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Rollo May Le courage de créer Reconnaître ses talents, s’engager et se remettre au monde Extrait de la publication

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Rollo May

Le courage de créer

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Reconnaître ses talents, s’engager et se remettre au monde

Le courage de créer est un « grand classique » que tout être humain devrait lire.

Et si, l’imagination et l’art n’étaient pas, comme on le croît trop souvent, une parure super� cielle de la vie mais plutôt la source essentielle de toute expérience humaine. Et si, la logique et la science étaient issues de toute forme artistique et non l’inverse… la société serait-elle di� érente ? Serions-nous enclin à écouter nos pulsions créatrices et à les appliquer dans notre quotidien ?

Le courage de créer nous plonge au cœur des impulsions créatives profondes qui, une fois libérées, nous permettent de nous accomplir et déjouer les vieux scénarios inhibiteurs, trop longtemps ancrés en nous, pour dépasser nos peurs. C’est aussi la découverte de nouvelles formes, de nouveaux symboles, de nouveaux modèles sur lesquels nous pourrons bâtir une société. Toute profession exige cette sorte de courage. En sa qualité de thérapeute, Rollo May a pu observer ses patients et les aider à découvrir ou à redécouvrir leur potentiel créateur. Il s’appuie sur la dé� nition antique de la créativité qui la présente comme une « folie divine », un moyen d’échapper à la psychose. L’être créatif serait en e� et protégé de la folie grâce à sa faculté de créer.

« Une analyse très lucide et e� cace sur le processus créatif… May décrit les conditions nécessaires pour vivre la rencontre artistique et son éclosion… » Saturday Review.

« … ce livre donne des indications pour nous inviter à vivre de façon plus consciente » Jacques Languirand Radio-Canada.

« L’homme et la femme ne deviennent totalement humains que par leurs choix et par l’engagement qu’ils prennent par rapport à ces choix. » Rollo May

Psychologue de formation, Rollo May a enseigné à Harvard, Princeton, Yale et Santa Cruz. Au terme de nombreuses conférences, il décide de livrer, dans une langue belle et très accessible, le fruit de ses ré-� exions autour des sujets qui ont animé ses recherches. Il est l’auteur de nombreux livres érudits et originaux qui ont marqué des milliers de lecteurs.

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives CanadaMay, Rollo

Le courage de créer : reconnaître ses talents, s’engager et se remettre au monde

2e éd.

(Collection Essence) Traduction de : The courage to create. Comprend des réf. bibliogr.

ISBN 978-2-923715-11-7

1. Création (Arts). I. Titre.

BF408.M3914 2009 153.3'5 C2009-941348-5

Pour l’aide à la réalisation de son programme éditorial, l’éditeur remercie la Société de Développement des Entreprises Culturelles (SODEC)

Marcel Broquet Éditeur55A, rue de l’Église, Saint-Sauveur (Québec) Canada J0R 1R0Téléphone : 450 744-1236

Traduction : Marie-Luce ConstantRévision : Anne DesjardinsConception de la couverture : Rosemary Arroyave Mise en pages : Christian Campana

Distribution :

1650, boulevard Lionel-BertrandBoisbriand (Québec) Canada J7H 1N7 Tél. : 450 434-0306Sans frais : 1 800 363-2864Service à la clientèle : [email protected]

Distribution pour l’Europe francophone :DNM Distribution du Nouveau Monde 30, rue Gay-Lussac, 75005, ParisTél. : 01.42.54.50.24Fax : 01.43.54.39.15

Librairie du Québec :Tél. : 01.43.54.49.0230, rue Gay-Lussac, 75005, Paris

Diffusion – Promotion :

[email protected]

Dépôt légal : 3e trimestre 2009Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives Canada© Marcel Broquet Éditeur, 2009

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Avant-propos

TOUTE MA VIE, j’ai été hanté par les fascinants arcanes de

la créativité. Pourquoi, chez le scientifique ou chez l’artiste,

une idée originale jaillit-elle de l’inconscient à un moment précis ?

Quelle est la relation entre le talent et l’acte de création, entre la

créativité et la mort ? Pour quelle raison un spectacle de mime

ou de danse nous procure-t-il un tel plaisir ? Comment Homère,

en relatant un événement historique aussi brutal que la guerre de

Troie, a-t-il réussi à façonner un poème épique qui deviendrait

le code moral de toute la société grecque ?

J’ai posé ces questions en qualité, non de simple spectateur, mais

plutôt de participant à la création artistique et scientifique. Elles

surgissent de l’enthousiasme que suscite en moi, par exemple, la

fusion sur une feuille de papier de deux couleurs en une troisième,

totalement imprévisible. Que l’être humain ait marqué une

pause dans la course endiablée de l’évolution afin de peindre

les rennes et les bisons ocre et rouges de Lascaux ou d’Altamira,

dont la vue nous emplit encore aujourd’hui d’émerveillement,

n’est-ce pas l’un des traits qui le distinguent des autres espèces ?

Et si l’appréhension de la beauté était la voie de la vérité ? Et si

l’« élégance » — terme utilisé par les physiciens pour décrire leurs

découvertes — était la clé de l’ultime réalité ? Et si James Joyce

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avait raison lorsqu’il écrit que l’artiste crée « la conscience encore

amorphe de la race » ?

Ces chapitres résument en partie mes propres réflexions. Ils ont

d’abord revêtu la forme d’exposés présentés dans les collèges et

universités. J’ai toujours hésité à les publier, car ils me paraissaient

incomplets. J’ai fini par comprendre que cette « imperfection » ne

s’estomperait jamais, qu’elle était un élément du processus créatif

même. Vers la même époque, maintes personnes qui avaient

assisté aux conférences m’ont exhorté à les publier.

Le titre m’a été suggéré par l’ouvrage de Paul Tillich, The

Courage to Be, et je suis heureux de mentionner ici la dette que

j’ai ainsi contractée envers lui. Mais la création ne se déroule pas

dans le vide. Nous exprimons notre existence par la création. La

créativité est le corollaire indispensable de l’existence. En outre,

le mot « courage » se rapporte, au-delà des premières pages du

premier chapitre, au type de courage essentiel à l’acte de création.

C’est un aspect de la créativité qui n’apparaît que rarement dans

nos discussions et encore moins souvent dans la littérature.

J’aimerais exprimer ma reconnaissance envers quelques amies

qui ont lu tout ou partie de mon manuscrit et ont pris la peine d’en

discuter avec moi : Ann Hyde, Magda Denes, Elinor Roberts.

J’ai pris encore plus de plaisir qu’à l’accoutumée à rassembler

le matériel qui constitue cet ouvrage, car il m’a fourni l’occasion

de réfléchir une fois de plus à toutes ces questions. J’espère que

ce plaisir sera partagé par mes lecteurs.

Rollo May

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CHAPITRE PREMIER

Le courage de créer

UN ÂGE S’ÉTEINT. Mais le nouveau n’est pas encore né.

Comment en douter lorsqu’il suffit de constater les chan-

gements radicaux des mœurs et de la morale sexuelle, du mariage,

des structures familiales, de l’éducation, de la religion, de la

techno logie et de presque tous les autres aspects de la vie moderne.

En arrière-plan se profile le spectre de la bombe atomique qui, s’il

s’estompe parfois, ne disparaît jamais complètement. Traverser

sans perdre sa sensibilité cet entre-deux âges exige réellement

du courage.

Il nous faut désormais faire un choix. Alors que les fondations

de notre civilisation chancellent, nous retirerons-nous dans une

coquille d’anxiété et de panique ? Effrayés par la disparition de

nos points de repère les plus familiers, serons-nous la proie de

la paralysie ? Notre inaction deviendra-t-elle apathie ? Auquel

cas, nous aurons abandonné ce qui nous caractérise en tant

qu’humains, cette faculté d’influer sur notre évolution grâce à

la conscience de notre existence. Nous aurons capitulé devant le

rouleau compresseur aveugle de l’histoire et nous aurons perdu

toute chance de façonner le futur en une société plus juste et

plus humanitaire.

Ou bien empoignerons-nous le courage nécessaire pour pré-

server notre sensibilité, notre conscience, notre responsabilité

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face aux bouleversements qui se préparent ? Participerons-nous

consciemment, même à tout petite échelle, à l’émergence d’une

nouvelle société ? J’espère que nous choisirons la seconde de ces

voies, car c’est là-dessus que j’ai fondé mon raisonnement.

Nous allons devoir nous tailler un chemin dans une contrée

vierge, à travers une forêt que ne traverse aucun sentier battu

et de laquelle personne n’est jamais revenu pour nous servir de

guide. C’est ce que les existentialistes appellent la peur du néant.

Vivre dans l’avenir signifie plonger dans l’inconnu. Une bonne

dose de courage sera nécessaire. Mais nous ne disposons d’aucun

précédent et peu de gens se rendent compte à quel point nous

allons être mis à l’épreuve.

1 Qu’est-ce que le courage ?Le courage ne peut être en aucun cas le contraire du désespoir.

Il nous arrivera à maintes reprises de faire face au désespoir. Au

demeurant, quel être sensible n’a pas succombé au désespoir

au cours de la récente histoire de notre société ? C’est pourquoi

Kierkegaard, Nietzsche, Camus et Sartre ont tous affirmé que le

courage n’était pas l’absence de désespoir. C’est plutôt la faculté

d’aller de l’avant en dépit du désespoir.

Le courage n’exige pas uniquement de l’obstination. Nous

devrons sûrement créer de concert avec autrui. Mais si nous

n’exprimons pas nos idées originales, si nous n’écoutons pas notre

propre inspiration, nous nous serons trahis. Et nous aurons trahi

notre communauté, car nous aurons refusé d’apporter notre écot

à l’avenir collectif.

Ce courage présente une caractéristique primordiale. En

effet, il s’articule autour de nous-mêmes, autour du noyau sans

lequel nous aurions le sentiment de n’être qu’une bulle d’air.

Ce « vide » intérieur correspond à une apathie extérieure. Et, à

longue échéance, l’apathie dégénère en lâcheté. C’est pourquoi

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nous devrons toujours loger notre engagement au cœur même

de notre être. Sinon, nul engagement ne pourra être, en fin de

compte, authentique.

En outre, il faut éviter de confondre courage et témérité. Ce qui

revêt le déguisement du courage risque de se révéler simplement

une manifestation de témérité destinée à contrebalancer des peurs

inconscientes, à faire montre de machisme. Mentionnons sim-

plement l’exemple des « as » de la Deuxième Guerre mondiale.

Cette témérité aboutit généralement à la mort de l’individu ou à

une douloureuse démonstration de la force policière… Ce n’est

pas là un courage bien productif.

Le courage n’est pas une vertu cardinale, au même titre que

l’amour ou la fidélité. Il sert de fondement à toutes les autres

vertus et valeurs personnelles, tout en leur donnant l’épaisseur

du réel. En l’absence de courage, l’amour se dilue en simple

dépendance. En l’absence de courage, la fidélité se résume au

simple conformisme.

Le mot « courage » a la même étymologie que le mot « cœur ».

Tout comme notre cœur, en attirant le sang vers les bras, les

jambes et le cerveau permettent à tous les autres organes de

fonctionner, le courage permet l’apparition de toutes les autres

qualités psychologiques. Sans courage, les autres valeurs ne sont

plus que l’ombre d’elles-mêmes.

Chez les êtres humains, le courage est nécessaire pour être,

d’abord, pour devenir, ensuite. L’affirmation, l’engagement de soi

sont essentiels pour que l’être acquière une certaine réalité. C’est ce

qui distingue les humains du reste de la nature. Le gland devient

chêne automatiquement ; aucun engagement n’est nécessaire. Le

chaton devient chat en suivant simplement son instinct. Chez

eux, la nature et l’être se confondent. Mais un homme ou une

femme ne devient pleinement humain que par leurs choix et

leur engagement à les respecter. Ce sont les multiples décisions

de la vie quotidienne qui finissent par nimber les humains de

valeur et de dignité. Ces décisions requièrent du courage et c’est

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pourquoi Paul Tillich le qualifie d’ontologique, à savoir qu’il est

inhérent à la condition humaine.

2 Le courage physiqueIl s’agit du type de courage le plus simple et le plus évident. Dans

notre culture occidentale, le courage physique est l’ingrédient

essentiel de toutes les légendes de la conquête. Nous avons comme

prototypes les pionniers héroïques qui ne connaissaient que la loi

du plus fort et qui ne survivaient que parce qu’ils tiraient « plus

vite que leur ombre ». Avant tout, il s’agissait d’être autosuffisants,

de vivre sur une ferme, alors que le proche voisin se trouvait à

trente ou quarante kilomètres de là.

Toutefois, les contradictions de cet héritage mouvementé nous

apparaissent immédiatement. Quel que fût l’héroïsme de nos

ancêtres, ce type de courage a non seulement perdu son utilité,

mais encore dégénéré en violence gratuite. Lorsque j’étais enfant,

dans une petite ville du Middle-West, les garçons devaient abso-

lument apprendre à se battre. Mais nos mères n’étaient pas de

cet avis et, après avoir été brutalisés à l’école, nous goûtions au

martinet à la maison, justement parce que nous nous étions battus.

Ce n’est certes pas ainsi que l’on fabrique des êtres solides. En ma

qualité de psychanalyste, j’entends régulièrement des hommes qui,

parce qu’ils étaient des petits garçons sensibles, n’ont jamais pu

apprendre à pilonner les autres pour en faire leurs esclaves. Par

conséquent, ils vivent le restant de leurs jours dans la conviction

qu’ils sont des lâches.

Les États-Unis sont parmi les pays les plus violents du monde

prétendument civilisé. Le taux d’homicides y est de trois à dix

fois supérieur à celui des pays européens. Ces chiffres ont en

partie pour origine la brutale mentalité pionnière dont nous

sommes les héritiers.

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Nous avons besoin d’un nouveau genre de courage physique,

qui n’aboutira pas à la violence, qui n’exigera pas l’affirmation

d’un pouvoir égocentriste sur d’autres êtres. Ce que je propose,

c’est une nouvelle forme de courage physique qui, au lieu de nous

transformer en « messieurs muscles », nous permettra de cultiver

notre sensibilité. Nous devrons apprendre à écouter avec le corps.

Comme l’a exprimé Nietzsche, il s’agit d’un apprentissage grâce

auquel nous saurons penser avec notre corps. Nous le revalori-

serons en lui apprenant à sympathiser avec les autres, à s’exprimer

comme une source de beauté et de plaisir.

D’ailleurs, cette conception du corps est en train d’acquérir une

certaine popularité aux États-Unis, grâce à l’influence du yoga,

de la méditation, du bouddhisme zen et d’autres psychologies

religieuses venues d’Orient. Ces traditions ne condamnent pas

le corps, mais en font au contraire une source de fierté justifiée.

Je crois que c’est exactement le genre de courage physique dont

nous aurons besoin pour vivre au sein de la nouvelle société vers

laquelle nous faisons route.

3 Le courage moralC’est le deuxième type de courage. J’ai connu ou entendu parler

de personnes qui possédaient ce courage moral et toutes avaient la

violence en horreur. Prenons par exemple Alexandre Soljenitsyne,

écrivain russe qui se dressa, seul, contre la puissante bureaucratie

soviétique afin de protester contre le traitement cruel et inhumain

dont étaient victime hommes et femmes dans les camps sibériens.

Ses nombreux ouvrages, écrits avec une parfaite maîtrise du

russe moderne, sont un plaidoyer passionné contre la violence

physique, psychologique ou spirituelle, Son courage moral est

d’autant plus évident que lui-même n’est pas un libéral, mais un

nationaliste russe. Il symbolise désormais un principe moral que

le monde avait perdu de vue, soit que la valeur intrinsèque d’un

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être humain doit être respectée, uniquement parce que c’est un

être humain, quelles que soient ses opinions politiques. Décrit

par Stanley Kunitz comme un personnage de Dostoïevski, surgi

de la vieille Russie, Soljenitsyne s’exclama un jour : « Je sacri-

fierais ma vie avec joie si cela pouvait faire progresser la cause

de la vérité. »

Appréhendé par la police soviétique, il fut emprisonné. On

raconte que ses geôliers, après l’avoir déshabillé, le traînèrent

devant un peloton d’exécution. En fait, les fusils étaient chargés à

blanc. Toute cette comédie était destinée à l’épouvanter, une fois

que la police eût compris qu’il était psychologiquement indes-

tructible. L’indomptable Soljenitsyne décédé en 2008, à vécu en

Suisse où il poursuivit son rôle de mouche du coche, ne se gênant

pas pour critiquer d’autres nations, telles que les États-Unis, car

il estime que dans certains domaines, la démocratie américaine

a besoin d’une refonte radicale. Tant qu’il y aura des êtres dotés

du courage moral d’un Soljenitsyne, nous pouvons être sûrs que

l’avènement de l’homme-robot n’est pas pour demain.

Le courage de Soljenitsyne, comme c’est le cas chez d’autres

personnes dotées d’une grande valeur morale, n’est pas seu-

lement né de son audace. Il est également issu de sa compassion à

l’égard des souffrances dont il fut témoin pendant qu’il purgeait

sa peine dans les camps soviétiques. Il est d’ailleurs significatif et

presque inévitable que ce courage moral trouve sa source dans

une identification avec les souffrances des autres êtres humains.

Je suis tenté de le qualifier de « courage perceptuel », car il est

inféodé à notre faculté de « percevoir » les souffrances d’autrui.

Si nous nous autorisons à connaître le mal, nous serons plus

enclins à lutter contre lui. Tous, nous savons que lorsque nous

ne souhaitons pas nous mêler d’une affaire quelconque, lorsque

nous ne voulons même pas nous poser la question de savoir si

nous irons à l’aide d’une personne traitée injustement, nous nous

fermons à toute perception de cette injustice, nous nous aveuglons

devant les souffrances d’autrui, nous détournons le courant de

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compassion qui nous entraîne vers les personnes qui ont besoin

de notre aide. C’est ainsi que la forme de lâcheté la plus courante

de nos jours se résume par la phrase suivante : » « Je ne voulais

pas me mêler de cela. »

4 Le courage socialLe troisième type de courage est l’antithèse de l’apathie que je

viens de décrire. Je lui donne le nom de « courage social », car

c’est le courage de s’intéresser de près aux autres humains, de ne

pas hésiter à courir des risques pour connaître une intimité élo-

quente. C’est le courage de s’investir dans une relation de longue

haleine qui exigera une ouverture croissante.

L’intimité exige du courage, car les risques sont évidents.

À l’orée d’une relation, nous ignorons ce qu’elle fera de nous. À

l’instar d’un alliage chimique, si l’un de nous change, les deux

changeront. Nous éveillerons-nous sur nous-mêmes ? Ou, au

contraire, serons-nous détruits par cette intimité ? Nous n’avons,

au départ, qu’une certitude. Si nous décidons de nous donner

entièrement à la relation, pour le meilleur et pour le pire, nous

n’en émergerons pas inchangés.

De nos jours, nous avons tendance à vouloir contourner le

danger, à éviter d’avoir à mobiliser le courage nécessaire à une

intimité authentique. Nous faisons de la relation une simple affaire

de courage physique, qui ne met en cause que notre corps. Dans

notre société, il est plus facile de vivre une nudité physique qu’une

nudité psychologique ou spirituelle. Il est plus facile de partager

notre corps que de partager nos fantasmes, nos espérances, nos

craintes et nos aspirations qui, jugeons-nous, sont beaucoup

plus personnelles. Le partage nous rendrait plus vulnérables.

Pour d’étranges raisons, nous n’osons guère partager ce qui est

crucial dans notre vie. C’est ainsi que nous télescopons l’étape la

plus « dangereuse » d’une relation en sautant immédiatement au

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lit. Après tout, le corps n’est qu’un objet, que l’on traite comme

un robot.

Pourtant, l’intimité qui commence et finit au stade physique

perd de son authenticité. Un jour ou l’autre, nous fuyons le vide

qui s’est installé en nous. Le vrai courage social fait appel à une

intimité simultanée de tous les aspects de notre personnalité.

C’est seulement ensuite que nous parviendrons à surmonter

l’aliénation personnelle. Rien d’étonnant que toute nouvelle

rencontre provoque un soupçon d’anxiété, qui vient ternir le

plaisir de l’attente. Au fur et à mesure que la relation s’appro-

fondit, nous imprégnons chaque nouveau palier d’anxiété mêlée

de joie. Chaque rencontre peut sonner le glas de notre relation

tout comme elle peut nous mener vers le plaisir indicible de la

connaissance authentique de l’autre.

Le courage social exige que nous affrontions deux différents

types de peurs, merveilleusement décrites par l’un des premiers

psychanalystes, Otto Rank. La première, qu’il appelle « peur

de la vie », se manifeste par la peur de l’autonomie, la peur de

l’abandon, la nécessité de dépendre de quelqu’un d’autre. Elle nous

incite à nous immerger totalement dans une relation, au point

qu’il ne reste rien de nous-mêmes. Nous devenons le reflet de la

personne aimée qui, un jour ou l’autre, finit par être agacée par

cette dévotion totale. C’est la peur de l’affirmation de soi, pour

reprendre la description de Rank. Homme de son époque — la

libération de la femme ne se produirait pas avant une quarantaine

d’années — il n’hésitait pas à affirmer que ce type de peur était

typique de la femme.

La peur opposée, c’est selon Rank la « peur de la mort ». Elle

est illustrée par la peur d’être entièrement absorbé par l’autre,

la peur de perdre notre autonomie et notre personnalité, de voir

s’effilocher notre indépendance. C’est la peur, poursuit Rank,

que l’on associe surtout aux hommes, car ils s’efforcent de garder

ouverte une porte de sortie par laquelle ils s’enfuiront à toutes

jambes dès que la relation deviendra trop intime.

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En réalité, si Rank avait vécu aujourd’hui, il conviendrait

que les deux types de peurs s’attaquent, dans des proportions

variables sans doute, aux hommes comme aux femmes. Toute

notre vie, nous oscillons entre les deux. Elles sont l’incarnation

de l’anxiété qui attend quiconque s’attache à un autre être. Mais il

nous faut absolument les affronter et comprendre que ce n’est pas

uniquement en étant nous-mêmes que nous devenons meilleurs,

mais aussi en participant à l’auto-affirmation d’autres êtres. C’est

une étape obligatoire sur la voie de la réalisation de soi.

Albert Camus, dans L’exil et le royaume, a écrit une nouvelle

qui illustre ces deux types opposés de courage. « L’artiste au

travail » raconte l’histoire d’un pauvre peintre parisien qui gagnait

tout juste de quoi acheter du pain pour nourrir sa femme et ses

enfants. Après sa mort, son meilleur ami trouve la toile qu’il

était en train de peindre. Elle est vierge, à l’exception d’un seul

mot, écrit en minuscules caractères indistincts, en plein centre.

Le mot peut être soit « solitaire » — demeurer seul, garder ses

distances, préserver la paix intérieure nécessaire pour nous per-

mettre d’écouter les profondeurs de notre être — soit « solidaire »

— « vivre sur l’agora », participer aux activités d’autrui, nous iden-

tifier avec les masses, pour reprendre l’expression de Karl Max.

Bien qu’opposées, la solitude et la solidarité sont les deux pôles

autour desquels l’artiste articule des œuvres qui parleront non

seulement à son époque mais encore aux générations futures.

5 Paradoxe du courageChaque type de courage présente un curieux paradoxe. En effet,

il exige que nous nous engagions corps et âme, sans pour autant

perdre de vue la possibilité de faire fausse route. Cette relation

dialectique entre le doute et la conviction caractérise les échelons

supérieurs du courage et dément les définitions simplistes qui

font du courage le synonyme de la croissance personnelle.

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Les personnes qui affirment être absolument convaincues que

leur position est la bonne sont dangereuses. Cette conviction

commence par relever du dogmatisme, avant de donner naissance

à un rejeton encore plus destructeur, le fanatisme. Elle nous

aveugle aux autres vérités, et pourtant, elle est la manifestation

silencieuse d’un doute inconscient. En effet, une personne exa-

gérément doctrinaire redouble de protestations afin de museler

non seulement ses opposants, mais encore les petits doutes qui

surgissent au fond d’elle-même.

Chaque fois que j’entends — comme c’était fréquemment le cas

à l’époque Nixon-Watergate — un « Je suis absolument convaincu »

ou « Je souhaite que cela soit bien clair » émaner de la Maison

Blanche, je dresse automatiquement l’oreille dans l’attente du

mensonge qui ne peut manquer de suivre une affirmation aussi

péremptoire. C’est très à propos qu’une héroïne de Shakespeare

dit : « La dame (ou le politicien) proteste bien trop fort, je crois. »

C’est à ces moments-là que l’on ne peut que souhaiter la présence

d’un dirigeant tel que Lincoln, qui admettait ouvertement ses

doutes et, tout aussi ouvertement, tenait ses engagements. Car il

est infiniment plus rassurant de savoir que la personne qui nous

dirige connaît elle aussi le doute, comme vous et moi, ce qui ne

l’empêche pas d’aller de l’avant avec courage. Contrairement au

fanatique qui s’est barricadé contre toute nouvelle vérité, celui qui

a le courage de croire tout en admettant qu’il ressent aussi des

doutes, reste souplement ouvert à de nouveaux enseignements.

Paul Cézanne était convaincu qu’il découvrait par sa peinture

une nouvelle forme d’espace qui modifierait radicalement l’avenir

de l’art. Mais, en même tems, il était accablé de doutes per-

manents, extrêmement pénibles. La relation entre l’engagement

et le doute n’est absolument pas antagoniste. C’est lorsqu’il existe,

non pas sans le doute, mais en dépit de lui, que l’engagement est

le plus sain. Croire tout en connaissant le doute n’est pas une

contradiction dans les termes. Au contraire, cela suppose un

grand respect de la vérité, la constatation que la vérité va toujours

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au-delà de ce que l’on peut dire ou faire à un moment donné.

Chaque thèse possède son antithèse et toutes deux peuvent être

réunies en synthèse. C’est ainsi que nous comprenons le sens

de ces mots attribués à Leibniz : « Je parcourrais vingt milles à

pied pour écouter mon pire ennemi si j’étais certain d’apprendre

quelque chose. »

6 Le courage créatifCe qui nous conduit au courage le plus important de tous. Alors

que le courage moral permet de réparer les torts, le courage

créatif, en revanche, se manifeste par la découverte de nouvelles

formes, de nouveaux symboles, de nouveaux schémas à partir

desquels se construit une société. L’exercice de chaque profession

exige une certaine dose de courage créatif. À l’heure actuelle, la

technologie et le génie, la diplomatie, les affaires et, sans aucun

doute, l’enseignement, toutes ces professions et une pléthore

d’autres connaissent des bouleversements radicaux. Il faut que

les personnes qui les exercent fassent preuve de courage pour

apprécier et canaliser ces bouleversements. Le besoin de courage

créatif est directement proportionnel au degré de changement

que connaît une profession.

Pourtant, ce sont les artistes qui nous soumettent directement,

immédiatement les nouvelles formes et les nouveaux symboles :

dramaturges, musiciens, peintres, danseurs, poètes, ainsi que ces

poètes de la religion que nous appelons des saints. Ils habillent les

nouveaux symboles d’images poétiques, auréolaires, plastiques

ou dramatiques, selon le cas. Ils laissent libre cours à leur ima-

gination. Les symboles dont rêvent la plupart des êtres humains

se concrétisent sous la plume ou le pinceau de l’artiste. Mais en

appréciant le fruit de la création — un quatuor de Mozart, par

exemple — nous exécutons aussi un acte créatif. Lorsque nous

essayons d’interpréter un tableau — ce qui se révèle surtout

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essentiel dans le cas d’une œuvre moderne, si nous voulons la

comprendre vraiment, nous connaissons un moment de sensibilité

particulière. Une nouvelle vision surgit en nous simplement grâce

à notre contact avec le tableau. Quelque chose d’unique vient de

naître en nous. C’est pourquoi l’appréciation de la musique, de

la peinture ou d’autres œuvres d’art est aussi un acte créatif.

Pour comprendre ces symboles, nous devons nous identifier

avec eux lorsque nous les percevons. La pièce de Beckett, En

attendant Godot, ne contient aucune discussion intellectuelle de

la rupture des communications à notre époque. La rupture est

simplement présentée sur la scène. Elle est d’autant plus flagrante

chez Lucky, par exemple, qui, lorsque son maître lui intime de

« penser », ne peut que bégayer un long discours qui présente tout

le caractère ampoulé d’un exposé philosophique tout en étant

totalement dépourvu de sens. Au fur et à mesure que nous nous

engageons plus avant dans le drame, nous voyons apparaître sur

la scène, plus grande que nature, l’incapacité de l’espèce humaine

de communiquer avec sincérité.

Dans la pièce de Beckett, un arbre isolé occupe la scène, symbole

de la relation stérile des deux protagonistes tandis qu’ils attendent

ensemble un Godot qui ne viendra jamais. Et nous comprenons

alors que ce sentiment d’aliénation, c’est aussi le nôtre. Nous

l’avons déjà éprouvé avec une multitude d’autres sentiments.

Que la majorité des gens n’aient pas une vision précise de leur

propre aliénation ne la rend que plus dramatique.

Dans le drame d’Eugène O’Neill, The Iceman Cometh, on ne

trouve aucune discussion explicite de la désintégration de notre

société. Elle est représentée comme une réalité. La noblesse

de l’espèce humaine ne fait l’objet d’aucune discussion, mais

elle est présentée sur la scène comme un vide. Cette absence si

flagrante, ce vide qui emplit toute la pièce, nous fait quitter le

théâtre imprégnés du sentiment profond de l’importance d’être

des humains, exactement comme c’est le cas après avoir vu une

représentation de Macbeth ou du Roi Lear. C’est cette faculté

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Le courage de créer est un « grand classique » que tout être humain devrait lire.

Et si, l’imagination et l’art n’étaient pas, comme on le croît trop souvent, une

parure superfi cielle de la vie mais plutôt la source essentielle de toute expérience

humaine. Et si, la logique et la science étaient issues de toute forme artistique

et non l’inverse… la société serait-elle diff érente ? Serions-nous enclin à écouter

nos pulsions créatrices et à les appliquer dans notre quotidien ?

Le courage de créer nous plonge au cœur des impulsions créatives profondes qui,

une fois libérées, nous permettent de nous accomplir et déjouer les vieux scénarios

inhibiteurs, trop longtemps ancrés en nous, pour dépasser nos peurs. C’est aussi

la découverte de nouvelles formes, de nouveaux symboles, de nouveaux modèles

sur lesquels nous pourrons bâtir une société. Toute profession exige cette sorte

de courage. En sa qualité de thérapeute, Rollo May a pu observer ses patients et

les aider à découvrir ou à redécouvrir leur potentiel créateur. Il s’appuie sur la

défi nition antique de la créativité qui la présente comme une « folie divine », un

moyen d’échapper à la psychose. L’être créatif serait en eff et protégé de la folie

grâce à sa faculté de créer.

« Une analyse très lucide et effi cace sur le processus créatif…

May décrit les conditions nécessaires pour vivre la rencontre

artistique et son éclosion… » Saturday Review.

« … ce livre donne des indications pour nous inviter à vivre de

façon plus consciente » Jacques Languirand Radio-Canada.

« L’homme et la femme ne deviennent totalement humains que

par leurs choix et par l’engagement qu’ils prennent par rapport

à ces choix. » Rollo May

Psychologue de formation, Rollo May a enseigné à

Harvard, Princeton, Yale et Santa Cruz. Au terme

de nombreuses conférences, il décide de livrer, dans

une langue belle et très accessible, le fruit de ses ré-

fl exions autour des sujets qui ont animé ses recherches.

Il est l’auteur de nombreux livres érudits et originaux

qui ont marqué des milliers de lecteurs.

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