Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

11
L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Article original Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique The language and speech in dysphasias: For a psychoanalytic approach Catherine Dupuis-Gauthier a,,b,c a MCF psychologie clinique et pathologique, université Charles-de-Gaulle, Lille 3, domaine du « Pont de bois », BP 60149, 59653 Villeneuve d’Ascq, France b Centre de recherche psychanalyse médecine et société (EA 3522), université Paris Diderot, 26, rue de Paradis, 75480 Paris cedex 10, France c Service de pédopsychiatrie, CHRU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59350 Lille, France Rec ¸u le 10 novembre 2010 Résumé Dans cet article, nous proposons d’étudier la pertinence d’une lecture psychanalytique des troubles spéci- fiques du développement du langage, généralement appelés dysphasies. Un rappel concis de l’histoire et de l’évolution de ce concept, conduit à préciser l’essence des définitions actuelles et à interroger les différentes approches théoriques conduisant aux diverses modalités de prise en charge thérapeutique. Puis, dans une perspective psychodynamique, nous présentons l’intérêt heuristique d’une distinction entre le langage et la parole considérée dans sa dimension de pouvoir et d’acte de langage impliquant fondamentalement le corps. Enfin, à la lumière d’une étude de cas succincte, nous proposons une réflexion théorique et clinique sur la place et la fonction de la parole dans les troubles sévères du développement du langage. © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Psychodynamie ; Trouble du langage ; Dysphasie ; Historique ; Définition ; Corps ; Étude théorique Abstract In this article, we propose to study the relevance of a psychaoanalytic reading of specific language imparement, generally called dysphasias. A concise recall of the history and evolution of this concept leads to specify the essence of the present definitions and to question the various theoritical approaches leading to the various methods of therapeutics taking in charge. Then, from the psychodynamic point of view, we Toute référence à cet article doit porter mention : Dupuis-Gauthier C. Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique. Evol psychiatr 2012;77 (4). Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] 0014-3855/$ see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2012.04.006

Transcript of Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

Page 1: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com

Article original

Le langage et la parole dans les dysphasies : pour uneapproche psychanalytique�

The language and speech in dysphasias: For a psychoanalytic approach

Catherine Dupuis-Gauthier a,∗,b,c

a MCF psychologie clinique et pathologique, université Charles-de-Gaulle, Lille 3, domaine du « Pont de bois », BP60149, 59653 Villeneuve d’Ascq, France

b Centre de recherche psychanalyse médecine et société (EA 3522), université Paris Diderot, 26, rue de Paradis, 75480Paris cedex 10, France

c Service de pédopsychiatrie, CHRU de Lille, 2, avenue Oscar-Lambret, 59350 Lille, France

Recu le 10 novembre 2010

Résumé

Dans cet article, nous proposons d’étudier la pertinence d’une lecture psychanalytique des troubles spéci-fiques du développement du langage, généralement appelés dysphasies. Un rappel concis de l’histoire et del’évolution de ce concept, conduit à préciser l’essence des définitions actuelles et à interroger les différentesapproches théoriques conduisant aux diverses modalités de prise en charge thérapeutique. Puis, dans uneperspective psychodynamique, nous présentons l’intérêt heuristique d’une distinction entre le langage et laparole considérée dans sa dimension de pouvoir et d’acte de langage impliquant fondamentalement le corps.Enfin, à la lumière d’une étude de cas succincte, nous proposons une réflexion théorique et clinique sur laplace et la fonction de la parole dans les troubles sévères du développement du langage.© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Psychodynamie ; Trouble du langage ; Dysphasie ; Historique ; Définition ; Corps ; Étude théorique

Abstract

In this article, we propose to study the relevance of a psychaoanalytic reading of specific languageimparement, generally called dysphasias. A concise recall of the history and evolution of this concept leadsto specify the essence of the present definitions and to question the various theoritical approaches leadingto the various methods of therapeutics taking in charge. Then, from the psychodynamic point of view, we

� Toute référence à cet article doit porter mention : Dupuis-Gauthier C. Le langage et la parole dans les dysphasies :pour une approche psychanalytique. Evol psychiatr 2012;77 (4).

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected]

0014-3855/$ – see front matter © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.evopsy.2012.04.006

Page 2: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

578 C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587

present the heuristic interest of a distinction between the language and the speech considered in its dimensionof power and act of language basically implying the body. Lastly, in the light of a brief case study, we proposea theoretical and clinical reflection on the place and the function of speech in specific language imparement.© 2012 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

Keywords: Psychodynamics; Speech disorder; Dysphasia; History; Définition; Body; Theoretical study

1. Introduction

Les dysphasies, encore appelées depuis les travaux de Bishop [1], troubles spécifiques du lan-gage (Specific Language Impairment), relèvent d’une approche psychanalytique, dès lors que l’ondissocie le développement du langage d’une stricte causalité neurobiologique et que l’on s’attacheà la compréhension des enjeux subjectifs de la parole dans la construction psychique de l’enfant.Dans cette perspective, c’est bien l’articulation des approches neurocognitive et psychanalytiquequi est en jeu, autant que l’étude de la valeur symbolique et signifiante de ces troubles au traversdes processus psychiques à l’œuvre dans le transfert. Dans cet article, à partir de la distinction desnotions de langage, de parole, mais aussi d’acte en psychanalyse, nous discuterons de la spécificitéet de la pertinence d’une interprétation psychanalytique des troubles spécifiques du langage dansle contexte plus large d’une prise en charge multidisciplinaire.

2. Éléments d’histoire de la notion de dysphasie

La définition et la classification des dysphasies proposées par Rapin et Allen [2] est considéréepar la majorité des auteurs comme un évènement marquant l’histoire de ce trouble, tant sur lesplans du diagnostic que de la prise en charge. À partir des années 1980, le succès grandissant decette approche est lié à son inscription dans une épistémologie neurobiologique où les dyspha-sies sont décrites par exclusion, dans une perspective neurolinguistique, à partir de l’hypothèsed’une étiologie organique cérébrale. Jusqu’alors, en France, ce sont les travaux de psychiatreset de linguistes, tels que de Ajuriaguerra et al. [3–5] ou de Launey et Borel-Maisonny [6,7], quimarquaient l’étude des dysphasies dans une approche psychopathologique et linguistique.

Dans la suite des travaux de Rapin et Allen [2], de nombreux professionnels neuropédiatres,psychologues et orthophonistes ont inscrit leurs pratiques et leurs recherches dans une perspec-tive neurocognitive. Bishop [8,9] aux États-Unis, considérant les dysphasies comme un déficitstructurel du langage, fut rejointe en France par les neuropédiatres Gérard [10] et Billard et al.[11], entre autres. De leur coté, les psychanalystes Diatkine [12,13], Houzel [14], Bergès et Balbo[15] et Danon-Boileau [16] continuaient d’étudier ces troubles en questionnant particulièrementles caractéristiques du fonctionnement psychique de ces sujets.

Durant ce temps, notons que les problèmes relatifs aux liens et limites entre dysphasies et psy-chose ou entre dysphasies et autisme, notamment avec le Syndrome Sémantico Pragmatique (SSP),alimentèrent de nombreuses recherches [8,17]. Aujourd’hui, dans la communauté scientifique, lesdysphasies correspondent à un trouble spécifique du développement du langage caractérisé parun déficit des structures neurobiologiques supportant leur construction. Généralement, ces défini-tions excluent les troubles associés sous forme de déficit intellectuel, de troubles psychiatriques,de troubles sensoriels, de troubles neurologiques ou de carences graves [10].

Page 3: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587 579

Le contexte sociopolitique actuel et l’évolution de la conception des soins nous amènentà considérer le patient comme un ayant droit à la santé, mais surtout comme un usager destechniques du pouvoir biomédical [18]. Dans ces conditions, il est difficile d’appréhender lestroubles du développement du langage chez l’enfant dans une perspective psychodynamique.

Trop souvent, ces troubles sont concus de manière réductrice, sous leurs seuls aspects défecto-logiques et neurologiques. D’ailleurs, dans la pratique de consultation auprès d’enfants souffrantde difficultés instrumentales, il est intéressant de rappeler avec Maurice Berger que « les pédopsy-chiatres et psychologues de formation psychanalytique ne savent pas comment et à qu’elle placeils pourraient intervenir » [19]. Il est vrai que, dans ce domaine, le travail suppose d’intégrer uneposition réellement pluridisciplinaire mais qui s’éloigne authentiquement d’une « idéologie glo-balisante » [19]. Les interactions multiples et complexes qui sous-tendent le développement et lesapprentissages ne peuvent se réduire à une perspective intégrative molle qui fasse fi des confron-tations/contradictions entre les différentes approches. C’est au contraire leur mise en tension quipermet de progresser dans la compréhension de ces troubles.

Du point de vue psychodynamique, les enjeux psychiques du développement ouvrent desquestions théoriques complexes et très actuelles, concernant l’articulation entre neurobiologieet psychanalyse dans la construction psychique et du langage. Le travail clinique auprès desenfants, souffrant de troubles instrumentaux et de leurs parents, suppose dans tous les cas, debien connaître « la clinique relationnelle, familiale, transférentielle générée par les troubles neu-rodéveloppementaux » [19]. Mais aussi, de bien connaître les conditions de la naissance à la viepsychique [20] totalement consubstantielle et organisatrice du développement des fonctions supé-rieures de l’enfant. L’investigation du monde intérieur et de la souffrance psychique, telle que lapsychanalyse le propose, est pertinente avec l’enfant dysphasique, mais ne peut se faire que parle truchement du psychisme de l’analyste centré sur les aspects transféro-contre-transférentiels.

3. Dysphasie, défectologie et symbolisation

L’étude de la dynamique psychique des enfants dysphasiques suppose qu’on leur fasse créditd’une fonction symbolique, d’un espace psychique de représentation et de symbolisation sanslequel il est impossible d’accéder au langage. Mais, dans cette perspective, l’accès à la sym-bolisation primaire et secondaire relève d’un processus, qui bien que dépendant d’un substratneurobiologique adéquat, ne peut se construire que dans une articulation, un lien de dépendanceavec l’environnement ([21], p. 45). La symbolisation définie, avec de Saussure, comme la capacitéde faire le lien entre signifiant et signifié, est le résultat réussi des interactions complexes, fantas-matiques et comportementales du bébé, avec son environnement affectif et social : « À l’évidence,la communication et le partage d’affect se mettent en place à l’aube des échanges humains, dansles tout premiers temps de ce premier travail de symbolisation que l’on nomme « symbolisationprimaire ». Ce premier moment de la symbolisation ne va pas de soi » [21].

Or, la recherche et les traitements proposés à ces jeunes patients, aujourd’hui et depuis trenteans, s’orientent essentiellement vers une approche rééducative et comportementale, éloignée d’uneperspective dynamique tenant compte de la conflictualité autant que de la réalité psychique et dela fonction symbolique du symptôme. Ce faisant, c’est aussi la question de la place de l’humanitédans l’homme et dans son développement qui pourrait avoir tendance à disparaître. Les troublesdu langage sont généralement associés à une conception organiciste, figée dans la représentationd’un outil langagier défaillant. Le langage de l’enfant dysphasique pourrait n’être considéré quecomme l’expression d’une atteinte plus ou moins sévère des substrats neurobiologiques supportantle développement adéquat du langage [22].

Page 4: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

580 C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587

Cependant, dans la relation transférentielle, l’utilisation singulière du langage révèle sa fonctionde communication intersubjective. Si la place incontestable de la défaillance instrumentale estplus ou moins perceptible, il n’en reste pas moins que la parole disponible peut aussi se déployerdans ses aspects subjectifs. Cela permet à l’enfant, non pas tant de se révéler à lui-même, maissurtout de transmettre ses contenus psychiques, ses objets internes ou même une défaillance decontenance, repérables dans ses productions verbales et non verbales.

Plus précisément, les troubles du langage épargnent souvent l’enfant des effets d’un transfertnégatif que le thérapeute, bien que destinataire, aura le plus grand mal à reconnaître. En effet,ce que l’on pourrait nommer le « paradigme défectologique » conduit souvent l’interlocuteur àune posture de comblement visant à compenser le « manque », par exemple en « mettant » desmots dans la bouche de l’enfant. Cette position, comme on le sait non dénuée de haine, confirmepourtant le caractère irrémédiablement défaillant de cet autre, tout en confrontant le thérapeute àses propres angoisses d’incomplétude ou d’effondrement.

Dans le contexte des troubles sévères du développement du langage, il est indispensable dedissocier « l’instrument langage », de la « fonction langagière ». Autrement dit, de dissocier lesdéfaillances structurelles, du fonctionnement, les deux pouvant être disjoints. Il est tout aussiglobalisant et réducteur de renvoyer un « trouble développemental » à une défaillance structurelledu langage, qu’à une défaillance relationnelle et affective. Les troubles des apprentissages nousapprennent combien c’est dans l’intrication de ces deux domaines que s’opère un développementharmonieux.

4. Qu’est-ce que la psychanalyse ?

Laplanche et Pontalis [23], proposent une définition de la psychanalyse, fondée par Freud,selon trois axes :

• « une méthode d’investigation consistant essentiellement dans la mise en évidence de la signi-fication inconsciente des paroles, des actions, des productions imaginaires (rêves, fantasmes,délires) d’un sujet. Cette méthode se fonde principalement sur les associations libres quiconstituent ce que Freud appelait « la règle fondamentale » ;

• une méthode psychothérapique fondée sur cette méthode d’investigation et spécifiée parl’interprétation contrôlée de la résistance, du transfert et du désir ;

• un ensemble de théories psychologiques et psychopathologiques où sont systématisées lesdonnées apportées par la méthode psychanalytique d’investigation et de traitement.

Le travail psychanalytique dans la cure, comme dans la psychothérapie, cherche à rendremanifestes les contenus inconscients à partir d’une médiation (paroles, actions, productions ima-ginaires) caractérisée par ses liens avec le symbolisme. Cette notion peut se définir de faconlarge « comme un mode de représentation indirecte et figurée d’une idée, d’un conflit, d’un désirinconscient ; en ce sens, on peut, en psychanalyse, tenir pour symbolique toute forme substitutive »[23].

5. Le langage et la parole

Considéré comme le fondateur de la linguistique structurale moderne, de Saussure [24] estle premier linguiste à avoir distingué les notions de langue et de parole : « la langue se réfère àun système abstrait, c’est-à-dire à un ensemble de règles qui déterminent l’emploi de sons, de

Page 5: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587 581

formes et de moyens d’expression syntaxiques et lexicaux. La parole est l’utilisation concrète etsingulière de la langue par un locuteur déterminé à un moment précis » [5]. Plus près de nouset selon Kristeva « La distinction langage–langue–parole, discutée et souvent rejetée par certainslinguistes modernes, sert pourtant à situer de facon générale l’objet de la linguistique » ([25], p. 15).

Du point de vue de la psychanalyse, la différenciation progressive entre le langage et la parolepermet surtout d’inscrire cette dernière, au moins en partie, dans le champ de l’inconscient etde lui octroyer une dimension thérapeutique. Le langage auquel il est reconnu une dimensionessentielle de support de la communication ne se confond pas avec la parole qui s’apparente aupôle incarné du langage. Parce qu’il n’existe pas de parole sans sujet agissant, cette dernière esttoujours « mise en acte ». Elle engage la personne dans une relation immédiate et constitue unereprésentation concrète et palpable de la langue. Objectivable et accessible à autrui, la parolereprésente le sujet.

Très tôt, dans son premier ouvrage intitulé « contribution à la conception des aphasies » [26],Freud s’intéressa à l’étude du langage. À cette époque, en tant que médecin, il assiste au déve-loppement des théories localisationnistes qui prévalent depuis la deuxième moitié du xixe siècle.

L’origine de la topique freudienne n’est pas sans lien avec ce contexte scientifique. C’est laraison pour laquelle Freud insistera sur la nécessaire distinction entre les tentatives de localisationanatomique et la première théorisation de l’appareil psychique qui s’écarte totalement de larecherche de toute correspondance anatomopathologique : « Je laisserai tout à fait de côté le fait quel’appareil psychique dont il est ici question, nous est connu également sous la forme de préparationanatomique et nous éviterons soigneusement la tentation de déterminer anatomiquement en aucunefacon, la localité psychique » ([27], p. 569).

Mais, c’est à partir de son travail auprès des patientes hystériques que Freud ([28], p. 5)découvre l’effet de métamorphose attaché à la parole. Il tente d’en rendre compte au début deses Études sur l’hystérie en insistant sur l’effet de décharge que procure la parole, « comme si enparlant, il était possible de se décharger d’un poids lourd, de le rejeter à l’extérieur de soi » ([29],p. 22).

Cet effet de soulagement est à situer dans une conception de la parole en tant qu’acte et, danscette perspective, la parole n’est liée ni à sa fonction classique de produire du sens, ni à cellede transmettre une information ou de communiquer. On voit bien ici comment Freud attribue àla parole des pouvoirs qui sont généralement dévolus à l’acte : « L’être humain trouve dans lelangage un équivalent de l’acte grâce auquel l’affect peut être abréagi » ([28], p. 5). Ici, la paroleest définie à partir de son effet cathartique, elle est en lien avec le corps, via la motricité qu’elleimplique et parce qu’elle produit un effet corporel dans le sens d’un soulagement, d’un bien-être.

Le contexte de ces découvertes, directement liées au travail de Freud avec les patientes hysté-riques, le conduit à proposer l’hypothèse de la théorie de la séduction, « la neurotica ». Mais, ilconvient de rappeler qu’à cette époque, se faisant surtout le témoin des propos de ses patientes,Freud est d’abord amené à considérer leurs confidences comme une expression de la réalité.Progressivement, sous l’effet de son auto-analyse, il est capable d’envisager le caractère propre-ment fantasmatique de leurs propos. Le remaniement conceptuel conduisant à l’abandon de « laneurotica » ouvrait, à proprement parler, le champ de la psychanalyse.

Dès lors, la parole n’est plus considérée comme ne disant que la vérité, elle est de nature àexprimer l’inconscient qui n’est aucunement assujetti à l’exigence de certitude, pas plus qu’à ladistinction entre la vérité et la fiction. Freud propose alors un revirement fondamental dans saconception de la parole. Dorénavant, les constructions fantasmatiques correspondent donc à cequ’il nomme « la réalité psychique ». Une distinction claire entre langage et parole est devenuepossible et la parole est maintenant dissociée d’un énoncé évoquant la réalité.

Page 6: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

582 C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587

Dans le champ de la cure mais aussi d’une clinique psychanalytique, on ne demande pasà la parole de nous décrire ce qui relève du domaine de l’objectivable, mais de déployer sonpotentiel fantasmatique, ses mouvements affectifs et pulsionnels. La parole prononcée en situationanalytique doit être entendue de manière différente, le signifiant y prend plus d’importance quele signifié, ce qui engendre d’ailleurs une modification considérable par rapport à la penséesaussurienne. L’important ne réside pas dans le contenu manifeste du langage mais bien plusdans le contenu latent, où la parole est avant tout considérée comme contenant des formationssubjectives. La parole peut, dès lors, être interprétée comme un rêve. « La technique interprétativeva à contre-courant de ce qu’exige le bon usage du langage en imposant une écoute insolentefaisant passer au premier plan le “mésusage” » ([29], p. 22).

6. L’acte et la parole

Du point de vue de la recherche, l’intérêt de la parole tient à son caractère spécifiquementhumain qui en fait l’outil privilégié d’expression et de compréhension de la psyché, sa structurationreposant, notamment sur l’intégration de capacités de symbolisation.

Dans nombre de ces écrits, Freud se réfère à la parole en faisant tour à tour l’éloge de sonpouvoir, de sa magie, de son influence sur l’être humain et, bien sûr, de sa fonction thérapeutique :« Il est vrai que les paroles sont l’agent le plus important de l’influence qu’une personne peutexercer sur d’autres. Les paroles sont un bon moyen pour provoquer des modifications psychiqueschez celui à qui elles sont adressées, et c’est pourquoi l’affirmation cesse d’être énigmatique,selon laquelle la magie du mot peut faire disparaître des manifestations morbides, de celles, bienentendu, qui sont motivées par des états psychiques » [30]. Et pourtant, la question reste entièrede savoir quels sont les ressorts du pouvoir de la parole.

L’analyse critique du corpus freudien par Stein ([31], p. 21), le conduit à opérer une distinction,dans la théorie freudienne, entre le sort réservé « au poids des mots » et celui réservé au « pouvoirde la parole ». L’ambivalence de Freud à l’égard du pouvoir et de l’effet de la parole est postuléeà partir du contraste entre les témoignages de sa croyance dans l’effet magique des mots et lemanque d’intérêt pour l’étude des ressorts de la parole ([31], p. 21).

Depuis Totem et Tabou [30], à partir d’un postulat plus scientiste que scientifique selon lequel,dans les temps de la préhistoire, c’est un acte parricide qui fut à l’origine de l’exogamie et dela prohibition de l’inceste, comme tabous fondateurs de l’organisation sociale, Freud postule laprimauté de l’acte sur la parole et dans l’ensemble de son œuvre, la préséance de l’acte ne serajamais démentie. Résistance, refoulement à l’endroit du pouvoir de la parole, dont Freud auraitévité l’examen. Stein en fait l’hypothèse, convaincu que cette attitude défensive témoigne, enréalité, de la capacité de Freud à percevoir la force et le pouvoir de la parole qui le conduisirentà énoncer un des principes essentiels de la cure qu’est l’interdiction du toucher. Mais surtout,Stein nous invite à penser que « les paroles agissent sur le corps d’autrui ». La parole, interrogel’auteur, « n’agit-elle pas, chaque fois, comme répétition d’une déchirante séduction originaire,comme répétition d’une mythique parole primordiale ? » ([31], p. 21). Au-delà donc de l’enjeusymbolique que représente pour l’enfant l’accès à la parole, Stein nous invite à réfléchir à laplace du corps en tant qu’objet primordial de la parole. La parole s’adresse au corps de l’autre,autant qu’elle provient du corps qui est engagé dans et par la parole : « Il faut réaliser que lesparoles agissent sur le corps d’autrui, pour pouvoir reconnaître à la cure psychanalytique soncaractère d’aventure à proprement parler sexuel, plutôt que de ne l’appréhender — dans une vuescientiste — que comme un discours portant sur la sexualité » ([31], p. 21].

Page 7: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587 583

Dans une autre perspective, s’apparentant à une branche de la linguistique, la pragma-tique réintroduit du lien entre l’acte et la parole en considérant notamment son pouvoir detransformation du fait même de l’énonciation. À partir des travaux d’Austin [32] puis deDucrot [33], une distinction se constituera progressivement entre l’énoncé et l’énonciationconsidérée comme un acte de prononciation ayant des effets concrets sur la situation desinterlocuteurs.

7. Parole et dysphasies

Dès la naissance, les premiers cris, puis les premiers sons, engagent tous les organes de laphonation. La voix, construite sur l’édifice des premières interactions émotionnelles, mobilisede nombreuses sensations corporelles liées à sa production, mais aussi à sa réception. Le plaisirlié à la parole et plus précisément à l’énonciation provient de ce qu’elle est entendue par undestinataire qui, à l’origine, n’est autre que le premier objet maternel. Avec l’enfant dysphasique,cette situation originaire se rejoue dans le transfert et constitue le paradigme de l’interventionpsychothérapeutique. Pour Lacan, nous savons que « le seul objet convenable c’est l’objet voix,d’autant plus essentiel pour l’enfant que c’est par le même trou du corps que passent les mots quisortent du corps et la bouche par où passe la nourriture » ([34], p. 236).

Il est un fait clinique avéré que les enfants dysphasiques souffrent fréquemment de difficul-tés alimentaires dont l’origine se trouve bien souvent autour de la période du sevrage [35,36].Comment ne pas faire le lien entre l’investissement libidinal et symbolique de la zone orale etl’acte de parole ?

D’un point de vue psychopathologique, l’approche compréhensive et thérapeutique des dys-phasies passe par une interrogation concernant la place du corps dans le langage et la fonction del’énonciation. Le corps étant considéré comme fondement du langage et produit de l’intégrationsensorimotrice dépendante des interactions précoces du bébé avec l’objet primordial. Le travailpsychothérapique avec l’enfant dysphasique vise, à partir d’interprétation corporellement et émo-tionnellement accessibles au jeune patient, à favoriser l’intégration de soi, grâce aux effets de laparole.

Dans le champ des troubles sévères du développement du langage, l’écoute de la parole sedistingue de l’évaluation du langage, telle que le proposent les perspectives neuropsychologiqueet cognitive. Dans ce type d’approche, c’est le langage qui constitue l’objet d’investigation etson étude correspond, pour un individu donné, à l’évaluation systématisée de ses différentescomposantes. Il s’agit d’un travail d’objectivation des caractéristiques du langage, tel que lesdernières techniques d’analyse statistique permettent par exemple de l’aborder. De nos jours, onconstate un intérêt grandissant et pertinent pour l’étude des aspects pragmatiques du langage,définis comme la valeur adaptative, la capacité concrète d’un sujet à utiliser le langage à des finsde communication et d’échanges fonctionnels.

Mais, dans une perspective complémentaire, c’est la parole dans sa fonction « subjectivante »qui est recherchée et travaillée. Point n’est besoin dans cette perspective d’un langage structuré,puisque le type de communication recherchée ne se fonde pas sur la rationalité du discours. C’estle contenu émotionnel de la parole, ce qu’elle peut transmettre et faire vivre du rapport au corps etau monde interne de l’enfant, de l’adolescent, qui est entendu et soutenu. Dans un second temps,une interprétation transférentielle de ce qui est partagé dans le champ de la séance permet aupatient de développer des capacités de penser propices au développement du langage.

Page 8: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

584 C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587

8. Illustration clinique

Nathan présente de sévères troubles du langage lorsque je le rencontre pour la première fois,accompagné de son père, il est alors âgé de neuf ans et demi. Le bilan orthophonique inquié-tant témoigne d’une expression verbale entravée par d’importants troubles de l’articulation.Des difficultés praxiques empêchent l’exécution de mouvements isolés et enchaînés de lalangue.

Les nasales sont déformées ([an], [on]), plusieurs sons simples sont désonorisés ([b], [d], [g]),la répétition de certaines diconsonnantiques est impossible ([fra], [pra], [cla], [tra]). La parole estdéformée par la substitution de syllabes et de sons dans les mots, le vocabulaire est pauvre. Lasyntaxe est très laborieuse, notamment pour les énoncés longs et complexes et la lenteur de laverbalisation laisse supposer des troubles de la programmation. Enfin, la compréhension est altéréepour les formes élaborées du langage oral, tant au niveau lexical que gnosique. Dans ce contexte,on imagine aisément qu’il soit difficile à Nathan de parler, l’expression verbale nécessitant degros efforts qu’il rechigne généralement à faire.

Au cours de cet entretien, dont les modalités se répètent à l’identique depuis quelques semaines,Nathan refuse de répéter autant que de chercher des moyens palliatifs aux difficultés de compré-hension de son interlocuteur. Du point de vue contre transférentiel, il n’est pas exagéré de direque cette attitude a des répercussions négatives : soit que l’interlocuteur s’accroche, dans unerelation en miroir, aux moindres fluctuations de sa parole pour tenter d’en décrypter le sens, soitque la lourdeur de cette tâche le décourage et engendre un désinvestissement du jeune patient.Incontestablement, ces troubles du langage freinent les progrès, altèrent la qualité spontanée del’écoute, mais aussi du rapport de l’enfant à son propre langage et à celui de l’autre. Pour autant,une compréhension psychopathologique doit-elle se résumer à une explication d’ordre instru-mental ? Certes, chez Nathan, les troubles praxiques ne facilitent pas l’expression verbale. Mais,le paradoxe est qu’il ne cherche pas à être compris, bien qu’il lui soit insupportable de ne pasl’être. Ses réactions orales agressives révèlent son authentique souffrance de ne pas être compris,elles témoignent aussi d’une véritable problématique relationnelle, dont les enjeux centrés sur lelangage peuvent être considérés comme symptomatiques. Dans quel lien se situe t-il alors avecl’objet ? Est-ce un lien fusionnel et tyrannique où le langage ne peut exercer sa fonction de tiers ?Mais enfin, qu’est-ce que le développement du langage suppose alors comme perte et commentla surmonter ? Voilà, me semble t’il, l’un des enjeux transférentiels majeurs avec lequel il fautcompter dans le travail avec les sujets dysphasiques.

Les parents de Nathan ont divorcé lorsqu’il avait deux ans, depuis c’est toujours séparémentqu’ils consultent avec leur enfant. Le père situe les premières difficultés, nettement repérableschez son fils, vers l’âge de dix-huit mois. Il lui semblait alors que Nathan tombait très facilement ets’arrangeait pour se faire mal ce qui, d’après les parents, les conduisait à le surprotéger. Les diffi-cultés repérées par le père à ce niveau du développement, font bien sûr écho aux troubles praxiqueset au manque de coordination de Nathan, pour lesquels il est encore rééduqué aujourd’hui.

L’interprétation du père a pourtant l’intérêt de dégager un sens possible à ces chutes qui, aumoins dans l’hypothèse la plus neutre, n’ont pas manqué de renforcer le comportement hyper-vigilant des parents. Chutes qui, à cet âge particulier où se joue l’accès à l’autonomie sur diversplans (moteur et psychique), questionnent la construction du moi corporel et de l’image du corps.Qu’est ce qui tient ou ne tient pas chez cet enfant ? La défaillance d’une motricité fiable peut-elle témoigner de la fragilité de l’intégration sensorimotrice dont on percoit aussi les effets dansl’altération des prémisses du langage ?

Page 9: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587 585

À l’entrée à l’école maternelle, les premières expériences de socialisation furent difficiles,Nathan possédait trois ou quatre mots, il était très violent et n’avait pas de règles humaines, ilriait très fort mais ne parlait qu’avec un filet de voix, nous dit le père. Ce qui apparaît ici commeune défaillance de contenance psychique ne peut être considéré comme seule conséquence destroubles du langage, interprétation qui a très souvent cours à propos des enfants dysphasiques.De plus, le comportement boulimique de Nathan se transformait à cette époque en une formed’anorexie caractérisée par un dégoût, toujours actuel, pour les aliments et la viande en particulier.La propreté, en voie d’acquisition, n’a jamais été totale. Aujourd’hui encore, Nathan se retientle plus longtemps possible d’aller aux toilettes et présente régulièrement des épisodes d’énurésienocturne.

D’un point de vue psychopathologique, c’est bien sûr la question des limites et des enveloppescorporelles qui peut être évoquée ici. Entre incorporation et introjection, expulsion et perte, c’estla construction d’un espace psychique contenant des objets internes sécurisant et étayant quivient à manquer. Quelle place alors pour le langage, dans un contexte où la symbolisation estpartiellement empêchée par le caractère persécuteur des acquisitions qui confrontent forcément àla séparation et à la perte ? Il semble bien que les aspects neurodéveloppementaux et psychiquessoient considérablement imbriqués.

Au cours du travail psychothérapique qui durera plusieurs mois, j’apprendrai à repérer lapertinence subjectivante des reformulations et des interprétations au travers des réactions émo-tionnelles et corporelles de Nathan. Nous apprendrons à travailler non pas au niveau du sens,mais du sensoriel et de l’éprouver. À travers la parole, aussi pauvre et dyssyntaxique soit-elle,nous éprouverons ensemble, dans la dynamique du transfert, les impressions corporelles liées aucollage et au rejet, à la persécution et à l’intrusion, à l’étrangeté mais aussi au réconfort d’unecommunication à un niveau intersubjectif.

Dans le bureau ce matin là, j’arrivais avec cinq minutes de retard. Assis face à moi, Nathanparaissait inquiet, il ne pouvait pas ôter son blouson et restait silencieux, impassible et froid. Je luisignifiais, en raison de mon impression qu’il cherchait tellement à se protéger : « Je suis en retard etton espace est menacé » et sur un mode plus ajusté je lui dis « qu’il devait être très en colère contreMadame Dupuis en pensant qu’elle l’avait oublié ! ». Le visage de Nathan changea, ses yeux secouvrirent de larmes, il n’y avait plus de réticence. Dans cette expérience de partage émotionnel,la compréhension des enjeux de la séparation et de l’absence fut possible et nous en éprouvionstous les deux un réel soulagement. Au-delà du sens des mots, sans doute, cette parole adresséeau corps, a permis un travail d’intégration et peut-être même d’association entre représentationde mots et de choses. La satisfaction d’être compris s’ajoutant à l’effet symbolisant de la parole.Nathan semblait dès lors accéder à une certaine figuration de son mal être qui engendra, au seinde la relation, une ouverture au travail de subjectivation.

9. Conclusion

L’approche psychanalytique des enfants souffrant de dysphasie de développement est néces-saire à côté d’un travail de remédiation et de rééducation qui s’adresse plus directement auxtroubles du langage. Au travers d’une attention particulière à la parole, c’est toute la question dela subjectivation [37] qui est en jeu, conditionnant incontestablement l’efficacité de la rééducation.La fragilité perceptible de leur rapport au langage et à la parole suggère l’importance d’un travaild’appropriation subjective de cette compétence qui ne peut se faire que dans la relation transfé-rentielle partagée avec le psychothérapeute. Chez les enfants dysphasiques, ne pas confondre le

Page 10: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

586 C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587

langage et la parole, c’est leur faire un crédit, celui du « pouvoir de l’acte de parole » [38] danssa portée signifiante et parfois même magique.

Déclaration d’intérêts

L’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Références

[1] Bishop DVM, Edmundson A. Specific language impairment as a maturational lag: evidence from longitudinal dataon language and motor development. Dev Med Child Neurol 1987;29:442–59.

[2] Rapin I, Allen DA. Developmental language disorders: nosologic consideration. In: Kirk U, editor. Neuropsychologyof language, reading and spelling. New-York: Academic Press; 1983. p. 155–84.

[3] de Ajuriaguerra J, Borel-Maisonny S, Diatkine R, et al. Le groupe des audimutités. Psychiatr Enfant 1958;1:6–62.[4] de Ajuriaguerra J, Guignard F, Jaeggi A, et al. Organisation psychopathologique et troubles de l’organisation du lan-

gage (étude d’un groupe d’enfants dysphasiques). In: Problèmes de psycholinguistique. Symposium de l’Associationde psychologie scientifique de langue francaise, Neuchâtel, 1962. Paris: PUF; 1963, 109–53.

[5] de Ajuriaguerra J. Manuel de psychiatrie de l’enfant. Paris: Masson; 1980, p. 329.[6] Launay C, Borel-Maisonny S. Les troubles graves de l’élaboration du langage. Neuropsychiatr Enfance Adolesc

1966;13:563–75.[7] Launay C, Borel-Maisonny S. Les troubles du langage, de la parole et de la voix chez l’enfant. Paris: Masson; 1972.[8] Bishop DVM. Autism, Asperger’s syndrome and semantic-pragmatic disorder: where are the boundaries ? Special

issue: autism. Br J Dis Commun 1989;24(2):107–21.[9] Bishop DVM, Adams C. Comprehension problems in children with specific language impairment literal and infe-

rential meaning. J Speech Hear Res 1992;35:119–29.[10] Gérard CL. L’enfant dysphasique. Paris: PUF; 1991.[11] Billard C, Touzin A, Loisel ML, et al. Genetic basis of developmental dysphasia: report of eleven familial cases in

six families. Genetic Counderling 1994;5(1):23–33.[12] Diatkine R. Problèmes cliniques et thérapeutiques des dysphasies graves de l’enfance. Neuropsychiatr Enfance

Adolesc 1984;32(10-11):553–6.[13] Diatkine R. Essai sur les dysphasies. Les textes du Centre Alfred Binet 1987;11:1–16.[14] Houzel D. Genèse et psychopathologie du langage chez l’enfant. Neuropsychiatr Enfance 1984;32(10-11):477–91.[15] Bergès J, Balbo G. La dysphasie, le leurre : techniques en psychanalyse. L’enfant et la psychanalyse. Paris: Masson;

1994, 153–66.[16] Danon-Boileau L. L’enfant qui ne disait rien. Paris: Calmann-Lévy; 1994.[17] Beaud L, de Guibert C. Le syndrome sémantique-pragmatique : dysphasie, autisme ou « dysharmonie psychotique » ?

Psychiatr Enfant 2009;1(52):89–130.[18] Gori R, Del Volgo MJ. La santé totalitaire. Essai sur la médicalisation de l’existence. Paris: Denoël; 2005.[19] Berger M, Ferrant A. Le travail psychanalytique dans la prise en charge des troubles spécifiques des apprentissages.

Neuropsychiatr Enfance Adolesc 2003;51:212–22.[20] Ciccone A. L’éclosion de la vie psychique. In: Naissance et développement de la vie psychique. Toulouse: Erès, coll

« 1001 BB »; 2008.[21] Danon-Boileau L. La parole est un jeu d’enfant fragile. Paris: Odile Jacob; 2007.[22] Boysson-Bardies B de. Comment la parole vient aux enfants. Paris: Odile; 1996.[23] Laplanche J, Pontalis JB. Vocabulaire de la psychanalyse (1967). Paris: PUF, coll. « Quadrige »; 2007.[24] de. Saussure F. Cours de linguistique générale. Paris: Payot; 1895.[25] Kristeva J. Le langage, cet inconnu. Paris: Seuil; 1969.[26] Freud S. Contribution à la conception des aphasies (1891). Paris: PUF; 1983.[27] Freud S. L’interprétation des rêves (1900). [trad. Fr. I. Meyerson. D. Berger]. Paris: PUF; 1993.[28] Freud S. Études sur l’hystérie (1895). 4ème éd. Paris: PUF, coll. « Bibliothèque de psychanalyse »; 1973.[29] Schneider M. La parole et le langage en psychanalyse. L’entretien en clinique (1998). Paris: In Press, coll. « Psycho »;

2003.[30] Freud S. Totem et tabou (1912/1913). Paris: Petite bibliothèque Payot; 1965.[31] Stein C. La parole comme acte sexuel, une introduction. Cliniques méditerranéennes 1994;43-44:13–22.

Page 11: Le langage et la parole dans les dysphasies : pour une approche psychanalytique

C. Dupuis-Gauthier / L’évolution psychiatrique 77 (2012) 577–587 587

[32] Austin JL. Quand dire, c’est faire. Paris: Seuil; 1970.[33] Ducrot O. Dire et ne pas dire. Paris: Hermann; 1972.[34] Bergès J. Le corps dans la neurologie et dans la psychanalyse, lecons cliniques d’un psychanalyste d’enfants.

Toulouse: Èrès, coll. « Psychanalyse et clinique »; 2005.[35] Dupuis C, Boidein F, Phillips N, Dellatolas G. Dysphasie et troubles associés chez l’enfant, étude de 41 enfants d’un

Centre d’Education Spécialisé. Neuropsychiatr Enfance Adolesc 1996;44(9-10):407–10.[36] Dupuis-Gauthier C, Guillèn JC, Beaune D. L’enfant dysphasique : un sujet en situation clinique. À propos de la prise

en charge psychothérapeutique. Neuropsychiatr Enfance Adolesc 2006;54:396–400.[37] Cahn R. Origines et destins de la subjectivation. In: La subjectivation. Paris: Dunod, coll. « Inconscient et culture »;

2006, p. 7–18.[38] Stein C. L’enfant imaginaire. Paris: Denoël; 1971.