le shofar - beth-hillel.org · israël vu Par lEs auTrEs 12 Voyage du MJLF en Israël (Jacqueline...

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le shofar REVUE MENSUELLE DE LA COMMUNAUTÉ ISRAÉLITE LIBÉRALE DE BELGIQUE SYNAGOGUE BETH HILLEL BRUXELLES N° d’agréation P401058 AVRIL 2013 - N°343 / NISAN – IYYAR 5773 ISRAëL POUR NOUS, ISRAëL CHEZ NOUS, ISRAëL C’EST NOUS

Transcript of le shofar - beth-hillel.org · israël vu Par lEs auTrEs 12 Voyage du MJLF en Israël (Jacqueline...

le shofarr e v u e m e n s u e l l e d e l a c o m m u n a u t é i s r a é l i t e l i b é r a l e d e b e l g i q u e

s y n a g o g u e b e t h h i l l e l

b r u x e l l e s

N° d’agréation P401058 avril 2013 - n°343 / NisaN – iyyar 5773

israël pour nous, israël chez nous, israël c’est nous

revue mensuelle de la communauté israélite libérale de belgique

EDITEUR RESPONSABLE :

Gilbert Lederman

REDACTEUR EN CHEF :

Luc Bourgeois

SECRéTAIRE DE RéDACTION :

Yardenah Presler

COMITé DE RéDACTION :

Rabbi Marc Neiger, Gilbert Lederman,

Isabelle Telerman, Luc Bourgeois,

Ralph Bisschops

Ont participé à ce numéro du Shofar :

David Baltuch, Rabbi Abraham

Dahan, Anne De Potter, Jacqueline

Doljansky, Adèle Lindner, Laura

Nicais, Jacqueline Wiener-Henrion

MISE EN PAGE :

inextremis.be

n°343 avril 2013

NisaN – iyyar 5773

N° d’agréation P401058

Le Shofar est édité par la

COMMUNAUTé ISRAéLITE LIBéRALE

DE BELGIQUE A.S.B.L.

N° d’entreprise : 408.710.191

Synagogue Beth Hillel

80, rue des Primeurs

B-1190 Bruxelles

Tél. 02 332 25 28

Fax 02 376 72 19

www.beth-hillel.org

[email protected]

CBC 192-5133742-59

IBAN : BE84 1925 1337 4259

BIC : CREGBEBB

RABBIN : Rabbi Marc Neiger

RABBIN HONORAIRE :

Rabbi Abraham Dahan

DIRECTEUR: Luc Bourgeois

SECRéTAIRE : Yardenah Presler

PRéSIDENT HONORAIRE :

Paul-Gérard Ebstein

CONSEIL D’ADMINISTRATION :

Gilbert Lederman (Président),

Myriam Abraham, Gary Cohen, Anne

De Potter, Patrick Ebstein, Nathan

Estenne, Ephraïm Fischgrund, Josiane

Goldschmidt, Gilbert Lederman, Willy

Pomeranc, Gaëlle Szyffer, Elie Vulfs,

Pieter Van Cauwenberge

Les textes publiés n’engagent que leurs auteurs.

Sommaire EDiTOrial5 Israël pour nous, Israël chez nous, Israël c’est nous (luc Bourgeois, rédacteur en chef)

lE mOT Du PrésiDENT 11 Le mot du Président (Gilbert lederman, président du conseil d’administration de Beth hillel)

israël vu Par lEs auTrEs12 Voyage du MJLF en Israël (Jacqueline Doljansky)

vOyagE15 L’ORT Belgique vous propose de visiter Vilnius

OuvErTs sur lE mONDE17 Culture et résolution des conflits en Europe et au Moyen-Orient (anne De potter)

NOs BNé miTzvah21 La loi du talion (laura nicais)

24 agENDa

iN mEmOriam mONiquE EBsTEiN26 In memoriam Ruth Monique Bat Yitzhaq Halevi Ebstein (rabbi abraham Dahan)28 A la mémoire de Monique Ebstein z’’l, (Jacqueline Wiener-henrion)31 Un poème d’Adèle Lindner

ENviE DE li(v)rE32 Journal du ghetto de Varsovie de Chaïm A. Kaplan (isabelle telerman)

OuvErTs sur lE mONDE35 Nadine Iarchy et le dialogue inter-convictionnel (anne De potter)

lE TEmPs D’uN film41 Quelques suggestions de DVD (anne De potter)

45 CarNET / humOur

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le shofar

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Une affiche.Une ASBL de Molenbeek, dix employés finan-cés par la région bruxelloise. L’affiche repré-sente un Juif ricanant et dominant le monde, dans le style le plus fidèle de la caricature nazie. L’ASBL «  Présence et action cultu-relle » organise un débat à propos du sio-nisme et annonce le débat au moyen de ladite affiche. Des Juifs réagissent et s'indignent: c'est normal. Des non-Juifs réagissent et s'indignent: c'est courageux de leur part. Au parlement bruxellois, un député interroge la ministre en charge : on essaie de faire taire.

Un square de Bruxelles.Un attroupement de gens agitant des dra-peaux palestiniens et scandant sans fin « Israël assassin ». Pas loin de là, un service de sécurité renforcé pour la réception en l’honneur de Shimon Peres, le Président de l’État d’Israël. Et les Juifs qui se rendent à la réception de se faire discrets ou de changer de route pour ne pas croiser la manifestation.

La machine antisémite a redémarré, une fois de plus.

Voilà Bruxelles aujourd’hui : la capitale de la Belgique, la capitale de l’Europe. La Belgique a été de tous temps une terre d’accueil  : pour les Juifs pourchassés par les pogroms

tsaristes, pour les Juifs chassés d’Allemagne ou d’Autriche, pour les espagnols chassés par le régime franquiste, et plus tard, pour les ita-liens, pour les espagnols, pour les hongrois, pour les grecs, pour les turcs, pour les you-goslaves, pour les maghrébins qui fuyaient la misère économique.

Mais les choses ont changé : l’État d’Israël est né, les fanatismes idéologiques et religieux se sont développés, le conflit proche-orien-tal est importé au cœur de la vieille Europe, et avec lui les points de vue se radicalisent et l’antisémitisme refait surface sous l’habit bien pensant de l’antisionisme alimenté par la désinformation.

En quoi cela nous concerne-t-il? Nous savons qu’Israël, le peuple d’Israël, c'est aussi nous. Que nous approuvions ou non la politique du gouvernement israélien, nous sommes solidaires des Juifs, de tous les Juifs, qui qu'ils soient, où qu'ils vivent: à Toulouse, en Norvège, en Iran, en Israël. Parce qu'Israël c'est nous.

Et alors on réfléchit, on discute et on se pose la question du sens de l’État d’Israël et de la diaspora. Oui, l’État d’Israël est là pour nous. Pour nous dire qu’il y a un pays, si petit soit-il, au monde, où on peut être Juif, vivre en Juif :

Israël pour nousIsraël chez nousIsraël c’est nous

par luc Bourgeois

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éDiTOrial

que l’on soit religieux ou non, que l’on vienne d’Europe, des Amériques, de l’ancien empire soviétique, d’Afrique, …

Cet Israël-là est pour nous : que ce soit pour une alyah ou pour se plonger un moment au cœur de notre peuple, de notre culture, de notre histoire, ou, plus simplement encore, pour nous rassurer quand la situation devient difficile ou dangereuse en diaspora.

Israël est venu chez nous : l’État. Invité par le Ministère des Affaires Etrangères, le prési-dent Shimon Peres est venu reconnaître l’ac-tion des Justes et leur remettre les médailles et certificats au nom de Yad Vashem : il repré-sentait à la fois l’État d’Israël, et il parlait en même temps au nom du peuple juif1.

Le CCOJB et le Forum der Joodse Organizaties avaient ensuite organisé un débat au cours duquel le président Shimon Peres a expliqué inlassablement ce qu’est Israël, pourquoi le pays est obligé de vivre comme il le fait, d’agir avec dureté, même si ce n’est pas son premier choix. Il a expliqué que, indépendamment de la politique, les dirigeants israéliens sont for-cés de suivre certaines lignes de conduite pour assurer la pérennité et la survie d’Is-raël : de l’état, mais également de ce symbole que représente l’État d’Israël pour tous les Juifs du monde, ce havre d’existence juive2. Parce que, Israël, en tant que peuple, c’est nous, que nous le voulions ou non. Comme le faisait remarquer Jean-Paul Sartre, nous sommes Juifs dans le regard de l’autre, autre qui ne manque pas de nous le rappeler au cas où nous l’aurions oublié.

Notre président, Gilbert Lederman nous entretient donc de la conférence donnée

par le président Shimon Peres. Jacqueline Doljansky, du MJLF, nous fait la relation du voyage que le MJLF a organisé il y a peu en Israël.

Et nous ne voyageons pas uniquement vers Israël  : nous vous présentons également le voyage que l’ORT organise à Vilnius en Lituanie. Une manière de découvrir comment la solidarité juive a œuvré à former des arti-sans, dans l’empire russe au départ, et dans le monde entier par la suite.

Anne De Potter nous résume la présentation du projet Aladin aux Parlement européen, à laquelle elle a assisté. La conférence avait pour titre  : «  Culture Et Résolution Des Conflits En Europe Et Au Moyen-Orient ». Une manière de mettre en lumière ces conflits particuliers et leurs origines, et d’ébaucher ensuite les voies de résolution de ceux-ci.

Israël et notre Torah : notre Torah est avant tout une loi. Nous publions la derasha de Laura Nicais, bat mitzvah à Beth Hillel il y a peu. Elle développe pour nous son point de vue à propos de la loi du talion, et à travers cela de la justice et de la responsabilité dans la pensée juive et dans la vie pratique.

« La justification de l'existence de l’État d'Is-raël en tant qu'État juif, réside dans l'appli-cation par Israël des valeurs fondamentales du Judaïsme dont la première est la Justice » Monique Ebstein

Monique Ebstein nous a quittés. Monique était toujours soucieuse de justice, et que justice soit faite pour toutes et tous  : cela provoquait souvent de longues discussions et des argumentations animées à propos de

1 http://www.rtl.be/videos/video/435495.aspx 2 http://www.youtube.com/watch?v=B3nrYcwyasQ&feature=player_embedded

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éDiTOrial

la manière dont l’État d’Israël applique la justice.

Celles et ceux qui l’ont bien connue nous livrent ici leur témoignage, et, au-delà de leur peine, ils dessinent l'image qu’ils ont gardé d’elle, pour que nous ne l’oubliions pas et pour que la mémoire que nous gardons d’elle nous aide et nous guide. Notre cher Rabbi Dahan, avec sa perception très fine des individus, retrace pour nous leur complicité et le travail qu’il a réalisé avec Monique et le chemin qu’elle a tracé pour Beth Hillel par son action. Jacqueline Wiener-Henrion était liée d’amitié avec Monique et a travaillé avec elle dans le conseil d’administra-tion de Beth Hillel, et à la rédaction du Shofar. Adèle Lindner s’exprime plus facilement en vers et nous touche au cœur.

Anne De Potter a interviewé Nadine Iarchy, juive anversoise, très active dans le dialogue entre Juifs et chrétiens : une autre manière de voir Israël et le peuple juif et comment il peut vivre ensemble et en harmonie avec le monde chrétien.

Enfin, comment retrouver Israël depuis son fauteuil ? En regardant quelques films qui traitent d’Israël ou de thèmes juifs, sélec-tionnés par Anne.

Et voilà que la boucle se referme  : Israël existe pour nous, Israël nous a rendu visite, et enfin, Israël, c’est nous et nous vibrons avec sa vie et son activité bourdonnante.

Bonne lecture, chaleureux shalom. ■

Ecole de dialogueVous avez entre 18 et 25 ans ?

Vous êtes intéressé par la rencontre inter-convictionnelle ?

réservez dès-à-présent

le dimanche 28 avril, de 13 à 16 heures.

La mosquée Dar Al Amal (rue du Libre Examen, 11 à 1070 Anderlecht) vous attend avec d’autres jeunes, chrétiens et musulmans, autour d’un couscous. L’idée est de vous entendre sur ce qu’il convient de mettre en place pour favoriser le dialogue et le vivre-ensemble, en Belgique et à Bruxelles en particulier. Il n’est pas nécessaire d’être croyant, il suffit de vous sentir proche de la communauté, de vouloir tordre le cou au silence et aux préjugés et de souhaiter construire un réseau au-delà du

communautarisme étroit, dans le respect de chacun.

Notre newsletter vous tiendra informé, mais si vous voulez plus de renseignements : [email protected] ou 0496.30.48.99.

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le shofar

A l’initiative du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique et du Forum der Joodse Organisaties, le chef d’état Shimon Peres a récemment participé à Bruxelles à une séance académique1 de haute tenue, agrémentée d’une partie musicale de Sarina Cohn. A lui tout seul, Shimon Peres incarne l’histoire contemporaine israélienne. Jugez-en vous-même : nonagénaire en juillet prochain, natif de Pologne, actif en Palestine lors de la Guerre d’Indépendance, secrétaire de David Ben Gourion, membre de la Knesset, ministre à plusieurs reprises, prix Nobel de la paix et Président de l’Etat d’Israël.

Dans l’introduction du livre « Start-up Nation, The Story of Israel’s Economic Miracle »2, Shimon Peres explique les raisons du déve-loppement économique de son pays. « Les gens préfèrent se souvenir que d’imaginer. La mémoire traite de choses familières  : l’imagination traite avec l’inconnu » écrit-il d’emblée. Son constat positif tient à la capa-cité de son pays à surmonter l’adversité avec des solutions nouvelles et créatives. Dès leur prime enfance, les citoyens sont éduqués à défier la logique, à poser des questions et à débattre de chaque chose. Il est vrai que le judaïsme favorise une culture du doute et incite à des interprétations multiples. Ce qui

pourrait expliquer que l’on retrouve chez le citoyen israélien lambdaces différents aspects: indépendant, critique, assertif, ambitieux, visionnaire, voire arrogant dans certains cas. Shimon Peres ajoute que «  la plus grande contribution du peuple juif dans l’histoire est l’insatisfaction ». Suivant les auteurs du best seller, la chutzpah et l’in-novation technologique expliquent également le succès économique d’Israël. Parce que le territoire est isolé tant par la mer que par l’hostilité de pays voisins, la lutte contre la claustrophobie est devenue un sport natio-nal. C’est donc en toute logique que le pays est devenu un leader dans le domaine des nou-velles technologies, un secteur qui échappe aux limites de la géographie.

Enfin, pays d’une riche densité, la liste de contrastes que l’on peut retrouver en Israël est conséquente  : orient-occident  ; sépha-rades-ashkénazes  ; religieux-laïque  ; Tel Aviv-Jerusalem ; sabra-olim  ; paix-guerre ; désert-forêt ; Mer Méditerranée-Mer Morte; le mahtesh de Ramon-Mont Hermon ; le sens de lecture de l’alphabet hébreu-le sens de lecture de l’alphabet latin; et pour terminer, passé-futur, soit un présent en permanent devenir…

Cordial shalom. ■

Le Mot du Président par Gilbert lederman,

président du conseil d’administration

1 Youtube.com : rechercher « Shimon Peres Brussels, March 5, 2013 »2 Start-up Nation, The Story of Israel’s Economic Miracle ; Dan Senor and Saul Singer ; Twelve, Hachette Book Group ; 378 pp.

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israël vu Par lEs auTrEs

Israël, c’est nous. Au mois de mars, le MJLF a organisé un voyage d'étude en Israël. Ils ont combiné la découverte du désert, de la nature, de l’histoire et de l’« autre ». Jacqueline Doljansky (du MJLF) nous livre ici un compte rendu de ce voyage dans le temps, dans la mémoire et vers nos racines.

Dimanche, 6h50 envol pour Eilat où nous passe-rons la première nuit. Les plus courageux se pro-mèneront sur la Tayelet (promenade du bord de mer) et d’autres pataugeront dans la mer rouge.

Lundi matin départ pour le parc de Timna avec ses roches aux couleurs multiples et chatoyantes (jaune, rouge, brun, noir, blanc et vert) pour y découvrir les vestiges de mines de cuivre qui datent de 6000 ans avant l’ère commune, les peintures rupestres et ses éton-nantes formes géologiques comme le cham-pignon, les arches, les colonnes de Salomon.

Ensuite nous visitons le kibboutz Elifaz où l’on cultive des salades dans l’eau et où les vaches laitières prennent 10 douches par jour. Sur la route pour Mitzpe Ramon nous décou-vrons un temple ouvert de l’époque néoli-thique avec des formes de panthères et oryx.

Mardi, 5 heures de 4x4 dans le désert où nous apprenons à survivre (recherche de l’eau, fabri-cation d’outils en silex et de feu) et où, à la source de la rivière Zin, se trouve un oasis avec des dat-tiers à l’état naturel. Pour finir, notre guide nous fait découvrir des éléments d’art sur les rochers prouvant qu’à cet endroit, au début du second millénaire avant l’ère commune, l’homme com-muniquait avec les dieux par l’écriture.

Ensuite, visite de l’université Ben Gourion du désert où l’on découvre en particulier com-ment traiter les eaux qui se trouvent dans le Néguev à plus de 5km de profondeur pour produire des poissons d’aquarium vendus aux japonais. Cette université qui faisait partie du rêve de Ben Gourion accueille aujourd’hui plus de 200 étudiants qui viennent du monde entier. La recherche se focalise sur les aspects de nourriture, eau et environnement. De nom-breux brevets ont été déposés qui donnent lieu à des applications pratiques telles que le trai-tement des eaux usées, l’économie et le recy-clage de l’eau. Nous y avons visité un bâtiment qui est climatisé ou chauffé automatiquement sans apport d’énergie.Avant de rentrer à l’hôtel nous nous arrêtons quelques instants devant les tombes de David et Paula Ben Gourion, et nous admirons d’en haut le paysage dans lequel nous avons passé la matinée.

par Jacqueline Doljansky

Voyage du MJLF en Israël

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le shofar

Mercredi, nous montons par la rampe construite par les romains pour visiter le site de Timna puis la journée se termine par une baignade bien méritée dans la Mer Morte.

Jeudi on marche. Le matin dans le parc natu-rel d’Ein Guédi nous découvrons 3 sources et en chemin différentes espèces d’oiseaux, des oryx du cap, des rongeurs, etc. Avant de partir pour Jérusalem nous admirons les mosaïques de la vielle synagogue d’Ein Guédi où les invités français se préparent à assister à une bar-mitsvah. L’après midi, à Jérusalem, c’est sous terre que nous découvrons d’éton-nants boyaux dans la Cité de David, et en particulier nous marchons 600 m dans les anciens égouts qui relient le réservoir d’eau de Siloé au parc archéologique Davidson.

Vendredi, certains d’entre nous visitent Yad Vashem alors que d’autres font les magasins. Tout le monde se retrouve pour profiter des connaissances de notre guide, Samuel Khalfa, pour une dernière visite de

la vieille ville de Jérusalem avant d’assister à l’office dans la communauté libérale de Har-El.

Samedi, c’est le retour vers Eilat. En che-min nous devions être reçu par un bédouin, mais il a été retenu et ce sont deux de ses filles qui nous reçoivent et répondent à nos nombreuses questions : elles vivent dans un village non reconnu par Israël mais pourvu d’une école et d’un dispensaire. Elles ne veulent pas que leur culture évolue.

Notre dernière visite a lieu dans la réserve Hair-Bar qui recherche des espèces rares et les ré-acclimate afin de rendre à la vie sau-vage, dans le Néguev, les animaux cités dans la bible : onagre, oryx, autruche, … On y voit aussi des prédateurs comme hyènes, loups, guépards, léopards, panthères, chats sauvage, fennecs, serpents, rats et souris du désert, vautours, …

Dimanche, retour à Paris. ■

ensemBle vocal Koltov

Vous aimez chanter, mais les vocalises sous la douche ne vous donnent plus entière satisfaction?

Vous voulez retrouver les mélodies des fêtes de votre enfance et de nos traditions?

Joignez-vous à l'ensemble vocal Koltov, harmonisé en douceur par martine cohen,

chanteuse professionnelle et professeur de chant.

les sessions ont lieu à Beth hillel, la plupart Des Dimanches, De 14h à 16h.

(Voir calendrier au centre de ce numéro). Elles sont confirmées par sms ou e-mail après inscription.

Pour toute information et inscriptions, contactez :Myriam Abraham, Gsm : 0478/599.405

Martine Cohen, Gsm : 0477/707.323

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le shofar

Vilnius, capitale de la Lituanie, 500.000 habitants, fondée en 1316 sous le règne de Gediminas.

De mémoire juive, Vilnius est la ville de Eliyahou ben Shlomo Zalman, le célèbre Gaon (ou Génie) de Vilna. Au XVIIIème siècle, il s’opposa aux rabbins has-sidiques et devint le chef de file des Mitnagdim (opposants). Cette opposition prend sa source dans la crainte des faux messianismes dont les ravages étaient encore présents à l’époque (Shabbtaï Tzvi et Jacob Franck) et dans une grande méfiance par rapport aux courants mystiques.

En Septembre 1939 Vilnius est annexée par les Soviétiques, et devient en Juin 1940 la capi-tale de la République Socialiste Soviétique de Lituanie. A ce moment Vilnius compte environ 80.000 Juifs. En 1941, les troupes allemandes entrent en Lituanie et créent à Vilnius deux ghettos  : plusieurs milliers des Juifs de ces deux ghettos furent fusillés ou massacrés par les nazis, les autres furent pour la plupart déportés vers les camps de concentration.

Aujourd’hui, Vilnius est une ville moderne avec une prestigieuse université, mais, ces derniers temps, une extrême droite antisémite virulente redresse la tête et gagne du terrain.

Malgré ce lourd passé, Vilnius abrite également un collège de l’ORT (Obshestvo Remeslenofo zemledelcheskofo Truda – Association pour le Travail Agricole et Artisanal). L’ORT  : la

plus grande organisation juive au monde, non gouvernementale, dans le domaine de l’édu-cation et de la formation professionnelle. Elle fut créée en 1880 à Saint Pétersbourg par un groupe d’intellectuels, financiers et indus-triels, en vue d’aider les Juifs appauvris de la Russie Tsariste. Depuis lors, elle a joué un rôle majeur dans le développement d’écoles et de programmes d’éducation dans presque chaque région où vivaient des communautés juives. Ainsi, en Belgique, entre 1945 et 1965, trois écoles ont aidé des survivants de la Shoah à (ré)-intégrer la société active le plus rapidement possible. Les activités passées et présentes de l’ORT couvrent plus de 100 écoles réparties sur les cinq continents. Chaque année, « World ORT » compte plus de 250.000 étudiants et plus de trois millions de diplômés. Lors du 130ème anniversaire de l’ORT, en 2010, le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-Moon a déclaré  : « l’ORT est un partenaire important de l’ONU pour atteindre l’accès à l’éducation de tous dans le monde ».

Cette année, du 19 au 24 avril, l’ORT Belgique organise un voyage à Vilnius :« Eduquer pour la vie »Une manière de découvrir Vilnius et de faire connaissance avec la mission de l’ORT.

Le programme détaillé ainsi que les rensei-gnements pratiques sont disponibles auprès de Charlotte Gutman-Fischgrund, présidente de l’ORT en Belgique.

Tél. : + 32 497 444 567Mail : [email protected]

L’ORT Belgique vous propose de visiter Vilnius

par charlotte Gutman-Fischgrund et luc Bourgeois

+32 2 663 85 85

www.inextremis.be

Création

d'identités visuelles,

de sites internet

et de brochures.

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le shofar

Le Parlement européen a accueilli une confé-rence internationale pour le Projet Aladin.

Shirin Ebadi, Samuel Pisar, Isabelle Durant, Hans-Gert Poettering, Arno Klarsfeld, Tahar Ben Jelloun, Anne-Marie Revcolevschi, Ephraim Sneh, Sari Nusseibeh, Nilüfer Göle et plusieurs autres penseurs et intellectuels ont participé à une conférence internationale à Bruxelles le 19 février 2013.

Un rassemblement prestigieux d’intellec-tuels et de penseurs venus d’Europe et du Moyen-Orient, s’est joint à des élus euro-péens lors d’une conférence internationale au Parlement européen à Bruxelles le mardi 19 février 2013, pour souligner l’importance du rapprochement interculturel et de l’éduca-tion dans la résolution des conflits en Europe et au Moyen-Orient.

La juriste iranienne, prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, le survivant de l’Holocauste et écrivain Samuel Pisar, l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun et l’ancien Président du Parlement européen, Hans-Gert Poettering étaient parmi les intervenants lors de cette conférence, organisée sous le patronage du Président Martin Schulz.

Après un déjeuner offert en l’honneur du Projet Aladin et de sa Présidente,

Anne-Marie Revcolevschi, Isabelle Durant, Vice-présidente du Parlement européen a accueilli cette conférence dont l’objectif était de présenter le Projet Aladin aux membres du Parlement européen.

Bastiaan Belder (ELD, Pays-Bas), Président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec Israël, a présidé la première session consacrée au « Rejet de l’Autre, en Europe et au Moyen-Orient, 70 ans après l’Holocauste ».

« Encore combien de générations devront être sacrifiées avant que nous ne soyons prêts à nous reconstruire ? », s’est insurgé Samuel Pisar.

Pour Enver Yücel, Président du Conseil d’Administration de l’Université Bahçesehir d’Istanbul, «  c’est seulement quand nous consacrerons plus de ressources à l’éduca-tion qu’à l’armement que nous vivrons dans un monde en paix. »

Dans un parallèle aux violations graves des droits humains dans certains pays de l’Afrique et du Moyen-Orient, l’ancien ministre israélien Ephraim Sneh s’est indigné contre « l’indiffé-rence face aux souffrances des populations musulmanes », ce qui l’a amené au « triste constat qu’après 70 ans, nous n’avons toujours pas retenu les leçons de la Shoah ».

Culture et résolution des conflits en Europe et au Moyen-Orient

anne De potter commente pour nous le compte - rendu publié par le parlement européen

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OuvErTs sur lE mONDE

L’universitaire palestinien Sari Nusseibeh a axé son intervention sur les dimensions psychologiques et philosophiques du conflit israélo-palestinien : « Voir l’autre c’est d’abord changer notre perception. Et là seulement, la connaissance est intéressante et les faits sont libres de toute construction artificielle. »

Enfin, Arno Klarsfeld, avocat et membre des « Fils et filles des déportés juifs de France », a conclu qu’est nécessaire « un long proces-sus d’adaptation psychologique en ensei-gnant la tolérance et le respect de la dignité humaine. ».

Emer Costello (S&D, Irlande), Présidente de la délégation du Parlement européen pour les relations avec le Conseil législatif palesti-nien, a animé la seconde session sur le thème « Connaissance de l’Autre » dans des sociétés en pleine évolution, afin de passer « du conflit à l’harmonie ».

Shirin Ebadia souligne que «le monde a une opinion erronée de la société et de la culture iranienne », qu’en réalité « le peuple iranien n’est pas d’accord avec la politique gouverne-mentale » et que « tant qu’on n’écoute pas les demandes des peuples, les conflits ne feront que s’exacerber. ». Elle a encouragé l’Union européenne à « écouter la voix du peuple iranien.»

Shirin Ebadi est une femme d’une énergie et d’une conviction évidentes. Elle a donné l’exemple du résultat d’une enquête selon laquelle une grande majorité du peuple ira-nien soutient le programme nucléaire de son gouvernement. Elle a interrogé l’agence Gallup sur ses méthodes, ridicules, selon elle. Dans une dictature, interroger les gens par téléphone et penser qu’ils vont répondre sincèrement est une stupidité ! Shirin Ebadi a également fait allusion à la campagne

Facebook «  Israël loves Iran  » (108 418 likes) à laquelle les Iraniens ont répondu par « Iran loves Israël » (29.914 likes). Je me dis que bien sûr les Israéliens sont 7.600.000 à peu près (dont 76% de Juifs environ) tandis que la population iranienne atteint presque 78 millions… Mais la liberté d’expression n’est pas comparable… Les presque 30.000 likes iraniens sont très courageux et je les salue tous un à un. Shirin Abadi poursuit  : les peuples doivent se parler et créer des liens entre eux, passer outre leurs dirigeants. Je me dis que tout cela est très enthousiasmant, mais l’opinion de son peuple sera-t-elle un bouclier suffisant face à la haine de ses diri-geants ? Shirin Ebadi a terminé par ses mots : « Ne laissons pas les trente dernières années faire oublier les trois mille ans de civilisa-tion iranienne ». Nous sentions qu’elle avait encore beaucoup de choses à nous dire.

Hans-Gert Pöttering a tenu à exprimer sa « gratitude et admiration pour tout le travail accompli par le Projet Aladin » et a rappelé que l’Union européenne se devait de « faire tout son possible » pour ressusciter le pro-cessus de paix au Moyen-Orient ».

Se focalisant sur la coexistence en Europe, Nilüfer Göle, anthropologue franco-turque, s’est réjouie du fait que «  le Projet Aladin peut aujourd’hui être un passeur entre Juifs et Musulmans en Europe. »

Pour conclure, Anne-Marie Revcolevschi rappelé que le Projet Aladin « se trouve au cœur des réflexions abordées lors de cette journée » : « l’éducation n’est peut-être pas suffisante mais elle est indispensable car c’est sur l’ignorance que se forgent l’intolé-rance et la haine. Nous ne pouvons pas faire l’économie du passé ; plus que de l’histoire, c’est une réflexion sur l’histoire qu’il faut apporter à la jeunesse. » ■

samedi 20 avril (acharé mot Kedoshim)

samedi 18 mai (nasso)

après l'office de shacharit à 10h30cercle d'étude de la parasha

"Kené leKha h’aver"עשה לך רב וקנה לך חבר

Basé sur la notion de "Assé lekha rav veKané lekha H’aver", qui signifie: "Trouve-toi (fais-toi) un maître et acquiers un compagnon [d’étude]",

ce Cercle d'Etude est animé par et pour les membres, avec le soutien de rabbi Neiger.

Chaque session se tient le troisième samedi du mois vers 13heures, après l'office de shabbat, et est précédée d'une brève collation (apportez votre lunch, sans viande ni volaille).

Nous nous réunissons pour étudier ensemble et (re)découvrir les richesses que recèlent nos textes fondateurs.

inscrivez-vous au secrétariat au 02.332.25.28 ou [email protected].

ROSENBLUM

le shofar

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Ce matin pour la première fois j’ai lu devant vous une partie de la parasha Mishpatim : choisir une partie de ce texte si riche était très difficile. Pourtant, un verset a particu-lièrement attiré mon attention.Il est célèbre : « œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied… » chapitre 21 verset 24.Ce verset est la loi du talion, en Hebreu « middahke-negedmiddah »

La loi du talion peut elle être lue mot pour mot ?Je pense que pour beaucoup d’entre nous la réponse est oui pour des actes sans gravité.Notre instinct nous pousse à appliquer « œil pour œil, dent pour dent… » quand il s’agit de petites choses.

Par exemple, lorsque Salomé abîme mes affaires, j’ai envie de lui rendre la pareille. Cette façon de percevoir la loi du talion, on la retrouve principalement dans le code d’Ham-mourabi. Cet ancien code n’était cependant pas très égalitaire car le préjudice était com-pensé en fonction de l’importance sociale de la victime.

Mais en fait est-ce cela loi du talion ?Réfléchissons à sa signification et essayons de l’appliquer à un cas concret.Prenons par exemple ma sœur… : je me suis aperçue que cette loi, si elle était appliquée tel quel, allait forcement vers une surenchère de violence et de vengeance.

C’est donc tout naturellement que j’ai cher-ché une autre interprétation au verset 24. En y raccrochant le verset précédent « Si, des hommes ayant une rixe, l'un d'eux heurte une femme enceinte et la fait avorter sans

autre malheur, il sera condamné à l'amende que lui fera infliger l'époux de cette femme et il la paiera à dire d'experts. Mais si un malheur s'ensuit, tu feras payer corps pour corps. »

On retrouve une autre explication qui s'ap-puie également sur le texte ci-dessus dans (Dévarim 22:19) : « et ils le condamneront à payer cent sicles d'argent, qu'ils remettront au père de la jeune femme, parce qu'il a émis un bruit calomnieux sur une vierge d'Israël; de plus, elle restera sa femme, il ne pourra la répudier de sa vie. »

C’est au versement d’une somme d’argent qu’il sera condamné. On peut en déduire que la loi du talion telle que les rabbins du Talmud l’on expliquée et l’ont appliquée est avant tout une compensation plutôt qu’un échange.

Dans la voix de la Torah l’auteur nous parle de la loi du talion en ses termes, « le talion est la négation du juridisme empirique ou poli-tique d’une cité ou d’un empire, des écono-mies, de grâce des religions, des équilibres approximatifs des systèmes humains. Mais il est l’affirmation que tout se pèse et dès le présent autant que dans l’avenir, indivi-duellement et collectivement.

Aucun des systèmes de rechange si souvent pro-posés n’atteint le même degré de logique, de jus-tice, aussi d’efficacité morale et pédagogique. »

C’est une vision un peu ancienne mais j’y vois que, comme souvent, ce que nous apprend la Torah est toujours d’actualité. Bien que décriée dans le cadre de la loi du talion, on n’a pas trouvé d’égale ni même de substitut pendant longtemps.

La loi du talionpar laura nicais

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NOs BNEï miTzvah

C’est avec l’appui du Talmud que bien des lois restent vivantes et adaptable à notre époque. Tout comme l’interprétation de la loi du talion nous devons toujours faire évoluer notre vision de la Halakha.

En conclusion, je pense que la loi du talion ne doit pas être lue littéralement. J’ai toujours appris que dans le judaïsme il ne fallait pas lire mot pour mot ce qui est écrit car il y a tant de subtilités qui se cachent derrière les textes bibliques.

Par exemple. Si nous prenons la première et la dernière lettre de la Torah ; « Bet et Lamed » et que nous les inversons nous obtenons le mot « Lev », le cœur. Car avant tout l’étude de la Torah se fait avec le cœur. Tout ça pour dire qu’il faut aller plus loin que ce que nous voyons en premier, c’est comme ça que nous

apprendrons à évoluer et adapter chaque cir-constance de la Torah a notre vie actuelle.

Je tiens à remercier de tout cœur Marc Neiger pour sa disponibilité, son aide, ses encouragements et sa gentillesse. Je remer-cie également Catherine Neiger, pour ses conseils judicieux, et de m’avoir permis de me dépasser.

Marc et Catherine je voulais tous les deux vous remercier d’avoir partagé cette aven-ture avec moi. Je tiens aussi à remercier mes parents pour leur soutien et leur amour.

Je remercie aussi ma famille d’être présente aujourd’hui.Je remercie profondément toute la commu-nauté pour sa présence tout au long de mon parcours. ■

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agENDa avril - mai 2013

aVRILLundi 01/04/2013 Dernier jour de PessachVendredi 05/04/2013 18:30 Kabbalat shabbat Ledor vadorSamedi 06/04/2013 10:30 26 Nissan - Parashah SheminiDimanche 07/04/2013 14:00 Koltov, Ensemble vocal (page 13)Lundi 08/04/2013 18:30 Yom Hashoah Cérémonie au Memorial d'Anderlecht (page 7)Jeudi 11/04/2013 Rosh Chodesh IyyarVendredi 12/04/2013 19:00 Kabbalat shabbat suivi d'un Oneg shabbat offert par le comité "Vie Communautaire" (page 33)Samedi 13/04/2013 10:30 3 Iyyar – Parashah Tazria-MetsorahLundi 15/04/2013 Yom HaZikaronMardi 16/04/2013 Yom HaAtzmaout 15:00 Café Klatsch (page 27)Vendredi 19/04/2013 19:00 Kabbalat shabbatSamedi 20/04/2013 10:30 10 Iyyar – Parashah Acharé Mot-Kedoshim 13:00 "Kené Lekha Chaver" (page 19) Cercle d'étude de la parashah de la semaineDimanche 21/04/2013 14:00 Koltov, Ensemble vocalVendredi 26/04/2013 19:00 Kabbalat ShabbatSamedi 27/04/2013 10:30 17 Iyyar – Parashah Emor 13:00 Cercle d'exploration midrashique "A la poursuite du Leviathan" (page 19)Dimanche 28/04/2013 Lag BaOmer 14:00 Koltov, Ensemble vocal

Mercredi 01/05/2013 Fête du Travail (bureau fermé)Vendredi 03/05/2013 18:30 Kabbalat shabbat Ledor vadorSamedi 04/05/2013 10:30 24 Iyyar - Parashah Bechoukotaï Bar Mitsvah de Jonas Costens-BauwensMardi 07/05/2013 15:00 Café Klatsch (page 27)Vendredi 10/05/2013 Rosh Chodesh SivanSamedi 11/05/2013 10:30 2 Sivan – Parashah BamidbarDimanche 12/05/2013 14:00 Koltov, Ensemble vocalMardi 14/05/2013 19:00 Erev Shavouot - OfficeMercredi 15/05/2013 07:45 Shavouot – Office 09:00 Petit-déjeuner communautaire (page 23)Vendredi 17/05/2013 19:00 Kabbalat shabbat Oneg shabbat des Bné Mitsvah (page 22)Samedi 18/05/2013 10:30 9 Sivan – Parashah Nasso 13:00 "Kené Lekha Chaver" (page 19) Cercle d'étude de la parashah de la semaineVendredi 24/05/2013 19:00 Kabbalat shabbatSamedi 25/05/2013 10:30 16 Sivan – Parashah Beha'alotekhaDimanche 26/05/2013 14:00 Koltov, Ensemble vocal

MaI

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NissaN – iy yar – sivaN 5773

COURS ET aCTIVITES  Informations et inscriptions au 02.332.25.28 - E-mail: [email protected]

Judaïsme, Pensée et Pratique - Cours d'initiation au Judaïsme Rabbi Marc NeigerTous les lundis de 19h00 à 21h30Tous les mardis de 9h30 à 12h00SAUF lundi 08/04, 22/04 et 27/05, mardi 09/04, 23/04 et 28/05

Talmidi – Cours de Talmud TorahInfos: Josiane Goldschmidt au 0477.23.88.62Tous les mercredis de 14:00 à 17:00SAUF 03/04, 10/04, 01/05 et 15/05 (congés scolaires)

Exploration Midrashique – Cercle d’étudeUn samedi tous les deux mois, après l’office« A la poursuite du Leviathan »

Kené Lekha Chaver – Cercle d’étudeChaque troisième samedi du mois, après l'office« Etude de la parashah de la semaine »

Koltov - Ensemble vocalInfos: Myriam Abraham 0478 59 94 05Martine Cohen 0477 70 73 23

Café KlatschRéunion conviviale un mardi par mois pour les seniors avec thé, café et gâteaux de 15:00 à 17:00

BibliothèqueGaëlle SzyfferTous les lundis de 17:30 à 20:00: accueil et permanence Autres jours possibles sur rendez-vous.Heures d'ouverture:du lundi au jeudi de 09:30 à 12:30 et de 14:30 à 17:00. Vendredi de 09:30 à 12:30.

Rikoudei Am – Cours de danses israéliennesInfos: Shimon Bitton au 0471.60.07.43Tous les lundis de 20:00 à 22:00

Vendredi 31/05/2013 18:30 Kabbalat shabbat Ledor vador Suivi d'un repas communautaire Talmidi Fête de fin d'année académique (page 45)

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iN mEmOriam

C'est le cœur déchiré que je viens m'associer à votre prière, aux larmes de Monique. Je la revois grande, élégante, toujours soignée.

Elle a accompagné nos efforts à Beth Hillel pendant des années avec une constance exceptionnelle qui était tissée de ferveur et de détermination. Monique était une grande dame et une grande âme: grande dame par son caractère fort, quand elle n'était pas d'ac-cord elle le montrait, tout en étant toujours ouverte au dialogue.

Une grande âme, elle aimait Beth Hillel et était présente et agissante dans tous les domaines de la vie communautaire. Elle a longtemps fait partie du conseil de la communauté, elle aimait aussi l'étude, surtout le Midrash, lecture infinie de nos textes fondateurs où les rabbis déploient une liberté et une audace d'interpré-tation jusqu'aux limites du pensable comme des gens qui, de toute la force de leurs poings, frap-peraient aux portes de l'univers, un questionne-ment incessant pour donner sens à nos vies …

Elle a été longtemps rédactrice du Shofar où elle a beaucoup écrit: des interviews, des biographies de personnalités célèbres, et la traduction du livre sur Yossel de Rosheim, avec vous, Monsieur Raphaël.

Elle s'occupait aussi de la bibliothèque: ache-ter les livres, gérer, encourager les lecteurs.Le café Klatsch pour lequel elle s'est tant dévouée pour essayer de rompre la solitude des gens âgés et seuls. Il y avait aussi la visite

des malades : elle venait me chercher et c'est elle qui me soutenait.

Mais surtout, elle portait un rêve, celui d'un monde meilleur, plus juste. Elle allait jusqu'à accueillir des gens dans la rue et j'ai dû la mettre en garde …

Elle était régulière aux offices qu'elle aimait. Je revois sa joie quand Myriam, sa fille, l'a rejointe dans l'étude des traditions de notre vieux peuple, sa joie de vous avoir rencontré, Monsieur Raphaël. Elle avait une admiration pour votre travail universitaire et elle me parlait souvent de vous. Dans une lettre du 12 octobre, elle m'a annoncé votre mariage avec une émotion contenue, comme toujours chez elle.

C'était une femme forte, «  échet haiyl  » (Proverbes 31), sur tant de plans: affectif, professionnel, social, religieux et humain.

Mais Monique c'était encore autre chose. Pour moi, elle représentait le miracle juif: élevée en chrétienne, que tant de facteurs devaient éloigner de la maison d'Israël, pro-digieusement, elle retrouva son peuple, et, à côté de nos frères chrétiens, redécouvrit dans nos traditions la cohérence, les clartés et l'esprit de liberté.

Elle s'en est allée, si soudain, trop vite, alors qu'elle était encore pleine d'énergie, de désir d'agir, de servir, d'aimer. Elle s'en est allée comme un arbre qu'on abat.

In memoriam Ruth Monique Bat Yitzhaq Halevi Ebstein

par rabbi abraham Dahan

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le shofar

On a beau savoir que nous ne sommes que des passagers, que nos vies ne sont pas dans nos mains … Et pourtant, puisse la souffrance et votre peine, amis, ne pas fermer l'horizon.

Elle nous manquera, elle manquera à Beth Hillel et son nom et sa mémoire sont toujours évoqués avec une bénédiction.

Gardez le souvenir d'une femme exception-nelle. Elle a rejoint son créateur, qu'elle a aimé et cherché par son action et sa vie.

A son mari, Freddy Raphaël, à ses enfants, à tous ceux, nombreux qui l'ont connue et aimée, je voudrais redire ma très profonde sympathie. ■

envie de nous écrire ? de participer à la rédaction du shofar ?

n’hésitez pas et contactez nous , par courrier, e-mail ou téléphone!

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iN mEmOriam

En décembre 2008, j’annonçais dans le Shofar la parution d’un livre intitulé « L’avocat des Juifs – les tribulations de Yossel de Rosheim dans l’Europe de Charles Quint »1, initiale-ment écrit par Selma Stern en langue alle-mande en 1959 et dont notre amie Monique Ebstein venait de terminer la traduction fran-çaise, conjointement avec celui qu’elle allait épouser quelques années plus tard, Freddy

Raphaël, professeur émérite de sociologie à l’Université de Strasbourg.

Cet ouvrage, remarquablement documenté sur l’Alsacien Yossel de Rosheim, dont la per-sonnalité exceptionnelle rayonna à travers tout le Saint Empire Romain Germanique au temps du règne de Charles Quint, avait requis de Monique beaucoup d’exigence et ce, aussi bien dans la compréhension adéquate de la contextualisation de l’Histoire qui y était contée que dans le travail de traduction pro-prement dit.

Avec la publication de ce livre, elle avait réa-lisé un objectif essentiel à ses yeux : faire sortir de l’oubli le destin d’un homme hors du commun que la recherche sur les racines alsaciennes ancestrales de sa propre famille avait inopinément mis sur son chemin. Monique, donc, avait été profondément heu-reuse d’avoir accompli ce qu’elle estimait – à juste titre - constituer un important devoir de mémoire. Car en effet, son ardeur au travail allait permettre aux générations présentes et futures de langue française d’enfin appré-hender l’extraordinaire parcours de vie du « Commandeur » des Juifs de l’Empire et qui vécut à un des moments les plus cruels de l’histoire des Juifs d’Allemagne.

Accompagnée du Professeur Raphaël, elle parcourut donc universités et librairies, dédicaçant leur ouvrage tantôt à Rosheim ou à Strasbourg, tantôt à Lyon, Metz ou à

a la mémoire de Monique Ebstein z’’l

Jacqueline Wiener-henrion

Monique Ebstein

1 L’Avocat des Juifs – Les tribulations de Yossel de Rosheim dans l’Europe de Charles Quint, Selma Stern, traduit de l’allemand par Freddy Raphaël et Monique Ebstein, éd. La nuée Bleue, 2008, 318 pages.

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le shofar

Bruxelles. Au gré des conférences et autre Journée européenne de la Culture juive au cours desquelles elle présentait le héros du jour, elle participa même, en février 2009, à un débat télévisé diffusé sur France 3 et sur ARTE à la suite d’un documentaire consacré à l’histoire de la communauté juive dans le Bassin rhénan2.

Le succès du livre aidant, commença bientôt pour les auteurs la contribution scientifique aux expositions itinérantes organisées dans les villes françaises et allemandes où Yossel de Rosheim avait séjourné.

La transmission opérait. Avec brio. D’ailleurs, qui ne se souvient de la clarté de l’exposé de Monique à Beth Hillel, quelques semaines après la présentation de son ouvrage dans ces colonnes, devant un imposant parterre de personnes captivées par son propos ? Celles et ceux qui étaient habitués, jusqu’alors, à ne voir en Monique qu’une dame affable fidèlement présente aux offices lorsqu’elle ne séjournait pas dans sa chère Alsace, souvent de noir vêtue, les yeux malicieux cachés der-rière d’élégantes mon-tures sombres, décou-vrirent la richesse d’une personnalité hors du commun, faite d’une grande érudition, d’une curiosité intellectuelle jamais assou-vie et d’un farouche amour pour le judaïsme.

Ce que le public non averti d’alors ignorait encore, c’est que Monique incarnait la ferveur personnifiée. D’abord à l’égard des siens, dont

elle aimait à égrener les évènements mar-quants de leur quotidien par petites touches discrètes afin, pensait-elle sans doute, de ne pas importuner l’interlocuteur du moment.

Ensuite à l’égard des autres, de tous les autres, surtout lorsque ceux-ci avaient à affron-ter les vicissitudes d’une existence malmenée.

Car c'était cela aussi, Monique  : une disposi-tion remarquable à s’in-téresser et à se dévouer à autrui. Interprète auprès des Institutions Européennes plusieurs décennies durant, sa

carrière professionnelle avait été le plus souvent parée d’écouteurs et de micro réso-lument anonymes  ; c’est là pourtant, dans le gigantisme de cet univers administra-tif chaque jour un peu plus impersonnel à mesure que se construisait l’Europe, qu’avait germé son indéfectible penchant pour l’infi-niment Humain.

Strasbourg, Journée européenne de la Culture juive. Dédicace de l’ouvrage sur Yossel de Rosheim

« La justification de l'existence de l'Etat d'Israël

en tant qu'Etat juif, réside dans l'application

par Israël des valeurs fondamentales du

Judaïsme dont la première est la Justice »

Monique Ebstein

2 Thema : Tolérés, suspectés, persécutés, les Juifs dans l'Europe du Moyen-Âge. Histoire de la communauté juive dans le Bassin Rhénan, documentaire réalisé par Vincent Froely. ARTE, 8 février 2009 et FRANCE 3 ALSACE, 14 février 2009. Projection suivie d'une rencontre animée par J. Fortier et M. Seemann, avec V. Froehly, réalisateur, F. Raphaël et M. Ebstein, préfaciers et traduc-teurs du livre "L'Avocat des Juifs", F. Rapp et G. Bischoff, historiens.

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iN mEmOriam

Monique était constamment soucieuse du plus faible, de sa santé, de son bien-être matériel ou affectif. Son sens aiguisé de la justice et de l’équité, que d’aucun pouvait par-fois erronément percevoir comme la marque d’une certaine rigidité d’esprit, s’accommo-dait mal des imperfections de l’âme. Aussi ne s’accomplissait-elle complètement que dans le soutien sans faille apporté à celles et ceux dont elle percevait avec justesse un quelconque désarroi de vie.

Humaniste dans l’âme autant que détermi-née dans ses convictions, Monique affirmait avec force qu’elle n’aimait que la paix entre les peuples. Elle détestait que l’on détestât « l’autre » et le rappelait volontiers, de préfé-rence sur les forums et en dédaignant osten-siblement le bouclier relatif de l’anonymat. Elle n’hésitait pas, s’agissant d’Israël, à faire fi de toute considération géopolitique et pla-çait volontiers péremptoirement l’exigence d’éthique juive au centre du débat.

Monique, ma complice, mon amie, que de rires discrets n’avons-nous pas partagés ensemble, lorsque nous siégions au Conseil d’administration de la CILB ! L’humour

caustique dont elle pouvait faire preuve n’avait d’égal que sa capacité remarquable à traduire sur des petits bouts de papier vite griffonnés le cocasse parfois présent à cette ô combien précieuse assemblée décision-nelle ! A vrai dire, la première fois que nous nous sommes réellement parlées, ce fut de manière beaucoup plus sérieuse, à l’époque où moi-même rédactrice en chef du Shofar, je cherchais désespérément de nouveaux auteurs pour remplir les pages du mensuel. Elle avait répondu positivement à mon appel, ignorant alors que quelques années plus tard, elle serait amenée à prendre à son tour les rênes de la rédaction3.

Après quelques articles sporadiquement publiés4, sa plume se réalisa réellement là où elle avait décidé de conduire ses futurs lecteurs : dans les fondements de la pensée juive moderne. Elle décortiqua l’œuvre de Leo Baeck5, poursuivit avec André Neher et Gershom Scholem6 tout en recensant régulièrement les dernières publications qui avait retenu son attention7. Vie com-munautaire8, contenu mémoriel9, libre opi-nion10 et compte-rendu de conférences11 s’entremêlèrent sous sa signature avec

3 Le Shofar n°311, Février 2010, 53 pages.4 Le Shofar. Le Judaïsme alsacien, n°265, avril 2005, p.37 ; Foi et raison, n° 272, février 2006, p. ; Vezot Ha Tora, n°278, décembre 2006

p.27 ; Nelly Sachs- Ethique et modernité, n°287, septembre 2007 p.34 ;André Chouraquiz’’let Saul Friedländer, n° 289, décembre 2007, p.43 ; Les «Stolpersteine» ou «Ces pavés qui font trébucher», n°291, février 2008 ;

5 Le Shofar. Leo Baeck-d’une lignée de Rabbins», n°291, février 2008, p.34 ; La pensée de Léo Baeck, n°293, avril 2008, p.40 ; La pensée de Leo Baeck(1873-1956) – suite, n°297, septembre 2008, p.23 ; Leo Baeck : l’essence du judaïsme, n°298, décembre 2008, p.18 ; Leo Baeck : L’ Essence du Judaïsme - Croire en l’homme, n°302, mars 2009, p.29 ; Leo Baeck: L’Essence du Judaïsme, Croire en l’humanité, n°306, juillet 2009, p.19 ;

6 Le Shofar. Gershom Scholem, n°307 septembre 2009, p.17 ; Gershom Scholem (3), traduction, n°311, février 2010, p.23 ; Gershom Scholem (4), n°312, avril 2010, p.16 ; Gerschom Scholem (5), n°315, juin 2010 p.20;Hommage à André Neher, n°307, septembre 2009, p.21 ;

7 Le Shofar. Lu pour vous :n° 282, mars 2007, p.18 ; n°289, décembre 2007, p.47 ; n°291, février 2008, p.57 ; n°293, avril 2008, p.46 ; n°312, avril 2010, p. 35 ; n°315, juin 2010, p.48 ; n°317, septembre 2010, p.40 ; n° 319, décembre 2010, p.33 ; n°323, avril 2011, p.48

8 Le Shofar. Interview d’Anne De Potter, n°315, juin 2010, p.31; Interview de Josiane Goldschmidt, n°317, septembre 2010, p.20 ; Interview d’Henri Lindner, n° 319, décembre 2010, p.26 ; Interview de Rabbi Dahan, n°329, décembre 2011, p.11 ; In memoriam Giny Sussweinz’’l, n°326, septembre 2011, p.52

9 Le Shofar. Moses Mendelssohn (1729-1786), n°317, septembre 2010, p.14;Moses Mendelssohn (2), n° 319, décembre 2010, p.12 ; Moses Mendelssohn (3), n°323, avril 2011, p.19 ; Moses Mendelssohn (4), n°325, juin 2011, p.16 ; Moses Mendelssohn (5), n° 326, septembre 2011, p.29 ; Selma Stern, n°302, mars 2009, p.35

10 Le Shofar. Vertus chrétiennes héroïques?, n°311, février 2010, p.4811 Le Shofar. Introduction à la littérature biblique et rabbinique, Compte-rendu d’une conférence du Rabbin David Meyer, n°311,

Février 2010, p.19 ;

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le shofar

Poème d’adieu à Monique Ebstein

Quand le soir viendraJ’entendrai ta voixCette douce et belle voixMonique, elle sera de toi

L’instant est bien douxDe se souvenirDe ces moments fousQui nous ont fait sourire

Que de choses à faire réfléchirQue de livres à faire lireIls nous attendent sur l’étagèreEt rempliront notre vie entière

Ton âme généreuse vient de nous quitterMais elle ne sera pas oubliéeEt notre tendresse t’accompagnePour la dernière journée

adèle lindner

une fidèle constance à laquelle elle mit un terme fin 2011.

Approximativement aux derniers temps de ses fonctions à la tête du Shofar, Monique termina un deuxième travail à nouveau conjointement rédigé avec Freddy Raphaël. Publié dans un ouvrage collectif en 2012, cette contribution à un livre consacré aux cimetières juifs alsaciens de Wintzenheim et Rosenwiller12 portait sur l’histoire des Juifs du premier de ces deux villages, les person-nalités qui y étaient inhumées et la place du

cimetière dans la relation à la mort des Juifs d’Alsace.

Monique s’épanouissait au fil du temps. Elle écrivait, étudiait, continuait à organiser les ‘Café Klatsch’ de Beth Hillel et rédigeait encore. Elle s’abreuvait à plus soif de ce judaïsme dont l’Histoire l’avait trop long-temps privée. Sa vie s’annonçait emplie de jolis nouveaux projets auprès de celui qu’elle admirait tant et qu’elle venait d’épouser.

Le destin est parfois bien cruel. ■

12 Cimetières juifs d’Alsace, un patrimoine à préserver. Collection Recherches et Documents – Tome 83, Publications de la Société Savante d’Alsace en coédition avec l’Association pour la connaissance et l’étude du patrimoine de l’Alsace, 2012.

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ENviE DE l i ( v )rE

Journal du ghetto de Varsovie de Chaïm A. Kaplan Chronique d’une agonieEd. Calmann-LévyCollection Mémorial de la ShoahISBN: 978-2-70214-003-1472 pages

Ecrite en hébreu et traduite d’abord en anglais en 1965, voici l’une des chroniques les plus systématiques, rapportant minu-tieusement presque jour après jour le destin des Juifs de Varsovie, depuis l’invasion alle-mande du 1er septembre 1939 jusqu’au 4 août 1942, veille de la déportation de l’auteur.

Dès les premiers jours du conflit, Kaplan a l’intuition prophétique que les Juifs seront confrontés à une forme de persécution qui, par sa radicalité, introduira une rupture sans précédent dans l’histoire des Juifs de Pologne et d’Europe.

L’homme connaît bien ses compatriotes polonais  : il critique l’absurdité des déci-sions militaires prises pendant le siège, le discours nationaliste enflammé et agressif, dont les Juifs varsoviens feront les frais pendant les derniers mois de l’année 1939.

Kaplan n’utilise quasi jamais le mot alle-mand, que ce soit en substantif ou adjectif.

Il préfère l’appellation « les vainqueurs ». La description sans concession de leur com-portement à l’égard de la population, leur cruauté, leur volonté d’avilir petit à petit la communauté juive, dans le contexte global de la fantasmagorie nazie d’établir un Reich mil-lénaire, induit un renversement des positions où le vaincu tire de son analyse une hauteur morale qui, à ce moment –là des événements, lui permet de supporter les humiliations quotidiennes.

Kaplan fait partie des premiers proprié-taires à être dépossédés de leurs appar-tements. Il sauve de justesse quelques meubles en les évacuant par une fenêtre arrière. Lorsqu’il réintègre enfin son loge-ment, tout le mobilier restant a disparu .Il consigne ainsi dans son journal son impres-sion d’avoir été nettoyé par le vide, sinistre préfiguration de ce qui l’attend trois ans plus tard.

Observateur attentif de l’évolution politique entre l’Allemagne et la Russie, il se concentre peu à peu sur ce qu’il appelle la juiverie polo-naise, recueille les témoignages concernant d’autres communautés juives chassées de leur lieu de vie et exilées vers d’autres centres urbains. Le déplacement de population s’opère régulièrement sans que l’on perçoive la réelle ampleur et qu’on puisse définir la finalité de ces bouleversements . Il dresse la liste des vexations, des interdictions

70ème anniversaire de la révolte du ghetto de Varsovie

par isabelle telerman

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le shofar

multiples qui privent la communauté juive de sa liberté, de ses biens, de ses sources de revenus.

Enseignant, il est particulièrement sensible à la fermeture des écoles. L’interruption de l’éducation est pour lui le signe de la volonté des vainqueurs d’écarter, d’isoler et d’appau-vrir tant économiquement qu’intellectuelle-ment la population juive de la ville. Négliger l’éducation est pour lui le symptôme d’une volonté manifeste d’étouffer dans l’œuf l’avenir d’un groupe humain. Il critique à cet égard les membres du Judenrat, leur oppor-tunisme, leur médiocrité, l’attitude ouver-tement assimilationniste d’avant-guerre de certains d’entre eux, le mépris profond qu’ils cultivent à l’égard de leurs coreligion-naires. Il traitera Cziernakow d’imbécile, de schmendrik , même s’il reconnaît l’accuser parfois injustement d’être responsable des

ordonnances absurdes qui s’abattent sur la communauté.

Kaplan assiste à la construction des murs qui délimiteront définitivement le ghetto en octobre 1940. Ayant lui-même vécu la situa-tion d’être dépossédé de son logement, Kaplan décrit l’invraisemblable échange de popula-tion qui s’opère désormais entre le quartier aryen et le quartier juif. De sa fenêtre, il voit les files interminables de charrettes, char-gées de matelas, de vaisselle, de meubles. Des vies quotidiennes sont à présent réduites à quelques valises. Le désarroi, l’angoisse, la sidération se lisent sur les visages. Ce qui caractérise désormais le ghetto est sa surpo-pulation mais aussi ses fractures sociales exposées en plein jour par la perversité nazie. L’argent permet à une infime minorité de sur-nager, la grande majorité de la population est condamnée à la misère, la promiscuité, la

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ENviE DE l i ( v )rE

recherche incessante de nourriture, à la fré-quentation aléatoire des soupes populaires. Kaplan décrit avec minutie le fonctionnement des comités d’immeubles, qui se sont révé-lées un formidable outil de solidarité. Mais Kaplan dénonce la corruption des concierges, des policiers juifs, des employés de désin-fection. Kaplan pointe le triomphe des mes-quineries individualistes au détriment d’une solidarité de groupe.

Se dessine ainsi une dimension arbitraire implacable qui surprend l’innocent dans la rue, qui ne répond à aucune logique. L’habitant du ghetto lutte inégalement contre le froid, la faim, les épidémies et la mort. La mort qui rôde quotidiennement. Que l’on côtoie dans la rue en enjambant les cadavres d’enfants, recouverts d’une feuille de papier.

Kaplan s’attarde sur la position particulière-ment fragilisée de l’intellectuel privé de son métier et peu susceptible d’être engagé dans un des nombreux ateliers du ghetto, produi-sant pour des patrons allemands. Apprenant le décès de ses amis, Kaplan loue leur culture, leur éducation, leur modestie, leur contribu-tion précieuse en tant que linguiste, traduc-teur, ce qui vaut au lecteur de notre époque des passages extraordinairement actuels sur la distinction entre le talent et la célébrité.

Mais Kaplan n’écrit pas pour un lecteur. Il est animé par la conviction qu’écrire tout ce dont il est le témoin est un devoir moral, celui

de porter le témoignage de la disparition progressive du monde dont il est issu. Cette tâche lui impose-t-elle d’être extrêmement discret sur sa vie privée, dans l’expression de ses propres sentiments. Marié, il parle à deux ou trois reprises de sa femme. Celle-ci sera atteinte du typhus. Il décrit son état de santé, sa grande fatigue, sa fièvre, son accablement. Jamais il n’exprime la crainte de la voir mou-rir mais la transcription quasi clinique de son état trahit le déni de la douleur angoissée dans laquelle il se trouve.

Le printemps 42 voit s’accélérer la violence physique dans le ghetto. La multiplication des assassinats à bout portant dans la rue, au grand jour, d’inconnus soupçonnés de contre-bande ou l’effraction brutale et sauvage au milieu de la nuit apportent quotidiennement leur lot de cadavres jonchant au matin les trottoirs ou les entrées des immeubles. Les cadavres sont dépouillés par leurs assassins.Kaplan rapportera le bouclage de certains quartiers, l’encerclement des immeubles et la longue masse humaine qui s’étire vers l’Umschlagplatz. Il recueille le témoignage d’un rescapé de Lublin : le récit de ce dernier ne lui laisse plus aucune illusion. Le légen-daire optimisme juif est réduit en cendres.

Les dernières entrées décrivent l’attente du couperet qui tombera avec certitude. La veille de sa déportation à Treblinka, Kaplan ne se soucie que d’une seule chose : que deviendra son journal après sa disparition. ■

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le shofar

J'ai fait connaissance de Nadine Iarchy le 11 novembre 2010, dans le cadre de la Journée de rencontre entre Juifs et Chrétiens, organi-sée par les Sœurs Notre Dame de Sion. C'était une de mes premières démarches dans le monde de dialogue inter-convictionnel.

Nous avions choisi le même groupe de tra-vail dans l'après-midi et nous avons échangé quelques propos à la sortie, notamment sur les visites de synagogues par des écoliers. J'ai ainsi appris qu'elle était une juive anver-soise, rompue à ce genre d'exercices depuis de nombreuses années. Son expérience me semblait très intéressante et nous nous sommes revues, notamment dans le cadre du Projet Aladin dont je vous ai déjà parlé.

J'ai souhaité vous la présenter.

Dynamique, souriante, très claire dans ses explications, Nadine peut aussi remettre les pendules à l'heure d'un haussement de sourcil.

Nadine Iarchy est Vice Présidente du Conseil international des femmes juives, responsable en outre de son comité inter-religieux et inter-culturel, jusqu’en 2014.

Elle fait partie du Network des « Femmes de foi pour l’Europe », organisation qui dépend de l’organisation mondiale « Religions for Peace ».

Sur présentation de « Foundation for Ethic Understanding », elle est co-fondatrice de «International Women’s Twinning », dans le cadre du Congrès Mondial Juif.

Je vous invite bien évidement à consul-ter les sites internet pour de plus amples informations.

Nadine, quelle est ton histoire familiale ?Mon père est né à Anvers en 1910. Après des études d'ingénieur à Liège, il a travaillé pour General Motors, à Anvers.

Ma mère est née à La Haye en 1920. Elle n'a pas eu l'occasion de terminer ses études de philologie romane à l'ULB.

Juste après leur mariage, en 1939, mon père a été mobilisé. Au départ de la plage de Dunkerque, en mai 1940, il a nagé jusqu'à un gros bateau anglais pour rejoindre Londres. Heureusement qu'il n'a pas suivi les recom-mandations de l'Ambassadeur de Belgique sur place, à savoir rentrer en Belgique puisque le Roi avait signé l'Armistice !

Recueilli par la soeur de son père, qui habitait Londres, il s'est présenté devant les ministres belges, arrivés peu après lui. C'est ainsi qu'il a participé à la création des Forces Libres en Angleterre.

Nadine Iarchy et le dialogue inter-convictionnel par anne De potter

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OuvErTs sur lE mONDE

Ma mère a pu le rejoindre en passant par Bordeaux, avec ses parents, et mon frère est né à Londres en 1943.

Mon père a libéré Bruxelles et Anvers où il est resté jusqu'en 1945 en tant qu'officier de liaison, grâce à sa connaissance du néerlan-dais, du français et de l'anglais.

Après la guerre, il a poursuivi toute sa car-rière au sein de General Motors.

Je suis née en 1946 dans cette famille juive traditionnelle. J’ai reçu les prénoms officiels de Nadine, Marthe, Simone (pour Malka-Sara, prénom d’une ancêtre). Mon prénom hébraïque est donc Malka, Reine.

La plupart des membres de ma famille élargie a pu sur-vivre, en suivant diverses trajectoires. Nous fêtions tous ensemble les grandes fêtes (Rosh Hachana, K ippou r e t Pe s s a h), Hanoukka et Pourim étaient perçues comme des fêtes enfantines sans réelle connotation religieuse.

Nous allions à l'école publique, même shab-bat, et cela ne posait pas de problème, ni pour l'école, ni pour les élèves.

Et la famille que tu as créée, maintenant que tu es grand-mère ?Je me suis mariée très jeune, avec un médecin, et nous sommes devenus parents rapidement.

Mes enfants ont suivi le même parcours sco-laire que moi, mais l'ambiance avait changé; elle n'était plus si ouverte, ni au niveau des enseignants ni au niveau des élèves. Moi j'étais invitée à tous les anniversaires des copines, pas eux. Ils étaient socialement iso-lés, même s'ils faisaient partie d'un mouve-ment de jeunesse juif.

C'était problématique car ils étaient les seuls enfants juifs de la classe. A Anvers, les autres enfants juifs allaient à l'école Tachkemoni, du genre Maïmonide à Bruxelles.

Comment as-tu commencé le dialogue inter-convictionnel ?J'ai été contactée par le groupe de dialogue judéo-chrétien et j'ai participé à des ren-contres familiales mensuelles. Nous nous recevions les uns chez les autres pour trai-ter d'un thème parfois juif, parfois chrétien, parfois commun. Des neuf groupes il n'en reste qu'un, rassemblant des catholiques et des protestants. Les jeunes prennent diffici-

lement le relais.

Puis, je suis entrée dans le groupe d'organisation de ce dialogue et nous nous infor-mions tous les mois de ce qui se passait dans nos commu-nautés respectives.

C'est ainsi que je fais visi-ter la synagogue sépha-

rade d’Anvers à des non juifs, j’y explique le judaïsme. De fil en aiguille, et en prenant pour modèle “Marseille Espérance”, nous avons créé une plate-forme inter-conviction-nelle à Anvers.

Dans ce cadre, j'ai rencontré pour la première fois des Musulmans, d'origine marocaine et turque.

C'était facile avec le représentant marocain, plus problématique avec les Musulmans d'origine turque parce que leurs représen-tants changeaient tout le temps. Pour tra-vailler en confiance, il faut que le courant passe et donc une certaine continuité. Néanmoins, nous avons organisé quelques belles rencontres, mais en l'absence de femmes musulmanes...

Nous allions parler dans les écoles et, pour les élèves, voir un Juif et un Musulman

Il semble que l'indifférence et

la sécularisation, règnent très largement.

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le shofar

ensemble à la même table, c'était déjà toute une affaire, surtout après tel ou tel événe-ment entre Israël et Gaza, par exemple !

C'est vrai, les bons contacts personnels sont essentiels et ils se construisent avec le temps. C'est plus agréable, on travaille en confiance alors que les premières fois, on se demande toujours « comment vais-je être perçue, accueillie ? », surtout lorsque l'actualité est agitée. Quelques anecdotes ?Certaines associations organisent des visites avec participation financière, ils connaissent certains rites et symboles grâce à leur édu-cation chrétienne et les reconnaissent sur place. Une partie d'entre eux a connu la guerre et a été marquée, notamment par le sort des Juifs européens.

D'autres personnes sont obligées de venir (écoliers, infirmières, policiers) : les uns sont plus ou moins intéressés, les autres dorment sur leur chaise, capuchon de training sur les yeux, sans réaction de leur professeur ! Par contre, un jour, un professeur s'est tranquil-lement endormi dans son coin, ce qui eut pour résultat une excellente relation avec les élèves. Je crains que son retour à l'autorité ait été difficile !

Depuis plusieurs années une école anversoise fréquentée par une grande majorité d'enfants d'origine maghrébine organise une visite de la synagogue. La première fois, j'étais plu-tôt nerveuse et je n'arrivais pas à expliquer clairement des lois, à prendre à la lettre ou à interpréter selon leur esprit. Le professeur de religion musulmane est intervenu avec la main ouverte vers le haut et vers le bas, un geste que j'ai immédiatement reconnu, geste typique de l'école talmudique ! Devant mon étonnement, il a raconté devant toute la classe sa fréquentation de l'école juive de Casablanca qui lui a permis d'étudier.

Une autre fois, une école professionnelle a joué pendant toute mon explication avec les

petits lutrins attachés aux dos des chaises, en piteux état. C'était agaçant, mais à la fin de la visite, un élève s'est levé et a proposé au professeur que la classe consacre un mer-credi après-midi à leur réparation... pour me remercier.

Dernièrement, un élève de rhétorique, d'ori-gine maghrébine, m'a remerciée en me bai-sant la main, cela m'a fait chaud au coeur !

Du monde juif, seuls les ultra-orthodoxes sont visibles : on les reconnaît immédiate-ment en rue, etc. Lors de mes contacts, on me demande si je suis juive et si oui, pour-quoi je ne suis pas ultra-orthodoxe comme les autres. Pour les catholiques, il est admis de n'aller à l'église que pour les baptêmes, les mariages et les enterrements. Pas pour les Juifs, certainement pas aux yeux des musul-mans anversois qui me traitent parfois de « mauvaise juive », ce qui rejoint sans doute l'opinion de certains Juifs d'Anvers à mon égard, d'ailleurs.

L'identité juive est LA question : ni reli-gieuse, ni ethnique, la légitimité de faire ou non partie de ce groupe étrange, c'est compliqué à faire comprendre. Et toi, que penses-tu de l'évolution du dialogue inter-convictionnel, de l'avenir ?

Je suis frappée du fait que les jeunes chré-tiens que j'accueille ne connaissent plus RIEN. Il semble que l'indifférence et la sécu-larisation, règnent très largement. Certains ne réalisent même pas qu'ils fréquentent une école catholique ! Dans la synagogue, j'ai été amenée à devoir leur expliquer la Pentecôte...

Parmi les policiers qui ont choisi de faire partie du « team diversité » et pour qui la visite est imposée, certains sont tellement anti-religieux qu'ils rechignent à entrer dans une synagogue. Certains parents musulmans écrivent à l'école pour interdire la visite d'une

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OuvErTs sur lE mONDE

synagogue à leurs enfants. C'est difficile pour eux de comprendre que les juifs ne détestent pas les musulmans mais que le conflit israélo-palestinien est un conflit territorial.

Je prône haut et fort l'insertion, il faut faire partie de la société et non s'en exclure. Je crois au dialogue, à la rencontre, au vivre ensemble, à l'éducation pour faire tomber les préjugés. Un réseau scolaire devrait être organisé, en prenant soin de mélanger les élèves des écoles favorisées et défavorisées... Bref, je n'ai pas la solution.

Ton expérience t'a-t-elle rendue opti-miste ou pessimiste ?De mes conférences à des élèves, des étu-diants, des adultes, je retire des espoirs et des doutes. Je pense que si des hommes et des femmes croient vraiment à une société multi-culturelle, une grosse partie des gens « freinent à mac ».

Les élèves sont les premiers à vivre ensemble, toutes confessions mélangées, sauf nos

enfants, inscrits pour l’immense majorité dans des écoles juives et sont donc absents des réseaux scolaires communs. Cette absence permet la circulation de tous les stéréotypes puisque les élèves juifs et non juifs ne se connaissent pas. Je ne sais pas quoi penser. Avons-nous raison de mettre nos enfants dans des écoles juives ?

Et la suite de ton parcours ?Sans doute parce qu'il n'y avait personne d'autre (je reconnais bien là la modestie de Nadine...), l'organisation Religions for Peace m'a approchée.

Yolande Iliano, une belge, est l’une des Vice-Présidentes du Réseau Européen des femmes de foi et elle m’a demandé d’y représenter les femmes juives.

Concernant ces associations internationales, je pense que le seul fait d'être présent est déjà utile, je suis contre la politique de la chaise vide. Il faut faire entendre notre voix, notre sensibilité, créer des liens.

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le shofar

Par exemple, Aïcha HADDOU et moi étions les deux seules femmes à Bruxelles à la première réunion judeo-musulmane organisée par le «  Foundation for Ethic Understanding ».

Nous avons mis sur pied le projet de nous rencontrer entre femmes, en petit comité. Trois rendez-vous ont déjà eut lieu, dans des cafés bruxellois.

Oui, j’ai participé à l’un d’entre eux. L’ambiance était ouverte et chaleu-reuse. Cela permet de mettre un visage sur le concept abstrait de « Juive » ou de « Musulmane ».

A ma connaissance, c'est le seul espace de rencontre de ce type en Belgique.

C’est incroyable que ces échanges ne soient pas plus développés alors qu’il y a tant de travail à faire. Nadine, parle nous maintenant de la communauté juive d'AnversC'est une société de plus en plus mou-vante. Notre communauté a perdu plus de deux cent familles ces dernières années, pour des raisons d'insécurité, de travail ou de fiscalité. Depuis plus de vingt ans nos jeunes diplômés ne trouvent pas de bons jobs. Donc nos enfants d'une quarantaine d'années vivent pour la plupart à l'étranger ou à Bruxelles. Ils ne constituent plus la force motrice de la communauté anversoise.

Pour faire comme tous les journaux, nous ne pouvons pas ne pas aborder le personnage Bart DE WEVEROui, les élections communales ont fait la Une. Bart DE WEVER est un homme super intelli-gent. Historien, il connaît parfaitement l'ap-port des Juifs à Anvers. Son éminence grise fait partie de la communauté.

Il a assisté à l'inauguration de la plaque commémorative de la maison communale.

Le dévoilement de la plaque eut lieu après les élections, mais l'initiative a été prise du temps de l'ancien conseil communal et du bourgmestre Patrick Janssens.

Photo : Copyright Stad Antwerpen

Le 15 août 1942 a eu lieu à Anvers la pre-mière razzia contre les Juifs  : organisée par les nazis en étroite collaboration avec les autorités locales responsables de la police.

Plusieurs dizaines d’agents de police furent mis à l’ouvrage. La plupart ont collaboré docilement, d’autres ont également com-mis des violences. Certains agents se sont opposés et ont saboté la razzia du 27 août. D’autres encore ont essayé de sauver des Juifs.

Plus de 10.000 Juifs d’Anvers furent déportés. La police d’Anvers a été

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OuvErTs sur lE mONDE

impliquée dans l’arrestation de plus de 3.000 d’entre eux. Presque tous sont morts à Auschwitz-Birkenau.

Anvers, 15 août 2012.

Cependant, je me méfie fortement de ses nou-velles recrues venant de l'extrême droite. Vont-ils l'influencer ou parviendra-t-il à les changer ou du moins à les maîtriser sur cette question ? Il faut être vigilant et le temps nous donnera la réponse. Mais je comprends que certains parents préfèrent partir au lieu d'attendre l'arri-vée éventuelle d'un mauvais climat.

Que t'a personnellement apporté le dia-logue inter-convictionnel ?Une meilleure connaissance du judaïsme.

Oui ! Cela peut paraître surprenant et peu « politiquement correct  » mais je suis d'accord avec toi. Il faut étudier pour préparer les rencontres, c'est un moteur sans lequel nous étudierions sans doute moins ou différemment. Mais il n'y a pas que cela.Bien sûr, des amitiés se nouent et c'est une joie de voir apparaître les similitudes au-delà des différences, chez les religions du Livre en tout cas.

Absolument. Je suis aussi toujours heureuse de voir l'étonnement des gens qui découvrent dans un sens positif tel ou tel aspect du judaïsme, une grande ignorance étant la plus fréquente. Le

but est de montrer dans le respect de chacun que le judaïsme est respectable, qu'il porte des valeurs pour l'humanité. Le judaïsme, ce n'est ni la shoah ni le conflit israélo-palestinien, même si ces questions sont évidemment connexes.

Avant de nous quitter, peux-tu nous indi-quer tes phrases, tes livres préférés ?Deu x ph r a s e s me pl a i s ent t out particulièrement :

«  Le plus beau métier d’homme est le métier d’unir les hommes » d’Antoine de Saint Exupéry et

«  ‘Après vous’ cette formule de politesse devrait être la plus belle définition de notre civilisation » de Emmanuel Levinas.

Quant aux livres, deux autobiographies : « Au nom de tous les miens » de Martin Gray et « Le sang de l’espoir » de Samuel Pisar. Je suis impressionnée par leur capacité à conti-nuer leur vie malgré les horreurs qu’ils ont vécues personnellement.

Enfin, as-tu un message pour la commu-nauté de Beth Hillel ?Oui, je lance un appel aux volontaires pour prendre la relève dans ces activités inter-convictionnelles. N’hésitez pas à vous faire connaître et à y consacrer un peu de votre temps.

Merci Nadine et bonne continuation ! ■

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le shofar

Quelques suggestions de films plus et moins connus

par anne De potter

Un mur à Jérusalem de Frédéric Rossif et Albert Knobler, 196888 minutes (référence Médiathèque TH 9280)

« Ce film a tout pour plaire. Des images éloquentes (…),

un montage astucieux (…); un documentaire sobre dans sa forme, passionné sur le fond. Bref, un « documentaire » réussi sur un sujet toujours d’actualité : le conflit judéo-arabe ». (Le Monde, 1968).

La fiancée syrienne de Eran Riklis, 2004 96 minutes (référence Médiathèque VF0011)

Une famille kurde du Golan au moment de l’accession à

la présidence d’un certain Bachar el-Assad, en juin 2000.

Le dessous des cartes – Moyen-Orient, Pivot géopolitique de Jean-Christophe Victor, 2004, 160 minutes (références Médiathèque TH 2666)

Ce magazine a été tourné avant le retrait uni-latéral de la bande de Gaza, en 2005, et peu après la mise en œuvre de la décision de la Knesset de juin 2002 de construire la barrière de sécurité.

Une partie est consacrée à Jérusalem, une autre à une analyse de l’échec des accords d’Oslo et à une réflexion sur les conséquences du « Mur » (un million et demi de dollars par kilomètre linéaire à l’époque).

Le dessous des cartes – Mondes Arabes de Jean-Christophe Victor, 2011 149 minutes (références Médiathèque TH 2674)

Un chapitre est consacré à la problématique de l’eau en Israël, en relations avec les Etats voisins, un autre à celle du « droit au retour » et la diaspora palestinienne.

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Munich de Steven Spielberg, 2005 160 minutes (référence Médiathèque VM0647)

Ce film nous fait revivre les heures sombres qui ont

terni l’idéal olympique et interroge la réac-tion d’Israël.

Va, vis et deviens de Radu Mihaileanu, 2005, 148 minutes (référence Médiathèque VV0070), prix du public Berlin 2005

Sans doute pour la première fois dans l’histoire un enfant ment pour sau-ver sa vie en disant qu’il est juif... Une réflex-ion bouleversante sur l’identité et l’accueil des « tribus perdues ».

Israël et les Arabes, 1948-2005 de Norma Percy et Brian Lapping, 2006 6 heures (référence Médiathèque TH 4801)

Divers responsables, dans la lumière ou dans l’ombre, « nous révèlent les arrières des coulisses lorsque les négociations s’effondrent et que la violence explose. ».

Le documentaire nous permet d’entendre des témoignages de première importance, notam-ment israéliens, sur l’évolution, étapes par étapes vers la situation actuelle, comme les conséquences inattendues de l’attaque contre le village palestinien de Deir Yassin du 9 avril 1948, en représailles de l’assassinat d’une mère et de ses deux enfants juifs. L’accueil

d’Anouar El Sadate depuis son atterrissage à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv jusqu’à son discours à la Knesset, le 20 novembre 1977, commenté par Boutros Bourtos Ghali, et l’analyse heure par heure de l’échec des négociations de la fin de l’année 2000 valent à eux seuls la vision de ce DVD.

Nous étions l’Exodus de Jean-Michel Vecchiet, 2007 78 minutes

«  Les véritables acteurs et témoins racontent avec émotion et pour la première

fois cette grande histoire ».

Valse avec Bachir de Ari Folman, 2008 film d’animation de 90 minutes (référence Médiathèque VV0160), Golden Globe Award et César du meilleur film étranger 2009

Sabra et Chatila, deux camps de réfugiés aux noms tristement célèbres depuis septembre 1982, et des souvenirs enfouis qui refont sur-face dans la tête d’un ancien soldat israélien.

Le fils de l’autre de Lorraine Levy, 2012 110 minutesPrix du meilleur réa-l i sat eur au Festiva l International du film de Tokyo

Toto le héros à Haïfa : la découverte dix huit ans plus tard de l’échange, par erreur, entre un nouveau-né d’une famille juive et un nou-veau-né d’une famille musulmane…

auTOur D’israël ET Du CONfliT

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le shofar

The gatekeepers de Dror Moreh, 2012 95 minutes

Diffusés récemment sur la chaîne télévisée ARTE, ces témoignages et réflexions d’anciens responsables du

Shin Beth sont à voir absolument.

Amos Gitaï a non seule-ment réalisé les films cités dans le numéro précé-dent, mais également des documentaires dont la trilogie « La maison, beit, house » (1979), « Une mai-son à Jérusalem » (1998)

(référence Médiathèque TH 5311) et la suite de 2004 : « News from House (home), 97 min-utes (référence Médiathèque TH 6481), mais aussi Journal de campagne et L’arène du meurtre, 1982, (référence Médiathèque TH 5011) et enfin Wadi 1981-1991, et Wadi Grand Canyon, 2001 (référence Médiathèque TH 9701).

Enfin, bien qu’il ne s’agisse pas d’un DVD mais d’un « roman graphique », je ne peux

m’empêcher de signaler Comment compren-dre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden (éd. STEINKIS 2011) : le récit de voy-age d’une jeune étatsunienne dans le cadre du Taglit (programme mondial organisant des séjours de 10 jours en Israël pour des jeunes Juifs qui ne l’ont jamais visité).

Je vous invite également à consulter le tout nouveau Dictionnaire du cinéma israé-lien, reflets insolites d’une société d’Hélène Schoumann, éd. Cosmopole (novembre 2012) et à vous faire membre d’IMAJ, l’Institut de la mémoire audio-visuelle juive, fondé à Bruxelles en 1984 et labellisé par la cellule « démocratie ou barbarie » de la Communauté française de Belgique en 2010. C’est une bonne source d’informations et sa vidéothèque compte pas moins de 2000 titres.

www.imaj.orgBéatrice Godlewicz 02/[email protected]

ERRATA : le film « Les citronniers », Lemon Tree, prix du public du festival de Berlin 2008 a été réalisé par Eran RIKLIS et non par Etz LIMON comme indiqué dans le numéro 341 du Shofar. ■

n'hésitez pas à contacter directement le responsable auprès du mJlF:oren Giorno au 00.33.1.44.37.48.48 ou [email protected]

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le shofarle shofar

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CarNET / humOur

Moshé et le Rabbi (merci à David Baltuch pour ce moment de fraîcheur)- Rabbi, la semaine dernière, j’ai oublié de

dire les birkat hamazon.- Et pourquoi, demande le Rabbi.- Parce que j’ai oublié de me laver les mains

avant le repas.- Ça fait deux oublis. Mais tu ne m’as toujours

pas dit pourquoi.

Humour - Hem. La nourriture n’était pas casher.- Tu as mangé quelque chose qui n’était pas

casher ?- C’est normal, Rabbi, le restaurant n’était

pas juif.- Ça va de mal en pis.- Et pourquoi n’as-tu pas été dans un restau-

rant casher ?- Ben, …. Ils sont tous fermés, le jour de kip-

pur. ■

Carnet Monique et Jules Dubois ont la joie d'annon-cer qu'ils sont les heureux arrière-grands-parents du petit Henry Benjamin, né le 20 janvier 2013. Un chaleureux mazal tov à ses parents: Aliza et Joshua Shinefield.

Mazal tov! Nathan est né le 1er mars 2013. Beth Hillel se réjouit et félicite les heureux parents

Deborah et Avi Bar Moshe-Lewkowicz; ainsi que les grands parents Gilda et Ovadia Bar-Moshe et, plus particulièrement, Corinne et Philippe Lewkowicz, longue vie à tous!

Mazal tov à Jonas Costens-Bauwens qui célèbrera sa Bar Mitsvah le 4 mai - 24 Iyyar et commentera la parashah Bechoukotaï. ■

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Si vous désirez souscrire à Gan Hashalom,téléphonez à Willy Pomeranc en journée (02.522.10.24)

Gan Hashalom est réservé aux membres de la CILB en règle de cotisation et ayant adhéré à la société d’inhumation

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