Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf ·...

9
o lanriec.com mai 2011 - page 1 YVES BERTHOU, UNE LONGUE VIE SUR LES OCÉANS lanriec.com Le journal de la rive gauche de Concarneau Numéro 3 - mai 2011 LE MANOIR OUBLIÉ DE PEN-AR-C’HOAT UN CERTAIN 19 AVRIL Jean-Paul Ollivier LE DESTIN MOUVEMENTÉ D’UN PRESBYTÈRE ,, Michel Guéguen Yvon Le Floc’h Hervé GLOUX aquarelle KERBLAISE, LE LAVOIR DU BOURG ,, « Lanriec.com » nous fait vivre et redécouvrir l’histoire locale et met à l’honneur de nombreux sites de notre patrimoine. La Lanriec rurale abordée dans le numéro précédent, avec les battages et la fête du cidre à la ferme du Moros, fait place aujourd’hui, sous la plume d’Yvon Le Floc’h, à la Lanriec maritime, à travers la vie d’un marin dans laquelle se reconnaîtront certainement de nombreux Lanriécois. Vie dure, à mille facettes, qui n’est pas sans rappeler celle du héros de « Pêcheur d’Islande » de Pierre Loti. Michel Gueguen, quant à lui, nous fait traverser 1000 ans d’histoire autour de Pen-ar-C’hoat : à ne pas manquer ! Histoire beaucoup plus récente, Jean-Paul Ollivier nous fait découvrir avec beaucoup de saveur la naissance de sa passion. Avec son journal d’histoire, Le comité des fêtes de Lanriec reste néanmoins tourné vers l’actualité. Le salon « Art et Passions de Lanriec » aura pour thème « La terre et l’eau » et se tiendra à la ferme du Moros le 11 septembre 2011 pour le grand public, et les 12 et 13 pour les établissements scolaires. En partenariat avec l’Espace des sciences de Rennes, plusieurs associations lanriécoises et de nombreux artistes ou artisans, nous recherchons d’autres personnes exerçant leur art à partir de la terre ou du bois. Nous vous souhaitons une bonne lecture Michel Talandier – Comité des fêtes de Lanriec D’hier à aujourd’hui, Histoire, souvenirs, images de la commune de Lanriec

Transcript of Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf ·...

Page 1: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

eed

Février

o

lanriec.com mai 2011 - page 1

YVES BERTHOU, UNE LONGUE VIE SUR LES OCÉANS

lanriec.com Le journal de la rive gauche de Concarneau

Numéro 3 - mai 2011

LE MANOIR OUBLIÉ DE PEN-AR-C’HOAT

UN CERTAIN 19 AVRIL Jean-Paul Ollivier

LE DESTIN MOUVEMENTÉ D’UN PRESBYTÈRE

,,

Michel GuéguenYvon Le Floc’h

Hervé GLOUX aquarelle

KERBLAISE, LE LAVOIR DU BOURG

,,

« Lanriec.com » nous fait vivre et redécouvrir l’histoire locale et met à l’honneur de nombreux sites de notre patrimoine.La Lanriec rurale abordée dans le numéro précédent, avec les battages et la fête du cidre à la ferme du Moros, fait place aujourd’hui, sous la plume d’Yvon Le Floc’h, à la Lanriec maritime, à travers la vie d’un marin dans laquelle se reconnaîtront certainement de nombreux Lanriécois. Vie dure, à mille facettes, qui n’est pas sans rappeler celle du héros de « Pêcheur d’Islande » de Pierre Loti.Michel Gueguen, quant à lui, nous fait traverser 1000 ans d’histoire autour de Pen-ar-C’hoat : à ne pas manquer !Histoire beaucoup plus récente, Jean-Paul Ollivier nous fait découvrir avec beaucoup de saveur la naissance de sa passion.Avec son journal d’histoire, Le comité des fêtes de Lanriec reste néanmoins tourné vers l’actualité. Le salon « Art et Passions de Lanriec » aura pour thème « La terre et l’eau » et se tiendra à la ferme du Moros le 11 septembre 2011 pour le grand public, et les 12 et 13 pour les établissements scolaires. En partenariat avec l’Espace des sciences de Rennes, plusieurs associations lanriécoises et de nombreux artistes ou artisans, nous recherchons d’autres personnes exerçant leur art à partir de la terre ou du bois.Nous vous souhaitons une bonne lecture Michel Talandier – Comité des fêtes de Lanriec

D’hier à aujourd’hui, Histoire, souvenirs, images de la commune de Lanriec

Page 2: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

L’histoire d’Yves commence par ce récit que lui conte son père, patron de l'Evit ar Vro. La tempête d'équinoxe du 20 sep-tembre 1930, subie par Alain Berthou comme tant d'autres pêcheurs de thons, a marqué ses souvenirs d’enfant.Une terrible tempête À la grande époque des thoniers dundee à voiles, le port armait 170 ba-teaux pour une saison qui allait d'avril en septembre. Commencée au large des côtes espagnoles et dans le golfe de Gascogne, la pêche du germon, à l'aide de deux tangons, s'achevait au sud de l'Irlande, dans les parages de la Grande Sole en suivant les mattes de thons dans leur migration vers les eaux plus froides du nord. Les élé-gants dundee (connotation de dandy ?) avec leur longue voûte arrière of-fraient l'avantage d'un coût moindre à la construction, ce système permettait d'allonger le bateau à la flottaison et de s'appuyer sur la vague. Hélas, cette architecture s'avéra catastrophique dans les éléments déchaînés, l'eau n'avait pas atteint la coque que la dé-ferlante se brisait déjà sur le couron-nement arrière en porte-à-faux. Dans ces conditions, afin que l'eau s'évacue plus rapidement et ainsi éviter que

la cale soit envahie, Alain Berthou le patron, ordonne la destruction à la hache du pavois, partie supérieure des bordées qui protège le pont et évite les chutes. Il décide que chaque mate-lot se ceinture avec un bout. Projeté à la mer par deux fois, ainsi que l'un de ses matelots, ils seront ramenés à bord. L'Evit ar Vro rentrera à Groix puis à son port d'attache au Passage. Durant cette tempête d'équi-noxe, les pertes et les dégâts furent énormes. Sur le Pierre-Marguerite, se souvient Albert Nivez de Douric, aujourd'hui décédé, Pierre Drougla-zet, matelot du Passage, et Charles

Pavois fracturé, le thonier est revenu à bon port dans un triste état !

Jaouen de Douric sont portés dispa-rus. Beaucoup d'autres manquent à l'appel." Quatre unités du quartier de Concar-neau, le "Tante Titine", patron, Théo-phile Le Rose avec ses 7 hommes, le"Pelloch Atao", le « Bocenno" et le "Georges Raymond" ainsi que neuf à Etel, six à Groix, cinq à Port Louis, et deux à Douarnenez. Au total 27 thoniers ont disparu laissant 207 morts, 127 veuves et 191 orphelins. Concarneau, Riec, Nevez, Trégunc et lanriec ont perdu 46 hommes. » (Source Michel GUE-GUEN). Le 30 novembre 1930 une journée de deuil national en faveur des familles des pêcheurs du littoral breton et vendéen est décrétée, un timbre de soutien édité. Cette tragédie n’empêchera pas le jeune garçon (douze ans et demi pour sa première campagne pendant les vacances scolaires) d’entamer et de mener à bien toute une vie de marin riche en événements, de sa fuite en Angleterre pour rejoindre la France-libre, à la pêche à la morue jusqu’au Groenland avant de devenir patron pêcheur sur les chalutiers concarnois. Yves Berthou, en retraite, sera appelé à convoyer des unités neuves avant de poser définitivement son sac. Avec son canot devant chez Querrien, il rejoindra les pêcheurs-plaisanciers de l’« APP », association des pêcheurs du Passage. Yvon Le Floc’h

Mission accomplie pour Yves Berthou, il a posé son sac rue du Moulin à vent

Yves Berthou, la dure vie presqu’ordinaire d’un marin pêcheur

lanriec.com mai 2 011- page 2

Thoniers armés pour la pêche au germon devant l’usine Cassegrain dans l’arrière-port. Deux types de coques sont présentes. À l’arrière, des dundee à voûte. À la suite à la tempête de 1930, ils seront remplacés par les coques repensées avec l’arrière en canoë par Louis Krebs, ingénieur, propriétaire du chantier tout à côté de l’usine Cassegrain. La motorisation, difficile à s’imposer, ne débute à Concarneau qu’en 1935 simultanément aux chambres froides per-mettant une bonne conservation de la pêche.

Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son histoire et ses techniques, Hervé Gloux a accepté la reproduction de quelques peintures et dessins tout en apportant des infos complémentaires. À propos de la préparation d’avant départ en mai, « les tangons étaient com-posés de deux parties, une perche à laquelle était adjointe une partie en châtaignier plus souple et plus fragile. Elle devait être renou-velée chaque année et coupée l’hiver dans la campagne proche pour qu’elle reste souple. L’ensemble mesurait 25 m. La grande voile blanche, avant de devenir rapidement grise, était trop lourde pour subir la tannée. Cette opération qui s’effectuait au Passage, derrière l’Abri du marin, consistait à tremper la voile dans une mixture, le cachou, produite avec le tanin de l’écorce de chêne pour la rendre imputrescible et la protéger des moisissures. Elle prenait alors une cou-leur marron évoluant avec le temps en diffé-rents tons de bruns pastel. Après trempage, Elle séchait sur le champ du Rouz proche. En début de saison, les thoniers allaient cher-cher le poisson au large du cap Finisterre puis remontaient en suivant les mattes jusqu’en Ir-lande. La longueur des marées variait selon la saison. En juillet-août, le germon était capturé près des côtes bretonnes et les marées étaient plus courtes. Les bateaux arrivaient à faire jusqu’à 1 500 thons, plus rarement 2 000. La navigation se faisait au sextant pour la lati-tude mais beaucoup de pêcheurs naviguaient à vue de l’ensemble de la flottille, importante, puisque, de Camaret à l’Île d’Yeu, elle comp-tait plus de 500 thoniers. Avant l’invention des chambres froides par Albert et Louis Krebs, les thons, éviscérés, étaient suspendus à des tré-teaux à même le pont. La perte de la pêche pour cause d’orage était une catastrophe. ».

Hervé Gloux et son épouse Danielle ont aménagé avec bonheur leur maison rue Hoche au Passage.

Au temps des germoniers

lanriec.com mai 2 011- page 3

« Bateaux de pêche du Ponant »Hervé Gloux 1992

Page 3: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

À 18 Ans Yves Berthou, le jeune marin, après quatre campagnes au thon, embarque au commerce à la SNC, Société Navale Caennaise, sur des vraquiers, le Thésée puis l’Astrée. Ces navires transportent charbon et minerai entre l’Angleterre ou la Hollande. En fermant une lourde cale il a le bassin brisé et doit passer quelques mois à l’hôpital d’Honfleur. Retour à Nevez, et à la pêche. Il trouve quelques embarque-ments dont l’ancien langoustier le Cham-pelière. Nous sommes en 1939, la guerre vient d’éclater, c’est le STO, Service du Tra-vail Obligatoire qui attend le jeune homme. Yves cherche à quitter la France et trouve enfin un embarquement pour l’Angleterre. Commandé par le névézien Jean Sellin, le thonier à voile le conduit, avec six autres camarades, à Milford-Haven, port anglais bien protégé, situé à l’entrée du canal Saint-Georges entre l’Angleterre et l’Irlande. Après une série de vérifications par les autorités, il est dirigé vers une formation d’écoute des sous-marins. Le voilà embar-qué sur la corvette Aconit, commandée par le capitaine Levasseur. Le rôle, escorter les convois préparant le débarquement et repérer les sous-marins ennemis à partir d’échos précis. Son condisciple de Nevez y avait vécu l’un des événements marquant les hauts faits de l’escorteur. Le 6 juin, jour du débarquement en Normandie, l’Aconit escorte l’armada « On est parti de Torquay on n’a pas débarqué, ce n’était pas notre rôle. J’ai vu beaucoup de feux d’artifice depuis, mais c’est celui dont je m’en souviens le plus ! Des obus qui ont sifflé près de nos oreilles. On était à Utah Beach, près de l’Île Saint-Marcouf. à toucher la côte ».

La Thésée, un vracquier de la Société Navale Caennaise.

Lancé le 31 mars 1941 aux chan-tiers britanniques Aisa, la corvette Aconit fut cédée à la marine des Forces Navales Françaises Libres (FNFL). Elle avait comme mission principale l’escorte de convois à tra-vers l’Atlantique. Le 11 mars 43, en Atlantique Nord, elle réussit l’exploit de mettre hors combat deux sous-marins allemands en moins de cinq heures. Au terme de quatre ans de guerre, l’Aconit avait escorté 115 convois, au cours de 728 jours de mer. Elle fut transférée à l’Ecole Navale en 1945, puis restituée à la Royal Navy le 30 avril 1947. Son nom fut repris plusieurs fois dans la Marine Française et une frégate furtive le porte encore aujourd’hui.Une frégate Aconit dans l’actualité.Associée au Dupleix, la frégate Aconit accompagne le porte-avions Charles de Gaulle dans l’opération militaire «Aube de l’Odyssée » lancée par la coalition internationale contre le régime de Mouammar Kadhafi en Lybie.

Maquette de la corvette escorteur Aconit par François Medard. (Doc internet)

Yves Berthou au commerce

Sur l’Aconit pendant la guerre 39-45

Forces Françaises libres

lanriec.com mai 2 011- page 4

Le travail à la chaîne à bord du cha-lutier morutier est précis et méthodique. Le hissage de la poche du chalut achevé à bord, chaque homme sait ce qu’il doit faire à partir du poisson en vrac sur le pont. « A peine a-t-elle touché le pont que la morue est saisie par « l’ébrouilleur » ou « piqueur » qui l’accroche par le sommet de la tête à un « croc » ou « piquois ». Puis, muni d’un cou-teau spécial, le piqueur tranche le col du pois-son des deux côtés et l’ouvre jusqu’à l’anus. Les viscères sont mis de côté, le foie recueilli par le mousse. La morue passe ensuite dans les mains du « décolleur » qui la décapite et la pose sur la table du « trancheur ». Celui-ci achève de l’ouvrir en trois coups de couteau et décolle l’épine dorsale. Des mousses et des novices lavent alors le poisson très soigneu-sement et, après un ultime rinçage, l’envoient dans la cale par une goulotte en bois. Là, la morue est disposée à plat, peau en dessous, sur un lit de sel. Sur chaque couche de morue, les saleurs vont jeter une quan-tité bien déterminée de sel. La dose dépend du sel utilisé et des circonstances. C’est un travail délicat qui ne peut être réalisé que par des hommes d’expérience car, de cette opération, dépendra l’état de la morue à son débarquement. Manque de sel ? Elle pourrira. Excès ? Elle brûlera. Au bout de trois mois de pêche notre chalutier ramènera 800 à 1 200 tonnes de morue ainsi traitée, empilée dans la cale par « rains » d’un mètre de large. À son débarquement cette morue sera « repa-quée » (c’est-à-dire, lavée, brossée et resalée), « séchée» mécaniquement et pressée, ou tout simplement aujourd’hui « filetée ». Quant aux foies, ils sont traités à bord dans des extrac-teurs appropriés et fournissent 50 à 60 tonnes d’huile à chaque marée. ».

Extrait du livre d’Hervé Gloux et de Jean-Yves Manach « Les ba-teaux de pêche en Bretagne », Histoire et techniques, publié en 1976 aux éditions Fayard, préface de Paul Guimard, Prix de l’Académie de Marine en 1977. Autres ouvrages : « Voiliers de pêche au XXe siècle ». 1992, Édi-tions du May, « Bateaux de pêche du Ponant, histoire et tech-niques » 1 992 Éditions Bargain, « Musée de la pêche Concar-neau » 1987, Éditions Jean Picollec.

Yves Berthou dans de nouvelles aventures Après quelques hésitations Yves Berthou décide de s’embarquer pour la pêche à la morue. « En 1950, j’avais 29 ans, j’étais matelot sur le Ker-groes et on proposait un poste de lieutenant. J’embarque à Saint-Malo sur le Hardi appartenant aux Chalutiers Malouins, et, route pêche vers l’ouest et le nord. » L’heure est à la pêche industrielle, oubliés les pays de Paimpol et de Binic et leurs goélettes à huniers. Trois campagnes par an d’une durée de 2 à 3 mois chacune. La vie de ces pêcheurs au chalut dans les brumes du grand nord est difficile, pêchant de l’anse du Saint-Laurent pour s’achever dans la mer de Barentz. Des milliers de kilomètres pour suivre les bancs au fur et à mesure de la fonte des glaces. Novice à ses débuts à bord, l’apprentissage du métier sur le pont est difficile face à des hommes du métier. Le marin pêcheur ne tarde pas à être appelé à la passerelle. Le chalut débarqué, il faut préparer la morue au salage. Le travail se fait à la chaîne pour récupérer les précieux filets à saler ainsi que les foies. Pas moins de 400 poissons traités à l’heure par les hommes aguerris. Sur un poisson, un tiers seulement est conservé. Les équipes se relaient nuit et jour, c’est beaucoup dire, puisqu’en ces saisons et à ces latitudes, le soleil s’abaisse jusqu’à l’horizon sans jamais disparaître. « J’ai vu des aurores boréales, on appelait cela des marionnettes, quels spectacles ! » Mais tout a une fin et, à Nevez, Madame Berthou trouve le temps trop long. En 1956, le pêcheur de morue décide de revenir au port. Il est alors engagé comme patron sur des chalutiers.

Sur le Hardi à la pêche à la morueLe Hardi, 78 m de long 1 100 tonnes de morue salée, service en trois bordées 6 heures de quart, 6 heures de travail, 12 heures par jour.

Les métiers à bord des morutiers

par Hervé Gloux

lanriec.com mai 2 011- page 5

Page 4: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

Connaissant ses qualités et son sé-rieux, Yves Berthou, retraité, va être sollicité pour acheminer des unités neuves à leur destination. Construites à Saint-Malo ou à Concarneau aux chan-tiers Piriou, elles seront menées à bon port, à Casablanca puis à Las Palmas. Se succéderont ainsi des transports dans le monde, du golfe de Guinée au Mozambique par le Cap d’Espérance. « Des Coréens les prenaient pour tra-vailler avec. Il y a eu la Sicile, la Mauri-tanie, le Mozambique. J’ai aussi convoyé un remorqueur au Salvador en passant par le canal de Panama. Cela mérite d’être vécu. Je n’ai jamais été au chô-mage. Avant j’avais une certaine cote, maintenant je ne serais même pas bon pour faire un mousse ! ». conclut dans un franc rire, Yves, 91 ans aujourd’hui. Dans un très vieux dictionnaire, dit-il, on trouve cette définition : « le marin, homme plus ou moins civilisé, se nourrissant d’alco-ol et de tabac et servant à la manœuvre des grands bâti-ments ». Après une carrière de ma-rin sur tous les océans, Yves Berthou en rit encore !

Berthou, 15 ans patron pêcheur

Un équipage représentatif du recrutement des armements concarnois : Yves Berthou à droite, le patron, les bras croisés, et les marins de « l’Elan » de l’armement Tirilly et Consorts géré par Goalabré. À ses cotés, Lili Gestalin de Nevez, Lili Ben de Riec, François Héloury de Nevez, Yvon Guen de Kérose, Joseph Furic de Trégunc, Léon Thiec de Concarneau.

Pendant quinze ans Yves va prati-quer le dur métier de la pêche au chalut sur les chalutiers classiques, huit ans, patron sur « l’Elan » et sept ans sur la « Batterie ». « On te confie un bateau, t’as un capital entre les mains, il faut que ça rapporte. Si tu ne réussis pas on va mettre un autre à ta place. Dur, dur aussi ce métier. T’avais une cou-chette, tu la regardais mais t’allais pas beaucoup dedans. J’ai dû plu-sieurs fois mettre la tête sous le robi-net du lavabo pour garder les yeux ouverts. »

Comme l’Elan, la Batterie, com-mandé par Yves Berthou, a été lancée à Saint-Malo au chantier SCCNA le 28 juin 1963. En 1968 le Batterie obtient le ruban bleu des meilleures pêches du port de Concarneau. (Do-cument Jean Michel Robert.)

« L’Elan, construit à Saint-Malo, était un bateau volage alors que la Batterie qui lui ressemblait, était comme un goéland sur l’eau. Il y avait 100 % de différence. Avec lui, on naviguait en toute sécurité ».

Retraitéconvoyeur

L’Elan et le Batterie des chalutiers acier

pêche latérale

Les chalutiers classiques du type « Hemerica » du Musée de la pêche , pêchant par le côté, tel que l’a peint Hervé Gloux, seront remplacés par les « pêche-arrière » à partir de 1962. Le premier, « le Paris-Bretagne », fut construit à Lorient aux Ateliers et Chantiers de la Perrière. Dès lors, les conditions de travail des marins se sont nettement améliorées.

lanriec.com mai 2 011- page 6

LE DESTIN MOUVEMENTÉ D’UN PRESBYTÈRE

Derrière de hauts murs, à l’abri de l’église du bourg, le presbytère de Lanriec inspire calme et sérénité. Il est vrai que depuis des années il somnole, seulement salué par les jardiniers amateurs venus bêcher leur potager voisin. Et pourtant, quelle vie mouvementée a connue ce noble bâtiment ! On ne sait exactement quand fut érigé le premier presbytère lanriécois mais au XVIIIe siècle la demeure du desservant est déjà établie à son emplacement actuel, à l’orée du chemin menant du bourg à Kerblaize. C’est un imposant corps de logis de 44 pieds de long comprenant salon, cuisine et boulangerie au rez-de-chaussée, quatre pièces à l’étage surmonté d’un vaste grenier. Dans la cour, une maison à four, une écurie et le puits. Depuis 1734, le recteur y a ajouté une crèche pour ses trois vaches. La paroisse est propriétaire des lieux et le recteur-locataire l’entretient à ses frais. En 1769, lorsque décède l’abbé Menguy, ses héritiers, tenus de rendre les logements en bon état, vont avoir une surprise de taille : ce n’est plus qu’une ruine lézardée qui prend l’eau de toutes parts. Heureusement, l’oncle prévoyant a laissé dans ses armoires de quoi couvrir largement ces frais inattendus. Devenu « Bien national » et vendu aux enchères, lors de la Révolution, le presbytère est acheté par un maître de barque concarnois. Une affaire, car tout y a été remis à neuf. Quelques années plus tard, nouveaux rebondissements : la veuve de l’acheteur cède la moitié du bâtiment à un négociant de la ville. Celui-ci tombe en faillite, ses biens sont saisis, le demi-presbytère est racheté, en 1816, par l’un des conseillers municipaux. L’autre moitié est, à son tour, mise en vente. Grâce à une collecte auprès des principaux contribuables, le bâtiment redevient communal, en 1 827. Pendant un temps, on ne sait plus très bien si l’édifice doit être entretenu par le recteur ou la commune. Toujours est-il qu’il ne paraît plus correspondre aux exigences d’un presbytère moderne. La paroisse en ayant les moyens, elle

décide de tout reconstruire à neuf ! En 1880, le nouveau « manoir presbytéral » sort de terre, prend de la hauteur. Il devient bientôt le plus imposant bâtiment de Lanriec, avec ses 9 fenêtres en façade, ses chaînages et encadrements de granit, ses dallages de pierre et ses cheminées monumentales. De quoi accueillir l’évêque de Quimper sans rougir ! Le Conseil ne semble plus se soucier de savoir à qui il appartient mais, pour certains, puisqu’il a été reconstruit aux frais de la paroisse, c’est celle-ci qui en est propriétaire ! Les décrets de 1905 vont remettre en cause la situation. « Aucune association cultuelle n’étant constituée à Lanriec »,

la commune redevient détentrice du presbytère ! Les tensions apaisées, le diocèse tentera, en vain, de racheter le bâtiment. Et puis, au mois d’avril 1944, le maire annonce à son conseil que l’affaire est conclue ; pour 22 590 F, l’association diocésaine rentre en possession de ce bien précieux. Mais l’Histoire n’est-elle pas une succession de retournements ? En 1945, une nouvelle municipalité essaie de revenir à la situation antérieure. Elle n’y parviendra pas. Cette fois encore, le temps effacera les rancœurs. Les prêtres eux-mêmes délaisseront bientôt ces locaux mal adaptés. Aujourd’hui, la commune de Concarneau en a, à nouveau, la charge. Malgré tant de tribulations, l’endroit a gardé un cachet certain et il est à parier que, d’ici peu, il trouvera une nouvelle vocation au service des Lanriécois… et des autres. Michel GUÉGUEN

La restructuration du presbytère en maison de quartier vient de démarrer pour un budget de 220 000 €. L’ensemble du bâtiment, vidé de son contenu, est repensé dans sa totalité. Le rez-de-chaussée offrira une salle de 70 m2 s’ouvrant sur la façade actuelle ainsi que sur l’espace vert Charles-Goapper, avec rampes d’accès pour handicapés. L’étage présentera également un beau volume. L’ensemble, est « mis à disposition » sous la respon-sabilité des Lanriecois selon les modalités déjà pra-tiquées à l’Abri du marin, au Passage. Souhaité par les habitants, le transfert de la mairie annexe à cet endroit n’a pas été retenu. Ouverte actuellement un jour sur deux seulement, et pourtant bien utile pour les habitants de la rive gauche, le sort de la mairie annexe semble compromis.

Bientôt une maison de quartier

lanriec.com mai 2 011- page 7

Page 5: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

A LA RECHERCHE DU MANOIR DE PEN-AR-C’HOAT (*)

Le manoir de Pen-ar-C’hoat et son moulin figurent sur le premier cadastre de Lanriec (début du XIXe ). Le Minaouet marque la limite d’avec Trégunc.

QU’EST-QU’UNE MOTTE FÉODALE ? C’est l’ancêtre du château fort. Ce n’est qu’une modeste construction de bois, et plus tard de pierre, érigée sur une butte artificielle de terre, généralement placée en un endroit stratégique. Elle sert de refuge au seigneur, notamment lors des invasions normandes ou en cas de conflit avec un voisin belliqueux. Entre le IXeet le XIIe siècles, ce genre de construction se multiplie. Son coût en est peu élevé puisqu’on emploie, pour amonceler la terre, la nombreuse main-d’œuvre soumise aux corvées de la seigneurie. Le peu d’intérêt qu’on porta à ces vestiges, au cours des siècles suivants, et surtout les moyens modernes de terrassement en ont fait disparaître beaucoup. On en dénombrait cependant encore près de 200 dans le Finistère, il y a une vingtaine d’années.

COMMENT SE PRÉSENTE UNE MOTTE FÉODALE ?

Il n’en reste généralement plus que le « support » de l’habitation, c’est-à-dire une élévation de terre de plusieurs mètres de hauteur, de forme circulaire à la base et plus petite au sommet (tronconique). L’habitation de bois qui la surmontait a, évidemment, disparu. La plupart sont situées en surplomb d’une voie de passage ancienne, sur une colline dominant un ancien fief ou en bordure d’un marais ou d’un ruisseau pouvant constituer une protection efficace. Souvent, la toponymie permet de présager la présence d’une motte féodale : Castel, Castellic, La Motte, Moden, Vouden… Avec un peu de chance, on trouvera, dans le champ voisin, des fragments de tuiles ou de poterie anciennes.

A L’ORIGINE : UN REFUGE BIEN CONÇU Selon la disposition des lieux et la fortune du seigneur, la motte pouvait avoir des dimensions et des « annexes » plus ou moins importantes. Le logement était protégé par une palissade de pieux. Un fossé entourait le pied de la motte et, juste à côté, s’étendait la basse-cour avec enceinte de talus, ronces et solide clôture protégeant le four, le puits, la grange, l’étable et le poulailler. En cas d’alerte, les habitants des hameaux voisins venaient y chercher refuge et contribuaient à la défense de « leur château ».

meure d’un petit hobereau soucieux de protéger ses terres contre les pillards et fort intéressé par le com-merce local, comme le montreront les prérogatives dont hériteront ses successeurs. Elément caractéristique de ces châteaux forts pri-mitifs, un fossé encore très visible contourne la butte, dans sa partie Nord. Une Lanriécoise nous a aussi affirmé avoir connu un escalier de pierre qui descen-dait de la plate-forme jusqu’à la vallée. Et, bien sûr, comme tous les sites un peu étranges, Pen-ar-C’hoat garde le souvenir de ces récits où vé-rité et fable se mélangeaient : celui de ce mystérieux souterrain allant rejoindre le vieux manoir du Fresq ou de ces fermiers qui s’épuisèrent à sonder sols et murs, à la recherche d’un introuvable trésor.

LES SEIGNEURS DE PEN-AR-C’HOAT On ne sait qui fut le bâtisseur de ce castel ni par qui il fut habité. La première référence que l’on connaisse sur les maîtres des lieux remonte à 1 426 où l’on mentionne un Yvon Le Thominec « noble homme, demeurant à Penancoat, son principal lieu ». Mais, sans doute habitait-il déjà le manoir construit un peu plus haut et qui deviendra Chef-du-Bois, avant de s’appe-ler Pen-ar-C’hoat puis, beaucoup plus tard, Penhoat.

Au siècle suivant, la famille Le Thominec ayant fait alliance avec les Du Quelennec, c’est l’un de ces der-niers qui « fait sa résidence en son manoir de Chef-du-Bois ». Puis, la seigneurie passera successivement dans les possessions des Bragelone de Charonne, conseil-ler au Parlement de Paris (1 612), des Quérouzéré-Morizur puis des Carsauson, une autre famille fortu-née, originaire du nord-Finistère (1 664). La maison noble est désormais un solide manoir entouré de bois de haute futaie, cerné de murailles « en grosse taille » percées d’une porte cochère, surmontées de créneaux et d’une tour à chaque angle. Dans la cour, la chapelle, le colombier et le four. Les fermes voi-sines, de Keransaux, Kerlouzouarn, Kerancordenner, Lanvintin, Le Treff et Le Treff-Izelaff font aussi partie du fief de la seigneurie.

PEN-AR-C’HOAT, BIEN NATIONAL En 1765, le marquis de Tinténiac, baron de Qui-merc’h en Bannalec et possédant déjà de nombreux domaines dans la région, achète pour 75 000 livres, le manoir et ses possessions. Le fief comprend main-tenant près de 40 « tenues » à Lanriec, Trégunc, Mel-gven, Nizon, Beuzec et Concarneau ainsi que tous les droits attachés à cette seigneurie. Mais, lors de la Révolution, le marquis choisit le parti du Roi. On le soupçonne même d’armer des bandes de brigands. Ses biens sont confisqués. En 1793, des commissaires envoyés par le Directoire viennent estimer la valeur de « ladite métairie de Chef-du-Bois appartenant à l’émi-gré Tinténiac » et devenue Bien National. Malgré la qualité des matériaux employés pour sa construction, le manoir semble en bien mauvais en-tretien. La haute maison « à escalier en pierres de taille, en limaçon » n’est couverte que de paille comme les crèches. Les chambres de l’étage et le grenier sont à refaire à neuf. Dans la cour, près d’une « mazière à L’actuelle ferme de Penhoat date de 1 879.

UNE MOTTE FÉODALE (ou CASTRALE)

Un coin de campagne presque ignoré que ne fréquentent plus guère que les chasseurs et quelques amateurs de promenades agrestes. Là se cache pourtant un vestige historique vieux de bientôt mille ans, ancêtre des châteaux forts, qui fut jadis un site stratégique, aux avant-postes de Concarneau : Pen-ar-c’hoat ou Chef-du-Bois, d’abord simple motte castrale devenue manoir fortifié, à la limite sud-est de l’ancienne com-mune de Lanriec.UN SITE BIEN CONSERVÉDissimulée, à flanc de coteau, derrière un écran d’arbres enchevêtrés et de broussailles, cette haute butte de terre surplombe un marécage bordant le rapide courant du Minaouet. Cette large vallée fut, autrefois, une voie de passage entre Trégunc et Lan-riec. Il suffit d’escalader cette éminence pour com-prendre qu’il s’agit là d’un lieu chargé d’Histoire. La butte présente grossièrement la forme d’un tronc de cône de 6 à 8 mètres de hauteur que la pente naturelle du terrain prolonge jusqu’au maré-cage, en contrebas. Au sommet, une plate-forme d’une douzaine de mètres de diamètre, sur laquelle se dressait, vers les Xe ou XIIe siècles, une tour de bois ou de pierre dont on devine les restes probables du soubassement. C’est tout ce qu’il reste de la de-

apparence de chapelle », deux ruines de bâtiments auxencadrements de portes sculptés. Le colombier est effondré, tout comme d’autres « vestiges d’apparte-ments ». Seul un pan de muraille et sa porte monu-mentale encadrée des armoiries de la seigneurie, té-moignent de son ancienne puissance. Pen-ar-C’hoat n’est plus qu’une grosse ferme avec sa soue à co-chons, son lavoir et son aire à battre. Le tout est rapi-dement estimé à 2 400 livres.

D’HIER À AUJOURD’HUI C’en est fini du temps des seigneurs. Au XIXe siècle, Penhoat devient un bon placement pour les riches bourgeois dont la famille des notaires Prouhet, de Trégunc. En 1879, les ruines de l’ancien manoir sont rasées. Une ferme « moderne » est construite sur son emplacement. Quelques années plus tard, la famille Scoazec s’y installe. Elle l’exploitera pendant près de 50 ans. En 1936, Jean-Marie Glémarec achète Penhoat qu’il mettra en valeur jusqu’à l’heure de sa retraite, laissant la place pendant quelques années à « Jean » Le Meur. Mais le peu de rentabilité de l’agriculture n’incite plus les jeunes à reprendre une exploitation. La ferme clôt ses portes en 1985. Les terres sont confiées à une entreprise. Curieux ca-price de l’Histoire : de l’imposant manoir construit il y a « seulement » quelques siècles, il ne reste plus que les descriptions conservées dans les fonds d’archives et c’est la modeste motte millénaire qui, sur le ter-rain, redonne encore vie à ce joli site endormi.* Attention : le site de Penhoat est une propriété privée ! MICHEL GUEGUEN

lanriec.com mai 2 011- page 8 lanriec.com mai 2 011- page 9

Cette assise du mur de la crèche, en grosses pierres de granit, pour-rait bien dater du vieux manoir.

Une fendasse rustique vieille de plusieurs siècles (réutilisée).

Page 6: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

MEUNIERS ET MOUTAUX L’année suivante, Le Nen marie sa fille à un ouvrier agricole du village de Penhars, Jean Corré. Ce dernier succède à son beau-père au moulin, avant d’aller s’installer à celui du Moros. Peu avant la Révolution, Louis Michelet et Anne Caudan prennent le relais. Le Moulin Vert doit être d’un bon rapport car sa « banlieue » s’étend sur toutes les fermes du voisinage, celles-ci ayant obligation d’y faire moudre leur grain. Pour les meuniers, les conditions de location n’ont guère changé, si ce n’est qu’ils n’ont

même plus l’autorisation de couper la moindre touffe de lande pour leurs bêtes. Mais, le marquis a-t-il senti le vent tourner ou les paysans refusent-ils désormais de livrer leur grain ? En 1791, le loyer demandé n’est plus que de 90 livres…UN MOULIN NUISIBLE ? La Révolution a tout bousculé. Le « droit de moulin » du ci-devant Tinténiac n’a plus cours. Son Moulin Vert est désormais, comme ses autres propriétés, « Bien national ». Le 20 ventôse de l’An II, deux experts viennent examiner s’il mérite d’être vendu ou supprimé. Chaque élément est minutieusement visité, mesuré. Le tout est finalement estimé à 2 294 livres,

LE MOULIN VERT de PEN-AR-C’HOAT

Le Minaouet bouillonne en s’engouffrant sous la digue de l’ancien moulin vert.

Leçon d’histoire sur le terrain. Pour les CM1 du Rouz, la motte de Penhoat n’a plus de secret.

En 1680, la possession de Chef-du-Bois donne à son seigneur de nombreux privilèges. Il possède, en l’église de Lanriec, une tombe sous arcade, portant ses armoiries : « un grelier avec liants de gueules sur champ d’argent qui sont les armes de ladite seigneurie ». Même droit à la chapelle de Saint-Riou et à l’église Saint-Guénolé de Concarneau. Ce seigneur est seul habilité à jauger les mesures de vin, sel et blé qui se vendent au détail dans la Ville-Close. Il possède, à cet effet, deux mesures étalons, en pierre, fixées aux piliers des halles. Et, bien entendu, ces vérifications ne sont pas gratuites. Mieux encore, sur chaque bateau chargé de sel, franchissant Le Passage, il en prélève un minot (1 hl). Ceux transportant du vin lui sont redevables de 4 litres, sorte d’octroi privé, à son seul usage. Il a privilège de basse, moyenne et haute justice sur tous les habitants dépendant de son territoire. À ce titre, il peut faire condamner par sa propre cour de justice pour n’importe quel délit, y compris si celui-ci mérite la mort. Plus encore : Il est seul gardien des clefs de la prison de Concarneau et, à ce titre il est chargé de fournir la subsistance des prisonniers. Si l’un d’eux est condamné à mort, il doit fournir le bourreau, la corde et les aides pour l’exécution et « conduire le condamné jusqu’au bateau et le faire traverser l’eau jusqu’à la pierre dite Men ar Laer » au Passage, où se trouve le gibet, non loin du moulin à vent. Sinistre honneur que compense largement sa charge lucrative de Sergent Voyer de Sa Majesté. M.G.

Erratum : Par suite d’une confusion entre le seigneur du Bois et celui de Chef du Bois, nous avons attribué au seigneur de Toulgoat (cf. « Le moulin oublié du Rouz » lanriec.com no 1) le « privilège » de détenir la clef de la prison de Conq. C’est en fait à celui du seigneur de Pen-ar-C’hoat que revenait cet honneur ! Merci de nous en excuser et de rectifier.

LES PRIVILÈGES DE CHEF-DU BOIS à peine moins que le prix du manoir ! Mais quel meunier pourrait mettre une somme pareille ? Au printemps 1794, c’est l’ingénieur des Travaux Publics qui vient donner son avis sur l’intérêt, pour la République, de conserver ce moulin. Le verdict est sans appel : « La retenue d’eau de ce moulin submerge plus de 6 000 toises de bonnes terres végétales dont l’assèchement formera des prairies. La suppression de ce moulin sera avantageuse pour l’Etat. ». Le district entérinera cette proposition, jugeant l’étang « nuisible aux propriétés environnantes ». Le bâtiment du moulin pourra donc être vendu mais l’adjudicataire devra ouvrir la retenue d’eau et ne pas remettre le mécanisme en état de fonctionner.

RENAISSANCE ET ABANDON Y eut-il révision des décisions trop hâtives ? L’année suivante, on trouve à nouveau au Meil-Glaz un couple de meuniers, Dominique Allain et sa femme. Au début du XIXe siècle, la propriété sera longtemps entre les mains d’une lignée de Le Baccon qui règne aussi sur le Moulin-à- mer et le Moulin Mao de Trégunc. Après avoir été racheté par la famille Prouhet, le Moulin Vert redevient, en 1891, dépendance de la ferme de Pen-ar-C’hoat, tenue par Joseph Scoazec. Mais, en1901, les meules ne tournent plus et le bâtiment est en ruine. Il n’en reste plus aujourd’hui que quelques pierres de taille, l’entrée du bief et la solide digue sous laquelle s’engouffre le Minaouet, cherchant en vain la grande roue disparue. Michel GUEGUEN

En bordure de la vallée du Minaouet dévalant de l’étang de Kerannevel (Melgven), le site de Pen-ar-C’hoat était l’endroit idéal pour établir un moulin, d’autant plus que plusieurs autres sources venaient y confluer. Existait-il déjà un meunier au temps où la motte castrale voisine était habitée ? C’est peu probable car le toponyme lui-même indique bien qu’il y avait, aux environs, davantage de forêts que de terres à blé. L’usage ancien des petites meules familiales « à bras » devait suffire à une population relativement réduite.

LE MOULIN DU MANOIR Au XVIIe siècle, en tout cas, l’inventaire de Chef-du-Bois mentionne bien « le moulin de 40 pieds (13 m) de long, 18 de large, 12 de haut, une petite étable, le fond de l’étang avec un pré et un jardin. ». Il s’agissait certainement d’un bâtiment soigné car, au lieu du chaume habituellement utilisé, il était couvert en ardoises. Deux « tournants » (ensemble de meules) permettaient de moudre séparément froment et seigle. En 1765, le marquis de Tinténiac achète le fief que l’on nomme désormais Chef-du-Bois Thominec. Il comprend alors deux moulins dont le Moulin Pell et celui qui nous intéresse ici, désigné sous le nom de Moulin Vert et tenu par Louis Souffès, responsable aussi du Moulin Pell. Une vingtaine d’années plus tard, on y trouve Alexis Le Nen puis Joseph Jan qui doivent payer chaque année 300 livres au propriétaire. Ils ont dû s’engager à se comporter « en bons meuniers et pères de famille » et prendre en charge

l’entretien des immeubles et des mécanismes.Généreusement, le seigneur les autorise à couper - mais seulement aux endroits qui leur seront désignés - le bois nécessaire aux éventuelles réparations. Ils n’ont droit de faire paître qu’un cheval et une vache sur les landes du manoir mais « ne peuvent ramasser aucun feuillage dans les bois » !

Pour quel usage, le meunier du Moulin Vert a-t-il creusé cette auge, à même la roche, en bordure du Minaouet ?

lanriec.com mai 2 011- page 10 lanriec.com mai 2 011- page 11

Page 7: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

lanriec.com mai 2 011- page 13

Je pense qu’il me restera toujours en mémoire quelque chose de ce 19 avril 1953. On avait annoncé la tenue d’une réunion cycliste pour l’inauguration du stade municipal de Lanriec, sur le territoire de Douric-ar-Zin.

J’y étais né, j’y habitais. J’avais 9 ans. Lorsqu’il s’agit d’une épreuve régionale, d’une manière générale, on en parle peu. Cette fois, le programme comportait une course à l’américaine avec Lambrecht – Marrec. L’époque parlait. Roger Lambrecht, de St Pol-de-Léon, ancien maillot jaune du Tour de France – c’était en 1948 - alors qu’il appartenait à l’équipe belge, avait pour équipier le Breton de Lesneven Yvon Marrec. Ce dernier comptait, certes, parmi les meilleurs régionaux, mieux, il était présélectionné au Tour de France. Il avait constitué la révélation du grand prix des Nations, l’année précédente, où il s’était classé 3e et remportera l’étape de Dôle, au circuit des 6 Provinces, quelques semaines après avoir participé à la réunion au vélodrome de Lanriec. Hélas, une funeste infection dentaire le privera, en 1953, de la participation au Tour de France… Lambrecht - Marrec, les affiches vantaient partout le tandem. Face aux régionaux du secteur, voilà qui promettait du sport, et du vrai ! Dans les cafés de Douric-ar-Zin, que ce soit chez « Gohiec », à « Toulic-Dour », à la « Maison Rouge », on n’évoquait plus que l’événement et l’on arrosait les futurs succès à la ronde y compris les gendarmes. Bien sanglé dans mon petit costume en velours côtelé, de couleur bleu marine, j’allais assister, enthousiaste, à l’évolution de ces deux grands au maillot blanc siglé « Garin-Wolber », louant le ciel de sa sollicitude pour m’avoir enfin permis de toucher du doigt et de pénétrer dans le cénacle des grandes vedettes.

Le cyclisme était entré dans ma vie, il n’allait plus la quitter. Je me reprends encore à repenser à cette réunion sur la piste en cendrée, à ce petit stade d’infamie, face au café de Vonnec Bolloré, un stade qui avait suscité lors de son édification tant de problèmes en raison d’un profil technique très défectueux. C’était un univers d’où surgissaient en permanence les cailloux, tant et si bien que la mairie de Lanriec, à la tête de laquelle se trouvait le maire communiste Albert Quelven, avait recruté les gamins dont j’étais pour nettoyer le stade de toutes ses scories. En compensation, on nous délivrait quelques centimes qui flattaient notre palais grâce à l’achat de sucres d’orge. Dans ma tête, j’étais déjà un peu coureur cycliste. Quelques petites années plus tard, dans ce stade caillouteux et argileux à souhait, je prendrai le vélo de ma mère et j’irai tourner tout mon saoul autour de l’anneau. En matière de tenue cycliste, j’arborais un vieux pull-over de couleur verte sur lequel j’avais maladroitement cousu sur la poitrine un tissu blanc où l’on pouvait lire la marque de cycles « Alcyon », et placé sur mes épaules une vieille chambre à air afin de faire croire à un boyau de course. Je me sentais une bien belle envergure. Ainsi, le stade, laissé à l’abandon n’avait plus qu’un seul adepte : un jeune qui tentait d’imiter Lambrecht et Marrec, entrevus un certain 19 avril et qui l’avait emporté à l’américaine battant les grands régionaux du sud-Finistère : Laurent Cariou et Corentin Sévignon. Ce sera la première et la dernière course d’importance sur le vélodrome de Douric-ar-Zin. Même les footballeurs de l’Amicale laïque ne pourront se produire sur le stade. Quel gâchis ! En 1955, une tentative de reprise se fera jour avec les jeunes de la région. Au sein du C.C. Concarnois évoluait Guy Cotten qui n’a jamais hésité à braver les concurrents des catégories supérieures. Hélas, dans un virage, il chuta lourdement. Ensanglanté, il continuait la lutte, entendant à peine les supplications de son cousin qui lui criait : « Anbandonne, anbandonne ! » Mais Guy n’(an) bandonnera pas la lutte. Ce sera le dernier héros de la piste de l’AL. Lanriec. Jean-Paul OLLIVIER

UN CERTAIN 19 AVRIL

Une belle entrée pour le nouveau stade de Lanriec (coll. Michel Guéguen)

Lambrecht et Marrec, les coureurs vedettes et la reine des sports, Paulette Lallier, à droite, Adrien Duval, patron du restaurant l’Escale, siège du CCC. (absente la demoiselle d’Honneur, Huguette Gohiec)

LIEU DE TRAVAIL ET DE RENCONTRES Durant des siècles, la seule façon de laver le linge, en ville, était de puiser l’eau au puits ou à la fontaine et d’en remplir de grands baquets de bois. A la campagne, les lavoirs n’étaient qu’une simple pierre posée au bord du ruisseau.Ils n’étaient utilisés que deux fois par an pour les grandes lessives annuelles. Les fermes lanriécoises avaient cet avantage de posséder presque toutes, à proximité, un ruisseau qu’il suffisait d’aménager sommairement sur quelques mètres en le bordant de pierres plates, pour pouvoir s’y agenouiller. Les lavoir de ce type étaient nombreux. Mais il est vrai que le lavage du linge, sauf pour les laveuses professionnelles, n’était pas la priorité. Dans les quartiers plus populeux comme le Bourg ou le Passage, le problème était différent, d’autant que certaines professions exigeaient des lavages plus fréquents. Des femmes de la campagne se chargeaient aussi de la lessive des familles bourgeoises de la ville voisine. Les lavoirs individuels et rustiques ne pouvaient plus suffire. Près de la ferme de Kerblaise, un lavoir pouvant accueillir 6 laveuses en même temps existait déjà à la fin du XIXème siècle. L’eau y était abondante mais, un peu en amont, la source était l’endroit où l’on avait coutume de venir nettoyer barriques et peaux d’animaux, aussi les femmes se plaignaient-elles de voir l’eau de leur lavoir « trouble et remuée ». C’était souvent aussi un lieu de disputes lorsque le nombre de laveuses dépassait celui des places disponibles.

UN LAVOIR MODÈLE En 1904, le conseil municipal décide d’y construire un lavoir plus vaste et mieux agencé. Il pourra accueillir jusqu’à 20 laveuses et comprendra deux bassins distincts : l’un pour le lavage, l’autre pour le rinçage. Une sorte de cuvette sera aussi prévue pour permettre le remplissage de tonneaux par les agriculteurs. Luxe de confort, le fond des bassins sera garni de grandes dalles de granit…récupérées du mur de l’ancien cimetière, transféré peu auparavant. Le conseil a même prévu des égouttoirs pour les draps et plusieurs chaudières pour faire bouillir la lessive. On imagine le brouhaha montant de ce lieu lorsqu’en même temps jacassaient vingt commères et que claquaient autant de battoirs, sans oublier les cris des jeunes enfants accompagnant leurs mères . Le soir venu, chacune chargeait sa brouettée de linge et sa « boîte à rivière » ou cachait cette dernière dans les fourrés pour la protéger des coureurs de campagne. D’autres lavoirs collectifs verront le jour sur la commune : à Toulmengleuz, route de Melgven, au Pontic, Kersaux, Roudouic… Certains ont , aujourd’hui, disparu mais ceux qui subsistent, malgré la généralisation des machines familiales, accueillent encore quelques irréductibles pour qui « rien ne peut remplacer l’eau de la rivière ». Mais n’est-ce pas aussi l’envoûtement du lieu qui les attire ? Rendez donc visite à ce vieux lavoir de Kerblaise et , sans doute, y succomberez-vous, vous aussi. Michel GUEGUEN

Kerblaise, le lavoir du bourg.photo col Georges Bruno photo Michel Guéguen

lanriec.com mai 2 011- page 12

Le lavoir en attente de restaurationQelques lavandières utilisent encore le lavoir de Kerblaise. Elles ont fait savoir qu’il « était dans un triste état. Des fuites d’eau réduisent sa capacité de façon sérieuse. Il serait opportun de les éviter en reprenant les joints du fond et des côtés et de veiller à maintenir les facilités d’accès ». courrier à M. Le Maire le 6 juillet 2010. Dans sa réponse du 20 juillet 2010, M. Calvarin, Adjoint délégué, précise que « des travaux de rejointoiment seront réalisés dès que possible afin de remédier au problème de fuite ». En mars 2011, les lavandières attendent encore.

Page 8: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

Réalisé par des bénévoles, sous l’égide du Comité des Fêtes de Lanriec, ce troisième numéro de Lanriec.com, comme le précédent, est distribué gratuitement aux points suivants :- Bibliothèque municipale- Mairie de Concarneau- Office du tourisme- Lanriec : Ty Forn, Le Domino, Mairie annexe- Douric : Boulangeries Millet, Le Suffren- Le Passage : Le p’tit bar, supérette VIVECO, Presse-tabac- Le Cabellou : Le Dundee- Kerancalvez : Le Tamaya, Presse, Station TotalNous réalisons 3 numéros par an.Si vous souhaitez nous soutenir et recevoir lanriec.com par la poste, adressez vos dons annuels par chèques libellés au nom de lanriec.com Chemin de Parc-Rouz 29 900 ConcarneauComité de rédaction :Michel Guéguen, Yvon Le Floc’h, Michel et Pascale Talandier, Pierre Le Cloirec.D’autres apports pourront être pris en compte ponctuellement.Conception, mise en page et suivi de fabrication :Yvon Le Floc’hImpression : Imprimerie de l’AtlantiqueEn cas de copie ou citation d’un texte ou d’un extrait, prière d’indiquer l’origine de l’article et le nom de l’auteur.Remerciements : Yves Berthou, Hervé Gloux, Jean-Paul Ollivier, crédits photos: Georges Bruno, Jean Postic, JM.RobertTéléchargement et forumCe numéro 3 de lanriec.com est téléchargeable sur le site du même nom. Le forum pour avis ou critiques y est à votre disposition.

Quand on navigue sur internet, c’est fou le nombre de liens concernant Jean Paul Ollivier : grand reporter, légende du tour, historien, auteur prolifique de 6 volumes consacrés au général de Gaulle, ainsi que de très nombreux volumes sur le cyclisme, bien sûr, et d’autres encore, les substantifs s’accumulent à juste titre.

Comment le p’tit gars de Douric ar Zin en est arrivé là, Lanriec.com vous conte l’étonnante histoire d’un enfant qui s’est donné les moyens d’une folle ambition.

Son papa, Jean Ollivier, surnommé « le Docteur » est marin, infirmier à bord des grands paquebots, tandis que sa maman est ouvrière chez Cassegrain. Le couple habite rue Jean Jaurès. Le Jeune Jean Paul aime bien passer 36 route de Trégunc, sa maison natale toute proche, afin de rendre visite à Corentin Guéguan le boulanger, fidèle lecteur du « Miroir Sprint ». À la petite école, Il fréquente l’école Sainte-Thérèse puis la classe de monsieur Loriquet, rue Jules-Ferry, et celle de monsieur Bléas à Saint-Joseph. Il y poursuit ses études jusqu’en troisième. P a r t i c u l i è r e m e n t marqué par l’un de ses p r o f e s s e u r s , G e o r g e s Campion, le jeune élève s’épanouit en français, « Il m‘apprenait bien le français et je revenais toujours enrichi de ses cours. Un jour il nous a lu un texte intitulé la dernière classe tiré des « contes du lundi » d’Alphonse Daudet. C’est l’histoire d’un jeune Lorrain espiègle, toujours en retard de quelques minutes. Cette fois-là, lorsqu’il entre dans la classe, s’attendant à se faire tirer l’oreille comme d’habitude, il règne un silence sépulcral, se souvient Jean-Paul Ollivier. Dans le fond de la salle, des adultes sont présents, le maître, Monsieur Hamel, annonce solennellement que c’est son dernier jour de classe. L’Allemagne vient d’envahir le nord de la Lorraine et un professeur nommé par Berlin est annoncé. J’ai été très marqué par l’histoire de ces enfants qui allaient devoir apprendre à parler une autre langue. En rentrant par le bac d’Abel Bénard je me suis dit qu’il ne fallait pas que ma langue m ‘échappe et j’ai pris la décision d’apprendre une page de dictionnaire par jour. Nous possédions un vieux dictionnaire datant de la guerre 14. J’essayais d’apprendre intelligemment et de retenir ce qu’il y avait à l’intérieur des mots. Bien sûr, je n’ai pas tout retenu. Longtemps, plus tard, j’ai recommencé le même exercice ».

Le 19 avril 1953 c’est la révélation

Ce jour-là, quasiment en face de chez lui, sur un terrain Bolloré, on inaugure le stade municipal « Quelven » et sa piste cycliste flambant neuve. C’est la révélation pour Jean- Paul, 9 ans, « J’ai tout de suite senti que je serais journaliste sportif ! J’avais ça dans la tête, comme une obsession. J’écrivais, je parlais comme dans les reportages, n’importe quoi faisant

La genèse d’une vocation ou comment Jean-Paul Ollivier est devenu Paulo la Science

Jean Paul Ollivier et ses belles affiches de Fausto Coppi

office de micro, j’essayais d’imiter Georges Briquet et Robert Chapatte. Je me suis mis à collectionner les journaux sportifs, le « Miroir des Sports », « Miroir Sprint », à découper les articles. J’ai appris les biographies et les palmarès de très nombreux cyclistes. »

« A cette époque, pour les enfants, on n’avait pas d’autre ambition sociale que la fonction publique ou la marine. Etre marin d’état comme mon père ou marin pêcheur assurait mon avenir. Il me montrait en exemple la réussite du marin pêcheur voisin « regarde, me disait-il, le nombre important de caisses qu’il a ramenées. Mais j’avais ma petite idée.» C’est ainsi qu’un jour, à l’occasion d’une des courses cyclistes si nombreuses en Bretagne, le jeune adolescent va se don-ner les moyens de ses rêves « lors d’une course organisée à Scaër je suis allé à la rencontre de quelques cyclistes profes-sionnels, leur indiquant à leur grand étonnement, leur parcours et leur palmarès. Viens nous voir lorsque tu auras terminé tes études. C’est ainsi que, plus tard, à ma sortie de Saint-Yves, gui-

dé par Maurice Moucheraud, ancien champion par équipe aux Jeux Oympiques de Mel-bourne en 1956, nous avons fait le tour des rédactions des journaux sportifs et, le 15 novembre 1961, j’ai publié mon pre-mier article dans «Vélo journal» une revue nationale, je n’avais que 17 ans et demi ! Ce jour-là j’ai raflé tous les journaux chez

Gohiec et chez LeTendre ! Mon premier papier concernait évidemment le club cycliste de Concarneau, fondé en 1949, le vélo-sport Quimpérois, né le 4 juillet 1888, le plus ancien de France, et le Vélo-Sport de Scaër créé en 1 848. Mon travail consistait à écrire des ar-ticles de fond avec visites des sociétés sportives de Bretagne, j’étais devenu le correspondant général. de «Vélo journal» Ainsi a commencé ma carrière de journaliste sportif. J’avais déjà mon fonds de documentation, après je suis devenu reporter, c’était la suite logique. Au Service militaire à Djibouti, après mes classes, le 22 mai 1964, le jour de mes 20 ans, j’ai fait mon premier journal parlé à Radio Djibouti. Puis ce sera l’ORTF et Télé Bretagne où le journaliste se fait connaître de tous les sportifs bretons. La suite est large-ment connue. Puits de sciences sportif, entre deux coups de pédales, il devient la mémoire de la grande boucle que tout le monde apprécie. Ainsi, avec cette aptitude bien entraînée acquise dès l’enfance, Jean-Paul est devenu Paulo la Science, passant de la moto à l’hélicoptère, sans EPO. Avec cinquante ans de carrière cette année il fait toujours rêver les ama-teurs de cyclisme et les autres. Le Concarnois est deve-nu l’incontournable chantre des « Terroirs » et de la « Douce France ».

Yvon LE FLOC’H

lanriec.com mai 2 011- page 14 lanriec.com mai 2 011- page 15

Cyclistes concarnois du CCC et leurs jeunes admirateurs, à droite, Adrien Duval, patron du restaurant l’Escale, siège du CCC. (coll. par Jean Postic)

« Jean-Paul Ollivier, dit « Paulo la Science »,c’est l’incontournable historien du cyclismeet l’infatigable chroniqueur du Tour de France,où il fêtera sa 37e participation cette année.Mais avant tout, il est journaliste et celadepuis cinquante ans : il a présenté son premier journal télévisé le jour de ses vingt ans ! Au détour d’un parcours professionnel étonnant, tout un pan de notre mémoire collective défile :le premier vol dans l’espace, le lancement de Télé 7 jours, Robert Chapatte, Léon Zitrone, Roger Couderc...Les grandes et les petites histoires du Tour de France et de la télévision. Avec sa truculence, son sens du détail savoureux, c’est toute une époque qu’évoque ici Paulo la Science ». Editions Palantines parution en mai

Une foule compacte était au rendez-vous sur le terrain loué par la municipalité de Lanriec à Vonick Bolloré (coll. Michel Guéguen)

Adrien Duval s’apprête à donner le signal du départ(coll. Michel Guéguen)

Le stade et la piste cycliste, c’était hier, rue de Trégunc, cinquante ans plus tard, un projet de lotissement de 34 lots voit le jour. La Société Finis’terrains y construira un pavillon témoin basse consommation.

Page 9: Le journal de la rive gauche de Concarneau - Lanriec.comlanriec.com/pdf/lanriec-com-numero-3.pdf · Ancien conservateur du Musée de la pêche, auteur d’ouvrages sur la pêche son

lanriec.com mai 2 011- page 16

Centre commercialKorrigans

route de Trégunc02 98 97 22 37

Valoriser les coproduits des filières pêche

et aquaculture

CMB 1 rue des Ecoles 02 98 97 37 3348 rue Mauduit Duplessis 02 98 97 30 20

Pour habiter ou investir à ConcarneauLes « Jardins du Moros », La « Villa Nova »

les « Villas de Kerneac’h »Terrains, appartements et maisons

Tél. 02.98.95.99.92

JFA Shipyard Quai des Séchelles 02 98 60 49 48

Lanriec.com paraît avec le soutien des entreprises et celui de ses membres

vient de paraître

Guy Cotten le soleil sous la pluie par Claude Olllivier

éditions Ouest-France

Dernier né en mars 2010, ce superbe motor-yacht de 43m