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1 LACAN Radiophonie 8 Avril 1970

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    LACAN

    Radiophonie

    8 Avril 1970

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    Ce document de travail (transcription littrale du fichier son) a pour sources principales : - Radiophonie [54 M, mp3], sur le site de Patrick VALAS. - Radiophonie [118 M, mp3], sur le site UBUWEB.

    Ce texte ncessite linstallation de la police de caractres spcifique, dite Lacan , disponible ici : http://fr.ffonts.net/LACAN.font.download (placer le fichier Lacan.ttf dans le rpertoire c:\windows\fonts)

    Les rfrences bibliographiques privilgient les ditions les plus rcentes. Les schmas sont refaits. N.B. Ce qui sinscrit entre crochets droits [ ] nest pas de Jacques LACAN. (Contact)

    Table

    I - Freud et Saussure II - Structure et psychanalyse III - Mtaphore et mtonymie IV - Inconscient et connaissance V - Connaissance et savoir VI - Savoir et vrit VII - Impossible et rel

    http://www.valas.fr/Jacques-Lacan-Radiophonie,087http://www.ubu.com/sound/lacan.htmlhttp://fr.ffonts.net/LACAN.font.downloadmailto:[email protected]

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    QUESTION I [04 02]

    Jacques Lacan, vous affirmez dans les crits, que Freud anticipe sans sen rendre compte les recherches de Saussure et celles du Cercle de Prague. Pouvez-vous vous expliquer sur ce point ? 1 Votre question me surprend demporter une pertinence qui tranche sur les prtentions lentretien que jai dhabitude carter. Cest mme une pertinence redouble, o deux degrs plutt : vous me prouvez avoir lu mes crits , ce quapparemment on ne tient pas pour ncessaire obtenir de mentendre, puis vous y choisissez une remarque qui implique lexistence dun autre mode dinformation que la mdiation de masse : que FREUD anticipe SAUSSURE nimplique pas quun bruit ait pass du premier au second. De sorte qu me citer, vous me faites rpondre avant que jen dcide, cest ce que jappelle me surprendre . Partons du terme darrive. SAUSSURE et le Cercle de Prague produisent une linguistique qui na rien de commun avec ce qui avant sest couvert de ce nom, retrouvt-elle ses clefs entre les mains des Stociens... mais quen faisaient-ils ? La linguistique avec SAUSSURE et le Cercle de Prague, sinstitue dune coupure qui est la barre pose entre le signifiant et le signifi, pour quy prvale la diffrence dont le signifiant se constitue absolument, mais aussi bien effectivement sordonne dune autonomie qui na rien envier aux effets de cristal : pour le systme du phonme par exemple qui en est le premier succs de dcouverte. On pense tendre ce succs tout le rseau du symbolique en nadmettant de sens qu ce que le rseau en rponde [code], et de lincidence dun effet : oui, dun contenu : non. Cest la gageure qui se soutient de la coupure inaugurale. Le signifi sera ou ne sera pas scientifiquement pensable selon que tiendra ou non, un champ de signifiant qui de son matriel mme se distingue daucun champ physique par la science obtenu. Ceci implique une exclusion mtaphysique, prendre comme fait de dstre. Aucune signification ne sera dsormais tenue pour aller de soi : quil fasse clair quand il fait jour par exemple, o les Stociens nous ont devancs. Mais jai dj interrog plus haut : quelle fin ? Duss-je aller ngliger certaines reprises de mots, je dirai smiotique toute discipline qui part du signe - pas du signifiant - du signe pris pour objet, et pour marquer que cest l ce qui faisait obstacle la saisie comme telle du signifiant. Le signe suppose le quelquun qui il fait signe de quelque chose. Cest le quelquun dont lombre a occult lentre dans la linguistique. Appelez ce quelquun comme vous voudrez, ce sera toujours une sottise. Le signe suffit ce que ce quelquun se fasse du langage appropriation, comme dun simple outil. De labstraction le langage nest plus que support, comme de la discussion moyen, avec tous les progrs de la critique - que dis-je ? - de la pense la clef. Il me faudrait anticiper - reprenant le mot de moi moi [cf. Le temps logique et lassertion de certitude anticipe , in crits p. 197] - sur ce que je compte introduire sous la graphie de lachose - lachose : l, apostrophe, a, c, h, o, etc. - pour faire sentir en quel effet prend position la linguistique. Ce nest pas un progrs : une rgression plutt. Cest ce dont nous avons besoin contre lunit dobscurantisme qui dj se soude aux fins de prvenir lachose. Personne ne semble reconnatre autour de quoi lunit se fait, et quau temps du quelquun qui recueillait la signature des choses [Jacob Boehme : De la signature des choses , Grasset, 1995], on ne prsumait pas assez de la btise cultive, pour oser inscrire le langage au registre de la communication , a cest de nous. Le recours la communication protge, si jose dire, les arrires de ce que prime la linguistique, en y couvrant le ridicule qui souvent ne se dcle que de la posteriori. Cest--savoir ce qui, dans loccultation du langage tout en premier, ne faisait figure que de mythe sappeler tlpathie . Enfants perdus, mendigots de la pense, que ce qui se targuait de sa transmission - la pense - sans discours. Il arrive pourtant, ce mythe, captiver FREUD - vous le savez - qui ny dmasque pas le roi de cette cour des miracles dont il annonce le nettoyage. Miracle, cest bien le cas de le dire, quand tous remontent celui - premier soprer - de ce quon tlptisse du mme bois dont on pactise : contrat social en somme, effusion communicative, les promesses du dialogue quoi ! Tout homme - qui ne sait ce que cest ? - est mortel : ah ! sympathisons dtre mis dans la mme boite ! Parlons de Tout, cest le cas de le dire, parlons de Tout ensemble, sauf de ce qui habite la tte du syllogiste mettre SOCRATE dans le coup [ Socrate est un homme... ]. Car de l il ressort que sans doute la mort est administre comme le reste, et par et pour les hommes, mais sans quils soient du mme ct pour ce qui est de la tlpathie que vhicule une tlgraphie, dont le sujet ne cesse pas dembarrasser chaque fois quon vient ce carrefour.

    1 De ces sept rponses les quatre premires ont t diffuses par la R.T.B. les 5, 10, 19 et 26-06-70, et par lO.R.T.F. (France-Culture : Atelier de Cration Radiophonique (A.C.R., Ren Farabet) le 7-06-70.

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    Que ce sujet soit peu communicable, quoique bien dtermin, est ce dont la linguistique prend sa force, force qui va jusqu mettre le pote - oui le pote ! - dans son sac. Car le pote se produit dtre

    quon me permette de traduire celui qui le dmontre, mon ami JAKOBSON dtre mang des vers, qui eux trouvent entre eux leur arrangement sans se soucier - cest manifeste - de ce que le pote en a su. Do la consistance chez PLATON de lostracisme dont il frappe le pote en sa Rpublique , et de la vive curiosit aussi, quil montre dans le Cratyle , pour ces petites btes que paraissent tre les mots, nen faire qu leur tte. On voit combien le formalisme tait prcieux soutenir les premiers pas de la linguistique. Mais cest tout de mme de trbuchements dans les pas du langage, dans ce quon appelle la parole , quelle a pris son lan Pour nous psychanalystes Que le sujet ne soit pas celui qui sache ce quil dit, quand bel et bien se dit quelque chose, par la bouche o on le loge, certes, mais aussi dans les balourdises dune conduite quon met son compte, dans la cervelle dont il ne saide qu ce quelle dorme - cet organe savrant ne tenir sa porte subjective que de ce quil rgle le sommeil. Voil ce que FREUD dvoile dans linconscient. Car mon passage en ce monde - au nom de LACAN - aura consist articuler que cest a et que ce nest rien dautre. Nimporte qui peut sen assurer maintenant, rien qu le lire. Nimporte qui opre selon ses rgles, psychanalyser, doit sy tenir - sauf le payer de choir dans la btise. Ds lors noncer que FREUD anticipe la linguistique, je dis moins que ce qui simpose, et qui est la formule que je libre maintenant : linconscient est la condition de la linguistique . Sans lruption de linconscient, pas moyen que la linguistique sorte du jour douteux dont lUniversit, du nom des sciences humaines , fait encore clipse la science. Couronne Kiev par les soins de BAUDOUIN De COURTENAY, elle y ft sans doute reste. Mais lUniversit na pas dit son dernier mot. Elle va de a :

    - faire sujet de thse : Influence, sur le gnie de Raymond De Saussure [lapsus : Ferdinand ] du gnie de Freud , - dmontrer do vint au premier le vent du second. Avant quexistt la radio !

    Cest faire comme si elle ne sen tait pas passe de toujours, pour assourdir autant. Et pourquoi SAUSSURE se serait-il rendu compte, pour emprunter les termes de votre citation, mieux que Freud lui-mme , de ce que FREUD anticipait, notamment la mtaphore et la mtonymie lacaniennes, lieux o SAUSSURE genuit [engendra] JAKOBSON ? Si SAUSSURE ne sort pas les anagrammes 2 quil dchiffre dans la posie saturnienne, cest quil en sait la porte vraie, la canaillerie ne le rend pas bte, cest parce quil nest pas analyste. Dans cette position, celle danalyste, par contre, les mauvais procds dont shabille linfatuation universitaire, ne vous rate pas leur homme - il y a l comme un espoir, on ne sait pas pour qui - et le jettent droit dans une bourde comme de dire que linconscient est la condition du langage. Quand il sagit de se faire auteur aux dpens de ce que jai dit - voire serin - aux intresss, savoir que le langage est la condition de linconscient . Je ris encore du procd devenu l strotype, au point que deux autres

    mais pour lusage interne dune Socit que sa btardise universitaire a tue ont os dfinir le passage lacte et lacting-out trs exactement des termes que je leur avais proposs, pour les opposer lun lautre, mais simplement inverser ce que jattribuais chacun. Faon, pensaient-ils, de sapproprier ce que personne navait su en articuler avant. Si je dfaillais maintenant, je ne laisserais duvre que ces rebuts choisis de mon enseignement, dont jai fait bute linformation dont cest tout dire quelle le diffuse. Ce que jai nonc dans un discours confidentiel - Sainte-Anne - nen a pas moins dplac laudition commune, au point de mamener par aprs un auditoire qui men tmoigne dtre stable en son normit. Je me souviens de la gne dont minterrogeait un garon qui avait assist la production de ma Dialectique du dsir et subversion du sujet devant un public fait de gens du Parti - le seul - parmi lesquels il stait gar comme marxiste. Jai gentiment - gentil comme je suis toujours - point la suite de ce rebut dans mes crits recueilli, lahurissement qui, de ce public, y fit rponse. Et le garon : croyez-vous donc - me disait-il - quil suffise que vous ayez dit quelque chose, inscrit des lettres au tableau noir, pour en attendre un rsultat ? . Un tel exercice a port pourtant, jen ai eu la preuve au titre seul dabord du rebut qui lui fit un droit pour mon livre, les fonds de la Fondation FORD qui motivait cette runion, davoir les ponger ces fonds, stant impensablement asschs du mme coup.

    2 Sur les anagrammes de Saussure cf. - Jean Starobinski : Les mots sous les mots, Gallimard, NRF, 1971 (2009). - Francis Gandon : De dangereux difices, d. Peeters 2002.

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    Cest que leffet qui se propage nest pas de communication de la parole, mais de dplacement du discours.

    FREUD, incompris, ft-ce de lui-mme, davoir voulu se faire entendre, est moins servi par ses disciples que par cette propagation l : celle sans quoi les convulsions de lhistoire restent nigme, comme les mois de Mai dont se droutent ceux qui semploient les rendre serfs dun sens - marxiste en loccasion - dont la dialectique se prsente comme drision. [20 10]

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    QUESTION II [20 25] Jacques Lacan, la linguistique, la psychanalyse et lethnologie ont en commun la notion de structure. partir de cette notion, ne peut-on imaginer lnonc dun champ commun qui runirait un jour psychanalyse, ethnologie et linguistique ? Structure est le mot dont sindique lentre en jeu de leffet du langage. partir de ceci que cest ptition de principe que den faire une fonction, individuelle ou collective, soit qui serait lattribut dun suppos [sub-pos : sub-jectum, ] dans lexistence qui, quel quil soit - moi ou organisme adapt de connaissance - implique le quelquun dont je parlais tout lheure. Fonction par o donc quelquun se reprsente les relations qui font le rel. Ce dernier terme tant pos dune catgorie lacanienne. Cest au contraire de la prsence dj dans la ralit - laquelle nest pas catgorie mais donn - de la prsence, non des relations au premier plan, mais des formules de la relation, qui prennent corps dans le langage, que nous partons, pour en suivre leffet qui est proprement la structure. Cest ainsi quun discours peut dominer la ralit, sans supposer consensus de quiconque. Car cest lui qui dtermine la diffrence, faire barrire entre sujets des noncs, au pluriel, et sujet de leur nonciation, au singulier. Rien de plus exempt didalisme que ce que je dis l ! Nul besoin dautre part, de parquer les structuralistes. Noir dessein leur faire endosser lhritage du pourrissement couvert - je ne dis pas caus - par lexistentialisme. Nimporte qui a se reprer de la structure, et sen trouvera bien. Pressentez ici ma rponse la runion de chapitres que vous me proposez. Nota - ceci dit - : le particulier de la langue est ce par quoi la structure tombe sous leffet de cristal, dit plus haut. Le qualifier, ce particulier, darbitraire est lapsus que SAUSSURE a commis de ce qu contrecur certes, mais par l dautant plus offert au trbuchement, il la pris partir de ce discours universitaire [U] dont je montre que le recel [S1Vrit de U], cest justement ce signifiant [S1] qui domine le discours du matre [M], celui de larbitraire [S1 asmantique aucun sens].

    U M

    On voit que parler de corps nest pas - quand il sagit du symbolique - une mtaphore. Car le dit corps se trouve - pour le corps pris au sens naf - dterminant : le premier fait le second de sy incorporer. Do lincorporel qui reste marquer le premier, du temps daprs son incorporation. Rendons justice aux stociens davoir su de ce terme [incorporel] signer en quoi le symbolique tient au corps. Incorporelles sont :

    - la fonction qui fait ralit de la mathmatique, - lapplication de mme effet pour la topologie, - ou lanalyse, en un sens large, pour la logique.

    Mais cest incorpore que la structure fait... laffect, ni plus ni moins, seulement prendre de ce qui de ltre sarticule, ny ayant qutre de fait, soit dtre dit de quelque part. Par quoi savre que du corps il est second quil soit mort ou vif. Qui ne sait le point critique dont nous datons dans lhomme ltre parlant : la spulture, soit o dune espce saffirme quau contraire daucune autre le corps mort y garde ce qui au vivant donnait le caractre : corps. Corpse reste, ne devient charogne, le corps quhabitait la parole, que le langage corpsifiait. La zoologie peut partir de la prtention de lindividu faire ltre du vivant, mais cest pour quil en rabatte, seulement quelle le poursuive au niveau du polypier. Le corps, le prendre au srieux, est dabord ce qui peut porter la marque propre le ranger dans une suite de signifiants. Ds cette marque, il est support de la relation, non ventuelle mais ncessaire, car cest encore la supporter que de sy soustraire. Davant toute date, Moins-Un dsigne le lieu dit de lAutre - avec le sigle du grand A - par LACAN. De lUn-en-Moins, le lit est fait lintrusion qui avance de lextrusion : cest le signifiant mme. Ainsi ne va pas toute chair. Des seules quempreint le signe les ngativer, montent - de ce que corps sen sparent - les nues, eaux suprieures de leur jouissance [cf. Lituraterre], lourdes de foudres redistribuer corps et chair. Rpartition peut-tre moins comptable, mais dont on ne semble pas remarquer que la spulture antique y figure cet ensemble mme dont sarticule notre plus moderne logique [ensembliste]. Lensemble vide [] des ossements est llment irrductible dont sordonnent, autres lments, les instruments de la jouissance : colliers, gobelets, armes, plus de sous-lments numrer la jouissance qu la faire rentrer dans le corps.

    http://archive.org/details/lathoriedesincor00brhihttp://fr.wiktionary.org/wiki/polypier

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    Ai-je anim la structure ? Assez, je pense, pour - des domaines quelle unirait la psychanalyse - annoncer que rien ny destine les deux que vous dites, spcialement. La linguistique, dabord, peut dfinir le matriel de la psychanalyse, voire lappareil de son opration. Elle laisse en blanc [elle est semblant : a] do se produit [S1] ce qui la rend effective cette psychanalyse, soit ce dont, larticuler comme Lacte psychanalytique [sminaire1967-68], je pensais clairer plus dun autre acte. Un domaine ne se domine que dun oprateur. Linconscient peut tre - comme je le disais - la condition de la linguistique, ceci ne donne la linguistique, pas la moindre prise sur lui. [la linguistique comme discours de la science (H) laisse en blanc le a, soit do se produit (S1) ce qui rend effectif le discours analytique : ce qui est laiss en blanc par la linguistique (et dans le discours de la science en gnral), est au cur du discours analytique]

    H A

    Jai pu lprouver de la contribution que javais demande au plus grand des linguistes Franais pour en illustrer le dpart dune revue de ma faon [La psychanalyse, N 1], que de ce fait jaurais voulue plus spcifie dans son titre - La psychanalyse, elle sappelait - rappeler ceux qui en ont fait bon march. De cette dmarche javais espr un pas dans le problme des mots antithtiques, dont il ny a pas stonner que FREUD lait introduit, si on mentend. Si le linguiste ne peut faire mieux que de formuler que le bon aise du signifi exige un choix dans lantithse, ceci doit donner aux gens qui de parler larabe ont faire face beaucoup de tels mots, autant de mal qu rpondre une monte de fourmilire. Il ny a pas moindre barrire du ct de lethnologie. Un enquteur qui laisserait son informatrice lui conter fleurette de ses rves, se fera rappeler lordre, le mettre au compte du terrain. Et le censeur ce faisant ne me paratra pas - fut-il [sic] Claude LVI-STRAUSS - marquer mpris de mes plates-bandes. O irait le terrain sil se dtrempait dinconscient ? a ny ferait - quoi quon en rve - nul effet de forage, mais flaque de notre cru. Car une enqute qui se limite au recueil dun savoir, cest dun savoir de notre tonneau que nous la nourririons. Dune psychanalyse elle-mme, quon nattende pas de faire le recueil des mythes qui ont conditionn un sujet de ce quil ait grandi au Togo ou au Paraguay. Car la psychanalyse sopre du discours qui la conditionne

    et que je dfinis cette anne la prendre par son envers [sminaire 1969-70 : Lenvers de la psychanalyse] on nobtiendra pas dautre mythe que ce qui en reste en ce discours : ldipe freudien. Du matriel dont se fait lanalyse du mythe, coutons LVI-STRAUSS noncer quil est intraduisible. Ceci bien lentendre, car ce quil dit cest que peu importe en quelle langue ils sont recueillis, toujours de mme analysables, de se thoriser des grosses units dont une mythologisation dfinitive les articule. On saisit l do vient le mirage dun niveau qui serait commun avec luniversalit du discours psychanalytique, mais aussi, et du fait de qui le dmontre - sans que lillusion sen produise. Car ce nest pas dun jeu de mythmes quopre la psychanalyse. Quelle ne puisse se passer que dans une langue particulire - ce quon appelle positive, mme jouer de la traduire - y fait garantie quil ny a pas de mtalangage selon ma formule. Leffet de langage ne sy produit que du cristal linguistique. Son universalit nest que la topologie retrouve, de ce quun discours sy dplace.

    Discours spcifi de ce que la mythologie sy rduise lextrme. Ajouterai-je que le mythe, dans larticulation de LVI-STRAUSS - soit : la seule forme ethnologique motiver votre question - refuse tout ce que jai promu de linstance de la lettre dans linconscient :

    - il nopre ni de mtaphore, ni mme daucune mtonymie, - il ne condense pas, il explique, - il ne dplace pas, il loge, mme changer lordre des tentes.

    Il ne joue qu combiner ses units lourdes, o le complment - assurer la prsence du couple - dmontre le poids dun savoir. Ce savoir est justement ce que ruine lapparition de sa structure.

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    Ainsi dans la psychanalyse - parce quaussi bien dans linconscient - lhomme, de la femme ne sait rien, ni la femme de lhomme : au phallus se rsume le point de mythe par o le sexuel est impliqu dans la passion du signifiant. Que ce point paraisse ailleurs se multiplier [essaim de S1 produits dans le discours A], voil ce qui fascine spcialement luniversitaire dans le discours duquel il fait dfaut [S1 en place de Vrit inaccessible dans U]. Do procde le recrutement des novices de lethnologie. O se marque un effet dhumour... dit noir bien sr, se peindre de faveurs de secteur.

    U A

    Ah ! faute dune universit qui serait ethnie, allons dune ethnie faire universit. Do la gageure de cette pche dont se dfinit le terrain comme le lieu o faire crit dun savoir dont lessence est de ne pas se transmettre par crit. Dsesprant de voir jamais la dernire classe, recrons la premire : lcho de savoir quil y a dans la classification. Le professeur ne revient qu laube... soit bien plus tard que le lever de la chouette hgelienne3. Jessaierai de garder mme distance, dire la mienne la structure, au nom de ce que votre question met en jeu de la psychanalyse. Dabord que, sous prtexte que jai dfini le signifiant comme ne la os personne, on ne simagine pas que le signe ne soit pas mon affaire ! Bien au contraire cest la premire, ce sera aussi la dernire. Mais il fallait ce dtour. Ce que jai dnonc dune smiotique implicite dont seul le dsarroi aurait permis la linguistique, nempche pas quil faille la refaire cette smiotique, et de ce mme nom, puisquen fait cest de celle faire, qu lancienne nous le reportons. Si le signifiant reprsente un sujet, dit LACAN - pas un signifi - et pour un autre signifiant - insistons : pas pour un autre sujet - alors comment peut-il tomber au signe qui de mmoire de logicien, reprsente quelque chose pour quelquun ? Cest au bouddhiste que je pense, vouloir animer ma question cruciale du Pas de fume sans feu . Psychanalyste, cest du signe que je suis averti. Sil me signale le quelque chose que jai traiter, je sais - davoir la logique du signifiant trouv rompre le leurre du signe - que ce quelque chose est la division du sujet : laquelle division tient ce que lAutre soit ce qui fait le signifiant, par quoi il ne saurait reprsenter un sujet qu ntre Un que de lAutre. Cette division rpercute les avatars de lassaut qui, telle quelle, la affronte au savoir du sexuel traumatiquement de ce que cet assaut soit lavance condamn lchec pour la raison que jai dite : que le signifiant nest pas propre donner corps une formule qui soit du rapport sexuel. Do mon nonciation : il ny a pas de rapport sexuel , sous-entendu : formulable dans la structure. Ce quelque chose o le psychanalyste, interprtant, fait intrusion de signifiant, certes je mextnue depuis vingt ans ce quil ne le prenne pas pour une chose, puisque cest faille, et de structure. Mais quil veuille en faire quelquun est la mme chose, puisque a va la personnalit en personne totale , comme loccasion chante lordure4. Le moindre souvenir de linconscient exige pourtant de maintenir cette place le quelque deux [cf. quelquun ], avec ce supplment de FREUD quil ne saurait satisfaire aucune autre runion que celle - logique - qui sinscrit : ou lun ou lautre . Quil en soit ainsi du dpart dont le signifiant vire au signe, o trouver maintenant le quelquun quil faut lui procurer durgence ? Cest le hic qui ne se fait nunc qu tre psychanalyste, mais aussi lacanien. Bientt tout le monde le sera, mon audience en fait prodrome, donc les psychanalystes aussi. Y suffirait la monte au znith social de lobjet dit par moi petit a, par leffet dangoisse que provoque lvidement dont le produit notre discours, de manquer sa production. [le discours analytique qui part de la position silencieuse de lanalyste (a) interroge le sujet (S) qui produit en retour des signifiants matres (S1) vides de sens (S1S2)]

    Que ce soit dune telle chute que le signifiant tombe au signe [S1 comme produit vide de sens reprsente quelque chose pour quelquun], lvidence est faite chez nous de ce que, quand on ny sait plus quel saint se vouer - autrement dit quil ny a plus de signifiant frire, soit ce que le saint fournit - on y achte nimporte quoi, une bagnole notamment,

    quoi faire signe dintelligence - si lon peut dire - de son ennui, soit de laffect du dsir dAutre-chose, avec un grand A. a ne dit rien du petit a parce quil nest dductible qu la mesure de la psychanalyse de chacun, ce qui explique que peu de psychanalystes le manient bien, mme le tenir de mon sminaire. Je parlerai donc en parabole, cest--dire pour drouter.

    3 G.W.F. Hegel : Principes de la philosophie du droit, Prface : Loiseau de Minerve prend son essor quand tombent les tnbres . 4 Cf. L'unit de la psychologie, PUF, Quadrige, 2013.

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    regarder de plus prs le pas de fume... si jose dire, peut-tre franchira-t-on celui de pas de sapercevoir que cest au feu que ce pas fait signe. De quoi il fait signe est conforme notre structure, puisque depuis PROMTHE une fume est plutt le signe de ce sujet que reprsente une allumette pour sa bote, et qu un ULYSSE abordant un rivage inconnu, une fume au premier chef laisse prsumer que ce nest pas une le dserte. Notre fume est donc le signe, pourquoi pas du fumeur ? Mais allons-y du producteur de feu : a sera plus matrialiste et dialectique souhait. QuULYSSE donne le quelquun , est mis en doute se rappeler quaussi bien il nest personne . Il est en tout cas personne [ : outis] ce que sy trompe une fate polyphmie 5. Lvidence pourtant que ce ne soit pas pour faire signe ULYSSE que les fumeurs campent, nous suggre plus de rigueur au principe du signe. Car elle nous fait sentir, comme au passage, que ce qui pche voir le monde comme phnomne, cest que le noumne, de ne pouvoir ds lors

    faire signe quau [nouss], soit au suprme Quelquun - signe dintelligence toujours - dmontre de quelle pauvret procde la vtre supposer que tout fait signe, cest le Quelquun de nulle part qui doit tout manigancer. Que a nous aide mettre le pas de fume sans feu au mme pas que le pas de prire sans dieu pour quon entende ce qui change. Il est curieux que les incendies de fort ne montrent pas le quelquun auquel le sommeil imprudent du fumeur sadresse. Et quil faille la joie phallique, lurination primitive dont lhomme - dit la psychanalyse - rpond au feu, pour mettre sur la voie de ce quil y ait, Horatio, au ciel et sur la terre, dautres matires faire sujet que les objets quimagine votre connaissance 6. Les produits par exemple la qualit desquels - dans la perspective marxiste de la plus-value - les producteurs, plutt quau matre, pourraient demander compte de lexploitation quils subissent. Quand on reconnatra la sorte de plus-de-jouir [des 4 objets(a) : oral, anal, scopique, vocal] qui fait dire a cest quelquun , on sera sur la voie dune matire dialectique peut-tre plus propice que la chair Parti bien connue se faire le baby-sitter de lhistoire. Ce pourrait tre le psychanalyste si sa passe tait claire [Cf. Proposition du 9 octobre 1967].

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    5 Cf. Homre, LOdysse : au cyclope Polyphme qui lui demandait son nom, Ulysse rpondait : [outis], personne . 6 Cf. Shakespeare, Hamlet, I, 5 : Il y a plus de choses sur la terre et dans le ciel, Horatio, que nen rve votre philosophie. (trad. Andr Lorant).

    http://www.ecole-lacanienne.net/pictures/mynews/5634CFB898FE7EB394D5476585323802/1967-10-09a.pdf

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    QUESTION III [44 04]

    Jacques Lacan, lune des articulations possibles entre psychanalyse et linguistique ne serait-elle pas le privilge accord la mtaphore et la mtonymie, par Jakobson sur le plan linguistique, et par vous sur le plan psychanalytique ? Je pense que grce mon sminaire de Sainte-Anne dont sort le traducteur de JAKOBSON en franais, plus dun de nos auditeurs en ce moment sait comment la mtaphore et la mtonymie sont par JAKOBSON situes de la chane signifiante :

    - substitution dun signifiant un autre pour lune[mtaphore], - slection dun signifiant dans la suite pour lautre[mtonymie].

    Do rsulte - et do seulement rsulte, ici cest moi qui le souligne - similarits dans un cas [mtaphore], contigit dans lautre.

    On voit quil sagit l dautre chose que du [lecton], de la spcification du signifi, qui nest pas rien quand elle est stocienne. Je passe... Cest celle que jai cru pouvoir illustrer du point de capiton , pour faire place ce que jappellerai leffet Saussure de distinction du signifiant et du signifi , et prciser quil rpondait assez bien, ce point de capiton, la comprenoire de laudience-matelas qui mtait rserve, bien entendu, Sainte-Anne, je parle danalystes. Il tait inutile de crier pour des gens qui ntaient l qu des fins diverses de ddouanement, conformment au style [sic] ncessit pour cette poque - a fait une paye ! - par lhrosme de la prcdente. Et ce nest pas pour rien que jai introduit mon point de capiton du jeu des signifiants dans les rponses faites par JOAD ABNER le collaborateur, au I, 1, dAthalie : la sous-jacence proprement analytique de ce discours naturellement ne pouvait, comme lordinaire, quchapper aux intresss. Do, quelques lustres de distance, lun deux sest ru faire du point de capiton - qui lavait tracass sans doute plus quil ne croyait lancrage que prend le langage dans linconscient. Le dit inconscient - loppos le plus impudent de tout ce que javais articul proprement de la mtaphore et de la mtonymie - le dit inconscient sinscrivant du grotesque figuratif du chapeau de NAPOLON trouver dans les feuillages de larbre, soit dans le dessin qui en est reprsentatif. On voit ici comment HITLER stait dessin denfances nes des tranches souffertes par leurs pres, dans les meudonneries du Front Populaire. La mtaphore et la mtonymie, loppos de cette promotion dune figurativit foireuse, donnaient le principe dont jengendrais le dynamisme de linconscient. La condition en est ce que je viens de dire de la barre saussurienne qui ne saurait tre prise comme signe de la proportion intuitive, comme barre de fraction : usage proprement parler dlirant, mais comme ce quelle est pour SAUSSURE : une barrire relle, soit sauter, entre le signifiant et le signifi. Cest ce quopre la mtaphore, laquelle obtient un effet de sens - non pas de signification - de lentre dun signifiant comme tel dans le champ du signifi. Bien sr ne manque-t-il dsormais dans la chane signifiante, ce signifiant, que dune faon que lon peut dire mtaphorique, quand il sagit de la mtaphore quon dit potique en ceci quelle relve dun faire , du coup appel posie . Comme elle sest faite, elle peut se dfaire. Moyennant quoi on saperoit que leffet de sens quelle produisait, se faisait dans le sens du non-sens : la gerbe ntait pas avare ni haineuse , pour la raison que ctait une gerbe comme toutes les autres, bte manger comme foin. Tout autre chose est leffet de condensation en tant quil est li un refoulement qui part de limpossible, concevoir comme limite do sinstaure par le symbolique la catgorie du rel. L-dessus un professeur 7...

    videmment induit par mes propositions - quil croit dailleurs contrer, alors quil sen appuie contre labus qui en est fait ...a crit des choses admirables. Au-del de lillustration du chapeau trouver dans les feuillages de larbre, cest de la feuillure de la page quil matrialise bel et bien une condensation typographique, celle qui des plis du drapeau fait lire rve dor , les mots qui sy disloquent pour quy soit port plat rvolution doctobre . Ici leffet de non-sens nest pas rtroactif dans le temps comme cest lordre du symbolique, mais bien actuel comme cest le fait du rel. Ceci de ce que le signifiant resurgisse comme couac dans le signifi de la chane suprieure la barre, signalant par l que sil en est dchu, cest dappartenir une autre chane signifiante qui ne doit en aucun cas tre recoupe de la prcdente, pour ce qu faire avec elle discours , celui-ci mme en serait chang dans sa structure de discours.

    7 Cf. J.F. Lyotard : Le travail du rve in Revue dEsthtique n 21, 1968, ou in Discours, figure , d. Klincksieck, 2002. Lyotard donne lexemple de laffiche du film de F. Rossif, Rvolution doctobre : Les lettres du titre sont dformes de manire produire le sentiment quun vent fait bouger le plan o elles sont crites [...] Pourtant ce nest quau dbut de la condensation. Si le vent soufflait plus fort, [...] certaines lettres disparatraient compltement dans les replis, dautres changeraient bel et bien de nature [...] Il arriverait que Rvolution dOctobre se lise Rvon dOre, sentende Rvons dor ...

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    Voil plus quil nen faut pour justifier le recours la mtaphore, de faire saisir comment oprer au service du refoulement, elle produit la condensation note par FREUD dans le rve. Cest quici, au lieu de lart potique, ce qui opre, ce sont des raisons. Des raisons, cest--dire des effets de langage en tant quils sont pralables la signifiance du sujet, mais que cest par l quils la font prsente, de nen tre pas encore jouer du reprsentant. Cette matrialisation intransitive - dirons-nous - du signifiant au signifiant, cest ce quon appelle linconscient qui nest pas ancrage mais dpt du langage, alluvions. Pour le sujet, linconscient, cest ce qui runit la condition ou il nest pas, ou il ne pense pas . Si dans le rve il ne pense pas, cest pour tre ltat de peut-tre . En quoi se dmontre ce quil reste tre au rveil et par quoi le rve savre bien la voie royale connatre o est sa loi.

    La mtonymie, elle, ce nest pas du sens davant le sujet [] quelle joue, soit de la barrire du non-sens [], cest de la jouissance o le sujet se produit comme coupure, qui lui fait donc toffe, mais ce que la jouissance se rduise une surface corporelle, ce qui soi-mme est le fait du signifiant. Non bien entendu que le signifiant sancre - a, n, - ni sencre - e, n, - dans la chatouille, cest toujours le mme truc, mais quil la permette entre autre comme signification dune jouissance, dont cest le problme que de savoir quil la dtermine rellement, que sous toute inscription glisse la passion du signifiant, laquelle il faut dire : jouissance de lAutre , parce qu ce quelle est dun corps qui elle a t ravie, qui de l peut devenir le lieu de lAutre. La mtonymie oprant dun mtabolisme de la jouissance dont le potentiel est rgl par la coupure du sujet, cote comme valeur ce qui sen produit. Les trente voiles dont sannonce une flotte dans lexemple rendu clbre dtre un lieu commun rhtorique, ont beau voiler trente fois le corps de promesse que portent rhtorique ou flotte, rien ne fera quun grammairien ni un linguiste y reconnaisse le voile de Maa . Rien ne fera non plus quun psychanalyste avoue qu faire passer sa muscade sans lever ce voile sur loffice quil en rend, il se ravale au rang de prestidigitateur. Pas despoir donc quil approche le ressort de la mtonymie quand, faire son catchisme dune interrogation de FREUD, il se demande si linscription du signifiant, oui ou non, se ddouble de ce quil y ait de linconscient. Question qui personne - hors de mon commentaire FREUD, cest--dire de ma thorie - ne saurait donner aucun sens. Est-ce que ce ne serait pas pourtant la coupure interprtative elle-mme - soit ce qui pour lnonneur sur la touche fait problme de faire conscience - qui rvlerait la topologie dont il sagit dans un cross-cap, ou ce quon appelle une bande de Mbius.

    Car cest seulement de cette coupure [mbienne] que cette surface, jusque l accessible de tout point un autre sans quon ait passer de bord - une seule face donc - se voit peu aprs pourvue dun recto et dun verso. La double inscription [du signifiant], elle, nest donc du ressort daucune barrire saussurienne, mais de la pratique mme qui en pose la question, savoir de ce qui fait passer linconscient au conscient, cest--dire que plus linconscient est interprt, plus il se confirme dun envers irrductible. Au point que la psychanalyse seule dcouvre quil y a un envers du discours, condition de linterprter. [car S1asmantique : S1 S2]. [La psychanalyse est lenvers du discours du matre, elle part de laporie o aboutit ce discours (impuissance logique de la formule du fantasme : aS)]

    M A (envers de M : 2 quarts de tour)

    Je peux dire ces choses difficiles, mesure mme de linaptitude de mes auditeurs qui y entrent pourtant de plain-pied. Mais que ce soit un vice du psychanalyste ce jour, de se vouloir le matre , et de l aussi inapte queux ce quil fait, il en obtient moins de succs. Cest ce qui fait chacun de mes crits si circonlocutoire faire barrage, do quon laborde, la bouche-que-veux-tu de lanalyste.

  • 12

    Il faut dire en effet que le dsir dtre le matre est le seul faire manquer la dimension proprement psychanalytique qui est que la cause du dsir nest pas son objet. Ce qui est la porte de la mtonymie du linguiste, pour peu que tout autre quun psychanalyste sen serve. Le pote par exemple, qui dans le prtendu ralisme fait de la prose son instrument. Jai montr en son temps que lhutre gober qui svoque de loreille que BEL-AMI sexerce charmer, ne change rien au fait que ce dont il sagit est dassurer sa jouissance de maquereau. Mais sans la mtonymie [de a] qui fait ici muqueuse de cette conque, plus personne de son ct [BEL-AMI] pour payer lcot que lhystrique exige, savoir ce qui fait la cause de son dsir elle : une jouissance bien Autre.

    On sait ici que le passage est ais du fait linguistique au symptme et que le tmoignage du psychanalyste y reste inclus. On sen convainc ds quil commence sexalter de son coute : hystrie de son middle age. Le coquillage aussi entend la sienne dcoute - cest bien connu - et quon veut tre le bruit de la mer, sans doute de ce que lon sache que cest elle qui la caill. Ils nen taient pas encore l, ceux qui voulaient que je fasse JAKOBSON plus dhonneurs, pour lusage dont il mtait. Depuis, ils mont fait objection que cet usage ne fut pas conforme quant la mtonymie. Leur lenteur sen apercevoir montre quel cerumen les spare de ce quils entendent quils en fassent parabole. Ils ne prendront pas la lettre que la mtonymie est bien ce qui dtermine comme opration de crdit - Verschiebung veut dire : virement - le mcanisme inconscient mme o cest pourtant lencaisse-jouissance sur quoi lon tire. Pour ce qui est du signifiant rsumer tout cela, je dis mal - parat-il - ce quil dplace, quand je traduis ainsi dplace : entstellt - la page, je ne sais pas, 11 peut-tre - de mes crits. Il dfigure dit le dictionnaire, cest la bonne traduction et on me lenvoie par exprs, voire ballon-sonde. Cest toujours le mme truc de la figure et de ce quon peut y papouiller. Dommage que pour un retour FREUD o lon voudrait men remontrer, on ignore ce passage du Mose o FREUD tranche quil ne faut pas le traduire autrement que dplace , parce que - ft-il archaque ce sens - cest le sens premier. Faire passer la jouissance linconscient, cest--dire la comptabilit, cest en effet un sacr dplacement. On constatera dailleurs, se faire renvoyer [cf. index p. 909] du mot Entstellung aux passages que je fais tourner autour de son emploi [crits p. 11, 511, 629, 662, 663, 668 ], que je le traduis comme il convient au gr de chaque contexte. Cest que je ne mtaphorise pas la mtaphore, ni ne mtonymise la mtonymie pour dire quelles quivalent la condensation et au virement dans linconscient. Mais je me dplace avec le dplacement du rel dans le symbolique, comme il faut le faire suivre linconscient la trace. [58 40]

  • 13

    QUESTION IV [59 36] Jacques Lacan vous dites que la dcouverte de linconscient aboutit une seconde rvolution copernicienne. En quoi linconscient est-il une notion-clef qui subvertit toute thorie de la connaissance ? Ouais...Votre question va chatouiller les espoirs, teints de fais-moi peur , quinspire le sens dvolu notre poque au mot rvolution . On pourrait noter son passage une fonction surmoque dans la politique, un rle didal dans le palmars de la pense. Je note que ce nest pas moi - hein - qui joue ici de ces rsonances, dont seule, je le dis, la coupure structurelle peut combattre leffet damortissement. Pourquoi ne pas partir de lironie quil y a mettre de la rvolution au compte des rvolutions clestes, qui nen donnent pas la note que je sache ? Quy a t-il de rvolutionnaire dans le recentrement autour du soleil du monde solaire ? Aprs tout, entendre ce que jarticule cette anne dun discours du matre, on peut y trouver que celui-ci y clt fort bien sa rvolution,

    laquelle par la boucle prise de la science [discours H], de l [pistm] que je dmontre pour sa vise, revient son dpart dun signifiant matre absolu [discours M], ici figure du soleil. Dans la conscience commune, lide que a tourne autour , voil lhliocentrisme, et il implique que a tourne rond, sans quil y ait plus y regarder. Mettrai-je au compte de GALILE, linsolence politique que figure le Roi-Soleil ? Les Anciens par contre ont prouv lusage en quelque sorte dialectique, quoi prtent les apparences qui rsultent de la bascule de la terre sur lcliptique. Des images de lumire et dombre sont l propices un discours articul. Jen prendrais lopposition dun photo-centrisme comme moins asservissant. La mtaphore que FREUD prend de COPERNIC - et la connoter plutt dun effet de chute que de subversion - vise atteindre le centrisme en lui-mme. Exactement la prtention - reue dune psychologie quon peut dautant mieux dire inentame son poque, quelle lest toujours - la prtention de la conscience pouvoir recenser ce dont elle dispose au registre de la reprsentation. Il est clair - le lire - que cette figure denglobement, parfaitement insouciante dirions-nous, des exigences dune topologie, pour simplement lignorer, est ce qui est vis dans la mtaphore de FREUD. Cest approfondir celle-ci quon rencontre sa pertinence, et cest en cela que je la reprends. Car lhistoire prise aux textes o la rvolution copernicienne sinscrit, dmontre que ce nest pas le changement de centre qui fait son nerf, au point quentre parenthses ctait pour COPERNIC lui-mme, le cadet de ses soucis. Ce autour de quoi tourne - mais justement cest le mot ne pas employer - autour de quoi gravite leffort dune connaissance en voie de se reprer comme imaginaire, cest nettement - on le lit faire avec KOYR, de lapproche de KEPLER, le journal - de se dptrer de lide que la forme circulaire, dtre la plus parfaite, peut seule convenir laffection du corps cleste. Introduire en effet la trajectoire elliptique, cest faire quelle vire se rapprocher du foyer occup par le corps matre [F1foyer solaire], mais aussi bien de lautre [F2 : deuxime foyer de lellipse], vide autant quobscur, dont elle se ralentit.

    Voil o gt limportance de GALILE :

    - ailleurs que dans lchauffoure de son procs, dont jai indiqu tout lheure que lenjeu est ambigu, sinon pas le parti y prendre,

    - mais dans les premiers pas quil fait faire la gravitation, dont va sclairer cette ellipse. Ce que je veux dire cest que sil y a quelque chose dans lhistoire illustrer - de la faon la plus opaque dailleurs - la dfinition que jai donne de la structure, cest la formule quenfin NEWTON met la clef de la chute des corps, expliquant par elle dfinitivement le chemin des astres. Car cest aussi la prsence en tout point du rel, autrement dit en chaque lment de masse, de la formule - prise en elle-mme - de lattraction, soit dune quation du second degr :

  • 14

    Nous avons touff en nous la surprise, voire le scandale, quattestent les contemporains de ce que chaque point du monde soit averti chaque instant des masses en jeu pour lattirer, aussi loin que stend le monde. Faut-il rappeler que le champ de gravitation se distingue par sa faiblesse des autres champs - lectromagntique par exemple - mis en jeu par la physique, et quil rsiste en outre lidal, presque ralis, de lunification du champ. Quoi quil en soit du retour desthtique transcendantale - jentends ces termes comme kantiens - que constitue la rectification einsteinienne dans son toffe : courbure de lespace, et dans sa justification : ncessit dun temps de transmission que la vitesse limite de la lumire ne permet pas dannuler. Il reste que la rvolution newtonienne sest affirme dtre impensable, cest ce quadmet NEWTON lui-mme de lhypotheses non fingo, et quelle confirme ma formule : que limpossible cest le rel . Inutile de souligner que dans le LEM alunissant [Apollo XI, 20-7-69], cest de la mme formule, cette fois ralise en appareil, quil sagit, do je souligne l a-cosmisme de la ralit prsente. Tout a nullement pour dire que NEWTON soit mettre au chef du structuralisme, ni-mme au compte de la structure, mais dabord que notre science se trouve - dans le champ des exactes - dj articule de ce dont le problme se pose dans le champ des conjecturales , pour souligner ensuite la forme quon peut dire inducable, qui dans la thorie de la connaissance se spcifie de la psychologie, car si comme on le prtend KANT se motive dune prtendue cosmologie rnover daprs NEWTON, comment se fait-il que rien ne sy articule de ce que NEWTON produit de la formule de la relation comme intruse dans le rel. La Chose en soi - par contre - de KANT, cest la psychologie qui snonce tout comme de WOLFF et de LAMBERT. Ainsi sera le moi autonome ramen bille en tte par la clique de New York en dpit de la rvolution freudienne. clairons notre lanterne : le noumne cest la connaissance que le monde a de soi-mme. Il nest pas tonnant que les formes de cette connaissance se dfinissent comme a priori, puisquil est - ce monde - de fait total. Mais quont-elles faire avec lquation de NEWTON et ce qui sen dduit comme acclration ? Rien dtonnant ce que la Raison, la Pure ou la Pratique, soient hors dtat ici den remontrer plus quelles ne sont comme organe, ce titre comme le reste aussi intrinsquement spcularis que peut ltre un solide quand il est de rvolution [cf. solides de rvolution], soit relevant dune gomtrie intuitive et pas rvolutionnaire du tout. Je remarque ici que la rvolution, de quelque grand R que lait pourvue la franaise, serait pourtant prsent :

    - rduite ce quelle est pour CHATEAUBRIAND : retour au matre, comme les autres. - Elle, la Grande , ne faisant que prcipiter pour un historien TOCQUEVILLE digne de ce nom,

    les idologies de lAncien Rgime, - voire pour un autre - TAINE - une folie bonne pour un internement prcautionneux jusqu ce quelle se calme. - Sans parler de la dbauche rhtorique cense la disqualifier.

    Oui...Tout cela si MARX ne lui avait donn ses titres de structure, la motiver - cette rvolution - du discours du capitaliste, avec la dcouverte quil comporte de la plus-value comme forclose dans ce discours, mais animant de ce fait la conscience de classe, soit permettant l luvre politique dont LNINE fait le passage lacte. Cest en quoi mon analyse de FREUD ritre COPERNIC dun autre biais que de mtaphore. FREUD, dans linconscient dcouvre lincidence dun savoir tel qu chapper la conscience, dtre hors prise de son recensement, il ne sen dnote pas moins dtre proprement articul, structur - dis-je - comme un langage , impensables autrement les effets dont il se marque, mais aussi bien nimpliquant pas que quoi que soit sy connaisse, au double sens :

    - de sy connatre comme sy connait lartisan, complice dune nature quoi il nat en mme temps quelle, - et de sy reconnaitre la faon dont la conscience fait croire qu il nest pas de savoir qui ne se sache tre sachant .

    Tel est ce savoir dit inconscient dont ce semble - sans quaussitt je le sanctionne - quune fois de plus cest limpossible qui le rejette dans le rel. Sil existe, il suffit disqualifier lillusion dune connaissance simple, non sans quelle subsiste, mais comme mirage contredit. Connaissance est fonction de nature , qui ici ne se sait que dune dnaturation, produite en rapport avec ce savoir par une suite de rtorsions :

    - les premires, affectant celui-ci dy produire des refoulements de signifiants, la figure ngative - minemment - sajoutant la condition de reprsentabilit quoi - tout matriel quil soit - le fait de signifiant rpugne, cependant quen revient expressment articul - et cest ce qui fait sa valeur - le dmenti quapporte linconscient, de ce qui pourrait, de ces effets, sinterprter dun sens. Par quoi linconscient ne jubile que du non-sens, du nonsense exactement.

    - Plus loin : il ne prend part la nature qu viter sa rencontre. Je ne rappelle que pour mmoire - et pour les ignorants - ces bateaux lacaniens qui me doivent dtre sous la rubrique des formations de linconscient . Il faut que je les complte : cest ce que soit rejet ce jeu de linsistance du savoir inconscient, partir dun sujet concevable den prononcer ce que FREUD appelle le verdict - que comme je le dis : forclos du symbolique, il reparat dans le rel de lhallucination .

    http://warmaths.fr/SCIENCES/unites/VOL%20CAPA/solrevo.htm

  • 15

    Cest fixer ces termes correctement que jai d des annes me rouler aux pieds de ceux dont ctait lexprience quotidienne, sans les arracher des rves, pour eux assez reprsentables pour quils continuent dormir. Il suffisait que - soucieux dun rveil ventuel - ils crussent ma ralit pour quils me rejetassent de ces dlices symboliques. Do revenu dans le rel de lE.N.S., de ltant donc [ens en latin] - crivez a avec un g [cf. caman ] si vous voulez - de lcole Normale Suprieure, je mentendis ds le premier jour rellement somm de dclarer quel tre jaccordais tout a. Je rpondis que la question me paraissait impropre, que je ne me croyais pas redevable, lendroit de mes auditeurs, daucune ontologie. Cest qu ne les rompre ma logie, je faisais lhonteux de son onto. Jai toute onto bue depuis longtemps, mes rponses ici en tmoignent. Je nirai pas par quatre chemins, ni par fort cacher larbre : ltre ne nat que de la faille que produit ltant de se dire. Formule qui relgue l auteur choir en acte, de ce moyen. Sil faut alors cet tant le temps de se dire, ce faut du temps est proprement ce par quoi ltre nous sollicite dans linconscient. Cest bien de ltre quy rpond chaque fois qu y faudra le temps . [ falloir et faillir donnent tous deux il faut au prsent de lindicatif, et il faudra au futur de lindicatif (2me forme pour faillir)]

    Mais entendez - je joue dcidment du cristal de ma langue o rfracter le signifiant pour dcomposer le sujet : Y faudra le temps : cest du franais que je vous cause, et jespre bien : pas du chagrin. Ce qui faudra du faut du temps dit la faille dont je suis parti, et bien que lusage dans une grammaire faite pour prvenir les Belges de leurs belgicismes, nen soit pas recommand, il y est reconnu : la grammaire autrement faudrait ses devoirs [ faudrait : 2me forme de faillir au conditionnel prsent]. Si peu sen faut quelle en soit l, vous touchez de ce peu la preuve que cest bien du manque quen franais le falloir passe la ncessit, cependant que l estuet - est opus temporis ici - est parti la drive, aux estuaires du vieux franais. Inversement ce falloir retourne la faille pas par hasard de la modalit subjonctive, la dfaillance : moins quil ne faille . quel niveau pour larticulation de linconscient trouver lattache du dire ltre ? Assurment ce que du temps lui fait toffe, nest pas dun court imaginaire, mais disons quelle - cette toffe - soit textile, faite de nuds qui ne veulent dire que des trous qui sy trouvent. Ce niveau na pas den-soi, sinon ce qui en choit de masochisme. Cest prcisment ce que le psychanalyste relve, de le relayer de quelquun . Il va supporter le faut du temps [a] aussi longtemps quil faudra pour qu se dire, ltant fasse tre quelque chose. On sait que jai voulu - quelques mois - introduire lnormit de Lacte psychanalytique [sminaire 1967-68]. Ce quelquun , par le psychanalyste relev, est ce dont ltre venir le dtermine selon la faon dont quelquun dfinit la voie du vrai. Il ny a quun savoir faire la mdiation du vrai, cest la logique, qui na dmarr du bon pas qu faire du vrai et du faux de purs signifiants, des lettres, ou comme on dit : des valeurs . Ce fut le fait des Stociens, non sans cohrence avec la morale dun masochisme politis. Les refus de la mcanique grecque ont barr laccs la logique mathmatique, do seulement a pu sdifier un vrai de pure texture. Cest pourquoi les Stociens purent tre harcels par les Sceptiques, dont la critique ne se soutient que de la supposition dun vrai de nature , vrai dire reconnu pour inaccessible. Cest justement ce que lexprience psychanalytique rfute, chacun en apprenant que le vrai de nature se rsume la jouissance que permet le vrai de texture . Lintervalle, dont quelquun joue y intervenir dans lanalyse, nest figurable que de la distance de lcrit la parole. Ce nest que de lcrit qua pu se sustenter une logique, la logique dite mathmatique , dont les Sceptiques auraient la surprise de constater quelle obtient lassurance irrfutable du vrai sur des assertions aussi peu vides que :

    - un systme dfini comme de lordre de larithmtique nobtient la consistance - dobtenir toujours dpartage du vrai et du faux - qu se confirmer dtre incomplet, soit dexiger lindmontrable de formules qui se vrifient dailleurs,

    - ou encore : cet indmontrable relve dautre part dune dmonstration qui en dcide indpendamment de sa vrit, - ou : il y a un indcidable qui sarticule de ce que lindmontrable ne saurait tre dcid.

    Les coupures du texte articulatoire de linconscient doivent tre reconnues dune telle structure, savoir de ce quelles laissent tomber. Car voici quune fois de plus je vais, du cristal de la langue, tirer parti remarquer que ce chu , dtre falsus du latin, lie le faux - certes fort distinct en son sens dopposer au vrai - notre faut du temps et son faillir parce quil est le participe pass de fallere, dont les deux verbes faillir et falloir proviennent chacun de son cot. Observez que je ne fais intervenir ltymologie quen soutien de leffet de cristal homophonique. Cest aussi que la dimension du faux a se corriger quand il sagit de linterprtation. Cest justement dtre falsa, mme pas bien tombe, quune interprtation opre de ce que ltre soit ct . Ne pas oublier que dans la psychanalyse le falsus est causal de ltre en procs de vrification.

  • 16

    FREUD sans doute son poque navait pas connaitre plus en ce champ que lappui de BRENTANO. Ce qui est parfaitement reprable, quoique discret, dans un texte comme celui de la Verneinung. Il suffirait indiquer o le quelquun fait le poids du cot de lanalyste, si je ne forai pas la voie enfin, sa puret de ludion logique. Mais sy ajoute chez FREUD ce trait que je crois dcisif : la foi unique quil faisait ces Juifs

    dont par ailleurs il repoussait, ce quil faut bien noter de sa dsignation daversion : l occultisme cette foi unique leur tait faite de ne pas faillir au sisme de la vrit. Pourquoi eux et pas dautres ? Sinon de ce que le Juif - et FREUD y a fini comme eux - cest celui qui de tous les sicles, partir du retour de Babylone, o quil soit all, a su lire, et que le Midrash est sa voie. Pour avoir le Livre du style le plus historique, le plus anti-mythique qui soit, le peuple hbreu linterroge

    du pied de chacune de ses lettres - et de celles-ci seulement - dune inflexion de dsinence, dun jeu dinterversion, dun voisinage mme pas tenu pour prconu

    interroge le livre sur ce quil na pu dire, sur lenfance de MOSE par exemple. Pourquoi dans cet intervalle o FREUD a si bien vu jouer le faux, lui fallut-il pousser la mort du pre, et ne pas se contenter de leffet de cristal conclure ici par la faux du temps [1re et 2me personnes du prsent de lindicatif de faillir ].

    [1 20 57]

  • 17

    Note [1 21 07] Je voudrais quon sache que ce texte ne prtend pas rendre compte de la rvolution copernicienne , entre guillemets, telle quelle sarticule dans lhistoire, mais de lusage mythique qui en est fait, et justement en loccasion par FREUD. Il ne suffit pas de dire par exemple que lhliocentrisme fut - comme je mexprime - le cadet des soucis de Copernic . Comment lui donner son rang ? Il est certain au contraire - on sait que je suis form aux crits de KOYR l-dessus - quil lui paraissait admirable que le soleil ft l o il lui donne sa place, parce que cest de l quil jouait le mieux son rle de luminaire - cest lui qui sexprime. Mais en est-ce l le subversif ? Car il le place non pas au centre du monde, mais en un lieu assez voisin, ce qui, pour la fin admire et pour la gloire du crateur, va aussi bien. Il est donc faux de parler dhliocentrisme. Le plus trange est que personne - quon entende bien : des spcialistes hors KOYR - ne relve que les rvolutions de COPERNIC ne concernent pas les corps clestes, mais les orbes. Il va de soi pour nous que ces orbes sont traces par les corps. Mais, on rougit davoir le rappeler, pour PTOLME comme pour tous depuis EUDOXE, ces orbes sont des sphres qui supportent les corps clestes, et la course de chacun est rgle de ce que plusieurs orbes la supportent concurremment : 5 peut-tre pour Saturne- je ne me souviens plus - 3 mon souvenir pour Jupiter. Que nous importe ! Comme aussi bien de celles - de celles de ces orbes - quy ajoute ARISTOTE pour tamponner entre deux corps clestes - les deux quon vient de nommer par exemple l : Saturne et Jupiter - leffet attendre des orbes du premier sur celles du second. Cest quARISTOTE, lui, il veut une physique qui tienne. Qui ne devrait sapercevoir de a, je ne dis pas lire COPERNIC dont il existe une reproduction phototypique, mais simplement y peler le titre : De revolutionibus orbium clestium ? Ce qui nempche pas des traducteurs notoires, des gens qui ont traduit le texte, dintituler leur traduction : Des rvolutions des corps clestes. Il est littral - ce qui quivaut ici dire : il est vrai - que COPERNIC est ptolmaste, quil reste dans le matriel de PTOLME, quil nest pas copernicien au sens invent qui fait lemploi de ce terme. Est-il justifi de sen tenir ce sens invent pour rpondre un usage mtaphorique : cest le problme qui se pose en toute mtaphore ? Comme dit peu prs quelquun : avec les Arts on samuse, on muse avec les lzards.8 . On ne doit pas perdre loccasion de rappeler lessence crtinisante du sens quoi le mot commun - sens commun - convient. Nanmoins ce reste un exploit strile si une liaison structurale nen peut tre aperue. question dinterviewer vaut rponse improvise. Du premier jet ce qui mest venu, venu du fond dune information que je prie de croire ntre pas nulle, cest dabord la remarque dont, lhliocentrisme joppose un photocentrisme dune importance structurale permanente. On voit de cette note quelle niaiserie tombe COPERNIC de ce point de vue. KOYR la grandit, cette niaiserie, la rfrer au mysticisme propag du cercle de Marsile FICIN. Pourquoi pas en effet ? La Renaissance fut occultiste, cest pourquoi lUniversit la classe parmi les res de progrs. Le tournant vritable est d KEPLER et, jy insiste, dans la subversion - la seule digne de ce nom - que constitue le passage quil a pay de combien de peine :

    - de limaginaire de la forme dite parfaite comme tant celle du cercle, - larticulation de la conique, de lellipse en loccasion, en termes mathmatiques.

    Ensuite - nest-ce pas - en ma rponse, je collapse incontestablement ce qui est le fait de GALILE, mais il est clair que lapport de KEPLER ici lui chappait, et pourtant cest lui qui dj conjugue entre ses mains les lments dont NEWTON forgera sa formule : jentends par l la loi de lattraction , telle que KOYR lisole de sa fonction hyper-physique, de sa prsence syntaxique. Quon se rfre au livre de KOYR : les tudes newtoniennes, la page 34 - il sexprime en ces termes. Alors, la confronter KANT bien sr, cette formule newtonienne, je souligne quelle ne trouve place dans aucune critique de la raison imaginaire. Et de fait cette formule newtonienne, cest la place forte dont le sige maintient dans la science lidal d univers par quoi elle subsiste. Le champ newtonien ne sy laisse pas rduire. Et enfin jy prendrai volontiers avantage pour y trouver confirmation de ma formule : limpossible, cest le rel . En somme cest de ce point - une fois atteint - que rayonne notre physique. Dautre part, dans ma rponse, inscrire la science au registre du discours hystrique, videmment jai laiss entendre plus que je nen ai dit. Ctait dvelopper, a le reste mme encore, mais jen ai amorc quelque chose dans mon sminaire de 69-70. Concluons. Je conclue cette note par cette formule : que labord du rel est troit. [1 27 58]

    8 Raymond Queneau : Les Ziaux, Muses et lzards in uvres compltes, Gallimard, Pliade, t. 1, p. 52.

  • 18

    QUESTION V [1 29 13]

    Si rvolution copernicienne il y a, quelles en sont les consquences sur le plan :

    - de la science dabord, - de la philosophie ensuite, - et plus particulirement du marxisme, voire du communisme ?

    Votre question, qui suit une liste prconue, mrite que je marque quelle ne va pas de soi aprs la rponse que je viens de faire. Elle semble supposer que jaie acquiesc ce que linconscient... subvertit toute thorie de la connaissance , pour vous citer, aux mots prs que jlide pour les en sparer : linconscient est-il une notion-clef qui... et la suite. Je dis : linconscient nest pas une notion. Quil soit une clef, a se juge lexprience. Une clef suppose une serrure. Il existe assurment des serrures, et mme que linconscient fait jouer correctement. Pour les fermer, pour les ouvrir ? a ne va pas de soi que lun implique lautre, a fortiori quils soient quivalents. Il doit nous suffire de poser que linconscient est, ni plus ni moins. Cest bien assez pour nous occuper un moment encore, aprs le temps que a a dur, sans que jusqu moi personne ait fait un pas de plus. Puisque, pour FREUD, ctait reprendre de la table rase en chaque cas : de la table rase

    - mme pas sur ce quil est, il ne peut le dire, hors sa rserve dun recours organique de pur rituel, - sur ce quil en est dans chaque cas, voil ce quil veut dire.

    En attendant, rien de sr, sinon quil est, et que FREUD en parler fait de la linguistique. Encore personne ne le voit-il, et contre lui chacun sessaie faire rentrer linconscient dans une notion davant, davant que FREUD dise quil est, sans que a soit ni a, et notamment pas non plus le a. Ce que jai rpondu votre question, veut dire que linconscient subvertit dautant moins la thorie de la connaissance quil na rien faire avec elle pour la raison que je viens de dire : savoir quil lui est tranger. Cest, sans quil y soit pour rien, quon peut dire que la thorie de la connaissance nest pas, pour la raison quil ny a pas de connaissance qui ne soit dillusion ou de mythe. Ceci bien sr, donner au mot un sens qui vaille la peine den maintenir lemploi au-del de son sens mondain : savoir que je le connais veut dire : je lui ai t prsent ou je sais ce quil fait par cur , dun crivain par exemple ou dun prtendu auteur en gnral.

    noter, pour ceux qui le [gnthi seauton : connais-toi toi mme] pourrait servir de muleta en loccasion, puisque ce nest rien dautre, que cette vise dexploit exclut toute thorie depuis que la consigne en a t brandie

    par le trompeur delphique. Ici linconscient napporte ni renfort ni dception : mais seulement que le sera forcment coup en deux, au cas quon sinquite encore de quelque chose qui y ressemble aprs avoir dans une psychanalyse mis lpreuve son inconscient. Brisons donc l : pas de connaissance, au sens qui vous permettrait laccolade dy envelopper les rubriques dont vous croyez maintenant pousser votre question, pas de connaissance autre que le mythe que je dnonais tout lheure, mythe dont la thorie ds lors relve de la mytho-logie ( spcifier dun trait dunion) ncessitant au plus une extension de lanalyse structurale dont LVI-STRAUSS fournit les mythes ethnographiques. Pas de connaissance mais du savoir, a oui, la pelle, nen savoir que faire, plein les armoires. De l, certains de ces savoirs [sans sujet] vous crochent au passage. Il y suffit que les animent un de ces discours dont cette anne jai mis en circulation la structure [H,U,M...]. tre fait sujet dun discours peut vous rendre sujet au savoir. Si plus aucun discours nen veut, il arrive quon interroge un savoir sur son usage prim, quon en fasse larchologie. Cest plus quouvrage dantiquaire si cest afin den mettre en fonction la structure - la structure, elle, cest une notion - dlaborer ce quil sensuit pour la ralit, de cette prsence en elle des formules du savoir, dont je marquais plus haut quel est son avnement notionnel, la structure. Il y a des savoirs dont les suites peuvent rester en souffrance, ou bien tomber en dsutude. Il y en a un dont personne navait lide avant FREUD, dont personne aprs lui ne la encore, sauf en tenir de moi par quel bout le prendre. Si bien que jai pu dire tout lheure que cest au regard des autres savoirs que le terme dinconscient, pour celui-ci, fait mtaphore. partir de ce quil soit structur comme un langage , on me fait confiance avec fruit. Encore faut-il quon ne se trompe pas sur ceci : que cest plutt lui - si tant est que ce ne soit abus de le pronommer - lui linconscient, qui par ce bout vous prend. Si jinsiste marquer ainsi mon retard sur votre hte, cest quil vous faut vous souvenir que l o jai illustr la fonction de la hte en logique [Le temps logique], je lai souligne de leffet de leurre dont elle peut se faire complice. Elle nest correcte qu produire ce temps : le moment de conclure .

    http://www.cnrtl.fr/definition/muleta

  • 19

    Encore faut-il se garder de la mettre au service de limaginaire [de la rvolution ]. Ce quelle rassemble est un ensemble... les prisonniers dans mon sophisme et leur rapport une sortie structure dun arbitraire

    ...non pas une classe. Il arrive que la hte errer dans ce sens, serve plein cette ambigut des rsultats que jentends rsonner du terme rvolution lui-mme. Car ce nest pas dhier que jai ironis sur le terme de tradition rvolutionnaire. Bref, je voudrais marquer lutilit en cette trace de se dmarquer de la sduction [du fantasme : a S], quand cest de production

    que laffaire prend son tour [mbien donc]. O je pointe le pas de MARX [le discours du capitaliste comme modalit du discours du matre : poser le a (production dobjets gnrateurs de la plus value) comme comblant le sujet S sur le mode du discours capitaliste (renversement de S1/S (M) en : S/S1)

    par une interprtation mbienne en double boucle)].

    : : Discours du matre Discours du capitaliste

    Car il nous met au pied dun mur, dont on stonne quil ny ait rien dautre reconnatre que ce mur [le rel, limpossible], pour que quelque chose sen renverse, pas le mur bien sr mais la faon de tourner autour [tourner en rond (coupure simple qui ne dfait rien), ou tourner en huit invers (coupure mbienne en double boucle qui dfait le cross-cap) ]. Lefficacit des coups de glotte au sige de JERICHO laisse penser quici le mur fit exception, vrai dire npargnant rien sur le nombre de tours ncessaires. Cest que le mur ne se trouve pas dans cette occasion l o on le croit : de pierre, plutt fait de linflexible dune vagance extra [ ex-sistence ]. Et si cest le cas, nous retrouvons la structure qui est le mur dont nous parlons, [le rel, le mur de limpossible des impasses logiques : Inconsistance (H), incompltude (M), indmontrable (U), indcidable (A)], le dfinir de relations articules de leur ordre [H M U A... : ronde des discours, car chaque discours, venir buter sur limpuissance du produit atteindre la vrit ( ce nest pas a ! ) provoque son renversement dans le discours suivant], et telles qu y prendre part on ne le fasse qu ses dpens :

    - dpens de vie ou bien de mort, cest secondaire, - dpens de jouissance, voil le primaire.

    Do la ncessit du plus-de-jouir pour que la machine tourne, la jouissance ne sindiquant l que pour quon lait de cette effaon, comme trou combler. Ne vous tonnez pas quici je ressasse quand dordinaire je cours mon chemin. Cest quici refaire une coupure inaugurale [coupure interprtative en double boucle de type mbienne], je ne la rpte pas, je la montre se redoublant recueillir ce qui en choit [la production du a : fantasme aS dans le discours du matre, se rsout dans le discours analytique

    par la coupure interprtative mbienne en double boucle, qui fait choir le a et rvle le sujet S (cf. Ltourdit : comment pourtant a se dfait ! ].

    Car MARX, la plus-value que son ciseau - le dtacher - restitue au discours du capital, cest le prix quil faut mettre nier, comme moi, quaucun discours puisse sapaiser dun mtalangage, du formalisme hglien en loccasion, [lAutre est irrmdiablement trou, aucun signifiant ni aucun langage ne peut venir ici en assurer la compltude : ni langage objet (Russell), ni arborescence logique (Chomski), ni le formalisme hegelien de La Phnomnologie de lEsprit . La faille, la bance, ne se voile que du fantasme aS (symbolico-imaginaire), leurre qui rapproche

    le sujet S dun peut-tre : a] mais ce prix, il la pay de sastreindre suivre le discours naf du capitaliste son ascendant,

    et de la vie denfer quil sen est faite.

    Cest bien le cas de vrifier ce que je dis du plus-de-jouir. La Mehrwert, cest la Marxlust, le plus-de-jouir de MARX, la coquille entendre jamais lcoute de MARX, voil le cauri dont commercent les Argonautes dun ocan peu pacifique, celui de la production capitaliste. Car ce cauri, la plus-value, cest la cause du dsir dont une conomie fait son principe : celui de la production extensive, donc insatiable, du manque--jouir :

    - il saccumule dune part pour accrotre les moyens de cette production, au titre du capital, - il tend la consommation dautre part, sans quoi cette production serait vaine,

    justement de son ineptie procurer une jouissance dont elle puisse se ralentir.

    http://www.cnrtl.fr/definition/s%C3%A9ductionhttp://www.cnrtl.fr/definition/vaguer

  • 20

    Quelquun nomm Karl MARX, voil calcul le lieu du foyer noir de lellipse de tout lheure - mais aussi capital - si jose dire - que le capitaliste. Dailleurs que celui-ci [Marx] occupe lautre foyer dun corps jouir dun Plus , ou dun plus-de-jouir faire corps, voil ce quest le calcul faux pour que la production capitaliste soit assure de la rvolution propice faire durer son dur dsir, pour citer l le pote quelle mritait [Paul luard : Le dur dsir de durer, 1946, uvres compltes, t. 2, Gallimard, La Pliade, p.83]. Ce qui est instructif, cest que ces propos courent les rues, la logique prs bien sr, dont je les pourvois. Quils sortent sous la forme dun malaise 9 que FREUD na fait que pressentir, allons-nous le mettre au compte de linconscient ? Certainement, oui ! Il sy dsigne que quelque chose travaille. Et ce sera une occasion dobserver que ceci ninflchit nullement limplacable discours qui en se compltant de lidologie de la lutte des classes, induit seulement les exploits rivaliser sur lexploitation de principe, pour en abriter leur participation patente la soif du manque--jouir. Quoi donc attendre du chant de ce malaise ? Rien, sinon de tmoigner de linconscient quil parle, dautant plus volontiers quavec le non-sens il est dans son lment. Mais quel effet en attendre, puisque vous le voyez, je souligne que cest quelque chose qui est, et pas une notion-clef ? se rapporter ce que jai instaur cette anne dune articulation radicale du discours du matre comme envers du discours du psychanalyste, deux autres discours se motivant dun quart de tour faire passage de lun lautre

    nommment le discours de lhystrique dune part, le discours universitaire de lautre ce qui de l sapporte, cest que linconscient na affaire que dans la dynamique qui prcipite la bascule dun de ces discours dans lautre.

    Or, tort ou raison, jai cru pouvoir risquer de les distinguer du glissement dune chane, articule de leffet du signifiant considr comme vrit, sur la structure en tant que fonction du rel dans la dispersion du savoir. Cest partir de l quest juger ce que linconscient peut subvertir. Certainement aucun discours, o tout au plus apparat-il dune infirmit de parole. Son instance dynamique est de provoquer la bascule dont un discours tourne un autre,

    par dcalage de la place o leffet de signifiant se produit. suivre ma topologie faite la serpe, on y retrouve la premire approche freudienne en ceci que leffet de progrs [renversement] attendre de linconscient, cest la censure. Autrement dit que, pour la suite de la crise prsente, tout indique la procession de ce que je dfinis comme le discours universitaire, soit contre toute apparence tenir pour leurre en loccasion, la monte de sa rgie. Cest le discours du matre lui-mme, mais renforc dobscurantisme. Cest dun effet de rgression par contre que sopre le passage au discours de lhystrique. Je ne lindique que pour vous rpondre sur ce quil en est des consquences de votre notion prtendue, quant la science. Si paradoxale quen soit lassertion, la science prend ses lans du discours de lhystrique. Il faudrait pntrer de ce biais les corrlats dune subversion sexuelle lchelle sociale, avec les moments incipients [du verbe latin incipio, troisime personne du singulier : il commence] dans lhistoire de la science. Ce serait rude mise lpreuve dune pense hardie.

    9 S. Freud : Das Unbehagen in der Kultur , Malaise dans la culture d. Flammarion, 2010.

    http://www.textlog.de/sigmund-freud-unbehagen-kultur.html

  • 21

    Elle se conoit de partir de ceci que lhystrique cest le sujet divis, autrement dit cest linconscient en exercice, qui met le matre au pied du mur de produire un savoir. Telle fut lambition induite chez le matre grec

    sous le nom de l [pistm]. L o la [doxa] le guidait pour lessentiel de sa conduite, il fut somm... et nommment par un SOCRATE - hystrique avou - de ce quil dit ne sy connatre quen affaire de dsir, patent par ses symptmes pathognomoniques

    ...de faire montre - somm il tait - de quelque chose qui valt la [techn] de lesclave et justifit de ses pouvoirs de matre. Rien trancher de son succs, quand un ALCIBIADE ny montre que cette lucidit davouer, lui, ce qui le captive

    en SOCRATE : lobjet(a), que jai reconnu dans l [agalma] dont on parle au Banquet, un plus-de-jouir en libert et de consommation plus courte. Le beau est que ce soit le cheminement du platonisme qui ait rejailli dans notre science avec la rvolution copernicienne. Et sil faut lire DESCARTES et sa promotion du sujet, son Je pense, je suis donc , il ne faut pas en omettre la note BEECKMAN : Sur le point de monter sur la scne du monde, je mavance masqu. [Prambule des Cogitationes Privatae, note du 1er janvier 1619 : Ut comdi, moniti ne in fronte appareat pudor, personam induunt, sic ego hoc mundi teatrum conscensurus, in quo hactenus spectator exstiti, larvatus prodeo . Les comdiens, appels sur la scne, pour ne pas laisser voir la rougeur sur leur front, mettent un masque (personam induunt). Comme eux, au moment de monter sur le thtre du monde o, jusquici je nai t que spectateur, je mavance masqu (larvatus prodeo) ]. Lisons le cogito, le traduire selon la formule que LACAN donne du message dans linconscient. Cest alors : Ou tu nes pas, ou tu ne penses pas adress au savoir. Qui hsiterait choisir ? Le rsultat est que la science est une idologie de la suppression du sujet, ce que le gentilhomme de lUniversit montante sait fort bien. Et je le sais tout autant que lui.

    Le sujet, se rduire la pense de son doute, fait place au retour en force du signifiant-matre [S1], le doubler, sous la rubrique de ltendue, dune extriorit entirement manipulable. Que le plus-de-jouir, donner la vrit du travail qui va suivre, y reoive un masque de fer - cest de lui que parle le larvatus prodeo - comment ne pas voir que cest sen remettre la dignit divine - et DESCARTES sen acquitte - dtre seule garante dune vrit qui nest plus que fait de signifiant ? Ainsi se lgitime la prvalence de lappareil mathmatique, et linfatuation momentane de la catgorie quantit . Si la qualit ntait pas aussi encombre de signifis, elle serait aussi propice au discernement scientifique : quil suffise de la voir faire retour sous la forme de signes (+) et (-) dans ldifice de llectromagntisme. Et la logique mathmatique - Dieu merci, si jose dire - nous fait revenir la structure dans le savoir. Mais vous voyez que si la connaissance na pas encore repris connaissance, cest que ce nest pas du fait de linconscient quelle la perdue. Et il y a peu de chance que ce soit lui qui la ranime. De mme quon sait :

    - que la connaissance a err en physique, tant quelle a voulu sinsrer de quelque dpart esthsique, - quest reste noue la thorie du mouvement, tant quelle ne sest pas dptre du sentiment de limpulsion, - que cest seulement au retour du refoul des signifiants, quest d quenfin se livre lquivalence du repos

    au mouvement uniforme, de mme le discours de lhystrique dmontre quil ny a aucune esthsie du sexe oppos, nulle connaissance au sens biblique [esthsie : du grec , asthesis : sensation], rendre compte du prtendu rapport sexuel. La jouissance dont il se supporte - ce prtendu rapport - est, comme toute autre, articule du plus-de-jouir par quoi dans ce rapport le partenaire ne satteint :

    1) pour le vir : qu lidentifier lobjet(a), fait pourtant ds longtemps indiqu dans le mythe de la cte dAdam, celui qui faisait tant rire, et pour cause, la plus clbre pistolire de lhomosexualit fminine : Mme de SVIGN pour la nommer,

    2) pour la virgo : - ce plus-de-jouir - qu le rduire au phallus, soit au pnis imagin comme organe de la tumescence : soit linverse de sa relle fonction.

    Do les deux rocs :

    1) de la castration, o le signifiant femme sinscrit comme privation,

    2) de lenvie du pnis, o le signifiant homme est ressenti comme frustration.

  • 22

    Ce sont les cueils mettre la merci de la rencontre, laccs - prn comme naturel par des psychanalystes - la maturit du gnital. Car cest l lidal btard de ceux qui se disent daujourdhui 10, et dont ils masquent quici la cause est dacte, et de lthique qui lanime, avec sa raison politique ventuellement. Cest aussi bien ce dont le discours de lhystrique questionne le matre : Fais voir si tes un homme ! . Mais la reprsentation de chose , comme dit FREUD, ici nest plus que reprsentation de son manque. La toute-puissance nest pas, cest bien pour cela quelle se pense. Et quil ny a pas de reproche lui en faire, comme le psychanalyste sy obstine, imbcilement. Lintrt nest pas l : faire son deuil de lessence du mle, mais produire le savoir dont se dtermine la cause qui fait dfi en son tant. L-dessus lon dira, non sans prtexte que les psychanalystes en question ne veulent rien savoir de la politique. Lennuyeux est quils sont assez endurcis pour en faire profession eux-mmes, et que le reproche leur en vienne de ceux qui, pour stre logs au discours du matre MARX, font obligation des insignes de la normalisation conjugale : ce qui devrait les embarrasser, sur le point pineux d linstant. Dtail au regard de ce qui nous intresse : qui est que linconscient ne subvertira pas notre science lui faire faire amende honorable aucune forme de connaissance. Quil fasse semblant parfois de ce que la nique quil y introduit, soit celle des nocturnes habitant laile effondre du chteau de la tradition, linconscient sil est clef, ce ne le sera qu fermer la porte qui brait dans ce trou de notre chambre coucher. Les amateurs dinitiation ne sont pas nos invits. FREUD l-dessus ne badinait pas. Il profrait lanathme du dgot contre ces sortilges et nentendait pas que JUNG ft que re-bruit nos oreilles des airs de mandalas. a nempchera pas les offices de se clbrer avec des coussins pour nos genoux, mais linconscient ny apporterait que des rires peu dcents. Pour lusage mnager, il serait recommander comme tournesol, pour reprer lventail de ce qui est ractionnaire en matire de connaissance. Il restitue par exemple HEGEL le prix de lhumour quil mrite, mais en rvle labsence totale dans toute la philosophie qui lui succde, mis part MARX. Je nen dirai que lchantillon dernier venu ma connaissance, ce retour incroyable la puissance de linvisible, plus angoissant dtre posthume et pour moi dun ami [Maurice Merleau-Ponty (1908-1961)], comme si le visible avait encore pour aucun regard, apparence dtant. Ces simagres phnomnologiques tournent toutes, autour de larbre fantme de la connaissance supranormale, comme sil y en avait une de normale. Nulle clameur dtre ou de nant qui ne steigne de ce que le marxisme a dmontr par sa rvolution effective : quil ny a nul progrs attendre, de vrit ni de bien-tre, mais seulement le virage de limpuissance imaginaire limpossible qui savre dtre le rel ne se fonder quen logique [ le mur de limpossible des impasses logiques : Inconsistance (H), incompltude (M), indmontrable (U), indcidable (A)] : soit l o javertis que linconscient sige, mais pas pour dire que la logique de ce virage nait pas se hter de lacte. Car linconscient joue aussi bien dun autre sens : soit partir de limpossibilit dont le sexe sinscrit dans linconscient, maintenir comme dsirable la loi dont se connote limpuissance jouir. Il faut le dire : le psychanalyste na pas ici prendre parti, mais dresser constat. Cest en quoi je tmoigne que nulle rigueur que jaie pu mettre marquer ici les dfaillances de la suture, na rencontr - des communistes qui jai eu affaire - quune fin de non-recevoir. Jen rends compte du fait que les communistes, se constituer dans lordre bourgeois en contre-socit, comme la crit quelquun, seulement vont contrefaire tout ce dont le premier se fait honneur : travail, famille, patrie y font trafic dinfluence, et syndicat contre quiconque de leur discours viderait les paradoxes. dmontrer ceux-ci comme facteur de pathologie, soit depuis mes Propos sur la causalit psychique , partout o mon effort et pu desceller le monopole psychiatrique, je nai jamais recueilli deux de rponse qui ne salignt sur lhypocrisie universitaire, dont ce serait une autre histoire que de prdire le dploiement. Il est vident que maintenant ils se servent de moi tout autant quelle, moins le cynisme de ne pas me nommer : ce sont gens honorables . [1 55 00]

    10 Cf. Nacht, Bouvet, Diatkine...: La psychanalyse d'aujourd'hui , PUF, 1956.

  • 23

    QUESTION VI [1 55 11]

    Savoir et vrit - affirmez-vous dans les crits - sont, jusqu un certain point, incompatibles. En quoi sont-ils incompatibles ? Incompatibles ! Cest un mot joliment choisi, qui pourrait... qui pourrait nous permettre de rpondre la question par la nasarde quelle vaut : Mais si, mais si, ils compatissent ! Quils souffrent ensemble - et lun de lautre - cest la vrit. Mais ce que vous voulez dire, si je vous le prte bien, cest que vrit et savoir ne sont pas complmentaires, ne font pas un tout. Excusez-moi, cest une question que je ne me pose pas - puisquil ny a pas de tout. Puisquil ny a pas de tout, rien nest tout ! Le tout cest lindex de la connaissance. Jai assez dit, me semble-t-il, qu ce titre, il est impossible de le pointer. a ne mempchera pas denchaner du primesaut que la vrit souffre tout : on pisse, on tousse, on crache dedans.

    Ma parole ! scrie-t-elle - du style que jai esquiss ailleurs11 - : quest-ce que vous faites ? Vous croyez-vous chez vous ? . a veut dire quelle a bien une notion - une notion clef - de ce que vous faites. Mais pas vous de ce quelle est, et cest en cela, enfin voyez-vous, que linconscient consiste. Pour revenir elle, qui nous occupe pour linstant, dire quelle souffre tout - rose du discours ! - peut vouloir dire que a ne lui fait ni chaud ni froid. Et cest ce qui laisse penser que manifestement elle soit aveugle ou sourde, au moins quand elle vous regarde, ou bien que vous lassignez. vrai dire - cest--dire se mesurer elle - on fera toujours mieux pour lapprocher de se munir dun savoir lourd.

    Cest donc plus que compatible, comme comp(a)tabilit, - soit ce qui vous intresse dabord, puisque le savoir peut solder les frais dune affaire avec la vrit, si lenvie vous en prend. Solder jusquo ? a, on ne sait pas ! Cest mme ce par quoi le savoir est bien forc de ne sen fier qu lui pour ce qui est de faire le poids. Donc le savoir fait dot. Ce quil y a dadmirable, cest la prtention de qui voudrait se faire aimer sans ce matelas. Il soffre la poitrine nue. Quadorable doit tre son non-savoir , comme on sexprime assez volontiers dans ce cas ! tonnez-vous quon ressorte de l, tenant - bon chien - entre les dents, sa propre charogne ! Naturellement a narrive plus, mais a se sait encore. Et cause de cela, il y en a qui jouent le faire, mais de semblant. Vous voyez tout de ce qui trafique partir de ce que savoir et vrit soient incompatibles . Je ne pense a que parce que cest un leurre quon a, je crois, imagin pour en justifier un amok fait mon gard : posons quune personne qui se plaindrait dtre mordue par la vrit, savouerait comme une foutue psychanalyste. Trs prcisment je nai articul la topologie qui met frontire entre vrit et savoir, qu montrer que cette frontire est partout, et ne fixe de domaine qu ce quon se mette aimer son au-del. Les voies des psychanalystes restent prserves assez pour que lexprience propre les clairer nen soit encore quau programme. Cest pourquoi je prendrai le dpart do chacun fait de son abord tranglement : exemplaire dtre exempt de lexprience. Nest-il pas tonnant que de la formule quoi depuis plus dune dcade jai donn essor, celle dite du sujet-suppos-savoir, pour rendre raison du transfert, personne - et mme au cours de cette anne o la chose stalait au tableau, plus vidente que la case y ft inscrite sparment de la bille la remplir - personne dis-je, nen a avanc la question : est-ce, suppos quil est ce sujet, savoir la vrit ? Vous apercevez-vous o a va ? Ny pensez pas surtout, vous risqueriez de tuer le transfert. Car du savoir dont le transfert fait le sujet [sujet suppos savoir] il savre mesure que lassujetti y travaille, quil ntait quun savoir y faire avec la vrit. Personne ne rve que le psychanalyste est mari avec la vrit. Cest mme pour a que son pouse fait grelot - son pouse relle - certes ne pas trop remuer, mais quil faut l comme un barrage. Barrage quoi ? la supposition qui serait le comble : de ce qui ferait le psychanalyste fianc la vrit. Cest qu la vrit - avec la vrit - il ny a pas de rapport damour possible, ni de mariage, ni dunion libre. Il ny en a quun de sr, si vous voulez quelle vous ait bien : la castration, la vtre bien entendu, et delle : pas de piti. Savoir que cest comme a, nempche pas que a arrive, et bien sr encore moins quon lvite. Mais on loublie quand on lvite, alors que quand cest arriv on ne le sait pas moins. Cest, me semble-t-il, le comble de la compatibilit. On grincerait des dents nen pas faire de la comblatibilit, pour quun bruit de vol vous en revienne qui fait pat , et proprement patibulaire. Cest que de la vrit, on na pas tout apprendre. Un bout suffit : ce qui sexprime - vu la structure - par en savoir un bout .

    11 Du style de la prosopope, adopt dans La chose freudienne , crits p. 408.

    http://www.cnrtl.fr/definition/nasardehttp://www.cnrtl.fr/definition/amokhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Prosopop%C3%A9e

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    L-dessus jai su conduire certains, et je mtonne den dire autant la radio. Cest quici, ceux qui mcoutent nont pas - entendre ce q