LES ENFANTS ABANDONNÉS : RÔLE DES

FAMILLES ADOPTIVES ET DES ASSISTANTES

MATERNELLES

MONOGRAPHIES FRANCAISES DE PSYCHOLOGIE

COMITE DE REDACTION

J.M. FAVERGE, Professeur à l'Université Libre de Bruxelles. C. FLORES, Professeur à l'Université de Nice. P. FRAISSE, Professeur à l'Université René Descartes de Paris. R. FRANCES, Professeur à l'Université de Paris X (Nanterre). J.F. LE NY, Professeur à l'Université de Paris VIII (Vincennes). J. PAILLARD, Professeur à l'Université d'Aix-Marseille. J. PIAGET, Professeur à l'Université de Genève. P. PICHOT, Professeur à l'Université René Descartes de Paris. M. REUCHLIN, Professeur à l'Université René Descartes de Paris. J.F. RICHARD, Professeur à l'Université de Paris VIII (Vincennes). A. SOULAIRAC, Professeur à l'Université de Paris VI. J. STOETZEL, Professeur à l'Université René Descartes de Paris. R. ZAZZO, Professeur à l'Université de Paris X (Nanterre).

REDACTEUR EN CHEF

Pierre OLERON, Professeur à l'Université René Descartes de Paris.

MONOGRAPHIES FRANÇAISES DE PSYCHOLOGIE

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LES ENFANTS ABANDONNÉS : RÔLE DES

FAMILLES ADOPTIVES ET DES ASSISTANTES

MATERNELLES

par Michel DUYME

ÉDITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

15, Quai Anatole-France – 75700 PARIS 1981

© Centre National de la Recherche Scientifique • Paris, 1981 ISBN 2-222-02884-1

Ce travail a été effectué sous la direction de R. ZAZZO, dans le cadres des : Laboratoire de Psychobiologie de l'Enfant, École Pratique des Hautes Études,

3e Section, Associé au CNRS-L.A.315, 41 rue Gay Lussac 75005 Paris. Direc- trice: H. BLOCH.

Groupe de recherches d'Hygiène Mentale de l'Enfance et de l'Adolescence Inadaptées INSERM-U.69, 1 rue du 11 Novembre 92120 MONTROUGE. Direc- teur : S. TOMKIEWICZ.

Je remercie les travailleurs de ces laboratoires qui m'ont apporté aide et soutien.

Ont participé à ce travail depuis sa création jusqu'à son achèvement : M. C. CHIVOT (sans laquelle ce travail n'aurait pu être effectué), A. DUMARET, M. SCHIFF.

Ont apporté une collaboration ponctuelle : M. ANKER-BRUN, A. DE- GUILLY-ALMODOVAR, L. CHIVOT, M. D'ANTHENAISE, C. DELOEPER, N. FORMA, P. PINAY, M. REINERT, D. SOUTHWAY.

Ainsi que : Certains responsables et de nombreux enseignants dépendant du Ministère de

l'Éducation. Certains responsables et de nombreux médecins scolaires, assistantes sociales

et employés dépendant du Ministère de la Santé.

J'exprime également ma reconnaissance à P. ROUBERTOUX, M. CARLIER, J. STEWART, H.R. TOMÉ, J. NADEL. Sans leur apport intellectuel et leur sou- tien, ce document n'aurait pu voir le jour.

Je remercie enfin B. ALTAZIN pour la dactylographie et la mise en forme finale du manuscrit.

INTRODUCTION

Le présent travail entre dans deux champs de recherche qui se sont dévelop- pés indépendamment : l'étude de l'origine des différences entre groupes et celle des effets de carences en afférences sociales ou affectives.

La scolarité et les comportements sociaux d'enfants adoptés par des familles de niveau socio-culturel différent ont été étudiés de manière systématique. Le dispositif employé sépare le milieu géniteur du milieu éducatif et permet d'évaluer l'influence directe du niveau socio-culturel sur la réussite scolaire ou les comporte- ments sociaux. Les effets à long terme des carences subies par les enfants avant leur adoption ou (pour les non-adoptés) tout au long de l'enfance et de l'adoles- cence ont été évalués. Les sujets ont été recensés dans deux services (situés dans deux départements différents) qui recueillaient et plaçaient les enfants abandon- nés. Ce dispositif a permis de cerner ou de supprimer l'influence et les biais dus à la politique sociale des services.

Précisons que si cette étude apporte une contribution au problème de l'ori- gine de la stratification de la réussite scolaire, elle ne vise pas à estimer les parts de variance pouvant être respectivement attribuées au milieu ou au patrimoine géné- tique pour expliquer les différences individuelles. Enfin, bien qu'elle utilise des enfants abandonnés, adoptés ou non, elle ne vise pas non plus à étudier des pro- blèmes qui leur seraient particuliers et qui font, par ailleurs, l'objet de travaux tels que le roman familial (1) ou l'effet de la révélation (2)

Cent sept enfants abandonnés à la naissance ont été sélectionnés d'après les dossiers établis par deux D.D.A.S.S. (3) au moment de leur abandon, puis répartis

(1) Expression créée par S. FREUD pour désigner des fantasmes par lesquels le sujet modifie imaginairement ses liens avec ses parents.

(2) C'est-à-dire lorsque l'enfant prend conscience ou connaissance du fait qu'il est aban- donné ou adopté.

(3) D.D.A.S.S.: Direction Départementale de l'Action Sanitaire et Sociale.

en six groupes différents. Ils sont âgés de 14/15 ans au moment du recensement des données concernant leur scolarité et leurs comportements (printemps 1976).

Cinq groupes sont composés d'enfants adoptés. Le critère de différenciation entre les groupes est le milieu socio-culturel des parents adoptifs (depuis les cadres supérieurs jusqu'aux ouvriers non-qualifiés). Un sixième groupe est composé par les enfants non adoptés qui ont vécu soit en famille nourricière (les parents nour- riciers étant de milieu ouvrier non-qualifié), soit en institution et en famille nour- ricière.

Le groupe des enfants adoptés en milieu ouvier non qualifié et le groupe des enfants élevés en famille nourricière peuvent être comparés ; les milieux socio- culturels sont identiques dans les deux groupes. Ils se différencient néanmoins en fonction d'un critère de stabilité éducative : dans l'un les parents substitutifs sont définitifs (parents adoptifs), dans l'autre non.

La répartition au hasard de ces enfants dans chacun des groupes, en fonction du milieu d'origine, a été contrôlée. Elle n'introduit pas de biais significatif.

Il a été également possible de comparer les enfants ayant reçu de bonne heure un substitut maternel définitif (placement en vue d'adoption avant 6 mois), à ceux l'ayant reçu tardivement (entre 18 mois et 3 ans).

Cette étude a pu être effectuée grâce à un dispositif expérimental consistant à recenser la population d'étude dans deux D.D.A.S.S. à politique de placement contrastée, l'une plaçant tôt les enfants en vue d'adoption, l'autre les plaçant plus tardivement. La comparaison de la réussite scolaire des enfants abandonnés dans chacune de ces D.D.A.S.S. a permis de tester l'effet de chacun de ces politiques.

Trois analyses seront donc effectuées: l'une visant à évaluer l'effet du milieu socio-culturel, l'autre l'effet à long terme de la période de carence (l'âge de place- ment en vue d'adoption est à considérer comme le critère de la fin de la période de carence), la dernière portant sur l'effet des politiques des D.D.A.S.S. Ces der- nières peuvent se différencier et agir sur le développement de l'enfant par l'inter- médiaire de deux facteurs :

le niveau culturel du milieu dans lequel l'enfant est placé, l'âge de placement en vue d'adoption. Dans la première partie de ce document nous spécifierons notre champ de

recherche et présenterons l'apport des études d'enfants adoptés (chap. I). Ceci permettra de définir nos hypothèses ainsi que la méthodologie utilisée dans le but d'étudier conjointement l'influence du milieu socio-culturel et celle des carences ou afferences socio-affectives (chap. II). Pour la compréhension des résultats, il nous a semblé nécessaire de fournir auparavant les données descrip- tives sur la population d'étude (chap. III).

Pour la clarté de l'exposé, les résultats (deuxième partie) concernant la réussite scolaire et ceux concernant les troubles du comportement ont fait l'objet de deux chapitres différents (chap. I et II). L'influence de l'agence de placement et les biais inhérents à ce type d'étude ont également fait l'objet d'une longue analyse (chap. III et IV).

Le lecteur trouvera en annexe le tableau analytique des données ainsi que des précisions concernant les qualités métrologiques des instruments utilisés et les calculs effectués.

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