LE TYRAN NAZI ET

LES FORCES OCCULTES

OUVRAGES DU MEME AUTEUR

En vente chez lui-même, 10, rue Henri-Duchêne à Paris.

Religion et Philosophie. (Un beau volume bro- ché : 70 francs.) (Epuisé.)

Nos rêves (chaque rêve parle le langage de sa caté- gorie; comment les reconnaître pour les interpréter). Le volume : 20 francs.

L'Ascension Humaine (Le problème psychique sous tous ses aspects). Le volume : 30 francs.

Elévation (Les Lois de Dieu). Une élégante bro- chure : 10 francs.

Les Fonctions du Dieu vivant (Essai de Théo- dicée Spiritualiste). La brochure : 5 francs.

Le Problème de la Souffrance (L'âme devant la Douleur). La brochure : 5 francs.

En préparation :

Le Destin du Monde selon les prophéties.

Edouard SABY

LE

TYRAN NAZI ET LES

FORCES OCCULTES

DEUXIÈME ÉDITION

PRÉCÉDÉE D'UN AVANT-PROPOS (Censure N° 482)

PARIS EDITIONS DE L'ECOLE ADDEISTE

10, Rue Henri-Duchêne, 10 1945

Tous drcits de traduction, reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

Copyright by Edouard SABY, 1944.

AVANT-PROPOS DE 1944

Ce livre a une histoire, la voici...

I

Juin 1939. — L'orage monte à l'horizon poli- tique, et pourtant, baromètres faussés, nos pré- tendus « Hommes d'Etat » restent invariablement au « Beau Fixe »... Fascinés par les illusoires « Accords de Munich », ils persistent dans leur politique d'aveuglement.

L'orage gronde, les menaces se précipitent; voici les signes avant-coureurs...

Malgré tout cela, rien encore, n'émeut nos par- lementaires. Bien que plus perspicace, la foule est cependant abusée : « Les Consuls veillent, pense- t-elle; ils sont tranquilles. Donc, tout va bien... »

Encore quelques mois, et elle va se trouver plon- gée dans le drame le plus tragique de toute son histoire.

...Des veilleurs isolés avaient cependant prévu l' imminence du danger. Parmi eux, celui qui signe ces lignes donna une série de conférences dans les

grandes salles de Paris. Sujet explicite : « Som- mes-nous à la Fin des Temps? » Puis, éclata comme une bombe, accusateur et prophétique, le sujet qui fait l'objet de ce livre.

C'est à l'issue d'une de ces réunions qu'il fut abordé par des officiers français venus le féliciter et lui dire qu'il serait utile de refaire cette confé- rence dans l'Armée... Et, le lendemain, il recevait la visite d'un éditeur...

C'est ainsi que parut cet ouvrage (juin 1939) (1).

Trois mois plus tard, le monde entrait dans la guerre, et la France était à la pointe du combat.

II

Décembre 1940. — Le petit jour. On sonne à ma porte. La Gestapo est là.

— Vous faites de la propagande anti-alle- mande...

— Je fais de la propagande française... — Avouez-le : Vous n'aimez pas les Alle-

mands ? — Comment pourrai-je les aimer, alors qu'ils

occupent mon pays ? Le visage de l'officier se raidit :

(1) Il s'intitulait, en 1939 : « Hitler et les Forces Occultes » ; nous lui avons donné celui de « Tyran » : c'est le seul qu 'il puisse porter en 1944, encore que celui de Sanguincire lui con- viendrait davantage...

— Suivez-nous... Je descends, encadré par des soldats.

Le Cherche-Midi. — 44 jours de cellule. Juge- ment rue Saint-Dominique. Le Procureur requiert contre moi deux années de cellule en Allemagne. Plaidoirie. Les juges vont délibérer. Verdict : Un an de prison pour « Propagande anti-allemande ».

Je sortirai de Fresnes le 31 décembre 1941.

En quoi consistait cette « Propagande » ? On m 'accusera d'avoir proféré (au cours de mes con- férences) des paroles blessantes à l'égard de l'ar- mée allemande, d'avoir lancé des appels à la révolte...

On me reprochera aussi des tracts anti-alle- mands trouvés dans mes papiers...

Ces griefs étaient graves, sans doute (surtout ceux imputés à mes conférences), mais ils ne pou- vaient être véritablement prouvés; je pouvais con- tester sinon le sens de mes paroles, du moins l'in- terprétation que l'accusation en donnait. Je ne manquais pas d'user de ce droit, si bien que ce fut un procès de « tendance »...

Mais le livre restait, et sur ce point je ne pou- vais espérer donner le change... Je fus donc con- damné, non à cause des paroles que j'avais pro- noncées, mais parce que cet écrit venait confirmer la « tendance » relevée dans mes conférences.

J'accueillis le jugement avec sérénité... Sans doute la peine était-elle sévère (j'étais, en

somme, condamné injustement : 1° « Ils » n'a- vaient pu faire la preuve de leurs accusations ; 2° « Ils » me condamnaient pour un ouvrage qui ne dépendait pas de leur juridiction...). Pourtant, je ne m'indignais pas... Si les griefs portés contre moi étaient tendancieux, l'action que je menais était, elle, bien réelle.

En effet, les conférences que j'organisais à Pa- ris avant l'invasion, je les continuais dans Paris occupé. — Clandestinement ? Non. En plein jour et en plein centre. Deux fois par semaine j'entre- tenais mes auditeurs (de 1 00 à 150) des grands problèmes de l'heure, et les exhortais à la résis- tance, tâchant de leur faire partager ma foi dans les destins impérissables de la Patrie. — Et cela (fait unique, je crois, dans l'histoire de la Résis- tance) depuis l'entrée des Allemands à Paris, jusqu'à mon arrestation (le 23 décembre 1940), malgré la Gestapo, les traîtres et la police de Vichy ! — C'est ainsi que Paris peut se flatter d'avoir eu, au moins pendant six mois, une « Tri- bune Libre » au cœur de la France bâillonnée!

De plus, le journal que je dirigeais alors (« L'Effort Spirituel ») ne pouvant plus paraître (je ne voulais pas le convertir en « feuille sou- mise »), je continuais à répandre mes idées par le tract : et voilà fondé le premier journal clandes-

tin : Radio-France (qui parut chaque mois, de juillet à décembre 1940). Il me restait, enfin, à créer un « Mouvement de Résistance », à le créer avant la lettre... Je le recrutai à l'issue de mes conférences. En décembre 40, ce Mouvement (qui avait été fondé le 23 juin) se composait de 300 membres.

Or, malgré les délations, les perquisitions, les intimidations, je pus jouer de ruse avec l'ennemi. J'eus la Force Teutonne, « à la Française », à la manière de David...

Mais, par ordre des Allemands, ce livre fati- dique qui, déjà, devenait prophétique, fut retiré de la circulation.

III

Août 1944. — Depuis huit jours Paris brûle d'une fièvre héroïque. Les Alliés sont aux portes de la capitale. Toutes les rues, déjà, se couvrent de drapeaux. L'ennemi vaincu fuit dans ses der- niers chars, les mitraillettes braquées...

Je viens, ce matin-là, de faire une incursion jus- qu'à l'Ecole Militaire. « Ils » sont encore là, l'arme au pied. Quelques rares passants circulent avec prudence.

Les drapeaux, pourtant, flottent à toutes les fe- nêtres. Toutes les rues ont un air de fête; la joie

éclate sur tous les visages, — si intense qu'on croit la toucher... Je vais « au hasard »... Avenue Emile-Zola, je franchis la barricade dressée la veille et pousse plus loin, comme un somnambule, dans une tension extraordinaire de tout mon être... Et voici, soudain, au bout de l'avenue, quelque, chose d'insolite, de formidable, qui passe... Un flottement dans la foule... Puis c'est la ruée, et des cris, des bras qui se lèvent, frénétiques.

Je m'arrête, les jambes coupées par l'émotion... Eux! Eux!... serait-ce possible? Je ne sais

comment la chose se fait, mais d'un bond je suis place Saint-Charles. Toute une foule est déjà là, extatique, qui fait la haie; toute une foule déferle sur moi, transportée... La voilà qui se presse contre moi, qui adhère à moi... J'ai l'impression d'être une abeille dans un essaim...

Ce sont « Eux », en effet... Les voici sur leurs chars, les héros de la division

Leclerc, brûlés par le soleil, noircis par la pous- sière, burinés par la fatigue et le combat, — ma- gnifiques, resplendissants, avec ces fiers visages des hommes de « Chez-Nous » qui effacent en un instant les mines patibulaires qui ont fait de Paris, durant quatre années interminables, une vi- sion de cauchemar...

Les voici; et la foule en délire les acclame... Eux répondent par des gestes... Le V de la

Victoire s'ouvre inlassablement comme les rameaux de l'Espérance!

Chacun a retrouvé son âme. La France respire.

Mais la guerre n'est pas finie. Chacun doit, à son poste, reprendre le combat.

Or, ce combat est exactement le même que celui que nous dénoncions il y a cinq ans...

Ce siècle sera un des plus grands moments de l'Histoire, car il aura été le champ de bataille des deux Forces qui se disputent le monde : le Bien et le Mal, la Vérité et le Mensonge, le Christ et l' Antéchrist...

Sans doute nous reste-t-il encore beaucoup à souffrir... Mais ce seront nos dernières souffrances avant que se lève sur la terre la Paix promise aux hommes de « bonne volonté ».

En attendant ces temps heureux, que nous espé- rons proches, lisez ce livre. Il vous aidera à com- prendre le sens du drame qui s'est déroulé sous vos yeux.

Car c'est autre chose qu'un conflit armé qui a opposé les Nations libres à l'Allemagne : c'est la cause initiale, originelle, occulte, de toutes les guerre :

L'ESPRIT D'ORGUEIL, D'ATHEISME ET DE DOMINATION.

Se croire d'une essence supérieure et vouloir dominer le monde;

Elever le Paganisme et la Force brutale au rang de religion, c'est ce que voulait Hitler, et c'est ce qui l'a perdu.

Mais ni l'orgueil, ni l'athéisme, ni l'esprit de domination ne sont spécifiquement allemands, bien que — dans ces derniers siècles surtout — l'Alle- magne, ou du moins la Prusse, ait eu le malheur d'incarner ces forces funestes... Mais nulle nation n'est à l'abri de ces erreurs criminelles. Aussi vain- cre l'Allemagne ne suffit pas. On n'aura rien fait pour la Paix tant qu'on n'aura pas établi entre tous les hommes, entre tous les peuples, le règne de la Fraternité.

Et c'est seulement la Justice sociale qui ouvrira l'Ere de la Fraternité universelle.

La Paix ne nous sera donnée que lorsque nous serons revenus aux lois de la conscience. Vaincre ne suffit pas, il faut d'abord se vaincre soi-même. Les armes s'émoussent; seule, la Foi ne périt pas. Que le monde retourne aux Lois morales, et l'Hu- manité sera sauvée.

Nous ne disons rien de plus ici. Ce que nous proférions en 1939, dans un cri d'alarme, nous le répétons, en 1944, avec la conscience du devoir accompli : les faits depuis ont parlé...

...C'est pourquoi nous reproduisons cet ouvrage sous sa forme primitive (1).

(1) Exception faite, toutefois, peur neuf pages que nous avons supprimées (les chapitres I et II de la deuxième partie), car elles ne répondaient plus au but que nous nous étions fixé.

Mais j'achève cet avant-propos avec moins d'angoisse au cœur...

En 1939, nous étions au seuil de la terrible Epreuve; en 1944, nous aurons vu luire l'aube de la Victoire.

Et voici que sur notre drapeau s'imprime — enfin! — un symbole mystique...

La Troisième République est morte avec son régime matérialiste; la Quatrième République servira une France idéale, car elle sera spiritua- liste...

Si elle ne devait pas devenir cela, elle ne serait rien.

Telle était, hier, la signification du conflit; telle sera demain sa conclusion : Deux Mystiques se sont affrontées; et voici,

après un combat apocalyptique, la défaite de l'Al- lemagne qui écrase en s'écroulant son mauvais gé- nie, Hitler, et son emblème maléfique, la croix gammée, tandis que se lèvent, dans une aurore indescriptible, avec la France, ce Christ des Na- tions, la Croix de Lorraine, emblème de nos espé- rances, et Charles de Gaulle, incarnation de nos plus hautes vertus!

E. S . Paris, 1 Octobre 1944.

Sortons-la donc de sa léthargie; redonnons-lui l'amour des cimes, ressuscitons sa mystique sainte. Et, à nouveau, elle deviendra le porte-torche de l'Humanité.

Alors, la France sera sauvée, et avec elle la Paix et la Liberté du monde.

PARIS, 29 avril-18 mai 1939.

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