Le Grand Voyage: Janvier 2015 - Malumau

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N°16 LES AVENTURES DU MALUMAU ET DE SES TROUBLIONS Le Grand Voyage: Janvier 2015 Lundi 5 janvier 2015: pas de chance pour ce début d'année. Depuis quelques jours, l'harmattan est omniprésent dans le ciel de Mindelo, ce vent sec bouchant le ciel d'un voile poussiéreux provenant du Sahara et qui nous salit le voilier d'une poussière marron clair très fine qui s'infiltre jusqu'à l'intérieur du bateau. Ce vent nuageux chargé de fines particules de sables et de poussières peut parcourir de très longues distances comme le montre ci-dessous cette carte météo. En attendant, nous bricolons sur le bateau et commençons à prévoir l'avitaillement pour notre traversée vers le Brésil. Certains produits sont parfois difficiles à trouver et quand nous arrivons à en avoir, nous en prenons en quantité. C'est le cas du beurre en boite que nous trouvons très bon et qui se conserve un an au frigo (la boite fermée bien sur). La bière capverdienne est aussi très bonne ici. Françoise profite de ces moments de temps gris pour faire des conserves de toutes sortes, légumes, viandes et poissons, plats cuisinés, conserves bien meilleures que celles achetés dans le commerce. Hier, nous avons fêté l'anniversaire de Lucien à La Pergola. En cadeau, à défaut d'une casquette avec jugulaire, nous lui avons offert une casquette en tissu capverdien pour remplacer celle qu'il a perdu en randonnée à Santo Antao au cours d'une rafale de vent en passant un col. Et vous pouvez remarquer ici qu'il est bien fier avec sa nouvelle gapette ...!!! Mercredi 7 janvier 2015: l'harmattan est toujours là. Le vent souffle si fort que notre annexe s'envole sur le coté du bateau. Les rafales montent jusquà 40 noeuds. On se pose des questions. Si ce temps persiste, ne doit on pas traverser maintenant au lieu d'attendre ici. On se demande aussi si nous allons faire une escale à Brava en descendant. Bref on est dans l'indécision !!! Ouais ! J'ai une belle Casquette !

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Le Grand Voyage: Janvier 2015

Lundi 5 janvier 2015: pas de chance pour ce début d'année. Depuis quelques jours, l'harmattan estomniprésent dans le ciel de Mindelo, ce vent sec bouchant le ciel d'un voile poussiéreux provenant du Saharaet qui nous salit le voilier d'une poussière marron clair très fine qui s'infiltre jusqu'à l'intérieur du bateau.Ce vent nuageux chargé de fines particules de sables et de poussières peut parcourir de très longues distancescomme le montre ci-dessous cette carte météo.

En attendant, nous bricolons sur le bateau et commençons àprévoir l'avitaillement pour notre traversée vers le Brésil.Certains produits sont parfois difficiles à trouver et quandnous arrivons à en avoir, nous en prenons en quantité. C'est lecas du beurre en boite que nous trouvons très bon et qui seconserve un an au frigo (la boite fermée bien sur).

La bière capverdienne est aussi très bonne ici.

Françoise profite de ces moments de temps grispour faire des conserves de toutes sortes,légumes, viandes et poissons, plats cuisinés, conserves bienmeilleures que celles achetés dans le commerce.

Hier, nous avons fêté l'anniversaire de Lucien à La Pergola. En cadeau, àdéfaut d'une casquette avec jugulaire, nous lui avons offert une casquette entissu capverdien pour remplacer celle qu'il a perdu en randonnée à SantoAntao au cours d'une rafale de vent en passant un col.

Et vous pouvez remarquer ici qu'il est bien fier avec sa nouvelle gapette ...!!!

Mercredi 7 janvier 2015: l'harmattan est toujours là. Le vent souffle si fort que notre annexe s'envole sur lecoté du bateau. Les rafales montent jusquà 40 noeuds. On se pose des questions. Si ce temps persiste, ne doiton pas traverser maintenant au lieu d'attendre ici.On se demande aussi si nous allons faire une escale à Brava en descendant. Bref on est dans l'indécision !!!

Ouais ! J'ai une belleCasquette ! 

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Nous venons d'apprendre cette mauvaise nouvelle: l'attentat contre le journal "Charlie Hebdo". Une fois de plus, l'horreur a frappé la Liberté.On ne peut que constater l'intolérance pronée par des "décervelés" ne maitrisant pas leursvaleurs idéologiques. Bien sûr, il faut que justice soit faite au plus vite pour punir les assassins,et à moyen terme, pour idenfier les têtes pensantes qui se cachent derrière ces petites mains.Mais surtout, à long terme, je suis persuadé que c'est par la connaissance de l'autre, de ses valeurs, de saculture et de sa religion qu'on arrivera à inculquer la tolérance. Et à défaut d'éducation parentale, ceci doit sefaire à l'école à travers les cours d'histoire, de géographie etde littérature. Ce n'est que par la découverte de l'autre ques'estompera l'intolérance.

Je parle de cela dans notre journal de bord, car à travers notrevoyage, nous rencontrons des gens tellement différents denous, sous tous les aspects, de toutes nationalités, que nousessayons de comprendre en les rencontrant. Et on ne peut queconstater que le voyage est aussi une bonne thérapie dans cesens.

Lundi 12 janvier 2015 : L'harmattan souffle toujours aussi fort avec des rafales à 30 noeuds. Nous sommestoujours au mouillage dans la baie de Mindelo et lorsque nous devons aller à terre en annexe, je peux vousassurer que c'est parfois sportif. Déjà, en partant du bateau, il faut s'équiper de vètements imperméables carles vagues du fetch générées par le vent nous arrosent copieusement et que nous enlevons dès notre arrivéeau ponton du port. Et nous commençons à en avoir un peu marre de ce temps pourri...Yvan et Danielle de Manej viennentde partir ce midi. Leur séjour auport de Mindelo a été déplorable etla lassitude de ce mauvais temps lesa dissuadés à partir vers lesAntilles.Quant à nous, nousréfléchissons... mais si cettesituation météorologique persiste, iln'est pas impossible que nouspartions vers le Brésil plus tôt queprévu... on va voir...

Mercredi 14 janvier 2015: Le temps est toujours très venteux et l'harmattan n'en finit pas de souiller nosbateaux de sa poussière fine. Malgrè cela, Lucien, Mireille, sa soeur Angele venu en vacances à Mindelo etnous-mêmes partons pour une randonnée de 14 km sur Sao Vicente. A la marina, nous rencontrons Herbert etMonika, des amis allemands rencontrès à Tazacorte et qui partent probablement au Brésil la semaineprochaine. Un Hiace nous emmène à Baia de Gatas, départ de notre rando. Après avoir quitté le village, nouslongeons la mer et nous trouvons ensuite dans un paysage quasi-désertique.

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On est étonné de voir des traces de véhicules probablementdes camions et on se demande ce qu'ils peuvent bien venirfaire ici dans ce désert. Mais nous avons la réponse encontinuant notre marche. Dans ce paysage lunaire, desactivités telles que la taille de pierre basaltique servent àfabriquer des pavés pour les routes car ici le goudron n'existepratiquement pas.

Nous arrivons dans la Baia de Salamansa où des pècheurs ontstockés leurs barques sur la plage. Nous traversons le villagede Salamansa, petit village de pècheurs, dépourvu deressources en eau. Celle-ci est approvisionnée par bidontransportés sur tête par les femmes. Nous sommesimpressionnés par le poids qu'elles portent sur leur tête sur delongues distances et pensons que leurs cervicales doiventsouffrir assez tôt dans l'âge. Même les enfants participent à latâche comme le montre la photo ci-contre. On imagine assezbien qu'ici la valeur de l'eau n'est pas la même que celle quisort du robinet de nos maisons. Mais en fait, sur nos bateaux,on est un peu dans cette notion où on doit faire attention ànotre consommation d'eau quand on est au mouillage ou entraversée.

Sortis du village, nous prenons un sentier en direction de Mindelo qui se trouve à peu près à 7 km. Le ventsouffle toujours et à chaque fois que nos pieds foulent le sol, un nuage de poussière s'envole si bien que nousavons le bas des jambes dans un drôle d'état. Malgré cela, nous apprécions de marcher pour conserver notreforme physique. Car il va falloir être en forme pour notre future traversé vers le Brésil qui devra durerenviron 16 ou 17 jours...

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Mardi 20 janvier 2015: C'est décidé, nous partons demainvers l'île de Brava qui est situé à 133 milles soit 24 heures denavigation (le trait bleu sur l'image ci-contre). Le vent faiblità force 4 mais il faut tenir compte des effets des iles quiaccentue à force 6 voire 7. La houle faiblit également. Nousverrons bien demain. Les jours précédents nous avionseffectués l'avitaillement du bateau et récupérés notre carnet defrancisation au bureau de l'immigration dont les agents sontvraiment sympa.

Nous regrettons de n'avoir pas pû retourner sur Santo Antao àcause du mauvais temps. Mais il semblerait d'après denombreux témoignages que l'île de Brava est la plus jolie detout l'archipel. Si les conditions météo sont favorables, nous y resterons quelques jours.

Après, direction le Brésil dans la baie de Salvador de Bahia, la baie de tous les Saints, où nous devrionsarriver vers le 11 février. Nous y retrouverons Roger et Michele de Tarann ainsi que Herbert et Monika deMonjuan, des amis allemands.

Jeudi 22 janvier 2015: Nous sommes arrivés au mouillage de Faja de Agua sur l'île de Brava. DepuisMindelo, nous avons parcouru 133 milles en 25 heures, soit une moyenne de 5.32 Noeuds. La sortie de labaie de Mindelo fut plutôt musclée. Ensuite, les vents annoncés sur les fichiers gribs étaient sous estiméspuisque nous avons eu un force 5 bien soutenu, par fois force 6, avec une houle de travers assez courte de 2 à3 m qui nous a bien chahutés avec quelques bleus en perpectives pour Françoise. Des vaguesimpressionantes atterrissaient sur le pont nous arrosant copieusement. Comme d'habitude le régulateur d'allure a fonctionné à merveille avec le génois à 2 ris et la grand voile à 3ris. Il paraitrait que l'île de Brava est la plus belle île de l'archipel du Cap Vert, elle est renommée pour ses fleurset ses belles femmes. Nous espérons bien vérifié cela mais les débarquements en annexe ont l'air plutôtsportifs... alors, on va réfléchir...

Samedi 24 janvier 2015: Nous quittons le mouillage de Faja de Agua de l'île de Brava. Nous aurions aimédescendre à terre. Mais l'accostage en annexe est vraiment périlleux. Nous allons au mouillage de Baia DosFerreiros situé à 4 milles au sud. Nous allons y rester une ou deux nuits car il parait que c'est un endroitmagnifique et très sauvage. Peut être allons nous pouvoir descendre à terre pour aller au village situé plushaut dans la montagne.

Ensuite, Nous allons traverser l'atlantique en direction deSalvador de Bahia au brésil. Un trajet de 1960 milles quenous devrions faire théoriquement en 16 jours. (le trait bleusur la carte ci-contre.)

A partir de maintenant, comme nous n'aurons plus de connexion internet, le site ne sera plus mis à jourjusqu'à notre arrivée au brésil. Nous essaierons de nous géolocaliser une fois par jour. Vous pourrez ainsisavoir à quel endroit on est en cliquant sur la boussole ci-dessus. Mais il se peut que certains jours, cela nesoit pas possible... pas d'inquiétude... A bientôt au Brésil !

Erreur... on a de l'internet dans Baia de Ferreiros... voir le récit ci-après !!!

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Dimanche 25 janvier 2015: journée magique. Incroyable... nous sommes dans la baie de Ferreiros entouréesde montagnes mais où, malgré tout, nous captons internet. On se croyait au bout du monde ... et bien non...On peut donc mettre à jour notre site internet à jour. En quittant hier le mouillage de Faja de Agua, nous sommestombés sur des vents de plus de 30 N. Mais dés que noussommes arrivés sous l'île en direction de Ferreiros, le vent estpassé à 5 N. Nous regrettons de ne pas être venu directementà ce mouillage avant car nous sommes émerveillés par cepaysage sauvage.

Aprés avoir ancré dans cette baie magnifique, une petite famille, Jade, Francisco et David, viennent nousvoir en barque pour simplement discuté avec nous. Ils habitent au village de Lomba. Plus tard, quelquespécheurs sont venus nous voir par curiosité, on leur a acheté un genre de baracuda.

Un voilier jaune était déjà sur place. C’était celui qui était juste devant nous au mouillage de Mindelo. Ilnous donne quelques tuyaux. Il connait un ami qu'il doit nous présenter aujourd'hui. Il s'appelle JoachimDarroz, alias Kim, qui peut nous aider dans notre visite.

Aujourd'hui, nous décidons d'aller voir le village de Lomba situé à 30 mn de marche. Notre atterrissage enannexe sur la plage s'est bien passé. Nous faisons connaissance avec José, un pècheur, qui nous propose deranger notre annexe contre une barque, et ici, point besoin d'antivol...

Nous discutons un peu avec José qui nous propose de faire visiter son village, proposition que nousacceptons avec joie et que nous n'aurons pas à regretter. Nous commençons à grimper le sentier où on croisedes femmes portant des charges impressionnantes sur leur tête parfois juqu'à 40 kg avec un déniveléincroyable. José nous explique qu'elles font ça tous les jours. Ce sont les "porteuses de poissons"...

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Du haut du sentier, on a une belle vue du mouillage et de Baiade Ferreiros. Il y a parfois jusqu'à dix voiliers au mouillage,mais là, attention à l'évitage. C'est un mouillage sûr et debonne tenue. Je suis allé le vérifier en plongée. Par contre,José nous explique que de juin à septembre, il y a parfois desvents de Sud Est qui rendent le mouillage impossible.

Après avoir visité le village de Lomba, José nous demande sion désire acheter des fruits. Du frais pour la traversée, c'estpas de refus... alors nous partons dans la vallée verdoyantejouxtant le village. Ici, tout pousse... on y cultive bananes,papayes, mangues, manioc, chou, cannes à sucre, patatesdouces ect....

Nous arrivons dans une petite propriété baignée dans un oasis deverdure (voir photo ci-dessous) où nous sommes accueillis par unefemme capverdienne. José lui demande si elle accepte de nousvendre des fruits. "Ok, no problem, mais tu vas les cueillir toi-même"... et c'est ainsi qu'on voit José grimper le papayer pour nouscueillir deux grosses papayes qui iront améliorer notre ordinaire.

Idem pour lesbananes et idempour le miel decannes à sucresqu'elle nous a faitgouter...

En chemin, nous rencontrons des hommes cultivant leurs terrasses flanquées dans la vallée en piochant laterre avec ardeur. Ils nous proposent du manioc et des patates douces...gratuitement. Nous sommes étonnésmais José nous explique que c'est comme ça ici. Nous discutons avec eux et nous sommes admiratifs devantla gentillesse de ces gens très simples et dont on comprend les quelques décalages des valeurs avec lesnotres.

Nous prenons le sentier du retour. Nous croisons des jeunesfilles qui descendent à la plage. Quand on dit que les filles deBrava sont les plus belles, on ne peut que le confirmer commele montre cette photo. Le yeux verts de cette jeune fille vontfaire tomber quelques prétendants....

Arrivés sur la plage, nous rencontrons Philippe (le bateaujaune) qui nous apprend qu'il part demain pour Salavador deBahia.

Notre aimable guide José nous demande si on aurait pas uneclé USB à lui donner car la sienne est en panne depuis un

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moment et en trouver une à Brava, c'est plutôt galère. C'est avec plaisir que nous lui en donnons une ainsique quelques magasines dont les femmes sont friantes. Les jeunes sont curieux de voir nos aller-et-venue enannexe et nous posent plein de questions...

De retour au bateau, nous sommes heureux de toutes cesrencontres et nous regrettons sincèrement d'être restés silongtemps à Mindelo à attendre que cesse l'harmattan alorsqu'ici, on a l'impression que c'est le paradis.Bref, c'est ainsi. Maintenant, il faut ranger nos achats car çaprend un peu de place.

Mais à peine notre rangement terminés, nous apercevons auloin tous les jeunes de la plage qui viennent nous rejoindre aubateau, à la nage ou en barque. En l'espace de quelquesminutes, nous nous retrouvons avec six jeunes dans notreannexe, autant sur la plateforme arrière, plongeant à l'eau,remontant sur l'annexe dans une ambiance bon enfants. Le dépaysement complet... Ils sont curieux de tout,observent les moindres détails du bateau... nous nous attendions pas à cela. Nous leur offrons des bonbons,discutons de choses et d'autres... pas d'arrogance, ils sont tous d'une gentillesse confondantes... un momentque nous apprécions vraiment.

Après de nombreux échanges, ils nous quittent tous enlanceant des "Tchaos, Obrigad.." et José qui était venus nousrejoindre en barque nous dire "a manana, à mon retour depêche".

Une matinée bien chargée d'images, de couleurs etd'émotions. Une sorte de "coup de foudre" pour Brava grace àces gens.

Du coup, nous allons rester une journée de plus pour allervisiter Vila Nova Sintra. Nous partirons pour la traverséepeut-être mardi prochain.

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Lundi 26 janvier 2015: l'aluguer part de Lomba pour Vila Nova Sintra à 8 h. On se lève donc à 6 h du matincar le temps de prendre l'annexe et d'atterrir sur la plage de galet, de monter le fameux sentier pentu pouraccéder au village, de traverser le village jusqu'au rond point où les aluguers attendent, on a intérèt à ne passe lever trop tard si on ne veut pas le louper.

Nous arrivons à 7h45 à l'aluguer.Mais il faut attendre que tout lemonde arrive. Pas grave, on s'assoitsur le mur d'en face et on patiente.Pendant ce temps, nous voyonspassés les enfants tirés à quatreépingles qui vont à l'écolematernelle du village. Les femmesarrivent, chargés d'énormesbassines de poisson ou de fruits surleur tête pour aller les vendre à la ville. Le chauffeur stocke tout la marchandise dans le véhicule à tel pointqu'on se demande où on va s'assoir. Nous partons vers 8h30 pour la "capitale" située à 520 m d'altitude etcela se sent. On remet nos petites laines. On avait prévu le coup.

La ville est très propre, bordé de belles demeures dont certaines arborent le drapeau américain, signe deretour au pays de la diaspora. Il faut savoir qu'il y a autant de capverdiens à l'étranger qu'au Cap Vert. Nousparcourons les rues de Vila Nova Sintra, ville très arborée.

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Nous montons sur un point haut de la ville à partir duquelnous pouvons voir l'île de Fogo. En la voyant, nous avons unepensée pour les victimes de l'éruption ainsi que pour celles ducargo traversier qui a coulé entre Santiago et Fogo alors qu'ilapportait du matériel médical. Les gens de Brava nous disentque cette île est maléfique.

En retournant vers le centre ville, Françoise aperçoit un"jardin d'enfants". L'éducatrice qui travaillait à l'intérieurl'aperçoit en train de regarder par la fenêtre pour voir si c'estconçu comme en France... déformation professionnelle!!!L'éducatrice vient nous rejoindre et nous invite à visiterl'établissement. Les enfants viennent nous rejoindre dans lacour où on en profite pour faire une belle photo de groupe.Françoise arrive très facilement à échanger sur la professiongrace à la cuisinière qui a travaillé longtemps au Sénégal etqui maitrise parfaitement le français. On a honte une fois deplus du manque d'assiduité sur l'étude des langues dont on faitpreuve mais ceci dit, on sedébrouille...

Nous retournons à l'endroit oùl'aluguer nous a déposé. Lesfemmes venus de Lomba avec noussont là à vendre leur marchandisesdans une ambiance assez animée. Etnous en profitons pour dépenser nosderniers Escudos en produit frais.

A notre retour à Lomba, José nousinvite à manger chez lui. Nous acceptons avec plaisir. Arrivéschez lui, il nous présente sa mère qui s'occupe de son petitneveu de trois mois, sa femme et son fils.

Nous passons un bon moment ensemble et lui confirmons quegrace à lui, ces quelques jours sur Brava resteront dans notremémoire. Mais l'heure est maintenant aux adieux et auxpréparatifs de traversée vers le Brésil. Nous partons demain.

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1er jour - Mardi 27 janvier 2015: Nous préparons le bateaupour le départ quand vers 10 h, nous apercevons José qui nousrejoint avec sa barque au mouillage. Il vient nous souhaiter unbon voyage et nous dire que notre rencontre restera dans samémoire. Nous sommes émus d'autant d'attention. Mais ce àquoi on ne s'attendait pas, c'est qu'au moment de notre départen quittant le mouillage, nous vîmes les pècheurs sur la plagenous saluer en criant et secouant des tissus. En haut du villagesur la corniche, même scénario, des villageois nous disait aurevoir avec leur bras. Séquence émotion à laquelle on nes'attendait pas. Alors, nous avons sorti la corne de brume pourles remercier. Brava, on s'en souviendra et on y reviendra ...

11 h: Quelques milles plus loin, pétole complète. Nouscommençons notre traversée au moteur. Nous en profitonspour fabriquer de l'eau douce et recharger nos batteries. Onpensait partir avec le vent... si on commence à consommer dugasoil dés le départ... ça craint !13 h: le PC de navigation se plante; je mets en marche le PCde secours. Ensuite, je mets près de deux heures pour trouverla panne et reparamèter le logiciel de navigation.17h30: ma montre tombe en panne. Tout ça présage rien debon... le mauvais sort s'acharne...18h00: le vent revient et nous somme accompagnés parplusieurs dizaines de dauphins qui affluent de partout. C'estimpressionant... Ils nous escorteront pendant plusieurs heures. Pour nous ce coup ci, c'est un bon signe.

2ème Jour - Mercredi 28 janvier 2015: la nuit fut chahuté. Le vent souffe à force 6 et la mer est forte. Nouspassons notre journée à nous reposer en prévision de la prochaine nuit qui promet d'être guère mieux. Noussommes sous génois à 2 ris et grand voile affalée.

3ème jour - Jeudi 29 janvier 2015: Le ciel est très nuageux et il y a des creux impressionnant. Le ventsouffle toujours de force 5 à 6. Et la houle principale et la mer du vent se croise créant ainsi une merchaotique. Si bien que nous ne sommes pas rapides puisque notre vitesse est de 4,8 N de moyenne.Nous essayons d'envoyer notre position et de recevoir une requète météo mais on suppose qu'un messagebloque la réception. J'arrive à avoir Lucie par téléphone satellite qui me confirme la suppression de cesfichiers.12h00: préparation d'une bonne salade quand soudain unevague énorme éjecte le bocal de canard dans le carré. Ilexplose littéralement en aspergeant le plancher de sa graissebien glissante... bordel de mer.....13h30: la houle est immense et le régulateur d'allure esttellement sollicité que la bosse casse et partons ainsi àl'aulofée. Il nous faudra une 1h30 de réparation dans uneposition périlleuse puisque que j'étais à plat ventre sur laplateforme arrière avec la houle qui venait de temps en tempsme mouiller.La mer est remplie d'algues (voir photo ci-contre) qui flottentà la "queue leu leu" parfois sur plusieurs dizaines de mètres.

4ème jour - Vendredi 30 janvier 2015: pendant la deuxièmemoitié de nuit, le ciel se découvre et nous pouvons enfin admirer les myriades d'étoiles. Le vent faiblit, lamer s'apaise en partie. Dans les vaguelettes créés par l'étrave du Malumau fendant la mer à 3,5 Noeuds, en

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aperçoit dans l'eau les particules fluorescentes qui clignotent. C'est toujours un spectacle insolite de voir leciel étoilé confondu ainsi avec la mer. Au petit matin, nous déroulons tout le génois que nous tangonnons parla suite. Pour faire cette manoeuvre, nous mettons le moteur en marche lorsque soudain, une alarme se meten marche. C'est "l'alarme température eau extérieure", c'est à dire la températue de l'eau de mer. Il est vraiqu'elle est à 29°. mais pourquoi se met elle en marche? J'identifie l'emplacement de la sonde pouréventuellement la débrancher....13h30: la ligne de pèche se met à siffler et à se dévider à grade vitesse. Je commence à la freiner quand auloin, je vois sauter une énorme daurade cauryphène au bout de ma ligne qui au bout de quelques effortsarrive à se décrocher. J'en connais quelques uns qui vont rigoler dans leur moustache s'il lisent ce passage !!!15h30: il n'y a plus que 13 Noeuds de vent apparent. Nous n'avançons plus qu'à 4 Noeuds. A cette allure, onva arriver aprés le carnaval.

5 ème jour - Samedi 31 janvier 2015: ce matin, le vent n'estque de force 3 à 4. Nous avançons entre 3,5 et 4,5 Noeuds.Mais nous ne voulons pas mettre le moteur. Nous réservons lecarburant pour le pot au noir. L'après-midi, le vent forcit àforce 5 avec des rafales de 6, la mer se forme mais nousavançons bien.Problème du jour: une fuite d'eau sur le résevoir babord quicréée une petite inondation dans les cales où se situel'alimentation. Chaque jour, un problème arrive qu'il fautessayer de résoudre pour eviter la loi des suremmerdements...Toute la journée fut une navigation agréable quand soudain,vers 21h00, le vent forcit à tel point que le malumau part àl'aulofée. Des rafales d'un vent chaud arrive en cascade... jeprends la barre.

(suite sur le mois de février)