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1 Guillaume Michel Internews / Haiti +509 34 83 67 25 [email protected] 15 avril 2010 Le Journalisme Humanitaire quand l’information sauve des vies Ateliers pour Journalistes et Humanitaires Rapport de fin d’activité Léogane, 31 mars 2010

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Guillaume Michel Internews / Haiti +509 34 83 67 25 [email protected] 15 avril 2010

Le Journalisme Humanitaire quand l’information sauve des vies

Ateliers pour Journalistes et Humanitaires

Rapport de fin d’activité

Léogane, 31 mars 2010

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SOMMAIRE p. 3 Introduction p. 5 I – Initiation au journalisme « humanitaire » p. 9 II – Rencontres entre journalistes et humanitaires p. 19 Conclusion p. 21 Annexe I – programme de l’atelier p. 23 Annexe II – contacts des participants p. 27 Annexe III – conducteur de la session d’introduction

RESUME

Activité Organisation de 4 ateliers / recontres sur le rôle de l’information en temps de crise humanitaires, et la communication entre organisations humanitaires (UN & ONGi) et journalistes communautaires.

. Objectif Accroître la qualité et la quantité d’informations humanitaires { destination des populations affectées par : - une meilleure compréhension du rôle des médias en temps de crise - une meilleure communication entre acteurs humanitaires et journalistes. Indicateur 80 journalistes ou « professionnels des médias » de radios commu-nautaires devaient être sensibilisés { la production d’informations humanitaires. Résultats 117 volontaires ou professionnels des médias communautaires et com-merciaux de 4 zones (Port-au-Prince, Léogane, Jacmel, Petit-Goâve) ont été sensibilisés, et ont rencontré les représentants de 15 organisations humanitaires différentes (UN & ONGi).

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Wilner Saint-Preux (CHF / Petit-Goâve) répond aux questions d’un journaliste sur le déblayage

Introduction Pourquoi des « ateliers » sur le Journalisme Humanitaire ? L’objectif de cette série d’ateliers était de toucher un maximum de journalistes radio dans les provinces pour :

- établir un premier contact entre les journalistes et la communauté humanitaire, afin de faciliter la production d’informations { destination des populations affectées.

- faciliter l’identification des journalistes qui pourraient ensuite participer { des

programme de formation (éditoriale & technique) au journalisme radio et au suivi des opérations humanitaires.

La formule de l’ « atelier » est apparue la plus adaptée, dans la perspective d’une série de formations ultérieures au suivi des opérations humanitaires. L’atelier permet d’abord d’accueillir jusqu’{ 30 personnes en une journée sans diminuer la qualité de la formation et de la rencontre avec le panel d’humanitaires.

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L’atelier permet aussi de reconnaître les participants les plus motivés ou les plus capables de produire des informations de qualité, ayant un impact sur les populations affectées. Pourquoi organiser prioritairement ces ateliers en province ? Contrairement aux journalistes de Port-au-Prince, qui peuvent participer à des conférences de presse hebdomadaires, les journalistes de Petit-Goâve, Léogane et Jacmel n’ont pas d’accès régulier aux informations de source « humanitaire » : rapports de situation, conférences de presse, contacts avec PIOs, etc. Les personnels de communication des organisations humanitaires sont en grande majorité basés à Port-au-Prince, et ne peuvent entretenir de relations régulières avec les journalistes de Jacmel, Léogane et Petit-Goâve . La communication n’étant pas l’activité de référence du personnel opérationnel basé dans ces trois communautés, il en résulte une liaison déficitaire entre humanitaires et médias communautaires. Le programme d’information humanitaire « Enfomasyon nou dwe konnen » (actuellement distribué à 25 radios de Port-au-Prince) n’est pas non plus communiqué aux radios communautaires de ces trois zones de diffusion, ce qui accroît par ailleurs le besoin des populations en information humanitaire.

Jean-Bosco Mofiling (OCHA) et Rudolph Koegler (AAA) se présentent aux journalistes de Petit-Goâve

Quel programme retenir pour cette première ren-contre entre médias et humanitaires ? Ces 4 ateliers d’une journée étaient similaires dans leur programme et leur orga-nisation. Il était nécessaire de préparer les journalistes à rencontrer les huma-nitaires, par une première sensibilisation sur le rôle de l’information – et donc des médias locaux – en temps de crise humanitaire. La discus-sion a notamment porté sur les projets média qui ont été conçus en réponse à des catastrophes naturelles dans d’autres pays.

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La rencontre, avec un panel de 5 humanitaires en moyenne, se tenait l’après-midi, et portait prioritairement sur les objectifs et les méthodes de communication entre médias communautaires et organisations humanitaires. Ce n’était pas une conférence de presse, tous les micros et caméras restant fermés, pour faciliter l’expression des humanitaires. Les ateliers / rencontres se sont donc tenus à :

- Petit-Goâve (24 mars 2010, local Canne à Sucre) - Léogane (31 mars 2010, Belval Plaza) - Jacmel (8 avril 2010, Centre Multimédia) - Port-au-Prince (10 avril 2010, Centre RSF)

I – INTRODUCTION AU JOURNALISME HUMANITAIRE Voir le programme détaillé et le conducteur en annexe. a) Besoin et spécificité de l’information « humanitaire » Cette séance d’introduction était consacrée { une meilleure compréhension du rôle des journalistes auprès des victimes du séisme, ou de toute catastrophe en général, et du niveau le plus opportun de collaboration avec les acteurs humanitaires. Il ne s’agissait ni d’un cours (trop directif) ni d’un forum (trop confus), mais d’une discussion, la plus interactive possible, encadrée par des questions précises et directives :

- quels ont été vos besoins d’information en tant que victimes, durant les premières heures qui ont suivi le séisme?

- quels ont été vos besoins d’informations non plus en tant que victimes, mais en tant que journalistes, auprès des organisations humanitaire ?

- quelles sont les spécificités d’une information de type « humanitaire » ?

- l’information doit-elle faire partie de la réponse humanitaire à une catastrophe

naturelle, à quelles conditions ?

- quels sont les stages de développement d’un programme d’information humanitaire, de l’info-service (phase d’urgence vitale) jusqu’au suivi des opérations humanitaires (phase de reconstruction) ?

Par un jeu classique de questions / réponses, les journalistes ont été amenés à répondre eux-mêmes aux questions posées, et donc à définir eux-mêmes le besoin et la qualité d’un programme d’information humanitaire.

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Le reste de la matinée était consacré { l’étude de projets radio conçus dans l’urgence dans d’autres pays frappés par une crise humanitaire :

- Indonésie (tsunami) - Pakistan (séisme) - Birmanie (cyclone) - Darfour (conflit)

Des vidéos ont été montrées aux participants pour illustrer la notion de média “humanitaire”. Le reportage sur la radio “Jazba e Tameer” (projet créé par Internews suite au séisme au Pakistan en 2005) a particuliè-rement intéressé les journalistes haïtiens.

Cette approche pratique visait à évoquer des programmes d’information que des confrères étrangers de radios communautaires ont pu produire dans des circonstances similaires, étant à la fois victimes et acteurs de la réponse humanitaire. Le cas du Pakistan (frappé par un séisme en octobre 2005) était à cet égard particulièrement intéressant, et d’autant plus émouvant pour certains journalistes que des séquences vidéo appuyaient l’évocation de ces projets. La matinée de sensibilisation se terminait par la présentation des projets d’information humanitaire qui ont été mis sur pied par diverses organisations internationales en Haïti :

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b ) Evaluation des journalistes participants : Une feuille d’évaluation a été remise aux participants des ateliers de Léogane, Jacmel et Port-au Prince. L’évaluation allait de 1 (tout { fait inutile) { 5 (très utile) et portait globalement sur l’utilité de l’atelier, { deux points de vue : Sur le rôle de l’information en temps de crise humanitaire

Moyenne = 4,5 soit « utile » à « très utile ». Extraits de commentaires

« … le plus utile a été la distinction entre les informations immédiatement utiles et les autres informations, dans un contexte de journalisme humanitaire… j’ai compris que le journaliste humanitaire doit chercher des informations utiles, et pas des scoops » « … l’atelier m’aide { voir qu’il faut produire de l’information { temps, et surtout de l’information constructive ». « … cela m’a appris quel type d’information prioriser pour la population et identifier les besoins premiers dans une situation de cris… j’arrive { connaître que je dois chercher les informations qui pourraient sauver des vies, et un contact avec les opérateurs humanitaires ». « … le journaliste se fait la voix et l’indicateur au service de la population, grâce { son service il peut sauver des vies, puisque l’information doit être un service humanitaire ».

- Ushahidi : collecte d’alertes et d’informations pour interven-tion et orientation des opé-rations humanitaires

- Thomson Reuters : diffusion de

messages SMS, par utilisation du numéro 4636

- Internews : programme d’infor-

mation humanitaire « Enfoma-syon nou dwe konnen »

A droite : tableau de présentation pour l’atelier de Port-au-Prince

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« … on mettait l’accent sur le journalisme engagé, au lieu d’être journalistes humanitaires ce qui veut dire plus près de la population, afin de les tenir informés ».

Sur la présentation de projets d’information humanitaire { l’étranger et en Haiti

Moyenne = 4,5 soit « utile » à « très utile ». Extraits de commentaires :

« … je pense { une séquence d’émission en duplex qui saura illustrer cette spécialité qu’est le journalisme humanitaire ». « … je vois la façon (dont) un journaliste va recueillir des informations auprès des responsables des ONG internationales en cas de distribution d’aide aux familles après une catastrophe naturelle ». « … cet atelier me donne des idées de diffusion moins efficaces que la radio, mais qui seraient complémentaires, comme des bulletins d’information pour une meilleure vulgarisation, ou des informations dans la rue avec des porte-voix ».

« … on n’a pas intégré les médias locaux dans ce genre d’activité comme Internews Enfomasyon nou dwe konnen, jusqu’{ présent on n’a pas intégré les journalistes de Léogane ! ».

« … le plus utile, c’était l’identification des besoins des populations en cas de catastrophe naturelle. Le moins utile, c’est que quand on a identifié les problèmes, on n’a pas les moyens économiques pour répondre à ces problèmes. On ne sait pas où faire les demandes. »

« …lorsqu’on est sur le terrain, on doit posséder la pratique, comme par exemple sensibiliser les gens, les aider à trouver les médecins, ainsi que la nourriture, par le biais des ONG ».

Fédrique Pierre, porte-parole du PAM à Léogane

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Mildrede Beliard a pu expliquer aux journalistes de Léogane les contraintes de communication de l’ONG CARE International : confidentialité de certaines informations, sécurité des opérations. Ici face à James Felix, représentant de l’APL (Association de la Presse de Léogane.

II – RENCONTRE ENTRE JOURNALISTES ET HUMANITAIRES La sensibilisation préalable des journalistes à leur responsabilité en temps de crise humanitaire visait { éviter l’effet « conférence de presse », qui empêche parfois les journalistes et les humanitaires de progresser au-delà des questions ou jugements polémiques (exemples de remarques prononcées : « vous ne faites pas assez pour secourir les victimes», « la coordination avec les autorités haïtiennes est nulle », « vous avez reçu beaucoup d’argent pour faire très peu », « vous ne voulez pas travailler avec la presse haïtienne», etc…). Ces remarques, si elles paraissent parfois légitimes, mettent les humanitaires sur la défensive et gênent la progression vers la définition de méthodes simples et efficaces pour une meilleure communication : conférences de presse, points focaux, échanges de contacts. Les journalistes ayant été informés des principes de base de l’information de type « humanitaire » sont ainsi mieux préparés à rencontrer les humanitaires dans un climat

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constructif, favorisé par l’objectif d’une collaboration au service de la communauté affectée. L’image du verre d’eau ({ moitié plein, { moitié vide) a été utilisée efficacement et à plusieurs reprises. Les humanitaires ont pu convaincre les journalistes que la logique des opérations humanitaires, c’est « un verre qui se remplit » en dépit de la persistance de zones ou de besoins non soulagés par les secours. a ) Volonté manifeste de rapprochement entre humanitaires et journalistes De simples séries de sondages à main levée ont démontré aux humanitaires présents à chaque atelier :

- que la connaissance de leurs activités (« que faites-vous sur cette zone ») par les journalistes est très faible.

- que la compréhension de ces activités est pratiquement nulle («comment le faites-vous »).

Inversement, les humanitaires ignorent généralement le nombre et la qualité des médias de leur zone d’intervention. Les rares rencontres se font sur le terrain ou au bureau de l’organisation, non { la station radio elle-même. Les humanitaires ne connaissent ni la couverture des stations, ni les meilleures opportunités de communication (programme, horaire, audience).

Jennifer Hofmann explique les priorités de l’UNICEF aux journalistes de Léogane

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A titre d’exemple, l’émission « Parler pour changer » proposée par la radio Men Kontre de Petit-Goâve est rediffusée en duplex par les 15 stations du Réseau des Médias de Petit-Goâve, de 17h à 19h. Les humanitaires ne connaissent cependant pas l’existence de cette émission, qui leur permettrait efficacement de communiquer avec l’ensemble des communautés de la zone de Petit-Goâve. Ces rencontres permettent donc, selon les mots d’un participant, de « briser la glace » entre ces deux communautés qui travaillent toujours en parallèle sur les mêmes sujets d’information : ouverture d’un centre de santé, distribution, etc. La qualité et la quantité de l’information { destination des victimes s’en ressent. Les informations diffusées par les journalistes paraissent partielles, incomplètes, et parfois contraires à la réalité. Le représentant d’une organisation humanitaire de Petit-Goâve s’est par exemple montré particulièrement surpris d’être accusé de « déforestation » dans une zone où son organisation n’est jamais intervenue. Par manque de formation, autant que par manque d’information, les journalistes ont, pour ce cas précis, véhiculé une simple rumeur de quartier. Ils n’ont pas cherché { contacter l’organisation concernée. Ils n’avaient pas non plus les contacts (nom, fonction, téléphone, email) de ses représentants. Inversement là aussi, la perception du travail des journalistes par les humanitaires est parfois tout aussi erronée, et suscite une méfiance inutile envers les médias locaux. Un field manager de Jacmel a saisi l’occasion de cette rencontre pour reprocher aux journalistes de ne pas avoir informé les auditeurs sur les dangers des chantiers de démolition : port de masques et de casques, risques d’effondrement des maisons, protection sociale contre les accidents, etc. Les journalistes ont pu lui répondre que le travail d’information avait été fait, et qu’ils avaient pu passer des consignes élémentaires de sécurité. Il est donc apparu à tous les participants, humanitaires et journalises, qu’ils ne se connaissent pas ou peu, qu’ils se comprennent mal parfois, et que des critiques ou des méfiances injustifiées gênent ou empêchent la communication – au détriment des populations affectées. Les humanitaires ont aussi pu s’expliquer – à chaque rencontre – sur certains manques de communication, a priori ressentis comme une négligence ou un rejet par les journalistes locaux. Le fait de n’avoir pas voulu communiquer la date ni le lieu d’une opération de distribution a pu être justifié par des raisons de sécurité, par exemple, qui ont paru tout à fait légitimes aux journalistes. Cette explication était cependant nécessaire pour rétablir une relation de confiance. De même, le refus de répondre { une demande d’interview – reproche souvent formulé par les journalistes aux humanitaires – est souvent motivé par une politique très claire de communication : seuls des officiers spécialisés, mais basés à Port-au-Prince, sont habilités à répondre aux journalistes. Ce que ceux-ci ignoraient ou comprenaient mal, jusqu’{ cette rencontre.

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Emmet Murphy (ACDI-VOCA,) et Norze Dieunord (PNUD) face aux journalistes de Jacmel

b ) Impact Cette série d’ateliers, et surtout en province où les journalistes et les humanitaires sont géographiquement plus proches qu’{ Port-au-Prince, a suscité une volonté évidente de rapprochement et des mesures immédiates de communication. Petit-Goâve

- Le représentant de OCHA, Jean-Bosco Mofiling, et la représentante du RMPG, Michelène Hilaire, sont convenus d’organiser des points presse { l’hôtel Fort-Royal de Petit-Goâve, en attendant (si le besoin s’en fait sentir) l’installation d’un centre de presse pour les journalistes locaux.

- Les situation reports, factsheets, et tous autres documents non confidentiels

illustrant l’avancée des opérations humanitaires, seront transmis par le représentant de OCHA aux journalistes par e-mail.

- en utilisant les contacts échangés durant la rencontre, Handicap International a

invité les journalistes de Petit-Goâve { participer { l’inauguration d’un nouvel abri modèle en prévision de la saison cyclonique.

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Léogane Le représentant de OCHA, Safari Djumapili, et le coordonnateur de l’APL, James Felix, sont convenus de la participation des journalistes à certaines réunions de cluster, à 2 conditions :

- que les journalistes s’abstiennent de poser des questions durant les réunions

- qu’ils ne diffusent pas l’information divulguée dans ces réunion sans l’accord des ONG concernées.

L’agenda des réunions des clusters sera transmis aux journalistes, ainsi que les situation reports et autres documents illustrant l’avancée des opérations humanitaires.

Jacmel

- le représentant de OCHA, Michele Mussoni, a proposé la reprise de conférences de presse hebdomadaires qui avaient été abandonnées plusieurs mois avant le séisme.

- La Minustah met le Centre Multimédia à disposition des humanitaires et des journalistes pour l’organisation de conférence de presse ou de rencontres.

- de même qu’{ Petit-Goâve et Léogane, les situation reports, factsheets, et tous autres documents non confidentiels illustrant l’avancée des opérations humanitaires, seront transmis par le représentant de OCHA aux journalistes par e-mail.

Abdelkader Tlidjane, chef de base de MSF, prend les questions des journalistes de Jacmel

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Un suivi est absolument nécessaire pour entretenir ce rapprochement, par la désignation de représentants des médias, le choix de points de rencontre (pour les conférences), et par la définition d’une routine précise de communication : quels contacts établir, quelles informations communiquer, avec quelle régularité, comment convoquer une conférence de presse, etc. c ) Evaluation des participants 1 – Journalistes Une feuille d’évaluation a été remise aux participants des ateliers de Léogane, Jacmel et Port-au Prince. L’évaluation allait de 1 (tout { fait inutile) { 5 (très utile) et portait globalement sur l’utilité de l’atelier, { deux points de vue : - pour une meilleure compréhension des opérations humanitaires

Moyenne = 4,75 entre « utile » et « très utile ».

Extraits de commentaires :

« … le plus utile c’est d’avoir une idée ou la connaissance du fonctionnement de certaines ONG, surtout comment entrer en contact avec eux au profit de la population ». « … cette rencontre nous a permis de savoir qui fait quoi, où et comment. Une partie de ce besoin d’infos { été satisfait, vu que les acteurs présents ont fourni des informations et ont exprimé leurs besoins d’en véhiculer ». « on ne savait pas de choses sur la présence ou le travail fourni par les ONG, cette rencontre nous permet de mieux connaître les activités des opérateurs humanitaires et d’avoir une certaine relation avec les ONG ». « … je propose d’intégrer les journalistes dans les travaux { effectuer puisqu’ils sont des oritentateurs, ils connaissent mieux les endroits les plus touchés ». « on a pu remarquer de graves problèmes lors des distributions de l’aide humanitaire. Il arrive même des scènes où les gens se battent entre eux pour pouvoir trouver quelque chose { manger. Il y a des gens qui jusqu’{ présent n’ont rien reçu de la part des ONG comme par exemple les handicapés, les vieillards, les enfants… donc je propose aux ONG de passer par les médias qui ont des journalistes connaissant mieux le terrain et qui ont une relation plus profonde

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avec les habitants qui vivent dans les abris provisoires, dans la ville et hors de la ville pour une meilleure coordination de l’aide ».

- pour une meilleure collaboration avec les acteurs humanitaires

Moyenne = 4,25 entre « utile » et « très utile ». Extraits de commentaires :

« … maintenant je sais qui contacter, et comment, pour aller à la source, diffuser de l’information utile et { temps, pour établir un pont entre les sinistrés et les opérateurs humanitaires ». « … pour améliorer la production d’informations humanitaires, il faut avoir une communication entre ONG et journalistes. A présent, ce qui me paraît le plus utile : création d’emplois, moyen de logement, traitements de santé, éducation… ce sont les problèmes prioritaires ». « je propose l’institutionnalisation d’un média spécifiquement humanitaire, et une formation plus pointue pour ceux parmi les journalistes qui souhaiteraient œuvrer en ce sens ».

Adam Rogers et Mariana Nissen (PNUD) face aux journalistes Port-au-Prince

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« … les ONG devraient organiser plus de visites de terrain ». « … les opérateurs humanitaires n’ont aucune fois rencontré les membres de la presse pour leur donner des informations adéquates, mais grâce à cet atelier on arrive à leur mettre la main dessus et on est prêt pour participer à la coordination de l’aide humanitaire ».

«… il faut organiser des cellules de presse décentrées pour recueillir des informations sur place ».

2 – Humanitaires Les représentants des organisations humanitaires ayant participé aux rencontres ont aussi été invités { renvoyer leurs impressions après l’atelier, notamment sur la nécessité de renforcer la communication avec les médias locaux Extraits de commentaires :

« … les médias locaux sont absolument essentiels, et il ne faut pas sous-estimer leur importance sur la scène humanitaire. Nous devons poursuivre la tenue de points de presse dédiés à la presse locale, et les impliquer davantage dans les activités d’outreach ». (OCHA / Port-au-Prince) « … j’étais très impressionné par les question posées, mais j’aimerais bien aussi avoir l’occasion d’écouter les journalistes parler de leur expérience. J’attends que plusieurs des journalistes rencontrés continuent d’avoir une relation productive avec CARE… il serait intéressant d’impliquer les médias (soit radio) privés dans des initiatives tels que les émissions d’Internews ». (CARE / Port-au-Prince) « … grâce { cette rencontre, je sais maintenant qu’il existe ici dans le sud-est une trentaine de media. Je ne savais pas qu’il y avait autant d’opportunités et de moyens d’atteindre les communautés… Je ne savais pas aussi qu’il existait au niveau du département une association de media. Laquelle peut servir efficacement pour notre collaboration avec les media locaux. Il faut aller vers des formations de journalistes sur des thématiques précises afin de faciliter les échanges et la transmission de l’information, et il faut des rencontres plus régulières ». (PNUD / Jacmel) « The workshop was useful to get to know representatives from the local media and their view on the acitvities of humanitarian organizations. As discussed during the workshop, OCHA plans to keep the local media updated on the activities carried out by the humanitarian organizations by sending them regular infromation briefings ». (OCHA / Jacmel) « La rencontre (avec les journalistes) fut très intéressante car elle nous a permis d'avoir plus de visibilité sur les médias locaux de Petit-Goâve car il est vrai qu'en période d'urgence, on a trop tendance à ne pas les prendre en compte. De plus, cela fut une agréable surprise de constater que tous les médias de Petit-Goâve se

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soient réunis en réseau. Toute initiative visant à fédérer les médias locaux doit être encouragée. » (Handicap International / Petit-Goâve)

« … j'ai été très content d'avoir eu l'occasion de participer { cette rencontre au nom de CHF International. Je crois que ça a été une bonne idée de discuter avec les journalistes locaux, et je crois que ce type de mise en place peut permettre aux ONG de mieux informer et communiquer avec la population ». (CHF / Petit-Goâve)

France Hurtubise (OCHA), Gabriela Flores (PAM), Rommel Pierre (journaliste), Charles Peleg (Ox-fam International ) et Rick Perera (Care International)

«… l’information joue un rôle crucial en période d’urgence tel que vous l’avez souligné lors de votre atelier à Petit-Goâve. Elle permet de transmettre non seulement de l’information pour les populations affectées mais elle est aussi utile pour les acteurs humanitaires (…) Cependant, le manque de structure organisée pouvant répondre à la spécificité du « journalisme humanitaire » a réduit la capacité des organisations humanitaires à communiquer de manière fluide et organisée avec les médias locaux. L’organisation de l’atelier de journalisme humanitaire par Internews a été particulièrement utile et importante pour l’évolution des relations entre médias et partenaires humanitaires en contribuant notamment a tenter de répondre au besoin, préalablement exprimé auprès des autorités locales et d’OCHA, d’élaborer une stratégie de communication locale afin d’établir une relation constructive

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avec les médias locaux et d’informer les populations affectées par le séisme de la présence des organisations humanitaires, de leurs objectifs, domaines d’intervention, activités et contraintes.

Oxfam international, suite au premier contact établi avec le réseau, a eu des contacts ponctuels avec différentes stations de radio à Petit-Goâve et a participé à certains programmes d’information. Cependant, ces contacts ponctuels ne répondent pas aux besoins d’une transmission d’information plus organisée et régulière telle que le sollicitent la population locale et les médias. (…) Les partenaires ont pu exprimer aux journalistes locaux le besoin de confirmer auprès d’eux les informations avant de les rendre publiques car celles-ci peuvent avoir des conséquences négatives sur l’action des acteurs humanitaires et indirectement sur les bénéficiaires de leur programme. Cette rencontre s’est conclue sur le besoin exprimé d’établir un local équipé pour accueillir des rencontres organisées entre médias locaux et organisations humanitaires, pour mettre fin { la transmission d’informations erronées et pour contribuer à une réponse plus efficace aux populations sinistrées ». (Oxfam International / Petit-Goâve)

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Conclusion Le besoin d’une communication plus régulière, plus constructive, entre journalistes et humanitaires a été exprimé par tous les participants. La question n’est donc plus celle du « faut-il» communiquer, mais du « comment » communiquer, notamment par le partage de contacts, la participation aux réunions de clusters, l’organisation de conférences de presse et de visites de terrain. Des locaux pourront s’avérer nécessaires pour accueillir ces rencontres { Petit-Goâve et Léogane, si journalistes et humanitaires prennent l’habitude de se rencontrer et de produire des interviews. A Jacmel, le Centre multimédia a déjà été mis à la disposition des journalistes et des humanitaires par la Minustah. Surtout, un programme de formation devrait permettre de renforcer ces premières relations – encore fragiles – entre humanitaires et journalistes. Il sera possible de s’appuyer sur les ateliers pour sélectionner un nombre de 5 { 15 journalistes de chaque communauté (Petit-Goâve, Léogane, et Jacmel) qui recevraient 1 à 2 semaines de formation (théorique et pratique) pour mieux couvrir les opérations humanitaires en cours dans leur zones de diffusion. Les humanitaires pourraient alors profiter de ce travail de rapprochement et de formation pour communiquer plus facilement et plus régulièrement avec ce pool de journalistes, dans l’intérêt de leurs auditeurs, et donc des populations affectées.

extrait d’évaluation d’un journaliste de Port-au-Prince…

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ANNEXES I – PROGRAMME DES ATELIERS II – CONTACTS ET PHOTOS DES PARTICIPANTS III – CONDUCTEUR DE LA SESSION DE SENSIBILISATION

Dernière photo au Centre Opérationnel des Médias (RSF) de Port-au-Prince

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ANNEXE I – PROGRAMME DE L’ATELIER (Petit-Goâve, 24.03.10)

Matin (8h-12h) Introduction au Journalisme Humanitaire I - Le rôle crucial de l'information en situation d'urgence humanitaire a - la demande d'information des populations affectées, un besoin pris en compte dans la réponse humanitaire. b - la spécificité du journalisme "humanitaire" : devoirs et restrictions du journaliste, choix des sujets & angles, sa relation avec les populations affectées et les partenaires humanitaires. c - les stages de l'information humanitaire : de l'info-service vitale au suivi des opérations de reconstruction Pause à 10h II - Approche pratique du journalisme humanitaire a - approche pratique par 4 exemples de projets média en situation de crise humanitaire : Indonésie (tsunami), Pakistan (séisme), Birmanie (cyclone), Darfour (conflit) - avec video. b - IRIN (UNOCHA) : présentation du réseau, de ses objectifs et de quelques reportages sur Haiti, par Tamar Dressler c - USHAHIDI : rôle des ICT et des médias sociaux dans la réponse humanitaire, par Sabina Carlson - avec video Après-midi (13h-16h30) Rencontre entre humanitaires et journalistes de Petit-Goâve - Michelene Hilaire (coordinatrice du Réseau des Médias de PG) - Jean-Bosco Mofiling (UN OCHA) - Aurélia Ferial (HANDICAP INTERNATIONAL) - Rudolf Koegler (AGRO ACTION ALLEMANDE) - Céline Gagne ou représentant (OXFAM) - Crystal Wells (IMC) - Simon Bourdat (CHF)

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ANNEXE II – CONTACTS ET PHOTOS DES PARTICIPANTS

A – Atelier Petit-Goâve (24 mars 2010)

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B – Atelier Léogane (31 mars 2010)

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C – Atelier Jacmel (8 avril 2010)

D – Atelier Port-au-Prince (10 avril 2010)

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ANNEXE III – CONDUCTEUR DE LA SESSION D’INTRODUCTION

(Port-au-Prince, 10 avril 2010)

I - QUESTIONS D’APPROCHE

1 - Durant les jours qui ont suivi le séisme… sur quelle radio, sur quelle télévision avez-

vous suivi les événements ?

2 - A qui parlaient les journalistes ? – Ils parlaient de vous à d’autres personnes.

Exemples : la souffrance des victimes, l’acheminement de l’aide, la nature et le coût des

opérations, etc… pendant 2 semaines, on n’a parlé que de vous, mais personne ne vous a

parlé, à vous, aux Haïtiens, aux populations affectées. …

3 - Avez-vous ressenti un manque particulier d’informations ? Est-ce que NBC News, ou

France 2 vous ont donné des informations sur

- la bonne attitude { suivre en cas de secousse…

- le jour, l’heure et l’endroit de l’ouverture d’un hôpital de campagne…

- le jour, l’heure et l’endroit de la distribution de couvertures pour passer la nuit…

ce n’était pas leur mission… car leur mission n’était pas de vous informer, mais

d’informer leur public. Et vous n’étiez pas leur public…

4 – Si vous avez continué d’informer les populations de Port-au-Prince, avez-vous eu des

informations facilement de la part des opérateurs humanitaires… ? Ils étaient peut-être

occupé à sauver des vies, à déployer les secours, à négocier avec les autorités, etc. Et ils

n’avaient pas de temps { consacrer { la communication. Parce qu’on ne peut pas aider

les gens & communiquer en même temps…

« On aide les gens d’abord, et puis on communiquera après avec les médias

communautaires »… c’est « l’un ou l’autre ».

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c’était la perception des acteurs humanitaires jusqu’{ présent. Donc les ONGs n’avaient

peut-être personne dans l’urgence pour vous aider { informer les populations

haïtiennes…

II ) L’INFORMATION EST UN SERVICE HUMANITAIRE

Et c’est justement qui est en train de changer. Car depuis le tsunami en Indonésie, depuis

le séisme au Pakistan, les ONG et les Nations Unies ont pris conscience de la nécessité, de

l’obligation, de communiquer avec les médias communautaires en même temps qu’elles

effectuaient leurs opérations.

Donc la communication avec les population affectées par un désastre naturel fait

désormais partie, à part entière, des opérations humanitaires. Les acteurs humanitaires

commencent à communiquer activement par les médias les plus proches, parce qu’ils

ont compris 2 choses :

1 - c’est que l’information sauve des vies. Une bonne information, précise, et surtout

immédiate, sauve des vies.

2 - c’est que l’information soulage aussi les gens qui sont les plus affectés par une

catastrophe… elle fait partie de l’aide.

Exemple : Lorsqu’un père de famille est angoissé parce que ses enfants ne sont

pas { l’abri, parce que sa femme est vulnérable, le fait d’être informé, le fait de

savoir que des tentes et des bâches sont en route, le fait de savoir qu’il existe des

gens pour vous protéger dans les camps, tout ça contribue au bien être des

auditeurs. C’est un immense facteur de soulagement.

Donc l’information commence a être intégrée dans les opérations humanitaires. Et je

peux même vous donner un exemple d’opération humanitaire qui a échoué par manque

d’information…

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… au Tchad : on avait une grande campagne d’éradication de la poliomélyte organisée

par l’UNICEF, MSF, etc. Les familles se méfiaient du vaccin, on avait dit aux gens que le

vaccin allait rendre les enfants malades, etc. Comme la communication n’a pas eu lieu,

personne n’est venu expliquer { la radio que le principe du vaccin, c’est de combattre le

mal par un moindre mal. Et que les vaccins sont complètement inoffensifs. Les gens ne

sont pas venus. Et ils ne sont pas venus parce qu’ils n’étaient pas informés. S’ils avaient

été informés, la campagne de vaccination aurait été un succès.

… donnez-moi un exemple d’opération humanitaires dont le succès était lié à la

communication…

Est c’est pour ça que l’information entre aujourd’hui dans le domaine de l’intervention

humanitaire… quand on aide les gens { trouver de l’eau, quand on les aide { trouver un

abri, cela veut dire qu’on participe déj{ { l’assistance humanitaire.

Mais à 2 conditions :

- avoir des programmes adaptés – il y a des formations pour ça. On est en train de

les préparer.

- avoir une bonne relation, une relation saine, constante, avec les opérateurs

humanitaires – c’est l’objet de la rencontre de cet après-midi.

Donc en informant les gens d’ici, en travaillant avec vous les médias, les acteurs

humanitaires savent qu’ils peuvent sauver des vies.

Tout est dans la perception de votre rôle.

Et l’un des objectifs de cet atelier, c’est d’essayer de voir comment l’information sauve

des vies (exemples : au Pakistan, en Indonésie, etc), et quel rôle vous pouvez jouer dans

la production de l’information humanitaire.

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… je vous propose d’approcher cette notion très spécifique de « journalisme

humanitaire » de manière pratique, par 4 exemples… 4 situations de désastre complet :

un tsunami (Indonésie), un autre tremblement de terre (Pakistan), un cyclone

(Birmanie) et un conflit (« Darfour »). Et vous allez voir ce qu’on pu faire des

journalistes, comme vous, dans des conditions similaires…

III ) QUAND L’INFORMATION SAUVE DES VIES…

A ) La Voix du Ouaddaï (Tchad) – 300.000 réfugiés.

2003 : une guerre civile éclate au Darfour, dans la partie ouest du Soudan.

En deux ans, plus de 300.000 personnes fuient les combats, passent la frontière, et se

réfugient au Tchad. Le Haut Commissariat des Nation unies pour les Réfugiés (HCR) les

prend en charge.

12 camps de réfugiés sont construits. Avec des services de protection pour les plus

vulnérables, des services d’eau et d’assainissement, de nourriture, des services de santé,

d’éducation etc. Ces gens ont besoin d’aide parce qu’ils sont perdus dans un

environnement qu’ils ne connaissent pas.

Et ils ont besoin d’information. Il n’y a pas une seule radio pour diffuser l’information.

Donc il faut la créer. Pour aider les réfugiés, mais aussi pour aider les humanitaires, la

réponse est la suivante :

3 stations de radio sont construites, on recrute des gens parmis les réfugiés & parmi les

communautés tchadiennes, et on les forme au métier de journaliste.

Depuis 2005, les journalistes de ces trois radios (La Voix du Ouaddaï, Radio Absoun,

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Radio Sila) fournissent une information de qualité aux 300.000 réfugiés soudanais qui

vivent encore au Tchad, et ils sont un partenaire précieux des opérateur humanitaires

qui ont besoin d’eux pour la réussite de leurs activités : meilleures distributions de

nourriture, meilleur entretien des latrines, utilisation de fours solaires pour économiser

le bois, prévention de la malaria, prévention des violences contre les femmes et les

enfants, etc.

Ces journalistes se sont rendus indispensables pour les réfugiés et pour les acteurs

humanitaires.

B ) Peuneugah Aceh (Indonésie) – tsunami

26 décembre 2004… un un raz-de-marée submerge les côtes de l’Asie jusqu’en Afrique.

225.000 personnes disparaissent dans plus d’une dizaine de pays.

Des villes entières, des villages, sont complètement rasés, surtout dans des régions où

les populations vivent en bord de mer. Les radios aussi, sont complètement rasées.

Internews a déployé 2 émetteurs-valises ont été déployés, avec une équipe d’experts en

radio-diffusion. Ils ont d’abord doublé la portée du signal FM de la seule station qui

fonctionnait encore à Aceh. Puis ils ont installé les 2 émetteurs valises.

2 mois après le tsunami, une équipe de reporters formés par Internews s’est lancé dans

la production d’un programme d’information quotidien, Peuneugah Aceh (Nouvelles

d’Aceh), qui a été distribué à 31 stations de la région.

Le programme a permis de couvrir 200 camps de déplacés, avec une audience estimée à

1 million de personnes.

Entre temps le studio de production et le programme ont permis la formation de

nombreux journalistes de la région d’Aceh, qui venaient au centre pour effectuer des

stages d’un mois.

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Le programme a pris fin en septembre 2006, presque 2 ans après le tsunami.

C ) Kyanmarye ne Naung ye (Birmanie) – cyclone

Mai 2008... le cyclone Nargis frappe les côtes de Birmanie.

138.000 personnes disparaissent dans la tempête, qui pénètre { 50 km { l’intérieur des

terres. Elle est considérée comme le plus grave désastre naturel qui ait affecté la

Birmanie. Les vagues ont causé au moins autant de dommages que le vent lui-même.

La BBC a réagi en lançant dès le mois de juin 2008 un programme radio d’information

humanitaire appelé « Kyanmarue ne Naung ye », ce qui veut dire : en santé aujourd’hui,

plus fort encore demain… Il s’agissait d’un programme quotidien de 5mn.

Le programme avait 3 objectifs :

- produire des informations sur la prévention des désastres, et la promotion de certaines

pratiques de santé publique.

- donner aux auditeurs l’espoir d’un retour { une vie normale

- soutenir les victimes par des programmes de soutien psycho-social (conseils de la vie

quotidienne, conseils psychologiques, etc)

En quelques mois, les programmes ont évolué d’une phase d’extrême urgence (réaction

au désastre) à une phase de prévention : repérer certains les signes avant-coureurs

d’une catastrophe ou d’une épidémie, et se préparer en conséquence.

Le programme de la BBC a aussi parlé d’agriculture, d’approvisionnement en eau douce

(désalinisation de l’eau de mer), de santé des troupeaux, de micro-finance, de drogue,

bref des problèmes affectant toujours les populations victimes du cyclone, mais moins

directement liés à la réponse humanitaire.

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Le programme s’est arrêté en avril 2009, presque un an après la catastrophe.

D ) Jazba e Tameer (Pakistan) – séisme

8 octobre 2005… un séisme frappe le Pakistan, dans la région du Cachemire.

80.000 personnes disparaissent dans la catastrophe, dont près de 30.000 enfants. Un

traumatisme pour tout un peuple aussi. Ils ont connu le même désastre qu’en Haiti. Plus

de 3 millions de personnes sont restées sans maison.

Quelques heures après le séisme, Internews lançait un projet de production

d’information humanitaire. Une équipe de reporters pakistanais a été formée en

quelques jours, pour produire un programme appelé Jazba e Tameer, le « désir de

reconstruire »…

Comme il manquait de stations dans les zones les plus affectées, 7 stations radio ont été

crées dans l’urgence, et le gouvernement a accordé les licences d’exploitation des

fréquences très rapidement.

C’était un programme d’information humanitaire, avec des info-services sur les abris, la

nourriture, l’eau, la santé, etc. Très similaire { ce que nous faisons ici en Haïti avec

« Enfomasyion nou dwe konnen ».

Le programme a permis d’informer les gens sur les conditions du retour { leur maison

quand elle n’était pas détruite, sur les services proposés dans les camps, etc.

Jazba e Tameer a cessé d’émettre en juillet 2006, près de 9 mois après le séisme.

Une anecdote prouve l’utilité de la radio dans ce genre de situation. Les famille avaient

pris l’habitude de verser du carburant autour de leur tente, pour empêcher les insectes

et les cafards d’y entrer. Les tentes ont pris feu, des quartiers entiers ont disparu. La

radio a permis aux autorités d’expliquer aux déplacés qu’il fallait immédiatement cesser

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de verser du carburant autour des tentes. Et qu’il y a des produits pour cela. C’est le

média le plus rapide, le plus facile à utiliser.

Une autre anecdote, pour illustrer le rôle du journaliste humanitaire : les journalistes de

jazba e Tameer avaient remarqué que le camp de Tariqabad demeurait sans électricité

pendant deux mois. Ils en ont fait un reportage. En une semaine, le courant était revenu.

IV ) QU’EST-CE QU’UN JOURNALISTE « HUMANITAIRE » ?

Il y a plusieurs types de journalisme : le journalisme scientifique, sportif, culturel,

people… et il y en a de nouveaux : le journalisme citoyen (l’usage par un anonyme de la

technologie de communication pour produire de l’information), et donc le journalisme

« humanitaire ».

En quoi est-il « humanitaire » ? A quoi le reconnaissez-vous ?

Vos réponses…

Ce que n’est pas le journaliste humanitaire :

- il ne recherche pas le scoop ou l’information la plus rare

- Il ne critique pas inutilement les partenaires humanitaires (syndrome des

journalistes qui voient des « voitures blanches » partout et ne cherchent pas les

résultats de l’aide humanitaire)

- Il n’est pas non plus l’agent de communication des partenaires humanitaires. Il

n’est pas leur porte-micro…

Ce que fait le journaliste humanitaire :

- il cherche l’information la plus utile { ses auditeurs

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- ses informations sont absolument fiables : dire { des auditeurs qu’une zone est

classifiée non-inondable alors que c’est faux, peut conduire { des drames. Dire

que l’eau est potable quand elle ne l’est pas, peut conduire { de sérieuses

maladies…

- il cherche { suivre le déroulement des opérations d’aide humanitaire dans leur

durée : il ne suffit pas de rapporter que des tentes ont été délivrées à des familles.

Il faut aussi demander combien de temps elle vont durer sous la pluie, revenir sur

le terrain, compter les tentes, etc.

Vos exemples de suivi humanitaire…

Ou voyez le verre d’eau… la logique de l’intervention humanitaire, c’est un verre d’eau

qui se remplit… donc s’il vous paraît { moitié vide, dîtes plutôt qu’il est { moitié plein.

C’est cette perception qui change tout dans votre relation avec les humanitaires.

V ) LES ETAPES DE L’INFORMATION HUMANITAIRE

La nature de l’information humanitaire varie avec le temps, lorsque l’on passe de

- l’urgence extrême

- à une moindre urgence

- puis au début de la reconstruction.

Les questions ne sont pas les mêmes, les besoins des auditeurs non plus.

L’ « urgence » :

Ce sont les heures & jours les plus critiques qui suivent la catastrophe… l’information

doit impérativement être très courte, et très simple.

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Chaque question doit avoir une réponse :

- qu’est-ce qui se passe ?

- Où est mon mari ?

- Où peut-on boire de l’eau ?

- Qui va soigner ma fille blessée ?

- où vais-je trouver mon traitement contre le diabète, etc…

Pas de question sans réponse…

Généralement, le réseau téléphonique ne marche pas, les routes sont encombrées, on ne

peut pas communiquer. Il ne reste plus que la radio ou la télévision locale. C’est dans

cette phase critique que l’information peut sauver des vies nombreuses.

« Early recovery »

Puis les jours passent, les semaines, et les besoins des victimes changent…

- on commence { se demander comment construire un abri plus durable qu’une

tente

- on cherche des semences pour préparer la récolte agricole de l’automne,

- on se demande où évacuer les débris qu’on ramasse dans la rue…

les questions des journalistes s’adaptent aux besoins, et les reportages seront un peu

plus longs, un peu plus construits… et : on commence à poser des questions qui ne

trouvent pas de réponse immédiate…

par exemple : que faire pour donner un peu d’intimité aux femmes qui doivent se laver

en public parce qu’elles n’ont plus de maison ?

« Reconstruction » et suivi de l’aide humanitaire

C’est le troisième stade de l’information humanitaire… la plupart des besoins vitaux sont

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déjà assurés par les opérateurs (nourriture, eau, santé, etc). Mais il y a des besoins qui

restent sans réponse.

Et c’est au journaliste de chercher { identifier ces besoins :

- qui s’occupe des habitants de tel village, ou de telle zone ?

- qui s’occupe des vieux ?

- qu’avez-vous fait de cette école que vous avez reconstruite, mais qui n’est

toujours pas ouverte ?

Le journaliste va devenir un peu plus incisif dans ses questions, un peu gênant parfois

pour les humanitaires, car il les force à reconnaître que certains besoins des populations

ne sont pas couverts.

Mais c’est aussi grâce { ses questions qu’il va influencer l’aide humanitaire. Exemple :

l’électricité toujours manquante dans tel quartier de Port-au-Prince… les camions de

distribution d’eau qui ne parviennent pas jusque dans une zone reculée…

Généralement, les ONG apprécient des journalistes qui parviennent à ce troisième

niveau d’information humanitaire, car il les place devant leurs responsabilités, mais

aussi parce qu’il engage une relation constructive avec les ONG, au service des auditeurs,

c.a.d des populations affectés.

Au lieu de les aider à communiquer avec les populations, il les amène à devoir

s’expliquer :

- où en êtes-vous dans la réalisation de vos opérations ?

- Combien de latrines avez-vous installées ?

- Est-ce que cela correspond aux critère sanitaires internationaux ? etc.

Les humanitaires hésitent parfois à recevoir les journalistes, car ils craignent parfois de

perdre le contrôle des attentes d’une population. Dès qu’ils parlent de distribution de

nourriture, ils craignent d’élever le niveau des exigences de leurs bénéficaires, par

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exemple s’il n’y a pas assez de nourriture pour tout le monde… Elles ont peur de paraître

faire des promesses qu’elles ne pourront pas tenir. C’est pour cette raison l{ souvent que

vous aurez des difficultés à obtenir des informations ou une interview.

Mais nous n’y sommes pas encore. Nous sortons tout juste de la phase d’urgence, pour

nous préparer à une autre catastrophe : la saison des cyclones. Il semblerait que les

programmes d’information d’urgence vont se maintenir pour quelques mois.

Et tout en continuant de réponde aux besoins des victimes du séisme, nous devons nous

préparer à bien communiquer avec les populations à risques pour éviter les dommages

que causeront les cyclones durant les tout prochains mois...

C’est l’objet d’un autre type de formation :

Non plus la réponse à un désastre humanitaire. Mais la prévention d’une autre

catastrophe naturelle…

Et dans la réponse, comme dans la prévention, vous avez un rôle à jouer.