Le grand espace vert déjà grandement pollué ? à nous de...

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SOL n°80 - Mars 2009 La crise économique est-elle une catastrophe naturelle devant laquelle on ne peut que se résigner, courber la tête, en attendant la fin de l'avalanche ? Les autorités nous annoncent le pire mais prétendent que grâce à eux on évitera peut-être une situation plus grave encore. "On va s'en sortir !", assure la présidente du MEDEF, Laurence Parisot. Il est vrai qu'elle n'a pas tort. Les grands patrons ont raison d'être optimistes. Les entreprises du CAC 40 ont réalisé 54 milliards de profits en 2008. Malgré la crise, l'année 2008 a été une bonne année pour les requins de la finance et de l'industrie. Ils profitent même de la crise pour absorber des entreprises plus vulnérables. Quant aux banques en difficulté du fait de leur propre spéculation, ou les patrons de l'automobile qui vendent moins car la population n'a pas les moyens de s'acheter une voiture, pas de souci à se faire, l'État est toujours bien présent pour verser des milliards, soi-disant pour "sauver l'économie." Si ces aides de l'État se font au détriment du bon fonctionnement des hôpitaux, des écoles, des transports, de la protection sociale, c'est bien dommage pour la population mais c'est, paraît-il de la faute à la crise. La faute à la crise ? Bien sur que non ! Quand la firme Total se permet de supprimer 615 postes alors qu'elle vient d'annoncer un bénéfice record de 14 milliards d'euros, ce n'est pas la faute à la crise mais aux possédants qui en profitent. Et toutes les entreprises font de même. Elles licencient à tour de bras, font pression sur les salaires et les conditions de travail, soi-disant pour sauver la compétitivité des entreprises sur le marché. La répartition du travail entre tous sans diminution de salaire s'impose, tout autant que des augmentations de salaire prélevées sur les profits présents et passés des grandes sociétés, ainsi que le contrôle des travailleurs sur la destination des centaines de milliards d'euros donnés en cadeau aux entreprises. Les capitalistes n'abandonneront pas de leur plein gré leur part du gâteau. Seule la lutte peut faire reculer l'État et les grandes firmes. L'exemple des Antilles montre qu'une grève générale est bien plus efficace pour faire reculer les possédants que les parlottes des confédérations syndicales autour du tapis vert. Aux Antilles, la lutte a été dure et longue, mais la pression des grévistes et celle de la rue a permis de maintenir la cohésion du mouvement revendicatif. La Guadeloupe et la Martinique ont obtenu du patronat et du gouvernement 200 euros d'augmentation pour les bas salaires et bien d'autres choses encore. Leur détermination a compté mais surtout la menace d'extension de la vague de mécontentement. Ce n'était pas une menace en l'air. La réunion est entrée en luttes à son tour. Si le gouvernement a cédé c'est en grande partie par peur de la propagation de ces grèves générales à la France elle-même où le mécontentement est certain et où on assiste tous les jours à des grèves et des manifestations comme celle des enseignants chercheurs, etc. Le 19 mars, et ses lendemains, doit être le début d'une nouvelle étape pour faire reculer tous ensemble le patronat et le gouvernement. Guadeloupe, Martinique, la Réunion, à nous de prendre le relais... Depuis des années, « Saint-Ouen- Luttes » attire l'attention sur la dangerosité de la TIRU, l'usine d'incinération des ordures ménagères. Elle est aux normes européennes, c'est-à-dire qu'elle est autorisée à faire un nombre limité... de morts et de malades. Voici maintenant que la Droite s'empare du problème. C'est ce qu'on appelle de la politique politicienne. On imagine encore mieux la Droite aux commandes et la Gauche l'attaquant en organisant une réunion, avec un grand professeur, sur les dangers de l'incinération des déchets. Mais actuellement, c'est l'inverse. C'est la Gauche qui peint en vert le futur quartier des Docks : « Réconcilier la ville et le fleuve, pistes cyclables, espaces verts, bâtiments Haute Qualité Environnementale, mixité logements-activités, équipements et espaces publics... » C'est la Gauche qui signe, le 3 mars 2009, un des 8 premiers contrats-cadres « Eco- quartiers franciliens » avec le Préfet de région, dans la foulée du Grenelle de l'Environnement. Et c'est la Droite qui invite le professeur, pour qu'il dise : « Construire des logements à proximité d'un incinérateur est une aberration, une hérésie du point de vue de la santé publique. L'Institut National de Veille Sanitaire (INVS) a publié deux études qui démontrent l'augmentation du risque de cancers autour de ces installations ». Voilà même que Zora-la-Rousse, dans son style bobo parisienne qui a osé franchir le périphérique, se met à avoir des accents de vérité : « Habiter au 16e étage face à un incinérateur, n'est-ce pas comme avoir le nez collé au pot d'échappement d'une voiture ? Tiens mais j'y pense, est-ce que l'un d'entre eux (politique, architecte, paysagiste...) serait prêt à s'installer avec enfants dans son futur éco-quartier ? » Elle ne croit pas si bien dire. Le 16ème, ou Neuilly, n'auraient jamais accepté d'incinérateurs à proximité. C'est bon pour les communes populaires ! Loïc Le 2 mars, une réunion s'est tenue à la Mairie avec M. Paul Planque et l'association des jardins ouvriers. Car Nexity, le propriétaire des anciens terrains de l'Alstom, a fait faire une analyse des sols. Il en ressort que la « commercialisation » des produits potagers présente un risque sanitaire. M. Poidevin, président de Nexity, avait immédiatement convoqué le président de l'association des jardiniers pour lui dire qu'il se voyait dans l'obligation de fermer tous les jardins. La Ville, qui devrait récupérer la partie espaces verts des terrains en décembre 2009, a transmis le dossier à la DDASS. Mais elle assure les jardiniers que le futur parc intégrera bien des jardins ouvriers, dont la forme et l'emplacement restent à définir. Pour Nexity, virer maintenant et dans l'urgence les jardiniers restants présente un gros avantage : lui fournir l'emplacement dont elle a besoin pour entreposer les gravats de sa deuxième tranche de travaux. Par contre, la Mairie est mise en porte-à-faux. Les jardiniers se souviennent comme si c'était hier des leçons de réalisme et de modération que leur avaient données la majorité municipale (PC, PS et Verts) il y a deux ans, pour permettre la première tranche des constructions de Nexity : « Acceptez de sacrifier les 37 premiers jardins (près de la moitié), vous ferez preuve d'un esprit de responsabilité qui vous mettra en bonne position pour garder les autres dans le cadre du grand projet d'espace vert », et bla bla bla. Aujourd'hui le motif sanitaire ressemble à un crachat en l'air : ça pourrait leur retomber sur la gueule. La partie verte des terrains Alstom n'a jamais été construite ni industrialisée, la seule pollution possible vient du ciel. Ou plutôt des cheminées voisines qui polluent le ciel (TIRU, CPCU ou autres). Or les cheminées sont toujours là. De quoi donner un coup de gris à tous les beaux projets du quartier, si verts... et si rentables. Loïc Le grand espace vert déjà grandement pollué ? Gratuité de la cantine : simple démagogie ? Au conseil municipal du 26 janvier 2009, Nicole Amédro, maire adjointe chargée des ressources humaines, de l'enfance et de l'enseignement déclare en réponse à une question sur la gratuité des cantines scolaires qu'elle serait « démagogique dans le contexte actuel », avant d'ajouter qu'une étude de la question est envisagée. Alors, démagogique ou à l'étude, la gratuité des cantines ? En tout cas, elle serait bien utile à bien des familles, car le quotient familial ne suffit pas toujours pour que chaque élève puisse bien disposer d'un repas équilibré chaque jour dans son établissement. Paul Sombres nuages sur les Docks

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SOL n°80 - Mars 2009

La crise économique est-elle une catastrophe naturelle devant laquelle on ne peut que se résigner, courber la tête, en attendant la fin de l'avalanche ? Les autorités nous annoncent le pire mais prétendent que grâce à eux on évitera peut-être une situation plus grave encore.

"On va s'en sortir !", assure la présidente du MEDEF, Laurence Parisot.

Il est vrai qu'elle n'a pas tort. Les grands patrons ont raison d'être optimistes. Les entreprises du CAC 40 ont réalisé 54 milliards de profits en 2008. Malgré la crise, l'année 2008 a été une bonne année pour les requins de la finance et de l'industrie. Ils profitent même de la crise pour absorber des entreprises plus vulnérables.

Quant aux banques en difficulté du fait de leur propre spéculation, ou les patrons de l'automobile qui vendent moins car la population n'a pas les moyens de s'acheter une voiture, pas de souci à se faire, l'État est toujours bien présent pour verser des milliards, soi-disant pour "sauver l'économie."

Si ces aides de l'État se font au détriment du bon fonctionnement des hôpitaux, des écoles, des transports, de la protection sociale, c'est bien dommage pour la population mais c'est, paraît-il de la faute à la crise.

La faute à la crise ?Bien sur que non ! Quand la firme Total se

permet de supprimer 615 postes alors qu'elle vient d'annoncer un bénéfice record de 14 milliards d'euros, ce n'est pas la faute à la crise mais aux possédants qui en profitent.

Et toutes les entreprises font de même. Elles licencient à tour de bras, font pression sur les salaires et les conditions de travail, soi-disant pour sauver la compétitivité des entreprises sur le marché.

La répartition du travail entre tous sans diminution de salaire s'impose, tout autant que des augmentations de salaire prélevées sur les profits présents et passés des grandes sociétés, ainsi que le contrôle des travailleurs sur la destination des centaines de milliards d'euros donnés en cadeau aux entreprises.

Les capitalistes n'abandonneront pas de leur plein gré leur part du gâteau. Seule la lutte peut faire reculer l'État et les grandes firmes.

L'exemple des Antilles montre qu'une grève générale est bien plus efficace pour faire reculer les possédants que les parlottes des confédérations syndicales autour du tapis vert.

Aux Antilles, la lutte a été dure et longue, mais la pression des grévistes et celle de la rue a permis de maintenir la cohésion du mouvement revendicatif.

La Guadeloupe et la Martinique ont obtenu du patronat et du gouvernement 200 euros d'augmentation pour les bas salaires et bien d'autres choses encore.

Leur détermination a compté mais surtout la menace d'extension de la vague de mécontentement. Ce n'était pas une menace en l'air. La réunion est entrée en luttes à son tour. Si le gouvernement a cédé c'est en grande partie par peur de la propagation de ces grèves générales à la France elle-même où le mécontentement est certain et où on assiste tous les jours à des grèves et des manifestations comme celle des enseignants chercheurs, etc.

Le 19 mars, et ses lendemains, doit être le début d'une nouvelle étape pour faire reculer tous ensemble le patronat et le gouvernement.

Guadeloupe, Martinique, la Réunion,à nous de prendre le relais...

Depuis des années, « Saint-Ouen-Luttes » attire l'attention sur la dangerosité de la TIRU, l'usine d'incinération des ordures ménagères. Elle est aux normes européennes, c'est-à-dire qu'elle est autorisée à faire un nombre limité... de morts et de malades.

Voici maintenant que la Droite s'empare du problème. C'est ce qu'on appelle de la politique politicienne. On imagine encore mieux la Droite aux commandes et la Gauche l'attaquant en organisant une réunion, avec un grand professeur, sur les dangers de l'incinération des déchets. Mais actuellement, c'est l'inverse. C'est la Gauche qui peint en vert le futur quartier des Docks : « Réconcilier la ville et le fleuve, pistes cyclables, espaces verts, bâtiments Haute Qualité Environnementale, mixité logements-activités, équipements et espaces publics... »

C'est la Gauche qui signe, le 3 mars 2009, un des 8 premiers contrats-cadres « Eco-quartiers franciliens » avec le Préfet de région, dans la foulée du Grenelle de l'Environnement.

Et c'est la Droite qui invite le professeur, pour qu'il dise : « Construire des logements à proximité d'un incinérateur est une aberration, une hérésie du point de vue de la santé publique. L'Institut National de Veille Sanitaire (INVS) a publié deux études qui démontrent l'augmentation du risque de cancers autour de ces installations ».

Voilà même que Zora-la-Rousse, dans son style bobo parisienne qui a osé franchir le périphérique, se met à avoir des accents de vérité : « Habiter au 16e étage face à un incinérateur, n'est-ce pas comme avoir le nez collé au pot d'échappement d'une voiture ? Tiens mais j'y pense, est-ce que l'un d'entre eux (politique, architecte, paysagiste...) serait prêt à s'installer avec enfants dans son futur éco-quartier ? » Elle ne croit pas si bien dire. Le 16ème, ou Neuilly, n'auraient jamais accepté d'incinérateurs à proximité. C'est bon pour les communes populaires !

Loïc

Le 2 mars, une réunion s'est tenue à la Mairie avec M. Paul Planque et l'association des jardins ouvriers. Car Nexity, le propriétaire des anciens terrains de l'Alstom, a fait faire une analyse des sols. Il en ressort que la « commercialisation » des produits potagers présente un risque sanitaire. M. Poidevin, président de Nexity, avait immédiatement convoqué le président de l'association des jardiniers pour lui dire qu'il se voyait dans l'obligation de fermer tous les jardins.

La Ville, qui devrait récupérer la partie espaces verts des terrains en décembre 2009, a transmis le dossier à la DDASS. Mais elle assure les jardiniers que le futur parc intégrera bien des jardins ouvriers, dont la forme et l'emplacement restent à définir.

Pour Nexity, virer maintenant et dans l'urgence les jardiniers restants présente un gros avantage : lui fournir l'emplacement dont elle a besoin pour entreposer les gravats de sa deuxième tranche de travaux. Par contre, la Mairie est mise en porte-à-faux.

Les jardiniers se souviennent comme si c'était hier des leçons de réalisme et de modération que leur avaient données la majorité municipale (PC, PS et Verts) il y a deux ans, pour permettre la première tranche des constructions de Nexity : « Acceptez de sacrifier les 37 premiers jardins (près de la moitié), vous ferez preuve d'un esprit de responsabilité qui vous mettra en bonne position pour garder les autres dans le cadre du grand projet d'espace vert », et bla bla bla.

Aujourd'hui le motif sanitaire ressemble à un crachat en l'air : ça pourrait leur retomber sur la gueule. La partie verte des terrains Alstom n'a jamais été construite ni industrialisée, la seule pollution possible vient du ciel. Ou plutôt des cheminées voisines qui polluent le ciel (TIRU, CPCU ou autres). Or les cheminées sont toujours là. De quoi donner un coup de gris à tous les beaux projets du quartier, si verts... et si rentables.

Loïc

Le grand espace vert déjà grandement pollué ?

Gratuité de la cantine :simple démagogie ?

Au conseil municipal du 26 janvier 2009, Nicole Amédro, maire adjointe chargée des ressources humaines, de l'enfance et de l'enseignement déclare en réponse à une question sur la gratuité des cantines scolaires qu'elle serait « démagogique dans le contexte actuel », avant d'ajouter qu'une étude de la question est envisagée.Alors, démagogique ou à l'étude, la gratuité des cantines ? En tout cas, elle serait bien utile à bien des familles, car le quotient familial ne suffit pas toujours pour que chaque élève puisse bien disposer d'un repas équilibré chaque jour dans son établissement.

Paul

Sombres nuages sur les Docks

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Saint-Ouen Luttes, animé par des communistes révolutionnaires, des anarcho-syndicalistes, des membres d'associations de chômeurs, de quartiers, entend dénoncer la société capitaliste et ses défenseurs de droite, d'extrême droite, de gauche, plurielle ou pas. Considérant que le capitalisme est un frein au développement de l'humanité, nous sommes convaincus que seuls les travailleurs ont la capacité et la force de changer cette société, non par les élections, mais par leurs propres luttes. Les colonnes de cette feuille sont ouvertes à tous ceux et à toutes celles qui se retrouvent dans cette démarche. Vous souhaitez lire SOL régulièrement : envoyez-nous votre mél pour être informé de sa mise sur le Web à [email protected] ou consultez le site http://saintouenluttes.free. Pour nous écrire : SOL, 1 bis rue Godillot 93400 SAINT-OUEN. SOL est aussi disponible à la librairie Folie d'Encre, 53 avenue Gabriel Péri à Saint-Ouen.

SOL Saint-Ouen Luttes N°80 - 15 mars 2009

Le 15 mars, la trêve hivernale prendra fin et les expulsions locatives pourront reprendre. Il est même à craindre qu'elles reprennent fort : les loyers continuent de flamber, au point que les impayés ont doublé en 4 ans. Avec la crise et les licenciements, la situation ne va s'en doute pas s'améliorer.

Le gouvernement a lancé plusieurs annonces sur les dernières années : le « droit opposable » au logement, et maintenant Boutin qui déclare qu'il ne faut plus procéder à des expulsions sans relogement. Malheureusement, derrière ces voeux, c'est le vide. La construction de logements sociaux n'a pas repris, et les délais d'attente restent incroyablement longs. Les investissements privés sont davantage attirés par les bureaux ou la construction pour l'accession à la propriété, leur spécialité n'est certainement pas de répondre à la pénurie de logements accessibles aux familles modestes...

A Saint-Ouen, une ville encore populaire, et donc touchée de plein fouet par les difficultés de logement en général et les expulsions en particulier, plusieurs habitants avaient voulu poser une question au conseil municipal sur l'adoption d'un arrêté anti-expulsion. De tels arrêtés, qui existent dans plusieurs communes, y compris dans le département, sont bien sûr attaqués en justice par la Préfecture et ne résolvent pas à eux seuls la question. Mais ils sont un signe d'engagement d'une municipalité auprès des familles en difficulté.

Lors d'une discussion en Conseil Municipal de 2008, quelques élus avaient manifesté leur accord avec un tel arrêté, mais rien ne semblait avoir été décidé. Curieusement, le journal municipal « A Saint-Ouen » n°75 de mars 2009 écrit, à propos des engagements de la municipalité, qu'une habitante intervient « pour souhaiter que l'arrêté anti-expulsion pris à Saint Ouen soit entendu ». Serait-il déjà adopté ? Non, c'est la transcription de l'intervention qui a de quoi surprendre : cette habitante avait demandé qu'un arrêté anti expulsions soit pris.

Paul

Fin de la trêve hivernale : non aux expulsions Saisies et paysage urbain aux États-Unis

Faut-il pleurer pour la taxe professionnelle ?

Le gouvernement veut faire un cadeau de plus aux patrons. Ils ont déjà 76 milliards par an de dégrèvements, subventions, exonérations, aides en tout genre, ça ne leur suffit pas. Encore une vieille revendication patronale : la baisse de la taxe professionnelle.

Saint-Ouen est, de loin, la commune du 93 qui touche le plus de taxe professionnelle par habitant. Sur une quarantaine de communes, il n'y en a que 15 qui reçoivent plus de 315 euros par an et par habitant. Saint-Ouen reçoit 903 euros. On comprend que notre municipalité n'ait jamais voulu faire partie de Plaine-Commune, qui regroupe sept municipalités autour de Saint-Denis. Quand on est riche, on n'aime pas trop partager. On préfère regarder du côté de Paris, de Clichy, du 92...

Saint-Ouen, commune riche : ça ne veut pas dire forcément qu'on y est mieux comme travailleurs, chômeurs, retraités et jeunes en galère ! Et Saint-Ouen, commune de gauche : mais si c'est pour suivre Nexity, Sarkozy et Compagnie...

Loïc

On ne le sait pas toujours, mais lorsqu'on achète un ordinateur, on achète aussi des logiciels avec. La plupart du temps, les grands magasins vendent un pack qui comprend un ordinateur et des programmes informatiques, tels un traitement de texte, des lecteurs multimédia, un antivirus, voire des dictionnaires ou des jeux. Les vendeurs font miroiter que les acheteurs font une bonne affaire car ils auraient des programmes offerts. En creusant un peu, on s'aperçoit que c'est le contraire : le prix de vente est gonflé par l'ajout de ces « cadeaux ».

Un ordinateur a évidemment besoin de logiciels pour fonctionner, mais pas forcement ceux qui sont vendus dans les packs. Et ces derniers comprennent aussi des programmes bridés qui n'ont pas toutes les fonctionnalités ou qui ne sont valables que quelques mois. Ainsi, quelques particuliers passionnés d’informatique ne veulent pas, lorsqu’ils achètent un nouvel ordinateur acheter aussi les logiciels imposés par le vendeur. Ils refusent ce que l’on appelle une vente liée ou subordonnée qui est interdite pas la loi : un vendeur ne peut dans un lot ne comportant qu'un prix, regrouper plusieurs produits sans qu'il soit possible de se les procurer séparément.

Est-ce simplement une lubie d'informaticiens loufoques ?

Non, on s’en aperçoit bien vite lorsqu’on se penche sur leurs arguments : c’est bien les consommateurs qui se font

berner. Depuis quelques temps se développent des logiciels libres et gratuits. Au départ ces logiciels étaient utilisés par des experts, mais depuis peu, des versions grand public sortent. Ces logiciels s'avèrent aussi performants, voire meilleurs que les produits payants. Et ce n’est pas étonnant car les logiciels libres sont développés par une communauté internationale d'informaticiens : des millions de personnes collaborant ensemble aux quatre coins du globe sont bien plus efficaces qu’une centaine d'ingénieurs travaillant pour un grand groupe. Voilà pourquoi certains ne veulent pas acheter un ordinateur avec un pack de logiciels car il en existe des meilleurs et qui sont gratuits ! Et les tribunaux leur donnent raison. Ainsi, le tribunal de Puteaux (92) a ordonné le remboursement de 310 € sur l’achat d’un ordinateur de 700 €, soit presque 50 % du prix d’achat. Le motif de la décision est simple : « le consommateur moyen est inapte à se rendre compte qu’on pouvait lui offrir mieux », mais la demande de remboursement est pleinement justifiée. Plusieurs juges ont condamné des vendeurs à rembourser le prix des logiciels contenus dans un pack. Une association d’utilisateurs de logiciels libres s’est créée et elle essaye d' imposer aux vendeurs d'afficher le prix des logiciels vendus avec un ordinateur. Afin de ne pas payer très cher ce qui peut être gratuit.

Thierry

C'est moins bien, mais c'est plus cher !

Vu l'augmentation du chômage, le nombre de saisies continue de s'accroitre aux États-Unis. Dans les quartiers ouvriers des grandes villes industrielles comme Cleveland ou Detroit il y a des maisons saisies dans presque toutes les rues. Elles sont souvent vandalisées, soit par des voleurs qui prennent les canalisations pour revendre le métal, parfois par les propriétaires eux-mêmes qui ne peuvent pas payer les intérêts des emprunts. Les expulsions sont effectuées par des policiers, qui parfois, l'arme au poing, sont confrontés à des occupants qui partent pacifiquement, sont menaçants, ou pleurent tout simplement sur l'épaule des policiers...

En Floride, un des États les plus touchés, le nombre de saisies est tel que le tribunal qui s'occupe de ces cas a été complètement débordé. Un véritable ouragan se déchaine sur le système de justice de Floride. Des juges retraités on été rappelés à la cour. Mais surtout, une nouvelle directive a été mise en place. Le juge pose deux questions au propriétaire :1) Êtes-vous à jour dans vos payements et 2) habitez-vous dans votre maison. Si la réponse est 1) non et 2) oui, le juge déclare "Vous avez 60 jours pour vous arranger avec votre banque. Sinon votre logement sera vendu." L'affaire est terminée en moins de 30 secondes, ce qui permet d'expédier près de 1000 cas par jour. La plupart du temps, les

personnes ne savent même pas qu'elles doivent remplir des documents administratifs pour contester le jugement.

Obama a annoncé un plan de sauvetage pour les propriétaires qui ne peuvent plus payer. Il ne fait que donner de l'argent aux banques, sous couvert de les encourager à modifier les termes des emprunts.

Bref, l'argent va aux banques responsables du problème, pas aux propriétaires qui perdent leur logement ! Finalement, qui rachète les maisons saisies ? Le plus souvent, se sont des organismes prêteurs, qui récupèrent les maisons pour une bouchée de pain.

Les capitalistes vont jusqu'au bout : après avoir gagné des milliards en spéculant et en fourguant des prêts à taux d'intérêts variables qui n'ont pu être payés, ils investissent en rachetant les maisons bien en dessous de leur valeur. Pour stopper ce système capitaliste, il faudra aussi aller jusqu'au bout.

Sam