niveau de la France entière (48%).

e. Les transporteurs

Les transporteurs de bétail vif peuvent être divisés en deux catégories : les

commerçants qui ont une activité « secondaire » de transport et les transporteurs spécialisés

qui ne réalisent que cette activité. En effet, la plupart des commerçants en bestiaux ont des

camions pour transporter les animaux qu’ils commercialisent, mais il s’agit d’une activité

dépendante des animaux achetés et vendus par eux même. Au contraire, les transporteurs

spécialisés, qui ont généralement une flotte de camions plus importante, ne réalisent que la

partie transport pour une tierce personne qui commercialise l’animal. Ces transporteurs

spécialisés peuvent adhérer à la Fédération Nationale des Transporteurs Routiers (FNTR).

i. La formation des personnes

Au niveau de la réglementation, les personnes transportant des animaux vivants

doivent bénéficier au préalable d’une formation spécifique. Ces formations sont dispensées

uniquement par des organismes agréés par les autorités compétentes (DGAl), et portent sur

les aspects techniques et réglementaires relatifs à la protection des animaux lors du transport :

- les moyens et pratiques de transport

- les besoins en nourritures et abreuvement

- le comportement et le stress des animaux

- les soins d’urgences

- la manipulation afin d’assurer la sécurité des opérateurs et

des animaux

- les conséquences de la conduite du véhicule sur le bien-

être des animaux et la qualité des viandes.

Ces formations sont obligatoires depuis le 5 janvier 2008 et donne lieu à la délivrance du

Certificat d’Aptitude Professionnelle au Transport des Animaux Vivants (CAPTAV). On

remarque que ces formations n’abordent pas ou très peu l’aspect sanitaire du transport des

animaux vivants.

59

ii. La réglementation relative au bien-être animal

Il faut distinguer les différents types de transports qui existent :

- les transports de moins de 65km

- les transports « courte durée » de plus de 65km et de

moins de 12 heures pour des transports nationaux (ou

moins de huit heures pour les transports

intracommunautaires ou internationaux)

- les transports de « longue durée » de plus de 65km et de

plus de 12 heures pour les transports nationaux (ou plus de

huit heures pour les transports intracommunautaires ou

internationaux).

Les transports de moins de 65km doivent seulement répondre à des exigences de

manipulation et de contention des animaux (minimiser l’excitation des animaux…), et des

exigences d’aptitude au transport des animaux (interdiction des animaux malades ou blessés,

venant de mettre bas…).

Pour les transports « longue durée », il existe des durées légales de transport: 14h de

route puis 1h de pause avec abreuvement sans déchargement puis de nouveau 14h de route

puis 24h de pause avec déchargement pour les adultes. Pour les veaux, on retrouve le même

principe mais la durée maximum des deux périodes de transport est de 9h au lieu de 14h. Les

veaux de moins de 14 jours sont interdits de transport « longue durée » sans être

accompagnés de leurs mères (C. Tocze et al., 2007).

Il existe une réglementation précise sur l’équipement des camions pour le transport

« longue durée » garantissant ainsi la santé, le bien-être des animaux et l’environnement.

Enfin, il existe des documents réglementaires à posséder selon le type de transport dont il

s’agit: CAPTAV pour les transports de plus de 65km, registre du transporteur, carnet de

route…

f. Les abattoirs

Les abattoirs sont une étape critique de la filière viande bovine, notamment en terme

de santé public. En effet, il s’agit de l’étape finale des circuits de bovins vivants et la santé de

ces bovins conditionnent la qualité sanitaire des aliments. La traçabilité des animaux doit

évidemment être maintenue entre l’animal vif et les produits qui en découlent. A l’abattoir,

les services vétérinaires effectuent une inspection anté et post mortem des animaux pour

vérifier la qualité sanitaire de ces derniers. Les services vétérinaires vérifient également que

60

les obligations des transporteurs vis à vis de la santé animale et du bien-être animal soient

respectées (lavage et désinfection des camions après déchargement…).

Agréés CE1

(agrément valide)

Agréés CE

(agrément

conditionnel)

Abattoirs

locorégionaux

(agrément valide)

Total

Bretagne 22 7 1 (Porcins) 8

29 8 1 9

35 11 11

56 4 2 6

Basse-

Normandie

14 3 3

50 4 4

61 2 2

Pays de la

Loire

44 1 1

49 3 3

53 4 4

72 4 4

85 4 4

Poitou-

Charentes

16 4 4

17 3 3

79 4 1 5

86 5 1 6

TOTAL 71 1 5 77

Tableau 1: nombre d'abattoirs par département (source: DGAl)

La zone du Grand Ouest compte 77 abattoirs dont 71 qui détiennent un agrément

européen valide selon la DGAl (tableau 1). On remarque que la région Bretagne comptabilise

un nombre important d’abattoir par rapport aux autres régions. En effet, 34 établissements

existent dans les quatre départements de cette région. Cependant, le nombre d’abattoirs n’est

pas toujours corrélé avec la quantité de bêtes abattues.

g. L’exportation et l’importation

L’exportation des bovins vivants se réalise soit par l’intermédiaire des commerçants

en bestiaux privés, ou des coopératives. Cependant, la partie transport de ces animaux vers

l’étranger est souvent sous traitée par des transporteurs spécialisés qui sont davantage

équipés, notamment en camions aux normes pour le transport « longue durée ». Au départ de

chaque camion de bovins vers l'étranger, un vétérinaire certifié vérifie le chargement (état

physique des animaux, identification et vaccination contre la FCO). En 2008, la France a

1 Suite à la mise en place du « paquet hygiène », les abattoirs ont eu 4 ans pour ce mettre aux normes

communautaires. La demande d’agrément donne lieu à un agrément conditionnel valable 3 mois renouvelable 1

fois. Les abattoirs « locorégionaux » sont ceux qui ne se sont pas encore mis aux normes Européennes : ils ne

peuvent pas commercialiser leurs produits hors des frontières.

61

exporté 1.078.500 bovins de plus de 80kg, dont 1.070.500 vers l'Union Européenne (source:

FranceAgriMer). L'Italie importe plus de 84% des bovins, essentiellement des broutards.

L'importation de bovins supérieur à 80kg est beaucoup moins développée, elle représente

69.400 animaux. Cependant, l’importation représente toujours des flux d’animaux à risque du

fait qu’ils proviennent de pays où la France ne contrôle pas forcement les règles sanitaires. De

plus, si l’importation est faible pour les bovins de plus de 80kg, elle est important pour les

veaux avec plus de 73.000 veaux importés (vs 59.200 exportations de veaux). D’une manière

générale, les flux de bovins entre la France et les autres pays Européens se réalisent plutôt

dans le sens nord-sud. La France peut également être un pays de transit notamment pour les

échanges de bovins entre l’Espagne et l’Italie (Bourget, 2002).

3. Les rôles et impacts des opérateurs commerciaux vis-à-vis de la

santé animale

Les structures où il y a rassemblement d’animaux peuvent favoriser la dispersion de

maladies infectieuses. Ils ont donc un rôle important à jouer dans la prévention des risques

sanitaires à travers des mesures sanitaires préventives. Cependant, il est également important

de considérer ces structures comme des acteurs indispensables dans le bon fonctionnement

des filières bovines. Le passé nous a prouvé qu’à chaque crise sanitaire (ESB, fièvre

aphteuse…), ces structures ont eu des baisses d’activités significatives néfastes à toute une

économie.

Ainsi, cette partie portera en premier lieu sur les dangers sanitaires pouvant toucher

les centres de rassemblement, puis sur la gestion de ce risque par les opérateurs et enfin sur

les conséquences des crises sanitaires.

a. Identification des dangers

Pour que l’on puisse aborder le thème de la gestion du risque sanitaire, il nous faut

dans un premier temps identifier les dangers contribuant à ce risque. Peu d’études traitent du

rôle des centres de rassemblement d’animaux dans l’apparition des troubles de santé chez les

bovins. On retrouve dans la littérature essentiellement des études des troubles de santé chez

les jeunes bovins en engraissement, donc après la phase d’allotement.

Pour qu’il y ait une gestion efficace des maladies animales, tous les acteurs d’une

filière doivent les prendre en compte. Une négligence de ces maladies lors de la

commercialisation des bovins pourrait avoir des conséquences plus ou moins graves sur la

62

dissémination des agents pathogènes. Pour certaines MRC, le risque est faible car la France

est considérée indemne depuis plusieurs années. En plus des MRC, d’autres pathologies

présentent des risques considérés comme les plus importants (F. Maunsell et G.A. Donovan,

2008):

- les maladies respiratoires en général (bovine respiratory

disease complex) comprenant des maladies bactériennes

(Pasteurella, Manheimia) et des maladies virales (Virus

Respiratoire Syncytial (VRS), IBR, Parainfluenza, FCO)

- la Salmonellose

- la Diarrhée Virale Bovine (BVD)

- les maladies infectieuses responsables d’avortements

- les maladies infectieuses touchant les pieds

- la Paratuberculose

Les troubles respiratoires sont les troubles les plus souvent rencontrés après la mise en

lot chez les jeunes bovins, viennent ensuite les troubles locomoteurs. Le mélange d’animaux

d’origines différentes est fortement associé à une augmentation du risque d’apparition des

troubles de santé, il s’agit essentiellement de troubles respiratoires (N. Bareille et al., 2007 ;

S. Assié et al., 2007). D’autres troubles ont été relevés dans une moindre proportion : troubles

digestifs, nerveux et des morts subites (suspicion d’entérotoxémie). Les centres d’allotement

de bovins sont donc à priori des structures à risque vis à vis de la santé animale. La densité

d’animaux, ou le nombre d’animaux présents sur un centre au même moment apparait comme

un facteur de risque. Enfin, il est apparu que les animaux les plus sensibles avaient des

concentrations en sélénium significativement plus faible que les animaux sains. On pourra

donc se poser la question d’éventuels traitements qui peuvent être mis en place avant ou

pendant l’allotement pour contrer d’éventuelles carences alimentaires, facteur de risque

supplémentaire.

De plus, il apparaît que les animaux les plus jeunes sont plus fortement atteints que

des animaux mis en lots moins précocement. Le mélange d’animaux d’âge différent apparaît

comme un facteur de risque vis à vis des agents infectieux (F. Maunsell et G.A. Donovan,

2008 ; N. Bareille et al., 2007). Ce mélange est le plus souvent délétère pour les animaux les

plus jeunes. Ces caractéristiques seront donc importantes à mettre en évidence lors de

l’analyse des flux ou de l’analyse des pratiques (origine, âge des animaux allotés). Les

caractéristiques des bâtiments ne sont pas apparues associées à l’incidence des troubles dans

cette étude, mais cette dernière n’était pas spécifiquement liée aux bâtiments. Cependant, les

63

caractéristiques des bâtiments, notamment les paramètres de ventilation, peuvent avoir une

influence sur la concentration des microorganismes pathogènes (R.J. Callan et F.B. Garry,

2002).

Si l’on s’intéresse spécifiquement aux maladies, certaines peuvent faire l’objet d’une

surveillance particulière. Tout d’abord, l’IBR apparaît comme une maladie à risques. En effet,

même si les cas les plus fréquents sont sub-cliniques, l’impact de la maladie notamment au

niveau économique est importante (avortement, contrainte à la commercialisation…).

L’importance de cet agent durant le mouvement des animaux est d’autant plus grande que le

virus (herpès virus) peut être réactivé au moment d’un stress. Or, le déplacement des bovins

occasionne un stress important chez ces derniers. Le transport induit également une baisse de

l’immunité dont la première cause est l’augmentation de corticoïdes endogènes suite au stress

engendré (K. Fike et M.F. Spire, 2006 ; S.J. Wells et al., 2002 ; A. Brulé et al., 2001). De

plus, lors d’un transport routier, il a été démontré une baisse significative du taux de globules

blancs dans le sang, confirmant une diminution des défenses de l’organisme (V. Chiofalo et

al., 2005). C’est pourquoi cette maladie fait l’objet d’une certification déjà plus ou moins

avancée selon les régions. On peut remarquer que les dangers sont différents à l’intérieur

même de la zone du Grand Ouest. En effet, même si cette zone à un taux de qualification des

élevages supérieur au reste de la France (70,6% vs 52,0% source : FNGDS), des disparités

importantes sont à noter en fonction des départements (graphique 13).

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

22 56 35 29 72 53 50 61 85 44 49 79 14 17 86 16

Départements

% d

e c

ert

ific

ati

on

Graphique 13: proportion d'élevages certifiés IBR par département en 2007-2008

(source: FNGDS)

64

On remarque que les quatre départements de Bretagne sont certifiés à plus de 95%

alors que Poitou-Charentes est certifiée seulement à un taux de 19,4% pour la Charente et

jusqu’à 56,1% au maximum pour les Deux Sèvres. Les deux autres régions (Basse-

Normandie et Pays de la Loire) sont intermédiaires et plus hétérogènes avec des taux de

certification compris entre 52,8% pour le Calvados et 90,5% pour la Sarthe. La gestion du

risque vis-à-vis du virus de l’IBR est donc beaucoup plus facile à prendre en compte dans la

région Bretagne que dans les autres régions du Grand Ouest grâce à la certification.

Une autre maladie virale présente un risque important vis-à-vis de la santé animale, il

s’agit de la BVD. La prévalence de cette infection est évaluée à 33% en Bretagne (A. Joly et

al., 2005), et les conséquences zootechniques et économiques sont importantes : mortalité,

altération de la reproduction, baisse de production laitière et augmentation de la sensibilité

aux autres maladies (C. Fourichon et al., 2003). La transmission se réalise principalement par

contact direct notamment avec un animal Infecté Permanent Immunotolérant (IPI). La

commercialisation des animaux entre cheptel apparaît donc comme un facteur de risque qu’il

serait logique de prendre en compte par les opérateurs commerciaux de la filière bovine.

Enfin, la FCO (sérotype 8 et 1) qui touche la France depuis 2006 apparaît comme une

maladie à risque. En effet, la dispersion du Blue Tongue Virus (BTV) se réalise par les

mouvements des bovins infectés, ou la migration du vecteur (Culicoides sp.) par les animaux

d’élevage ou le vent. L’humain intervient donc pour prévenir la dispersion du virus, mais il

participe également à cette dispersion (K. Mintiens et al., 2008). Nous nous intéresserons

donc à la gestion de cette maladie vectorielle par les opérateurs commerciaux.

Parmi les maladies responsables de problème de reproduction et qui sont les plus

susceptibles d’être importées par introduction d’un animal infecté, on retrouve l’IBR, la

BVD, la Néosporose, la Leptospirose, la Campylobactériose et la Trichomonose, dans une

étude réalisée en Amérique du nord (M.W. Sanderson et D.P. Gnad, 2002). Nous pouvons

rajouter la Fièvre Q qui est responsable d’une partie non négligeable des avortements en

France, avec un risque de santé publique également (AFSSA, 2004). Par contre, la

Trichomonose et la Campylobactériose peuvent être mis de coté car ce sont des maladies dont

la transmission est peu probable par l’intermédiaire des structures de contact entre élevages.

Enfin, le rôle de la faune sauvage dans la transmission d’agents infectieux existe (F.

Bendali et al., 2008). Cependant, ce risque apparaît comme mineur dans ce genre de structure

où les animaux transitent durant un temps limité avec peu de contact avec l’environnement.

Ce point ne sera donc pas abordé par l’enquête.

65

Enfin, une étude montre une incidence plus élevée de certaines maladies dans les

élevages d’engraissement américains où il y a également mélange d’animaux de différentes

origines (R. A. Smith, 1998). Cependant, le système de « feedlots » américains paraît

difficilement transposable au système d’engraissement français et plus largement européen.

b. Le rôle des centres de rassemblement dans la dispersion des

maladies animales

Les centres où il y a rassemblement d’animaux comme les marchés au bestiaux ou les

centres d’allotement des commerçants de bétail vif, sont clairement identifiés comme étant

des structures facilitant la transmission d’agents infectieux (M.L. Brennan et al., 2008 ; F.

Maunsell et G.A. Donovan, 2008 ; S.J. Wells et al., 2002 ; S.E. Robinson et R.M. Christley,

2007). Ce sont les mouvements d’animaux en premier lieu qui créent le contact direct entre

les élevages et ces structures. Les mouvements d’animaux infectés sont considérés comme le

facteur critique pour la transmission des maladies du bétail, justifiant les restrictions de

circulation des animaux et la réglementation stricte de l’importation et de l’exportation (M.

Gilbert et al., 2005). Enfin, les transporteurs ont un rôle de déplacement des animaux vivants

nécessitant évidemment le mélange de ces derniers. La transmission par le matériel ou les

personnes constitue un facteur de risque, il s’agit d’une transmission par contact indirect.

Figure 10: représentation schématique des principaux contacts potentiels d'un élevage

bovin (source: M.L. Brennan et al.)

Autres élevages

Employés Marchés aux

bestiaux

Commerçants

en bestiaux

Abattoirs

Elevage

Autres

professionnels

(inséminateurs,

vétérinaires…)

Voisins contiguës

Autres

bâtiments

66

Chaque élevage peut être en contact avec de nombreuses autres structures (figure 10).

On remarque que les marchés et les commerçants en bestiaux sont des acteurs en contact

direct avec les élevages. Ainsi, ces structures sont des intermédiaires pour le transport

d’agents infectieux entre deux zones potentiellement éloignées géographiquement. Ainsi, en

2001 lors de l’épizootie de fièvre aphteuse en Europe, les marchés ont clairement été

identifiés comme une des causes de la dissémination du virus aphteux du nord de l’Angleterre

vers le sud. Puis, le passage du virus en France a été favorisé par l’importation de moutons

par un négociant français (J. Maupome, 2002 ; F. Moutou, 2002). A travers ce seul exemple,

on réalise alors l’impact possible de ce genre de structure sur la transmission de maladies

infectieuses. D’une manière générale, le développement du commerce international des

animaux augmente la probabilité de transmettre différentes maladies (F. Moutou, 2002).

c. La gestion du risque sanitaire par ces opérateurs

Les opérateurs commerciaux intervenant dans le commerce des bovins doivent

respecter la réglementation sanitaire en vigueur (identification des animaux, prise en compte

des MRC dans les circuits de commercialisation, pratique de lavage et de désinfection,

éventuellement de désinsectisation…), mais ils peuvent également augmenter le niveau de

gestion sanitaire par des mesures supplémentaires. Nous étudierons dans la suite de ce travail

le respect de cette réglementation et les pratiques réalisées sur le terrain.

Certaines règles se rajoutent pour le commerce communautaire. Les opérateurs

désirant exporter ou importer des animaux doivent dans un premier temps faire une demande

d’enregistrement auprès de la DDPP du département d’implantation de la structure (les

transporteurs sont dispensés de cette démarche). Les structures qui importent des animaux

doivent tenir un registre récapitulant ces importations afin de transmettre un récapitulatif des

introductions chaque semestre aux autorités compétentes.

De plus, chaque structure travaillant avec l’international et ayant un centre de

rassemblement doit obtenir un agrément sanitaire. Cet agrément doit être demandé au préfet

et renouvelé tous les quatre ans. Les conditions à l’obtention de l’agrément sanitaire des

centres de rassemblement sont des conditions d’équipements et de fonctionnement (arrêté

ministériel du 9 juin 1994):

- installations appropriées permettant de décharger et

d’héberger convenablement les animaux, de les abreuver,

de les nourrir et de leur donner d’éventuels soins (les

installations doivent être faciles à nettoyer et à désinfecter)

67

- équipement de nettoyage et de désinfection des locaux et

des bétaillères

- aire de réception des litières

- couloir de contention

- réception d’animaux dont le statut sanitaire est compatible

avec les échanges intracommunautaires

- contrôle des marques et documents sanitaires ou

d’accompagnements des bovins au moment de leur

introduction par le responsable

- nécessité d’avoir un vétérinaire sanitaire

- séjour dans le centre d’une durée maximum égale à celle

du document sanitaire accompagnant les animaux.

Les marchés ont le droit à certaines dérogations compte tenu du temps limité de séjour des

animaux dans ces centres (pas besoin d’équipement fixe d’abreuvement et d’alimentation…).

Nombre de centres de

rassemblement agréés

Nombre de négociants agréés

14 1 1

16 0 0

17 0 0

22 7 0

29 6 4

35 0 0

44 16 1

49 1 0

50 3 3

53 2 0

56 0 0

61 4 0

72 12 11

79 5 45

85 1 36

86 4 0

Tableau 2: nombre de centres de rassemblement et de négociants possédant l'agrément

sanitaire par département (source: DGAl)

On peut remarquer que le nombre de structure qui sont agréées est plutôt faible

comparé au nombre total de structures intervenant dans le commerce de bovins (tableau 2).

68

d. Les impacts des crises sanitaires sur une filière : de l’amont à l’aval

Depuis le 18ème

siècle, l’articulation entre l’organisation économique d’une filière et la

préservation de la santé animale et humaine est un problème récurrent (J. Bourdieu et al.,

2004). Aujourd'hui, les crises sanitaires impactent directement le commerce des bovins du fait

des restrictions de circulation des animaux (S.E. Robinson et R.M. Christley, 2007). Pour

certaines maladies comme la fièvre aphteuse, un foyer entraine systématiquement des

mesures très contraignantes qui vont jusqu’à la fermeture des centres de regroupement

d’animaux (marchés, centres d’allotement…). D’autres maladies sont moins contraignantes,

comme la FCO, mais la restriction de mouvements des bovins conduit tout de même à une

baisse d’approvisionnement des marchés aux bestiaux et plus généralement une baisse

d’activité des commerçants privés, coopératives, groupements, ou transporteurs. De plus, les

crises sanitaires peuvent impacter la commercialisation des bovins par le biais d’une baisse de

la demande des consommateurs vis à vis de telle ou telle production par méfiance. La crise de

l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB) en est un exemple récent pour la filière de la

viande bovine.

Pour les marchés par exemple, leur baisse d’activité entre 2007 et 2008 se chiffre à

environ 11% sur l’ensemble du territoire d’après la FMBV, alors que sur la même période,

l’Office de l’élevage fait état d’une légère baisse de production en France de 0,5% en gros

bovins finis, de 1,9% en bovins maigres (gros bovins et veaux) et de 5,4% en ovins-caprins

dans son rapport « le marché des produits laitiers, carnés et avicoles en 2008 ». L’aspect

sanitaire avec la FCO, est en grande partie responsable de cette désertification des marchés.

Le commerce extérieur peut également être touché par des crises sanitaires. Les

exportations de bovins ont diminué de 6,3% entre 2007 et 2008. La FCO a pénalisée les

ventes vers les deux principaux pays acheteurs (Italie et Espagne) qui ont fermé

temporairement leurs frontières aux animaux non vaccinés. L'exportation des veaux vers

l’union européenne représente 59.200 animaux en 2008 soit une baisse de 57,8% par rapport

à 2007. Dans le même temps, la France a importé 73.100 veaux soit une baisse de 43,4%

(source: FranceAgriMer).

69

En conclusion, nous pouvons insister sur trois points :

- la complexité des circuits de bovins et l’omniprésence

des opérateurs commerciaux lors de ces mouvements

d’animaux

- la diversité de ces opérateurs commerciaux

- le rôle de ces intermédiaires dans la dispersion des

maladies infectieuses dont l’impact est important.

70

71

2ème

partie : problématique

72

73

I. La problématique

Nous avons vu que dans l’élevage bovins, les échanges d’animaux, notamment

d’animaux vivants, sont extrêmement fréquents. Or, on a vu que ces échanges pouvaient

être à l’origine d’un risque de transmission d’agents pathogènes entre élevages ou entre

les différents opérateurs de la filière.

Ces échanges se font très régulièrement par l’intermédiaire de centres de

rassemblement d’animaux, ce qui augmente le risque de propagation des agents

pathogènes du fait du mélange d’animaux d’origines et d’âges différents, du stress lié au

transport ou encore de la persistance d’agents infectieux dans ces structures. Bien

entendu, ces structures répondent à des exigences réglementaires en termes de gestion

sanitaire mais comme nous l’avons vu, ce n’est parfois pas suffisant pour éviter les

disséminations d’agents infectieux pouvant être à l’origine de crises sanitaires.

Enfin, contrairement à d’autres productions très organisées, les échanges

d’animaux en élevage bovin sont extrêmement variés, tant sur les types d’animaux

échangés que sur les différents opérateurs faisant office de centre de rassemblement.

Cette diversité augmente encore le risque de propagation dans la mesure où l’ensemble

des flux d’animaux vivants commercialisés et les structures par lesquelles ils transitent

ne sont pas toujours bien connus, malgré les exigences d’identification et de traçabilité.

Il est donc particulièrement important de dresser un constat sur les flux actuels

d’animaux vivants commercialisés, sur leurs itinéraires entre deux élevages, sur les

structures de transit qui les accueillent et sur les règles sanitaires mises en place dans ces

structures.

L’objectif de ce travail est donc de dresser ce constat, en se basant sur l’exemple

de la région du Grand Ouest, cette dernière étant une région où l’élevage bovin a une

importance considérable. Pour cela, nous nous appuierons sur le projet SANCRE

Grand Ouest.

Nous étudierons d’abord les différents flux de bovins qui peuvent exister à

travers ces opérateurs commerciaux par le biais d’une extraction de données de la

BDNI. De plus, une enquête terrain nous permettra de faire un état des lieux des

pratiques sanitaires au sein de ces structures.

74

II. Le projet SANCRE Grand Ouest

Le projet SANCRE (Santé Animale, Sécurité des Aliments et Compétitivité des

filières Animale Régionale) s’intéresse aux vulnérabilités et atouts des territoires du Grand

Ouest quant à l’impact de la santé animale sur l’économie de la production agricole. Ce projet

a été initié par l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et l’Institut de

Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement (CEMAGREF) en partenariat

avec les régions Basse-Normandie, Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes. Il porte

sur 3 grands types d’enjeux en santé animale :

- les maladies épidémiques : à forte contagiosité,

souvent gérées par l’Etat, absentes de tout ou

partie des territoires mais susceptibles de créer

des chocs d’offre et de demande impactant

différentes filières et secteurs de productions

- les maladies endémiques : à contagiosité

modérée, souvent gérées par les éleveurs,

répandues sur les territoires et impactant

principalement la compétitivité des exploitations

- les zoonoses alimentaires.

Ce projet est divisé en quatre volets de recherche. Notre travail dépend du volet

« organisation de la production agricole, structuration territoriale et implication pour la

gestion de la santé animale ». Le thème que nous développerons par la suite sera relatif aux

mouvements des bovins, et plus particulièrement aux opérateurs commerciaux qui

interviennent entre la sortie d’un bovin d’un élevage et son entrée soit dans un autre élevage,

un abattoir ou à l’exportation.

La définition de la zone du Grand Ouest dans la suite de notre travail correspondra à

16 départements regroupés en quatre régions administratives qui sont la Bretagne (27.208

Km2), la Basse-Normandie (17.589 Km

2), les pays de Loire (32.082 Km

2) et Poitou-

Charentes (25.810 Km2 source : INSEE).

75

3ème partie : contribution des opérateurs

commerciaux aux risques sanitaires dans le Grand

Ouest

76

77

Nous allons désormais nous intéresser aux risques sanitaires concrets liés à la

commercialisation des bovins en Grand Ouest, ainsi qu’à la gestion de ces risques. Nous

verrons dans un premier temps les flux de bovins qui transitent par ces opérateurs

commerciaux grâce à une analyse descriptive de la BDNI. Puis, dans un deuxième temps,

nous décrirons les pratiques sanitaires mises en place chez ces opérateurs commerciaux.

I. Matériel et méthode

1. Analyse des flux d’animaux dans les marchés, les centres de

rassemblement et les abattoirs

a. Extraction de données de la BDNI

Pour caractériser les flux de bovins qui transitent chez les opérateurs commerciaux

intervenant lors de mouvements de bovin, nous avons utilisé la BDNI. En effet depuis 2003,

les marchés et les opérateurs commerciaux qui ont un centre de rassemblement doivent

notifier leurs mouvements de bovins comme le font les exploitations classiques d’élevage.

Les mouvements déclarés par les abattoirs ont également été pris en compte. Nous avons

travaillé sur une extraction de la BDNI qui correspondait aux trois critères suivants :

- le mouvement a lieu en 2008 et

- il se passe dans une exploitation de type 31 (centres de

rassemblement), de type 32 (marchés) ou de type 40

(abattoirs) et

- il se situe dans la zone géographique du Grand Ouest (les

16 départements concernés).

L’extraction correspond à 3 016 535 bovins qui sont donc passés par une de ces structures

situées en Grand Ouest durant l’année 2008. Enfin, nous pouvons remarquer que le nombre

de structure ayant notifié un mouvement à la BDNI est assez différent selon le type de

structure (graphiques 14, 15 et 16). En 2008, 486 centres de rassemblement (vs 1144 pour le

reste de la France), 61 abattoirs (vs 143 pour le reste de la France) et 36 marchés (vs 42 pour

le reste de la France) ont notifié au moins un mouvement de bovin en BDNI.

78

Graphique 14: nombre de centres de rassemblement "type 31"

Graphique 15: nombre de marchés "type 32"

79

Graphique 16: nombre d'abattoirs "type 40"

L’étude des flux de bovins a été réalisée en tenant compte du type d’animaux. Grace à

trois critères qui sont l’âge, le sexe et le code race (voire la destination pour différencier les

veaux de boucherie et les veaux à remettre), nous avons créé 13 catégories d’animaux

(tableau 3).

Laitier (Prim Holstein, Normande,

Montbéliarde…)

Allaitant (Charolais, Limousine,

Blonde Aquitaine, Maine Anjou…)

+croisés

femelle male femelle male

< 1 mois Veaux de « 3 semaines »

De 1 à 6 mois Veaux à remettre laitiers Veaux à remettre allaitants

De 1 à 6 mois à

destination d’un

abattoir

Veaux de boucherie

De 6 mois à 1 an Génisses de

renouvellement

Taurillons

laitiers

Broutards

De 1 an à 2 ans Laitonnes Taurillons

allaitants

>2 ans Vaches laitières Taureaux laitiers

ou bœufs

Vaches

allaitantes

Taureaux

allaitants ou

bœufs

Tableau 3: définition des catégories d'animaux pour l'analyse de la BDNI

b. Caractéristiques des différents flux

Nous avons donc caractérisé les flux de bovins par catégorie d’animaux de manière à

être le plus complet possible. Plusieurs caractéristiques des flux ont été recherchées :

80

- le volume d’animaux qui ont transité par ces structures par

département (effectifs)

- la provenance des animaux avant leur arrivée dans le

centre ou l’abattoir

- la destination après le transit dans un marché ou un centre

de rassemblement

- la catégorie de bovins dont il s’agit en fonction des

mouvements

- le type de structure de provenance (élevage, marchés,

centre de rassemblement…)

- le type de structure de destination après passage.

2. Les enquêtes terrain : les pratiques sanitaires conduites par les

opérateurs commerciaux

Pour décrire les pratiques sanitaires réalisées par les différents opérateurs

commerciaux, nous avons réalisé une enquête directement sur le terrain de manière à avoir

une vision la plus conforme à la réalité.

a. Les dangers pris en compte dans l’enquête

Pour réaliser notre enquête terrain, il nous a fallu prendre en compte les risques qui

nous semblaient les plus importants. Nous avons donc porté une attention particulière à :

- l’hygiène générale

- le type d’animaux commercialisés et le fonctionnement du

centre (durée de transit et diversité d’approvisionnement

notamment)

- certaines maladies spécifiques: l’IBR, la FCO, BVD,

Paratuberculose

- les éventuels traitements (notamment préventifs vis à vis

des troubles respiratoires).

b. L’enquête

Cette enquête aborde les points qui nous paraissaient être un facteur de risque vis à vis

de la santé animale (voir annexe 4). Elle est divisée en deux parties : une partie sur les centres

81

de rassemblement et une partie sur le transport si l’opérateur offre cette prestation de service.

La partie sur le centre de rassemblement est elle même divisée en trois parties :

- des données générales sur le centre de rassemblement : il

s’agit d’avoir une description générale du type et de la

taille de la structure et des flux d’animaux qui y transitent

(la durée de passage des animaux est un point qui nous a

semblé important à noter)

- des données concernant la gestion sanitaire des animaux

transitant par le centre. On entend par gestion sanitaire des

animaux : les maladies (autres que les MRC) qui sont

prise en compte par les opérateurs, les éventuels

traitements qui sont réalisés sur les animaux et les critères

pris en compte le plus souvent pour alloter les animaux

- enfin, des données concernant l’hygiène générale du

bâtiment. C’est à dire le lavage et la désinfection de celui

ci, éventuellement sa désinsectisation car la FCO a

évidemment été prise en compte en tant que facteur de

risques. Enfin, nous notions la présence d’une station de

lavage pour les véhicules.

La deuxième partie de l’enquête portait particulièrement sur le transport des animaux

vivants. Ce sujet touche la santé animale, mais surtout le bien-être animal qui est devenu une

attente sociétale importante. Une partie du questionnaire portait sur la gestion des camions :

capacité des camions utilisés, pratique sur le lavage et la désinfection, éventuellement la

désinsectisation. La deuxième partie du questionnaire « transport » portait sur la description

des collectes et sur la prise en compte du sanitaire lors du transport des animaux vivants.

Enfin, il faut préciser que nous avons réalisée des entretiens semi-directifs avec les

opérateurs. Nous avons réalisé l’enquête pour avoir un fil directeur lors de nos entretiens.

Nous aurions pu envoyer des questionnaires aux opérateurs de manière à enquêter un nombre

beaucoup plus important d’opérateurs. Malgré cela, nous avons choisi la méthode de

l’entretien semi-directif. En effet, ce dernier comporte plusieurs avantages par rapport à un

simple questionnaire:

- un degré de liberté plus important pour l’interlocuteur

- la possibilité d’approfondir certains points

82

- la vision de l’attitude et du comportement de

l’interlocuteur (ce qu’il pense des informations

recherchées, et sa façon de faire).

c. Les opérateurs enquêtés

i. Les caractéristiques de l’échantillon

Nous avons réalisé des enquêtes sur le terrain avec la possibilité de visiter les

bâtiments. Puis, nous avons complété notre état des lieux par des enquêtes téléphoniques.

Nous avons donc ciblé dans un premier temps les marchés affiliés à la FMBV car nous avons

pu avoir des contacts plus facilement. Sachant, que pour les marchés, la majorité d’entre eux

sont affiliés à la fédération (14 sur 15). Pour les commerçants en bestiaux, nous sommes

passés par l’intermédiaire de la FFCB. En effet, cette fédération a des représentants dans

chaque département. Les « petits » commerçants seront définis comme étant des personnes

travaillant seules à leur compte (la même personne réalise toutes les taches). Les « gros »

commerçants seront définis comme des structures composées d’une équipe (un commercial

bovin, un commercial porcin, des secrétaires, des chauffeurs pour le transport par exemple).

La distinction entre « petit » et « gros » ne tient pas compte du volume commercialisé.

83

Tableau 4: caractéristiques et nombre des opérateurs enquêtés (N=38)

Nous dénombrons donc 38 opérateurs enquêtés, dont 23 sur le terrain et 15 par

téléphone (tableau 4). Pour les transports, les deux opérateurs qualifiés de « transporteurs »

correspondent à des structures qui ont une activité de transport indépendante. Ils peuvent

offrir cette prestation de service à une tierce personne, en plus d’une activité de commerce de

bovins. Cependant, 63,9% (23/36) des autres opérateurs ont une activité transport rattachée à

leur activité « commerce de bovins ». Ils ont donc également été questionnés sur cette partie

transport d’animaux. On remarque que la région Poitou-Charentes a été peu enquêtée, en

effet, on retrouve dans cette région moins d’opérateurs commerciaux dans la filière bovine

probablement parce que l’élevage est moins développé dans cette région que dans les trois

autres (voir partie 1 sur les mouvements des animaux par régions).

Marchés Commerçants

privés

Coopératives/

groupements

de

producteurs

Intégrateurs

(veaux de

boucherie)

Transport-

eurs

TOTAL

Gré à

gré

Au

cadran

Petit Gros

Bretagne 22 1 1 1 3

29 3 1 4

35 1 par

tel.

1 1 3

56 1 2 1 par

tel.

4

Basse-

Normandie

14 1 1 2

50 2 par

tel.

2

61 1 1 1 par tel. 3

Pays de la

Loire

44 1 par

tel.

1 par

tel.

1 1 4

49 1 par

tel.

1 par

tel.

1 par tel. 3

53 1+1

par

tel.

1+1

par

tel.

1 5

72 0

85 1+1 par tel. 2

Poitou-

Charentes

16 1 1

17 1 par

tel.

1

79 1 1

86 0

TOTAL 2+6

par

tel.

7 3+2

par

tel.

3+3

par

tel.

5+2 par tel. 2+1 par tel. 1+1 par

tel.

38

84

ii. Les difficultés rencontrées

Le choix des opérateurs à enquêter était problématique car d’une part la quantité

d’opérateurs ne nous permettait pas d’être exhaustifs, et d’autre part le milieu des

commerçants en bestiaux n’est pas forcement facile à enquêter. D’autant plus lorsqu’il s’agit

de questionner sur la gestion de la santé animale, sujet parfois sensible en raison des freins

qu’il engendre au niveau du commerce des animaux vivants. Cette profession est très

hétérogène et plutôt méfiante vis à vis de ce genre d’enquête. De plus, ils font les frais d’une

image plutôt négative de la part des autres professionnels du secteur, voire de la société, qui

les rendent encore moins accessibles. Les commerçants en bestiaux privés peuvent avoir des

tailles très différentes, du petit commerçant travaillant seul (difficilement accessible) aux

grosses structures privés avec plusieurs dizaines d’employés (plus facilement accessibles).

Nous avons donc choisi des grosses structures car le volume d’animaux y transitant est

d’autant plus important, et car ces structures sont plus facilement accessibles. En effet, ils

emploient des personnes « spécialisées » qui ont généralement plus de temps à consacré pour

ce genre d’enquête. Nous avions parfois un interlocuteur spécialisé dans la gestion sanitaire,

le vétérinaire notamment. Parmi ces opérateurs, on retrouve des coopératives ou des

groupements de producteurs, ainsi que les intégrateurs de la filière veaux de boucherie.

II. Résultats

1. Les flux d’animaux dans les marchés, les centres de rassemblement et

les abattoirs

Nous allons désormais nous intéresser aux résultats de notre étude des flux de bovins

chez les opérateurs. Lorsqu’un bovin sort d’un élevage, il va effectuer un mouvement qui

peut être simple et direct (mouvement d’un élevage à un abattoir), ou qui peut être plus

complexe avec différents degrés de complexité (par exemple, passage d’un élevage à un

marché, puis à un centre de rassemblement, puis un autre élevage et enfin l’abattoir).

Pour introduire ces résultats, nous soulignerons le type de structure de destination des

bovins lorsqu’ils sortent d’un élevage.

85

Graphique 17: type de structure de destination des bovins après leur sortie d'un élevage

du Grand Ouest (source : BDNI)

On peut remarquer qu’une partie importante des bovins qui sortent d’une exploitation

d’élevage du Grand Ouest vont directement à l’abattoir. Cependant, on se rend compte de

l’importance des animaux qui vont à destination des centres de rassemblement (plus de

800.000 bovins) mais également des marchés (plus de 200.000 bovins). Cela représente plus

d’un million de bovins alors que seulement 200.000 bovins vont directement dans un autre

élevage (graphique 17).

a. Les flux de bovins dans les marchés du Grand Ouest

i. Le volume des flux dans les marchés

Le volume d’animaux transitant dans les marchés se caractérise notamment par le

nombre de bovins qui passe par un marché. Nous affinerons notre analyse par d’autres

informations comme le type de production commercialisée ou la saisonnalité

d’approvisionnement.

86

Vienne

MayenneSarthe

Maine-et-Loire

Charente

Ille-et-Vilaine

Charente-Maritime

Côtes-d'Armor

Morbihan

Orne

Loire-Atlantique

Deux-Sèvres

Manche

Vendée

Calvados

Finistère

Symboles

90000

50000

20000

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Figure 11: effectifs de bovins transitant par des marchés du Grand Ouest en 2008

(source : BDNI)

D’après la notification des mouvements de bovins dans la BDNI, il y a eu 345.230

bovins qui ont transité dans un marché du Grand Ouest en 2008. Les trois départements qui

comptabilisent le plus de mouvements sont trois départements des Pays de la Loire : la

Mayenne, le Maine-et-Loire et la Loire Atlantique (figure 11).

87

Graphique 18: effectifs de bovins transitant par des marchés du Grand Ouest en 2008

en fonction du type d'animaux (source : BDNI)

Nous pouvons remarquer une tendance à la spécialisation des marchés en fonction du

type d’animaux. En effet, les marchés de trois départements, la Mayenne, la Manche et les

Côtes d’Armor, commercialisent une proportion importante de veaux de trois semaines

(graphique 18). Ceci conforte une spécialisation de certains marchés vers cette unique

production, évitant ainsi le mélange d’animaux d’âges différents souvent néfaste à la santé

animale.

88

Graphique 19: type de bovins transitant dans des marchés du Grand Ouest (source :

BDNI)

Les veaux de trois semaines correspondent à 41% des animaux transitant dans les

marchés. Ce chiffre reflète le caractère laitier de la zone comme on l’a déjà décrit

précédemment. On remarque donc que de nombreux veaux de boucherie transitent par un

marché avant d’arriver chez un intégrateur. Durant l’année 2008, 460.388 veaux de trois

semaines sont sortis des élevages du Grand Ouest, 30,6% d’entre eux sont donc passés par un

marché du Grand Ouest si l’on considère qu’ils restent dans la même zone géographique.

Les vaches allaitantes (plus de deux ans) représentent 22% des animaux et les

broutards représentent 15%. Les vaches allaitantes et les vaches laitières représentent 29%

des animaux transitant dans un marché. Cependant, ce chiffre est à modérer si on le compare

aux 900.000 vaches allaitantes et laitières qui sortent des élevages du Grand Ouest durant la

même année. Les autres catégories de bovins représentent une proportion plus faible des

apports dans les marchés aux bestiaux (graphique 19).

89

Graphique 20: saisonnalité de l'approvisionnement des marchés du Grand Ouest

(source : BDNI)

Durant l’année 2008, il y a eu une affluence plus importante sur les marchés du Grand

Ouest durant les mois de septembre, janvier et octobre avec plus de 32.500 bovins

commercialisés chaque mois. Les mois où l’activité a été la plus faible sont novembre et

décembre avec moins de 25.000 animaux commercialisés (graphique 20).

Si l’on regarde la saisonnalité seulement pour la catégorie veaux de trois semaines, on

observe la même évolution sur l’année 2008. Les mois de janvier et septembre étant les plus

actifs et ceux de novembre et mai étant les plus faibles pour cette catégorie de bovin.

ii. L’origine des flux dans les marchés

La provenance des animaux qui transitent chez les opérateurs commerciaux peuvent

avoir une importance capitale au niveau de la transmission d’agents infectieux à longue

distance.

90

Graphique 21: provenance géographique des bovins transitant dans des marchés du

Grand Ouest (source : BDNI)

Nous pouvons remarquer que 95,1% des animaux transitant dans un marché du Grand

Ouest provient de cette même zone (graphique 21). Ce sont ensuite les régions Centre et

Haute-Normandie qui apportent le plus d’animaux avec respectivement 5.349 et 1.977

animaux apportés. Toutes les autres régions représentent moins de 1% des apports. Les

importations représentent 32 animaux dont 29 importés dans les marchés des Pays de la

Loire. Ces animaux importés sont exclusivement des veaux de trois semaines. 22 sont

importés d’Espagne, les autres le sont des Pays Bas ou du Danemark.

91

Graphique 22: taux d'auto-approvisionnement des marchés par département dans le

Grand Ouest (source : BDNI)

La proportion d’animaux qui provient du même département que la structure dans

laquelle ils transitent sera appelée le « taux d’auto-approvisionnement ». Ce taux est assez

hétérogène pour les marchés aux bestiaux en fonction du département (graphique 22). Mais

on observe tout de même la même tendance qui consiste à s’approvisionner localement. En

effet, le taux moyen d’auto-approvisionnement pour les marchés du Grand Ouest est

supérieur à 50% (53,1%). Les marchés du Calvados et des Côtes d’Armor s’approvisionnent

presque exclusivement dans leurs propres départements, avec un taux au alentour de 90%

d’auto-approvisionnement. Par contre, c’est le contraire pour les départements d’Ille-et-

Vilaine et de Mayenne qui s’approvisionnent dans leur département à seulement 25 et 20%.

92

Graphique 23: type d'exploitation de provenance (précédent l’entrée au marché) des

bovins transitant dans des marchés du Grand Ouest (source : BDNI)

On peut donc remarquer que 66% des animaux transitant dans un marché proviennent

directement d’un élevage. De plus, on remarque que plus d’1/4 des animaux proviennent d’un

centre de rassemblement, structures où l’on a déjà un mélange d’animaux d’origines

différentes, facteurs de risques supplémentaires (graphique 23). Il existe un nombre

relativement important d’origine indéterminée, il s’agit d’erreur de notification.

93

iii. La destination des flux dans les marchés

Graphique 24: destination géographique des animaux après passage par des marchés du

Grand Ouest (source : BDNI)

La première observation montre qu’une majorité des animaux qui ont transité sur un

marché reste dans le Grand Ouest (graphique 24). En effet, cela représente 81,7% des

animaux. Midi-Pyrénées est ensuite la région hors Grand Ouest qui accueille le plus

d’animaux originaires des marchés du Grand Ouest. Ce flux correspond à 6.482 animaux (soit

2%) dont 64,1% de vaches allaitantes et 19,8% de veaux de trois semaines. L’Aquitaine reçoit

4.231 animaux du Grand Ouest. Enfin, la région Centre est la 3ème

région hors Grand Ouest

qui bénéficie le plus des animaux des marchés de l’Ouest avec 3.914 animaux échangés.

Enfin, plus de 36.000 animaux sont exportés à partir des marchés du Grand Ouest.

Notre extraction de données ne comportait pas l’information sur le pays de destination, mais,

d’après les statistiques d’exportation de FranceAgriMer, on peut affirmer que la plupart des

animaux sont exportés soit vers l’Italie soit vers l’Espagne.

94

Graphique 25: type d'exploitation de destination (après passage dans un marché) pour

les bovins transitant dans des marchés du Grand Ouest (source : BDNI)

Nous pouvons remarquer que 37% des bovins qui transitent dans un marché du Grand

Ouest retourne en élevage (graphique 25), d’où l’importance du statut sanitaire de ces

animaux. La même exigence sanitaire doit être recherchée pour les animaux dont la

destination va être un centre de rassemblement (21%). On remarque que seulement 27% des

bovins vont directement à l’abattoir après un passage dans un marché. Enfin, on ne connaît

pas le type d’exploitation de destination des animaux qui sont exportés. Ces animaux

correspondent aux 11% de destinations indéterminées.

Synthèse :

Transit de bovins dans les marchés relativement faible (345.230).

Prédominance des veaux de trois semaines (41%).

Approvisionnement fortement locorégionale et redistribution des animaux également

fortement locorégionale.

95

b. Les flux de bovins dans les centres de rassemblement du Grand

Ouest

i. Le volume des flux dans les centres de rassemblement

Vienne

MayenneSarthe

Maine-et-Loire

Charente

Ille-et-Vilaine

Charente-Maritime

Côtes-d'Armor

Morbihan

Orne

Loire-Atlantique

Deux-Sèvres

Manche

Vendée

Calvados

Finistère

Symboles

300000

150000

50000

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Figure 12: effectifs de bovins transitant par des centres de rassemblement du Grand

Ouest en 2008 (source : BDNI)

Durant l’année 2008, 1.274.813 bovins ont transité dans un centre de rassemblement

situé dans le Grand Ouest (figure 12). La différence d’approvisionnement entre les marchés et

ces centres de rassemblement correspond à 929.583 animaux sur une année.

96

Graphique 26: effectifs de bovins transitant par des centres de rassemblement du Grand

Ouest en 2008 en fonction du type d'animaux (source : BDNI)

Le département d’Ille-et-Vilaine regroupe le plus de mouvements avec plus de

300.000 notifications d’entrées et de sorties représentées en grande partie par des veaux de

trois semaines. Les autres départements ayant le plus d’activité sont la Manche, la Mayenne

et les Pays de la Loire. Les départements de Charente-Maritime, de la Vienne et du Morbihan

sont ceux qui représentent le moins de mouvements dans les centres de rassemblement

(graphique 26).

97

Graphique 27: type de bovins transitant dans des centres de rassemblement du Grand

Ouest (source : BDNI)

Au niveau de la répartition des différentes catégories de bovins dans les centres de

rassemblement, on observe des similitudes avec les données des marchés aux bestiaux. En

effet, la catégorie la plus représentée est la catégorie des veaux de trois semaines avec 41%

des apports totaux. Cette observation se vérifie surtout pour les départements plutôt laitiers

notamment les quatre départements de Bretagne. Les vaches de réforme (laitières et

allaitantes) représentent 25% des apports et les broutards 13%. Enfin, les taurillons allaitants

représentent 8% des apports. Les autres catégories sont minoritaires représentant moins de

3% chacune des mouvements dans les centres de rassemblement du Grand Ouest (graphique

27).

98

Graphique 28: saisonnalité de l'approvisionnement des centres de rassemblement du

Grand Ouest (source : BDNI)

Les mois d’avril, de septembre et d’octobre sont les mois où l’approvisionnement des

centres de rassemblement est le plus important. Comme pour les marchés, on observe une

chute brutale (baisse de 40.000 animaux) des approvisionnements en novembre et décembre

(graphique 28).

ii. L’origine des flux dans les centres de rassemblement

99

Graphique 29: provenance des animaux transitant dans des centres de rassemblement

du Grand Ouest (source : BDNI)

Contrairement aux marchés aux bestiaux, les centres de rassemblement du Grand

Ouest ont un approvisionnement plus diversifié géographiquement. En effet, on remarque que

les centres de rassemblement s’approvisionnent à 17,5% hors de la zone Grand Ouest (vs

4,9% pour les marchés). La région des Pays de la Loire est la plus représentée avec 33% des

animaux transitant dans les centres de rassemblement en provenance de cette région

(graphique 29). Pour l’approvisionnement hors de la zone Grand Ouest, c’est la région Centre

qui fournit le plus d’animaux avec un apport de 31.604 bovins soit 2,5% des apports, puis le

Limousin avec 21.597 bovins (1,7%), la Haute-Normandie avec 16.487 bovins (1,3%),

Rhône-Alpes avec 15.394 bovins (1,2%) et enfin, l’Aquitaine avec 12.176 bovins (1%). Les

autres régions approvisionnent les centres de rassemblement du Grand Ouest à moins de 1%.

De plus, les centres de rassemblement du Grand Ouest importent des animaux. En

effet, 4.664 bovins en provenance d’un pays étranger ont transité par un centre de

rassemblement selon la BDNI. Parmi eux, 4.635 étaient en provenance d’Espagne, le reste

d’Autriche (18), d’Italie (5), de Belgique (4), d’Allemagne (1) et du Luxembourg (1). Il s’agit

essentiellement de veaux de trois semaines dont 4.496 ont transité dans des centres de

rassemblement d’Ille-et-Vilaine en Bretagne.

100

Graphique 30: taux d'auto-approvisionnement des centres de rassemblement par

département dans le Grand Ouest (source : BDNI)

Nous pouvons remarquer que les centres de rassemblement s’approvisionnent en

grande partie dans leur propre département, soit 57% en moyenne. L’Orne et la Sarthe sont

les deux départements dont l’approvisionnement est le plus local. A l’opposé, l’Ille-et-Vilaine

et la Charente-Maritime se fournissent à seulement 40% environ dans leurs départements

(graphique 30).

iii. La destination des flux dans les centres de rassemblement

101

Graphique 31: destination des animaux après passage par des centres de rassemblement

du Grand Ouest (source : BDNI)

Nous pouvons remarquer que les centres de rassemblement du Grand Ouest expédient

les animaux qu’ils commercialisent à 78,8% à l’intérieur même de la zone Grand Ouest. Les

flux de bovin les plus importants correspondent à 400.033 bovins à destination des Pays de la

Loire et 383.473 bovins à destination de la Bretagne (graphique 31). On a pu remarquer que

les centres de rassemblement de l’Ouest envoient leurs animaux en premier lieu dans leur

propre région, sauf pour les centres de rassemblement de Charente et Charente-Maritime. En

effet, les centres de rassemblement de Charente envoient plus d’animaux en Limousin qu’en

Poitou-Charentes et les centres de Charente-Maritime envoient plus d’animaux en Pays de la

Loire qu’en Poitou-Charentes.

La région française, hors Grand Ouest, qui reçoit de plus de bovins issus des centres

de rassemblement de l’Ouest est la région Aquitaine avec 26.347 bovins soit 2,1% des bovins

transitant en centres de rassemblement. Viennent ensuite les régions du Limousin et de Midi-

Pyrénées avec respectivement 20.030 et 17.030 bovins soit 1,6 et 1,3% des sorties de bovins

des centres de rassemblement. Les autres régions françaises reçoivent chacune moins de 1%

des animaux de centres du Grand Ouest.

102

Enfin, on remarque également que 12,6% des bovins sortant, soit 161.315 bovins, sont

exportés. Ce chiffre est plus important que celui des animaux à destination d’une autre région

française.

Synthèse :

Transit de bovins dans les centres de rassemblement relativement important (1.274.813).

Prédominance des veaux de trois semaines (41%).

Approvisionnement locorégionale mais tout de même plus diversifié que les marchés.

Redistribution des animaux également davantage locorégionale.

c. Les flux de bovins dans les abattoirs du Grand Ouest

i. Le volume des flux dans les abattoirs

Vienne

MayenneSarthe

Maine-et-Loire

Charente

Ille-et-Vilaine

Charente-Maritime

Côtes-d'Armor

Morbihan

Orne

Loire-Atlantique

Deux-Sèvres

Manche

Vendée

Calvados

Finistère

Symboles

600000

300000

50000

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Figure 13: effectifs de bovins entrant dans un abattoir du Grand Ouest en 2008 (source :

BDNI)

103

D’après la BDNI, 2.415.765 bovins sont entrés dans un abattoir du Grand Ouest en

2008. On remarque que c’est le département d’Ille-et-Vilaine qui abat le plus d’animaux

devant les Côtes d’Armor et le Maine-et-Loire (figure 13).

Graphique 32: effectifs de bovins entrant dans un abattoir du Grand Ouest en 2008 en

fonction du type d'animaux (source : BDNI)

En Ille-et-Vilaine, on se rend compte que plus de la moitié des animaux abattus sont

des veaux de boucherie (soit 342.473 veaux) (graphique 32).

Les départements de la Mayenne, de la Charente et de la Charente-Maritime

comptabilisent le moins d’entrées en abattoirs.

104

Graphique 33: type de bovins entrant dans des abattoirs du Grand Ouest (source :

BDNI)

Les vaches de réformes, qu’elles soient laitières ou allaitantes, sont les catégories les

plus importantes à l’abattoir puisqu’elles représentent 40,9% des animaux entrant en abattoir.

Les veaux de boucherie sont également une catégorie de bovins très représentée avec 563.451

veaux abattus en Grand Ouest soit 23,3%. Enfin, les taurillons, qu’ils soient laitiers ou

allaitants ont une importance considérable puisqu’ils représentent 26,2% des abattages

(graphique 33).

Les autres catégories (veaux de trois semaines, broutards, génisses…) sont moins

représentées car il s’agit d’animaux maigres destinés à l’élevage ou l’engraissement.

105

Graphique 34: saisonnalité de l'approvisionnement des abattoirs du Grand Ouest

(source : BDNI)

Nous pouvons remarquer que les mois d’octobre, janvier, décembre et septembre sont

les plus importants en termes de volume d’approvisionnement dans les abattoirs du Grand

Ouest (graphique 34). Chaque mois représente un apport de plus de 210.000 bovins. Le mois

de novembre est celui dont l’apport est le plus faible avec 183.209 bovins qui sont entrés dans

un abattoir du Grand Ouest.

ii. L’origine des flux dans les abattoirs

106

Graphique 35: provenance des bovins entrant dans des abattoirs du Grand Ouest

(source : BDNI)

Dans un premier temps, nous pouvons remarquer que les abattoirs s’approvisionnent

majoritairement à l’intérieur même de la zone du Grand Ouest (graphique 35). En effet,

86,1% des animaux entrant en abattoirs sont issus de ces quatre régions. La région Pays de la

Loire fournit le plus d’animaux (33%), puis la Bretagne (29%), la Basse-Normandie (18%) et

enfin, Poitou-Charentes (6%). Pour ce qui est de l’apport hors Grand Ouest (13%), la région

Haute-Normandie est la plus exportatrice vers les abattoirs du Grand Ouest avec 94.037

bovins (3,9%), puis la Picardie avec 46.470 bovins (1,9%), le Centre avec 40.574 bovins

(1,7%) et enfin, la région Nord-Pas-de-Calais avec 39.579 bovins (1,6%). Toutes les autres

régions représentent moins de 1% des apports chacun.

Les abattoirs du Grand Ouest importent également des animaux vivants. Ce commerce

représente 17.361 bovins qui sont à plus de 99% des veaux. La majorité des bovins importés

le sont en Bretagne, soit 16.532 animaux (surtout en Ille-et-Vilaine). Les plus gros

fournisseurs des abattoirs du Grand Ouest sont la Belgique (9.345 importation), les pays Bas

(5.985 importations) et l’Italie (1.248 importations). Enfin, des volumes moins importants de

bovins sont importés d’autres pays : Espagne (269), Allemagne (259), Iran (100), Irlande

107

(71), Albanie (39), Luxembourg (24), Ukraine (6), Pologne (5), Suisse et Danemark (4),

Autriche et Inde (1).

Graphique 36: taux d'auto-approvisionnement des abattoirs du Grand Ouest (source :

BDNI)

Tous les abattoirs du Grand Ouest se fournissent majoritairement dans leur propre

région. On remarque même que le taux d’auto-approvisionnement est assez élevé. En effet,

celui ci est en moyenne de 38% sur la zone Grand Ouest. Il atteint 59,8% pour la Mayenne.

En revanche, il est seulement de 22,9% pour le Maine-et-Loire (graphique 36).

Graphique 37: type d'exploitation de provenance des bovins entrant dans des abattoirs

du Grand Ouest (source : BDNI)

108

Enfin, on peut remarquer que les ¾ des animaux entrant en abattoirs proviennent

directement des élevages (graphique 37). Pour le reste des animaux, 18% proviennent de

centres de rassemblement et 6% de marchés.

Synthèse :

Afflux d’animaux vivants très important dans les abattoirs (2.415.765).

Prédominance de vaches de réforme (41%).

Approvisionnement diversifié mais davantage locorégionale.

d. Le risque sanitaire

Il serait intéressant d’estimer le risque sanitaire dans ces structures en fonction de leur

situation géographique. L’AFSSA a mis en place une méthode qualitative de mesure du

risque sanitaire. Cette méthode a donc été améliorée en 2008 (AFSSA, 2008). L’analyse de

risque doit prendre en compte quatre parties interconnectées :

- l’identification du danger

- l’appréciation du risque

- la gestion du risque

- la communication à propos du risque.

L’appréciation du risque est le point clé de l’analyse, qui peut se diviser en quatre points :

- l’appréciation de l’émission qui correspond à la

probabilité de la production du danger à sa source

- l’appréciation de l’exposition qui correspond à la

probabilité que des animaux ou des personnes soient

exposés au danger considéré

- l’appréciation des conséquences qui consiste à décrire les

effets néfastes de la survenue du danger

- l’estimation du risque.

Malheureusement, nous n’avons pu réaliser correctement cette appréciation du risque

car notre sujet, qui se voulait généraliste, n’était pas assez ciblé sur une maladie particulière.

En effet, la probabilité d’exposition pour telle maladie ne sera pas la même pour une autre

(taux de prévalence différents…). Notre objectif était de décrire des flux et des pratiques

d’une manière générale car cela n’a jamais été fait dans ce domaine plutôt méconnu.

109

e. Synthèse

Pour conclure ces résultats sur les flux de bovins chez ces opérateurs

commerciaux, nous insisterons sur quatre points :

- les volumes de bovins pris en charge par ces

opérateurs sont hétérogènes : ce sont les abattoirs qui

déplacent le plus de bovins (2.415.765), puis les centres

de rassemblement (1.274.813) et enfin, les marchés

(345.230)

- la catégorie de bovins la plus représentée est la

catégorie des veaux de trois semaines (41% pour les

marchés et les centres de rassemblement), sauf pour les

abattoirs qui abattent davantage de vaches de réforme

- l’origine des animaux est essentiellement locorégionale,

surtout pour les marchés (95,1% de bovins originaires

du Grand Ouest), mais dans une moindre mesure pour

les centres de rassemblement et les abattoirs

(respectivement 82,5 et 86,1%), ces derniers

s’approvisionnant pour ¾ directement dans les

élevages

- la destination des animaux après transit est

majoritairement locorégionale (81,7% des bovins à

destination du Grand Ouest pour les marchés et 78,8%

pour les centres de rassemblement).

110

2. Les enquêtes terrain sur les pratiques sanitaires

a. Généralités

Les enquêtes sur le terrain et au téléphone nous ont donné des informations

qualitatives et pertinentes. Cependant, certains points généraux abordés par le questionnaire

n’étaient pas exploitables du fait de réponses trop imprécises, ou unanimes pour tous les

opérateurs.

Tout d’abord, les différentes espèces commercialisées sont que très rarement mis en

contact. En effet, les circuits d’animaux propres à chaque espèce sont assez indépendants.

Mise à part certains marchés qui commercialisent des ovins et des caprins, tous les autres

opérateurs ne commercialisent que des bovins. Pour ces marchés qui prennent en charge

plusieurs espèces, la vente se réalise soit des jours différents soit à des horaires différents. Les

différentes espèces ne sont jamais mises directement en contact.

Une question portait sur le mélange d’animaux de différentes classes d’âge. Les

opérateurs ne mélangent jamais des animaux de classes d’âge très différentes. Ceci est bien

respecté. Par exemple, nous n’avons pas rencontré d’opérateur où les veaux de moins de trois

semaines étaient logés dans le même bâtiment que les jeunes bovins (notamment les

broutards) ou les gros bovins. Cependant, ces deux dernières catégories sont quant à elles

souvent dans le même bâtiment. Pour la question sur les critères de formation des lots

homogènes, aucun des opérateurs n’a eu de réponse vraiment unanime. En effet, la création

des lots se réalise en fonction de la demande. Il s’agit d’un critère davantage commercial que

sanitaire. Les critères les plus souvent retrouvés sont la race, puis le poids et/ou la

conformation mais également le sexe.

Aucun des opérateurs ne possèdent de locaux spécifiquement dédiés aux animaux

malades. Beaucoup considèrent que la réglementation sur les transports interdit les

mouvements d’animaux cliniquement malades. Donc ils considèrent qu’il ne doit pas y avoir

d’animaux malade dans leurs centres (ou que très rarement si l’expression clinique débute

pendant le transport ou si il y a une blessure pendant le transport). Dans ce cas là, un

vétérinaire est appelé et le problème est réglé au cas par cas. Donc, la plupart nous disent

qu’ils peuvent isoler un animal malade (paddocks, box le plus excentré…), mais ils n’ont pas

de lieu spécifique.

Pour la question relative à un éventuel dispositif en cas de crise sanitaire, les réponses

ont été homogènes. Aucun opérateur n’a de dispositifs prévu à l’avance. Ils considèrent que la

réglementation sanitaire est tellement spécifique en fonction du type de maladie qu’ils sont

111

contraints de s’adapter en fonction du type de crise (les mesures prises contre la fièvre

aphteuse sont évidemment plus contraignantes que celles prises lors de la FCO). La plupart

nous ont confié qu’ils avaient néanmoins la possibilité de mettre en place certaines mesures

pratiques comme un rotoluve par exemple.

Marchés Commerçants

privés

Coopératives/

groupements

de producteurs

Intégrateurs Transport-

eurs

Gré à

gré

Au

cadran

Petit Gros

Volume

commercialisé

(nombre de

têtes/semaine)

<500 4 7 5 1

500 à

1000

3 5

>1000 4 2 2 2 2

Capacité de

stockage (nb

de têtes)

<500 1 3 3 4 6 1

500 à

1000

4 1 2 1

>1000 7

Tableau 5: taille des opérateurs enquêtés (N=372)

Nous pouvons remarquer que les marchés de gré à gré commercialisent de faibles

volumes de bovins alors que leurs capacités de stockage sont importantes. La plupart peuvent

rassembler plus de 1.000 bovins, voire plus de 2.000. En effet, il s’agit souvent de grands

halls construits il y a 20 ou 30 ans au moment où les marchés étaient en pleine effervescence.

Ils sont aujourd’hui sous utilisés.

Les gros commerçants, les coopératives ou groupements de producteurs et les

intégrateurs sont dans la situation inverse. Ils commercialisent un grand nombre d’animaux

mais ils ont des faibles capacités de stockage. Ceci s’explique par le fait qu’ils

commercialisent leurs animaux sur les cinq jours de la semaine, avec des surfaces en aire

paillée notamment pour pouvoir loger des animaux sur plusieurs jours si besoin. Les marchés

aux bestiaux commercialisent leurs animaux sur un seul jour de la semaine en un temps très

réduit.

Enfin, les marchés au cadran et les petits commerçants privés commercialisent

relativement peu d’animaux, ils possèdent une petite surface de stockage correspondante

(tableau 5).

2 Deux des petits commerçants n’utilisaient pas de centre d’allotement, ils utilisaient des circuits directs : ils

n’apparaissent donc pas dans la partie capacité de stockage de ce tableau. Les transporteurs n’apparaissent pas

également pour cette information. Un des intégrateurs n’a pas communiqué sur ses volumes commercialisés.

112

b. Contrôle sanitaire des animaux commercialisés

Nous nous sommes intéressés aux maladies qui n’apparaissent pas sur l’ASDA et qui

font l’objet d’une surveillance particulière de la part de ces opérateurs (IBR, BVD et FCO,

voire Paratuberculose et Néosporose).

Marché Commerçants

privés

Coopératives/

groupements de

producteurs

Intégrateurs

(veaux de

boucherie)

Transporteurs

Gré à

gré

Au

cadran

Petit Gros

IBR

interdiction

1 5

IBR 2 2 3 1

FCO 7 3 4 5 2

BVD

Autre: 1 * 1 *

Pas de

contrôle en

plus de

l’ASDA

7 3 2 3

TOTAL 8 7 5 6 7 3 2

Tableau 6: maladies faisant l'objet d'un contrôle lors de la commercialisation (N=38)

* : seulement pour les animaux reproducteurs à la demande des clients (IBR,

BVD, Néosporose)

La prise en compte de certaines maladies infectieuses est très différente d’un

opérateur à l’autre (tableau 6). Il faut savoir que 100% des opérateurs nous ont dit qu’ils

vérifient et transmettent l’identification des bovins qu’ils commercialisent, soit par

notification papier, et surtout par notification informatique avec une « douchette » reliée à

l’ordinateur. Les seuls opérateurs qui notifient les mouvements des animaux sous format

papier sont certains petits commerçants, nous n’avons donc pas réellement pu vérifier si la

notification se faisait correctement. Pour les autres, le volume d’animaux transitant nécessite

presque obligatoirement une notification informatique. Les MRC (tuberculose, brucellose,

leucose) sont donc contrôlées par le contrôle de l’ASDA.

i. L’IBR

L’IBR est la maladie la plus souvent prise en compte lors de déplacements de bovins.

Certains opérateurs interdisent la commercialisation, ou le passage en centre de

rassemblement, de bovins issus de cheptel non indemne. Cela représente six opérateurs sur 38

qui sont tous des marchés. De plus, nous avons remarqué qu’il s’agit seulement de marchés

de la région Bretagne (3 du Finistère, 1 des Côtes d’Armor et 1 du Morbihan) ou du

113

département de la Mayenne (1). Il s’agit donc d’une zone où la certification représente 95%

des cheptels (sauf pour la Mayenne où elle représente 86% des cheptels). La prise en compte

de cette maladie est très régionalisée. En effet, il est facile de contrôler les cheptels non

indemnes dans les départements à forte certification. De plus, d’un point de vue commercial,

le refus de commercialiser des bêtes issues de cheptels non indemnes ne représente qu’une

très faible perte d’activité en raison du nombre très réduit de cheptels non indemnes. Ceci

peut donc expliquer le fait que les structures de Bretagne soient plus exigeantes vis à vis de

cette maladie. De plus, nous avons souvent entendu une fausse idée, notamment dans les

départements limitrophes à la Bretagne, qui consiste à dire que le département est certifiée

indemne à 95% alors qu’il ne l’est seulement à 80% au maximum (voir graphique 13). Les

huit autres opérateurs qui apparaissent dans le tableau dans la ligne « IBR », correspondent à

des opérateurs qui connaissent ou qui cherchent à connaître le statut de chaque animal et qui

adaptent le circuit de commercialisation. Au minimum, ils indiquent le statut des animaux

lors de la vente (surtout pour les marchés au cadran). Mais des animaux issus d’élevage non

indemne sont quand même commercialisés, ils peuvent donc se retrouver dans un centre

d’allotement ou dans des parcs adjacents de marchés au même moment.

ii. La FCO

Tout d’abord, il faut savoir que la majorité des bovins en âge d’être vaccinés le sont

car il s’agit d’un acte obligatoire. La FCO est prise en compte par 21 opérateurs sur 38. En

fait, dans la plupart des cas, les opérateurs vérifient ou demande une attestation de

vaccination pour les animaux susceptibles d’être exportés. Nous avons remarqué que la FCO

n’a plus d’impact sur la commercialisation des bovins en France en 2009. Par contre, en 2007

et 2008, la FCO a eu un impact direct sur les mouvements des bovins. Les opérateurs étaient

obligés de s’adapter à la réglementation (en fonction de la limite de la zone réglementée).

Seul un opérateur (une coopérative de Mayenne) exige que tous animaux qui passent par leur

centre d’allotement soient vaccinés. Pour tous les autres opérateurs, la vaccination n’est pas

exigée mais la « non vaccination » réduit des opportunités commerciales.

iii. La BVD et la Paratuberculose

Pour la BVD, plusieurs opérateurs avaient un début de réflexion sur la mise en place

de « garantie non IPI » pour contrôler cette maladie. Cependant, il est apparu que seule IBR

peut être contrôlée. Pour les autres maladies comme la BVD ou la Paratuberculose, il n’y a

pas de réel moyen de contrôler le statut de chaque exploitation. Certains outils de contrôle

114

comme la certification ne sont pas assez développés. Les opérateurs pourraient demander des

analyses de laboratoire (sérologie, PCR…), mais ils ne le font pas, notamment pour des

raisons de coûts.

Enfin, d’autres maladies peuvent faire l’objet d’un contrôle plus approfondi mais

seulement à la demande de l’acheteur et pour une catégorie particulière d’animaux. Par

exemple, pour deux des opérateurs rencontrés, un contrôle des reproducteurs est réalisé, à la

demande des acheteurs, pour l’IBR, la BVD et la Néosporose.

On s’est finalement rendu compte que 15 opérateurs sur 38 vérifient seulement

l’ASDA en même temps que l’identification des bovins. Ils considèrent que le contrôle de ces

maladies doit être fait par acheteur avec la prise de sang d’achat. Ceci permet en effet, de

contrôler les éventuelles introductions de maladies dans un élevage mais sans prendre en

compte le fait que l’animal en question a pu être mis en contact avec d’autres animaux dont

on ne connait pas le statut, soit pendant le transport soit dans un centre de regroupement

(centre d’allotement, marchés…). Plusieurs opérateurs (notamment des marchés) décalent

dans le temps la vente des animaux destinés à l’élevage et la vente des animaux destinés à

l’abattoir de manière à diminuer les risques pour les animaux destinés à retourner en élevage.

Enfin, les intégrateurs et les gros commerçants spécialisés en veaux de trois semaines ne

prennent en compte aucune des maladies citées précédemment. Cette catégorie d’animaux est

essentiellement destinée à la filière « veaux de boucherie », ils vont donc en ateliers

d’engraissement pour être abattus avant l’âge de six mois.

Synthèse :

15 opérateurs sur 38 vérifient seulement l’ASDA sans se préoccuper d’autres maladies.

La FCO et l’IBR sont les 2 maladies supplémentaires les mieux prises en compte.

c. La durée de séjour des animaux dans le centre

La durée de séjour est un point clé de la santé animale. En effet, plus cette durée est

longue, plus le risque de transmission d’agents infectieux est important.

115

Marché Commerçants privés Coopératives/

groupements de

producteurs

Intégrateurs (veaux de

boucherie) Gré à

gré

Au

cadran

Petit Gros

< 12h 8 7 3

12-24h 1 4 3+2(veaux seulement)

24-72h 2 2 4

> 72h

TOTAL 8 7 3 6 7 3

Tableau 7: durées de transit des animaux dans les centres de rassemblement selon le

type d'opérateurs commerciaux (N=343)

On remarque que la durée de transit dans les centres dépend fortement du type de

structure dont il s’agit (tableau 7). Nous avons remarqué que dans les marchés, qu’ils soient

de gré à gré ou au cadran, les bovins transitent en moins de 12h et même souvent moins de

6h. Ceci est assez homogène, tous les marchés ont la même organisation. On a pu observer

quelques exceptions où par exemple des animaux arrivent la veille au soir pour un marché du

matin. Mais ceci reste anecdotique. Les animaux sont alors placés dans un box avec

abreuvoir. Car, il faut savoir que les animaux qui passent par les marchés sont ni abreuvés, ni

nourris en raison de la durée très courte de transit dans ces structures.

Les structures privés ou les coopératives et les groupements de producteurs pratiquent

des temps de transit plus longs, en général entre 12 et 72 heures. Mais cette durée est assez

variable notamment selon le type d’animaux qui y transitent : les veaux ont généralement un

temps de transit inférieur aux autres types d’animaux (inférieur à 24 heures), ainsi le +2 de la

colonne « coopératives » dans le tableau 7 correspond à des opérateurs qui apparaissent

également dans le 4 de la même colonne mais pour les animaux de boucherie et les broutards.

Enfin, les intégrateurs cherchent à diminuer au maximum ce temps de transit : il est

généralement inférieur à 12 heures. Une étude (A. Brulé et al., 2003) avait déjà montré que le

temps de transit en centre d’allotement pour les veaux de moins de trois semaines était court.

On remarque que dans aucune structure le transit est supérieur à trois jours. En effet,

nous avons remarqué que la diminution de la durée en centre d’allotement est un objectif

important à atteindre pour la majorité des opérateurs. Beaucoup nous ont fait remarquer que

lorsqu’ils diminuaient ce temps de transit, ils avaient moins de problèmes de santé, de stress,

de viande fiévreuse… C’est un véritable objectif que se fixent les opérateurs. Cependant,

3 Deux des petits commerçants n’utilisaient pas de centre d’allotement, ils utilisaient des circuits directs : ils

n’apparaissent donc pas dans ce tableau. Les transporteurs n’apparaissent pas également.

116

nous avons également remarqué qu’il y a souvent quelques animaux qui restent plus de trois

jours, voire plus d’une semaine car ils n’ont pas servi à compléter un lot. Ces animaux

représentent généralement moins de 5% des animaux ayant transité par le centre d’allotement.

Synthèse :

Transit très rapide dans les marchés et chez les intégrateurs.

Transit plus long et hétérogène pour les commerçants privés, les coopératives et

groupements de producteurs.

d. Pratique de lavage/désinfection/désinsectisation

Les pratiques de lavage et de désinfection sont essentielles à l’hygiène globale d’un

bâtiment, l’hygiène étant la première condition de la santé animale.

117

Marchés Commerçants

privés

Coopératives/groupement de

producteurs

Intégrateurs

Gré à

gré

Au

cadran

Petit gros

Fréquence de

lavage

Semaine 8 7 1 5 3+1(veaux seulement) 3

Mois 1 3

Trimestre 2 1

Année

Fréquence de

désinfection

Semaine 7 5 1 2 3

Mois 1 3 2

Trimestre 2 2 2 1

Année 1 1

Jamais 1

Fréquence de

désinsectisation

Semaine 1 1

Mois 3 1 1

Trimestre 1 1

Année 1(été)

Au début

FCO

2 6 1 1 3 1

Jamais 4 1 2 1 2

TOTAL 8 7 3 6 7 3

Tableau 8: les pratiques de lavage, désinfection et désinsectisation dans les centres de

rassemblement (N=344)

i. Les fréquences de lavage/désinfection

On remarque que les pratiques liées à l’hygiène générale des bâtiments sont très

hétérogènes (tableau 8). En effet, certains opérateurs comme les marchés et les intégrateurs

sont plutôt de bon exemple dans ce domaine : nettoyage toutes les semaines généralement

suivi d’une désinfection. Ceci s’explique par l’absence de paille dans les marchés qui ont lieu

1 fois par semaine, et pour les veaux, le nettoyage et la désinfection chaque semaine sont

rendu plus facile du fait de la quantité de fumier à nettoyer. Chez les veaux, ces pratiques sont

rendues indispensables à cause de la sensibilité de ces animaux. Pour les commerçants privés,

les coopératives et les groupements de producteurs, les informations données sont beaucoup

plus hétérogènes : les petits commerçants sont moins exigeants que les gros commerçants qui

4 Deux des petits commerçants n’utilisaient pas de centre d’allotement, ils utilisaient des circuits directs : ils

n’apparaissent donc pas dans ce tableau. Les transporteurs n’apparaissent pas également.

118

ont notamment de la main d’œuvre facilement disponible. Chez les coopératives et

groupements de producteurs, les pratiques sont généralement assez bonnes, malgré des

exceptions comme une des coopératives qui ne réalisait jamais de désinfection des bâtiments.

On a remarqué dans les grosses structures, qu’il y a souvent une partie du bâtiment en logette

(avec chaine à l’arrière) pour les animaux destinés à l’abattoir, ceci permet d’éviter la viande

fiévreuse. Cette partie est lavée assez régulièrement, chaque semaine voire tous les jours au

jet d’eau (parfois avec un système haute pression mais pas dans la majorité des cas). Une des

structures avait les logettes sur caillebotis. La deuxième partie du bâtiment est généralement

sur litière accumulée (paille). Cette partie est alors paillée tous les jours ou tous les deux jours

puis nettoyée au mieux tous les mois ou chaque trimestre environ. De plus, nous avons pu

remarquer que lorsqu’il y a un commerce de veaux de moins de trois semaines, le bâtiment

servant à leur allotement est nettoyé plus régulièrement (souvent chaque semaine). Les veaux

étant logés sur paille chez 100% des opérateurs rencontrés. Chez certains opérateurs

(notamment des marchés), le nettoyage et la désinfection sont réalisés par une entreprise

extérieure spécialisée ou par la mairie (5 opérateurs sur 34) ou par le GDS pour la

désinfection (2 opérateurs sur 34).

ii. Les produits utilisés

Les produits utilisés pour la désinfection sont pour 100% des opérateurs enquêtés, des

produits autorisés par le ministère de l’agriculture pour la désinfection des bâtiments

d’élevage. La liste des désinfectants autorisés est disponible sur le site : http://e-

phy.agriculture.gouv.fr/ (rubrique « usages » et « logement des animaux domestiques »).

Parmi ces produits, il existe une liste officielle de produits autorisés spécifiquement pour la

lutte contre les MRC. Le Virakyl®, Prophyl®, TH5® et Méfisto® sont utilisés par plusieurs

des opérateurs rencontrés. Les autres produits utilisés sont Crésyl®, Septicid®, Oo-cid®,

DES®, Désogerm® et Virkon® (annexe 5).

Pour la désinsectisation, les pratiques sont beaucoup plus floues. En effet, nous avons

remarqué une confusion récurrente entre la désinsectisation des bâtiments et celle des

animaux. Pour les opérateurs qui désinsectisaient réellement les bâtiments, les produits

utilisés sont le Méfisto®, Solfac® (ces deux produits étant utilisés par plusieurs opérateurs),

l’Oxyfly®, Socatrine®, Stomoxine® et Topkill® (annexe 6). Ces six produits sont

officiellement autorisés pour la désinsectisation des locaux d’élevage. Méfisto® est un

produit officiellement autorisé pour la désinfection, mais également pour la désinsectisation

des bâtiments. Son utilisation peut donc être intéressante. Cependant, le nombre d’opérateurs

119

qui nous ont affirmé qu’ils désinsectisaient leurs bâtiments est certainement surestimé du fait

de la confusion entre la désinsectisation des bâtiments et des animaux.

iii. L’appréciation de la propreté

Marché Commerçants privés Coopératives/

groupements de

producteurs

Intégrateurs

Gré à gré Au cadran Petit Gros

Très satisfaisant 1 5 1

Satisfaisant 1 2 2 3 1

Acceptable 1

Médiocre 1 1

TOTAL 2 7 3 5 2

Tableau 9: appréciation de l'hygiène des bâtiments (N=195)

L’appréciation de la propreté dans les centres d’allotement a été faite par observation

des bâtiments par la même personne. Puis nous avons réalisé une échelle qualitative nous

permettant de classer les différents intervenants (tableau 9). Les critères qui ont été observés

sont la propreté des surfaces bétonnées et des couloirs de contention, la propreté de la paille

pour les surfaces en aire paillée, la présence de déchets comme des flacons de produits

vétérinaires. On peut remarquer que les marchés sont tous d’un bon niveau de propreté. Par

contre, pour les opérateurs privés ou les coopératives, les observations sont plus hétérogènes.

Cependant, ces observations semblent logiques du fait que dans ces structures, il y a des

animaux toute la semaine, le plus souvent sur litière accumulée. Dans les marchés, les

animaux sont présents seulement un jour dans la semaine avec un nettoyage direct après le

passage des animaux. Une dernière observation a été faite : les logements des veaux sont

toujours d’un bon niveau d’hygiène (beaucoup de paille). Parmi les gros commerçants privés,

les deux qui ont été classés dans la ligne « satisfaisant » correspondent justement à des

commerçants de veaux de trois semaines.

Synthèse :

Hygiène très satisfaisante dans les marchés et chez les intégrateurs.

Hygiène hétérogène chez les commerçants privés, coopératives et groupements de

producteurs.

5 Les petits commerçants n’apparaissent pas car ils n’utilisent pas de centre d’allotement, ou nous n’avons pas

pu visiter leurs bâtiments.

120

e. Les traitements réalisés en centre de rassemblement

Nous nous sommes également intéressés aux éventuels traitements qui pouvaient être

réalisés sur les animaux en centre d’allotement.

Marché Commerçants privés Coopératives/

groupements de

producteurs

Intégrateurs

(veaux de

boucherie) Gré à gré Au

cadran

Petit Gros

Vermifugation 3 (selon

saison) 7 1

Vaccination maladies

respiratoires 2 7

Vaccination entérotoxémie 2

Antibioprophylaxie 3 7

Antiparasitaire externe

(hors contexte FCO) 1 (veau) 1 (teigne/poux)

Pas de traitement 8 7 5 2 (veaux)

et 1

(traiteme-

nts à la

demande)

2 (chez éleveur)

TOTAL 8 7 5 6 7 3

Tableau 10: les traitements réalisés par les opérateurs commerciaux (N=36)

Les traitements qui sont développés dans cette partie sont destinés aux animaux qui

retournent en élevage après la commercialisation. Dans la plupart des cas, il s’agit de

traitements destinés aux broutards ou aux veaux.

Les informations que nous avons pu recueillir vis à vis des traitements sur les animaux

sont plutôt homogènes en fonction du type d’opérateurs (tableau 10). En effet, on peut

remarquer dans un premier temps que les marchés ne réalisent aucune action sur les animaux.

Les marchés mettent simplement des locaux à disposition des vendeurs et des acheteurs pour

qu’ils puissent réaliser leurs commerces dans de bonnes conditions.

i. Chez les commerçants privés

Pour les commerçants privés, on retrouve une différence entre les petits et les gros

commerçants. Effectivement, les petits commerçants ne réalisent aucun traitement (parmi ces

petits commerçants, deux n’utilisent pas de centres d’allotement). Par contre, les gros

commerçants sont plus interventionnistes, ils réalisent souvent une vaccination contre les

principales pathologies respiratoires, une antibioprophylaxie et une vermifugation. Ces actes

se font à la demande des clients qui sont une majorité à en bénéficier. Les deux opérateurs qui

ne réalisent pas de traitement, sont des structures qui commercialisent des veaux de moins de

121

trois semaines. L’autre opérateur qui apparaît dans la ligne « pas de traitement » propose un

programme sanitaire (vermifugation Dectomax, vaccination VRS-BVD-Pasteurelles et

antibioprophylaxie Draxxin ou Nuflor) à leurs clients mais seulement 10 à 15% des

acheteurs le demande.

ii. Dans les coopératives et les groupements d’éleveurs

Les coopératives et les groupements de producteurs sont les opérateurs qui

interviennent le plus sur les animaux qu’ils commercialisent (100% des coopératives ou

groupements d’éleveurs rencontrés). Souvent, ces structures proposent à leurs adhérents

un « programme sanitaire » qui comprend une vaccination, une antibioprophylaxie et une

vermifugation. La majorité des éleveurs adhérents à la coopérative ou au groupement

demande à bénéficier de ce genre de programme (plus de 80%). De plus, le choix du

traitement peut parfois être adapté en fonction de la saison pour le vermifuge, et du type

d’animaux pour la vaccination et l’antibioprophylaxie. Par exemple, deux des opérateurs

vaccinent pour l’entérotoxémie mais seulement les animaux de race blonde d’aquitaine et

certains autres broutards considérés comme plus sensibles.

Pour la vaccination, la valence VRS est considérée comme la valence indispensable.

Pour l’antibioprophylaxie, l’acte peut également être ciblé sur un certains types d’animaux.

Par exemple, un des opérateurs cible les broutards jeunes et/ou légers, ou des animaux dont la

futur destination est un élevage à risque vis à vis des pathogènes respiratoires. Cette

utilisation des antibiotiques est davantage raisonnée. Le Draxxin (Tulathromycine) est utilisé

dans 100% des cas d’antibioprophylaxie. Le Nuflor (Florfénicol) et le Zactran

(Gamithromycine) sont également utilisés par un des opérateurs rencontrés mais

occasionnellement. Les acheteurs italiens et espagnols ne demandent pas qu’un programme

sanitaire soit réalisé en France car ils le font généralement chez eux à un coût largement

inférieur par rapport à la France. La vermifugation se réalise le plus souvent avec un produit

vétérinaire à base d’Ivermectine ou d’autres molécules de la même famille (Ivomec,

Cévamec ou Dectomax) (annexe 7).

iii. Chez les intégrateurs

Enfin, les intégrateurs interviennent sur les animaux directement ou indirectement. Un

des intégrateurs rencontrés intervient sur les animaux au centre d’allotement avec une

vermifugation et un traitement pour les parasites externes (Bovilis Ringvac). Pour les 2

autres opérateurs, ils n’interviennent pas directement sur les animaux au centre d’allotement

122

mais ce sont les éleveurs engraisseurs qui réalisent les traitements en fonction de ce qui est

prévu par le contrat d’intégration. De plus, deux des intégrateurs et les deux commerçants qui

commercialisent des veaux, abreuvaient les veaux avec de l’eau et un réhydratant alors qu’un

des intégrateurs ne les nourrissaient pas (chez cet intégrateur, la durée de transit était réduite

à environ 3h maximum).

Synthèse :

Pas de traitement dans les marchés aux bestiaux.

Traitements hétérogènes pour les autres opérateurs. Les broutards sont les animaux les

plus traités. Les maladies respiratoires sont les plus ciblées.

f. Les transports

Pour les transporteurs, la gestion du risque sanitaire n’est pas prioritaire par rapport à

la gestion du bien-être animal qui est aujourd’hui une attente importante de la part de la

société. Comme nous l’avons vu auparavant, en plus des deux transporteurs spécialisés

enquêtés, 23 opérateurs sur 36 réalisent une partie du transport de leurs animaux

commercialisés. Parmi ces 23 opérateurs, on retrouve : cinq marchés au cadran, cinq petits

commerçants privés, quatre gros commerçants privés, sept coopératives ou groupements

d’éleveurs et deux intégrateurs. Ils réalisent du transport de moins de huit heures (limite de

temps réglementaire pour le transport longue durée beaucoup plus contraignant). Seuls les

transporteurs « spécialisés » réalisent officiellement du transport « longue durée » (jusqu’à 72

heures).

Les informations recueillies vis à vis des transporteurs sont assez hétérogènes et

difficiles à qualifier (tableau 11).

123

Marché Commerçants privés Coopératives/

groupements

de

producteurs

Intégrateurs

(veaux de

boucherie)

Transporteurs

Gré à

gré

Au

cadran

Petit Gros

Lavage* sans

désinfection

1

Lavage* avec

désinfection

5 4 3 4 1 1

Lavage* avec

désinfection 1

fois/sem.

1 1 2 1 1

Désinsectisation

avec la

désinfection

1 1 2

Désinsectisation

au début de la

FCO

1 2 4 1

Pas de

désinsectisation

5 4 1 3

TOTAL 5 5 4 7 2 2

Tableau 11: pratiques de lavage, désinfection et désinsectisation des camions (N=25)

*: lavage réalisé après chaque tournée dans tous les cas.

Le lavage des camions est généralement réalisé correctement après les tournés.

D’après une majorité des opérateurs, avoir des camions propres lorsqu’ils rentrent dans un

élevage est surtout pour eux un « argument commercial ». En effet, c’est leur image qui est

relayée par la propreté des camions. La plupart (18/25) disent laver et désinfecter les camions

après chaque tourné. Cependant dans la pratique, on se rend compte que la désinfection n’est

peut être pas réellement faite à chaque fois. En effet, durant la visite des marchés, les stations

de lavage étaient relativement peu utilisées comparé au nombre de camions transitant par le

marché. Par contre, d’autres opérateurs disent réaliser un lavage après chaque tourné, puis en

fin de semaine, les camions sont désinfectés. Cette pratique nous semble davantage respectée

sur le terrain. Un des opérateurs ne réalise pas de désinfection. Cependant, ces pratiques ne

sont pas si régulières. En fait, il est apparu que les opérateurs désinfectent leurs camions

plutôt en fonction des infrastructures dans lesquelles ils transitent. Par exemple, lorsqu’un

camion décharge des animaux dans un abattoir, il repart généralement nettoyé et désinfecté.

Ceci est contrôlé par la DDPP dans les abattoirs. Par contre, dans les marchés, où il y a des

stations de lavage systématiquement (parfois même gratuites), le lavage et la désinfection se

réalisent en fonction d’autres paramètres, notamment le temps dont dispose le commerçant.

124

Un transporteur spécialisé aura plus de temps à consacrer à cette tache qu’un commerçant qui

réalise lui-même le transport de ses animaux et la commercialisation.

En ce qui concerne la désinsectisation des camions, les pratiques sont très

hétérogènes. Seulement quatre opérateurs, dont les deux transporteurs, réalisent encore cette

pratique (utilisation du Méfisto® notamment, du Socatrine® et du Topkill®). Pour les autres

opérateurs, soit ils n’ont jamais fait de désinsectisation des camions, soit durant une période

limitée en fonction de la réglementation vis à vis de la FCO.

Les informations concernant la durée d’une tournée et le nombre d’éleveurs ou

structures collectées ne sont pas exploitables du fait de leur hétérogénéité pour chacun des

opérateurs. La prise en compte de certaines maladies (autres que les MRC) n’est pas réalisée

par les transporteurs sauf vis à vis de la FCO pour les transporteurs qui réalisent de

l’exportation, selon la réglementation en vigueur. Les opérateurs se fixent les mêmes règles

que celles utilisées pour les animaux qui transitent dans leurs centres de rassemblement.

III. Discussion

1. Critiques de notre travail sur la zone Grand Ouest

a. Les apports et l’originalité de l’étude

Cette étude au sein du projet SANCRE, se voulait descriptive. Nous étions également

désireux d’aborder la santé animale d’une manière générale car il existe très peu de

documentations sur ces opérateurs en ce qui concerne l’aspect sanitaire. En effet, lorsqu’on

évoque les mouvements de bovins, on s’intéresse à l’exploitation de départ et à l’exploitation

d’arrivé (prise de sang d’achat, quarantaine…). Mais l’on s’intéresse très peu à ce qu’il se

passe entre ces deux points d’où l’idée, avec le projet SANCRE, de s’intéresser à ces

structures qui sont cruciales en terme de santé animale. Cette étude peut donc être considérée

comme une vision générale de ce milieu pour introduire d’autres recherches alors plus

spécifiques. Plusieurs points nous semblent importants à approfondir : il s’agit de l’impact de

ces structures sur les maladies respiratoires, l’IBR, voire la BVD et la Paratuberculose. Il

faudra considérer ces maladies de manière indépendante pour pouvoir qualifier précisément le

risque sanitaire.

125

b. Limite de l’analyse de la BDNI

Comme nous l’avons déjà dit, les centres de rassemblement et les marchés aux

bestiaux sont des points névralgiques quant aux risques sanitaires, en raison des brassages

importants d’animaux qui y sont effectués. La BDNI a donc été conçue pour permettre une

identification et une traçabilité maximum des bovins. Cependant, nous nous sommes rendu

compte durant notre travail du caractère non exhaustif de cette base de données. En effet,

nous remarquons des différences importantes entre les chiffres collectés dans la BDNI et

d’autres chiffres que l’on a évoqué comme ceux donnés par la FFCB (marché de Lezay par

exemple). Il y a donc des marchés qui ne notifient pas correctement leurs mouvements

d’animaux à l’EDE.

C’est pourquoi le ministère de l’agriculture a voulu contrôler la réglementation vis à

vis de l’identification dans les structures qui ne sont pas des élevages classiques (centres de

rassemblement, marchés, abattoirs et équarrissage). En 2008, ces contrôles ciblaient 20% des

établissements autres que les exploitations d’élevage (vs 5% pour ces dernières). Les

contrôles se réalisent sur l’ensemble des bovins présents sur l’exploitation au moment du

contrôle inopiné (DGAl, 2008). Plusieurs points sont à aborder :

- la vérification des animaux et de leurs marques

auriculaires

- la vérification des documents (contrôle exhaustif des

passeports, contrôle par sondage du registre d’élevage et

contrôle des notifications en BDNI).

Les suites données au non respect de la réglementation vis à vis de l’identification

peuvent aller du simple avertissement jusqu’à un procès verbal. Malgré ces dispositions, de

nombreux disfonctionnements persistent. Souvent, il s’agit d’un problème au niveau du

prestataire informatique chargé de la notification pour un opérateur. Cependant, la BDNI est

la seule base de données en France qui permette de retracer les mouvements des bovins. Cette

base de données est imparfaite mais elle reste la plus complète disponible.

c. Limite de l’enquête

Notre enquête comporte plusieurs limites. Tout d’abord, vis à vis des opérateurs

enquêtés, nous n’avons pas pu être exhaustifs. En effet, le nombre d’opérateurs existant dans

ce domaine ne nous permettait pas d’enquêter 100% d’entre eux.

De plus, le choix de ces opérateurs n’était également pas objectif car il s’agit d’un

milieu difficilement accessible. Le choix des marchés s’est fait par l’intermédiaire de la

126

FMBV. Les marchands aux bestiaux ciblés dans un premier temps ont été les représentants de

la FFCB au niveau des départements. Nous avons considéré que ces personnes avaient une

vision plus globale de la gestion sanitaire dans leur département vis à vis de leur métier.

Cependant, il s’agit peut être de personne dont les pratiques sanitaires sont meilleures que la

moyenne du fait de leur implication dans la fédération (connaissances de la réglementation,

accès à la formation…). Les coopératives et les autres structures privées choisies nous ont été

conseillées par les personnes de l’institut de l’élevage ou d’autres organismes comme le GDS

qui ont déjà travaillé avec ces opérateurs commerciaux.

Une autre limite de cette enquête fut la subjectivité de certaines questions abordées

(pratiques de lavage/désinfection, nombre de fermes collectées en une tournée, durée d’une

collecte…), ainsi que les questions non vérifiables sur le terrain comme le lavage et la

désinfection correcte des bâtiments ou des camions par exemple. Il faut être conscient que

pour beaucoup d’opérateurs commerciaux, la gestion sanitaire est synonyme de « problèmes »

(surcoût des installations de lavage non subventionnées, temps de travail augmenté pour faire

les attestations FCO, animaux positifs vis à vis de certaines maladies que l’acheteur renvoi et

que le vendeur ne veut pas récupérer…) même si les opérateurs sont conscients de la

nécessité d’une gestion sanitaire efficace. La prise de contact avec les professionnels lorsque

l’on veut parler de gestion sanitaire est parfois longue, et suscite des réactions de méfiance.

Le but de cette enquête était de faire une description non exhaustive, générale des

pratiques sanitaires de ces opérateurs en Grand Ouest. D’autres études plus ciblées (par

exemple en prenant en compte une seule maladie à la fois) sont nécessaires pour affiner ces

données. La complexité des structures de contact entre les élevages, et des circuits d’animaux

en général, rend difficile ce genre d’étude.

2. Les flux de bovins à travers les opérateurs commerciaux

L’étude des flux de bovins à travers l’analyse de la BDNI, nous permet d’avoir une

vision générale de l’importance de ces opérateurs commerciaux. Mais aussi, les chiffres ont

confirmé une observation lors des enquêtes terrain, à savoir la désertification des marchés aux

bestiaux au profit d’autres circuits commerciaux. En effet, les gros commerçants ainsi que les

coopératives et les groupements d’éleveurs ont une importance de plus en plus importante.

Enfin, il faut garder à l’esprit que l’afflux d’animaux vivants le plus important se fait en

direction des abattoirs. Ce point provoque certainement une baisse de vigilance vis-à-vis de la

santé animale lors du transport avant l’arrivée à l’abattoir. Malheureusement, ces bovins

127

destinés à l’abattoir, peuvent croiser durant leur acheminement dans les centres de

rassemblement d’autres bovins, éventuellement destinés à l’élevage.

Bien que le caractère laitier du Grand Ouest soit indéniable, nous avons été assez

frappés par l’importance des veaux de trois semaines transitant dans les marchés et les centre

de rassemblement (41%). On peut penser que le fait que la gestion sanitaire soit plus facile

pour cette catégorie d’animaux très jeune ait favorisé l’importance des veaux dans les centres

de rassemblement. La fermeture des structures de commerce s’il y avait une crise sanitaire

aurait des conséquences les plus importantes pour la filière veaux de boucherie.

Enfin, l’approvisionnement, qui est surtout locorégionale, permet une diminution du

risque de transmission de maladies à longue distance. Cependant, cet approvisionnement reste

tout de même diversifié jusqu’à l’étranger nécessitant une gestion sanitaires irréprochable.

Par contre, les flux d’animaux en partance du Grand Ouest et à destination d’autres régions

française et surtout de l’étranger, sont plus importants. Les autres pays et les autres régions

françaises sont donc des débouchés indispensables à la filière bovine en Grand Ouest. Une

crise sanitaire en Grand Ouest aurait des conséquences inéluctables sur ces exportations de

bovins issus de ces quatre régions.

3. Les pratiques sanitaires des opérateurs commerciaux

a. Généralités

Nous avons pu voir toute l’importance des opérateurs commerciaux lors des

mouvements des bovins. Bien évidemment, si de nombreux bovins effectuent seulement un

mouvement dans leur vie (naissance dans un élevage puis abattage en fin de production),

d’autres peuvent réaliser plusieurs mouvements au cour de leur vie multipliant d’autant plus

la probabilité de passage dans une de ces structures que l’on considère à risque sanitaire plus

élevé. D’où l’importance de l’efficacité des pratiques sanitaires.

Il faut bien avoir à l’esprit que la gestion du risque sanitaire doit se réaliser dans les

élevages qui vendent et achètent des animaux. Plusieurs possibilités de contrôle s’offrent aux

éleveurs (F. Maunsell et G.A. Donavan, 2008):

- tester les nouveaux animaux introduits

- renseignement sur l’élevage source

- mesures de quarantaine après l’achat

- traitements préventifs

- vaccination

128

Cela n’empêche pas la nécessité d’une vigilance accrue au niveau des opérateurs

commerciaux. D’autant plus que pour certaines maladies comme la Paratuberculose, la durée

d’incubation est longue rendant inefficace certaines mesures comme la mise en quarantaine

(R.J. Callan et F.B. Garry, 2002). Le manque de sensibilité de certains tests de dépistage peut

également poser des problèmes pour diagnostiquer certaines maladies.

Durant les enquêtes, nous avons remarqué que la durée de transit des animaux dans les

centres de rassemblement et surtout dans les marchés est relativement courte. Pour les

intégrateurs, cette durée est également minimum. En effet, la durée du mouvement d’un bovin

entre sa sortie d’un élevage et sa future destination (élevage, abattoir…) est une priorité des

opérateurs. Tous s’accordent à dire que plus le temps de transit est court, moins il y a de

problème en général (maladies, mauvaise qualité de la viande…). Il s’agit d’une observation

de terrain de beaucoup d’entre eux. Cela les amène, de plus en plus, à favoriser les circuits

directs (sauf les marchés qui eux s’organisent d’une façon à ce que le temps de transit soit

inférieur à 6h). Ceci induit effectivement une diminution du nombre de contacts avec d’autres

animaux, ainsi que du stress des animaux (moins de problèmes de viandes « fiévreuses »).

Mais leur valorisation est peut être moins bonne également. De plus, avec les normes de bien-

être animal vis à vis du transport (exemple pour un bovin adulte : 14h de transport puis 1h

d’arrêt puis 14h de transport puis 24h d’arrêt), les mouvements d’animaux sur des distances

plus courtes se révèlent moins contraignantes. Enfin, nous avons remarqué que les abattoirs

tendent à se fournir au maximum au niveau local d’où l’intérêt à s’implanter dans des zones

de production comme l’Ouest de la France.

Les pratiques se sont considérablement améliorées depuis plusieurs décennies.

Cependant, nous nous sommes rendu compte que seulement deux maladies sont réellement

prises en compte lors de la commercialisation (IBR et FCO) et par seulement une partie des

opérateurs. Il ne s’agit pas seulement d’un problème de volonté des opérateurs de ne pas

contrôler telle ou telle maladies, mais un problème d’accès aux informations sanitaires. En

effet, les opérateurs ont souvent des difficultés à trouver les informations relatives à la gestion

sanitaire, sur la certification par exemple, ou la traçabilité de la vaccination pour la FCO.

Certains ont émis l’idée d’une base de données où apparaîtraient toutes les informations

sanitaires liées à un bovin en temps réel. Les opérateurs en ayant le numéro d’identification

du bovin auraient directement les informations de certification des maladies, les vaccinations

réalisées, les cas de maladies dans le troupeau de provenance. La base de données SIGAL et

l’information sur la chaine alimentaire apparaît comme des outils susceptibles de répondre à

cette question. Par exemple, vis à vis de la vaccination contre la FCO, les vétérinaires

129

réalisent un enregistrement individuel des animaux vaccinés sur la base SIGAL. Malgré cela,

les informations ne sont pas disponibles en temps réel. Ainsi, la traçabilité vaccinale se réalise

toujours par une inscription manuscrite ou un tampon sur le verso du passeport du bovin, avec

les problèmes qui en découlent (passeports non tamponnés…). Les opérateurs sont donc

parfois victime du manque de traçabilité des informations sanitaires. La certification est pour

tous les opérateurs un outil à développer pour d’autres maladies. Cependant, dans certains

cas, les coûts de cette certification se révèlent plus élevés que les bénéfices retirés pour les

éleveurs (B. Dufour et al., 2004). Ceci explique peut être la réticence de certains éleveurs à

bénéficier de ce système. Cette étude insiste sur les efforts à réaliser pour réduire les coûts de

la certification, notamment les coûts des analyses diagnostiques.

Les opérateurs commerciaux se retrouvent parfois victimes d’un système où un animal

positif pour une maladie perd toute sa valeur. Par exemple, lorsqu’ils commercialisent un

bovin qui se révèle positif à l’analyse sérologique pour l’IBR lors de la prise de sang d’achat,

l’acheteur le renvoi chez le commerçant qui ne peut pas quant à lui, le renvoyer chez le

vendeur : il se retrouve avec un animal infecté qui n’est pas valorisable à la boucherie… Ce

problème pourrait être résolu si on effectuait des contrôles chez le vendeur et non pas chez

l’acheteur avec la visite d’achat. Cette solution est envisagée depuis l’évolution des

prophylaxies réglementées notamment vis à vis de la visite d’achat pour les animaux

provenant d’un élevage dit « à risque » (B. Bouquet, 2005).

La certification en amont dans les élevages apparaît comme une solution adéquate à

long terme même si elle manque aujourd’hui d’homogénéité entre les départements pour

l’IBR et la Paratuberculose, et malgré son coût encore parfois élevé par rapport aux

avantages.

b. Les pratiques de vaccination

La vaccination est utilisée de manière assez régulière chez certains opérateurs

seulement (coopératives, groupements ou gros commerçants privés) notamment pour lutter

contre les maladies respiratoires. Nous nous sommes interrogés sur l’efficacité réelle de cette

vaccination sachant qu’elle est réalisée en centre d’allotement, lieu où les risques de

transmission sont les plus importants, et que son efficacité est réelle après plusieurs jours,

voire plusieurs semaines de production d’anticorps. En effet, dans une étude menée au Etats

Unis sur la réponse en anticorps de 4 vaccins contenant les valences de l’IBR, du BVD, du

RSV et du PI3 (R.W. Fulton et al., 1995), il a été démontré qu’il faut au minimum 14 jours

après la primo vaccination pour avoir une augmentation significative du taux d’anticorps.

130

Il nous semble judicieux de mettre en place des plans de vaccination qui pourraient

commencer chez les éleveurs vendeurs. Ceci parait difficilement possible sur le terrain.

Cependant, durant nos enquêtes, nous avons rencontré une coopérative qui est en train de

mettre en place ce genre de plan sanitaire chez leurs éleveurs adhérents. Une étude menée

dans ce groupement, montre une efficacité significative d’un protocole de vaccination

précoce chez le naisseur pour les maladies respiratoires (K. Risson, 2009).

Enfin, une étude a montré que la vaccination contre Manheimia Haemolytica était un

facteur de protection vis-à-vis des troubles respiratoires alors que celle contre le RSV ne

l’était pas lors de la mise en lot (S. Assié et al., 2007). Ces résultats sont cependant à

confirmer.

c. Les pratiques de désinsectisation

Durant les enquêtes, nous avons vu que les pratiques de désinsectisation, notamment

de l’environnement, ont été fréquentes depuis 2007 en fonction de la réglementation vis-à-vis

de la FCO. Avant l’apparition de cette maladie vectorielle dans le nord-est de la France, les

pratiques de désinsectisation n’étaient pas liées à l’épidémiologie d’une maladie virale. Le

risque de transmission d’une maladie vectorielle augmente avec la densité de l’insecte et la

compétence de l’insecte (B.J. McCluskey, 2002). Différentes méthodes peuvent réduire la

densité de l’insecte : la lutte chimique, la lutte biologique et la modification de

l’environnement (réduction des points d’eau par exemple). Pour ce qui est de la lutte

chimique, plusieurs des opérateurs nous ont questionnés sur l’efficacité réelle du traitement

insecticide des bâtiments d’élevage et des camions. L’AFSSA avait été saisi pour donner son

avis à ce sujet (AFSSA, 2009). Il a été démontré que l’application de produits insecticides

(organophosphorés ou pyréthrinoïdes) autour des bâtiments d’élevage n’a qu’une efficacité

limitée sur culicoïdes sp., insecte vecteur de la FCO. L’AFSSA recommande donc d’éviter les

traitements insecticides dans l’environnement en raison de sa faible efficacité sur les

populations d’insectes vecteurs et de ses conséquences écologiques. Très peu d’études ont

mesuré l’efficacité d’un tel traitement à l’intérieur des bâtiments d’élevage et à l’intérieur des

camions de transport d’animaux vivants. Cependant, dans des conditions particulières, le

traitement à l’intérieur des bâtiments clos et des camions restent recommandé pour des cas

particuliers :

- animaux à risques particuliers (animaux non vaccinés,

contacts importants avec la faune sauvage…)

131

- animaux constituant une source de virus pour le vecteur

(animaux présentant des signes cliniques ou reconnus

infectés par PCR ou séroconversion)

- transport d’animaux sensibles d’une zone infectée à une

zone indemne.

De plus, la désinsectisation des bâtiments et des camions serait pertinente notamment

si il y a apparition d’un nouveau sérotype dont on ne possède pas de vaccin. L’utilisation des

insecticides doit être réalisée de façon raisonnée et plus ciblée car l’impact écologique de ces

molécules n’est pas anodin. Cependant, la réglementation rend obligatoire certaines de ces

pratiques qui, si elles sont utilisées de manière appropriée, peuvent jouer un rôle essentiel

dans le contrôle des épizooties (B.J. McCluskey, 2002). En effet, le traitement des animaux

reste recommandé dans certains cas. Le même problème se pose pour l’utilisation des

antibiotiques.

d. Les pratiques d’antibioprophylaxie et la santé humaine

Les programmes de contrôle de certaines maladies animales ont un rôle important à

jouer vis-à-vis de la santé humaine également. Ceci a deux points de vue, d’une part en

éradiquant des zoonoses graves chez l’homme, et d’autre part en diminuant l’utilisation

d’antibiotique en santé animale pour éviter les mécanismes d’antibiorésistance.

Nous avons remarqué que la pratique d’antibioprophylaxie est largement répandue

chez les gros commerçants privés ainsi que chez les coopératives et les groupements

d’éleveurs pour les animaux maigres à destination des élevages d’engraissement (broutards).

L’antibiotique le plus utilisé est la Tulathromycine (Draxxin®). Il serait intéressant de

raisonner peut être davantage cette pratique, même si celle ci est déjà ciblée en fonction du

type d’animaux pour de nombreux opérateurs. En effet, l’impact d’une large utilisation des

antibiotiques en production bovine a fait l’objet de plusieurs études. Un rapport de l’AFSSA

de janvier 2006 traite de ce thème. En effet, d’une part le transfert de gènes de résistance aux

antibiotiques de bactéries d’origine animale à celle d’origine humaine, et réciproquement, est

démontré (soit par transfert de gènes (plasmides…) ou diffusion de bactéries résistantes aux

antibiotiques entre l’animal et l’homme). D’autres parts, le lien entre l’utilisation des

antibiotiques et l’antibiorésistance de certaines bactéries est encore à démontrer pour conclure

définitivement. Cependant, certaines observations confortent ce lien (notamment sur les

bactéries commensales intestinales comme E. coli, Entérococcus sp., Campylobacter sp.).

En élevage, les antibiotiques sont utilisés de trois manières différentes :

132

- utilisation curative individuelle sur des animaux

cliniquement atteints

- utilisation sur un lot entier dès lors qu’il y a des 1er

cas

cliniques d’une maladie contagieuse : c’est la

métaphylaxie.

- utilisation sur des animaux cliniquement sains en vue de

prévenir une situation à risque : c’est l’antibioprophylaxie.

Les opérateurs commerciaux utilisent donc cette pratique d’antibioprophylaxie sur des

animaux maigres qui vont à destination d’élevages d’engraissement où les risques de

pathologies respiratoires dues éventuellement à des bactéries (Pasteurella sp., Manheimia sp.

notamment) sont importants. La décision d’utiliser des antibiotiques doit peser les bénéfices

et les risques.

4. La perception et les répercussions économiques du sanitaire

a. La vision de la santé animale pour les opérateurs commerciaux

Comme nous l’avons déjà dit, durant nos enquêtes sur le terrain, nous avons remarqué

une méfiance de certains opérateurs (les commerçants privés notamment ceux de petite taille)

lorsque nous sommes amenés à parler de santé animale et de gestion sanitaire. Durant les

entretiens, nous avons demandé aux opérateurs leur vision de la gestion sanitaire.

Tout d’abord, nous avons remarqué que les petits commerçants sont beaucoup plus

méfiants (entretien à leur domicile, ou dans un autre lieu que celui lié à leur activité de

commerce de bovins). Pour eux, la gestion de la santé animale est plus difficile à supporter

étant donner qu’ils travaillent souvent seul ou à deux. Ces opérateurs sont difficilement

accessibles, ils exposent beaucoup moins leur pratiques sanitaires. Le secteur des petits

commerçants est beaucoup plus flou.

Cependant, les approches de la santé animale sont différentes pour les autres

opérateurs : les gestionnaires des marchés n’ont pas vraiment de méfiance vis à vis du sujet

de la santé animale. Ils exposent facilement leur point de vue sur la réglementation sanitaire.

Ils ont beaucoup insisté sur leur rôle en faveur des éleveurs pour la fixation des cours. Le fait

que la gestion sanitaire des marchés soit plutôt bonne facilite le dialogue avec ces opérateurs.

Les coopératives sont des structures de taille souvent très importante, celles-ci ont donc, dans

certains cas, un ou plusieurs vétérinaires salariés pour la gestion de la santé animale. La

133

discussion est donc extrêmement facile, la santé animale est vue comme un sujet

indispensable au bon fonctionnement de la coopérative, dans l’intérêt des agriculteurs

adhérents. La taille de ce genre de structure permet de faire face plus facilement aux

difficultés. Les gros commerçants et les groupements d’éleveurs parlent facilement de santé

animale, malgré une légère méfiance. En effet, la gestion de la santé animale est une charge

de travail supplémentaire et la FCO a considérablement fait baisser l’activité en 2008 et 2009.

Cependant, ces structures, souvent composées d’un nombre conséquent de personnel, ont pu

faire face aux difficultés en réorganisant leur activité.

b. Les répercussions économiques de la réglementation sanitaire et

des crises sanitaires

Le but final du projet SANCRE est de mettre en évidence les atouts et les faiblesses

du Grand Ouest vis à vis de la santé animale et les conséquences sur la compétitivité des

filières agricoles. Pour la filière bovine, lors des entretiens semi-directifs, nous avons

questionné les opérateurs sur leur rôle dans la filière et les conséquences de crises sanitaires

sur leur activité. Chacun des opérateurs ont insisté sur le rôle important qu’ils jouent au sein

de la filière :

- importance de l’allotement pour la valorisation de la

production de viande

- réduction du monopole de certaines grosses industries

agroalimentaires en mettant en application le principe de

l’offre et de la demande

- rôle essentiel des marchés pour la cotation des animaux.

Ce problème du maintien des cotations dans les marchés est, pour beaucoup d’opérateurs,

essentiel. En effet, les éleveurs ont aujourd’hui de moins en moins de pouvoir de décision sur

le prix de la viande dans le sens où la cotation des bovins, qui se réalisait en partie dans les

marchés auparavant, est désormais fixée par les abatteurs uniquement. Il faut qu’un nombre

significatif de bovins transitent dans les marchés pour pouvoir fixer des cotations, seul repère

pour les éleveurs face aux abattoirs.

Tous les opérateurs subissent les crises sanitaires, même si certains arrivent à mieux

s’adapter que d’autres. Plusieurs difficultés sont régulièrement rapportées par les opérateurs :

- baisse de volume d’animaux commercialisés à cause de

restriction de circulation

134

- manque d’aide financière pour les installations qu’ils sont

obligés de réaliser (station de lavage par exemple) ou pour

les coûts supplémentaires engendrés par une crises

sanitaires (coût des traitements insecticides par exemple)

alors qu’ils ne peuvent pas augmenter leurs marges sous la

pression des acheteurs

- augmentation importante de la charge de travail

notamment pour la FCO (problème très souvent évoqué) :

vérification de la vaccination, demande d’attestations

manquantes, traitement des animaux…

D’après la plupart des responsables de marchés aux bestiaux, les crises sanitaires

entrainant la fermeture des marchés favorise d’autres circuits plus simple et plus court.

Lorsqu’il y a une crise sanitaire qui diminue les apports dans les marchés, les marchands de

bestiaux se tournent vers des circuits courts et ne reviennent pas sur les marchés après

réouverture, par habitude de ce circuit plus simple. Le nombre de commerçants en bestiaux

est également en baisse notamment du fait que les circuits d’animaux sont de plus en plus

directs entre l’expéditeur et le destinataire. De plus, on remarque que l’auto

approvisionnement des exploitations augmente notamment pour des raisons sanitaires comme

la peur d’introduire l’IBR dans un élevage (Institut de l’élevage, 2003). Enfin, le monde

agricole se restructure pour faire face à une conjoncture difficile. Les opérateurs font la même

chose en se regroupant pour créer des entreprises plus importantes mais viables

économiquement.

Le principe général à respecter est un dilemme : il faut trouver un juste milieu entre la

gestion sanitaire (et donc le risque qui en découle) et le maintient d’une activité

économiquement viable pour le bon fonctionnement de la filière. Les opérateurs

commerciaux sont conscients que les flux d’animaux au sein de leurs structures incitent à une

maitrise sanitaire indispensable au maintien de la compétitivité de la région du Grand Ouest.

135

5. Les recommandations et les pistes à explorer pour améliorer la

gestion de la santé animale chez ces opérateurs

a. L’amélioration de la notification des mouvements des bovins

En 2003, lors de la mise en place de l’obligation de notification des mouvements

d’animaux dans les centres de rassemblement, l’institut de l’élevage avait créé une plaquette

d’information sur l’identification bovine destiné aux opérateurs commerciaux afin de leur

rappeler leurs obligations en matière de notifications des mouvements de bovins. Cette

plaquette est disponible sur le site le l’institut de l’élevage :

http://www.inst-elevage.asso.fr/html1/spip.php?article1403

De plus, le ministère de l’agriculture a édité une liste des sociétés informatiques

éditrices de logiciels agréés pour la tenue du registre de commerce de bétail facilitant

notamment les procédures d’identifications des bovins.

Il nous semble judicieux de rappeler les obligations des opérateurs commerciaux en

matière d’identification bovine car nous avons pu remarquer que la réglementation à ce sujet

n’est pas toujours respectée sur le terrain.

b. Le développement de plans de maitrise associée à la diffusion de

l’information

Les plans de maitrise des maladies animales sont, selon la maladie en question et la

situation de la région, difficiles à mettre en place. En effet, nous avons pu remarquer que la

certification est une méthode qui s’avère efficace vis à vis de l’IBR. Cette dernière est

fortement développée en Bretagne facilitant les échanges d’animaux. En revanche, elle doit

être généralisée dans les autres régions moins certifiées pour une meilleure efficacité au

niveau national, surtout dans un contexte où les échanges à longue distance ont une

importance non négligeable. En matière d’IBR, la diffusion de l’information à grande échelle

(destinée aux éleveurs ou aux opérateurs commerciaux) s’est considérablement développée.

En effet, le statut des élevages français peut être désormais consulté directement sur internet

par l’intermédiaire des GDS départementaux.

Pour d’autres maladies qui font l’objet de réflexions, comme la BVD ou la

Paratuberculose (D. Repiquet, 2003), le problème est plus complexe. En effet, il s’agit de

prendre en compte la prévalence de la maladie qui peut être très variable en fonction des

régions. Cette variabilité des situations régionales rend hasardeux la généralisation des

136

moyens de contrôle, car il faut toujours garder à l’esprit que les couts engendrés doivent être

moins élevés que les bénéfices obtenus (C. Fourichon et al., 2003).

c. La méthode HACCP chez les opérateurs commerciaux

Le développement des plans de contrôle en santé animale, nous amène à nous poser la

question de l’intérêt de la méthode HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point) au

niveau des opérateurs commerciaux ou en élevages (D.A. Dargatz et al., 2002). En effet, la

création des plans de contrôle commence par une analyse de risques au niveau des différents

maillons d’une chaine de production.

La méthode HACCP est un système préventif, rigoureux et évolutif, permettant de

construire la sécurité et la qualité des denrées alimentaires dans un contexte d’une démarche

qualité globale. Cette méthode, d’abord largement utilisée dans les industries agro-

alimentaires (abattoirs, laiteries…), a été envisagée en élevage. Cette application est celle qui

se rapproche le plus de notre contexte de mouvements d’animaux vivants. Les différents

acteurs de l’élevage s’accordent sur l’intérêt du principe d’HACCP, cependant ils s’accordent

aussi sur le caractère négatif d’une telle démarche si elle devient obligatoire. Il faut que ce

genre d’action reste facultative, car cette méthode est efficace seulement si elle est mise en

œuvre par des personnes qui adhèrent pleinement au principe de l’HACCP (P. Parguel et J.M.

Gautier, 2009). La méthode HACCP est définie par sept principes :

- l’analyse des risques qui comprend l’identification des

dangers et le calcul de leur probabilité d’apparition

- l’identification des points critiques

- la définition de seuils critiques

- la mise en place d’une surveillance à chaque point critique

- la détermination de mesures correctives à mettre en place

si la limite critique est dépassée

- la vérification du système

- la mise en place d’une documentation.

Cette méthode qui a fait ses preuves dans la gestion du risque sanitaire, demande des moyens

financiers, mais surtout humains. Sa mise en place paraît difficilement applicable au niveau

des opérateurs en question du fait de la taille de ces entreprises (pas d’employés disponibles

et formés pour ce genre de tache). Sauf peut être pour quelques grosses coopératives qui

embauchent une ou plusieurs personnes dédiées à la gestion sanitaire comme des vétérinaires

(3 structures parmi les 38 enquêtées).

137

Conclusion

Le passé nous a montré combien les crises sanitaires (ESB, Fièvre Aphteuse…)

peuvent impacter les filières agricoles, la FCO en est un exemple d’actualité. La santé

animale est donc une composante essentielle du dynamisme économique dans certaines

régions à vocation agricole comme le Grand Ouest. Dans cette étude, qui se voulait

descriptive, nous avons voulu faire un état des lieux des flux de bovins qui transitent par les

opérateurs commerciaux intervenant dans le commerce de bovins et des pratiques sanitaires

réalisées au sein de ces structures. Dans un premier temps, nous avons pu remarquer

l’importance du nombre de bovins transitant par ces structures, notamment la proportion

importante de veaux de trois semaines traduisant le caractère laitier du Grand Ouest. Ce

nombre est le plus important pour les abattoirs (2.415.765), puis pour les centres de

rassemblement de commerçants privés, de coopératives ou groupements de producteurs, et

d’intégrateurs (1.274.813) et enfin, pour les marchés aux bestiaux qui manipulent moins de

bovins (345.230). Les pratiques sanitaires sont plutôt satisfaisantes malgré des informations

plus floues pour les petits commerçants privés. Les gros commerçants privés, les coopératives

et groupements d’éleveurs sont plus interventionnistes que les autres opérateurs.

Les flux de bovins dans ces structures sont indispensables au dynamisme de la filière

bovine dans le Grand Ouest (cotation dans les marchés…), mais ces flux sont aussi à risque

vis à vis de la santé animale incitant ces opérateurs à une maitrise drastique des risques

sanitaires. Cette maitrise a également un coût non négligeable impactant également la

compétitivité de ces acteurs. Il faut donc rechercher le meilleur rapport coût/bénéfices de

cette gestion sanitaire pour dynamiser au mieux ce secteur d’activité. Enfin, notre étude

descriptive devra être complétée par d’autres recherches de manière à quantifier plus

précisément le risque sanitaire en fonction des maladies à maitriser.

138

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142

143

Annexe 1 : Les MRC et les MADO chez les bovins, ovins et caprins

MRC MADO

Brucellose

Clavelée

Cowdriose

Dermatose nodulaire contagieuse

ESB/ESST

Fièvre aphteuse

Fièvre catarrhale ovine

Fièvre charbonneuse

Fièvre de la vallée du Rift

Hypodermose clinique

Leucose bovine Enzootique

Maladie d’aujeszky

Maladie de Nairobi

Péripneumonie contagieuse bovine

Peste bovine

Peste des petits ruminants

Pleuropneumonie contagieuse des petits

ruminants

Rage

Septicémie hémorragique

Stomatite vésiculeuse

Theilériose

Trypanosomose

Tuberculose

Variole caprine

Anaplasmose bovine

Botulisme (forme clinique)

Epididymite contagieuse ovine

(Source : www.legifrance.gouv.fr, 2009)

144

Annexe 2 : Conditions nationales de mouvements des ruminants vis-à-vis des sérotypes

BTV 1 et 8

Animaux d’abattage Animaux d’élevage et

d’engraissement

Animaux de plus de 90 jours

non issus de foyers

- mouvement libre

- rassemblement autorisé

- mouvement libre

- rassemblement autorisé

Animaux de plus de 90 jours

issus de foyers

- absence de signes cliniques

le jour du départ

- transport direct jusqu’à

l’abattoir

- animaux et moyens de

transport désinsectisés

- abattage dans les 24h après

le départ de l’exploitation

- rassemblement interdit

- absence de signes cliniques

- animaux valablement

vaccinés contre les sérotype

1 et 8 et délai d’au moins 30

jours entre la date de la

vaccination et la sortie du

foyer ou sans délai si rappel

au cours de la période

d’immunité garantie

- moyens de transports

désinsectisés

- rassemblement autorisé

Animaux de moins de 90

jours non issus de foyers

- mouvement libre

- rassemblement autorisé

- mouvement libre

- rassemblement autorisé

Animaux de moins de 90

jours issus de foyers

- absence de signes cliniques

le jour du départ

- transport direct jusqu’à

l’abattoir

- animaux et moyens de

transport désinsectisés

- abattage dans les 24h après

le départ de l’exploitation

- rassemblement interdit

- absence de signes cliniques

- ET animaux et moyens de

transport désinsectisés

- ET test séro/viro négatif

après 28/14 jours de

protection contre les vecteurs

OU moins de 30 jours et nés

de mères vaccinées contre

BTV1 et 8 OU issus de

troupeaux vaccinés contre

BTV1 et 8

- rassemblement interdit

(Source : www.fcoinfo.fr, 2009)

145

Annexe 3 : Conditions générales d’échanges intracommunautaires de ZR vers ZI des

ruminants vis-à-vis des sérotypes BTV 1 et 8

Animaux d’abattage Animaux d’élevage et

d’engraissement

De ZR à ZI ou ZV - aucun cas de FCO dans

l’exploitation dans les 30

jours

- ET pas de signes cliniques

le jour du départ

- ET transport direct depuis

la sortie de ZR

- ET abattage dans les 24h

suivant l’arrivée à l’abattoir

- ET notification 48h à

l’avance

- ET le cas échéant à

destination d’un abattoir

dédié

- ET le cas échéant, arrêt en

poste de contrôle situé dans

la même ZR

- 60 jours en période

d’inactivité vectorielle et test

virologique dans les 7 jours

avant le départ

- OU protection contre les

vecteurs durant 60 jours

- OU désinsectisation 14

jours (ou inactivité

vectorielle depuis 14 jours)

et dépistage virologique

- OU animaux immunisés

- OU animaux vaccinés

- ET animaux gestant le cas

échéant

- OU veaux de moins de 90

jours confinés

De ZR à ZR Absence de signes cliniques

le jour du départ

Absence de signes cliniques

le jour du départ

(Source : www.fcoinfo.fr, 2009)

Les animaux et moyens de transports doivent être désinsectisés.

146

Annexe 4 : L’enquête terrain

ENQUETE : centre de rassemblement

Données générales:

- Capacité instantanée maximum

Gros bovins :

Jeunes bovins :

Veaux < 3 semaines :

- Nombre de bovins transitant par an (ou par semaine) :

Gros bovins :

Jeunes bovins :

Veaux < 3 semaines :

- Durée de séjour dans le centre :

<12h

12-24h

24-72h

> 72h

- Espèces commercialisées/regroupées :

Bovins

Ovins

Caprins

Autres :

- Zone géographique de provenance des animaux (dép.):

- Zone géographique de destination des animaux (dép.):

La gestion sanitaire des animaux :

- Contrôle sanitaire (en plus de l’ASDA) à l’entrée dans le centre de rassemblement :

oui non

Si oui, vis à vis de quelles maladies :

Par qui :

- Changement vis à vis de la FCO :

147

- Mélange d’animaux de différentes classes d’âge : oui non

Si oui, lesquels :

Comment sont regroupés les animaux : Age

Poids/conformation

Sexe

Race

Provenance

Destination

- Traitements réalisés sur les animaux passant au centre d’allotement : oui non

Si oui, sur quels types d’animaux :

Quels traitements : Vermifuge :

Vaccination :

Antibioprophylaxie :

Autres actions sur les animaux : Pesée

Autre :

- Existence d’une assurance des bovins sortant du centre d’allotement : oui non

Si oui, durée :

- Présence de locaux pour les animaux malades : oui non

Si oui, capacité :

Emplacement :

- Existence d’un dispositif en cas de crise sanitaire ou d’épizootie : oui non

Si oui, lequel :

Hygiène des bâtiments :

- Lavage/désinfection des locaux :

Fréquence :

Produits utilisés :

- Désinsectisation : oui non

Si oui, fréquence :

Produits utilisés :

- Existence d’une station de lavage des véhicules : oui non

- Appréciation de l’hygiène générale du bâtiment (note de 1 à 5) :

148

ENQUETE : transport des animaux vivants

Matériels et hygiène :

- Type de bétaillère :

Camions, nombre d’étages :

Remorque, nombre d’étages :

- Capacité des bétaillères

Gros bovins :

Jeunes bovins

Veaux < 3 semaines :

- Equipement des bétaillères :

Barrières de séparation

Système de ventilation

Système d’abreuvement

Revêtement antidérapant

Fosse de décantation

- Autres espèces transportées:

Bovins

Ovins

Caprins

Autres :

- Lavage/désinfection des véhicules :

Fréquence :

Produits utilisés :

- Désinsectisation des véhicules : oui non

Si oui, fréquence :

Produits utilisés :

149

Organisation des collectes :

- Zone de collecte d’une tournée (Dép.):

- Rayon d’une collecte :

< 10km

10-50km

50-100km

> 100km

- Durée d’une collecte :

Durée moyenne :

Durée minimum :

Durée maximum :

- Combien d’élevage collecté en une collecte :

Moyenne :

Minimum :

Maximum :

- Mélange d’animaux de différentes catégories ou classes d’âge : oui non

Si oui, lesquels :

- Connaissance du statut sanitaire des élevages collectés : oui non

Si oui, vis à vis de quelles maladies :

- Influence des zones réglementées FCO :

- Autres changements vis à vis de la FCO :

La sortie des animaux des centres de rassemblement :

- Qui assure le transport des animaux après le transit :

- Est-ce que l’on retrouve les mêmes caractéristiques que pour le transport avant

l’arrivée dans le centre de rassemblement :

150

Annexe 5 : Caractéristiques des désinfectants utilisés par les opérateurs enquêtés

Nom du

produit

Fabricant Substance active Dose Formulation

Crésyl 12® Spado

Lassailly

Phénols 12,35% + Xylenols

14% + Para isopropyl phénol

0,3% + Crésol 1,35%

2% Liquide

DES® ZEP

Industries

Chlorure de didecyl diméthyle

ammonium 100 G/L +

Formaldéhyde 31,5 G/L +

Glutaraldéhyde 40 G/L +

Glyoxal 32 G/L

0,750% Liquide

Désogerm

oxygerm®

Laboratoire

A.C.I.

Acide acétique 1,61 % +

Acide peracétique 5,35 % +

Peroxyde d'hydrogène 1,47 %

0,250% Liquide

Mefisto® Sogeval Octyldecyldimethylammonium

chlorure 37,5 G/L + Chlorure

de didecyl diméthyl

ammonium 18,75 G/L +

Chlorure d'alkyl diméthyl

benzyl ammonium 50 G/L +

Glutaraldéhyde 62,5 G/L +

Perméthrine 20 G/L+Chlorure

de dioctyldiméthyl ammonium

18,75 G/L

0,750

L/HL

Liquide

Oo-cide® Antec

International

LTD

Composition complexe 0,5% Liquide

Prophyl 75® Meriel

Laboratoire

Chloro-4-methyl-3-phenol 9,9

% + 2-benzyl 4 chlorophénol

4,95 %

0,5 L/HL Liquide

Septicid® Meriel

Laboratoire

Chlorure d'alkyl diméthyl

benzyl ammonium 260 G/L +

Glutaraldéhyde 150 G/L

0,3% Concentré

soluble

TH5® Sogeval Chlorure d'alkyl diméthyl

benzyl ammonium 32,75 % +

Glutaraldéhyde 10 %

0,1%

Virakyl® Ceva santé

animale

Chlorure d'alkyl diméthyl

benzyl ammonium 50 G/L +

Chlorure de didécyl diméthyl

ammonium 18,75 G/L +

Glutaraldéhyde 62,5 G/L +

Chlorure d'octyldecyldiméthyl

ammonium 37,5 G/L +

Chlorure de dioctyldiméthyl

ammonium 18,75 G/L

0,5% Liquide

Virkon® Antec

International

LTD

Acide sulfamique 5 % +

Monopersulfate de potassium

22,5 % + Acide malique 10 %

1 L/HL Poudre

soluble

dans l’eau

151

Annexe 6 : Caractéristiques des désinsectisants utilisés par les opérateurs enquêtés

Nom du

produit

Fabricant Substance active Dose Formulation

Mefisto® Sogeval Octyldecyldiméthylammonium

chlorure 37,5 G/L + Chlorure

de didécyl diméthyl

ammonium 18,75 G/L +

Chlorure d'alkyl diméthyl

benzyl ammonium 50 G/L +

Glutaraldéhyde 62,5 G/L +

Perméthrine 20 G/L +

Chlorure de dioctyldiméthyl

ammonium 18,75 G/L

0,750

L/HL

Liquide

Oxyfly® Novartis

santé

animale SA

Lambda cyhalothrine 100 G/L 0,025

G/M2

Socatrine

10®

Schering-

Plough

Vétérinaire

Delthmétrine 10 G/L 0,001

L/M2

Suspension

aqueuse

Solfac 10® Bayer

Pharma santé

animale

Cyfluthrine 10% 0,2 G/M2 Poudre

mouillable

Stomoxine

mural®

Schering-

Plough

Vétérinaire

Perméthrine 25% 0,25

G/M2

Poudre

mouillable

Topkill® Geode

Chemicals et

Laboratoire

SPRL

Perméthrine 100 G/L Concentré

émulsifiable

152

Annexe 7 : Caractéristiques des médicaments vétérinaires utilisés par les opérateurs

enquêtés

Nom Laboratoire Principe actif Voie Dose Délais d’attente

Bovilis®

bovigrip

Intervet Virus inactivés

RSB, PI3 et

Manheimia

haemolytica

SC 2 inj. à 4

semaines

d’intervalle

0 jour

Bovilis

Ringvac®

Intervet Souche aténuée

Trichophyton

verrucosum

IM 2 inj. A 2

semaines

d’intervalles

0 jour

Cevamec® Céva Santé

animale

Ivermectine SC 0,2mg/Kg 42 jours. Interdit

chez la vache

laitière en

lactation

Draxxin® Pfizer Santé

animale

Tulathromycine SC 2,5mg/Kg en

inj. unique

49 jours. Interdit

chez la vache

laitière en

lactation

Dectomax® Pfizer Santé

animale

Doramectine SC ou

Pour-on

0,2mg/Kg ou

0,5mg/Kg

42 jours ou 35

jours.

Interdit chez la

vache laitière en

lactation

Ivomec® Merial Ivermectine SC ou

Pour-on

0,2mg/Kg ou

0,5mg/Kg

28 jours. Interdit

chez la vache

laitière en

lactation

Miloxan® Merial Anatoxine de

Clostridium

Perfringens, Cl.

Septicum, Cl.

Novyi, Cl.

Tetani et Cl.

Sordellii

SC 2 inj. à 4

semaines

d’intervalle et

rappel annuel

0 jour

Nuflor® Schering-

Plough

florfénicol IM ou

SC

20 mg/Kg ou

40 mg/Kg

30 jours et 40

jours.

Rispoval®

RS ou RS-

BVD et

Pasteurella

Pfizer Santé

animale

Virus atténué

RSB et/ou BVD

et Leucotoxine

inactivée de

Pasteurella

haemolytica

IM 2 inj. à 4-6

semaines et 1

inj. pour la

valence

Pasteurella

0 jour

Zactran® Merial Gamithromycine SC 6 mg/Kg en

inj. unique

64 jours. Interdit

chez la vache

laitière en

lactation

(Source : Dictionnaire des Médicaments Vétérinaires)

153

BESSON Pierrick

Flux de bovins à travers les opérateurs commerciaux et

pratiques sanitaires : étude préliminaire dans la région du

Grand Ouest

Thèse Vétérinaire : Lyon, le lundi 29 novembre 2010

RESUME : Les risques de transmission de maladies par les mouvements de bovins demeurent peu

documentés, notamment dans les centres de rassemblement d’animaux. L’objectif de ce travail

est de caractériser les flux de bovins chez les opérateurs commerciaux (marchés, centres

d’allotement…), et d’analyser leurs pratiques sanitaires.

Les données extraites de la BDNI montrent des flux de bovins plus importants dans les centres

d’allotement que dans les marchés (1.274.813 vs 345.230 bovins). Cependant, les apports

d’animaux vivants sont le plus importants dans les abattoirs (2.415.765 bovins).

L’approvisionnement est plutôt locorégionale. La gestion sanitaire par les opérateurs est assez homogène selon le type d’opérateur. Les gros

commerçants en bestiaux et les coopératives sont plus interventionnistes (vaccins, traitements

antibiotiques préventifs…). Peu de maladies sont prises en compte spécifiquement en dehors

de l’IBR et la FCO.

Cette étude descriptive a permis de faire un premier état des lieux des risques sanitaires

éventuels et de leur appréhension par les opérateurs. Les enquêtes terrain ont montré une

gestion sanitaire plutôt satisfaisante malgré un manque d’outils de contrôle. Les flux et les

durées des transits des animaux incitent à une maitrise des risques sanitaires, indispensable au

maintien de la compétitivité de la région.

MOTS CLES : - bovins - pratiques sanitaires

- opérateurs commerciaux - Grand Ouest

- transport

JURY : Président : Monsieur le Professeur Claude GHARIB

1er Assesseur : Monsieur le Docteur Luc MOUNIER

2ème Assesseur : Madame le Docteur Marie-Anne ARCANGIOLI

Membre invité : Monsieur Fatah BENDALI

DATE DE SOUTENANCE :

Lundi 29 novembre 2010

ADRESSE DE L’AUTEUR :

La Chavanne

69590 La Chapelle sur coise