Les Carnets Images en mémoire, images en miroir

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Les Carnets Images en mémoire, images en miroir Atelier d'éducation aux images proposé par Lieux Fictifs Avec les 4ème C du Collège Roy d'Espagne Marseille Novembre 2018

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Les CarnetsImages en mémoire, images en miroir

Atelier d'éducation aux imagesproposé par Lieux Fictifs

Avec les 4ème C du Collège Roy d'Espagne Marseille

Novembre 2018

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"Le récit commence avec un compte à rebours comme Charlie Chaplin...... 3, 2, 1"

Abdelhak D.

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SOMMAIRERetour sur l'atelierLes Carnets Images enmémoire, images en miroir

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Règle du jeu n°106

Règle du jeu n°207

Règle du jeu n°312

Règle du jeu n°417

Découverte et projectionde 4 films réalisés à partirdes mêmes imagesd'archive.

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Que gardes-tu enmémoire de cet atelier ?

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Les Carnets Images enmémoire, images en miroiren quelques mots

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L'avis du Professeur35

Lexique36

Images en mémoire,images en miroir : Undispositif nationald'éducation aux Images

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Lieux Fictifs39

Remerciements40

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Au mois de novembre 2018, pendant 10séances, les jeunes de la classe de 4èmeCdu Collège Roy d’Espagne à Marseille sesont prêtés au jeu de l'atelier d’éducationaux images Les Carnets Images en

mémoire, images en miroir porté parl’association Lieux Fictifs. Principalementaccompagnés par Chloé Dréan,intervenante de l’association, et MadameKriner, professeur de français, les élèvesont travaillé à l’écriture d’un récit individuelet personnel construit à partir de la relationque chacun a noué à partir des imagesd’archives proposées.Cette relation a pu être rapprochée de celleque d'autres jeunes ont construite dans lecadre d'un dispositif national de créationet d'éducation aux images : le dispositifImages en mémoire, images en miroir quiinterroge le rapport à l'image et à lamémoire.

Retour sur l'atelierLes CarnetsImages en mémoire, images en miroir

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Nous vivons dans un mondedans lequel l’image estomniprésente, et où il est deplus en plus difficile de sesituer par rapport aux images.À partir d’un corpus de filmsd’archives décontextualisésde leur contexte historique, les4èmeC se sont réappropriésces images en créant avecelles une relation singulière etpersonnelle pour construire unrécit. Chaque jeune a produitson propre Carnet Images en

mémoire, images en miroir,dévoilant ainsi des fragmentsde son histoire personnelle etde son lien singulier à cesimages communes.

A l'issue de l'atelier, les4èmeC ont découvert quatrefilms réalisés par quatreautres jeunes avec la mêmeméthodologie et les mêmesimages d’archives. A partir deleur travail sur des imagesfixes, les 4èmeC ont puexplorer les possibilités del'expression audiovisuelle etde l'image en mouvement.

Ce numéro revient surl'aventure que ces jeunes ontvécue et présente leurs texteset productions.

Bonne lecture !

Elaborer un récit à partir d'imagesd'archivesLes grands principes de l'atelier

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Au début pour beaucoup d'entrenous c'est surprenant, étrangevoire même parfois un peuennuyeux. Sans le son, on sedemande ce que veulent dire cesfilms, d'autant plus qu'il s'agit defilms que nous n'avons pas tousl'habitude de voir, des filmsd'archives datant souvent dedizaines d'années ! Alors, on finitpar se raconter des histoires etchacun pour soi donne unesignification aux films qu'il voit. Il ya des images qui ne représententpas la même chose pour tout lemonde. C'est normal, on réagittous en fonction de notresensibilité et de nos expériencespersonnelles. Parfois une imagenous fait rire, alors qu'elle laisseles autres indifférents.

Avant la projection des films, il aété demandé à chacun d'entrenous de retenir 4 imagesmarquantes dans les filmsvisionnés. Une image marquante,c'est une image qui me touchepour une raison ou pour uneautre, parce que je la trouve belle,qu'elle me fait rire qu'elle merappelle un souvenir, qu'elle mefait peur, ou peut-être parce queje ne la comprends pas ! Ces 4images marquantes serontpendant l'atelier nos 4 imagessecrètes, personne ne doit savoirlesquelles chacun d'entre nous achoisies !Suite à la projection, on nous ademandé de décrire ces quatreimages dans un tableau, pourque l'on puisse s'en souvenir à laséance suivante.

Règle du jeu n°1 :Visionner des films sans son& garder en mémoire 4 images marquantes

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Lors de la 2ème séance, chacuna dessiné les 4 imagesmarquantes qu'il avait choisiespendant le visionnage des films.On ne devait pas réprésenter cesscènes de manières réalistesmais simplement dessiner ce qu'ilrestait dans notre mémoire deces images. Nos images devaienttoujours rester secrètes!

Après on a disposé l'ensemble denos dessins sur des tables, demanière à ce que chacun puisseobserver l'ensemble de ce qu'onvenait de produire. Chacun d'entrenous s'est alors questionné sur cequi était représenté sur lesdessins, ce qu'ils nousévoquaient, pourquoi certainsnous questionnaient ou noustouchaient plus que d'autres...

Règle du jeu n°2Dessiner nos 4 images marquantes

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"J’ai appris qu’on a tous une manière différente devoir les choses." Julia P.

En observant l'ensemble de nos dessins, on apu voir que beaucoup avaient choisi des imagesdifférentes. On a aussi été surpris de voir quemême si deux personnes avaient choisi la mêmeimage, elles avaient fait des dessins trèsdifférents. On a alors compris qu'on n'avait pas ététouchés pour les mêmes raisons par ces images.Chacun perçoit les images différemment, avec sespropres yeux ! Notre regard sur les images etsur le monde est subjectif et dépend de notresensibilité, de nos souvenirs, de nos vécuspersonnels.

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"On ne voit pas tous la même chose."

Sarah A.

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A quoi me fait penser cette image ?Qu'est-ce qu'elle me rappelle de ma proprehistoire?Qu'est-ce qui me questionne ?Qu'est-ce qui me touche?Qu'est-ce qui me plaît?Qu'est-ce qui me choque?

Règle du jeu n°3 :Règle du jeu n°3 : Dévoiler nos imagessecrètes et les traduire en mots

Après avoir observé l'ensemble de nosdessins, nous avons enfin dévoilé les imagesdu film que chacun d'entre nous avait choisies.Chacun a affiché ses 4 dessins en colonne aumur et a déposé à côté un photogramme del'image du film qu'il avait choisie.

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A partir des différentes questions que nousnous sommes posées et des discussions quiont suivi, on a inscrit des mots-clefs à côté desduos de dessins et photogrammes. L'enjeun'était pas de décrire les images maisd'exprimer ce qu'elles représentaient pournous personnellement.

Encore une fois, ces images n'évoquaientpas toujours la même chose pour tout lemonde. Ainsi pour certains la mer évoquaitpar exemple la colère, pour d'autres uneéchappatoire ou encore le voyage. Enrevanche, certains thèmes se retrouvaientd'une image à l'autre, les images se reliaiententre elles !

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Ensemble des mots-clefs qu'évoquent ces images àchacun d'entre nous

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A partir de nos 4 images etdes mots-clefs qui ont émergépour chacune de ces imagesà la suite des discussions engroupe, on s'est lancé dansl'élaboration de notre récit.Pour cela on a repris nosmots-clefs et on a décidé del'ordre dans lequelinterviendraient nos quatreimages dans la constructionde notre récit.

On a ensuite écrit les grandeslignes de notre récit, associantainsi nos 4 images les unesentre les autres. Certains ontchoisi de ne garder que 3images lorsque la 4ème nes'associait pas avec les quatreautres.

On a tous reçu un carnet àspirales Images en mémoire,

images en miroir. Lorsqu'on aterminé nos récits, on les aécrits au propre dans noscarnets, puis on y a ajouté lesimages correspondant à nosrécits. L'écriture finie, on aréfléchi à un titre !

Nos récits étaient terminés etmalgré quelques timides, onétait fiers de les présenter àl'ensemble de la classe !

Et maintenant, à vous d'endécouvrir certains...

Règle du jeu n°4 :Règle du jeu n°4 :Ecrire une histoire à partir d'images d'archives

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Ils donnèrent la moitié de leurs gains àl’entrepreneur qui les laissa tranquilles. Avec lereste, ils reversèrent l’argent aux associationsqui les avaient aidés, aux sans-abris, etutilisèrent le reste pour rénover l’immeuble,acheter du matériel et organiser plein denouveaux spectacles ! "

Ensemble -Ensemble - Un récit de Nayla S.

"Je me souviens de l’histoire de ce film si beau, siémouvant - plein d’aventures et de défis à relever.C’était l’histoire d’un groupe d’amis qui allaient tousdans un centre d’activités extraordinaire où tout lemonde pouvait s’exprimer par : le chant, la musique, ladanse, le sport, l’art …

Un jour, un entrepreneur voulut détruire l'immeuble pourconstruire un grand centre commercial. Mais les enfantsdécidèrent de ne pas se laisser faire et demandèrentde l‘aide à des associations et aux habitants, qui euxaussi fréquentaient cet endroit. Ils protestèrent par cequ’ils savaient faire de mieux et choisirent d’organiserun grand concours de talent, que non seulement ilsremportèrent, et qui leur fit gagner une sacrée somme.

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Pour quitter le pays où tu es né, et pour venir enFrance c’est très dur parce qu’on a passé despériodes très difficiles. "

La vie dureLa vie dure - Un récit de I. M.

"Pendant les vacances, mon père se levait le matinpour aller travailler et je me levais aussi pour allertravailler avec mon père et regarder comment c’estdur de gagner de l’argent.

Puis, en été à la plage en famille, il y avait le coucherdu soleil et c’était magnifique. On pensait à toutesles périodes difficiles qu’on a passées pour venirjusqu’ici.

Quand j’étais petit, je jouais dehors avec descopains au foot avec un ballon déchiré, et à cache-cache, et c’est comme ça que tout le monde serégalait.

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"Il y a une semaine, un drame est arrivé : troisimmeubles se sont effondrés à Noailles. Celame fait de la peine car quand j’avais 4 ansj’habitais dans ce quartier."

Lila N.

"C’est l’histoire d’un événement qui a changé lemonde. Bonjour, je m’appelle Noor, j’habite avecma mère et ma grande sœur en France. J’ai 15ans. Un jour, des ouvriers sont arrivés et nousont dit :"Nous devons détruire vos immeubles pour enfaire des centres commerciaux." Personnen’était d’accord bien sûr, mais nous n’avions pasle choix."

Louisa V.

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"Je suis là. Au cœur de la foule.Est-ce que quiconque aremarqué ma présence ? Difficileà dire. Ils sont tous occupés àéchanger des nouvelles et desrumeurs. Comme chaquesamedi, le quartier se rassembledans le terrain vague, non loin dubidonville. Ils prétendent vouloirse retrouver tous ensemble pour"maintenir l’harmonie"apparemment. Moi, je trouve çainutile. Ils savent pertinemmentque depuis quelques temps, lesdélits sont de plus en plusnombreux et que nous nesommes pas les seuls à qui lafaim ronge le ventre. Pourtant, àchaque fois, ils mettent la plusbelle tenue qu’il leur reste et sepavanent, de manière à maintenirl’illusion que tout va bien.

Pour me distraire, j’observe mescamarades : deux enfantsentreprennent de monter sur cequi ressemble à une branched’arbre tandis que d’autres(adultes et enfants mêlés)forment de petits groupes enpleine discussion. Moi, je reste là,plongée dans mes pensées, lesmains dans les poches et l’airabsent. À ma droite, une petitevoix criarde m’interpelle : je metourne. Le garçon qui m’aappelée par mon nom meregarde d’un air dégoûté (et iln’est pas le seul enfant qui medévisage de cette manière). Puisil s’avance vers moi et mechuchote : que je ne suis pas àma place, que personne ne veutjouer avec moi, que je le dérangeet que je ferais mieux de partir.Alors, armée de toute ma colère,je le pousse, je me retourne, et jecours.

UnUn panierpanier àà lala main,main, unun manteaumanteau sursur lele dosdos etet ununsourire sur les lèvressourire sur les lèvresUn récit de N. A.

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J'ai besoin d'air. Je necomprends pas pourquoi ilsm’ont dit cela. Est-ce si mald’être différent ? Je me poseplusieurs fois la questiondurant ma course. Sanstrouver de réponse claire.C’est là que je me rendscompte que j’ai dépassé leslimites du bidonville ; àprésent, je me trouve devantle grillage (que je préfèreappeler le mur) qui noussépare du quartier riche de laville de Veracruz. Je m’arrêtepour reprendre mon souffle.Que c’est attrayant comparéà notre lieu de vie ! Je merapproche pour mieux voir etreferme mes mains sur lesbarreaux glacés. Malgrél’apparence flatteuse del’endroit, je ne peuxm’empêcher de me demandersi les beaux appartements etle confort de la grande villerendent vraiment les gensplus heureux.

Je suppose, puisqu’ils n’ontpas à faire face à nosproblèmes. Quand je repenseà ce qui vient de se passer, j’aijuste mal au ventre. Aveugléepar ma colère, j’ai peut-êtrefait mal au garçon. Qui sait ?Je n'en sais rien. Je peine àdétacher mon regard detoutes ces belles choses queje vois de l’autre côté de laville. Les pelouses sonttondues, les bâtiments sansgraffitis… Mais au bout d’unmoment cette vue trop parfaiteme dérange. J’ai envie d’allerplus loin. Là où mon espritpourra vraiment se reposer.

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Je marche encore un bout detemps jusqu’à ce qu’uneodeur de sel me chatouille lesnarines. L’air marin ? Je nesavais pas qu’on était si prèsde l’océan Atlantique ! Jetourne encore deux fois àdroite dans des rues étroitesavant de trouver ce que jecherchais. Wow ! On diraitque les flots se déchaînent !Je contemple un instant cetimpressionnant spectacleavant de m’asseoir sur le solrugueux. Ici, je me sens trèsbien. Rien ne m’inspire lesentiment désagréable du «jene suis pas à ma place ». Jesens que cet endroit me faitdu bien. En plus, j’ai commel’impression que la mer est enaccord avec mes sentiments :colère, tristesse, frustration…

Et puis, petit à petit, la mer secalme, et moi aussi. Mais j’aipeur, peur de faire face auxautres en rentrant, peur de ceque j’ai pu faire sous l’emprisede la colère. J’essaie de nepas y penser. Je regardecalmement les flots en quêted’une réponse mais rien nevient. Maintenant, la mer s’estassez calmée pour quej’entende des bruits de passur le gravier. Je me retourned’un mouvement vif et je voisse tenir devant moi une jeunefille qui doit avoir à peu prèsmon âge. Elle porte unmanteau rose et me souritavec gentillesse. Légèrementdéstabilisée par son visageaimable, je la laisse s’asseoirprès de moi. Nous restons unmoment silencieuses àcontempler les vagues bleu-nuit.

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Je soupire et ne réponds pas.Elle me regarde avec intensitéet je finis par lui dire monprénom. "Je m’appelleSabrina" dis-je sans entrain."Non, je te demande qui est-ce que tu es, et pas commenttu t’appelles !" Après unmoment, je décide de luiraconter comment je me suisretrouvée à cet endroit. "Quisuis-je ? Une personne qui aété confrontée à un manquerépugnant de tolérance et quiendure ça chaque jour. Alorsje me suis enfuie". Elle meregarde d’un air grave. "Alorsnous sommes deux dans lemême bateau !". "Moi quipensais être seule, il fautcroire que les gens sontpartout les mêmes…"

"Je suis bien d’accord",répondit-elle, "et c’est pourcela qu’il faut s’entraider. Enétant ensemble, on pourraleur faire face et faire accepternotre différence". Elle a raisonquand c’est moi qui ai tort : ilne me sert à rien de fuir mesproblèmes. Pour la premièrefois de ma courte existence,j’ai l’impression que quelqu’unme comprend. Je me lève etje lui dis : "Ensemble ?"lorsqu’à l’unisson nousdéclarons : "ensemble !". D’unpas serein, nous retournonsvers le bidonville un panier àla main, un manteau sur ledos et un sourire ineffaçablesur les lèvres."

"Qui es-tu ?" me questionne-t-elle.

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"J’ouvris un œil, puis l’autre.Une faible lumière traversaitles rideaux rouges de machambre. Les lits d’à côtéétaient déserts. La chambreétait encore plus désordonnéeque la veille. Il était 10h46 etje me résignais à me lever.

Alors que je venais de merelever, mes frères et ma sœurentrèrent en trombe dans lachambre, s’assirent en face demoi puis me demandèrent dejouer avec eux. Je m’yattendais et leur dis pour unefois que je voulais rester seule.J’allai dans le salon mangermon déjeuner puis sortis.

TrésorTrésorUn récit de Julia P.

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Je m’aperçus soudain que j’avais traverséla plage et me trouvais devant un bâtimentdésaffecté. Des enfants s’amusaient dansles débris avec de longues cordes demétal. Je voulus grimper sur les jeuximprovisés et trouvai ce mouvementapaisant. Lorsque la dernière personne futpartie, je décidai d’explorer les lieux etdécouvris derrière un muret une photo enassez bon état.

Une fois dehors, j’ouvris le petit portail en bois etme dirigeai vers la plage en courant. Je sentaisle vent dans mes cheveux et l’odeur de la merque j’appréciais particulièrement. Une foisarrivée, j’observais attentivement le paysage quis’offrait à moi. La mer était déchaînée et desrayons de lumière perçant les nuages rendaientce paysage encore plus féerique. Ici, il y avaitsouvent ce genre de décors mais je lesredécouvrais à chaque fois, toujours plussplendides.

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Sur cette image, il y avaitplusieurs tombes et sur lescroix étaient inscrits les nomsde défauts dans un universaquatique qui m’était familier.Mais quelque chose de plusimportant retint monattention: au dos, quelqu’unavait indiqué que celui quitrouverait le village marin neserait sûrement plus confrontéà la faim."Il doit y avoir un trésor !"m’écriai-je. Je rentrai chez moitel un ouragan, leur montrai laphoto et leur fis promettre dem’accompagner lelendemain.

Le grand jour arriva enfin etnous commençâmes nosrecherches. Les heuress’écoulaient et nous nouséloignions du bord. Au fur età mesure, nous désespérionsde ne rien trouver. Enrepensant à l’image, je fis plusattention à la végétation etexhortai mes parents à unedernière recherche, à l’ouest.Ils enfilèrent leur maillot,plongèrent et découvrirent unspectacle grandiose fait demille couleurs. "N’avions-nouspas trouvé ce trésor tantattendu, maintenant que nousétions tous réunis ?"

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"Je suis là. Au cœur de la foule. Invisible. Harmonie sonne comme discorde ; semblant,fausseté. On me juge. Je m’évade. Loin.J’ai besoin d’air."

N. A.

"Pour aller à la plage, il faut prendre le bus même si j’ai horreur de le prendre. J’ai toujoursl’impression que les gens me regardent et ça me rend mal à l’aise."

Laeticia. D.

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Avec l'atelier Images en

mémoire, images en miroir, ona expérimenté l'écriture d'unrécit à partir d'images déjàexistantes et retirées de leurcontexte.

A la suite des séancesd'ateliers, 4 films nous ont étéprésentés.

Ces films sont des courts-métrages qui ont été réalisésà partir du même processuset des mêmes films d'archivesque ceux qu'on avait utiliséspour écrire nos récits.

Ce sont des films de montage,c'est-à-dire qu'ils ont étéréalisés à partir de films déjàexistants, dans ce cas desfilms d'archives.

Les films ont ensuite étédécoupés, modifiés etassemblés entre eux grâce àun logiciel de montage pourcréer un nouveau film.

Pour chaque film une bande-son a été créée, constituéepar des enregistrementsaudios, des bruitages, de lamusique...

Ces films sont des récits

personnels qui décrivent avec

force la vie avec ses fragilités

et ses incertitudes, mais aussi

la volonté de départ, le désir

de reconnaissance et la quête

d'un chemin... Ces films

deviennent des portes

ouvertes vers le monde, mais

également vers l’autre, des

pas vers l‘altérité et la

reconstruction d’une image de

soi et d’une image du monde.

Après l'écriture on est parti à la découverte de4 films réalisés à partir des mêmes imagesd'archives.

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Sans elleRéalisé par Mélissa et Abelkrim, 2’47

Sans elle évoque la solitude, le déboussolement etl’instabilité liés à l’absence d’un être cher. Lanarratrice se souvient de sa quête pour retrouverune personne proche et du sentiment de bien-êtreressenti au retour de l’être aimé.

Ma PhilosophieRéalisé par Adam et Malang, 5’12

Ma Philosophie est une invitation à l’espoir, auchangement et à la liberté. Les deux narrateurss’imaginent leur fuite vers une autre vie, dans unmonde rêvé, encore inconnu.

Et nous pareilRéalisé par Elias et Thomas, 3’12

C’est avec fatalisme que le film Et nous pareil décritl’engrenage dans lequel deux jeunes hommes ontété pris en imitant leurs ainés. Désormais endétention, ils reviennent sur leur jeunesse et leschemins empruntés.

Carnet de voyageRéalisé par Youness et Mehdi, 5’47

Ce film retrace les souvenirs de vacances de deuxjeunes. Ils se souviennent des préparatifs, du trajeten voiture et en bateau, de l’arrivée dans un nouveaupays ainsi que de leurs rencontres... et d'un certainsentiment de bonheur.

4 court-métragesImages en mémoire, images en miroir

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"C’était bien, on a regardé desimages qui nous ont marqués, on

a montré nos travaux, on a vuceux des autres."

Julia P.

"Je garde en mémoire les courts-métrages qu’on a

regardés." Yohan N.

"Le moment où on a pu réciternos histoires devant la classe :

magique !" Nina A.

"Le fait d’avoir écouté lesdifférentes opinions et de s’être

exprimé et d’avoir développénotre imagination." Nayla S.

"J’ai découvert que c’était biende travailler en groupe."

Jaffar T.

"On ne voit pas tous la mêmechose." Sarah A.

"Créer une histoire à partir d’uneimage qui nous a

marqué." Johanna T.

"Visionner des films sans leson." Sife-Edine B.

"Je garde en mémoire lesdessins que j’ai fait et surtout

l’histoire que j’ai écrite."Ilgen M.

"J’ai appris qu’on a tous unemanière différente de voir les

choses." Julia P.

"J’ai découvert un autre type decourts-métrages." Rayan R.

"J’ai l’impression d'avoir unregard différent sur les films queje vois d'habitude par rapport au

sens, à ce que je pense et ceque pensent les autres."

Sarah A.

Que gardes-tu en mémoirede cet atelier ?

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CINÉMAÉMOTIONLIBRE-EXPRESSIONCRÉATIVITÉÉDUCATIFPASSIONNANTINTÉRESSANTINCROYABLECOURT-MÉTRAGEFILMIMAGEENRICHISSANTSENSIBLEAMUSEMENT

ÉCRITREPRODUCTIONDESSINSOUVENIRIMAGINATIFMÉMOIREMIROIRANIMATIONPROJETHISTOIRECRÉATIONÉDUCATIONRECHERCHEHISTOIRE

Les CarnetsImages en mémoire, images en miroir

en quelques mots

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"Lors de ce projet, j’ai eul’occasion d’avoir quelquesbonnes surprises : dès lapremière séance, la classesemblait en effervescence,jusqu’à ce qu’on diffuse lesimages, dès lors le silence sefit. Certainement parce qu’ilsn’étaient pas habitués à cesimages qui provenaient d’uneautre époque. Elles leur ontsemblé lointaines puis ont vitetrouvé écho dans l’esprit denos jeunes élèves. Plusieursd’entre eux ont choisi lesmêmes images et il a étéintéressant de constatercombien l’actualité lesoccupaient (quelques joursavant la séance, desimmeubles s’étaient effondrésà Marseille).

L’objectif initial en les faisantparticiper était qu’ilsparviennent à surmonter leproblème de la page blanche.

Ce but a été atteint enrecourant à leur histoirepersonnelle et à leursémotions, ce qui peut poserproblème lors de travauxscolaires parfois éloignésd’eux. De plus, des séancesd’oral collectif en demi-groupeleur permettaient de mettredes mots et ont ainsi facilitéle passage à l’écrit. Bien quela classe ait un bon niveau,quelle surprise de voirl’engouement manifeste et laqualité des travaux ! Les unsont montré leur talent en tantque dessinateurs, les autresont écrit des textes dont ledegré de maîtrise est biensupérieur aux attendus de 4°.Puis est venue l’heure de ladernière séance, quand lesélèves ont eu l’occasion demettre en exergue des valeurscomme l’écoute, labienveillance et le courage aumoment de lire leurs propresproductions !"

Madame Kriner,Professeur de Français

L'avis du Professeur

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ARCHIVES AUDIOVISUELLES

Documents visuels ou sonores conservés et/ou collectés pourdifférentes raisons (familiales, institutionnelles, historiques…).Elles peuvent être restaurées, numérisées pour être mises àdisposition de chercheurs, d'historiens, de réalisateurs... commeles archives mises à disposition du projet Images en mémoire,

images en miroir par l'Ina, la BnF et le CNC.

BNF –Bibliothèque nationale de France

La BnF a pour mission de collecter, conserver, enrichir etcommuniquer le patrimoine documentaire national. C’estpourquoi elle possède un fonds d’archives audiovisuelles dupatrimoine français.

CNC – Centre National du Cinéma et del’image animée

Le CNC est un établissement public dépendant du Ministèrede la Culture. Il est chargé de la politique du patrimoinecinématographique français et des autres industries de l’imageanimée. Le CNC a pour mission de collecter, conserver,sauvegarder et valoriser le patrimoine cinématographique, ilpossède un grand nombre d’archives du cinéma français.

DETOURNEMENT D’IMAGE

Le détournement consiste à introduire un décalage dans uneimage ou un film, pour lui donner un sens différent de celui quiserait attendu. Ce décalage, peut venir du point de vue, de lamise en scène, du contexte de présentation... Le détournementest une sorte de «piège visuel» pour le spectateur, il l’invitetoujours à questionner sa propre interprétation de l’image.

FILM DE MONTAGE VSFILM DE TOURNAGE

Le film de montage est une oeuvre cinématographique réaliséepar l'association de documents préexistants à l’inverse du filmde tournage dont les plans sont tournés pour le film en question.

LEXIQUE

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INA –Institut national de l’audiovisuel

L'Ina est un établissement public français, qui conserve tousles programmes de télévision et de radio en France. En 2013,cela constituait un fonds composé de 900 000 heures d'images,sauvegardées via un travail de numérisation. Une plateformedédiée aux professionnels permet de visionner ces images et deles sélectionner.

LONG METRAGE / COURT-METRAGE

Le long métrage est un film de cinéma dépassant une heure,alors que le court-métrage est un film de cinéma dont la duréeest inférieure à une heure. Par ailleurs le court-métrage admetles mêmes catégories cinématographiques que le long métrage:film fiction, film politique, film d’animation…

MONTAGE

Le montage est l’étape principale de la postproduction d’un film.C’est l’action qui consiste à assembler les images et les sonsentre eux. Le montage consiste à organiser, découper,sélectionner, modifier les différents plans tournés ou utilisés pourle film pour donner un sens au récit.

PLAN

Au cinéma, un plan est une prise de vue sans interruption,comprise entre l’instant où la caméra s’allume et celui où elles’éteint. Un plan ne dure généralement que quelques secondeset constitue l'unité de base du langage cinématographique.

SEQUENCE

Une séquence désigne une succession de plans formant untout, une scène.

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Le dispositif national Images en

mémoire, image en miroir est menépar l’association Lieux Fictifs depuis2016. Ce projet est mis en placedans trois régions de France(Provence – Alpes - Côte d’Azur,Hauts-de-France, Ile-de-France)avec des publics sous-main dejustice, majeurs et mineurs, et deshabitants des quartiers prioritaires,jeunes pour la plupart. Ce dispositifmet en travail des archivesaudiovisuelles issues des fonds Ina,CNC et BnF pour amener ces publicsà construire des récits à travers desfilms courts.

Ce travail d’appropriation desimages d’archives - qui permet à cesparticipant(e)s de réaliser ces films -se fait dans le cadre d’ateliers menéspar des réalisateurs professionnels.À partir d’un corpus d’images et de"règles du jeu" communes, cesimages - qui font aujourd’hui partiede notre mémoire collective - sontainsi retravaillées et transforméespar les participant(e)s en vue derestituer des fragments de leurpropre histoire au travers d’écriturescinématographiques singulières.

Ce dispositif permet auxparticipant(e)s de faire l’expériencesensible de l’Image et de satransformation.

Dans un monde globalisé où l’Imageest un flux qui relie et qui oppose,cette expérience prend sens alorsque le citoyen a de plus en plus dedifficultés à se situer. Au travers dudispositif Images en mémoire,

images en miroir, les bénéficiairesfont l’expérience de ces images etquestionnent la relation qu’ilsentretiennent avec elles.

Ce projet collectif permet à chacunde s’engager dans un processusd’appropriation d’imagespréexistantes du monde afin de ré-envisager sa propre histoire dansl’histoire collective.Il s’appuie surl’expérience de cinéma unique queles réalisateurs Caroline Caccavaleet Joseph Césarini ont mené enprison et de la nécessité de nourrircette expérience d’autres imagesque celles de la détention grâce auximages d’archive et un partenariatavec l’INA mis en place dès 2008.

Images en mémoire, images en

miroir est un dispositif national

produit par Lieux Fictifs et coordonné

par Résonance Culture. En

coproduction avec l'Ina et en

partenariat avec la BnF et la Friche

la Belle de mai. Avec les soutiens

du CNC, du Ministère de la Justice,

du Ministère de la Culture sur l'appel

à projet de la DGLFLF "Action

culturelle et maîtrise de la langue

française", du Commissariat Général

à l'Egalité des territoires (CGET), de

la Fondation de France et de la

Fondation France Télévisions.

Images en mémoire, images en miroir :un dispositif national

d'éducation aux Images

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Lieux FictifsCréé en 1994 par Caroline Caccavale etJoseph Césarini, réalisateurs indépendants,Lieux Fictifs est conçu comme un laboratoirede création où l'image est considéréecomme un moteur pour la pensée,l'imaginaire et la transmission. Rejointdepuis par d'autres réalisateurs et artistes,ce laboratoire inscrit sa recherche dans undialogue entre art et société. Cettedémarche se concrétise par ledéveloppement et la production de filmsindépendants, de créations partagées, deprogrammes de recherche et de formation etune politique de diffusion et d'édition. Cesprojets sont menés depuis des territoires trèsdifférents (centres pénitentiaires, universités,grandes écoles, lycées, foyers, MJC, centressociaux...) et constituent autant d'espacesde dialogue où l'expérience artistique agitcomme un levier permettant à chaqueparticipant de déplacer son regard et se ré-envisager. L'artiste y occupe une placecentrale.

Depuis plus de vingt ans, l’association a misen place un lieu permanent de formation etde création au Centre pénitentiaire deMarseille, dans un "studio" construit à ceteffet au cœur des Baumettes historiquesjusqu’en 2017 et installé depuis 2018 au seind’une nouvelle structure d’accompagnementvers la sortie : le SAS.

Chaque année, des expériences artistiquesy sont menées au quotidien par desprofessionnels de l’image et du son, dans uncontexte de travail croisant le cinéma avecdifférentes écritures artistiques (arts visuels,théâtre, danse, création sonore).

Parallèlement, Lieux Fictifs a engagé depuisplus de dix ans une réflexion à l’échelleeuropéenne sur les enjeux de la créationartistique, notamment sur des dimensionsd'éducation informelle et de ré-insertion, àtravers des programmes de coopérations’appuyant sur un réseau de partenaires etopérateurs culturels français et étrangers(Italie, Espagne, Allemagne, Norvège,Slovaquie).

Des temps forts de restitution, tel que celuiorganisé sur l'évènement "Frontièresdedans/dehors" durant l'année 2013,capitale européenne de la culture,permettent de partager ces enjeux avec unlarge public de professionnels et amateurs.

Le Laboratoire Lieux Fictifs est soutenu parle Conseil Régional Provence-Alpes-Côted'Azur, le Conseil Départemental desBouches-du-Rhône et la Ville de Marseilleet par la Fondation de France sur leLaboratoire Image/Jeunesse

Pendant 10 séances nous avons travailléavec Lieux Fictifs

Friche Belle de Mai13331 Marseille Cedex 03Tel : 04 95 04 96 37http://www.lieuxfictifs.org/contact/

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Pour nous contacter...

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NINA A.SARAH A.AYOUB B.BOUALEM B.TAYEB B.SIFE-EDINE B.LAETICIA D.ABDELHAK D.MILHANE I.ENSI M.ILGEN M.YOAN M.

LILA N.YOHAN N.RAYAN O.JULIA P.RAYAN R.LEA R. S.-P.NAYLA S.TRINITÉ T.JAFFAR T.JOHANNA T.LOUISA V.

Merci aux jeunes auteurs de 4ème C qui ontparticipé à ce projet

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Madame Kriner,Professeur deFrançais

Madame Hérat,ProfesseurDocumentaliste

Monsieur De Faria,Professeur d'Histoire-Géographie

Monsieur Porello,Professeur deTechnologie

Monsieur Guidi,Principal du Collège

Madame Clément,Principale adjointe

Monsieur Félician,Référent Culture

Merci à l'ensemble de l'équipe pédagogiqued'avoir rendu possibles l'accueil et la réalisation

cet atelier

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