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rapport de licence . l’architecte au sein du groupe Audrey Yaacouli - 20121440 Professeurs: M. Bedarida / A. G. Cohen

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l’architecte au sein du groupe

Audrey Yaacouli - 20121440 Professeurs: M. Bedarida / A. G. Cohen

Dans mon parcours, j’ai très vite vu que j’étais largement intéressée par la question du travail d’équipe et du groupe. J’ai passé un bac Arts Appliqués dans une école qui voulait développer le lien de groupe. Ainsi, dès la classe de seconde on m’a poussé vers le travail de groupe pour mes projets et mes travaux d’étudiante. Les premières expériences du travail à plusieurs sont souvent fastidieuses mais très vite j’ai trouvé un plaisir à construire un projet à plusieurs. Le travail seul me plait aussi mais je me sens plus à mon aise lorsque je travaille en équipe. Ma formation en Arts-Appliqués m’a sûrement guidée vers cela. Dans mon parcours j’ai donc cherché des écoles qui me permettaient cette ouverture sur le groupe (classe ou groupe restreint). C’est une des raisons qui m’ont poussé à venir à l’école de La Villette. Cette école m’a permis de retrouver le rapport d’entre-aide et d’échange entre les étudiants. Les échos que j’en avais eu allaient dans le sens d’une école ouverte et mixte dans le parcours des étudiants. Mais arriver dans une promotion de 250 élèves après quatre ans de classes de 15 ou 10 élèves m’effrayait car j’avais peur de perdre ce rapport à l’échange. J’ai été rassurée très vite car dans cette école le travail de groupe est très présent tant dans le programme des professeurs que dans l’ambiance de l’école. Je ne perds donc pas le rapport à l’échange très important pour moi. Dans ce rapport de licence je reviens sur ces notions de groupe et d’équipe qui ont modelé mon parcours. Dans un premier temps, je m’interrogerai sur les raisons et les occasions qui m’ont conduit à aimer le travail d’équipe. Je commencerai par me questionner sur l’individu pour ensuite élargir au groupe. Puis, je détaillerai les différentes échelles du travail d’équipe que j’ai rencontrées ainsi que leurs écueils. Enfin, je me demanderai si l’échelle du projet et celle du groupe ont un rapport.

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I- DÉCOUVRIR le tRAVAIl D’ÉqUIPe

étudier: un travail d’abord solitaire

la pluridisciplinarité et la place de l’individu dans le groupe

une classe est-elle un groupe de travail?

II- COnstRUIRe Un PROjet à PlUsIeURs

quelle est l’importance des spécialistes dans le projet?

de la réflexion à la concrétisation: les écueils du groupe

existe-t-il une relation entre l’échelle du projet et celle du groupe?

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I.

étudier: un travail d’abord solitaire

Le travail d’étudiant est un travail d’apprentissage et donc un travail seul. Réaliser un projet seul permet d’être confronté directement à ses limites et ses faiblesses et de mieux se connaître pour progresser. Le premier devoir de l’étudiant est celui d’apprendre. Il n’est pas encore question de réalisations concrètes. Les travaux réalisés sont axés autour de l’apprentissage. L’étudiant est donc comme détaché de la réalité et se forme pour agir et être une personne active dans la société. L’étudiant est donc d’abord un individu qui travaille pour lui même. Lorsque l’on est étudiant on doit apprendre et comprendre pour pouvoir être efficace une fois que l’on est dans la vie active.

Être étudiant en architecture signifie apprendre à concevoir l’architecture mais aussi à la communiquer. Cet apprentissage est celui d’un langage et d’un vocabulaire technique et nouveau. Les représentations conventionnelles sont normées et sont issues d’un apprentissage rigoureux du langage technique de la représentation. Un mur ou une porte ne peuvent être dessinés que d’une seule façon sur un plan (si on considère ce plan comme une base à la comprehénsion de l’architecture par le plus grand nombre). L’école doit donc permettre à l’étudiant de manier ces codes pour ensuite communiquer les projets. Or, ce travail qui doit se faire seul car l’apprentissage réside dans la répétition et l’entraînement.

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les trois plans qui suivront illustrent le travail d’apprentissage de la représenta-tion et du langage architectural.Ci-contre, un travail de première année de BTS: le plan d’une choco-laterie.

Les professeurs nous font recommencer les exercices pour que l’on soit capable de représenter le projet. Je pense qu’un projet réussi est aussi un projet bien communiqué et il faut passer par la rigueur de l’apprentissage de ce langage.

Pour illustrer mon propos je ferai le parallèle avec la musique. Il s’agit d’une expérience personnelle qui a influé sur ma façon de travailler et d’étudier aujourd’hui. Apprendre à jouer d’un instrument est un travail long et fastidieux. Pour ma part j’ai appris le violon dès mes 6 ans. Pendant 7 ans j’ai travaillé avec mon professeur pour apprendre les bases techniques de l’instrument et de la musique. J’ai donc joué seule et joué pour mon professeur. Le travail de méthode et de rigueur devait se faire individuellement. Mais dès que j’ai mieux sû joué de cet instrument, j’ai pu intégrer un groupe plus large avec d’autres musiciens. Le savoir et la technique que j’avais appris seule m’ont alors servi à trouver ma place dans le groupe. La musique m’a fait comprendre qu’il est nécessaire de passer par un travail rigoureux et solitaire pour pouvoir apporter à un groupe. Le groupe ne fonctionne plus s’il manque un seul élément ou si un individu n’a pas la capacité de jouer un passage.

Plan masse de mon projet de diplôme de BTS.

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Je pense que cette éducation musicale m’a permis de comprendre que l’individu est important pour que le groupe fonctionne. C’est la somme du travail de chacun qui fait la force de l’unité.

Les études d’architectures doivent donc former des individus qui pourront plus tard évoluer au sein de groupes éclectiques dans le but de créer un projet. L’étudiant doit apprendre à maîtriser seul les bases d’un métier qui lui demandera d’interagir avec d’autres spécialistes. Comme le trompettiste et le saxophoniste doivent maîtriser leurs instruments pour pouvoir jouer ensemble, l’architecte doit pouvoir être expert dans son domaine et s’accorder avec d’autres.

Plan du projet de logement du premier semestre de 3eme année de licence. On voit à travers ces trois plan l’évolution du travail de représentation conventionnelle..

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la pluridisciplinarité et la place de l’individu dans le groupe

Il me semble que l’architecte est rarement seul dans son travail et entouré d’une quantité d’acteurs qui peuvent influer le projet. Par exemple, pour un projet urbain, il y a les élus, les architectes, les sociologues, les financeurs, les promoteurs, les habitants (par l’intermédiaire d’associations), les équipes techniques etc. Cette liste non exhaustive montre que le travail de l’architecte (ici pour le projet urbain) ne peut se faire seul. Mais comme je l’ai dit plus haut, c’est les qualités individuelles de chacun qui créeront un travail de qualité.

Pour illustrer mon propos je prendrais comme exemple un projet de restructuration de la bibliothèque des Arts et Métiers de Cluny. Nous étions une équipe de douze étudiants: six ingénieurs des Arts et Métiers, deux graphistes, deux designers d’objet et deux designers d’espace. Le projet était de réamanager, restructurer et revoir toute la communication et le mobilier de la bibliothèque des Arts et Métiers de Cluny. Pour cela, nous avons eu trois mois de projet en groupe. Il a donc fallu composer avec les spécificités de chacun mais aussi les difficultés de chaque personne. Les étudiants ont dû adapter leur vocabulaire et leur méthode de travail. Une des difficulté majeure fut la gestion des rythmes de chacun. Les ingénieurs souhaitaient finir le projet rapidement pour avoir le temps de le développer

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thermiquement (un des enjeux) et structurellement alors que les graphistes voulaient poursuivre plus longtemps sur l’élaboration d’un concept solide qui corresponde à l’image de l’école. Il a donc fallu se mettre d’accord sans léser aucun étudiant dans sa spécialité. Mais ce projet nous a aussi permis de découvrir les méthodes d’autres formations. La réflexion d’un designer d’espace et d’un designer d’objet n’est pas à la même échelle et amène parfois des situations d’incompréhension. En revanche, je pense que les qualités de chaque individus ont permis de faire ce projet. Par exemple, les ingénieurs ont apporté un regard et une expertise technique et pragmatique. Les graphistes ont permis au projet de prendre de l’ampleur car elles ont créé une typographie spécifique au lieu et un système de classification qui soit clair pour les étudiants des Arts et Métiers. Par ailleurs, cette expérience nous a familiarisé avec d’autres formations mais aussi d’autres logiciels et d’autres méthodes de projet. Je pense pouvoir dire que nous sommes tous les douze sortis enrichis de cette expérience d’une façon ou d’une autre. Certains ont appris de nouveaux logiciels, d’autres ont su qu’ils préféraient travailler seul… De mon côté j’ai vu que le travail interdisciplinaire me plaisait et que je souhaitais réitérer l’expérience.

perspective du projet de restruc-turation de la bibliothèque des Arts et Métiers de Cluny.

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Cette expérience je l’ai poursuivi avec le concours qui m’a le plus marqué: «campus création». La région Rhône-Alpes organise tous les ans un concours sur l’entreprenariat où les étudiants montent une équipe pluridisciplinaire pour créer une entreprise fictive mais qui doit pouvoir fonctionner réellement. Je me suis mise en équipe avec deux graphistes et trois ingénieurs en informatique que je ne connaissais pas avant le concours. Tous les six, nous avons monté un projet d’entreprise avec un concept, des produits, un business plan… Le concours a duré un an et pendant un an nous étions formés aux notions de l’entreprise par des séminaires et des conférences ouvertes à toutes les écoles supérieures de Lyon. Toutes les équipes étaient mixtes (pharmacie-commerce-ingénieurs-droit…). Et presque la totalité des établissements supérieurs ont participés. Cette expérience fut d’une extraordinaire richesse car je ne pensais pas forcement monter un projet avec des ingénieurs en informatique et suivre des cours à côté d’étudiants en pharmacie. Ce concours m’a aussi ouvert les yeux sur la difficulté d’un travail d’équipe avec des personnes qui n’ont pas la même culture que nous. Mais sans me faire peur cette difficulté est intéressante car l’architecte doit pouvoir s’expliquer avec des corps de métier très différents les uns des autres. Il me semble que chacun a pu utiliser ses qualités individuelles et les a mis au service du groupe.

logo et représen-tation 3D du projet réalisé pour le concours campus création.

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une classe est-elle un groupe de travail?

Lorsque j’ai choisi de faire un DSAA je voulais aller à La Martinière, à Lyon. Cette école proposait une formation qui visait à mélanger les cursus. Nous étions donc 10 étudiants en design d’espace, 10 étudiants en design d’objet et 10 graphistes. Les enseignants (architectes, paysagistes, graphistes, designers…) se partageaient les cours. Nous avions donc une classe de 30 élèves divisée en 3 sections. Bien que certains cours étaient différents, la plupart étaient communs. Même pour les cours de projet nous étions dans la même salle. Nous avions tous des sujets différents mais nous travaillions à côté physiquement. Travailler à proximité d’autres spécialités m’a permis de découvrir des univers que je connaissais moins. Cela m’a aussi ouvert sur des problématiques qui ne me sont pas familières. J’ai ainsi pu découvrir grâce à des camarades graphistes l’importance de la typographie et de la communication graphique dans un espace. La relation graphisme et architecture m’était presque inconnue jusqu’au DSAA. Aujourd’hui, je vois comment les liens peuvent exister entre un graphiste (par exemple Ruedi Baur) et un architecte (Renzo Piano). Ce duo a collaboré pour le projet du musée Tjibaou de Nouméa mais aussi pour la cité internationnale de Lyon. Ainsi, le graphiste signe un projet typographique qui dialogue avec l’architecture et les espaces. La reflexion spatiale du graphiste est présente bien qu’il n’agisse pas directement sur le dessin du projet d’architecture. Pendant deux ans j’ai donc pu voir différents aspect du design qui m’ont appris sur d’autres domaines mais aussi sur l’architecture.

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Ainsi, l’ambiance d’une classe et les échanges qui s’y font me semble nécessaire à l’apprentissage du métier d’architecte (et de concepteur par extension). J’ai choisi de m’inscrire au premier semestre de cette année dans le cours de Mr. Leitner et de Mr. Denerier. Bien que les projets soient réalisés seuls, le format du cours permettait une vraie rencontre avec le travail des autres. Les journées de projet se composaient principalement d’une correction des travaux de chacun en classe entière. À la fin de la journée, nous ne rentrions pas chez nous avec seulement une correction sur notre projet mais avec une vision d’ensemble sur les projets du groupe. Le travail du semestre étant composé en grande partie par une analyse de la ville de Paris, ces corrections ont permis à chacun de découvrir un aspect et un regard sur la ville. Au début du projet nous étions en binôme avec une personne de la classe ne vivant pas du tout dans un quartier similaire au nôtre. Le but de l’analyse étant de comparer et de se questionner sur les dualités et les similitudes des deux quartiers. Le travail d’équipe était inexistant au sens où nous ne travaillions pas ensemble. Par contre, lors de la présentation de notre travail j’étais curieuse de voir et d’entendre l’analyse de mon binôme sur mon quartier et sur le sien que j’avais analysé aussi. Ici, on ne peut pas forcément parler d’un vrai travail d’équipe mais plutôt d’une mise en parallèle de deux morceaux de la ville et aussi de deux façon de voir les choses. Sans ce binôme, j’aurais eu un point de vu unique et personnnel sur mon quartier.

plan de Bondy au haut et du Ve arrondissement de Paris en bas. Le travail de com-paraison se faisait entre ces deux quartiers

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Ce travail m’a permis de voir un peu à travers les yeux d’un autre l’espace où je vivais et je trouve cette mise en parallèle très intéressante car elle a été pour moi la démonstration qu’une analyse est particulièrement subjective et que la ville peut s’analyser sous différents angles de vues.

Mais rapidement, je me suis rendu compte que les élèves écoutaient attentivement leur binôme mais pas les autres. L’interaction était quasiment inexistante entre les élèves et seul l’élève qui présentait et les professeurs avaient une discution. Les autres écoutaient plus ou moins passivement. Ce que je regrette c’est qu’il n’y ai pas eu plus d’interaction entre tous les élèves. Les professeurs laissant peu de place à la spontanéité du travail de classe. Nous étions présents physiquement mais rapidement passifs. Je pense qu’un travail d’analyse de la ville par fragments au sein d’une classe peut réellement aider à comprendre un peu plus largement la ville où nous vivons. Dans la théorie, j’ai trouvé très intéressant de travailler sur ces fragments mais en pratique je ne suis pas sûre que la classe y ai vu un possible enrichissement à travers le groupe.

Je pense que le travail de classe est important car il permet à l’étudiant de se situer dans un groupe. Faire un travail d’analyse et comparer ces analyses permet de mieux se connaître et de savoir à quel niveau on doit faire des progrès.

la photographie du haut représente l’îlot sur lequel j’ai travaillé en comparaison avec la typologie des immeubles du Ve arrondissement.

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II.

quelle est l’importance des spécialistes dans le projet?

La construction d’un projet me semble bien plus intéressante si elle est réalisée à plusieurs. On peut penser à un groupe d’architectes mais aussi à l’apport de spécialistes. Je pense que l’architecture est une discipline qui demande une ouverture certaine sur le monde et sur d’autres savoirs.

Ainsi, les études à l’école d’architecture de Paris La Villette permettent aux étudiants de ne pas faire que du projet et de ne pas bannir de leur vision les autres matières. L’école permet aux étudiants de donner de l’importance à la construction, la sociologie, l’histoire… Ces cours qui gravitent autour du projet me semblent aussi importants que le projet en soit. Par exemple à la Villette, c’est la première fois que mon professeur de plastique est un plasticien praticien. J’ai toujours eu des professeurs de plastiques qui était architectes ou designers mais avec une sensibilité particulière dans les arts plastiques. Ici, le professeur est plasticien. Les discussions et les sujets étaient tournés vers les notions d’espace mais son point du vue nous apportait une autre dimension. Un plasticien et un étudiant en architecture ne pensent pas l’espace de la même façon. Les supports de cours étaient différents. Nous avons donc réflechi à l’espace de la ville non pas à travers des plans ou des vues aériennes, des coupes et des axonométrie mais à travers la photographie, les livres et le cinema. En cours de projet ou d’histoire de l’architecture nous n’avons pas accès à ces reflexions sur la

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ville par des artistes et des écrivains. Avoir un professeurs plasticien en école d’architecture permet cet enrichissement mutuel. Pour illustrer mon propos je donnerai deux exemples de l’apport de ce professeur concernant l’architecture. Je souhaiterai parler de deux films: Alphaville de Godard et Daguerreotypes d’Agnès Varda. Ces deux films nous montrent deux visions de la ville qui sont très différentes car lorsque que Godard filme une ville fantômatique et angoissante empreinte d’une architecture froide et totalitaire, Agnès Varda filme une rue animée et vivante, la rue Daguerre. Ce qui est intéressant c’est que les deux cinéastes semblent nous montrer une ville que l’on ne connait pas et qui semblerait inventée de toute pièce. Or, dans les deux cas, le film (et le documentaire) ont été tournés à Paris, dans des décors réels et non fabriqués pour l’occasion. Bien que ces deux films aient des histoires bien différentes j’y ai vu deux façon différentes de filmer une même ville. Ce cours de plastique et le point de vue du professeur m’ont permis de m’ouvrir les yeux sur des angles d’observation de la ville qui ne me sont pas familiers. L’école de la Villette donne la possibilité à ses étudiants de s’ouvrir sur d’autres visions que le projet et je crois que c’est ce que j’apprécie le plus à cette heure.

Je trouve cette spécificité de l’école notable car c’est un peu ce qu’il me manquait en DSAA. En effet, la dernière année était centrée sur le projet de diplôme. Les matières annexes (philosophie, histoire de l’art) étaient tournées vers

photographies d’un travail sur le bois et l’insecte avec un en-tomologue dans le cadre de mon projet de diplôme de DSAA.

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notre sujet de diplôme. Ainsi, en philosophie et en histoire de l’art j’ai travaillé sur un thème qui était en parallèle de mon projet. Pendant un an je ne suis donc pas sortie de mon sujet. À la Villette, cette ouverture sur les autres cours donne de l’air aux semaines mais surtout apporte une culture que l’on irait pas forcément chercher.

Je pense que cette recherche d’informations de spécialistes est indispensable lorsque l’on veut monter un projet important. Je prendrais comme exemple mon projet de diplôme de DSAA. Le sujet sur lequel je travaillais était la place de l’insecte en ville. Ces problématiques sont de plus en plus nombreuses et je pouvais trouver des informations facilement. Malheureusement, ces informations étaient parfois contradictoires et souvent selon un point de vue unique. Par exemple, j’ai cherché à savoir pourquoi l’abeille mourrait en campagne. Les informations trouvées seule étaient trop limitées dans leur analyse. Pour les écologistes la faute était celle de l’agrochimie, pour les apiculteurs la faute de maladies et pour les chimistes la faute venait des apiculteurs et de leur surexploitation des ruches. Las de chercher des réponses que je ne trouvais pas dans les textes et les coupures de journaux j’ai décidé de m’entourer d’un apiculteur, d’un entomologue et d’un chimiste de chez BASF spécialisé dans la question des insectes. Ainsi, j’ai pu mener un projet qui ne soit pas dans un seul sens mais qui corresponde au mieux à la réalité. M’entourer d’un seul de ces spécialistes aurait occulté toute une partie du contexte.

ces sprécialistes m’ont permis de réaliser un projet qui prend en compte des savoirs que je ne maîtrise pas comme le choix de la végétation en fonction de l’insecte.

TALUS

Framboisier nécessaire à la mégachileNidification dans le bois du treillis

Framboisier remontant de typeSchöneman: fruits tardifs: septembrepuis juin.

détail garde corps ech 1 / 50

treillis rayonnant

bois de charme gabion: draine l’eau ; structure la terre ; permetune perméabilité avec le talus.

lavande sauge sclaréefleurs de ciste Anthidie à manchettesCaryoptéris Caryoptéris (zoom sur la fleur)

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mur en gabion

plantes nectarifères

élévation Ouest ech 1 / 50

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de la réflexion à la concrétisation: les écueils du groupe

À présent, je m’interroge sur la segmentation d’un projet. Entre la réflexion et la concrétisation, le travail d’équipe ne s’opère pas de la même façon. Il me semble que l’échec d’un travail de groupe peut prendre deux formes opposées. D’un côté, le travail peut se vouloir symbiotique et la concrétisation du projet peut être fastidieuse. D’un autre côté, la méthode de séparation des tâches peut être tellement rigide que le travail d’équipe devient quasiment inexistant.

Le premier travail de groupe auquel j’ai été confronté à la Villette fut en Arts-plastiques au premier semestre. Ne connaissant personne je me suis mis avec 2 autres étudiants un peu par hazard. Ce travail m’a permis de découvrir l’école, les étudiants et une nouvelle façon de travailler en groupe. La recherche que nous avons engagé était basée sur notre sensibilité personnelle face à la ville. Or, le groupe et la sensibilité personnelle devaient communiquer pour réaliser un projet intéressant. Notre projet consistait en une promenade active dans Paris. Nous avons photographié, dessiné, filmé et enregistré le trajet du quai de la Rapée à l’arrêt de métro Arts et Métiers. Nous avons réalisés plusieurs parcours avec plusieurs modes de déplacement (à pied, en métro, en bus, par différents trajets…). Nous avons ensuite dû retranscrire sensiblement nos parcours. Il a donc fallu discuter et mettre en commun nos ressentis pour rendre compte des trajets et des ambiances. Au premier

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abord, je pensais vraiment que cette partie serait réussi si les compromis étaient justes. Or, le travail de groupe a tellement bien fonctionné du début du projet jusqu’à la fin que finalement à part quelques ajustements, nous n’avons pas fait de compromis. Les ressentis de chacun ont un peu plus nourri le projet et le rendu n’était pas un compromis mais un projet de groupe dans sa totalité. Ce travail m’a ouvert une nouvelle dimension du travail d’équipe. Je pensais que le travail d’équipe réussi était une question de méthode (bien différencier les capacité de chacun et se repartir correctement le travail). Avec ce premier projet à la Villette j’ai découvert que si l’équipe travaille bien en groupe dès le début du projet on peut vraiment réaliser un projet commun jusqu’à la fin. Mais il faut noter qu’il s’agissait d’un travail de recherche plastique et non d’un travail de projet d’architecture. J’ai conscience que le projet d’architecture demande certaines exigences et que vouloir réaliser le projet à 6 mains du début à la fin peut s’avérer être plus difficile.

En 2009 j’ai réalisé un stage de cinq semaines dans une agence d’architecture. J’avais choisi cette agence parce qu’elle travaillait sur différentes échelles et que l’équipe était de taille moyenne (25 personnes). Je me disais que le travail d’agence devait ressembler à un travail d’équipe mais d’une autre ampleur. Malheureusement, j’ai réalisé que cette agence morcellait tellement le travail que la plupart des architectes n’avaient même pas l’impression de prendre part au projet. Chacun avait sa spécialité et ne faisait que cela. Ainsi, tous

ci-joint, un exemple de trajet réalisé du quai de la rapée au métro Arts et Métiers. Le principal travail d’équipe consistait à mettre en lumi-ère le points fort du trajets.

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les employés participaient à tous les projets mais seul une poignée de cinq personnes étaient les créatifs. Les autres, bien qu’architectes, se contentaient de faire toujours la même tâche. Je me souviens d’une employé qui devait régler les problèmes de sécurité et l’accessibilité. Elle m’a dit un jour qu’elle ne pensait pas que l’architecture était cela et elle me mettait en garde sur mes ambitions et mes préjugés sur la profession. Elle m’expliquait le gouffre qu’il existait entre l’école (où l’étudiant est le chef d’orchestre de son projet) et l’agence. Cependant, en prenant un peu de recul je me suis demandé si ce morcellement du projet et donc des tâches à faire n’était pas obligatoire pour être efficace au sein d’une agence de 25 personnes. Si chacun possède une liberté d’action totale, le travail ne peut être harmonisé et le projet devient un processus chaotique. À ce jour, je ne suis pas sûre d’avoir envie de travailler dans une agence qui morcèle ses projets à ce point. Je suis par ailleurs bien consciente qu’il y a un écart important entre le travail en agence et le travail d’un étudiant. Je pense que c’est cela qui m’a le plus décontenancé. Lorsque l’on est étudiant, on est un peu le créateur de la totalité de son projet. On décide de tout, du concept à la production d’images. Je pense que cette première expérience en agence ne m’a pas plu car elle m’a renvoyé à la réalité du métier d’architecte. J’avais choisi une agence de taille moyenne car je pensais voir un travail d’équipe dynamique et enthousiaste. Or, j’ai eu la mauvaise surprise de voir que seul quelques architectes étaient créatifs et que tous les autres produisaient les documents de communication

Autre exemple de notre travail sur les points de vue toujours du quai de la rapée à Arts et Métiers.

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et réglaient les détails des projets. Le désenchantement fut tel que je voulais changer d’études après ce stage tant je me voyais mal dans cet univers. J’ai été déçue par le manque de dynamisme dans l’agence.

J’ai réalisé un deuxième stage de 10 semaines deux ans plus tard. Dans cette agence la division du travail était totalement différente et les employés prennaient part aux projets autant que les associés. Un employé pouvait alors concevoir un projet avec les associés sans que la décision ne revienne à l’associé. Il y avait un vrai travail de dialogue dans l’agence. Même moi, stagiaire, j’ai pu donner mon avis. Le morcellement du travail existait mais il y avait toujours un moyen de dialogue et d’échange autour du projet. La personne qui dessinait les perspectives n’était pas exclue de la conception du projet. Cette agence travaillait sur des échelles de projet différentes, de la muséographie (et parfois du mobilier) jusqu’au projet urbain. L’ouverture de l’équipe m’a permis de voir l’ensemble des projets en cours.

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existe-t-il une relation entre l’échelle du projet et celle du groupe?

Cette ouverture sur l’ensemble des travaux de l’agence m’a ouvert les yeux sur le travail de groupe. Il semblerait que l’échelle du projet et celle du groupe soit en lien. Par exemple, dans cette deuxième agence, j’ai vu qu’un seul architecte s’occupait du travail de muséographie. En revanche toute l’agence travaillait sur le projet urbain. De plus, les acteurs étaient sensiblement plus nombreux pour le projet urbain. Mais lors d’un projet urbain la question du groupe se pose au delà des limites de l’agence d’architecture. J’ai pu voir grâce à ce stage que le projet urbain est complexe et fait intervenir des acteurs très différents, spécialistes, élus ou même habitants. L’architecte doit alors affirmer son individualité et ses qualités pour pouvoir mener un projet qui soit en accord avec l’ensemble des acteurs.

En tant qu’étudiante j’ai pu appréhender les questions de l’échelle du projet en rapport avec celle du groupe pour le projet urbain du deuxième semestre. Nous avons travaillé sur trois échelles et donc avec des groupes différents de six à deux.

J’ai fais mon deuxième semestre avec Mr. Chanteux et nous travaillions sur le projet de la ZAC de Bercy Charenton. Le semestre était divisé en différentes phases. La première fut une analyse urbaine de la ZAC en équipe de six. L’ampleur du travail d’analyse justifiait la question du groupe.

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De plus, l’analyse demande un regard critique sur les choses et travailler à six permet de confronter les idées et les avis de chacun. Ainsi, l’analyse est plus riche et soulève plus de questions que si elle avait été faite par une personne et donc à travers un point de vue.

La deuxième étape du projet était un travail de projet urbain, cette fois par groupe de 4. Le groupe s’est réduit car construire un projet avec 6 avis différents est délicat. À quatre, nous avons donc mené un projet urbain en imaginant l’avenir de cette zone et en établissant un PLU. L’échelle du projet permettait à chacun de s’y retrouver et de donner son opinion. Mais pour ce projet nous sommes tombés dans un des écueils du projet de groupe. La conception du projet s’éternisait et la production d’éléments graphiques n’avançait pas. Travailler en groupe est intéressant car cela permet de soulever des questions et d’avoir du recul, mais la difficulté est aussi de savoir s’arrêter pour avancer concrêtement. Le projet urbain s’est terminé par une distribution des tâches pour chaque personne mais la lenteur de la conception nous a obligé à s’isoler du groupe pour produire le plus efficacement possible. Je pense que pour ce projet les difficultés du travail groupe ont fini par nous obliger à travailler seul. S’il y a eu ce retournement de situation (du travail de groupe au travail seul) c’est uniquement parce que le travail à quatre était lent et inefficace. Évidemment, tout le monde aurait préféré travailler à quatre jusqu’à la fin du projet mais si nous voulions rendre compte du projet que nous avions pensé il était évident que chacun devait prendre en charge une partie

ANALYSE ZAC BERCY - CHARENTON

Dumas JérômeKwihangana VictorLam Frédéric

Professeurs:Malikian TalineChanteux Jean-MarcSiano Bernard

ENSAPLV2013projet S6L3

Lapray CamilleTrieau ColineYaacouli Audrey

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- Diagnostic d’un territoire en mutation -

«Le château de Bercy est un bâtiment de forme régulière, élevé sous les dessins et sous la conduite de François Man-sart. Ses vues s’étendent fort loin de coté et d’autre, et font un effet très agréable. Il est orné de peintures singulières et esti-mées... Les jardins sont spaciaux et embellis depuis 1706 de quantités d’allées, de statues, et d’une longue terrasse le long de la rivière. Ce magnifique château a appartenu à monsieur de Bercy, ci-devant intendant des Finances.»

Dictionnaire historique de la ville de Paris et de ses environs, Hurtaut et Magny

«Entre la rue de Charenton et la Seine, une fois franchies (difficilement) les voies de Lyon, c’est Bercy, et c’est une tout autre histoire. Le parc du château de Bercy était bordé par la Seine et par la rue de Charenton. (...) Le long de la Seine, en aval du domaine de Bercy, financiers et grands seigneurs avaient fait construire sous la Régence des maisons de plaisance dont la plus célèbre était celle des frères Pâris, que le peuble appelait le Pâté-Paris. On y trouvait aussi des guinguettes spé-cialisées dans la friture et la matelote, comme au Point du Jour à l’autre extrémité de la ville. Il y avait à Bercy deux ports, l’un pour le plâtre et le bois flotté, l’autre pour le vin. Après la Révolution, les entrepôts des négociants en vin envahirent pro-gressivement le domaine de Bercy, jusqu’à la démolition du chateau en 1861. Auparavant, les fortifications de Thiers avaient coupé le parc en deux (une partie restant hors de Paris), puis les voies du chemin de fer de Lyon l’avaient recoupé dans l’autre sens. C’en était fait de ce lieu dont la splendeur pouvait se comparer à celle de Versailles, ou plus justement peut-être, au Greenwich de Christopher Wren au bord de la Tamise.»

L’invention de Paris, Eric Hazan

Paris et ses principales enceintes. 1991Dans l’ordre chronologique et à partir du centre : Enceinte de Philippe Auguste (1180-1210)Enceinte de Charles V (1370) et limite de la ville sous Louis XV (1724-1726)Mur d’enceinte des Fermiers Généraux (1784-1791)Enceinte de Thiers (1840-1845)

1801 : Construction du Pont d’Austerlitz 1831-1832 : Construction Pont de Bercy (Barrière des Fer-miers Généraux).1879-1882 : Construction Pont de Tolbiac. 1844 : Construction de l’enceinte de Thiers sur la portion «Bercy-Charenton». 1847 : Construction de la Gare de Lyon à l’origine «Embarca-dère de chemin de fer de Paris à Montereau», commandité par la compagnie PLM.1855 : Agrandissement de la gare pour accueillir 5 voies et utilisée comme terminus des lignes de la compagnie du che- min de fer de Paris à Lyon.1859 : Extension des limites administrative et militaires de Paris et division de la ville en vingt arrondissements. 1860 : Construction de chais à l’emplacement des parterres du petit chateau de Bercy.1861 : Destruction du Chateau de Bercy. 1869 : Agrandissement et rénovation des entrepôts de vins de Bercy par Viollet- le-duc, qui vont occuper quarante-deux hectares.1919 : Destruction des fortifications. Remplacées par des ter-rains vagues.1930 : Construction de logements sociaux (HLM), équipe-ments sportifs et parcs dans la «Zone».1970 : Construction du Périphérique sur la portion «Bercy-Charenton».

Localisation à Paris des principales gares. Mise en relation topographie - emplacements des voies de chemin de fer et des gares.

Evolution de la gare de Lyon dans le temps : 1847 : Construction de la gare.1849 : Mise en service de la gare avec le nom de « Em-barcadaire de chemin de fer de Paris à Montereau ». Elle possède alors 2 voies et a été construite sur un remblai de 7 m de haut pour éviter les crues de la Seine1899 : Reconstruction de la gare sur les plans de Denis, elle passe de 2 à 12 voies1900 : 13 voies2013 : 23 voies

Paris en 1906

Dès les années 1880, l’enceinte de Thiers est contestée dans l’opinion publique comme l’écrit Jean-Louis Cohen dans Des Fortifs au Periph : «La France militaire reconnaît en 1883 la nécessité de «concerver en dedans du périmètre des nouveaux forts un noyau central», mais elle conteste qu’il doive «necessaire-ment consister dans l’enceinte actuelle scruptuleusement conservée».»A partir de cette date, de nombreux projets sont proposés pour réaménager cette zone jugée obsolète et très couteuse.

«(...) les fortifications de Thiers avaient coupé le parc (de Bercy) en deux (une partie restant hors de Paris), ...»

«Ce magnifique château a appartenu àmonsieur de Bercy, ci-devant intendant des Finances...»

«... puis les voies du chemin de fer de Lyon l’avaient recoupé dans l’autre sens.»

«...C’en était fait de ce lieu dont la splendeur pouvait se comparer à celle de Versailles, ...»

«...ou plus justement peut-être, au Greenwich de Christopher Wren au bord de la Tamise.»

Fragmentation du territoire à travers l’Histoire

ANALYSE ZAC BERCY - CHARENTON

Dumas JérômeKwihangana VictorLam Frédéric

Professeurs:Malikian TalineChanteux Jean-MarcSiano Bernard

ENSAPLV2013projet S6L3

Lapray CamilleTrieau ColineYaacouli Audrey

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- Diagnostic d’un territoire en mutation -

La place de la petite ceinture

La petite ceinture: de 1851… … à nos jours.

Un espace pour la végétation en friche ou organisée

quelles occupations de la petite ceinture?

Coupes sur la tranchée

l’arrivée du métro et la fin de la petite ceinture

transports

usagers PC:(en millions /an)1900: 391913: 141927: 7

usagers métro:(en millions /an)1901: 551913: 4501941: 1000

restaurantsespaces vertscommercesactivitélocal techniquehabitat précairesports/loisirsatelier d’artistes

Ménilmontant mais oui madameC’est là que j’ai laissé mon cœurC’est là que je viens retrouver mon âmeToute ma flammeTout mon bonheur... Quand je revois ma petite gareOù chaque train passait joyeuxJ’entends encor dans le tintamarreDes mots bizarresDes mots d’adieux

Extrait de la chanson « Ménilmontant ». Paroles et Musique : Charles Trenet, 1938.

32 kmLa petite ceinture fut construite pour des besoins miliatires et de transports de marchandise. Mais cette fonction fut vite remplacée.

Aujoud’hui, la petite ceinture est le plus souvent un espace en friche. On voit pourtant apparaitre des actions sauvag-es ou organisées pour lui redonner sa place dans la ville.Ainsi, des habitants se réapproprie la petite ceinture en jardin ouvrier ou parc sur rail.Ci-dessus un exemple de reconversion de voies ferrées: la highline de New-York.

La petite ceinture est au centre de notre secteur et cohabite intimement avec le périphérique et les habi-tations du XIIème arrondissement.

remblaitranchée ouverte ouvrage aérienà niveau

gare St Lazaregares du Nord et de l’Est

gares de Lyon et d’Austerlitz

gares de Montparnasse

Lors de l’exposition internationale, Paris à besoin d’axes de transports efficace et pouvant gérer une forte affluence. La petite ceinture se transforme en circuit de transport de personne.

Elle a surtout servi depuis pour le trans-port des personnes et des marchandises et notamment pour relier entre elles les gares parisiennes.

Ses fonctions depuis 1852

Fonction première: relier les gares

Proximité bâtiments d’habitation et petite ceinture

exemple de deux planches du tra-vail d’analyse de la ZAC de Bercy-Charenton. La division du travail nous a permis d’approfondir chacun des sujets différents. Ici, l’historique et la petite ceinture.

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du projet et travailler seul pour une meilleure efficacité. Je suis déçue de la façon dont les choses se sont déroulées à la fin car il me semble qu’un projet urbain était parfaitement adapté au travail de groupe. Je pense que l’échec est dû à un excès de confiance envers les autres ou à un manque d’investissement personnel. Pour certains, travailler en groupe peut être vu comme un allègement du travail solitaire. Or, il me semble que cette idée est fausse. Travailler en groupe ne signifie pas moins travailler seul mais travailler autrement. Le groupe permet l’échange et la discussion et en aucun cas ne permet un relâchement du travail. Avec ce projet, je suis tombée face à l’écueil classique du travail en groupe: la gestion de la production. C’est peut-être une des seules raisons qui me plait dans le travail seul car parfois ne compter que sur soi est plus efficace que travailler en groupe.

La troisième partie du semestre était un projet seul. On est revenu à l’échelle du bâtiment. On a choisi un bâtiment dans le projet urbain que l’on a dessiné à 4 et on l’a développé. Cette méthode de travail permet de se poser les questions à plusieurs mais ensuite de réfléchir seul sur une problématique qui nous est plus personnelle. Par contre, bien que l’on réalisait un projet seul, notre réflexion devait se faire en binôme quant à notre intervention dans la ville. Nous devions choisir un site dans notre projet urbain. Mais la parcelle que nous choisissons doit être en vis à vis avec la parcelle de notre binôme. Ainsi, on ne nous demandait pas de réaliser un projet qui soit déconnecté de tout mais un travail sur la relation entre des bâtiments dans la ville. Pour

plan et PLU du projet urbain réalisé à 4. Nous avons tenté de composer avec les idées de chacun. Le projet est alors décousu et inégal.

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ce travail, nous n’avons pas travaillé à deux sur le rendu du projet mais sur la partie réflexive et l’implantation du projet. Je crois que c’est la première fois que je me suis retrouvée à travailler un projet à deux tout en ayant un projet personnel. Cet exercice me semble être une sorte de compromis entre réflexion en groupe et travail seul. Mais je pense que cet exercice est possible uniquement parce que nous travaillions sur l’échelle de la parcelle.

Il y a donc une vraie corrélation entre le groupe et l’échelle du projet. Pour des projets de grande ampleur, la question du travail d’équipe s’étend bien au delà de l’agence mais aussi bien avant et après l’intervention des architectes

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conclusion

. Le travail de groupe est donc un élément très important dans mon parcours et je ne souhaite pas travailler seule plus tard. Par contre, j’apprends à chaque fois que j’y suis confrontée, à quel point travailler en groupe peut se réveler compliqué. Dans ce rapport, j’ai souhaité montrer qu’à mes yeux, il y a différents types de groupes. En effet, le groupe classe et le travail à deux sur un projet ne nous apporte pas la même chose. Le travail de groupe au sein d’une classe me semble être plus de l’ordre de la discussion et d’un enrichissement par le partage des points de vues de chacun. En revanche, travailler sur un projet à deux relève plus d’une conception sous deux angles et d’un travail à quatre mains. J’ai appris cette année que monter un projet à 4 pouvait se révéler compliqué si chacun se repose sur l’équipe et que les membres du groupe voient ce travail à plusieurs comme un allègement du travail seul. Je ne pense pas que travailler en groupe soit plus simple et demande moins de travail, au contraire. Pour travailler à plusieurs il me semble que l’investissement personnel de chacun doit être au moins équivalent à un travail seul. Réflechir à 4 ou à 2 signifie certe avoir deux fois plus d’idées mais aussi deux fois plus de questions et de remises en cause. Il me semble que ce serait naif de penser qu’à plusieurs on avance plus vite. Par contre, il est évident pour moi que la cohésion de groupe apporte une richesse aux projets que le travail seul ne permet pas toujours.

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J’oriente de plus en plus mon parcours vers la question de la ville et du projet urbain. Le travail urbain demande la participation d’acteurs et d’experts et l’architecte doit pouvoir être un lien entre toutes ces personnes. Mais au delà de cet aspect d’un travail qui rassemble plusieurs acteurs, le projet urbain demande un constant aller-retour entre différentes échelles. La ville n’est pas seulement dessinée à l’échelle macro du plan masse. Il me semble que le détail d’un trottoir participe à la ville et à la perception que l’on en a. Cet aller-retour à travers les échelles de la ville me passionne car c’est une richesse du travail urbain. Je souhaite faire un master qui soit en rapport avec la question de la ville et du projet urbain. Le projet du deuxième semestre m’a convaincu que l’échelle de la ville ne me plaisait pas seulement pour travailler en macro mais aussi pour faire un travail de détail. La ville permet cette réflexion et ce passage entre les échelles.

maquette à l’échelle de la feuille de papier d’une ville régulière et très dense (imaginée). Ce projet place la monumentalité de la ville à l’échelle du très petit et de la couture.

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