L’initiative locale réinvente l’Europe

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L’initiative locale réinvente l’Europe Une conférence et 25 initiatives porteuses d’avenir pour célébrer les 25 ans de l’AEIDL

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«L’INITIATIVE LOCALE RÉINVENTE L’EUROPE»: LE LIVRE (06 octobre 2014) - L’AEIDL publie aujourd’hui une compilation des conclusions et des initiatives présentées à la conférence «L’initiative locale réinvente l’Europe» organisée à Bruxelles les 19-20 février 2014 à l’occasion de son 25ème anniversaire. L’ouvrage de 88 pages illustrées reproduit le texte des conclusions et perspectives, ainsi que la présentation de chacune des 25 «initiatives porteuses d’avenir» sélectionnées par l’AEIDL pour la conférence. Disponible en français et en anglais, en versions papier et électronique, la publication se veut un tremplin d’idées pour poursuivre et approfondir la réflexion engagée en février dernier. La version imprimée peut être commandée à l’AEIDL.

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L’initiative locale réinvente l’EuropeUne conférence et 25 initiatives porteuses d’avenir

pour célébrer les 25 ans de l’AEIDL

C’est sur ce thème que, à l’occasion de son 25e anniversaire, l’Association européenne pour l’information sur le développement local (AEIDL) a tenu une conférence les 19 et 20 février 2014 à Bruxelles.

L’événement, dont la première journée s’est déroulée au Parlement européen, a attiré pas moins de 155 participants venant de 27 pays.

Les interventions et débats ont porté sur les besoins de renouveau du projet européen prenant mieux en compte les initiatives des citoyens et des territoires pour relever les défis économiques, écologiques et sociétaux que nous devons affronter. Ils ont été alimentés par la présentation de 25 initiatives locales aussi diverses que variées, en œuvre dans 17 pays et couvrant des territoires allant de centres urbains métropolitains aux régions rurales les plus périphériques.

Cette publication retrace l’essentiel des contributions et débats, avec au cœur du document la présentation de ces 25 initiatives « porteuses d’avenir ».

L’initiative locale réinvente l’Europe

9 782930 818009

ISBN 978-2-930818-00-9

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Contributeurs :

Chris Brooks, Yves Champetier, Michael Dower, Marjorie Jouen, Márta Márczis, François Saint-Ouen

L’AEIDL tient à remercier les membres du Parlement européen, représentants des initiatives, intervenants et

collaborateurs qui ont contribué au succès de la conférence et à la réalisation de cette publication.

Journalisme : Jean-Luc Janot

Editing : Yves Champetier, Jon Eldrige, Jean-Luc Janot, Wendy Jones, Eamon O’Hara

Mise en page : Kaligram

Photos (pages) : AEIDL (3, 5, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 68, 69, 71, 72, 73, 74, 76, 79, 80, 83, 84, 87, 88),

initiatives participantes (8, 12, 15, 18-67, 75, 77, 78, 82, 85).

This publication is also available in English.

© 2014 Association européenne pour l’information sur le développement local (AEIDL)

Table des matières

25 ans de développement local 3

Repenser le projet européen à partir des citoyens et des territoires 5

25 initiatives porteuses d’avenir 16

Grand succès 68

Et TOUTE l’Europe vivra ! 72

« L’initiative locale réinvente l’Europe » : Acte premier 87

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L’AEIDL est née à un moment charnière

de l’histoire de l’Europe. 1988 fut en effet

marquée par des changements majeurs sur

notre continent.

En juin de cette année là, la Commission

européenne dirigée par Jacques Delors a

redynamisé le processus de l’intégration

européenne en finalisant le marché intérieur

et en jetant les bases pour l’introduction de

la monnaie unique.

Cette même année, la communication

de la Commission européenne, « L’Avenir

du monde rural », a constitué le premier

plaidoyer fort pour une politique rurale

européenne. Elle soulignait la nécessité

d’expérimenter de nouvelles approches

de développement et d’impliquer les

communautés rurales dans la recherche de

solutions appropriées, jetant ainsi les bases

de l’Initiative communautaire LEADER.

L’AEIDL allait jouer un rôle important dans

ce programme et se faire ainsi connaître

dans toute l’Europe.

25 ans de développement local

Dans un tout autre registre, à l’est, c’est

également en 1988 que Mikhaïl Gorbat-

chev annonce la « Perestroïka ». C’est

aussi l’époque du second Solidarité en

Pologne et l’apogée de Lech Wałęsa. C’est

également l’année qui voit les sociétés

civiles d’Europe centrale et orientale faire à

nouveau entendre leur voix, annonçant ainsi

les bouleversements politiques qui allaient

se produire dans les pays communistes.

>>>

Márta Márczis

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Par un beau soir de l’été 1988, Bruce

Springsteen se produisait à Berlin-Est

devant 300 000 jeunes Allemands. Il s’est

avancé vers le micro et a expliqué à la foule

les raisons qui l’avaient décidé à jouer là :

« Je ne suis pas ici pour soutenir tel ou

tel gouvernement, ni pour m’y opposer.

Je suis venu pour jouer du rock ‘n’ roll

pour vous, espérant qu’un jour tomberont

les barrières qui séparent les pays et les

peuples. » L’année suivante, c’était la chute

du mur de Berlin.

25 ans plus tard, nous sentons qu’est

revenu le temps de faire tomber certains

murs symboliques et de réinventer l’Europe

que nous aimons, une Europe véritablement

« intelligente, durable et inclusive ».

La conférence « l’initiative locale réinvente

l’Europe » que nous avons organisée les

19 et 20 février 2014 à Bruxelles et les « 25

initiatives porteuses d’avenir » qui y ont

été présentées sont en quelque sorte le

premier jalon de cette ambition.

Márta MárczisPrésidente de l’AEIDL

>>>

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L’Association européenne pour l’information sur le développement local (AEIDL) a été fondée en 1988 par des femmes et des hommes convaincus que la construction européenne pouvait contribuer de manière significative à l’épanouissement des indivi-dus, des initiatives, des territoires. Elle se fixait pour objectif de contribuer à une Europe plus proche des citoyens,

Contribution de l’AEIDL

Repenser le projet européen à partir des citoyens et des territoiresLe projet européen a besoin d’un renouveau ! Sa déconnexion croissante avec

ses citoyens menace la légitimité démocratique de l’UE.

riche des échanges entre tous ceux qui, au niveau local, souhaitaient ouvrir de nou-velles perspectives de développement.

Depuis sa création en 1988, l’AEIDL a vécu diverses étapes significatives de la construction européenne, marquées par cette recherche du difficile équilibre sou-haité par Jacques Delors : « la compétition qui stimule, la coopération qui renforce, la solidarité qui unit ».

▲ Participants à la conférence devant le Parlement européen (19 février 2014).

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L’AEIDL a été partie prenante de multiples politiques mises en place par l’Europe, avec pour missions l’appui aux initiatives locales, les échanges d’expériences et la communication entre territoires de l‘Union européenne, l’identification de bonnes pratiques, le renforcement des capacités des acteurs locaux, leur mise en réseau, l’appui à la coopération, la capitalisation et la diffusion des enseignements, l’évaluation des résultats.

Pour ne citer que quelques unes de ces politiques, ce furent à travers le temps, les Initiatives locales de développement et d’emploi (ILDE), les Carrefours ruraux, les Pactes territoriaux pour l’emploi, les politiques de développement rural, dont l’Initiative communautaire LEADER, sa déclinaison pour les zones dépendantes de la pêche (FARNET), l’Initiative commu-nautaire EQUAL, de multiples programmes de coopération, les initiatives de déve-loppement urbain (URBAN, URBACT), le programme environnemental LIFE, la contribution du développement local aux politiques de cohésion, le rôle des entre-prises sociales et de l’économie sociale et solidaire, etc.

A travers ces multiples programmes, c’est une Europe chaleureuse, généreuse, imaginative, solidaire et novatrice que les citoyens ont découvert et ont aimée : que de fierté pour des multitudes d’acteurs locaux, de porteurs de projet, de bénéficier du soutien de l’UE, de pouvoir partager leurs pratiques et leur expériences avec d’autres Européens, de se sentir partie prenante de la construction d’un espace unique au monde par son extrême diversité et la richesse de ses cultures !

Cohésion économique, sociale et… territorialeEn 1986, l’Acte unique (en réponse à l’euroscepticisme suscité par la crise pétrolière et la restructuration massive de pans entiers du tissu industriel – charbon-nages, acier, construction navale, textile) avait fait de la « cohésion économique et sociale » une nouvelle compétence de la Communauté, concrètement traduite dans un doublement des fonds structurels en 1988 et leur concentration sur les régions les moins favorisées.

La dimension territoriale, qui est au cœur de l’action de l’AEIDL, trouve en 2007 une reconnaissance forte. Avec le Traité de Lisbonne, l’Union européenne se fixe une nouvelle mission : promouvoir, en plus de la cohésion économique et sociale la « cohé-sion territoriale » afin de mettre à profit les points forts de chacun des territoires de l’Union, pour que ces derniers puissent contribuer au mieux au développement durable et équilibré de l’UE tout entière.

Au-delà des multiples difficultés rencon-trées, les résultats ont été au rendez-vous : une transformation sans précédent des pays membres, des infrastructures de qualité construites dans toutes les régions, y compris les plus périphériques, une réduction très forte des inégalités entre pays, une baisse très significative des taux de chômage, un modèle social européen qui avait valeur d’exemple à travers le monde…

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Bien évidemment, tout au long de ces années, les tensions et crises tant au sein de l’Europe qu’au niveau mondial n’avaient pas manqué, illustrant la fragilité de notre modèle économique. La mondialisation s’accompagnait de dérégulations massives avec pour mythe la capacité du « tout marché »1 à résoudre les problématiques du développement de la planète.

La croissance restait cependant présente dans nos sociétés occidentales, nous faisant oublier qu’elle se nourrissait pour une grande part des dérèglements qu’elle suscitait, des inégalités sociales, d’une atteinte croissante aux ressources naturelles et qu’elle avait un impact alors insoupçonné sur le chan-gement climatique. Et pourtant, les signaux d’alerte n’avaient pas manqué : rappelons par exemple les avertissements du Club de Rome dès le début des années 1970, ou plus récemment ceux d’Al Gore, prix Nobel de la Paix en 2007 pour sa lutte contre le réchauf-fement climatique.

1. A partir des années 1980, le « consensus de Was-

hington » sert de base aux interventions des grands

organismes internationaux. Il prône notamment la

libéralisation des échanges et des finances, la privati-

sation des entreprises publiques, la dérégulation.

Mondialisation mal maîtrisée et fragilités de la construction européenneLa crise des « subprimes » déclenchée par la faillite de la banque américaine Lehman-Brothers en 2008, puis celle des dettes souveraines marquent une rupture majeure. Une troisième crise de plus longue durée s’est approfondie : la crise écologique, à laquelle la récession, les égoïsmes nationaux et les conservatismes ont éludé les réponses et les propositions de politiques de transition

Une mondialisation mal maîtrisée, des répartitions de richesse de plus en plus inéquitables, un système financier sans contrôle ayant conduit à toutes les dérives, une spéculation immobilière créant des croissances artificielles ont conduit à une situation sans précédent depuis celle des années 30.

Cette situation a été renforcée par la fragilité de la construction européenne, sa difficulté à choisir entre approfondissement et élargis-sement, entre « grand marché » et véritables politiques communes. Des politiques ambitieuses comme par exemple la monnaie unique ont été créés sans, à ce moment là, les instruments de gouvernance adéquats.

« Il nous faut réfléchir à la façon d’influencer les mutations et de créer

des structures et des règles qui atténuent les effets pervers du système

et qui encouragent les individus, entreprises et territoires qui innovent

pour répondre aux problèmes de l’avenir. En ce sens, les initiatives

locales sont très importantes. Elles représentent un vaste gisement

d’innovation et d’expérimentation qui sera précieux pour relever les

défis de l’avenir ».

Chris Brooks,

Expert en coopération économique internationale

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De manière générale, l’Europe souffre de mécanismes de décision difficiles à com-prendre pour un grand nombre de citoyens. Même si des avancées majeures ont eu lieu, avec en particulier le rôle renforcé du Parlement européen, l’UE est perçue comme d’autant plus lointaine par le citoyen européen que, dans la plupart des pays, la tentation est d’imputer à « Bruxelles » tout ce qui dysfonctionne !

L’Europe que nous aimons est en péril : explosion du chômage, hausse des préca-rités, dumping social et environnemental, perte de confiance des citoyens dans la capacité d’agir des institutions qu’elles soient nationales ou européennes, replis sur soi dangereux, montée des populismes, tentation du protectionnisme,

▲ Groupe scolaire dans une éolienne à Samsø (Danemak).

« L’initiative implique le désir de transgresser.

L’innovation, c’est une désobéissance qui a réussi. »

Michel Dupoirieux, Union régionale des Sociétés

coopératives et participatives (SCOP)

de Languedoc-Roussillon, France

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Des mutations sans précédentLe monde a changé, non pas aux marges, mais de façon radicale et, comme le disait Albert Einstein, « on ne peut résoudre les problèmes d’aujourd’hui avec des solutions d’hier ».

L’Europe est engagée dans des mutations fondamentales liées à la globalisation des échanges et des informations, à l’émer-gence de nouveaux rapports de force au niveau mondial, à des défis écologiques sans précédent : changements climatiques majeurs, perte de biodiversité.

En mars 2010, la Commission européenne a présenté sa nouvelle stratégie sur dix ans, destinée à relancer l’économie européenne. Intitulée « Europe 2020 », elle vise à déve-lopper une croissance « intelligente, durable et inclusive ».

Au vu du marasme dans lequel semble s’inscrire la plus grande partie du continent, ces objectifs apparaissent bien ambitieux, et constituent de redoutables défis :

> alors que des pans entiers de l’écono-mie européenne sont sinistrés, que de multiples territoires sont vidés de leurs activités économiques ;

> alors que les enjeux liés à la transition écologique et au changement climatique sont encore si peu pris en compte, et alors que la biodiversité se réduit dangereusement ;

> alors que le chômage touche plus de 11 % de la population active européenne, plus de 50 % des jeunes de moins de 25 ans en Espagne et plus de 60 % en Grèce… En 2011, selon les chiffres d’Eurostat, 27 % des enfants de moins de 18 ans étaient exposés au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, cette proportion s’élevant à 52 % en Bulgarie, 49 % en Roumanie, ou encore 38 % en Irlande. En 2012, plus de 114 millions de personnes (25 % de la population) étaient menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale ;

> alors surtout que la croissance annon-cée est sans cesse reportée.

« Je ne sais pas si nous aurons une croissance ‘intelligente,

durable et inclusive’, mais, notre aspiration commune ne

pourrait-il pas être de construire une Union européenne

‘intelligente, durable, inclusive’ et bien sûr, car les deux sont

étroitement liés, contribuer à un ‘monde intelligent, durable,

inclusif’ ? »

Yves Champetier, AEIDL

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celle de la réduction du temps de travail et celle du développement du « troisième secteur », dans lequel les gens s’ auto- organisent en communautés assumant une proportion croissante des services dont ils ont besoin ».

Aujourd’hui, de nouveaux concepts sont apparus, certains parlent de « prospérité sans croissance », d’autres de « sobriété heureuse », d’autres de « Transition Initia-tives ».

Joseph E. Stiglitz, quant à lui, alerte les Européens régulièrement des dégâts causés par la libéralisation à outrance et par la croissante inégalité des revenus ; il insiste sur l’inefficacité des politiques d’austérité qui conduisent l’Europe au suicide et sur la nécessité de rechercher des alternatives.

« Il y a un grave danger à laisser monter sans rien faire la pauvreté, le chômage et les discours xénophobes », nous dit Michael D. Higgins, président de la République d’Irlande.

Mobiliser « intelligence, durabilité et inclusion » pour rechercher de nouvelles voies En l’absence dans des échéances proches d’une croissance soutenue, le temps n’est il pas venu de mobiliser « intelligence, durabilité et inclusion » pour rechercher de nouvelles voies ?

Les mouvements de pensée dans ce domaine ne manquent pas. Pour autant, ils restent relativement marginaux par rapport aux idées dominantes, ils sont certainement insuffisants par rapport aux défis qui sont face à nous.

Dans les années 1970, Ignacy Sachs avait introduit le concept d’ »écodéveloppe-ment », le livre « The Limits to Growth » était publié à la demande du Club de Rome et Paul Schumacher mettait en valeur « Small is Beautiful ».

En 1995, James Rufkin écrivait dans son livre « La fin du travail » : « Il faut annoncer la transition vers une économie post-marchande, définir de nouvelles formes d’activité et de nouveaux modes de distri-bution des revenus. Cela suppose d’agir vigoureusement dans deux directions :

« J’espère que nous aussi, les entrepreneurs tziganes,

trouverons des opportunités dans notre pays et pourrons

passer devant des policiers sans faire les courbettes

qu’ils attendent de nous. Nous voulons travailler, sans être

victimes de préjugés. »

Imre« Zorro »Mata,

coopérative sociale Kegyetlen, Hongrie

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Des initiatives citoyennes, porteuses d’espoirSur le terrain, face à la crise, face à l’épui-sement des modèles, au désenchantement par rapport à des changements qui ne se produisent pas, des initiatives fragiles apparaissent et sont porteuses d’espoir :

> les « circuits courts » se développent pour mettre en relation agriculteurs, pêcheurs et leurs clients de proximité ;

> des systèmes d’échanges locaux, de troc, de monnaies locales, de banques du temps voient le jour ;

> des réseaux d’entrepreneurs se mettent en place afin de favoriser les interrelations, promouvoir les échanges de proximité, constituer des masses critiques pour affronter de nouveaux marchés ;

> dans le cadre de politiques volontaristes de « responsabilité sociale et environne-mentale », les entreprises s’impliquent pour agir contre les exclusions, et s’im-pliquer dans la résolution de problèmes environnementaux ;

Et, comment ne pas s’associer aux conclu-sions du Forum social mondial (« Un autre monde est possible ») qui s’est déroulé du 26 au 30 mars 2013 à Tunis, même si évidemment tout ceci peut paraître bien utopique ?

« L’assemblée souhaite que les acteurs de la société civile articulent au mieux leurs actions pour que l’ensemble des habitants de la planète recouvrent leurs droits et substituent à un système économique fondé sur l’égoïsme individuel, la prédation des ressources, la compétition, la domina-tion masculine et la guerre, une économie de la fraternité, la sobriété, la coopération et la paix entre tous les humains. » 2

Tout simplement, comment donner des raisons d’espérer aux jeunes de 18 à 30 ans qui sont les plus affectés par la contraction des économies, la montée des ostracismes, les égoïsmes cyniques ?

2. http://miramap.org/IMG/pdf/Declaration_Ass_

Conv_ESS-FSM-2013.pdf

« Nous sommes aujourd’hui dans une autre époque, que

certains ont appelé post-moderne, mais qu’au regard des

enjeux environnementaux planétaires, je préfère nommer

l’anthropocène. À cette époque, répond parfaitement l’homme

ou la femme qui participe au développement local et qui

pourrait être l’homo localicus coopératif. S’engager dans

une stratégie pour faire prévaloir l’homo localicus coopératif

sur l’homo oeonomicus individualiste. Concourir à la victoire

d’Ulysse sur le cyclope Polyphème. Ce serait une belle

ambition pour les 25 ans à venir ! »

Marjorie Jouen,

Conseillère spéciale à Notre Europe – Institut Jacques Delors

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▼  Réunion de quartier interculturelle organisée par Tot Raval (Barcelone).

> par l’intermédiaire des réseaux sociaux, de nouveaux types d’échanges se créent, des solidarités s’expriment, des mobilisations s’organisent ;

> de nouvelles formes d’entrepreneuriat apparaissent et se développent : entreprises sociales, citoyennes, coopératives, entreprises en réseau, et la Commission européenne, notam-ment à travers son Initiative pour

l’Entrepreneuriat social, souhaite parti-ciper à la création d’un environnement favorable au développement de l’écono-mie sociale et solidaire en Europe ;

> des innovations sociales dans de nombreux domaines, promues depuis le niveau local, mais dans le cadre de dis-positifs d’appui aux niveaux européen, national ou régional ;

« Raval est un territoire socialement responsable.

Nous mettons en pratique des valeurs telles que la

tolérance, la reconnaissance et le respect de l’autre,

la solidarité, la responsabilité partagée, l’engagement,

la participation, le sentiment d’appartenance, la durabilité

et la citoyenneté. »

Elisa Covelo O’Neill, Fundació Tot Raval, Espagne

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> les citoyens se mobilisent pour accom-pagner ces initiatives : par exemple, sur le plan financier depuis les systèmes de tontine, jusqu’au « business angels » en passant par le « crowd funding » ;

> des municipalités, des associations locales, des réseaux (« slow cities », « cool cities »…) s’engagent pour promouvoir des « villes ou territoires en transition » : plans climat locaux, plans d’action énergie, éco-villages, éco-quartiers, « relocalisation » d’activi-tés économiques.

Proximité, transition énergétique, nouvelles formes de gouvernances caractérisent pour l’essentiel ces initiatives. Elles naissent portées par des groupes de citoyens à la recherche d’alternatives, bien souvent à l’écart des institutions, qu’elles soient locales, régionales, nationales ou euro-péennes. Par la suite, elles se développent, pour un grand nombre d’entre elles, grâce au soutien des politiques, notamment européennes.

Contribuer à l’écoute de ce qui émerge et mettre en réseauLes changements radicaux ou les formes de transition ou de ré-aiguillage des politiques, générés par l’indispensable transition énergétique, l’urgence des actions climat, le devoir de sauvegarde des générations futures, la nécessité de nouveaux partages du travail, la « respon-sabilité sociale et environnementale » pour tous, l’invention de nouveaux modèles locaux de développement autour de la « sobriété heureuse et volontaire » ouvrent de larges choix pour l’initiative citoyenne.

Consciente de ces défis, l’ambition de l’AEIDL est de contribuer à l’écoute de ce qui émerge au niveau des territoires et au sein de la société civile, à déchiffrer les signes avant-coureurs de l’innovation sociale, à faire le tri entre les indignations légitimes, les colères désespérées, exploi-tées trop souvent par les populismes de tous bords, et les inventions au quotidien de nouvelles valeurs collectives.

En facilitant les rencontres et les inter-relations, au sein des territoires, entre territoires, entre territoires et niveaux régional, national, européen, international,

« L’approche ‘top-down’ peut créer le cadre institutionnel, la forme,

mais pas le contenu d’une citoyenneté européenne. Celle-ci ne peut

se faire que de bas en haut, pas de Bruxelles mais par une myriade

d’initiatives citoyennes qui permettront de créer – ou de recréer – des

communautés de base. »

François Saint-Ouen,

Secrétaire général du Centre Européen de la Culture

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elle est de contribuer la co-construction citoyenne de nouvelles pratiques, de nou-velles politiques publiques, de nouveaux outils à mettre à disposition de ceux qui ont compris que les changements attendus ne sont pas des simples aménagements de l’existant mais des innovations venues d’un ailleurs conceptuel, idéologique et politique à inventer.

Elle est d’être à l’écoute des « signaux faibles », mais porteurs d’espérance, de toutes celles et ceux qui, au cœur et à la périphérie des territoires, des institutions, élaborent dans la difficulté de nouvelles réponses aux besoins.

Repérer des pratiques, encore marginales, peut-être éphémères, peut-être prémo-nitoires, les faire connaître, les mettre en réseau, en tirer des enseignements, s’inscrire dans un cercle vertueux, porteur de solutions et d’espoirs.

Elle est de contribuer à la mise en place de réseaux de centre de ressources, permettant d’identifier, répertorier, diffuser les nouveaux savoir-faire nécessaires à la réussite de cette gigantesque mutation de nos sociétés.

Refonder le projet européen à partir des citoyens, des coopérations entre acteurs et entre territoiresNotre conviction est que l’approche locale, l’implication citoyenne, l’innovation et l’expérimentation sociale, l’identification et le respect des biens communs, la solidarité entre territoires d’ici et d’ailleurs, l’invention de nouveaux modes de gouvernance multi-ni-veaux et multi-acteurs, peuvent contribuer au renouveau de l’Europe que nous aimons : riche de la diversité de ses paysages, de ses populations, de ses cultures, ouverte au monde, à la recherche de nouveaux équi-libres économiques et sociaux.

25 années d’expérience en matière de développement local nous ont beaucoup appris sur l’inventivité des populations quand acteurs publics, acteurs privés, acteurs de la société, ensemble, se mettent à l’écoute de ce qui bouge sur leur terri-toire et essaient d’apporter ensemble des réponses aux problèmes posés en vue de construire localement un monde meilleur.

L’enjeu aujourd’hui face à une mutation sans précédent, face à cette impérative nécessité de réinventer l’avenir, est de redonner capacité d’agir et espoir, d’être à l’écoute des « Indignés » et de ceux qui se

« Nous avons la chance de vivre dans un endroit extraordinaire.

Notre responsabilité, mais aussi notre plaisir, c’est de prendre

soin de la nature - les plantes, les oiseaux, les animaux… C’est

notre héritage et notre cadeau pour les générations futures.

On sait qu’il faut travailler dur pour la nature mais aussi pour

le bien-être social et économique des gens. C’est ça, le vrai

développement. »

Marta Kamińska,

Partenariat pour la Vallée de la Barycz, Pologne

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taisent faute d’espoir, d’accompagner les initiatives, de mettre en réseau tous ceux qui sont susceptibles d’innover.

Il est de promouvoir l’engagement citoyen, de soutenir et encourager tous ceux – acteurs privés et publics, tiers secteur – qui, au niveau local, s’impliquent dans l’ouverture de nouvelles perspectives : projets de territoire, économie et entrepreneuriat social et solidaire, développement alternatif et valorisation des ressources locales, système d’échanges locaux, plans climat locaux…

Il est de contribuer à un renouveau de la démocratie locale et de la capacité des populations à se réapproprier leur avenir.

Il est de donner toute chance de réussite à toutes les politiques et dispositions susceptibles de promouvoir la créativité des citoyens et des territoires, et en particulier au « développement local mené par les acteurs locaux » pour employer la termino-logie désormais utilisée par les institutions européennes.

Il est d’encourager et faciliter les syner-gies et coopérations entre acteurs aux niveaux local, régional, national, européen, international, pour enrichir les réflexions collectives et construire progressivement les outils de la transition écologique et socio-économique et de la construction de nouvelles solidarités.

Il est d’expérimenter ces démarches novatrices dans tous les territoires – ruraux, urbains, littoraux, périurbains – où des groupes de citoyens, des acteurs publics et privés, sont susceptibles de porter des projets novateurs.

Il est de parier sur la culture, sur l’intelli-gence des populations et des territoires pour relever les défis économiques, écologiques et sociétaux qui nous font face, et pour contribuer à refonder le projet européen. ■

▲  Voie verte dans la “vallée de la carpe” (Pologne).

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Cohésion sociale 1 « Quartiers durables citoyens »

(Bruxelles, Belgique) 18

2 Tot Raval pour renforcer la cohésion sociale d’un quartier (Barcelone, Espagne) 20

3 Le Zeybu Solidaire (Eybens, France) 22

4 Un musée d’un nouveau genre pour les habitants du Haut-Adige (Bolzano, Italie) 24

5 Jardiner pour la bonne cause (Porto, Portugal) 26

Inclusion des groupes fragiles 6 Quand la solidarité avec les

Roms aboutit à des initiatives de développement local  (Cluj-Napoca, Roumanie) 28

7 Együtt Egymásért : « Tous pour un, un pour tous » (Fulókércs, Hongrie) 30

8 « Spazio Ragazzi » : l’agriculture sociale pour les jeunes (Roccastrada, Italie) 32

9 SEWA, au service des femmes travailleuses indépendantes (Gujarat, Inde) 34

10 Les femmes plus autonomes à Kavar (Bitlis, Turquie) 36

Economie sociale 11 Locality, le réseau anglais du dévelop-

pement local (Royaume-Uni) 38

12 « Union Gewerbehof », centre d’entreprises coopératif (Dortmund, Allemagne) 40

13 REALIS, l’écosystème de l’innovation sociale en Languedoc-Roussillon (Montpellier, France) 42

14 Torino Social Innovation (Turin, Italie) 44

25 initiatives porteuses d’avenirLes 25 initiatives qui suivent ont été présentées à la conférence de l’AEIDL

« L’initiative locale réinvente l’Europe » (Bruxelles, 19-20 février 2014).

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15 La coopération, clé de la réussite de la revitalisation de Southill (Limerick, Irlande) 46

16 Un emploi pour chacun (Karditsa, Grèce) 48

Environnement et transition énergétique

17 L’île des énergies renouvelables (Samsø, Danemark) 50

18 ECOLISE, le réseau européen des initiatives locales pour le climat et la durabilité 52

19 Totnes en transition : une première mondiale (Totnes, Royaume-Uni) 54

20 Une décharge transformée en parc (Belgrade, Serbie) 56

Développement territorial21 La Vallée de la Carpe

(Basse-Silésie, Pologne) 58

22 Développement local en Laponie (Sodankylä, Finlande) 60

23 Les passerelles de Röstånga (Scanie, Suède) 62

24 Une marque territoriale stimule le développement rural (Nitra, Slovaquie) 64

25 Le Parlement rural letton est lancé (Lettonie) 66

9 9

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Considérant qu’il est du rôle des pouvoirs publics de renforcer et de valoriser les initiatives collectives locales, Bruxelles Environnement (l’administration régionale de l’environnement) lance annuellement depuis 2008 l’appel à projets « Quartiers durables citoyens ».

Plus vert et plus convivialDepuis 2008, ce sont une quarantaine de quartiers de Bruxelles qui se sont progres-sivement engagés dans la démarche. Un quartier n’est pas l’autre, et les projets, tout comme les dynamiques développées, peuvent être très variés, en fonction des caractéristiques et besoins du quartier mais aussi des envies des porteurs de projets.

Un quartier ciblera par exemple son action sur l’échange et la récupération avec un

« Repair café », une « give box », un four à pain collectif… , tandis qu’un autre projet visera l’incitation à la marche urbaine. Un quartier fortement urbanisé travaillera sur la verdurisation, un rucher collectif sur un toit, des espaces de rencontre… alors qu’un quartier de logement sociaux pourra choisir les économies d’énergie, une friche à transformer en potager et l’alimentation durable pour mobiliser les habitants dans la démarche.

L’appel à projets s’adresse à tous les citoyens mais aussi aux acteurs privés et publics d’un quartier. Bruxelles Environne-ment prévoit différents appuis. Les quartiers peuvent ainsi bénéficier des conseils d’un coach pour mettre en place une dynamique collective et établir un plan d’action. Ils reçoivent aussi des outils de

Bruxelles : les « Quartiers durables citoyens »L’idée de « Quartiers durables citoyens » ? Impliquer les habitants et usagers d’un

coin de ville dans une démarche citoyenne collective à l’échelle de leur quartier.

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communication et un soutien financier pour lancer des projets et financer de l’expertise dans les domaines qui les intéressent.

Les quartiers sont accompagnés sur une durée d’environ 24 mois, avec des intensi-tés variables en fonction du rythme propre de chacun d’entre eux. Une majorité des dynamiques initiées se poursuivent de manière autonome au-delà de la période d’accompagnement et certains quartiers, en plus de gérer les projets existants, en développent de nouveaux.

Action collective Un projet de quartier durable est souvent géré par un groupe de 5 à 10 habitants motivés, le noyau, autour desquels gra-vitent de 20 à 50 habitants s’impliquant à différents niveaux. Les collaborations avec des partenaires publics, des asso-ciations locales, des centres culturels, des commerçants, etc. sont encouragés. Cette dimension collective et participative peut s’exprimer de différentes façons et à différents moments du projet, en fonction des habitudes et aptitudes de chacun des quartiers. Et pour beaucoup, l’action collec-tive est un véritable apprentissage, riche en émotion, dans lequel ils sont accompagnés.

Depuis 2013, un système de budget participatif a été développé. Ce type de fonctionnement représente pour les citoyens et autres acteurs des quartiers durables une possibilité de participer aux décisions concernant l’affectation des ressources disponibles. Dans un premier temps, les critères de sélection des projets sont définis en Assemblée, un espace ouvert de réflexion et de décisions qui peut également se prononcer sur les orientations de l’appel à projets. Ainsi, chaque année, le processus est enrichi des expériences précédentes. Ensuite, le Conseil, composé entre autres de représentants des quartiers, applique ces critères afin de répartir les ressources disponibles entre les projets proposés.

Quartiers durables citoyens(Bruxelles, Belgique)

Contact : Louison Hellebaut

Email : [email protected]

Site web : www.quartiers-durablescitoyens.be (www.bruxellesenvironnement.be/ quartiersdurables)

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Avec 50 000 habitants sur une superficie d’un peu plus d’un kilomètre carré, le quartier de Raval à Barcelone est l’un des plus densément peuplés d’Europe. Près de la moitié de sa population est d’origine étrangère et la situation socio-économique du quartier compte parmi les plus défavori-sées de la ville.

Raval possède néanmoins un vaste réseau de services, d’associations et de collectivi-tés qui, depuis un certain nombre d’années, s’engagent activement et œuvrent pour l’amélioration du quartier et son adaptation à l’évolution constante et la diversité dont

il fait l’objet. Son modèle d’évolution va même jusqu’à servir d’exemple à d’autres territoires et villes européennes qui font face aux mêmes difficultés.

Respect mutuelLes activités principales de l’association Tot Raval sont axées sur la mise en œuvre d’actions communautaires dans divers domaines d’aspects social, éducatif, culturel, professionnel, économique et commercial. Il s’agit essentiellement de promouvoir le respect mutuel entre les dif-férentes communautés vivant ou travaillant dans le quartier et, surtout, de lutter contre toute forme ressentie de xénophobie.

Tot Raval poursuit son action associative partagée (en 2012 elle a mené 25 projets et sponsorisé 55 autres) sur fond de stratégies innovantes afin de contribuer au développe-ment local et à la création d’une économie sociale impliquant tout le voisinage. Rien qu’en 2012, plus de 300 organisations et plus de 5 000 personnes se sont ainsi directement engagées dans ces projets et on estime à 39 000 le nombre de celles qui en ont bénéficié.

Tot Raval : renforcer la cohésion sociale d’un quartier de BarceloneL’association Tot Raval porte de nombreux projets visant à améliorer la

c ohésion sociale et la qualité de vie des habitants de Raval, l’un des quartiers

les plus défavorisés de Barcelone.

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Qualité de vieEntre autres actions, l’amélioration de la qualité de vie des enfants et adolescents de Raval et la lutte contre l’échec scolaire en particulier figurent en tête de liste des priorités. Cette action rassemble plus de 30 groupes qui collaborent par exemple à l’amélioration de la lecture et au soutien des écoles.

La création d’emplois constitue un autre cheval de bataille de l’association : cet objectif a d’ailleurs donné naissance à un réseau professionnel, Xarxa Laboral del Raval, auquel participent plus de 50 entre-prises ou employeurs potentiels. Ce réseau vise notamment à encourager le placement et l’accompagnement professionnels.

L’association s’attache surtout à stimuler la dynamique et la cohésion sociale du quartier par la conception et l’organisation de diverses activités culturelles. Le festival culturel de Raval Festival de cultura en est l’exemple le plus illustratif.

L’association privilégie par ailleurs l’action interculturelle par le biais de groupes de travail, comme par exemple la célébration commune des différents fêtes religieuses.

L’amélioration de la santé est enfin une autre mission capitale pour l’association, qui travaille précisément à l’élaboration d’un plan d’action pour la promotion des soins de santé des habitants de Raval. Plus de 350 professionnels de la santé sont engagés dans cette initiative.

Association Tot Raval(Barcelone, Espagne)

Contact : Elisa Covelo O’Neill

E-mail : [email protected]

Site web : http://www.totraval.org/

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Cette coopérative d’habitants repose sur quelques principes simples : la proximité, la mixité et l’équité entre tous les adhérents de l’association, la mise en relation de producteurs et de consommateurs locaux, en rendant les produits accessibles à tous. La suppression des intermédiaires permet de garder des prix à la fois raisonnables et suffisamment rémunérateurs pour les producteurs. S’ajoute à cela, dans une logique de respect de l’environnement, une volonté de limiter l’impact des transports et d’agir sur la gestion des déchets des produits consommés.

Don solidaireLe Zeybu marché a lieu deux mardis par mois, avec une distribution reposant sur le bénévolat. Les adhérents de l’associa-tion commandent à l’avance sur Internet – via le Zeybux, un logiciel développé par un Zeybulien – les produits qu’ils sou-haitent acheter aux producteurs locaux. Le jour du marché, ils récupèrent leurs produits commandés. Chaque adhérent possède un compte qu’il crédite si besoin le jour de la distribution. Proportion-nellement aux produits commandés, les producteurs font librement, un don solidaire en nature, sans contrat,

Le Zeybu solidaireDes habitants d’un quartier d’Eybens, près de Grenoble, ont créé une association

où le lien social, l’éco-citoyenneté et la solidarité se vivent au quotidien autour

d’un concept unique de circuit court solidaire : le « Zeybu ».

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Ces produits issus du don des producteurs sont achetés par les adhérents qui le souhaitent, en surcroît de leur commande. L’argent ainsi récolté de la vente devient une monnaie solidaire. En fin de marché, le Zeybu crédite cette somme sur le compte de l’association EAU (Eybens Accueil Urgence) qui gère l’aide alimentaire sur la commune d’Eybens. EAU reventile entièrement la monnaie Zeybu Solidaire en créditant les comptes des adhérents relevant de l’aide alimentaire, et en garantissant l’anonymat des bénéficiaires. Ces personnes en diffi-culté peuvent ainsi accéder aux produits du Zeybu Marché comme n’importe quel autre adhérent et participer à la vie de l’associa-tion sans être stigmatisés.

Il s’agit d’un concept mutuellement enrichissant où tous les acteurs contribuent et perçoivent .

Autour du marché solidaire se développent des animations, comme les ateliers du « faire ensemble » autour de la cuisine, la fabrication de pain (Zeybu fournil). Des évé-nements festifs gratuits sont organisés et financés avec la monnaie solidaire : Zeybu soupes, Zeybu marché de Noël, la Zeybu fête de la musique, ainsi que l’organisation de stages enfants d’éco-fabrication.

Reconnaissance et essaimageLe projet du Zeybu a été lauréat du prix Européen REVES Excellence Award 2013 à Bruxelles en juin 2013. Il a aussi fait partie des lauréats du Village de l’innovation sociale aux Etats généraux de l’ESS en juin 2011 à Paris. En plus d’être soutenu par la mairie d’Eybens, le Conseil Régional Rhône-Alpes et la Communauté d’agglo-mération de Grenoble, il est suivi par des chercheurs qui s’intéressent à la mise en pratique de solidarités de proximité. Depuis sa création, le Zeybu solidaire cherche à essaimer ses principes. De nombreux contacts ont été pris, qui donneront peut-être un jour naissance à d’autres projets similaires.

Les Amis du Zeybu(Eybens, Rhône-Alpes, France)

Contact : Jean-Jacques Pierre

E-mail : [email protected]

Site web : www.lesamisduzeybu.fr

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La cohésion sociale par les artsLe Haut-Adige ou Sud-Tyrol est une province autonome située dans le nord de l’Italie. Elle s’étend sur 7 400 km² et compte environ 500 000 habitants, dont la majorité est de culture austro-bavaroise et parle l’allemand. Près d’un quart ont l’italien comme langue maternelle (surtout dans les villes de Bolzane et Merano) et une minorité parle le ladin.

Les personnes d’origine immigrée repré-sentent environ 9 % de la population régionale. Déjà très hétérogène à la base, celle-ci n’a cessé de se diversifier au cours de ces dernières années. Aussi la diversité exerce-t-elle une forte influence sur tous les aspects du quotidien, et en particulier sur les jeunes et les politiques culturelles.

C’est dans ce contexte qu’a été créé l’« Open City Museum » (Musée ouvert sur la cité) pour mettre les arts au service de la cohésion sociale de la province.

Un musée d’un nouveau genre pour les habitants du Haut-AdigeLe « Musée ouvert sur la cité » est une démarche participative et citoyenne qui

vise à promouvoir les arts et le multiculturalisme dans la province autonome du

Sud-Tyrol dans le nord de l’Italie.

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Il s’agit d’un concept de musée élargi, qui inclut les espaces publics promouvant la citoyenneté active, ce que l’on peut essen-tiellement observer dans la capitale de la province, Bolzane, et dans les communes de Bressanone et de Chiusa. L’objectif est de faire participer tous les citoyens et plus particulièrement les jeunes et ceux dont les familles ont immigré dans la région, et d’encourager la compréhension mutuelle par le biais des arts.

Cultures pluriellesFinancé par les municipalités, l’université de Bolzane, le département d’Éducation et le secteur privé, le Musée ouvert organise des activités sur plusieurs fronts : événements interculturels, art participatif, initiatives artistiques publiques, ateliers, expositions, débats… Afin de toucher le public le large possible, ces activités ne se déroulent pas uniquement dans des lieux traditionnels tels que les galeries ou musées locaux, mais également dans les rues et dans d’autres espaces privés ou inexploités.

Le Musée ouvert s’est lancé dans l’aventure en 2011 avec le projet communautaire « Diversité culturelle de Chiusa », qui consistait en une exposition de photos des personnes qui s’étaient installées dans la ville. Outre des visites guidées données par des jeunes immigrés dans leur langue maternelle, l’initiative proposait un atelier de peinture au henné et une séance photo en famille sur une place publique.

Le musée a organisé en 2013 à Bolzane un projet de développement artistique commu-nautaire, qui s’est clôturé par une exposition photo en plein air, le tout avec le concours du centre civique d’Oltrisarco. L’exposition dévoilait une série de portraits d’inconnus issus des archives d’un photographe local,

auxquels se mêlaient ceux de « nouveaux » résidents venus d’autres régions.

En 2014, le Musée ouvert prévoit de lancer une plateforme destinée à stimuler la créativité, surtout auprès des jeunes : « La jeunesse, la relève » mettra ainsi à l’honneur diverses formes de citoyenneté active par le biais, notamment, d’une série d’événements artistiques en extérieur, organisés par les jeunes de Bressanone.

Open City Museum (OCM)(Haut-Adige / Sud-Tyrol, Italie)

Contact : Martha Jimenez Rosano

E-mail : [email protected]

Site web : www.cuartel.de

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Le projet de jardins collectifs « Horta à Porta » pour la culture bio de fruits, de légumes, de fleurs et d’herbes aromatiques est une initiative de LIPOR, l’entreprise qui gère le traitement des déchets de huit municipalités sur les onze que compte la région. L’idée consiste à faire du jardinage un moyen d’encourager les gens à renouer avec leurs racines, de stimuler la partici-pation active de chacun et de mobiliser les communautés locales par l’engagement.

Lancés en 2004, ces nouveaux jardins potagers collectifs se situent principale-ment dans la banlieue nord de Porto (env. 2 millions d’habitants) à Porto, Matosinhos, Maia, Povoa de Varzim et Vila do Conde.

Liste d’attenteLe projet est doté d’un budget d’environ 240 000 euros cofinancé par le programme européen LIFE+, le Fonds de cohésion et LIPOR. Il existe à ce jour 23 jardins répartis sur une superficie de quatre hectares qui devrait encore s’étendre dans un avenir proche, les résidents et communautés locaux manifestant un intérêt croissant pour l’initiative. Selon les données de LIPOR, plus d’un millier de personnes se trouvent sur liste d’attente, prêts à s’investir dans l’un ou l’autre projet écologique.

Le projet repose sur la candidature spontanée des particuliers, quartiers ou associations qui manifestent leur intérêt de constituer un nouveau jardin potager « Horta à Porta » au sein du réseau. Une fois la demande enregistrée, chaque jardin potager est géré sous la forme d’une entité à part entière, c’est-à-dire avec ses objectifs spécifiques et un espace qui lui est propre. Il n’en demeure pas moins que certaines stratégies sont mises au point en partenariat avec d’autres jardins potagers et avec le concours de LIPOR, qui apporte sa pierre à l’édifice en offrant support technique, assistance et formation.

Jardiner pour la bonne cause à PortoHabitants et organisations locales participent à une démarche à la fois

novatrice et utile : créer un grand nombre de nouveaux jardins potagers

dans la banlieue de Porto.

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Les personnes engagées dans le pro-gramme de jardins collectifs peuvent ainsi bénéficier de l’assistance d’experts en jardinage et compostage, ainsi que de formations en recyclage et d’une aide dans la prise de décision.

Dynamique localeLe réseau de jardins potagers bénéficie d’une dynamique locale forte. Tandis que la production et la gestion de chaque parcelle est du ressort de chaque personne en particulier, les responsabilités générales sont partagées et, dans certains cas, pra-tiquement autogérées. Plutôt que la vente des produits de la terre, l’échange entre jardiniers est largement encouragé dans le but de promouvoir une certaine reconnais-sance mutuelle et d’améliorer globalement la qualité du jardinage.

Il faut enfin souligner que les jardins potagers sont très prisés par le public et les populations locales.

À l’occasion d’une enquête de satisfaction, les habitants du quartier de Maia (aux abords de Porto), parmi lesquels de nom-breuses familles, ont souligné l’importance de ces espaces pour la communauté. Qui plus est, l’une des personnes interrogées expliquait qu’elle s’était progressivement éloignée de sa fille pendant 25 ans, mais que le jardin potager lui avait permis de s’en rapprocher dans un nouveau contexte.

Horta à Porta(Porto, Portugal)

Contact : Ana Lopes

E-mail : [email protected]

Site web : http://www.lipor.pt/pt/educacao-ambiental/horta-da- formiga/horta-a-porta/

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Page 28: L’initiative locale réinvente l’Europe

Pata Rât est un bidonville, géographi-quement isolé, installé à proximité d’une décharge située dans la périphérie de Cluj-Napoca (300 000 habitants) et où vivent quelque 300 familles. Il comporte quatre zones constituées au cours des 20 dernières années, au rythme des expulsions répétées de familles pauvres, essentiellement roms, du centre-ville. Certaines de ces familles avaient quitté leur village pour trouver du travail en ville. La collecte sélective dans la décharge constitue le principal moyen de subsistance pour plus de la moitié d’entre elles.

Lutter contre la ghettoïsationDans la nuit du 17 décembre 2010, 73 familles roms ont été expulsées du centre-ville pour être relogées dans la zone de Pata Rât, tandis que leur ancienne demeure était démolie. Un mouvement civil fort s’est déclenché autour de la fondation Desire et de l’association Amare Phara pour s’opposer à cette ghettoïsation des Roms en marge de la ville et revendiquer la justice sociale. Avec le soutien de militants et d’intellectuels, ce mouvement a donné naissance au Groupe de travail des organisations de la société civile (www.gloc.ro) en janvier 2011. L’année suivante a vu le lancement d’un ensemble d’inter-ventions coordonnées par la municipalité de Cluj et une équipe locale du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Une initiative populaire forte a vu le jour face aux besoins les plus urgents, notam-ment celui d’assurer l’aide et la sécurité des enfants vivant près de la décharge. Un groupe de bénévoles composé d’étudiants et d’experts a mis sur pied la première tente pour enfants en 2012 sur le site de

Quand la solidarité avec les Roms aboutit à des initiatives de développementSuite à l’expulsion de 73 familles roms à Cluj-Napoca, au nord-ouest

de la Roumanie, un ensemble d’interventions coordonnées ont été développées

par un large éventail d’acteurs du développement local, à commencer par

les familles concernées.

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Page 29: L’initiative locale réinvente l’Europe

la décharge pour y offrir régulièrement des activités éducatives et des loisirs aux enfants les plus vulnérables de la zone. L’initiative a reçu le soutien de la direction des Services sociaux et médicaux de la municipalité.

Éducation et activités communautairesAu cours de l’été 2013, Fundatia pentru Dezvoltarea Popoarelor lance un projet pour les enfants de la décharge et c’est à ce moment-là que les deux équipes fusionnent. Elles proposent aujourd’hui des activités éducatives et de garde d’enfants dans un centre mobile géré par la munici-palité non loin de la décharge.

La communauté expulsée du centre-ville a quant à elle fondé en 2012 l’Association des Roms de Coastei, avec le soutien de militants et d’organisations des droits de l’homme et a pris des mesures concrètes pour améliorer ses conditions de vie.

Entre autres réussites, l’association a fait construire un centre communautaire en trois semaines à peine, utilisant ses propres ressources matérielles et humaines avec l’appui de dons, locaux pour la plupart.

Projet du PNUD pour l’intégration des Roms à Cluj (Cluj-Napoca, Roumanie)

Contact : Gabriella Tonk ou Eniko Vince

E-mail : [email protected]

Site web : www.gloc.ro

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Page 30: L’initiative locale réinvente l’Europe

C’est en 1995 que Zorro et sa femme Katalin lancent leur projet avec une fondation néerlandaise qui soutient le développement local dans la région. La fondation donnait des pommes de terre à Zorro pour per-mettre à la population rom de les cultiver. Trois ans plus tard, mari et femme perdent leur emploi, ce qui ne leur laisse désormais pas d’autre choix que de se concentrer pleinement sur leurs activités agricoles et forestières, qui étaient jusqu’alors de simples occupations secondaires. Deux années de collaboration fructueuse donne-ront naissance à la création de leur propre fondation, « Un pour tous, tous pour un », qui à son tour sera à l’origine de toutes les initiatives du couple depuis lors.

École pour les enfants romsPremière mission de la fondation : débar-rasser les zones forestières de tout leur bois « sans valeur », pour le redistribuer aux familles des travailleurs. Parallèlement, la fondation crée une école du samedi ouverte aux enfants roms et offre des bourses d’études à des jeunes Roms et non-Roms. Elle initie par ailleurs plusieurs programmes, dont l’initiative « Lait pour les enfants », des cours de tâches ménagères et de tissage destinés aux femmes, ainsi qu’un système de donation communautaire (de pommes de terres, de haricots et de chaussures, entre autres dons).

Tous pour un, un pour tousImre Mata, alias « Zorro », est l’initiateur d’une démarche locale qui a abouti à la

création d’une coopérative sociale dans la région de Cserehát, l’une des plus

pauvres de Hongrie. Le projet vise à améliorer le niveau de vie des habitants,

essentiellement roms, du village de Fulókércs à travers une série d’activités

locales et en offrant des possibilités d’éducation et de création d’emplois.

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En 2005, la fondation s’engage dans le programme PNUD-Cserehát dans le cadre duquel elle parvient, en collaboration avec le centre de ressources du PNUD et des animateurs, à accroître les compétences et le potentiel des acteurs locaux et à fixer des objectifs stratégiques d’avenir qui répondent à la demande du marché.

Coopérative socialeDix années de dur labeur plus tard, la nécessité d’établir une coopérative sociale s’impose en 2010 et l’équipe parvient à décrocher une subvention du Fonds social européen (FSE). La coopérative peut rénover son siège, assurer la formation adéquate des travailleurs, renouveler son équipement en vue de commandes plus importantes et employer 10 personnes pendant un an.

Un autre des programmes soutenus par le FSE, à savoir l’école du soir en alternance gérée par la fondation de Zorro, a connu des avancées majeures au cours de l’année dernière. L’école pour enfants roms est, quant à elle, désormais accessible tous les jours. La coopérative sociale est aujourd’hui à l’origine de 8 à 31 emplois (en fonction de la saison) dans le village et l’école du soir en alternance accueille désormais 45 enfants.

La coopérative bénéficie également d’une aide FEADER-LEADER qu’elle compte investir dans l’achat d’un nouveau tracteur, d’une remorque et d’une machine à fendre du bois. Prochaine étape ? L’ouverture d’une petite usine de briquettes, l’objectif principal étant d’employer 30 personnes durant toute l’année.

Coopérative sociale régionale Kegyetlen(Fulókércs, Cserehát, Hongrie)

Contact : Imre Mata

E-mail : [email protected]

Site web : www.szocszovfulokercs.hu

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En Italie, l’agriculture sociale renvoie à un éventail de services accessibles aux personnes vivant en zones rurales et péri-urbaines : la rééducation ou thérapie des personnes handicapées, la formation et le placement professionnel, ainsi que la for-mation et l’éducation de groupes défavorisés (jeunes, émigrés, etc.). L’agriculture sociale s’appuie sur le soutien du gouvernement et la participation du secteur privé et des particuliers. Cette démarche très innovante concerne l’agriculture et l’élevage de bétail, la production alimentaire et la fourniture de services de proximité à la population.

C’est ainsi qu’a été lancé le programme « Amiata Responsabile » en 2009 dans plusieurs communes situées au pied du mont Amiata, en vue de mettre en œuvre plusieurs initiatives d’agriculture sociale.

Centre pour les jeunes« Spazio Ragazzi » (Espace Jeunes) en est un des nombreux exemples : doté d’un budget de 295 323 euros, il est géré par le groupe d’action locale LEADER « Fabbrica Ambiente Rurale Maremma » et a contribué à la mise sur pied d’un centre communau-taire rural pour les jeunes de 6 à 14 ans, dans la municipalité de Roccastrada.

« Spazio Ragazzi » : l’agriculture sociale pour les jeunesLe modèle italien d’« agriculture sociale » a été introduit dans la province de

Grosseto, en Toscane, en 2009. L’une des initiatives qui en sont issues concerne

les enfants et les jeunes.

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Le centre, devenu une plateforme et un point de ralliement pour les deux fermes partici-pant à ce projet, propose de découvrir la vie rurale et les cycles de production à l’aide d’activités récréatives. Une ferme éducative explique par exemple la culture des légumes et autres produits de l’agriculture. Le centre s’occupe aussi de promouvoir les diverses façons d’améliorer le paysage, la protection de l’environnement, la préservation de la biodiversité et la production d’électricité à partir d’énergie solaire.

Le projet propose en outre des activités d’été, comme des camps à la campagne, et offre aux enfants et aux jeunes la possibilité d’expérimenter sur le terrain et pendant les vacances scolaires le lien entre agriculture et nature. Des ateliers enseignent à des groupes d’une soixantaine de jeunes tout ce qu’il faut savoir sur les cycles de plantation, les animaux, le jardinage et l’apiculture.

Approche ascendanteL’espace pour jeunes est une initiative ascendante qui prend ses racines dans la communauté locale (les familles et asso-ciations). Participent également à cette

initiative les organismes publics, le groupe d’action locale FAR Maremma et l’uni-versité de Pise, en plus des deux fermes précitées (Pietratonda et Panierino) et de la coopérative sociale gérant le centre rural. Plusieurs autres organisations et asso-ciations agricoles ont également rejoint le projet. La structure elle-même appartient à la commune de Roccastrada. Elle est gérée par Coeso, un consortium d’organismes publics et privés, et par des coopératives sociales privées.

L’agriculture sociale favorise la diversifica-tion des activités agricoles et l’engagement des jeunes dans certains aspects du quotidien qui sinon leur échapperaient. Le modèle peut être appliqué à d’autres territoires ruraux.

Spazio Ragazzi (Espace Jeunes)(Roccastrada, Toscane, Italie)

Contact : Catia Segnini

E-mail : [email protected]

Site web : www.farmaremma.it

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Page 34: L’initiative locale réinvente l’Europe

L’association a été fondée en 1972 sous la forme d’un syndicat défendant les droits des femmes qui travaillent sans contrat formel. L’un des objectifs de SEWA consiste à aider ces femmes à améliorer leurs conditions de vie et de travail en négociant des salaires plus avantageux.

Établie à Ahmedabad dans l’État du Gujarat, cette association indépendante compte plus de 350 000 membres. Elle déploie également son expertise dans la mise en œuvre de programmes similaires dans d’autres pays comme l’Afghanistan et le Sri Lanka.

SEWA a mis sur pied une série d’activités à cet effet (services bancaires, micro-finance-ment et retraites, cours d’alphabétisation et commerce équitable de produits artisanaux), en fonction des besoins de ses membres tout au long de leur vie.

Une banque coopérative pour les femmesCette approche basée sur les cycles de la vie a par exemple donné naissance à un service bancaire exclusivement réservé aux femmes afin de répondre à

SEWA, au service des femmes travailleuses indépendantesSEWA, association de femmes travailleuses indépendantes, s’est inspirée

des valeurs promues par Gandhi – entraide, solidarité, cohésion locale – pour

faciliter la promotion sociale des femmes défavorisées et ce tout au long de leur

vie, tant privée que professionnelle.

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leurs demandes de petits prêts destinés à acheter des matières premières ou des marchandises à vendre, demandes que rejetaient les banques ordinaires. Le service bancaire de SEWA, en revanche, offre des produits et services répondant à des demandes spécifiques comme le prêt financier pour l’achat de produits destinés à la revente, pour les naissances, mariages, funérailles, la formation professionnelle, l’achat d’une maison, etc.

Pour garantir l’autonomie des emprunteurs vis-à-vis des prêteurs, SEWA encourage ses membres à l’épargne sur le long terme, condition sine qua non pour bénéficier de micro-financements. La banque propose également un compte de dépôt à terme qui produit un taux d’intérêt composé. Nombre des membres étant illettrées, l’association utilise des vidéos pour enseigner aux femmes à calculer le taux d’intérêt.

En 2010, la banque de SEWA enregistrait 330 000 clientes qui ont épargné un total de plus d’un milliard de roupies (environ 20 mil-lions d’euros). Un succès qui encourage d’ailleurs le gouvernement indien à envisa-ger l’ouverture d’une banque exclusivement réservée aux femmes.

Centres de ressources SEWAEn dehors d’Ahmedabad, SEWA aide les femmes dans d’autres lieux défavorisés en leur offrant de nombreux services. Un centre communautaire situé dans la zone rurale de Pij offre ainsi son aide dans la syndicalisation des femmes travaillant dans l’industrie du tabac. Ce soutien se concré-tise par des formations lors desquelles les femmes apprennent à se servir d’un ordinateur, ainsi que des ateliers mis en place pour le traitement de produits locaux tels que les épices et les légumineuses. D’autres centres similaires ont vu le jour sur l’ensemble du Gujarat, qui partagent les ressources locales comme celles fournies par les centres régionaux de SEWA.

SEWA – Association des femmes travailleuses indépendantes (Gujarat, Inde)

Contact : Jyostna Patel

E-mail : [email protected]

Site web : www.sewa.org/

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En Turquie, 39 % de la population rurale vit dans la pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 3 euros par jour. La Fondation Husnu M. Özyeğin a entrepris de s’attaquer à ce problème et de démontrer qu’une approche intégrée et multisectorielle impliquant différents acteurs socioéconomiques peut déboucher sur la création d’un modèle de vie rurale décent.

Lancé à l’automne 2008, le Projet de développement rural du bassin de Kavar concerne six villages et cinq hameaux de la province de Bitlis, dans le sud-est de la Turquie. Cette région est l’une des plus

pauvres du pays. La moitié de sa popula-tion a moins de 15 ans. La région a de fait été évacuée dans les années 1990 au cours du conflit armé qui a opposé les militants kurdes à l’armée turque.

Développement local intégréLe projet visait plusieurs objectifs spé-cifiques, tels que le développement du potentiel économique, l’amélioration du bien-être social, la responsabilisation des femmes, l’amélioration de l’utilisation durable des ressources naturelles, l’établissement de partenariats pluripartites et l’évolution des politiques rurales vers un modèle participatif.

Les femmes plus autonomes à KavarDans l’une des régions les plus pauvres de Turquie, le Projet de développement

rural du bassin de Kavar a permis à des centaines de femmes non seulement de

toucher des revenus mais aussi de jouer un rôle actif dans la conception et la

mise en œuvre d’une série d’initiatives locales.

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Une série d’initiatives ont vu le jour dans le cadre de ce projet :

• La formation en apiculture et la fourniture d’équipements adéquats pour 40 femmes de Kavar (ces femmes ont produit 4,5 tonnes de miel en 2013).

• La fondation d’une coopérative qui organise la collecte quotidienne de lait et sa vente à une laiterie de Van.

• L’implantation de vergers de noyers et de cerisiers pour 124 familles. Pour tous les cultivateurs, une formation en gestion des vergers, taille, élagage et greffe.

• L’amélioration des conditions sanitaires des étables.

• La création de 5 salles communes à Kavar. La construction d’un centre communautaire et l’installation de 2 fours à pain communaux en vue d’alléger la charge de travail des femmes.

• La construction d’une école primaire en vue d’augmenter les taux de scolarisation. Deux écoles maternelles, des plaines de jeux et un dortoir pour les instituteurs.

• Une bourse pour les étudiants universi-taires et une formation en informatique et des cours préparatoires à l’entrée à l’université pour les jeunes.

• La mise en place d’un chœur d’enfants et l’organisation de festivals d’été.

• Des cours d’alphabétisation et de soutien pour les femmes.

DurabilitéGrâce à ses activités « économiques », le projet a permis à des centaines de femmes de bénéficier d’un revenu, en plus de jouer un rôle dans la conception et la gestion des initiatives elles-mêmes.

Le projet a enfin contribué à la construction de conduites d’eau dans les pâturages et à la formation de bergers dans la protection et l’amélioration des pâturages. Par le biais d’ateliers de plantation d’arbres et de « fêtes des semences », le projet espère que la sensibilisation accrue des jeunes aux questions environnementales les encou-ragera à transmettre leur savoir-faire aux générations à venir.

Projet de développement rural du bassin de Kavar(Bitlis, Turquie)

Contact : Murat Bayramoglu

E-mail : [email protected]

Site web : http://www. husnuozyeginvakfi.org.tr/en/

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Locality a vu le jour en 2012 à la suite de la fusion entre les deux organisations établies de longue date que sont l’association des fonds pour le développement (Develop-ment Trusts Association) et l’association britannique pour l’habitation et les centres d’action sociale (British Association of Settlements and Social Action Centres). Le réseau compte plus de 480 organismes membres qui cumulent ensemble un revenu annuel de quelque 389 millions d’euros (dont plus de deux tiers proviennent d’activités commerciales) et un actif total de plus de 784 millions d’euros.

Les communautés sont au yeux de Locality des lieux de vie offrant maintes possibilités, de la fourniture de services aux parcs, en

passant par les commerces, les logements, les lieux d’autonomisation, la création de richesse ou encore la justice sociale.

Esprit d’innovationL’organisation s’efforce de donner un nouveau souffle à l’esprit d’innovation et d’entreprise en vue de promouvoir la construction de communautés fortes dont les membres sont fiers d’y vivre et d’y travailler.

Ces membres varient considérablement en fonction des objectifs visés et de l’éventail des activités déployées. Quand il s’agit de répondre à la demande locale, ces activités recouvrent généralement les initiatives de recyclage, les améliorations environnemen-tales, la gestion des espaces publics, le

Locality, le réseau anglais du développement localRépondre aux besoins des communautés locales d’Angleterre est la raison

d’être de Locality, premier réseau britannique d’associations de développement,

de centres d’action sociale et d’entreprises solidaires.

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microcrédit et la consultance en la matière, ainsi que la médiation de dettes. Les autres champs d’intérêt s’étendent quant à eux du service d’aide aux familles à la formation professionnelle, en passant par les services de garderie, l’organisation de festivals et d’événements artistiques, les programmes de subventions communautaires, les loge-ments accessibles, la formation spécifique et le bénévolat.

Dans une optique de justice sociale, les membres sont également très actifs là où le marché présente quelques dysfonctionne-ments, précisément là où l’État et le secteur privé rencontrent quelques difficultés.

ExemplesVoici quelques exemples d’accomplisse-ments des membres du réseau :

• Coin Street Community Builders : établie sur la rive sud de la Tamise à Londres, cette entreprise génère un chiffre d’affaires d’environ 9,7 millions d’euros et son actif s’élève à plus de 36 millions d’euros. Elle gère un centre de proximité, un centre pour enfants, 320 unités d’habitation, un grand centre commercial et d’affaires (dont l’emblématique Oxo Tower), en plus d’organiser des événements artistiques et culturels. www.coinstreet.org

• Goodwin Development Trust : situé à Hull, dans le nord-est de l’Angleterre, le fonds possède et gère 14 bâtiments. Il emploie plus de 300 personnes et représente à ce titre l’employeur privé le plus important de la ville. Entièrement géré par les résidents d’une grande cité de logements sociaux, il propose un large éventail de services, dont des garderies, des pro-grammes de formation en entreprise et des projets liés à la santé et au bien-être. www.goodwintrust.org/

• Glendale Gateway : située dans une région rurale du nord de l’Angleterre, Glendale dirige un centre communau-taire, une bibliothèque, une auberge de jeunesse, neuf unités de logement et plusieurs magasins. L’association propose également des services d’aide aux entreprises, en plus de gérer l’office du tourisme local, un site web commu-nautaire et plusieurs activités de loisirs. www.wooler.org.uk/glendale-gateway-trust.

Locality(Angleterre, Royaume-Uni)

Contact : Steve Clare, Directrice générale déléguée

E-mail : [email protected] 

Site web : http://locality.org.uk/

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Depuis le milieu des années 1980, « Union », la banlieue ouest de la ville de Dortmund a souffert de la fermeture progressive d’une aciérie et de brasseries. Nombreux furent ceux à délaisser la banlieue en raison des conditions de logement médiocres et parmi ceux qui sont restés, 38 % bénéficient de l’aide sociale tandis que 50 % appar-tiennent à des minorités ethniques ou sont de nationalité étrangère.

L’Union Gewerbehof fut lancée en 1986 par un groupe de 13 personnes sans emploi, dont la plupart avaient déjà été enrôlées dans un programme de création d’emplois (ABM ou Arbeitsbeschaffungsmaßnahme). S’inspirant de leurs propres expériences, les membres du groupe ont décidé de créer leur propre emploi. À cet effet, ils ont commencé par rénover un bâtiment industriel désaffecté pour ensuite convertir les installations en espaces commerciaux partagés (à faible loyer) à l’intention de petites et moyennes entreprises (PME).

Autre objectif du groupe : intégrer le plus possible des aspects environnementaux au projet en utilisant par exemple des maté-riaux de construction plus écologiques et des systèmes de chauffage peu gourmands en énergie.

Le pouvoir de l’entraide Preuve éclatante du pouvoir de l’entraide, presque tout le capital de départ nécessaire à l’initiative provenait des membres eux-mêmes, qui étaient parvenus à lever un total de 51 000 euros sur la base de 67 actions à 767 euros. Un syndicat a apporté sa pierre à l’édifice en consentant un investissement supplémentaire de 10 000 euros.

« Union Gewerbehof », centre d’entreprises coopératifÀ Dortmund, des chômeurs ont créé leur propre emploi en convertissant

des bâtiments industriels désaffectés en un centre d’entreprises

coopératif performant.

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Une subvention régionale de 2 millions d’euros a par ailleurs permis de couvrir les coûts de rénovation du bâtiment, qui fut achevée en 1992. À cela s’est ajoutée une petite intervention des services du dévelop-pement économique de la ville.

Le centre accueille aujourd’hui 90 entreprises qui emploient un total de 270 personnes. Et bien qu’il abrite des entreprises plus grandes, la majorité de ses locataires sont des micro-entreprises ou des indépendants exerçant seuls qui, pour la plupart, sont actifs dans les secteurs de la création, de la formation et de la consul-tance.

Un modèle simpleL’Union Gewerbehof se caractérise par un mode de fonctionnement simple : le centre n’a en effet pas besoin de faire de la publicité pour trouver des occupants et, malgré un renouvellement des locataires plus élevé que la moyenne, les espaces restent rarement vides plus de deux mois. Outre les espaces et les commodités, les seuls services officiellement proposés sont la mise à disposition de salles de réunion,

de toilettes, d’une photocopieuse et d’une machine à café. On y trouve également une cantine végétarienne et un café, qui sont toutefois gérés de façon autonome.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le modèle fonctionne. En effet, en générant un chiffre d’affaires annuel de quelque 500 000 euros, l’Union Gewerbehof est financièrement indépendante. Le loyer s’élève en moyenne à 5 euros (plus environ 2,40 euros pour les charges) par mois et par mètre carré. L’atout majeur du centre réside dans l’absence de garantie locative qui incombe habituellement aux locataires, ce qui le rend d’autant plus accessible à tous les entrepreneurs.

Union Gewerbehof(Dortmund, Allemagne)

Contact : Hans-Gerd Nottenbohm

E-mail : [email protected]

Site web : www.union-gewerbehof.de

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Page 42: L’initiative locale réinvente l’Europe

Le Languedoc-Roussillon est une région qui a une double caractéristique : une des plus fortes croissances démographiques d’Europe – la qualité de vie, les conditions climatiques attirent beaucoup de monde -, mais aussi un des taux de chômage les plus importants de France (14,5 %).

Activités novatricesC’est à compter de 2006 que des respon-sables des organisations de l’économie sociale ont fait le constat que de multiples personnes avaient des velléités de se lancer dans la création d’activités nou-velles sans pour autant vouloir ou pouvoir créer des entreprises classiques. Il était particulièrement difficile d’accompagner ces personnes et pourtant elles pouvaient représenter un potentiel d’activités et d’emplois conséquents tant en satisfaisant des besoins sociaux aujourd’hui peu ou mal pris en compte.

Forts de ces constats, ces « militants coo-pératifs » ont décidé de travailler ensemble, et ont construit patiemment et progres-sivement un ensemble d’outils pour

accompagner ces projets émergents, très souvent fragiles, et pourtant porteurs de belles perspectives de développement.

Réseau d’outils Ainsi, au bout de quelque sept ans, avec un fort appui du Conseil Régional et de l’Europe, ont été ainsi mis en place :

> ALTER’INCUB, l’incubateur des projets d’économie sociale. Depuis sa création en 1998, ALTER’INCUB a facilité la création d’une trentaine d’entreprises d’économie sociale dans des domaines d’activité très variés, mais avec une prédominance environnement, TIC, santé et culture.

> REPLIC, société coopérative avec des sociétaires publics et privés, crée des entreprises d’utilité sociale et environ-nementale en réponse à de besoins répertoriés sur le territoire. Aujourd’hui REPLIC, ce sont 8 coopératives créées dans le domaine du recyclage, transport, éco mobilité, restauration. L’ensemble représente 70 salariés, dont 35 en insertion.

REALIS, l’écosystème de l’innovation sociale en Languedoc-RoussillonEn 2006, l’innovation sociale n’était pas encore à la mode, mais c’est depuis

cette année-là que l’Union régionale des SCOP (coopératives de production)

construit progressivement un ensemble de dispositifs complémentaires pour le

développement de l’économie sociale en Languedoc-Roussillon.

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> COEPTIS, une école de management coo-pératif. Destinée aux dirigeants et cadres dirigeants, l’école de l’Entrepreneuriat en économie sociale s’attache à rendre plus lisibles les spécificités managériales et les pratiques de gouvernance des entreprises de l’économie sociale. 10 permanents, 45 professeurs consultants, 3 cycles diplômants, 200 stagiaires par an.

> COVENTIS, une convention annuelle d’affaires des entreprises de l’Economie sociale et solidaire. S’adressant aux professionnels comme au grand public, durant deux jours, COVENTIS est l’occasion pour plus de 130 exposants de présenter leurs actions, services et prestations aux visiteurs.

> L’Hôtel d’entreprises REALIS, inauguré le 13 décembre 2013. D’un coût de 10 millions d’euros, financé par la Région et l’Europe, REALIS peut accueillir de 30 à 50 entreprises d’économie sociale. Il est devenu également le principal point de rencontre de tous les acteurs de l’écono-mie sociale de la région.

Pour compléter l’ensemble de ces outils, des financements spécifiques ont été mis en place afin d’accompagner la création et le développement de ces entreprises.

Tous ces outils sont fédérés sous la marque REALIS, le réseau actif pour l’innova-tion sociale en Languedoc-Roussillon. Aujourd’hui, plusieurs régions françaises s’inspirent de REALIS pour développer leur politique d’appui à l’économie sociale. REALIS a été un des 5 projets retenus par le Prix REVES (Réseau Européen des Villes et des Régions de l’Economie Sociale et Solidaire).

REALIS (Languedoc Roussillon, France)

E-mail: [email protected]

Site web: www.laregion-realis.fr/

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Les villes font aujourd’hui face à de nouveaux défis qui résultent de change-ments économiques, environnementaux et démographiques. Elles doivent donc concevoir de nouveaux modèles afin de s’inscrire dans une croissance durable, intelligente et inclusive.

C’est justement ce genre de modèle que promeut la municipalité de Turin, au nord de l’Italie (900 000 habitants) : Torino Social Innovation (TSI) est un ensemble de straté-gies et d’instruments destinés à soutenir les nouvelles entreprises qui répondent à des besoins sociaux (en matière d’éducation, d’emploi, de mobilité et de santé) tout en prônant des valeurs économiques et sociales.

En voici les principaux objectifs :

• Favoriser une culture d’innovation sociale et sensibiliser la population et surtout les acteurs économiques et sociaux à une telle culture,

• Attirer de jeunes talents innovants par le développement de communautés créatives,

• Soutenir des formes inédites d’économie collaborative.

Soutenu par l’Italie et l’Union européenne, le programme de TSI – intégré dans le programme européen URBACT – rassemble plusieurs acteurs au sein d’une même plateforme qui compte plus de 26 partenaires représentant la Ville, la Région et la Province, d’autres organisations des secteurs public et privé ainsi que l’Université de Turin.

« Torino Social Innovation »À Turin, vingt-six organisations partenaires ont adhéré à un nouveau dispositif

d’appui à la création de structures d’innovation sociale par de jeunes entrepre-

neurs. Plus de 30 PME vont en bénéficier dès cette année.

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Expertise des partenairesChaque partenaire s’engage, dans son champ d’expertise propre, à promouvoir l’« innovation sociale ». Les partenaires fournissent un large éventail de services couvrant six domaines :

1. Locaux – dont des espaces de travail partagés et des logements sociaux à l’intention des jeunes travailleurs étrangers à la municipalité.

2. Information – formation (ateliers sur l’innovation sociale, cours et événements ponctuels).

3. Soutien technique – intégration de procédures de test et assistance dans la réalisation de prototypes.

4. Accompagnement – aspects juridiques et économiques, consultance en finances et études de marché.

5. Ressources financières – subventions publiques, prêts privés, fonds de garantie publics et nouveaux instruments finan-ciers innovants comme l’équité sociale.

6. Suivi et évaluation – examen des retom-bées sociales des mesures prises.

FaciliTo Giovani est la première action découlant du programme TSI, une initiative qui aura cours jusque fin 2015 et vise à soutenir les entreprises actives dans l’innovation sociale. Les bénéficiaires de cette initiative sont les jeunes âgés de 18 à 40 ans, les futurs entrepreneurs et peut-être les spin-offs en activité lancées au cours des quatre dernières années (à condition que la majorité des actionnaires ou représentants légaux soient des jeunes).

Plans d’activitéEntre autres avantages, cette initiative fournit un service d’accompagnement destiné à exploiter les idées des plans d’activité prometteurs qui lui sont soumis et à subventionner des entreprises sociales et innovantes. Cet encadrement est assuré par quatre partenaires, dont l’école polytechnique et l’université de la ville, la municipalité et la Province de Turin.

Le budget public total alloué à cette initiative s’élève à 1,65 million d’euros, dont 200 000 euros servent à couvrir les services, 650 000 euros à financer les subventions (fournissant jusqu’à 20 % des coûts éligibles par projet) et 800 000 euros à garantir jusqu’à 80 % des prêts à faible taux du secteur privé.

Torino Social Innovation (TSI)(Turin, Italie)

Contact : Fabrizio Barbiero

E-mail : [email protected]

Site web : www.torinosocialinnovation.it/

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299 actionnairesLe quartier de Southill naît et se déve-loppe dans le sud de Limerick au cours des années 1960 et 1970. Il fournit des logements sociaux aux familles ainsi que la main d’œuvre industrielle nécessaire pour occuper les nouveaux emplois dans la ville. Cette création d’emplois est le résultat d’une stratégie parvenue à attirer des investissements directs étrangers et, dans leur sillage, de nouvelles usines.

La fermeture de ces industries dans les années 1980 et 1990, toutefois, ne sera pas sans répercussion sur la population locale, entraînant notamment un taux de chômage élevé. Alors que la situation connaît une légère amélioration au cours des années de croissance économique entre 2000 et 2006, la ville subit de nouveaux revers à la suite de la crise de 2008 et 2009. Un retournement de situation qui se traduit en 2011 par un taux de chômage culminant à 47 % à Southill.

La coopération, clé de la revitalisation de Southill à LimerickSouthill Development Co-operative (SDC), récemment rebaptisée « Tait House »,

est une coopérative de citoyens qui soutient le développement local dans un des

quartiers les plus défavorisés de Limerick.

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C’est dans un contexte de chômage élevé que la SDC est créée en 1984 sous la forme d’une coopérative communautaire comptant 299 actionnaires. Elle prend ses quartiers dans la Tait House à partir de 1986, un bâtiment classé appartenant aux autorités locales et se trouvant alors dans un état de délabrement avancé. Le site connaîtra alors une série de rénovations au fil des ans, grâce au soutien d’institutions publiques et du secteur privé.

Entreprises socialesCes dernières années, la coopérative s’efforce de repenser sa stratégie pour faire face aux nouveaux défis que posent les conditions économiques contraignantes et, surtout, afin de moins dépendre des subventions publiques et davantage de la création de ses propres revenus. Le chan-gement de nom en « Tait House » s’inscrit dans cette évolution.

Les services fournis par la coopérative portent sur l’information des citoyens sur leurs droits et les questions juridiques, les services d’information et de développement communautaire, la formation des chômeurs et la création d’entreprises, ainsi que l’entrepreneuriat social et l’accès aux offres éducatives. Cette démarche entraîne à son tour un travail de terrain et le développement de programmes éducatifs et de formations visant la multiplication des offres d’emploi à l’intention des jeunes (ex. apprentissage en réparation automobile et garage géré sous la forme d’une entreprise sociale).

La coopérative a d’ailleurs récemment étendu ses programmes d’action à la pro-motion de l’emploi des chômeurs de longue durée. Elle emploie en tout de 103 per-sonnes dont 50 s’occupent actuellement de ces programmes.

En 2012, ses revenus s’élevaient à quelque 1,5 million d’euros provenant d’un ensemble de subventions destinées à la mise en œuvre de programmes spécifiques (20 %) et des revenus découlant de ses activités (80 %).

La coopérative produit un surplus qui est ensuite réinvesti dans ses activités, dont une garderie d’enfants, l’isolation des maisons et les services de mise en conformité à la disposition des ménages de la ville et des comtés environnants, ainsi que la gestion immobilière (ex. architecture paysagère, tonte de pelouses et réparations domestiques).

Southill Development Co-operative (SDC) (Limerick, Irlande)

Contact : Tracey Lynch, Directrice, Tait House Community Enterprise

E-mail : [email protected]

Site web : www.taithouse.ie

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Page 48: L’initiative locale réinvente l’Europe

« Un emploi pour chacun » est une initia-tive conjointe de la Grèce et de l’Union européenne lancée en 2012 et menée par l’agence du développement de Karditsa, l’une des trois municipalités participantes de la région administrative de Thessalie, les deux autres étant Mouzaki et Lac Plastiras. Selon une étude (« Analyse du marché local », 2011) menée avant le début du projet en septembre 2012, ces municipalités ont une population cumulée d’environ 91 000 habitants. Les dernières données régionales en date (2013) fixent le taux de chômage de ce territoire à 25,6 %.

Recyclage de produits mis au rebutLe projet bénéficie d’un budget total de 480 000 euros cofinancé (à 80 %) par le Fonds social européen et par le ministère grec du Travail, de la Sécurité sociale et de l’Aide sociale. Ses principaux objectifs consistent à fournir un emploi à quelque 90 chômeurs de longue durée et à créer une entreprise coopérative sociale (ECS) pour la collecte et la gestion de vêtements et d’autres produits textiles usagés pouvant être recyclés.

Les bénéficiaires du projet sont des chômeurs de longue durée sélectionnés sur la base de critères spécifiques (écono-miques et sociaux, durée du chômage et expérience professionnelle), d’entretiens et d’évaluations. Ils sont concernés par deux actions principales : un accompagnement (dont des sessions individuelles avec un assistant social et un psychologue à l’entame du projet) et une formation sur la réutilisation et le recyclage des vêtements, ainsi que la gestion des matériaux.

Faire du neuf avec de l’ancienLes principaux objectifs visés par l’ECS « Changement » sont multiples : mettre sur pied une entreprise sociale viable qui non seulement fournisse un service de collecte répondant à la demande du marché local (collecte et recyclage de vêtements et produits textiles mis au rebut),

Un emploi pour chacunEn Thessalie, un projet mobilisateur a permis de mettre en place une coopéra-

tive sociale qui vise à créer quelque 90 emplois locaux pour les chômeurs.

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mais fabrique également des produits à partir des matières recyclées (moquettes et tapis, sacs, jouets, coussins, dessus-de-lit en patchwork, etc.). L’ECS organise leur vente, par exemple à l’occasion de festivals locaux et d’un marché de Noël.

Bien qu’elle n’en soit qu’à ses débuts, l’initiative a déjà exercé une influence positive sur les personnes concernées. Elle commence à se faire connaître et bénéficie d’un soutien local. Participent actuellement au projet 16 personnes (dont 4 hommes et 12 femmes de 29 à 62 ans) qui ont toutes déjà travaillé par le passé mais ont perdu leur emploi à cause de la crise économique.

Face à l’activité croissante de la coopéra-tive sociale, de nouveaux emplois seront créés en vue de couvrir ses besoins et contribueront ainsi à réduire le chômage.

L’ECS « Changement » peut également ouvrir la voie à des initiatives semblables dans d’autres régions ou États membres de l’UE, qui utiliseraient ou non les mêmes matériaux tout en s’appuyant sur le même concept, à savoir le recyclage ou la réutili-sation de produits mis au rebut.

« Un emploi pour chacun » (Karditsa, Grèce)

Contact : Chrysavgi Sengi

E-mail : [email protected]

Site web : www.anka.gr ou www.topeko-entos.gr

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Page 50: L’initiative locale réinvente l’Europe

C’est en 1997 que l’île de Samsø, qui compte un peu plus de 3 000 habitants, est bapti-sée l’« île des énergies renouvelables » du Danemark, sur la base d’objectifs ambitieux à atteindre à l’horizon 2008 pour devenir autosuffisante en énergie. Cet objectif devient réalité deux ans plus tôt que prévu, en 2006, grâce aux 11 éoliennes érigées sur l’île. Le réseau d’éoliennes génère aujourd’hui suffisamment d’énergie verte pour satisfaire la demande en électricité de toute la communauté de Samsø.

Lorsque, par temps peu venteux, ces éoliennes ne peuvent produire assez d’élec-tricité, c’est le réseau principal du Danemark qui prend le relais en alimentant celui de l’île en énergie. En échange, lorsqu’il y a du vent, Samsø exporte son énergie éolienne vers le réseau national.

Bilan électrique positifL’île présente de fait un bilan électrique net positif, parce qu’elle exporte bien plus d’énergie vers le continent qu’elle n’en reçoit (chaque éolienne produit assez d’électricité pour alimenter 2 000 foyers par an).

Les ménages et les entreprises des plus grandes localités bénéficient du chauffage et de l’eau chaude grâce à des centrales de chauffage à distance alimentées en sources d’énergie renouvelables. Sur la pointe nord de l’île entre les villages de Nordby et de Maarup, c’est une installation de 2 500 m2

de panneaux solaires qui fournit l’eau chaude destinée au chauffage des maisons des villages. Une chaudière alimentée en copeaux de bois provenant des déchets forestiers de Brattingsborg vient compléter le premier système. Dans le sud de l’île, les communes de Tranebjerg, d’Onsbjerg, de Brundby et de Ballen sont raccordées à des centrales de chauffage à distance.

Samsø, l’île des énergies renouvelablesLes habitants de l’île danoise de Samsø ont réussi à devenir autosuffisants en

énergie : la totalité de leur électricité provient d’éoliennes et plus de 70 % de

leurs besoins en chauffage sont satisfaits grâce à l’utilisation de technologies

basées sur les énergies renouvelables.

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Plusieurs propriétaires privés ont quant à eux remplacé leur brûleur à mazout par des panneaux solaires, des systèmes de chauffage géothermique et des poêles à copeaux de bois et à pellets. Tous ces efforts réunis permettent de générer de la chaleur qui provient à plus de 70 % de sources d’énergie renouvelables.

Académie de l’énergieL’esprit innovant des habitants de l’île ne s’arrête pas là puisque Samsø possède son « Académie de l’énergie », une agence pour l’énergie qui fournit aux habitants comme aux touristes des informations sur les économies d’énergie et les technologies basées sur les énergies vertes. Samsø s’est même vue décerner plusieurs récompenses pour sa transition réussie vers les énergies renouve-lables. Un projet pilote actuellement en cours à l’Académie étudie l’utilisation du colza et des hautes herbes pour le chauffage.

L’engouement croissant pour les solutions plus durables ne concerne pas uniquement les énergies renouvelables : l’Académie explore d’autres technologies plus vertes à destination du secteur des transports, comme celle qui consiste notamment à uti-liser l’huile de colza et l’hydrogène comme carburants. D’aucuns prévoient déjà que les voitures et camions rouleront bientôt à l’hydrogène généré par les éoliennes. Dans l’intervalle, si la majorité des véhicules circulant sur l’île, y compris pour les trois ferries qui relient Samsø au continent, utilisent encore les carburants traditionnels à base d’hydrocarbures, les émissions qui s’en échappent sont contrebalancées par l’utilisation d’éoliennes en mer.

Île des énergies renouvelables(Samsø, Danemark)

Contact : Søren Hermansen

Site web : www.energiakademiet.dk

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Page 52: L’initiative locale réinvente l’Europe

Les membres d’ECOLISE comprennent des réseaux internationaux, nationaux et parfois régionaux d’initiatives locales, ainsi que d’autres organismes actifs à l’échelle européenne dans la recherche, la forma-tion, la communication ou d’autres activités, qui soutiennent des actions citoyennes en

matière de changement climatique et de développement durable. En rassemblant ces organisations, ECOLISE vise à mettre sur pied une stratégie commune au niveau européen ainsi qu’une plateforme pouvant faciliter des actions collectives.

ECOLISE : quand le local montre la voie vers une société sobre en carboneECOLISE, le réseau européen des initiatives locales pour le climat et la durabilité,

fédère à travers l’Europe plusieurs organisations citoyennes engagées locale-

ment dans des actions en faveur du développement durable.

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Une Europe faite de territoires dynamiques et durables, à l’empreinte carbone nulleLa vision d’ECOLISE est celle d’une Europe où chaque communauté locale joue un rôle de premier plan en faveur d’un développe-ment durable sur le plan économique, social et environnemental. Au travers de leurs actions, ces acteurs aident leur communauté à réduire à zéro son empreinte carbone nette et, ce faisant, contribuent dans une large mesure à l’établissement d’une société européenne écologique sans carbone.

Pour aider ses organisations membres à concrétiser cet objectif, ECOLISE entend mettre en place une plateforme commune facilitant l’apprentissage, l’action et la défense des initiatives communautaires en matière de changement climatique et de développement durable en Europe.

Au travers de ses activités, ECOLISE s’efforce d’améliorer la visibilité de l’action locale en faveur du développement durable et de la lutte contre le changement clima-tique en Europe, en favorisant les échanges, la coopération, l’amélioration et le partage des connaissances entre acteurs européens. ECOLISE ambitionne par ailleurs de renfor-cer l’influence collective de ses membres sur l’élaboration de politiques européennes, nationales et locales. ECOLISE s’appuie sur les expériences réalisées dans d’autres parties du monde et, dans la mesure du possible, souhaite inspirer et soutenir des initiatives semblables en dehors de l’Europe.

ECOLISE est le résultat d’une étude menée par l’AEIDL en 2012/2013 dont le but était d’évaluer la situation de l’action locale en matière de changement climatique et de développement durable en Europe. L’étude a ainsi répertorié plus de 2 000 initiatives communautaires locales directement engagées dans des activités concernant ces deux domaines. Elle a également permis de réunir des acteurs-clés à travers toute l’Europe afin de débattre sur la création d’un réseau européen destiné à soutenir la coopération et l’échange entre ces initiatives. Cette démarche a donné lieu à une première rencontre entre les repré-sentants des différentes parties prenantes à Bruxelles, les 13 et 14 juin 2013.

ECOLISE(European Network for Community-Led initiatives on Climate Change and Sustainability)

Contact : Eamon O’Hara

E-mail : [email protected]

Site web : www.ecolise.eu

Organisations/groupes fondateurs d’ECOLISE01. Baltic Ecovillage Network (Suède)02. Global Ecovillage Network – Europe (Allemagne)03. ICLEI - Local Governments for Sustainability04. Transition Network (international)05. Centre for Ecological Learning - CELL

(Luxembourg)06. Community Development Institute (Macédoine)07. Danish Ecovillage Network (Danemark)08. Estonian Ecovillage Network - MTU (Estonie)09. Green Network of Activist Groups - ZMAG (Croatie)10. Permaculture Association UK (Angleterre)11. Red de Transición España (Espagne)12. Red Iberica de Ecoaldeas (Espagne)13. Rete Italiana villaggi ecologici (Italie)14. Romania in tranzitie (Roumanie)15. Stödföreningen för omställningsinitiativ (Suède)16. Transition Italia (Italie)17. Salies en Transition (France)18. Ria d’Etel en Transition – Les Lucioles (France)19. Omställning Järna (Suède)20. Association européenne pour l’information sur le

développement local - AEIDL (Belgique)21. Fundação da Faculdade de Ciências da

Universidade de Lisboa (Portugal)22. Gaia Education (Écosse)23. Global Ecovillage Network (Écosse)24. Schumacher Institute for Sustainable Systems

(Angleterre)25. Sustainability Park Istra Institute (Slovénie)

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TTT est une démarche collective locale visant la création d’un nouveau modèle d’entreprises et d’initiatives mieux adapté à une société plus résiliente et à faible émission de carbone. Elle implique la création d’un nouveau mode de fonction-nement (énergie, production alimentaire, construction), de structures économiques permettant de maximiser la consommation de produits et services locaux, et de dispo-sitifs sociaux conçus pour garantir équité et justice sociale.

AppropriationConcrètement, la démarche consiste à faire en sorte que les habitants s’approprient le processus, à stimuler la créativité et à bâtir des réseaux. Elle a progressivement pris de l’ampleur au cours des huit dernières années, ce qui s’est traduit par l’implication d’un grand nombre d’habitants et la mise sur pied d’une diversité de projets – dans les domaines de l’alimentation, de la construction et du logement, de l’énergie et de l’économie – qui ont donné d’excellents résultats. Une belle réussite pour cette organisation reposant essentiellement sur le bénévolat. TTT ne reçoit en effet aucune subvention de l’État, son financement provenant plutôt d’horizons divers (dons privés, fondations, événements et ateliers) qui assurent sa viabilité et son indépen-dance financière.

Plan PME Entre autres initiatives couronnées de succès, TTT a mené une étude sur le potentiel que représenteraient pour les PME locales les secteurs de l’alimentation, des énergies renouvelables et des services de mise en conformité environnementale si la demande en produits et services locaux fournis par des entreprises locales indépendantes s’accroissait.

Totnes en transition : une première mondialeTotnes (7 700 hab.) dans le Devon, a été la première ville du monde en transition.

Transition Town Totnes (TTT) a été créé en 2006 par des citoyens sensibilisés

aux effets combinés de l’épuisement du pétrole, du changement climatique et

de la crise économique.

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Il en est ressorti que développer ne fût-ce que 10 % de ce potentiel représenterait un gain de 5 millions d’euros au cours des deux prochaines années, voire davantage compte tenu des retombées locales. L’étude a donc débouché sur des événe-ments de mise en réseau.

Le projet associatif « Totnes Food-Link » en est un bon exemple. Il vise à renforcer les relations entre producteurs alimentaires, commerçants et restaurants locaux. Depuis son lancement en 2011, les circuits locaux n’ont cessé de se renforcer, de nouveaux producteurs ont rejoint l’aventure et de nou-veaux plans sont en cours pour développer le marché local de l’alimentation. Quelque 400 entreprises figurent sur la liste de dis-tribution et les producteurs enregistrent de leur côté une augmentation moyenne des livraisons de 30 % auprès des détaillants et restaurateurs locaux.

De façon encore plus concrète, le programme Transition Streets réunit des groupes d’amis et de voisins qui se rencontrent une à deux fois par mois pour discuter des petits changements possibles à effectuer dans leur consommation d’énergie, d’eau, de nourriture, d’emballages et leur utilisation des transports. Jusqu’à présent, 63 groupes ras-semblant plus de 550 ménages ont participé à la démarche, chacun des ménages réalisant une économie moyenne de 700 euros sur leurs factures et une réduction globale de 1,2 tonne de carbone par an.

Transition Town Totnes(Angleterre, Royaume-Uni)

Contact : Frances Northrop

E-mail : [email protected]

Site web : www.transitiontowntotnes.org/

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Page 56: L’initiative locale réinvente l’Europe

Ada Huja, une île du Danube située à tout juste quatre kilomètres du centre de Belgrade, était autrefois réputée pour sa végétation luxuriante et comme un site majeur pour les oiseaux sauvages. A partir des années 1960, toutefois, l’île a com-mencé à se transformer en décharge.

Déchets industrielsRésultat de cette dégradation : le flux d’eau douce du Danube ne pouvait plus s’écouler dans ce bras du fleuve. De fait, sur l’autre rive, les eaux usagées communales et industrielles déversées pendant des

dizaines d’années ont fini par constituer un danger pour l’environnement et la santé de la population locale. Et ce n’est pas tout : la pointe de la péninsule nouvellement formée servait de décharge illégale pour les gravats industriels, et l’équilibre fragile de l’écosys-tème d’Ada Huja s’en est trouvé totalement anéanti.

À la demande de la commune la plus touchée par ce fléau (Palilua), l’organisation serbe non gouvernementale (ONG) pour la protection de l’environnement a entrepris en octobre 2011 un projet de nettoyage de cette portion d’Ada Huja et créé un parc.

Une décharge transformée en parcUn projet citoyen durable géré par une association environnementale serbe et

soutenu par des fonds publics et privés a permis de nettoyer et de reconvertir en

parc un site pollué au bord du Danube, près de Belgrade. Avec des retombées

environnementales et sociales significatives.

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L’ONG ambitionne alors essentiellement de restaurer l’écosystème d’Ada Huja dont l’eau est la plus polluée des environs de Belgrade. Une entreprise qu’elle réussira en mettant un terme au déversement illégal de déchets, en accomplissant des travaux hydrologiques pour débarrasser le site des boues toxiques et en rétablissant le courant naturel de l’eau dans le bras originel du fleuve. Un autre des objectifs poursuivis par l’ONG sera la création d’un centre environ-nemental.

Réflexion et actionParallèlement, l’ONG mettra sur pied un groupe de réflexion dont la tâche consiste à superviser les travaux et qui se compose de représentants des autorités nationales et régionales, des organismes de protection de l’eau et de l’environnement, ainsi que des experts. Le financement du projet proviendra au départ du secteur privé et notamment d’entreprises multinationales, mais également de subventions publiques dont celles du programme européen Jeunesse en action.

En avril 2012, quelque 2 000 mètres cubes de déchets seront retirés du site. Dans la foulée, de 2012 à 2013, une zone autrefois inaccessible au public sera transformée en Parc Surnaturel, entraînant à son tour la création de cinq emplois directs et dix emplois indirects. Plus de 3 000 mètres carrés de jardins ont été aménagés, de même qu’une plaine de jeux. L’ONG n’en restera pas là puisqu’elle a ouvert une classe verte destinée à sensibiliser les jeunes à la protection environnementale, ainsi qu’une serre destinée à la culture expérimentale et à la présentation de plantes.

Plus de 20 000 personnes ont déjà visité le parc à ce jour.

Parc surnaturel(Région de Belgrade, Serbie)

Contact : Srdjan Stankovic

E-mail : [email protected]

Site web : www.supernatural.rs/

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Page 58: L’initiative locale réinvente l’Europe

Tradition qui remonte au Moyen Âge, l’aquaculture de la carpe constitue aujourd’hui l’un des principaux atouts de la vallée de la Barycz, dans le sud-ouest de la Pologne. Cette tradition séculaire se pratique dans les innombrables étangs que compte la région et a véritablement façonné son paysage typique et ses écosystèmes, tant et si bien que les bassins, prairies et marécages renferment aujourd’hui une richesse naturelle d’importance mondiale. L’agrotourisme constitue un autre secteur en expansion dans la région.

Initié en 2008 par des associations et des acteurs locaux, le Partenariat pour la vallée de la Barycz couvre une zone qui s’étend sur plus de 1 600 kilomètres carrés, sur huit communes (rassemblant près de 100 000 habitants au total). L’association, qui compte actuellement 120 membres représentant la communauté ainsi que les secteurs privé et public, est à la fois un GAL (groupe d’action locale LEADER) et un FLAG (groupe d’action locale pêche).

La Vallée de la CarpeLe « Partenariat pour la vallée de la Barycz » est une association qui met en

œuvre des projets et des stratégies de développement local, notamment en

appuyant l’aquaculture de la carpe, une activité traditionnelle très importante

dans cette région rurale de Basse-Silésie.

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Page 59: L’initiative locale réinvente l’Europe

Tourisme vertForte d’un soutien financier privé, européen et national (à titre d’exemple, le budget total pour 2009-2012 s’élevait à 15 millions d’euros) et avec le concours de ses membres et partenaires, l’association déploie des stra-tégies et favorise des projets qui contribuent au développement durable de la région. Par cette démarche, elle entend préserver le paysage traditionnel de la vallée de la Barycz par la mise en place d’un tourisme vert et de commerces proposant des produits et services traditionnels, dont la pêche.

Le partenariat met par ailleurs en œuvre des activités destinées à soutenir les com-munautés locales. Le concours du « village le plus actif » en est un exemple : il permet aux communautés rurales de bénéficier d’une aide destinée à accroître l’offre thé-matique de leur village par le biais d’ateliers d’artisanat, de formations, de stages et de compétences servant à promouvoir leurs activités en ligne, entre autres.

« Recommandé Barycz » constitue une autre initiative qui flirte avec le succès. Ce projet soutient les petites entreprises familiales produisant ou promouvant des produits et services locaux.

Journées de la CarpeLe partenariat soutient en outre un pro-gramme de promotion global qui porte sur l’ensemble de la région et comprend la création de circuits touristiques et d’offres en la matière. Depuis 2006, il organise aussi les Journées de la Carpe, une série d’événements qui se tiennent chaque année en septembre et octobre (saison de la pêche à la carpe) et mettent à l’honneur l’héritage culturel et culinaire (cuisine à base de poisson), les produits et les services de la vallée de la Barycz.

Compte tenu de leur popularité croissante, de l’implication des secteurs privé et public et des groupes locaux, du nombre croissant de touristes et des bénéfices qui en découlent, il ne reste plus qu’à espérer que ces activités se poursuivent de plus belle. Bien plus, l’infrastructure nécessaire et les partenariats durables ayant été mis en place, on peut s’attendre à ce que certaines des initiatives les plus promet-teuses soient progressivement capables de s’autofinancer.

Partenariat pour la vallée de la Barycz (Basse-Silésie, Pologne)

Contact : Marta Kamińska

E-mail : [email protected]

Site web : www.nasza.barycz.pl

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Page 60: L’initiative locale réinvente l’Europe

Services sociauxRegroupant six municipalités, le groupe d’action locale LEADER (GAL) de Laponie septentrionale couvre le plus vaste territoire rural de l’Union européenne (53 290 km²). Mais cette région se caractérise par sa très faible densité de population : à peine 0,17 habitant au km2 dans certaines municipalités. Qui plus est, les grandes distances qui séparent les municipalités entre elles ne font que compliquer la mise en place de services et d’actions de développement local.

L’élevage de rennes, l’agriculture, les acti-vités forestières et la pêche en eau douce composent le tissu économique de la région. À ces activités traditionnelles s’est ajouté le tourisme, qui constitue un secteur de plus en plus important. Et à l’instar du reste de l’Europe, la Finlande espère saisir les nouvelles opportunités économiques qu’offre l’exploitation des gisements pétroliers et miniers du Grand Nord. Sans compter les perspectives prometteuses de création d’emplois (ex. sous-traitance dans l’exploitation minière) offertes par l’écono-mie en expansion de la Russie voisine.

Le GAL de Laponie septentrionale mène des actions de développement local sur plusieurs fronts. Concernant l’aide sociale, il a ainsi conçu un modèle selon lequel des personnes employées dans leur propre village proposent des services aux per-sonnes âgées ou aux familles avec enfants en bas âge. Cette activité s’organise sous la forme d’une coopérative fondée par des développeurs ruraux, des professionnels des secteurs social et médical et la Munici-palité de Sodankylä. Cette organisation est très rentable du fait que la municipalité ne doit pas embaucher de nouveau personnel ni prendre en charge des déplacements pour accéder aux villages les plus reculés.

Développement local en LaponieLe groupe d’action locale le plus septentrional de Finlande est confronté à

des défis très spécifiques. Il a réussi toutefois à mettre en œuvre des projets

exemplaires dans ce milieu rural très peu peuplé.

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Kayak sous le soleil de minuitLe GAL est parallèlement à l’origine d’innom-brables associations destinées à stimuler le tourisme et l’organisation d’événements. Le kayak sous le soleil de minuit en est un exemple : cet événement annuel attire plus d’une centaine de participants qui rament à bord de grandes embarcations ou pagaient dans des kayaks sur un parcours de 110 km sur la rivière Kemijoki. Loin d’être une com-pétition, cette activité est surtout un prétexte pour profiter du caractère extrêmement particulier de l’été lapon. Le GAL s’attelle à présent au lancement d’un nouveau projet servant à faire évoluer cet événement local en une curiosité internationale.

Enfin, pour s’assurer que les villes et villages environnants profitent également de la manne que représente le secteur minier bourgeonnant, le GAL a lancé une série de projets destinés à les promouvoir comme des lieux de résidence pour les mineurs. Les retombées positives de l’exploitation minière stimulent quant à elles les entreprises locales, sous la forme de sous-traitance, d’une demande de services de la part des nouveau-venus et d’un pouvoir d’achat croissant, qui se traduisent à leur tour par la création de nouvelles entreprises et l’augmentation du chiffre d’affaires de toutes les sociétés présentes sur le territoire.

GAL de Laponie septentrionale(Laponie, Finlande)

Contact : Hanna-Leena Talvensaari

E-mail : [email protected]

Site web : http://www.pll.fi/in-english.php

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Page 62: L’initiative locale réinvente l’Europe

Röstånga est un village de 850 habitants situé sur les versants du Söderåsen, dans le parc national, un lieu réputé pour ses paysages naturels et les activités de plein air et de trekking qui s’y prêtent. Si l’em-placement est propice au développement du potentiel touristique et commercial, le village connaissait ces derniers temps quelques difficultés liées à la perte de ser-vices essentiels, à cause du dépeuplement (maisons vides, espaces commerciaux vacants, etc.). À l’instar d’autres zones rurales, le village a peu à peu été déserté par les services publics de base (école, maison de jeunes, soins de santé, etc.) et

par le secteur privé, qui n’est guère enclin à investir en raison des maigres perspec-tives de revenus et de la faible valeur de l’immobilier.

Villageois actionnairesPour faire face à cette carence, les habi-tants de Röstånga ont décidé de prendre les mesures qui s’imposaient pour réévaluer à la fois leur rôle dans le village et leur capacité à rendre eux-mêmes certains de ces services. De cette initiative est née la Société de développement de Röstånga (RUAB), constituée en majorité par les habitants. Ce sont eux qui gèrent cette

Les passerelles de RöstångaConstituée par les habitants et des associations locales, la Société de

développement de Röstånga (RUAB) est une entreprise sociale responsable de

plusieurs initiatives locales très intéressantes.

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entreprise sociale sous la forme d’une coo-pérative sans but lucratif, tous les bénéfices étant réinvestis dans l’entreprise.

Forte de 400 actionnaires, la RUAB est à l’origine de la création de plusieurs entreprises et services essentiels à la com-munauté. Le restaurant de l’ancienne gare en est un bon exemple : l’ancien bâtiment de la gare désaffecté depuis plusieurs années a été racheté par la communauté en 2012. Après avoir levé plus de 45 000 euros de capitaux privés locaux, la RUAB a été en mesure d’entreprendre la rénovation du bâtiment pour ensuite le sous-louer à une famille du village qui y tient un restaurant avec succès depuis avril 2013. Au terme de la première saison, cette location a rap-porté un loyer de 12 000 euros à la société de développement et créé trois emplois locaux à temps plein.

Success storiesLe musée d’art moderne de Röstånga est une autre réussite de la coopérative. Autrefois abandonné, ce bâtiment situé à côté de la retenue du moulin du village a été racheté puis rénové en 2010. Il abrite désormais l’un des plus petits musées d’art moderne de Suède.

Autre modèle de réussite dont la coopé-rative peut se targuer : un nouveau bus communautaire (appartenant à la RUAB) qui offre deux avantages – d’une part, ce mode de transport entraîne des économies d’énergie en limitant l’usage de voitures individuelles pour se rendre à des événe-ments sportifs et culturels ; d’autre part, le véhicule a pour effet de réunir les habitants et joue ainsi le rôle social d’un « lieu de rencontre sur roues ».

L’année 2014 verra enfin se développer deux autres services, à savoir une aide à domicile locale et l’organisation, d’événe-ments sociaux et autres à l’intention des personnes âgées. Le but de cette initiative ? Employer des habitants du village pour prendre soin de leurs aînés et, partant, transcender les barrières de génération dans le village.

Société de développement de Röstånga (RUAB)(Scanie, Suède)

Contact : Nils Phillips

E-mail: [email protected]

Site web : www.ruab.org

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Page 64: L’initiative locale réinvente l’Europe

Regroupant 354 villages (700 000 habi-tants), la région de Nitra dans le sud-ouest de la Slovaquie possède le climat le plus doux et l’agriculture la plus productive du pays. Entre 2006 et 2008, les autorités régionales ont créé les conditions propices à la mise en œuvre de stratégies de déve-loppement dans les microrégions rurales. Elles ont notamment organisé des forma-tions, élargi l’offre d’emplois et effectué les préparatifs nécessaires au déploiement de stratégies de type LEADER. En plus des cinq groupes d’action locale LEADER (GAL) approuvés par l’UE, la Région a décidé

de lancer un programme supplémentaire destiné à financer 15 autres partenariats entre les secteurs privé et public opérant en dehors des territoires couverts par LEADER. 116 projets ont été mis en œuvre dans les zones concernées.

Marque territorialeCe programme régional spécifique soutient un projet de marque territoriale consistant à certifier les produits locaux de qualité fabriqués dans les villages. La marque « Regionálny produkt PONITRIE® » (www.produktponitrie.sk) consacre ainsi la qualité,

Une marque territoriale stimule le développement ruralLa région de Nitra est la première en Slovaquie à avoir choisi de soutenir

financièrement elle-même la mise en œuvre de stratégies rurales intégrées

de type LEADER. Avec succès, comme le prouve la réussite d’une marque

territoriale pour les produits locaux.

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le respect de la culture et des traditions locales et des valeurs écologiques. Un réseau de producteurs et de prestataires de services locaux participent à la démarche. Le projet rassemble trois groupes LEADER et trois partenariats du programme régional.

Adoptant une approche ascendante, les autorités régionales ont collaboré avec des représentants d’artisans et de producteurs de la région pour concevoir le cahier des charges.

La marque territoriale concerne un large éventail d’activités : la peinture sur toile, sur soie et sur verre ; la reproduction d’armes contemporaines ; la fabrication d’objets en céramique ; la fabrication de costumes folk-loriques miniatures ; la sculpture sur bois, le macramé, la gravure et la décoration d’œufs de Pâques ; la production de gâteaux au miel décorés ; la culture du raisin et la viticulture ; l’apiculture et ses produits dérivés (ex. bougies à la cire d’abeille) ; la production d’hydromel ; l’élevage de bétail et de chevaux ; la gestion d’un salon de thé ; des installations d’agrotourisme ; des services d’accueil et de conférence ainsi que l’organisation de camps d’été.

CertificationEn décembre 2013, les utilisateurs de la marque territoriale se sont vu décerner les premières certifications. Parmi ces bénéficiaires, on compte une agence de voyages, des fabricants de produits arti-sanaux et alimentaires (graines de potiron, cire d’abeille, hydromel, lait de chèvre et de vache), des artisans traditionnels (objets en buis, décorations céramiques, statues et bas-reliefs en bois, poupées en costume folklorique, peintures) et des fournisseurs d’hébergement.

En résumé, cette marque territoriale offre non seulement une réelle valeur ajoutée aux produits locaux de la région, mais stimule également l’économie locale en créant de nouveaux emplois et en établissant des contacts entre les individus et les groupes.

Regionálny produkt PONITRIE®(Nitra, Slovaquie)

Contact : Martin Čaja

E-mail : [email protected]

Site web : www.produktponitrie.sk

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Page 66: L’initiative locale réinvente l’Europe

Au cours de ces 20 dernières années, depuis que la République de Lettonie a regagné son indépendance de l’Union soviétique, sa population de plus de 2 millions d’habitants commence à récolter les fruits d’une société plus démocratique en pleine croissance. La plupart des signes encourageants, toutefois, ne sont observés que dans la capitale Riga et les régions voisines, le reste du pays restant à la traîne.

Accueillant près de la moitié de la population, Riga et ses environs ont effectivement bénéficié de la majeure partie des investissements destinés au dévelop-pement socio-économique. Preuve de ce déséquilibre social, la Lettonie présente l’indice d’inégalité de Gini le plus élevé

(liste des pays classés en termes d’égalité de revenus) au sein de l’Union européenne (avec 35,9 % en 2012). Le pays figure également parmi les cinq États membres affichant les disparités les plus fortes en termes de développement régional.

Participation Pour corriger ces inégalités, le Forum rural letton (FRL) explore diverses voies permet-tant de renforcer son action et participation dans la prise de décision et l’élaboration des politiques. Ce réseau de groupes d’action locale (GAL) et d’organisations non gouvernementales (ONG) rurales a décidé en 2012 de se muer en une plateforme de la société civile rurale qui encourage le dialogue entre les communautés rurales et les décideurs politiques.

Inspiré par des expériences similaires menées dans les pays scandinaves et en Estonie, le FRL a organisé le 1er Parlement letton des communautés rurales qui s’est tenu du 6 au 8 juin 2013 en Latgalie, région la plus défavorisée du pays. Partageant leurs expériences dans le cadre de groupes de travail, les participants ont élaboré un plan d’action pour les zones rurales qui tient en 57 mesures que les populations locales, municipalités et ministères doivent mettre en œuvre au cours des deux prochaines années.

Le Parlement rural letton est lancéLa plate-forme nationale des ONG rurales de Lettonie met en place un nouveau

dispositif démocratique participatif pour le milieu rural : le « Parlement des

communautés rurales ».

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Page 67: L’initiative locale réinvente l’Europe

57 mesures L’initiative reçoit le soutien financier d’associations nationales et régionales, des collectivités locales, du Fonds social européen et du Mécanisme financier de l’espace économique européen. Cette aide ne serait toutefois pas aussi efficace sans l’intervention des innombrables bénévoles qui exécuteront les mesures planifiées.

Le plan d’action comporte une résolution qui plaide pour des lois dans plusieurs domaines, tels que la promotion du béné-volat, les coopératives de crédit en milieu rural, la formation d’animateurs ruraux, les produits locaux et le concept « d’appren-tissage tout au long de la vie » adapté à la population rurale. Le FRL a d’ores et déjà convenu que le parlement tiendrait une deuxième rencontre en 2015.

Même si le processus initié est encore en phase de développement, le FRL peut déjà se féliciter de quelques résultats : les populations rurales sont mieux visibles et davantage prises en compte par les ministères, même ceux qui ne s’occupent pas activement d’affaires rurales ou de questions de développement régional. La démarche en cours a par ailleurs permis de stimuler l’échange d’idées et d’ex-périences entre les territoires ruraux de l’ensemble du pays.

Forum rural(Lettonie)

Contact : Valdis Kudiņš

E-mail : [email protected]

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Page 68: L’initiative locale réinvente l’Europe

C’est au Parlement européen et avec Bruce Springsteen en trame sonore que Márta Márczis, présidente de l’AEIDL, a retracé un quart de siècle de construction européenne en résumant l’histoire de l’AEIDL débutée en 1988, l’année même où le « Boss » donnait son mémorable concert à Berlin-Est, aux pieds de ce « mur de la honte » qui tomberait l’année suivante. L’oc-casion de rappeler qu’il existait alors deux Europes, qui ne pouvaient pas encore ni se

rencontrer ni encore moins se rejoindre : à l’Est, des Européens assoiffés de liberté ; à l’Ouest, une construction européenne avec (encore) le vent en poupe : Acte unique, suppression des contrôles aux frontières internes et lancement des premières « initiatives de développement local » dont ELISE (European Local Initiatives System of Exchanges) qui allait aboutir à la création puis à l’envol de l’AEIDL avec LEADER (développement local rural) à partir de 1992.

Grand succès Plus de 150 personnes ont participé à la conférence « L’initiative locale

réinvente l’Europe » organisée à Bruxelles, les 19 et 20 février 2014, par

l’Association européenne pour l’information sur le développement local (AEIDL)

à l’occasion de son 25e anniversaire. Exposés, débats et réseautage autour

de 25 « initiatives porteuses d’avenir » ont montré que les démarches locales,

citoyennes et participatives en faveur du développement durable étaient plus

que jamais indispensables.

▲  Séance plénière de la conférence au Parlement européen (19 février 2014).

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Page 69: L’initiative locale réinvente l’Europe

L’Europe que nous aimonsDans un amphithéâtre du Parlement, plus de 150 personnes de 26 pays différents : acteurs « de terrain », députés européens, universitaires, représentants d’organisations et de réseaux ou même simples citoyens intéressés par le développement local et sa traduction concrète dans les territoires.

Yves Champetier, membre du conseil d’administration de l’AEIDL, a rappelé les valeurs et les idées défendues par l’asso-ciation et résumées dans une contribution collective diffusée pour l’occasion : « Notre conviction est que l’approche locale, l’implication citoyenne, l’innovation et l’expérimentation sociale, l’identification et le respect des biens communs, la solidarité entre territoires d’ici et d’ailleurs, l’invention de nouveaux modes de gouvernance multi-niveaux et multi-acteurs, peuvent contribuer au renouveau de l’Europe que nous aimons : riche de la diversité de ses paysages, de ses populations, de ses cultures, ouverte au monde, à la recherche de nouveaux équilibres économiques et sociaux. »3

Son intervention a été suivie par celle de Chris Brooks, professeur à Sciences Po. (Paris), qui a plaidé pour un développement local « vecteur de changement », à condition de réformer en profondeur le contexte dans lequel il évolue (maîtrise du système bancaire et rééquilibrage de la relation travail-capital notamment).

Marjorie Jouen, conseillère au think-tank Notre Europe-Institut Jacques-Delors, a ensuite résumé les origines, les défis actuels et l’importance plus que jamais indispensable du développement local pour « passer de l’‘homo economicus

3. Texte intégral pages 6-16

individualiste’ d’aujourd’hui à l’’homo localicus coopératif’ de demain. »

Cette approche locale coopérative que revendique l’AEIDL a été illustrée par la présentation de cinq réalisations concrètes à travers l’Europe : l’initiative Tot Raval qui renforce la cohésion sociale d’un quartier défavorisé du centre de Barcelone ; la coopérative sociale « Együtt Egymásért » (Tous ensemble) créée pour et par les habitants (roms en majorité) d’un petit village de Hongrie ; REALIS, l’écosystème d’innovation sociale mis en place en Lan-guedoc-Roussillon (France) ; la stratégie et les projets de développement mis en œuvre dans la vallée de la Barycz (Pologne) autour de la valorisation de son produit-phare, la carpe ; ECOLISE enfin, le nouveau réseau européen des groupes locaux engagés dans la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique, qui est en train de se structurer sous l’impulsion de l’AEIDL.

▲  Inauguration des locaux rénovés de l’AEIDL.

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Les députés européens Kinga Gönsz et Eric Andrieu (Alliance progressiste des socialistes et démocrates) ainsi que Hannes Lorenzen (conseiller pour Les Verts/Alliance Libre européenne) ont alors donné leur vision des perspectives politiques qui attendent l’Europe et le développement local dans les années à venir, avec comme nécessité « le passage d’une économie compétitive à une économie collaborative. »

Des débats qui ont enrichi ces interven-tions sont sortis deux points saillants : les ingrédients (la « poudre magique » pour reprendre l’expression de l’excellent ani-mateur Peter Woodward) nécessaires à la réussite d’une démarche de développement local et les messages à transmettre aux décideurs politiques. En ce qui concerne les ingrédients, ont été cités : la qualité du facteur humain (volontarisme et sens collectif selon Eamon O’Hara d’ECOLISE), l’aspiration au bonheur et les ressources pour y parvenir (Imre « Zorro » Mata d’Együtt Egymásért) et aussi le « désir de transgres-ser » (Michel Dupoirieux de REALIS). Quant aux principaux messages à faire passer aux décideurs : l’urgence d’un renouveau du projet européen, la responsabilisation des acteurs locaux ainsi qu’une meilleure prise en compte de l’action locale par les institutions.

25 initiatives locales porteuses d’avenirLa conférence s’est transportée le lende-main (20 février) dans les très conviviaux locaux du Bouche-à-Oreille, un café-théâtre situé à proximité de l’AEIDL. Pour cette seconde partie de l’événement, il s’agissait avant tout d’échanger en ateliers autour de 25 initiatives « porteuses d’avenir », de l’UE et d’ailleurs, présentées par leurs représentants.

Les travaux de cette matinée ont été introduits par François Saint-Ouen, maître de conférence au Global Institute de l’Université de Genève et Secrétaire général du Centre Européen de la Culture. Dans son intervention intitulée «L’Europe sous l’Europe», il a rappelé que la naissance de la Communauté européenne s’était faite sans les citoyens, puis que le développe-ment local notamment avait rapproché les citoyens de celle-ci, mais qu’aujourd’hui cette Europe semblait de nouveau bien éloignée des préoccupations des gens. Il est urgent, a-t-il conclu, de « réinventer l’Europe avec les citoyens et non plus uniquement en leur nom. »

Les 6 ateliers parallèles qui ont suivi ont permis d’aborder, à partir de la diversité des projets concrets présentés, tous les aspects présents et futurs du déve-loppement local : cohésion et inclusion, économie sociale et solidaire, développe-ment territorial et circuits locaux, qualité de vie, transition énergétique et changement climatique, etc.

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C’est Michael Dower, professeur à l’Université du Gloucestershire et militant de longue date du développement local, qui a brillamment synthétisé la richesse des débats et échanges de la conférence. Reprenant un à un, comme l’avait fait en introduction de la conférence Yves Cham-petier, les termes du slogan de la stratégie Europe 2020 de la Commission européenne (« Une croissance intelligente, durable et inclusive »), il a démontré que la croissance actuelle n’était ni « intelligente » (mauvaise utilisation des technologies…) ni « durable » (gaspillage des ressources…) ni « inclusive » (chômage massif notamment des jeunes…) et insisté sur le besoin de favoriser l’action et la démocratie participatives, de soutenir les petites et moyennes entreprises face aux géants de la globalisation, et d’utiliser les ressources – humaines et physiques – de façon beaucoup plus rationnelle. Il a souligné le rôle essentiel de l’animation, de la mobilisation des acteurs et des approches locales du développement, tout en rappelant que le développement local n’est pas une alternative au cadre macroéconomique et institutionnel mais au contraire un complément incontournable à celui-ci.

« Une ‘révolution ‘tranquille’ est en marche depuis 25 ans et cette révolution a besoin de réseaux », a-t-il affirmé. « ARC2020, d’autres réseaux et ceux, comme ECOLISE ou FARNET qu’anime l’AEIDL, s’inscrivent parfaitement dans cette philosophie pour qu’au bout du compte, à l’instar du mou-vement lancé en Suède il y a environ deux décennies, ‘toute l’Europe puisse vivre’. » 

Au final, on peut s’autoriser d’affirmer que cette conférence de l’AEIDL a été une réussite complète, tant par la qualité des interventions et des échanges qu’elles a suscités que par le réseautage intense qu’elle a permis de faciliter entre des parti-cipants qui le plus souvent se rencontraient pour la première fois.

La réception organisée le soir du 19 février dans les locaux fraichement rénovés de l’AEIDL n’a fait que renforcer et enrichir ces rencontres entre « acteurs du déve-loppement local » dans une atmosphère chaleureuse et conviviale.

Cette « réinvention de l’Europe par l’initiative locale » est décidément bien partie ! ■

▲  Georgia Efremova (AEIDL) accompagnée par des musiciens de l’association Kopanica.

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L’Association européenne pour l’informa-tion sur le développement local (AEIDL) a tenu une conférence à l’occasion de son 25e anniversaire. Organisé à Bruxelles, au Parlement européen en ce qui concerne les séances plénières, l’événement a attiré pas moins de 155 participants venant de 27 pays. La conférence fut rythmée par la présentation de 25 initiatives locales aussi diverses que variées, en œuvre dans 17 pays et couvrant des territoires très différents, allant des centres urbains métropolitains aux régions rurales les plus périphériques. Les principaux intervenants ont suscité le débat sur les perspectives politiques de l’Europe et du développement local ainsi que sur le positionnement de l’initiative par rapport aux évolutions économiques et institutionnelles.

Les multiples conversations qui se sont déroulées au cours de ces deux jours et les débats intenses auxquels nous avons pu assister lors de cette conférence attestent du degré d’engagement élevé des participants en faveur du projet européen. Ceux-ci saluent en particulier les résultats nés de cette démarche sans précédent : près de 70 années de paix, la liberté – qui rend si attractive l’Union européenne pour les migrants qui affluent toujours plus nombreux vers elle –, la libre circulation des personnes et des marchandises à l’intérieur de l’Europe. La conférence fut également l’occasion de célébrer ensemble la formi-dable diversité de l’Europe, symbolisée par ses reliefs, son climat, ses écosystèmes, sa faune et sa flore sauvages, son histoire, sa culture, ses langues, ses costumes, ses traditions culinaires et musicales, et bien d’autres choses encore. Nous avons par ailleurs salué la contribution de l’Union européenne – à travers ses programmes LEADER, URBAN et EQUAL, entre autres – en faveur des initiatives locales.

Une déconnexion croissanteDe nombreux intervenants ont toutefois évoqué la rupture marquée qui existe entre, d’une part, les aspirations de millions de citoyens européens et, d’autre part, la réalité du quotidien de beaucoup de gens.

Et TOUTE l’Europe vivra !Michael Dower, de l’Université du Gloucestershire (Angleterre, Royaume-Uni)

a synthétisé la richesse des débats qui ont émaillé la conférence

« L’initiative locale réinvente l’Europe ».

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Comment résumer cette rupture ? Le document préliminaire de l’AEIDL dépeint une vision de l’Europe telle que beaucoup de ses citoyens souhaiteraient la voir.

« L’Europe que nous aimons : riche de la diversité de ses paysages, de ses popula-tions, de ses cultures, ouverte au monde, à la recherche de nouveaux équilibres écono-miques, sociaux et environnementaux. »

Le conférence a rappelé que nous étions encore loin d’atteindre ces « équilibres économiques, sociaux et environnemen-taux », comme en témoignent les dizaines de millions de personnes sans emploi, tous ces jeunes n’ayant jamais encore exercé un métier rémunéré, les millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, celles contraintes par le dénuement à migrer de leur pays ou des zones rurales vers les villes, la discrimination et l’ex-clusion sociale dont souffrent beaucoup de minorités, les disparités toujours plus flagrantes entre les riches et les pauvres, sans parler de la préoccupation croissante

des populations quant aux conséquences du changement climatique et de la dégra-dation de l’environnement.

Face à ces déséquilibres, l’Union euro-péenne a adopté la stratégie Europe 2020, qui vise une « croissance intelligente, durable et inclusive ». Il s’agit de promouvoir des politiques de cohésion sociale, écono-mique et territoriale tout en s’efforçant de renforcer la compétitivité des entreprises européennes sur le marché mondial. Or ces mots semblent extrêmement creux pour ceux qui, justement, s’efforcent de mainte-nir « de nouveaux équilibres économiques, sociaux et environnementaux ». Ils estiment notamment :

> qu’il n’est pas intelligent de laisser une grande partie de la force de travail euro-péenne inoccupée, ou de dépendre de millions d’hectares hors des frontières européennes pour produire du soja destiné à nourrir du bétail qui pourrait mieux profiter de nos propres pâturages ou champs de maïs ;

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> qu’il n’est pas durable de tolérer la disparition continue d’une partie importante de la biodiversité en Europe, de laisser les nappes aquifères diminuer sous le seuil de sécurité, de continuer à mal gérer nos bassins hydrographiques et, partant, contribuer à des inondations dévastatrices, ou encore de consommer des carburants fossiles à grande échelle et, de ce fait, causer des émissions de carbone qui accélèrent le changement climatique ;

> qu’il n’est pas inclusif de tolérer des taux élevés de chômage, de sous-emploi et de pauvreté, ou encore de laisser per-durer l’exclusion sociale dont souffrent des millions de personnes dans les zones urbaines et rurales ;

> que l’objectif de croissance est une sinistre plaisanterie pour les millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, pour celles et ceux pour qui seuls les coûts et les difficultés au quotidien sont en croissance, et qui constatent avec une colère grandissante les disparités qui les séparent des couches sociales très aisées ;

> que le terme compétitivité, au sens où l’entend la Commission européenne à l’égard des entreprises actives sur le marché mondial, est un mot dépourvu de sens pour les centaines de milliers de petites et moyennes entreprises qui représentent, elles, la majorité des économies locales et régionales à travers toute l’Europe. Ces entreprises-là cherchent simplement la viabilité sur les marchés et aux niveaux auxquels elles opèrent.

Cette rupture entre les aspirations des indivi-dus et les réalités sociales et politiques qu’ils vivent explique l’autre échec majeur qu’ont souligné François Saint-Ouen et d’autres intervenants, à savoir le déficit démocratique qui sévit en Europe. Marjorie Jouen a ainsi expliqué que les fondateurs de l’Union européenne ne s’étaient tout simplement pas préoccupés des populations locales et du développement local. « Les citoyens n’ont réellement intégré la sphère européenne qu’après les élections du Parlement euro-péen par suffrage universel en 1979 ». Les évolutions qui ont marqué les années 1980, dont la chute de l’Union soviétique, ont suscité un rapprochement croissant entre les gouvernements et les citoyens.

« Sur de nombreux enjeux, tels que le changement climatique,

les citoyens sont souvent en avance sur les décideurs politiques,

trouvent et expérimentent des réponses locales. Mais leur démarche

ne pourra réussir que si les deux parties travaillent ensemble et

si les décideurs à tous les niveaux reconnaissent, soutiennent

et accompagnent l’initiative locale, sans toutefois détruire son

caractère ascendant essentiel. »

Eamon O’Hara, AEIDL / ECOLISE

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Cette situation a mené aux politiques des années 1990 qui encourageaient les initia-tives locales et notamment les programmes LEADER, URBAN et EQUAL, ainsi que d’autres initiatives.

Il n’en demeure pas moins que le déficit démocratique est toujours aussi présent. À cela s’ajoute un désintérêt toujours plus marqué des citoyens pour les élections européennes. La participation électorale qui s’élevait à 62 % en 1979 n’a cessé de chuter d’une élection à l’autre pour atteindre le faible taux de 42 % en 2009. En cause : le scepticisme croissant face à l’utilité, voire l’honnêteté, des hommes et femmes politiques. De fait, les citoyens croient de moins en moins en la capacité des gou-vernements, et de l’Union européenne, de résoudre les problèmes collectifs. À l’occa-sion de la dernière enquête Eurobaromètre menée par la Commission européenne, seulement 29 % des personnes interrogées estimaient ainsi que leur voix comptait au sein de l’UE.

L’élan en faveur de l’initiative localeLe titre de la conférence, « L’initiative locale réinvente l’Europe », pose la question suivante : l’action locale peut-elle remédier à cette rupture et rattraper ce déficit démocratique, et de quelle façon ? Bien sûr, ce n’est pas en premier leur vision de l’Europe qui motive la plupart des citoyens qui s’engagent dans des initiatives locales mais davantage leur famille, leur foyer, leur voisinage, leur lieu de vie. Et cela vient du cœur. Le monde ne leur accorde pas une bonne vie ? Qu’à cela ne tienne, ils cherchent les moyens de prendre leur propre vie en mains.

Nous ne pouvons qu’être encouragés par l’explosion des initiatives locales qui ont éclos au cours des 20 dernières années, comme en témoignent les 25 exemples présentés lors de cette conférence. En extrapolant à partir de ce riche échantillon, nous pouvons constater que l’élan en faveur de l’action est motivé par trois types de facteurs principaux, à savoir social, économique et environnemental.

▲  Fête de l’été organisée par Union Gewerbehof à Dortmund (Allemagne).

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Élan social. Nombre d’initiatives voient le jour grâce au simple désir des populations de s’entraider pour sortir de la pauvreté, de l’exclusion, du chômage ou d’autres situations défavorables. L’un des exemples les plus marquants à ce sujet nous vient du projet « Tous pour un, un pour tous » lancé par la communauté rom de Cserehat qui lutte contre la pauvreté par l’exploitation intelligente de ses propres ressources agricoles et forestières. Ce sont les mêmes motivations qui ont guidé les projets menés dans le bassin du Kavar en Turquie ou à Raval, l’un des quartiers les plus défavori-sés de Barcelone. Ces exemples, et bien d’autres, montrent que l’initiative locale peut contrer les situations défavorables dans la durée, du cœur même des villes à leurs banlieues, dans les grandes et petites villes, les zones périurbaines, les régions rurales et les territoires peu peuplés ou périphériques d’Europe comme, par exemple, la Laponie.

Le besoin d’initiatives locales et sociales de ce genre dépend non seulement de l’importance des problèmes à résoudre mais également de l’organisation des pouvoirs publics. Là où les autorités locales sont réellement présentes, elles peuvent donner une direction à l’initiative locale. C’est ce qu’illustre l’exemple de l’école

de La Porcherie, un petit village du sud de la France qui, voici quelques années, était menacée de fermeture en raison du manque d’enfants. Le maire du village est immédiatement intervenu pour résoudre le problème : la maison du directeur d’école étant inoccupée, il a passé une annonce dans la presse nationale pour y loger une famille nombreuse. Résultat : 70 familles ont répondu à l’appel. Le choix du maire s’est finalement porté sur un chauffeur de poids-lourd sans emploi originaire de Lille, qui a emménagé dans la maison avec ses 10 enfants. L’école était sauvée et le père de famille est devenu le menuisier du village. C’est la démocratie élective en action.

À l’inverse, une commune du nord de la Suède peut être si grande que le maire peut se trouve à 200 kilomètres de certains de ses administrés. Éloignés de tout et livrés à des hivers rigoureux, les petits villages n’ont d’autre choix que d’adopter une forme d’autonomie individuelle et collective. Ce n’est donc pas un hasard si la Suède compte plus de 5 000 groupes d’action villageois qui œuvrent pour le maintien ou la création des services et entreprises collec-tifs dont ils ont besoin. C’est la démocratie participative en action.

« Ce qui peut apparaître en théorie comme des sujets de conflits

ou des défis sont quotidiennement résolus par les initiatives

locales de manière pragmatique. »

Marjorie Jouen,

Conseillère spéciale à Notre Europe – Institut Jacques Delors

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Bon nombre des actions locales débat-tues naissent de la volonté de soutenir et d’améliorer la qualité des services locaux et le quotidien des personnes, ou encore de l’engagement en faveur de l’inclusion sociale, comme c’est par exemple le cas des Roms de Cserehat et de Cluj-Napoca, des chômeurs en Grèce, à Limerick ou à Barcelone, de la jeunesse de Grosseto ou des femmes de l’initiative indienne. L’initiative Quartiers Durables Citoyens à Bruxelles, la fondation Tot Raval à Barce-lone, la Southill Development Cooperative à Limerick et le Musée ouvert sur la cité dans le Sud-Tyrol sont autant d’exemples d’action globale en faveur de l’amélioration de la qualité de vie et de la cohésion sociale au sein des populations locales. Nombre de ces initiatives ont donné naissance à des solutions « gagnant/gagnant » qui pro-duisent des avantages socio-économiques.

Le groupe d’action locale de Laponie septentrionale en est un parfait exemple puisque ses membres peuvent trouver du travail dans leur propre village en fournis-sant des services aux personnes âgées ou aux familles avec enfants en bas âge.

Élan économique. Plusieurs des initia-tives locales présentées à la conférence sont nées de la frustration ressentie par les petits exploitants agricoles ou autres petites entreprises du fait qu’ils se trouvent loin sur la liste des priorités du système économique dominant. Dans ce système, la majeure partie du pouvoir de négocia-tion se trouve en effet entre les mains de multinationales, de grandes entreprises industrielles ou commerciales, ou encore de grandes exploitations agricoles, souvent liées entre elles dans des filières horizontales ou verticales. Sans compter qu’elles exercent une influence conjointe massive sur les marchés européens, les gouvernements et la classe politique. Elles sont du reste les principales bénéficiaires de la croissance et de la compétitivité, alors même qu’elles n’offrent aucune garantie en termes de durabilité ou d’inclusion.

Le scénario dans lequel évoluent ces acteurs puissants se résume au concept de l’Europe en tant que marché unique. Or, la réalité européenne est celle d’une multipli-cité de marchés locaux, où aucun n’est une « île » désolidarisée des autres économies

▼  Les cultures maraichères en serres, une des initiatives lancées à Kavar (Turquie).

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mais où chacun peut présenter un taux élevé de transactions internes. La structure économique qui régit ces marchés locaux est tissée par des centaines de milliers de petites et moyennes entreprises aux yeux desquelles la concurrence sur le marché européen ou mondial n’est pas pertinente. Ces entreprises sont avant tout préoc-cupées par leur viabilité et rentabilité en fournissant des biens et services aux habi-tants comme aux touristes de leur région. Leurs activités s’appuient généralement sur les compétences et les ressources de leur territoire ; leurs produits font partie des traditions, de la culture et du caractère de la région et ces entreprises renforcent cette culture en innovant et en adaptant leurs activités aux besoins d’aujourd’hui.

Ces marchés locaux fournissent le contexte propice aux initiatives locales économiques telles que décrites lors de cette conférence. L’initiative polonaise de la « Vallée de la carpe » s’est bâtie sur la tradition séculaire de l’aquaculture de la carpe tout en s’ap-puyant sur l’innovation et la coopération entre divers acteurs du territoire.

Elle attire jusqu’à 500 000 personnes chaque automne, renforçant considérablement par là même l’économie locale. Les initiatives locales ne manquent pas pour montrer comment les traditions locales et culinaires, le patrimoine culturel, la faune et la flore sauvages et d’autres ressources peuvent être valorisés de façon imaginative pour créer des emplois et augmenter les revenus dans les territoires ruraux ou urbains. Des formes inédites ou revisitées d’économie sociale ou coopérative voient le jour, comme le montrent le centre d’entreprises coopératif initié par l’Union Gewerbehof à Dortmund ou les entreprises soutenues par REALIS, le réseau d’appui à l’innovation sociale dans le Languedoc-Roussillon.

Élan environnemental. La troisième motivation qui se cache derrière bon nombre d’initiatives vient du sentiment fort que nourrissent des millions de citoyens européens envers la nécessité de mieux protéger notre planète. De cette vision globale découle la volonté toujours plus forte d’agir localement, comme en témoignent les organisations actives au sein du nouveau réseau ECOLISE initié par l’AEIDL. Les citoyens ont en effet le sentiment que les États membres et l’Union européenne ne saisissent pas réellement la gravité du défi environnemental, la réalité du changement climatique, le lien entre activité humaine (et notamment l’usage massif qu’elle fait des carburants fossiles) et le réchauffement potentiellement désastreux de l’atmosphère terrestre, ainsi que la perte énorme et progressive de biodiversité.

Aussi bon nombre d’initiatives locales sont-elles motivées par la conviction que les citoyens doivent intervenir là où les gouvernements en sont incapables, ou tout simplement ne le font pas.

▼  Aménagement d’un parc dans la région de Nitra (Slovaquie).

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C’est cette conviction qui guide le réseau de villes en transition (Transition Towns) qui s’élargit, les initiatives locales en matière d’énergie à Samsø au Danemark et les initiatives de proximité comme les jardins potagers communautaires de Porto. C’est cette conviction aussi qui permet de soute-nir des projets en faveur de la préservation environnementale, de remettre en état les terres abandonnées, comme c’est le cas près de Belgrade, et de régénérer des quartiers urbains, comme à Dortmund.

Des démarches exigeantesLa variété des points de départ – social, économique et environnemental – explique la diversité des initiatives locales présen-tées à l’occasion de cette conférence. Mais ce sont les intervenants du premier jour et les ateliers du lendemain qui nous ont permis d’articuler le caractère essentiel de l’initiative locale et d’identifier les éléments qui relient les différents projets entre eux.

Caractéristiques de l’initiative locale. Yves Champetier a mis en avant les différentes caractéristiques de l’initiative locale, à savoir un niveau d’enthousiasme élevé, la recherche de nouvelles solutions,

la création de nouveaux partenariats et méthodes de travail, une attention parti-culière accordée aux potentiels de chaque lieu, la volonté d’innover et d’échanger des idées, la création de liens entre les différents intérêts et secteurs, l’ouverture sur le monde et la solidarité. Invités par le président de la conférence à définir l’« action innovante », les participants ont fourni des réponses similaires aux points de la liste d’Yves, tout en ajoutant « une vision stratégique à long terme, un plan d’action efficace, l’évaluation et la volonté d’appren-tissage, la protection de l’environnement, la volonté d’expérimenter et de penser hors des sentiers battus ».

Boite à outils. Les initiatives locales pré-sentées pendant la conférence ont offert moult éléments d’action différents, certes parfois innovants et non conventionnels, mais qui, mis bout à bout, peuvent représenter une source d’inspiration comme une boîte à outils pour celles et ceux qui souhaitent initier ou poursuivre le développement local. Parmi ces éléments, il faut souligner le rôle des animateurs, celui des organismes agissant comme des catalyseurs et les techniques innovantes mises en œuvre.

« Politique régionale et politique rurale doivent fonctionner de concert

et dépasser les traditionnelles approches sectorielles pour se tourner

davantage vers les territoires. Pour y parvenir, nous devons en premier

lieu poser la question de la gouvernance des territoires : ils doivent

se mobiliser via des actions communes, avec toutes les parties

prenantes. Publics, privés, local, national, européen… tous les acteurs

sont concernés ! La Commission européenne, les Etats membres et

leurs administrations régionales doivent promouvoir ces formes de

gouvernances participatives. »

Éric Andrieu, député européen,

groupe Alliance progressiste des socialistes et démocrates

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Animateurs. La conférence a reconnu le rôle crucial joué par les individus qui prennent les choses en main et allument l’étincelle de l’ini-tiative locale. En Suède, par exemple, on les appelle les « esprits de feu ». Incités à préciser les qualités que requiert ce type de person-nalité, les participants ont fourni une série de qualités, parmi lesquelles « l’enthousiasme et la confiance dans les autres, le courage, un brin de folie, le sens de l’urgence, l’altruisme, la générosité, la capacité à expliquer simplement des idées complexes, avoir des relations avec les réseaux locaux, une bonne connaissance du territoire, des compétences organisationnelles et faire preuve de per-sévérance ». L’animateur doit en outre être « coopératif, optimiste et responsable, ouvert d’esprit, visionnaire, empathique, passionné, intraitable mais ouvert aux besoins sociaux, impatient mais endurant ».

Il doit par ailleurs être capable de « promou-voir l’intérêt général, de stimuler la capacité des personnes à participer, d’entreprendre de nouvelles actions en plus d’entretenir les acquis » et doit être « un rêveur qui garde les pieds sur terre ».

Catalyseurs. Une initiative locale doit certes être initiée par un « esprit de feu », mais elle sera vouée à l’échec si elle ne dépend que d’une seule et même personne.

La clé d’une initiative locale réussie réside dans son « appropriation » par la population locale, c’est-à-dire lorsqu’elle en implique les membres et devient une entreprise qui s’inscrit dans le cadre d’une démocratie participative. Un point parfaitement résumé par François Saint-Ouen .

Faire naître puis entretenir ces relations et cette participation collective : voilà le rôle des groupes ou organismes catalyseurs. La fondation Tot Raval en est une parfaite illus-tration, elle qui se trouve au centre du flux de projets mis en œuvre pour améliorer la qualité de vie et renforcer la cohésion sociale entre les habitants du quartier de Raval à Barcelone. Autres exemples : le Centre d’innovation sociale à Turin et REALIS dans le Languedoc-Roussillon, deux initiatives qui jouent un rôle similaire de catalyseur.

Innovations. Les initiatives locales présentées pendant la conférence sont représentatives du vaste éventail d’in-novations développées par des acteurs locaux pour produire des résultats positifs à partir d’une approche ascendante. Elles concernent de nouvelles formes de coo-pératives, des circuits alimentaires locaux, la création de marques territoriales, des groupes d’énergie locaux, des écovillages, des villes en transition et des « slow cities ».

« Les initiatives citoyennes ne peuvent pas aboutir à des communautés

citoyennes si elles restent isolées. Ces communautés ne pourront

se créer que par les relations qui vont se développer entre elles. En

d’autres termes, les réseaux et les processus de mise en réseau sont

une nécessité absolue. Désormais, les nouvelles technologies de

l’information et de la communication multiplient les possibilités de créer

des réseaux horizontaux qui permettent à la société de s’organiser sans

nécessairement passer par un centre et un pouvoir vertical. »

François Saint-Ouen,

Secrétaire général du Centre Européen de la Culture

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Des mécanismes financiers ont été mis en place pour retenir l’épargne locale ou injecter du capital local pour répondre aux besoins locaux : ces mécanismes portent sur la création de monnaies ou de banques locales, de banques du temps, le finance-ment participatif, ou d’autres mécanismes pour renforcer les fonds propres, tels qu’on les retrouve dans les initiatives locales RUAB, Samsø, Nitra, Torino Social Innova-tion et le Zeybu Solidaire.

Local et globalDeux des principaux intervenants de la conférence – Chris Brooks et François Saint-Ouen – ont mis l’accent sur le lien entre le foisonnement des initiatives locales qui émergent en Europe et les systèmes capitalistes et de gouvernance mondialisés. Ils ont notamment insisté sur le fait que les initiatives locales ne doivent pas chercher à concurrencer ces systèmes, quand bien même seraient-elles appelées à se répandre. Elles devraient plutôt servir à compléter, influencer et humaniser ces systèmes.

Chris Brooks nous a exhortés à renforcer et professionnaliser nos initiatives locales, de même que les réseaux qui les relient. Nous pourrions ensuite exploiter la force collective de ce mouvement, et de l’éventail grandissant des individus impliqués et touchés par celui-ci, pour influencer les pratiques des grands acteurs du système capitaliste. Les citoyens européens peuvent effectivement utiliser cette influence au travers de leur comportement en tant que consommateurs, actionnaires, électeurs et membres de coopératives ou d’entreprises sociales. Certains supermarchés offrent ainsi de plus en plus de produits locaux, bio ou équitables pour répondre à la demande des consommateurs.

François Saint-Ouen a par ailleurs insisté sur le fait que la dimension collective d’une action locale n’est en rien un substitut du gouverne-ment à tous les niveaux. Ce mouvement de « démocratie participative » doit davantage être perçu comme un complément au gou-vernement électif, un incitant et un partenaire. Ce vaste processus en cours dans les terri-toires urbains et ruraux doit s’appuyer sur un partenariat efficace entre gouvernements et citoyens : autrement dit, conjuguer approche ascendante et descendante.

Vision d’avenir En partant de ce message envoyé par nos intervenants, nous pouvons dire que la vague montante des initiatives locales à travers l’Europe est, de fait, une révolution tranquille. Ce mouvement ne sera cepen-dant réellement révolutionnaire que lorsqu’il sera collectivement moins tranquille, plus affirmé et mieux visible.

Réseaux. Les initiatives locales doivent parler d’une seule et même voix pour aug-menter leur visibilité. Ce qui implique plus de réseautage, ce que François Saint-Ouen appelle un « réseau dense et solide ». Nous constatons déjà les ébauches de cette mise en réseau avec la présence d’orga-nismes à l’échelle régionale ou nationale (Locality en Angleterre ou le Forum letton des communautés rurales) ou à l’échelle européenne, voire au-delà de nos frontières (Villes en transition et Ecovillages). Lancée par l’AEIDL, l’initiative ECOLISE contribuera à cet idéal de réseau en rassemblant des groupes et réseaux engagés dans des actions locales et citoyennes en matière de changement climatique et de déve-loppement durable en vue de renforcer la collaboration et le lien avec les « déci-deurs ».

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On a suggéré que l’AEIDL soit davantage chef de file dans ce processus. D’autres acteurs, tels que la plateforme ARC 2020, qui regroupe plus de 150 ONG rurales et environnementales, pourraient également jouer un rôle. Un défi en particulier, mis en avant à travers la grande variété géogra-phique des projets présentés pendant la conférence, c’est de relier les initiatives locales dans les régions urbaines et rurales d’Europe.

Des initiatives renforcées. Il ne suffit pas de créer des réseaux : encore faut-il assurer l’accroissement du nombre et de la capacité des initiatives locales. À cet égard, il serait probablement utile d’employer sous une forme différente les termes employés par l’Union européenne – « intelligent, durable et inclusif ». Les initiatives locales et leurs réseaux doivent s’efforcer de devenir :

> plus intelligents, c’est-à-dire plus compétents en tant qu’animateurs et cata-lyseurs, plus experts dans l e maniement

des techniques organisationnelles et financières, plus créatifs et humains dans l’utilisation des technologies de l’informa-tion et plus imaginatifs dans l’exploitation des ressources locales ;

> plus durables, en respectant l’environ-nement et les traditions, en trouvant des moyens d’économiser ou de créer de l’énergie sans recourir aux carburants fossiles et en assurant la pérennité des initiatives locales ;

> plus inclusifs, en s’assurant que les initiatives profitent à chaque citoyen, en encourageant la participation active des personnes aujourd’hui exclues de la société, en s’assurant du caractère authentiquement démocratique de la démocratie participative, ce qui assoira la légitimité des mouvements locaux sur le long terme et contribuera à la construc-tion d’une Europe plus démocratique.

▼  Le REconomy Centre, à Totnes (Royaume-Uni), accueille de nombreuses initiatives.

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Caractère local. La force des initiatives réside plus que tout dans leur caractère local. Nous devons continuer à appré-cier cette qualité à tous les niveaux : le sentiment d’appartenance à un lieu, son histoire, ses habitants, ses coutumes, sa communauté, son économie et son environnement. Le but n’est pas de promouvoir une approche introvertie car les populations locales ont tout à gagner de leur ouverture sur le monde. Il s’agit davantage de nourrir une fierté et une confiance envers la capacité des acteurs locaux à prendre leur sort en main. Cette capacité même à faire preuve d’ingéniosité constitue le véritable point de départ du développement local. Et il faut décider de l’initiative dont votre territoire a besoin avant d’envisager l’aide que les institutions publiques ou tout autre intervenant pourrait apporter. Ce point est parfaitement illustré par trois projets présentés simultanément dans le cadre d’un seul et même atelier pendant la conférence : le projet pour les Roms de Cserehat en Hongrie, l’initiative du Bassin du Kavar en Turquie et le projet SEWA en Inde. Dans chaque cas de figure, on constate la présence au point de départ d’un animateur local. Un catalyseur étranger à la communauté (le PNUD en

Hongrie, la fondation Hüsnü M. Özeyğin en Turquie et la Banque mondiale en Inde) est ensuite intervenu dans le processus en proposant des idées, permettant ainsi à la communauté locale d’élaborer son propre plan d’action. Sur la base de ce plan, enfin, elle a recherché les sources de finance-ment public. De plus, dans les trois cas, la communauté locale a par la suite mis sur pied ses propres entreprises pour s’assurer une source de financement et d’autonomie à plus long terme.

Ces exemples montrent bien que nous avons toutes les raisons d’être fiers de nos actions locales et que nous pouvons y croire. Nous devons donc accroître le nombre et la capacité des initiatives locales. Nous devons par ailleurs dévelop-per des réseaux solides et denses. Nous devons enfin nous affirmer et être visibles.

Mais comment établir un partenariat entre institutions publiques et initiatives citoyennes, partenariat si crucial pour les processus de développement en cours dans les régions urbaines et rurales ? Comment s’assurer que ce développement soit à la fois ascendant et descendant ?

« Il nous faut passer d’une économie compétitive, basée

sur la peur, à une économie coopérative. C’est tout le sens

de l’initiative locale. »

Hannes Lorenzen, Conseiller pour l’agriculture

et le développement rural, groupe des Verts /

Alliance libre européenne

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Un partenariat fondé sur le respect mutuel. Les « nouveaux équilibres éco-nomiques, sociaux et environnementaux » auxquels nous aspirons en Europe ne peuvent s’accomplir par les seules initia-tives locales, même si elles deviennent intelligentes, durables, inclusives et interconnectées. Ces équilibres ne peuvent pas non plus être le seul fait des institutions publiques, détachés de l’implication forte et collective des citoyens. Il faut donc un partenariat efficace entre gouvernements et citoyens, un partenariat qui repose sur le respect mutuel.

Les acteurs locaux doivent être conscients du fait que les grands systèmes institution-nels et économiques sont bien ancrés dans le paysage et appelés, par leur nature, à se mondialiser progressivement. Ces acteurs doivent donc évaluer les bénéfices que ces systèmes peuvent apporter et, sur cette base, rechercher leur collaboration plutôt que de s’y opposer, afin d’instaurer de nouveaux équilibres. Ils doivent par ailleurs prendre en compte les programmes de développement nationaux et européens et, ce faisant, tenter de contribuer de façon positive à l’élaboration de ces programmes en gardant à l’esprit l’intérêt des populations

qu’ils représentent. Ils doivent en particulier prendre en compte les efforts fournis par les organes publics à tous les niveaux pour soutenir les programmes de développement locaux et parvenir à la cohésion sociale, économique ou territoriale. À ce moment crucial de transition d’une période de programmation à l’autre au niveau de l’UE, les acteurs locaux doivent saisir l’opportu-nité offerte par la volonté de la Commission européenne d’intégrer dans le Cadre stratégique commun le « développement local mené par les acteurs locaux » (CLLD).

Les acteurs locaux peuvent dès lors raisonnablement demander aux Etats membres et à l’Union européenne de reconnaître la valeur des initiatives locales, qui insufflent réalité et pertinence dans les démarches de développement. On peut ainsi leur demander d’admettre toute une série de faits : les citoyens peuvent être à leur niveau les mieux placés pour cerner leurs besoins et problèmes ; les ressources locales humaines et matérielles consti-tuent un excellent point de départ pour le développement ; leurs propres ressources publiques doivent servir à compléter et à soutenir l’initiative locale.

« Le développement des territoires, l’appui aux initiatives

locales et la mise en place de structures citoyennes

peuvent ouvrir un vaste champ de coopération entre l’Etat

et les organisations locales, en particulier dans les zones

rurales où les problèmes sociaux se manifestent de façon

complexe et multiple. »

Kinga Göncz, députée européenne et ancienne secrétaire

d’état à la santé et aux affaires sociales de Hongrie

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On peut enfin leur demander d’honorer les droits individuels et collectifs qu’ont les citoyens européens à bénéficier d’un logement décent, d’un emploi, de services, d’un revenu familial, de la qualité de vie et de l’inclusion sociale.

Ce respect mutuel alimentera la volonté d’humaniser les processus complexes de développement qui nous concernent tous. Les acteurs locaux, de leur côté, doivent accepter d’utiliser les ressources publiques – cruciales pour instaurer une véritable cohésion sociale, économique ou territo-riale – avec la responsabilité et l’équité qui s’imposent. Les institutions doivent quant à elles accepter d’assouplir et d’humaniser les processus administratifs de façon à encourager, plutôt que contrer, les initia-tives locales et aménager un environnement propice à l’innovation qui, pour reprendre des termes utilisés à la conférence, « ne peut éclore dans un désert ».

Ces institutions saisiront la valeur des liens, de la cohérence et d’un degré de subsidiarité entre les politiques et actions aux différents niveaux de pouvoir. Ils reconnaîtront que la meilleure garantie d’un bien-être à long terme réside dans l’émer-gence d’initiatives, de communautés, de territoires actifs et autonomes.

Une évolution progressive des relations. Accomplir une telle vision requiert une évolution progressive des relations entre les institutions et les acteurs locaux, entre la démocratie élective et la démocratie participative. Nous devons donc améliorer les mécanismes existants et en instaurer de nouveaux pour faire le lien entre l’approche descendante des institutions et celle, ascendante, des initia-tives locales. Lancée par la Commission européenne en 1991, l’initiative LEADER

figure au nombre de ces mécanismes fré-quemment utilisés : les exemples d’Irlande, de Laponie et de Slovaquie illustrent dans quelle mesure le soutien et le financement LEADER ont pu venir en aide aux initiatives locales. Lors de la nouvelle période de pro-grammation de l’UE, les institutions et les citoyens doivent saisir ensemble l’oppor-tunité qui s’offre à eux pour appliquer les principes LEADER et le concept formalisé du CLLD dans les régions urbaines et rurales de l’Union européenne ainsi que dans les pays en voie d’adhésion et les pays du voisinage. Nous devons tous tenter de faire bon usage de tous les programmes et financements pertinents pour soutenir et faire progresser l’initiative locale, et pour encourager et faciliter la création de réseaux entre les initiatives locales pour renforcer et accélérer l’ensemble des forces créatrices de l’action locale.

▼  On replante au «Supernatural Park» près de Belgrade (Serbie).

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L’initiative locale réinvente l’EUROPEDans les années à venir, nous serons ainsi en mesure de réaliser le plein potentiel de cette « révolution tranquille » explorée pendant la conférence. L’émergence de territoires actifs et autonomes stimulés par les initiatives locales, de même que la reconnaissance par les institutions européennes et nationales de la garantie optimale qu’elles offrent en termes de bien-être à long terme, peuvent effectivement mener à la réinvention de l’Europe et à l’engagement croissant des citoyens envers le projet européen. Nous serons alors en mesure de saisir la vision de « L’Europe que nous aimons : riche de la diversité de

ses paysages, de ses populations, de ses cultures, ouverte au monde, à la recherche de nouveaux équilibres économiques, sociaux et environnementaux. » Une Europe qui soit effectivement « intelligente, durable et inclusive », au sens propre.

Le puissant mouvement en Suède qui sou-tient et représente plus de 5 000 groupes d’action locale dans les villages s’appelle « Hela Sverige Ska Leva » (« TOUTE la Suède vivra »). Ce n’est que lorsque nous aurons réalisé l’ambition du mouvement grandis-sant des initiatives locales qui fleurissent à travers ce continent si varié que nous pourrons dire « TOUTE l’Europe vivra ». ■

Retrouver l’essentiel de la conférence sur le site de l’AEIDL

http://www.aeidl.eu/fr/projets/conference-aeidl-2014.html

Un groupe de discussion « L’initiative locale réinvente l’Europe » est ouvert sur LinkedIn :

https://www.linkedin.com/groups?gid=7480159&trk=my_groups-b-grp-v

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« L’initiative locale réinvente l’Europe » : Acte premier

> A l’heure de mutations sans précédents, et d’une crise qui laisse de coté une grande partie de la population, et, en particulier des générations de jeunes,

> A l’heure de l’assimilation de l’Europe aux politiques d’austérité, de l’indiffé-rence voire de l’hostilité d’une partie croissante des populations sur le projet européen,

c’était un sacré pari d’organiser cette rencontre sous le titre « L’initiative locale réinvente l’Europe » !

Et pourtant ce fut un beau succès : non seulement par le nombre et la diversité des participants, mais surtout par le plaisir partagé de la rencontre, la qualité et la convivialité des échanges, la complémen-tarité entre témoignages et apport des uns et des autres, l’optimisme de volonté manifesté par chacun.

Plusieurs enseignements peuvent être tirés de ces deux jours :

1. Au niveau local, à travers les 25 responsables d’initiatives locales qui ont présenté leur action s’inventent bien les ingrédients d’une réinvention de l’Europe : volontarisme, énergie hors du commun, refus du fatalisme et du repli sur soi, recherche d’alternatives, ancrage dans des territoires, solutions « hors des sentiers battus », forte vision stratégique à long terme, projets mobilisateurs, partage, proximité, création de liens, ouverture au monde, coopération, solidarité, transformation sociale. Au niveau local, il s’agit bien de l’invention progressive de modèles de développement à la fois originaux, spécifiques à chaque territoire, tout en étant « intelligents, durables, inclusifs ».

2. Le besoin d’échanger, de se rencontrer, de confronter ses points de vue est fort et il a une double caractéristique :

• Echanger sur des méthodes, sur des outils, sur des expériences.

• Situer les actions conduites par chacun dans les mutations en cours, dans une recherche de sortie de crise, de transition, d’invention d’éco-nomies plus collaboratives, prenant mieux en compte les problématiques sociales et environnementales.

Sacré pari que ce titre « L’initiative locale réinvente l’Europe »

pour nos rencontres des 19 et 20 février 2014 !

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3. Ces rencontres AEIDL ont montré combien le dialogue peut être fécond :

• Quand il permet le croisement des diverses approches, qu’elles soient rurales, urbaines ou littorales, qu’elles concernent le développement écono-mique, l’innovation sociale, l’insertion sociale, la lutte contre les discrimina-tions, l’environnement et la transition énergétique. Chacune à sa façon contribue au développement local.

• Quand il se focalise moins sur des pro-cédures parfois si pesantes qu’elles font oublier les objectifs poursuivis, et plus sur la richesse des expériences, leur interrelation et leur finalité.

• Quand il se nourrit d’apports prospectifs d’universitaires, de cher-cheurs, de membres de « laboratoires d’idées ».

• Et qu’il permet de mieux se situer dans cette nécessaire « réinvention de l’Europe ».

« L’initiative locale réinvente l’Europe », c’est bien évidemment un chantier de longue haleine.

Nous à l’AEIDL, nous souhaitons au cours des prochaines années y prendre toute notre part aux cotés de toutes celles et tous ceux qui, au sein de notre belle Europe, sont porteurs d’initiatives prometteuses pour l’avenir.

Nous vous invitons à nous rejoindre ! ■

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Ch. St-Pierre

Rue Belliard

Schuman

Merode

Parc du Cinquantenaire

Av. des Nerviens

Rue de la Loi

Av. d’Auderghem

Rue Louis Hap

Rue des

Celt

es

Carte d’identité Nom : Association Européenne pour l’Information sur le Développement Local (AEIDL)

Statut : association sans but lucratif (asbl)

Année de création : 1988

Objectif : contribuer à une Europe solidaire, citoyenne, fondée sur le développement durable et l’égalité des chances, en offrant aux acteurs du développement local et de la société civile, ainsi qu’à différentes institutions, dont la Commission européenne, une vaste gamme de prestations.

Prestations : animation de réseau et assistance technique à la coopération ; évaluation et conseil ; information, communication et publication ; formation.

Champs d’activité : développement territorial (local, régional, rural, urbain…) ; environ-nement et développement durable ; emploi et développement social ; citoyenneté.

Organismes partenaires : institutions européennes ; collectivités territoriales ; décideurs et « développeurs » locaux, régionaux, nationaux et européens ; groupements de citoyens ; organisations professionnelles ; associations et organisations non gouverne-mentales (ONG).

Contact : AEIDL, Chaussée St-Pierre 260, B-1040 BruxellesT. +32 2 736 49 60 – F. +32 2 736 04 [email protected] | www.aeidl.eu

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L’initiative locale réinvente l’EuropeUne conférence et 25 initiatives porteuses d’avenir

pour célébrer les 25 ans de l’AEIDL

C’est sur ce thème que, à l’occasion de son 25e anniversaire, l’Association européenne pour l’information sur le développement local (AEIDL) a tenu une conférence les 19 et 20 février 2014 à Bruxelles.

L’événement, dont la première journée s’est déroulée au Parlement européen, a attiré pas moins de 155 participants venant de 27 pays.

Les interventions et débats ont porté sur les besoins de renouveau du projet européen prenant mieux en compte les initiatives des citoyens et des territoires pour relever les défis économiques, écologiques et sociétaux que nous devons affronter. Ils ont été alimentés par la présentation de 25 initiatives locales aussi diverses que variées, en œuvre dans 17 pays et couvrant des territoires allant de centres urbains métropolitains aux régions rurales les plus périphériques.

Cette publication retrace l’essentiel des contributions et débats, avec au cœur du document la présentation de ces 25 initiatives « porteuses d’avenir ».

L’initiative locale réinvente l’Europe

9 782930 818009

ISBN 978-2-930818-00-9