Lamchichi - Eros Et Sacré

14
Introduction Eros et sacré Sociétés, religion et éthique sexuelle Abderrahim Lamchichi «Qu’il me baise des baisers de sa bouche car ses étreintes sont meilleures que le vin…» (Cantiques des cantiques). «Ce n’est pas un vin de vertige qui m’enivre, mais son regard, et sa marche ondulante a chassé mon sommeil. Ce n’est pas le sang de la treille qui me distrait, mais sa chevelure. Ce n’est pas le vin clairet qui me soulève, mais ses vertus si belles. Mon âme se noue aux boucles de sa tempe. Et je perds la raison en pensant à ce que voile sa tunique» (La Volupté d’en mourir, Traduction inédite d’un conte des Mille & Une Nuits (153 à 169) par Jamal Eddine Bencheikh, Editions Alternatives, 2001 ; p. 38). «Je pratique la religion de l’amour. Où que se tournent ses chevaux : Partout c’est l’amour qui est ma religion et ma foi» (Ibn al-‘Arabî, Turjumân al-‘ashwâq –L’Interprète des désirs–, poème traduit par A. Tlili, Beyrouth, 1961). D ans un monde arabo-musulman trop souvent hélas ! perçu à travers le prisme déformant de l’islamisme radical ou de la violence, il est nécessaire de rappeler la place exceptionnelle que cette immense civilisation – à travers sa littérature et ses arts, voire ses textes sacrés et sa jurisprudence – a parfois accordée aux thèmes de l’amour et de la sexualité. Si, aujourd’hui, on ne retient que l’extrême rigueur des mœurs, la perpétuation d’un ordre androcentré, d’une attitude excessivement moralisatrice, voire sexiste, ou encore l’oppression imposée aux femmes par des courants et des Etats néofondamentalistes (des talibans aux wahhabites), on ne saurait oublier l’autre visage de l’islam : l’érotisme d’une partie non CONFLUENCES Méditerranée - N° 41 PRINTEMPS 2002 9

description

Etude sur le champ du sacré et de ses rapports avec l'éros, et l'énergie libidanale

Transcript of Lamchichi - Eros Et Sacré

  • Introduction

    Eros et sacrSocits, religion et thique sexuelle

    Abderrahim Lamchichi

    Quil me baise des baisers de sa bouche car ses treintessont meilleures que le vin (Cantiques descantiques).Ce nest pas un vin de vertige qui menivre, mais sonregard, et sa marche ondulante a chass mon sommeil. Cenest pas le sang de la treille qui me distrait, mais sachevelure. Ce nest pas le vin clairet qui me soulve, maisses vertus si belles. Mon me se noue aux boucles de satempe. Et je perds la raison en pensant ce que voile satunique (La Volupt den mourir, Traduction inditedun conte des Mille & Une Nuits (153 169) par JamalEddine Bencheikh, Editions Alternatives, 2001 ; p. 38).Je pratique la religion de lamour. O que se tournent seschevaux : Partout cest lamour qui est ma religion et mafoi (Ibn al-Arab, Turjumn al-ashwq LInterprtedes dsirs, pome traduit par A. Tlili, Beyrouth, 1961).

    Dans un monde arabo-musulman trop souvent hlas ! peru travers le prisme dformant de lislamisme radical ou de laviolence, il est ncessaire de rappeler la place exceptionnelleque cette immense civilisation travers sa littrature et ses arts,voire ses textes sacrs et sa jurisprudence a parfois accorde auxthmes de lamour et de la sexualit. Si, aujourdhui, on ne retient quelextrme rigueur des murs, la perptuation dun ordre androcentr,dune attitude excessivement moralisatrice, voire sexiste, ou encoreloppression impose aux femmes par des courants et des Etatsnofondamentalistes (des talibans aux wahhabites), on ne sauraitoublier lautre visage de lislam : lrotisme dune partie non

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    9

  • ngligeable de sa littrature et de sa posie, sa lgitimation du plaisiret du dsir, le raffinement et la libert avec lesquels le sujet de lasexualit fut abondamment abord. Les Occidentaux qui dcouvrirentles socits musulmanes furent en effet tous fascins (ou scandaliss)par une foi qui vnre ouvertement le dsir, une tradition qui voue unvritable culte au corps, au souci de soi, la satisfaction des sens etdes plaisirs considrs comme des dons de Dieu. Ni lamour ni lasensualit, ni la jouissance charnelle ni lenchantement des corps etdes sens ne furent stigmatiss. Au contraire, du Coran, texte rvl quinlude nullement la problmatique des relations entre sexes, duparcours dun Prophte qui nhsitait pas rflchir, haute voix,mais aussi avec beaucoup de pondration, de ralisme et de subtilit,aux thmes du dsir et de la jouissance charnelle, llgie orgiaquequi fonde les Mille et Une Nuits, des Grandes Odes de la posie ant-islamique (al-Muallaqt) aux Hadths des exgses, des Maqmt auxtraits soufis ou encore aux nombreux manuels drotologie tout unart daimer a jalonn la culture islamique : arabe, persane, turque, etc.Et, en ce qui concerne la situation actuelle de la femme, qui focalisetant les prjugs mais aussi, et surtout, les combats pour lmanci-pation , il convient de se dfaire de toute vision essentialiste dunereligion qui surdterminerait les comportements des musulmans.Dun pays lautre, dune poque lautre, dune classe sociale lautre, le statut de la femme, ses droits et son mode de vie varientconsidrablement. En outre, loin dtre un tout compact et uniforme,les socits musulmanes comme toutes les socits du monde sontcomposes dindividus attachs la vie, la libert, au plaisir et lamour.

    Dans ce domaine comme dans dautres, point nest besoin dinsistersur labsolue exigence mthodologique suivante : se garder de toutelecture essentialiste et anhistorique de la religion. Le credo religieuxest loin de surdterminer partout et en tout temps les manires depenser, les jugements et les comportements des musulmans. DeDamas Sarajevo, en passant par Samarkand ou Istanbul, le droit doitconstamment innover (Ibd) pour tenir compte de ralits localesextrmement diverses. Il convient, surtout ici, de rejeter ces imagesdEpinal, caricaturales lexcs, qui rduisent le rapport de la civili-sation islamique la question de lamour et de la sexualit auxcouples binaires : frnsie orgiaque et asctisme absolu, plaisirparoxystique et relgation de la femme, copulation et Djihd ! Lesralits des socits musulmanes, ncessairement plurielles, subtiles

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    10

  • et volutives, recouvrent un immense ventail dattitudes. On na passimplement, dun ct, les talibans et leur systme de terreur et den-fermement des femmes (interdiction de sduquer, de se soigner ou dese divertir, viol et lapidation des tmraires qui osent sortir sansburqa), et de lautre, la danse du ventre des night clubs pour jeunessedore ; dun ct, les fatwas interdisant des uvres littraires univer-selles, stigmatisant le principe de plaisir, ou tentant de lgitimer(comme dans les maquis des GIA notamment) le viol barbare, voire lemeurtre, des mres, filles et fillettes enleves leurs familles (Zawj al-Mouta) et de lautre, cet ge dor (dsormais rvolu) des jardins et desharems, des parfums et des pices, de lbullition des sens et destreintes, le temps par exemple des Abbassides Bagdad (8e11esicle) en particulier, sous le plus illustre de leurs califes : Haroun al-Rachid (766-809) !

    Une religion aux antipodes de lasctisme

    Aux yeux de la plupart des islamologues, lislam reste la religion quia probablement abord le thme de la sexualit avec le moins detabous et le plus de libert1, une religion qui consacra une large partde son intrt aux plaisirs charnels, voua un vritable culte la jouis-sance, exalta le corps, et vnra le dsir considr comme un dondivin. Aussi, chez de nombreux jurisconsultes et thologiens, lamourtait-il considr comme une obligation ; il devait saccomplir au nomde Dieu, afin dengendrer certes, mais aussi pour jouir ; le concept quisignale le mariage religieux (nikh) nest-il pas celui-l mme quidsigne le cot ? Cest mme le cot qui est la raison principale dumariage ! Le plaisir charnel et sensuel fut donc, en tout temps, clbr pour ne pas dire vivement recommand par la tradition musul-mane, ds lors insisteront les gardiens jaloux de lordre et desnormes religieuses quil sinscrit dans le cadre dune union lgitime.Ainsi que le rappelle Aziz al-Azmeh notamment, si lon exceptecertaines initiations ou retraites dvotionnelles (khalwa) pratiques pardes courants soufis, lislam en gnral dissuade plutt de toute formedasctisme de longue dure, comme de toute pnitence charnelle. Ilnest donc pas faux de dire que le renoncement la chair et auplaisir, propre certaines tendances du christianisme ou des spiritua-lits orientales, est tranger cette religion ; la vie monastique nonexempte parfois de formes de mortification du corps a souvent traille par les auteurs musulmans, qui la considrent comme contraire

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    11

    Eros et sacr

  • la volont divine. Pour ces auteurs, lislam suppose donc une recon-naissance pleine et entire du dsir. Lamour (al-ishq) est une condi-tion naturelle ; le seul vrai remde la passion amoureuse reste laconsommation sexuelle (dans un cadre codifi, videmment).Mieux : le plaisir sexuel prserve lespce et constitue une manifesta-tion de la grce divine2. Tout le texte coranique peut tre lu et mditcomme une louange au Crateur, une ode la beaut de ses cra-tures3.

    Aux antipodes donc de la bigoterie et des imprcations furieuses denombre de fuqah actuels, qui entretiennent lillusion de lui tre abso-lument fidles, Muhammad, le Prophte de lislam lui-mme modleet exemple emblmatique par excellence pour tous les musulmans ,navait, semble-t-il, rien dune figure rigoriste et austre ; il navaitpoint prch une religiosit de lexpiation ou de lascse4. Et dans leCoran, les notions de culpabilit et de pch sont pour ainsi direinexistantes. La faute originelle ny est point impute Eve, maisdune part, Satan (Shaytn), dautre part, la capacit de lhomme defaire du mal, encore quau regard du principe de responsabilit, cedernier, sil se repent, peut tre pardonn. Ainsi que le rapporte laTradition, le Prophte de lislam a trs souvent fait montre de magna-nimit, damnit et de pardon devant maintes situations o il devaittrancher sur ces questions.

    Quant aux plaisirs de la chair, ils ny sont point forcmentcondamns mme si lthique coranique peut aussi tre considrecomme une mise en garde contre la tentation de la sduction, contreles excs du plaisir et de lostentation, et une exhortation en faveur durespect du rle premier de la mre, du code de bonne conduite et deprservation de la famille. Et si lislam assigne au plaisir des lois, cestpour garantir lordre de la Cit : viter les drglements, matriser ledsir ocanique qui risque de submerger lindividu. Mais cela nesignifie nullement abstinence, car le corps et lesprit ne font quun.Cest dire que le musulman peut-tre un bon croyant et un bon prati-quant sans refuser les jouissances charnelles, pourvu quil seconforme une certaine thique5. En particulier, le Coran et leProphte recommandent aux musulmans le respect exigeant de lafemme, de sa dignit et de son autonomie. Cest ainsi quil a t amen lui garantir des droits (tmoignage, hritage, divorce, dlibrations),et, en particulier, codifier svrement la polygamie6, ce qui a repr-sent pour les murs de lpoque un immense progrs et uneincroyable rvolution !

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    12

  • Lart daimer : moralistes et potes

    A ct des textes canoniques et du parcours prophtique, il existe,dans la culture arabo-musulmane, un imaginaire amoureux dunefabuleuse richesse7. Un tel imaginaire stait panoui videmmentavant lislam, y compris chez les Arabes bdouins. Les Arabes nont-ils pas une centaine de noms pour dire lamour8 ? Cest surtoutpendant la priode o lislam va connatre la prodigieuse expansionque lon connat, devenant une civilisation essentiellement citadine,quune culture de la passion amoureuse, de la galanterie et de lasduction, du libertinage et de lrotisme va se dployer, notamment travers la littrature romanesque et la posie, mais aussi la jurispru-dence ou lthique, voire la mdecine. Il convient cependant ainsique le rappelle Jamel Eddine Bencheikh de distinguer les uvresdes moralistes de celles des potes notamment. Les premiers ontessay dlaborer une thique sexuelle destine principalement difier le croyant, qui doit, ds lors, mener une vie vertueuse. Enparticulier parce que la problmatique du pouvoir tait devenuecruciale dans un Dr al-Islm rapidement transform en un vasteempire stendant de lInde lEspagne, ils tentrent dlaborer unemorale permettant dviter que les Princes ne se laissent garer par lapassion amoureuse. La jubilation du trop de sexe engendre soncontraire : langoisse de la dissolution des murs, la peur de langation des vertus lmentaires qui fondent la civilisation arabo-isla-mique. Ainsi, sil ny avait pas de pch de chair, les relations sexuellesfurent cependant scrupuleusement codifies. Les moralistes tablirentnotamment une distinction nette entre lunion licite (nikh) et lunionillicite ou adultre (zin), interdit qui repose fondamentalement compte tenu des murs de lpoque sur le respect d la dignit dela femme et sur son galit avec lhomme.

    Mais, ct de cette thique, a toujours exist une littrature libre etune posie amoureuse. En particulier comme le rappelle fort oppor-tunment Jamel Eddine Bencheikh , les notions de raffinement,damour courtois (dharf) contriburent penser et fonder denouvelles formes de sociabilit et un art dexister, qui touchent auxrapports soi et autrui, au maniement du langage, la dfinition desattitudes. Cest dans ce cadre que se dveloppe trs tt un courant deposie amoureuse, illustr notamment par luvre dun Ibn al-Ahnaf(m. en 808) et de plusieurs potes andalous. La posie mystique, enparticulier, va se nourrir de cette inspiration profane originelle. Elle

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    13

    Eros et sacr

  • est ddie lEtre non prsent. Vers Lui slve notre me, abandon-nant le corps, dans un dsir brlant de se fondre dans Son essencesuprieure. On retrouve, propos de cette ivresse, lutilisation par lesmystiques dodes bachiques profanes, dont le lexique et les symbolessont utiliss par un Al-Hallj, supplici en 922, lascte Ibn al-Frid(m. en 1235) ou encore le grand mystique Ibn al-Arab (m. en 1240)9

    Le statut de la femme

    Ainsi quon la dit prcdemment, la femme est omniprsente dansla vie du Prophte ; il lui confie ses penses, ses tourments, ses projets,voire les dploiements mmes de sa prdication ce fut le cas enparticulier pour la mre des musulmans : Khadidja (m. en 619). Dutemps du Prophte et de ses Compagnons, les femmes jouaient unrle social, spirituel et politique considrable ; nombre dentre ellesassistaient, par exemple, aux assembles dlibratives des musul-mans, y compris du vivant du Prophte ; ce fut une priode de grandetolrance entre hommes et femmes, et de mixit, y compris dans leslieux de culte10.

    Si le Coran, Livre rvl et sacr, est identique pour tous les musul-mans, il a fait lobjet, ds le dbut y compris peu de temps aprs lamort de Muhammad, au moment de sa recension sous le califat deOmar puis sous celui de Uthmn , et tout au long de lhistoiremusulmane, de diverses lectures et interprtations. Cest pourquoi,dune contre lautre du vaste monde musulman et dune poquehistorique lautre, la question de la sexualit ou celle du statut de lafemme ont t poses de manire fort distinctes.

    Les aspects obscurantistes (haine de lrotisme et de lamour, margi-nalisation sexiste et juridiquement codifie des femmes) ne sontapparus que plus tard, notamment avec la fermeture progressive desportes de lIjtihd et lrection, aux quatre coins du vaste Empire, dePalais somptueux dans lesquels des califes et potentats enfermrentleurs nombreuses esclaves et concubines (jawr), organisant biensouvent orgies et saturnales gigantesques, confortant limagerie dunereligion faite dun mlange confus de suavit extrme et de purita-nisme absolu. De cette priode nous vient, en effet, limage occiden-tale, compltement caricaturale, partielle et partiale, dun mondemusulman o le sexe tait la fois enferm mais triomphant dans ladbauche, ce qui videmment tait loin dtre le cas pour limmensemajorit des pauvres, pour lesquels, les soucis matriels aidant, ctait

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    14

  • la rgle du mariage monogamique qui prdominait, comme aujour-dhui dailleurs.

    Avec la modernit ses promesses et ses innombrables et traumati-sants checs , la peur de lamour et du sexe (ou plutt leur dvoie-ment) est nouveau instrumentalise, pour se muer invariablementen haine de la femme. Cette stigmatisation de la femme allie lathmatique plus gnrale de dnonciation de la dilution desmurs, caractristique suppose dfinir la drive du mondemoderne fait partie de la psychologie profonde du nofondamenta-liste. Lintriorisation du sentiment de menace explique que lesgroupes nofondamentalistes phnomnes que lon peut videm-ment observer dans toutes les religions et socits, pas seulement isla-miques (militants extrmistes hindous, ultra-orthodoxes juifs, nofon-damentalistes amricains, intgristes catholiques en Europe, etc.11) soient parfois enclins embrasser des interprtations pour le moinsdlirantes : si les valeurs sont tel point mines, il doit y avoir uneconspiration trangre et/ou une corruption endogne du corpssocial. Le vritable facteur responsable de cette dliquescence en cequi concerne les socits extra-occidentales du moins est locci-dentalisation du monde. On connat par cur un tel diagnostic, aumoins depuis le clbre Jalons sur la Route (Malim F al-Tarq) deSayyed Qotb : ltat de dcadence morale de la socit occidentalesexpliquerait par le fait quelle nest plus dirige par une vritnormative assure, ni par un idal spirituel transcendant. Dans unetelle perspective, quil sagisse des fondamentalistes hindous, juifs,protestants, catholiques ou musulmans, tous voient dans loccidenta-lisation des lites une des sources principales de la crise de civilisationet du profond malaise identitaire. Prenant acte de la chute morale dela socit occidentale et de sa profonde corruption des socits isla-miques traditionnelles, les islamistes radicaux, eux, la jugent anti-musulmane (kufr). Dans une telle perspective, la femme cristallise lespeurs et les ressentiments.

    Si donc, comme on la rappel, lthique coranique et la prdicationprophtique insistrent trs souvent sur lgalit spirituelle des deuxsexes, historiquement, ni les thologiens ni les jurisconsultes ni lesresponsables politiques nont majoritairement su inscrire cette galitdans le droit, encore moins dans les faits. Au contraire, ils mirent lac-cent sur la prminence de lhomme et imposrent une vision triquede la pudeur, de sorte que tout un imaginaire machiste et pater-naliste qui, videmment, existait bien avant lislam, dans des

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    15

    Eros et sacr

  • socits la fois segmentes, tribales et claniques, et holistes sest accentu, ouvrant la voie la plupart des discriminations ethumiliations actuelles.

    Refuser toute lecture essentialiste

    A dire vrai, la question de lmancipation de la femme au sens onous lentendons aujourdhui na t pose clairement par aucunedes grandes religions12. Lgalit moderne des droits, le contrle desnaissances, lavortement, le divorce nont t imposs aux Eglises quefort tardivement par diverses associations de femmes, lissue decombats trs anciens13. De leur ct, les socits du vaste mondemusulman sont loin dtre restes insensibles ces combats. Depuisles dcolonisations au moins, elles ont peu prs toutes connu desvolutions pour ne pas dire des sismes importantes ayantdbouch en maints endroits (mme si on est trs loin du compte)notamment sur : laccs des filles lducation scolaire et universi-taire, llvation de lge du mariage, le recul de la polygamie, larduction du nombre denfants par femme en ge de fconder, ladiffusion des moyens de contraception, etc. Dans le domaine poli-tique, daucuns remarquent, juste titre, quen terre dIslam, lesfemmes ont mme russi obtenir le droit de vote en Turquie bienavant la France. Alors que le cas sest finalement, jusqu prsent,assez peu prsent en Europe mme (surtout latine), des femmesmusulmanes ont dj dirig des gouvernements, comme au Pakistan(Benazir Bhutto), en Turquie (Tanu Ciller), en Indonsie (MegawatiSukarnoputri) ou au Bangladesh (Khaleda Zia face au leader fmininde lopposition Hassina Wajed). Il est hlas ! vrai qu chaque fois queles questions du Code familial ou de la condition des femmes ont tposes dans lespace public, des religieux conservateurs lis auxpouvoirs ou des militants nofondamentalistes contestataires ont toutfait, au nom de lislam, pour empcher lvolution du droit et desmentalits. Mais, ct des mouvements progressistes et laques, descourants rformateurs (islh) ont pu, eux aussi, invoquer une autrelecture de lislam pour justifier des choix qui taient aux antipodes deceux des conservateurs.

    Sur cette question comme sur bien dautres (Islam et modernit,Islam et lacit, Islam et dmocratie, etc.) , il ne me semble doncpas judicieux dincriminer la religion en gnral. Il convient bienplutt danalyser les socits concrtes avec leurs contradictions, leurs

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    16

  • dynamiques propres, leurs luttes, les multiples interprtations etformes de pratiques religieuses quelles produisent, au lieu de donnerde lislam pris globalement limage univoque dune religion prten-dument intolrante et absolument incompatible avec lmancipationdes femmes et avec la modernit. Les aspirations aux changementsqui se sont toujours exprimes en terre dIslam, les dynamiquesprofondment endognes et varies ainsi que la pluralit des projetset des points de vue sur toutes les questions de socit contredisentcette vision errone dune culture islamique immuable, intangible,intemporelle, rtive linnovation et aux liberts. Au lieu denfermerlislam dans une spcificit parfaitement abusive et de rprouver enbloc ses valeurs religieuses, prsentes de manire abstraite et anhis-torique, il convient de tenir compte des conditions historiques etsociologiques dlaboration des discours et des pratiques religieuses,ainsi que des mcanismes dvolution, complexes, multiples et chan-geants, auxquels ces socits sont soumises au mme titre que toutesles autres.

    Il nen demeure pas moins que, globalement, la situation juridiqueet sociale actuelle de la femme musulmane bien quelle ait sensible-ment volu ces dernires dcennies grce aux combats audacieuxmens par les femmes et les courants modernistes demeure bien ende dune reconnaissance effective de lgalit des sexes et dunerelle mancipation fminine. Certains responsables religieux etcourants de lislamisme radical jouent cet gard un rle nfaste parleur pression sur les juristes et les hommes politiques, visant de plusen plus les contraindre dadopter des mesures contraires la mixit,au travail professionnel des femmes, leur accs aux postes deresponsabilit.

    Crise sociale et inhibition de lamour dans les socits contempo-raines

    Si donc, comme on vient de le voir, le thme de lamour occupaitdans la vaste littrature du Dr al-Islm une place de choix, celui-ci estloin dtre omniprsent et visible dans la vie quotidienne actuelle. Ausein des socits musulmanes contemporaines, prises au pige desdifficults conomiques, des malaises identitaires et de statuts rduc-teurs lgard des femmes, lamour, dans ses multiples facettes,semble tre all en dclinant, en sinhibant. On a limpression parfoisquune chape de pudeur semble avoir couvert nombre de pays

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    17

    Eros et sacr

  • musulmans ravags par lordre moral nofondamentaliste. Comme leremarque trs pertinemment Abdelwahab Meddeb : (Un des effets) dela rislamisation est visible travers la transformation du corps social dansson rapport aux plaisirs et la jouissance. La socit islamique est passedune tradition hdoniste, fonde sur lamour de la vie, une ralit pudi-bonde, pleine de haine contre la sensualit. La pruderie est devenue critre derespectabilit. Pullulent dans les thtres urbains les Tartuffe et autres bigotsou cagots. La ville amnage ses scnes pour ter au corps ses droits, cons-quence du ressentiment et de son enracinement dans les mes des semi-lettrsqui sont lgion. Les rues, rbarbatives en leur bti neuf, ngligentes, irres-pectueuses de la fabuleuse mmoire architecturale, gagnent en laideur lors-quelles sont traverses par des corps balourds, coup du souci de soi ; les-thtique se retira ds que fut abolie la sduction dans la relation entre lessexes. Lentretien de la beaut comme sa mise en valeur sont leur tourforclos14.

    De son ct, la sociologue marocaine Soumaya Naamane Guessous,dans un article intitul justement : Lamour retenu15 notait : Il mat rarement permis de voir lamour sexprimer autour de moi. Je vois,ajoute-t-elle, de trs nombreux couples, mais je ne vois pas lamour. Cetamour, qui se dcle notamment dans les regards, les paroles(exprimer verbalement le sentiment amoureux) et les gestes detendresse, le contact avec ltre aim (se tenir la main, se caresser),on ne le voit que chez de trs rares couples. Evidemment, la crisesocio-conomique en particulier celle du logement joue ici un rlenfaste ; la majorit des jeunes (clibataires ou en couple) sont desinfortuns ne disposant pas dun toit, dun refuge, pour faire de leuramour platonique une union physique. Mais Soumaya NaamaneGuessous fait remarquer partir des nombreuses confessionsdhommes et de femmes quelle a pu interroger que mme lescouples lgitimes qui disposent dun foyer ne se touchent que dans lelit, lors du devoir conjugal nocturne. Les rgles de pudeur interdi-sent toute dmonstration extrieure de lamour. Ici, la frontire entreespace priv et espace public est scrupuleusement dlimite. Mmepour exprimer verbalement les sentiments que lon ressent vis--visde ltre aim, le langage en particulier les dialectes reste dunepauvret affligeante. A cause notamment de certains films gyptiens,tout un vocabulaire amoureux est dvaloris, tourn en drision !

    Trop souvent, lexpression par lhomme de ses sentiments amoureuxest considre comme une faiblesse, dans une socit o ce dernierse dfinit dabord par sa virilit. Quant la femme a constat

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    18

  • Soumaya Naamane Guessous , elle doit endurcir son cur et gardertoujours lesprit que les relations amoureuses et a fortiori les rela-tions sexuelles sont condamnes hors mariage. La socit permet lasexualit prmaritale des hommes (aventures), tout en condamnantcelle des femmes, traites de femmes aux murs lgres. Et dans uncontexte de crise sociale pour ne pas dire de frustration maximale ,aux yeux de beaucoup de femmes, lhomme idal est celui qui a lesmoyens de subvenir leurs besoins, autrement dit celui qui prsentedes garanties matrielles fiables (un travail, un logement spar decelui de ses parents, etc.) ; lamour vient au second plan.

    Pourtant, le problme nest pas tant la religion en soi que la lecturequen font ceux qui, tel ou tel moment de lhistoire, ont la charge dellaborer, de linterprter et de la diffuser, ainsi que leur aptitude auxvolutions. Le devenir de lislam nest nullement inscrit, une fois pourtoutes, dans les dbats doctrinaux des sicles passs, ni dans un dter-minisme de type culturaliste. Ce devenir dpend bien plutt desefforts que les musulmans, dans la diversit de leurs sensibilits,dploient pour matriser les contraintes et dfis des temps prsents ettracer leur propre chemin vers la modernit, notamment pour inscrirela diffrence et lgalit des sexes dans lespace public, sous formedgal accs lducation, aux loisirs, toutes les professions, et lalibre disposition de sa pense et de son corps. Dune manire gnrale,lgalit entre lhomme et la femme, mais aussi le passage la dmo-cratie sociale et politique, linstitution de la citoyennet et la promo-tion de la lacit sont tributaires de combats politiques et intellectuelsmens par tous ceux et toutes celles et ils sont nombreux qui envi-sagent de concilier le riche hritage de leur civilisation avec les idauxde progrs et de libert.

    Abderrahim Lamchichi

    Notes :1. Le texte coranique et la Tradition prophtique ont condamn le clibat, sacralis le mariage:Vos femmes sont pour vous un champ de labour. Allez votre champ comme vousle voudrez, affirme en effet le Coran (sourate 2, verset 223). Ce dernier va mme jusqucodifier les prliminaires de lacte amoureux, recommandant notamment aux maris baiserset douces paroles plutt que de se jeter sur sa femme comme le font les btes. Fairejouir sa femme est mme un devoir pour le croyant, et des dispositions permettent lpousedobtenir le divorce en cas dimpuissance du mari ou si celui-ci sabstient de tout rapportsexuel pendant quatre mois. Lire en particulier : Abdelwahab Bouhdiba, La sexualit enIslam, PUF, 1975, rd. Quadrige. Et de Malek Chebel, LEncyclopdie de lAmour enIslam (Payot), Le corps dans la tradition au Maghreb (PUF), Lesprit de srail (LieuCommun et Payot), Limaginaire arabo-musulman (PUF), Le livre des sductions(Payot), La fminisation du monde (Payot), Le Trait du raffinement (Payot) ou encore

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    19

    Eros et sacr

  • Histoire de la circoncision (Balland).2. Al-Azmeh ajoute que des textes pitistes comme ceux dAl-Ghazl (m. en 1111) ou dIbnQayyim al-Jawziyya (m. en 1350) ne cessent daffirmer que le plaisir sexuel dans le cadredune union lgitime ne reprsente quun ple avant-got de la volupt venir au paradis. LireAziz al-Azmeh : Rhtorique des sens. Une rflexion sur les rcits du paradis musulman, inFethi Benslama et Nadia Tazi (dir.), La virilit en Islam, Intersignes, Editions de lAube,1998 ; p.75-90.3. Comme la bien soulign Abdelwahab Bouhdiba, le Coran abonde en versets dcrivant lagense de la vie fonde sur la copulation, loi universelle par excellence, et apprhendant lesrapports entre hommes et femmes aussi sous langle de lamour physique, charnel en particu-lier. La sexualit occupe une position centrale dans le processus de renouvellement de la cra-tion et de la reproduction des espces. La dualit (ou bipartition) (zawj, azwj) est considrecomme le signe du miracle divin ; la sexualit en tant que mise en relation du mle et de lafemelle est saisie comme un acte relevant de la volont divine (Coran, LI, 49 ; XXXVI, 36,notamment) : La relation sexuelle en couple, crit Abdelwahab Bouhdiba, reprend etamplifie un ordre cosmique et la dborde de toutes parts : la procration rdite lacration ; lamour est un mime de lacte crateur de Dieu. Les rapports sexuels sont la fois des rapports de complmentarit et de jouissance (Coran : les Femmes IV, 1 ; Arf VII,186 et 189 ; les Croyants XXIII, 12-17 ; les Groupes XXXIX, 8 ; lEtoile LIII, 45 sq ; NoLXXI, 13-14 ; les Messagres LXXVII, 20-21, la Rsurrection LXXV, 37-38 ; la Gnisse II,183-187, etc.). Non seulement luvre de chair est licite, conforme la volont deDieu, et lordre du monde, mais, ajoute Bouhdiba, elle est le signe mme de la puis-sance divine. Elle est le miracle renouvel et permanent. Abdelwahab Bouhdiba, Lasexualit en Islam, op. cit.4. Il affirmait aimer parmi les choses de ce bas monde la compagnie des femmes et la jouis-sance charnelle. Selon un Hadth clbre, Muhammad confiait ses disciples : Je rends grce Dieu pour mavoir, de votre monde, fait aimer les femmes, les parfums et la prire.Lors de ses exploits spirituels et guerriers, Muhammad a toujours une femme ses cts. Paramour ou alliance diplomatique, il en consommera huit, aprs la mort de sa premire pouseKhadija, en 619. Au Mont Hira, o Dieu lui dicte le Coran (602), cest Khadija qui est lepremier tmoin de la rvlation. Sa vie na-t-elle pas t, en effet, traverse dattachementspassionns de nombreuses femmes : depuis Khadija, sa premire pouse, figure maternelle parexcellence, Acha laquelle le lie la passion amoureuse ?5. Dans la vision coranique du monde, crit Abdelwahab Bouhdiba, lamour physiquedbouche directement sur lordre communautaire ; lamour physique est appel se spiritua-liser en se transcendant dans le collectif. Ds que le couple se forme en effet apparat aussittet ncessairement la distinction fondamentale du public et du priv. La sexualit est prsence mon corps, mais prsence aussi au corps dautrui. La sexualit est dpassement de la soli-tude. Elle est appel autrui et cela ds le niveau charnel. Etant dessence collective, la relationsexuelle doit tre rgle dans son usage rel. Do, par exemple, limportance de la notion deal-awra : la pudeur ou, plus exactement, la nudit. Abdelwahab Bouhdiba, op.cit. Lentredans la vie sociale et toute relation interhumaine impliquent la pudeur. Le corps est awra(nudit ou ce qui reste dcouvrir), autrement dit, ce qui est cach et touche aussi bien le corpsque la vie prive. Cette notion de pudeur dlimite les espaces du public et du priv et porte enelle la distinction fondamentale entre lintimit de lespace domestique et lespace de la Cit.Mais cette sacralisation de la pudeur a pu tre pousse loin par certains fondamentalistes quirefusent la mixit et lmancipation fminine.6. Le Coran affirme : Epousez comme il vous plaira deux, trois ou quatre femmes,mais, si vous craignez de ntre pas quitables, prenez-en une seule7. Anglisme bdouin ou bdouinit primitive (comme dans Qays, Majnon Layl, sansoublier un Umar Ibn Ab-Raba : 644-711), extase mystique, libertinage de potes (qui, Bagdad, Koufa ou Cordoue notamment chantrent le vin, les femmes, voire lhomosexualit),ptres dthique, romans de la passion amoureuse, donnent lieu un corpus amoureux qui vade lapologie de lamour pur (les potes udhrites) aux manuels drotologie (Nafzw parexemple), des sances de louanges (chez les soufis) aux anecdotes irrvrencieuses (chez unAb Nawws en loccurrence), des codes, recettes et autres stratgies de sduction caches (al-Tifsh) aux cours publics dducation sexuelle et de mdecine soignant par amour (Avicenne,Ibn Sn) Tawq al-Hamma (Le Collier de la Colombe) dun Ibn Hazm (994-1064) parexemple est un vritable classique du genre, comme le Livre de lamour dAl-Ghazl ou le

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    20

  • Trait de lamour dIbn Arab, ou encore Rawdat al-Muhibbn wa Nuzhat al-Mushtqn(Paradis des amoureux et promenade des amants) dun Ibn Qawwim al-Jawziyya (1292-1350), qui analyse le lexique arabe de lamour et exprime la nature, les phases, les effets de lapassion amoureuse. Lire en particulier lentretien de Thierry Fabre et de Fethi Benslama avecJamel Eddine Bencheikh, p. 20-24. Lire aussi sa trs belle traduction de La Volupt denmourir. Conte de Al ben Bakkr et Shams an-Nahr, tir des Mille & Une Nuits,Interprtation graphique : Nja Mahdaoui, Paris, Editions Alternatives, 2001. Lire galementde Malek Chebel la trs complte et passionnante Encyclopdie de lamour en Islam, Payot,1995.8. Malek Chebel (textes) et Lassad Mtoui (calligraphie), Les Cent Noms de lAmour,Editions Alternatives, 2001.9. Ainsi que le dit Jamel Eddine Bencheikh, cet islam mystique considre que la beaut est unattribut de Dieu, la sexualit un acte de foi et va jusqu proclamer martyr celui qui aime etmeurt damour. Lamour est humain ; cest une transposition sur terre de lAmour divin. Carltre mme de Dieu, affirme le grand mystique Ibn al-Arab (m. en 1240), est fond surlAmour. Lamour (al-Ishq) exprime une respiration ncessaire ltre. Celui qui aime(ashiqa), dit un hadth (controvers), reste chaste et meurt, meurt en martyr de la foi !; op.cit.10. Dune manire gnrale, lhistoire musulmane est jalonne de figures fminines clbres ;il y eut des femmes guerrires lgendaires, des potesses glorieuses et de riches commerantes.Dans lhistoire du soufisme par exemple, des femmes tiennent une place importante : Rbiaal-Adawiyya (721-801), ancienne courtisane, a t la premire chanter lamour divin. Il fautciter galement Yasminah de Marchena et Fatimah de Cordoue, qui furent les guides delillustre Ibn al-Arab, et Nizm, qui lui inspira des pomes enflamms ; il faut citer galementFakhr al-Nisa, lune des nombreuses femmes disciples de Jallu al-Dn al-Rm, ou plusrcemment, Ferina Ana ou Zeneb Hatun, inspiratrices du soufisme turc Lire FatimaMernissi, Le Harem politique, Editions Complexe, et Islam, ce que vous devez savoir,numro spcial de la revue Actualit des Religions ; encadr La place des femmes ; p. 24.11. Dans une vaste littrature, lire notamment le rcent et trs stimulant : Jean-FranoisMayer, Les Fondamentalismes, Georg Editeur, novembre 2001. 12. Ainsi que le remarque, trs justement, Henri Tincq : le thologien nohanbalite IbnTamiyya ou le prdicateur puritain de lArabie (devenue depuis saoudite) Mohamad Ibn Abdal-Wahhb partagent peu prs le mme point de vue (puritain et ractionnaire) sur le sujetque le grand thologien chrtien dAfrique Tertullien (155-220), laptre Paul, saint Augustinou encore Luther. Le Monde (dossier LIslam et les femmes), 16-17 dcembre 2001; p. 14.13. Lire notamment : Michelle Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, vol. IV et V(XIXe et XXe sicles), Plon, 1991. Genevive Fraisse, La controverse des sexes, PUF,Quadrige, 2001. Genevive Fraisse, La famille et la Cit, Gallimard, Folio, 2001. FranoiseHritier, Masculin/Fminin. La pense de la diffrence, Odile Jacob, 1996. Ou encoreSylviane Agacinski, Politique des sexes (Prcd de Mise au point sur la mixit), nouvelledition Points/Seuil, 2001.14. Abdelwahab Meddeb, La maladie de lislam, Seuil, 2002 ; p. 135 et suiv.15. Soumaya Naamane Guessous : Lamour retenu, in Quantara : De lAmour et desArabes, n 18, janvier-mars 1996 ; p. 42-45. Elle est galement lauteur dune excellente tudesur la sexualit de la femme marocaine, intitule Au-del de toute pudeur, Eddif, Maroc, 1988.

    CONFLUENCES Mditerrane - N 41 PRINTEMPS 2002

    21

    Eros et sacr