Les facteurs de risques psychosociaux en france et en...

7
Analyses Dares publication de la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques DécEMBRE 2014 • N° 100 LES FACTEURS DE RISQUES PSYCHOSOCIAUX EN FRANCE ET EN EUROPE Une comparaison à travers l’enquête européenne sur les conditions de travail En 2010, les salariés en France déclarent une intensité du travail équivalente à la moyenne des 27 pays de l’Union européenne ; près des trois quarts respectent des normes de qualité précise, plus de la moitié réalisent des tâches complexes et plus d’un tiers travaillent dans des délais très courts. Toutefois, ils déclarent plus souvent être exposés, dans le cadre de leur travail, à un manque d’autonomie, à des exigences émotionnelles et à des conflits de valeurs. En France, les salariés font une distinction plus nette qu’ailleurs entre le temps professionnel et le temps extra-professionnel. Ils déclarent plus souvent que leurs horaires de travail s’accordent mal avec leurs engagements sociaux et familiaux (21 %), contraire- ment aux salariés au Danemark, aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne (respectivement 6 %, 9 % et 13 %). De même, 45 % des salariés en France parviennent difficilement à prendre une ou deux heures sur leur temps de travail afin de traiter des problèmes personnels ou familiaux, contre 15 % en Suède ou aux Pays-Bas. Relativement à la plupart des autres pays de l’Union, les rapports sociaux au travail, notamment avec la hiérarchie, apparaissent de moins bonne qualité en France. Près de 20 % des salariés déclarent n’être jamais ou rarement soutenus par leur supérieur contre 6 % en Irlande, mais 30 % en Allemagne ; 3 % signalent subir des discriminations au travail, soit autant qu’en Belgique ou au Luxembourg, mais bien plus qu’en Italie, Lituanie ou Roumanie. Le sentiment d’insécurité de l’emploi et du revenu est un peu moins fort en France que dans l’ensemble de l’Union européenne, mais les salariés pensent beau- coup plus souvent qu’ils ne pourront pas faire le même travail lorsqu’ils auront 60 ans. Les risques psychosociaux peuvent être définis comme « les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels suscep- tibles d’interagir avec le fonctionnement mental » (1) (encadré 1) [1]. Par définition, l’appréhension de ces risques a une dimension subjective, et leur mesure est souvent basée sur la déclaration des individus, recueil- lie notamment au travers d’enquêtes (2). L’enquête européenne sur les conditions de travail (EECT), dont la dernière édition a été réalisée en 2010, permet d’appréhender les risques psychosociaux au travail dans 34 pays dont les 27 pays membres de l’Union européenne (UE) à la date de l’enquête (encadré 2). L’échantillon de l’enquête comporte 29 000 salariés (3) dans l’ensemble des pays de l’UE à 27 et 3 000 salariés en France (encadré 1), ce qui permet d’établir des comparaisons entre ces deux entités géographiques. En France, une intensité du travail peu différente de la moyenne européenne En 2010, dans l’UE à 27, 73 % des salariés doivent respecter des « normes de qualité précises », 71 % réalisent une « auto-évaluation de la qualité de leur travail » et 57 % réalisent des « tâches complexes ». Le rythme de travail est imposé par les clients ou usagers pour une majorité de salariés européens (66 %). Chacune des autres contraintes de rythme de travail (dépendance des collègues, d’objectifs ou de (1) Définition retenue par le Collège d’expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail [1]. (2) En particulier, plusieurs études rendent compte des effets des risques psychosociaux sur l’état de santé [1], [2], [3] et [4] et notamment leur incidence en terme d’affections cardiovasculaires, mise en évidence à partir des évaluations de l’environnement de travail réalisées par les responsables de la gestion du personnel [5]. (3) L’enquête européenne sur les conditions de travail couvre l’ensemble des actifs occupés, alors que la présente étude porte uniquement sur les salariés.

Transcript of Les facteurs de risques psychosociaux en france et en...

  • AnalysesDares

    publication de la direction de l'animation de la recherche, des tudes et des statistiques

    DcEMBRE 2014 N 100

    Les facteurs de risques psychosociaux en france et en europe

    Une comparaison travers lenqute europenne sur les conditions de travail

    En 2010, les salaris en France dclarent une intensit du travail quivalente la moyenne des 27 pays

    de lUnion europenne ; prs des trois quarts respectent des normes de qualit prcise, plus

    de la moiti ralisent des tches complexes et plus dun tiers travaillent dans des dlais trs courts.

    Toutefois, ils dclarent plus souvent tre exposs, dans le cadre de leur travail, un manque

    dautonomie, des exigences motionnelles et des conflits de valeurs.

    En France, les salaris font une distinction plus nette quailleurs entre le temps professionnel et le temps extra-professionnel. Ils dclarent plus souvent que leurs horaires de travail saccordent mal avec leurs

    engagements sociaux et familiaux (21 %), contraire-ment aux salaris au Danemark, aux Pays-Bas ou en

    Grande-Bretagne (respectivement 6 %, 9 % et 13 %). De mme, 45 % des salaris en France parviennent

    difficilement prendre une ou deux heures sur leur temps de travail afin de traiter

    des problmes personnels ou familiaux, contre 15 % en Sude ou aux Pays-Bas.

    Relativement la plupart des autres pays de lUnion, les rapports sociaux au travail, notamment avec

    la hirarchie, apparaissent de moins bonne qualit en France. Prs de 20 % des salaris dclarent ntre

    jamais ou rarement soutenus par leur suprieur contre 6 % en Irlande, mais 30 % en Allemagne ;

    3 % signalent subir des discriminations au travail, soit autant quen Belgique ou au Luxembourg, mais

    bien plus quen Italie, Lituanie ou Roumanie.

    Le sentiment dinscurit de lemploi et du revenu est un peu moins fort en France que dans lensemble de lUnion europenne, mais les salaris pensent beau-

    coup plus souvent quils ne pourront pas faire le mme travail lorsquils auront 60 ans.

    Les risques psychosociaux peuvent tre dfinis comme les risques pour la sant mentale, physique et sociale, engendrs par les conditions demploi et les facteurs organisationnels et relationnels suscep-tibles dinteragir avec le fonctionnement mental (1) (encadr 1) [1]. Par dfinition, lapprhension de ces risques a une dimension subjective, et leur mesure est souvent base sur la dclaration des individus, recueil-lie notamment au travers denqutes (2).

    Lenqute europenne sur les conditions de travail (EECT), dont la dernire dition a t ralise en 2010, permet dapprhender les risques psychosociaux au travail dans 34 pays dont les 27 pays membres de lUnion europenne (UE) la date de lenqute (encadr 2). Lchantillon de lenqute comporte 29 000 salaris (3) dans lensemble des pays de lUE 27 et 3 000 salaris en France (encadr 1), ce qui permet dtablir des comparaisons entre ces deux entits gographiques.

    En France, une intensit du travail peu diffrente de la moyenne europenne

    En 2010, dans lUE 27, 73 % des salaris doivent respecter des normes de qualit prcises , 71 % ralisent une auto-valuation de la qualit de leur travail et 57 % ralisent des tches complexes . Le rythme de travail est impos par les clients ou usagers pour une majorit de salaris europens (66 %). Chacune des autres contraintes de rythme de travail (dpendance des collgues, dobjectifs ou de

    (1) Dfinition retenue par le Collge dexpertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail [1].

    (2) En particulier, plusieurs tudes rendent compte des effets des risques psychosociaux sur ltat de sant [1], [2], [3] et [4] et notamment leur incidence en terme daffections cardiovasculaires, mise en vidence partir des valuations de lenvironnement de travail ralises par les responsables de la gestion du personnel [5].

    (3) Lenqute europenne sur les conditions de travail couvre lensemble des actifs occups, alors que la prsente tude porte uniquement sur les salaris.

  • DARES ANALYSES Dcembre 2014 - N 1002

    performances, contrle direct du chef) touche envi-ron 40 % des salaris, sauf le rythme impos par la vitesse automatique dune machine ou du dpla-cement dun produit qui ne concerne que 19 % des salaris europens (encadr 1, @tableau) (4).

    Lorsque lintensit du travail est aborde travers ces dterminants immdiats, la France occupe

    une position moyenne parmi les 27 pays de lUnion europenne (5). Les salaris y sont un peu moins nombreux dclarer que leur travail implique le respect de normes de qualit prcises, une auto-valuation de la qualit de leur travail et des tches complexes (6). En contrepartie, leur rythme de travail dpend plus souvent dobjectifs

    Encadr 1

    FAcTEURS DE RISqUE PSychoSocIAUx En FRAncE ET En EURoPE

    Champ de ltude, source et mesures

    La Fondation europenne pour lamlioration des conditions de vie et de travail (Eurofound) ralise tous les cinq ans une Enqute europenne des conditions de travail (EECT) [3]. Dans le cadre de la 5e dition en 2010, 44 000 travailleurs ont t interrogs dans 34 pays (UE 27, Norvge, Croatie, ancienne Rpublique yougoslave de Macdoine, Turquie, Albanie, Montngro et Kosovo). Pour la plupart des pays, lchantillon national comporte de 1 000 1 500 actifs occups ; en France, il est de 3 000. Lchantillon est reprsentatif de la population active occupe en Europe.

    La prsente tude a pour objectif de situer le niveau dexposition aux facteurs de risques psychosociaux des salaris rsidant en France en comparaison avec ceux des 27 pays de lUnion europenne. Le champ de ltude retenu est celui des enquts salaris rsidant dans lUE 27, soit 29 000 personnes.

    98 variables du questionnaire de 2010 ont t slectionnes pour mesurer les facteurs de risque psychosociaux. Elles ont t regroupes selon les six dimensions identifies par le Collge dexpertise [1].

    Les rsultats dtaills relatifs ces variables sont disponibles sur le site Internet : @tableau Facteurs de risques psychosociaux en France et en Europe. Une partie de ces variables sont rpertories comme agent causal de maladies professionnelles par lOMS, lOIT et Eurostat [2].

    Dans lensemble, les comparaisons entre les salaris rsidant en France et dans lensemble de lUE 27 sappuient non seulement sur les comparaisons des frquences de salaris exposs aux diffrents facteurs de risques psychosociaux retenus, mais aussi sur des analyses toutes choses gales par ailleurs . Ces analyses permettent de calculer les rapports de chances (odds ratio) dtre expos, en France relativement au reste de lUE, partir de modles logistiques o les variables explicatives sont, outre le pays (France versus reste de lUnion europenne), lge, lge au carr, le sexe, le niveau de diplme, la catgorie socioprofessionnelle (en quatre postes), le statut de lemploi, lanciennet dans lentreprise, la taille de ltablissement, le secteur dactivit, le type demployeur (public, priv).

    Encadr 2

    LES DImEnSIonS DES RISqUES PSychoSocIAUx AU TRAvAIL

    Un collge dexpertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail a t constitu en 2008 par lInsee la demande du ministre en charge du travail. Il comprenait des conomistes, des ergonomes, des pidmiologistes, des chercheurs en gestion, en mdecine du travail, des psychologues et psychiatres, des sociologues et des statisticiens.

    En octobre 2009, le collge a remis un rapport intermdiaire prsentant une batterie dindicateurs provisoires immdiate-ment disponibles partir des sources statistiques existantes ; son rapport final a t remis le 11 avril 2011 1].

    Il considre que ce qui constitue un risque psychosocial pour la sant nest pas sa manifestation, mais son origine. Les risques psychosociaux sont donc dfinis comme les risques pour la sant mentale, physique et sociale, engendrs par les conditions demploi, les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles dinteragir avec le fonctionnement mental .

    Situs linterface de lindividu et de sa situation de travail, ces facteurs de risques sont multiples et sont analyss selon six dimensions :

    1. les exigences du travail, qui regroupent les risques en lien avec le travail sous pression, les contraintes de rythme, la difficult concilier la vie professionnelle et la vie familiale, lexigence de comptences leves ;

    2. les exigences motionnelles, lies par exemple la ncessit de devoir cacher ou matriser ses motions face la clientle ou un public en difficult ;

    3. lautonomie et les marges de manuvre qui dsignent la possibilit dtre acteur dans son travail, de participer aux dcisions, dutiliser ses comptences et de spanouir dans son travail ;

    4. les rapports sociaux, les relations de travail qui couvrent les relations avec les collgues, la hirarchie ; est questionne aussi la reconnaissance du travail (reconnaissance symbolique, rmunration, promotion) ;

    5. les conflits de valeurs qui dsignent une situation o lon demande une personne dagir en contradiction avec ses valeurs professionnelles ou personnelles ;

    6. linscurit conomique qui inclut le risque de perdre son emploi et les changements non maitriss de la tche ou des conditions de travail.

    (4) Tableau accessible sur le site de la Dares : @tableau Facteurs de risques psychosociaux en France et en Europe.

    (5) Tous les commentaires ci-dessous sont valids par les rsultats issus dune rgression logistique (modle logit) qui permet destimer la probabilit dexposition chaque facteur de risque en fonction du pays (France ou reste de lUnion europenne) et de variables de contrle (secteur dactivit et taille de ltablissement, catgorie socioprofessionnelle, statut, anciennet, sexe, ge et niveau dducation du salari). Cette mthode permet disoler leffet de la variable France toutes choses gales par ailleurs , caractristiques des salaris et de leurs postes de travail identiques.

    (6) Ces commentaires ne tiennent pas seulement des effets de structure (diffrences de composition de la main-duvre selon les pays) mais restent valides dans des analyses toutes choses gales par ailleurs (ici non reproduites) : le coefficient de la variable France est significatif dans des modles logit o la variable explique est la probabilit dexposition un risque et les variables explicatives les caractristiques des postes de travail et des personnes.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlshttp://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlshttp://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xls

  • 3DARES ANALYSES Dcembre 2014 - N 100

    de production ou de performances atteindre, mais aussi des exigences de leurs clients ou du contrle direct de leurs chefs (graphiques 1 et 2). Plus du tiers des salaris en France sont concerns par le cumul des contraintes : 38 % des salaris y cumulent 3 contraintes ou plus (36 % dans len-semble de lUnion).

    Cependant, en France, les salaris ressentent un peu plus que lensemble des salaris de lUE 27 un sentiment de pression temporelle dans leur travail : ils affirment plus souvent devoir inter-rompre des tches en cours dexcution pour en effectuer une autre non prvue (39 % contre 31 % pour lensemble des salaris de lUnion). En France, 38 % des salaris dclarent aussi travailler selon des dlais trs stricts et trs courts et 11 % manquer de temps pour raliser leur travail.

    Des horaires de travail moins longs mais plus difficiles concilier avec la vie personnelle

    Les salaris en France dclarent moins souvent que la moyenne europenne travailler habituel-lement plus de 45 heures par semaine ou plus de 10 heures par jour au moins 6 fois par mois. De mme, le travail de nuit, tout comme certaines formes dhoraires atypiques (travail du soir et du dimanche), sont nettement moins rpandus que dans lensemble des pays de lUnion. En revanche, les salaris en France sont davantage concerns par le travail le samedi (16 %, contre 14 % pour le reste de lUE 27) et certaines formes dex-tension de la disponibilit : travail sur demande avec des astreintes (26 % contre 18 %), variabi-lit du temps de travail quotidien (42 % contre 36 %) ou hebdomadaire (30 % contre 26 %).

    Cette variabilit est encore plus rpandue en Sude et au Danemark (@tableau) (4).

    En France les salaris dclarent moins souvent devoir travailler pendant leur temps libre pour parvenir faire leur travail , mais ils sont plus nombreux affirmer quil leur est plutt difficile de parvenir prendre une ou deux heures sur leur temps de travail pour rsoudre des problmes personnels (45 % contre 38 %). Ainsi, le temps professionnel et le temps extra-professionnel sont plus nettement distingus en France. Ceci pourrait expliquer pourquoi en France les salaris dclarent un peu plus souvent que leurs horaires de travail saccordent mal avec leurs engagements sociaux et familiaux, compars aux salaris de lensemble de lUnion europenne (21 % contre 18 %). Au Danemark, pays o 40 % des salaris dclarent ne pas travailler selon des horaires fixes, seuls 18 % jugent difficile de prendre une ou deux heures sur leur temps de travail pour rsoudre des problmes personnels et 6 % signalent une difficult de conciliation entre leurs horaires de travail et leur vie personnelle.

    En terme de prsentisme , terme qui dsigne le fait de venir travailler lorsque lon est malade [1], les salaris en France ne se distinguent pas significativement des salaris europens. Dans sa forme occasionnelle (1 10 jours de travail en tant malade), qui peut signaler une forme de surinvestissement des salaris dans leur travail, le prsentisme touche plutt des pays du nord de lEurope (Danemark, Royaume-Uni et Sude) ; dans sa forme de longue dure (plus de 10 jours de travail en tant malade), qui peut tre rvlatrice dun manque de protection sociale efficiente [1], il concerne plutt des pays de lest de lEurope (Slovnie, Estonie et Hongrie).

    0,6

    0,8

    1,0

    1,2

    1,4

    1,6

    Normesde qualit

    (1)

    Auto-valuation

    de la qualit (2)

    Tchescomplexes

    (3)

    Dlaisstricts - courts

    (9)

    Interruptions(11)

    Manque de temps

    (12)

    O

    d

    d

    s

    r

    a

    t

    i

    o

    0,6

    0,8

    1,0

    1,2

    1,4

    1,6

    Clients Collgues Objectifs -performances

    Machine -produit

    O

    d

    d

    s

    r

    a

    t

    i

    o

    NS

    Chef

    * Le chiffre entre parenthses correspond au numro de variable du @tableau, disponible sur Internet.

    Lecture : compar au reste de lUnion, un salari rsidant en France a 1,5 fois plus de chances de connatre des interruptions dans son travail.

    Champ : salaris rsidant dans lUE 27.

    * Le chiffre entre parenthses correspond au numro de variable du @tableau, disponible sur Internet.

    Lecture : compar au reste de lUnion, un salari rsidant en France a 1,5 fois plus de chances que son travail dpende dobjectifs de production ou de performances atteindre.

    Champ : salaris rsidant dans lUE 27.

    Graphique 1 Dterminants immdiats de lintensit du travail* en France par rapport au reste de lUE 27

    Graphique 2 contraintes de rythme de travail* en France par rapport au reste de lUE 27

    Source : Eurofound, Enqute europenne sur les conditions de travail 2010 (EECT) ; calculs Dares.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlshttp://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlshttp://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlsGraph1et2

    Graphique 1 : Les dterminants immdiats de l'intensit du travail* en France par rapport au reste de l'UE 27

    UE 27FranceOdds - Fr

    Normes de qualit (1)73.369.90.9

    Auto-valuation de la qualit (2)70.664.40.7

    Tches complexes (3)56.851.90.7

    Dlais stricts - courts (9)35.737.91.2

    Interruptions (11)31.238.71.5

    Manque de temps (12)9.711.01.2

    DaresPice jointegraph 1 facteurs RPS.xls

    Graph1et2

    Graphique 2 : Les contraintes de rythme de travail* en France par rapport au reste de l'UE 27

    UE 27FranceOdds - Fr

    Clients65.669.01.1

    Collgues43.442.20.8

    Objectifs - performances41.245.01.5

    Chef40.042.51.1

    Machine - produit18.617.1

    DaresPice jointegraph 2 facteurs RPS.xls

  • DARES ANALYSES Dcembre 2014 - N 1004

    Plus de contact direct avec le public et des exigences motionnelles plus leves en France

    En France, 59 % des salaris sont en contact direct avec le public (clients, patients, lves, etc.) (7) pendant les trois quarts ou plus de leur temps de travail, contre 48 % des salaris de lUnion euro-penne. Cette proportion relativement leve situe la France au deuxime rang des 27 pays de lUnion, entre lIrlande (60 %) et le Royaume-Uni (57 %).

    La proportion de salaris faisant face des exigences motionnelles est plus leve en France, compare lensemble de lUnion (graphique 3). 35 % affirment que leur travail requiert toujours ou la plupart du temps de cacher leurs senti-ments (contre 25 % dans lUE 27). 21 % des sala-ris en France dclarent quune erreur dans leur travail pourrait causer des dommages physiques dautres personnes (contre 18 % pour lUE 27). Et 10 % des salaris affirment que leur travail implique au moins les trois quarts du temps la gestion de clients en colre , part comparable la moyenne europenne.

    Une moindre autonomie dans le travail que dans les pays du nord de lEurope

    Le degr dautonomie dans le travail varie beau-coup selon la catgorie socioprofessionnelle et le secteur dactivit. caractristiques donnes, il est plus faible en France du point de vue de la capacit d influencer les dcisions qui sont importantes pour son travail (51 % des salaris dclarent cette possibilit en France contre 61 % pour lensemble de lUnion europenne, et mme 84 % dans les seuls pays scandinaves -Danemark, Sude, Finlande-), (graphique 4). En France,

    les salaris dclarent aussi un peu moins souvent tre en mesure de choisir ou changer leur cadence ou vitesse de travail (61 % contre 66 %), tre en mesure de changer leurs mthodes de travail (60 % contre 63 %) ou encore tre consults avant que les objectifs de leur travail [ne] soient fixs (64 % contre 67 %). En Allemagne, les salaris se dclarent encore moins souvent consul-ts sur les objectifs assigns (59 %).

    En revanche, les salaris sont, en France, relative-ment aussi nombreux que dans le reste de lUE garder leur autonomie pour mettre leurs propres ides en pratique (75 %), faire une pause lorsquils le souhaitent (66 %) ou changer lordre dexcu-tion des tches (65 %) ; dans les pays nordiques, les salaris dclarent encore plus frquemment disposer de ce type dautonomie.

    Prs de la moiti des salaris de lUE indiquent que leur travail implique des tches monotones. En France, ils signalent nettement plus souvent raliser des tches rptitives dont chacune dure moins dune minute (36 % contre 27 %). 68 % dclarent que leur travail implique dapprendre des choses nouvelles , contre 90 % dans les pays du nord de lEurope (Finlande, Sude, Danemark).

    Des salaris en attente de davantage de reconnaissance au travail

    Compars lensemble de lUnion, les salaris en France sont moins nombreux dclarer vivre dans leur travail des rapports sociaux de bonne qualit, notamment avec leur hirarchie (graphique 5).

    La plupart des salaris de lUE dclarent tre soutenus par leurs collgues. En France, en Pologne et en Italie, ce nest pas le cas pour plus de 10 % dentre eux contre moins de 4 % en Irlande, au Danemark ou au Royaume-Uni.

    1,0

    1,2

    1,4

    1,6

    1,8

    2,0

    O

    d

    d

    s

    r

    a

    t

    i

    o

    Expo

    sitio

    nau

    pub

    lic (3

    1)

    Cac

    her

    ses

    sent

    imen

    ts (3

    5)

    Clie

    nts

    en c

    olr

    e (3

    6)

    Resp

    onsa

    bilit

    -r

    isqu

    e ph

    ysiq

    ue (3

    7)

    Resp

    onsa

    bilit

    -r

    isqu

    e fin

    anci

    er(3

    8)

    NSNS

    Graphique 3 Exigences motionnelles* en France par rapport au reste de lUE 27

    * Le chiffre entre parenthses correspond au numro de variable du @tableau, disponible sur Internet.

    Lecture : compar au reste de lUnion, un salari rsidant en France a 1,4 fois plus de chances de devoir cacher ses sentiments.

    Champ : salaris rsidant dans lUE 27.

    Lor

    dre

    de s

    est

    ches

    (39)

    Les

    mt

    hode

    s d

    e tr

    avai

    l (40

    )

    La c

    aden

    ceou

    vite

    sse

    de

    trav

    ail (

    41)

    Le m

    omen

    t de

    la p

    ause

    (42)

    Il es

    t con

    sult

    avan

    t que

    soi

    ent

    fixs

    les

    obje

    ctifs

    de s

    on tr

    avai

    l

    Les

    dci

    sion

    sim

    port

    ante

    spo

    ur le

    trav

    ail (

    44)

    Met

    tre

    ses

    ide

    sen

    pra

    tique

    (45)

    O

    d

    d

    s

    r

    a

    t

    i

    o

    0,8

    1,0

    1,2

    1,4

    1,6

    1,8

    2,0

    NS NS

    Graphique 4 manque dautonomie procdurale* en France par rapport au reste de lUE 27

    * Le chiffre entre parenthses correspond au numro de variable du @tableau, disponible sur Internet

    Lecture : compar au reste de lUnion, un salari rsidant en France a 1,6 fois plus de chances de ne pas tre en mesure de choisir ou de changer sa cadence ou sa vitesse de travail.

    Champ : salaris rsidant dans lUE 27.

    Source : Eurofound, EETC 2010 ; calculs Dares.

    (7) Le taux de salaris en contact direct avec le public est estim 71 % dans lenqute Conditions de travail de 2013 de la Dares. Contrairement celle-ci, lenqute europenne sur les conditions de travail permet de graduer lintensit de cette exposition au public (tout le temps, presque tout le temps, environ les trois quarts du temps, etc.) et value le taux de salaris en contact direct avec le public pendant trois quarts du temps ou plus 59 %. Ainsi, la diffrence entre ces deux taux est principalement due aux salaris en contact direct avec le public pendant moins des trois quarts du temps.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlshttp://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlsGraph3

    Graphique 3 : Les exigences motionnelles* en France par rapport au reste de l'UE 27

    UE 27FranceOdds - Fr

    Exposition au public (31)48.458.91.7

    Cacher ses sentiments (35)25.335.11.4

    Clients en colre (36)10.312.1ns

    Responsabilit-risque physique (37)18.220.91.2

    Responsabilit-risque financier (38)32.633.2ns

    DaresPice jointegraph 3 facteurs RPS.xls

    Graph4

    Graphique 4 : Manque d'autonomie procdurale* en France par rapport au reste de l'UE 27

    UE 27FranceOdds - Fr

    Lordre de ses tches (39)37.834.8ns

    Les mthodes de travail (40)36.639.81.3

    La cadence ou vitesse de travail (41)33.739.21.6

    Le moment de la pause (42)38.033.50.9

    Il est consult avant que les objectifs de son travail soient fixs (43)32.636.41.4

    Les dcisions importantes pour le travail (44)39.349.31.9

    Mettre ses ides en pratique (45)28.325.5ns

    DaresPice jointegraph 4 facteurs RPS.xls

  • 5DARES ANALYSES Dcembre 2014 - N 100

    Les salaris en France sont aussi un peu plus nombreux juger quils manquent daide et de soutien de leur hirarchie (18 %) ; ce sentiment est encore plus rpandu en Allemagne (30 %) et en Autriche (24 %). Ils dclarent enfin plus souvent que leur suprieur hirarchique ne leur fournit pas de commentaires sur leur travail (34 % contre 24 % pour la moyenne de lUnion) ou ne les encourage pas participer aux dcisions importantes (42 % contre 35 %).

    Plus de 20 % des salaris en France estiment que lorganisation pour laquelle ils travaillent ne les motive pas donner leur meilleure performance professionnelle , contre 6 7 % au Portugal, au Danemark et Chypre. Comme au Danemark et en Sude, ils jugent un peu moins souvent leur responsable bon pour planifier et organiser le travail (respectivement 75 % et 79 % contre 83 % dans lensemble de lUE).

    En France, les salaris sestiment plus souvent insuffisamment pays relativement au travail fourni (42 % contre 31 % pour lUE 27) et se disent plus souvent insatisfaits de leurs condi-tions de travail (22 % contre 16 %). Cependant ils manifestent un attachement certain lentre-prise ou ladministration o ils travaillent, puisque 88 % dentre eux disent se sentir bien dans [leur] organisation .

    En France, des salaris plus nombreux se dclarer victimes de violences verbales pendant leur travail

    Compars aux autres salaris de lUnion, les sala-ris en France sont relativement plus nombreux dclarer avoir subi, au cours des douze derniers mois, des discriminations lies lorigine ethnique ou la couleur de peau (2,8 % contre 1,3 %), la nationalit (2,3 % contre 1,4 %), au sexe (2,4 % contre 1,5 %), la religion (1,8 % contre 0,8 %), un handicap (0,7 % contre 0,4 %) ou lorientation sexuelle (0,5 % contre 0,2 %), (graphique 6). 4 % des salaris dclarent avoir fait lobjet dune discrimination lie leur ge, proportion ici comparable celle dclare par lensemble des salaris de lUnion.

    Concernant les pisodes rcents de violences, 14 % des salaris en France dclarent avoir subi des violences verbales et 6 % des menaces et des comportements humiliants au cours du mois prcdant lenqute (respectivement 11 % et 5 % au sein de lUE). Au cours des douze derniers mois, 9 % des salaris en France dclarent avoir t objet dintimidation ou de harclement moral (premier rang avec la Belgique et les Pays-Bas parmi les pays de lUE 27), contre moins de 1 % en Italie, Bulgarie ou Pologne ; 3 % ont subi des violences physiques.

    Dans lensemble de lUnion, une proportion comparable de salaris dclarant raliser des tches en contradiction avec leurs valeurs personnelles

    Lenqute europenne sur les conditions de travail comporte peu dindicateurs sur les conflits de valeurs dans le travail, cest--dire les situations o le travailleur est amen faire des choses contraires son thique personnelle ou profes-sionnelle. Elle permet toutefois destimer 10 % la part de salaris dont le travail implique des tches qui sont en contradiction avec leurs valeurs personnelles (10 % pour la France et 9 % pour

    O

    d

    d

    s

    r

    a

    t

    i

    o

    1,0

    1,2

    1,4

    1,6

    1,8

    2,0

    Ne

    l'enc

    oura

    ge p

    as

    pa

    rtic

    iper

    aux

    dci

    sion

    sim

    port

    ante

    s (5

    9)

    Ne

    four

    nit

    pas

    des

    com

    men

    taire

    ssu

    r so

    n tr

    avai

    l (60

    )

    Pas

    d'ai

    de n

    i de

    sout

    ien

    (61)

    Pas

    bon

    pour

    la r

    sol

    utio

    nde

    con

    flits

    (62)

    Pas

    bon

    pour

    plan

    ifier

    et

    orga

    nise

    rle

    tra

    vail

    (63)

    Ne

    resp

    ecte

    pas

    le s

    alar

    i e

    n ta

    ntqu

    e pe

    rson

    ne (6

    4)

    Graphique 5 Relation avec la hirarchie en France par rapport au reste de lUE 27

    * Le chiffre entre parenthses correspond au numro de variable du @tableau, disponible sur Internet

    Lecture : compar au reste de lUnion, un salari rsidant en France a 1,6 fois plus de chances que son suprieur ne lencourage pas participer aux dcisions importantes.

    Champ : salaris rsidant dans lUE 27.

    Sources : Eurofound, EECT-2010 ; calculs Dares.

    ge

    (71)

    Orig

    ine

    ethn

    ique

    (72)

    Nat

    iona

    lit

    (73)

    Sexe

    (74)

    Relig

    ion

    (75)

    Han

    dica

    p (7

    6)

    Orie

    ntat

    ion

    sexu

    elle

    (77)

    O

    d

    d

    s

    r

    a

    t

    i

    o

    1,0

    1,2

    1,4

    1,6

    1,8

    2,0

    NS

    Graphique 6 Discrimination en France par rapport au reste de lUE 27

    * Le chiffre entre parenthses correspond au numro de variable du @tableau, disponible sur Internet.

    Lecture : compar au reste de lUnion, un salari rsidant en France a 1,6 fois plus de chances davoir subi au travail, au cours des 12 derniers mois, une discrimination lie son sexe.

    Champ : salaris rsidant dans lUE 27.

    Source : Eurofound, EECT-2010 ; calculs Dares.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlshttp://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlsGraph5et6

    Graphique 5 : Relation avec la hirarchie en France par rapport au reste de l'UE 27

    UE 27FranceOdds - Fr

    L'encourage participer aux dcisions importantes (59)35.042.41.6

    Fournit des commentaires sur son travail (60)24.233.81.9

    L'aide et le soutient (61)17.818.51.2

    Est bon pour la rsolution de conflits (62)17.021.41.3

    Est bon pour planifier et organiser le travail (63)15.819.11.2

    Respecte le salari en tant que personne (64)4.96.81.6

    DaresPice jointegraph 5 facteurs RPS.xls

    Graph5et6

    Graphique 6 : Discrimination en France par rapport au reste de l'UE 27

    UE 27FranceOdds - Fr

    Age (71)3.23.8ns

    Origine ethnique (72)1.32.82.0

    Nationalit (73)1.42.31.4

    Sexe (74)1.52.41.6

    Religion (75)0.81.82.0

    Handicap (76)0.40.71.8

    Orientation sexuelle (77)0.20.51.8

    DaresPice jointegraph 6 facteurs RPS.xls

  • DARES ANALYSES Dcembre 2014 - N 1006

    Encadr 3

    InDIcATEURS SynThTIqUES PAR DImEnSIon

    Un indicateur synthtique dexposition aux facteurs de risques psychosociaux a t labor pour chacune des six dimensions identifies par le collge dexper-tise et pour chacun des 27 pays de lUE. Il est obtenu partir de six analyses des correspondances multiples (ACM) portant sur les variables tudies lintrieur de chaque dimension identifie par le collge dex-pertise (soit une ACM par dimension). Trois variables insuffisamment corrles avec les autres ont toutefois t exclues de ces indicateurs (nos 55, 95 et 96 dans le @tableau).

    partir des six indicateurs synthtiques de risques psychosociaux, une typologie rpartissant les pays en cinq groupes a t labore.

    lensemble de lUnion). Les salaris en France dclarent un peu plus frquemment que leur emploi ne leur donne pas le sentiment dun travail bien fait (7 % contre 5 %).

    En France, un emploi jug moins prcaire par les salaris mais aussi moins soutenable

    Les salaris en France dclarent moins souvent avoir peur de perdre leur emploi au cours des six prochains mois (12 % contre 16 %) ou craindre davoir du mal retrouver un emploi aussi bien pay en cas de perte de celui quils occupent au moment de lenqute (36 % contre 45 %) (8).

    En contrepartie, ils sont un peu moins nombreux penser que leur emploi offre de bonnes pers-pectives de carrire (52 % contre 55 %) et ils bnficient moins souvent dune formation professionnelle continue (9), quelle soit finan-ce par lemployeur (26 % contre 36 %) ou reue sur le tas loccasion du travail (25 % contre 36 %). Ce sont les salaris des pays de lest de lEurope qui se sentent les plus touchs par lins-curit de la situation de travail, dans ses compo-santes emploi et revenu , mais aussi carrire et formation .

    Concernant les changements rcents, les sala-ris en France signalent moins souvent (35 % contre 40 %) avoir connu des changements tech-nologiques ou organisationnels importants au cours des quatre dernires annes ; un tiers des salaris, en France comme en Europe, signalent avoir connu une restructuration ou une rorga-nisation substantielle. Les salaris scandinaves (Danemark, Sude, Finlande) sont les plus concer-ns par les restructurations.

    En France, 25 % des salaris jugent que leur travail affecte leur sant ngativement, contre 15 % ou moins en Irlande, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, mais plus de 40 % en Estonie, Slovnie et Lettonie. Ils sont plus nombreux penser que leur travail nest pas soutenable : 52 % des sala-ris en France estiment ne pas pouvoir faire le mme travail quactuellement lorsquils auront 60 ans contre 38 % des salaris de lUnion.

    Cinq profils de pays du point de vue des risques psychosociaux au travail

    Le collge dexpertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail a labor des propositions pour un suivi statistique de ces risques autour de six dimensions : les exigences du travail, les exigences motionnelles, lautonomie et les marges de manuvre, les rapports sociaux et relations de travail, les conflits de valeurs, lin-scurit conomique (encadr 2). Pour chacune

    de ces six dimensions a t construit un indicateur synthtique (10) (encadr 3). La France est le seul pays dont le niveau dexposition est suprieur ou gal la moyenne europenne pour chacune des six dimensions [9]. Seules les exigences tempo-relles du travail sont un niveau quivalent la moyenne europenne. Pour le reste, compars lensemble des salaris de lUnion, les salaris en France subissent en moyenne plus de demande motionnelle, ils dclarent plus souvent manquer dautonomie et de soutien social et vivre des conflits de valeurs. Concernant linscurit cono-mique, leur situation est juge moins bonne que la moyenne de lUE du fait du fort sentiment de non-soutenabilit du travail.

    Les 27 pays de lUE ont t classs en cinq groupes homognes relativement aux risques psychoso-ciaux au travail (tableau 1). Les deux premiers regroupent les pays du sud et de lest de lEurope dont les salaris ressentent relativement plus que les autres pays une inscurit socioconomique :

    Dim

    inut

    ion

    du r

    even

    uen

    tre

    2009

    et 2

    010

    (87)

    Diff

    icul

    tde

    join

    dre

    les

    deux

    bout

    s (8

    8)

    Risq

    uede

    per

    dre

    son

    trav

    ail

    (89)

    Mau

    vais

    espe

    rspe

    ctiv

    esde

    car

    rire

    (90)

    D

    iffic

    ilede

    tro

    uver

    un

    autr

    eem

    ploi

    (91)

    O

    d

    d

    s

    r

    a

    t

    i

    o

    0,4

    0,6

    0,8

    1,0

    1,2

    1,4

    Graphique 7 Scurit de lemploi, du revenu et de la carrire en France par rapport au reste de lUE 27

    * Le chiffre entre parenthses correspond au numro de variable du @tableau, disponible sur Internet.

    Lecture : compar au reste de lUnion, un salari rsidant en France a 2 fois moins de chances de risquer de perdre son travail.

    Champ : salaris rsidant dans lUE 27.

    Source : Eurofound, EETC 2010 ; calculs Dares.

    (8) En 2013, daprs lenqute de la Dares sur les conditions de travail, 17 % des salaris craignaient de perdre leur emploi (Dares Analyses n 049 de juillet 2014).

    (9) Au cours des douze derniers mois.

    (10) Indicateur synthtique issu de six analyses des correspondances multiples (soit une ACM pour chaque dimension dfinie par le Collge).

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlshttp://travail-emploi.gouv.fr/IMG/xls/_tableau_-_Facteurs_de_RPS_en_France_et_en_Europe.xlsGraph7

    Graphique 7 : Scurit de l'emploi, du revenu et de la carrire en France par rapport au reste de l'UE 27

    UE 27FranceOdds - Fr

    Diminution du revenu entre 2009 et 2010 (87)11.59.50.5

    Difficult de joindre les deux bouts (88)30.623.20.6

    Risque de perdre son travail (89)16.111.70.5

    Mauvaises perspectives de carrire (90)44.748.01.3

    Difficile de trouver un autre emploi (91)45.236.50.6

    DaresPice jointegraph 7 facteurs RPS.xls

  • 7DARES ANALYSES Dcembre 2014 - N 100

    Pour en savoir plus

    [1] Collge dexpertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux au travail (2011), Mesurer les facteurs psychosociaux de risque au travail pour les matriser, Rapport final, travail-emploi.gouv.fr/documentation-publications,49/rapports,51/travail-emploi,900/sante-au-travail,1803/mesurer-les-facteurs-psychosociaux,13319.html

    [2] Chouanire D. et al., (2011), Expositions psychosociales et sant : tat des connaissances pidmiologiques, Documents pour le mdecin du travail, n 127, septembre 2011.

    [3] Leka S., Jain A. (2010), Health impact of psychosocial hazards at work: An overview, World Health Organization, I-WHO Publications, Nottingham.

    [4] Eurostat (2000), European classification of the exposures causing occupational diseases (in all official European languages), Eurostat Working Paper series, Population and social conditions, 3/2000/E/n18, Luxembourg.

    [5] Bosma, H. et al. (1997), Low job control and risk of coronary heart disease in Whitehall II (prospective cohort) study. British Medical Journal, 314(7080), 558.

    [6] Lenqute europenne sur les conditions de travail www.eurofound.europa.eu/surveys/ewcs/2010

    [7] Eurofound (2012), Fifth European Working Conditions Survey - Overview report, Dublin.

    [8] Eurofound (2012), Health and well-being at work: A report based on the fifth European Working Conditions Survey, Dublin.

    [9] Wasmer E. (2012), Insatisfaction au travail : sortir de lexception franaise , Institut Montaigne www.institutmontaigne.org/res/files/publications/etude_insatisfaction_au_travail.pdf

    [10] Bque M. (2014), Les risques psychosociaux au travail. Un panorama daprs lenqute Sant et itinraire professionnel 2010, Dares Analyses n 031, avril.

    trs forte dans la premire classe (Grce, Bulgarie) et forte dans la deuxime (Italie, Pologne, France). Pour la plupart des pays appartenant ces deux premires classes, cette inscurit saccompagne dun sentiment de manque dautonomie dans le travail.

    Le troisime groupe comprend des pays de culture anglo-saxonne (11). Ces pays sont caractri-ss par un sentiment moins rpandu dinscurit socioconomique mais plus frquent dautono-mie au travail, except lAllemagne o les sala-ris se sentent moins autonomes que la moyenne europenne. Par ailleurs, dans ces pays, les sala-ris dclarent davantage dexigences motion-nelles et temporelles au travail que la moyenne (except pour le Luxembourg). En revanche, il y a moins de conflits de valeurs dclars dans ces pays, hormis au Royaume-Uni.

    Tableau 1 Typologie des pays selon le profil dexposition aux facteurs de risques psychosociaux

    Payscaractristiques

    Pays du sud ou de lest de lEurope 1

    Pays du sud ou de lest de lEurope 2

    Anglo-saxon

    nordique

    Baltique

    Bulgarie, Grce, Lituanie et Hongrie

    Espagne, France, Italie, Portugal, Chypre, Pologne, Rpublique tchque, Roumanie, Slovnie et Slovaquie

    Irlande, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg, Allemagne et Autriche

    Pays-Bas, Danemark, Sude, Finlande et Malte

    Estonie et Lettonie

    Trs forte inscurit socioconomique et manque dautonomie frquent

    Forte inscurit socioconomique et manque dautonomie frquent

    Plus faible inscurit socioconomique et plus grande autonomie (except lAllemagne), accompagnes frquemment par de fortes demandes motionnelles ou temporelles au travail

    Plus faible inscurit socioconomique, grande autonomie, accompagnes frquemment de rapports sociaux de bonne qualit et de conflits de valeurs peu frquents

    Forte inscurit socioconomique, mais plus grande autonomie et des conflits de valeurs moins frquents

    Champ : salaris rsidant dans lUE 27.

    Source : Eurofound, EETC 2010 ; calculs Dares.

    Le quatrime groupe associe les pays nordiques et Malte, o linscurit socioconomique ressen-tie est faible. Les salaris, y compris Malte, y dclarent plus souvent une forte autonomie au travail et des rapports sociaux plutt de bonne qualit et indiquent plus rarement vivre des conflits de valeurs.

    Enfin, le dernier groupe compte deux pays, lEsto-nie et la Lettonie, qui marient certaines caractris-tiques des pays nordiques (une forte autonomie et peu de conflits de valeurs) avec dautres des pays de lEst (forte inscurit socio-conomique).

    ceren Inan (Dares).

    (11) Si lon excepte la partie wallonne de la Belgique.

    Tableau 1

    Tableau 1 - Typologie des pays selon le profil d'exposition aux facteurs de risques psychosociaux

    CaractristiquePays

    Pays du sud ou de l'est de l'Europe 1Trs forte inscurit socioconomique et manque d'autonomie frquentBulgarie, Grce, Lituanie et Hongrie

    Pays du sud ou de l'est de l'Europe 2Forte inscurit socioconomique et manque d'autonomie frquentEspagne, France, Italie, Portugal, Chypre, Pologne, Rpublique tchque, Roumanie, Slovnie et Slovaquie

    Anglo-SaxonPlus faible inscurit socioconomique et plus grande autonomie (except lAllemagne), accompagnes frquemment par de fortes demandes motionnelles ou "temporelles" au travailIrlande Royaume-Uni Belgique Luxembourg Allemagne Autriche

    NordiquePlus faible inscurit socioconomique, grande autonomie, accompagnes frquemment de rapports sociaux de bonne qualit et de conflits de valeurs peu frquentPays-Bas, Danemark, Sude, Finlande et Malte

    BaltiqueForte inscurit socioconomique, mais plus grande autonomie et des conflits de valeurs moins frquentsEstonie et Lettonie

    Champ : salaris rsidant dans l'UE 27.

    Source : Eurofound, EETC 2010.

    DaresPice jointeTableau 1 RPS.xls