l'Entreprenariat Féminin Au Maroc

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LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT FEMININ AU MAROC THE BARRIERS TO MOROCCAN FEMALE ENTREPRENEURSHIP Hind BOUZEKRAOUI Driss FERHANE Doctorante en sciences de gestion Professeur Habilité Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger Université Abdelmalek Essaâdi Université Abdelmalek Essaâdi [email protected] [email protected] Résumé L’entrepreneuriat féminin est aujourd’hui reconnu comme l’une des principales sources de croissance, de création d’emplois, d’innovation et de richesses. Au cours des toutes dernières années, on a assisté à un accroissement considérable du nombre d’entreprises créées par des femmes dans le monde. Le Maroc quant à lui, devance plusieurs pays émergents et s’impose comme pays dominant sur le plan Africain. Cependant, le pourcentage d’entrepreneurs féminins reste très faible au Maroc. Le présent article est divisé en deux parties. Dans la première partie nous présentons une synthèse des différents travaux de recherche menés dans le domaine de l’entrepreneuriat féminin. La deuxième partie a pour objectif de présenter dans un premier temps, un état des lieux de l’entrepreneuriat féminin au Maroc, et de déterminer par la suite les obstacles qui freinent le développement de la femme entrepreneure marocaine, notamment en matière d’accès au financement, d’accès aux réseaux de soutien, conciliation vie privée/vie professionnelle ou encore en raison de pratiques sociales et culturelles discriminantes. Mot clés : Entrepreneuriat féminin, femmes marocaines, femme entrepreneur, genre, création d’entreprise. Abstract In many countries female entrepreneurship is now considered key to successful economic and social development. In the last years, the number of women owned businesses has significantly increased. Morocco advances many emerging countries especially in Africa.

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LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DE LENTREPRENEURIAT FEMININ AU MAROC

LES OBSTACLES AU DEVELOPPEMENT DE LENTREPRENEURIAT FEMININ AU MAROCTHE BARRIERS TO MOROCCAN FEMALE ENTREPRENEURSHIP

Hind BOUZEKRAOUI Driss FERHANE Doctorante en sciences de gestion Professeur HabilitEcole Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger Ecole Nationale de Commerce et de Gestion de Tanger Universit Abdelmalek Essadi Universit Abdelmalek Essadi [email protected] [email protected] RsumLentrepreneuriat fminin est aujourdhui reconnu comme lune des principales sources de croissance, de cration demplois, dinnovation et de richesses. Au cours des toutes dernires annes, on a assist un accroissement considrable du nombre dentreprises cres par des femmes dans le monde. Le Maroc quant lui, devance plusieurs pays mergents et simpose comme pays dominant sur le plan Africain. Cependant, le pourcentage dentrepreneurs fminins reste trs faible au Maroc.Le prsent article est divis en deux parties. Dans la premire partie nous prsentons une synthse des diffrents travaux de recherche mens dans le domaine de lentrepreneuriat fminin. La deuxime partie a pour objectif de prsenter dans un premier temps, un tat des lieux de lentrepreneuriat fminin au Maroc, et de dterminer par la suite les obstacles qui freinent le dveloppement de la femme entrepreneure marocaine, notamment en matire daccs au financement, daccs aux rseaux de soutien, conciliation vie prive/vie professionnelle ou encore en raison de pratiques sociales et culturelles discriminantes.

Mot cls : Entrepreneuriat fminin, femmes marocaines, femme entrepreneur, genre, cration dentreprise.

AbstractIn many countries female entrepreneurship is now considered key to successful economic and social development. In the last years, the number of women owned businesses has significantly increased. Morocco advances many emerging countries especially in Africa. However, female entrepreneurship in Morocco is still low. This article is divided into two parts. In the first part, we present a synthesis of the researches conducted in the area of the woman entrepreneurship. In the second part, we present the state of women's entrepreneurship in Morocco, and the Barriers to development of moroccan women entrepreneurs.

Keywords: Female entrepreneurship, Morrocan women, women entrepreneur, gender, business creation.

Introduction

Lentrepreneuriat des femmes est aujourdhui reconnu comme lune des sources de la croissance, de la cration demplois, dinnovation et de richesses. Au cours des dernires annes, on assiste une croissance du nombre des entreprises cres par les femmes dans le monde. Plac en 13me position au niveau du dveloppement de lentrepreneuriat fminin, le Maroc devance plusieurs pays mergents et simpose comme pays dominant sur le plan Africain. Or, malgr ce classement, le pourcentage dentrepreneurs fminins reste trs faible au Maroc.Plus quavantageux, le tissu conomique marocain reprsente un champ fertile au dveloppement de lesprit entrepreneurial fminin. Plusieurs atouts viennent pour diligenter lintgration de la femme dans le domaine des affaires. En effet, dornavant prsente dans presque tous les secteurs dactivit au Maroc, la femme occupe de plus en plus un rle intrinsque dans les domaines socio-conomiques mais aussi et surtout politiques.De plus en plus conscientes de la place quelles occupent dans la socit, les femmes marocaines sont plus que jamais dcides faire valoir leur potentiel et participer activement au dveloppement conomique, social, politique et institutionnel du pays.Ainsi, les instances marocaines ont certes mis en place plusieurs programmes pour valoriser la contribution de la femme au dveloppement du tissu socio-conomique marocain, cependant plusieurs aspects restent tchs dambigit savoir: Les difficults rencontres aux diffrents stades de vie conomique, de lintention dentreprendre au lancement, du dmarrage tout en passant par la croissance la maturit ou dclin. Selon un rapport de lAssociation des Femmes Entrepreneurs du Maroc (Afem, 2005), peu de femmes, mme les diplmes, sont tentes par la cration dentreprises, le taux de mortalit des jeunes firmes est trop lev: 3 entreprises sur 5 meurent 3 ans aprs leur cration. En effet, les programmes dappui et de soutient desservis se sont avrs pauvres et non aboutis, et plusieurs autres difficults et obstacles sont rencontrs par la femme dsirant se lancer en affaires ou ayant dj fait un premier pas en entrepreneuriat.Le prsent article sinscrit dans le cadre des travaux de recherches que nous menons actuellement sur lentrepreneuriat fminin au Maroc. Larticle est divis en deux parties, dans la premire partie nous prsentons une synthse des travaux de recherche mens travers le monde dans le domaine de lentrepreneuriat fminin. La deuxime partie a pour objectif de prsenter dans un premier temps, un tat des lieux de lentrepreneuriat fminin au Maroc, et de dterminer par la suite les obstacles qui freinent le dveloppement lentrepreneuriat fminin au Maroc, notamment en matire daccs au financement, daccs aux rseaux de soutien, conciliation vie prive/vie professionnelle ou encore en raison de pratiques sociales et culturelles discriminantes.

1) Lentrepreneuriat fminin: Revue de littrature Lentrepreneuriat fminin connat un intrt particulier et un dveloppement rapide travers le monde. Ainsi, les recherches menes dans ce domaine se sont dveloppes dune manire importante ces dernires annes. Dans la revue de littrature que ne prsentons ci-dessous, nous nous sommes focalis sur trois sujets majeurs: les caractristiques socio-conomiques, les motivations et les obstacles rencontrs.1.1) Le profil socio-conomique des femmes entrepreneuresLe profil socio-conomique des femmes entrepreneures est lun des aspects le plus abord dans la littrature. Ne nous somme intresss lge, la formation, linfluence familiale et lexprience.LgeLa plupart des tudes menes sur lge des femmes entrepreneures confirment que les femmes sont plus jeunes que les hommes au moment de se lancer dans un projet entrepreneurial. Welsch et Young (Welsch, 1982), Birlyey et Sandres (BIRLYEY, 1987) ont montr quaux tats unis les femmes entrepreneures sont plus jeunes que les hommes entrepreneures et indiquent que lge moyen pour les femmes se situe entre 25 et 40 ans, alors que pour les hommes, cest plus que 43 ans.Une autre tude mene par Lacasse (Lacasse, 1990), montre que lge moyen des femmes entrepreneures se situe entre 35 et 44 ans. Cest lge de maturit qui suscite la dcision dentreprendre tant donn les capacits et les expriences accumules par les femmes. Cest lge qui va leur permettre de grer efficacement leurs affaires. Legar et St-Syr (Legar, 2002) ont galement montr partir dune enqute mene en 2002 au canada, que les femmes entrepreneures appartiennent une catgorie dge relativement plus jeune que celle des hommes.Cependant, dautres recherches effectues par Hisrish et Peters (Hisrish, 1991) viennent contredire les tudes prcdentes. Elles indiquent que les hommes se lancent dans une exprience entrepreneuriale partir de 30 ans et que les femmes plutt autour de 35 ans. Dans ce sens, dautres recherches indiquent aussi que les femmes sont plus ges que leurs homologues masculins au dmarrage de leur projet (Watkins, 1984) (Burdette, 1990) et (Hernandez, 1997). Ce dernier aprs avoir men une enqute en Afrique, a conclu que les femmes entrepreneures en Afrique sont plus ges par rapport leurs correspondantes europennes et explique que ce retard est du la valorisation tardive de lentrepreneuriat fminin dans le continent africain.La formationLa formation des femmes entrepreneures a fait lobjet de plusieurs recherches. Les rsultats obtenus semblent contradictoires. Aux tats unis, WATKINS (Watkins, 1984) a remarqu que les femmes entrepreneures ont un niveau ducatif moins important que celui des hommes. Par contre, Hisrish et Brush (Hisrish, 1987) ont constat travers une tude quils ont mene que le niveau de formation des femmes entrepreneures est comparable celui des hommes, mis part les domaines dtudes qui diffrent (ingnierie, gestion, sciences humaines, etc).Une autre enqute mene aux tats unis par Lee et Rogoff (Lee, 1996) sur 170 hommes et 61 femmes la tte de PME, a confirm lexistence de diffrences en matire de formation en Gestion entre les deux genres. Le niveau de formation joue un rle important dans lveil des entrepreneurs mais il nest pas un lment dterminant. Le niveau de formation, son contenu et sa qualit, facilite le comportement entrepreneurial, surtout sil est en relation avec le domaine dactivit. En Europe, selon une tude mene par Lavoie et Yudkin (Lavoie, 1985), les femmes europennes ont un niveau dinstruction plus lev que la moyenne de la population. Une autre tude mene par Line Robert (Line, 2003) confirme que les femmes entrepreneures franaises sont parfaitement instruites. Ainsi, parmi les femmes interroges, 4 femmes entrepreneures sur 5 ont fait des tudes suprieures. Cependant, dans tous les pays, il existe des diffrences daccs linformation entre hommes et femmes. En effet, dans de nombreux pays, les femmes nont mme pas accs lenseignement de base. Ce problme se pose plus particulirement, dans les conomies sous-dveloppes. Dans ces pays, lanalphabtisme est souvent considrablement plus lev chez les femmes que chez les hommes (Karim, 2000) (Mayoux, 2001) (Ocde, 2004). Cette situation a des consquences importantes sur les possibilits quont les femmes de se lancer dans lentrepreneuriat. Lanalphabtisme les exclut presque totalement du chams de lentrepreneuriat et les oblige devoir travailler dans le secteur informel. Cest malheureusement ce qui arrive de nombreuses femmes entrepreneures dans les pays en dveloppement, tant dAfrique que dAsie. En ralit, les femmes analphabtes sont pousses vers ce secteur, car elles nont pas dautre choix. Leurs seules expriences et connaissances sont celles qui rsultent de leur rle traditionnel de femmes. Elles se trouvent en dehors du march rglement et disposent dun faible statut social. De ce fait, la probabilit de survie dune entreprise cre par cette catgorie de femme est faible (Karim, 2000) (Ocde, 2004).Linfluence familialeDe nombreux chercheurs ont admis quun pourcentage lev de femmes entrepreneures ont un parent lui-mme entrepreneur (Cooper, 1982) (Hisrish , 1987). Une tude amricaine ralise auprs de 58 entrepreneures rvle que la femme entrepreneure est quatre fois plus sujette une influence parentale (pre ou mre) que la population en gnral (Smith, 1982).Dautres recherches menes par Hisrish et Peters (Hisrish, 1991), ont montr que la profession des parents des entrepreneurs marque fortement la personnalit de l'entrepreneur, cela est galement vrai pour les femmes que pour les hommes. Les entrepreneures s'habituent ds le plus jeune ge la nature indpendante et la souplesse d'un statut dont le pre incarne l'exemple. Hisrish et Peters indiquent galement que la prsence d'une mre entrepreneure renforce plus le sentiment d'indpendance chez sa fille et aura une influence sur son dsire lentreprendre par la suite.Selon une autre enqute ralise par Watkins et Watkins (Watkins, 1983) sur 58 femmes entrepreneures britanniques, 37% avaient un pre entrepreneur, 16% avaient une mre propritaire en tout ou partie d'une entreprise, 10% descendent dun pre dont l'occupation avait un lien troit avec le monde de l'entreprise. En droite ligne de ces observations, certains auteurs Dunn et Holtz-Eakin (Dunn, 1995) ont analys lenqute longitudinale mene aux tats-Unis sur lexprience relative au march du travail (Longitudinal Survey of Labour Market Experience). Ils rvlent eux aussi que les pres influencent les garons et les mres les filles (Ocde,2004).Un autre aspect de l'influence familiale est le statut matrimonial. Le statut matrimonial nest pas sans effet sur la prise de dcision dentreprendre. Dans leur tude, Watkins et Watkins (Watkins, 1984) dcouvrent que 48% des entrepreneuses sont maries, 29% sont divorces et 19% sont clibataires. Le rle du mariage stabilisateur nest pas vrifi pour la femme. Pour le mari, il peut constituer soit un frein, soit un stimulateur pour la cration dentreprise. Dautres recherches rcentes se sont intresses au rle que peut jouer le conjoint dans lentrepreneuriat fminin. Ainsi Gundry et Welsch (Gundry, 1994) comme Werbel et Danes (Werbel, 2010) rappellent que le conjoint est une partie prenante indniable puisquil possde un vritable droit de dcision sur lengagement du capital initial, souvent issu des fonds de la famille. Daviddson et Honig (Davidson, 2003), dans une analyse qualitative sur lidentification des figures de soutien social lentrepreneur naissant, mettent en vidence le rle du conjoint comme facilitateur ou, au contraire, entrave la dcision de crer une entreprise sans toutefois pouvoir prciser en quoi ce conjoint peut ou non aider la dmarche entrepreneuriale (Nikina, 2012).Kirkwood (Kirkwood, 2009) relate que la femme consulte son conjoint avant toute dcision de nature entrepreneuriale. Ce point serait une spcificit fminine, qui, selon ce dernier auteur, aborde son travail professionnel dans une perspective relationnelle. Autrement dit, contrairement son homologue masculin, la femme entrepreneur changerait avec les parties prenantes, en particulier avec son conjoint, avant de prendre une dcision sur son activit professionnelle.

LexpriencePlusieurs recherches ont mis l'vidence l'existence de liens troits entre l'exprience professionnelle antrieure et le recours lentrepreneuriat. Plusieurs femmes estiment que la russite de leur projet entrepreneurial passe ncessairement par l'existence pralable du salariat. Le salariat leur permettrait en effet d'acqurir l'exprience technique et relationnelle et de pouvoir pargner les fonds ncessaires la cration par la suite de leur entreprise.Les recherches indiquent avec quasi-certitude que la plupart des crateurs dentreprise optent pour un secteur dans lequel ils ont dj travaill (Brderl, 1992) (Phillips, 2002) (Romanelli, 1989). Ainsi, une personne qui aura pass sa vie enseigner sera plus susceptible de reprer une opportunit lie son exprience de lenseignement plutt quune opportunit ayant trait laronautique ou linformatique. Autrement dit, plus les femmes exerant une activit seront nombreuses, plus grande sera la probabilit quelles crent leur propre emploi. Le secteur dans lequel elles exercent est galement capital. Cependant, les femmes sont, en gnral, sous-reprsentes dans les filires scientifiques et techniques, et en surnombre dans les filires littraires. Il est donc logique que les entreprises reposant sur des innovations technologiques soient moins souvent cres par des femmes (Ocde,2004). Correll (Corell, 2001) montre que les diffrences entre hommes et femmes en termes de perception des comptences spcifiques (pour lentrepreneuriat ou les mathmatiques par exemple) influencent les dcisions des jeunes femmes en matire dtudes (et plus tard de carrire). Le processus de choix de carrire sopre tout au long de la vie, car les individus prennent une srie de dcisions qui ont des rpercussions sur leur avenir professionnel. Ces diffrences entre hommes et femmes dans la slection des activits qui dterminent les possibilits professionnelles apparaissent souvent tt dans le choix des tudes. Ainsi, les femmes sont moins nombreuses que les hommes sorienter vers un diplme dingnierie ou de sciences physiques, ce qui entrave de toute vidence leur capacit dcouvrir des opportunits dans les domaines technologiques.Dans cette logique d'ides, plusieurs recherches (Watkins, 1983) (Hisrich, 1984) ont montr que les femmes ont souvent de lexprience dans les domaines lis aux services plutt que dans les domaines industriels, techniques ou entrepreneuriaux.Dautres chercheurs se sont intresss aux facteurs qui peuvent avoir une incidence sur les opportunits entrepreneuriales proposes aux femmes, par comparaison avec les hommes. Van der Lippe et Van Dijk (Van, 2002) ont identifi trois facteurs qui peuvent avoir une influence ngative sur les opportunits prsentes aux femmes : le cadre politique et institutionnel, la politique familiale et les moyens offerts par le march.Le cadre politique et institutionnel, qui se traduit par une exclusion de certains mtiers. En effet, les femmes nont pas la possibilit daccder toutes les opportunits, car nombre de ces dernires dpendent du mtier exerc. Lexclusion selon Cahill (Cahill, 2001), Davies (Davies, 1996) et Hitz (Hitz, 1990), qui peut tre de fait ou de droit, empche certaines catgories de population daccder certaines professions. LExclusion de droit a considrablement recul et continue de rgresser dans la plupart des pays dvelopps. Cependant, dans beaucoup de pays en dveloppement, dimportantes interdictions juridiques psent toujours sur les femmes dsireuses dexercer certaines professions et certains mtiers. Cest actuellement le cas dans bien des pays dAfrique et dAsie. Cependant, lexclusion de fait mme exerce un impact considrable sur la capacit des femmes crer et diriger une entreprise. Lexclusion de fait est responsable de lessentiel de lcart de salaire entre hommes et femmes au niveau macro, mais lassociation contextuelle se traduit par une baisse de la rmunration relative pour toutes les femmes, et pas seulement pour celles qui exercent des professions domines par les femmes (Ocde, 2004, p 35). Par ailleurs, quelque que soit lorganisation considre, les femmes sont beaucoup moins susceptibles dobtenir une promotion que leurs collgues masculins (Smith, 2002). Dans le milieu universitaire, elles ont par exemple moins accs des postes de direction ou dencadrement. Dans les tats membres de lUE, les tudiantes sont lgrement plus nombreuses que les tudiants (52 pour cent de filles en 1999), mais les femmes ne reprsentent que 25 pour cent des enseignants du suprieur et moins de 33 pour cent des chercheurs du secteur public. Les femmes auront donc moins de possibilits dacqurir une exprience dans lencadrement et de se constituer des rseaux professionnels de qualit. Elles auront par consquent accs moins dinformations et de moyens que les hommes. Or, ces deux lments constituent justement les facteurs qui leur permettraient de reconnatre et dutiliser pleinement les opportunits qui soffrent elles.

1.2) La motivation des Femmes Entrepreneures

La littrature dmontre que les femmes comme les hommes entreprennent par besoin dindpendance et daccomplissement et par refus de travailler pour une tierce personne. Cependant, nous pouvons observer des diffrences entre hommes et femmes pour ce qui est de la motivation dvelopper lentreprise. La principale motivation des hommes vouloir entreprendre, est le dsir de dtenir plus dargent et tre maitre de son propre destin. Pour les femmes, cette raison nest pas primordiale (Zouiten, 2006). Cest plutt le dsir dindpendance, lpanouissement personnel ou le souci de subvenir aux besoins familiaux qui priment. Cest encore plus vrai chez les mres clibataires, veuves ou divorces qui sont contraintes dagir pour faire face leur situation.Dautres tudes (Cadieux, 2002) (Holmquist, 1990) (Kaplan ,1988) confirment galement que les femmes entrepreneures grant des petites entreprises privilgient souvent les objectifs sociaux, alors que les hommes entrepreneurs ont tendance accorder une importance aux objectifs conomiques (Kent, 1982). Pour certaines, femme entrepreneure, cela va plus loin : devenir entrepreneure est une question didentit et destime de soi (Edwards, 2005) (Moore, 1997). Dautres femmes dcident dentreprendre afin de concilier vie familiale et vie professionnelle. Selon Richer et St-Cyr (Richer, 2007), 25 % des entrepreneures qubcoises mentionnent cette motivation comme tant lorigine de leur projet entrepreneurial. Le contrle relatif quoffre lentrepreneuriat sur la gestion du temps, sur le niveau des exigences professionnelles et le rythme du travail vient fortement influencer le choix des femmes lancer leur entreprise (Belcourt., 1991) (Edwards, 2005). En effet, plusieurs tmoignages recenss dans la littrature dmontrent cette volont des femmes de grer leur temps, notamment pour limiter les conflits. Ceci signifie videmment avoir un certain contrle sur le nombre dheures consacres au travail et sur les moments et le lieu o le travail est ralis. Cela signifie aussi contrler lintensit du travail raliser selon les cycles de la vie de la famille, et ce, pour viter ou limiter les priodes de conflit ou lampleur des conflits entre les exigences de la vie professionnelle et celles du reste de la vie.Selon Barnard Duchneaut (Duchneaut, 1997), on peut faire la diffrence entre des facteurs push qui poussent les femmes vers le travail indpendant sans qu'il y ait relle volont mais plutt ncessit, et des facteurs pull qui les attirent positivement et dbouchent sur une vritable volont de cration.Les facteurs ngatifs Push qui incitent les femmes crer leur propre entreprise comprennent le besoin dargent, labsence de structure de prise en charge des enfants en bas ge, des conditions de travail inacceptables, la rigidit des horaires de travail, une diffrence de rmunration importante entre hommes et femmes, une sgrgation dans lattribution des postes, les frustrations d'un avancement bloqu, la dsillusion quand aux relations traditionnelles des employs et des employeurs. Dans certains pays, le haut niveau de chmage est un facteur de pousse. Plusieurs auteurs dont Hisrich et Brush (Hisrich , 1985) maintiennent cette thse et confirment que le chmage, un revenu familial faible, linsatisfaction au travail, et le besoin dune flexibilit encouragent la femme entreprendre.Les facteurs positifs pull qui attirent les femmes vers la carrire d'entrepreneures sont les opportunits et les possibilits prsentes sur le march, lintrt pour un secteur particulier de lconomie, les objectifs sociaux, le besoin davoir des horaires souples, une rmunration suprieure et une indpendance financire, lvolution, laccomplissement et lpanouissement personnel.

1.3) Problmes - obstacles rencontrs par les femmes en affaires

Laccs au FinancementLaccs au financement reste sans doute le plus grand obstacle pour les femmes entrepreneures. Selon des tudes (Aldrich, 1989) (Hurley, 1991) (Scott, 1986) (Forget, 1997), les divers aspects du financement qui sont dterminants pour les femmes entrepreneures sont: limportance du capital lors du dmarrage et pendant la croissance, la provenance des fonds et les attentes des organismes emprunteurs, la rputation des femmes entrepreneures comme emprunteuse, la qualit du risque de crdit quelles reprsentent et les difficults particulires rencontres pour lobtention des fonds requis. De manire gnrale, les investissements de dmarrage chez les femmes restent plus faibles que celles des hommes mme si la rputation des femmes entrepreneures est enviable, en particulier en ce qui concerne le remboursement demprunts et de crdits.Forget (Forget, 1997) a constat lors dune tude que les femmes entrepreneures ont tendance emprunter des sommes moindres que les hommes. Il explique que les femmes sont considres comme un trs bon risque par les institutions bancaires en raison de leur manque dexprience et de comptences.Richer et St-Cyr (Richer, 2007) prcisent que si les femmes entrepreneures empruntent des sommes moindres que leurs confrres masculins, cela peut sexpliquer par diverses raisons: une plus faible tolrance au risque de la part de lentrepreneure ou du prteur, une croissance de lentreprise moins rapide, ncessitant donc des investissements moindres, une taille plus petite que la moyenne des entreprises de leurs confrres masculins, des besoins moindres cause de la disponibilit dautres fonds ou des aptitudes de gestion diffrentes. Dautres recherches prcisent que les femmes entrepreneures prfrent investir dans un premier lieu leur propre argent dans leur propre projet. Si elles peuvent, elles choisissent de ne mettre en jeu que largent qui leur appartient, puis dcident demprunter, et enfin de recourir un financement extrieur tel que le capital-risque ou le capital-investissement. Cest ce que lon appelle lordre de priorit financire (Myers, 1984) (Ocde, 2004).Cependant, trs peu de femmes pensent ou utilisent le capital-risque, et lorsquelles lutilisent, cest davantage dans le but de faire crotre leur entreprise que pour son dmarrage (Lgar, 2000) (Richer,2007). La faible utilisation du capital de risque par les femmes semble tre lie un manque de connaissances et de comprhension du march du capital de risque priv, une mauvaise comprhension des enjeux financiers lis aux activits de lentreprise, ainsi qu un manque de rseaux et dinterrelations pour aider les femmes entrepreneures accder aux marchs financiers (Lee-Gosselin, 2010). Par ailleurs, les femmes entrepreneures ne profitent pas galement du capital-investissement (Angel Capital). Ce capital se rfre au capital dinvestissement provenant dinvestisseurs providentiels qui sert de capital damorage et de capital de cration aux nouvelles entreprises innovantes. Contrairement au capital de risque, le capital providentiel fournit des sommes de moindre importance (Beckert, 2007). Ce type de capital est frquemment utilis aux tats-Unis et en Grande-Bretagne. Une tude amricaine mene pendant 4 ans et comparant lattitude des propritaires dentreprise selon le genre, dmontre que peu de femmes profitent de ce type de financement. Les auteurs dmontrent que les femmes sont peu intresses inviter des trangers investir dans leur entreprise, en particulier si cet investisseur est un homme (Beckert, 2007). Elles restent trs conservatrices en ce qui concerne les sources de financement. Malgr le fait que les femmes ont une bonne rputation de remboursement auprs des institutions financires et malgr le fait quelles empruntent de plus petites sommes que les hommes, il arrive souvent que les banques leur demandent des garanties. Les garanties exiges pour obtenir un financement extrieur peuvent se rvler inabordables pour la plupart dentre elles. Il peut sagir de caution de la part dun parent ou du conjoint, ainsi que de garanties personnelles sur des biens immobiliers par exemple. Plusieurs chercheurs ont dmontr que ces demandes de garanties sont un frein potentiel la cration et au dveloppement des entreprises cres par les femmes (Belcourt, 1991) (Forget, 1997)(Lgar, 2000). Il est aussi possible que les institutions financires soient moins intresses faire de petits prts que des gros prts cause du ratio plus dfavorable des cots danalyse de dossier et de suivi par rapport la valeur du prt. Le micro-crdit constitue une solution spcifique aux problmes des petits financements. Il sagit dun mcanisme financier devenu trs populaire, particulirement dans les pays en dveloppement. Le micro-crdit est n de lide quil est possible dallger une grande partie de la pauvret en apportant des services financiers aux mnages bas revenu. Les tablissements de micro-crdit sengagent donc servir des clients qui ont t exclus du secteur bancaire formel. La plupart des emprunteurs y recourent pour financer des activits indpendantes, et beaucoup commencent par souscrire des emprunts minimes, rembourss sur plusieurs mois, voire sur une anne. Rares sont les tablissements qui demandent une garantie. Ces tablissements sont parvenus atteindre les individus pauvres, et particulirement les femmes, difficiles toucher par dautres moyens. Selon (Morduch, 1999), le micro-crdit semble donc constituer une solution gagnant-gagnant , pour les tablissements financiers et les clients pauvres.Cependant, des recherches montrent que les espoirs considrables placs dans le micro-crdit ne seront peut-tre pas concrtiss (Milgram, 2001) (Morduch, 1999) (Ocde, 2004). En effet, le micro-crdit aide lemprunteur financer la cration dun emploi, il cre rarement des emplois pour dautres, et son succs est particulirement limit dans les rgions faiblement peuples o les revenus prsentent une forte saisonnalit. En somme, le micro-crdit aide les femmes chefs dentreprise en leur apportant un financement, sans pour autant rsoudre les problmes lis la situation sociale et les conditions sur le march.

Le Rseautage

Les auteurs intresss par les rseaux daffaires utiliss par les entrepreneures sentendent pour confirmer que les femmes ont tendance se regrouper dans les rseaux fminins comme les hommes (Lanbrecht, 2003). Cependant, un certain nombre de recherches signalement que les femmes sengagent moins que les hommes dans les rseaux. St-Syr (St-Cyr, 2001) signale que les femmes tentent sous utiliser le rseautage en raison dun manque de temps ou dintrt. Bien que les donnes naient pas t actualises, ce constat est susceptible dtre toujours dactualit puisque les entrepreneures sont trs occupes par lampleur de leurs charges de travail et de famille. Il leur reste peu de temps consacrer pour saffilier aux rseaux daffaires.Dautres recherches se sont intresses au rle du rseautage dans lentrepreneuriat fminin. Selon Bulte (Bulte, 2003), Les petites entreprises ne peuvent pas crotre delles-mmes parce que leur croissance dpend de la qualit des renseignements fournis par leurs partenaires et par les rseaux auxquels elles appartiennent.Quant aux raisons qui pousseraient les femmes entrepreneures tablir des rseaux, Baines et Wheelock (Baines,1998) expliquent que les rseaux peuvent savrer utiles pour recruter de bons employs, obtenir des conseils, saisir de nouvelles occasions daffaires ou dnicher des partenaires commerciaux. Andersson et Evensson (Anderson, 2000) ainsi que Doyle et Young (Doyle, 2001) arrivent la conclusion que de bons rseaux personnels ont un impact positif sur le plan de la cration dune entreprise.La littrature numre deux types de rseaux: les rseaux formels et les rseaux informels. Pour les rseaux formels, les recherches ralises dans le pass portent sur la participation des femmes aux rseaux de type chambres de commerce ou les associations professionnelles. Plusieurs difficults ont t signales ce qui expliquerait un taux de participation faible ces rseaux.Par contre, les rseaux informels de divers types semblent avoir une influence positive sur les femmes entrepreneurs. Il peut sagir de rencontres informelles, une certaine frquence, de lentrepreneure avec diverses personnes (amies, entrepreneures, des proches par des liens de famille ou des connaissances) qui peuvent tre utiles lentreprise et/ou lentrepreneure.Selon Mankelow (Mankelow, 2002), les rseaux informels fournissent aux femmes un soutien moral constant et de lencouragement lors des phases de dmarrage et de croissance de leur entreprise, mais ils apportent galement de linformation ainsi que diverses sources de financement.

La conciliation travail-famille

En ce qui concerne la conciliation entre vie prive et vie professionnelle, des tudes ont mis en exergue les difficults que peuvent prouver les femmes entrepreneurs en tant que mres de famille. Ainsi, Kirkwood (Kirkwood, 2003) montre dans son tude qualitative auprs de 21 femmes amricaines que celles-ci ne crent leur entreprise quaprs lentre lcole des enfants. Cela confirme les rsultats de Fouquet (Fouquet, 2005), selon lesquels les femmes dirigeantesclibataires (ou veuves ou divorces) crent plus car elles auraient moins de charges de famille.La famille et lentreprise interagissent en de multiples endroits et crent des tensions, des conflits entre le rle au travail et celui la maison, voire des dilemmes lorsque lentreprise crot (Morrisson, 2010). Gnralement, les conflits mergent autour de lautonomie, de limplication dans son travail, de la non-flexibilit de lemploi du temps, de lengagement dans la famille.Meurs, Pailh et Ponthieux (Meurs, 2010) ont montr dans leur tude que les femmes trentenaires cumulent activit professionnelle et vie familiale mais que nanmoins larrive dun enfant marque une rupture dans leur trajectoire professionnelle avec gnralement une diminution de lactivit. Minni et Moshion (Minni, 2010) ont signal galement que le nombre denfants a un impact rel sur lactivit des femmes salaries, puisque 83% des femmes continuent de travailler pour le premier enfant, elles ne sont plus que 64% en activit pour le deuxime et seulement 43% avec un troisime. Selon dautres chercheurs, la maternit peut tre un facteur favorisant lentrepreneuriat fminin, car elle pousserait les femmes vers la sortie du salariat.

2) LEntrepreneuriat fminin au MarocDans la dernire dcennie, le Maroc a connu dimportantes mutations socioculturelles, dmographiques, lgisltatives et conomiques. Les entreprises marocaines ne restent pas en marge de ces mutations, elles aussi vivent de profonds changements. Elles sont contraintes de sadpater sans cesse aux nouvelles exigences du march.Dans ce processus, la femme marocaine a t pendant longtemps marginalise et relgue larrire-plan. Or tout effort de dveloppement qui exclue la moiti du potentiel humain dun pays ne pourra aboutir.De manire gnrale et jusqu une certaine priode (dbut des annes 70) la plupart des femmes au Maroc subissaient ainsi leur sort, sans ragir: travaux domestiques, travaux agrigoles et dlevage. Et dans dautres cas elles travaillaient en dehors de chez elles avec un salaire, ou excutaient des travaux manuels (broderie, couture, etc) contre une petite rmunration. Dans les deux cas, elle dpensait ce quelle gagnait dans le foyer familial sans quelle puisse pargner. Il faut galement signaler que lancien code du commerce interdisait la femme dexcercer une activit commerciale sans lautorisation de son mari.Mais avec la scolarisation progressive des femmes au Maroc, leur accs par la suite au march de lemploi ainsi que les changements positifs au niveau juridique (Moudawana, rforme du code du commerce) ont favoris lmergence de lentrepreneuriat fminin au Maroc. Dans ce contexte, lentrepreneuriat au fminin au Maroc apparait comme un phnomne rcent et rares sont les tudes qui ont t menes dans ce sens.

2.1) Profil des femmes entrepreneures au Maroc

Selon une tude ralise par lAssociation des Femmes entrepreneures au Maroc (AFEM, 2005), lge moyen des femmes entrepreneures au Maroc se situe entre 35 et 44 ans. La majorit de ces femmes sont maries. La situation matrimoniale semble tre un facteur de stabilit sociale pour ces femmes entrepreneures et un lment dencouragement pour une meilleure gestion de leurs projets.Selon une autre tude ralise par Salmane (Salmane, 2011), la majorit des femmes interroges ont plus dun enfant et dclarent avoir cr leur entreprise lorsque leurs enfants taient encore jeunes. Elles dclarent galement que le jeune ge de leur enfant na pas eu une influence ngative sur leur projet entrepreneurial. Cela peut tre expliqu par lexistence de la solidarit familiale qui caractrise toujours la socit marocaine ou la famille peut participer activement la garde des enfants. Concernant la formation, les femmes entrepreneures marocaines ont dans leur grande majorit un niveau dinstruction lev. Les deux tiers dentre elles disposent dun niveau universitaire. Il faut souligner que les femmes entrepreneures non ou peu instruites ne grent que des Micros et petites entreprises domicile, essentiellement dans les activits lies aux secteurs du commerce et de lartisanat (Bousseta, 2011).Sur le plan de lexprience, les tudes menes au Maroc ont conclu quune grande continuit existe entre lexprience antrieure des femmes entrepreneures marocaines et le projet quelles ont cr. La majorit de ces femmes ont dj travaill avant de dcider de travailler leur compte. Le plus souvent dans lentreprise prive ou elles occupaient des postes dencadrement ou de direction (Rachdi, 2006). Elles choisissent ensuite de se lancer de prfrence dans leur domaine dexpertise.

2.2) Caractristiques des entreprises cres par les femmes au Maroc

Les entreprises cres et ou gres par les femmes au Maroc sont dans leur majorit de petite taille, de type TPE (Trs Petites Entreprises) ou des PME (Salmane, 2011). Les deux tiers dentre elles emploient moins de 20 salaris. La plupart de ces entreprises sont relativement jeunes, la moiti de celles-ci a moins de 5 ans (Rachdi, 2006).La forme juridique majoritaire de ces entreprises fminines est constitue par des SARL. Le choix de cette forme juridique est justifi par sa simplicit et son adquation aux PME ainsi que la souplesse de son statut et du capital social qui reste moins lev avec des facilits en termes de blocage la cration.Les entreprises fminines marocaines sont concentres dans le secteur des services. Il sagit dun secteur qui ncessite moins dinvestissements ou de formations spcifiques et dont les barrires lentre sont relativement faibles pour la femme marocaine (Salmane, 2011). En ce qui concerne la motivation des femmes marocaines quant la cration de leur entreprise, linsatisfaction professionnelle et la flexibilit des horaires que procure lentrepreneuriat en seraient les principales motivations (Salmane, 2011).

2.3) Les obstacles rencontrs par les entrepreneures marocaines Les entrepreneures marocaines rencontrent beaucoup dobstacles tout au long de leurs parcours entrepreneurial. Les obstacles identifis concernent laccs au financement, laccs aux rseaux de soutien, les pratiques socioculturelles et la conciliation vie prive/vie professionnelle.

Laccs au FinancementLes femmes entrepreneures marocaines prfrent financer leurs projets grce leurs pargnes personnelles ou laide familiale. Ainsi, dans la culture de la PME marocaine, lessentiel du financement de lentreprise fminine est constitu par lapport personnel et familial et le recours au crdit bancaire reste trs faible et demeure une exception (Boussetta, 2011).Cette prfrence pour les fonds propres sexplique par les difficults rencontres par les femmes marocaines pour obtenir des crdits bancaires. Ces difficults peuvent se rsumer en deux points: le cot excessif du crdit (taux de base, dure, etc) impos aux entrepreneurs de manire gnrale, quils soient hommes ou femmes ainsi que les garanties exiges.Dans ce sens, des tudes antrieures confirment les exigences du systme bancaire marocain en terme de garanties, y compris dans le cas des programmes de financement proposs par ltat (Crdit Jeune Promoteur, Moukawalati, etc).Quant la discrimination sexiste laquelle peut faire face la femme entrepreneure marocaine lors de la demande dun crdit bancaire, les femmes interroges par Salmane (Salmane, 2011) rfutent toute discrimination base sur leur sexe et dclarent que les dcisions bancaires sont fondes essentiellement sur la solidit de leurs dossiers notamment en terme de garanties. Elles trouvent que les garanties exiges par les banques marocaines sont trop leves et que malheureusement les banques ne prennent pas en considration dautres critres tels que lexprience professionnelle, les diplmes et les comptences.

Laccs aux rseaux de soutien

Malgr lexistence au Maroc de plusieurs associations et organismes de soutien et de promotion de lentreprise fminine, on constate que peu de femmes adhrent ces groupements. Parmi les associations les plus connues au Maroc, on peut citer en premier lieu lAssociation des Femmes Entrepreneures du Maroc (AFEM) qui a t cr en 2000 et dont les missions consistent : encourager et appuyer la cration dentreprises par les femmes, informer, encadrer et assister les femmes chefs dentreprises dans la gestion et la prennisation de leurs entreprises, dvelopper les comptences managerielles des femmes entrepreneurs en leur assurant des formations et enfin constituer un rseau afin de jouer un rle de lobbying auprs des pouvoirs public et des instituions internationales.Une autre institution importante dans ce domaine est lassociation Espace de Dpart (ESPOD) fonde en 1991. LESPOD reprsente un espace de rencontre, dinformation, de formation et de solidarit visant lamlioration de lenvironnement et de la qualit des entreprises fminines.Cependant, la faible implication des femmes entrepreneures marocaines dans ce type de rseaux est due selon Salmane (Salmane, 2011) leur mconnaissance de ces organismes et leur manque de temps et dintrt.Sur un autre plan, ladministration publique ainsi que les formalits ncessaires pour la cration dune nouvelle entreprise, constituent un autre obstacle majeur pour les femmes marocaines. La corruption, la lenteur des formalits administratives ainsi que les attitudes bureaucratiques sont tous des obstacles lourds supporter pour une jeune entrepreneure.Pourtant, plusieurs institutions publiques de soutien la cration dentreprise existent au Maroc. Les Centres Rgionaux dinvestissement (CRI) ont t crs en 2002 afin de promouvoir linvestissement et la cration dentreprises. Ces CRI implants dans les diffrentes villes du royaume sappuient sur un guichet unique. Lobjectif est de faciliter toutes les formalits et dallger les procdures en matire de cration dentreprises.La principale mission dvolue ces centres rgionaux dinvestissement est de rompre avec les lenteurs et les tracasseries administratives qui sont considres par les femmes entrepreneures marocaines au Maroc comme la principale contrainte en matire de cration dentreprises (Boussetta, 2011).Malheureusement, plusieurs femmes qui souhaitent entreprendre ignorent lexistence de ces structures. Des campagnes dinformation savrent donc ncessaire pour faire rapprocher ce genre dorganismes des femmes marocaines.Dautres femmes chefs dentreprise interroges par Salmane (Salmane, 2011) estiment que ces organismes dappui ne sont pas suffisamment sensibles la situation des femmes marocaines qui ont besoin dun accompagnement spcifique.

Les pratiques socioculturelles

Dautres obstacles plus particuliers sont ressenties par les femmes entrepreneures marocaines avec plus dacuit comme la discrimination sexiste, notamment au dbut de leur activit ou lorsquelles sont jeunes clibataires. Ainsi, ltude de Salmane (Salmane, 2011) rvle que dans leurs rapports quotidiens, lharclement, le manque de crdibilit et la rticence des diffrents partenaires (client, fournisseurs, etc) sont les principales difficults dont souffrent les femmes marocaines au dmarrage de leur projet. Lentourage familial semble galement tre un obstacle malgr que, lgalement, la femme marocaine nest plus oblige de demander lautorisation son pre ou son mari, comme par exemple en cas de dplacements rptitifs ltranger ou en cas de rencontres avec des clients des heures tardives.Ces pratiques sociales sont justifies par les traditions et coutumes caractrisant la socit Marocaine, qui imposent la femme de respecter certaines rgles de conduite vis--vis de sa famille et de la socit.

Conciliation Vie prive/vie professionnelleAu Maroc, la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale ne semble pas poser des problmes aux entrepreneures fminines. La plupart de ces femmes, dclarent que quelque soit lge de leurs enfants, concilier le travail et la vie prive demeure une question dorganisation (Salmane, 2011). Ces femmes dclarent galement disposer des moyens financiers pour engager une aide-mnagre qui soccuperait la fois des tches mnagres ainsi que de leurs enfants. Ces femmes peuvent galement compter sur leur entourage familial (parents et beaux parents) pour garder leurs enfants pendant quelles travaillent.

CONCLUSION

Le prsent article constitue une premire tentative pour cerner le phnomne de lentrepreneuriat fminin au Maroc. Un champ de recherche, rappelons le, peu investi au Maroc.Lanalyse des dernires tudes menes au Maroc, nous a permit de dresser un portrait sur les caractristiques des femmes entrepreneures marocaines et celles de leur entreprises. Il en rsulte que les chefs dentreprises marocaines sont assez jeunes, de niveau dinstruction suprieur et possdent une exprience professionnelle considrable, leurs socits sont souvent lies aux secteurs des services.Plusieurs obstacles ont t galement identifis. Le problme daccs au financement, mme si le mode de financement prdominant des entrepreneures marocaines reste lpargne personnelle ou laide familiale. Le cot excessif du crdit impos aux entrepreneurs ainsi que les garanties exiges constituent les principales difficults rencontres. Au niveau des rseaux de soutien, les femmes entrepreneures marocaines sont peu impliques, souvent par manque de temps et aussi par ignorance de ces structures dappui. Des campagnes dinformation savrent donc ncessaires pour faire rapprocher ce genre dorganismes des femmes marocaines.Les entrepreneures marocaines restent galement confrontes dautres difficults notamment, la lourdeur bureaucratique et dautres pratiques socioculturelles caractrisant la socit marocaine.Les tudes qui ont t menes jusqu prsent, concernait uniquement les femmes entrepreneures du secteur formel. Il serait donc important quon sintresse davantage dautres catgories de femmes porteuses de projets notamment dans le secteur informel.

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