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Cours Europe 2018 UT Brno/P.Pierre/Cirefe-Rennes 2 1 L’Europe de 1945 à nos jours : division, réunification, interrogations. Introduction : A la veille de la première guerre mondiale, l'Europe domine le monde. Ses grands empires coloniaux, ses langues, sa culture, son industrie, sa science, sont sans concurrence. Deux guerres civiles européennes plus tard, elle a perdu toute son influence. En 1945, c'est une Europe vaincue, divisée, dominée qui subit la politique des deux nouvelles grandes puissances. Le sursaut de la construction européenne lui permet, 10 ans plus tard, de reconstruire son unité. Pourtant, elle reste dépendante de l'allié américain sur la scène internationale et les divisions internes reprennent de plus belle (Brexit, repli nationaliste, migrants...). L'Europe est-elle un continent condamné à ne plus jouer un rôle prépondérant dans le monde ? Comment l'histoire de la construction européenne peut-elle permettre de comprendre un présent lourd de menaces ? Quelques repères :

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L’Europe de 1945 à nos jours : division, réunification, interrogations.

Introduction :

A la veille de la première guerre mondiale, l'Europe domine le monde. Ses grands empires

coloniaux, ses langues, sa culture, son industrie, sa science, sont sans concurrence. Deux guerres

civiles européennes plus tard, elle a perdu toute son influence.

En 1945, c'est une Europe vaincue, divisée, dominée qui subit la politique des deux nouvelles

grandes puissances.

Le sursaut de la construction européenne lui permet, 10 ans plus tard, de reconstruire son unité.

Pourtant, elle reste dépendante de l'allié américain sur la scène internationale et les divisions

internes reprennent de plus belle (Brexit, repli nationaliste, migrants...).

L'Europe est-elle un continent condamné à ne plus jouer un rôle prépondérant dans le monde ?

Comment l'histoire de la construction européenne peut-elle permettre de comprendre un présent

lourd de menaces ?

Quelques repères :

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L'Europe invente, au cours de son histoire, des ensembles politiques fruits des conquêtes, mariages

dynastiques, achats … Ces ensembles se font et se défont.

Définitions

Etat : partie de l’espace mondial délimité par des frontières. Une autorité qui s’exerce à partir d’une

capitale. Un territoire politique avec des attributs : drapeau, hymne, devise, timbre, monnaie ( ?)

Nation : communauté humaine installée sur un territoire avec une unité historique, linguistique,

culturelle, économique plus ou moins forte.

Frontière : ligne ou limite qui sépare deux Etats.

Une caricature de Plantu (Dessinateur français)

Que veut nous suggérer l’artiste ?

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1-La mosaïque européenne

1-1 une idée ancienne

Le socle Romain est présent partout en Europe, racines linguistiques, monuments, routes, droit…

C’est le souvenir de ce vaste empire qui va obséder les élites politiques et intellectuelles pendant les

siècles suivants.

Un rêve qui deviendra réalité… Pourtant les divisions structurelles sont fortes.

1-2 une extrême diversité

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Un exemple : les langues.

Un deuxième exemple : les religions :

Quand on accumule les tracés frontaliers en Europe depuis le XVIIè siècle cela donne cette carte

étonnante :

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Frontières depuis le 17è siècle par Michel Foucher, Fragments d'Europe, Fayard, 1998

2- La construction d’une Europe unie après 1945

Si l’idée est ancienne, (V. Hugo en 1849), si l’Europe a un long passé commun : Empire Romain,

unité religieuse du christianisme, berceau de la RI, apprentissage de la démocratie… Il faut le

désastre des deux guerres mondiales et la situation particulière de 1945 pour faire avancer un projet

d’unité.

2-1-L’Europe, fille de la guerre froide

a) La situation de l’Europe en 1945

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- L’URSS occupe une bonne partie de l’Europe et ce sont des gouvernements à majorité

communiste qui préparent l’après-guerre (la justification tient à l’anti-nazisme mais aussi à

la proximité idéologique avec l’occupant). Staline veut un glacis protecteur sur ses frontières

et notamment à l’Ouest, par peur de l’Allemagne et des Etats-Unis.

- L’Europe est dans une situation économique catastrophique, ruinée et dévastée. Le

rationnement alimentaire, drastique, est maintenu jusqu’en 1949. Les populations sont

mécontentes, elles vivent plus mal encore que pendant la guerre. Les PC gagnent de

l’influence (France 1er

parti, Italie 30% des voix…).

- Les EUA sont inquiets de la situation de leur économie et des difficultés économiques de

l’Europe. Ils proposent leur aide : la doctrine Truman (discours) qui distingue le bien et le

mal et réoriente la politique américaine dans le sens d’un affrontement avec l’URSS. Ce

discours, prononcé dans un contexte de campagne électorale et de difficultés de transition

entre l’économie de guerre et l’économie de paix, marque le début de la guerre froide.

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= les deux grands ont peur l’un de l’autre et leur principal point de confrontation est l’Europe.

b) Chacun organise son espace d’influence en Europe

Le plan Marshall déclenche le processus de scission :

« ... Dans de nombreux pays, la confiance en la monnaie nationale a été brisée. La destruction des

structures commerciales de l'Europe a été complète pendant la guerre.

La reprise a été sérieusement retardée par le fait que deux ans après la fin des hostilités un

règlement de paix n'a pas pu être obtenu avec l'Allemagne et l'Autriche.

Même s'il y avait une solution rapide à ces problèmes délicats, la remise en ordre de la structure

économique européenne demandera à coup sûr un délai plus long et un effort plus grand que prévu.

La vérité, c'est que les besoins de l'Europe en produits alimentaires et autres produits essentiels —

essentiellement de l'Amérique — au cours des trois ou quatre années à venir dépassent à ce point sa

capacité de paiement, qu'elle a besoin d'une aide supplémentaire importante si on veut lui éviter de

graves troubles économiques, sociaux et politiques.

En dehors des effets démoralisants sur le monde en général et des risques de troubles résultant du

désespoir des peuples en cause, les conséquences sur l'économie américaine seront claires pour

tous. Il est logique que les États-Unis fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour favoriser le retour

du monde à une santé économique normale sans laquelle il ne peut y avoir ni stabilité politique, ni

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paix assurée. Notre politique n'est dirigée contre aucun pays, ni doctrine, mais contre la faim, la

pauvreté, le désespoir et le chaos. Son but devrait être le rétablissement d'une économie mondiale

saine de façon à permettre le retour à des conditions politiques et sociales dans lesquelles peuvent

exister des institutions libres ... Tout gouvernement qui consent à nous aider dans la tâche de

renaissance trouvera, j'en suis sûr, une coopération complète de la part du gouvernement américain.

Tout gouvernement qui manœuvre pour arrêter la renaissance d'autres pays ne peut attendre d'aide

de notre part. De plus, les gouvernements, partis politiques ou groupements qui cherchent à

perpétuer la misère humaine pour en profiter politiquement ou autrement, rencontreront l'opposition

des Etats-Unis.

Extraits du discours du général George Marshall prononcé à l'université de Harvard le 5 juin

1947

Les conditions de l’aide Marshall

Les américains vont proposer par l’intermédiaire de G. Marshall le 2 juin 1947, un plan d’aide

massif à l’Europe : plus de 176 milliards de dollars distribués sous forme de prêts ou de dons. Mais

pour éviter que l’URSS n’accepte l’aide, des conditions sont mises :

• transport sur des navires américains (50% au moins de la livraison),

• commande aux entreprises américaines,

• droit de regard sur les matières premières stratégiques,

• planification de l’aide sous le contrôle de L’Organisation Européenne de Coopération

économique.

Ces conditions rendent impossible l’acceptation de l’aide par Moscou (mais la souhaitait-elle ?).

L’URSS fait alors pression pour que les pays qu’elle a libérés ou qu’elle occupe de refuser l’aide,

c’est l’occasion de conflits notamment en Tchécoslovaquie ou le PC va déclencher des

manifestations menaçant le gouvernement de coalition. Finalement le PC obtient le poste de premier

ministre après la défenestration du premier ministre centriste.

Dans la zone américaine le même processus amène à l’expulsion des ministres communistes de

France, Italie, Belgique.

Chacun s’emploie à organiser une zone de domination. L’Allemagne est partagée en quatre zones

d’occupation. Puis en deux après la fusion des zones britanniques, française et américaine.

c) A l’ouest

L’OECE est mise en place pour organiser la répartition de l’aide Marshall, l’URSS refuse ainsi que

les pays de sa zone d’occupation.

L'OECE (Organisation Européenne de Coopération Economique) est créée le 16 avril. Elle compte

18 membres : l'Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, la Grèce, l'Irlande, l'Islande, l'Italie,

le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse, et la

Turquie et le RFA. Il s’agit de resserrer les liens économiques des membres, de libérer le

commerce et les échanges monétaires. Il faut créer un espace de coopération qui empêche chacun de

se reconstruire dans son coin. Pour éviter la guerre, il faut, selon les EUA, faire travailler ensemble

les européens.

L’Union Européenne de Paiement suit en 1950 pour assurer la collaboration financière et la

répartition des prêts américains.

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En 1951, La CECA véritable marché commun limité au charbon et à l’acier permet le réarmement

de l’Allemagne mais aussi la collaboration étroite (avec un haut conseil et une Assemblée) des 6

pays qui y adhèrent (Italie, Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, France et la nouvelle RFA). Le choix

de la supra nationalité dans le contexte purement économique d’un secteur industriel jette les bases

de la construction européenne.

d) A l’est, la constitution du glacis, 1945-1949

Staline cherche à se protéger contre une nouvelle guerre par la signature de pactes d’alliances avec

tous les pays de sa zone d’occupation, mais la Yougoslavie qui s’est libérée seule, refuse…

Avec la doctrine Truman et le plan Marshall, le ton change : La Tchécoslovaquie doit refuser l’aide

Marshall et les libéraux disparaissent du gouvernement, en Hongrie, peu à peu, la coalition

gouvernementale est dominée par les communistes. Les autres suivent. Une vague de répression et

d’épuration suit, 25% des effectifs sont épurés, on se méfie beaucoup, à Moscou, des vieux

militants auréolés de leurs anciens combats et susceptibles d’être indépendants.

Les démocraties populaires sont au service du « grand frère « :

→La création du CAEM obéit à la volonté de Moscou de contrôler les économies des pays liés à

elle. Elle vise à tisser des liens étroits et exclusifs entre l’URSS et les PECO. Les économies

nationales sont spécialisées et on échange produit contre produit, c’est une économie de troc. Les

roubles (monnaie d’échange et de paiement) sont non-transférables et donc uniquement utilisables

en URSS. On applique les règles de l’économie soviétique : nationalisation de l’appareil productif

mais avec des seuils différents selon les pays notamment pour l’agriculture pour s’assurer la

neutralité des paysans, planification impérative…

→Sur le plan politique la mainmise des PC est complète et la population intégrée dans des

organisations de masses (jeunes, femmes …), l’information est contrôlée, les voyages interdits

surtout à l’Ouest.

→Sur le plan militaire, les commandements nationaux sont intégrés sous le contrôle de l’URSS.

L’ensemble est figé dans le pacte de Varsovie en mai 1955.

L’Europe est dominée par les deux grands et disparait comme sujet politique indépendant.

EUA Volet politique Volet économique Volet militaire Volet culturel

-doctrine Truman

- containement

-Anticommunisme

- Plan Marshall

- liens EUA/Europe

Occ ou Japon/EUA

- croissance

OTAN et pacte - Cinéma américain,

-American way of life

-formation des cadres

économiques et

politiques aux EAU

URSS -doctrine Jdanov

-démocratie

populaire

-Comecon

-accords

commerciaux

- pacte de

Varsovie

(1955)

- culte de Staline,

-cinéma soviétique

3- La construction d’une Europe indépendante

En 1945, plusieurs initiatives relancent les projets d’unité par-dessus les ruines de la guerre (1946 :

W. Churchill appelle à des Etats-Unis d’Europe, 1948 : congrès des fédéralistes européens de la

Haye). Le conseil de l’Europe instance de collaboration sans pouvoir se met en place en 1949.

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3-1 Emancipation et élargissement

→Le traité de Rome s’inscrit dans le contexte de la croissance économique d’après-guerre de 1950

à 1975. La volonté des industriels et des gouvernements d’ouvrir les frontières pour accroître les

échanges et facilité la concurrence se traduit pas la conférence de Messine puis de Rome où est

signé le traité, le 25 mars 1957, portant naissance de la CEE, véritable marché commun. C’est un

vrai marché commun qui entre en application progressivement entre 1959 et 1968. . Le marché

agricole, dernier marché concerné, est ouvert le 1er janvier 1962. Il n’y a pas de barrière douanière

entre les Etats. Mais seules les marchandises sont concernées, pour le reste (les hommes et les

capitaux …) les frontières demeurent. D’autre part, c’est une union d’Etats, il n’y a pas

d’institutions supranationales, les ministres des Etats-membres se rencontrent pour les décisions de

chaque secteur. Un tarif extérieur commun protège le nouveau marché commun.

Les institutions sont limitées : un parlement à Strasbourg mais sans pouvoir, un conseil des

ministres par thème, un conseil des chefs d’Etat et de gouvernement prend les décisions

stratégiques. Une commission nommée par les Etats est chargée de la mise en place de la politique

décidée. Une cour de justice tranche les conflits commerciaux.

Le bilan économique est plutôt satisfaisant, les échanges progressent et le niveau de vie aussi.

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→L’élargissement se fait en plusieurs phases :

D’abord les pays proches idéologiquement et économiquement malgré les reticences de la France

vis-à-vis du RU. En 1973, le Danemark, l’Irlande et le Royaume-Uni rejoignent le groupe des

six fondateurs. La réussite du marché commun incite les Britanniques à demander leur adhésion dès

1960 mais la France bloque : le général de Gaulle y voit le « cheval de Troie » des Etats-Unis ! Son

départ du gouvernement en 1969 ouvre la voie aux négociations.

En 1974, la fin de la dictature militaire en Grèce (1967-1974) permet à la Grèce de demander son

adhésion en 1975, elle entre en 1981. En effet, l’une des causes de l’intégration à la CEE exige que

les institutions soient démocratiques. En 1986, c’est la tour de l’Espagne et du Portugal qui sont

devenus aussi des démocraties à partir de 1975.

La fin de l’URSS et donc de l’Europe née de la guerre froide permet, en 1995, l’intégration de

l’Autriche, de la Suède et de la Finlande. Les anciens pays « neutres » peuvent adhérer. Mais la

Norvège et la Suisse, refusent par referendum.

A partir de 1991, l’enjeu devient d’intégrer les anciennes démocraties populaires nouvellement

libres de leurs choix. Il y a un intérêt stratégique mais aussi politique : la peur de laisser s’effondrer

les anciens pays de l’Est et d’avoir un espace instable aux portes de l’UE. L’intégration est donc

facilité et rapide avec des aides économiques.

En 2004, dix pays entrent : Chypre, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la

Lituanie, Malte, la Pologne, la Slovaquie et la Slovénie. En 2007, c’est au tour de la Roumanie et

de la Bulgarie, tandis qu’en 2013 la Croatie devient le 28ème pays membre.

3-2 Approfondissement

L’évolution économique (fin de la croissance, fin de la stabilité des monnaies, mondialisation

accrue des échanges) et politique (la fin de la guerre froide) imposent des changements importants à

l’Europe. De 1985 à1995, J. Delors, président de la commission de Bruxelles, impulse des réformes

profondes :

- En 1985, l’acte unique décide la création d’un vaste marché unique au 1er janvier 1993 pour

les marchandises, les capitaux et les hommes. De même, le rôle dirigeant du conseil

européen est renforcé ainsi que celui du parlement, le vote à la majorité qualifiée est élargi.

- Le traité de Maastricht en 1992, élargit le champ de l’UE à l’éducation, la culture, la santé,

la consommation et la politique étrangère (PESC avec police et justice). La commission est

investie par le parlement et la règle de la majorité étendue.

- Une union économique et monétaire est décidée dès 1999 pour les échanges et en 2002 pour

la monnaie en circulation : naissance de l’euro.

- En revanche, aucune harmonisation des législations sociales ne progresse sous la pression

des libéraux, de la GB et des nouveaux entrants. La concurrence devient féroce et l’Europe

perd en crédibilité dans beaucoup de pays. Le projet de constitution européenne en fait les

frais. Trois pays l’ont refusé par referendum : la France, les Pays Bas et l’Irlande en 2005.

Quatre ans plus tard, une conférence intergouvernementale (CIG) propose un traité

simplifié, qui deviendra le traité de Lisbonne, entré en vigueur en 2009. Une grande partie

des évolutions du TECE a été reprise dans le traité de Lisbonne.

3-3 les institutions

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Le fonctionement est très complexe mais surtout pas du tout démocratique puisque qu’il n’y pas de

contrôle sur la commission. Ce sont les chefs d’Etats qui décident en dernier ressort : les peuples

sont exclus du fonctionnement et de la décision.

4- des crises fréquentes

Les crises européennes sont constantes. Les causes sont à rechercher dans les objectifs assignés à

l’Europe : une union d’Etats-Nations. Chaque Etat-Nation conservant son indépendance, il va

toujours provilégier ses intérêts au détriment de l’ensemble européen. Par ailleurs, l’UE n’étant pas

un Etat, elle n’agit pas de manière autonome sur la scène internationale et donc subit les politiques

nationales (exemple interventions de la France en Afrique…). Enfin, le principe des Etats-Nations

empêche l’UE de défendre ou d’agir pour la reconnaissance d’une minorité ethnique dans un Etat

(comme dans la crise Espagnole à propos de la volonté d’indépendance du gouvernement catalan).

L’UE s’est construite sur un modèle libéral en matière economique et sociale. Il ne peut donc être

question d’harmoniser les politiques sociales. Les Etats se font alors concurrence et un sentiment,

partagé par beaucoup d’Européens, de subir l’Europe libérale au détriment des politiques sociales

de chaque Etat membre se renforce.

Exemple 1 :

La politique de la "chaise vide"

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La proposition sur le financement de la Politique agricole commune (PAC), élaborée en 1965 par le

président de la Commission, Walter Hallstein, est le point de départ de la crise politique dite de la

"chaise vide". La proposition de la Commission va dans le sens du développement des ressources

propres des Communautés, indépendamment des États, et attribue des pouvoirs budgétaires

supplémentaires au Parlement européen et un rôle accru à la Commission. D'autre part, le passage,

au 1er janvier 1966, à la troisième étape de la période transitoire prévue pour l'établissement du

Marché commun doit s'accompagner de l'application du vote majoritaire au Conseil des ministres.

La France ne peut accepter une telle évolution qu'elle considère comme un abandon inacceptable de

souveraineté. Le général de Gaulle reproche par ailleurs à Walter Hallstein d'avoir préparé sa

proposition budgétaire sans s'être préalablement concerté avec les gouvernements des États

membres. De Gaulle reproche en outre à Walter Hallstein de vouloir se comporter comme un chef

d'État. La France craint enfin qu'une coalition d'États membres ne remette en cause, par le jeu de la

décision majoritaire, la politique agricole commune qu'elle a, en effet, eu beaucoup de mal à faire

accepter à ses partenaires.

CVCE.eu/uni.lu

Exemple 2 :

"Ce que je veux, monsieur Palmer, c'est tout simple : je veux qu'on me rende mon argent" ("I want

my money back"). Dublin, vendredi 30 novembre 1979 : alors que le sommet des chefs d'Etat et de

gouvernement des neuf pays de la Communauté européenne vient de se terminer sur un échec

patent, Margaret Thatcher, interrogée par un journaliste du Guardian, bouscule le climat feutré des

grand-messes communautaires et lance une formule qui va faire le tour du monde et provoquer une

des crises majeures de l'histoire de la construction européenne. L'équation du premier ministre

britannique a, pour le moins, le mérite de la franchise et de la simplicité. L'Angleterre paye plus

qu'elle ne reçoit du budget européen. Il faut donc, et le plus vite possible, corriger ce déséquilibre et

lui rendre ce qui lui appartient. Ni plus ni moins.

Le monde.fr, José-Alain Frachon, 11/05/2005

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L’Union européenne en crise, 2004-2017 Le mercredi 13 décembre 2017

Le 25 mars 2017, les États membres de l’Union européenne célèbrent dans la capitale italienne, là

où il fut signé, le soixantième anniversaire du traité de Rome. Pourtant, l’ambiance n’est pas à la

fête, l’Europe est en crise.

Crise économique et sociale, débarquée des États-Unis en 2008-2009, qui continue de sévir dans

plusieurs pays de l’Union européenne (UE) après presque une décennie marquée par la récession et

le chômage ; crise de l’euro qui a failli être emporté dans la tourmente de la question de la dette

grecque ; crise des réfugiés qui a miné la solidarité entre États et abîmé l’image de l’UE ; crise

politique et existentielle avec le Brexit qui plonge l’UE dans l’incertitude et représente surtout le

symptôme le plus fort de la montée des populismes europhobes et nationalistes qui se sont

manifestés encore lors des élections législatives aux Pays-Bas et font craindre le pire en France lors

de l’élection présidentielle. Sans parler de l’évolution inquiétante des régimes polonais et hongrois

qui s’éloignent de plus en plus en plus des valeurs d’une UE incapable de les faire respecter.

Comment en est-on arrivé là ? Entre la grande fête qu’aurait dû être l’élargissement à l’est,

unification pacifique et inédite du continent, et cette crise multiforme et mortifère que traverse

aujourd’hui l’Union européenne, que s’est-il donc passé ?

Le difficile élargissement à 25

Tout d’abord, l’entrée de dix pays dans l’Union européenne en mai 2004 ne s’est pas accompagnée

d’un enthousiasme populaire, loin de là. Mal digéré par des populations de l’Ouest mal informées et

soucieuses de la concurrence représentée par ces nouveaux arrivants méconnus, l’élargissement n’a

finalement fait qu’accroître la méfiance, voire le rejet, de l’Europe chez nombre de citoyens. Peur

de délocalisations massives dans des pays aux charges sociales bien inférieures et crainte d’une

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concurrence déloyale de travailleurs venus de l’Est et proposant des salaires plus bas alimentent le

discours europhobe de certains partis qui surfent sur le sentiment diffus que l’Europe ne protège

plus et représente, au contraire, une menace pour l’emploi et le niveau de protection sociale. C’est

dans ce contexte qu’ont lieu au printemps 2005 les référendums de ratification du traité

constitutionnel européen en France et aux Pays-Bas.

En effet, parallèlement au processus d’élargissement s’est tenue entre 2002 et 2003 la Convention

pour l’avenir de l’Europe chargée de rédiger un texte à portée constitutionnelle, modifiant les

institutions européennes dans la perspective de l’entrée de nouveaux membres, mais aussi de

réfléchir à la démocratisation de UE et aux moyens de la rapprocher de ses citoyens. Méthode

nouvelle, plus proche de la société civile que les traditionnelles conférences intergouvernementales

qui ont montré leurs limites, ce processus de rédaction d’un nouveau traité représente un espoir

important. Une atmosphère positive se fait alors jour en Europe, alors que la Convention travaille

avec des forums citoyens et des associations. Pourtant, le soufflé retombe vite. L’enthousiasme est

resté circonscrit aux milieux déjà convaincus. Le reste de la population européenne demeure

inquiète des dérives d’une Europe qui semble sourde face au déclassement social de certains. Le

nouveau traité est signé le 29 octobre 2004 à Rome, quelques mois après l’adhésion des 10

nouveaux membres, alors même que le processus d’élargissement à la Turquie est lancé, aiguisant

toujours plus les attaques des partis populistes dénonçant l’entrée programmée d’un pays largement

considéré comme non européen. Le contexte est donc plus que défavorable à la ratification du traité

constitutionnel.

A ces problématiques européennes s’ajoute un désamour profond du pouvoir exécutif dans les deux

pays où doivent se tenir des référendums. Le 29 mai 2005, les Français rejettent la « Constitution

européenne » par 54,68% des suffrages exprimés. Trois jours plus tard, le 1er

juin 2005, les

Néerlandais en font de même par 61,54%. Le traité constitutionnel est mort. L’Europe à 25 n’a pas

d’institutions rénovées capables de la faire fonctionner correctement et surtout de lui donner un

nouvel élan. Les dirigeants européens semblent sonnés.

Récession

Ce n’est que fin 2006 qu’ils relancent progressivement une réflexion pour remettre l’ouvrage sur le

métier. La perspective de l’élection présidentielle française ouvre en effet de nouveaux horizons,

dans la mesure où la légitimité de Jacques Chirac semblait bien faible pour négocier un nouveau

traité. Après l’élection de Nicolas Sarkozy démarrent les négociations de ce qui sera le traité de

Lisbonne. Signé en décembre 2007, ce dernier n’entre pourtant en vigueur qu’en décembre 2009.

Entre-temps, en juin 2008, les Irlandais ont rejeté le nouveau traité par référendum, ouvrant ainsi

une nouvelle période d’incertitude. Pourtant, alors que l’Europe est touchée de plein fouet par la

crise des subprimes née de l’autre côté de l’Atlantique, les désormais 27 États membres (le

Roumanie et la Bulgarie sont entrées dans l’UE le 1er

janvier 2007) décident de poursuivre le

processus de ratification. L’Irlande, secouée par la tourmente financière, ratifie finalement le traité

en octobre 2009.

Mais l’UE sombre dans une profonde récession qui touche brutalement ses sociétés affectées par le

chômage de masse.

La crise grecque et la germanophobie

Dans certains pays, c’est plus d’un quart de la population qui se retrouve au chômage, tandis que

celui-ci concerne parfois plus de la moitié des moins de 25 ans. Comme si cela ne suffisait pas, le

nouveau gouvernement grec annonce à l’automne 2009 que le déficit et la dette de son pays sont

bien supérieurs aux chiffres officiels. Dès lors, la zone euro bascule dans une tempête qui ressemble

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à un mauvais feuilleton. De Conseil européen de la dernière chance en conseil européen de la

dernière chance, les dirigeants se montrent incapables d’apporter une solution pérenne pour un pays

qui ne représente pourtant que 2% du PIB de la zone euro. Ils adoptent en mai 2010 un premier plan

d’aide à la Grèce en échange d’un plan d’austérité visant à réduire l’endettement. Ce faisant, ils

décident la création du Fonds européen de stabilité financière dont le but est de pouvoir venir en

aide à d’autres pays au bord de la faillite et d’afficher ainsi aux yeux des marchés dubitatifs sur la

viabilité de la zone euro la solidarité financière entre États. Néanmoins, un nouvel épisode de la

tragédie grecque se joue à l’automne 2009 alors que le pays est à nouveau menacé de faillite.

L’eurogroupe se met d’accord sur un deuxième plan d’aide assorti d’un autre programme

d’austérité encore plus drastique que le précédent, réduisant une partie de la population grecque à

une misère méconnue depuis la Seconde Guerre mondiale.

Cette situation sociale déstabilise la démocratie grecque et favorise la montée en puissance du parti

d’extrême droite Aube dorée qui multiplie les violences de rue et les intimidations. Dans ce

contexte, les deux partis de gouvernement, au pouvoir depuis la fin de la dictature, sont mis en

accusation et c’est finalement le nouveau parti d’extrême gauche Syriza qui emporte les élections de

janvier 2015 après une campagne dénonçant l’austérité imposée par l’UE. Face à une situation

économique et financière désastreuse, le nouveau Premier ministre grec, Alexis Tsipras, se voit

finalement contraint d’accepter un nouveau programme d’austérité en échange d’une aide pour faire

face aux échéances de remboursement de la dette de son pays, mais ce après plusieurs

rebondissements, dont un référendum par lequel la population grecque avait pourtant rejeté le plan

européen. L’Europe semble s’éloigner de plus en plus des préoccupations de ses citoyens, tandis

que l’Allemagne, chef de file des pays « austéritaires », devient la cible des attaques des partis

d’extrême gauche et d’extrême droite qui fustigent le retour d’une « Europe allemande ».

La germanophobie renaît, les tensions entre États refont surface, chargées des fantômes du passé,

comme si 60 ans de construction européenne n’étaient pas parvenus à les effacer.

La crise des migrants

Alors même que l’accord de juillet 2015 semble offrir un répit à la zone euro, une nouvelle crise

assaille l’Europe. Poussés sur les routes et les mers par une guerre toujours plus violente, des

centaines de milliers de Syriens arrivent en Europe durant la seconde moitié de 2015, via la

Turquie. Face au drame qui se déroule en Méditerranée et aux morts sans cesse plus nombreux dans

les naufrages d’embarcations de fortune, Angela Merkel, la chancelière allemande, décide

d’accueillir des migrants et de ne pas fermer les portes de l’Allemagne, tandis que les 28 (la Croatie

est entrée dans l’UE en juillet 2013) votent une directive mettant en place une relocalisation des

migrants au sein de l’UE pour soulager les pays les plus concernés. Mais certains États se refusent à

l’appliquer et ferment leurs frontières. L’UE se retrouve une nouvelle fois plongée dans la crise, une

crise de valeurs, une crise humanitaire, une crise qui remet en cause ses fondements mêmes, à

savoir la libre circulation dans un espace sans frontières. L’accord de Schengen est au cœur de la

tourmente quand les attentats de Paris en novembre 2015 viennent à leur tour ébranler la foi des

Européens dans cette liberté de mouvement. C’est tout le sens de la construction européenne qui est

en question, alors même que la Grèce n’est pas sortie d’affaire, que la Pologne et la Hongrie

s’engagent de plus en plus vers une « démocratie illibérale » (selon les termes du Premier ministre

hongrois Viktor Orban) et que se profile à l’horizon le référendum britannique sur une éventuelle

sortie de l’Union européenne.

Le Brexit ou la tentation du repli national

Le 23 juin 2016, les Britanniques votent finalement et choisissent le « leave », assommant par cette

décision sans précédent une UE déjà largement à terre. Depuis, le flou règne quant à la capacité des

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Britanniques et des représentants de l’Union européenne à trouver un accord de sortie préservant au

mieux les intérêts de celle-ci et des citoyens concernés par le Brexit. Seule consolation : le

Royaume-Uni n’a pas pour l’instant fait d’émules. La perspective d’une contagion vers un Nexit,

sortie des Pays-Bas voulue par Geert Wilders, leader du parti d’extrême droite néerlandais, et d’un

Frexit prôné par le Front national en France semble s’éloigner avec la défaite de ces deux partis aux

élections du printemps 2017. Pour autant, chacun a réalisé à cette occasion son meilleur score

jusque-là, ce qui place l’UE devant l’impérieuse nécessité de proposer enfin à ses citoyens un projet

capable de leur redonner confiance en l’avenir et d’incarner une alternative crédible aux tentations

de repli national.

Marion Gaillard, l’histoire.fr, 13 décembre 2017

Conclusion : un modèle en crise mais un modèle envié !

Le paradoxe de la construction européenne est qu’elle a réussi son pari : unir la majorité des

européens en son sein. Elle a aussi réussi son pari de ne plus régler les différents par la guerre. Elle

a réussi à faire exister l’Europe face aux grands pays. Elle a la première économie du monde.

Mais elle est aussi confrontée au retour du nationalisme et aux fortes tensions mondiales. L’avenir

de l’Europe est incertain et dépendra de sa capacité à intégrer les européennes au projet et à ne pas

apparaitre seulement comme un marché pour les riches.