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« Un peuple éclairé confie ses inté- rêts à des hommes instruits, mais un peuple ignorant devient nécessaire- ment dupe des fourbes qui, soit qu’ils le flattent, soit qu’ils l’oppriment, le rendent l’instrument de leurs projets et la victime de leurs intérêts person- nels. » (Condorcet : Sur la nécessité de l’instruction publique – 1793) Les choix qui seront effectués lors des prochains suffrages, présidentiel et législatif, détermineront le destin de notre pays pour les années à venir. Rappelons l’engagement historique de la Ligue de l’Enseignement : - Le 25 octobre 1866, Jean Macé pu- bliait son appel pour une éducation du citoyen au suffrage universel afin de « faire des électeurs et non pas des élections ». - Aujourd’hui encore, pour être exercé pleinement et en conscience, le suf- frage universel exige des électeurs éclairés et émancipés, une citoyenne- té construite et assumée. Cependant, il convient avant tout de « restaurer la confiance (qui) est un élément clé de la revitalisation de notre démocratie » (Pierre Rosanval- lon). La défiance à l’égard des institu- tions, des pouvoirs politiques et des gouvernants s’accroit. Les discours populistes empreints de haine et de rejet de l’autre se multiplient, condui- sant alors beaucoup de concitoyens à faire le choix de l’abstention ou du repli sur soi. Pourtant l’action de voter met le ci- toyen en contact direct avec le poli- tique. Dans l’isoloir, tous les citoyens sont égaux : une personne, une voix. Nous pouvons alors : - peser sur le choix de nos dirigeants et exprimer par là-même notre sou- tien à une politique, - affirmer notre vision de la société, le « vivre-ensemble », l’école, les ser- vices publics, la protection sociale … Ce dont nous rappelons l’importance dans ce numéro du Pli. Par ce vote, les citoyens sont tous unis les uns aux autres. S’abstenir de voter revient à briser ce lien. « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représen- tants. » (Constitution de 1958) Aux dernières élections régionales, 66% des 18-34 ans se sont abstenus et 30% des votes exprimés l’étaient en faveur du Front National. A l’inverse, montrons que les jeunes s’engagent aussi : ils prennent la pa- role dans ce numéro du Pli. Il faut repenser et reconstruire notre société afin qu’elle permette aux ci- toyens de s’émanciper, de prendre part à l’intérêt général et de maintenir ce lien qui nous uni. L’association peut en être le lieu : l’association comme laboratoire pour la recherche d’une société plus solidaire et de réponses aux besoins sociaux. Par le réseau as- sociatif, les citoyens peuvent transfor- mer leur avenir et influencer celui de la collectivité. Face à la désespérance et la frustra- tion qui ne cessent de grandir, le défi de notre mouvement d’Education Po- pulaire c’est de permettre à tous les citoyens de reprendre confiance. Didier Bélier Président de la Ligue de l’enseignement du Finistère LE pli PériOdique lAïque d’information O N°18 avril 2017 canard fédéral de la Ligue de l’enseignement - F.o.L. du FinIstère Élire le président de la République puis élire les députés engage l’avenir de notre société. Faisons entendre notre voix. « AGIR / VOTER » C’est le thème de ce numéro 18 du PLI. Pages 2-3, en action : Agir pour la réussite de tous Agir contre les discriminations Pages 4, en question : Religion, laïcité et élection Agir avec la vie associative Pages 5-6-7-8, spéciales jeunes : Les jeunes et « la chose publique » Leur engagement citoyen Pages 9-10-11, en mouvement : Agir pour l’école publique Agir pour les services publics Agir pour la Sécurité Sociale Page 12 : Hommage à Jean Nédélec la LIgue de l’ensEignement F.o.L. du Finistère Ufolep 29 et Usep 29 61, rue de Pen ar Menez CS 32958 29229 Brest cedex 2 02 98 02 18 47

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« Un peuple éclairé confie ses inté-rêts à des hommes instruits, mais un peuple ignorant devient nécessaire-ment dupe des fourbes qui, soit qu’ils le flattent, soit qu’ils l’oppriment, le rendent l’instrument de leurs projets et la victime de leurs intérêts person-nels. » (Condorcet : Sur la nécessité de l’instruction publique – 1793)

Les choix qui seront effectués lors des prochains suffrages, présidentiel et législatif, détermineront le destin de notre pays pour les années à venir. Rappelons l’engagement historique de la Ligue de l’Enseignement : - Le 25 octobre 1866, Jean Macé pu-bliait son appel pour une éducation du citoyen au suffrage universel afin de « faire des électeurs et non pas des élections ». - Aujourd’hui encore, pour être exercé pleinement et en conscience, le suf-frage universel exige des électeurs éclairés et émancipés, une citoyenne-té construite et assumée.

Cependant, il convient avant tout de « restaurer la confiance (qui) est un élément clé de la revitalisation de notre démocratie » (Pierre Rosanval-lon). La défiance à l’égard des institu-

tions, des pouvoirs politiques et des gouvernants s’accroit. Les discours populistes empreints de haine et de rejet de l’autre se multiplient, condui-sant alors beaucoup de concitoyens à faire le choix de l’abstention ou du repli sur soi. Pourtant l’action de voter met le ci-toyen en contact direct avec le poli-tique. Dans l’isoloir, tous les citoyens sont égaux : une personne, une voix. Nous pouvons alors :- peser sur le choix de nos dirigeants et exprimer par là-même notre sou-tien à une politique,- affirmer notre vision de la société, le « vivre-ensemble », l’école, les ser-vices publics, la protection sociale …Ce dont nous rappelons l’importance dans ce numéro du Pli.

Par ce vote, les citoyens sont tous unis les uns aux autres. S’abstenir de voter revient à briser ce lien. « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représen-tants. » (Constitution de 1958)Aux dernières élections régionales, 66% des 18-34 ans se sont abstenus et 30% des votes exprimés l’étaient en faveur du Front National. A l’inverse, montrons que les jeunes s’engagent aussi : ils prennent la pa-role dans ce numéro du Pli.

Il faut repenser et reconstruire notre société afin qu’elle permette aux ci-toyens de s’émanciper, de prendre part à l’intérêt général et de maintenir ce lien qui nous uni. L’association peut en être le lieu : l’association comme

laboratoire pour la recherche d’une société plus solidaire et de réponses aux besoins sociaux. Par le réseau as-sociatif, les citoyens peuvent transfor-mer leur avenir et influencer celui de la collectivité.Face à la désespérance et la frustra-tion qui ne cessent de grandir, le défi de notre mouvement d’Education Po-pulaire c’est de permettre à tous les citoyens de reprendre confiance.

Didier BélierPrésident de la

Ligue de l’enseignement du Finistère

LE pli PériOdique lAïque d’information O N°18 avril 2017

canard fédéral de la Ligue de l’enseignement - F.o.L. du FinIstère

Élire le président de la Républiquepuis élire les députés

engage l’avenir de notre société.Faisons entendre notre voix.

« AGIR / VOTER »C’est le thème de ce numéro 18 du PLI.

Pages 2-3, en action :Agir pour la réussite de tous

Agir contre les discriminationsPages 4, en question :

Religion, laïcité et électionAgir avec la vie associative

Pages 5-6-7-8, spéciales jeunes :Les jeunes et « la chose publique »

Leur engagement citoyenPages 9-10-11, en mouvement :

Agir pour l’école publiqueAgir pour les services publicsAgir pour la Sécurité Sociale

Page 12 :Hommage à Jean Nédélec

la LIgue de l’ensEignement F.o.L. du FinistèreUfolep 29 et Usep 29

61, rue de Pen ar Menez CS 32958 29229 Brest cedex 2 02 98 02 18 47

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« Car il est important, dès le plus jeune âge, d’ap-prendre à vivre ensemble, Graine de lecteurs s’y est penché cette année.

Les enfants réfléchissent ainsi à ce que les diffé-rences et le partage peuvent apporter. Et ils sont unanimes: du bonheur ! »

Échanges, débats entre élèves : la vie associative avec l’USEP à l’école d’Elliant.

Formation Danse pour les gymnastes de CLEG ; l’UFOLEP favorise l’ouverture culturelle et le projet collectif, y compris dans les sports individuels.

Plus d’information : www.pasdeducationpasdavenir.org

Comme chaque année, la Ligue de l’enseignement et Solidarité Laïque co-animent la campagne «Pas d’Éducation, pas d’Avenir !».Débutée en février, la campagne 2017 s’achèvera le 30 juin.

Répartis dans 11 pays - en majorité en Afrique et en Asie - les 26 projets retenus s’appuient sur des acteurs locaux et favorisent les économies locales.

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La Fête des écoles publiques à Brest est une « ins-titution » culturelle et populaire. Organisée par la Ville, la Ligue de l’enseigne-ment et l’Education Nationale, elle offre chaque année l’occasion de concrétiser l’accès pour tous au sport et à la culture, favoriser la rencontre entre les écoles, associer les familles, mobiliser de nombreux partenaires et intervenants. De multiples manifestations donnent à voir le dy-namisme et la qualité de l’école publique, et font vivre les valeurs qu’elle transmet aux jeunes générations.

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Accueillir, c’est agir

Créer un livre numérique, c’est l’objectif que se sont fixés Elie et Dylan, deux jeunes volontaires en Service Civique à la Ligue de l’enseignement 29 dans le cadre de «D-clics du numérique».Un livre numérique (ou e-book) est un livre en version informa-tique, lisible sur une liseuse, une tablette ou un ordinateur. Ca-therine Eon, professeure à l’école Jean Macé à Brest, a permis la mise en place de ces ateliers.

Tous les jeudis de 16h30 à 18h, les parents des enfants primo-ar-rivants se réunissent avec les volontaires en Service Civique à l’école Jean Macé afin de réaliser la bande audio du livre numé-rique.

Dans ce livre, une même histoire est racontée en différentes lan-gues grâce à la diversité des nationalités représentées. Ainsi, le livre créé à l’école disposera de nombreuses versions : en alba-nais, arabe, indonésien, portugais et russe. Cela permettra aux non francophones de profiter de la version finale du livre, lisible sur tablette.

Sur d’autres créneaux horaires, sur des heures de classe, les enfants primo-arrivants travaillent eux aussi à la créa-tion de l’e-book, en compagnie de Catherine Eon et des deux volontaires, qui accompagnent les enfants dans des ateliers d’animation en volume (ou «stop-motion»), afin d’illustrer le livre numérique à la manière d’un dessin animé.

« La Mixité sex’prime »Ce projet culturel et de citoyenneté est organisé depuis plusieurs années par la Ligue de l’en-seignement 29 avec le soutien de la ville de Brest. Il s’est déroulé du 6 mars au 7 avril 2017.L’objectif du projet est de sensibiliser les collégiens et les lycéens à la question des inégalités entre les hommes et les femmes.Pour cela, des auteurs, des journalistes, des artistes, des chercheurs et des associations sont chaque année invités à venir rencontrer les jeunes collégiens et lycéens brestois. Les rencontres, ateliers d’expression artistique, projections de films – amènent les jeunes à s’in-téresser, à se questionner et à débattre, à élargir les champs de vision.

Cette année, le thème retenu est «Hommes et Femmes en temps de Guerre».Ce sujet entend parler avant tout des femmes, souvent premières victimes en situation de guerre. Les échanges ont pour objet de rétablir l’égalité entre les genres sur les faits histo-riques et d’actualité afin d’en mesurer les conséquences sociales.Il est aussi question des femmes combattantes et armées, phénomène relativement nou-veau en temps de guerre (femmes de l’État islamique et du Kurdistan notamment).Ainsi, le rôle des femmes et des hommes en ces situations, leurs motivations, les différents contextes et les répercussions liées aux comportements des unes et des autres, seront abordés.

Plus de 25 classes de 8 établissements secondaires ont participé au projet cette année.

Intervenants :• Laëtitia Gaudin-Le-Puil, journaliste et reporter de guerre • Mikael Baudu, journaliste, réalisateur • Roger Faligot, reporter et écrivain et Alain Robet, peintre et dessinateur • Marion Plumet, plasticienne• Association « Femmes tout court » pour 2 projections de 3 films courts.

Couverture de la BD « la fille au carnet pourpre» Une des affiches réalisées sur la thématique par des élèves de BTS

métiers de la mode au Lycée Lesven

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La vie associativeDe nombreuses communes, de nom-breux quartiers de grandes villes connaissent le chômage de masse. Le sentiment d’abandon est partagé par une part croissante de nos conci-toyens. La défiance à l’égard de la chose publique grandit. Le vote pour les idées de rejet de l’autre est en augmentation année après année et tout particulièrement en 2015 en Bre-tagne, jusqu’alors en partie épargnée. L’accueil des réfugiés a été, ici ou là, l’occasion de manifestations de rejet de l’étranger. Certes, le phénomène n’est pas massif. Il n’en est pas moins inquiétant sur notre territoire finisté-rien jusqu’alors connu pour le vivre ensemble pour lequel la Vie associa-tive joue un rôle majeur de lien social.

La Vie associative représente dans toutes les communes, dans tous les quartiers, des dizaines de milliers de bénévoles qui donnent du temps pour l’autre, du temps pour le commun, de l’énergie pour le collectif ; et cela quel que soit l’objet de l’association.Ce commun, ce lien social, ce vivre ensemble, ce débattre ensemble… c’est exactement ce que détestent l’extrême-droite et plus générale-ment les tenants de l’obscurantisme de toutes obédiences. Ils n’attendent qu’une chose…que les uns et les autres se regardent avec méfiance, se rejettent mutuellement voire se combattent au nom d’identités, de pureté, de rejet de la différence et du dialogue.

A contrario le vivre ensemble est nourri chaque jour en chaque point du territoire par le fait associatif. Certes, parmi les 17 à 19 000 associations

en vie dans le département, un petit nombre peut connaître des difficultés pour faire vivre le collectif. Dans leur très grande majorité cependant, elles constituent de véritables laboratoires permanents du lien social.Alors que de nombreux corps inter-médiaires, que de nombreuses ins-titutions, que les partis politiques et les élus nationaux provoquent le rejet d’un nombre croissant de nos conci-toyens, les associations, elles, re-cueillent leur confiance.Les associations ont donc un rôle ma-jeur à jouer pour préserver ce Vivre ensemble.

Parce que les démocraties et les valeurs républicaines sont mises à mal dans de nombreux pays d’Europe, il importe que les forces qui peuvent encore inverser la tendance chez nous s’allient pour faire gagner la cohésion sociale et le « Vivre ensemble à la bretonne ».A ce titre, signalons plusieurs initia-tives :- l’étude du Conseil économique social et environnemental (Ceser), - les assises de la vie associative en-gagées par la Région Bretagne et le Mouvement associatif, - ou encore les Etats généraux* de l’engagement bénévole initiés par le Conseil départemental du Finis-tère avec les associations. (1er ren-dez-vous pour les cahiers de doléance et les forums le samedi 1er juillet)Elles constituent des leviers pour consolider le rôle des associations sur tous nos territoires.

Yannick HervéSecrétaire général

Ligue de l’enseignement 29

Religion, Laïcité et élection Selon un récent sondage réalisé par Ipsos,- 90% des Français pensent que la laïcité est une valeur essen-tielle de la République. - 77% pensent que l’on parle trop de religion. - 72% estiment que les élus ne devraient pas évoquer leurs croyances religieuses.- 74% pensent que la laïcité est aujourd’hui menacée.

Des chiffres à nuancer selon le type d’électorat, car les concep-tions de la laïcité sont variables suivant les intentions de vote.- Près de la moitié des électeurs de M. Le Pen réduisent la laïcité à «la préservation de l’identité tra-ditionnelle de la France».- Les soutiens d’E. Macron et B. Hamon y voient avant tout «la li-berté de pratiquer la religion que l’on souhaite» (46% et 57%) ou «la possibilité pour des gens de convictions différentes de vivre ensemble» (51% et 50%).- Les électeurs de J-L. Mélenchon y voient «la séparation des reli-gions et de l’Etat» (45%) et «la liberté de conscience».

La majorité des sondés (60%) juge que la cohabitation entre les différentes religions ne se passe pas bien. Opinion là aussi décli-née en fonction des orientations politiques : 85% des électeurs de M. Le Pen, 48% de ceux d’E. Macron, 32% de ceux de B. Ha-mon.Une large majorité des sondés est favorable à des mesures coercitives : déchéance de natio-nalité et interdictions de toutes sortes… Pourtant éloignées des fondamentaux historiques et phi-losophiques de la laïcité.

Pour en savoir plus :https://goo.gl/AxFUcU

Photo : Serge Rousseau

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les jeunes et « la chose publique »« Les jeunes ne s’impliquent pas », «ils sont fainéants », « ils ne sont pas intéressés »...Phrases trop souvent entendues pour qualifier les jeunes et leur place dans la collectivité.

Or à la Ligue de l’enseignement, nous sommes convaincus du contraire ! Pour en témoigner, nous sommes allés directement les interroger.

Violaine et sa collègue, elles-mêmes jeunes volontaires engagées en Service Civique à la Ligue de l’ensei-gnement 29, ont préparé des questions et sont allées à la rencontre d’autres jeunes engagés bénévolement dans différents domaines : vie lycéenne, vie associative, FédéB (association étudiante), Afev (étudiants impliqués dans des projets de solidarité dans les quartiers), jeunes oeuvrant à l’ORB (office des retraités brestois), à Radio U, dans une mairie... L’enquête a permis de recueillir 21 paroles de jeunes déjà engagés dans la vie publique ; ils ont entre 15 et 25 ans.

Nous avons demandé leurs points de vue à travers cinq questions :

• Qu’est-ce qu’être citoyen aujourd’hui ? • Se sentent-ils plus citoyen du fait de leur(s) engagement(s) ? • Manquent-ils de moyens pour concrétiser pleinement leurs ambitions civiques ? • Quelle vision ont-ils de l’implication actuelle des jeunes dans la société ? • L’avancée de la majorité à 16 ans au lieu de 18 est-elle une bonne idée ?

Réponses à lire sur les 3 pages suivantes.

jeunes et engagés4 pages pour le dire

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être citoyen c’estDéfinition Larousse : Personne jouissant dans l’État dont il relève, des droits ci-vils et politiques, et notamment du droit de vote (par opposition aux étrangers).

Si les droits et les devoirs font par-tie des paroles de jeunes, d’autres enjeux interviennent comme l’ap-partenance, l’implication, la parti-cipation, la vie en société, suivant l’idée : si l’on veut recevoir, il faut savoir donner.

« Être impliqué dans la vie de sa com-mune ou de son pays de quelque ma-nière que ce soit ». Paul, 24 ans

« Le savoir vivre ensemble dans une société, conditionné par le respect des autres citoyens, des lois et des de-voirs ». Nanoue, 21 ans

« S’investir dans la vie de notre démo-cratie, être, autant que possible, actif et intéressé par les décisions qui sont prises. C’est se tenir au courant et être un acteur du vivre ensemble ». Claire, 16 ans

« Faire partie de l’État, de par nos droits et devoirs, mais c’est aussi s’insérer dans la vie sociale et politique de notre pays, en respectant ces droits et devoirs qui sont un privilège ». Matthieu, 23 ans

« C’est avant tout voter ; puis respec-ter autrui, s’impliquer dans la vie de son lieu d’étude, de travail, la vie associa-tive de sa ville, de son département, de son pays. Légalement, il faut avoir 18 ans pour être citoyen. Mais certaines personnes en dessous de cet âge ont d’après moi, assez de maturité pour l’être, tandis que d’autres majeures, ne devraient pas être citoyennes. Pour le devenir il faut connaître ce qu’il se passe autour de soi ». Morgane, 16 ans.

« Ne signifie pas grand-chose pour moi. Il n’y a que par l’associatif pour le mo-ment que je me suis sentie actrice de la société. » Pauline, 20 ans

« Participer à la vie politique de l’État de façon bénévole ». Antoine, 15 ans.

« S’impliquer dans la vie politique et faire des actions pour défendre des droits ». Juliette, 18 ans.

« Être membre d’une société. Être en vie ». Iman, 17 ans

« C’est faire preuve d’un esprit critique envers notre société et ses problèmes actuels comme à venir. C’est surtout agir pour trouver des solutions et/ou ai-der à la résolution de ces problèmes et donc à l’amélioration de notre société. » Anonyme

« S’engager et représenter la société à laquelle on appartient. Croire et être en accord avec les valeurs de la dite socié-té. » Gwendoline, 20 ans

« Être en interaction avec la société, ses règles, ce qu’elle offre et demande. Je suis citoyen de la France, citoyen du monde, je ne sais pas. Citoyen parmi les sociétés peut-être ! Le devenir, c’est accepter le marché « donner/recevoir » avec la société ». Timothée, 21 ans

L’engagement, une condition de la citoyenneté ?Leurs engagements favorisent de manière générale le sentiment de solidarité et d’implication person-nelle qu’ils associent volontiers à la citoyenneté. Pour d’autres néan-moins, l’engagement ne représente pas l’unique accès à la citoyenneté.

« Je participe à la prévention et à la lutte contre l’isolement des personnes âgées alors oui, je me sens citoyenne de mon lieu de vie. J’aspire au bien-être collectif ». Zélie, 24 ans

« J’essaye à ma manière d’améliorer et de faire avancer les choses, de m’in-vestir pour des causes qui me semblent justes. En proposant des projets et en essayant de les mener à bien, je me sens plus concernée par ce qui se passe, aussi bien dans mon établisse-ment que dans le monde. Je me sens actrice des progrès que l’on fait et donc citoyenne ». Claire, 16 ans

« S’engager pour les autres, faciliter leurs démarches quotidiennes. Ces en-gagements me font vivre au plus près des autres. » Samuel, 19 ans

« Mon Service Civique ne me fait pas me sentir plus citoyen de Brest (venant de Toulouse), mais plus utile pour la socié-té ». Paul, 24 ans

« Oui car cela me permet une ouverture à la société dans laquelle j’évolue, mais aussi de me renseigner sur le fonction-nement de ses différentes structures puis de les communiquer à mes audi-teurs permettant ainsi une ouverture à ce paysage français et une connaissance de celui-ci. » Matthieu, 23 ans

« Je n’ai jamais été aussi impliquée dans la vie de mon établissement (je suis dé-léguée de classe, élue au CVL, au CA, au CHS) ni dans une association (je suis jeune ambassadrice de l’UNICEF) que je le suis aujourd’hui. Cela me fait me sentir responsable et en quelque sorte, oui je me sens citoyenne à mon échelle, bien que je ne sois pas encore majeure, donc pas légalement citoyenne ». Mor-gane, 16 ans

« Oui car donner de mon temps bénévo-lement et œuvrer pour le bien commun me font me sentir plus citoyenne ». Sté-phanie, 21 ans

« Non car il n’y a pas beaucoup de pos-sibilité de s’exprimer et de s’impliquer, parce que ce sont les plus âgés dans les associations qui sont les plus écoutés ». Juliette, 18 ans

« Non je ne me sens pas changé de par mon engagement, j’estime qu’il n’y a pas besoin de s’engager pour être ci-toyen ». Iman, 17 ans

« Oui, je crée des projets collectifs et je transfère des savoirs et compétences à mes collègues. J’ai le sentiment de créer une dynamique dans ma communau-té. » Maxime, 22 ans

« Oui car mon engagement me permet de participer au bon fonctionnement du milieu dans lequel je suis et de venir en aide aux personnes le composant. » Gwendoline, 20 ans

« Oui, mes engagements me font sentir citoyenne vu que je m’implique pour les autres ; leur donner les clefs pour s’in-tégrer et leur montrer l’importance et la valeur qu’ils sont pour notre société ». Nanoue, 21 ans

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Le manque de moyens Les revendications de moyens semblent se faire écho : plus de temps et d’argent leur seraient né-cessaires.

« Pour le moment, je ne manque que de temps pour réaliser tous mes projets, mais je mets du cœur à l’ouvrage dans tout ce que j’entreprends. Je m’investis au maximum dans chaque action, réu-nion ou association que je défends ». Claire, 16 ans

« Grâce aux aides et aux actions, les moyens financiers ne sont pas une li-mite mais une contrainte à laquelle on peut s’adapter pour réaliser nos pro-jets. Cependant, je pense que ce qui fait obstacle à l’engagement des jeunes aujourd’hui, c’est le manque de consi-dération de nos aînés qui nous prennent rarement au sérieux. » Anonyme

« Plus d’argent pour plus de projets. » Iuna, 19 ans

« D’abord, des moyens financiers. Bien que le facteur humain suffise à amélio-rer des situations, le manque de budget crée un frein pour des actions plus lon-gues ou de plus grande envergure. Le manque de partenaires non bénévoles aussi qui selon moi, sont indispensables pour aider au quotidien la population. Le bénévolat ne doit pas remplacer le sala-riat ». Stéphanie, 21 ans

« Les seuls moyens dont nous man-quons sont financiers étant donné que même si notre politique locale est de gauche, leurs priorités ne sont pas l’aide et le soutien pour leurs citoyens. Les moyens humains ne manqueront jamais sauf si on continue à tuer petit à petit ces projets qui luttent contre les inégali-tés ». Nanoue, 21 ans

« Manque de temps et de moyens hu-mains. » Pauline, 20 ans

« Je ne manque de rien pour concréti-ser mes ambitions civiques. Je pense simplement ne pas me sentir encore prête pour les concrétiser et y consacrer beaucoup de temps ». Morgane, 16 ans

« Oui, à vouloir tout sécuriser on prive les volontaires de libertés nécessaires à la pleine réalisation des actions plus ambitieuses ou plus complètes ». Timo-thée, 21 ans

L’implication des jeunes de nos jours De l’espace, il y en a pour un in-vestissement des jeunes dans le domaine public ou au profit d’un intérêt général. De la volonté et de la bienveillance, les jeunes en ont aussi. Leurs initiatives et leurs projets en sont des preuves. Ils dénoncent pourtant unanimement ce mépris, qu’ils ne cessent de su-bir de part et d’autre.

« Bien que les jeunes soient la cible de nombreuses critiques (fainéants, égoïstes…), je pense que nous sommes impliqués chacun à notre manière. Ce-pendant la conjoncture actuelle (chô-mage, perte de confiance en la poli-tique) fait que certains jeunes n’ont pas la force, l’envie de s’impliquer dans une société qui ne leur offre pas d’avenir ». Stéphanie, 21 ans

« L’implication des jeunes est impor-tante mais peu ou pas assez mise en valeur ». Paul, 24 ans

« L’implication des jeunes ne cesse de diminuer d’année en année, étant de moins en moins soutenus. Mais quand un jeune s’engage aujourd’hui, son im-plication est totale et il s’engage avec passion et envie ». Nanoue, 21 ans

« Je pense qu’il y a une vraie place pour les jeunes qui veulent s’engager aujourd’hui » Claire, 16 ans

« J’ai l’impression que de nombreux jeunes sont impliqués dans la vie de la société et leur engagement se traduit de différentes façons. Malheureuse-ment, je ne crois pas que cet engage-ment soit suffisamment reconnu et s’il est soutenu, son impact est minimi-sé ». Matthieu, 23 ans

« Les jeunes se trouvent en difficulté pour construire leur avenir (chômage important et individualisme). Le Gou-vernement ne leur donne pas assez de moyens pour participer et s’impli-quer au bien-être collectif. De plus, je pense que l’image actuelle des jeunes, que donne la presse et les médias est souvent péjorative (fainéants, imma-tures, égoïstes, consommateurs de jeux…) alors que je sais que beaucoup de jeunes sont motivés, volontaires, travailleurs, courageux et solidaires. Il suffit d’ouvrir les yeux ». Zélie, 24 ans

« Elle est importante mais pas mise en valeur, pas reconnue et pas soutenue

parce que le fait d’être jeune est dé-crédibilisant du point de vue de la so-ciété ». Juliette, 18 ans

« Elle est à mettre en valeur, sans pour autant en faire trop ». Timothée, 21 ans

« Je ne sais pas si c’est parce que je suis moi-même jeune et plus impliquée qu’avant mais j’ai la sensation que les jeunes sont de plus en plus considérés comme importants aujourd’hui. Il est vrai que nous sommes la génération future ! Néanmoins, cette implication des jeunes est tardive. Elle débute vraiment lorsque nous avons 15 ou 16 ans, et vers 18 ans, nous ne sommes plus autant considérés comme jeunes et donc moins mis en avant ». Mor-gane, 16 ans.

« L’implication n’est pas assez déve-loppée ni reconnue, les jeunes sont dé-nigrés parce qu’ils sont jeunes et c’est regrettable ». Iman, 17 ans

« Les jeunes s’impliquent beaucoup si on regarde les projets qui se déve-loppent, nombreux sont issus de ré-seaux « jeunes ». Mais ce n’est pas assez mis en valeur (sauf lorsque c’est péjoratif, les médias s’en régalent). Il serait intéressant de travailler sur les heures de vie scolaire (collège, lycée) pour donner le goût de l’engagement, avec l’intervention de jeunes enga-gés. » Maxime, 22 ans

« Tout dépend des territoires dans les-quels nous sommes. De plus en plus de jeunes s’engagent dans des asso-ciations étudiantes. Elle est importante pour l’avenir et tend à se développer. » Pauline, 21 ans

« Trop faible. Manque de considération des jeunes. Malgré quelques tentatives d’inclusion des jeunes dans la société, cela reste insuffisant. » Thibault, 20 ans

« L’implication me semble importante car elle permet de découvrir et de se sentir impliqué mais elle est très peu reconnue et très peu soutenue. » Pau-line, 20 ans

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Pour ou contre la majorité à 16 ans ?De manière générale, la majorité qui induit le vote à 16 ans, ne semble pas être justifiée. L’âge permet d’acquérir une certaine maturité et de l’expérience face à des enjeux qui ne sont pas abordés plus tôt.

« 16 ans est trop jeune car avec avec la majorité, s’accompagnent la responsabilité civile et la responsabilité d’actes dont certains n’ont même pas conscience. En revanche, je pense que prendre en compte nos avis pour mieux nous représenter peut être intéressant ». Claire, 16 ans

« Pour le moment, je ne pense pas que ce soit, ni une priorité, ni nécessairement une bonne chose ». Matthieu, 23 ans

« A 16 ans on n’a pas forcément assez de vécu ni conscience des enjeux politiques. À cet âge, on est encore en construction identitaire. Alors si l’on ne sait pas encore qui l’on est, comment peut-on voter ? Je pense même qu’à 18 ans, on est encore un peu jeune. L’idée n’est pas inintéressante cela dit, car elle veut dire que l’on souhaite donner la parole aux jeunes qui sont l’avenir de la société ». Stéphanie, 21 ans

« Sauf dans le cas de la majorité pénale qui devrait passer de 18 à 16 ou 15 ans ». Paul, 24 ans

« Beaucoup de personnes ne sont pas assez matures à cet âge-là. Il faudrait plutôt mériter d’obtenir la majorité à 16 ans, mais cela serait trop compliqué à mettre en place ». Morgane, 16 ans

« Les jeunes de 16 ans ne sont pas capables aujourd’hui d’avoir leur majorité et toutes les responsabilités qui vont avec, sauf si durant leur scolarité, ils suivent des cours pour leur ouverture sur notre politique et sur ce qu’est être citoyen majeur dans notre société ». Nanoue, 21 ans

« A cet âge-là, la majorité ne s’intéresse pas à la politique et n’est pas assez mature. Cela poserait beaucoup de pro-blèmes ». Antoine, 15 ans

« Oui et non. Il faut une certaine maturité pour assumer sa majorité mais certains l’ont et ça pourrait être plus pratique parfois, comme trouver un job d’été ou voter ». Juliette, 18 ans

« 18 ans me paraît correct, 16 ans c’est tôt ! En l’espace de 2 ans, il peut se passer beaucoup de choses ». Iman, 17 ans

« Non, à 16 ans nous n’évoluons pas dans un milieu favorisant la responsabilité. » Gwendoline, 20 ans

« Non. Manque de maturité à cet âge pour les jeunes de notre société actuelle. » Samuel, 19 ans

« À 16 ans, on est encore influençable. » Luna, 19 ans

Une forme d’engagement pour les plus jeunes : la Junior-associationLe Réseau National des Juniors associations (RNJA) est un des dispositifs pour l’engagement des jeunes, avec les mêmes droits et devoirs qu’une association d’adultes.

Partir en voyage, monter un groupe de musique, engager une action de solidarité, lancer une web-radio…des projets très variés montrent que des jeunes veulent réaliser leurs rêves et prendre place dans la société.L’habilitation permet aux jeunes mineurs de mettre en œuvre leur projet dans une expérience concrète de la citoyenneté.La Ligue de l’enseignement accompagne ce dispositif.

Contact : [email protected] - www.juniorassociation.org

Quelques images d’un rassemblement JA ; les jeunes présentent leurs projets à d’autres jeunes.

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« A force de tout supporter, on finit par tout tolérer,à force de tout tolérer, on finit par tout accepter,à force de tout accepter, on finit par tout approuver »(Saint Augustin, 430 ap. JC)

Il est de bon ton aujourd’hui de feindre d’ignorer les réalités :« Ecole publique-école privée, main-tenant c’est pareil ! », « L’enseigne-ment privé participe au service pu-blic », « Les enseignements sont les mêmes », « Il est normal que l’argent public soit attribué autant à l’école privée que publique »…C’est devenu la norme. On vous re-garde de travers si vous dites que ce sont des contre-vérités.« On ne va quand même pas rallu-mer la guerre scolaire » est la réponse habituelle, vaguement méprisante à l’égard des ringards qui, comme moi, ont encore des rêves d’une société humaniste et de son école émancipa-trice. En cette période électorale, peut-être pouvons-nous quand même réfléchir !

Une logique libérale de concurrenceEn revendiquant le « libre-choix », comme ils disent, les tenants de l’école privée ont bien une stratégie politique. En prétendant assurer «une mission de service public», le Pri-vé alimente une stratégie libérale de concurrence du service laïque d’édu-cation nationale.- Concurrence intronisée depuis 1984 et assumée avec la complicité de tous les gouvernements successifs.- Concurrence doublement déloyale car bénéficiant des financements pu-blics, mais gardant « sa liberté » pour ne pas appliquer les contraintes du service public. Exemple récent, les TAP : obligation pour le Public, mais pas pour le Privé qui s’en sert pour essayer de débaucher les familles du public.Ce n’est pas seulement « le caractère

propre » qui le légitime, c’est une lo-gique libérale assumée, mais cepen-dant non identifiée comme telle.

Est-ce raisonnable ?Comme depuis quelques temps les forces réactionnaires ont le vent en poupe, le dénigrement de l’école pu-blique va bon train. Certes notre édu-cation nationale a grand besoin d’être améliorée, dynamisée… refondée ! - Alors l’école publique a besoin de grands moyens. - Alors on pourrait respecter cette clause toujours inscrite dans le Code de l’Education : fonds publics à école publique, fonds privés à école privée.Au contraire, la plupart des candidats à la présidentielle sont ouverts à la de-mande de l’enseignement catholique d’une revalorisation de son finance-ment public. Depuis 1992, il existe un quotient de 80/20 ; exemple pour 100 postes créés, 80 vont au Public et 20 au Privé. C’est ce ratio qu’ils veulent modifier au prétexte de l’afflux d’en-fants dans les écoles catholiques.Est-ce bien raisonnable ? D’autant que les statistiques officielles disent les avantages dont bénéficie déjà le Privé (1).

Une laïcité en trompe l’œil Au bon peuple déboussolé, on parle de « laïcité plurielle », de « laïcité po-sitive », une « laïcité ouverte » aux religions que l’état devrait donc re-connaître institutionnellement. Ce qui permet d’ouvrir une brèche dans la séparation républicaine des églises et de l’état.Un candidat dit qu’il va demander au Privé de participer davantage à la mixité sociale. Naïveté ou collusion ?Les organisations laïques elles-mêmes sont sur la défensive. Quand elles ne sont pas dans le renoncement. Ainsi Bernard Toulemonde(2) ose affirmer que « la loi -Debré- est profondé-ment républicaine ». « Et si on tuait le mammouth ? » dit-il. Une vision par-tagée par de nombreux candidat-e-s:

la désintégration de l’enseignement public est à l’ordre du jour.

Un instrument politiqueUn des candidats (supposé modéré, alors les autres !…) prône « la fin d’un système d’école primaire unique » pour favoriser « le libre choix des fa-milles ». Tout est dit : le «libre choix» comme instrument de l’organisation du communautarisme scolaire en ré-seaux confessionnels d’enseignement financés par la puissance publique.C’est un double instrument politique :- C’est l’instrument de l’offensive du marché et de ses privatisations qui gangrène tous les services publics.- C’est l’instrument du néo-clérica-lisme (qu’il soit catholique ou musul-man) qui veut imposer le retour du religieux dans la vie publique (sou-mission aux dogmes, mise en cause des droits des femmes, limitation des libertés…)

«Oser, le progrès est à ce prix»J’ai une pensée pour « le vieil Hugo tonnant de son exil », pour Jean Zay, Langevin, Savary… Ce n’est plus très politiquement correct ? Provoquant?... Tant mieux, si ça provoque le débat.« La provocation est une façon de re-mettre la réalité sur pied » (Bertolt Brecht)

Yvon DrévillonVice-président de la Ligue de

l’enseignement du Finistère

(1) « Repères et références statistiques

sur les enseignements, la formation et la recherche » consultables sur le site de l’Education nationale.(2) Ancien haut responsable de l’EN

Les illustrations de cette page sont en hommage à l’école laïque du Chemin des Dunes dans la «jungle» de Calais.(Photos : Ligue de l’enseigne-ment du Pas de Calais)

L’école laïque, gratuite,obligatoire, c’est fini ?O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O

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On connaît la rengaine : la France serait un État dépensier que la dette publique étouffe. Il y aurait trop de fonctionnaires, trop de services pu-blics, trop de prélèvements sur le capital. L’Etat social et solidaire se-rait un luxe. L’État social est sommé de rentrer dans l’ère d’une austérité plus radicale.

Cette politique en France comme en Europe est déterminée par une seule préoccupation : réduire la dé-pense publique afin d’accroître la part de la finance sur les richesses produites et ouvrir aux intérêts pri-vés et marchands les secteurs de la santé, des retraites, des transports, de l’énergie, de l’éducation, des col-lectivités locales...Elle relève d’un choix de société qui vise à une marchandisation accrue de la vie en société. Elle est une al-légeance au monde de la finance et de l’entreprise.

L’importance économique des services publics

Les services publics sont indispen-sables aux entreprises : salariés formés par un système éducatif gratuit, infrastructures publiques comme les routes, aéroports, che-mins de fer, réseau électrique, re-cherche, santé...

Par ailleurs le secteur privé bénéfi-cie indirectement des dépenses en prestations sociales reversées aux ménages dont le complément de revenu nourrit la consommation. En outre, le secteur public et les fonc-tionnaires produisent des valeurs d’usage : enseignement, santé, so-cial, culture, et aussi des salaires qui contribuent aussi au PIB (PIB non marchand).

Crier «haro sur les fonctionnaires», les stigmatiser avec la volonté de supprimer des dizaines de milliers de postes, les candidats libéraux et conservateurs à la présidence mettent en danger le principe même de la République. Une telle politique ne pourra que fragiliser un peu plus nos concitoyens, en particulier les plus démunis.

Les services publics,facteur d’égalité

Dans notre pays, bien que volon-tairement affaiblis par les politiques successives, la protection sociale et les services publics jouent encore un rôle dans le soutien du niveau de vie des moins favorisés de la société et contribuent encore à la réduction des inégalités.Ainsi, malgré ses manques et par-fois ses défauts, seule l’école pu-

blique porte encore sa potentialité d’égalité.Ainsi, la disparition des services pu-blics en zone rurale devient inquié-tante.

Les services publics sont un vec-teur d’égalité, raison pour laquelle il convient de mettre un coup d’arrêt à leur privatisation et aux zones de désertification des services publics de proximité ; en finir avec l’aus-térité porteuse des dégâts sociaux.

Les services publics font société

Le marché capitaliste n’assure pas la redistribution des richesses. La concurrence détruit de la valeur, crée et entretient les crises éco-nomiques. Les profits ne sont pas réinvestis dans les salaires, la re-cherche ou l’écologie en particulier. Sans limite, il apparaît comme une arme de destruction d’avenir.

Les services publics interpellent les choix d’une société. Un modèle so-cial de progrès pour tous, les fon-damentaux républicains (équité, égalité, neutralité) n’existent pas sans cette colonne vertébrale soli-daire qu’ils constituent. Les services publics sont le moyen moderne d’agir pour le bien commun. Défen-dons-les.

André FitamantVice-président de la Ligue

de l’enseignement du Finistère

pour faire société :les services publicsO O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O

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« Au commencement Dieu créa l’angoisse » disait Tertullien au III ème siècle de notre ère.

De ce constat, les français comme tout autre population attendent de l’État qu’il soit protecteur. Cela, pas un élu responsable ne peut le nier ou faire comme s’il ne l’entendait pas. C’est pour débarrasser les citoyens de la hantise du lendemain que, à l’initiative du Conseil National de la Résistance, la grande œuvre de la Sécurité Sociale fut créée.– Garantir une prise en charge des coûts de santé et une qualité de soins de haut niveau,– assurer un revenu de remplace-ment en cas d’empêchement à tra-vailler, de handicap,– contribuer aux charges de famille, d’éducation,– servir une retraite décente, assu-rer les conditions d’accès au loge-ment...…Tels sont les enjeux assignés à notre système de Protection sociale.Loin d’être, comme le suggère cer-tains, un encouragement à ne rien faire, il constitue de fait un maillon dynamique essentiel pour faire So-ciété. Dès sa mise en œuvre, et tou-jours aujourd’hui, ce droit figure au préambule de nos constitutions.

Notre Bien commun doit être amélioré !

S’il nécessite au fil du temps des prises en compte de l’évolution des besoins et des progrès dans le do-maine des prestations, l’assiette de son financement doit être élargi aux autres sources de revenu.Jamais il ne doit être oubliée la phi-losophie qui sous-tend l’ensemble : la solidarité valorisée non en terme de coût, mais d’investissements.

Tous contributeurs, le plus possible en fonction de nos moyens, tous bé-néficiaires le mieux possible en fonc-tion de nos besoins, nous sommes tous responsables collectivement de la pérennité de cette grande œuvre qu’est la protection sociale.

La Sécu contribue pour une grande part à cette république sociale, dé-mocratique et universelle à laquelle

nous aspirons tous. Aucun recul so-cial ne peut être négocié, il doit être combattu !Dire tout et son contraire n’est pas acceptable. Ainsi prétendre que, lors de la crise des « subprimes », grâce à ses amortisseurs sociaux la France a mieux résisté que les autres pays, et ensuite vouloir ré-duire le niveau de la protection sociale, c’est irresponsable ! c’est inacceptable !

Les défis sont connus, l’enjeu est d’y répondre.

La Société doit lucidement regar-der à quelles évolutions elle doit faire face et organiser de manière efficiente les réponses les plus per-tinentes. On ne peut pas nous faire croire que ce qui fut possible en 1946 dans une France exsangue ne le soit pas aujourd’hui alors que nous sommes la 7ème puissance économique du monde.

En matière de santé publique, le vieillissement de la population, l’or-ganisation territoriale des moyens à mettre en œuvre, le développement des nouvelles techniques et la prise en charge des coûts induits, doivent

être l’objet de toutes les attentions.En matière de bien être, le mal-lo-gement, la famille, la petite en-fance, le handicap...restent des priorités incontournables et les so-lutions sont du devoir de l’État.Les conditions d’accès aux moyens d’existence doivent être préservés. Pour cela la lutte pour l’emploi et contre le chômage doit être intensi-fiée. Les revenus de remplacement sont indispensables à ceux qui sont fragilisés et les droits à la retraite garantis à un niveau décent.

Alors oui, il reste à faire !Et ceux qui aspirent aux plus hautes fonctions seraient bien inspirés de considérer qu’en n’investissant pas dans les mesures à prendre, le seul « trou » qu’ils creusent est celui des inégalités sociales.

Pierre CariouVice-président de la Ligue

de l’enseignement du Finistère

A voir sur youtube :cecinestpasuntrou

pour une société solidaire :la sécurité socialeO O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O

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02 98 02 18 47

fax : 02 98 41 49 46

Témoignage en hommage à

Jean Nédélec

Jean Nédélec, laïque militant :- 1945-1952, Collorec, il crée l’Amicale Laïque- 1953-1963, Secrétaire général Patro des Quatre-Moulins- 1960-1967, Secrétaire général Comité Départe-mental d’Action Laïque- En 1961, il entre au Conseil d’administration de la FOL- En 1964, il est détaché, responsable du Ser-vice Culturel- De 1967 à 1979, il est Secrétaire Général de la Fédération- 1980, vice-président, puis Président d’honneur de la Ligue de l’enseignement-FOL 29

Jack Ralite disait un jour : « la laïcité, c’est une forme de tendresse ».Cette formule, inhabituelle, m’avait aus-sitôt fait penser à Jean Nédélec… La laï-cité à la fois comme engagement pour des valeurs, et une philosophie de vie vouée au bonheur de ses semblables.Je ne suis pas un intime de Jean, mais je porte intimement son message.Je l’ai bien connu à deux moments de nos vies.

Enfant du Polygone, j’ai fréquenté l’école publique des Quatre-Moulins. Jean a été mon maître d’école en CE1. Une « ré-vélation » pour un gamin de 7 ans : un maître gentil ! (c’était encore l’époque des coups de règle sur les doigts). On écoutait des histoires et je découvrais, ébahi, la musique classique. Quelque-fois il amenait un instrument ; c’est sans doute depuis que le son du saxophone me donne le plus d’émotion.Le jeudi au Patro des 4 Moul’ encore en baraques, gardé par madame Le Gouil, je voyais mon maître, infatigable, orga-niser, animer, faire vivre l’éducation populaire. Là j’ai découvert le théâtre.Il était déjà sur un piédestal ; mon père ouvrier admirait ses écrits (je sus plus tard qu’il s’agissait du Comité départe-mental d’Action Laïque dont Jean était un des principaux acteurs). Et j’étais fier aussi d’aller avec mon père lui acheter l’Humanité le dimanche matin rue Ana-tole France.A la fin du primaire, alors que j’étais voué à faire les « arpètes », j’ai annoncé que non : « Je veux être comme Jean Nédélec ».Et malgré l’enseignement technique, ce fut l’Ecole Normale, la nomination dans la terre des prêtres, le combat laïque, l’engagement politique, l’éducation po-pulaire et… la FOL, Fédération des œuvres laïques. Sa maison.Comme un chemin déjà ouvert. Une vie d’engagement. Merci Jean d’avoir com-muniqué ce souffle à beaucoup d’entre nous.

Sans nous être jamais tout à fait perdus de vue, j’ai retrouvé Jean au début des années 2000 : j’entrais au conseil d’ad-ministration de la FOL, lui en sortait. Le début de rencontres plus régulières.Jean en a écrit des articles et des dis-cours ! Son temps libre allait lui per-mettre d’aller au-delà : nous conter sa vie militante.

Ainsi est né le recueil « Avoir 20 ans en 40 », à partir d’un simple carnet où il avait noté au quotidien sa vie des années noires : une vie ballotée de chantiers de jeunesse en mobilisation, premiers postes d’enseignant, bombar-dements, la rencontre avec Marguerite, la résistance… Son écriture semble d’une extraor-dinaire simplicité et pourtant elle sait allier une grande finesse de l’analyse politique des évènements, une critique incisive de l’adversité comme des er-

reurs de son camp, et surtout à travers le quotidien de la relation humaine, sa ferveur en tout ce qui est humain au-de-là des croyances ou des appartenances.Avec l’analyse documentée qu’il propose dans « Education populaire et luttes sociales », on mesure l’ampleur de sa culture et de sa réflexion. Histo-rique, sociologique, politique, son étude de l’éducation populaire comme outil d’émancipation est toujours édifiante.Et puis il y a son livre, dont il était fier à juste titre : « 1920-1980, 60 ans de vie militante dans le Finistère ».Comme l’a dit André Fitamant, « Dans ce récit de vie, il n’y a point de héros mais des enfants, des hommes et des femmes ordinaires dont est faite l’es-pèce humaine. C’est une vie entière faite de simplicité, de maîtrise de soi, de pondération dans le jugement, efficace dans son champ d’action, ordonnatrice du beau, de l’harmonieux, du chaleu-reux… Pour donner un sens à l’existence et à l’action, c’est à la laïcité que Jean Nédélec se réfère… Il nous délivre le message d’un progrès qui ne vaut que s’il se construit en commun et qui n’est réel que si l’échange entre les hommes s’est enrichi… »

Toujours curieux d’apprendre, déjà âgé Jean s’était mis à l’informatique. « For-midable, non ! » m’avait-il lancé alors qu’il venait de réussir à insérer une pho-to dans le texte qu’il avait tapé.Formidable ! C’était toi, Jean. Avec cette façon d’ouvrir les bras, la douceur du sourire, les mots simples.Je te laisse le mot de la fin, c’était le tien: « Vive l’utopie ».

Yvon DrévillonVice-président de la Ligue de

l’enseignement du Finistère