Le Paganisme Dans l Education

8/7/2019 Le Paganisme Dans l Education

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MLANGES

RELIGIEUX, HISTORIQUE

E T L I T T R A I R E S

PAR Louis VEDILLOT

Rdacteur en Chef deY Univers

TOME VI

1851 1856

PARIS

L. VIVES, LIBRAIRE-DITEURrue Cassette, 23

1857


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Biblio ! que Saint Lhttp://www.liberius.net

Bibliothque Saint Libre 200 8 .Toute reproduction but non lucratif est autorise.


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MLANGES

TOME VI


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ANGERS. IMP. COSNIln ET TACHS1S.


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RFORMEDE L'ENSEIGNEHEffr CLASSIQU

OPINION DE M. CH. LENORMANT.

29 septembre 1851.

Le paganisme rgne depuis longtemps dans l'duca

tion, et de l'ducation il a pass dans les murs. Ce faiet ses consquences redoutables ont t l'objet des longuetudes d'un prtre plein de science et de zle. M. l'abbGaume a publi un ouvrage o il traite du paganismedans l'ducation. Il en fait voir l'origine, la marche, le

caractre, les dangers : C'est l, dit-il, le ver qui rongela socit : la sve chrtienne qui lui est propre, l'ducation substitue une sve toute paenne ; les matres dnotre enfance et"de notre jeunesse ne nous ont pas fait


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connatre et aimer le Christianisme, et la socit succombe. Cette socit est un vieux moule chrtien danlequel, en effet, des paens ne peuvent plus vivre.

Nous avons applaudi au livre de M. l'abb GaumeNous venons le dfendre contre une opinion trs svet d'un grand poids, celle de notre savant ami, M. CharlLenormant.

M. Lenormant prend trop la lettre quelques assertions de M. l'abb Gaume, et leur donne, pour les combatt re , une rigueur qu'elles n'ont pas; il commet lumme la faute qu'il reproche son adversaire.

Suivant M. Gaume, part quelques actes de dsobissance, l'Europe, pendant la dure du moyen ge, montra pleine de respect et de soumission pour l'Eglis Au contraire, dit M. Lenormant , il n'y a pas un poque du moyen ge o l'difice temporel de l'Egli n'ait trembl sur ses fondements, o des hrsies, no pas srieuses, mais infmes, n'aient troubl les esprit perdu les murs et ravag les populations. Si je vo prsentais le tableau vrai de ces luttes et de ces pril je vous ferais reculer d'pouvante.

Le moyen ge, comme toutes les poques, a deufaces, et l'humanit,- comme toujours, s'y partage e

deux courants. L'empereur Frdric II, ingrat et rebelenvers l'Eglise, tratre la chrtient, adonn aux mumusulmanes, patron de tous les incrdules et de tous lbandits, est une des deux faces, reprsente un des deucourants du moyen ge. Sainte Elisabeth de Hongri

saint Louis, saint Franois, saint Dominique, saiThomas d'Aquin sont l'autre face, reprsentent l'autcourant. En somme, travers tant de luttes et de pasions barbares, c'est le courant chrtien qui empor


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398 RFORME DE i /ENSEIGNEMENT.

l'humanit. L'homme d'entre-deux se tient plus prs del'Eglise. Il y a un nombre effrayant d'hrtiques et desectaires, mais aussi que de saints! Combien de destructions et de rapines, mais combien de fondations et drestitutions et de pnitences! Le mouvement des croisades, la naissance des deux grands ordres mendiants,les efforts permanents des Papes et des Conciles poutablir le rgne de la justice, de la paix et de la sciencchrtiennes, quels spectacles magnifiques! Et quel succs,non pas seulement jusqu' Luther, mais jusqu' nos

jours ! Pour dtruire radicalement la civilisation catholique, trois sicles n'ont pas suffi, et nous voyons qu'faut radicalement dtruire toute civilisation.

M. Lenormant nous semble avoir raison et tort lorsqu'il remarque que tout le mal ne vient pas de laRe naissance, o M. Gaume le fait principalement remonter. Dj, dit-il, au xive sicle, par suite de la dplorablepolitique des princes, l'empire souverain du Catholi

cisme s'tait considrablement affaibli en Italie, au centrde l'Eglise.

On en pourrait dire autant du xuie sicle, et du xn*et de tous les sicles chrtiens. Tantt pour une causetantt pour une autre, toujours, part de rares inter

valles, l'empire temporel du Catholicisme a t faibleen Italie. Le Pape, vicaire de Jsus-Christ, est commlui lev sur un calvaire. La premire terre sainte n'apresque pas cess d'tre au pouvoir des infidles; la seconde a t sans cesse trouble et ensanglante par l

fureur des mcrants. Une foule d'actes souverains duchef de l'Eglise romaine, reus et obis de tout l'univerchrtien, sont dats d'un lieu d'exil. C'est Lyon qu'unPape fugitif souffla sur la flamme qui symbolisait l'm


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et la puissance de cet empereur Frdric II, l'un des plusgrands ennemis de la Papaut. Frdric tait alors matreabsolu de l'Italie et de l'Allemagne. La sentence d'excommunication n'en fut pas moins excute contre luicontre sa postrit tout entire, non-seulement par laProvidence, mais par l'Europe. Jamais l'Eglise romainene fut puissante par les armes. L'histoire des Papes n'estqu'un long rcit de perscutions. Seulement, ici ou lDieu,en prenant soin d'affermir la constance de ses pontifes, leur suscite opportunment des dfenseurs et devengeurs.

L'Italie en fournit au xive sicle, et qui prouvrent quela foi n'y tait pas morte, puisque ce furent des saintsM. Lenormant ne compte pas pour rien Catherine deSienne. De nos jours, Ferdinand, roi de Naples, mrited'tre compt. Mais la pit jamais illustre de Ferdinand ne prouve pas en faveur de la foi italienne autantque l'intervention de l'humble fille siennoise. Je doute

que les mazziniens d'aujourd'hui ne puissent donner qu'une ide trs imparfaite du degr de corruptionet d'incrdulit o tait arrive l'Italie au xiv* sicle.Etudiez la littrature de ce temps-l, dit M. Lenormant.Qu'il tudie lui-mme les journaux de ce temps-ci. Au

xiv* sicle, le peuple entendait la voix des saints; axix% il ne lit que les turpitudes et les impits des journalistes. Pour instituteurspopulaires, des saints d'unct, des journalistes de l'autre, voil le bilan de la foaux deux poques. M. Gaume a raison de dire que l'Eu

rope est en dficit! O commena cette dcadence? Aschisme du xvi* sicle. Un renouvellement de foi tait seule chose qui put gurir le mal; il y eut un renouvellement d'impit. A peine les Papes taient-ils de retou


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iQQ RFORME DE L 'ENSEIGNEMENT.

Rome, que le paganisme entra dans les coles; aumme moment l'hrsie se fondait un empire politique

A propos de l'hrsie luthrienne, M. Lenormant ob jecte le caractre chrtien que le protestantisme conservalongtemps, au point de faire, pendant deux sicles en core, des esprits sains et levs, l'illusion d'un vri table Christianisme. Il cite Clarke, Mosheim, Abbadie. Admettons son raisonnement : il prouve, contre luicombien la trempe catholique avait t vigoureuse durances sicles antrieurs dont il parle avec tant de svritDeux sicles aprs la corruption de l'enseignement chrtien, l'hrsie donnait encore ces nobles esprits. Aprsdeux sicles d'enseignement paen, nous avions eu djle xvine sicle franais et la Rvolution. Ce qui resteaujourd'hui dans tous les pays catholiques et dans touspays protestants, M. Lenormant le sait mieux que nouscar il a infiniment plus de science et il voit de plus hauIl y a donc eu dcadence rapide, dcadence profonde, srapide et si profonde que nous ne savons point si tout nva pas prir. D'o vient cette dcadence, sinon d'un affaiblissement de l'esprit du Christianisme? Et commenl'esprit du Christianisme s'est-il affaibli, si l'ducationne l'a pas trahi?

M. Lenormant allgue le xvnu sicle franais, le grandge qui va de saint Franois de Sales et de sainte Chanta Bossuet. C'est une belle poque, toute pleine de gloirde lumire, de gravit et de vertu; pas plus belle cependant que cette splendeur du xine sicle, o M. Lenormant ne voulait voir tout l'heure que des tnbres. Lexvne sicle eut aussi son vice, sans doute, son mal apparent ou cach. Nous sommes tombs presque santransition, au milieu de l'poque la plus pacifique et la


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plus ordonne , des mains de Bossu et aux mains deVoltaire. Comment croire que l'ducation n'y fut pourrien?

M. Lenormant met trop d'ardeur dans sa crit iquelorsqu'il dit que M. Gaume accuse les Jsuites d'avoi

paganis leurs lves. La pense du respectable auteurn'a pas la porte qu'on lui donne. Prtre et savant, spcialement occup de l'histoire de l'ducation dans lmonde moderne, il voue aux religieux de la Compagnde Jsus toute la reconnaissance et toute l'admiratioqu'ils mritent, plus encore peut-tre comme instituteude la jeunesse qu' tant d'autres titres. Le xvu* siclfranais, sicle chrtien, mais encore plus politique littraire, est d aux Jsuites; M. Gaume le sait, et sait quels prodiges de dvouement a cots ce grand ovrage'. Mais enfin nous ne sommes plus dans ce sicle, le ntre, hlas! en diffre. Il est bien permis de chercherpar quelle pente nous avons descendu si vite et nousommes tombs si bas. M. l'abb Gaume n'accuse pas lJsuites d'avoirpaganis leurs lves; il pense qu'ilsn'ont pu tre assez forts contre l'opinion pour ladpa-

ganiser. La thse est srieuse et consciencieuse; elle vaula peine d'tre tudie. Il y a chez les Jsuites assez

science pour la renverser si elle est errone, assez de bsens, si elle est fonde, pour la recevoir. Aprs tout, ecdant sur quelques points l'esprit du sicle, les Jsuites auraient fait ce que saint Charles Borromes'estrsign lui-mme faire. Aprs le Concile de Trent

ce grand et saiut archevque ouvrit ses diocsains collge o l'ducation devait tre donne suivant lprescriptions du Concile ; les lettres profanes en taibannies. Lorsque l'on connut le plan des tudes,

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402 RFO RME DE L'E NSEI GNE MENT .

lves furent rappels par les parents, qui se rsignaiends-lors, comme aujourd'hui, sacrifier l'intrt spirituel des enfants leur intrt temporel, et qui voulaienobtenir les brevets de la fausse science, indispensablpour russir dans le monde. M. Lenormant connat ceesprit. Saint Charles, en gmissant, modifia ses planpour ne pas tout perdre, ne pouvant tout gagner. LesJsuites ont pu se rsigner de mme; le mal, n'tant pacoup dans la racine, a pris les dveloppements que l'oconnat; il est devenu le plus fort, puis les Jsuites ont bannis, et tout a t perdu.

Quoi qu'il en soit de ces observations, il y a toujourune chose que M. Lenormant ne contestera point : le maexiste, le paganisme dborde; l mme o elle est chrtienne, l'ducation ne semble pas suffisamment chrtienne.

Prenez un jeune homme sortant d'un collge catholique, prenez un jeune homme sortant d'un collgeuniversitaire : les croyances religieuses et les mursdiffrent, l'instruction ne diffre point. L'un et l'autresavent et ignorent peu prs les mmes choses. Mmlatin, mme histoire, lorsqu'ils ont du latin et de l'histoire; mmes admirations, mmes grands hommes, et

tout cela est paen. Il ne faut pas s'tonner si, au boutde peu de temps, tout tombe au mme niveau. C'est lafaute du baccalaurat, dit M. Lenormant. Nous ne disonspas qu'il faut conserver le baccalaurat; nous disonsqu'en attendant qu'on l'abolisse, il faut ragir activement

et puissamment contre le paganisme dans l'ducation.


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OPINION DE MSR L 'VQUE D 'ORLANS.

II.

OPINION DE M*' L'VQUE D'ORLANS.

G mai 185*2.

I. La question des classiques paens vient d'tre traitepar Mgr l'vque d'Orlans, dans une lettre qu'il adresseaux suprieurs et professeurs de ses petits sminairesL'opnion du savant prlat est entirement contraire celle que nous avons plusieurs fois dfendue. Il sembmme repousser tout ce qui pourrait tendre modifier lesystme actuel, que d'autres hommes minents et comptents trouvent si prilleux pour l'Eglise et pour la socit. Suivant lui, les saints livres et les auteurs chrtiens, latins et grecs, occupent dans l'enseignement dela plupart des sminaires et des maisons chrtiennes la

place qui leur convient, et l'on fait sur ce point ce qu'iest bon de faire. Aussi le prlat s'tonne de l'attentionque le monde accorde aux rclamations leves contre lpaganisme de l'enseignement; il ne distingue pas entrelles et les repousse toutes; il n'y voit qu'un amas d'ac

cusationsdont le titre seul rvle l'inanit,des tmrits d'opinion et de langage,des emportements d'esprit,des dclamations violentes, bonnes seulement produirelle trouble et le scandale, enfin, uneaberration ; et il a


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404 RFORME DE ^E NS EI GN EM EN T.

vraiment fallu le temps o nous vivons pour qu'un telle controverse ait pu prendre un seul instant l'importance qu'elle a reue.

L'nergie de ces expressions tmoigne que Mgr l'vque d'Orlans regarde comme un danger pour la foiles penses que nous avons soutenues.

En pareille matire et devant une pareille autorit,notre infriorit est trop vidente; et si nous avionsnous-mmes soulev le dbat, nous serions tents, quoque peu convaincus, de l'abandonner ici. Mais personnn'ignore que la thse combattue par Mgr l'vque d'Orlans compte des soutiens respectables. M. l'abb Gaumevicaire-gnral de Nevers; M. l'abb d'Alzon, vicairegnral de Nmes, sont des prtres graves, zls, expriments. Ils n'ont point propos de rformer l'enseignement sans faire de longues rflexions, sans prendrde nombreux et srs conseils. Lorsqu'ils ont jug ncessaire de se dfendre, ils n'ont manqu ni de modration

ni de bonne grce, ni de bonnes raisons. Ils ne manquenpas non plus de partisans respectables. Dj, il y a quelques annes, la question a t pose par l'illustre archevque d'rras; M. de Montalembert et M. Donoso Cortont chaleureusement encourag M. Gaume; enfin l'ou

vrage de ce dernier a paru sous les auspices de S. Em. lcardinal de Reims. J'ai lu les preuves de votre livre lui crit le savant archevque. Il me semble que vou avez parfaitement dmontr que, depuis plusieurs sicles,l'usage peu prs exclusif des auteurs paens

dans les coles secondairesa exerc une funeste influence sur l'ducation de la jeunesse dans les socit modernes. Ds-lors, les amis de la religion et de l'ordr social comprendront facilement la ncessit de modi


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OPINION DE M8r L'VQ U D' OR L AN S. 405

fier, dans les tablissements d'instruction publique, la direction des tudes en ce qui concerne les auteur classiques, de manire y fairedominer les auteurs chrtiens, grecs et latins, dont les crits sont si propre> inspirer aux jeunes gens la pratique des vertus van->gliques et remettre dans toute leur vigueur les prin- cipes constitutifs de la socit,

De telles paroles permettent de continuer la discussionMgr l'vque d'Orlans reproduit, en leur donnant

une tournure plus vive, quelques arguments dj connuset quelques textes dj cits. Le principal est un passagde saint Basile, sur lequel nous croyons que trois remarques sommaires peuvent suifire : 1 ce texte ne dtruit pas la force des opinions contraires, si fortementexprimes par saint Augustin, saint Jrme et saintJean-Chrysostme;2au temps de saint Basile, il fallaiten quelque sorte tudier le paganisme pour le rfuterpar lui-mme, en se servant, comme moyen d'argumentation, des parcelles de vrits qu'il avait conserves, cqui est aujourd'hui peu prs inutile et ce qui, en toutcas, ne rend nullement ncessah'e l'usage presque exclusif des livres paens; 3 on n'avait pas alors tous les modles de littrature chrtienne que nous possdons, et la

leon et l'exemple vivant des martyrs taient l pourneutraliser dans l'esprit des jeunes chrtiens l'alimentpaen qu'il paraissait utile d'y verser.

Mgr l'vque d'Orlans allgue encore saint CharlesBorrome et Bossuet. L'un et l'autre ont enseign, d'une

certaine manire, les classiques paens. Saint Charles lea introduits (convenablement expurgs] dans ses sminaires; Bossuet s'en est servi pour l'ducation du Dauphin. C^s exemples ne nous paraissent pas dcisifs.


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Saint Charles ne croyait pas les paens si ncessaires l'ducation de la jeunesse chrtienne. Il les avait exclus dson plan primitif ; mais tel tait l'entranement gnral dutemps pour ces tudes, que le saint archevque dut pactiser. Il fallait donner du Cicron, du Virgile et de l'Ovidecomme il faut aujourd'hui, qu'on nous permette la comparaison , dans beaucoup de couvents, permettre demener les petites filles au spectacle les jours de sortieSans cette concession la folie des parents, point d'lve:les parents choisiraient des maisons plus commodes, ole progrs va jusqu' ngliger le catchisme. Saint Charledonna des paens, le moins qu'il put! Qui voudra mettreles collges d'aujourd'hui sur le pied o taient d'ailleursceux de saint Charles, pourra faire comme lui. Il y auratoujours les inconvnients qu'il voyait; mais ils n'galeront pas ceux dont on se plaint prsentement.

Quant l'exemple de Bossuet, une observation biensimple affaiblira les conclusions que Mgr l'vque d'Orlans croit pouvoir en tirer. Bossuet faisait, dans toutela force du mot,une ducation particulire.Si chaqueenfant avait un Bossuet pour choisir, expliquer, corrigerles auteurs paens qu'on lui fait tudier; pour l'obliger d'avouer que la philosophie (paenne), toute grave qu'elle parat, compare la sagesse de l'Evangile n'tait qu'une pure enfance; nul doute, on pourraitsuivre la mthode de ce grand homme, si hautemenapprouve par le saint pape Innocent XI. Encore, devraiton la suivre entirement, donner aux saints une place

plus belle qu'aux hros, mettre saint Louis infinimenau-dessus de Csar; en un mot,ramener l'ducation au

principal desseindes prcepteurs du fils de Louis XIV,qui tait de faire servir toutes ses tudes lui acqurir


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OPINION DE MSR L' V Q UE D' OR L AN S. -107

premirement lapit: Nous lui faisions connatre, par les mystresabominables des Gentils et par les fables de leur thologie, lesprofondes tnbreso les hommes demeurent plongs ensuivant leurs propres lumires. Il voyait que les nations les plus polies et les plu habiles en ce qui regarde la vie civile, comme le Egyptiens, les Grecs et les Romains, taient dans un siprofonde ignorancedes choses divines, qu'ils ado-* raient les plus monstrueuses choses de la nature, e qu'ils ne se sont retirs de cet abme que quand Jsus Christ a commenc de les conduire. Cespassages, citspar Mgr l'vque d'Orlans, montrent l'estime que Bossuet faisait des paens, et laissent deviner ce qu'il penserait d'un systme d'ducation dont les auteurs paensforment la base.

En dehors des sminaires, est-il ordinaire de trouverune maison d'ducation, mme religieuse, o les professeurs sachent prendre les soins que Bossuet imposaitson gnie? Ils le voudraient, qu'ils n'y parviendraient pas.Ce que l'on peut faire pour un seul lve, aprs avoirexamin ses aptitudes, et en tenant compte du rang qu'ildoit occuper un jour dans le monde, il n'est ni possibleni sage de le transformer en mthode gnrale. Tous les

enfants ne sont pas des princes, tous ne seront pas dessavants; leur bonheur et le repos du monde veulent qu'ilssoient tous des chrtiens. C'est quoi l'ducation doittendre ; c'est en ce point que le systme doit suppler l'insuffisance des instituteurs. Les grands hommes font

ce que bon leur semble; la prudence commande au vulgaire de ne pas affronter les difficults dont le gnie se

joue. Quand mme le systme actuel serait celui de Bosuet et de Fnelon, ni Bossuet ni Fnelon ne l'appliquent


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408 RF ORM E DE ENS EIG NEM ENT .

et les fruits, depuis longtemps, laissent beaucoup dsirer, L'Eglise, l'Europe, la France, n'eurent pas lieu des'en applaudir lorsque la Rvolution clata. La Religionalors trouva peu de dfenseurs; on sait si elle avait deennemis! O se levrent ses plus courageux martyrs?Dans les campagnes de la Bretagne et de la Vende, parmces paysans qui n'avaient jamais lu que laVie des Saints.O furent les adversaires furieux et implacables, lestratres, les lches, enfin les apostats? Hlas! ils surgirent des classes lettres, des corps savants, des corpenseignants.

S'adressant aux partisans de la rforme des tudes,Mgr l'vque d'Orlans leur reproche avec beaucoupd'amertume leurs anathmes contre les instituteurs les plus religieux, les congrgations enseignantes les pl clbres, lesBndictins, les Jsuites, lesOratoriens. Il prend particulirement la dfense de la Compagnie dJsus, et il se demande comment on a pu l'accuser de n'avoir travaill avec tant de zle que pour faire l'Eu rope paenne? Mgr l'vque d'Orlans est mal inform; personne n'a pu ni voulu se rendre coupabledecetteinjustice. On a dit simplement qu'avec la meilleure volont du monde, les Jsuites n'avaient pudpaganiser

l'enseignement. Pourquoi chercher des exagrations esurtout des offenses o il n'y en a point? Et quand mmun mot malheureux aurait t dit, faut-il s'accrocher cela? On a bientt fait de lcher une parole vive; on taxd'emportement, de violence dclamatoire,d'aberration,

une opinion admise, approuve, encourage par les plugraves esprits. La polmique peut noter en passaut cepromptitudes et ces inadvertances; elle ne saurait letransformer en arguments. Ni M. G aume, ni aucun vrai


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OPINION D E M F L ' V Q U E D ' O R L A N S . 4 0 9

catholique ne refuse aux Jsuites le tribut de son admration et de sa reconnaissance. Mais toutes les corportions enseignantes n'ont pas mrit l'honneur d'taccoles la Compagnie de Jsus. On sait trop ce qu'edevenue la gnration leve par les Bndictins, par lOratoriens, par les Gnovfains, et ce qu'ils sont devnus eux-mmes. Comme leurs lves, ces moines si latinmais si peu romains, tirent, sou> le point de vue religieupeu d'honneur aux bonnes tudes classiques. Sans parlde ceux qui jourent un rle politique, tels que les Focher, les Daunou, les Lakanal, beaucoup s'enfuirenbeaucoup se marirent; hlas! beaucoup reparurent podevenir les fondements de l'Universit impriale !

Ds la fin du xvne sicle, l'occasion d'une polmiqueclbre entre Mabillon et Ranc, on avait dit ces relgieux que l'amour des lettres paennes leur deviendrafuneste. Il serait difficile, en effet, de prouver que le pganisme littraire n'entra pas pour beaucoup dans lecauses de la dcadence religieuse et sociale dont lxviii* sicle peu prs tout entier nous offre le triste tbleau. Ouvrez le peu de livres honntes qui parurensous le rgne de Louis XVI : une seule chose y est plremarquable que l'tonnante pauvret de la pense et d

style , c'est la pauvret ou plutt l'absence totale du setiment religieux. Quelle misre, quelle lchet, quecurs teints! Les auteurs n'osent presque plus appelDieu par son nom; ils disent djVEtre suprme.C'taitmme le langage des coliers. Dans une lettre que le pe

Napolon Bonaparte crivait de Brienne sa famille, sla mort de son pre, Dieu est dsign par cette prphrase. Au nombre des professeurs de cet enfant il avait cependant un religieux Minime, et c'tait celu


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410 RFORME DE L'E NSE IGN EME NT.

qu'il prfrait. Si le systme d'ducation suivi Brienne,sans tre moins militaire, avait t un peu plus chrtien;si le Pre Patrault et les autres matres du petit Bonaparte avaient dpos plus avant dans cette intelligencesi ardente, les grandes vrits de la foi, et les y avaienscelles par les grands et hroques souvenirs de l'histoire catholique;s'ils lui avaient fait admirer les martyrs,s'ils lui avaient fait connatre et comprendre saint Louis,nous inclinons penser que l'Eglise, la France et l'humanit y auraient gagn beaucoup, sans que la bonnelittrature y perdit rien. Mais, au lieu de faire de Napolon un chrtien, la mthode d'enseignement, plus forteque les matres, en fit un incrdule. C'est lui-mme qu

le racozite : Voyez un peu la gaucherie de ceux qu nous forment. Ils devraient loigner de nousVide du paganisme et de tidoltrie, parce que leur absurdit provoque nos premiers raisonnements elnous prpare rsister la croyance passive.Et pourtant9 ils nous

lventau milieu des Grecs et des Romains,avec leurs myriades de divinits. Tellea t pour ?noi } et la lettre, la marche de mon esprit :j'ai eu besoin de croire, j'ai cru; mais ma croyances'est trouve heurte,M incertaine, ds que j'ai su raisonner, et cela m'est arriv d'assez bonne heure, treize ans.

Il suffit, dit Mgr l'vque d'Orlans, de lire leTrait des Etudesde Rollin et les plans d'tudes qui nous restent du xvne sicle, pour voir que les auteurs chrtiens n'ont jamais t bannis de l'enseignement clas

sique dans les maisons d'ducation o la religion pr sidait, et qu'on s'y est toujours appliqu enseigner chrtiennement les auteurs profanes. Epur si muovel La religion prsidait aussi Brienne, elle prsidait par-


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412 RFORME DE L 'ENS EIGNE MENT.nirs leur restent tellement gravs dans la mmoire, que toute leur vieils aiment mieux lire, dire, entendre des choses vaines et dshonnteque des choses utiles et honntes : semblables des estomacs malade

ils rejettent sur-le-champ les salutaires enseignements de la parole deDieu et les sermons et les exhortations religieuses qu'on vient plutard leur adresser.

Voil le mal caractris comme nous le pourrions faireen regardant notre socit d'amateurs de vaudevilles et

de liseurs de romans. Indiquant aussitt le remde, Possevin veut qu'on en revienne l'ancien usage des universits et des coles du moyen ge, et que, suivant lcommandements des Pres, des Conciles, de Dieu mmon mette d'abord entre les mains-de la jeunesse les Actedes Martyrs, les Vies des Saints, l'Ecriture et les PresAprs quoi, dit-il, sous la direction de matres capableet pieux, les coliers pourront non-seulement sans danger, mais encore avec profit tudier les auteurs profanesils jugeront alors sainement de leurs doctrines, en lecomparant aux doctrines chrtiennes dont ils auront tnourris. Possevin a intitul le livre o il donne ces conseils :Du moyen de conserver tEtat et la libert(1).Nous le recommandons tous ceux qu'inquite ce diffcile problme.

Un sicle aprs Possevin, le pril ayant grandi, unphilosophe clbre, prtre, religieux, membre d'unecongrgation enseignante, le Pre Mallebranche, donnai la France les mmes avertissements : Qu'on ouvr du moins les yeux. Quoi! voit-on que ceux qui save bien Virgile et Horace soient plus sages que ceux qu entendent mdiocrement saint Paul? Pauvres enfants! on vous lve comme des citoyens de l'ancien

(1 ) Ragionamento del modo di conseware lo Stato et la libert/.


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OPINION DE MR l / VQ UE D ' 0R L AN S. 413

(1) Trait de morale,ch. X, n 15.

Rome; vous en aurez le langage et les murs (1). Il serait ais de prouver que, de tout temps, l'emploi

des classiques paens a paru prilleux, en dpit de lvigilance et du talent des plus sages instituteurs. Possevin et Mallebranche, dont la comptence ne saurait treconteste, se sont-ils tromps? Ce qui leur paraissaidangereuxa-t-il cess de l'tre? Mgr l'vque d'Orlanssemble l'affirmer dans le passage suivant, o nous trouvons une apprciation historique laquelle nous ne saulons nous rendre : Attachons-nousplus que jamais, dit l'loquent prlat, aux mthodesprouves parle temps, consacres par l'exprience,et qui produisirent tous ces grands hommesdont la littrature, les sciences, n la philosophie chrtienne, la politique, l'Eglise, on pu, si juste titre, se glorifier depuis trois sicles.

Ordinairement, les grands hommes se forment parleur propre travail : on ne sort d'aucune cole grandcrivain, grand artiste, grand savant, grand guerrier,grand politique, ni mme grand chrtien. L'ducationest un apprentissage qui doit nous fournir tons lesmoyens de perfectionner notre esprit, et surtout notreme. La meilleure ducation a atteint son but lorsqu'ellenous a donn cettepit que Bossuet voulait surtout inspirer son lve; cette rgle intrieure qui, mettantdans toutes nos actions, dans tous nos dsirs la temprance, la probit, la charit, nous fera courageusementprendre les voies de la justice et nous donnera, quelleque soient nos aptitudes, la force de sacrifier mme lgloire et les applaudissements du monde au suprme devoir de rester chrtiens. Mais, en supposant qu'il y ait


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i i i RFORME DE l /ENS EIGN EMEN T.

des mthodes pour produire ce que l'on appelle des grands hommes, la question est de savoir : premirement, si la religion a d se louer ou se plaindre de laplupart de ces grands hommes des temps modernes; secondement, si ceux qui ont t vraiment grands, c'est-dire si ceux qui ont vritablement et volontairemenservi l'Eglise, lui ont t donns par les mthodes donla valeur est aujourd'hui en discussion. A ce double poinde vue, nous oserons n'tre pas de l'avis de Mgr l'vqud'Orlans.

Suivant la clbre parole de M. de Maistre, depuis troisicles l'histoire a t une conspiration permanente contrela vrit, en d'autres termes, contre l'Eglise, qui est legrand personnage des affaires humaines. Or, ce queM. de Maistre a dit de l'histoire, il aurait pu le dire aussi

justement de la littrature, de la science, plus encore dla politique. Ses livres sont un irrfutable dveloppement de cette accusation gnrale contre l'impulsiondonne l'esprit humain par la Renaissance et par laRforme. Mouvement terrible dans sa force et dans sadure; assez puissant pour branler non pas, grce Dieu, l'Eglise, qui Ta combattu et qui le domptera, maisquelques glises, dont les unes ont chancel et n'ont t

raffermies que par le martyre, dont les autres sont tombes sans que l'on puisse dire dans combien d'annesdans combien de sicles elles se relveront.

Mgr l'vque d'Orlans, dfendant le mouvement duxvie sicle sur un point o personne ne l'attaque, nomme

quelques-uns des saints qui surgirent en grand nombrecontre la coalition ordinaire du paganisme et de l'hrsie. Il semble croire, par une distraction vidente, queles amis des lettres chrtiennes traitent de paens ces


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OPINION DE M&R L'VQTJE D ' O R L A N S . 4 1 5

saints eux-mmes : Etranges paens, s'crie-t-il, qu tous ces hommes qui aboutissent saint Vincent d Paul et Bossuet! Etranges, en effet, et il faudraune passion plus forte que la ntre, qui pourtant n'espas mdiocre, pour pousser jusque-l l'horreur des lettrpaennes. Mais, sans tre le moins du monde disposs ces emportements, nous pourrons bien dire que les fondations pieuses et les hommes apostoliques des xvi* exvii*sicles ne caractrisent pas et ne dominent pas seulces temps malheureux. Malgr M. Olier, malgr sainVincent de Paul, l'esprit et les mthodes de la Renaissance eurent en France d'autres aboutissements. Ils produisirent, du vivant de Bossuet, l'Assemble de 1682 sa dclaration trop clbre; un sicle plus tard, la constitution civile du clerg.

La marche gnrale de la littrature n'a pas t meileure. L'esprithumain peut sans doute se glorifier deMontaigne, de Molire, de La Fontaine, de Boileau, d

La Bruyre, de Montesquieu, de Voltaire; mais l'espr chrtien? L'honnte Boileau, le plus rserv de tous,allait jusqu' croire que l'on ne saurait tre chrtien evers; on l'appela le lgislateur du Parnasse. Quanaux sciences, matrialises sous la conduite de Bacon;

elles le sont encore pour longtemps. Quelques savanchrtiens, devenus savants ou rests chrtiens par lgrce de Dieu, n'ont pas entran la masse.

Mais c'est dans la politique, c'est l qu'clate la funesinfluence de cet enseignement qui propose la jeuness

pour premiers et souvent pour uniques modles, les hret les sages paens. A part les Souverains Pontifes, amilieu desquels rayonne l'immortel Pie V, la portion dla chrtient soumise aux ides de la Renaissance a


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4 16 RFORME DE h'ENSEIGNEMENT.

depuis trois sicles douloureusement strile en politiquevraiment chrtiens. Les maximes de Machiavel ont pluou moins guid tous ceux qui ont conduit les affaires dumonde. Quel princes'est assez proccup de rtablirdans la patrie et dans l'Europe le faisceau bris de l'unit catholique? Lequel a fait un effort pour relever cetteJrusalem terrestre en lutte contre elle-mme et la ramener au vrai temple? Quis'est propos de conqurir despeuples afin de les donner Jsus-Christ? Diviser le paypour rgner, ou diviser l'Europe pour s'agrandir; sacrifier tout, mme la fraternit religieuse, mme la foi

jure, tantt l'orgueil et aux intrts du Roi, tantt l'orgueil et aux intrts de la Nation, voil le mobile dla politique moderne, depuis Franois It T et Charles-Quint jusqu' Louis-Philippe. Politique non-seulemenanti-chrtienne et anti-humaine, mais insense, quiaprs trois sicles de discordes et de guerres, donne enrsultat la Pologne anantie, l'Irlande affame et dci

me, l'Espagne ruine, l'Italie folle, la Suisse en feutoutes les nations catholiques affaiblies, l'hrsie prpondrante, le schisme menaant, la barbarie pour avenir. Lorsque Ton voit le rang que tiennent l'Angleterreet la Russie, on s'tonne d'entendre glorifier les homme

d'Etat que l'ducation a donns aux pays catholiques!Qu'ils soient polis, diserts, quelquefois mme chrtienscomment, nanmoins, dans ces diplomates courte vuet courte haleine, reconnatre les continuateurs deshros illettrs qui avaient constitu toute la chrtient

comme une seule famille, au sein de laquelle ne devas'lever aucun tyran, sur les frontires de laquelle nepouvait s'affermir aucun ennemi?

Oui, le Mal a eu ses grands hommes, ses crivains


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OPINION D E M SR L ' V Q U E D ' O R L A N S . 4 17

ses artistes, ses savants, ses politiques; mais le Bienaperdu de son assurance, de sa fcondit, de sa force autrefois victorieuse. Depuis trois sicles, un venin subta ralenti et comme glac cette sve de gnie qui vouladonner l'humanit le Christ pour unique conquranpour unique lgislateur, pour unique Dieu; qui produsait les Sommes thologiques, les croisades, les cathdrales; qui suscitait des saint Bernard, des saint Thomas d'Aquin, des saint Etienne de Hongrie, des sainLouis de France, et qui leur donnait des disciples, dearmes, des peuples pour accomplir tout ce qu'ils osaieentreprendre la gloire de l'Evangile. Quels hommes quelles uvres! Ils dissipaient les restes de la barbareuropenne ; ils levaient une barrire contre l'islamismeils affranchissaient l'Espagne; ils entamaient l'Afriquparla guerre, le plus lointain Orient par les missionils allaient dcouvrir le Nouveau-Monde; ils implantaient chez les peuples chrtiens des institutions dont

touchant et majestueux ensemble nous remplit aujoud'hui d'tonnement et de regrets. Ah! ces hommes-lpeut-tre, ne savaient pas tous le latin avec autant draffinement qu'on l'a su depuis. Ils en savaient cependaassez pour s'crier, dans l'allgresse prophtique de le

amour :Christus vincit, Christus rgnt, Christus im- perat! Et l'humanit s'avanait, sous leur conduite, verdes splendeurs de paix et de lumire dont le latin et grec qu'elle a pu depuis acqurir ne l'ont gure rapprche !...

Ce venin, qui presque tout coup a arrt l'essor dla socit catholique et qui , malgr les miracles du dvouement religieux, la paralyse encore aujourd'hunotre conscience nous crie que c'est l'esprit de la Rena

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418 RF ORME DE L'E NSE IGN EME NT.

sance. Le paganisme de l'enseignement, s'infiltrant danles arts, dans les sciences, dans les murs, dans la poltique, non-seulement diminue le nombre des intelligencecompltement chrtiennes, mais encore les isole au mlieu d'un monde o leurs inspirations appauvries n'ontplus d'cho. Saint Bernard se clotre dix-huit ans :quelques annes aprs, son clotre renferme huit centsreligieux dont une grande partie portent les plus illustresnoms et ont abdiqu les plus hautes fortunes. Il prcheles peuples s'meuvent; il envoie une arme la conqute du Saint-Spulcre. Que serait aujourd'hui saintBernard? Le suprieur d'une communaut de trente ouquarante trappistes, parmi lesquels on compterait peude bacheliers. S'il prchait dans quelque grande ville, ipourrait dcider une centaine de bourgeois faire leursPques, surtout si les socialistes y avaient prch avanlui. Mais que diraient les conservateurs, mme ceux qusont chrtiens, si le Souverain, ayant os conqurir lSaint-Spulcre sans justifier cette expdition par aucunintrt de commerce, rentrait Paris comme saint Louispieds nus, les yeux en pleurs, portant dans ses mains lcouronne d'pines? Saint Bernard, saint Louis risqueraient de paratre exagrs. En leur temps, ils furent des

-hommes populaires, les rgulateurs et les chefs du vraparti chrtien dans la rpublique chrtienne. Voil l'effetde l'ducation publique : elle ne fait pas lesgrands

hommes, mais elle les prpare, pour le mal comme pourle bien, et surtout elle leur prpare des disciples et de

instruments. Lorsque l'ducation tait catholique, elledposait au fond des mes un levain de foi qui fermentai la parole des saints; elle y en met un autre, depuistrois sicles, que la parole rvolutionnaire s'assimile


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convertissant. Malgr le beau spectacle qu'offrit la Trapperforme, ont y fut toujours loin des huit cents moinede saint Bernard. Ranc et Olier parurent longtempsdes gens qui voulaient se singulariser; l'abb de laTrappe fut signal comme un ennemi des lumires; toutla famille, d'ailleurs trs chrtienne, du fondateur desSulpiciens, trouva qu'il se dshonorait en devenant cur

On voit qu' cette poque de combats hroques, letorrent de la mauvaise coutume, de la mauvaise ducation, tait dj bien fort. Il ne l'est pas moins sans douteaujourd'hui. Questionnez la plupart des catholiquesillustres de notre temps : en quoi les mthodes actuelleont-elles servi les faire ce qu'ils sont? et particulirement lorsqu'ils sortent de l'Universit, que leur a-t-onappris de tout ce qu'ils savent? Rien absolument, nil'histoire, ni la philosophie, ni la religion, ni le latinIls ont d se redonner une ducation toute nouvelle, brler ce qu'ils avaient ador, adorer ce qu'ils avaient brl.On laisse si compltement ignorer, en gnral, ce qu'ilont appris de la sorte, qu'ils parlent un langage et qu'ilsont des ides inintelligibles la plupart de leurs anciencondisciples, mme chrtiens; et c'est dans les rangs dces derniers peut-tre que leurs entreprises ont rencon

tr la plus vive rsistance. Que de difficult pour fairaccepter l'art chrtien, l'unit liturgique, les ordres religieux, la libert de l'Eglise, pour abattre les restes de lasparation gallicane, pour rtablir quelques grands faitset rhabiliter quelques grandes figures historiques, pour

former enfin un noyau d'hommes qui voulussent treavant tout les serviteurs de la sainte Eglise! Ils l'ont faitou ils l'ont commenc, et ils achveront; mais de terribles labeurs les attendent, et ils devront soutenir en-


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OPINION DE Mtf" L'VQUE D'ORLANS. 421

core des luttes redoutables contre les prjugs d'ducationqu'ils ont effacs de leur propre esprit. Mgr l'vqued'Orlans a vu ces combats; dans beaucoup d'occasionil les a soutenus lui-mme : il peut dire combien la vitoire et t plus complte, si les curs avaient t moinfroids, les esprits moins prvenus et moins ignorantsAvec quelle peine n'a-t-on pas trouv dans toute laFrance quelques milliers de ptitionnaires et de souscripteurs pour la libert d'enseignement, cette uvre de justice et de salut!

Nous disons que tant de langueur accuse une ducation insuffisamment chrtienne, l mme o elle eschrtienne; nous disons que les enfants qui sortent deleurs classes connaissant et aimant l'Eglise, ne la connaissent pas et ne l'aiment pas assez; nous disons enfinque c'est l le venin de la Renaissance, et qu'il est urgentaujourd'hui plus que jamais, que l'ducation en soitpurge*


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M L A N G E SRELIGIEUX, HISTORIQUES, POLITIQU

ET LITTRAIRES

PAK

L O U I S V E U I L L O T

RDACTEUR EN CH EF DEV UNIVERS.

'2e S R I E

TOME PREMIER

P A R I S

G A U M E F R R E S E T J . D U P R E Y , D I T E U R S

R U E C A S S E T T E ,4 .

1 8 5 9

Droits DE traductionETDE reproductionRSERV.


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MLANGESRELIGIEUX, HISTORIQUES, POLITIQUES

ET LITTRAIRES

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LE PAGANISME DANS L'DUCATION.

La polmique quis'est leve sur les dangers que prsente la prpondrance de l'lment paen dans l'ducationde la jeunesse, est du nombre de celles qui m'ont t lplus reproches pour le fond et pour la forme, et elle amis le journal deux doigts de sa ruine.

Un livre de M. l'abb Gaume en a t l'occasion. Appuyant les conclusions de cet ouvrage, publi avec l'approbation de S. E. le cardinal Gousset, j'avais demand queTon s'occupt d'une rforme depuis longtemps ncessaireDj plusieurs annes auparavant, dans un crit que lesproccupations exclusives de la lutte politique pour la libert d'enseignement ne laissrent pas assez remarquer,l'illustre chef du parti catholique, Mg r Parisis, voqued'Arras, avait signal le pril et indiqu le remde. Ce remde n'tait autre que la substitution, dans une mesure fixer, des auteurs chrtiens aux auteurs paens.

La contradiction ne vint pas d'abord du ct de l'Universit, o je l'attendais, mais ma grande surprise, duct des catholiques, et elle se manifesta nergiquemen je pourrais mme dire violemment. On s'tait moinchauff autrefois sur le retour la liturgie romaine etsur la loi de l'enseignement. Au fond, les dissentimentexcits dans ces deux rencontres, s'ajoutant au levain dela division politique, plus que jamais en fermentationdepuis le2 dcembre, furent les vritables causes de cetteeffervescence, je ne puis du moins me l'expliquer autrement. La question en elle-mme tait* essentiellemenneutre, et de celles qui doivent runir plutt que diviser


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1 4 6 L E PA G A N I S M E D A N S L ' D U C AT I O N .

Mgr l'vque d'Orlans, usantde son droit, rponditparune sentence longuement motive,qui interdisait la lecture du journal dans les maisons d'ducationde son dio

cse.Je ne me permis pointde rpondre ce coup d'autorit, quoique plusieursdes torts pour lesquelson mefrappait personnellementne fussent en aucune manireles mienset portassentsur des paroles qui n'appartenaientni moi ni mes collaborateurs; maisje continuai desoutenir contre d'autres adversairesune cause qui me pa

raissait toujours lgitime,et une opinion qui ne cessaitpas d'tre libre.J'y tais d'ailleurs autorispar une lettrepublique de Mgr l'voque d'Arras. On trouvera cette lettredans VAppendicedu prsent volume ainsique la sentencemotivede Mgr l'voque d'Orlanset dspices importantes sur les suitesque le prlat jugeait propos de donner cet incident.

La discussionne s'endormait pointde l'autre ct. Tousles jours, dansle Correspondantet dans VAmi de la religion,organes du parti favorableaux classiques paens,on nousreprochait de troubler la paix avecune insistance, et desimputationsqui nous rendaient le silence impossible.On

allait jusqu' direque M. Gaume et nous-mmes nousdevions demander pardondu scandaleque nous avions donn l'gliseet au monde. Notre crime consistait avoir formle vu que lajeunesse chrtiennept tre dsormais pluslargement nourrie d'esprit chrtien. Maisces adversairesavaient fini parse persuader que nous proposionsde jeferau feu tous les auteurs paenset de replonger le mondedans la barbarie. On attestait que nous tombions dansl'hrsie, on nous appelait baanisleset lamenaisiens.

Si je nommaisles crivainsqui formulaient ces accusations, elles paratraient plus plaisantes qu'odieuses. Rienne les autorisait prononcer de si haut. Mais force d'y

revenir, ils avaient abusun certain nombrede trs-gravesesprits sur notre attitude.De telles inquitudeset de tellesdivisionsse manifestrent que VUniversdut battre en retraite. Cette retraitene lui procura point la paix. On con-


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L E PA G A N I S M E D A N S L ' D U C AT I O N . 1 4 7

tinua de le harceler dans le silence o il voulait se renfermer, et il ne fallut pas moins qu'une parole du SouverainPontife pour terminer ce dbat qui, dans ses transforma

tions, prenant peut-tre enfin son vritable caractre, taitdevenu une attaque en rgle contre le fonds mme des doctrines que l'Univers dfendait.

Je reproduis ici une partie de mes articles sur la question des classiques : ils donnent le ton de tous ceux quont paru dans le journal. Je me persuade qu'ils ne para

tront pas d'une pense aussi excessive et d'une expressioaussi brutale qu'on l'a dit.


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29 SEPTEMBRE 1851

I. M. l'abb (iaume et M. Lenormant. Le moyen ge.

L'Italie au quatorzime sicle. II. La Renaissance. Comment l'esprit du Christianisme s'est-il affaibli ? Ldix-septime sicle. Est-il vrai que M. l'abb Gaume aaccus les Jsuites d'avoirpaganis leurs lves? SaintCharles Borrome. Ncessit d'une raction contre lpaganisme dans Fducation.

Le paganisme rgne depuis longtemps dans l'ducatioet de l'ducation il a pass dans les murs, non-seulemedans les murs de la classe aise, mais dans celle du peple, o il fait en ce moment de lamentables progrs. Voiun fait que Ton ne peut gure contester, et qui est dignde l'attention de tout ce qui reste de chrtiens et d'hommde bon sens. Ce fait et ses consquences ont t l'objet dlongues tudes d'un prtre plein de science, de zle et dvertu, M. l'abb Gaume, vicaire gnral de Nevers, autede livres excellents, et particulirement de ce beauCat

chisme de Persvrance,qui a conquis une popularit europenne. Rcemment, M. l'abb Gaume, revenant ucombat o il a paru des premiers, a publi un ouvrage oil traite du paganisme dans l'ducation. Il en fait voir l'rigine, la marche, le caractre, les dangers : C'est l, dit-

le ver qui ronge la socit chrtienne ; elle prit, parcqu' la sve qui lui est propre, l'ducation substitue unsve paenne ; nous ne sommes plus chrtiens, parce qles matres de notre enfance et de notre jeunesse ne no


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LE PAGANISME DANS L'DUCATION. 149

ont pas fait connatre et aimer le christianisme, et la sociclate et se brise, sans tre dfendue, sous les coups qui lsont ports de toutes parts. Cette socit est un vieux mouchrtien dans lequel, en effet, des paens ne peuvent pluvivre.

La pense de M. l'abb Gaume nous a paru vraie; nousavons applaudi aux projets et aux plans de rforme donl'auteur s'occupe depuis longtemps et qu'il poursuit avecune ardeur calme et dvoue, en rclamant le concourde la sympathie et les lumires de la critique. Ni les sympathies ni les critiques ne lui manqueront, et, pournotre part, nous osons lui promettre, en toute sincrit, cdouble secours, autant que nous pourrons le lui donner

Nous avons occasion de commencer aujourd'hui, en dfendant les ides de M. l'abb Gaume contre une opiniosvre et d'un trs-grand poids, celle de notre savant amiM. Charles Lenormant.

Nous ne dplorons pas ces dissentiments entre de

hommes qui aiment galement l'glise, qui veulent galment le bien, qui dsirent galement le triomphe et le lonrgne de la vrit. Sans doute, un accord complet et quproduirait des efforts unanimes, vaudrait mieux et seraitplus doux. Mais une des premires choses qu'il faut sa

voir faire dans ce monde, lorsque l'on y veut faire quelquchose,c'est de prendre son parti de la contradiction: nousparlons de la contradiction sincre et claire ; l'autre estla compagne insparable de toute uvre lgitime, car l'esprit du mchant rsiste au bien, comme le sol strile rsiste au soc de la charrue. La contradiction entre gensanims du mme bon dsir, ne nait pas seulementd'unemanire naturellement diffrente de voir et djuger ; ellevient aussi d'une manire diffrente de rendre des ina-


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150 L E PAGAN ISME DA NS L' DUC ATI ON.

pressions et d'exprimer des penses qui souvent sont identiques. Contre cet inconvnient, il n'y a pas d'autre ressource que la discussion. SiM. l'abb Gaume se trompe,il est bon qu'il le sache, ainsi que tous ceux qui se trompent avec lui, et le nombre n'en est pas petit ; si M. l'abbGaume a raison, M. Lenormant le verra bien et netardera pas le reconnatre. De faon ou d'autre, unequestion de la plus haute importance pour l'avenir de l'ducation et pour l'avenir de l'glise sera vide. Qu'il nousoit permis de dire ce que nous augurons, aprs avoir lu llivre de M. l'abb Gaume et la critique de M. Lenormant ces deux hommes d'un mrite suprieur, finiront par agirl'un sur l'autre, de telle sorte que les ides qui leur devien

dront communes formeront un ensemble voisin de la perfection.

Jusqu' prsent, suivant nous, M. Lenormant prenanttrop au pied de la lettre quelques assertions de M. l'abbGaume, leur donne pour les combattre, une rigueur

qu'ellesn'ont pas; et lui-mme, qu'il nous le pardonne,semble tomber dans la faute qu'il reproche son adversaire.

M. l'abb Gaume dit, qu' part quelques actes de dsobissance, l'Europe, pendant la dure du moyen ge, s

montra pleine de respect et de soumission pour l'Eglise. c Au contraire, ditM. Lenormant, il n'y a pas une poque du moyen ge o l'difice temporel de l'Eglisen'ait trembl SOT ses fondements, o des hrsies, non pas spcieuses, mais infmes, n'aient troubl les esprit

perdu les murs et ravag les populations. Si je vou prsentais le tableau vrai de ces luttes et de ces pril je vous ferais reculer d'pouvante.

Sans doute, le moyen ge, comme toutes les poque


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LE PAGANISME DANS L'DUCATION. 131

offre deux faces ; l'humanit, comme toujours, s'y partagen deux courants. L'empereur Frdric II, ingrat et rebelle envers l'glise, tratre la chrtient, adonn auxmurs musulmanes, patron de tous les incrdules et dtous les bandits, offre une des deux faces, reprsente udes deux courants du moyen ge. M. l'abb Gaume ne l'ignore pas. M. Lenormant n'ignore pas davantage quesainte Elisabeth de Hongrie,saintLouis, saint Franois,saint Dominique, saint Thomas d'Aquin sont l'autre facereprsentent l'autre courant: et en somme, travers tantde luttes, de combats, de passions barbares,-c'est ce dernier courant, le courant chrtien, qui emporte l'humanit.L'homme d'entre deux se tient plus prs de l'glise et

finit ordinairement par lui appartenir tout fait. Il y a unnombre effrayant d'hrtiques et de sectaires, mais aussique de saints ! Combien de destructions et de rapinesmais combien de fondations et de restitutions et de pnitences! Otrouverquelque chose de plus magnifique, dans

l'histoire des hommes, que le mouvement des croisadesla naissance des deux grands ordres mendiants, les effortpermanents des Papes et des Conciles pour tablir sur lemonde barbare le rgne de la justice, de la paix et de lascience chrtiennes ! Et quel succs, je ne dis pas seulement jusqu' Luther, mais jusqu' nos jours, o nousvoyons que pour dtruire radicalement la civilisation catholique, trois sicles d'effortsn'ont pas suffi, et qu'il fautradicalement dtruire toute civilisation !

M. Lenormant nous semble avoir galementraison et tortlorsqu'il remarque que tout le mal ne vient pasde la Renais sance,oM.Gaume le fait principalement remonter, et quedj, au quatorzime sicle, par suite de la dplorable politique des princes, l'empire souverain du catholicismes'tait


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1 5 2 L E PAGANISME DANS L'DUCATION.

considrablement affaibli enltalie,aucentre de l'glise. Oen pourrait dire autant du treizime sicle, et du douzimeet de tous les sicles chrtiens. Tantt pour unecause, tantpour une autre, toujours, part derares intervalles depaix,l'empire du catholicisme a t faible en Italie. Le Pape, vcaire de Jsus-Christ, est comme lui lev sur un calvaireLe serviteurn'est pas mieux trait que le matre. La premire terre sainte n'a presque pas cessd'tre au pouvoirdes infidles : la seconde a t sans cesse trouble et ensanglante par la fureur des mcrants. Beaucoupd'actessouverains du chef de l'glise romaine, reus et obis dtout l'univers chrtien, ont t dats d'un Heu d'exil.C'est Lyon qu'un Pape fugitif souffla sur la flamme qui sym

bolisait l'me et la puissance de cet empereur Frdric IIl'un des plus grands ennemis de la papaut. Frdric taialors matre absolu de l'Italie et de l'Allemagne. La sentence d'excommunication n'en fut pas moins excutcontre lui, contre sa postrit tout entire, non-seu

lement par la Providence, mais par l'Europe, et l'Italiey prit sa part. Jamais l'glise romaine ne fut puissantepar les armes. L'histoire des papesn'est qu'un long rcitde perscutions. Seulement, ici oul, toujours Dieu, affemissant la constance de ses pontifes, prit soin de leu

susciter temps des dfenseurs et des vengeurs. L'Italien fournit au quatorzime sicle, et qui prouvrent quela foi n'y tait pas morte, puisque ce furent des saintsM. Lenormant ne compte pas pour rien Catherine deSienne. Elle en a fourni aussi de nos jours, et Ferdinandroi de Naples, en est un qui mrited'tre compt. Mais lapit jamais illustre de Ferdinand ne prouve pas en faveur de la foi italienne autant que l'intervention de l'humble fille siennoise. Je doute que les mazziniens d'aujou


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154 LE PAGANISME DANS L*DUCATION.

nous, car il a infiniment plus d'exprience et il voitde plus haut. Il y a donc eu dcadence rapide, profonde ; si rapide et si profonde que nous ne savons poinsi tout ne va pas prir. D'o vient cette dcadence, sinod'un affaiblissement de l'esprit du christianisme? Et comment l'esprit du christianisme s'esk-il affaibli, si l'ducation ne l'a pas trahi ?

M. Lenormant allgue notre quinzime sicle, ce granAge qui va de saint Franois de Sales etde sainte Chantai Bossuet. C'est une belle poque, toute pleine de gloire, dlumire, de gravit et de vertu ; pas plus belle cependanque cette splendeur du treizime sicle, o M. Lenormanne voulait voir tout l'heure que des tnbres. Le dixseptime sicle eut aussi son vice, sans doute, son mal aparent ou cach qu'il faudrait connatre, afin de savoirpourquoi nous sommes tombs presque sans transitionau milieu de l'poque la plus pacifique et la mieux ordonne, des mains de Bossuet aux mains de Voltaire. Qu

croira que l'ducation n'y ft pour rien ? Il ne suffit pasde sourire et de dire que M. l'abb Gaume attribue tout auSelec eprofards.M. l'abb Gaume peut apporter danssa thse et surtout on peut y voir un peu trop d'ardeur ;mais pourtant, que cela tienne auSelectou autre chose,

il y a l un fait dont on ne peut pas se dbarrasser avec umot piquant.M. Lenormant aussi met trop d'ardeur dans sa critique,

lorsqu'il dit que M. Gaume accuse les Jsuites d'avoi paganis leurs lves. Rien n'est plus loin de la pens

du respectable auteur que l'expression qu'on lui donne lPrtre et savant, spcialement occup de l'histoire de l'ducation dans le monde moderne, il a pour les religieux dla Compagnie de Jsus toute la reconnaissance et tout


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LE PAGANISME ANS L'DUCATION. 158

l'admiration qu'ils mritent, plus encore peut-tre commeinstituteurs de la jeunesse qu' tant d'autres titres. Lectix-septime sicle franais, ce sicle chrtien, mais ecore plus politique et littraire dont nous venons de parleril est d aux Jsuites. M. Gaume le sait, et il sait queprodiges de dvouement, de courage et de travail a cotce grand ouvrage. Mais enfin nous ne sommes plus dance beau sicle, et le ntre, hlas ! est un peu diffrent. est bien permis de chercher par quelle pente nous avondescendu si vite et nous sommes tombs si bas. M. l'abGaume n'accuse pas les Jsuites d'avoirpaganis leurslves; il pense, il dit qu'ils n'ont pu tre assez fortscontre le torrent de l'opinion pour ladpaganiser. C'est

mie thse srieuse et consciencieuse; elle vaut la peined'tre tudie. Il y a chez les Jsuites assez de sciencpour la renverser si elle est errone, et assez de bon vouloir, si elle est fonde, poiu\ la recevoir. Aprs tout, ecdant sur quelques points l'esprit du sicle, les Jsuite

auraient fait ce que saint Charles Borroines'est rsignlui-mme faire. Aprs le Concile de Trente, ce grand esaint Archevque ouvrit ses diocsains un collge ol'ducation devait tre donne suivant les prescriptiondu Concile; les lettres profanes en taient bannies. Lors

que l'on connut le plan des tudes, les lves, que la rputation du Saint avait fait affluer, furent rappels parles parents. Dj, comme aujourd'hui, sacrifiant l'intrtspirituel des enfants leur intrt temporel, les parentsvoulaient tout risque obtenir les brevets de la faussscience,parcequ'ils paraissaient indispensables pour russirdans les affaires et dans le monde. M. Lenormant connacet esprit. Saint Charles se soumit en gmissant, et modifses plans pour ne pas tout perdre, ne pouvant tout gagner


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156 LE PAGANISME DANS L'DUCATION.

Les Jsuites ont pu se rsigner de mme, et le mal n'tanpas coup dans la racine, a pris les dveloppements qul'on connat: il est devenu le plus fort, puis les Jsuitesont t bannis, et tout a t perdu.

Quoi qu'il en soit de ces observations, que nous ne prsentons qu'avec une certaine dfiance et pour tre redresses, s'il le faut, un ami dont nous admirons la scienceet dont nous connaissons la foi, il y a aujnoins une chosque M. Lenormant ne contestera pas.C'est que le malexiste,c'est que le paganisme dborde,c'est que l'ducation, l mme o elle est chrtienne, ne semble pas suffsamment chrtienne.

Prenez un jeune homme sortant d'un collge catholique, prenez un jeune homme sortant d'un collge universitaire: les croyances religieuses et les murs diffrenl'instruction ne diffre point. L'un et l'autre savent et ignorent peu prs les mmes choses. Mme latin, mme hitoire, lorsqu'ils ont du latin et de l'histoire; mmes admira

tions,mmes grands hommes, et tout cela est paen. Unfaut pas s'tonner si, au bout de peu de temps, tout tombau mme niveau intellectuel et moral.C'est la faute dubaccalaurat, dit M. Lenormant, etM. l'abb Gaume n'y ferarien ! Nous ne disons pas qu'il faut conserver le baccalau

rat ; mais en attendant qu'on l'abolisse et qu'on organisele haut enseignement, il faut ragir puissamment contre lpaganisme dans l'ducation, et prter main-forte auxhommes qui s'en occupent, comme M. Gaume, avec udvouement si sincre et si clair.


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LA QUESTION DES CLASSIQUES

ET MONSEIGNEUR DUPANLOUP.

* 6 7 ET 9 HA 1 8 5 2 -

[. Rsum de la lettre de Monseigneur l'vque d'Orlans ausuprieurs et professeurs de ses petits sminaires. Adhsions donnes M. l'abb Gaume. Saint Basile, sainCharles Borrome, Bossuet. lves qu'ont faits au sicldernier les congrgations enseignantes. Napolon. II. Tmoignage de Possevin et de Mallebranche. Joseph dMaistre et la Renaissance. Politique de Machiavel. Saint Bernard et saint Louis. Saint Vincent de PaulOlier, Ranc. III. Le venin de la Renaissance. Adhsion duJournal des Dbats la lettre de Monseigneur l'vque

d'Orlans. Filiation de ce journal. Aveux, contradictionet nvets deM. Alloury; sa manire d'enten dre l'criture etde juger les Pres. L'argument historique. La vraiequestion.

La question des classiques paens vient d'tre traite par

Mgr l'vque d'Orlans, dans une lettre qu'il adresse auxsuprieurs et professeurs de ses petits sminaires. L'opinion du savant prlat est entirement contraire celle quenous avons plusieurs fois dfendue. Il semble mme repousser toutcequi pourrait tendre modifier le systme

actuel, que d'autres hommes minents et comptents trouvent si prilleux pour l'glise et pour la socit. Suivanlui, les saints livres et les auteurs chrtiens, latins egrecs, occupent dans l'enseignement dela plupart des


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sminaires et des maisons chrtiennes la place qui leuconvient, et l'on fait sur' ce point ce qu'il est bon de fairAussi le prlat s'tonne de l'attention que le monde accordaux rclamations leves contre le paganisme de l'ensegnement. Il ne distingue pas entre elles, et les repousstoutes avec le mme ddain; il n'y voit qu'un amas d'accusationsdont le titre seul rvle Vinanit,des tmrits d'opinion et de langage,des emportements d'esprit,des dclamations violentes,bonnes seulement produire le trouble et le scandale,enfin, uneaberration; et il a vraiment fallu le temps o nous vivons pour qu'une tell controverse ait pu prendre un seul instant l'importancequ'elle a reue.

L'nergie de ces expressions tmoigne que Mgr l'vqud'Orlans regarde comme un danger pour la foi la pensede faire une plus large place dans l'ducation aux livreque nous appelons lesclassiques chrtiens,par opposition h ceux que l'on enseigne peu prs exclusivement au

jourd'hui.En pareille matire et devant une pareille autorit,notre infriorit est trop vidente, et si nous avions nousmmes soulev le dbat, nous serions tents, quoique peconvaincus, de l'abandonner ici. Mais personne n'ignore

que la thse combattue par Mgr l'vque d'Orlans a dessoutiens respectables. M. l'abb Gaume, vicaire gnradeNevers, M. l'abb d'Alzon, vicaire gnral de Nmessont des prtres graves, zls, expriments. Ils n'ontpoint entrepris de rformer l'enseignement sans faire delongues rflexions, sans prendre de nombreux et srsconseils. Lorsqu'ils ont jug ncessaire de se dfendre, iln'ont manqu ni de modration, ni de bonne grce, ni debonnes raisons. Ils ne manquent pas non plus de parti-


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sans illustres. On se souvient des encouragements chaleureux qui ont t donns M. l'abb Gaume par M. deMontalembert et par M. Donoso Corts. L'ouvrage deM. l'abb Gaume a paru sous les auspices de S. Em. lcardinal de Reims. J'ai lu les preuves de votre livre lui crit le savant archevque. Il me semble que vou avez parfaitement dmontr que, depuis plusieurs si cles, l'usage peu prs exclusif des auteurs paens dans les coles secondairesa exerc une funeste influence sur l'ducation de la jeunesse dans les socit modernes. Ds lors, les amis de la religion et de Tordr social comprendront facilement la ncessit de modifie dans les tablissements d'instruction publique, la directetion des tudes en ce qui concerne les auteurs classique de manire y fairedominer les auteurs chrtiens,


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tudier le paganisme pour le rfuter par lui-mme, en servant, comme moyen d'argumentation, des parcelles vrits qu'il avait conserves, ce qui est aujourd'hui pprs inutile, et ce qui, en tout cas, ne rend nullement ncessaire l'usagepresque exclusif des livres paens ;3 onn'avait pas alors tous les modles de littrature chrtienque nous possdons, et la leon et l'exemple vivant dmartyrs taient l pour neutraliser dans l'esprit des jeunchrtiens l'aliment paen qu'il paraissait utile d'y verse

Mgr l'vque d'Orlans allgue encore saint CharleBorrome et Bossuet. L'un et l'autre ont enseign, d'uncertaine manire, les classiques paens. Saint Charles la introduits (convenablement expurgs) dans ses smnaires; Bossuet s'en est servi pour l'ducation du daphin.

Ces exemples ne nous paraissent pas dcisifs.Saint Charles ne croyait pas les paens si ncessaires

l'ducation de la jeunesse chrtienne. Il les avait exclus

son plan primitif : mais tel tait l'entranement gnrdu temps pour ces tudes, que le saint archevque dupactiser. Il fallait donner du Cicron, du Virgile et dl'Ovide, comme il faut maintenant, qu'on nous permetla comparaison, dans beaucoup de couvents, donner d

chocolat pour la collation, qui ne peut plus se faire avec pain sec, et permettre de mener les petites filles au spetacle les jours de sortie. Sans cette concession la folie dparents, point d'lves; les parents choisiraient des maisons plus commodes, o le progrs va jusqu' ngliger

catchisme. Saint Charles sacrifia quelque chose pour npas perdre tout. Il donna des paens, le moins qu'il puQui voudra mettre les collges d'aujourd'hui sur le pieo taient d'ailleurs ceux de saint Charles , pourra fai


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comme lui. Il y aura toujours des inconvnients, ceuxqu'il y voyait lui-mme; mais moins graves que ceudont on se plaint prsentement.

Quant l'exemple de Bossuet, une observation biensimple affaiblira les conclusions que Mgr l'vque d'Orlans croit pouvoir en tirer. Bossuet faisait, dans toute laforce du mot, uneducation particulire. Si chaque enfant avait auprs de lui un Bossuet pour choisir les auteurs paens'qu'on lui fait tudier, pour lui en expliquertout la fois les beauts et les folies, pour marquer ce qula religion chrtienne y condamne, y ajoute, y approuve pour fltrir ce qu'il y faut fltrir; pour l'obliger d'a- vouer que la philosophie (paenne), toute grave qu'ell

parat, compare la sagesse de l'vangile, n'tai qu'une pure enfance, nul doute qu'on pourrait suivre la mthode de ce grand homme, telle que le souverain pontife Innocent XI l'a approuve. Mais encore devrait-on la suivre entirement, donner aux saints uneplace plus belle qu'aux hros, mettre saint Louis infiniment au-dessus de Csar, en un mot,ramener l'ducation au principal desseindes prcepteurs du fils de Louis XIV,qui tait de faire servir toutes ses tudes lui acqurirpremirement lapit. Nous lui faisions connatre, dit Bossuet,par les mystres abominablesdes Gentils et par lesfables de leur thologie,les profondes tnbres o les hommes demeurent plongs en suivant leurs pro prs lumires. Il voyait que les nations les plus poli a et les plus habiles en ce qui regarde la vie civile comme les Egyptiens, les Grecs et les Romains, taie

dans une siprofonde ignorance des choses divines,qu'ils adoraient les plus monstrueuses choses de la nature, et qu'ils ne se sont retirs de cet abme que

i. il


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{{) Mmoires sur la jeunesse de Napolon,T. Na9ica,p.45.

sous le point de vue religieux, peu d'honneur aux bonntudes classiques. Sans parler de ceux qui jourent un rpolitique, tels que lesFoucher, les Daunou, les Lakanabeaucoup s'enfuirent, beaucoup se marirent, beaucouhlas! reparurent pour devenir les fondements de l'Universit impriale.

Chose trange! ds la fin du dix-septime sicle, l'occasion d'une polmique clbre entre Mabillon et Ranc, creligieux avaient t avertis que l'amour des lettres paenes leur deviendrait funeste. On parviendrait difficilement prouver que ce paganisme littraire n'entra pas, effet, pour beaucoup, dans les causes de la dcadence regieuse et sociale dont le dix-huitime sicle peu prs to

entier nous offre l'odieux tableau. Ouvrez le peu dlivrhonntes qui parurent sous le rgne de Louis XVI : unseule chose y est plus remarquable que l'tonnante pavret de la pense et du style, c'est la pauvret ou plutl'absence totale du sentiment religieux. Quelle misr

quelle lchet, quels curs teints! Les auteurs n'osentpresque plus appeler Dieu par son nom ; ils disent dY tre suprme. C'tait mme le langage des coliersDans une lettre que le petit Napolon Bonaparte crivade Brienne sa famille, sur la mort de son pre, Dieu edsign par cette priphrase (1). Au nombre des profeseurs de cet enfant, il y avait cependant un religieux mnime, et c'tait le matre qu'il prfrait. Si le systme d'ducation suivi Brienne, sans tre moins militaire, avat un peu plus chrtien ; si le pre Patrault et les autrmatres du petit Bonaparte avaient dpos plus avant dacette intelligence juste et vive, les grandes vrits de


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foi, et les y avaient scelles par les grands et hroquesouvenirs de l'histoire catholique; s'ils lui avaient fait admirer les martyrs,s'ils lui avaient fait connatre et comprendre saint Louis, nous inclinons penser que l'glisela France et l'humanit y auraient gagn beaucoup, sansque la bonne littrature y perdit rien. Mais aulieu dfairede Napolon un chrtien, la mthode d'enseignementplus forte que les matres, en fit un incrdule. C'est luimme qui le raconte : Voyez un peu la gaucherie de ceux qui nous forment, Ils devraient loigner de nousl'ide du paganisme et de l'idoltrie,parce que leur absurdit provoque nos premiers raisonnements etnous prpare rsister la croyance passive.Et pourtant, ils nous

lventau milieu des Grecs et des Romainsavec leurs myriades de divinits. Tellea t pour moi, et la lettre, la marche de mon esprit: j'ai eu besoin de croire,j'ai cru ; mais ma croyances'est trouve heurte, incertaine, ds que j'ai su raisonner, et cela m'est arriv d'as-

sez bonne heure, treize ans (1). Voil un terribletmoignage!H suffit, dit Monseigneur l'vque d'Orlans, de lire

leTrait des tudesde Rollin et les plans d'tudes qui nous restent du dix-septime sicle, pour voir que le

auteurs chrtiens n'ont jamais t bannis de l'enseignement classique dans les maisons d'ducation o l religion prsidait, et qu'on s'y est toujours appliqu enseigner chrtiennement les auteurs profanes. E pur

si muove !La religion prsidait aussi Brienne, elle prsidait partout; et cependant nous avons vu le dix-huitime sicle et la rvolution, et cette formidale ractio

(1) Mmorial de Sainte-Hlne,t. II.


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de l'esprit paen dans les lettres, dans les arts, dans les loisdans les murs, qui menace encore aujourd'hui de rouvrir

l're des catacombes et de ramener le monde au culte degladiateurs et des prtoriens.D'o vient donc ce phnomne terrible ?Nous allons essayer de le dire, en tudiant une autre

parole de Monseigneur l'vque d'Orlans, qui nous parasoulever, historiquement, d'assez graves objections.

II

Les partisans du systme actuel semblent croire queceux qui en conseillent la rforme sont des songeurs quveulent une chose que personne avant eux n'a vouluepour obvier des prils dont l'existence n'a jamais frappaucun bon esprit. Il en serait ainsi que nous n'y verrionspas de quoi les repousser d'une* main si rude. Qu'importe

que l'ide soit nouvelle, si elle est bonne? Qu'importque les prils soient rcents et encore peu connus,s'ilsexistent ?

Mais, ni le maln'est chimrique, ni le remde proposnTest nouveau; et puisqu'on nous demande des anctres,

nous en avons.Vers le milieu du seizime sicle, un jsuite illustre, pre Possevin, yoyant dj l'impuissaCnce relative deefforts que faisaient ses confrres pour assainir la littrature paenne, donnait aux magistrats italiens des avis qusemblent crits pour notre temps. Voulez-vous, leur di sait-il, sauver votre rpublique ? Portez sans dlai la cogne la racine du mal ; bannissez de vos coles l* auteurs paens, qui, sous le vain prtexte d'enseigner


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( I ) Ragionamento del modo di conservare h Stato et la libert.

vos enfants la belle langue latine, leur apprennent l langue de l'enfer. Les voyez-vous! peine sortis de l'en- fiance ils se livrent l'tude de la mdecine ou du droit' ou au commerce, etils oublient bientt le peu de latint qu'ils ont appris. Maisce qu'ils n'oublient pas,ce sonlt les faits, les maximes impures qu'ils ont lus dans le


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(J) Trait de morale, ch. x, n 15,

Un sicle aprs Possevin,le pril avait grandi;un philosophe clbre, prtre, religieux, membre d'une congrgation enseignante,le pre Mallebranche, donnait laFrance les mmes avertissements: Qu'on ouvre du moins les yeux. Quoi! voit-on que ceuxqui savent bien Virgileet Horace soient plus sages que ceuxq\ii entendedent mdiocrement saint Paul?... Pauvres enfants! onvous lve commedes citoyensde l'ancienne Rome; vousen aurez le langage et les murs(1).

Il serait aisde prouver que, de tout temps, l'emploides classiques paensa paru pleinde prils,en dpit delavigilanceet du talent des plus sages instituteurs. On peutse contenter ici d'appeleren tmoignage Possevinet Mal

lebranche, dontla comptencene saurait tre conteste.Se sont-ils tromps? Ce qui leur paraissait dangereuxa-t-ilcessde l'tre? Mgr l'vque d'Orlans semble l'affirmerdans le passage suivant,o nous trouvonsune apprciation historique laquelle nousne saurions nous rendre:

Attachons-nousplus que jamais, dit l'loquent prlat, aux mthodes prouves par le temps, consacresa par l'exprience,et qui produisirent tousces grands hommesdont la littrature, les sciences,la philosophie chrtienne,la politique, l'glise, ont pu, si juste titre,

se glorifier depuis trois sicles.Ordinairementjjes.. grands hommesse forment par leurpropre travail: on ne sort d'aucune cole grand crivain,grand artiste, grand savant, grand guerrier, grand politique, ni mme grand chrtien. L'ducationest un ap

prentissage qui doit fournir l'homme tous les moyensdeperfectionner son esprit,et surtout son me.La meilleure


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ducation a atteint le but, lorsqu'elle a prpar cettepitque Bossuet voulait surtout inspirer son lve; cettrgle intrieure, qui gouvernant nos actions et jusqu'nos dsirs, par la temprance, la probit, la charit, nousfera courageusement prendre les voies de la justice et noudonnera, quelles que soient nos aptitudes, la force de sacrifier mme la gloire et les applaudissements du mondau suprme devoir de rester chrtiens.

Mais supposons qu'il existe des mthodes pour produirelesgrands hommes,la question est de savoir : premirement, si la religion a d se louer ou se plaindre de la plupart de ces grands hommes des temps modernes; secondement, si ceux qui ont t vraiment grands, c'est--dir

si ceux qui ont vritablement et volontairement servl'glise, lui ont t donns par les mthodes dont la valeuest aujourd'hui en discussion. ce double point de vuenous oserons n'tre pas de l'avis que semble adopterMgr l'vque d'Orlans.

Tout le monde admet, suivant la clbre parole deM. deMaistre, que depuis trois sicles l'histoire a t unconspiration permanente contre la vrit, en d'autrestermes, contre l'glise, qui est le grand personnage deaffaires humaines. Les adversaires mmes de l'Eglise l'a

vouent, et ceux qui ne l'avouent pas le prouvent. Or, cque M. de Maistre a dit de l'histoire, il aurait pu le direaussi justement de la littrature, de la science, plus encorde la politique. Tous ses livres sont un irrfutable dveloppement de cette accusation gnrale contre l'impulsio

donne l'esprit humain par la Renaissance et par la Rforme. Mouvement terrible dans sa force et dans sa dure;assez puissant pour branler non pas, grce Dieu, l'Eglise, qui l'a combattu et qui le domptera, mais quelque


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gne, de Molire, de La Fontaine, de Boileau, de LBruyre, de Montesquieu, de Voltaire; mais l'esprit dire- tien? L'honnte Boileau, le plus rserv de tous, allai jusqu' croire que l'on ne saurait tre chrtien en versOn l'appela le lgislateur du Parnasse.

Quant aux sciences, devenues matrialistes sous la coduite de Bacon, elles le sont encore pour longtempQuelques savants chrtiens, qui sont devenus savants oqui sont rests chrtiens par la grce de Dieu,n'ont pasentran la masse.

Quant la politique,c'est l qu'clate la, funeste influence de cet enseignement qui propose la jeunesspour premiers et souvent pour uniques modles, les hroet les sages paens. A part les souverains Pontifes, au mlieu desquels rayonne l'immortel Pie V, toute la portionde la chrtient soumise aux ides de la Renaissance a depuis trois sicles douloureusement strile en politiquevraiment chrtiens. Les maximes de Machiavel ont plu

ou moins guid tous ceux qui ont conduit les affaires dmonde. Quel princes'est assez proccup de rtablir dans lapatrie et dansl'Europe le faisceaubrisdel'unitcatholique?Lequel a fait un effort pour relever cette Jrusalem terrestre en lutte contre elle-mme et la ramener au vrai tem

ple ? Quis'est propos de conqurir des peuples afin de lesdonner Jsus-Christ ? Diviser le pays pour rgner, oudiviser l'Europe pour s'agrandir; sacrifier tout, mme lafraternit religieuse, mme la foi jure, tantt l'orgueilet aux intrts du Roi, tantt l'orgueil et aux intrts de

la nation, voil le mobile de la politique moderne, depuFranois Iw et Charles-Quint jusqu' Louis-Philippe. Politique non-seulement antichrtienne et anti-humaine,mais insense, qui, aprs trois sicles de discordes et d


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guerres, donne comme rsultats la Pologne anantie, Tirlande affame et dcime, l'Espagne ruine, l'Italie follela Suisse en feu, toutes les nations catholiques affaibliel'hrsie prpondrante, le schisme menaant, la barbariepour avenir. Lorsque l'on voit le rang que tiennent l'Angleterre et la Russie, on s'tonne d'entendre glorifier lehommesd'Etat que l'ducation a fournis aux pays catholiques! Qu'ilfe soient polis, diserts, quelquefois mmechrtiens, tout le monde l'accorde. Nanmoins, dans cediplomates courte vue et courte haleine, reconnatrons-nous les continuateurs des hros illettrs qui avaienconstitu toute la chrtient comme une seule famille, asein de laquelle ne devait s'lever aucun tyran, sur le

frontires de laquelle ne pouvait s'affermir aucun ennemi?Oui, le Mal a eu ses grands hommes, ses crivains, s

artistes, ses savants, ses politiques; mais le Bien a perdude son assurance, de sa fcondit, de sa force, autrefoivictorieuse. Depuis trois sicles, un venin subtil a ralen

et comme glac cette sve de gnie qui voulait donner l'humanit le Christ pour unique conqurant, pour uniquelgislateur, pour unique Dieu; qui produisait les sommesthologiques, les croisades, les cathdrales; qui suscitaitdes saint Bernard, des saint Thomas d'Aquin, des saint

Etienne de Hongrie, des saint Louis de France, et qui leurdonnait des disciples, des armes, des peuples pour accomplir tout ce qu'ils osaient entreprendre la gloire de l'Evangile. Quels hommes et quelles uvres! Ils dissipaientles restes de la barbarie europenne ; ils levaient unebarrire contre l'islamisme; Us affranchissaient l'Espagne;ils entamaient l'Afrique par la guerre, le plus lointainOrient par les missions; ils allaient dcouvrir le Nouveau-Monde ; ils implantaient chez les peuples chrtiens de


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aucun intrt de commerce, rentrait Paris pieds nus, lyeux en pleurs, portant dans ses mains la couronne d'pnes? Saint Bernard, saint Louis risqueraient de paratexagrs. En leur temps, ils furent des hommes poplaires, les rgulateurs et les chefs du vrai parti chrtiedans la rpublique chrtienne. Voil l'effet de l'ducatiopublique : elle ne fait pas les grands hommes, mais elles prpare, pour le mal comme pour le bien; et surtoelle leur prpare des disciples et des instruments. Lorsql'ducation tait catholique, elle dposait au fond des mun levain de foi qui fermentait la parole des saintselle y en met un autre, depuis trois sicles, que la parorvolutionnaire s'assimile beaucoup mieux. Que To

compare le fruit qu'opre le mandement d'un vquaux moissons que fait mrir le journal d'un mule dsieur Proudhon.

Depuis la Renaissance et mme, si l'on veut, cause dla Renaissance, un grand bien a t fait. Qui le nie ? L'Egli

a soutenu le combat, nous le savons et nous en remercioDieu ; mais les hommes qui Dieu a permis de faire bien-l, ont-ils t forms par les mthodes actuelles? None le croyons pas, nous croyons le contraire. Ces hommont t tantt des ignorants, tantt des convertis, qui o

eu le bonheur ou d'oublier leur ducation premire, ou s'en tre donn eux-mmes une autre. Dans notre grandix-septime sicle franais, si souvent lou et blm mapropos, trois hommes entre tous ont rendu d'minents svices l'Eglise et laiss des uvres durables : saint Vi

cent de Paul, par ses tonnantes fondations et par le zavec lequel il poursuivit et dnona le premier l'hrs jansniste ; Olier, en fondant les sminaires ; Ranc, restaurant la vie monastique. Des choses de ce temps,


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peu prs tout le reste a pri, oun'est venu jusqu' nousque ml de beaucoup d'ombres; les uvres de ces troishommes sont encore brillantes de jeunesse. Or, de cetrois hommes, le premier n'tait pas un puriste; les deuxautres avaient fait les plus belles tudes paennes* et pes'en tait fallu qu'ils n'y perdissent la foi. Ranc, auteur treize ansd'une dition'Anacron, ddie au cardinal deRichelieu, n'tait, trente ans, qu'un ecclsiastique mondain, tenant en commende des abbayes qu'il n'avait jamaisvisites, menant grand train, donnant grand scandale enattendant d'tre vque. Olier prenait la mme voie ;et l'un et l'autre ne se distingurent de la foule qu'ense convertissant. Malgr le beau spectacle qu'offrit l

Trappe rforme, on y fut toujours loin des huit centsmoines de Saint-Bernard. Ranc et Olier parurent longtemps des gens qui voulaient se singulariser : l'abb dla Trappe fut signal comme un ennemi des lumirestous les parents, d'ailleurs trs-chrtiens, du fondateur de

Sainir-Sulpice, trouvrent qu'il se dshonorait en devenancrue.Dj donc, cette poque de combats hroques, le tor

rent de la mauvaise coutume, de la mauvaise ducationtait bien fort. Il ne l'est, certes, pas moins aujourd'hui. D

quelles grces n'a pas besoin l'homme de la classe suprieure, enfant de l'ducation commune, qui veutse mettrepubliquement au service de Dieu? Combien le fils dbonne famille qui se fait prtre,n'est-il pas suppli de nepoint donner ses parents la douleur de le voir jsuite Questionnez la plupart des. catholiques illustres de notrtemps : en quoi les mthodes actuelles ont-elles servi lfaire ce qu'ils sont? et, particulirement lorsqu'ils sortentde l'Universit, que leura-t-on appris de tout ce qu'ils sa-


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vent? Rien absolument, ni l'histoire, ni la philosophie, la religion, ni le latin. Ils ont du se redonner une duction toute nouvelle, brler ce qu'ils avaient ador, adorce qu'ils avaient brl. Ce qu'ils ont appris del sorte esi gnralement ignor qu'ils ont un langage et des idinintelligibles la plupart de leurs anciens condisciplemme chrtiens ; et c'est dans les rangs de ces derniepeut-tre que leurs entreprises ont rencontr la plus virsistance. Que de difficults pour faire accepter l'art ctholique, l'unit liturgique, les ordres religieux, la liberde l'Eglise ; pour abattre les restes de la sparation galcane, pour rtablir quelques grands faits et rhabilitequelques grandes figures historiques; pour former enfin

un noyau d'hommes qui voulussent tre avant tout les sviteurs de la sainte glise! Ils l'ont fait ou ils l'ont commenc, et ils achveront; mais que de labeurs les attedent, et que de luttes contre les prjugs d'ducatioqu'ils ont pniblement effacs de leur propre espri

Mgr l'vque d'Orlans a vu ces combats ; dans beaucoud'occasions il les a livrs lui-mme : il peut dire combiela victoire et t plus complte et plus prompte, si lcurs avaient t moins froids, les esprits moins prvnus ; il sait quelle peine il a fallu prendre pour trouve

dans toute la France quelques miniers de ptitionnaires de souscripteurs pour la libert d'enseignement, cetuvre de justice et de salut !

Nous disons que tant de langueur accuse une ducatioinsuffisamment chrtienne, l mme o elle est chrtiennnous disons que les enfants qui sortent de leurs class

r m

connaissant et aimant l'Eglise, ne la connaissent pas ene l'aiment pas assez; nous disons enfin que c'est l levenin de la Renaissance , et qu'il est urgent, aujou


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d'hui plus que jamais, que l'ducation en soit dlivre.Montrons que la Renaissance a des amis et des admira

teurs qui l'apprcient exactement comme nous.

III

Monseigneur l'vque d'Orlans rsume en ces termesles opinions qu'il contredit : Voil, dit-il (nous citons tex tuellement), que dans l'antiquit tout est devenutelle- ment paen, tellement dtestable,qu'on n'y trouve qu'un amas de vains mots ou la source de tous les vices/ Et laRenaissance,longtemps si vante,n'est plus en

ce moment qu'unesource d'erreur et de honte, c'est le paganisme mme. Les assertions de nos amis et lesntres se sont prsentes avec un cortge d'explicationsde raisonnements et de preuves qui, nous l'esprons, leudonnent un aspect moins furieux. Cependant, il est vra

qu'avec Bossuet, nous regardons les moralistes paenscomme des ruisseaux bourbeux o il ne faut pas puiser lorsque l'on aie beau fleuve de l'criture. Il est vraiaussi que nous accusons la Renaissance d'avoir ouvert unvaste source d'erreurs anti-chrtiennes et souvent tout fait paennes, o les gnrations modernes se sont tropabreuves, et au torrent desquelles l'glise n'a pu rsisterque par la force de Celui qui est avec elle jusqu' la consommation des sicles.

Ce que nous reprochons la Renaissance, d'autres luien font un mrite. Monseigneur l'vque d'Orlans connat aussi bien que nous l'esprit duJournal des Dbats.C'est la feuille rvolutionnaire par excellence, la plus durablement hostile aux intrts catholiques; patiente et r-

I. 13


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serve au besoin, mais implacable; doue de ce flair de lahaine, presque aussi fidle que l'instinct de l'amour, qudevine immdiatement le parti prendre dans toute controverse o sa passion est engage. LeJournal des Dbatsest prononc pour les classiques paens; il l'tait jadis pourle monopole universitaire. La lettre de Monseigneur l'vque d'Orlans l'a charm; il l'a reproduitein extenso,toute affaire cessante, non sans y ajouter upe petite introduction railleuse; disant avec la politesse dont ces beauxesprits savent user envers nos vques, que le bon semme,dans cette occasion,.lui semble avoir parl par labouche du vnrable prlat.

Or, quelques jours avant de recevoir cette bonne aubaine

le Journal des Dbats avait eu faire connatre son opinion sur la Renaissance, qu'il appelle un soleil et rveil de l'esprit humain aprs dix sicles de sommeil et dlthargie, et pour dire plus, son aeule, luiJournal des Dbats; car, dit-il (et si cen'est pas un grand compliment,

c'est tout au moins une grande vrit), il est le fils de lRenaissance avantd'tre le fils de la rvolution franaise.Laissons donc ce bon fils nous parler de sa bonn

mre et nous rvler quel sens il attache aux loges donil a salu la lettre de Monseigne

Le Paganisme Dans l Education

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