Le journal Le réveil des combattants - Juillet août

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Juillet -Août 2011 - N°774-775 - 5 e DES COMBATTANTS l e réveil Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix LE PEUPLE D’ISRAËL VEUT LA JUSTICE SOCIALE CHÂTEAUBRIANT : 70 ANS - LA FUSILLADE DES OTAGES ONACVG ET DROIT À LA SOLIDARITÉ Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre 2011 LES VALEURS DE LA RéPUBLIQUE EN DANGER ! 70 e anniversaire de Châteaubriant © Ernet-Pignon-Ernest - Pour l’amicale de Châteaubriant - 2007

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Le journal Le réveil des combattants - Juillet août

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Juillet -Août 2011 - N°774-775 - 5 e des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

le peuple d’israël veut

la justice sociale

châteaubriant : 70 ans - la fusillade

des otages

onacvg et droit

à la solidarité

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

2011les valeurs

de la république en danger !

70e anniversaire de Châteaubriant

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LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 20112 -

LE RÉVEIL ACtuALItÉsACtuALItÉs

Grande tombolaPour soutenir notre journal Le Réveil des Combattants

Pour soutenir le Réveil des Combattants, une voiture est à nouveau en jeu, ainsi que de nombreux lots. Il s’agit de donner à notre journal les moyens de vivre et de se développer. L’an dernier, 40 000 euros ont été collectés qui ont permis la poursuite de l’aventure de notre journal.De tout temps, le Réveil des Combattants a participé et a contribué à la vie démocratique et aux luttes sociales de notre pays. Avec la nouvelle formule, lancée depuis deux ans, nous avons démontré notre volonté de faire de notre publication :• un outil de réflexion sur toutes les questions sociétales,

françaises et internationales,• une source d’information permanente pour le monde

ancien combattant,• un outil de défense des droits des anciens combattants

et victimes de guerre,• le journal du combat de la mémoire et des valeurs

républicaines.

Pour participer à cette souscription, vous pouvez acheter un carnet entier et vendre des bons de soutien auprès de votre famille, de vos amis et camarades. Il est possible d’acheter un ou plusieurs bons à l’unité.Vous devez, dans tous les cas, retourner au siège na-tional (Réveil des Combattants - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif), la ou les souches remplies et accom-pagnées de votre règlement (2 à 20 euros ou plus) et garder votre ou vos tickets.

La date butoir pour le retour des souches est fixée au 5 décembre 2011.

Pour tout renseignement, appeler au 01 42 11 11 11 ou par mail : [email protected]

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Campagne de souscription 2011

tiraGe le 26 décembre 2011Remise des clés à l’heureux gagnant de la voiture, à l’occasion de la tombola 2010

JuILLEt-Août 2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL - 3

ÉDItoÉDIto LE RÉVEIL

soMMAIRE

P. 13 D o s s I E R

Châteaubriant,il y aura 70 ans.la fusillade des otages Assumer la mémoire des martyrs, c’est défendre au présent les valeurs issues de la Résistance.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’Association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545Édité par les Éditions du Réveil des CombattantssARL au capital de 45 734,41 - siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedextéléphone : 01 42 11 11 12télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplairesGérant-directeur de la publication : Raphaël VAHÉ • Directeur délégué : Patrick stAAt • Rédacteur en chef : Raphaël VAHÉ • Directeur promotion et publicité : Claude Delevacq • Secrétariat de rédaction, conception graphi-que : Escalier D Communication • Impression : RIVEt P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

le caractère personnel du pouvoir a permis de mettre en œuvre les volontés du

grand patronat. Conséquences : explosion des inégalités, attaques contre le droit au travail et la santé, augmentation de la pauvreté et dé-veloppement du chômage. Résul-

tats : les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Les profits des entreprises entre 1949 et 2009 ont augmenté 20 fois plus que les salaires… La crise, c’est la crise du système, de pratiques inac-ceptables, qui ne répond qu’à la soif de profits de quelques financiers spéculateurs et dirigeants d’en-treprises. Elle touche tous les pays d’Europe. Il est légitime de se poser la question : Quelle Europe vou-lons-nous ? Certainement pas d’une Europe fédérale forte qui ne répondrait qu’aux besoins des marchés financiers et tournerait le dos aux besoins des peu-ples. Allons-nous laisser les générations à venir sombrer dans les difficultés, la peur du lendemain ? Nous pouvons nous interroger sur les raisons qu’ont les gouvernements de défendre leur conception de l’Europe, le traité de Maastricht, aujourd’hui. Que font-ils en dehors de répondre positivement aux ap-pels du patronat comme l’a exprimé si bien Denis Kessler.Alors du courage est nécessaire pour attaquer cette politique qui construit le mur de l’argent sur le dos des salariés, employés, retraités, jeunes et moins jeunes, des anciens combattants et victimes de guerre… Du courage pour demander de nationali-ser les banques, responsables de ce gâchis financier et humain. Du courage pour poser la question de la nationalisation de l’énergie, de l’eau, des transports, du logement, de la santé pour répondre aux besoins communs.Le courage politique d’avoir des principes, des idéaux et de les défendre devraient permettre de mobiliser et de rassembler large pour reconstruire notre pays sur les valeurs républicaines et de la na-tion d’aujourd’hui. Nous l’avions pourtant bien fait en 1945 dans un pays exsangue grâce au programme du Conseil national de la Résistance. En 2011, dans un pays plus développé, pourquoi cela serait-il im-possible ?Il n’y a aucune fatalité dans la situation d’aujourd’hui, il n’y a que des choix politiques imposés dans l’inté-rêt d’une poignée de profiteurs. Nous pouvons inver-ser la donne, l’ARAC y contribuera pour sa part.

Patrick Staat

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Grande tombolaPour soutenir notre journal Le Réveil des Combattants

Remise des clés à l’heureux gagnant de la voiture, à l’occasion de la tombola 2010

actualités p. 4

70e anniversaire de Châteaubriant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Diminution du programme d’aide aux plus démunis . . . . . . . . . . . . . . . 5Les nouveaux se(a)igneurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Les pauvres toujours plus pauvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

international p. 8

Le peuple d’Israël veut la justice sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Vers la reconnaissance d’un État palestinien ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Lybie, une victoire impérialiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Des larmes et du sang contre du pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

vos droits p. 21

La retraite du combattant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21La carte du combattant est valable à vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21Handicapés et accessibilité : un scandale de plus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22RGPP : reconquérir le service public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

vie de l’araC p. 25

L’importance du travail de mémoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Jean Duclos, l’une des grandes figures de l’ARAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26La vie des comités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Colloque pour les 5 de Cuba . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Magazine p. 30

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 20114 -

LE RÉVEIL ACtuALItÉsACtuALItÉs

13h00 - Au théâtre de Verre : départ du défilé

Les droits des enfants, avec les enfants des éco-

les et tous les volontaires.

13h45 - Rendez-vous au rond-point Fernand

Grenier à Châteaubriant pour le Défilé de la

Mémoire.

14h30- Cérémonie officielle sous la présiden-

ce d’odette Nilès, présidente de l’Amicale

de Châteaubriant et d’Alain Hunault, maire de

Châteaubriant.

15h00 - Allocution de Bernard thibault, se-

crétaire général de la CGt et de Pierre Laurent,

secrétaire national du PCF.

15h30 - Évocation historique et artistique :

« tous les Guy Môquet du monde »

évocation écrite et mise en scène par alexis

Chevalier - théâtre Messidor

Avec la participation de : Christine Maerel

(chant) accompagnée au piano par Jean-

Marc lépicier • dany Coutand (chant) • La

Chorale Méli-Mélo sous la direction de Cathe-

rine Diamin et une centaine de comédiens

et comédiennes amateurs du pays de Châ-

teaubriant parmi lesquels :

• Des élèves de l’école élémentaire René-

Guy-Cadou • Des élèves des collèges de la

Ville-aux-Roses de Châteaubriant et Louis-

Pasteur de saint-Mars-la Jaille • Des jeunes

des lycées Guy- Môquet et Étienne-Lenoir

de Châteaubriant • Des membres de la JC

Région Parisienne.

Le défilé « Les Droits des enfants » est réalisé

avec le concours d’une centaine d’enfants

et de leurs enseignants des écoles primaires

du Pays Castelbriantais.

70e anniversaire des fusillades de Châteaubriant

un rendez-vous annuel qui revêt cette année un caractère spécial.

près de 2 000 personnes sont attendues pour cet événement que représente

le 70e anniversaire des fusillades de Châteaubriant.

JuILLEt-Août 2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL - 5

ACtuALItÉsACtuALItÉs LE RÉVEIL

Le programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) doit être am-puté de 400 millions d’euros (75 % de son montant) en 2012. Le Programme européen d’aide alimentaire fournit de la nourriture à 13 millions de person-nes vivant dans la pauvreté. La décision de réduire le budget de 500 millions d’euros à 113 millions d’euros est tota-lement scandaleuse. Elle touche direc-tement le quotidien des plus démunis et des plus fragiles. En France, par l’inter-médiaire de 4 grandes associations (les Restos du cœur, la Banque alimentaire, le Secours populaire français et la Croix rouge), ce sont 4 millions de personnes qui ont recours à l’aide alimentaire.Le PEAD a été mis en place à l’origine en 1986, pour ne plus que soient gaspillés les stocks alimentaires produits en sur-plus par les pays membres de l’Union européenne, ce dispositif a, ensuite, été adapté après la diminution progressive de ces surplus.En effet, en 1995, pour permettre la poursuite d’un programme devenu in-dispensable pour nourrir des millions de personnes à travers l’Union euro-péenne, la Commission européenne a

décidé de compléter ces stocks alimen-taires par une enveloppe financière adressée aux associations agréées afin de leur permettre d’acheter de la nour-riture sur le marché. Cependant, dans un arrêt du 13 avril dernier, la Cour de justice européenne a, suite à une re-quête de l’Allemagne, décidé d’annu-ler l’enveloppe financière destinée aux associations.Entre 2011 et 2012, le PEAD va, ainsi, diminuer de 480 millions d’euros à 110 millions d’euros à l’échelle de l’Union européenne et de 70 millions d’euros à 15 millions d’euros pour la France. Cette décision est désastreuse pour les associations agréées et pour tous ceux à qui elles viennent en aide. Le Secours populaire estime, par exemple, que dès l’année prochaine, il ne pourra plus servir de repas à 517 000 personnes sur les 1,3 million de personnes qu’il nourrit aujourd’hui. A terme, après l’écoulement total des stocks restants, c’est l’extinction programmée du PEAD qui s’annonce et 8 millions de Français vivant sous le seuil pauvreté qui en sont des victimes potentielles.P.M.

avec la diminution des aides européennesbruxelles fait encore payer les pauvres

nouvelle taxation sur la santéSans aucune concertation, le gouver-nement a annoncé le doublement de la taxe sur les contrats de complémentai-res santé (7 % pour les contrats « res-ponsables » et 9 % pour les contrats « non responsables »).Nous condamnons cette nouvelle atta-que contre notre modèle de santé. Cet-te mesure est un mauvais coup porté à l’accès aux soins quand on sait que les complémentaires financent 50 % des soins de premier recours. Pour accéder aux soins, les Français devront payer 1,2 milliard d’euros par an alors que les hauts revenus ne contribueront que provisoirement et à hauteur de 200 millions, soit six fois moins. Quand 5 millions de Français n’ont pas de complémentaire santé et que les iné-galités dans ce domaine augmentent, quand le poids des dépenses consacrées aux soins dans le budget des familles a augmenté de près de 50 % en huit ans, cette taxation risque de rendre le coût de la complémentaire santé prohibitif pour nombre de familles, de chômeurs et de retraités.A travers ces mesures, c’est la Sécurité sociale que le gouvernement remet en cause. Nous devons prendre toute notre part dans le mouvement de protestation qui se met en place.P.M.

Une pétition est en ligne !

CONTACT

Christelle CRos tél. 01 40 43 63 [email protected]

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 20116 -

LE RÉVEIL ACtuALItÉsACtuALItÉs

« Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. » Dixit Warren Buffet, il est un des hommes les plus riches du monde.Les nouveaux se(a)igneurs font pré-valoir exclusivement leurs intérêts de classe. Ils considèrent les salariés com-me des fainéants qu’il convient de faire travailler toujours plus. En dépit de mil-lions de salariés dans la rue, d’une mo-bilisation syndicale exceptionnelle, du soutien de l’opinion, la contre-réforme des retraites a été votée par des élus qui représentent les seuls intérêts d’une classe sociale. Quand les industries et les usines déga-gent des profits records, ce sont les pa-trons qui s’en mettent plein les poches. Quand ils dégagent des pertes énormes, ce sont les travailleurs qui font les frais des licenciements par milliers. Ils dé-truisent méthodiquement les services publics. La Révision générale des po-litiques publiques supprime des pans entiers du service public au détriment de l’intérêt général. Les suppressions de postes dans la santé, l’éducation, les transports, la poste, la justice renfor-cent les inégalités au sein d’une société où tout peut désormais être « marchan-dise » dans le cadre de la concurrence libre et non faussée.Rappelons-nous qu’en octobre 2007, l’ancien numéro un du MEDEF, Mon-sieur Kessler, se réjouit de la politique sociale du gouvernement Sarkozy. Elle va enfin, nous dit-il, défaire le modèle social né au sortir de la guerre, qui était issu du programme du Conseil national de la Résistance.

les nouveaux se(a)igneurs

Les se(a)igneurs vivent dans le faste et l’ostentation. Malgré la crise, les écarts de rémunérations demeurent farami-neux. 955 cadres dirigeants des entre-prises du CAC 40 ont gagné en moyen-ne 1 200 000 euros en 2010. Dans le même temps, le gouvernement refuse d’augmenter le SMIC. Pour les ban-quiers et les rentiers qui sont les vrais décideurs dans ce pays, la priorité est de reconstruire de nouvelles féodalités qui, si elles ne sont plus basées sur la possession de la terre, sont basées sur la détention des actions.Dans la France d’en haut, le champion s’appelle Bernard Arnault et avec ses 21,2 milliards d’euros, il devance le pa-tron d’Auchan, Gérard Mulliez alors que Liliane Bettencourt, la généreuse supportrice de Sarkozy, ferme la mar-che des plus riches de ce pays avec 17,5

milliards d’euros. Quant à Serge Das-sault, fortune estimée à 7,6 milliards d’euros, il estime « qu’il faudrait sup-primer les aides sociales aux plus dému-nis et notamment aux chômeurs. » Alors demandons-lui ce qu’il serait devenu sans l’aide et les subventions de l’État et, au passage, rappelons que la guerre en Libye déclarée par son ami Nicolas, est aussi une bonne opportunité pour ses affaires.Le 4 août 1789, en pleine révolution, la France abandonne son système féodal et abolit les privilèges. Il faut retrouver l’esprit de la nuit du 4 août. Il faut abolir les privilèges de la finance et retrouver le sens de l’intérêt général.

Brigitte Canévêt

Nous vivons un véritable processus de re-féodalisation. Les nouveaux se(a)igneurs sont les patrons du CAC 40. Ils sont en guerre ouverte contre le peuple et contre les conquêtes sociales. Ils se répartissent des privi-lèges exorbitants que nous croyions abolis depuis la nuit du 4 août 1789.

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ACtuALItÉsACtuALItÉs LE RÉVEIL

La pauvreté a culminé en France en 2009, selon l’Insee. C’est le résultat de la dernière enquête Insee : si la crise née en 2008 a affecté la France entière, elle a touché de plein fouet les plus modes-tes. Plongeant sous le seuil de pauvreté près d’un Français sur sept.En 2009, la proportion de pauvres a augmenté, mais encore leur pauvreté s’est accrue. Alors même que le niveau de vie des plus riches continuait de s’améliorer.Le seuil de pauvreté en France est établi à 954 euros par mois. En 2008, 13 % de Français vivaient sous ce seuil. En 2009, 13,5%, soit 400 000 personnes de plus, plus d’un actif sur 10. C’est le niveau le plus élevé depuis 2000, pré-cise l’Insee dans sa dernière enquête qui porte sur l’année 2009.

La pauvreté, une réalité d’aujourd’huiDes pauvres plus nombreux et encore plus pauvres. La moitié de ces 8,2 mil-lions de personnes vit avec moins de 773 euros par mois. Les plus aisés eux, par contre, se sont franchement enri-chis. Les 10 % de Français qui vivent avec plus de 35 840 euros par an ont vu leur niveau de vie progresser de 0,7 %.La très médiatique taxe sur les riches a finalement été fixée à 3% à partir de 500 000 euros. Simple ? Oui, à condition de bien comprendre la formule. Un couple ayant 1,01 million d'euros de revenu an-nuel paiera ainsi... 300 euros.Selon l'Insee, le pauvre, aujourd'hui,

en france, les pauvres sont de plus en plus pauvres... Mais les riches sont de plus en plus riches

gagne moins de 954 euros par mois. Et, pour la première fois depuis 2002, le nombre de ses représentants a augmen-té. Tout cela ne serait qu'abstraction si nous ne regardions pas autour de nous. Or qui sont aujourd'hui les pauvres, dont on accepte enfin de prononcer le nom ? Ce ne sont plus des personnes exclues de la société, ou ne pouvant plus s'y intégrer. Ce sont, au contraire, des employés qui courent de travaux précai-res en boulots de fortune. Ce sont des vies d'un courage exemplaire. Ce sont ces femmes employées par des entrepri-ses de nettoyage, qui acceptent tous les boulots. Ce sont des existences à la mer-

ci d'une panne de voiture ou d'un train qui ne vient pas. Ce sont des retraités qu'une vie entière a laissés fourbus sur le pas de leur porte, parfois incapables de payer une note d'électricité. Ce sont de jeunes étudiants dont les parents ne peuvent subvenir au loyer de la cham-bre en ville et au prix des études en fa-culté. Qui sont les pauvres ? Ce sont nos pères, nos mères, nos sœurs, nos frères, nos fils et nos filles. Refuser de les voir revient à condamner notre pays au plus grave péril.

PouR uN BuDGEt 2012 répondant aux besoins du monde combattant

rasseMbleMent des aCvg de l’ile-de-franCe

A l’appel des unions départementales des associations d’anciens combattants (uDAC) de la région parisienne

MerCredi 19 OCtObre à 10h30

Devant l’Assemblée nationalePlace du Président-Édouard-Herriot

Les associations sont invitées à participer avec leurs drapeaux.

Métro : Invalides, Assemblée nationale

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 20118 -

LE RÉVEIL INtERNAtIoNALINtERNAtIoNAL

Depuis la mi-juillet, Israël est saisi par une vague de protestations so-ciales sans précédent. si le Premier Ministre Benjamin Netanyahou comptait sur un essoufflement du mouvement, il en est pour ses frais. Dernièrement, ils étaient 400 000 à arpenter les rues des principales villes israéliennes, ce qui, dans un pays de 7,5 millions d’habitants est plus que considérable.

C’est que le ressentiment est profond. Certainement plus qu’il n’y paraît. Si la protestation a démarré par les pro-blèmes de logement, les revendications se sont, depuis, élargies : réduction des taxes indirectes, arrêt des privatisations dans le domaine de la santé, arrêt du recours aux agences d’intérim dans le secteur public… Les Israéliens se sen-tent grugés. Ils estiment avoir fait les sacrifices nécessaires pour leur pays sans être payés en retour. « La politique israélienne est liée aux plus riches, c’est le capitalisme », dénoncent Yaël et Ofer, un couple d’enseignants, la cinquan-taine. « On s’était endormis », disent-ils. « On pensait que tout allait bien, qu’on faisait ce qu’il fallait, on faisait nos trois ans de service militaire. On acceptait que tout l’argent aille à la sécurité. Mais les gens ploient sous la pression. Ça ne peut plus continuer comme ça. » De fait, l’un des slogans les plus prisés est : « Le peuple veut la justice sociale. » Une jus-tice sociale qui concernerait aussi bien les juifs que les arabes israéliens, cette dernière population étant plus encore discriminée. Si plusieurs générations d’Israéliens se sont retrouvées au coude à coude ces dernières semaines, elles

le peuple d’israël veut la justice sociale

n’ont pas toute la même perception des choses. Les jeunes font plus facilement le lien entre les problèmes économi-ques, la pauvreté des moyens alloués aux services publics et les dizaines de milliards de shekels d’aide financière données aux colonies. Il n’y a pas si longtemps, Benjamin Ne-tanyahou expliquait doctement que sa politique économique était une réus-site, qui avait permis à Israël de se tenir à l’écart de la crise boursière touchant les principaux pays de la planète. Se faisant, il s’auto décernait un satisfecit pour des orientations qu’il avait déjà commencées à mettre en œuvre alors qu’il était ministre des Finances au dé-but des années 2000 et qui n’avaient rien d’original : privatisation, licencie-ments, disparition plus que progressive de l’État providence… A Tel Aviv, com-me à New York, Paris, Londres, Berlin ou Tokyo, la sacro-sainte Bourse don-nait le pouls du patient, la température économique dont les seuls paramètres sont les profits. Peu importait la grogne des dockers, des personnels de santé, des enseignants. Peu importait la pau-périsation toujours plus importante de la population.

Netanyahou - mais les gouvernements travaillistes ont fait de même et ont uti-lisé les mêmes ficelles - a fait passer sa politique sous couvert de raisons sécu-ritaires. Non seulement une partie du budget était destinée à l’armée mais aussi aux colonies dans les territoires occupés, mais l’argumentaire selon lequel Israël est en danger permanent parce que tout le monde voudrait le dé-truire, servait de cohésion sociale et de prétexte pour les mesures néolibérales. Paradoxalement, c’est l’amélioration de la situation sécuritaire qui a ouvert la voie à une large contestation sociale. Ce qui éclate à la figure de Netanyahou c’est une formidable unité populaire, des juifs et des arabes, des religieux et des laïcs, des électeurs de droite comme de gauche. Ce qui les lie ? Une volonté de justice sociale qui ne peut qu’être en contradiction avec sa politique libérale. Il y a peu de chances que la commission créée par le Premier Ministre apporte de véritables réponses aux exigences des Israéliens. Quoi qu’il arrive main-tenant, « rien de ce qui s'est passé cet été ne sera perdu pour autant », prédit Nahum Barnéa, un éditorialiste vedette.Pierre Barbancey

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INtERNAtIoNAL INtERNAtIoNAL LE RÉVEIL

La question vaut d’être posée, alors que quelques semaines seulement nous séparent de ce moment clé et que des manœuvres en tout genre se dérou-lent.Israël menace de réinvestir militaire-ment le peu de Cisjordanie qui n’est pas sous son contrôle et de ne plus rever-ser à l’Autorité palestinienne des taxes qu’il prélève pour le compte de cette der-nière sur des marchandises transitant via les ports et aéroports israéliens. Ces fonds, qui atteignent de 3,5 à 5 milliards de shekels (700 millions à un milliard d’euros) par an, représentent les deux tiers du budget annuel de l’Autorité. Les États-Unis ont d’ores et déjà pré-venu qu’ils opposeraient leur veto lors du vote au Conseil de sécurité des Na-tions unies, ce qui ne laisserait aux Pa-lestiniens que l’accord de l’Assemblée générale de l’ONU et un statut d’État non membre, qui leur ouvrirait néan-moins les ports d’organismes comme l’Unesco ou l’Unicef. Quant à l’Union européenne, elle est divisée et incapa-ble de faire entendre la voix de la paix, à l’image de la France qui n’a toujours pas pris position.Pour Mahmoud Abbas, président de l’Organisation de libération de la Pales-tine (OLP), garante des accords signés et non pas l’Autorité palestinienne com-me on le dit trop souvent, ce qui pousse les Palestiniens à aller à l’ONU, « c’est l’incapacité de la communauté internatio-nale à mettre fin aux politiques israélien-nes expansionnistes et racistes ». Il ajoute : « Notre décision ne vise pas à isoler Israël, ni à entrer en confrontation avec les États-Unis. Notre objectif est de réaliser notre rêve d’obtenir une reconnaissance officielle de 

notre État palestinien à l’ONU avec une souveraineté entière sur les terres occupées en 1967 ». On ne saurait être plus clair.Car si l’OLP a décidé de s’adresser di-rectement à l’ONU, en utilisant sim-plement les résolutions votées depuis des décennies mais jamais appliquée, c’est bien parce que l’organisation est aujourd’hui dans une impasse politi-que. Après sa création, dans les années 60, elle s’était lancée dans la lutte armée mais y avait officiellement renoncé en 1988 avec la reconnaissance de l’État d’Israël et une approbation de créer l’État palestinien sur les frontières de 1967, soit seulement 22 % de la Pales-tine historique. Or, ce pas politique n’a jamais été récompensé. Pis, la stratégie diplomatique et de négociation s’est également soldée par un échec. Les ac-cords d’Oslo (1993) ont vécu et la com-munauté internationale se contente de vagues déclarations, mais laisse Israël poursuivre l’occupation et la colonisa-tion des territoires palestiniens. A tel point qu’il y a quelques années, une agence de l’ONU affirmait que dans ces conditions, et avec le morcellement de la Cisjordanie en entités non conti-nues, la viabilité d’un État palestinien était pratiquement impossible. Pourquoi donc les États-Unis et l’Union européenne tardent-ils à se prononcer pour la reconnaissance d’un État pales-tinien (ce qui était la finalité des accords d’Oslo), cherchant à relancer des négo-ciations qu’en tout état de cause Israël rejette ? Tout simplement parce que, dans une telle éventualité, le statut ju-ridique de la situation des Palestiniens changera. Une reconnaissance inter-nationale d’un tel État, sur la base des

la reconnaissance d’un état palestinienune chance pour la paix

Le 20 septembre sera-t-il une date qui entrera dans l’histoire avec la reconnaissance par les Nations unies de l’État de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-est comme capitale, qui deviendrait alors le 194e membre de l’organisation internationale ou, au contraire, un jour noir de déni pour un peuple de vivre dans son pays ?

frontières de 1967, en fera un État sous occupation.La reconnaissance d’un État palestinien est donc une chance pour la paix, pour les peuples palestinien et israélien. C’est le meilleur moyen d’éviter les fausses rencontres internationales qui traînent en longueur depuis plus de quarante ans, les provocations de toute sorte, les manipulations israéliennes. Mais c’est peut-être la dernière chance. Chacun doit prendre ses responsabilités et être comptable devant l’Histoire.

Pierre Barbancey

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 201110 -

LE RÉVEIL INtERNAtIoNALINtERNAtIoNAL

Il y a un peu moins d’un mois, quasi-ment toutes les analyses concordaient sur la situation militaire en Libye. Sur le terrain les rebelles (CNT) peinaient de-vant la résistance des troupes du colonel Kadhafi. L’enlisement des forces de la coalition était évoqué unanimement. Le général français Desportes (directeur de l’École de guerre), déjà sévèrement sanctionné par son ministère pour cau-se de critiques sur l’action des troupes françaises en Afghanistan, affirmait dans les colonnes du JDD : « Le pari ris-qué de gagner très rapidement, sans avoir à engager de troupes au sol n’a pas fonc-tionné (…) notre stratégie en Libye a été imparfaite sur la finalité de l’intervention (…) sur la capacité politique et militaire de la rébellion, que nous avons surestimée (…) sur cette insurrection générale que nous es-périons et qui ne s’est jamais produite ». C’était le 12 juillet… et soudain tout s’est accéléré. Certes les frappes aériennes de l’OTAN se sont intensifiées, mais cela a-t-il été suffisant ? En fait, maintenant que Tripoli est aux mains du CNT, di-rigé par Moustapha Abdeljallil dénoncé bien avant le conflit par Amnesty Inter-national comme l’un « des plus effroy-able responsable de violation des droits de l’homme en Afrique du Nord », les révélations se multiplient dans la presse. Elles montrent bel et bien le contourne-ment, par les coalisés, de la résolution 1973 des Nations unies interdisant tou-tes interventions au sol. Des opérations clandestines d’assistance ont bien été montées en territoire libyen.

L’ONU bafouéeSelon un rapport du Centre internatio-nal de recherche et d’études sur le ter-rorisme et l’aide aux victimes (CIRET-AVT) et du Centre français de recherche

sur le renseignement (CF2R) : « Dès le début des opérations aériennes, des équi-pes de la CIA furent déployées sur ordre de Barack Obama pour prendre contact avec les insurgés et guider les frappes de la coalition ». Le président américain aurait signé un mémorandum secret permettant la conduite d’opérations « discrètes » afin de contribuer à l’effort de guerre en Libye. Le rapport précise également que, toujours à la demande de Washington, la Grande-Bretagne a dépêché des conseillers militaires et des officiers du Secret Intelligence Service afin d’épauler sur le terrain l’action de la CIA. L’Italie aurait également fourni des conseillers militaires ainsi que l’Égypte avec l’envoi de forces spéciales de l’unité 777 chargées de fournir arme-ment et appui tactique aux rebellesLe Canard Enchaîné a révélé que la France a fourni, sous couvert de fret humanitaire, des canons de 105 mm et des batteries antiaériennes aux rebelles de Benghazi, tenant la promesse de Ni-colas Sarkozy au président du Conseil libyen de transition : « Nous allons vous aider ». Cette opération menée par le service action de la DGSE aurait éga-lement permis d’envoyer sur place des officiers de liaison, chargés d’aider les combattants à coordonner leurs opéra-tions ainsi que des instructeurs pour prodiguer des conseils techniques, lo-gistiques et organisationnels. Récemment on pouvait lire dans les colonnes du Daily Telegraph, s’ap-puyant sur des sources militaires, que des commandos des redoutables SAS (Special Air Force) sont intervenus sur zone « depuis plusieurs semaines et joué un rôle déterminant dans la coordination de la bataille de Tripoli ». Interrogé, Liam Fox, ministre de la Défense du Royau-

Libye

une victoire impérialiste Le rôle de l’otAN a été déterminant. Le mandat de l’oNu bafoué. La guerre en Libye est avant tout une bonne opération pour les États-unis.

me-Uni n’a pas démenti se contentant d’un « no comment »… reconnaissant toutefois que l’OTAN a fourni aux in-surgés libyens des équipements de reconnaissance (avions et matériels aériens) pour localiser le chef libyen.De son côté, le New York Times, dans sa livraison du 21 août, cite des sources officielles américaines. L’article affirme que l’armée américaine a intensifié la surveillance aérienne au-dessus de Tripoli, ciblant le quartier général du « guide » libyen pendant que Britan-niques et Français déployaient leurs forces spéciales sur le terrain. Dans ce cadre, les « Pedrator drones », utilisés en Afghanistan, ont été décisifs dans la destruction des systèmes de défense. Tout montre aujourd’hui que le mandat de l’ONU qui visait « à voler au secours de la population libyenne » contre les exac-tions du tyran Kadhafi a été dénaturé, bafoué. Partout, même si Obama a pris soin de rester en retrait pour raisons de politique intérieure et en dépit des affirmations d’Alain Juppé affirmant récemment sur TF1 « nous avons fait le job », on retrouve l’empreinte de l’on-cle Sam. De bout en bout Washington a supervisé.

La stratégie américaineLes États-Unis ont un intérêt capital à contrôler la Libye ou à en faire un « État satellite». Certes, ce pays n’assure qu’un peu moins de 2 % de la production mon-diale du pétrole, mais il dispose des plus grandes réserves confirmées de tout le continent africain. Ses hydrocarbures sont de bonne qualité, son extraction en est facile donc rentable.D’autres part, Washington n’a pas di-géré le camouflet de Kadhafi qui a re-fusé, en 2008, de rejoindre l’US Africa

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Command (AfriCom), commandement régional instauré par le Pentagone pour lutter contre le terrorisme et la pénétration de la Chine en Afrique. Le « guide » libyen avait alors déclaré s’op-poser à cette « démarche impérialiste qui essaie d’acheter tout le continent ». Et c’est bien là la principale préoccupation des Etats-Unis : le leadership en Afrique. Depuis un certain temps, Washington s’inquiète de la pénétration chinoise sur ce continent et de l’attitude de Pékin qui développe son accès aux ressources énergétiques. Les Chinois ont engagé des investissements massifs autour de l’énergie en Cyrénaïque et s’appuient

sur ce pays pour satisfaire une partie de leurs besoins énergétiques. De plus, le Fonds monétaire internatio-nal (FMI) a récemment publié un rap-port qui annonce le déclin de l’empire économique américain. Il serait surclas-sé par la Chine dans les cinq prochaines années. Washington tente de s’opposer à cette évolution en utilisant sa supério-rité militaire et stratégique pour ralentir le développement de l’économie chinoi-se, en limitant son accès aux ressources naturelles et énergétiques, indispensa-bles à sa croissance. La guerre aura des conséquences économiques collatérales bénéfiques pour Washington. En raison

des événements, les entreprises chinoi-ses sont en passe de perdre des centai-nes de millions de dollars. Les inves-tissements auxquels elles ont procédé depuis des années pourraient s’avérer inutiles. En ciblant Kadhafi et son régime de ter-reur c’est plus l’intérêt supérieur des États-Unis qui était en jeu que le sort du peuple libyen.

Jean-Pierre Delahaye

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 201112 -

LE RÉVEIL INtERNAtIoNALLE RÉVEIL INtERNAtIoNALINtERNAtIoNAL

La conférence internationale « des amis de la Libye » s’est tenue le 1er septembre à Paris sur l’initiative de Nicolas Sarko-zy. Une célébration dans les salons de l’Élysée à laquelle étaient conviées une soixantaine de délégations, 13 chefs d’État, 19 premiers ministres et le patron de l’OTAN, Hans Rasmunssen. La ren-contre, sous le patronage du secrétaire général des Nations unies, qui avait fait le déplacement, avait pour objectif, offi-ciellement, de discuter avec les représen-tants du Conseil national de transition (CNT) de l’avenir et de la reconstruction du pays et, principalement, du dégel des avoirs libyens bloqués à l’étranger… En quelque sorte, la poursuite logique d’une bonne action entamée en mars dernier, justifiée par le chef de l’État en ces ter-mes le jour même du déclenchement des bombardements : « Nous n’avons qu’un seul objectif : venir en aide à un peu-ple en danger de mort (…) au nom de la conscience universelle qui ne peut tolérer de tels crimes (…) ».Il semble bien aujourd’hui que, derrière le vernis humanitaire, se cachaient des intentions plus économiquement terre à terre à forte odeur de pétrole, ce que nous avons écrit dans ces colonnes dès les premières frappes. Au-delà du pré-texte de protection du peuple libyen, la France avait dans sa ligne de mire les richesses du sous-sol libyen. Une atti-tude dénoncée le 28 août dernier, dans le journal italien La Stampa, par Enzo Bettino, journaliste, écrivain et ancien député européen socialiste. Sous le ti-tre « Le bluff de Sarkozy » il fustige « ce mensonge humanitaire (qui) commence à montrer son versant colonialiste (…), les fins matérielles apparaissent sous le ma-quillage post-gaulliste ».

Les contreparties du CNTLe site Oriental Revue a révélé dès le 9 avril un accord secret entre Paris et le CNT. Le document, publié depuis par le quotidien Libération, fait clairement état de promesses chiffrées. Il précise : «S’agissant de l’accord sur le pétrole passé avec la France en échange de la reconnais-sance de notre Conseil, lors du sommet de Londres, comme représentant légitime de la Libye, nous avons délégué notre frère Ma-hmoud, pour signer cet accord attribuant 35 % du total du pétrole brut aux Français en échange du soutien total et permanent à notre Conseil (…) ». Les engagements ont été pris par écrit par les actuels di-rigeants du CNT dès le 3 avril, 17 jours après l’adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité des Nations unies.Le Conseil national de transition, par la voix de son porte-parole, a formelle-ment démenti l’existence d’un tel ac-cord, suivi dans un premier temps par le Quai d’Orsay. L’éclairage est venu, une fois n’est pas coutume, du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. « Le CNT a dit très officiellement que dans la reconstruction, il s’adresserait de manière préférentielle à ceux qui l’ont soutenu » a-t-il déclaré, précisant « cela me paraît assez logique et juste ». Il y a donc bien eu mar-chandage. Les chefs rebelles ont négocié le renversement du dictateur Kadhafi et leur installation au pouvoir contre les ri-chesses du pays. Des larmes et du sang contre du pétrole. On reprochait à juste titre au tyran libyen de piller les riches-ses du pays et de spolier son peuple, les nouveaux maîtres de Tripoli, pour la plupart ex-membres du gouvernement sont dignes de leur ancien chef.

Un marché juteuxPour la France, l’opération sera avant tout bénéfique pour la compagnie To-tal. Le groupe est encore peu présent en Libye qui ne représente que 2,3 % de sa production mondiale d’hydrocarbures. Mais, s’il ne s’agit pas d’un pays straté-gique, toutes les zones de prospection sont importantes pour une compagnie qui veut accroître sa production de 2% par an entre 2010 et 2015 dans un contexte où le pétrole est de plus en plus difficile à découvrir et à extraire.L’après Kadhafi c’est aussi la reconstruc-tion du pays et la course à des contrats qui s’annoncent juteux. Les groupes in-dustriels se préparent, au premier rang desquels les Français. Selon les experts du pôle Afrique de la banque CM-CIC, « la nouvelle Libye devrait, sous condition d’une gestion sans anicroche de la tran-sition post-révolutionnaire, constituer un véritable eldorado pour les entreprises françaises et britanniques qui ont sou-tenu le CNT ». Elles n’ont d’ailleurs pas perdu de temps. Dès le 6 septembre, la Chambre de commerce franco-libyenne et le Médef ont organisé une conférence des entreprises françaises axée sur la reconstruction du pays. Début octobre, les représentants des principaux grands groupes se rendront sur place pour « évaluer les possibilités ». Les groupes du BTP, comme Vinci, déjà implantés, espèrent d’autres contrats. Bolloré at-tend la gestion signée en 2010 du port de Mistrata et, chez les avionneurs, on lorgne sur la flotte libyenne considéra-blement endommagée par les frappes de l’OTAN.En fait, le business n’a jamais cessé, seuls les opérateurs vont changer. Mais il faudra également compter sur les États-Unis. La secrétaire d’État, Hillary Clinton, n’a sûrement pas fait le déplacement à Paris le 1er septembre dernier pour les beaux yeux de Nicolas Sarkozy. Washington entend bien, plus que jamais, compter parmi les princi-paux « amis de Libye » Question de lea-dership sur le continent africain.

Jean-Pierre Delahaye

des larmes et du sang contre du pétrolesous couvert humanitaire et avec la bénédiction des nouveaux maîtres de tripoli va-t-on assister au dépeçage de la Libye au profit des nations coalisées ? Les premiers signes sont plus qu’inquiétants.

JuILLEt-Août 2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL - 13

des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 774-775Juillet-Août 2011

le Cahier MéMOire

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO

ÉDITO

- Par Paul Markidès

- Par Paul Markidès

Chateaubriant, 22 octobre 1941, 27 martyrs à qui nous devons notre liberté, comme à tous ceux qui tombèrent sous les balles nazies, 27 fusillés sur l’exécu-tion desquels les occupants comptaient pour décourager la Résistance de notre peuple qui s’étendait alors de jour en jour un peu plus.Mais ce fut le contraire qui se produisit. D’ailleurs, l’un des officiers allemands, resté présent au camp après l’exécu-tion, l’avait compris. Il déclara : « Les vainqueurs de cette journée, ce sont ceux 

qui sont morts ! » Pour eux, comme pour tous les autres fusillés, tous les déportés qui ne sont pas revenus des camps de la mort, comme pour tous ceux qui ont eu la chance de pouvoir revenir, Paul Eluard a écrit : « Si l’écho de leur voix fai-blit, nous périrons ! » De toute évidence, si nous n’assumions pas la Mémoire de ces hommes et de ces femmes, cou-rageux jusqu’à accepter la mort pour défendre l’avenir de notre patrie, nous mettrions nos vies, nos familles, nos descendants, notre pays en péril.

Et c’est à partir de leurs camps d’in-ternement et des prisons où furent enfermés tant et tant de « combattants de l’ombre » que se sont préparées les vérités nouvelles que le Conseil natio-nal de la Résistance concrétisa dans son programme. Aujourd’hui, en le défen-dant, nous défendons l’héritage de ces martyrs, de Jean Moulin et de tous les sacrifiés de cette guerre, notre héritage, en continuant de « conjuguer au présent le verbe résister », ainsi que nous le re-commanda la résistante Lucie Aubrac.

Chateaubriant - Il y aura 70 ansLa fusillade des otages

Camp de Châteaubriant. Parmi ce groupe, 7 des 27 seront exécutés par les Allemands.Camp de Châteaubriant. Parmi ce groupe,

7 des 27 seront exécutés par les Allemands.

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LE RÉVEIL DossIERDossIER

Octobre 1941Depuis juin 1940, les Françaises et Français se sentaient dans leur majorité battus, humiliés. Après la « drôle de guerre », les trou-pes allemandes avaient envahi la France en quelques semaines. Une large majorité de députés avait voté les pleins pouvoirs à ce Philippe Pétain qui avait alors le ti-tre de maréchal de France ; un ar-mistice honteux avait été signé, la France était coupée en deux : une zone occupée par l’Allemagne na-zie et une zone dite « libre » dont le gouvernement était à Vichy.La République avait été abolie, mais aussi toute démocratie. Sup-pression du Parlement, interdic-tion des partis politiques, suppres-sion des organisations syndicales, des associations de la loi 1901 de toute nature. Seules demeuraient autorisées les organisations et formations qui prônaient plus ou moins ouvertement une collabo-ration avec le pouvoir nazi. Toute presse et toute radio libres demeu-raient interdites. Bien sûr, il y avait eu l’appel à la Résistance du 18 juin, lancé de-puis Londres par le général de Gaulle et même avant le 17 juin, l’appel de Charles Tillon dénon-

il y aura 70 ans la fusillade des otages à Châteaubriant Châteaubriant le 22 octobre 1941 : pour beaucoup cette date évoque sim-plement la lettre de ce jeune Guy Môquet. Aujourd’hui encore nous relisons cette lettre avec émotion, mais on ne peut en rester là. A la carrière de la sa-blière se retrouvent chaque année des personnes de tout âge (des scolaires aux retraités). Ils viennent de différents points de France ; on rencontre aussi des gens du pays qui se souviennent. La mémoire demeure vivante, il y eut en cet endroit un moment historique important.

Georges Ploteau

çant le fascisme hitlérien. Des groupes de résistance, puis des ré-seaux rassemblant des sensibilités différentes s’étaient organisés.

20 octobre 1941Le feldkommandant Karl Hotz est abattu à Nantes. De 1929 à 1933, Hotz travaillait comme ingénieur à Nantes, il avait donc été nommé commandant des troupes d’occu-pation de la Loire-Inférieure par le pouvoir nazi. Alors qu’il se ren-dait à la Kommandantur avec son aide de camp, le capitaine Sieger,

trois jeunes résistants de l’Orga-nisation spéciale (Gilbert Brust-lein, Spartaco Guisco, un ancien des Brigades internationales et le jeune Marcel Bourdarias) sur-gissaient et l’abattaient en pleine ville, près de la cathédrale, puis réussissaient à prendre la fuite. Cet officier supérieur n’aurait pas été choisi spécialement. Ces jeu-nes communistes cherchaient à exécuter un officier de l’armée na-zie. Pourquoi ? Prétextant le pacte germano-soviétique, y compris en 1939 sous le gouvernement Dala-dier, des communistes avaient été condamnés, parfois empri-sonnés. Parmi eux, les députés communistes, citons parmi eux Prosper Môquet, Fernand Gre-nier, qui avaient choisi « Le Che-min de l’Honneur ». La chasse aux militants communistes, aux syndicalistes, aux démocrates, aux juifs, aux « indésirables » prenait de l’ampleur. Malgré les risques encourus, des diffusions de tracts,

Georges Ploteau est membre du Bureau national de l’ARAC et de la comission natio-nale Mémoire et citoyenneté.

Une cérémonie commémorative des années précé-dentes.

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DossIER DossIER LE RÉVEIL

des actions armées de résistance se mettaient en place dès 1940 et le début 1941.Juin 1941, l’invasion par les trou-pes nazies de l’Union soviétique, son entrée en guerre, la résis-tance des peuples galvanisèrent les énergies. Avec le recul, regar-dons objectivement ces années : la Grande-Bretagne portait prin-cipalement ses efforts sur la dé-fense de son territoire, les USA n’étaient pas encore entrés en guerre. Dans cette année noire de 1941, pour de nombreux an-tifascistes et dans le mouvement ouvrier, le regard sur l’URSS se modifiait, elle redevenait le fer de lance dans la lutte contre le fas-cisme et le nazisme. On tentait d’écouter les informations de la France libre à Londres, les yeux se fixaient de plus en plus sur les combats du Front de l’Est. Les mouvements de Résistance prenaient une nouvelle dimen-sion. Les militants communis-tes multipliaient leur activité, animaient des mouvements de rassemblement comme le Front national (aucun rapport bien sûr avec la formation d’extrême droite qui a l’audace de porter ce nom aujourd’hui). Des jeunes se retrouvaient dans l’Organisation spéciale, les Bataillons de jeunes-se ; c’est cette organisation qui décida une vague d’actions qu’on ne peut aujourd’hui amalgamer au terrorisme, seules des cibles précises étaient visées : les offi-ciers nazis. Le 21 août 1941, Pierre Georges, celui qui deviendra le colonel Fa-bien, montrera le premier cette détermination contre l’occupant nazi. A la station du métro pari-sien Barbès Rochechouart, il ti-rera et blessera mortellement un aspirant de la Kriegsmarine.Avec l’aide indiscutable du gou-vernement de Vichy, les nazis vont développer une répression féroce. Des otages seront désignés

dans les camps d’internement po-litiques et les prisons. Ministre de Pétain, Pucheu choisit les otages à livrer aux nazis.Après le nouveau coup de force de Nantes contre le lieutenant-colo-nel Hotz, Hitler aurait été particu-lièrement furieux ; il réclamera la mise à mort de 100 otages. Finale-ment ce chiffre sera ramené à 50, la liste définitive sera dressée le 21 octobre par Pucheu, un ministre de Pétain ; il proposera 61 noms.Sur 50 noms désignés, 2 seront graciés. 48 otages sont condam-nés à être fusillés en Loire-Infé-rieure : 27 communistes et/ou syndicalistes à Châteaubriant, 21 résistants à Nantes, 5 autres ota-ges au Mont-Valérien. Le choix de Pucheu par les dirigeants na-zis demeure significatif de la col-laboration du gouvernement de Pétain avec la répression nazie. Pucheu, cadre supérieur de l’in-dustrie avait fait carrière dans le groupe Worms ; il avait été chargé de la création du Cartel européen de l’acier en responsabilité près de la Chambre patronale de la sidérurgie française. En 1934, il était membre des Croix-de-Feu puis, en 1936, du Parti populaire français de Jacques Doriot. Ceux qui criaient à cette période : « Plu-tôt Hitler que le Front populaire » pourront donc en cette année 1941 appliquer leurs slogans. Ministre de l’Intérieur à Vichy, Pucheu créera les Sections spéci-ales, une justice expéditive frap-pant les anti-nazis. A noter que, voyant le vent tourner, il essaiera par la suite de se rapprocher de la Résistance. Sans succès ! Traduit pour ses actes devant un tribunal de la France libre, il sera fusillé en mars 1944.

A Châteaubriant, le camp de Choisel L’histoire de ce camp reflète le climat politique de ces an-nées. Après juin 1940, environ

Guy Môquet, sa mère Juliette et son frère serge (à gauche) à Châteaubriant.

40 00 prisonniers de guerre de l’armée française (Indochinois, Marocains, Africains, Français et quelques Anglais) seront in-ternés ensemble sur 4 camps à Châteaubriant dans des lieux in-salubres, inondables. Au cours de l’année 1940, avec l’afflux de réfu-giés, la population de cette ville, sous-préfecture de Loire-Inférieu-re (aujourd’hui Loire-Atlantique), serait passée en 1940 de 8 000 à 60 000 habitants. Malgré la sur-veillance de la gendarmerie fran-çaise, des prisonniers réussirent à s’évader avec l’aide des habitants, notamment lors de la corvée d’eau dans les villages alentours. Mais en janvier 1941, ces prisonniers de guerre seront dirigés par dizaines de milliers vers les stalags d’Alle-magne.Un camp important sera amé-nagé à Choisel. En mars 1941, 335 nomades y sont internés sans

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LE RÉVEIL DossIERDossIER

aucun service sanitaire. Pourtant, malgré la mortalité qui frappe les enfants, leur nombre ira jusqu’à 567 avant leur transfert dans la Sarthe. Puis ce sera l’arrivée des prisonniers de droit commun, des « indésirables », des prison-niers politiques, des syndicalistes. Selon le rapport précis du sous-préfet de Loire-Inférieure Cornu, le camp pouvait contenir : « 500 nomades, 400 indésirables et… 800 communistes ».La population était souvent scan-dalisée. Une organisation se mit en place ; avec l’aide ou tout sim-plement parfois le silence des Castelbriantais, elle permit l’éva-sion de dirigeants. Citons, notam-ment, Fernand Grenier qui sera ministre de la France libre, Léon Mauvais, Eugène Hénaff, Roger Semat, Henri Raynaud… Les éva-sions de juin 41, entraînèrent un durcissement des conditions de détention. Pourtant, des prison-niers politiques, des nomades, puis plus tard des familles juives réussiront grâce à ces réseaux lo-caux à échapper aux camps de la mort.Des femmes seront à leur tour incarcérées à ce camp, y compris des jeunes comme Odette Le-cland (aujourd’hui Odette Nilès) à 17 ans, du même âge qu’un des détenus, son jeune amoureux, Guy Môquet.Au camp de Choisel, depuis août 1941, tous les prisonniers politi-ques étaient considérés comme « otages ». Parmi les militants communistes incarcérés au camp, Pucheu choisira soigneusement 27 otages. 25 étaient membres du Parti communiste, un autre l’avait quitté en 1939, un était militant trotskiste. On ne peut tous les ci-ter, mais les victimes avaient donc soigneusement été sélectionnées. Parmi ces condamnés : un dépu-té, Charles Michel, des dirigeants ou militants syndicaux comme Jean-Pierre Timbaud, dirigeant

de la métallurgie CGT, et le jeune Guy Môquet, 17 ans !

Courageux, les yeux ouvertsDans chaque chambre la porte s’ouvre, un lieutenant de gendar-merie français, un officier alle-mand, escortés des gendarmes : «Salut Messieurs ! Préparez-vous à sortir à l’appel de votre nom ! » Silencieusement les victimes désignées se lèvent. Baraque 10, un seul nom : Guy Môquet. « Pré-sent ! » aurait-il simplement ré-pondu en rejoignant ses camara-des. Les 27 otages sont enfermés ensemble dans la baraque 6.C’est l’abbé Moyon, de la pro-che paroisse de Saint-Jean-de-Béré qui, bouleversé, passera les derniers moments avec eux ; il recueillera leurs dernières cor-respondances, puis tiendra tout spécialement à leur faire part de la sympathie des Castelbriantais et de son soutien. Par la suite, il témoignera du courage et de la détermination de ces militants face à la mort. Chacun gardera le respect de ses convictions, pour-tant, avec Charles Michel, ils évo-queront ensemble les premiers martyrs chrétiens. Lorsque les trois camions arri-vèrent, 9 otages durent monter dans chacun d’eux. Des baraques du camp et des camions éclata soudain La Marseillaise, reprise par les 700 détenus, y compris les prisonniers de droit commun ; les gendarmes français rendent alors les honneurs militaires. Guy Môquet et ses 26 camarades désignés firent face avec courage à cette sauvagerie.Les témoignages le confirment : dans les trois camions qui les conduisaient à la mort, on enten-dait encore chanter La Marseillaise, Le Chant du Départ et l’Internatio-nale qu’un certain nombre appel-leront alors : « Leur chant à eux… La lutte finale. » Dans les rues, on entendra aussi les condamnés

crier « Vive la France ! » « A bas Hitler ! »Arrivés à la carrière vers 16 heures, 9 poteaux d’exécution attendent les 27 otages qui seront fusillés en 3 fois. Ils demandent à avoir les mains libres et tous refusent qu’on leur bande les yeux, face au peloton d’exécution. Ils crient encore « Vive la France ! » mais on entendra aussi « Vive l’URSS ! » « Vive le Parti communiste ! » Tim-bault criera à ceux qui vont tirer sur lui : « Vive le Parti communiste allemand ! »

Puis le silence. Les fleurs de la désobéissanceSur les 50 otages désignés, deux furent graciés. En plus de ces 27 otages de Châteaubriant fusillés avec la mention « Communiste » 16 le seront à Nantes et 5 au Mont Valérien avec la mention « Action en faveur de l’ennemi ». Puis deux jours plus tard, 50 autres otages seront fusillés à Souge, près de Bordeaux.Ces exécutions provoqueront un choc et une émotion en France et dans le monde. Le général de Gaulle invite à une grève générale de 5 minutes, le 31 octobre : « En fusillant nos martyrs, l'ennemi a cru qu'il allait faire peur à la France. La France va lui montrer qu'elle n'a pas peur de lui… »Un tract condamnant ces fusilla-des d’otages sera largué à la fin octobre jusqu’au début de novem-bre1941, sur la France. Il contenait deux déclarations officielles : l’une du leader britannique Winston Churchill, l’autre du Président des Etats-Unis, Franklin Roosevelt (importante, car les USA n’étaient pas alors entrés en guerre).Loin d’arrêter les mouvements de Résistance, les fusillades d’otages galvanisèrent les actions contre l’occupant nazi. D’autres officiers allemands seront abattus à Rouen, au Havre, à Paris, à Dijon…L’attitude de la population du pays

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DossIER DossIER LE RÉVEIL

odette NilèS

de Châteaubriant est symbolique. Dans cette petite ville et dans les populations rurales alentour, en dehors des ouvriers de petites usi-nes parfois sensibles à l’anarcho-syndicalisme, on était souvent éloigné des idées du Front po-pulaire ou progressistes et même tout simplement loin des préoccu-pations du monde ouvrier et des gens des villes. Pourtant, cette fu-sillade causa un choc. Malgré les interdictions et les menaces, des mains déposèrent des fleurs les jours suivants et à la Toussaint à la carrière de la Sablière et sur les tombes des fusillés. On parlait de ces victimes et surtout de ce « Petit Môquet, fusillé à 17 ans ! »Progressivement une idée ger-mait : ce pouvoir qui voulait im-poser ses doctrines de haine et de racisme pour « mille ans » ne se-rait pas invincible. De nombreu-ses petites actions de résistance se manifestèrent. Mais, dans les mois et les années qui suivirent, les réseaux de Résistance se déve-loppèrent et s’organisèrent : ils ne pouvaient se maintenir tout spé-cialement dans les petites villes ou régions rurales qu’avec un soutien de la population locale.Sur le plan historique, cette pério-de marqua le passage des actions des mouvements de Résistance à ce qui deviendra dans les années qui suivirent : la Résistance, avec un Conseil national et un gouver-nement provisoire. Se rassembler, malgré les différences, pour battre un régime abhorré, construire dans notre pays au lendemain de la victoire une société de li-berté, mais aussi d’égalité et de fraternité, l’espoir était possible. « Soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir » : ce message grif-fonné par Guy Môquet avant son exécution nous interpelle encore aujourd’hui.

Ainsi, ce 22 octobre 1941, c’est par une belle journée d’automne, suite à l’exécution d’un colonel allemand, qu’est désignée par le sieur Pucheu, ministre du gou-vernement Pétain, une liste d’ota-ges remise aux autorités nazies. 48 hommes sont choisis, 27 au camp de Choisel, 21 dans la région nantaise. 48 patriotes d’opinions différentes, des communistes en majorité, des gaullistes et des pa-triotes anciens combattants. Des dirigeants de grandes centrales syndicales, des élus, des intellec-tuels, des amis et des jeunes.2 jours après, 50 autres otages étaient fusillés à Souge dans le Bordelais. Ce fut le 1er grand mas-sacre collectif de l’année 1941.70 années déjà c’est loin, et pour-tant on ne peut oublier cette occu-pation nazie. Le 24 septembre 1941, conformé-ment aux ordres du ministre de l’Intérieur Pucheu (ministre du gouvernement Pétain), 18 inter-nés du camp de Choisel sont en-fermés comme otages dans une baraque désaffectée du camp. Quatre autres y sont envoyés éga-

lement le lendemain.Lundi 20 octobre, on apprend qu’un colonel allemand a été abattu à Nantes. Immédiatement les nazis exigent des représailles, 50 otages, si les auteurs de cette exécution ne sont pas arrêtés.Le choix des otages se porte tout naturellement où sont enfermés les dirigeants du Parti commu-niste et des grandes centrales syndicales et de nombreux jeu-nes. A Nantes, on va trouver des résistants gaullistes, des anciens combattants et des jeunes empri-sonnés pour leurs actions patrio-tiques.Le 22 octobre à 13h30 par une belle journée, les Allemands pla-cent un fusil mitrailleur au milieu du camp et tous les internés sont consignés dans les baraques, gardés par des gendarmes. Les Allemands, accompagnés du lieu-tenant Touya, vont à la fameuse baraque des otages : 16 noms sont prononcés, désignés pour rejoin-dre 11 autres détenus pris dans différentes baraques dont Guy Môquet.Tous sont dirigés vers le camp

Ce jour-là…Notre amicale Châteaubriant Voves-Rouillé prépare, pour ce 70e anniversaire des 48 fusillés le 22 octobre 1941 à Châteaubriant, tout un grand rassemblement de la jeunesse pour transmettre aux jeunes générations un passé qui leur appartient, afin que cette jeunesse se réapproprie l’épopée de ces jeunes résistants de la première heure qui s’engagèrent jusqu’à perdre la vie.

Odette Nilès avec les jeunes partici-

pants du Concours de la Résistance

odette Nilès est présidente

de l’Amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 201118 -

LE RÉVEIL DossIERDossIER

P2, dans une baraque inoccupée, près de trois camions bâchés. En-fermés, ils écrivent une dernière lettre à leur famille et sur les plan-ches de cette baraque leur der-nière pensée, leur foi en l’avenir ; un abbé requis par les autorités, salue les patriotes et prend la cor-respondance et les objets pour les remettre aux familles.Ils sont ensuite, après une puis-sante Marseillaise reprise par tous les amis du camp, emmenés dans une carrière située à environ deux kilomètres de la ville, où neuf poteaux ont été plantés. Ils sont fusillés par groupe de neuf, ils re-fusent d’avoir les yeux bandés et les mains attachées. Ils chantent la Marseillaise, la dernière salve in-terrompt le chant. Cette dernière salve est entendue au camp, où l’appel aux morts est prononcé par Henri Gauthier.Cette action de mémoire se situe dans les combats d’aujourd’hui, mais durant une période marquée par un affrontement idéologique sans précédent. Il est vital que no-tre jeunesse continue le combat et fasse respecter les acquis obtenus grâce à cette résistance. Sécurité sociale, retraite, 40 heu-res, l’éviction des grandes féodali-tés économiques et financières de la direction de l’économie. La ré-sistance à l’occupant nazi fut un formidable rassemblement de Français et Françaises mais aus-si de travailleurs immigrés, ceux de « l’affiche rouge » par exem-ple, d’hommes et de femmes de sensibilités diverses qui ont large-ment contribués à la libération de notre pays.C’est pourquoi ceux qui se souviennent comme ceux qui n’étaient pas encore nés au mo-ment de la tragédie, nous leur de-mandons de rester fidèles à l’es-prit qui animait la Résistance.

Je n’avais pas 5 ans, mais je me souviens…

Marie-Huguette :Marie-Huguette : J’étais une toute petite fille en ce mois d’octobre 1941, presque 5 ans ; pourtant certaines images sont toujours vivantes dans ma mémoire, confirmées plus tard par les témoignages de mon grand-père et de ma mère. La famille… les cousines et cousins, en parlent encore aujourd’hui.Notre grand-père François Ploteau, habitait à Villepôt, une bourgade près de Châteaubriant. Pourtant âgé de 70 ans, un ancien combattant de 14/18, il devait travailler encore. Au service de la commune et de la pa-roisse, il sonnait les cloches, partici-pait comme bedeau aux cérémonies religieuses et entretenait l’église ; il assistait le garde-champêtre et s’oc-cupait du cimetière, car il était aussi le fossoyeur du village.

le Réveil : le Réveil : Pourquoi vous êtes-vous retrouvée présente dans ce cimetière en octobre 1941 ?M-H. :M-H. : Mon père était alors prison-nier en Allemagne. Ma mère et moi étions sorties indemnes du bombar-dement allemand sur les trains de voyageurs et de soldats Plaine de Baud à Rennes. Mais notre maison était devenue inhabitable : depuis 

juin 1940, nous nous étions réfu-giées à Villepôt, chez mes grands parents.C’était avant la Toussaint, ma mère aidait le grand-père François à l’en-tretien du cimetière et je les accom-pagnais. Soudain, on vit des soldats allemands armés qui sortaient d’un camion  avec trois cercueils et en-traient dans le cimetière.

le Réveil : le Réveil : En effet, les corps sanglants des vingt-sept otages fusillés furent jetés dans des cercueils numérotés et ramenés dans la cour du château de Châ-teaubriant. Le dégoût et la colère montaient dans la population. Pour éviter que l’on puisse se ras-sembler en leur mémoire, l’ordre avait été donné de disperser les corps : 3 par 3 dans 9 cimetières des petites communes voisines, celles qui n’avaient pas le che-min de fer comme, par exem-ple, Noyal-sur-Brutz, Ruffigné, Villepôt…M-H. :M-H. : Ma mère et moi avons alors été conduites et enfermées dans la ba-raque du cimetière, là où le grand-père rangeait les outils. Un soldat allemand était posté devant la porte, l’arme à la main. Curieuse, j’étais sans cesse derrière la petite fenêtre pour tenter de voir. Pour m’en em-

Comment les habitants du pays ont-ils perçu cette tragédie ?

Marguerite Fabre, Paulette Capliez,

Antoinette Bonne-foy, Odette Nilès,

Merlot Audier, Raymond

Broustein, Charles Kolosa, Raoul

Robert

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DossIERDossIER LE RÉVEIL

pêcher, ma mère m’avait cette fois autorisé à jouer avec les perles des couronnes mortuaires entreposées à cet endroit.Mais elle pouvait suivre la scène : le grand-père réquisitionné creusait les fosses mais tenait tête aux soldats al-lemands. Pour lui, ces fusillés devai-ent être enterrés dignement comme les paroissiens de la commune, il maugréait et finit même par se mettre en colère : « les Prussiens n’allaient pas le commander !», à tel point que ma mère craignait pour notre vie à tous les trois. J’ai toujours gardé la mémoire de mon grand-père rebou-chant les tombes. Pourtant habitué à enterrer les morts du village, il resta choqué plusieurs mois. Il ne voulut jamais remettre ses sabots tachés de boue et de sang , il les conserva, sem-ble-t-il comme des reliques, pendant de nombreuses années.

le Réveil :le Réveil : Et ensuite ? M-H. :M-H. : Mes grands-parents entre-tinrent et fleurirent les tombes. Ils conserveront des liens d’amitié avec les familles. L’identité de ces trois fusillés fût révélée, près de la grande croix de pierre bleue du cimetière de Villepôt. Ils reposèrent donc pendant plusieurs années avec les défunts du village, ces trois militants communis-tes de la région parisienne : Edmond Lefèvre, 38 ans, père de 4 enfants d’Athis-Mons, métallurgiste ; Jean Poulmarc’h, 31 ans, d’Ivry-sur-Seine, père de 2 enfants, secrétaire général de la fédération CGT des Produits chimiques ; Pourchasse Henri, 34 ans, père d’un enfant, d’Ivry-sur-Seine, responsable de la fédération CGT des Cheminots.Lors des vacances en famille, nous nous rendions parfois en vélo au Mo-nument de la Sablière. Notre mère échangeait les souvenirs de cette tra-gédie avec la dame de la ferme 1 située au-dessus de la carrière.

11 - La ferme sera rachetée par l’Amicale en 1986 pour devenir le musée - NDLR

Le temps passe, mais le temps ne tue pas le passé quand les ensei-gnements d’hier conservent un caractère d’actualité. La tendance, par rapport à l’Histoire, c’est tou-jours de perdre la relativité. Dans les conditions du XXIe siècle et face aux politiques ultralibérales qui n’ont de cesse de démolir le modèle social issu, entre autres, du programme du Conseil natio-nal de la Résistance (CNR), nous avons maintes occasions et le de-voir de résister et de nous battre pour un monde meilleur.

Résister, c’est être fidèle ! Fidèle aux idéaux, aux combats de ceux qui, au prix de leur vie, nous permettent aujourd’hui d’être libres. C’est grâce à eux, à Guy Môquet et à ses 26 camarades du camp de Châteaubriant, ainsi qu’à

ces nombreux résistants, français ou étrangers, à ces patriotes qui n’ont jamais courbé l’échine pour maintenir la France au combat contre la plus abominable entre-prise de barbarie que l’humanité ait connue. Résister et comnattre, c’est être fi-dèle à l’appel de Guy Môquet, écrit sur une planche de la baraque 19, avant d’être fusillé : « Les copains qui restez, soyez dignes de nous ! » Au moment où j’écris ces lignes, je pense bien naturellement au lourd tribut que la corporation des cheminots a payé à la liberté, à l’indépendance et à la paix ; dans une période où certains révision-nistes tentent de réécrire l’His-toire à leur façon en dénaturant les faits pourtant reconnus his-toriquement. Nous ne laisserons pas salir la mémoire de Pierre Se-

fusillés à Châteaubriant parce que communistes et syndicalistes !

Didier le ReSte

Didier le Reste a été secrétaire

général de la fédération CGT des Cheminots de 2000 à 2010

En cette année 2011, nous allons commémorer le 23 octobre prochain le 70e anniversaire de l’assassinat des vingt-sept otages du camp de Châteaubriant par les nazis, avec la collaboration du gouvernement de Pétain-Laval.

Une vue du camp.

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 201120 -

LE RÉVEIL DossIERDossIER

mard et de tous ceux qui, par des actes de résistance, ont péri sous les balles nazies pour nous libé-rer de l’occupant, des collabos et des traîtres du gouvernement de Pétain-Laval. Oscar Wilde disait : « La jeunesse est le seul bien qui vaille ». Soixan-te-sept ans après sa publication, les valeurs que le programme du CNR affirme : « Liberté, justice so-ciale, solidarité » sont à l’évidence à leur seul énoncé, les seules sus-ceptibles de constituer le socle d’une république citoyenne où la

jeunesse peut trouver les repères dont elle a besoin. A cet égard, il est bien de souligner l’impulsion donnée par la Confé-dération CGT pour sensibiliser le monde du travail à la commémo-ration du 70e anniversaire de la fu-sillade de Châteaubriant. Pour sa part, et il convient de le valoriser, la fédération CGT des Cheminots va inviter sur deux jours 80 jeu-nes cheminot(e)s à participer à ce devoir de mémoire, initiative qui va se conjuguer avec celles que vont organiser en même temps les fédérations CGT des Métaux et de la Chimie. Parmi les vingt-sept de Châ-teaubriant, exécutés dans la car-rière de la Sablière, livrés aux bal-les fascistes par le sinistre Pucheu, ministre de l’Intérieur de Pétain, nombreux étaient communistes et syndicalistes. Citons, entre autres, Jean-Pierre Timbaud, communiste, responsable du syn-dicat CGT des Métaux de Paris, Charles Michels, communiste, se-crétaire de la Fédération CGT des Cuirs et Peaux, Jules Vercruysse, communiste, secrétaire de la fédé-ration CGT du Textile, Jean-Marie Poulmarc’h, communiste, secré-taire général du syndicat CGT des Produits chimiques de la région parisienne et Guy Môquet, le plus jeune des fusillés, fils de Prosper Môquet, syndicaliste cheminot de la CGTU, député communiste du Front populaire, emprisonné en 1939 sur ordre de Daladier. Guy considéra alors qu’il devait rem-placer son père dans la résistance au fascisme, comme Georges Se-guy l’a fait pour venger l’assassi-nat de Pierre Semard par les nazis en 1942.Le 20 octobre 1941, des jeunes résistants abattent en pleine rue du Roi-Albert à Nantes, le lieute-nant-colonel Holtz, commandant de la place. En représailles, Hitler et Stuelpnagel, responsable de la zone, décident que 50 otages

doivent être fusillés. Parmi les 50 « sélectionnés », 35 étaient des militants actifs des organisations communistes et syndicales qui avaient poursuivi leurs activités dans la clandestinité. Le sinistre Pucheu, ancien grand commis de la haute finance, sa-vait bien combien d’années de luttes quotidiennes il fallait pour former des dirigeants de fédéra-tions syndicales ouvrières de la trempe de ceux qu’il envoyait à la mort. Inscrire ceux-là en premiè-re place des hommes à fusiller, c’était amputer la classe ouvrière, la « seule restée fidèle à la Nation profanée », comme l’écrivit Fran-çois Mauriac. Le génie de la CGT illégale aura été de lier les actions revendicatives aux actions patriotiques, faisant jouer à la classe ouvrière un rôle déterminant dans la Résistance intérieure. Exécuter les résistants, les syndicalistes, c’était un servi-ce rendu à la grande bourgeoisie française, celle qui préférait Hitler au Front populaire, en rayant du monde des vivants les meilleurs de ceux qui la combattaient, qui avaient empêché la montée du fascisme et imposé des avancées sociales avec le Front populaire. Quand on sait que lesvingt-sept de Châteaubriant montèrent dans les camions pour se rendre au pe-loton d’exécution en chantant La Marseillaise et l’Internationale et qu’ils refusaient de se laisser ban-der les yeux et ligoter les mains, quelle leçon de courage, de patrio-tisme, d’abnégation ils nous don-nèrent ! A l’aune de ce que nous vivons dans cette société capita-liste et sans vouloir comparer les périodes, l’action de ces femmes et de ces hommes doit nous trans-cender dans les luttes actuelles portant à la fois le devoir de fidé-lité, la défense du programme du CNR et la conquête de nouvelles avancées sociales.

Le 10 septembre 1960, le général de Gaulle rend hom-mage aux martyrs de Châteaubriant

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Vos DRoItsw Vos DRoItsw LE RÉVEIL

la retraite du combattantCréée par une loi du 31 mars 1932 (ar-ticle L255 du Code des pensions), son évolution a subi bien des vicissitudes. Cette retraite, qui n’est pas réversible, fut accordée en témoignage de la recon-naissance nationale.A l’origine, elle était servie à tous les an-ciens combattants titulaires de la carte du combattant âgés de 50 ans et son montant était augmenté à raison de l’âge de l’intéressé. Une loi du 31 décembre 1953 a reporté l’âge de la retraite à 65 ans à compter du 1er mai 1954 (décret du 16 avril 1954) et octroyé la retraite, à partir de l’âge de 65 ans, aux retraités qui, au 1er mai 1954, avaient atteint cet âge. La touchaient à partir de 60 ans, les retrai-tés bénéficiant pour cause d’invalidité de l’allocation aux vieux travailleurs salariés ou de l’allocation spéciale, ainsi que les bénéficiaires de la loi du 2 août 1949.

La retraite supprimée !Avec l’arrivée de la 5e République, in-tervient l’ordonnance du 30 décembre 1958, qui limita l’attribution de la retraite du combattant aux seuls bénéficiaires du Fonds national de solidarité, tout en abaissant l’âge de la retraite de 65 à 60 ans. Elle a néanmoins maintenu certains droits acquis, notamment à des pension-nés à un taux d’au moins 50 % et aux anciens combattants d’Outre-mer.Une levée de boucliers par les associa-tions d’anciens combattants, et notam-ment l’ARAC toujours en première ligne, s’en suivit. La bataille fut longue et difficile mais la victoire obtenue. Et il fallut attendre la loi du 30 décembre 1977, applicable à compter du 1er janvier 1978, pour voir rétablie pleinement la re-traite du combattant avec un seul taux, sans avoir à s’interroger sur le conflit au titre duquel la carte de combattant avait été obtenue, ni aux conditions à remplir pour prétendre à la retraite et le taux auquel elle sera accordée.Cette fois encore le courage, la ténacité et la volonté du monde anciens combat-tants ont eu raison du mépris de l’État envers ceux et celles qui ont versé leur sang pour la patrie.

Les cartes du combattant sont valables à vie. L’ONAC est intervenu auprès des impôts en le précisant quant à l’attribu-tion de la demi-part fiscale aux anciens combattants.La première carte du combattant (de couleur verte) et l’arrêté du 1er mars 1928 qui la régissait ne comportaient aucune date de validité.L’arrêté du 3 juillet 1933, en renouve-lant le modèle de la carte du combattant (couleur chamois) en a fixé la validité de durée à 5 ans (article A. 143 du Code PMI). Pour la circulaire du 12 juillet 1933, la carte du combattant constituait en quelque sorte un certificat de vie, le renouvellement de cette carte tous les 5 ans permettant de s’assurer que leurs titulaires étaient toujours en vie pour recevoir leur retraite du combattant.Durant des décennies, donc, des arrê-tés ont prorogé régulièrement la vali-dité des cartes arrivant à expiration, le dernier (du 16 juillet 1966) précisait que les cartes de plus de 5 ans à cette date demeuraient valables jusqu’au 1er

janvier 1975. Face à cette situation, un arrêté du 27 janvier 1989 a abrogé l’ar-

ticle A-143, annulant du même coup le principe d’une date butoir de validité de la carte du combattant. Une nouvelle carte tricolore voyait le jour par arrêté du 2 novembre 1995, laquelle n’avait plus aucune référence de validité.Aujourd’hui, dans le cadre de l’informa-tisation de la délivrance de la carte du combattant, les nouveaux modèles vont changer de format (type « carte bleue ») et, sauf 300 d’entre elles émises par er-reur avec une date de validité de 10 ans, elles sont valables à vie. En fait, aucune des cartes délivrées depuis 1928, qu’el-les soient vertes, chamois ou tricolores, n’ont été invalidées et toutes demeurent donc valables à vie.

Aucune des cartes émises n’est périméeDans ce contexte, l’ONAC a donc alerté le ministre du Budget, la Direction gé-nérale des impôts et la Direction de la législation fiscale quant à cette validité permanente, afin que nul des intéres-sés ne soit privé de la demi-part fiscale sous prétexte de carte du combattant périmée.

la carte du combattant est valable à vie

Suite à la disparition du secrétariat d’État aux Anciens Combattants, un arrêté du 3 janvier 2011 a défini l’organisation des services déconcentrés de l’Office natio-nal des anciens combattants et victimes de guerre au Maghreb.Suite à la disparition orchestrée du secré-taire d’État aux AC, de la Direction des statuts des pensions et de la réinsertion sociale et des Directions interdéparte-mentales des AC, l’ONAC « hérite » de la gestion de « services déconcentrés » en République algérienne, au Royaume du Maroc et en République de Tunisie.Chacun de ces services déconcentrés est dirigé par un directeur et a en charge d’exercer les missions suivantes auprès des ACVG algériens, tunisiens et maro-cains ressortissants de l’ONAC :- l’action sociale : attribution ou rejet des demande de secours financiers,

- délivrance des cartes de veuve, d’ascen-

dant et d’orphelin,- nécropoles : mise en œuvre de l’entre-tien de leur garde et de leur rénovation, transfert et restitution des corps, prise en compte des frais de pèlerinage sur les tombes.

Sous réserve d’une convention entre l’État et l’ONAC, ces services déconcen-trés auront également à exercer, pour le compte de l’État, les missions ci-après :- autorisation ou refus de prise en charge des frais afférents aux prestations mé-dicales, paramédicales, chirurgicales, pharmaceutiques et d’appareillage (ar-ticle L.115 et L.128 du code PMI),

- agrément, non renouvellement et re-trait d’agréments des médecins experts chargés d’examiner les demandeurs de pension PMI,

- organisation des expertises médicales réalisées dans le cadre de l’examen des demandes de pension.

Mise en place de l’OnaC en algérie, tunisie et Maroc

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 201122 -

LE RÉVEIL Vos DRoItsVos DRoIts

OnaCvgCe qu’il faut savoir

sur le droit à solidarité

Il est capital, avant de s’adres-ser au service départemental de l’oNACVG, de savoir quoi de-mander, pour quel type de ressor-tissants et ce qui peut être obtenu. Petit guide simplifié pour ce faire.

Bénéficiaires des interventions sociales de l’ONACVG • L’ensemble des ressortissants de

l’ONAC, résidant de façon régulière et stable dans le département (ou le ressort géographique) du service où est déposée la demande.

• Les pensionnés « hors guerre » et leurs veuves.

• Les pupilles de la Nation et orphelins de guerre âgés de moins de 21 ans ou poursuivant des études.

• Non ressortissants de l’ONACVG : depuis le 1er janvier 2000, l’ONAC peut intervenir en faveur de non res-sortissants. Mais cette aide ne relève pas des commissions départementales des services ONAC ; elle est gérée di-rectement par la direction générale de l’ONAC, département solidarité.

les secoursAinsi peuvent être attribués des secours permanents, selon leur situation sociale et financière :- aux anciens militaires non pensionnés, non titulaires d’une retraite militaire (ainsi qu’à leur veuve ou compagne),

- aux amputés et aveugles ex-militaires ou victimes civiles dont l’infirmité est survenue au cours du service ou du fait de guerre dans des conditions n’ayant pas permis l’attribution d’une pension PMI,

- aux descendants ou collatéraux (à l’exclusion des veuves) ayant servi de tierce personne à un invalide et qui, au décès de celui-ci, se trouvent dans une

situation précaire, - aux compagnes de militaires ou de victimes civiles décédés ou disparus au cours de la guerre.

Secours occasionnelsIls sont accordés une seule fois en raison d’une difficulté passagère aux anciens militaires non ressortissants de l’ONACVG, aux ayants cause d’an-ciens militaires et de victimes civiles (veuves non pensionnées, orphelins mineurs, ascendants), aux pensionnés hors guerre, aux compagnes d’anciens combattants.Dans tous les cas, les dossiers de deman-des sont à déposer au service départe-mental de l’ONACVG qui transmettra à l’ONAC, département de la solidarité.

Les types de solidarité

les secoursIls sont dits « secours d’urgence » et vi-sent à apporter une réponse financière immédiate à des situations exception-nelles (aide alimentaire, nuit d’héberge-ment, transport, etc.) Ils peuvent se faire par la remise d’un chèque de service ou sous forme financière, sur décision du directeur du service départemental de l’ONACVG concerné, lequel en infor-mera ensuite la commission départe-mentale qui entérinera.Le montant de ce secours d’urgence peut aller de 50 à 310 euros maximums et peut être renouvelé auprès du ressor-tissant autant que de besoin.

les aides financièresElles peuvent porter sur 3 secteurs :- les dettes locatives, les factures im-payées,

- les frais médicaux (participation aux frais d’hospitalisation, de dépassement d’honoraires, de mutuelle, etc.),

- les frais d’obsèques (seulement pour les obsèques d’un(e) ressortissant(e) de l’ONACVG quelle que soit la per-sonne qui les règle, ressortissant ou ressortissante de l’ONACVG).

Ces trois types d’aide ne sont pas sys-tématiques et se chiffrent en fonction des difficultés financières engendrées

par la dépense occasionnée. Les aides financières peuvent s’échelonner entre 160 et 800 euros et les services dépar-tementaux peuvent régler directement les créanciers (avec subrogation du bé-néficiaire) ou les pompes funèbres. En cas de décès d’un ressortissant isolé ou sans famille. Elles peuvent même aller au-delà du plafond de 800 euros si le cas le nécessite avec l’accord de l’ONAC.La situation d’un même ressortissant peut justifier l’attribution de plusieurs aides au cours de la même année civile.Il faudrait y ajouter la possibilité de prêts (jusqu’à 1 500 euros) sans intérêt.Signalons encore qu’en 2010 ce sont 20 millions d’euros d’aide sociale qui ont été attribués pour 65 000 dossiers en France et aux ressortissants dans 40 États dans le monde.

l’aDCSL’Aide différentielle en faveur des conjoint(e)s survivant(e)s d’un ressor-tissant vise à assurer aux personnes concernées un montant plafond de ressources mensuelles (817 euros au 1er janvier 2011). Les conditions sont au nombre de quatre et se cumulent :- justifier de la qualité de conjoint sur-vivant ressortissant de l’ONACVG (veuves de guerre, conjoints survivants pensionnés, conjoints survivants de ti-tulaire de la carte du combattant ou de bénéficiaires de code PMI),

- avoir au moins 60 ans à la demande,- avoir un niveau de ressources men-suelles inférieur au montant du pla-fond (817 euros),

- justifier d’une résidence stable, effec-tive et régulière dans le ressort géogra-phique du service départemental où est déposée la demande.

En 2010, ce sont 4 537 demandes qui ont été allouées et, actuellement, le nombre s’élève à 3 705, soit plus qu’au 1er mars 2010.

Participation financière au maintien à domicileCette participation est destinée à trois types d’aide :1- Frais d’aide ménagère restant à char-

ge effective d’un ressortissant.

JuILLEt-Août 2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL - 23

Vos DRoIts Vos DRoIts LE RÉVEIL

2- Participation aux frais de maintien à domicile :

- frais de télésurveillance, de portages de repas à domicile (sur la base de frais restant à la charge effective du ressor-tissant),

- adaptation de l’habitation des ressor-tissants âgés et/ou handicapés après obtention des différentes aides dans le cadre des dispositifs de droit com-mun (ANAH, Pact arim, Allocation personnalisée pour l’autonomie, aide service départemental, subventions des caisses de retraite, etc.),

3- Colis des ressortissants âgés héber-gés en établissement ou maintenus à domicile.

Ce n’est ni une obligation ni une prio-rité de l’action sociale des services dé-partementaux de l’ONACVG, sachant que le maximum de dépenses autori-sées pour ce faire ne peut excéder 5 % du budget social annuel (40 e maxi par colis).

Financement des budgets sociaux des services départe-mentauxIls sont financés par trois sources :- la subvention de l’État, votée chaque année par le Parlement lors de l’adop-tion de la loi de finances,

- les produits de la collecte du Bleuet de France : 58 % du produit annuel sont consacrés à l’action sociale,

- les autres ressources, subventions des collectivités territoriales, les dons et legs.

Ils reçoivent 80 % du total en début d’année. Au terme du 1er semestre, le bilan examiné permet (ou non) d’envi-sager une évolution de la dotation en fonction des disponibilités financières ; et le solde est mis en place début sep-tembre.

Les Commissions départemen- tales d’aide socialeElles doivent se réunir au moins quatre fois par an, à savoir (théoriquement) en janvier, mai, septembre et novembre. Dans les faits, le temps que soit déblo-quée la 1re tranche budgétaire, c’est plu-tôt fin janvier début février pour la 1ère.

Quant à novembre, c’est au plus tard le 15 du mois car, dans la pratique, au-delà du 18 novembre, le système est tel que les fonds non consommés sont récupé-rés par le budget.

Recours à l’encontre des décisions Les décisions de rejet ou d’octroi d’aide financière prononcée au plan départemental sont susceptibles de recours devant la commission concer-née du Conseil d’administration de l’ONACVG, laquelle se réunit deux fois par an.

La demande de recours est à remettre au service départemental de l’ONACVG concerné qui transmettra à la Commis-sion nationale. A l’issue de la réunion, le ressortissant plaignant est informé in-dividuellement de la décision rendue.S’il a obtenu satisfaction à son recours, le service départemental concerné ef-fectuera le paiement de l’aide accordée dans le mois suivant la réception de la décision de l’ONACVG national.

Dans un communiqué, l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), le Collectif des accidentés du travail, handicapés et retraités pour l’égalité des droits (CATRED) et le Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), tout en saluant la victoire politique que constitue l’abro-gation des lois de cristallisation avant le 1er janvier 2011, accusent le gouverne-ment de mettre en œuvre une nouvelle stratégie de spoliation.Outre le fait que cette décristallisation ne prévoit aucune compensation ré-trospective pour les armées de 1959 à 2010, les trois associations dénoncent l’absence de toute mesure officielle d’information auprès des bénéficiaires. En effet, le gouvernement s’est opposé aux amendements parlementaires pré-voyant l’information systématique in-dividuelle et a seulement annoncé de façon très vague qu’un décret fixerait des mesures d’information à venir !Les trois associations reprochent cette situation déjà connue lors des premiè-res décristallisation de janvier 2007, lesquelles avaient amené la cour des comptes à dénoncer un « manque pa-tent de l’information apportée aux anciens 

combattants cristallisés ». Selon les trois associations, deux ans après la premiè-re réforme (soit 2009) plus de 57 000 personnes percevaient toujours leur re-traite du combattant au taux cristallisé et environ 17 000 des 18 000 pension-nés militaires d’invalidité (soit 9 sur 10 !) étaient encore également à ce taux cristallisé. Le même processus semble à nouveau engagé, d’autant qu’aucun budget n’est prévu pour informer les in-téressés et que, Révision générale des politiques publiques (RGPP) oblige, le service chargé de ces dossiers subit une diminution de ses personnels.Les trois associations, spécifiant que l’administration verse déjà aux intéres-sés leur pension et retraite (à un niveau amputé du fait de la cristallisation), de-mandent l’application automatique de la revalorisation des pensions et retraites au même niveau de taux que les Français et la mise en place d’un mécanisme de réparation pour la discrimination opé-rée pendant un demi-siècle. L’ARAC soutient leur démarche et demande que, pour le moins, une information simple et systématique soit adressée aux inté-ressés concernés afin de leur permettre de faire valoir leurs droits.

Décristallisationtrois associations crient à la spoliations’exprimant sur la décristallisation des pensions des anciens militaires et fonctionnaires de l’ex-empire colonial français, trois associations dénon-cent une nouvelle stratégie de spoliation par le gouvernement français.

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LE RÉVEIL Vos DRoItsVos DRoIts

Deux lois (1975 et 1991), bien que votées, n’ont jamais été appliquées. La troisième, celle de 2005, exige qu’au moins trois cri-tères soient respectés dans les bâtiments neufs : l’accès, la circulation et la possibi-lité d’aménager le logement dans le fu-tur. Est-ce trop demander que le respect de ces trois obligations légales ?Oui, répond le sénateur UMP Paul Blanc, lequel a fait adopter par le Par-lement un texte de loi permettant aux constructeurs de bâtiment neuf de ne pas appliquer systématiquement les mesures d’accessibilité aux handicapés, si… « le maître d’ouvrage apporte la preuve de l’impossibilité technique de les remplir pleinement ». Mais quelle impossibilité technique peut-il y avoir quant à rendre accessible un bâtiment… qui n’est pas encore construit ?Elle a bonne mine, Roselyne Bachelot, ministre de la Solidarité, d’affirmer de-vant la Conférence nationale du handi-cap 2011, qu’en matière d’accessibilité : « les efforts à fournir sont encore importants, mais notre détermination est intacte ! » Et ils étaient tous là pour l’applaudir : Va-

lérie Pécresse, Luc Chatel, Xavier Ber-trand, Nadine Morano, tous ministres, et même le Président Nicolas Sarkozy. Tous, sauf le sénateur UMP Paul Blanc, sans doute trop occupé à faire adopter « sa » loi démolisseuse. Ainsi, à un moment où l’Association des Paralysés de France réclame, pour le bien-vivre au quotidien des handica-pés, mais aussi des personnes âgées, des blessés temporaires, des enfants…, que soient ajoutés aux obligations légales la présence d’une douche à l’italienne (sans bac), de toilettes suffisamment grands pour permettre la rotation d’un fauteuil roulant et d’un évier évidé dans la cuisine… la majorité sarkozyste leur enjoint de ne pas demander « la lune » et de se contenter de promesses jamais respectées.Or, disait un ancien président national de l’ARAC : « Au pays des promesses, on crève de faim ». Les anciens combattants et les victimes de guerre en savent quelque chose, face aux engagements de 2007 reniés par leur auteur… Nicolas Sarkozy. Ils sauront le faire valoir, en 2012.

l’accessibilité pour les handicapésun scandale de plus !Des lois existent qui prévoient que, pour chaque construction neuve, des règles d’accessibilité soient respectées pour les handicapés. Non seulement elles ne sont guère respectées, mais voilà que l’uMP, au sénat, « ouvre une porte » aux bâtisseurs pour y déroger !

• Les veuves âgées de 75 ans au moins, et dont l’époux décédé était titulaire de la carte du combattant, ont droit à une demi-part supplémentaire leur procu-rant un avantage fiscal plafonné à 2 301 euros.• Les veuves ayant élevé seules un ou plusieurs enfants pendant au moins cinq années bénéficient également d’une demi-part non dégressive, avec un avantage fiscal plafonné à 897 euros sur les revenus, et ce quelle que soit la date du décès de leur époux.La même règle s’applique pour « en-fant rattaché » de moins de 21 ans ou de

moins de 25 ans (poursuite des études) ou handicapé quel que soit son âge.• Les veuves dont le mari est décédé en 2008 ou avant cette date bénéficient encore provisoirement de la demi-part ; mais celle-ci ne procure plus qu’un avantage fiscal dégressif plafonné à : 680 euros sur les revenus 2010, 400 euros sur ceux de 2011, 120 euros sur ceux 2012 et 0 euro à partir de 2013.• Enfin, les veuves ayant perdu leur mari en 2009, 2010 et 2011 ne bénéficient plus de la demi-part d’impôt accordée aux conjointes survivantes ayant élevé au moins un enfant.

veuves d’anciens combattants et demi-part d’impôt

Ce qui a changé au 1er juillet 2011 Retraite : entrée en vigueur de la réforme de 2010 L’âge légal va progressivement passer de 60 à 62 ans, à raison de 4 mois supplé-mentaires chaque année. Les premières personnes concernées sont celles nées après le 1er juillet 1951.L’âge du taux plein est progressivement relevé de 65 à 67 ans de 2016 à 2023. Les personnes justifiant d’un taux d’in-capacité permanente au moins égal à 20 % continuent à pouvoir partir à 60 ans, ainsi que celles justifiant d’un taux d’incapacité permanente compris entre 10 et 20 % après avis d’une commission pluridisciplinaire.Transports Les forfaits Pass Navigo de la RATP aug-mentent de 2,7 % sauf la zone 5. La zone 6 est supprimée et fusionnée avec la 5, ce qui fera baisser de 11 % le prix payé par ses usagers, ramené de 123,60 e à 109,90 e pour un forfait mensuel.Dans le détail, l’abonnement mensuel des zones : 1 et 2 passe à 62 e (+ 2,6 %), 1 à 3 passe à 80,30e (+ 2,7 %), 1 à 4 à 98,10 e (+ 2,7 %). Le ticket à l’unité de-meure à 1,70 e. Le ticket de bus passe à 1,90 e (+ 5,5 %) tandis que le carnet de 10 tickets passe à 12,50 e (+ 4,2 %). Les ta-rifs des trains inter cités et TER augmen-tent en seconde classe avec des hausses comprises entre 10 centimes et 2,70 e en fonction des destinations. Le prix des cartes de réduction reste inchangé.Énergie, électricitéLa facture des ménages augmente de 2,9 % au 1er juillet, celle des industries et des grandes entreprises de 4,4 % à 4,9 %. Gaz : pas de hausse de tarif.Consommation, La PosteLe prix du timbre pour les envois de lettres de moins de 20 g augmente de 2 centimes : 0,58 à 0,60 e.SMICPas d’augmentation automatique du SMIC. Elle pourrait intervenir, la reva-lorisation du salaire minimal étant auto-matique, dès que la hausse des prix aura atteint 2 % depuis sa dernière revalorisa-tion, à savoir le 1er janvier.

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Léo Figuères, lors du 54e congrès de l’ARAC de Gennevilliers, avec Raphael Vahé, président de l’ARAC et Patrick Staat, directeur du Réveil des Combattants

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« Sécurité sociale, nationalisation, droit au travail, la liste est longue de ce qui constitue aujourd’hui un véritable recul de la société (…) Nos enfants, nos pe-tits-enfants vont-ils vivre plus mal que les générations qui les ont précédées et qui se sont battues pour une société démocratique et solidaire. C’est un en-jeu majeur des combats d’aujourd’hui (…) Dans les heures les plus sombres de notre histoire, des hommes et des femmes se sont levés pour défendre les valeurs et acquis républicains, la liberté, la dignité humaine, le respect de chacun, le droit de vivre dignement (…) Nous sommes les héritiers de 1789, des grandes avancées de la Révolution française, des espoirs et des utopies

de la Commune de Paris (…) Toute cette histoire, toutes ces luttes, toutes ces actions pour construire jour après jour le pays d’aujourd’hui, doivent être connues (…) Oui l’histoire de France, l’histoire de notre pays est un combat permanent. C’est le combat de l’émanci-pation humaine (…) Tous ces appels à la Résistance de l’été 40 auront peu à peu la plus grande résonance et l’influence la plus déterminante. Ils seront la base de grandes convergences patriotiques qui constituera le ciment de l’union de la Résistance, de la mise en place du programme du CNR (...) Permettez-moi enfin pour finir d’avoir une pensée particulière pour Jacques Duclos (…) Il est bon de rappeler l’un de ses derniers

Infatigable combattant, figure de la résistance, militant des luttes antico-loniales, en particulier du Vietnam, il fut également dirigeant communiste, maire de Malakoff entre autres respon-sabilités .Adhérent de l’ARAC, homme de conviction et de courage, nous revien-drons dans notre prochain Réveil sur Léo Figuères. Un hommage lui a été rendu samedi 10 septembre, dans sa ville de Malakoff.

notre camaradeléo figuèresnous a quittés

l’importancedu travail de mémoireLors de la réunion, le 10 juillet 2011 à Montreuil, pour célébrer l’appel à l’action et au rassemblement contre l’occupant du 10 juillet 1940 à l’initiative de Jacques Duclos et Maurice thorez, Patrick staat est revenu sur l’importance de ces initiatives et du travail de mémoire. surtout à un moment où la volonté du gouvernement est de s’attaquer et de détruire tous les acquis du programme du CNR, de démanteler les services publics avec la RGPP.

messages : « Ce que mes yeux ne pourront peut-être pas voir, d’autres yeux le verront, et la lumière l’emportera sur les ténèbres, la vie sera plus forte que la mort » (…) C’est pour cela que le travail de mémoire est un travail d’aujourd’hui, d’actualité, d’éducation, une action qui permet de comprendre les enjeux, les combats, les responsabilités d’hier pour mieux construire notre avenir (…) Compren-dre les enjeux d’hier, c’est avoir plus de lucidité pour s’engager dans les com-bats d’aujourd’hui. »

Huguette Rapineau, porte drapeau de la section de l’ARAC de Montreuil

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

Il avait 20 ans lorsqu’il est mobilisé en 1914. Il sortit indemne de l’enfer de Verdun, mais sera grièvement blessé durant l’été 1916, sur le front de la Somme. Un éclat d’obus lui arracha le nez, un œil et priva quasiment l’autre de la vue. Réformé à 100 % après avoir subi plus de vingt opérations, il adhéra à l’ARAC dans le 10e arrondissement de Paris en 1919, le même jour que son frère, Jacques Duclos, qui venait juste d’être démobilisé.Jean va alors consacrer toute sa vie, en dépit de son très lourd handicap, à l’ARAC, à la défense des droits des ACVG et à la lutte pour la paix.Officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre, Médaille militaire, il est élu député du Front populaire de la Seine-et-Oise. Secrétaire général de l’ARAC de 1934 à 1950, y compris donc durant la clandestinité, il est arrêté dès 1939 avec Félix Brun (président national de l’ARAC depuis le décès de Paul Vaillant-Couturier) et Auguste Touchard, puis emprisonné à la prison de la Santé en avril 1940 et mis au régime des droits communs comme un vulgaire malfai-teur. Condamné à 4 ans de prison, il sera interné à l’ile d’Yeu.Le 17 septembre 1944, quelques jours après la Libération de Paris, l’ARAC, sortie de la clandestinité durant laquelle ses membres combattirent l’occupant nazi et payèrent un lourd tribut de sang, réunit les membres survivants de son Comité central sous la présidence de Félix Brun, grand invalide de 14-18 (am-puté des deux jambes) pour définir les grandes lignes de l’action revendicative, que Jean Duclos (secrétaire général) exposera publiquement lors de la réu-nion d’information des responsables de

Jean duClOsl’une des grandes figures de l’araC

L’année 2011 marque le 55e anniversaire de la disparition de Jean Duclos à 62 ans, le 26 juin 1956, à Louey dans les Hautes-Pyrénées.

l’ARAC le 19 novembre suivant.Et, durant les douze années qui suivi-rent, Jean Duclos allait poursuivre son combat, s’attachant tout particulière-ment, lui l’aveugle, à l’information des

ACVG en assurant la responsabilité mi-litante de directeur du Réveil des Com-battants jusqu’à sa mort.Chapeau bas M. Jean Duclos, camarade Jean Duclos.

La grande salle des mariages de la mairie d’Evry, mise à disposition par le député-maire Manuel Valls et son conseil municipal, a reçu les participants à la conférence-débat consacrée, à l’initiative de l’ARAC Essonne sous l’égide de l’UDAC, au Conseil national de la Résistance, son programme et son actualité aujourd’hui encore. Après un détour par la Résistance en Seine-et-Oise Sud (l’Essonne n’existait pas encore) avec Jean Lescure (UF), André Fillère (ARAC) et Jacques Varin (ANACR) mirent l’accent sur les conditions de la création du CNR, de l’élaboration de son programme et de son application pour la renaissance de la France. Ces deux exposés, complétés par une projection de documents d’époque réalisée par Martine Garcin (Association

des amis essonniens du musée de la Résistance nationale) permirent ensuite un échange de vues quant à la situation présente et l’indispensable nécessité d’en changer.Cette initiative du 24 mai fut prolongée le 27, à la date anniversaire de la création du CNR dans Paris occupé en 1943, par une manifestation en préfecture au cours de laquelle fut affirmée la revendication de faire du 27 mai une journée annuelle de commémoration de la Résistance. M. Da Silva, conseiller général délégué aux Anciens Combattants, y associa le Conseil général dans une intervention suivie d’un dépôt de gerbe. Puis une délégation de l’UDAC fut reçue en préfecture où elle remit une motion en ce sens.

le Conseil national de la résistance célébré en essonne

JuILLEt-Août 2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL - 27

VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Ce fut un grand succès pour la vente de l’artisanat vietnamien mais surtout pour la richesse et la diversité des dis-cussions avec les centaines de festiva-liers croisés durant ces 15 jours. Une surprise pour nous, celle de constater la méconnaissance de ce qu’ont été les ravages tant humains qu’environne-mentaux pendant la guerre américaine au Vietnam avec le déversement de mil-lions d’hectolitres d’agent orange. On ne sait pas. On veut savoir…Quelle est la responsabilité des fabri-cants, tel Mosanto et qui a décidé de

l’utilisation des produits chimiques pendant la guerre américaine ? L’agent orange est-il aussi toxique ? Les Viet-namiens sont-ils indemnisés pour les préjudices subis ? Foisonnement de questions, marque d’intérêt et mani-festations de solidarité concrète avec de nombreux dons.Le témoignage de cette militante écolo-giste de Haute-Savoie qui nous a expli-qué les dégâts du traitement des ordu-res ménagères dans son propre village avec comme conséquences probables, des cancers dus à la dioxine.Nous avons la certitude que nos explica-tions ont porté leurs fruits chez chacun de nos interlocuteurs. Jamais en si peu de temps, nous avons été soumis à ce flot de questions, et à l’intérêt que ce su-jet sensible a ouvert. Ceci nous a montré la voie dans laquelle nous devons persé-vérer : participer, le plus possible, dans les fêtes culturelles, populaires.Un grand merci au directeur du cinéma Utopia qui nous a permis ses rencon-tres en nous ouvrant ses locaux.

Début juillet, à l’initiative du Mouve-ment de la Paix, des jeunes de plus de 15 pays pour la culture de Paix se sont rencontrés, sous l’égide de l’ONU et de l’Union européenne. Jean Salaud et

Daniel Berthelot du Bureau National de l’ARAC étaient présents. Une exigence de ces jeunes : tout être humain a le droit à la paix.

ravivage de la flammeLe 14 juillet, la Flamme a été ravivée par le président de la Fédération des grands invalides de guerre, Jean-Claude Gouël-lain, en présence de hautes personnali-tés civiles et militaires, parmi lesquelles on notait Hubert Derache, directeur de cabinet du secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants, Rémy En-frun, directeur de l’ONAC, Catherine Vieu-Charrier, adjointe au maire de Paris, Raphaël Vahé, président national de l’ARAC.Le moment de recueillement a été aussi dédié aux soldats français récemment tués en Afghanistan.Cette Fédération va passer le relais, par un récent décret du ministre de l’Intérieur, à la Fondation des mutilés et invalides de guerre.

Festivaliers d’AvignonMieux connaître les ravages de l’agent orangePour la 2è année, rencontre entre le comité pour le Village de l’Amitié d’Entraigues et les festivaliers d’Avignon.

l’aCvgi commémore la fin de la guerre d’indochine

Le 20 juillet, les présidences de l’ACVGI, de l’ARAC et de la Mutu-elle ont commémoré les accords de Genève marquant la fin de la guerre d’Indochine. Michel Bassot, prési-dent de l’ACVGI, a ravivé la Flamme à l’Étoile et déposé une gerbe au Mémo-rial des guerres de Fréjus.Nièvre I rencontres internationales

pour la culture de paix

LE RÉVEIL - N°774 - JuILLEt-Août 201128 -

LE RÉVEIL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

En l’espace de dix jours, l’ARAC et sa mutuelle ont été frappées par la dispari-tion brutale de trois de leurs dirigeants. Le Réveil s’associe à la douleur des fa-milles endeuillées et les assure, en son nom comme en celui de l’ARAC et de sa mutuelle, de sa profonde sympathie et de son soutien. Hommage a été rendu à chacun d’eux par les directions natio-nales de l’ARAC et de sa Mutuelle pré-sentes à leurs obsèques.

Léon BorlantAncien combattant 1940, prisonnier et rapatrié en 1941, il entra dans la Résis-tance en 1942, participa aux combats pour la libération de Paris au cours des-quels il fut blessé. Engagé dans la « co-lonne Fabien », il combattra jusqu’au 8 mai 1945 avec le 151e régiment d’infan-terie. Il était l’un des derniers témoins

de l’épopée des gars du colonel Fabien. Membre de l’ARAC depuis 1970 et de sa Mutuelle depuis 1973, il a assumé la responsabilité de trésorier général de celle-ci durant deux décennies. Diri-geant national, départemental et local de l’ARAC, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, il s’est éteint à l’âge de 94 ans.

Gérard HenryAncien combattant en Algérie, il en était revenu avec la haine de la guerre et la volonté d’agir pour la coopération et l’amitié entre les peuples. Technicien au CNRS, militant CGT, PCF et au sein du mouvement ACVG (UDAC), mem-bre de l’ARAC depuis 1973 à Gif-sur-Yvette. Il était vice-président de l’ARAC de l’Essonne, membre de la direction nationale de l’association Passeur de mémoire. D’une présence constante

l’araC et sa mutuelleen deuil

et d’un dévouement à toute épreuve, il s’était particulièrement attaché au développement de la solidarité avec le peuple vietnamien, qu’il animait avec le Comité français pour le Village de l’Amitié. Mutualiste de l’ARAC, il avait 73 ans.

Claude OzenneAncien combattant en Algérie (15è ba-taillon de travailleurs algériens), il allait, dès son retour, faire carrière chez Nor-mandie Total, où il mena, des décen-nies durant, la lutte avec la CGT chez les actifs puis les retraités. Spécialiste des droits syndicaux, mutuelle des pétro-les, retraites complémentaires AGRR, etc., militant politique, il s’employait également à une solidarité active avec les travailleurs algériens. Membre du Bureau national de l’ARAC, président de l’ARAC de Seine-Maritime, secrétai-re général de l’ARAC du Havre, il était membre de l’association depuis 1966 et administrateur de sa mutuelle depuis 1994. Il avait 73 ans.

nOs peines Août 2011Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

bOuChes-du-rhÔne (13)Fos-sur-Mer : Aimé OR-LANDI, 74 ans, AC ATM.La Ciotat : Gilbert CHEVA-LIER, AC 39-45.Saint-Marcel : Abderraha-mane BENCHOUDAR, 87 ans, AC ATM.

CÔtes-d’arMOr (22)Saint-Nicolas-de-Pelem : Edouard SANGAN, 97 ans, AC 39-45.

drÔMe (26)Valence : Mme Alice CHA-BANIS, 88 ans, Résistante. René LAFOND, 89 ans, AC 39-45, président de la section, vice-président départemental.

eure-et-lOir (28)Chartres : Robert BOR-GUET, 101 ans, AC 39-45.

Châteaudun : Georges SCHUBERT, 95 ans, AC 3945.

finistere (29)Brest : Jean QUERE, AC 39-45. Mme Marie SALOU, Résistante, dépor-tée. Marcel SIMON, AC Indochine.

gard (30)Manduel : Mme Andrée MARTI, 82 ans.

girOnde (33)Cavignac : Pierre GOU-JON, Président de la section, Réfractaire STO, Maquisard.

herault (34)Balaruc-les-Bains : René DEIXONNE, 74 ans, AC ATM.

isere (38)Bourgoin-Jallieu : Albert LABRUNE, 89 ans, AC 39-45, FTPF.

lOire-atlantique (44)orvault : Serge BRETON-NIERE, 77 ans, AC ATM, président de la section.

lOt-et-garOnne (47)agen : Raymond CAMPIS-TRON, 89 ans, Résistant.Fourques-sur-Garonne : Mme Simone FAURE, 88 ans, amie. Yves MARTIN, 86 ans, ami.

puY-de-dÔMe (63)aubière : Albert FOUR-RIER, AC 39-45.Clermont-Ferrand : Sauveur CUSUMANO, AC ATM. Louis DENE-FLE, AC ATM. René Jean LABROSSE, AC ATM.

pYrenees-Orientales (66)Perpignan : Henri GUEL-MACHE, 71 ans, AC ATM.

rhÔne (69)lyon 7e : Fleury CHATE-LARD, 88 ans, AC 39-45.

saOne-et-lOire (71)Chagny : Bernard MI-CHOT, AC ATM.

savOie (73)aix-les-Bains : Angel GRUPPO, 97 ans, Résis-tant, Chef de bataillon FFI.

paris (75)3e : Bernard GUILLARD, 74 ans, AC ATM.13e : Marcel GAVAT, 70 ans. 19e : Maurice CARLUS, AC 39-45. André MICHAUD, AC 39-45

RatP : Michel POIREAU, AC 39-45isolés : Pierre GRIMAUD, AC 39-45.

var (83)Gonfaron : Gabriel FRAN-ZONI, 71 ans, AC ATM, président d’honneur de la section, Croix de la Valeur Militaire.

val-de-Marne (94)Joinville-le-Pont : René DOLBEAU, 87 ans, AC 39-45, ancien président de la section.

INDIVIDuEL CoLLECtIVItÉs (lycées, collèges, centres de documentation, bibliothèques…)

10 numéros - au prix de 28,00 e par an

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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VIE DE L’ARAC VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

JuILLEt-Août 2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL - 29

Ces questions dépassent de loin le simple cadre bilatéral conflictuel Cuba États-Unis et concernent la commu-nauté internationale, dont la France… De plus le blocus mis en place dès 1961 par l’administration nord-américaine est l’élément constitutif principal de ce que l’on peut appeler un terrorisme économique.A l’inverse, pour avoir tenté de re-cueillir des informations à Miami sur les organisateurs des attentats contre Cuba, cinq agents cubains, Gerardo Hernandez, Ramon Labanino, Antonio Guerrero, Fernando Gonzalez et René

Gonzale Llort ont été arrêtés et sont incarcérés depuis bientôt 13 ans aux États-Unis. Treize ans de violation non seulement du droit nord-américain (5e et 6e amendements de la Constitution états-unienne) mais aussi du droit in-ternational (règles du procès équitable) comme dénoncées, par leur défense, par le Comité des droits de l’homme des Nations unies, par Amnesty Internatio-nal et par de nombreuses organisations de juristes dans le monde. Les analyses des avocats présents à notre colloque ont conclu que le refus de la justice des États-Unis de garantir aux Cubains un

procès juste et impartial est otage de la politique nord-américaine à l’égard de Cuba.Le terrorisme est, selon la Résolution 1373 du Conseil de sécurité des Nations unies, une menace à la paix et à la sé-curité internationale et cette année est celle du bilan de la mise en œuvre de la stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU. La France est membre du Co-mité de lutte contre le terrorisme, mis en place par la Résolution 1373.Le terrorisme doit être combattu par toute la communauté internationale et il incombe aux États qui ont le plus de moyens, une responsabilité spécifi-que. Dans cet esprit, nous nous adres-sons aux parlementaires français afin qu’ils abordent, avec leurs homologues d’autres pays et en particulier des États-Unis, la question du terrorisme contre Cuba et du procès injuste et partial contre les cinq Cubains agents antiter-roristes. Nous leur demandons égale-ment d’intervenir pour que la France porte ces questions devant le Comité de lutte contre le terrorisme.Raphaël Vahé, président national de l’ARAC, a participé à ce colloque.

Colloquepour les cinq de CubaLe colloque « Les cinq prisonniers cubains aux États-unis, le terrorisme et le droit international » a réuni, le samedi 4 juin 2011 à l’Assemblée nationale, des avocats, des juristes français et européens ainsi que des parlementaires et diverses associations, afin d’étudier les dimensions juridiques et géopolitiques de l’affaire des « cinq Cubains » et des actes de terrorisme organisés depuis plusieurs décennies contre Cuba à partir du territoire des États-unis.

LE RÉVEIL - N°774-775 - JuILLEt-Août 201130 -

LE RÉVEIL MAGAzINEMAGAzINE

Pierre Louty et les éditions de la Veytizou ont voulu donner la parole à la Résistance, aux maquis et aux ombres tragiques de cette terrible période. D’où la trilogie évoquée ci-dessous.

au cœur du maquisau cœur du maquisCe tome II se veut encyclopédie de la Résistance en Allier, Cantal, Charente et Charente-Maritime, Cher, Corrèze, Creuse, Dordogne, Gironde, Indre, Lot, Puy-de-Dôme, Haute-Vienne. Y apparaissent le commandant « Soleil » et ses hommes (dont Amigo et Routat, gardes du corps de René Cousteillier, Brandely, etc), le colonel Bernard, Georges Guingouin et tant d’autres, paysans, ouvriers, artisans, commerçants, fonctionnaires… dont certains subiront encore la haine des ex-col-labos après la Libération.

C’était le maquisC’était le maquisA travers vingt-quatre récits, ce tome I évoque les débuts de la Résistance sous l’occupation, les premiers tracts appelant à la Résistance, les filles et les garçons audacieux qui allaient braver l’occupant et écrire en lettres de sang, sur notre sol, l’épopée des maquis dans le Limousin, la Haute-Vienne, en Charente, Charente-Maritime, Auvergne, Périgord, Poitou, Quercy, Montagne Noire, Gironde, toute une épopée racontée et illustrée à travers les hommes et les femmes de la Résis-tance.

histoires tragiques du maquishistoires tragiques du maquisC’est un long martyrologue que présente ce 3e volume à travers le calvaire de résis-tants du pont Lasveyras au bois Combert, du Petit Parry à la forêt d’Aulnay, à ceux de Lanobre, Sarlando, Grammont et du Sidobre, aux pendus de Tulle, aux martyrs d’Oradour, aux massacrés du Lot et de Combeauvert, terrible calvaire de ceux qui, par-delà les sanglantes représailles, allaient refuser la terreur de l’occupation. Ces Francs-tireurs vont se redresser, se rebiffer, entrer dans l’action de Montluçon à Mazamet, de Beaulieu-sur-Dordogne à la forêt de Rochechouart, de la ferme aux Loups de Sainte-Pezenne aux portes de La Souterraine. Certains n’avaient pas encore 20 ans et d’autres deux ou trois fois plus. Ils chantaient La Marseillaise ou l’Internationale en tombant ; d’autres priaient ou se taisaient. Mais tous avaient au cœur la certitude de la victoire finale sur le nazisme. Leurs sacrifices ne seront pas vains et ils méritent que ce livre les honore et que leur mémoire continue de nous guider.

au cœur du Maquis , 704 pages, 49,95 euros

C’était le Maquis, 352 pages, 29,50 euros

Histoires tragiques du Maquis, 970 pages, 59,50 euros

a commander aux editions de la Veytizou, 87130 Neuvic-entier.

la résistance au centre de la france

JuILLEt-Août 2011 - N°774-775 - LE RÉVEIL - 31

DossIER LE RÉVEILMAGAzINE MAGAzINE LE RÉVEIL

le complot le complot de l’ordre noirde l’ordre noirPhilippe Pivion, Éditions du Cherche Midi, 19,50 euros

Le premier livre de Philippe Pivion, La mort  est  sans  scrupule, nous tenait en haleine sur trois guerres : 14/18, 1939/1945 et la guerre d’Algérie. Les personnages de ce deuxième livre vi-vent seulement l’année 1934. Cette an-née-là commence avec l’affaire Stavisky et est particulièrement marquée par la montée du fascisme. 6 février 1934, le jour où l’ARAC a dû combattre sur le pavé les activités de l’Action française et des Croix-de-Feu du colonel de La Rocque.Le complot de l’ordre noir, c’est celui qui coûta la vie au ministre Barthou, ouvrant la voie à tous les abandons qui plaçaient la France sur la pente fatale menant jusqu’au désastre de l’invasion nazie et de la collaboration pétainiste.Philippe Pivion a le secret pour faire de ces événements un récit haletant comme le meilleur des romans poli-ciers. On découvre aussi Louis Barthou comme un héros pacifiste qui paie de sa vie ses efforts contre la guerre. On com-prend mieux pourquoi l’Histoire offi-cielle l’a jeté dans les caves de l’oubli, son courage rendant encore plus odieux le défaitisme et les trahisons des Dala-dier, des Mauras, des Weygand et des François Poncet. Et la balle qui a tué Barthou provenait des armes de la po-lice française…Le livre de Philippe Pivion est une œu-vre romanesque. Mais le 93 de Victor Hugo était aussi une œuvre romanes-que et qui mieux que Victor Hugo nous a fait connaître et vivre la chouannerie et les luttes des Bleus républicains ?Un livre à lire pour le plaisir et aussi pour la connaissance de cette année 1934, à la fois glorieuse pour les com-battants antifascistes et si terriblement efficace pour la montée du fascisme et de la guerre.

Georges Doussin

Le premier livre de Philippe Pivion. Dans ce roman, qui peut être qualifié d’historique, se tricotent quatre pé-riodes essentielles, quatre moments tragiques de l’histoire du 20e siècle : la première guerre mondiale(1914-1918), la crise de 1929 nourrissant la montée du fascisme, l’invasion nazie de 1940 et l’État pétainiste, la Libération et la victoire du 8 mai 1945.Pris par les pages « historiques », décri-vant la situation tragique des combats de 14-18, me revenaient en mémoire les pages du Feu de Barbusse. Mais je pensais aussi au Week-End à Zuyd-cote de Robert Merle en lisant les pages consacrées à juin 1940. Et le lecteur vit toutes les souffrances des combattants trahis par les responsables de « la drôle de guerre ». Il vit aussi, le sort dramati-que des juifs traqués et massacrés.Les héros de Philippe Pivion s’agitent dans le tunnel des événements tragi-ques, bousculés par les drames des guerres militaires et civiles, mais ils ont la liberté d’obéir à la fatalité ou de défendre leur « cheval d’orgueil », ce cheval breton qui reste la propriété de chacun, même lorsque rien ne lui ap-partient plus.Les couleurs des pages de La mort est sans scrupule sont souvent grises ou noires. Mais il est vrai que la période

dans laquelle vivent les personnages ne prête guère aux couleurs tendres de l’aurore.Dans la nuit des bombardements, des exodes, des camps de concentrations et des prisons, luisent, de temps en temps, les lueurs entretenues par ceux qui luttent encore et ne désespèrent jamais. Ce sont ces lumières qui don-nent encore l’espérance de vie et de li-berté. C’était vrai hier. C’est encore vrai aujourd’hui.

G. D.

la mort est sans scrupulela mort est sans scrupulePhilippe Pivion, Éditions du losange, 20 e