L’AUTONOMIE - espe.u-bourgogne.fr · Dans un premier temps, je définirai le terme d’autonomie...

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1 IUFM DE BOURGOGNE Concours de recrutement de professeur des écoles L’AUTONOMIE Pourquoi et comment la favoriser à l’école primaire ? SOL Emilie Nom du directeur de mémoire : Madame Gasparini Année scolaire 2003-2004 N°de dossier : 03STA00089

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IUFM DE BOURGOGNE

Concours de recrutement de professeur des écoles

L’AUTONOMIE

Pourquoi et comment la favoriser à l’écoleprimaire ?

SOL Emilie

Nom du directeur de mémoire : Madame Gasparini

Année scolaire 2003-2004 N°de dossier : 03STA00089

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SOMMAIRE

Introduction ….........................................................................................p1 et2

I. Qu’est-ce que l’autonomie ? Pourquoi l’enseignant doit-il la favoriser ?Quelle importance a-t-elle dans les

apprentissages ?..................................................................................................p3

A. Définition de l’autonomie : les cinq pôles de l’autonomie…………………………p3

1. L’autonomie physique et pratique…………………………………………………………………..p3

2. L’autonomie affective………………………………………………………………………………………p3

3. L’autonomie intellectuelle………………………………………………………………………………...p4

4. L’autonomie sociale et l’autonomie morale…………………………............................p4

B. Pourquoi favoriser l’autonomie à l’école primaire ?.........................................p5

1. Autonomie et société : les valeurs liées à l’autonomie…………………………………p5

2. L’autonomie est une nécessité pour certains maîtres………………………………..p6

3. L’autonomie dans les instructions officielles…………………………………………p7

II. Comment aider les élèves des classes de l’école primaire à devenirautonomes ?..............................................................................................................p11

A. Favoriser l’apprentissage de l’autonomie par un aménagement spécifique del’espace classe et la mise en place de règles de fonctionnement découlantde cette organisation spatiale………………………………………………………………………p12

1. Mon expérience en maternelle……………………………………………………………………….p12

2. Mon expérience dans une classe à plusieurs cours…………………………………….p15

a. La disposition des bureaux………………………………………………………………………………p15

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b. Les affichages et le tableau……………………………………………………………………………p16

3. Mon expérience dans une classe à un seul cours : CM1……………………………….p17

a. L’aménagement des bureaux……………………………………………………………………………p17

b. La mise en place de règles de vie qui vont conduire l’enseignant à attacherde l’importance aux consignes et aux tâches à accomplir en autonomie…p19

B. Favoriser l’autonomie par la mise en place d’un dispositif de travail enateliers en maternelle et des règles de fonctionnement de ceux-ci……..p21

1. Qu’est-ce qu’un atelier ?....................................................................................p21

2. Les apports des ateliers dans le gain d’autonomie……………………………………p21

a. Les ateliers favorisent l’acquisition de l’autonomie affective………………..p22

b. Les ateliers favorisent l’autonomie pratique…………………………………………….. p22

c. La mise en place d’ateliers autonomes favorise l’autonomie intellectuelle :importance de la consigne et du retour sur le travail effectué…………….p23

d. Les ateliers favorisent l’acquisition de l’autonomie morale : mise en placede règles qui régissent les ateliers autonomes et libres………………………….p24

Conclusion ………………………………………………………………………………………………p27

Bibliographie ………………………………………………………………………………………….p29

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INTRODUCTION

Le thème du présent mémoire est l’autonomie, thème auquel je me suisintéressée suite à mon stage de pratique accompagnée effectué dans uneclasse à plusieurs cours (classe de CE2, CM1, CM2).Lors de ce stage, j’ai observé des dispositifs de travail en autonomie trèsintéressants (travail en français sur ordinateur : logiciel autocorrectif lirebel,rédaction d’un exposé à partir d’un article du journal « le petit quotidien », …).J’ai constaté, à ma grande surprise, que les enfants se montraient plusautonomes, que dans les classes à un seul cours, sans être lésés par la non-disponibilité de l’enseignant en ce qui concerne leurs résultats scolaires.Les niveaux des élèves étant hétérogènes de par la spécificité de la classe,l’enseignant devait s’organiser pour pouvoir travailler avec une partie des enfantspendant que les autres étaient en autonomie. Or, cette mise en autonomie desélèves ne se fait pas du jour au lendemain. C’est un travail de longue haleine quidemande à l’enseignant une très grande organisation et un très gros travail depréparation.De plus, mon année de pré-recrutement dans une classe de maternelle m’a aussipermis de découvrir la capacité des élèves à travailler de manière autonome ainsique l’intérêt de fonctionner en ateliers.Alors que j’étais certaine que les enfants étaient désavantagés de travailler endehors du regard du maître, l’observation de ces classes m’a permis de dépassermes représentations et m’a incitée à me poser la question suivante :

• Pourquoi et comment favoriser l’autonomie des élèves dans les classes à unseul cours et à plusieurs cours que se soit à l’école maternelle ou à l’écoleélémentaire ?

Pour répondre à ces questions et pour approfondir ma réflexion sur l’autonomie,je prendrai appui sur l’expérience professionnelle acquise durant mon année depré-recrutement et de formation (stage de pratique accompagnée effectué dansune classe de CE2-CM1-CM2, premier stage en responsabilité effectué dans uneclasse de PS-MS, deuxième stage en responsabilité effectué dans une classe deCM1).Dans un premier temps, je définirai le terme d’autonomie et je préciserai quelleest sa place à l’école primaire et pourquoi il est important de rendre les élèvesautonomes. Dans une seconde partie, je décrirai et j’analyserai les dispositifs,

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les méthodes et les outils que les enseignants, de l’école maternelle et de l’écoleélémentaire, mettent en place et utilisent pour permettre aux élèves deconstruire leur autonomie tout en apprenant.

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I. Qu’est-ce que l’autonomie ? Pourquoi l’enseignant doit-il la favoriser àl’école primaire ? Quelle importance a-t-elle dans les apprentissages ?

A. Définition de l’autonomie : les cinq pôles de l’autonomie.¹

L’étymologie du mot autonomie est grecque :« autos » signifie soi-même et « nomos » signifie la loi. L’autonomie est donc lapossibilité de se gouverner soi-même, par ses propres lois, et par extension,reconnaître ce droit aux autres mais en observant les règles qui régissent la vieen collectivité. L’autonomie est donc à la fois reliée à la construction de lapersonnalité, mais aussi à la socialisation et à la citoyenneté.

En pédagogie, amener un enfant à être autonome, c’est l’amener à se détacherprogressivement de l’adulte ou de ses camarades pour réaliser seul le plus grandrépertoire d’actions possibles : se déplacer, imaginer, réfléchir… Ces différentesactions correspondent à différents pôles de l’autonomie que l’enseignant vachercher à développer chez l’enfant tout au long de l’école élémentaire.

1. L’autonomie physique et pratique.

La première forme d’autonomie que l’enfant va acquérir est l’autonomie physiqueet matérielle (ou pratique). L’enfant se passe petit à petit de l’adulte pour lesactions les plus élémentaires : s’habiller, manger, devenir propre. Il parvientprogressivement à avoir des repères propres dans le temps comme dans l’espaceet peut se passer de l’aide de l’adulte d’un point de vue physique. Cetapprentissage commence très tôt en maternelle et consiste donc, dans unpremier temps, pour l’enfant, à connaître son corps, à développer sa motricité,c'est-à-dire à être autonome par rapport à soi-même, et à maîtriser ses acteset, dans un second temps, à maîtriser son environnement. Cette premièreautonomie va engager l’enfant à s’occuper activement, à démarrer une activité,choisir un atelier et circuler dans la classe ou dans l’école.L’autonomie pratique est aussi la capacité de l’enfant à connaître les outils detravail mis à sa disposition, à les situer dans la classe (aménagement de laclasse), et à savoir s’en servir à bon escient sans avoir à recourir à l’aide dumaître. Ainsi, un enfant engagé dans un travail d’écriture et qui saura où trouverles mots qu’il a déjà rencontrés pour les écrire seul, sans l’intervention dumaître, est un enfant qui manifeste cette autonomie pratique.

¹ Marie-Agnès HOFFMANS-GOSSET, Apprendre l’autonomie Apprendre la socialisation, Chronique Sociale, mai 1996

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2. L’autonomie affective

Une autre forme d’autonomie particulièrement importante est l’autonomieaffective. Elle se définit par le fait d’oser prendre des décisions, de les assumersans en avoir peur, de ne pas être dépendant de l’approbation et du jugement desautres, de savoir recevoir la critique constructive et d’avoir confiance en soi.L’élève doit se sentir en sécurité et évoluer dans un climat de confiance. Pour quel’élève puisse acquérir une autonomie affective, il doit se détacher du maître. Ildoit comprendre que ne pas être sous le regard de l’adulte ne signifie pas êtreabandonné, que rencontrer un refus n’est pas être rejeté et qu’entendrevaloriser un camarade n’est pas être soi-même dévalorisé. Ainsi, dans l’autonomieaffective, « ne pas être dépendant » signifie « ne pas avoir un besoin constantde la présence, de l’encouragement ou de l’avis d’autrui pour pouvoir agir ».

3. L’autonomie intellectuelle.

Puis, vient l’autonomie intellectuelle qui se construit tout au long de la scolarité,et peut être tout au long de la vie.On pourrait dire qu’un enfant autonome intellectuellement pense par lui-même,c'est-à-dire qu’il peut mobiliser des compétences transversales et spécifiques àchaque discipline, des savoirs et des savoir-faire, pour résoudre des problèmes.Il est capable d’appréhender des situations proposées par le maître qui ne sontpas uniquement des situations analogiques ou modèles. L’enfant doitprogressivement devenir indépendant pour raisonner seul. Il doit s’investir dansune démarche de recherche tout en envisageant par lui-même les résultats deson activité de réflexion. Il ne doit pas attendre de l’adulte « la solutionmiracle » mais doit considérer ce dernier comme guide.

4. L’autonomie sociale et l’autonomie morale.

Enfin, viennent l’autonomie sociale et l’autonomie morale.Un enfant qui est autonome socialement est un enfant qui est capable de vivredans un groupe tout en ayant une place singulière dans ce dernier. Ainsi, lasocialisation et l’autonomie sont étroitement liées. On apprend avec les autrestout en adoptant une démarche personnelle liée à la combinaison de toutes nosinfluences (sociales, culturelles…). L’autonomie sociale consiste donc, à partird’identifications multiples, à se construire un projet personnel.Pour terminer, un enfant est autonome moralement lorsqu’il est capable decomprendre la nécessité de se donner des lois et des règles morales et lorsqu’ilest capable d’adapter son comportement à ces règles. L’élève accédera d’autant

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plus à cette autonomie morale qu’il aura véritablement fait siennes ces règles, lesaura assimilées et sera capable, de son propre arbitre, de les respecter.Ainsi, l’autonomie est le résultat d’un long processus : l’enfant ne peut devenirautonome du jour au lendemain ou d’une année sur l’autre. C’est un état qui seconstruit à travers le temps et qui n’est jamais définitivement gagné. Ces cinqpôles de l’autonomie que je viens de définir sont tous interdépendants.

Mais à quoi bon être autonome dans la société actuelle ? Pourquoi les enseignantsde l’école primaire cherchent-ils à rendre les élèves autonomes dès leur plusjeune âge ?

B. Pourquoi favoriser l’autonomie à l’école élémentaire ?

1. Autonomie et société : les valeurs liées à l’autonomie ¹

Parce que la société de consommation tend de plus en plus à faire de nous desêtres identiques animés par les mêmes désirs. Submergés par un flotd’informations complexes, dans lesquelles se mêlent allègrement le vrai et lefaux, il devient nécessaire d’apprendre à l’élève à décoder ces messages pour nepas en être un récepteur passif, ceci étant d’autant plus capital qu’il estaujourd’hui la cible privilégiée des publicitaires. L’aider à prendre du recul et àinterroger la véracité des informations qui l’entourent c’est donc lui apprendre àdévelopper l’esprit critique nécessaire à tout citoyen. Etre autonome, c’est aussipenser par soi-même, avec ses arguments : la conviction laisse la place à laréflexion. Devenir autonome c’est devenir capable d’argumenter ses prises deposition. En cela, l’autonomie me semble étroitement liée à la citoyenneté :comment participer à la vie politique sans être capable de faire preuve de senscritique ?

L’élève actuel, différent de son devancier mais aussi de ses camarades au seind’une même classe, rend nécessaire une pratique pédagogique mieux susceptiblede s’adapter à ses besoins vrais et à son désir grandissant d’autonomie et deliberté.Notre société est fondée sur la rapidité des mutations, sur l’accélération desévolutions, sur une remise en cause permanente qui s’oppose à la relative stabilitédes sociétés d’avant guerre. Les citoyens d’aujourd’hui et encore davantage ceuxde demain vont se trouver placés devant la nécessité d’une adaptation incessanteet cette capacité d’adaptation passe, au niveau des systèmes scolaires, par ledéveloppement de la responsabilité de l’élève et son aptitude à l’autonomie.

¹ Marie-Agnès HOFFMANS-GOSSET, Apprendre l’autonomie Apprendre la socialisation, Chronique Sociale, mai 1996

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Par ailleurs, le caractère mobile, évolutif des connaissances et des emplois amèneà l’idée que l’acquisition de méthodes est plus utile que l’accumulation desconnaissances. A la conception d’une formation initiale limitée à l’école, ilconvient de substituer celle d’une formation permanente s’accomplissant tout aulong de la vie professionnelle. Cette formation permanente suppose l’aptitude àl’auto formation, à l’autodidaxie. Or, les élèves seront d’autant plus capables de« s’auto former » qu’auront été développés dans le système scolaire lessituations de responsabilités et d’autonomie qui sont les plus susceptibles de luidonner le goût de l’effort personnel et le désir de progresser.

Il n’est pas original enfin de rappeler que les conditions de l’information se sontconsidérablement transformées. Le maître et le livre ne sont plus les seulsdispensateurs de la connaissance, le journal, l’affiche, le cinéma et évidemment laradio et la télévision jouent un rôle de plus en plus important.L’enseignant ne peut plus négliger cette réalité, son rôle est d’aider les plusjeunes à filtrer la masse d’informations de toutes sortes apportées par lesmédias et de contribuer à les clarifier. Il convient de donner aux élèves lacapacité d’effectuer des tris, des classements, des synthèses et de ne pas êtremanipulés.

Ainsi tous les facteurs d’évolution convergent vers le même besoin dedéveloppement des aptitudes à l’autonomie.

L’autonomie est profitable pour l’enfant mais aussi pour le maître.

2. l’autonomie est une nécessité pour certains maîtres :

En effet, pour faire fonctionner certaine classe comme les classes à multi-niveaux les enseignants sont obligés de recourir à l’autonomie de certains élèves.Organiser l’autonomie dans sa classe permet un certain soulagement (surtout sil’effectif est important) et permet de mettre en place une pédagogiedifférenciée (aide aux enfants en difficulté).

Mais au-delà de sa nécessité dans certaine classe et des valeurs qu’elle recouvre,l’autonomie est une demande institutionnelle et non un choix individuel lié auxchoix pédagogiques d’un enseignant.

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3. l’autonomie dans les instructions officielles :

L’autonomie à l’école primaire est une finalité récente. Dans l’histoire del’éducation, plusieurs conceptions de l’enseignement se sont succédées et denombreux mouvements pédagogiques ont existé, marquant plus ou moins lespratiques pédagogiques. D’abord centrés sur l’enseignant, ils ont progressivementconduit l’école à reconsidérer la place de l’enfant dans l’éducation. Le modèledominant a longtemps été basé sur la transmission des savoirs, modèle danslequel l’enfant était considéré comme une cire molle ou une table rase. Cesimages rendent bien compte d’une conception de l’enseignement reposant sur lerôle du maître qui doit modeler les enfants sans aucune différenciation. Il n’étaitpas question d’amener l’élève à réfléchir par lui-même ou de lui faire développerdes stratégies au cours de ses apprentissages. On attendait de lui avant toutattention et mémorisation. Ce type d’enseignement, défendu par Durkheim, étaitcelui le plus répandu dans les années 1920. De plus, des étudescomportementales, développées à la fin du 19ème siècle, sont appliquées dans lesécoles. Ces théories s’appuient sur l’importance du modèle, sur la répétition decelui-ci par des exercices. Dans les applications pédagogiques, les tâchesproposées aux enfants sont complètement définies, et ne laissent aucune place àl’erreur ou à l’initiative intellectuelle. Ces applications correspondent à laconception behavioriste de l’enseignement qui se base sur le système stimulus-réponse. Dés la fin du 19ème siècle, des hommes contestent le behaviorisme etproposent de nouvelles pistes : Freinet et l’éducation nouvelle (Decroly,Montessori, Ferrière) symbolisent le refus de l’enseignement traditionnel.Néanmoins, il a fallu attendre la moitié du 20ème siècle pour que, en partie grâceà eux, un renouveau se fasse sentir dans les instructions officielles quipréconisent moins d’encyclopédisme et plus de mise en activité des enfants. C’està partir de ce moment-là que l’école et l’enseignement se sont organisés autourde l’élève. Cette préoccupation devient centrale : c’est celle là que l’on retrouvedans la loi d’orientation de 1989 qui vise à « mettre l’enfant au centre dusystème éducatif ». Avec cette loi d’orientation, l’élève devient acteur de sesapprentissages. Sans développer tous les principes qui sous-tendent la nouvellepolitique pour l’école, il s’agira de partir des acquis et des lacunes de l’élève pourlui permettre de construire ses apprentissages à son rythme.Dans les instructions officielles de 2002, une très grande importance estaccordée à l’acquisition de l’autonomie à l’école maternelle. Dans l’avant proposprécédant le développement des cinq domaines d’activités, permettant destructurer les apprentissages, il est précisé que « pour donner à chaque enfantl’occasion d’une première expérience scolaire réussie, d’une part l’écolematernelle doit lui permettre de former sa personnalité et de conquérir son

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autonomie au sein d’une communauté qui n’est plus celle de sa famille, d’autrepart elle doit l’aider à grandir et lui offrir les moyens de constituer le socle descompétences nécessaires pour construire les apprentissages fondamentaux.L’école maternelle se doit aussi de représenter un milieu protégé où les enfantsconstruisent des relations de qualité avec d’autres enfants et avec desadultes. »¹Ce texte souligne l’importance pour les enfants de se sentir reconnus etd’apprendre afin de pouvoir avoir une confiance en eux et d’éprouver du plaisir àvouloir venir à l’école.C’est ici essentiellement les pôles de l’autonomie affective, sociale etintellectuelle qui sont développés. En effet, c’est dans un climat de sécurité etde confiance que l’élève parviendra à trouver sa place singulière au sein de l’écoleet de sa classe. Dans ce contexte, il tissera des liens sociaux avec les différentsprotagonistes de l’école (élèves, maître, ATSEM…) et donnera progressivementdu sens à ses apprentissages, ce qui le conduira au plaisir d’apprendre et de« devenir grand ».

L’école maternelle structure ses enseignements en cinq grands domainesd’activités. Chacun est essentiel au développement de l’enfant et constitue unsocle pour ses apprentissages. Chacun participe de manière active maiscomplémentaire à la conquête de l’autonomie. C’est cependant dans le domaine « vivre ensemble » que l’on retrouve le plusd’éléments en ce qui concerne l’acquisition de l’autonomie et notammentl’autonomie sociale et morale.

Dans le préambule du paragraphe « vivre ensemble » il est précisé que« apprendre à « vivre ensemble » est l’un des principaux objectifs d’une écolematernelle qui offre à chaque enfant le cadre éducatif d’une collectivitéstructurée par des règles explicites et encadrées par des adultes responsables.Grâce aux multiples relations qui s’y établissent, dans les situations de viequotidienne comme dans les activités organisées, l’enfant découvre peu à peul’efficacité de la coopération avec ses camarades. Il apprend aussi que lesapports et les contraintes du groupe peuvent être assumés. En trouvant ladistance qu’il convient d’établir dans des relations à autrui, il se fait reconnaîtrecomme sujet et construit progressivement sa personnalité. Avec l’aide del’adulte, l’enfant se repère dans le groupe et peu à peu y trouve sa place avantd’en comprendre et s’en approprier les règles. Dans ce cheminement, il seconstruit aussi comme sujet, capable de se positionner, de s’affirmer en serespectant et en respectant les autres. »

¹ MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE : Qu’apprend on a l’école maternelle ?, CNDP, 2002, p61

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C’est en apprenant à communiquer, en tout premier lieu, que l’enfant pourracheminer vers ce degré d’autonomie. Les activités et les situations proposéespour aider l’enfant à devenir autonome sont diverses et prennent place àdifférents moments de la vie de la classe (accueil, moments de vie collective :jeux, réalisation collective de projets, partage des responsabilités, discussionsur les problèmes rencontrés dans la vie de la classe…) et sont autant d’occasionsde communication dans le groupe.

Le pôle de l’autonomie pratique se rattache quant à lui au domaine « agir dans lemonde ». L’enfant « explore l’espace qui l’entoure et manipule des objetsfamiliers. Il acquiert des compétences sensorielles et motrices qui étendenttoujours plus le champ de ses expériences. Le maître, en proposant des activitéssensorielles et motrices variées, va aider l’enfant à « exercer, dans la plusgrande liberté de mouvement et d’actions, et en toute sécurité, ses facultésd’exploration motrice dans des environnements familiers puis de plus en pluslarges ». L’activité de l’enfant « concourt à une découverte, puis à uneconnaissance de plus en plus juste de soi, des autres, des objets et des repèresqui jalonnent l’espace et le temps de ses actions. » L’enfant va donc apprendre àmaîtriser son corps et ses possibilités motrices puis l’environnement dans lequelil inscrira ses actions.Enfin, les programmes de 2002 considèrent l’autonomie comme une compétencetransversale à développer au cycle 1 : « la curiosité et l’envie de connaître,l’affirmation de soi, le respect des autres, l’autonomie sont autant decomportements qui sont sans cesse encouragés. »¹

Les principes fondateurs de l’autonomie sont en revanche moins évoqués dans lestextes des programmes de l’école élémentaire.Au cycle 2, l’acquisition de l’autonomie apparaît essentiellement dans le domaine« vivre ensemble » même si elle reste une compétence transversale à toutes lesdisciplines. Au cycle 2, l’enfant continue à construire sa personnalité au sein de lacommunauté scolaire. Il se construit comme sujet et comprend sa place dans legroupe à travers les apprentissages fondamentaux. Il doit comprendre que lesrègles acceptées permettent la liberté de chacun, en particulier à partir dequelques exemples pris dans les règles de vie.

Enfin, au cycle 3, l’acquisition de l’autonomie apparaît, de manière très brève, dans trois domaines :

¹ MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE, Qu’apprend on a l’école maternelle, CNDP, 2002, p67

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• Les programmes de 2002, dans le paragraphe « ateliers de lecture »souligne que « l’accès à la lecture autonome (lecture silencieuse sans aided’un adulte) suppose, tout au long du cycle 3, un travail régulier ».

• Les nouveaux programmes, dans le domaine « Education artistique »,précisent que « L’éducation artistique développe l’aptitude à l’expressionet le goût de la création, elle favorise l’épanouissement de l’autonomie etde la personnalité de l’élève. »

• Enfin, les programmes de 2002, dans le domaine « Education physique etsportive », soulignent que « l’éducation physique contribue à la formationdu citoyen, en éduquant à la responsabilité et à l’autonomie. »

L’autonomie étant moins évoquée à l’école élémentaire qu’à l’école maternelle, onpourrait se demander si l’enfant est encore vraiment concerné par les problèmesliés à l’autonomie dès lors qu’il rentre au cycle 2. Il nous paraît que oui. Celarelève autant des préoccupations que le maître doit avoir que d’un besoin encoreévident des enfants qui devront s’armer progressivement pour leur entrée aucollège puis au lycée.

Ainsi, quel rôle l’enseignant doit-il jouer pour favoriser l’autonomie des enfants àl’école primaire ? Comment rendre les élèves plus autonomes dans la vie de l’écoleet dans les apprentissages ?

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II. Comment aider les élèves de l’école primaire à devenir autonomes ?

Le processus d’autonomisation n’est pas une démarche solitaire. En effet,l’enfant va avoir besoin de l’aide et du soutien de l’adulte pour devenir autonome.A l’école primaire, Le maître joue un rôle particulier puisqu’il intervient comme« metteur en scène », c’est lui qui doit proposer des situations et mettre enplace des dispositifs qui vont permettre à l’élève d’acquérir les différents typesd’autonomie, que nous avons définis dans la première partie, tout au long de sascolarité.Tout ceci implique un important travail de préparation. De plus, l’enseignant doitfavoriser l’autonomie des enfants dès leur plus jeune âge (dès l’entrée à l’écolematernelle) pour favoriser la conquête de leur indépendance le plus tôt possible.Afin de mieux aider les élèves à devenir autonomes, le maître doit comprendreque :

Ø L’acquisition de l’autonomie ne peut se faire que si l’élève a saisi lesens de ses apprentissages. Cela lui permettra non seulement de sedécentrer du maître mais aussi de s’investir dans ses apprentissagesde manière plus autonome.

Ø La formation à l’autonomie suppose une appréciation dudéveloppement atteint par le sujet. Il convient de ne pas proposerdes situations trop difficiles à gérer. La fonction du maître estd’estimer le niveau de développement atteint par l’élève et de luiproposer des activités ne dépassant pas ses compétences.

Enfin, on peut se demander quelle attitude le maître doit avoir dans la classe vis-à-vis de ses élèves. Son rôle est ambigu : le maître est le garant de la bonnetenue de la classe, le référent, le modèle pour les élèves mais il doit savoirs’effacer pour laisser les élèves s’exprimer. Il doit amener progressivement lesélèves à se décentrer de lui en favorisant les échanges entre eux et ceci dès lamaternelle. Cependant, il doit aussi être présent pour aider l’enfant versl’acquisition de l’autonomie et doit savoir valoriser, à bon escient, lescomportements autonomes ainsi que les productions d’élèves, même les plusmodestes.

Ainsi, l’enseignant doit multiplier les conditions favorables à la construction del’autonomie. Il doit aider les élèves à devenir autonome aussi bien au niveauaffectif, moral, pratique que social et intellectuel. Je tâcherai dans cette partied’exposer les pratiques que j’ai mises en place ou observées au cours de mon

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année de pré-recrutement et de mes différents stages dans des classes àplusieurs cours (à l’école maternelle et à l’école élémentaire), puis de lesanalyser.

A. Favoriser l’apprentissage de l’autonomie par un aménagement spécifiquede l’espace classe et la mise en place de règles de fonctionnementdécoulant de cette organisation spatiale

« Organiser l’autonomie, c’est systématiser la mise en place de situations danslesquelles l’enfant agit seul ou en petits groupes dans une collectivité ». Pourl’aider, il est indispensable que l’enseignant pense à l’aménagement et àl’organisation spatiale de sa classe en mettant toujours l’enfant au centre de cedispositif. Une salle de classe est constituée de meubles et de différents objets.Pour un enseignant, le choix de la disposition des meubles n’est pas négligeable.C’est un fait que la disposition d’une salle structurera la vie de la classe.

1. Mon expérience en maternelle :

Liste complémentaire l’année dernière dans une école maternelle, je me suisretrouvée dans une classe double-niveau « petits-moyens ». Très vite mapréoccupation majeure a été de trouver ma place dans ce cadre mais aussi dedéfinir avec les élèves leur propre place et leur rôle. Je me suis très vite renducompte que la volonté de faire agir chacun en tant qu’acteur de sesapprentissages nécessitait un travail de longue haleine et un travail trèsimportant au niveau de l’organisation de l’espace classe. Je me suis doncdemandée comment aménager le mieux possible la classe de façon à favoriserl’autonomie des enfants.

Tout d’abord, je suis arrivée dans une classe où le matériel (ciseaux, feutres,colle, puzzles…) était sur des étagères en hauteur. L’ ATSEM m’a précisé que lematériel était mis hors de portée des enfants pour éviter que ceux-ci ne letouchent. Elle m’a expliquée qu’elle le plaçait sur les tables avant le début dechaque atelier. Le dispositif de travail en atelier m’a paru très intéressant pouramener les enfants à conquérir leur autonomie en acquérant de nouveaux savoirset savoir-faire. C’est pourquoi j’ai gardé, dans un premier temps, la mêmedisposition des tables sur lesquelles travaillent les enfants. Je développerai cethème (travail en atelier) dans une autre partie de mon dossier.Cependant, il m’a paru très important de repenser le rangement du matériel etl’organisation des différents coins de manière à favoriser l’autonomie pratique etaffective des enfants.

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D’une part, nous avons stocké les jeux et les outils (colle, ciseaux, feutres…),indispensables pour les activités quotidiennes, sur des étagères basses. En effet,les enfants doivent avoir facilement accès au matériel nécessaire aux activitésd’apprentissage. Ceci a permis de les rendre plus autonomes au niveau pratiqueet a permis de les responsabiliser vis-à-vis du matériel. Les élèves, de chaqueatelier, vont, seuls, chercher les outils dont ils ont besoin pour effectuer leuractivité, sans aide de l’adulte. Des pictogrammes, placés sur la table, leurindiquent le matériel nécessaire. De la même façon, ils peuvent ensuite ranger cematériel eux-mêmes pour le retrouver le lendemain. Des pictogrammes ou desphotos découpées dans des catalogues de matériel sont collés sur les lieux derangement.D’autre part, je me suis aperçue, après quelques mois d’école, qu’il étaitindispensable de repenser l’organisation et l’aménagement de quelques coinsd’activités. En effet, j’ai observé que le matériel nécessaire à une activité n’étaitpas toujours placé à proximité de l’endroit où il allait être utilisé (par exemple lepoint d’eau et les pinceaux et la peinture se trouvaient loin de l’atelier peinture).Ainsi, les déplacements de certains élèves, longs et bruyants, provoquaient unegêne pour les autres groupes de travail. Certains élèves en profitaient aussi pourse chamailler et embêter leurs camarades. Après les vacances de Noël, j’ai doncmodifié l’aménagement de certains coins d’activités. J’ai rapproché l’atelierpeinture du point d’eau et j’ai mis les pinceaux et les pots de peinture àdisposition des enfants, sur une petite étagère basse. J’ai aussi déplacé le coingraphisme qui, selon moi, n’était pas dans un endroit suffisamment éclairé et j’aimis des feuilles et des outils scripteurs à disposition des enfants pour les rendremoins dépendants des adultes. En effet, lorsque le matériel n’était pas à leurdisposition beaucoup d’enfants faisaient appel à l’ATSEM ou à moi pour avoir unefeuille, un pinceau, un crayon… et d’autres attendaient sans rien dire. Je me suisdonc remise en question et j’ai pensé qu’un réaménagement de la classe étaitnécessaire pour aider les enfants à devenir autonome. J’ai constaté également,qu’en début d’année, je n’avais pas assez pris le temps d’expliquer aux enfantsl’organisation de la classe et de ses différents coins d’activités. C’est pourquoi,au retour des vacances de Noël, j’ai mis en place des activités spécifiques et desjeux de repérage dans l’espace afin que les élèves identifient bien les différentscoins et connaissent l’activité qu’on y mène (par exemple, un matin, j’ai expliquéaux élèves que quelqu’un a fait une farce : il a tout dérangé : feutres dans lecasier à couverts de la dînette, pinceau dans le pot à feutres…. Les élèvesdevaient retrouver la bonne place pour chacun des objets). Mon but premierétait que les élèves puissent organiser leur temps libre tout seul. Enfin, lorsquele rangement des différents coins a bien été intégré, les enfants ont pu allerchercher eux-mêmes au bon endroit le bon outil dont ils avaient besoin.

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Il est donc important d’aider l’enfant à se repérer dans la classe afin defavoriser son autonomie pratique et affective. C’est un travail qui ne peut sefaire que sur du long terme. Enfin, l’enseignant doit faire preuve d’une granderigueur dans le respect de l’organisation choisie.

Lors de mon premier stage en responsabilité dans une classe de petite section-moyenne section, je n’ai pas jugé utile de modifier en totalité l’aménagement dela classe car celui-ci me convenait tout à fait d’autant plus que l’enseignante, queje remplaçais, travaillait déjà beaucoup sur la mise en autonomie des élèves.Même si l’aménagement de la classe ne m’avait pas convenu, je n’aurais pas pris lerisque, en trois semaines, de tout changer. Le changement aurait été trop brutalpour des enfants de maternelle et ceux-ci n’auraient pas eu assez de temps pours’habituer à la nouvelle organisation spatiale de la classe.La seule modification que j’ai effectuée au cours de ce stage, au niveau del’aménagement de la classe, est le changement du lieu de regroupement. En effet,le matin, après l’accueil, les élèves se regroupaient dans un espace très restreintsur un tapis et c’est la maîtresse qui mettait en place, devant eux, la date, lamétéo, et qui comptait le nombre d’absents…. Les enfants étaient serrés les unscontre les autres, ne voyaient pas toujours ce que la maîtresse montraient sur lepetit « morceau » de mur et « gigotaient » dans tous les sens. J’ai donc trouvéplus judicieux de mettre le coin regroupement en face du grand tableau noir (surlequel on pouvait accrocher plusieurs affichages vus par tous) avec les enfantsassis sur des bancs (position plus confortable que d’être assis à même le sol).Chaque jour un élève responsable était chargé de mettre en place la date(étiquettes des jours de la semaine, des mois et des nombres), et la météo sur letableau et de nommer les absents puis de les compter (avec l’aide de sescamarades si nécessaire).Tous ces rituels, s’ils sont effectués par les enfants,jouent un rôle essentiel dans l’acquisition de l’autonomie. Le tableau desprésences doit être accessible aux enfants et facilement manipulable. C’est lamême chose pour la mise en place de la météo et de la date. L’enseignant doitdonc bien penser à organiser ces rituels de façon à ce qu’ils puissent avoir lieusans son aide (étiquettes accessibles, mots ressources à portée des yeux desenfants, etc.). Par la mise en place de rituels, l’enseignant va tout d’abordfavoriser l’autonomie pratique en donnant des responsabilités aux enfants vis-à-vis du matériel ; puis il va favoriser l’autonomie sociale en responsabilisant lesélèves vis-à-vis de la date, de la météo et des absences et en mettant en avant lerespect de chacun, l’écoute et le partage ( au moment du goûter par exemple) ;enfin, il va développer l’autonomie affective en décentrant l’élève de lui-même et

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en favorisant les échanges avec les autres élèves dans un climat de confiance etde partage.

2. mon expérience dans une classe à plusieurs cours.

Lors de mon stage de pratique accompagnée dans une classe de CE2, CM1, CM2,j’ai remarqué qu’il était très important que l’enseignant réfléchisse àl’organisation spatiale de sa classe afin de favoriser le travail en autonomie desélèves. Trois points semblent essentiels dans l’aménagement de la classe : ladisposition des bureaux des élèves, les coins spécifiques qui permettent la miseen place d’ateliers et les affichages, construits par le maître ou les élèves, quisont des outils pour aider les enfants dans leur travail en autonomie.

a. La disposition des bureaux

Dans une salle de classe, les bureaux des élèves peuvent être disposés dedifférentes manières.

• La disposition traditionnelle :Cette disposition est faite de rangées parallèles orientées face au tableau. Cecipermet aux élèves de voir ce qui est au tableau. Elle permet aussi à l’enseignantde travailler plus spécifiquement avec chaque rangée. Cette disposition seretrouve essentiellement dans des classes à un seul cours mais aussi dans desclasses à plusieurs niveaux.En effet, lors d’un stage en première année d’iufm dans une classe de CP, CE1,CE2, j’ai retrouvé cette disposition traditionnelle. A chaque rangéecorrespondait un niveau, les tables étaient orientées vers le tableau. Il est vraique cette disposition permettait à la maîtresse de travailler avec les rangéesséparément, donc avec chaque niveau. Je pense que cette mise en place desbureaux avait un inconvénient majeur : une telle disposition favorise une positionfrontale du maître et ne permet pas aux élèves de prendre facilement la parole.

• La disposition en U :Elle permet aux élèves de prendre plus facilement la parole et elle n’empêche pasla vue du tableau. Toutefois, cette disposition ne peut pas être mis facilement enplace dans une classe à plusieurs cours.

• La disposition groupée :

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Les bureaux des élèves sont accolés et se font face. Cette disposition est trèsfavorable au travail de groupe.

Lors de mon stage de pratique accompagnée (classe de CE2, CM1, CM2), ladisposition des bureaux correspondait à un mélange des deux dernières positionsprésentées ci-dessus. Les bureaux des élèves de chaque niveau étaientregroupés et positionnés en U. Ainsi, la classe était constituée de trois groupes.Chaque groupe faisait face au tableau.D’une part, cet aménagement a pour but de permettre à l’enseignant de circulerfacilement dans la classe et à l’intérieur de chaque groupe de niveau (le groupedes CE2 : 6 élèves, le groupe des CM1 : 5 élèves et le groupe des CM2 : 10élèves).D’autre part, cette organisation spatiale de la classe permet au maître detravailler avec un groupe d’élèves pendant que les autres travaillent enautonomie. Les élèves, à l’intérieur de chaque groupe se font face. Ils peuventdonc communiquer entre eux et prendre la parole plus facilement. Ceci présentedes avantages et des inconvénients. En effet, cette disposition des tables peutengendrer beaucoup de bavardages, surtout lorsque les élèves ne sont pashabitués à travailler de cette manière mais elle permet également à ceux-ci des’entraider et d’échanger leur point de vue.Enfin, cette mise en place des bureaux permet au maître de varier les situationsd’apprentissage et les formes de travail : travail collectif, travail en groupe,travail par deux, et travail individuel.Le plus important lorsqu’on aménage sa classe, est de penser comme le souligneBernard Rey, dans Faire la classe à l’école élémentaire « à la visibilité dutableau, l’écoute et la communication entre les élèves, la rapidité à se rassembleren petits groupes ».

Lors de l’aménagement de la classe, l’enseignant peut aussi prévoir desaffichages favorisant un comportement de travail en autonomie.

b. Les affichages et le tableau

Au cours de mon stage de pratique accompagnée, j’ai constaté que le maîtrefavorisait les affichages pour faciliter le travail en autonomie de ses élèves. Cesdifférents affichages correspondent, soit à des outils construit par les enfants,soit à des outils construits par le maître. Ils permettent aux élèves de résoudre

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certains problèmes et de répondre à leurs questions lors d’une activité enautonomie.Bernard Rey distingue dans son ouvrage Faire la classe à l’école élémentaire,trois catégories d’affichages destinés aux élèves.

• Les affichages organisationnels : on retrouve parmi ces affiches l’emploidu temps auquel les élèves doivent avoir accès pour se repérer dans lajournée et dans la semaine.

• Les affichages d’outils didactiques : Ces affichages regroupent les friseshistoriques, les règles de conjugaison, d’accords… Ce type d’affichagefavorise un travail en autonomie.

• Les affichages esthétiques : les murs de la classe peuvent alors êtreutilisés comme un lieu privilégié pour constituer un musée de classe.

Enfin, le maître inscrit chaque matin au tableau le menu de la journée. Ceci luipermet de favoriser les comportements autonomes des élèves qui pourront ainsimieux gérer leurs apprentissages et leur travail et ainsi mieux gérer leur temps.Pour favoriser la mise en place d’habitudes de travail autonome, l’enseignant nedoit pas oublier de préciser dans son menu avec quel niveau il travaille, à tel outel, moment ainsi que le matériel (manuel) dont les élèves en autonomie aurontbesoin. Par exemple, pour des exercices d’application à faire en autonomie, lemaître peut noter dans le menu de la journée les numéros de pages etd’exercices.

3. mon expérience dans une classe à un seul cours : CM1

a. l’aménagement de la classe

Lors de mon deuxième stage en responsabilité dans une classe de CM1, monprojet a été de modifier l’aménagement de la classe et notamment la dispositiondes bureaux des élèves afin de favoriser un travail en autonomie. Mon objectifétait de travailler avec la moitié de l’effectif pendant que les autres travaillaienten autonomie. Cette organisation spatiale de la classe avait pour moi deux buts :

• Rendre les élèves autonomes au niveau intellectuel et affectif.• Travailler de manière plus efficace avec une moitié de classe. En effet,

l’enseignant, selon moi, se rend compte davantage des difficultés des

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élèves lorsqu’il travaille avec la moitié de l’effectif. De plus, il peut faireparticiper davantage d’enfants.

Avant mon arrivée dans cette classe de CM1, les bureaux étaient disposés demanière traditionnelle (rangées parallèles orientées face au tableau) et tous lesenfants effectuaient la même tâche en même temps. L’enseignant titulairem’avait précisé que les élèves de cette classe n’étaient pas « du tout »autonomes. Le premier jour du stage, j’ai expliqué aux élèves mon projet detravail pour les trois semaines et je leur ai demandé de réfléchir à une autredisposition des bureaux pour faciliter le travail en deux groupes bien distincts.Ils ont effectué, par deux, un plan de la classe. Puis, nous avons procédé à uneconfrontation des différents plans et nous nous sommes mis d’accord sur lenouvel emplacement des bureaux. Ce travail a abouti à la mise en place de deux« U » faisant chacun face à un tableau.J’ai rencontré un certain nombre de difficultés lors de ce stage, notamment auniveau de la gestion des deux groupes. En effet, j’ai eu beaucoup de mal à rendreun groupe d’élèves complètement autonome pendant que je travaillais avec l’autregroupe. J’étais, à tout moment, interrompue par des élèves qui me disaient ne pascomprendre la consigne ou par d’autres qui profitaient de ce nouveau « système »pour parler et déranger leurs camarades. Je me sentais donc, à chaque séance,obliger d’interrompre mon travail avec le demi-groupe pour réclamer le silence et« le sérieux » aux autres. Ces nombreuses interruptions m’empêchaient determiner les séances et parfois même, j’oubliais l’objectif que je m’étais fixée.

J’ai donc remis en question, à la fin de la première semaine de stage, ma manièrede procéder et j’ai contacté mon maître formateur pour essayer de trouverl’origine de mes difficultés.Ma principale erreur a été de modifier, presque en totalité, le dispositif de laclasse et les habitudes de travail des élèves. En effet, rendre un élèveautonome, comme je l’ai déjà dit, est un travail de longue haleine qui ne peut passe faire uniquement sur trois semaines. Le dispositif, en lui-même, n’est pasnégatif puisque je l’ai très bien vu fonctionner dans d’autres classes mais pourmarcher correctement, il doit être mis en place « en douceur ». Les exigences,au niveau du travail en autonomie, doivent être introduites petit à petit au coursde l’année scolaire. Ainsi, le changement de disposition des bureaux ne doit sefaire que lorsque les élèves ont déjà acquis un certain degré d’autonomie, ce quin’était pas du tout le cas au cours de ce stage. J’aurais donc dû conserverl’aménagement de l’enseignement titulaire et trouver d’autres moyens de rendreles élèves autonomes.

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De l’aménagement de la classe peut dépendre la mise en place de certaines règlesde vie. Lorsqu’ un enseignant a une classe à l’année, il est indispensable que celui-ci mette en place des règles de vie de la classe, dès le début de l’année, afin depermettre aux élèves de mieux gérer le travail en autonomie.

b. la mise en place de règles de vie qui vont conduire l’enseignant àaccorder de l’importance aux consignes et aux tâches à accomplir enautonomie

Même si je ne disposais que de trois semaines, j’ai essayé, avec les élèves, demettre au point un mini règlement afin d’améliorer leur travail en autonomie.Dans un premier temps, j’ai expliqué aux élèves que je ne désirai pas êtredérangée lorsque je travaillais avec un groupe. Une des premières règles de viede la classe donnée par les élèves a donc été « Je n’interromps pas la maîtressequand elle travaille avec l’autre groupe ». Si l’enseignant ne veut pas êtredérangé, cela implique plusieurs choses :

Tout d’abord, pour rendre les élèves le plus autonomes possible, l’enseignant doitpasser du temps sur les consignes. En effet, la consigne a une très grandeimportance étant donnée qu’elle est le seul recours pour l’enfant après le départdu maître. De nombreux élèves sont en difficulté parce qu’ils n’ont pas compris,entendu, perçu –tout ou partie- de la consigne. Ainsi, connaissant toute l’importance d’une consigne, j’ai essayé, tout au long dustage, d’améliorer celle-ci et d’assurer sa bonne compréhension par tous lesélèves. Pour cela, je l’ai faite reformuler oralement par un ou plusieurs élèves ; jel’écrivais au tableau, à un endroit précis, clairement identifié et reconnu par lesélèves (cela permet aux enfants d’y revenir) ; j’essayais de la formuler le plusclairement et le plus précisément possible et je m’assurais au préalable que tousles mots soient connus par les élèves ; enfin, je faisais attention à la façon de ladonner oralement : il faut créer une bonne condition d’écoute ( l’écoute doit êtreactive, car après les élèves ne pourront plus rien demander au maître. Il fautdonc qu’ils soient attentifs à ce moment là !).La consigne et sa formulation sont donc indispensables pour induire deshabitudes et des comportements de travail autonome.

Puis, je me suis rendue compte qu’il était indispensable de fixer « un contrat detemps » avec les élèves afin de faciliter leur travail en autonomie. La présenced’une pendule dans la classe est donc primordiale pour permettre aux enfants degérer leur temps de travail sans la présence du professeur. Ils savent, qu’au boutde tant de temps, l’enseignant va venir vérifier leur travail.

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De plus, une seconde règle qui semble importante, pour que les élèves puissentmieux gérer leur travail en autonomie, est la mise en place d’une liste d’activitésque les enfants peuvent faire lorsqu’ils ont fini leur travail. Lors de mon stagedans la classe de CM1, nous avons pris le temps de lister sur un panneau tous lestravaux à faire après le travail demandé par l’enseignant.

Quand j’ai fini mon travail, je peux :• Choisir et recopier une poésie• Illustrer ma poésie• Apprendre ma poésie• Faire mon exposé• ………………………

Enfin, l’objectif pour l’enseignant lors des moments de travail en autonomie vaêtre de trouver la meilleure adéquation possible entre la difficulté de la tâche etla capacité des enfants. Nous devons veiller à ne pas proposer des tâches tropdifficiles aux enfants lorsqu’ils n’ont aucun recours à l’adulte.Le travail à réaliser doit être simple, assez long pour laisser suffisamment detemps à l’enseignant de travailler avec l’autre groupe. Il peut s’agir :

• D’exercices d’application d’une leçon précédemment vue avec l’enseignant.• D’un exercice ritualisé• D’une situation problème en vue de faire la leçon avec le maître• D’une production d’écrit (tout en étant une situation pensée pour être

réalisée par les élèves sans trop de difficulté)

Ainsi, l’enfant ne devient pas autonome tout seul. C’est l’enseignant qui, par uncertain aménagement de la classe et une réflexion sur les consignes, les tâches àaccomplir et les règles de vie, va favoriser les comportements autonomes desélèves.A l’école maternelle, l’enseignant va mettre en place un dispositif particulier pourfavoriser l’acquisition de l’autonomie.

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B. Favoriser l’autonomie par la mise en place d’un dispositif de travail enateliers en maternelle et de règles de fonctionnement de ceux-ci.

1. Qu’est-ce qu’un atelier ?

L’atelier est simplement un lieu où se déroule une activité particulière et quefréquente, selon certaines règles particulières, un groupe d’enfants. Cela n’exclutpas l’idée que ces groupes d’enfants peuvent être constitués en fonction d’unobjectif prioritaire, et se trouver être aussi un groupe de besoins, un groupe deniveau, ou un groupe de tâches, mais la fonction essentielle de l’atelier est dedistribuer le travail en des lieux spécifiques. On trouve ainsi des ateliers depeinture, de modelage, ou de lecture, ou d’autres encore. Les ateliers peuventexister dans la classe, ou être organisés au niveau de l’école tout entière. Cettedisposition a des avantages : elle permet que le matériel reste en place, elleinvite les enfants à choisir leur atelier, tout en respectant les contraintesétablies, par exemple qu’il faut fréquenter tous les ateliers au cours d’unesemaine. Quelles que soient ces contraintes, qui dépendent du maître, elleshabituent les enfants à l’idée de contrat, à la maîtrise de leur temps et à ladiscipline de groupe. Les contrôles du travail sont aisés puisque les enfantstravaillent en groupes restreints sur des tâches bien précises. La rotation desateliers permet aussi la rotation du maître de la classe, qui peut distribuer, enquelque sorte sa présence, et entretenir avec les enfants une communication plusefficace qu’elle ne peut l’être devant un grand groupe.Les ateliers ne se confondent pas avec « les coins jeux », ils obéissent chacun àune progression dans le travail au cours de l’année, qu’il s’agisse soit d’une logiqued’apprentissage, soit d’accomplir des tâches nécessitées par le projet de classe.

2. les apports des ateliers dans le gain d’autonomie

Lors de mon année de pré-recrutement et de mon premier stage enresponsabilité en classe de maternelle, il m’a paru indispensable de rendre lesélèves autonomes au niveau sociale mais aussi intellectuel c'est-à-dire defavoriser l’autonomie dans les apprentissages. C’est pourquoi j’ai décidé demettre en place des ateliers autonomes au cours de ces deux expériences enclasse de maternelle. En effet, la pédagogie par ateliers est particulièrementfavorable à l’acquisition de l’autonomie.

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a. Les ateliers favorisent l’acquisition de l’autonomie affective.

D’abord parce que les ateliers non dirigés mettent les enfants en situation de sepasser de la présence physique de l’adulte, de son approbation et même de sonregard le plus souvent. Au cours de mes deux expériences en maternelle, j’aiconstaté que la majorité des enfants avait beaucoup de mal à travailler sans laprésence de l’adulte à leur côté. Beaucoup d’élèves avaient peur de se tromper oude mal faire. Ils avaient sans cesse besoin d’être rassurés pour poursuivre leuractivité. Ainsi, un de mes objectifs prioritaires, en fin de moyenne section, a étéque chaque élève soit capable de mener, seul, une activité à terme. Cetteindépendance affective, de courte durée chez les plus jeunes (élèves de petitesection), est d’une grande importance pour l’autonomie. En effet, elle apprend à« être soi », à avoir confiance en soi et à vaincre ses peurs sans l’étayage ou laréassurance constante de l’adulte.

b. Les ateliers favorisent l’autonomie pratique

D’autre part, les ateliers autonomes entraînent la prise en charge par les enfantsde certaines tâches et responsabilités (aller chercher du matériel, ranger lematériel une fois le travail terminé, mettre son nom sur son travail et aller leranger dans son casier…), ce qui suppose une part d’autogestion etd’autodiscipline (par exemple, ne pas s’arrêter aux coins jeux au lieu derapporter les feutres ou les perles). Cet apprentissage ne se fait pas du jour aulendemain. L’enseignant doit laisser du temps aux enfants pour qu’ils s’habituentau fonctionnement de la classe et doit sans cesse réexpliquer l’organisation de laclasse. « L’apprentissage de l’autonomie est un apprentissage qui doit se faire endouceur ». Favoriser l’autonomie, c’est élargir progressivement l’univers del’enfant ; l’espace « géographique » dans lequel il évolue (l’espace classe puisl’espace école) et le nombre d’actions qu’il peut entreprendre seul. Tout cela nepeut être mis en place qu’à partir d’un cadre commode et rassurant qui donneconfiance à l’enfant. Cela doit aussi se faire à un rythme qui lui permette uneappropriation sereine.

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c. La mise en place d’ateliers autonomes favorise l’autonomieintellectuelle : importance de la consigne et du retour sur le travaileffectué

Les ateliers autonomes habituent également les enfants à s’approprier lesconsignes, et à les garder suffisamment en mémoire pour les appliquer, hors dela présence de l’enseignant, tout au long de la tâche à mener. Bien sûr, ce pouvoirne se développe que peu à peu. Je me suis rendue compte, au cours de mon annéede pré-recrutement, que pour qu’un élève soit en situation de réussite dans unatelier autonome il fallait prendre du temps pour la passation des consignes etvérifier que tous les enfants aient bien compris la tâche à accomplir. Il estimportant que la consigne soit d’abord répétée par l’enseignant, puis il faut quecelle-ci soit reformulée par un élève et réexplicitée par l’adulte aux enfants desdifférents ateliers. Enfin, l’enseignant doit encourager à finir le travail ou laréalisation commencés.Au cours de mon premier stage en responsabilité dans une classe de « petits-moyens », j’ai beaucoup travaillé sur les consignes. J’ai réfléchi à la manière laplus efficace de faire passer les consignes aux enfants afin qu’ils soient le plusautonome possible et que la non compréhension de la tâche à accomplir ne soitpas un frein à leur réussite. Je me suis aperçue que certains élèves avaientbesoin d’un support visuel pour garder la consigne en mémoire. J’ai donc utilisédes pictogrammes pour aider les enfants à retenir et à mieux comprendre letravail à effectuer. Parfois, j’effectuais un modèle sous leurs yeux que je laissaisaffiché, notamment pour les activités de graphisme et d’écriture.

La capacité à conserver mentalement la consigne et à structurer le temps de sonactivité est tout à fait essentielle pour le développement des conduitesd’attention, de travail, et pour l’acquisition de l’autonomie puisqu’il s’agit derésister aux distractions (par exemple, continuer à faire son exercice graphiquetandis que le groupe de la table voisine joue librement à la pâte à modeler, avecun plaisir quelque peu bruyant), aux tentations diverses (par exemple, réaliserjusqu’au bout son algorithme en gommettes alors qu’un camarade installé au coingarage ne cesse de l’appeler), bref de garder le cap de la tâche à mener à sonterme.

Enfin, lors de mon stage en responsabilité, il m’a paru très important d’effectuerun temps de retour sur les travaux effectués dans les différents ateliersautonomes. D’une part, car cela permet de donner à l’élève du sens à ses

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apprentissages et d’autre part, parce que cela évite que certains enfants nebâclent leur travail. Ces moments de bilans permettent aux enfants d’évaluerleur travail ainsi que celui de leurs camarades et de présenter leur démarche aureste de la classe. Les élèves cherchent à savoir si leur camarade a bienrespecté la consigne et essayent de repérer les erreurs et les réussites. C’est àce moment là que l’enseignant doit dédramatiser l’erreur : « nous sommes àl’école pour apprendre, on a le droit de se tromper. ». Le maître donne aussi sonavis sur les productions et revient sur ce qui n’a pas été compris. Ce bilan estimportant puisqu’il finalise le travail de l’enfant et lui permet de comprendre qu’ilest important de mener son travail à terme.

d. Les ateliers favorisent l’acquisition de l’autonomie morale : mise enplace de règles qui régissent les ateliers autonomes et libres

Enfin, les ateliers donnent aux enfants la possibilité de choisir leur activité dumoment, en fonction soit de la tâche elle-même, soit des compagnons souhaités.Ces choix sont quelquefois limités, d’une part par la nécessité de passer, au coursd’une semaine par exemple, à tous les ateliers proposés, d’autre part parl’impossibilité de prendre place sur le champ à un atelier déjà complet. Mais ceslimites du choix, loin de contrarier l’autonomie, contribuent aussi à la construire,en ce qu’elles apprennent à l’enfant à se plier à une règle, à un contrat, àremettre à plus tard la satisfaction d’un désir (« tu vois qu’il n’y a plus de place àla peinture, tu iras demain »). Le pouvoir d’agir seul, de choisir n’est del’autonomie que si l’on ne fait pas n’importe quoi, que si l’on sait peu à peu freinerses impulsions, tolérer l’attente (ect), c'est-à-dire si l’on est progressivementcapable de se « gouverner ». L’autonomie « suppose le pouvoir acquis de sedonner des règles » (Les cycles à l’école primaire, p85), en quoi elle est d’ailleursindispensable à la socialisation. « L’autonomie ne s’oppose pas à la directivité,l’autonomie se construit par la possibilité de s’exprimer dans une directivitéinduite par : la situation, le matériel, la nécessité sociale du groupe des pairs. »(Education enfantine n°1, septembre 93, dossier « Le travail en ateliers »).

Lors de la mise en place d’ateliers dans ma classe de Petite Section-MoyenneSection, j’ai constaté que, si l’on veut donner à l’enfant, lors d’ateliersautonomes, la possibilité d’être vraiment autonome, il fallait mettre en place desrègles de fonctionnement et un dispositif bien précis et bien pensé : les enfantsdoivent avoir tout ce dont ils ont besoin à disposition (soit parce que le matérielaura été préparé,soit pace qu’ils savent où le trouver), et surtout savoir qu’ils

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n’auront, en théorie, ni le besoin ni l’autorisation de déranger l’enseignant, quis’occupe de l’atelier dirigé.J’ai remarqué, à mon détriment, que si ces règles n’étaient pas précisées, lesenfants, tout naturellement, me sollicitaient, alors que j’étais en train de menerun atelier dirigé, soit parce qu’ils avaient terminé, soit parce qu’ils rencontraientun problème. Au cours d’un entretien à l’occasion d’une visite formative, il a étémis en évidence que ces perturbations limitaient l’efficacité de mon action enatelier dirigé. Je répondais trop aux demandes des enfants étant censés être enautonomie. Il a donc fallu que j’explique clairement aux élèves que, durant letemps consacré aux ateliers, les enfants qui n’étaient pas avec moi devaient soitse débrouiller seuls, soit s’entraider, et en dernier recours s’adresser àl’ATSEM. Il a fallu établir des règles régissant les ateliers, notammentconcernant ce que les enfants ont le droit et ont l’obligation de faire pendant lesateliers autonomes et enfin, sur ce qu’ils ont la possibilité de faire lorsqu’ils ontfini leur travail (faire un autre travail facultatif, aller au coin bibliothèque, jouercalmement et silencieusement aux jeux de construction) et donc sur lesmodalités de vérification de ce travail. Ainsi, en montrant la nécessité aux élèves de mettre en place des règles quirégissent les ateliers, et plus largement la vie de la classe, l’enseignant les aide àcomprendre le besoin de se donner des lois et des règles morales. Cette mise enplace des règles de vie de la classe se fait petit à petit et ce sont les enfants quiles établissent, avec l’aide du maître bien sûr. Le rôle de l’enseignant est d’aiderles élèves à comprendre les règles morales qui justifient les règles de la vie engroupe. L’enfant aura acquis une certaine autonomie morale quand il sera adapterson comportement au règlement de la classe.

Enfin, au cours de mon année de pré-recrutement, je me suis aperçue quebeaucoup d’enfants bâclaient leur travail pour pouvoir aller jouer. De plus, ils seretrouvaient en très grand nombre dans le coin dînette ou dans le coin jeux deconstruction qui n’étaient pas très spacieux. Il y avait donc beaucoup de bruit etceci distrayait et empêchait les élèves, encore aux ateliers, de travaillercorrectement. Pour remédier à cela, j’ai donc instauré un système de colliers sur lesquels setrouvait un pictogramme correspondant aux caractéristiques de chaque coin. Il yavait cinq colliers par coin (coin dînette, coin bibliothèque, coin jeux deconstruction, coin dessin…) ainsi le nombre d’enfants par coin était limité. Dèsqu’un enfant avait terminé son travail, il allait chercher un collier correspondantà l’endroit dans lequel il avait envie de se rendre. Ce système a permis d’éviterles chahuts et de réduire l’intensité sonore de la classe.

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Au cours de mon stage en responsabilité en maternelle, j’ai choisi de transformerces moments durant lesquels certains élèves étaient en activités libres en unesorte d’atelier autonome : j’avais, par exemple, proposé une activité de coloriagedes différentes parties du corps d’un lapin, sur une feuille de format A3(remplissage de surface) demandant de la précision et de l’application dans legeste, avec des pastels. Cette activité plutôt ludique a été apprécié des enfantsqui ne se sont pas sentis « privé » de jeu pour autant, car les moments de lajournée y étant consacrés sont suffisamment important. De cette manière, il mesemble être parvenue à respecter les différents rythmes de travail des enfantssans tomber dans des activités purement « occupationnelle » d’autant plus quecette activité s’inscrivait dans le cadre d’un projet.

Ainsi, en mettant en place un tel dispositif (travail en ateliers autonomes),l’enseignant a pour but d’aider l’enfant à conquérir son autonomie et ce dès sonplus jeune âge.

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CONCLUSION

A travers ce mémoire, j’ai tenté de mettre en avant toute l’importance qu’unenseignant doit accorder à l’autonomie à l’école primaire. J’ai essayé de répondreà la question suivante : « Pourquoi et comment favoriser l’autonomie des élèves àl’école primaire ? » en m’appuyant sur des fondements théoriques, sur lesprogrammes officiels de 2002 et surtout sur mon expérience acquise lors de monannée de pré-recrutement et de mes stages effectués dans des classes à un ouplusieurs cours (cycle 1 : classe de petite section - moyenne section ; cycle 3 :classe de CE2-CM1-CM2 et classe de CM1).Le thème de «l’autonomie » est très vaste. Il m’a donc paru essentiel, dans unpremier temps, de « cibler » ce terme en le définissant. Je me suis aperçue quel’autonomie touchait plusieurs pôles qui étaient soit liés à la vie de la classe soitliés plus intimement à l’individu. J’ai donc définis cinq types d’autonomie :l’autonomie pratique, l’autonomie morale et sociale qui sont liées à la vie de laclasse puis, l’autonomie affective et intellectuelle qui se rapportent plus àl’individu. Il s’avère que ces pôles sont interdépendants et qu’un réel travail surl’autonomie implique une pratique de classe centrée sur l’enfant et qui donne dusens aux apprentissages.Pour que les enfants soient autonomes à leur entrée au collège, il estindispensable que les enseignants de l’école primaire favorisent l’autonomie desélèves dès leur plus jeune âge (3 ans) et tout au long de leur scolarité. Apparaîtdonc ici l’intérêt de faire figurer cet apprentissage dans les objectifs du conseild’école ce qui permettrait de s’assurer d’une certaine cohésion entre lesdifférentes classes. L’autonomie, concept très complexe et couvrant de multiples champs, est un desobjectifs fondamentaux que les enseignants doivent se fixer tout au long del’école primaire.D’une part, parce que l’autonomie est une acquisition fondamentale qui va forgerla personnalité du petit enfant et du futur adulte. C’est la base du sens desresponsabilités, de la confiance en soi, de l’inventivité et du civisme. L’enfantautonome est un enfant débrouillard, capable d’affronter les difficultés qui seprésentent sur son chemin. Il peut les assumer et rebondir face aux obstacles.D’autre part, le travail autonome des élèves peut aider le maître dans la gestiondifférenciée de sa classe.Les enfants ne deviennent pas autonomes sans aide. Il s’agit donc pour lesenseignants de multiplier les conditions favorables à la construction del’autonomie en prenant en compte l’âge des enfants et leurs différentscomportements. A l’école maternelle, l’instauration d’ateliers tournants permet

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sans aucun doute un accès à l’autonomie. Cependant, la mise en place des ateliersne suffit pas à rendre les enfants autonomes : il faut nécessairement que lesrègles régissant leur fonctionnement laissent une part importante à l’initiativedes enfants. Ceux-ci doivent pouvoir suivre l’évolution de leur travail, ils doiventsurtout donner du sens à ce qu’ils font dans ces ateliers, entre autre par unretour sur leur travail mené lors de bilans.Enfin aussi bien à l’école maternelle qu’à l’école élémentaire, l’aménagement de laclasse, l’importance accordée aux règles de vie, à la consigne, à la tâche àaccomplir en autonomie, au temps pour effectuer un travail seul ou en groupe, àl’occupation des enfants ayant fini leur travail… sont autant de facteurs qui vontpermettre à l’enseignant de créer les conditions d’accès à l’autonomie.

D’autres pratiques pédagogiques, dont je n’ai pas parlé dans ce mémoire, peuventpermettre à l’enseignant de favoriser l’autonomie de l’enfant : le tutorat etl’entraide, par exemple.

Après la rédaction de ce mémoire d’autres questions restent en suspens :comment évaluer l’autonomie objectivement ? L’école peut-elle seule rendre unenfant autonome ou a-t-elle besoin de s’appuyer sur l’éducation parentale ?Ces questions soulignent la complexité de la formation de l’autonomie. Toutenseignant doit donc être vigilant en instaurant des ateliers de travail autonomeou tout autre dispositif.

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Bibliographie

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE : Qu’apprend-on à l’écolematernelle ?, CNDP, 2002.

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE : Qu’apprend-on à l’écoleélémentaire ?, CNDP, 2002.

Guillaumond, Des enfants autonomes, 1001 idées pour la classe, Magnard, Paris,2002.

Marie-Josée Bardot, Giovanni Camattari, Autonomie et apprentissages, Presseuniversitaire de France, 1999.

Marie-Agnès HOFFMANS-GOSSET, Apprendre l’autonomie Apprendre lasocialisation, Chronique Sociale, mai 1996.

Roger Brunot, Laurence Grosjean, Apprendre ensemble, pour une pédagogie del’autonomie, CRDP de l’académie de Grenoble.

Bernard Rey, Faire la classe à l’école élémentaire.

Dossier : « Le travail en ateliers », dans Education enfantine, n°1, septembre1993.

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L’AUTONOMIEPourquoi et comment la favoriser à l’école primaire ?

RESUME :

Apprendre à responsabiliser l’élève, qu’il devienne indépendant, en d’autrestermes autonome, et ce, dès son plus jeune âge, ne peut être que bénéfique poursa réussite scolaire et son intégration sociale.En me basant sur mon expérience personnelle, j’ai constaté que l’aménagement dela classe, la mise en place d’ateliers et l’instauration, avec les élèves, de règlessont des éléments essentiels que l’enseignant doit mettre en oeuvre pourcontribuer au développement de l’autonomie.

MOTS CLES :

• Autonomie• Aménagement de la classe• Règles de vie• Ateliers autonomes

NOM de l’établissement : IUFM DE BOURGOGNE.

Niveau des classes prises en charge : cycle 1 : petite section etmoyenne section ; cycle 3 : CM1.