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3 1 L’ECG : de quoi s’agit-il ? Ce qu’il faut attendre de L’ECG 3 L’électricité cardiaque 4 Les différents éléments de L’ECG 5 L’ECG : Représentation électrique 9 La morphologie du complexe QRS 11 Réaliser un enregistrement : en pratique 19 Comment réaliser un compte rendu d’ECG 32 Le terme « ECG » désigne soit l’électrocardio- gramme, soit l’appareil – l’électrocardiographe – qui sert à l’enregistrer. Dans certains pays, l’abré- viation utilisée est « EKG ». Souvenez-vous de ceci : lorsque vous aurez terminé la lecture de ce livre, vous devrez pouvoir dire : « il est facile d’apprendre l’ECG. » Et vous devrez en être persuadé ; beaucoup d’anomalies de l’ECG sont accessibles au raisonnement. CE QU’IL FAUT ATTENDRE DE L’ECG Le diagnostic clinique dépend en grande partie de l’histoire de la maladie et, à un moin- dre degré, de l’examen physique. L’ECG peut apporter la confirmation de l’hypothèse diag- nostique et, dans certains cas, il est indispen- sable à la prise en charge du patient. Toutefois, il est important de se représenter l’ECG comme un outil et non comme une fin en soi. L’ECG est essentiel au diagnostic et, par voie de conséquence, à la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque. Il aide au diag- nostic étiologique des douleurs thoraciques, et l’utilisation adéquate de thérapeutiques inter- ventionnelles précoces dans le traitement de l’infarctus du myocarde repose sur lui. Il peut aider au diagnostic étiologique des dyspnées. Avec de l’entraînement, l’interprétation de l’ECG est affaire de reconnaissance d’un modèle. Toutefois, l’ECG peut être analysé à partir de principes de base si l’on se souvient

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1 L’ECG : de quoi s’agit-il ?

Ce qu’il faut attendre de L’ECG 3

L’électricité cardiaque 4

Les différents éléments de L’ECG 5

L’ECG : Représentation électrique 9

La morphologie du complexe QRS 11

Réaliser un enregistrement : en pratique 19

Comment réaliser un compte rendu d’ECG 32

Le terme « ECG » désigne soit l’électrocardio-gramme, soit l’appareil – l’électrocardiographe – qui sert à l’enregistrer. Dans certains pays, l’abré-viation utilisée est « EKG ». Souvenez-vous de ceci :

• lorsque vous aurez terminé la lecture de ce livre, vous devrez pouvoir dire : « il est facile d’apprendre l’ECG. » Et vous devrez en être persuadé ;

• beaucoup d’anomalies de l’ECG sont accessibles au raisonnement.

CE QU’IL FAUT ATTENDRE DE L’ECG

Le diagnostic clinique dépend en grande partie de l’histoire de la maladie et, à un moin-dre degré, de l’examen physique. L’ECG peut apporter la confirmation de l’hypothèse diag-nostique et, dans certains cas, il est indispen-sable à la prise en charge du patient. Toutefois, il est important de se représenter l’ECG comme un outil et non comme une fin en soi.

L’ECG est essentiel au diagnostic et, par voie de conséquence, à la prise en charge des anomalies du rythme cardiaque. Il aide au diag-nostic étiologique des douleurs thoraciques, et l’utilisation adéquate de thérapeutiques inter-ventionnelles précoces dans le traitement de l’infarctus du myocarde repose sur lui. Il peut aider au diagnostic étiologique des dyspnées.

Avec de l’entraînement, l’interprétation de l’ECG est affaire de reconnaissance d’un modèle. Toutefois, l’ECG peut être analysé à partir de principes de base si l’on se souvient

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

de quelques règles simples et de concepts élé-mentaires. Ce chapitre répertorie ces règles et ces concepts.

L’ÉLECTRICITÉ CARDIAQUE

La contraction d’un muscle quel qu’il soit est associée à des modifications électriques appelées « dépolarisation », et ces modifications peuvent être détectées par des électrodes fixées sur la surface du corps. Dans la mesure où toutes les contrac-tions musculaires seront détectées, les modifi-cations électriques associées à la contraction du muscle cardiaque seront interprétables seulement si le patient est en totale relaxation et si les mus-cles squelettiques ne se contractent pas.

Bien que le cœur possède quatre cavités, on peut imaginer d’un point de vue purement élec-trique qu’il en possède seulement deux, puisque les deux oreillettes se contractent ensemble (« dépola-risation ») de même que les deux ventricules.

LE SCHÉMA DE L’INSTALLATION ÉLECTRIQUE DU CŒUR

La décharge électrique de chaque cycle car-diaque prend normalement naissance en un lieu particulier de l’oreillette droite appelé « nœud sinoauriculaire 1 » ( figure 1.1 ). Par la suite, la dépolarisation traverse l’ensemble des fibres musculaires des oreillettes. Il existe un délai per-mettant à la repolarisation d’atteindre une autre zone spécifique de l’oreillette, le « nœud auricu-loventriculaire » (nœud AV). Par la suite, l’onde de dépolarisation descend très rapidement le

long d’un tissu de conduction différencié, le « faisceau de His », qui se divise dans le septum interventriculaire en un faisceau droit et un fais-ceau gauche. Le faisceau de la branche gauche se divise lui-même en deux parties. À l’intérieur de la masse ventriculaire gauche, la conduction s’écoule un peu plus lentement, à travers un tissu spécial appelé « fibres de Purkinje ».

LE RYTHME CARDIAQUE

Comme on le verra plus loin, l’activation élec-trique du cœur peut parfois prendre naissance en d’autres lieux que le nœud sinusal . Le mot « rythme » est utilisé en référence à la région du cœur qui contrôle la séquence d’activation. Le rythme cardiaque normal, avec une activation électrique débutant dans le nœud sinusal, est aussi appelé « rythme sinusal ».

Faisceaude His

Branche gauche Branche droite

Nœudsinoauriculaire

Nœud AV

Fig. 1.1

Le schéma de l’installation électrique du coeur

1 Ou « nœud sinusal » ( NdT) .

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1Les différents éléments de L’ECG

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LES DIFFÉRENTS ÉLÉMENTS DE L’ECG

La masse musculaire des oreillettes est faible, en comparaison de celle des ventricules, et c’est pour-quoi les modifications électriques accompagnant la contraction des oreillettes sont modestes. La contraction des oreillettes est associée à une onde ECG appelée « onde P » ( figure 1.2 ). La masse ventriculaire est importante, et c’est pourquoi on observe une forte déflexion électrique quand

les ventricules sont dépolarisés. C’est-ce que l’on nomme le complexe « QRS ». L’onde « T » de l’ECG est liée au retour de la masse ventriculaire à son état électrique de repos (« repolarisation »).

Les lettres P, Q, R, S et T furent choisies aux premiers jours de l’histoire de l’ECG, de manière arbitraire. Les déflections P, Q, R, S et T sont également appelées « ondes ». Les ondes Q, R, S se réunissent pour former un complexe ; et l’intervalle entre l’onde S et le début de l’onde T est appelé « segment ST ».

Sur certains tracés, on peut observer une onde surnuméraire à la fin de l’onde T, appelée « onde U ». Son origine est incertaine ; peut-être est-elle le témoin de la repolarisation des muscles papillaires ? Si une onde U fait suite à une onde T de morphologie normale, on peut supposer qu’elle est normale. Si elle fait suite à une onde T aplatie , il se peut qu’elle soit patho-logique (voir le chapitre 4 ).

Les différents éléments du complexe QRS sont indiqués sur la figure 1.3 . Si la première déflexion est dirigée vers le bas, elle est dénom-mée « onde Q » ( figure 1.3 a). Une déflexion

R

TP U

QS

Fig. 1.2

Morphologie de l’ECG normal, incluant l’onde U

Q Q

R

S

R

S

R

Q

R

(a) (b) (c) (d) (e)

Fig. 1.3

Éléments du complexe QRS

a: Onde Q. b,c: Onde R.d,e: Onde S

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

dirigée vers le haut est appelée « onde R », qu’elle soit précédée ou non d’une onde Q ( figures 1.3 b et 1.3 c). Toute déflexion située au dessous de la ligne de base et faisant suite à une onde R est appelée « onde S », qu’elle ait ou non été précé-dée d’une onde Q ( figures 1.3 d et 1.3 e).

TEMPS ET VITESSES

Les électrocardiographes enregistrent les modi-fications de l’activité électrique en inscrivant un tracé sur une bande de papier se déroulant. Les électrocardiographes ont une vitesse de dérou-lement standard de 25 mm/s et utilisent un papier quadrillé standard. Chaque grand car-reau (5 mm) représente 0,2 s soit 200 millièmes de seconde (200 ms) ( figure 1.4 ). Par consé-quent, il y a 5 grands carreaux par seconde et 300 par minute. C’est pourquoi un évènement ECG tel qu’un complexe survenant une fois par

grand carreau possède une fréquence de 300/min. La fréquence cardiaque peut être calculée rapidement en se souvenant de la relation avec l’intervalle R-R montrée au tableau 1.1 .

De même que la longueur du papier entre deux ondes R fournit la fréquence cardiaque, la distance entre les différentes parties du complexe P-QRS-T indique le temps mis pour que la décharge électrique s’étende aux diffé-rentes parties du cœur.

L’intervalle PR 2 est mesuré à partir du début de l’onde P jusqu’au début du complexe QRS ; c’est le temps nécessaire à l’influx pour diffuser à partir du nœud sinusal à travers le muscle auriculaire et le nœud AV , descendre le long du faisceau de His et gagner le muscle ventriculaire. Il devrait logique-ment s’appeler « intervalle PQ » mais on le nomme habituellement « intervalle PR » ( figure 1.5 ).

1 petit carreau représente 0,04 s (40 ms)

1 grand carreau représente 0,2 s (200 ms)

Intervalle R-R : 5 grands carreaux représentent 1 s

Fig. 1.4

Relation entre les carreaux du papier ECG et le temps. Sur ce tracé, il existe un complexe QRS par seconde, la fréquence cardiaque est donc de 60 battements par minute

2 Ou « espace » PR (NdT) .

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1Les différents éléments de L’ECG

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L’intervalle PR normal se situe entre 120 et 200 ms, représenté par 3 à 5 petits carreaux. Une grande partie de ce temps est consacré au passage de l’influx dans le nœud AV ( figure 1.6 ).

Si l’intervalle PR est très court, ou bien les oreillettes ont été dépolarisées à partir d’une zone très proche du nœud AV , ou bien il existe

une conduction anormalement rapide des oreillettes aux ventricules.

La durée du complexe QRS indique le temps mis par l’influx pour diffuser dans les ven-tricules. La durée de QRS est normalement de 120 ms (représentée par 3 petits carreaux), voire moins, mais toute anomalie de conduction

Tableau 1.1 Relation entre le nombre de grands carreaux situés dans l’intervalle R-R et la fréquence cardiaque.

Intervalle R-R (grands carreaux)

Fréquence cardiaque (battements/min)

1 300

2 150

3 100

4 75

5 60

6 50

R

Segment ST

Intervalle QT

Intervalle PRQRS

TP

QS

U

Fig. 1.5

Les éléments du complexe ECG

PR0,16 s (160 ms)

QRS0,12 s (120 ms)

Fig. 1.6

Intervalle PR normal et complexe QRS normal

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

allonge la durée et provoque l’élargissement des complexes QRS ( figure 1.7 ). Il faut se souvenir que le complexe QRS témoigne de la dépolari-sation, et non de la contraction des ventricules. La contraction se poursuit avec le segment ST de l’ECG.

L’intervalle QT varie avec la fréquence car-diaque. Il s’allonge chez lez patients qui présen-tent des désordres électrolytiques et – ce qui est important – il est allongé sous l’effet de certains médicaments. Un intervalle QT allongé (au-delà de 450 ms) peut déclencher une tachycardie ventriculaire .

CALIBRAGE

Une quantité limitée d’informations est fournie par la hauteur des ondes P, des complexes QRS

et des ondes T, à condition que l’appareil soit correctement étalonné. Un signal standard de 1 millivolt (mV) doit mobiliser verticalement le stylet enregistreur de 1 cm (2 grands carreaux) ( figure 1.8 ) et ce signal de « calibrage » doit être inclus dans chaque enregistrement.

PR0,16 s (160 ms)

QRS0,20 s (200 ms)

Fig. 1.7

Intervalle PR normal et allongement de la durée du complexe QRS

1 cm

Fig. 1.8

Calibrage de l’enregistrement ECG

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1L’ECG : Représentation électrique

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L’ECG : REPRÉSENTATION ÉLECTRIQUE

Le mot « dérivation » peut être à l’origine de confusion. Il est parfois utilisé pour désigner les fils métalliques qui connectent le patient à l’électrocardiographe. En réalité, une « dériva-tion » n’est rien d’autre qu’une représentation électrique du cœur.

Le signal électrique provenant du cœur est détecté à la surface du corps par l’intermédiaire d’électrodes reliées à l’électrocardiographe par des fils de métal. Une électrode est fixée à chaque membre et six sont placées sur la poitrine.

L’électrocardiographe compare l’activité élec-trique détectée par les différentes électrodes, et l’image électrique ainsi obtenue est appelée « déri-vation ». Ces dérivations « regardent » le cœur dans plusieurs directions différentes. Par exemple, quand l’appareil enregistreur est programmé sur « D I », il enregistre les évènements électriques détectés par les électrodes fixées sur les bras gauche et droit. Chaque dérivation fournit une vue différente de l’activité électrique du cœur et, par conséquent, une image électrique différente. Il fau-drait, stricto sensu , nommer chaque image ECG « dérivation », mais souvent ce terme est omis.

L’ECG est fait de 12 vues caractéristiques du cœur, six provenant des électrodes fixées aux membres 3 (D I , D II , D III , VR, VL, VF) et six des électrodes fixées sur la poitrine 4 (V 1 -V 6 ). Il n’est pas nécessaire de se souvenir comment les déri-vations (qui représentent les « vues » du cœur) sont reliées à l’appareil enregistreur, mais pour

ceux qui aimeraient en connaître le mécanisme, il est conseillé de consulter le tableau 1.2 . L’élec-trode reliée à la jambe droite sert d’électrode « de terre » et ne participe à aucune dérivation.

L’ECG 12 DÉRIVATIONS

L’interprétation de l’ECG est facile si vous vous souvenez des directions dans lesquelles les dif-férentes dérivations regardent le cœur. On peut imaginer que les six dérivations « standards » qui sont raccordées aux électrodes fixées aux membres regardent le cœur de côté dans un plan vertical ( figure 1.9 ).

Tableau 1.2 Dérivations de l’ECG.

Dérivation Connexions

DI BG et BD

DII JG et BD

DIII JG et BG

VR BD et résultante de (BG + JG)

VL BG et résultante de (BD + JG)

VF JG et résultante de (BG + BD)

V1 V1 et résultante de (BG + BD + JG)

V2 V2 et résultante de (BG + BD + JG)

V3 V3 et résultante de (BG + BD + JG)

V4 V4 et résultante de (BG + BD + JG)

V5 V5 et résultante de (BG + BD + JG)

V6 V6 et résultante de (BG + BD + JG)

BG : bras gauche ; BD : bras droit ; JG : jambe gauche 3 Dérivations « standards » ( NdT) . 4 Dérivations « précordiales » ( NdT ).

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

Les dérivations D I , D II et VL regardent la face latérale gauche du cœur, les dérivations D III et VF la face inférieure, et la dérivation VR regarde l’oreillette droite.

Les six dérivations « V » (V 1 -V 6 ) regardent, dans un plan horizontal, les faces antérieure et

latérale gauche du cœur. Ainsi, les dérivations V 1 et V 2 regardent le ventricule droit, V 3 et V 4 regardent le septum interventriculaire et la paroi antérieure du ventricule gauche, et V 5 et V 6 regardent les parois antérieure et latérale du ventricule gauche ( figure 1.10 ).

VRVL

VF

DIII DII

DI

Fig. 1.9

Les images ECG enregistrées par les six dérivations « standard »

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1La morphologie du complexe QRS

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Comme pour les dérivations des membres, les dérivations précordiales montrent chacune un aspect différent ( figure 1.11 ). Chaque dériva-tion affiche un aspect caractéristique, identique chez les individus indemnes de cardiopathie.

Le rythme cardiaque est identifié en se basant sur la dérivation qui montre les ondes P les plus nettes – généralement en DII. Lorsqu’une seule dérivation est enregistrée uniquement dans le but de mettre en évidence le rythme cardiaque, elle est appelée « tracé long 5 », mais il est impor-tant de ne pas tenter de faire un diagnostic à partir d’une seule dérivation, de l’identification du rythme cardiaque.

LA MORPHOLOGIE DU COMPLEXE QRS

Nous devons maintenant nous intéresser au fait que l’ECG possède un aspect caractéristique dans chaque dérivation.

LE COMPLEXE QRS DANS LES DÉRIVATIONS STANDARDS

L’appareil ECG est conçu de telle manière que, lorsqu’une onde de dépolarisation se dirige vers une électrode, le stylet enregistreur se déplace vers le haut, et lorsque l’onde s’en éloigne, le stylet se déplace vers le bas.

La dépolarisation s’étend immédiatement à l’ensemble du cœur dans diverses directions, mais la forme du complexe QRS indique la

V6

V5

V4

V3V2V1

VGVD

Fig. 1.10

La relation entre les six dérivations « V » (« précordiales ») et le coeur

5 Le plus souvent « long D II » ( NdT) .

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

V6V5V4V3V2V1

Fig. 1.11

Les différents aspects ECG enregistrés à partir des dérivations précordiales

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1La morphologie du complexe QRS

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direction moyenne dans laquelle l’onde de dépo-larisation gagne les ventricules ( figure 1.12 ).

Si le complexe QRS est dirigé vers le haut de manière prédominante – en d’autres termes, si le complexe QRS est « positif » (l’onde R est plus ample que l’onde S) – l’onde de dépolarisation se dirige vers l’électrode ( figure 1.12 a). Si QRS est dirigé vers le bas de manière prédominante (onde S plus ample que l’onde R), l’onde de dépolarisa-tion s’éloigne de l’électrode ( figure 1.12 b). Quand l’onde de dépolarisation se déplace perpendiculai-rement à l’électrode, les ondes R et S sont de taille identique ( figure 1.12 c). Les ondes Q, lorsqu’elles sont présentes, ont une signification particulière dont il sera discuté plus loin.

L’AXE DU CŒUR

Les dérivations VR et D II regardent le cœur dans des directions opposées. Lorsqu’elle est vue de face, l’onde de dépolarisation s’étend norma-lement à travers les ventricules entre 11 h et

5 h d’une horloge virtuelle ; ainsi, la déflexion en VR est-elle normalement dirigée vers le bas (négative) alors qu’en D II , la déflexion est diri-gée vers le haut (positive) ( figure 1.13 ).

La direction moyenne de l’ensemble de l’onde de dépolarisation à travers les ventri-cules, vue de face, est appelée « axe cardiaque ». Il est utile de préciser si l’axe est de direction normale ou non. L’axe électrique du cœur peut être facilement calculé à partir des complexes QRS des dérivations D I , D II et D III .

Un axe normal, se situant entre 11 h et 5 h, signifie que l’onde de dépolarisation se dirige vers les dérivations D I , D II , et D III , et qu’elle est par conséquent associée à une déflexion positive dans ces trois dérivations ; la déflexion sera plus élevée en D II qu’en D I ou D III ( figure 1.14 ).

Quand les ondes R et S du complexe QRS sont égales, l’axe cardiaque forme un angle droit avec cette dérivation.

Lorsque le ventricule droit est hypertro-phié , son influence sur le complexe QRS sera

R

S

R

S

R

S

(a) (b) (c)

Fig. 1.12

Dépolarisation et morphologie du complexe QRS

Dépolarisation (a) se dirigeant vers l’électrode, à l’origine d’un complexe QRS positif ; (b) s’éloignant de l’électrode, à l’origine d’un complexe QRS négatif ; (c) perpendiculaire à l’électrode, à l’origine d’ondes R et S d’égale grandeur

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

supérieure à celle du ventricule gauche, et l’onde de dépolarisation moyenne – l’axe du cœur – tournera à droite. La déflexion en DI devient négative (à prédominance inférieure) car la dépolarisation s’en éloigne, et la déflexion en D III renforce sa positivité (prédominance vers le haut) car l’onde de dépolarisation se dirige vers cette dérivation ( figure 1.15 ). On l’appelle « déviation axiale droite ». Elle est en grande partie liée aux situations pathologiques d’origine pulmonaire qui exercent une contrainte sur la partie droite du cœur, et aux cardiopathies congénitales.

Quand le ventricule gauche s’hypertro-phie , il exerce une influence supérieure à celle

du ventricule droit sur le complexe QRS. En conséquence, l’axe a tendance à tourner à gauche, et le complexe QRS devient négatif en D III ( figure 1.16 ). La « déviation axiale gauche » n’est pas significative tant que la déflexion de QRS n’est pas également négative en D II . En fait, bien que la déviation axiale gauche puisse être due à l’influence excessive d’un ventricule gauche élargi, ce changement d’axe est, habi-tuellement, plus la conséquence d’un trouble de conduction que de l’augmentation de la masse ventriculaire gauche (voir le chapitre 2 ).

L’axe du cœur est parfois mesuré en degrés ( figure 1.17 ), bien que ce ne soit pas particulière-ment utile à la clinique. La dérivation D I forme un angle de 0° avec le cœur ; D II un angle de +60° ; VF un angle de +90° et D III un angle de +120°.

DIII DII

DI

Fig. 1.14

L’axe normal

VR

VL

VFDIII

DII

DI

Fig. 1.13

L’axe cardiaque

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1La morphologie du complexe QRS

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Les dérivations VL et VR forment un angle de respectivement -30° et -150°.

L’axe électrique normal du cœur se situe dans une fourchette de -30° à +90°. Si, en D II , l’onde S est plus ample que l’onde R, l’axe est néces-sairement situé au-delà de la perpendiculaire à D II (au-delà de la droite faisant un angle de 90° avec D II . En d’autres termes, son angle doit être supérieur à -30° et très proche de la verticale (voir les figures 1.16 et 1.17 ), confirmant la déviation

DIII DII

DI

Fig. 1.15

Déviation axiale droite

DIII DII

DI

Fig. 1.16

Déviation axiale gauche

VR–150˚

VL–30˚

+90˚ VF

+120˚ DIII

+60˚ DII

0˚ DI

Limite de l’axe normal du cœur

–90˚

–180˚+180˚

Déviation axiale gauche

Déviation axiale droite

Fig. 1.17

L’axe cardiaque et les angles formés par les différentes dérivations

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

axiale gauche. De même, si la taille de l’onde R est égale à celle de l’onde S en D I , l’axe forme un angle droit avec D I , l’angle étant de +90°. Il s’agit là de la limite de normalité de la rotation axiale vers la droite. Si l’onde S est plus ample que l’onde R en DI, l’axe est supérieur à 90°, confirmant la déviation axiale droite ( figure 1.15 ).

POURQUOI S’INTÉRESSER À L’AXE DU CŒUR ?

Les dérivations axiales gauche et droite sont en elles-mêmes rarement significatives – dévia-tions de quelques degrés entre sujets grands et minces d’une part, obèses et de petite taille d’autre part. Cependant, la présence d’une déviation axiale devra vous alerter et vous pousser à rechercher d’autres signes d’hyper-trophie droite ou gauche (voir le chapitre 4 ). Une déviation axiale droite peut évoquer une embolie pulmonaire et une déviation axiale gauche, un trouble de conduction .

LE COMPLEXE QRS DANS LES DÉRIVATIONS PRÉCORDIALES

La morphologie du complexe QRS des dériva-tions précordiales (V) est déterminée par deux conditions :

• le septum interventriculaire est dépolarisé avant les parois des ventricules, et l’onde de dépolarisation s’étend à travers le septum de gauche à droite ;

• dans un cœur normal, la masse musculaire de la paroi ventriculaire gauche est plus

importante que celle de la paroi ventriculaire droite, et c’est pourquoi le ventricule gauche exerce sur l’aspect ECG une influence plus importante que celle du ventricule droit.

Les dérivations V 1 et V 2 regardent le ventri-cule droit ; les dérivations V 3 et V 4 regardent le septum ; et les dérivations V 5 et V 6 le ventricule gauche ( figure 1.10 ).

La déflexion d’une dérivation ventriculaire droite est d’abord dirigée vers le haut (onde R) alors que le septum est dépolarisé. On observe un aspect inverse dans les dérivations ventriculaires gauches : il existe une petite déflexion négative (onde « Q » septale ) ( figure 1.18 ).

Q

R

V6

V1

Fig. 1.18

Morphologie du complexe QRS : première étape

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1La morphologie du complexe QRS

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Dans les dérivations ventriculaires droites, il existe ensuite une déflexion négative (onde S) alors que la masse musculaire la plus importante est dépolarisée – en effet, l’influence électrique du ventricule gauche, plus volumineux, l’emporte sur celle du ventricule droit, plus petit (l’onde de dépo-larisation partie de la gauche s’éloigne de l’élec-trode située face au ventricule droit). Dans une dérivation ventriculaire gauche , la déflexion est dirigée vers le haut (onde R) au cours de la dépola-risation du muscle ventriculaire ( figure 1.19 ).

Quand la totalité du myocarde est dépo-larisée, le tracé ECG regarde la ligne de base 6 ( figure 1.20 ).

Le complexe QRS , en dérivations précor-diales , montre une progression de V 1 , où il est à prédominance négative, à V 6 où il est à prédominance positive ( figure 1.21 ). La zone de « transition » où les ondes R et S sont d’ampli-tude identique indique l’emplacement du sep-tum interventriculaire .

S

R

V6

V1

Fig. 1.19

Morphologie du complexe QRS : deuxième étape

6 Ligne « isoélectrique » . (NdT) .

S

Q

R

R

V6

V1

Fig. 1.20

Morphologie du complexe QRS : troisième étape

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

V6V5V4V3V2V1

Fig. 1.21

Les images ECG enregistrées par les électrodes précordiales

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1Réaliser un enregistrement : en pratique

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POURQUOI S’INTÉRESSER À LA ZONE DE TRANSITION ?

Si le ventricule droit est augmenté de volume, et occupe une surface précordiale supérieure à la normale, la zone de transition sera déviée de sa position normale en V 3 -V 4 vers V 4 -V 5 ou parfois V 5 -V 6 . Comme on le verra plus loin, on peut imaginer que le cœur a tourné dans le sens des aiguilles d’une montre 7 . Cette rotation « horaire » est caractéristique des pneumopa-thies chroniques.

RÉALISER UN ENREGISTREMENT : EN PRATIQUE

Désormais, vous savez à quoi ressemble un ECG, et vous en connaissez le mécanisme. Il nous faut maintenant réfléchir à l’aspect pratique de la réalisation de l’enregistrement. Certains – mais pas tous – appareils ECG fournissent « un tracé de rythme 8 », qui est un enregistrement continu, habituellement de D II . Ceci est particulièrement utile quand le rythme est anormal. Les tracés

qui vont suivre ont tous été enregistrés chez le même sujet en bonne santé, dont l’ECG, considéré comme « idéal », est représenté sur la figure 1.22 .

Il est de la plus grande importance de s’assurer que l’électrode étiquetée BG est bien fixée au bras gauche, BD au bras droit et ainsi de suite. Si les élec-trodes des membres sont incorrectement placées, le tracé 12 dérivations paraîtra bizarrement anormal ( figure 1.23 ). L’interprétation du tracé est cepen-dant possible mais il est plus facile de reconnaître l’erreur et de pratiquer un autre enregistrement.

L’inversion des électrodes des membres infé-rieurs ne provoque que peu de différence sur le tracé ECG.

Il est indispensable que les électrodes tho-raciques soient positionnées avec précision de manière à pouvoir identifier des aspects anor-maux dans ces dérivations, et à pouvoir compa-rer des enregistrements effectués à des moments différents. Il faut déterminer l’emplacement du deuxième espace intercostal en recherchant l’angle sternal – c’est le point où se rejoignent le manubrium et le corps du sternum, et il existe habituellement une arête palpable indiquant le début du corps du sternum, formant avec le manubrium un angle s’ouvrant vers le bas. La deuxième côte est reliée au sternum au niveau 8 « D II long » (NdT) .

7 Rotation « horaire » ( NdT ).

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

DII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.22

Enregistrement correct d’un tracé ECG normal Notez :

• les trois lignes du haut montrent les six dérivations des membres (D I , D II , D III , VR, VL, VF) puis les six dérivations précordiales ;

• le tracé du bas est un « long D II » destiné à étudier le rythme ; • le tracé est net, avec des ondes P, des complexes QRS et des ondes T visibles sur toutes les dérivations.

de cet angle et le deuxième espace intercostal se situe immédiatement au-dessous. Après avoir identifié cet espace, la palpation vous permet

de palper le troisième puis le quatrième espace intercostal où les électrodes V 1 et V 2 seront respectivement fixées, à droite et à gauche du

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1Réaliser un enregistrement : en pratique

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sternum. Les autres électrodes seront placées comme il est indiqué sur la figure 1.24 , avec V 4 sur la ligne médioclaviculaire (ligne verticale imaginaire partant du milieu de la clavicule) ; V 5 sur la ligne axillaire antérieure (ligne partant

du pli cutané qui marque le devant de l’aisselle) et V 6 sur la ligne axillaire moyenne .

Un bon contact électrique entre les élec-trodes et la peau est indispensable. Les effets sur le tracé ECG d’un mauvais contact cutané

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.23

L’effet de l’inversion des électrodes reliées au bras gauche et au bras droit Notez :

• la comparaison avec la figure 1.22 montrant un enregistrement correct chez le même patient ; • l’inversion des ondes P en D I ; • des complexes QRS ainsi que des ondes T anormaux en D I ; • des ondes T positives en VR, ce qui est inhabituel.

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

sont visibles sur la figure 1.25 . La peau doit être propre et sèche – la peau des patients utilisant différentes pommades ou crèmes hydratantes (patients souffrant d’affections dermatolo-giques, par exemple) devra être nettoyée à l’alcool ; l’alcool devra être essuyé avant que les

électrodes soient appliquées. L’abrasion de la peau est essentielle ; chez la plupart des patients on peut se contenter de frotter la peau avec un mouchoir de papier. Au cours des épreuves d’effort , lorsque le patient risque d’être cou-vert de sueur, des tampons abrasifs peuvent

V6

Ligne médioclaviculaire

V5V4V3V2V1

Ligne axillaire antérieur

Ligne axillaire moyenne

4e

5e

Fig. 1.24

Position des dérivations précordiales. Repérez les quatrième et cinquième espaces intercostaux

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1Réaliser un enregistrement : en pratique

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être utilisés – lorsque ces tests sont pratiqués, il est préférable de passer du temps à assurer un bon contact, car, dans de nombreux cas, le tracé peut devenir pratiquement ininterprétable en fin d’examen. Les poils sont de mauvais conducteurs du signal électrique et empêchent les électrodes d’adhérer à la peau. Le rasage est préférable, quoique certains patients ne

l’apprécient guère – on peut à la rigueur écarter les poils pour assurer un bon contact des élec-trodes. Après rasage, la peau devra être nettoyée à l’alcool ou à l’aide d’une lingette imbibée de savon.

Même avec le meilleur des électrocardio-graphes , des interférences électriques peuvent provoquer des oscillations régulières du tracé

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

DII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.25

L’effet d’un contact insuffisant entre la peau et les électrodes Notez :

• le tracé ECG « bizarre » ; • l’irrégularité du « long D II ».

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

ECG, donnant à première vue l’impression que la ligne de base est épaissie ( figure 1.26 ). Il peut être extrêmement utile de déterminer la provenance de ces interférences, mais ayez à l’esprit les lampes électriques, les moteurs élec-triques des lits et matelas.

Les électrocardiographes sont normalement étalonnés de telle manière qu’un signal de 1 mV provoque une déflexion de 1 cm sur le papier ECG, et un signal d’étalonnage apparaît habituellement au début (et souvent à la fin) de l’enregistrement. Si l’étalonnage s’avère défec-

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.26

L’effet des interférences électriques Notez :

• les pointes effilées, régulières, de haute fréquence, simulant un épaississement de la ligne de base

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1Réaliser un enregistrement : en pratique

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tueux, les complexes ECG apparaîtront trop grands ou trop petits ( figures 1.27 et 1.28 ). De grands complexes peuvent prêter à confu-sion avec une hypertrophie ventriculaire gauche (voir le chapitre 4 ) et de petits complexes peu-vent suggérer la présence d’un épanchement péricardique réduisant le signal électrique du

cœur. C’est pourquoi il est indispensable de s’assurer que l’étalonnage est correct.

Les électrocardiographes sont normalement conçus pour un déroulement du papier à la vitesse de 25 mm/s, mais avec la possibilité de passer à des vitesses plus lentes (qui donnent un aspect de complexes acuminés et resserrés) ou

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.27

L’effet d’un étalonnage surdimensionné

Notez :

• le signal d’étalonnage (1 mV) au début de chaque ligne provoque une déflexion de 2 cm ; • tous les complexes sont agrandis si on les compare à ceux d’un ECG enregistré avec l’étalonnage correct

(exemple de la figure 1.22 où un signal de 1 mV provoque une déflexion de 1 cm).

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

de 50 mm/s ( figures 1.29 et 1.30 ). La vitesse accélérée, avec une impression « d’étalement » de l’ECG, est régulièrement utilisée dans cer-tains pays européens. Théoriquement, cela peut rendre plus facile l’identification des ondes P, mais en réalité, l’aplatissement qui en résulte

tend à les masquer, et c’est pourquoi cette vitesse accélérée est rarement utile.

Les électrocardiographes sont « accor-dés » à la fréquence électrique générée par le muscle cardiaque, mais ils peuvent égale-ment détecter les contractions des muscles

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.28

L’effet d’un sous-étalonnage Notez :

• le signal d’étalonnage (1 mV) provoque une déflexion de 0,5 cm ; • tous les complexes sont de petite amplitude

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1Réaliser un enregistrement : en pratique

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squelettiques. Il est par conséquent essentiel que le patient soit relaxé, réchauffé et étendu confortablement – s’il remue ou s’il frissonne, ou s’il est animé de mouvements involontaires comme lors d’une maladie de Parkinson , l’enregistrement va recueillir une quantité importante d’activité musculaire qui, dans les cas extrêmes, peut masquer le tracé ECG ( figures 1.31 et 1.32 ).

Ainsi, l’appareil d’enregistrement fera pour vous le maximum du travail, mais souvenez-vous de ceci :

• les électrodes doivent être fixées aux membres, sans inversion de fils ;

• il faut s’assurer d’un bon contact électrique ; • il faut s’assurer de la bonne programmation

de l’étalonnage et de la vitesse ; • il faut s’assurer que le patient est

confortablement installé et relaxé.

Alors, il ne vous reste plus qu’à « appuyer sur le petit bouton » et l’appareil vous fournira un superbe tracé 12 dérivations.

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

VRDI

VLDII

VFDIII

Fig. 1.29

ECG normal enregistré à une vitesse de 50 mm/s Notez :

• une vitesse de déroulement de 50 mm/s, plus rapide que la normale ; • un allongement de l’intervalle entre les complexes QRS qui donne l’impression d’un ralentissement de la

fréquence cardiaque ; • un élargissement des complexes QRS ; • un intervalle QT apparemment très allongé.

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1Réaliser un enregistrement : en pratique

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V1 V4

V2 V5

V3 V6

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.30

ECG normal enregistré à la vitesse de 12,5 mm/s Notez :

• la vitesse de déroulement du papier, de 12,5 mm/s, est plus lente que la normale ; • les complexes QRS sont rapprochés, donnant l’impression de fréquence cardiaque accélérée ; • les ondes P, les complexes QRS et les ondes T sont étroits et « pointus ».

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1Réaliser un enregistrement : en pratique

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V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.31

Tracé enregistré chez un patient non relaxé Notez :

• il s’agit du même patient que celui de la figure 1.22 ; • la ligne de base n’est plus nette. Elle est remplacée par une série d’oscillations pointues et irrégulières –

particulièrement visibles sur les dérivations des membres.

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

COMMENT RÉALISER UN COMPTE RENDU D’ECG

Beaucoup d’électrocardiographes fournissent automatiquement un compte rendu, et dans ce rapport, la fréquence cardiaque et les intervalles de conduction sont habituellement mesurés avec précision. Toutefois, la description du rythme ainsi que de l’aspect de QRS et de T devra être considérée avec une certaine méfiance. Les appareils ECG ont tendance à « surévaluer » le compte rendu, et à décrire des anomalies là où il n’en existe pas : il est préférable de faire confiance à votre propre jugement.

Désormais, votre connaissance de l’ECG est suffisante pour comprendre les bases d’un compte rendu. Celui-ci devra prendre la forme d’une description suivie d’une inter-prétation.

La description devra toujours être fournie selon la même séquence :

1. Rythme. 2. Intervalles de conduction. 3. Axe électrique du cœur. 4. Description des complexes QRS. 5. Description du segment ST et des

ondes T.

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.32

Les effets du tremblement Notez :

• les parasites sont plus importants que ceux observés chez un patient non relaxé ; • ils sont également plus synchronisés, car les groupes musculaires du squelette se contractent ensemble ; • les effets de la contraction musculaire squelettique effacent pratiquement l’image liée à la contraction

cardiaque en dérivations D I , D II , D III .

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1Comment réaliser un compte rendu d’ECG

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V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.33

Variante d’ECG normal Notez :

• rythme sinusal, fréquence 50/min ; • espace PR normal (100 ms) ; • durée du complexe QRS normale (120 ms) ; • axe cardiaque normal ; • complexes QRS normaux ;

• ondes T normales (une inversion de l’onde T en VR est normale) ;

• ondes U de forte amplitude de V2 à V4.

Interprétation :

• ECG normal.

L’énumération d’une série de données stricte-ment normales peut être fastidieuse, et n’est, en réalité, que rarement pratiquée. Cependant, il faut avoir à l’esprit toutes les données de l’enregistre-ment chaque fois que vous interprétez un ECG.

L’interprétation permet de dire si le tracé est normal ou anormal : s’il est anormal, la

pathologie sous-jacente doit être identifiée. L’un des problèmes majeurs du compte rendu de l’ECG réside dans le fait qu’il existe une multitude de variantes de tracés normaux. Les figures 1.33 et 1.34 montrent des variantes d’ECG 12 dérivations normaux.

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L’ECG : de quoi s’agit-il ?

V1 V4VRDI

V2 V5VLDII

V3 V6VFDIII

Fig. 1.34

Variante d’ECG normal Notez :

• rythme sinusal, fréquence 75/min ; • espace PR normal (200 ms) ; • durée normale du complexe QRS (120 ms) ; • déviation axiale droite (onde S prépondérante

en D I ) ; • complexes QRS normaux ; • segment ST et onde T normaux.

Interprétation :

• ECG normal – excepté la déviation axiale droite qui peut être normale chez un sujet grand et mince.

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1Comment réaliser un compte rendu d’ECG

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RAPPELS

PRINCIPES DE BASE

• L’ECG résulte de phénomènes électriques associés à l’activation (dépolarisation) initiale des oreillettes suivie de celle des ventricules.

• La dépolarisation auriculaire est à l’origine des ondes P.

• La dépolarisation ventriculaire est à l’origine du complexe QRS. Si la déflexion initiale est orientée vers le bas, il s’agit d’une onde Q. Toute déflexion orientée vers le haut est une onde R. Une déflexion orientée vers le bas faisant suite à une onde R est une onde S.

R

Q S

• Lorsque l’onde de dépolarisation se dirige vers une électrode, la déflexion est en priorité dirigée vers le haut. Lorsque l’onde S s’éloigne de l’électrode, la déflexion est en priorité dirigée vers le bas.

• Les six dérivations des membres (D I , D II , D III , VR, VL et VF) regardent le cœur de côté dans un plan vertical 1 .

• L’axe cardiaque représente la direction moyenne de la vague de dépolarisation vue de face. Il est calculé à partir des dérivations D I , D II , D III .

• Les dérivations « V » appelées « dérivations précordiales » regardent le cœur de face et du côté gauche dans un plan horizontal. La dérivation V 1 est placée face au ventricule droit et la dérivation V 6 face au ventricule gauche.

• Le septum est dépolarisé de la gauche vers la droite.

• Dans un cœur normal, le ventricule gauche exerce sur l’ECG une influence plus importante que celle du ventricule droit.

• Malheureusement, il existe quantités de petites variations compatibles avec un cœur parfaitement normal. Reconnaître les limites de la normale est l’une des principales difficultés de l’interprétation de l’ECG.

1 Plan frontal (NdT) .

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