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LA SPOLIATION DANS LES CAMPS DE PROVINCE Serge KLARSFELD, André DELAHAYE Diane AFOUMADO, Glen ROPARS, Gilles DAUGUET Mission d’étude sur la spoliation des Juifs de France La documentation Française : La Spoliation dans les camps de province / Mission d , étude sur la spoliation des Juifs de France ; présidée par Jean Mattéoli ; Serge Klarsfeld, André Delahaye, (et al.)

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LA SPOLIATIONDANS LES CAMPSDE PROVINCE

SergeKLARSFELD, André DELAHAYEDianeAFOUMADO, Glen ROPARS,Gilles DAUGUET

M i s s i o n d’étude s u r la s p o l i a t i o n des J u i f s d e F r a n c e

La documentation Française : La Spoliation dans les camps de province / Mission d,étude sur la spoliation des Juifs de France ; présidée par

Jean Mattéoli ; Serge Klarsfeld, André Delahaye, (et al.)

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Ouvrages de laMission d’étude sur la spoliationdes Juifs de France,Paris, 2000

Lapersécutiondes JuifsdeFrance 1940-1944etle rétablissement de lalégalité républicaine.Recueil destextes officiels 1940-1999(ouvrageet cédérom).Guide desrecherchesdans lesarchives des spoliationset des restitutions.

Rapport général.La spoliationfinancière.Aryanisation économique et restitutions.Lepillage desappartements et sonindemnisation.La SACEMet les droits desauteurs etcompositeursjuifssous l’Occupation.Lesbiens des internés descamps de Drancy,Pithivierset Beaune-la-Rolande.Lepillage del’art en Francependantl’Occupationet la situation des 2 000oeuvresconfiées aux Muséesnat ionaux .

La spoliation danslescamps deprovince.

En application dela loi du 11mars 1957 (article 41) et ducode dela propriété intellec-tuelle du1er juillet 1992,toute reproductionpartielle ou totaleà usagecollectif de la pré-sentepublicationeststrictement interditesansl’autorisation expresse del’éditeur. Il estrappelé à cet égard quel’usage abusif et collectif de la photocopie met endangerl’équilibre économique descircuits du livre.

© La Documentationfrançaise, Paris2000.ISBN: 2-11004558-2

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Remerciements

J’exprime des remerciements auxmembres dela Direction et àceux du personnel desarchives départementales oùj’ai travaillé : ils onttoujours aidé mesrecherches avecbeaucoup decompétence etd’amabi-lité. Il s’agit desarchivesdu Nord, du Pas-de-Calais,de Haute-Saône,deHaute-Vienne,de Dordogne, deCorrèze,de Creuse, del’Oise, del’Ariège,desBouches-du-Rhône,desHautes-Alpes,desAlpes-Maritimes,desPyré-nées-Atlantiques, des Pyrénées-Orientales, del’Hérault et de l’Aude.D’autrescollaborateurs dugrouped’études onttravaillé dans lesarchivesde la Vienne,du Doubs, duTerritoirede Belfort, du Tarn-et-Garonne,deHaute-Garonne,d’Indre-et-Loire,de Loire-Atlantique.

Certainschercheursrégionaux ont bénévolement effectué desrecherchespournotre grouped’études :Michel Germaindans lesarchi-vesde Haute-Savoieet JeanKleinmandans celles desAlpes-Maritimes.

Ma reconnaissance vaaussi à mon ami JeanLévyqui s’estrenduàdemultiplesreprisesà Genèvedansles archivesdu Comitéinternationaldela Croix-Rouge,le CICRnousayant ouvert sesarchivessans aucunerestric-tion et je remercieM. Cornelio Sommaruga, président duCICR et M. Geor-gesWillemin, directeurdesarchivesdu CICR ainsi que sescollaborateurs.

SergeKlarsfeld

Cette étude n’aurait pas étépossiblesansl’aide de nombreusespersonnes quelegrouped’étudessur la spoliationdanslescampsde pro-vince tient àremercier tout particulièrement.

Les remerciements dugrouped’études s’adressentà l’ensembledu personnel desarchives départementales duTerritoire de Belfort, duDoubs, du Tarn-et-Garonne, desPyrénées-Atlantiques, dela Vienne,d’Indre-et-Loire, du Lot-et-Garonne, duGerspour sonaccueil et surtoutle travail de préparation desdocuments ; aupersonnel duCARAN auxArchivesnationales ; aupersonnel duservice del’OBIP dépendant desAffairesétrangères àNantes ;aux documentalistes dela Fédérationnatio-nale des déportés,internés, résistants, patriotes(FNDIRP) ; aux docu-mentalistes, archivistes et bibliothécaires du Centre dedocumentationjuive contemporaine(CDJC) et de la Bibliothèque dedocumentationinternationalecontemporaine(BDIC).

Nous tenonségalement à remerciervivement lespersonnes quiont fait des recherchesdansles centresd’archivesdépartementales.

Le grouped’études

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Sommaire

Introduction 7

Les sources 11

Le cadre administratif degestiondescamps 15

Lesconditionsdevie danslescampsd’internementfrançais 17Le statut particulier desJuifsdans les campsd’internement français 18Les camps de la zonelibre 20Les camps de zoneoccupée 29Les améliorations apportées auxconditions de vie 31

Les groupements de travailleurs étrangers 33Le sort des Juifs 33Lesconditions particulières des Juifs 34Les déportations 37

Lesdépôts dans les camps d’internement 41Les dépôts initiaux en francs et endevises 42Les coffres àl’intérieur des camps 45L’argent conservé sur eux 46L’argent reçu par les internés 48Les bijoux et valeurs desinternés 50Les objets appartenant auxinternés 51Les soldes des comptesaprès le départ 52L’argent devait suivre lesinternés 53

Le devenir del’argentdes internés 55Les successions desinternés décédés 61

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À la liquidation des camps 66Les comptes dedépôts 68Les objets de valeur 69Caisse des dépôts etconsignations,Administrationdes Domaines,Banque de France 70

Les « bienslaissés derrièreeux » 73

Conclusion 83

Annexes 89

Organigramme de la mission 225

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Introduction

La populationjuive totale en Frances’élevaiten 1941à environ300 000personness’étantdéclaréesjuives, dont 160000 vivant en zoneoccupée(140 000dansl’agglomérationparisienne et seulement20000enprovince) et 140000enzonelibre. Au moins une vingtaine demilliers depersonnesjuives ne se sont pas déclarées telles alorsqu’elles répon-daient auxcritèresretenus par leslois surle statut desJuifs du 3 octobre1940et du 2 juin 1941 et par les ordonnances allemandes du27 sep-tembre1940et du 26avril 1941.

Dèsseptembre1939de nombreuxJuifsallemandsetautrichiensont été internés en tant que ressortissants desÉtatsen guerre aveclaFrance.À cet effet, des camps ont étéouvertsdans presquetous lesdépartementsfrançais. En mai 1940, l’afflux de Juifs étrangers réfugiésvenant deBelgique et de Hollande a provoqué leur internementdans desconditions lamentables,dans des camps du sud enparticulier ceux deSaint-Cyprienet d’Argelès.En octobre1940,la déportationdes Juifsalle-mands du pays deBadeet du Palatinat versla zonelibre remplit le campde Gurs de plus de6 500 personnes supplémentaires, tandis quel’éva-cuation des Juifs deSaint-Cyprienentraînel’arrivée à Gurs deprès de4 000Juifs.

Au terme de l’année 1941, alors que les déportationsn’avaientpas encore débuté, une quarantaine demilliers de Juifs se trouvaientinternés enzonelibre en application dela loi du 4 octobre1940permet-tant aux préfets d’interner les étrangers de racejuive. CesJuifs étrangersfurent internés dans des campstels que lesMilles (Bouches-du-Rhône),Gurs (Pyrénées-Atlantiques), Noé etRécébédou(Haute-Garonne),Rive-saltes(Pyrénées-Orientales),le Vernet (Ariège) où,souvent,ils vivaientdans des conditionsinhumaines(faim, froid,absenced’hygiène) quipro-voquèrentla mort deplus de2 500d’entreeux, dontla moitié aucampde Gurs.

En zone occupée,souspression allemande,la préfecturedePoliceavait menéà Parisdeux grandesrafles visantexclusivement deshommes :- le 14mai 1941,plus de 3500 Juifsfurent internésdans deuxcampsduLoiret : Beaune-la-Rolande etPithiviers ;- le 20août 1941,plus de4 200Juifs furent internés au camp deDrancy ;- et le 12décembre1941,les Allemandsarrêtèrent, eux-mêmes,750Juifsnotablesfrançaisqu’ils internèrentdansle camp de Compiègne (Oise).

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En 1942,tandis que près de28 000Juifs dela régionparisienne(hommes, femmes et 6500enfants)étaient déportésà destinationd’Aus-chwitzà partir deDrancy,dePithivierset de Compiègne,3 700Juifs arrê-tés en province dela zone occupée furent dirigés versDrancy etdéportés, alors que 800 Juifs des régions deLoire et de Bretagne furentrassemblés à Angersd’où ils furent déportés directement versAuschwitz.

La même année, enzonelibre, à partir du mois d’août1942,sesuccédèrent des convois de Juifs dirigés versDrancy et déportés enapplication del’accorddeVichy delivrer 10000Juifsconsidérés commeapatrides de cette zone.Ils furentpris parmiles Juifs déjàinternésdepuis1940dans lescamps cités ci-dessus(environ 4 500) et parmi lesJuifsvivant en liberté surveillés(environ 4 500) dans les quarantedéparte-ments dela zonelibre. Parmieux,plus de500enfants.Un millier deJuifsintégrés dans des groupements detravailleurs étrangers(GTE) où ilsétaient enfermés et astreints auxtravauxforcés firentégalement partie deces transports.

Au terme de l’année1942,42 000Juifs avaient étédéportésdontenviron 14300 venaient de province.

À la suite de l’occupation par lesAllemands dela zone libre(devenuezone sud), lesrafles ont continué,menéesle plus souvent parles forces de police française (13janvier 1943à Rouen,22 janvier à Mar-seille,10février à Paris) ;en 1943,le nombre deJuifs de province arrivésà Drancya dépassé celuiprovenant del’agglomérationparisienne (7300de la zone sud,plus2 000de la province dela zonenord, soit 9300,tan-dis que du département dela Seine 6300 Juifs faisaient partie desdix-sept convois de déportation de cetteannée 1943).L’existence decampsd’internementen zone sud oùdemeuraient rassemblés desJuifss’estpoursuivie commeà Gurs,à Noé, au Vernet,à Nexon,à Soudeilles,à Masseube...

Lestreizeconvoispartis de Drancy en1944emportaient 15300victimesdont4 500du GrandPariset plus de11000Juifsarrivant depro-vince (7300de la zone sud et 3800 dela zonenord)auxquelsil convientd’ajouter les500Juifs partispour l’Est à partir de Toulouse (30juillet) etdeLyon(11 août).En mai etjuillet, les Juifsencoreinternés auxcamps deNoé et au Vernet furent déportés à leur tour.

En tenant compte dela déportation de plus de800Juifs du Nordet du Pas-de-Calais,via le camp deMalines enBelgique, cesont plus de36000Juifs qui ont été déportés de province.Il convient de soulignernéanmoinsque, sansl’aide de la population française nonjuive, lenombre deJuifs déportés àpartir du territoire français aurait étéencoreplus élevé.

Aux 36000Juifsdéportés deprovince,il faut ajouterles dizainesde milliers d’autresJuifs qui ont été internés mais qui ontéchappéà ladéportation alorsqu’ils ont séjournépour des semaines, des moisvoire

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des années danslesnombreux camps dela zonelibre ou danslesquel-quesgrandscamps dela zoneoccupée,tels Poitiers,La Landeà Monts(Indre-et-Loire),Mérignac(Gironde),Écrouves (Meurthe-et-Moselle),Vit-tel (Vosges),puisquel’on considère les camps deCompiègne,dePithivierset deBeaune-la-Rolandecomme essentiellement des campsannexes deDrancy, destinés surtout àintemer la populationjuive de Paris et de sabanlieue, mais qui ont accueilli également de nombreuxJuifs ayantéchouédansleur tentative defranchir la ligne de démarcation,ainsi quelesJuifsarrêtésdansla régiond’Orléanset deDijon.

Au total, ce nesont pasmoins de70 000Juifs qui ont été inter-nés, à unmoment ou unautre, en province ettous ont étévictimes despoliations sur leurs lieux d’internement.

Lesmodesd’arrestation, de rassemblement, deregroupement,de transfert,d’internement desJuifs jusqu’à l’ultime camp detransitontété variés etil est utile de rappeler cequ’ils furent généralement.

Pour les 10000Juifsétrangers dela zonelibre livrés en 1942,4 500le furent à partir descamps oùils avaient été internés oubientrans-férés àdater deleur arrestationcommeressortissants depays ennemis(Allemagne, Autriche), enseptembre1939et en mai1940,ou bien àdaterde leur internementadministratif à partir d’octobre1940en raison delapolitique antijuive deVichy. La spoliation de leurs biens eutlieu dans lescamps oùils avaient été internés et,s’ils disposaientd’un reliquat,ils enfurentdépouillés àl’arrivée à Drancy.

4 500 furent arrêtésle 26août 1942danschacun des quarantedépartements dela zonelibre à leurdomicile, oùils étaient contrôlés parl’administration française qui opéra en fonction de leur nationalité et deleur dated’entrée en France. Rassemblésdans uncentre départementalde regroupement,ils furentaussitôt dirigés vers uncentre de rassemble-ment régional d’où, presque immédiatement,ils furent dirigés versDrancy. Aprèsle 4 septembre1942,le camp deRivesaltesrassembla ettransféra les Juifsencore àlivrer de la zonelibre, jouant ainsi pendantquelquessemaines,danscettezone,le rôle de Drancy enzoneoccupée.La spoliation deleursbiens eutlieu, d’une part,à leur domicile oùils lais-saient deseffets et des valeurs, et d’autre part,pour les biens qu’ilsavaient emportés,dansl’un des trois campsqu’ils ont connus :le dépar-temental,le régional oule national (Drancy).

Quant auxJuifs déportés desgroupements detravailleursétran-gers,ils furent rassembléssi soudainement en vue deleur transfèrementà Drancy -afin d’évitertoute évasion - que leurs biens ne leur furent pasrestitués et qu’ils nepartirentqu’avec leurs seulseffetspersonnels.

Une étude dela spoliation en province etplus particulièrementdans les campsd’internementfrançaissembledoncentièrementjustifiée,dansla mesure oùles Juifsavaient en leurpossession, au moment de leurarrestation, l’ensemble des biensqu’ils avaient emportés avec eux.

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Les sources

Cette recherchea commencé avecl’espoir de trouver bonnombre de réponses dans les fonds des diverscentresd’archivesdéparte-mentales.L’état des archivesparisiennes(Archivesnationales,archivesde la préfecture de Police, Centre dedocumentationjuive contempo-raine, etc.) etleur massedocumentaireconsidérabledanslaquelleil estrelativement« simple» dereconstituerl’histoire, s’avèretotalementdiffé-rents decelui des archives de province.L’histoire du camp deDrancy,pour ne prendre que cetexemple, est mieuxconnue ;la Mission anotammentretrouvé et exploitéla totalité des archivescomptables.Enrevanche, entrela régionparisienne etla province,la différenceallaitserévéler importante. Pour de multiples raisons, les archives descamps deprovince ont subi des destructions quiréduisent de manière considérablele matériau documentaire sur lequelreposel’étude envisagée. Néan-moins, suffisamment d’éléments furent réunispourrépondre à un certainnombre de questions etdonner une vued’ensemble des situations desinternésjuifs dans les camps deprovince.Sur la quarantaine de campsque le groupe a puétudier, environ untiers des registres dedépôtsd’argent laissés par les internésjuifs a été retrouvé.

La destruction des archives concernant lesJuifs s’explique,àl’origine, par la circulairedu 6 décembre1946émanant duministèredel’Intérieur (direction générale dela Sûreté nationale,direction de laRéglementation et des Étrangers, sous-direction dela Réglementationintérieure).Celle-ci estadressée auxpréfets etconcernela « destructionde documents fondés surdesdistinctionsd’ordre racial entreFrançais» .1

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À peine unmois et demiplus tard, le ministère de l’Intérieur serend compte que les archives en question peuventêtre utiliséespourattester,entre autres, des arrestations, déportations, etc., et servir àladélivrance decertificats.Un contrordreestalors immédiatement transmisaux préfetsle 31janvier 1947.

« Par ma circulaire citée en référence, je vous ai prescrit de neplus laissersubsisterde traces de lalégislation d’exception instituée sousl’occupation et de détruire touslesdocumentsfondés sur la qualité de" juif ".Il m’estapparu quel’application intégrale ettrop rapidedesdispositionscontenuesdanscettecirculaire peutoffrir desinconvénients pourles inté-resséseux-mêmes.Je vous invite, en conséquence, àmaintenir, le caséchéant,dans vosarchives,lesdocumentsrelatifsaux enquêtes,séviceset arrestationsdontles personnesconsidéréescommejuives ont étévictimes, lorsque cesdocu-ments peuventprésenter des avantages pour detelles personnes,parexemple, en permettant la recherche et le regroupementd’individus dis-parus ou dispersés,ou la délivrance decertificats de déportation oud’arrestation.Il doit en être demêmelorsqueces pièces sontsusceptiblesdeservir la justice.L’intérêt de ces archives, par ailleurs,s’amenuisant chaque jour,leurcomplète destructionpourra certainement intervenird’ici une daterelati-vement peuéloignée,dont je vouslaisse juge.J’estime toutefoisque cetteconservationprovisoire de documentsdoit selimiter auxarchivesde laPréfectureet quelesarchivesdesmairies oudescommissariatsdepolice concernant les " affaires juives " peuventêtredétruites,sauf situationsparticulièresqu’il vous appartientd’apprécier.» 2

Moins de deuxmois séparentl’ordre du contrordre ; ce délai amalgré toutrendu possiblela destruction dedocuments compromettants.

Les fonds des trente-cinq archives départementalesdans les-quels des recherches ont été entreprises sonttrès inégaux. Certainspos-sèdent denombreux documentsclassésdansle fondsW du cabinet dupréfet ; d’autres sont relativement pauvres.

Aux destructionsofficielles sont parfois venuess’ajouter desdestructions doublées de dispersions ultérieures dont on trouve tracedans lesarchives3. Tel est le cas du Tarn-et-Garonne qui, parailleurs,rassemblela plupart des péripéties qui ont puaffecter lesarchives au

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niveau départemental.Ainsi, un incendieauraiteulieu en décembre1944danslequel lesarchivesdu camp deSeptfonds auraientétédétruites4.

D’autre part, un documentémanant ducommissaire, chef duservice des Renseignements généraux de Tarn-et-Garonneadressé aupréfet dudépartementprécise que «le 10 juillet 1945lesdocuments cons-tituant lesarchives ducampd’internement deSeptfonds ont été incinérés.Seulsleslivresde comptabilité et certaineslistesauraient ététransférésaucamp deNoé» 5. Parmi lesdocumentsdétruits,figurent : « lescahiersdecorrespondance,lesétatsjournaliers,lesétats périodiques,les listesnomi-natives, lesfiches signalétiques, les arrêtés d’internementpérimés, lecahierd’effectif, lescahiers de mouvements, la correspondanceaveclesdiversservices.Cetteopérationa étéeffectuéeaprèsaccordverbaldeMonsieurle Chef deCabinetde laPréfecturede Tarnet Garonne» 6.

Et, en 1956,une lettre du commissaire, chef du servicedéparte-mental des Renseignements Généraux de Tarn-et-Garonne au préfet,souligne que« lesquelques archivesconcernant ce campdétenuesparleServiceont été détruites àl’arrivée des troupesallemandes enzonesud» 7.

Certainsdocuments ontaussi été détruits par les Allemands.Lesarchives ducamp deRivesaltesont ainsifait l’objet, à la fois de mise aupilon et de destruction parl’Occupant8.

Ces exemples ne sont pas isolés etcertainsrapports oucorres-pondancesattestent des destructions dedocumentsd’archivesdont cer-taines, accidentelles.Si les archives ducamp de Noé serévèlent assezcomplètes et couvrentl’ensemble dela période de fonctionnement du

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camp(1941-1946),ce n’est toutefois pasle casdes archives comptableset plusparticulièrement des archivesconcernant les dépôtsd’argent etd’objets devaleurfaits par les internés à leur arrivée au camp. Une partiede cesarchivesa été égarée àla Libérationlorsque« lecamp aétépillé » 9.Les« fichescomptablesont été,pour leur part détruites» 10. Un rapport dela Cour descomptes concernantl’exercice 1943 signalequ’en ce quiconcerne certains documents du camp deRécébédou enHaute-Garonne,« la plupart desregistresdu régisseur ont étédétruitsdans un incendiequi a eu lieu à laPréfecturele 2 novembre1944 » 11. Ladisparition de ces archivescomptables (également constatéepour lecamp desMilles) représente une perte considérablepour cetteétude.

Dans la Vienne aussi, une partie des dossiers individuels desinternésesttoujours conservée bienqu’une destructiond’archivesconcer-nant les dossiers des internésjuifs ait été constatée. Ona relevé l’exempled’un dossier portantla mention« JUIF» sur lacouverture.Cettepochetteaété déchirée, puisrecollée avec dupapiercollant ; cecilaissepenser à unedestruction, puisà une reconstitutionultérieure.L’ensembledes dossiersportantla mention« JUIF »semble avoir étédétruit.Cettedestructionpour-rait résulterde la circulairedu 6 décembre1946.Le contenu decesdos-siers a été également déchiré ;il ne reste que des morceaux de papiersincomplets à l’intérieur de pochettesdéchirées, elles-mêmes replacéesdans denouvelles chemises cartonnées.Toutefois, les archives départe-mentales del’Indre-et-Loire(La Lande), des Pyrénées-Atlantiques (Gurs etune partiede celles ducamp deSaint-Cypriendans lesPyrénées-Orienta-les), des Pyrénées-Orientales(Rivesaltes),de l’Ariège (Le Vernet) possè-dent encore de nombreuxdossiersindividuels d’internés.

Malgrécesmultiples destructions,le grouped’études a pu accé-der à suffisamment derenseignements comptables pour permettre uneétude concernant lesdépôts des internésjuifs dans les campsfrançais.Toutefois, le mécanisme des dépôts et del’organisation intérieure descampsd’internementpour lesJuifs ne peutsecomprendre qu’en ayantune connaissance minimale ducadre administratif dela gestion descamps et desconditions de viedans cescamps.

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Le cadre administratif de gestiondescamps

Les mesures prises parle gouvernementDaladier en 1938 etsuscitées parl’afflux de réfugiésespagnols etla perspectived’un nou-veauconflit avecl’Allemagne entraînent en Francela création denom-breuxlieux de surveillance et d’internement,usuellementregroupéssousl’appellation générique de « camps».

Dèsle début, les conditions de détentionsont inadaptées,insuf-fisantes etdonc abusivement péniblespour lesinternés.

Gérésjusqu’enoctobre1940par le ministère dela Guerre, lescamps passent àcette datesousla gestion duministère de l’Intérieur.Non seulementil n’en résulteaucuneamélioration,mais dans bien descas -lorsque se superposentl’incurie des gestionnaires, lesarrivées mas-sivesinopinées etla rudesse des conditionsclimatiques - cesconditionsd’internement se détériorent gravement.

Pourtant,existe unorganigrammeclair de gestion quireposesur trois piliers :la direction générale dela Policenationale du ministèrede l’Intérieur, les préfets (assistésle cas échéant par les administrationstechniques départementales), enfinl’Inspection générale descamps.

La construction des locaux et leur équipementsont souventgérés par le Génie rural dudépartement et suivis parl’architectedéparte-mental ;le paiement destravauxpasse directement par le5e bureau deladirection dela Policenationale quil’impute sur un chapitre42 12.

Pour lerestant,le financementpasseintégralement par les pré-fectures,selon leschéma suivant. D’abord,chaque campfait l’objet detrois calculs prévisionnels de dépenses : nourriture, fonctionnement cou-rant,personnel.Puis,le préfet reçoit du ministère del’Intérieur les délé-gations de créditscorrespondantes, enfinil en alimente toute l’annéelarégie d’avance du camp,à l’exclusion du personnel, payé directementpar la préfecture.Le fonctionnement courantdonnelieu à unversementde 1,50franc par personne et parjour, la nourritureétant comptéeà11,50francs,un tiers étant acheté au service des Subsistances del’armée

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et deuxtiers surle marché. UneInspectiongénérale descampsfonc-tionne enseptembre1941.

Mais cet organigramme théorique ne fonctionnerajamais bienpour diversesraisons.Les unes sontadministratives13 :- absenced’une politique de construction etirresponsabilitédes don-neursd’ordres,- rétention stupéfiante descréditsde nourritureque la pénurie ambianteexplique beaucoupmoins que la suffisancedu gestionnaire de« faireavec peu»,voire de faire des« bénéfices»,- absenced’une politique derecrutementet de formationdes gardienspar le 3e bureau dela direction dela Police nationale,- manque depersonnel et impuissance del’Inspection, trop enclineà sedécharger sur les préfets quecette tâche souvent répugne.

Mais au-delà de cescausesadministratives,le facteur humain,ledésordre etla pesanteur del’époque allaientfaire subir à l’internementdanscertainscamps unedérive inacceptable. Concernant les conditionsde vie dans lescampsd’internement, les rapportsrédigés parle Comitéinternational dela Croix-Rouge(CICR) constituent une source àla foisinédite et d’unegranderichesse.

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Lesconditionsde vie dans lescamps d’internement français14

Les archives duComité international dela Croix-Rougerenfer-menteffectivement unnombreimportant de documents concernant lescampsd’internement en France.La majeure partie de cesdocuments estconstituée de rapportsrédigés par des délégués duCICR au sujet desconditions devie. Certains rapports comportent des renseignementsd’ordre général surla situation géographique des camps, leseffectifs,l’aménagement,la cuisine, lessoinsmédicaux, les vêtements,l’argent,lescolis, la correspondance,l’activité religieuse et intellectuelle, etc.Il existeégalement des rapportsprécis surl’un ou l’autre des thèmescitésprécé-demment.

La distribution de vêtements, lescarencesalimentaires et lesmaladies qui en découlent,ainsi quela distribution de médicamentssontles principauxthèmes qui reviennentrégulièrementdans les rapports.

Mais avant tout,la Croix-Rouge a procédé àd’importantes dis-tinctions entre lesdivers camps en France qui renferment des popula-tions différentes suivant leur statut et leur administration. Unenote demars1942sur les diverscampsd’internéscivils en France occupée four-nit ainsi denombreuxrenseignementsà ce sujet.

« Il existe enFrance occupée :1˚ des campsfrançais d’internement administratifCescamps groupent des Françaisarrêtéspar lesFrançais, soitpour acti-vité politiqueillicite, soit pourdélit de marché noir, etc... et détenuspar lesFrançais sanscontrôle aucun desautorités occupantes.(Exemple : lecamp deDOULLENS). Ilsrelèvententièrement des autorités françaises, enconséquence leC.I.C.R.n’apas às’en occuper.La C.R.F. fera,s’il estnécessaire, assurerleur assistance en raison de sonrôle humanitairegénéral,commeelleestamenée às’occuperde détenusde droit commun,danslesprisons, dont la peine setrouve augmentéeinvolontairement par lapénurie de nourriture.2˚ des campsd’étrangers arrêtés enFrance par lesautoritésallemandes

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Cescamps sontsousle contrôleallemand.Ils peuventêtresoit géréspar lesservicesallemands(Exemple :le camp deVITTEL pour Britanniques) ;soitgéréspar desservicesfrançais sousles ordresallemands.(Exemple :lescamps juifs deBEA UNELA ROLANDEou dePITHIVIERS).Cescampsrelèventà la fois del’assistancedela C.R.F.et du contrôleduC.I.C.R.3˚ des camps groupant desFrançais arrêtés en France par les autoritésallemandes.Cescamps quisont sous le contrôleallemand commelesprécédentssontsubdiviséscomme eux encamps degestionallemande(Exemple :lecampd’internés ditscommunistes oule camp juif deCOMPIÈGNE)et en campsdegestion française(Exemple :lescamps d’internés juifs deDRANCY).Cescampsrelèvent de laC.R.F.et du contrôle duC.I.C.R.Or, la C.R.F.peutencore en faitexercer sonactiondanslescampsd’inter-nés aryens dits "communistes", maiselle ne peut plus exercer uneactionefficacedanslescamps juifs.Jeprécisebien quetouscesinternés ne sontpasinternés en raisonde faitspersonnelsmais par mesure dereprésailles.Par exemple, lecamp juif deCompiègne a étécréé pour recevoir desjuifs arrêtésen protestationcontrela déclaration de guerre desÉtats-Unis,déclaration deguerreattribuée àl’influence israélitedanscettenation.Le casestd’ailleurs pour cecamp spécialementgrave : la C.R.F.ne peut yentrer et il lui a été interdit de renouveler sademande et lanourriture esttrès inférieure -etofficiellementtrèsinférieure-enquantité àcellequi estdistribuéedans lesautres camps.Après4 mois de détention, la sous-ali-mentationdans cecamp fait de grandsravages.Lessecoursmédicauxsontdemêmed’une insuffisance toutà faitexcep-tionnelledans cecamp.» 15

Le statutparticulierdesJuifsdanslescamps d’internementfrançais

Il convient de noterégalementque, danscertains camps, lesJuifsn’étaient pas traitéscomme lesautresinternés. Unenote dejuillet1942 sur les civilsinternés etdétenus en France occupée, en Francenon occupée etdans lesterritoires d’outre-mer,souligne clairementlasituation dramatique desinternésjuifs. Au chapi t re « internés transfé-rés hors deFrance »,il est déjàquestion de ceuxdirigés vers l’Alle-magne etle nom d’Auschwitzapparaîtpour la première foisdans unrapport duCICR.

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«Ce furenten premierlieudes juifs transférésà Hauswitz[sic]enSilésie,provenantd’abord du camp deCompiègne(juifs arrêtéscommesolidairementresponsablesavec les juifsaméricains del’entréeen guerredesÉtats-Unis)complétés par desenvois de juifs deDrancyarrêtéscommeotagesou enreprésaillesdediversattentats enFrance.[...]Ni le Gouvernement français, ni laCRFne peuventrien en faveur decesinternés qui ont quitté leterritoire français et quisontencore ausecret.Cescamps sontdescamps dereprésailles ; la nourriture, enFrance, dumoins,et pour les juifs,était par principe,trèsréduite. Il sembledifficile devivre longtempsavec unetelle ration.Lesjuifs arrêtés ont été choisisparmi les élémentslesplus représentatifs(anciensous-secrétaired’État, des colonels deréserve,desprofesseurs, desmédecins, des dentistes, des industriels et ingénieursà peu prèstousdéco-rés pour faitsdeguerre,nombreux mutilés deguerre) ; ilsontété transfé-résenSilésie,enchaînés,pour travaux forcés.» 16

Un rapportdaté du25 novembre1943distingue clairement lesconditions desinternésjuifs des autres dansle camp deNoé :

« Onest frappé,entreautres,dèsl’arrivéeau camp, parl’absencede barbelés, ce qui lui confèrel’aspect d’une colonieouvrière, où seull’emplacementréservéaux juifs, clôturé debarbelés,causeencore uneimpression pénible.» 17

LesJuifs sont contraints detravailler dans certains camps et,làencore, leur statutestdifférent desautres internés.Le procès-verbal dela26e séance du conseil dela Commission mixte desecours delaCroix-Rougeinternationale du23 juin 1942l’atteste :

« Les travailleurs israélitesontétéconfinésdansdescoloniesspécia-lesappelées :" CompagniesdePalestiniens", dontl’organisationestun peudifférentedecelledes autrescamps.CesIsraélitesnedoiventpassedisperseret sont obligésde travailler engroupes, ils n’ont pas deliberté, sont sousrégimequasi militaire et à la merci duCommandant duGroupe[...]. » 18

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Lescampsde la zonelibreEn novembre1940,le Comité internationalde la Croix-Rouge

obtient l’autorisationde visiter des campsd’internéscivils du Sud delaFrance.Un rapport a étérédigé àla suite de cettevisite. En ce qui concernelesJuifs au campd’Argelès-sur-Mer,le rapportestassezédifiant :

« Unsecteur ducamp réunit lesIsraélitesde toutes nationalités.Entasséslesuns surlesautres, hirsutes,lesvêtements en loques,beaucoupprivés même dechaussures,ilsseplaignent dufroid et de lafaim. Laplu-part, internés d’abord àSt Cyprien, déclarent quelesconditionshygiéni-ques et la nourriture yétaient bienmeilleures qu’àArgelès.Beaucoup deces malheureuxsont des intellectuelsqui souffrent de leuroisiveté etdemandent deslivres de science, dephilosophie, d’histoire, etc... Cettepartie du camp aproduit sur notredéléguéune impressiontrèsdéfavo-rable. »19

Suit une description ducamp deGurs.

«Jusqu’à la fin du moisd’octobre, lecamp deGursne contenaitque 3 174 internésdont les conditions de vien’étaient pas tropmauvai-ses ;maispar la suite del’évacuation ducamp deStCyprien,abandonnéà cause de sondéplorable étatsanitaire, etl’arrivée de 300 malades ducamp deTence,le nombredes internés fut brusquementdoublé ;puisporté à plus de 12 000 parl’arrivéesansavertissement préalable, de 6 000Israélitesvenant du Palatinat.Dans cedernier camp,il s’agit surtout depersonnesâgées répartiescommesuit :1 500 entre 60 et 70 ans812 entre 70 et 80 ans186 entre 80 et 90 ans10 entre 90 et 100 anset 1femme de 102ans.[...]Les baraquementsconstruits en boisavec demauvaisplanchers sont àpeine chauffés etcommelespaillasseset lescouverturessont rares et enfort mauvaisétat, les internéssouffrentcruellementdufroid.

L ’accèsdes W.C. tropéloignésdes baraques et qui sont des plus primitifsestrendu fort malaisé, surtout denuit,par l’état des chemins[mot illisible]. Lesbaraques necontiennent nichaises,ni tables,pour manger,pour écrire,pour sereposer lesinternés ne possèdentqueleur paillasse.Lesinstallationsde doucheset lavabosont paru suffisantes ànotre délégué.

La documentation Française :

[...]

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L’hôpital situé àl’entréedu campestbienorganisémais manquecomplè-tement de médicaments et desinstrumentslesplus élémentaires.Chaquemalade a sonlit et le chauffageestsuffisant.[...]Jusqu’à l’arrivée du contingent venantd’Allemagne ont étéenregistrés25 décès depuis l’ouverture ducamp.Mais depuis le début de novembre etau moment dupassageà Gurs de notredélégué,on déclarait 86décès(36 hommes et 50 femmes),presque tousâgésdeplusde70ans etn ’ayantpu supporterleur départ brutal, le genre de vie qui leurétait imposé,lefroid, la pénurie de médicaments,etc.De récentesnouvellesnousappren-nent que lerythme desdécès qui était de7 à 8 par jour au milieu denovembres’estaccéléré jusqu’à 15 et 17 par jour. » 20

Un moisauparavant, une compilation delettres de plaintespro-venant des camps deGurs et deSaint-Cyprienfournissait desinforma-tions sanséquivoque possible :

« Ci-joint un choix delettresde plaintes parvenuesdescampsd’internement enFrance, donnant desdétails sur lasituationprécairedanscescamps.Dans unelettreprovenant du camp deGURS,du 2 septembre,le méde-cin-chef du campcite le nombreet les différentescatégories d’internés ;entre autre,700 femmeset 125enfants.En plus, il nousécrit qu’il y a unbesoin urgent de médicaments(il les cite verbatim, entre autres desanti-typhiques et des anti-tétaniques),d’instrumentstels que seringues,etc. etd’objets depansement.Les internés ontbesoind’argent pour acheter des chaussures, desvête-ments, dulinge, deschaussettes,etc. Les enfants ontbesoin de laitcondensé. En général, desenvois de riz, depâtes, desucre, de farine,graisse et conserves deviandeseraient les bienvenus, de même que dusavon,descouvertures,de l’huile defoie demorue commefortifiant.[...]Un exposémédical du7 septembre,signé par soi-disant 13 médecins ducamp deSt. Cyprien,fait ressortir l’insuffisancedesconditionssanitairesdu camp etl’état de santé déplorable desinternés.Cesmédecins disentque les internés doiventprendre leurs repasdans devieilles boîtesdeconserve.Dèsaprèsl’arrivée des internés aucamp, onaurait pu observerl’apparition de dysenterie accompagnée defièvre et de crampes.Aprèsdeuxsemaines, 85% des internés étaientatteints de ce mal. Environ lamoitié des internés se composeraitd’hommesâgés deplus de 50ans. » 21

De manière générale, cesont lesproblèmes sanitaires et decarencealimentaire qui reviennentle plussouvent dans les rapports delaCroix-Rouge. Enseptembre1941,des descriptions inquiétantes apparais-sent denouveau dans desrapports.

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Le CICR, soucieux decontrôler une situation préoccupante, aobtenu duministèredel’Intérieur devisiter les camps duSuddela Franceen 194122. De nombreux camps ont dèslorssuscitédes rapports dansles-quelsles informationscontenuessont plus ou moins inquiétantes :

« Quant aupersonnel de surveillance,recruté dans laSûreténationale, il nous aparu,danssagrandemajorité, inférieur àsatâche.De trop nombreuxchefsd’îlots sedistinguentpar leur brutalité,par unementalité trop policière, et unemoralité qui laissefortement àdésirer.Nous nous sommeslaissésdire que certainschefsd’îlotsprofitent deleurautoritépour obliger lesjeunesinternées à sortir lanuit deleursbaraqueset àvenir lesrejoindre. Uneenquêtea prouvéque sur 20 femmes enceintesdans le Camp deGurs, 18 l’étaientdevenues à la suite de cesrelationsaveclesgardiens.À Gurs, desenfants et desvieillards auraientétébruta-lisés,et à Rivesaltes,l’antisémitisme qui règneparmi les surveillants lespousse à agird’une manière révoltantevis-à-visdesIsraélites. [...]

Ravitaillement et alimentation.

Le problème du ravitaillement des camps, déjà difficile àrésoudre jusqu’ici, vaêtre aggravé par les nouvelles mesuresprises enFrancepour assurer l’alimentation,d’abord à l’armée,puis auxhôpi-taux, à lapopulation civile etseulement ensuite auxinternés.Toutefois,la somme deFr. 11,50 qu’alloue le Gouvernementpour lasubsistance dechaqueinterné par jour serait à la rigueur suffisante sielle arrivait à des-tination.Mais nousavonsappris, desourcesûre, quelesinternés ne reçoi-ventpas le cinquième de la ration àlaquelleils ont droit en fait deviandeet dematièresgrasses.C’estdonc unevéritable famine qui règnedanscer-tainscamps et nousavons vu, àRivesaltes,des enfantsdans unétat desous-alimentation etd’athrepsietel que l’on n’en avait pas vu depuis denombreuses années enEurope.Dans certainsîlots de Gurs, onrencontredes adultes hypotoniques,véritables loqueshumaines, quin’ont presqueplus la forcede setenir surleurs jambes.Lesmédecins des campsnous ontsignaléun certain nombre decasd’oedèmede famine dus à lacarence envitamine B1, à une rationtrop faible en protéine (viande etlait) et à u nrégimetroppauvre engraisse.Il n’estpas exagéré dedire quelesdétournementsd’une partie del’alloca-tion destinée à lanourriture des internés aboutissent à unvéritablemeurtre et une destâcheslesplus urgentes qui seprésentent àl’adminis-tration deM. FAURE23 sera dedépisterlescoupables et d’empêcher àtoutprix desdétournementsdont les conséquencessont si graves.[...]Ajoutons quedans laplupart descamps, des internés ensont réduits àmettre lanourriture dans devieilles boîtesdeconserveset àprendre leurrepas - sil’on peut dire -assissur leur paillasse, carils ne possèdent ni

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tables ni chaises, nivaisselle.À Noé et à Récébédou,nous avons eule plai-sir devoir desréfectoiresoù les internéspeuvent prendreleursrepasassisdevant des tables et mangerdans de lavaisselleet avec desservicesdetable. Souhaitons que desemblablesréfectoiressoient bientôt installésdanschaquecamp.» 24

Le camp deRieucrosenLozèreest dépourvu de produitsmédi-caux depremière nécessité.

«À l’hôpital, lecoton, lateintured’iode, l’alcool, la farine de linet de moutarde, et surtoutlescorps gras,telsque vaseline et huilede paraf-fine, ainsi quelesinstrumentspourdentistemanquentcomplètement. » 25

Les descriptions du camp deRivesaltessont encorepires.

« En arrivant à Rivesaltes, nous éprouvons une impressionlugubre.Le campestsitué à une quinzaine dekilomètres au Nord dePer-pignan etsesbaraquementss’étendent à perte de vue sur unplateauaride, dénudé, désertique,constammentbalayé par unvent violent ;c’estune vraieville, quen’égaieaucuneverdure, où grouille unepopulationhétéroclite.[...]Un desîlots estréservéuniquement àl’usage desmalades.Plusieurs desesbaraques sontoccupéespar desnourrissonset desenfants en basâge,dont le dépérissementinspireuneprofonde pitié. Chaqueîlot a son infir-merie à laquelle sont attachés unmédecin interné etdeux outrois infir-mières.Leslavabossonttroppetits ; l’eau esten quantité insuffisante et demau-vaise qualité.Lesinternésprenaientune fois par semaine desdouches quiont dû êtresupprimées par suite dumanqued’eau. S’il n’y a pas eu detyphus, par contrelesmédecins ont constaté denombreux cas dedysen-terie.Àpart lescachectiques etles internés qui travaillent hors ducamp,tousont été vaccinéscontrela fièvretyphoïde.La mortalité estélevée parmilesenfants de moins d’un an qui supportentmal lesrégimes de disetteauxquelstousles internéssont soumis, leclimatrude de ceplateau venteux et où lesoleil est trop ardent.Il estdéplorabled’avoir réuniplus de 2 000 enfantsdans unmême camp ce qui nepeutque contribuer àcréerdes épidémies.Cetétéune épidémied’entéro-colitea fait son apparition,commedansd’autrescampsd’ailleurs, mais àRive-saltesle mal a étéaggravépar l’état defaiblesseet de sous-alimentationdanslesquelsse trouvaientlesmalades.[...]En quittantRivesaltes,nousemportonsl’impressionpénibled’un manquede direction générale.Lessous-ordres semblentlaisséslibresd ’agir comme

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ils l’entendent ;enparticulier plusieursd’entreeux,manifestent unanti-sémitisme qui va jusqu’à priverles Israélitesdes mêmes droits quelesinternés aryens. » 26

Lesdescriptionsconcernantle camp de Gurs un anaprèsla pre-mièrevisite, sont desplus alarmantes et cerapportestloin d’être le seulàfournir de tellesinformationssur ce camp.

« Desaméliorations ontétéréaliséesdansl’aménagement decer-tains îlots où descanalisations ont étécreusées et des allées, jadisboueu-ses,empierrées.Quelques baraques ontdes fenêtresqui n’existaientpasl’année dernière, mais restentencoretrès rudimentaires et inconforta-bles. Demêmequ’à Rivesaltes,l’invasion des ratsconstitue unvéritablefléau ; cesbêtesaffaméesdévorentlespauvresprovisionset leshardesdesinternés quandelles ne les mordentpas, ce qui arrivefréquemment,comme nous l’avons constatéchezun enfant, dontles plaies n’arrivaientpas à cicatriser. Les stocksde combustiblepermettront de chaufferlesbaraquespendant 2 ou 2mois ½ etles couverturesseraient ennombresuffisant.La carencedesvêtements affectesurtout lesindigents. Quatrecents decesmalheureuxsont littéralement vêtus de loques,maislesbonnes chaussu-resmanquent de façon générale.L’état sanitaireestplutôt satisfaisant depuis que la plupart desvieillardsont quitté Gurs à destination deRécébédou. Oncomptenéanmoins enmoyennequatre décèspar semaine.[...]L’îlot H estle plusmauvais ducamp : il estdans unétat dedélabrement etde manqued’hygiène, et les internéssont sous-alimentés ce quiexpliqueles nombreuxcas d’oedèmesde famineet d’unefaçon généralel’appa-renceminable desinternésqui y sontparqués.Plusieurs d’entre euxn ’ontplus même la force de setenir debout. » 27

Le camp duVernetdansl’Ariège attire aussi les critiques dudoc-teur Cramer.Il précise que« la mauvaisequalité de l’eau a provoqué32 casdefièvre typhoïdedont 3 mortels.Les internés et lepersonnel onttous étévaccinés ; 80 %des internéssont atteints devermine,particulière-ment de poux contrelesquels lalutteestmenée par lesmoyens habituels.[...] Nous tenons àinsister sur lemauvaisétat dans lequel setrouvent lesbaraquesdestinées aux malades ; cesont lesplus délabrées de tout lecamp. Deplus, l’hôpital manqued’une tabled’opération et d’autoclave.Si lesmalades couchentdans deslits, ils sont par contre privés dedraps etde linge en général.La question du ravitaillement envivresrencontre au Vernetd’Ariège lesmêmesinextricables difficultésque partoutailleurs.Pourtantsi lescultu-rescréées parle Commandant Royer pouvaient être exploitées auprofit du

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camp, ceravitaillementserait assuré enbonnepartie, mais on craint queles récoltessoient réquisitionnées par laPréfecture. » 28

Globalement,la conclusion durapportest,somme toute,parti-culièrement modérée comparée aux descriptions précédentes.

« Notre impression surces camps, au cours denotre dernièrevisite, estcertainementmeilleure quecelle quenousavions emportée ennovembre1940 lorsde notrepremièrevisite.Le nombre desinternés adiminué dans denotables proportions.[...] Etpuis, hélas ! ungrand nombre d’internés sontmorts, spécialement desvieillards expulsés d’Allemagne en octobre1940. Parmi ces derniers,2 000,âgés deplus de 70ans, n’ont pu supporter lechangement brusquede milieu, l’entassementdans les lamentables baraques deGurs, lemanque desoins et de médicaments.La plupart ont étéenlevés par desaffectionspulmonairesaiguëset l’insuffisance cardiaque. Au début del’année, lenombre dedécès semontait à 25 par jour, uniquement a ucamp deGurs.[...]Surlesseptcamps quenousavonsvus,ceux deRieucros,Noé,Récébédouet Le Vernet nous ontproduit une impression relativement favorable.Celui de Gursestenprogrèssur l’année dernière aupoint de vue aména-gement. Parcontre,Rivesaltesestun spectaclenavrant, ainsi quel’hôpitald’Argelès, seulvestige ducamp dumême nom qui a été abandonné. » 29

Pendantl’année 1942des améliorations alimentaires et sanitai-res sont apportées danscertainscampsgrâce àla Commission mixte desecours duCICR. Parallèlement,le CICR continue de rapporterlamanièredont les campsd’internement évoluent en France. Unenote àl’attention de la Commissionmixte dela Croix-Rougeinternationale quidate du27 février 1942résumela situation :

« La situation climatique ducamp deRivesaltes,qui a déjàfaitl’objet de nombreuxrapports,pèselourdement sur la situation sanitairedes internés, de même que Barcarès(Pyrénées Orientales), alors queceluidesautrescampsestrelativement favorable,exceptionfaite durant lasai-son d’hiver quichaqueannée augmente lenombre devictimes. » 30

En ce qui concernela situationsanitaire, les améliorationsatten-dues ne sont pastoujours suiviesd’effet :

« Lesconstatationsfaites auparavantdanslesdifférentscampspériodiquement ausujet desinstallations sanitaires :eaux delavage,eaux detoilette et de douche, canalisations,W.C.,ne laissentremarquerqu’une améliorationpartielle ; alors que deseffortsont étéfaits dansle

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camp desMilles où de nouveauxW.C.ont étéinstallés, les douches répa-rées,lasituation n ’aguère changé en ce qui concerne la question de l’eau.[...]Lesservices des poubellesqui, traînant, ouvertes,devant les baraques etsoigneusement fouillées pargrands etpetits pour y trouver une matièrecomestible,ontprovoquélesdécèsd’un nombrerelativementélevéde per-sonnes. Elles sont moins fréquemment vidées, et cet inconvénientcontinue àêtrepréoccupant.L ’infestationpar lespouxesten augmentationindiscutable.Lesappareilsde destruction en état demarche, étant notoirementinsuffisants, et denouvelles installations s’avérantimpossibles.Vêtements,hommes, ali-ments sontinfestésdans uneproportionà cepoint inquiétante quecertai-nes modalités pathologiques s’ajoutent à desmaladies nerveuses ouinfectieuses.Cessymptômesqui doiventêtremissurlecompte del’infesta-tion, setraduisentpar desréactions méningées et des troubles cérébrauxparfois mortels.Lesrongeurscontinuent à pulluler là,parce qu’aucunedératisationsysté-matique n’a été entreprise, soitparce qu’elles étaient insuffisantes oumême impuissantes.Les dégâts matérielset le danger d’infection quereprésentece fléaucontinuent àêtregraves.[...]Ungrand effort doit être tenté àRécébédouqui d’un camphôpital neporte que lenom, mais quin’estpas encore àmême degarantir le traite-ment des grandsmalades quis’y trouvent. »

Ce rapport souligne égalementle terrible problème dela faimqui engendre chez lesinternés uneperte de poids considérable etla mortdanscertains cas :

« Laproportion dedécès est de 10 à 12%, c’est-à-direplus que50 % deplus que la mortalité observéedans dessituationssemblables. Ils’ajoute à cetteaffection descas endémiques defièvre typhoïdedont lenombren’est pasnégligeable, de latuberculoseetde cardiopathie quisontnaturellementles premièresvictimes de lamaladie de lafaim. Il convientaussid’insister que pourla premièrefois desenfants commencent àleurtour, àprésenterdessymptômes de lamaladie de lafaim et quedanscer-tains cas, lepoids des nouveau-nés nedépassepasplus de 2000 gr.[...]Malgré certaines améliorationsdansle domaineadministratif, les inter-nés ne touchent pas la rationentière quileur est due, et laration journa-lière pour la totalité des internésquelsque soientleur âge, leur sexe,et leurétat ne dépasse pas1100 calories, mais n’atteinttrès souvent que 950calories parjour. » 31

Les carencesalimentairessont constatéesdans de nombreuxcamps.Ellesont souvent pourorigine une volontédélibérée d’économie

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de la part des gestionnaires de camp.Le directeur deGurs, M. Grueldevrait d’ailleurs sapromotion aux économiesréalisées surle budgetréservé à l’alimentation des internés dutemps oùil était gestionnaire. Unrapport de1941surla situation dans les camps et centresd’hébergementpréciseque« lesdirecteursdescampsaffirmentdépenser7 à 8 francs parjour pour la nourriture dechaqueinterné, maisd’aprèslescalculs faitspar nosenquêteurs,il n’estpas dépenséplus de4 frs. à 4.50 frs par per-sonne et par jour. Danscertains camps, l’Administation, par unsoucimal comprisde sonautorité,fait desdifficultés auxOeuvresqui veulentenvoyerdesdenrées alimentaires auxinternés» 32.Grâce àcette politique de réduction drastique des dépenses,l’État récu-père une partie del’argent normalement destiné àl’alimentation desinternés. Une lettre du conseillerd’État secrétaire généralà la policeadressée au préfet deHaute-Garonne(24 décembre 1942)fournit desrenseignements surle chemin suivi par l’argent non dépensé :« M.CHEYMOL actuellementChefdu Camp deNEXON vientde m’adresserlebilan de lacantine desinternés ducamp deRÉCÉBÉDOU qui faitressortirun bénéficenetde 148354Frs, 35.J’ai l’honneur de vous faireconnaître quel’actif en numérairedevra fairel’objet d’un versement auTrésorau titre desRecettesaccidentelles» 33.

La question vestimentaire reste inquiétante et denombreuxinternésmanquentencore duminimum pour sevêtir :

« La situation vestimentairedemeureentière. L ’amélioration quia puêtreapportéeau vestiaireest pratiquementinsuffisante etlesinternésont cruellementsouffertd’êtrepas ou peuprotégéscontre le froid, alorsque leur besoin dechaleur est déjà considérablementaugmenté parl’insuffisance de l’apport calorique.Peu d’internés ont encore des chaussures. Uncertain nombre degalocheset de sabots ont puêtremis à dispositiond’un petit nombred’internés etnotamment destravailleurs. » 34

Quant àl’état moral desinternés,le rapport dela Croix-Rougeconstate son aggravation :

« Quelquesaméliorations ont étéapportées à lasituation moraledes internés,commepar exemple,la suppressiondesfils defer barbelésdansles îlotsdes femmes àGurs.Mais malgrécela, l’arrêt del’émigration,la faim, la maladieet la mort ont singulièrement mis àl’épreuvela résis-tance morale del’élite parmi lesinternés.À ce titre, il convient d’attirer l’attention sur lasituationparticulièrementgrave du campdesMilles, camp detransit, où par suitedesdifficultésextérieures,les mêmespersonnes sontinternéesdepuis des mois et même

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depuis des années. Nile travail des organisations, niles installationsn ’ont permis d’améliorer lesort des internés.La situation alimentaire y estparticulièrement pitoyable.L’accèsdansle campest renduparticulière-mentdifficile aux OEuvres. » 35

Après lesdéportations del’année1942,la situation empiredansles campsd’internement.Même le camp de Noéqui, fait souventl’objetde remarquesfavorablesdans les rapports dela Croix-Rougene fait pascettefois, exception àla règle :

« Lecentre deNoé regroupeessentiellement des vieillardset desmaladessans que nilesconditionsd’hygiène, ni dessoins, ni de l’alimen-tation diffèrent sensiblement des autrescamps. » 36

La situationdansle camp deGurs est encore pire quecelle desinternés de Noé :

« La situation alimentaire,déjà gravedepuis un an, a encoreempiréet danscesconditions, l’absencedesoeuvressefait cruellementsentir. La mortalité remplaçant presque entièrement la morbidité,témoigneéloquemment,hélas, de lasituation.[...]Les diminutions depoids atteignent desrecordsjamais observésl’annéedernière et lemanque demédecins ; déportés en majeure partie, a dessui-tespréjudiciables àl’état sanitaire des camps.[...]Il importe de pourvoir les internés amaigris dans desproportionseffrayantes(des pertes de 50% du poidsmoyen ne constituentguère unerareté) et souffrantpresquetous,hommes etfemmes, jeuneset vieux, deherniessouventcompliquées, debandagesherniaires. » 37

À partir de la secondemoitié de l’année1942,les déportationsmassives d’août etseptembre1942 ont considérablement diminué leseffectifs des camps etl’arrivée de nouveauxinternés n’augmente leseffectifsque pour unecourte périodedansla mesure où ces dernierssontrapidementdéportés. Si la situation sembles’être généralement amé-liorée surle plan alimentaire, unefois encore le camp de Gurs estcitédansle rapport surla situationdanslescampsd’internementcivil du Mididela France,depuisnovembre1942(la zonelibre estoccupée par lesAlle-mands à partir du11novembre1942)commeparticulièrement différent :

«Au camp deGurs,un régime spécialestinstitué du fait quetouslesinternés,futurs déportés,sontconsidérésettraitéscommedes prévenusde droit commun. Aucuncriblage ne préside plus àla sélection descandi-dats à la déportation. Aussi bienavant que durant lapréparation des

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convois, l’accès au camp estformellement interditaux représentantsd’oeuvres.Lesassistantes sociales résidentes n’ont plus lapossibilitéde pré-senter à l’examenpar les autorités,lesdossiersdes hommes qui enqualitéd’engagésvolontaires, de légionnaires, deblessésde guerre,d’ancienssol-datsdécoréspour faitsd’armes,d’ascendants ou de descendantsdirectsdesoldatsmorts pourla Franceou faits prisonniersdansla zone decom-bat auraientdroit, semble-t-il à certainségards, ouceux malades et desfutures mèresqu’on aurait aimé voir traiter avecquelque ménagement.Aucuneexceptionn’estplus admise et enl’absence des personnes recher-chées,ce sontlesparents, lesconjoints, voire mêmelesenfants quisontarrêtésetdéportésà leur place.La situation alimentaire, déjà gravedepuis un an, a encoreempiré etdanscesconditions, l’absencedesoeuvressefait cruellement sentir.Lamortalité remplaçant presque entièrement lamorbidité, témoigneélo-quemment,hélas,de la situation.[...]Les diminutions depoids atteignent desrecordsjamais observésl’annéedernière et lemanque demédecins,déportés enmajeurepartie, a dessui-tespréjudiciablesà l’état sanitaire des camps.Dans l’ensemble, l’exclusionsystématique desoeuvres,supprimant radi-calementl’effet moral de leurprésenceagissante,va de pair avec uneaggravationsingulière de lacondition de viematérielle etmorale desinternés.» 38

Lescamps dezoneoccupéeLa zoneoccupéeattire également l’attention dela Croix-Rouge

qui rédigele 12mai 1941une note sur les campsd’internéscivils autresque les britanniques. On yapprend beaucoup sur lesconditions deviequi y prévalaient :

« Des camps d’internés civils existent actuellement à notreconnaissancedans les 12 départements de lazoneoccupée.Ils sontcomposésdepersonnes,individus oufamillesqui ont étéexpulsésdes régionscôtièrespar lesAutorités d’occupation. Ce sont desétrangersde toutes confessions, et desisraélitesFrançais (50%environ dePolonais,50 % d’israélites et de nationalitésdiverses,tchèques,belges,britanni-ques, hongrois,roumains,espagnols,etc... ).Ils sont sous laresponsabilitéde l’administration française qui doitlesentretenir etlesgarder suivantles directives des Autorités localesd’occupation.La situation seprésentedifféremmentsuivantlesdépartements ;dansla Vienne ou laSartheparexemple,cesinternés ont étérépartischezl’habitant et touchentl’indem-nité deréfugiés,dans l’Indre et Loire ou dansl’Aube, ils sont enfermés

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derrièredesfils de fer barbeléset on leur a retiré : carted’identité,passe-port et carte d’alimentation.Danscertains camps cesont nosAssistantes duServiceSocial de laMaind’oeuvreÉtrangère quisontchargées du Service Social approprié,dans lesautres cesont desAssistantes localesavec quinoussommes enrapport.La situation matérielle etmoraleestdans sonensemblevraiment drama-tique, nourriture insuffisantespécialementpour les enfants,les libéra-tions très compliquéeset difficilespar l’impossibilité où se trouvent lesinternésd’obtenir les papiersnécessaires. » 39

Certainsrapports tirent la sonnetted’alarme.C’est le cas de celuiconcernant le camp deCompiègne(sous administration allemande),rédigé par Frédéric Barbey,membre du Comité international delaCroix-Rougeenvoyé audocteurMarty, àla délégation du Comitéinterna-tional dela Croix-Rouge,légation deSuisseà Berlin :

« Notreattention estattirée de diverscôtés par lasituation trèsprécaire des internésisraélites,français enmajorité, du dépôt deCom-piègne (ne pasconfondreavecledépôtd’internésaméricains,communis-tes et russes de cette localité).Ils seraientgravementsous-alimentés etmanqueraient desoinsmédicaux indispensables.Le chiffre desdécèsseserait élevé à unequarantaine dans unecourtepériode. Commenouspourrionspeut-être expédier desvivreset des médicamentsdans cedépôt,nous ne voudrionsle fairequesi nous avions lacertitude quecessecoursseraientacceptés parlesAutorités etatteindraient leurdestination. » 40

Une lettre dupasteurMarc Boegner à FrédéricBarbeyva dans lemêmesens :

« JereçoisdeParis les informationslesplus alarmantes surl’étatsanitaire du camp deCompiègne, où sont internésdesisraélitestransférésdu camp deDrancy ou directementamenés deParis aprèsleur arresta-tion. Il m’est impossible de vouscommuniquer parlettre lesdétailsdou-loureux qui mesont donnés sur lasituation morale etsanitaire danslaquelle se trouventcesinternés.[...]La semainedernière, il y a eu unequarantaine dedécès.Les cas de foliecausés par l’inanition nesont pasrares et la température debeaucoupd’internés est de 35˚. La note ci-jointe vousmontrera qu’il faut agird’urgence.Elle émane d’un homme, quiest à Compiègne, etdans letémoignage de quil’on peut avoir touteconfiance. » 41

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Lesaméliorationsapportéesaux conditions devie

Que ce soit dû àla volonté ou à l’incapacité desresponsablesadministratifs (du ministère del’Intérieur jusqu’auxgardiens des campsd’internement),lesconditions devie inacceptables desJuifsne semblentémouvoir personne.Cette constatations’avère d’autantplus grave quemême les gardiens et chefs decamps quiétaient témoins auquotidiendes souffrances des internésjuifs, ne se sont pasmanifestésauprès delahiérarchiepour apporter desaméliorations.À tous les niveaux dela hié-rarchie administrative, onconstate undésintérêt général dusort desinternésjuifs. Depuis les annéestrente, lesJuifs n’étaient-ilspas présen-tés par une certainepropaganded’extrêmedroitecomme des « parasites »pour la société ?

Devant cettecarence desadministrations, les diverses oeuvresde secours etla Croix-Rouge ont tenté d’obtenir,tout au long de laguerre, que desaméliorationssoient apportées aux conditions de vie etd’internement.Il y a eu assurémentdansla plupart des campsd’interne-ment français des améliorationsponctuelles. Néanmoins,durantl’ensemble dela période, ce qui primedans lesmultiples rapports rédi-gés parla Croix-Rougeinternationale, estla dégradation progressive desconditions devie des internés.Lesaméliorations apportées en1942sousl’impulsion du CICR, demeurentinsuffisantespour pallier les carencesalimentaires, lespertes de poidsconsidérables,le manque demédica-ments et surtoutpourenrayer le taux demortalité particulièrement élevédanscertains camps.Plusl’aide était importante, moinsle gouvernementdel’État françaissemblaitsoucieuxd’intervenir. Dejuin 1940à novembre1942,pendantplus de vingt-huit mois,la zone « libre » était exclusive-mentgérée par legouvernement del’État français et sesreprésentants ;aucunepression allemanden’a pu êtreexercée surla gestion des camps.

D’autrepart, de manière générale, lesrapports et notesémanantde la Croix-Rougeinternationalesont plutôt négatifs et pessimistes,sur-tout lorsqu’il s’agit des conditionsd’internement des Juifsainsi que delabrutalité des transferts.Rien dans lesdifférentsrapports ne montre unquestionnement des délégués surle sort final desJuifs déportés.

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Les groupements de travailleursétrangers (GTE)

En application del’article 1er de la loi du 27 septembre1940,relative auxgroupements detravailleurs étrangers, «lesétrangers desexemasculin,âgés deplus de 18 ans et de moins de 55 pourrontaussi long-temps queles circonstancesl’exigent, être rassemblésdansdesgroupe-mentsd’étrangerss’ils sont ensurnombredansl’économienationale et si,ayant cherché refuge en France,ils se trouvent dans l’impossibilité deregagnerleur paysd’origine.Sousréservedes formalitésréglementaires,ils conserventla faculté d’émi-grer dans unpaysétranger ».

Les groupements sont doncconstitués d’étrangers résidant enFrance,appartenantà plusieursnationalités, desEspagnols notamment.DesJuifs étrangersy seront euxaussiincorporés. Dans cecas, lesGTEont pu constituer unvivier où les occupants etVichy ont eula possibilitéde puiserpour remplir lescamps de concentration.

Le sortdesJuifsLe 2 janvier 1942, legouvernement deVichy décrète que «tous

les Juifsrésidant surl’ensembledu territoire etentrésen Franceaprèsle1er

janvier 1936seront, selonlescas,groupésdansdesCompagniesdeTra-vailleursÉtrangers oudans desCentres spéciaux.Cettemesurevisenonseulementles Israélites étrangers, mais encore ceux qui, depuis leurarrivée dans notre pays, y ontacquis notre nationalité». Cettemesures’appuie surla loi citée ci-dessus.

Dansla zonelibre, les instructions du2 janvier 1942,signées parle ministre de l’Intérieur, G. Pucheu, sontextrêmement précises.Lerecensement desintéressés et de leursfamilles est effectuésouspeine desanctions rigoureuses.Il est expressément indiqué que« lesIsraélitesvisésne doivent pasêtreplacésdansdesCompagnies"diffuses" mais dansdesgroupes homogènes». Immédiatement après,le 10janvier 1942, lecolonelTavernier, chef duServicenational des formationsd’étrangersdonne desdirectives auxchefsde groupement :« Lesgroupesencadréspalestiniensserontcomposésuniquement dePalestiniens.Cesgroupes sont, soit exis-tant déjà, soit à créer. Chaque groupement me fera d’urgence des

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propositions, comptetenu dece que l’effectif d’un groupe encadré nedevra pasêtredeplus de300. »

Ainsi, les autoritésvichystesont recensé lesJuifs étrangers, lesont regroupés eux et leursfamilles,les ont contrôlés, les ontfait travaillersoussurveillance policière et les ont gardésà leur dispositiondans cesgroupespalestiniens dontla formationa concentré les menaces sur ceuxqui enfaisaientpartie.Un rapport dela Commission descampsindiquerad’ailleurs incidemment :

« DesGroupes de "Palestiniens" ont étécréés.La création de cesgroupes palestiniens, parfoisappelés " Groupesjuifs homogènes "nousdonnelesplus vivesinquiétudes,l’expériencenousayantprouvé quelesdits groupes juifs homogènes sonttrèssouvent enfait depetitscamps deconcentrationinfernauxet dont on nesort pas. »

LesconditionsparticulièresdesJuifsLa particularité desGTE est le régime disciplinaireplus que dra-

conien qui enfait un véritablecamp detravail. Certainscamps ontmêmeadopté unrégime d’uneextrême dureté.Le groupe detravailleurs étran-gers deRuffieux est de ceux-ci. Un dénomméMax Meyer qui se trouveau campécrit au ComitéInternational dela Croix-Rougeà Genèvele15mars1942pour dénoncer les conditions de vie :

« Lesoussigné,formant partie duCamp detravailleurs étrangersà Ruffieux(Savoie)uniquementréservéaux israélitesvictimes desidéolo-gies racistes, désirerait par la présenteporter à votre connaissancelesconditionsarbitraires, vexatoires etinhumaines,auxquellessont soumisun groupe d’environ 150 hommes.

Administration générale.

Le camp de Ruffieux, qui fut déjà maldirigé l’année dernière,vient desetrouveren face de changements depuis lami-février qui en ontfait une sortede bagne. Tandis qu’auparavantles membresdu groupe,tout enétant affectésà un travail journalier, possédaient certainesliber-tésde circulation qui leurpermettaient dese ravitailler à leurproprecompte auprèsdesfermiers ducantondans lamesure du possible - et lapopulation rurale, danssaforte majorité, ne leurestpoint hostile -lesnouveauxdirigeantsen fonctiondepuisla mi-févriernous ontcontraintsà abandonnerceslibertésessentielles.Noussommesdonc aurégime suivant :leverà 6 h 30 Déjeunerconsistantde la ration journalière de pain (officiellement 350 grammes,maisrare-ment plus de 300 gr.) etd’un quart de jus de café.Départ au travail :7 h. 15 (travaux deforce telque bûcheron, marais, routes). Rentréeversmidi. Le repasdu midiconsiste en une soupe àbased’eau et de navets,râves outopinambourscuites àl’eau et servissansappréciableadditiondegraisses.Trois fois parsemaine : unmorceau minuscule deviande ou

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depoisson. Départ autravail : 13 h. 15 Rentréevers 18 h.Repasdu soir :mêmechose qu’àmidi à l’exception desmatièresgrasses.Le ravitaillement susdit,est, commevousen jugerezvous-même,totale-ment insuffisantpour des travailleurs deforce, et il me paraîtraitinutiled’insister sur le fait que la population française,elle aussi,manque deravitaillement.Car le chefdegroupedétienttousnosticketsd’alimenta-tion délivrés mensuellement par la mairie etces tickets comprennent,même en quantitésupplémentairelégalepour travailleurs deforce desrations debeurre, defromages etd’autres denrées,dont nous nevoyonsquelescaissesentreposéesau magasin sans queleur contenusoit propre-mentdistribué.Il estun fait, quelesdirigeantsfrançais du groupe viventsur nos rations et récemmentcescadres français ont mêmeobligécertainsde nos membres àleur trouver au marchénoir certaines denréesintrou-vablessousmenace de leurretirer despermissions de week-endpourAix-les-Bains, Lyon,etc.Souscesconditions,j’ai l’honneur desolliciter de votre bienveillance, devouloir bien désigner un délégué de laCroix-Rougepour butd’amorcerune enquête et une améliorationdes conditions désastreuses,sousles-quelleslesmembresde ce groupe, simplement parce qu’ils sont dereligionisraélite, et contrairement à ce quisepassedans d’autrescamps detra-vail, hébergeant des étrangers dereligion catholique ouprotestante, sontobligésde vivre aux dépens deleur santé.

Infirmerie.Celle-ci dirigéepar l’un ou l’autre membre du groupedésigné

par lechef etsoumis à son autorité incompétente en médecine, nepossèderien qui, en cas debesoin,peutprévenir épidémies ouaccidents.Lesoussi-gné même a récemmentsouffertd’un simplebouton qui, à défaut detrai-tement ad’abord dégénéréen furoncle et ensuite enanthrax à la nuque.Il a dû subir une interventionchirurgicale à l’Hôpital Civild’Aix-les-Bains,où le traitement fut desmeilleurs, sousdes conditionssanitaires sansreproche.Le manque depansements, de médicaments, delinge blanc, et mêmele manqued’eaupotabledans l’enceinte ducampfont del’infirmerie uneépéedeDamoclèssuspendue surnostêtes. »42

Le régime disciplinaire de certainsGTE s’avèreparticulièrementrépressif.Ainsi, « le GTE 706 à Aubagne(B.-du-Rh.) est un groupediscipli-naire. " Letraitementqui yestinfligé dépassel’imagination, tant l’attitudedeschefsestcruelleet injuste", noteIsraël Salzer,GrandRabbin deMar-seille, aprèsavoir effectuéunevisiteà Aubagne. Auprintemps1942deuxdécèsenl’espacede quelques semaines ysontsignalés à lasuite de brutali-tésde la part desgardiens. » 43

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Il estdifficile de déterminer avec exactitudele nombre deJuifsinternésdansles GTE.Toutefois,« à la mi-mai 1942, l’aumônerie géné-rale (Juive) connaissaitl’existence de 31compagnies " palestiniennes".Dans lesprévisions de budgetpour 1942, la Commission(juive) desCampsprécisait avoir en charge 12 000 internésisraélitesdanslesCen-tres d’hébergement,camps d’internement ethôtels de Marseille sanscompterlesquelques 15 à 20 000 travailleursétrangers israélites dissémi-nésdans denombreusesformations detravailleurs étrangersen Francelibre ».

La liste desGTE répertoriés pardépartement, oùsont regroupéslestravailleursjuifs en zonelibre a été dresséedansLe calendrier de laPersécutiondes Juifsen Franceà la date du26 août194244.

Le traitementaggravé réservé aux Juifsseconfirme donc.« Ausein de la panoplie desGTE, à tousles égards, cesontgénéralementlesgroupes dits " palestiniens" où l’on constatelesconditionslesplus mau-vaises. » 45 Lesgroupesqualifiés « d’homogènes » - c’est-à-direexclusive-ment constitués deJuifs - «sont envoyésaux travauxlesplus dangereuxet lesplus pénibles, aux poudrières, auxusinesd’arsenic à Auzon(Hte-Loire). Des ouvriersréguliers y avaient droit à des vêtementsspé-ciaux, à desdouches et à un litre de laitpar jour.Les T.E. furent évidem-mentexclus decesavantages. Beaucoup ymoururent.Quant àceux quiosèrentserévolter, ils furent envoyésdansdescampsdisciplinairesoù l’onnetravaillait pas maisoù, en revanche, on ne mangeait pasnon plus» 46.

Les durs travaux ne procurent pas de« privilèges »aux Juifspuisqu’ils ne sont nimieux logés, nimieux nourris que les autresinter-nés. Sanscompter que pour lestâches épuisantesqu’ils sont contraintsd’exécuter,il n’estpas obligatoire de leur verser un salaire,maisunique-ment une primedite de rendement quis’élève à troisfrancs parjour.Cependant,la réalité est parfoisbien différente et raressont lestravail-leurs qui reçoiventcettesomme.Ainsi, « au GTE 302 à Septfonds(Tarn),où vit un groupe presqueexclusivementcomposéde Juifsallemands etd’Europecentrale,les50 centimes nesont pasversés.L’administration surplaceseréfèreà un ordre qui seraitvenu du groupement n˚ 5 àToulouse.Danstousles groupes,il est pourtant indispensabled’acheter de lanourri-turepour améliorer l’ordinaire.Ceux qui sontobligésde vivre avecl’ali-mentation délivréepar les cuisinesdes camps perdent leursforces enl’espacede quelquesmois» 47.

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Posséderquelque argent ne peutaucunementaméliorer lesconditions devie des travailleursétrangers« car il était interdit à ceshommes qui travaillaientdurement pour laFrance, defaire desachats,par égardpour lapopulation française.D’autrepart, lescolisenvoyésparla famille étaient confisquésparlecapitainesi cen’estpar l’adjudant,etle censeurs’emparaitdesticketsde paincontenus dansleslettres» 48.

LesJuifs internésdanscertainsGTE étaient contraints de payerune certainesomme quicorrespondait auxfrais d’internement.

« CesIsraélites ne doivent passedisperseret sontobligésde tra-vailler en groupes,ils n’ont pas deliberté,sont sousrégimequasimilitaireet à la merci duCommandant duGroupeentrelesmains duquel passetout leur argent,ainsi queleur matériel. En outre, depuis 18 mois,chaqueouvrier est tenu deverser unecertainesomme pour frais d’administra-tion, assurancesociale, nourriture, etc.Lespersonnes qui emploientcestravailleurs doivent payer auminimum 2fr. - par jour, à part les280 francsqu’ellesdoiventverserchaquemoispourle privilèged’avoir lesouvriers enquestion.Cetargent est en principedestiné à la caisse de lacompagnie. » 49

Ces diverses circonstancesgénèrent unedégradation sanitaire.

« Dysentrie,cardiopathie, phtisie galopante,oedèmedecarence,hernies,lésionscutanéesinfectées. Enloques,sanschaussures,lespiedsentourés de chiffons ou de morceaux devieux pneus,leshommespeinentaux besognesmalsaines.Ils sont en proieaux poux. On ne leurdonne pasde désinfectants,mais l’administrationveilleaux intérêts del’État. Ainsi,nous avons eusous les yeux lanote administrativesuivante d’unG.T.E. :" Les travailleurs étrangers porteurs depoux seront raséssur le corpsentier. Lespoils ainsi obtenusseront conservés,soigneusementtriés etremis au dépôt...". » 50

LesdéportationsLe 11 août 1942, aprèsle départ desquatrepremiers convois de

Juifsinternés dans les principaux camps dezonelibre, la police nationaleinforme la direction desGTE que lesJuifs faisant partiedes groupeshomogènes de travailleursétrangers (TE) «seront appréhendésaux envi-rons du 23 août pourêtreacheminés sur lazoneoccupéele premier pointde destination». La mesure, selon lesestimations des participants,

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concernera unmillier de travailleurs« desinstructions en détailsuivront.Leplus grandsecret estrecommandé».

Le 14 août, les chefs deTE reçoivent unenote de leurdirection« organisant le prélèvement à exécuter le 20 août surcertains TE ourequis israélites entrés enFranceaprès le1er janvier 1936 ». Il ne s’agitque d’une première opération :la date du23août est «absolument for-melle ». Quantà « l’effectif à fournir », il est fixé« de façon impérative »et« dans un but desimplification imposé parla rapidité de l’opération,leprélèvement neportera que surles groupesisraéliteshomogènesenca-drés». Le 18 août,la police nationale considérantdéjà que les résultatsdes raflesseraientinsuffisantsprend sesdispositions,pour quesoientpris également lesTE juifs des groupesencadrés ou diffus entrés enFrance après le1er janvier 1935.

Le 23 août le premier convoi deGTE a traverséla zonelibre,ramassant tour àtour les victimes regroupées aux garessuivantes : Olo-ron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques),Caussade (Tarn-et-Garonne),Penned’Angenais(Lot-et-Garonne), PortetSaint-Simon(Haute-Garonne),Bram(Aude),Rivesaltes(Pyrénées-Orientales),Agde(Hérault),Les Milles(Bouches-du-Rhône), Avignon (Vaucluse), Brioude(Haute-Loire),Aurillac(Cantal), Egletons (Corrèze), Clermont-Ferrand(Puy-de-Dôme),Lyon(Rhône),Valleiry (Haute-Savoie),Culoz (Savoie),Macon (Saône-et-Loire)et Drancy.

Poursuggérer ce que furent les conditions de ce transfert dezonelibre, notonsqu’en ce quiconcerne les 84travailleurs étrangersras-semblés aucamp deSeptfonds et partis de Caussade,la police locale acritiqué le traitement qui leur futréservé en pleinmois d’août :

« Il est regrettableque l’organisation de ce convoi aitététrès malfaite aupoint queles84 hommes ontétéparquésdans unwagon ;lestroisautresayantservi pourlesbagages.Il semblequ’il eûtétéplus rationnel etplus humain demettre21 hommes par wagon avecleursbagages,ce quieût permis des conditionshygiéniquesnormales. »

Le nombre desTE déportés par ce convoi du23 août s’élèveà763. Lors de la rafle du 26 août, ils seront1 366à être déportés51. Ilsserontenviron unmillier à être victimes dela rafle de la fin du mois defévrier 1943quiverra la constitution des deux convois du4 et du 6 mars1943.Au total, ils seront largement plus de 3000 déportéssans compterles arrestations individuelles aucoup par coup qui les ontfrappésjusqu’àla Libération.

En conclusion,le sort destravailleursjuifs étrangers regroupésdans desformationshomogènes, soumis autravail forcé dans des condi-tionsle plus souvent lamentablesavantd’être pour beaucoupd’entre euxtransférésbrutalementà Drancy et immédiatement déportésmérited’être

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soigneusementétudié grâceà des recherches ou monographieslocalestelles Uncampde Juifsoublié, Soudeilles52.

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Les dépôtsdans lescampsd’internement

Le règlementconcernantlesdépôtsSelonle règlement des camps d’internement français, les dépôts

(fonds, valeurs et objets) desinternés devaientsuivre une procédureadministrative précise. Desrecherchesdans lesdiverses archives dépar-tementales ont permis de reconstituer de manière théorique cetrajetsuivipar les dépôts des internésdepuisle moment oùils arriventdanslecampd’internementjusqu’audevenir de cesdépôts aprèsle départ des internéset la liquidation ducamp.À l’arrivée, les internésdevaientdoncdéposerleur argent aucamp(argentfrançais, devises étrangères), leursbijoux etleurs valeurs.L’ensemblede ces biensétait consignédans unregistrecomparable à unregistre d’écrouà l’entrée d’une prison.

Concernant les« fondsenpossessiondeshébergés» : (du camp deSeptfonds)

« Les fondsenpossession des hébergéssontdéposésentrelesmainsdu gestionnaire qui endélivre[un] reçu détachéd’un registreà souches.Legestionnairedépose l’argent à lasuccursale de laBanque deFrance laplusproche.Lessommesainsi verséessont inscrites sur un registre spécial, au créditdesintéressés.Sur cedépôt,leshébergéssontautorisés à préleverunesomme de800 francsquipourra êtrerenouveléeau fur et àmesurequ’elle sera dépensée.Lesgrands-parents,pères, mères,conjoints,frères, soeurset descendantsen lignedirecte dechaquehébergésontadmis àalimenter ledépôtconsti-tué par les hébergés.

Bijoux et va leurs :

Lesbijoux etobjetsde valeur,dont leshébergéssontporteurs, àl’exception de leur alliance quileur est laissée,s’ils le désirent, doiventconstituer desdépôtsindividualisés qui sontscellésetplacésdans un descoffresde la succursale de laBanque deFrance la plus proche mis à ladisposition d ugestionnaire. » 53

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La méthode suiviea consisté àrassembler les registres dedépôts debiens etvaleurs laissés par les internésjuifs. Le but escomptéétait de calculerla spoliationdans les campsd’internement àpartir de cesregistres. On espéraittrouver,sinonla totalité, la majorité desregistres dedépôts et calculerle montant exact dela spoliation. Compte tenu deslacunes desarchives, cette étude s’est tournée vers une estimationchiffréepar extrapolation.

Lesdépôts initiaux en francset en devisesUne étudea été effectuée sur les dépôts de Juifs internés.Elle

porte sur8 141dépôts54 concernant desfrancs,devises, bijoux ou desvaleurs. Ces dépôts ont étéfaitsdansseize camps(Gurs,La Lande,Lou-dun,Mérignac,LesMilles, Montluçon, Nexon, Noé, Poitiers, Rabès,Rive-saltes, Saint-Cyprien, Saint-Paul-d’Eyjeaux,Saint-Sulpice, Septfonds,Le Vernet).Le total desdépôtsen francss’élèveà 24 828 907,90 francs;ce qui représente un dépôt généralmoyen de 3049,85francs.

Pour 1 877personnesrépertoriéesdans lesarchives de dépôts,il n’a été trouvéaucunetrace d’argentfrançaisdans les campsprécités.En revanche,elles ont déposé des devises étrangères et desbiens(bijoux, valeurs, timbres).

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Lescamps deSaint-Cyprien, de Gurs et duVernetsont les plussignificatifsen ce qui concerne lesdépôts de devises,bijoux et valeurs.Parmi les60000 internésdans les camps de province,50000étaient desétrangersréfugiésen France.Ceux-cipossédaient de nombreusesdevi-ses étrangèresqu’ils devaient déposer àleur arrivéeau camp en respec-tant le même principe d’enregistrement quepour l’argent français.Enthéorie, ces devisesétaient converties en francsfrançais, maisselon lesregistres de dépôts consultés, une partie dessommes endevisesétrangè-res n’a pas été convertie.Ceci s’explique, dans le cas des camps deSaint-Cyprien et de Gurs, parle fait que les internés arrivaientdirecte-ment deBelgique avec denombreusesdevises et que l’échangen’avaitpas eule tempsd’être effectué.L’étude statistiqueporte sur les internésde ces troiscamps dansla mesure où les informationssontconsidérablescomparées à cellesprovenant desautrescamps de province.

Le total desdépôtsendevisess’élèveà 11 248 567,77francssurla base du taux de change demars193955. Le dépôt moyen de devisesserait de 1385,12,mais en l’absence de trace de dépôt dedevisesdansles autres camps,le montant estdivisé parle nombretotal d’internés ;cequi donne unrésultat de187,47francs.

Ledépôt général moyenpassedonc à 3 237,32 francs.Dans ces conditions etsachantqu’environ60 000Juifs ont été

internésdans les camps de province, onobtient, parextrapolation, -avec les incertitudes qui tiennent àl’insuffisance detracesdocumentaires- une somme quel’on peut évaluerà 200 000000 de francsen tenantcompte desdépôts en francs et endevises.

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Selonlesregistres,les sommes enfrancsdéposéespar lesJuifsdans les campsvont de2 francs à500000francs.Les sommesinférieuresà 100francssonttrès peunombreuses. Quant auxdéposants desommesinférieures ou égalesà 1 000francs, ceux-ci représentent30 % des per-sonnesrecensées mais necomptent que pour4 % seulement dutotalglo-bal des dépôts. Tandis que cellessupérieures à10 000 francs sontproportionnellementtrès importantes ;529 personnes ontfait un dépôtsupérieur ou égalà 10 000 francs. End’autres termes, 7% des internésrecensés sur les registres des huitcamps représentent plus de60 % dumontanttotal des dépôts.Pourrésumerla situation,retenons que letiersdes internés ayantfait les dépôts les plusfaibles ne représentent que5 %.

Dépôts initiaux des internés deGurs, Laudun, Mérignac, les Milles, Noé,Poitiers, Rabès, Saint-Cyprien

Au regard del’histogramme, on s’aperçoit quela quasi totalitédes dépôts se situe entre300 francs et30000 francs avec un pic auniveau dessommescomprises entre 3000et 4 000francs.Il y a assez peude dépôtsimportants; lesinternés déposaientdonc rarement desfortu-nes. Ce large éventail desdépôts comprend unemajorité desommescomprisesentre 1 000 et5000 francs (42%). Les dépôts inférieursà500 francsreprésentent environ le quart desinternés.

La moyenne obtenue dudépôt moyen ne concerne que lessommesd’argent et non les valeurs, bijoux etbiens desinternés.

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Dépôts d’argent desinternés deGurs, Laudun, Mérignac, les Milles,Noé, Poitiers, Rabès etSaint-Cyprien

Les coffresà l’intérieur descampsUne partie del’argent déposé étaitplacéedans uncoffre qui

demeurait àl’intérieur du camp.Cecipermettait aux internés dedisposerd’unesommeallantde 400à 800francsselon les camps,afin d’améliorerleurs conditions devie par l’achatde denrées alimentaires et autresbiensnécessaires.La plupart des camps possédaientdonc un coffre danslequel une partie desdépôts des internés pouvaitêtre conservée.Lesarchives départementales desPyrénées-Atlantiquesconserventd’ailleursdes documents quiattestantl’existenced’un coffre dans le campd’inter-nement de Gurs56.

Les campsd’internementfrançaistenaient leurproprecompta-bilité danslaquelle rentraitl’ensemble desdépenses et recettesafférantau fonctionnement du camp.Cettecomptabilitédevait,en principe, êtredistincte de celle qui concernait les dépôts d’argent par lesinternés.

La conservation au seinmême du camp d’une importantesommed’argentappartenant auxinternés est uneentorse aurèglementpuisquel’argent devait être déposédansle coffre d’unesuccursale delaBanque deFrance ou d’uneautre banque.Néanmoins, denombreuxexemplesconfirmentla présencedans uncoffre du campd’une sommed’argent considérableappartenant auxinternés. Les chefs decamps

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justifiaient cette décision par les libérations d’internés qui les contrai-gnentà pratiquer chaquefois des retraitsd’argent57.

L’argent conservé sur eux

Bien quele règlement stipule queles internés doivent impérati-vement déposer aucampl’ensemble desbiens etvaleursqu’ils ont en leurpossessionà leur arrivée, l’étude denombreusesarchives permetd’affir-mer queles internés ne déposaientqu’une partie de cequ’ils avaientapporté. Nombred’entre euxconservaient sur eux unepartie del’argent,desbijoux, des biensdansle but de pouvoirutiliser ces valeursà unmoment précis, même si lesinternés ne respectant pasle règlementencouraient une peine de prison58. Tous leslieux pour cacher cet argentétaient envisagéspuisque21000 francsont été trouvésdans unoreiller59.Ceux qui envisagent une évasion tentent de cacher unesommesuffisantepour survivre et,parfois, payer un passeurlorsqu’ils étaient prèsd’une

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frontière60. D’autresconservent del’argentafin d’acheter aumarché noirdes denréesdiverses.Lesraisons de garder del’argentsont nombreuses.

Un échange de courrierentrele préfet des Basses-Pyrénées etlecommissaire divisionnaire dela police mobile de Paulaisseainsisuppo-ser que certains internés ducamp deGursauraient eula possibilité deconserver une sommed’argentsur eux etl’utiliseraientpour se procurerdes denréesalimentaires supplémentaires61. Cette hypothèse estconfirmée par une lettre du préfet des Basses-Pyrénées au commissairedivisionnaire de police mobile de Pau (7 décembre1940)concernantletrafic au camp deGurs :

« Desinternés disposant desommesd’argent importantespaie-raient n ’importequel prix pourobtenir desdenrées alimentaires, en utili-sant pour leurs achatsl’intermédiaire destravailleurs espagnols,dontl’un aurait récemmentvendu du pain à desinternésallemands àraisonde20 francs lekilo.D’autres internés ne disposant pas d’argentliquide vendraient à vil prixleursbijoux, leurs fourrureset leursvêtements.Enfin, destransactions seraientopéréessur le dollarpapier que des inter-nésvendraient autaux de 43 f.45 àdesindividus quilesferaient passerensuite enzoneoccupée oùils en retireraient unprix beaucoup plusélevé. » 62

Le marchénoir étaitcourant dans les campsd’internement.Il estfavorisé par unrationnement plus ou moins sévèreselon lescamps. Deschefs de camp et autres membres du personnelprofitaient dufait que lesinternés étaient affaméspour les contraindre àutiliser leurs servicescontrel’argent qui dormait àla gestion. Nonseulementl’argent pour lanourriture des internésn’était pas utilisé, mais enplus, les achatsétaientdétournés, puisla nourriture revendue auxinternés.

« Maisle grief principal a été l’accusation de volaudétriment desinternés.[...] Une perquisition audomicile du directeur, le 12 juillet 1943,avait permis ladécouverte de stocksalimentaires assezconsidérables,

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peut-être détournésdel’approvisionnementdu camp(sucre, café, huile,farine, légumessecs,conserves,savon). Ce flagrant délit avait provoquélesaveux partiels et la destitution deMarcel Cropsal.Enfin, ledirecteurétait accuséd’êtreà l’origine d’un trafic de chemisesetde vêtements. Parle chantage, ilaurait obtenu "d’un pauvretailleur juif "de Toul, internéau camp, de travailler àfaçon pour lui àpartir decouvertures destinéesaux internés,faute dequoi il le livrerait aux Allemands.Bref, les témoinsaffirmaient que lamisèreau camp aurait étémoins grandesi le directeuravait étéplus humain et plus honnête.» 63

L’argent reçupar les internésPendantleurinternement, lesJuifs avaientla possibilité derece-

voir de l’argentsousforme de mandats.Cesmandats étaient portésdansdes registres dela même manière que les dépôts initiauxd’argent àl’entrée du camp. Rappelons que« les grands-parents,pères, mères,conjoints,frères, soeurset descendants en ligne directe dechaquehébergésontadmis à alimenterle dépôtconstituéparleshébergés» 64. Celasignifieque la somme déposée initialement par unepersonneétait susceptibled’évoluer aucours de son internement.

Entrées d’argent en cours d’internement aux camps deGurs, La Lande et Poitiers

Selonl’histogramme ci-dessus,la sommereçuele plus souventpar lesJuifs internésdans les camps deGurs,La Landeet de Poitiers estcomprise entre900 et 1 500francs. Tandis qued’aprèsle graphiqueà

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secteurs ci-dessous, untiers desinternés recevait desmandatsinférieursà 500 francs et untiers touchait des mandats compris entre1 000 et5000 francs.Les entréesd’argenten cours d’internementsonttrès varia-bles, mais moins tout de même que les dépôtsinitiaux. Eneffet, d’aprèscequel’on aretrouvé,il n’y a pas de mandatstrèsimportants.Cecis’expliquepar le fait que les mandats servaient aux internésà améliorerleur quoti-dien et rien ne nécessitaitl’envoi de sommesconsidérables puisqueleretrait étaitlimité. Dans certainscamps, lorsque les cantines enavaientlapossibilité, elles mettaient àla disposition des internés diverses denrées etproduits àla vente.Ceschiffresmontrent que de nombreux mouvementsd’argentétaient possiblesdans lescampsd’internement.En d’autrester-mes, cela renforcel’idée quela somme moyenne déposée, évaluée à envi-ron 3000 francs,estgrandementsous-estimée.D’autantque, d’aprèsunrapportrédigé parle docteurCramer,membre duCICR dans lescamps duSud dela France ennovembre1941,il est précisépour lecamp deGurs :

« La postefonctionne régulièrement.Les internéspeuventécrire etrecevoirautant delettresqu ’ils le désirent.Deuxcent cinquante àtrois centspetits colisdevivresarrivent régulièrement du Portugal et améliorent un peule menudesheureuxdestinataires.Le mouvementd’argentestconsidérable,une sommed’environ 35mille frs arrivechaque jour à destinationdesinter-néslesplusfortunés et la sommeglobaledéposéeen leur nom àla banqued’Oloron semonteà prèsde 3 millions.Le rabbin chargé des secoursprélève4 %del’argent qui arriveà Gurs parlaposteen faveurdesnécessiteux. » 65

Toutefois, onn’a la trace que d’une partie des mandats,carbeaucoupn’étaient pas enregistrés légalement par lesgestionnaires des

Entrées d’argent encours d’internement aux camps deGurs, La Landeet Poitiers

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camps.Et d’ailleurs, une différence considérable existeentre la sommeenvoyée par lesbanquesà destination des internés et celles quisontenregistrées àl’arrivée au camp deGurs :

« Il en est de même du régime des mandats-poste.En effet, aucourant del’année, il estarrivé au Camp pour plus dedouzemillions demandats-postes.La gestion ducampaccuse undépôt aucompte de tousleshébergésd’unesomme de 1 200 000 francs ;par ailleurs, le mouve-mentd’affaires descantines pour la mêmepériode, est de 3 millions de

francs par an.Il estdoncavéréqueleshébergésconserventpar déverseux la différenceentrecesdeuxsommes,soit : 8 millions. »66

Ceciprouve, unefois encore quele dépôtà la gestion du camp,et plusencorele dépôt initial, n’est passignificatif.

Lesbijoux et valeursdesinternés

BijouxLes bijoux des internésdevaientêtre recensés et enprincipe

déposésà l’entrée de chaque camp.Lors du dépôt, seuls lesbijoux deforte valeur ont étéestimés.Les autresbijoux de moindre valeur mar-chanden’ont pas été estimés par les fonctionnaires descampsmaisseu-lement recensés.Néanmoins, ces bijoux quisont souvent deschaînes enor, des montres, desbagues en or,etc., représentent sur l’ensemble unesomme nonnégligeable.Les calculsne peuvent évidemment porter quesur les bijoux estimés à l’époque.

ValeursTout bien qui ne rentre pasdans lescatégories« argent», « devi-

ses »,« bijoux » était considérécommevaleur et devait être déposé aucamp aumêmetitre que le reste.Il s’agit par exemple decollections detimbres, debons auporteur, dontla valeurétait précisée.

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Lesobjets appartenantauxinternésÀ leurarrivée aucamp, les internés déposaient aussi des objets

divers. Le tri revenait à l’administration ducamp qui n’en conservaitqu’une partie. Dans son rapport demars1943le chef du camp deRabèsen Corrèzenote qu’« un trisérieux des bagages quicontenaientlesobjetslesplushétéroclites,a étéeffectué :lesinternés ontétéautorisésàprendreprèsd’euxceux quileur étaientnécessaires ;tousceux quiétaient entière-ment inutiles, telsque : vieilles boîtesdeconserve,vieuxpoêlesportatifs,casseroles,etc. . . , ontété soitdétruits, soit entreposésdans unlocal spécial.Touslesobjetsen boisdu genrepetits bancs, tabourets,siègesrustiques,caisses,contenant despunaises, ont dûs[sic] êtrebrûlés. » 67

Lors de leur transfèrementà Drancy avantla déportation, lesinternés n’emportaient que rarementleursobjetsavec eux,d’autantquele départ s’effectuaitdans le désordre etla précipitation.Les internésdevaientabandonnertout ou partie des affairesqu’ils avaient au momentde leur arrestation.

« Desmonceauxd’objetsdiversabandonnésdans quinzebara-quements par plus de 500personnes ont ététriés, étiquettés,emballés etregroupésdans unbâtiment situé hors debarbelés. » 68

Avant même que les internésn’aient quitté le camp deGurs,certainsgardesmobiles ne seprivaientpas pourvoler les biens rassem-blés avant déportation.Selon unrapport del’Aumônerie généraledatédu 17août1942,« les personnesdésignéespour êtredéportéessontalléesfaire leursbagagesaccompagnées de gardesmobiles.Un certainnombrede cesgardes ontprofité des circonstancespour se livrer à de véritablesvols.Il faut compterenviron 150personnes qui ont étéainsi volées. » 69

Quant auxobjets précieuxqu’ils avaient réussi à dissimuler, lepillage lesrattrapaitplusloin, àDrancypar exemple, pendantl’été 1942 :

«La plupart de ces malheureux quipartentdepuis quelquesjoursviennent dezonelibre. Gurs, le Vernet,Noé, etc. et présentent l’imagemême de la déchéance.La P.Q.J.(Police desQuestionsJuives)leur enlèvetout ce quiavait pu leurresteraprès delongues années demisère et depérégrination. Lesbijoux, l’or et lesdevisessanscompterlesobjets person-nels précieux que jusqu’à présentils avaient puconserverpar deverseux,toutcela remplitàprésentles caissesde lasalle des fouilles.Montresenor,en platine,sertiesde brillants, diamants,dollars, livres, rien n’échappe àlaperspicacité des inspecteurs quidécoupentles fourrures,arrachent lesdoublures etles épaulettes,font enleverles chaussureset confisquent

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purement et simplementcouvertureset édredons qu’on éventre par lasuite. On ne leurlaisseaucun de cesobjetsindispensables etbienentendupas un centimed’argent français ou étranger.Ceux qui n’ont riendéclaré et sur qui ontrouve desvaleurssontgiflés par lesinspecteursquelque soitleur âge ou leursexe. » 70

Les soldesdescomptesaprèsle départLe grouped’étudesa calculé une moyenneà partir des sommes

laisséespar les internés ayantquitté les camps deMérignac,de Rivesaltes,deSaint-Paul-d’Eyjeauxet duVerneten vue de leurtransfèrementà Drancy.Elle estseulementde 1 633,70francspour406personnesrecensées.

Sur la totalité de cessoldes,55 % sontinférieurs à500francs etseulement 8%sont supérieurs à5000 francs. Considérant quelamoyenne du dépôt par internéestde 3000francs,le solde qui demeuraitdans lescaisses descampsaprèsle départ précipité des internésjuifs estrelativement faible.La différenceentrele dépôt moyen de 3000francs etle solde moyen de 1633,70représente ce quel’internéavait été obligé dedépenserdansle camppour essayer desurvivre. Cessoldes sontrestésdans lescaisses del’État.

Soldes des internés descamps deMérignac, Saint-Cyprien, Rivesalteset du Vernet

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Surl’histogramme,on observe que les sommesinférieures à200 francssont les plus nombreuses, tandis quepour lesdépôtsinitiaux, très raressont les sommes de cettefaible importance.À l’évidence, les internésdépensaient leurargentpendantleur séjour au camp.En effet, le gra-phiqueindique que55 % des sommes sont en dessous de500francs, tan-dis que pourcelui des dépôtsinitiaux, elles ne représentent que23 %.Même s’il ne s’agit pas des mêmescamps, saufpour Mérignac etSaint-Cyprien,la différence esttelle qu’il ne fait aucun doute que lesinternés dépensaient defortessommesà l’intérieurmême descamps.Aucamp dela Motte-Beuvron,« plus le tempspasse,plus la situationdesinternésdevientdifficile. Lespetits commerces illégaux maisnécessairesnesontpluspossiblesfaute d’argent. Eneffet,touslesinternés depuisprèsd’un an, ceux quidisposaient de quelques économies ont vu leur péculeseréduire considérablement ».71

Soldes desinternés deMérignac, Saint-Cyprien, Rivesaltes et du Vernet

L’argent devaitsuivre les internésLorsque les internés étaient transférés d’uncampfrançais à un

autre,l’argent qu’ils avaient déposédansle premiercampdevait théori-quement lessuivre.« Lors de leurtransfèrementdans unautre camp,cesobjetsdoiventlessuivre ; ilssont remis aux internés àleur sortiedéfinitivedu derniercampd’internement. » 72

Unelettre du chef du camp de Gurs au préfet desBasses-Pyré-nées (7mars 1942) confirme cetrajet :

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« En réponseà votre lettre citée enréférence,j’ai l’honneur devous rendrecompte de ce que le dépôt deM. ROHRBACHERSiegfriedquiconsistaiten :280 dollars or60 francssuissesor590 Reichsmark or20 dollarspapiera été adressé par pli à Monsieurle Gestionnaire ducamp desMILLES(B.d.Rh.) le7 avril 1941, MonsieurROHRBACHERayant étédirigé d ucamp deGurssur le campdesMILLES le31 mars 1941.Cetenvoi est l’un de ceux pourlesquelsne pouvantobtenir d’accusé deréception de lapart de soncollèguedu camp desMILLES, le Gestionnairedu camp deGurs s’étaitpermis dedemandervotre intervention par sonrapport du 20 mai1941.À la suite decette intervention nous en avonsreçu confirmation de labonnearrivée decesdépôts,ainsi que je vous enavaisrenducompteparma lettre du 10 juillet.Le dépôtde MonsieurROHRBACHERsetrouvedonc au camp desMILLESdepuis le début du moisd’avril 1941. »73

Cependant,d’après lesarchivesconsultées,l’argent des internésn’était querarementenvoyédansle campsuivant etil estd’autantplusdiffi-cile d’en suivrele trajetque peud’archivesmentionnent cestransferts.Enfin,sachant quelespersonnesétaientdéportées versl’Est, lesgardiensdu campde Drancyn’hésitaientpas à dépouillerlesJuifsavantleurdépart.Danstouslescas,que cefut àl’arrivée au camp ouavantle départpourla déportationversl’Est, les internéssevoyaientdépouillésde l’ensemblede leurs biens.

« Quand un transport partait, il fallait que chacun passâtdevant unsimple gendarme et luidonnât tout ce qu’ilpossédait enargent, bijoux, or, etc. Quand parhasard,quelqu’un cachait quelquechose et quelesgendarmes le trouvaientaprès, ils lui prenaient tous lesbagages et ne luilaissaientqu’un pantalon et unechemise. À certainesfemmeson coupa mêmeles cheveux.D’autres essayèrentd’enfouir leurfortune sousterre, maislesgendarmes devinaientl’endroit et prenaienttout. D’autres encore le jetaientdans lescabinets, maislesgendarmesfrançais repêchaientletout à l’aide de filsde fer.Ainsi des milliardsetdesmilliards tombaient entrelesmains de lapolice française. » 7 4

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Le deven i r de l’a rg en t desinternés

IrrégularitésdiversesdanslescampsAprèsla guerre,laCour descomptess’estpenchée surla comp-

tabilité des campsd’internement et a pu relever diverses irrégularités.Sicertaines selimitent àlasimple non-application durèglementconcernantle dépôt des internés ou des règles dela comptabilitépublique,d’autress’avèrentplusconséquentes.

Non-respectdurèglementconcernantle dépôtPendantla guerre, certains dysfonctionnements sontdéjà men-

tionnésdans unelettre du conseillerd’État, secrétaire général àla Policeau préfet desBasses-Alpes(23 février 1943)concernantla caisse descampsd’internement. Ceux-ci ne relèvent que dela première catégoried’irrégularités,c’est-à-direle non-respect du règlement :

« J’ai constaté quedans certains camps la conservation et lemaintiendesfondset deslivresdecomptabiliténefaisaientpasl’objet deprécautions suffisantes et ne s’accompagnaient pas detouteslesgarantiesde sécuritédésirables.Il y aurait lieu d’attirer à cesujet l’attentiondeschefsde camp sur lares-ponsabilité pécuniaire et disciplinairequ’ils encourent.C’estpourquoij’ai décidé que la réglementationsuivanteserait doréna-vantapplicabledansles camps :Lesfonds détenusà quelquetitre que cesoitpar lecamp(régied’avances,pécule des internés, etc... ) serontconservésdans unecaisseunique.Il est interdit de garder encaisse des disponibilités supérieures àhuit joursde besoins.L’excédentde numérairedoit être obligatoirementverséa ucomptecourant du camp.À défaut decoffre-fort, la caissedevraêtreplacéedansun local offrant lemaximum desécurité, déposéedans unmeublesolide fermantà clef Ungardien armé y demeurera enpermanence(de jour et denuit) commegarde caisse.Le caissierdoit vérifier sa caissematin etsoir. Sonjournal decaisseren-dra compte decetteopération.Elledoit faire l’objet, du moinsune foisparmois,d’une vérification inopinée durégisseur. »75

La documentation Française :

.

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La Cour descomptes aainsi pu repérer quedans certainscamps,tel celui d’Argelès,le dépôt des internésn’a pas été transféré àlaBanque deFrance76.

Le phénomène est également constaté aucamp de Gurs :

« Entre autresprécisions intéressantes on yrelève cependantl’importancedes dépôtsde fondsdesinternés irrégulièrementconservésau campet qui en Novembre1941 atteignaient1347 000francs. Cecimontre l’importance des sommes quidanscertains camps ontpuêtremisà la disposition des gestionnaires et servir en sus desavances de laTréso-rerie générale àfinancer lesdépenses. » 77

Lesmêmes manquements aurèglementsontconstatés aucampdu Vernet dansl’Ariège, ainsi que d’autresirrégularités :

«En outre le 21 juin1945, après la dissolution ducampd’inter-nés,transforméle 18 mai 1945 encamp deprisonniers deguerre dépen-dant del’autorité militaire, il a été reverséà la Caissedes dépôts unesomme de 25583 francs etdiversesdevisesou valeurs étrangères apparte-nant à desinternés. C’est d’ailleurs indique leTrésorier Généralle seulversement qui ait étéeffectué à cetitre. » 78

De manière générale,il semble que, dansla majeure partie descamps,les gestionnaires ontconservél’argent desdépôts des internésdansle camp etl’ont utilisé comme fondspour la trésorerie générale.Cette démarche nesignifie nullement qu’il y ait eu détournement dufonds appartenant auxinternés. Cependant, aucuneprécision n’estapportée quant aux divers mouvements defonds et à leur équilibrecomptable.Si le mouvementest vérifiable dans unsens (du fonds desdépôts des internés versla trésorerie générale du camp),il nel’est pas enretour. Lesconstatations dela Cour descomptes demeurenttrès incom-plètes à ce sujetdansla mesure où leslivres de comptes descampsd’internement n’ont pastoujours été recouvrés.Lesinformations quel’onpossèdesontdonc très parcellaires et nepermettent pas detirer de con-

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clusions79. Néanmoins,le flou entretenu parcertains gestionnaires decamprend envisageables et vraisemblables desabus detout ordre.Parexemple, commentinterpréterla déclaration ambiguë du chef du campde Gurs concernantla comptabilité ducamp en adéquationavec lenombred’internés ?

« À ce jour,la comptabilité ducamp fait ressortir un dépasse-ment decrédit de l’ordre de 400 000Fr.Cedépassementestdû à lapériodeassez longuependantlaquelle lecampa été mis enveilleuse,etpendantlaquelleles frais générauxont étésensi-blementlesmêmes quependant unepérioded’action.Le nombre actueld’internésesttrop minime pournouspermettrederécu-pérer ce dépassement. » 80

Parallèlement aux caissescontenant l’argent déposé par lesinternés,il existait des caisses noiresdans de nombreux camps :

« Il existait donc aucamp deRécébédou une caissenoire qui arecouvré certaines recettes etpayé certainesdépenses,sans qu’il soitrendu compte de sa gestion auTrésorierGénéral, ni à laCour. Cen’estpas (hélas !)un casisoléet pour le camp deRécébédounous avionsdéjàfait allusion àcettesituation au rapport précédent. » 81

Détournementde l’argent déposé parles internésL’examen desarchives dela Cour descomptes révèle également

que des détournements del’argent déposé par les internés dans lescampsd’internement ont eulieu danscertainscas.Ainsi, des extraits desrapportsqu’elle a rédigésfournissent des précisionsquantà la nature deces détournements :

« Diverscamps oùcertainesirrégularités auraient étécommisesrécemment :[...]

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En Charente-Maritime - détournements par ledirecteur d’un camp defonds etvaleursappartenant à desinternés. »82

Un autrerapport dela Cour descomptes pourl’exercice 1942souligne que «l’emploi desfonds personnels du régisseurparaît assezimprobable,celui des fondsdesinternésest plusvraisemblableet aété fré-quemmentconstatédanslescamps83. Concernantle camp deRécébé-dou,le chef du camp écrit au préfet deToulouse que« les saisies dites« delitige » effectuéessurleshébergésnesuffisentplus àl’entretien du campetà réglerles facturesde ravitaillementdeshébergés »84.

De la même manière,« un rapport du 31janvier 1945 del’Inspecteur GénéraldesServicesadministratifsLacaissea trait à la dispa-rition de valeursayantappartenu à desinternés ducamp deRivesaltesàsavoir 8billets de 100 dollars et1 billet de 50Reichmarkscensés expédiésle 28 juin 1943 de laPréfecturede Perpignan àdestination duministèredel’Intérieur où ils ne sont jamais parvenus.L’expéditionaurait été faitepar pli ordinaire nonrecommandé» 85.

Toujours selon un rapport dela Cour des comptes,il y a eu en1949un détournement de fonds parle gestionnaire ducampd’Argelès.Ce dernier a étéjugé et condamné à quinze mois deprison86.

Non-remboursementdesinternésLa Cour descomptes souligneégalement que des fondsappar-

tenant auxinternésn’ont pas été remboursés87, tandis que des étudesgénérales réalisées parla Cour descomptes surla comptabilité du campd’internement de Noé révèlent aussi des irrégularités :

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« Au sujet de la gestion ducamp deNoé des éclaircissementsavaient étéégalement demandés :[...]- sur les conditions de remboursementdesdépôtsdesinternéset sur lesréclamationséventuellesqui auraient puêtre formuléesà l’occasion decette opérationIl est répondu àce sujetpar lePréfet :Il estprécisé qu’iln ’a étérecouvréaucunfrais depension surlesinternésau centre deséjoursurveillédeNoé. Ilsembletoutefoisqu’unecomptabi-lité annexe ait ététenue auCamp,attendu qu’il existe un reliquat de66 328 frs 90 actuellementverséau compte« Recettesà classer» et pourlequeli ly aurait lieu deme fixer surl’imputation définitive à lui donner.Il enestde même en ce quiconcernelesdépôts des internés etproduit desconcessions qu’ils’élèvent [sic] ensemble à259 347 frs 10 aumêmecompte.[...]En toutétat de cause, il yaurait lieu de prescrire laprise en charge auxrecettesaccidentelles duTrésordu reliquat de 66 328 frs 90,porté auCompte" Recettesà classer" ainsi que le versement à laCaisse desDépôts(encore quelesayantsdroit éventuels nepuissentêtredéterminés) du reli-quat de 259347 frs 10 surles dépôts desinternés, endéduisantéventuel-lement leproduit desconcessions ouautresrecettesqui devraient revenira u Trésor. » 88

De manière générale, legrouped’études a trouvé peu de tra-ces de restitutions del’argent déposé par les internésdans les campsd’internementfrançais. Ceci s’explique par plusieursraisons.La pre-mière est quela moitié des Juifs arrêtés,puis internés en provincesontdes étrangers qui ont été déportés enPologne en passantle plus sou-vent par lecamp deDrancy, dernière étapeavantla déportation.Trèspeu sont revenus.

D’autre part, raressont les dépôts de fortessommes (exceptépour les camp deGurs et de Saint-Cyprien).C’estla raisonpourlaquelle,le faible nombre deJuifs rescapés des campsd’extermination(moins de150hommes sur les10000déportés dela zonelibre) n’a pas réclamé cessommesd’argent. Sanscompterqu’au retour dedéportation,la restitu-tion éventuelle de cessommes neconstituait sansdoute pasla principalepréoccupation decespersonnes et lesinterminables requêtes auprès del’administrationfrançaiseen vue de récupérerleur dû n’encourageaientpas les ayantsdroit à persévérer.L’exemple d’un échange de courrierentre une femme désireuse de récupérerl’argentdéposé par sonmari augroupe detravailleurs étrangers de Septfonds et divers servicesadminis-tratifs estsignificatif de la durée queprenaient cesdémarches.Prèsd’unan s’estécouléentre lesdifférentescorrespondances sans quel’on sache

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si la personne a obtenuréparation89. Un ancieninterné deLa Landeayant réclamé l’argent qu’il avait déposé à son entrée aucamp, desrecherches ont été entreprises ;mais ellesn’ont rien donné car lesAlle-mands auraientvidé le coffre 90. Lesdemandes derestitutions éventuellessont, de toutemanière, très peunombreuses.

À l’issue des différentsrapportsrédigés parla Cour des comp-tes, le procureurgénéral dela République a pris un certainnombre demesuresafin de réglerl’ensembledes dossiers concernant les dépôts desinternés :

« Nous,Procureur Général de la République ;[...]Sur l’observation n˚ 5 (dépôtsd’espèces,valeurs etobjetsappartenant àdesdétenusetdemeurésaux mainsdes fonctionnairesdela PréfecturedePolice) :Sommes à la disposition de laCour pourattirer l’attention de la DirectionGénéralede la Sûretésur la nécessitédetransférer lesespèceset valeursdont il s’agit à la caisse desdépôts,de faire remise desobjets mobilierspouvantêtre considéréscommebiens vacants sansmaître àl’administra-tion des Domaines, et derembourserlesdépôts auxanciensinternés justi-fiants deleurs droits. » (7 juin 1948.)91

Néanmoins, en1948 et 1949, des questions concernant lescampsd’internementdemeurent encore en suspens etparaissenttropanciennes pour yapporter dessolutions commele souligne le rapport du19octobre1950 :

« Cesaffairesavaient étésignalées au ministère de l’Intérieur quia fait des enquêtes etdiversesdémarches auprès desserviceslocaux. Vul’ancienneté desfaits, et la dissolution des camps dont lepersonneld’encadrement paraît avoir fréquemment disparu sanslaisserd’adresse,les résultats qui ont pu êtreobtenussont, enpratique, insignifiants. » 92

De manière générale,il ressort del’étudeglobale desrapportsde la Cour descomptes que de nombreusesirrégularités ont étécommi-ses dansla gestion comptable descampsd’internement français. Irrégu-larités qui touchent non seulement lesdépôts des internés maiségalementle détournementd’argent provenant du fonds degestiongénéral descamps,etc.

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S’il est certain quela majeure partie desinternésn’a pas récu-péré l’argent déposé au camp, en revanche, peu d’entre eux devaients’attendreà se voir réclamer lesfraiscouvrant leur propre internement...Et pourtant,le gestionnaire ducamp deSisteronn’hésitepas à relancerpar courrier un ex-interné enjuin 1943 :

« Un contrôle de noslivres nouspermet de constater quevotrecompterestecréditeur de lasomme deFrs. 100.Cesolden’arrive pas à nouscouvrir du total devosfrais d’internementqui s’élèveà Frs. 780.Jevous priedenous faire parvenirla différencesoitFrs. 680 parretourducourrier . » 93

LessuccessionsdesinternésdécédésLorsqu’un interné décèdedans lecamp, sonargent estconservé

pendant quelquesmoisavantd’êtreéventuellement versé àla Caissedesdépôts et consignationss’il n’y a pas d’héritier.Parfois, les frais d’obsè-quesétaient prélevés surl’argent de l’interné décédé94. Lescalculsquisuivent ont étéréalisés à partir dessommesrestantes enregistréesdansles cahiers de comptabilité descamps et desinventaires après décèsconstatantl’argent restant enpossession despersonnesdécédées à Gurs,Nexon,Noé, Rivesalteset auVernet. Sur un total de570Juifs décédésdans cescamps,il reste unmontantglobal de 156229,95francs.Cequireprésente par interné, unemoyenne de seulement469,15 francs.D’après le secondgraphique(graphiqueà secteurs),la grandemajoritédes sommes (71%) est inférieure à500francs,tandis que seulement1 %des internés a laissé unesommesupérieure à5 000 francs.

La différenceentre le dépôt moyen etla moyenne del’argentrestantdansle campaprès décès est considérable puisqu’elleestnette-ment inférieure au dépôtmoyen initial. Ce constat peuts’expliquer parplusieurs raisons.La première raison tient compte dela durée del’inter-nement dela personnedécédée qui a pu utiliser unegrandepartie deson argent ;il s’agit doncd’un solde commedansle casde transfèrementd’internés. Néanmoins,la moyenne dessuccessions(469,15 francs) est3,5 fois inférieure à celle dessoldes (1633,70francs).La seconderaisonest peut-être due aufait que mouraient d’abord les plus pauvres.Laquantité dessommesinférieureà 20francs est considérable.La troisièmeraison résidedansle fait que certainscamps regroupaient desfamillesentières.Quand unepersonnemourait, lesautres membres de safamille

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pouvaient récupérer sonargent avant quel’administration ducamp nes’encharge.

Successions desinternés de Gurs,Nexon, Noé, Rivesaltes et du Vernet

Successions desinternés descamps deGurs, Nexon, Noé, Rivesalteset du Vernet

La faible importance de cessommes netient compte que del’argentofficiellement recensédans leslivresde comptabilité descamps.Il convient de rappeler que lesinternéstentaient de ne pas tout déposerdès leur arrivéeafin de conserver une sommed’argentsur eux.

Le devenirdesobjets,bienset valeursD’après desdocumentstrouvés aux archivesdépartementales

des Pyrénées-Atlantiques, des internés ducamp deGursn’auraient pas

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récupéré, lors deleur libération, les objets et valeursqu’ils avaientdépo-sés à leur arrivée aucamp.

Une lettre dudépartement de Police au directeur ducamp deGurs (12janvier 1943)concernantla non restitution des objets etvaleursaux internés de Gurs transférésle prouve :

« Diversesréclamationsadresséesà Monsieur le Préfet fontconnaître quelesobjetset valeursrelevésaux internéslorsde leurarresta-tion ne leur ont pasétéremises lors deleur libération.LesCommandantsrecevant des internésdoiventconsigner touslesobjetsretirés et remis par l’escorte. Lors de leurtransfèrementdans unautrecamp, cesobjets doivent les suivre ; ilssontremis auxinternés àleursortiedéfinitivedu dernier campd’internement.Je vousengage àdonner connaissance auxinternéslors de leurentrée aucamp, desobjets,valeurs,numéraires,bijoux etc. quileur ont étéretirés,afin qu’il n’y ait pas de réclamations ensuite. Vouscomprendrezqu’il nedoit pas y avoir de suspicion sur lepersonnel de direction et de gestion.J’espèrene plusavoir de réclamations à faireinstruire à l’avenir. »95

En ce qui concerne les successions desinternés ducamp deGurs, une lettre du préfet des Basses-Pyrénées au chef du camp(23 février 1942)permet decomprendre dans ce casprécis lesdémarchessuivies par l’administration ducamplors du décès d’un interné :

« Il conviendra,aussitôt que ledécèsd’un étrangerestconstatéd’aviser immédiatementlesparents oule conjoint du défunt del’ouver-ture de lasuccessionafin depermettre auxintéressésde prendre parti ausujet decette dernière.D’autrepart, pouréviterune ventetrop rapide des biens faisant partie dessuccessionsd’étrangers hébergés, il a été décidé quevous conserveriezdésormais,sousvotregarde,durant undélai dedeux mois à compter d udécès,les objetsayantappartenu au défuntpendant sonséjour au Camp.Vousdevrez faireprocéder immédiatementaprèsle décès à l’inventairede cesobjetsqui seront réuniset placésen sûretédans unlieuapproprié.Si,à l’expiration du délai précitéaucunhéritier nes’est faitconnaître ousi leshéritiers connus ontrefusé lasuccessionqui leur estéchue, ilvousappartiendra desaisir,danslesconditionshabituelles, leParquet duTri-bunal d’OLORONetle représentant del’administration desDomaines decetteville. » 96

Desdocumentsprovenantde fondsdesarchivesdépartementalesfournissentquelquesinformationséparsesconcernantles successionsdesinternés.Parexempleune lettre du préfet régionaldeToulouseauchef ducamp deRécébédoudemande, suite au décèsd’un interné, dedresseruninventairede sesbiensetde lesverser àla Caissedes dépôtsetconsignations

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qui lesreverseraauxhéritierséventuels97. D’autre part,une lettre duconseil-ler d’État secrétaire généralpour la police au préfet dela Haute-Garonne,mentionnele fait que le chef decamp peut garder durantdeuxmois lesobjets aprèsinventaire98. Et, selonuneautrelettredu mêmeconseillerd’Étatayant pour objet les successionsvacantesdans les camps, onsait que lenuméraireet lesvaleurs doiventaller à l’administrationdesDomaines99.

Lorsqu’aucune réclamationn’est présentée par les ex-internés ouleurs ayants droitspour récupérer lesbiens etvaleurs déposés aucamp,ceux-ci doivent êtreversésà la Caissedes dépôts etconsignation100.

Cetrajet suivi par lesfonds desinternés est mentionnédans unelettreduministèrede l’Intérieur datée du 3octobre1947,adressée aux pré-fets et ayantpour objet la destinationà donner auxfonds et objets ayantappartenuàdes internés.La Caissedes dépôts et consignationspeut seule-ment assurerla gardematériellesansapprécier lesdroits. Il convientdoncde verser aux Domaineslesbienslaisséspar les internésdéportés101.

L’exempledu camp deRivesaltesdansles Pyrénées-Orientalesest à cet égard significatif.Les archives renferment deslistes d’objets etsommesd’argentayantappartenuà divers internés ducamp etrestituésou remis à la Caisse des dépôts etconsignations.La situation de caisse estétablie parle comptable ducample 25mars1946(le camp estdéfinitive-ment fermé le 15 décembre 1945).Ainsi, 2 403,09francsappartenantàsept internésévadés ou décédés ont été déposésle 22 mars1946à la tré-soreriegénérale dePerpignan102.

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Dansla pratique, desfalsificationsd’inventairesd’internésdécé-dés ont parfois eu lieu. Selon un procès-verbal duministèredel’Intérieurau sujet ducamp deGurs, la procédure réglementaire pouvait subirquelqueentorsevisant àsubtiliser des objetsappartenant à desinternés :

« Je peuxtoutefoisvousciter un cas où B.avait en sapossessionun objet provenantd’un hébergé décédé.» 103

Danscertains cas, desobjets avaient disparu entrele premierinventaire etla restitution des objets àla famille du défunt. Selonl’inven-taire desobjetslaissésaprèsle décèsd’un interné ducamp de Noé,ilmanquerait uncertainnombred’objets(unebroche, uncollier avec per-les, trois cuillères àsoupe,trois cuillères à café et troiscouteaux).Leshéritiers n’auraient récupéré qu’« une alliance, unporte-monnaievide,un portefeuille et unepaire de lunettes avecboitier. » 104

Lorsque les objetsd’un interné défunt ont étéremis àl’Adminis-tration desDomaines, cette dernièreprend uncertain tempsavant derégler lesproblèmes de succession dufait dela difficulté évidente - voirede l’impossibilitédanscertainscas -pour unhéritier ou unayant droit deprouveradministrativementsesdroits105.

Ventedesobjets et valeursd’internésdécédésIl arrive parfois que des objets et valeurs des internés décédés

soient vendusaprès leur mort. Une lettre du conseillerd’État au préfetdes Basses-Pyrénées (22octobre 1941) concernantla vente de bijouxaprès décès d’internés témoigne que des valeursayantappartenuà desinternés décédés ont étévendues.« Il m’est signaléqu’au campd’interne-ment deGURS,diversobjetset notamment desbijoux appartenant auxinternés auraient étévendusaprès le décès de leur propriétaire. » 106

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C’est le rôle del’administrationde l’Enregistrementde gérer lesventes aux enchèresd’objetsayantappartenusà des internés décédés.Laréponse dupréfet des Basses-Pyrénées datée du31décembre1941per-met d’éclairer la procéduresuivie dans le cas dela vente des valeursd’internésdécédés :

«L’administration del’Enregistrement,conformément à lalégis-lation envigueur, fait procéder à lavente auxenchèrespubliquesdesobjetsqui risqueraient de sedétériorer par suited’un stockagetrop prolongé. » 107

À la liquidationdescampsÀ la liquidation des camps, lesconsignes sontprécisesquant au

devenir desdépôts des internés. Unelettre du ministre de l’Intérieur(11 mai 1946)fournissant les instructions à suivreconcernantla destina-tion à donner aux fonds etobjets ayantappartenu à desinternésa étéenvoyée àl’ensembledes préfets :

« [...] I - Internés de toutes catégories :1˚) Cas des internéslibérésou remis àl’Autorité Judiciaire :a) l’adresse estconnue:Il convient d’inviter parlettre recommandéel’intéresséà retirer ou faireretirer les fonds,objetset valeursqu ’il a pu laisser en quittantle camp.[...] b) Adresseinconnue oupropriétaire inconnu :Lesfonds, objetset valeurs sontconsidéréscommeépaves àcompter d ujour de lalibération de l’interné (si son nomestconnu) ou de la fermeturedu camp (si son nomest inconnu).Dans les deuxcas, lesfonds abandonnés,consistanten monnaie fran-çaise serontversésà la Caisse desDépôtset Consignations ; les fonds enmonnaiesétrangèresserontéchangés à laBanque deFrance contre leurvaleur enmonnaiefrançaise quisuivra lesort du reste du dépôt.2˚) Internés décédés aucamp.a) les héritierssontconnus.Lesinviter par lettrerecommandée àretirer les fonds,objetset valeurs pro-venant de lasuccession. Si ce retraitn’estpas effectuédansles3 mois,ilsserontconsidéréscommeépaves.b) Il n’y apasd’héritiers connus.La succession est en déshérenceet l’Administration desDomainesdoitêtre appeléeà entreren possessionselonlaprocédure prévue par ledécretloi du 30 octobre 1935. Lorsqu’il s’agit d’objets dont le prix de vente necouvrirait pasles frais de vente parlesDomaines,ils serontsoit détruits,soit remis à des hôpitaux ouoeuvres charitables. » 108

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Dans lesfaits,unefois deplus,des échanges decourriersfournis-sent des renseignements surl’application des instructions duministèredel’Intérieur. Ainsi, une lettre du préfet des Basses-Pyrénées aujuge d’ins-truction à Bayonne(25 juin 1946)concernant les fonds desex-internéssignaleque « ...tousles fondslaissésau Servicede laGestiondu Camp deGurs, au moment dudépart des internés, ontété versésà la CaissedesDépôtset Consignations,TrésorerieGénérale,rue Louis Barthouà Pau» 109.

En 1947,l’administration s’aperçoitfinalement que lessolutionsenvisagées auparavant serévèlent trop globales.Ceci explique queleministre de l’Intérieuradresse une autrelettre aux préfetsle 30octobre1947danslaquelleil souligne les distinctionsà faire entre lescatégoriesde bienslaisséspar les internés et leur destination :

« Or, le DirecteurGénéral de cette caisse mesignale quelesbiensabandonnés en fait pardes internés ne doivent pasêtre considérésapriori et uniformémentcomme desépaves,mais,suivant lescirconstancesparticulières àchaquecas d’espèce,commedes épavesou commedesbiens vacants etsansmaître.Il en résulte quel’Administration des Domainesestseule habilitée àlesappréhender, soit envertu du droit depropriété del’État, soit à titre deséquestre. À l’exclusion detout autreorganisme,ellea seule qualitépourapprécieren effetdequellesuiteseraitsusceptiblel’éventuellerevendica-tion d’un prétendant droit.La Caisse desDépôtset Consignations, simpledépositaire dessommes quilui seraient confiées, nepourrait qu’en assurer lagarde matériellesansêtreen mesured’apprécier la valeur desdroits invoqués parles personnesqui demanderaient laremise de cessommes entreleurs mains.»110

Dans son rapportd’étape dejanvier 2000sur les spoliations enprovince, la Caisse des dépôts etconsignations estime« importantd’insister sur lesparticularismes locaux etl’activité parfois malveillantedesautorités chargéesdescamps pour mieux comprendrelesdifférencesde traitement constatéesd’un camp à l’autre. Ainsi, dans les Pyré-nées-Orientales,aucun versement en provenance ducampd’Argelèsn’aété observé par laTrésoreriegénérale ; " or, il semblesurprenant,étantdonnéle nombre de ceux quisontpassés par cecamp,qu’il n ’y ait paseucertains reliquatsprovenant dedépôts,commecela a été fait dans lemême départementpour le camp deRivesaltes" ». 111

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Les comptesde dépôtsDes documentsd’archives ayant échappé aux diversesdestruc-

tions permettent deconstater, aprèsla guerre,l’existence de sommesprovenant des campsd’internement sur des comptes bancaires.D’aprèsunelettre du ministre del’intérieur à l’Inspecteur général del’administra-tion en mission àMarseille concernant les comptes courants d’organis-mes dissous,il resteencore en1952des comptes ouverts auxnoms decertainscamps puisque, dansle présentcas, il s’agit des comptes ducamp desMilles. Le premiera été ouvert pourle camp desurveillancedesMilles, le 20décembre1941(N˚9 402.53)sur lequelil reste en1952 :336914 francs.Le secondfut ouvert au nom durégisseur d’avances ducamp desMilles le 10 décembre1942(N˚ 9 402.54) ;et le soldeest de442660 francs en1952.La fin de cette lettre stipule :

« Jevousseraistrèsobligéde bienvouloir procéderà la clôture decescomptes courants, auversement deleur montant auTrésor,au titredesrecettesaccidentelleset de me rendre compte de cesopérationssousleprésenttimbre . » 112

Tandis qu’une note manuscritesansréférence, précise quedans son rapport du27 avril 1954,M. X signale quel’administration desPTT considère comme prescrites à sonprofit les sommes de336914 francs et442 660 francs déposéesà des comptes ouverts aunom du camp desMilles 113.

Dans unelettredu 6 octobre1955deM. Maulaveau receveur del’Enregistrement d’Aix-en-Provence,il est fait mention d’unesomme pro-venant du camp desMilles :

« Lorsde mon passage à Aix au mois d’aoûtdernier, MonsieurLAURENSCommissairedivisionnaire en retraitem’a informé de ce quevousrecherchiez des renseignementsconcernantle Camp desMILLES etparticulièrement dessommes d’environ 250 000 francsse trouvant aunom du Camp desMILLES au bureau deschèques postaux deMarseille età la Banque deFrance à AIX. » 114

Le 31mars1947,le préfet de Haute-Garonne informele ministrede l’Intérieur (direction de l’Administration et desAffaires générales,sous-direction desServicesfinanciers,4e bureau,comptabilité)qu’il a étéretrouvé surle CCP du camp de Noéla somme de259347francs corres-pondant à 201 495 francs (« saisies des fonds d’internés ») et à57 852francs(« successions»). Ces sommesn’ont pas puêtre versées àlaCaissedes dépôts et consignations, lespropriétaires étantinconnus.Lepréfet émet l’hypothèse que ces fondsappartiennentà « d’anciens

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internésdécédés oudisparus,n’ayant jamais réclamé jusqu’àce jour» etque très vraisemblablementils ne serontjamais réclamés.En consé-quence,il suggère que cessommes soientversées au Trésorier au titre de« Produitsdivers,Recettesaccidentelles» 115.

Tandis que par une note du 1er février 1949, le préfet deHaute-Garonneinforme le ministère del’Intérieur que les « dépôtsdefonds effectuéspar les internés» deNoéet « dont le remboursementn’ajamais été sollicité par lesintéressés oulesayantsdroit » ont été versés auTrésor116.

Les archives départementales conserventle « bordereau destitres de perception dumois dejanvier 1949 ».On constate ainsiqu’à ladate du 15janvier 1949,il restait auCCP (comptepostal ouvert au nomdu « campde surveillance deNoé») la somme de325675,90 francsdont201494,90correspondant auxdépôts des internés et57 852,20aux suc-cessions117.

De même, les archives départementales possèdent un docu-ment intitulé « ordre de reversement, exercice 1949,chapitreLJ du budget1946» indiquant quecessommes ont étéversées au trésorier général aucompte «recettesaccidentelles à différentstitres » par le service liquida-teur ducamp deNoé, préfecture deHaute-Garonne (cabinet).

Ces documents d’origines diverses prouvent quedans lesannéescinquanteil restaittoujours del’argent non restitué,provenant dediverscampsd’internement et séjournantdans descaissespubliques.

Les objetsdevaleurEnrevanche, on trouve peu de tracedans lesarchives des objets

de valeur déposés par les internés etprobablementstockésdans descof-fresde succursales dela Banque deFrance.Quant auxobjets de moindrevaleur, il semblequ’ils aient étéremis à l’administration desDomainesqui aurait procédé à leur vente etversé au Trésorle produit de cettevente, du moins en ce qui concerne lesobjetsprovenant de successionsvacantes.

Le 20 juin 1944,le chefdu bureauliquidateur du centresurveilléde Brens écrit aureceveur del’Enregistrement desDomaines et duTimbre àAlbi :

« Un certain nombre d’internées évadéesdepuis plusieursannées sontparties enabandonnant desbijoux enmétal précieux.

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Nepouvantlesconserverjevousseraistrèsobligéde vouloir bienme faireconnaîtresi jepuis vous faire parvenircesobjetsqui deviennentpropriétéde l’État.» 118

Il joint à cette requêtela liste des bijoux.

Caissedesdépôtset consignations,AdministrationdesDomaines,Banquede France

À partir des informations disponiblesconcernant le devenir desbiens et valeurs ayantappartenu auxinternésjuifs, les diverses institu-tions concernées ont été interrogées.

Répartitions des consignations à laCDC

La CDC a pu retrouver trace de 720dépôts concernant sixcamps(Mérignac, Gurs, Casseneuil,Le Vernet, Nexon, Rivesaltes) quis’élèvent à un montant global de1 138 165,30francs119. Sur ces720 dépôts, moins de30 ont fait l’objet d’une restitution quis’élèveà160157,20francs et quicomprend les camps deCasseneuil, Gurs,Méri-gnac, Nexon etRivesaltes ;4,5 % des consignationsà la CDC ont été rem-bourséspour 14 % dela somme.

La moitié desconsignations àla CDC (51 %) estconstituée desommesinférieuresà 500francs. Seulement 10% des sommes sontsupé-rieures à une consignation de5 000 francs.

La documentation Française :

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Autre constatationapparente, le graphiqueci-dessus estquasi-ment identique àcelui dessoldes. Par conséquent,il semble quel’argentversé àla CDC provienne des successions et des soldesrestantdans lescampsaprèsla liquidation.

En revanche,la Mission d’étude surla spoliation desJuifs deFrancen’a pu obtenird’informationssignificativesdel’administrationdesDomaines concernant les biens vacants endéshérence. Néanmoinsa étéretrouvée la trace d’une somme de458 116,40francs et 4$ pour268noms quiauraitété versée ultérieurementà la CDC120.

Sur une estimation minimumd’environ200 millions de francs,seulela CDCa été en mesure d’apporter deséclaircissements surla traça-bilité d’une partie de l’ensemble dessommesdéposées par les internésjuifs en province. Comptetenu del’écart considérable entrela sommeglobaleestimée déposée etla sommeconservée parla CDC, la Missionacherché à remonterle cheminsuivi par les dépôts.

L’étapesuivante des recherches menées parle grouped’étudessur les camps deprovince adonclogiquementconsisté à interroger lesarchives dela Banque deFrancedans le but devérifier s’il existait destra-ces d’ouverture decoffrespar des gestionnaires de camps afind’y dépo-ser les sommesd’argent des internésjuifs. N’ayant pu effectuer lesrecherchesnous-mêmesdans lesarchives, les résultats ont été transmisdirectement au grouped’études parla Banque de France.

D’après les informationsfournies par cette dernière, lesarchivesconcernantla période dela secondeguerre mondiale ont été presqueintégralement détruitesdans lesmultiples succursales de province.Lesraisons avancéespour ces destructionssont :besoin deplace,restructu-ration, déménagement,etc.

À la lecture desdocumentstransmis, peu derenseignements surla location de coffresà la Banque deFranceapparaissent. Cependant,ceux-ci apportent unéclairagesupplémentaire surla manièredont lestractations sesontdéroulées aprèsla guerre entrela Banque de France etle ministère des Finances.

Ayanttrouvédanscertaines archives départementales desdocu-ments attestantl’ouverture de coffres àla Banque deFrancepour lecompte de campsd’internement,il a été demandé àcelle-ci de vérifier sises archives comportaient des traces d’ouverture et de fermeture decof-fres, ainsi quela situation etl’évolution de cescoffres.Après interroga-tion de 211 comptoirs en province,la Banque de France affirme« qu’aucun coffre sansmouvementn ’est actuellement121 recensé et que la

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Banquen ’a pas procédéà l’ouverturedecoffressansmouvements depuislapériode de laguerre» 122.

Or, dansle rapport-type dela Banque deFrance deseptembre1999,il est signalé «l’ouverture en avril 1999 de deuxsacs en présenced’un huissier,avecétablissementd’un procès-verbal »123.

Dèsle mois defévrier 1940,une lettre du ministère desFinancesau gouverneur dela Banque de Franceprécise que les objets précieux etbijoux retirés aux internéscivils serontdéposésdans descoffres delaBanque deFrance,les dépôts serontindividualiséspour faciliter uneres-titution, les devises étrangèrespourront être converties en francs et lessommes enfrancsserontversées au Trésor.La circulaire du 18novembre1940du ministère del’Intérieur souligne que les fonds sontversés àlaBanque deFrance ouà l’une de ses succursales au nom du chef de campou d’un de sescollaborateurs (uncoffre estalorsloué).

D’autre part, suiteà l’arrestation d’Israélites, l’administration desDomainesn’a pas vouluappréhender des «biens vacants sansmaître»(définisselonlestermes del’article 539du Codecivil) dont lespropriétai-res étaientconnus etla Banque deFrance a alors accepté lestitres,valeurs mobilières etsommes ennuméraire enprovenance des camps oudes forces depolice qui les avaient consignés.

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Les « b iens la i ssésderrière eux »

Le concept des« bienslaissés derrière eux» recouvreuneréalitécomplexe etvariée.Le premier cas defigure estcelui des Juifs fuyantlazoneoccupéepouréchapper auxrafleset contraintsd’abandonnerdansla précipitation les biens et objetsdifficilement transportables.Il estdiffi-cile, voire impossible, de quantifierl’ensemble despertes qu’ils ontsubies,d’autant que les biens abandonnés ont pul’être tant dans lesappartements qu’en chemin versla zone libre ou l’étranger.

Le second cas estcelui desJuifs arrêtés quin’avaient le droitd’emporter avec eux quele strict minimum.Lorsdes arrestations, lesgen-darmes devaient, après que lesoccupants del’appartement enfussentsortis,dresser unprocès-verbaldanslequelétaient consignés les objets etmeubles restant à l’intérieur de l’appartement. Ces procès-verbauxd’arrestationcontiennent généralement uneliste relativement complètedes« biens» laissés.

Aprèsle départ desJuifs,les appartements pouvaientêtre l’objetde pillages. Bien évidemment, ces actesn’ont laisséaucunetracedans lesarchives, maissont connus àtravers denombreuxtémoignages de per-sonnesspoliées ou de témoins oculaires.

Le troisième cas est celui de Juifs internésavec unepartie deleurs biensqu’ils avaient emmenés lors de leur arrestation,mais qu’ilsn’ont pu emporter au moment deleur déportation.

Le quatrième cas de figureestencore moinsdécelablepuisqu’ilconcerneles Juifscontrôlés et arrêtés en possession de biens que les gen-darmes oupoliciers n’ont pas consignés.

Lors de leur arrestation, lesJuifs étaient contraints de rassembleren quelquesminutesle minimumd’affairesnécessaire.Le devenir detoutce qui restedansle logement dépend de sa nature. Dans le cas d’unechambred’hôtel, uninventaire desaffairesrestantes estdressé et envoyéà la préfecture.Si l’appartement est un meublé, lesobjets appartenantaux personnesarrêtées sont rassemblés, un inventaire est dressé.L’ensemble estsoit confiéà un tiersconnu des personnesarrêtées, soitenvoyéà la mairie ou àla préfecture. Lorsque lespersonnesarrêtéessontlocatairesd’un appartement nonmeublé, la police ou la gendarmeriedresse un inventaire de l’ensemble desmeubles et objetsrestant etappose lesscellés surla porte ; les négociationsconcernantle devenir deces bienssont entamées plustard avecle propriétaire de l’appartement.

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Dans la plupart des cas, lesbiens sontdispersésdans une vente auxenchèresdont le bénéfice revient àla direction générale del’Enregistre-ment, des Domaines et duTimbre.Dansle cas oùlespersonnesarrêtéessontpropriétaires de l’appartement, les scelléssontmis surla porteaprèsinventaire ducontenu. Dans tous cescas, lespersonnesarrêtéesempor-taient quand même avecelles des biens,objets et valeurs quiles sui-vaient jusqu’à leur internement oujusqu’à leur déportation.

Les archives départementales ne possèdent pastoutes depro-cès-verbaux d’arrestation(ex : lesAD de la Drôme n’en ont pastrouvédans leurs fonds).Et lorsqu’elles enont, cesdocuments ne font pasl’objet d’un classement particulier. Onles trouve donc au hasard dudépouillement des archives du cabinet dupréfet. Néanmoins,aucunfonds ne rassemble une quantité importante de procès-verbaux degen-darmerie.Ceuxque l’on a trouvés ne constituent que des échantillons.Ilsrenseignent surle contenu decertainsappartements et permettentd’avoirune idée généralede ce quelesJuifs arrêtéslaissaientderrière eux.

Ces descriptions d’appartements nesontévidemment pas chif-frées, ellesse bornentà unelistebrute des objets sans enfournir uneesti-mation quirendparticulièrementdifficile le travail dansla mesure où lesmeublesmentionnés ne sont pasdécrits. Lorsquele gendarmechargé duprocès-verbala écritpar exemple : unetable,quatrechaises, six cassero-les, un tabouret,aucuneinformation nenous est parvenue quant àlavaleur de ces meubles.Entreunefamillede Juifs étrangersvivantdans unmeublé et unefamille de Juifs installés enville de longuedate et qui a pu,au fil des générations, réunir des meubles, des objets et desbiens devaleur, les situationssontmultiples.

Unelettre du 15 août1942du ministère del’Intérieur, directiongénérale dela Policenationale auxpréfets précisele devenir ducontenudesappartementsdesJuifsarrêtés :

« [...] après l’arrestation desIsraélitesentrés enFranceaprès le1er janvier 1936,il conviendra de confierau Commissariat dePoliceou àla Brigade de Gendarmerie, lagarde des locauxoccupés parles intéres-sés,à moins que cesderniers aientremis lagarde deleurs meubles à un deleurs voisins.Les biens decesétrangers serontmaintenusdansceslocaux jusqu’à ceque l’Union Générale desIsraélites de France (UGIF), qui sera priéed’administrercesavoirsait étéofficiellementaccréditéeà ceteffet.Toutefois, jevous autorise,aprèsles opérationsenvisagées,à charger leCommissaire dePolice ou leChef debrigadede Gendarmerie àfairereti-rer des chambresd’hôtel où habitaient certains decesindividus,lesmal-les, valises,objetsleur appartenant, toutes les fois qu’ilserapossibledeplacerceux-ci dans unlocal où ils ne risqueront pasd’êtredétériorés. »124

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Le formulaireconcernant les« biensimmobiliers etmobiliers »que lesJuifs arrêtés devaientremplir est joint à cettelettre.

Le grouped’études a retrouvé uneautre lettre du ministère del’Intérieur datée du 31 août1942qui concerne demanière précise, lesbiens desIsraélitesétrangers partispour l’Allemagne :

« [...] 4 600 IsraélitesAllemands, Ex-Autrichiens,Ex-Tchécoslo-vaques, Polonais,Lithuaniens,Esthoniens,Lettons, Sarrois,Dantzicois,Soviétiques et Réfugiés d’origineRusse,pour la plupart entrés en Franceaprès le1er janvier 1936, ont été dirigés sur lazoneoccupée :7000 autressont en instance dedépart.Lesintéresséspossédantpour laplupart des biens enzonelibre, j’ai invitélesPréfetsdu lieu de leurrésidenceà leur faireremplirun formulaire, [...]indiquant lanature et lemontant deleurs avoirsainsi que lelieu où ilssont déposés.Lesclefsdeslocaux appartenant àcesétrangers oulouéspar eux ontétéremises aux Commissaires de Police ou auxCommandants deBrigade deGendarmerie.CesFonctionnaires ontété,en outre, autorisés à faireretirer des chambresd’Hôtels où habitaient certains de cesindividus, les malles, valises etobjetsleurappartenant,toutesles fois qu’il a étépossiblede placerceux-cidans unlocal où ils ne risquaient pasd’êtredétériorés.Il y aurait intérêt à ceque, dès àprésent, unorganismesoit habilité àprendre enchargelesbiens ouvaleurslaisséspar ces Israélites.Or, il résulte d’entretiensqu’un de mesReprésentants a eusavec leSecré-taireGénéral au Ministère de laJustice qu’il yaurait desinconvénients àautoriser les intéressés àdésigner leurmandataire.Il serait à craindre, eneffet, qu’ils confient àleurs coreligionnaires lagarde deleurs biens en violation desrèglesinterdisantcertainesactivitésaux Israélites.[...] J’ajoute que jevous transmettrai,dès quepossible,l’état des biens quiont étédéposésdanslescamps parcesétrangers,ainsi quelesnotices éta-bliespar ceux de cesderniers quipossèdent des avoirs enzonelibre. » 125

Grâce à uncourrier duCommissaire général auxquestionsjui-ves au conseillerd’État, secrétaire général dela Police (11septembre1942),on a des informations surle rôle joué par l’Union Générale desisraélites de Francedansla garde des« bienslaissésderrièreeux » :

« [...] À la suite desrenseignements qui m’ontétéfournis par leDélégué de1"’ Union Générale desIsraélitesde France ", jusqu’àprésentles Juifsarrêtéssontsansfortune et, dans cesconditions,à monavis,l’U. G.I.F.pourrait prendrepossession et se considérercommeséquestre decesbiens de peu devaleur, représentésseulement pardessommesd’argentde peu d’importance etdivers objets. » 126

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Une lettre du secrétaired’État à l’Intérieur ayantpour objet uneattestation concernant les biens desIsraélites127 marquele refus desinternésjuifs de remplir unformulairepourconfier leurs biensà l’UGIF.Cette démarcheparaît inutile aux internés« en raison, déclarent-ils, deleurprochain départ deFrance et de leurvolonté de nepas vouloirainsiconfier la garde de leurs biens àl’Union Généraledes Israélites deFrance» 128.

C’est seulement en derares circonstances quel’on voit l’UGIFrécupérer une partie de ces biens que lesJuifs arrêtés refusaient d’aban-donner enprotestation du sort tragique qui leurétait imposé. Ils nepou-vaientempêcherque,lors deleurarrestation, cesbiens fussenténuméréssurle procès-verbal dressé parla gendarmerie,maisils n’avaient pas à seprononcer surle devenir de ces biens.

Exemples de procès-verbauxd’arrestations :

Des documents provenant desarchives départementales deCorrèzepermettent de reconstituerle déroulement d’une spoliationdansses moindresdétails.Ainsi, des procès-verbauxconcernantle ramassaged’Israélitespar la gendarmerie nationale(26 août 1942) fournissent desrenseignementsprécieux.

Les détails du« ramassage »étaient consignésdanschacun desPV de gendarmerie :

« Avant le départ decetteIsraélite, nous fermonsles compteursélectriques,éteignonsleslampes,il n’existeaucunfeu. Nousfermonstou-teslesissues de l’appartement et la ported’entrée àclé, ainsi quele portailde la cour.Nous scellons laporte d’entrée.À l’intérieur tous les effets,d’habillement, chaussures et coiffure deMadame Xontété placésdans unearmoire fermée à clé.Nousapposons àla poignée dela porte d’entréeune étiquetteportant le nom du chef defamille X.Les trois clés, cellede l’armoire de laporte d’entrée et duportail sont endépôt à la brigade. »129

Autre exemple enCorrèze :

« Inventaire desobjets laissés :5 sacs pleins et 2valisesdontcontenu inconnu, 2 000 Fremis à Mr. M.Antoine, Maire de lacommune.Les2 000 Fontétédéposéschez le percepteur par Mr. M.lors de l’échangedes billets.»

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Selon un autre procès-verbal dressé enCorrèze,« l’inventairedes objetslaissés »comporte :« 1 lit de fer garniune armoirepleine de linge decorpset vêtementsdivers1 table1 bureau contenatd’innombrablespapiers personnels,factures diverses,etc...3 chaises2 tabouretsbois1 poste deT.S.F.marque « SONORA»1 trentaine delivres imprimés en Français ou en Russedeseffetsdivers(pantalon,veston,pardessus), du lingesale,desobjetsdetoilette diversune huitaine deballotsen papier défaitscontenant envrac,des lainages,(chaussettes enlaine etcoton dedifférentestailles) et vête-ments dedessouspour femmesetenfants (combinaisons,chemises, culot-tes, etc.) et d’autres articlesdont la détermination exacte ne peutêtredonnéeque par une personnecompétente en la matière :il y a 250pairesde chaussettesenviron. »

On a également unétat des bienslaisséssur placepar lesJuifsdirigés surle camp desMilles (octobre-novembre1942). Seloncette note,la police etla gendarmerie duVaucluse ont été invitées àprendretoutesles dispositionsutilespour «assurer lagarde, la surveillance et laconser-vation» des biens desJuifs.Il s’agit,en l’occurrence,des bienslaissés parlesJuifs étrangersdirigésvers lecamp desMilles le 26 août 1942.

Il reste aussiquelquesétats debiens immobiliers et mobilierslaissés dans leur anciennerésidence par des Juifs étrangers(29-30octobre1942).Il arrive quecertainessommessoient mentionnées(ex : 15000francs et 3000francs laissés pardeux personnesarrêtées enaoût1942 ;dansd’autres états dressés parla brigade deVaison,des som-mes de50 000et 100000 francssontconsignées)130.

Certainespersonnesétaientdépourvues de toutbien. Ce futlecasd’un convoid’environ 2 500hommes, femmes et enfants de nationali-tés diverses, en majorité israélites,partis de Saint-Gervais-les-Bains-LeFayet(Haute-Savoie) les5 et 7 septembre1943 versl’Italie. Le délégué duComité international dela Croix-Rougeentreprit une démarchedanslebut d’améliorerles conditions des cespersonnes :

« Nousvous serionsobligés, en outre,d’examiner lapossibilitéd’entreprendre une démarchecollectiveen ce qui concernele bagagedecesréfugiés ; celui-ci se trouverait àNice, y ayant été enpartie transportépar camion (avec les hommesvalides), en partie par voie ferroviaire,enregistré à St-Gervais-les-Bains.Cesbagages représententtoute la pro-priété deces infortunésIsraélites, errant depuisdes années ; beaucoup

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ont enserré,avec leursvêtements, leurspapiers personnels etlesobjetsdevaleur quileur étaientrestés.Croyant ne faire qu’une promenade jusqu’àNice, ils s’étaientchargéssur eux-mêmes du moinsd’effets possibles,etc’estainsi que laplupart se trouventici, sansmême un sous-vêtement derechange et quasi nu-pieds(sandales de plein été). » 131

Autre exempleparticulièrement émouvant et quicontrasteavecle précédent ; celui dela famille Kurzweil, dont la fillette, Adèle, a faitl’objet de l’attention publique récemment, grâceà la découverte d’unedes valises laissées parles propriétaires aumoment de leur arrestation.Selonle PV de la Gendarmerie nationale du Tarn-et-Garonnedresséle26 octobre1942,l’appartement contenait entreautres :

«1˚ Une malle jaune accusant lepoids de : 62 K2˚ Une mallen o i r e . . . . . I d . . . . . : 82 K3˚ Une malle enosier jaune.....Id..... : 90 K4˚ Une malle jaune... . . Id. . . . . : 33 K5˚ Une mallette jaune.....Id ..... : 42 K6˚ Une mallette encuir r o u g e . I d . . . . : 4 2 K7˚ Une machine àécrire8˚ Une mallettepupitre vide9˚ Uncarton àchapeaux encuir jaune10˚ Un postede T.S.F.sansmarque11˚ Deuxtréteaux, avec planchepour ledessus12˚ Quatrechaisesavecsiège enpaille13˚ Deuxtables enbois14˚ Une tableenfer15˚ Un banc enboisblanc16˚ Unepoubelle17˚ Une bassine18˚ Un broc19˚ Un seauen fer blanc20˚ Un réchaud électrique21 ˚ Divers ustensiles decuisine contenusdans unecaisse22˚ Deuxsommiers (Genredivan)23˚ Une cuisinière entôle avec tuyaux. »

On possède des renseignements sur les bienslaissésà Courthe-zon par des Israélitesétrangers :

« Le jourde leurarrestation, ils ont emportéavec euxle peudelingequ’ils possédaient.Ils venaient deLimoges oùils étaient domiciliés etqu’ils ont fui pouréchapperaux Allemands.Deux jours aprèsleur départest arrivée àl’hôtel une grandevalise,paraissant contenir dulinge, quileur a étéenvoyée parM. X, 30 rueJulesPicault à Limoges.Cedernier

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avaitété, jecrois, chargé par eux de lagarde de leurmobilier laisséàLimoges.La valisedont lecontenu n’apas étéinventoriéesttoujours ensouffranceà l’hôtel Bernard, les époux Yn’ayant plus donné deleurs nouvelles. »(30 octobre1942.)132

Grâce à des échanges decourrier entrela Gendarmerie et lespréfectures,noussavons que desétats deslogementsétaient dressés sys-tématiquement lors des arrestations.

Une lettre du chef d’escadron,commandantla compagnie degendarmerie dela Dordogneadressée au préfet du département précisequ’il lui fait parvenir «5 états derenseignements ausujet desbiens desIsraélitesétrangersdirigés sur la zoneoccupée»133.

La gendarmerie deSarlata dressé des« étatsdes logements ouhabitations où desscellésont été apposés à lasuite desmesures prisescontreles juifs étrangers». Lessections deRébérac, Bergerac etNontronont fait la mêmechose134.

Le commissaire de police de Périgueux transmet aupréfet deDordogne, le28 novembre1942une «liste des Israélitesétrangers dirigéssur la zoneoccupéeetayantlaisséen souffrancedeseffetsetobjetsmobi-liers à leur domicile». Cette liste comporte non seulement les noms despersonnesconcernées, mais également lelieu de dépôt des effets etobjets. Une autreliste comporte des noms etadresses.Ellesconcernentles « Israélites étrangersdirigés sur la zone occupée etayant laissé endépôt, aucentre de rassemblement desbijoux et dunuméraire ».

Selon unelettredu vice-président dela commission administra-tive des hospicescivils de Nice àl’intendant de police deNice,il reste desbijoux trouvés sur des Israélites amenés àl’hôpital Pasteurdontcertainssontsortis lelendemain :

« Il a étéconseilléau Receveur de conserverdans saCaissecessommes et cesobjets(en dépôt).[...]4 Israélites ont quitté l’Hôpital. Je me permets de vousdemander ce quenousdevons fairede ce qui a ététrouvé sureux.Normalement, auxter-mes du règlement,nous aurions dûle leur remettre à lasortie, maisd’autresIsraélitessontencore àl’Hôpital et la questionseposeégalementpour eux. » 135

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Les rechercheseffectuées parlegrouped’étudesdans les diverscentresd’archives permettent dereconstituer certaines parties de ce« gigantesquepuzzle »que représentent les« bienslaissésderrière eux».

Cependant,l’une des principales interrogations résidedans ledevenir de ces« biens ».Que sont-ilsdevenusaprèsla guerre ? Qui lesarécupérés ?Les familles arrêtées ont-elles pu récupérerl’intégralité deleurs « biens » ?Les questions sont nombreuses et lesréponses nepeu-vent être que partielles.Aussi,a-t-on choisi de collecter et de présenterlemaximum de renseignementspossibles.

Le ministre de l’Intérieuraurait donné desinstructionspour quele délégué régional du Commissariat général auxquestions juives(CGQJ),en accord avecle directeur des Domaines se charge desbienslaissés par les Israélites étrangersdirigésversla zoneoccupée(documentdu 23 février 1943)136.

Tous lesJuifs arrêtés, quelle quefût leur situation de fortune,ont laisséderrière eux aumoment de leur arrestation deseffetsperson-nels. Certains ont dûabandonner surplace dumobilier ou desmarchan-dises et desvaleurs, devises, or,bijoux, titres, parfoismême importants.Par exemple, parmi les4 500 Juifs étrangers arrêtés en zonelibre le26 août 1942,figurait une proportion non négligeable depersonnesfor-tunées :Juifs allemands etautrichiens, ayant transitésouvent par lesPays-Baset la Belgique, ainsi que des Juifs hollandais et belges,dont denombreuxdiamantaires.Le casdes frèresSchmidt,diamantairesd’Anverslégalement entrés en France enpossession de4 331carats de diamants,puis arrêtésà Nice et déportésle 14 septembre1942,est significatif.

Il convient de souligner égalementque,lors du franchissementdes frontières, lesJuifs étaientvictimesde spoliationà plusieurs niveaux.D’une part, ils payaient souvent defortessommes à des« passeurs »qui,souvent, neremplissaient pas leur« contrat »ou les abandonnaientavantla frontière pour éviter de sefaire prendre.D’autre part, les tentativesavortées de franchissement dela frontière franco-suisse ontdonné lieusouventà la saisie parla douane française desvaleurstransportées parles fugitifs juifs, pour la plupart étrangers qui se voyaient nonseulementspoliés,mais arrêtésavant d’atteindrela frontière ou refoulés, remis auxautorités françaises et internés. Raison officielle :importationillicite deces valeurs et tentative de leurexportationillicite. Une famille juive s’estainsi vuappréhenderà la frontière franco-suissele 25septembre1942 :

«Soumisà unevisiteà corps,ils furent trouvésen possessionde:10 billets de 5 livres sterling,4 billets de 100 dollars1 billet de 50 dollars1 billet de 10dollars

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2 billets de 5dollarssoit au total 50livressterling et 470 dollars.Poursuivispour tentative d’exportation encontrebande de capitaux,ilsfurent admis àtransigerau bureaudesdouanes deCHATEL,moyennantl’abandon des capitaux susvisés et le remboursementdes frais(37 frs). » 137

Concernant les« bienslaissésderrière eux », des dispositionsconservatoires avaient été envisagées par les autoritésfrançaisespourleur sauvegarde etleur dévolution mais elles étaient confuses. Deplus, leCommissariat général auxquestionsjuives (CGQJ)n’est pas parvenu àfaire nommer desadministrateurs provisoirespour cesbiens; l’Uniongénérale des Israélites de France(UGIF) n’a pas voulu en être bénéfi-ciaire, faute de texteofficiel l’y autorisant ;l’administration desDomainesn’a voulu appréhender que des« épaves »et non des« biensvacantssansmaîtredont les propriétaires étaientconnus.La Banque de France qui aaccepté lestitres,valeurs mobilières etsommes ennuméraire en prove-nance des camps ou desforces de police et degendarmerien’en retrouveaucunetrace dans les comptes de ses succursales sauf dansle cas deMadame DREXLER où la restitution à ses ayants droitd’un montantexceptionnellementélevé a pu avoirlieu quelquesannées aprèsla Libé-ration.

Les bienslaissés par cesdéportés ont été accaparés par des par-ticuliers, oubien lespréfectures en ont disposédansle souci del’intérêtgénéral (distributiond’effets).Suivantl’arrêté du 27 septembre1944,lespersonnesayant acquis des biensappartenantà des Juifsdevaient lesdéclarer àla préfecture138. Le respect de cet arrêté dépend dela manièredont les personnes se sont renduespropriétaires de ces biens.Quandils’agit de valeurs importantes (devises,or, bijoux), les autorités françaisesles ont purement etsimplement confisquéessous prétexte detrafic,d’importation ou de tentatives d’exportationsillicites.

Il s’agit évidemment d’une constatation extrêmementdifficile àétablir concernant des dizaines demilliers de cas individuels. Onpeutpenser queseule uneinfime partie desspoliés a pu récupérer cequ’elleavait dû abandonner.

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Conclusion

Depuis 1939, les campsd’internement ont successivementdépendu duministère dela Guerre, puis duministère del’Intérieur.Mais,durant toute cettepériode, rien nelaissesupposer,d’après les archives,une volonté del’État d’améliorer les infrastructures descamps dansle butde fournir aux internés des commodités d’hébergementminimales.Laconstruction etparfois l’organisation,souventdansla hâte, descamps deprovince ontdonclogiquementreposé au niveaurégional surl’adminis-trationpréfectorale.En l’occurrence,l’État laissaitaux soins despréfectu-res de réglerdans l’urgence l’ensemble desproblèmes inhérentsàl’organisation descamps.L’antisémitismedu gouvernement deVichys’estexprimé àdeuxniveaux : au niveau desministères de l’Intérieur etde la Justice qui rédigeaient destextes visant àorganiserl’internementsurle terrain et à édicter des lois de discrimination ; auniveau despréfec-tures,l’application de cestextesétait leplus souventdifficile et s’avéraitinhumaine.En effet, que penserd’un système d’internement conçu audépartpour séquestrer des hommesvalides et qui,sansmodification,avu entrer, parla suite, desfemmes et leursenfants, ainsi que desvieil-lards ? End’autrestermes,l’État français a choisi de régler cequ’il appe-lait le « problème juif » uniquement surle papier en laissant àl’administration locale une large interprétation.

Sur le terrain, l’antisémitisme de Vichys’est particulièrementexprimé à traversle choix d’un personneladministratif peuscrupuleuxpour diriger les camps.Dans unpremiertemps, les campsétantsousladirection duministère dela Guerre, lesinternés sesonttrouvés surveil-lés par desgardes-chiourmesqui se souciaient peu des conditions devie139. Puis, lorsque l’administration descamps estpasséesous latutelle du ministère del’Intérieur, lesgardes-chiourmesont été rempla-cés par des policiers queleur adhésionà « l’idéologie » de Vichy

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rendaientimperméables àla compassion. Pour preuve,lors du départde 340 internés descamps de Noé etRécébédou,le 8 août 1942,« lespartants ontétéobligésdefaire àpied le trajet qui sépare lecamp de lagare dePortet-Saint-Simon.C’était un spectaclehallucinant devoir cecortège composépour laplupart devieillards et demalades etparfoismême d’infirmes,traînant avecdifficulté leursbagagesà mains ettré-buchant àtravers lesraccourcis. Il a fallu presquedeux heures àcesmalheureuxpour faire letrajet de 2 km.Lesplus malheureuxétaient certainementlesvieilles femmesobligéesdes’arrêter tous lesquelques pasavec deslarmesdans lesyeux etn’implo-rant même pluspitié.Lesabords de la gare étaient entourés par de nombreusesforcesdepolicedont unepartie montée et uneautre munie demitrailleuses. Leurnombres’élevait probablement àplusieurs centaines.Le départ a donné lieu à desscèneslamentables. On aenregistréplusieurstentatives desuicide et unecrisede folie. Un desmalheureux quis’étaitentaillé lepoignet aétéembarqué en état desyncope.Desnouvelles parve-nuesultérieurement et qu’onn’a pas encore eule temps decontrôler,signalent unmort et unmaladedébarqués aupremier arrêt desconvois.Il est probableétantdonné le nombre des malades parmiles partants,quele nombre des mortss’élèveau fur et à mesure de la durée duvoyage. » 140

La défaillance de l’encadrementa eu pour conséquence, entreautres,la possibilitépour le personneld’exécution d’exercer ses fonc-tions commeil l’entendait.Les documentsd’archives ont prouvé que cefurent souventl’incurie, la cupidité, la brutalité et l’absence d’humanitéqui ont étéà l’origine des mauvaises conditions devie et de la spoliation.Le fait de recrutersanscontrôle desdemandeursd’emploislocauxn’a faitqu’aggraverla médiocrité dupersonnel.

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Des spoliations enchaîneCetteétude étaitoriginellement centrée surla seule spoliation

des dépôts dans lescamps,maisforcea été de constaterqu’elle s’accom-pagnaitd’une succession d’autres spoliations :- lorsqueles Juifsétaientpris dansleur tentativedepasseren zonelibreen traversantla ligne de démarcation, ainsi que les frontièresfranco-suisse et franco-espagnole, tout cequ’ils avaient puemporter sureux comme argent et devises étrangères leurétait confisqué sousl’incul-pation de« trafic ». Àcette spoliation,il convientd’ajouterle racket prati-qué par certainspasseurs ;- lors de leur arrestation, lesJuifs, non seulement avaient sur eux desobjets etvaleurs,maisde plus, en quittant leur logement,ils y abandon-naient ce queSergeKlarsfeld appelle des« bienslaissésderrièreeux »(meubles,etc.), enfait tout ce quin’entraitpas dansdeux outroisvalises ;- dansles campsplusieurs spoliationsavaientlieu : le dépôtd’argent,d’objets et valeursfait à l’arrivée aux camps ;l’utilisation de ce dépôtd’argent afin d’assurer à sesfrais les besoins en soins et nourritureinsuffi-sammentpris en charge parle camp.

Il faut soulignerquele rationnement etla disette dans lescampsont eu pourconséquence l’explosion du marchénoir, detraficsde toutessortes etl’aggravationde la condition des plus pauvres.

La spoliation desgroupements detravailleurs étrangers fonc-tionnait dela même manière quedanstous les camps d’internementpourJuifs ; à celle-cis’ajoutait la spoliationd’un travail forcéfaiblementrému-néré car surleur payeétait prélevée unesomme pourla nourriture etl’hébergement des internés.

Impossibilité de chiffrement de ces spoliationsPar manqued’archives, on nepeutchiffrer :

- lesconfiscationsde devises àla ligne de démarcation et aux frontières.Il n’en existeaucunetracedans lesarchives du Trésorpublic ;- lesbiens etles valeurs quelesJuifsavaientsur euxlorsde leur arresta-tion et les« bienslaissés derrièreeux ».Lesseulestracessont lesprocèsverbaux desarrestations dressés parla gendarmerie.Néanmoins,aucund’eux ne comported’estimation chiffrée des biensrecensésdans lesappartements des personnesarrêtées ou des objets et valeurs qu’ellesavaient sur elles lorsque les arrestations intervenaient endehors deleurdomicile. Les exemples de cesprocès-verbaux détaillés témoignent del’ampleur dela spoliation sanspour autant en apporter uneestimationchiffrée ;- dans lescamps, les objets et valeurs déposés par les internésjuifs dansdes coffres qui ont été transférésdans lescoffres des succursales delaBanque deFrance. Celle-ci affirme n’enavoir conservéaucunetrace.L’administration desDomaines, de soncôté, n’a rien pu préciser surd’éventuelles ventesd’objets ;

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- les travailleursétrangers(TE) étaient principalementemployés par denombreusespetitesentreprises et exploitationsagricoles. Celles-ciayantpour la plupart disparu,il nous estimpossible de retrouverla trace desentreprises qui ontutilisé desTE. Par conséquent, eux et leurs ayantsdroit n’ont plus, pour uniquesolution que de se tourner versl’État pourréclamerl’indemnisationde cetravail.

Une seule parmi ces spoliations estchiffrableDesJuifs ayant été internéspour la seuleraisonqu’ils étaient

Juifsauraient dû être non seulement indemnisés de tousles fraisd’inter-nementqu’ils ont eu à débourser poursurvivredans les campsfrançais,mais également de l’ensemble des spoliationsqu’ils ont subies aupas-sage dela ligne de démarcation, après leur arrestation etdurant leurinternement.

Il est regrettable que les archives de province, en partie inex-ploitables, nepermettent pasla prise encompte de chacune de cesspo-liations.

Restedonc àutiliser avec réalismeles données desdépôtsàl’entrée descamps.

Dans cette succession de spoliations diverses àdifférentsniveaux, lesseulesestimations chiffréesdisponibles sont les dépôtsd’internésjuifs dans les camps dontla trace a pu être retrouvéedans descentresd’archivesdépartementales.Seulela Caissedes dépôts et consi-gnations aréussi par un travailméthodique et rigoureux à retrouver destraces desommes appartenant auxinternés quiproviennent dela disso-lution des camps d’internement.Aussiest-ilplus équitable deprendre encomptela sommedéposée par les internés à l’entrée descamps et nonlereliquat du dépôtcorrespondant aux sommesversées àla CDCet qui ontfait ultérieurementl’objet de versements auTrésor.

Danscet ordred’idée,le fichier nominatif de 8141dépôts sera,à sa demande,transmis àla Commissionpour l’indemnisation desvicti-mes des spoliations intervenues dufait de la législation antisémite envigueur pendantl’Occupation.

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Parallèlement à cesrecherches, le grouped’études aconstituécinq recueils detextes

1. Textesadministratifsconcernantl’organisation del’internementdesJuifs en France.

2. Textes concernant les dépôts desinternésjuifs dans les campsen France.

3. Conditions de viedans les campsd’internement desJuifs enFrance.

4. Documents concernant les spoliations deJuifsaprès leur arresta-tion.

5. Une bibliographie surl’internementdesJuifsenFranceclassée,d’une part, par auteur,d’autrepart, par camp ; uneliste dephoto-graphiesclassées parfonds et parcamp ; une filmographie,ainsique des fiches typologiquesconcernant les principaux camps enFrance métropolitaine.

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Annexes

Organisation des camps d’internement enFrance

29décembre 1940

28 janvier 1941

23 septembre 1941

31 janvier 1942

Règlement descentres deséjour surveilléspour lesindésira-bles français (ministère del’Intérieur) (p.96-104).

Courrier du ministre, secrétaired’État à l’Intérieur aux préfetsau sujet desécriturescomptablesdestinéesà enregistrer lesopérations des centres de séjoursurveillésdépendant duministère de l’Intérieur (p.105-107).

Courrier du préfet,inspecteur général descampsd’interne-ment duterritoire aux préfetsconcernantl’organisation géné-rale descamps (p.108-112).

Camps d’internement et centres deséjour surveilléssousdirection française àla date du31 janvier 1942(p. 113-114).

Dépôts des internésjuifs

13 novembre1940

26février 1941

29juin 1942

16 décembre1942

23mars 1943

21 juillet 1944

Courrierdu générald’armée,commandant en chefles forcesterrestres, ministre secrétaired’État à la Guerre auxgénérauxsur le dépôt dessommes etvaleursappartenant auxinternéscivils (p. 116).

Courrier du commandant du camp deRivesaltesau directeurde la Banque deFranceà Perpignan concernantla demanded’ouverture decompte (p.117).

Courrier dudirecteur del’Enregistrement desDomaines et duTimbre au préfet des Pyrénées-Orientales ausujetdu devenirdes objets et valeurs ayantappartenus auxinternés décédésqui n’ont pas été réclamés par des héritiers (p.118-119).

Journal officiel concernantlesfrais d’internementdesindivi-dus considérés commedangereux pourla défense nationale(p. 120).

Courrier duconseillerd’État, secrétaire généralà la police audirecteur ducamp dePoitiersau sujet dela caisse descampsd’internement (p.121-122).

Courrier du directeur del’Enregistrement desDomaines et duTimbre au préfet duTarnà Albi surla réalisation d’objetsabandonnés au camp deBrens (p.123).

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Conditions de vie

24 juillet 1940

16septembre1940

5 décembre1940

mai 1941

14mai 1941

4 septembre 1941

novembre 1941

mars 1942

15mars 1942

15avril-15 mai 1942

13juillet 1942

4 décembre1943

décembre 1944

Courrier d’internés ducamp deSaint-Cyprien réclamantlavisite d’une commission dela Croix-Rouge (p. 126).

Courrierdu rabbin Kapelaugrandrabbinde Francesurla situationdes Juifsinternésà Gurs,Saint-Cyprienou auVernet(p. 127-128).

Courrier ducommissaire spécial au préfet des Basses-Pyré-nées ausujet d’untrafic au camp de Gurs (p.129-130).

Servicesociald’aide aux émigrants : Rapport deMme Valensi,ancienne attachée auServicesocial dela main-d’oeuvreétran-gère, surle centred’accueil deLa Landeà Monts (p.131-135).

Courrier de Carl J.Burckhardt,membre duCICR, au ministredesAffaires Étrangères sur leretour de colis desecoursadressésle 20 février 1941 aucamp duVernet (p.136-138).

Rapport surla situationdans les camps etcentresd’héberge-ment (p.139-140).

Rapport surla visite des campsd’internéscivils du Sud delaFrance par ledocteurCramer,membre duCICR entre le25septembre et le10octobre1941(p. 141-143).

Rapport dudocteurZimmer surl’action de dépistage et surl’organisation dessecours auxsous-alimentés menacés ducamp deRivesaltes(p. 144-147).

Courrier deMax Meyer, incorporé au974e groupement detravailleursétrangersà Ruffieux,informant le CICR sur lesconditions devie au camp (p.148-149).

Rapportgénéral surl’activité des aumôniers dans les campset groupements detravailleurs étrangersdurant le moisd’avril 1942(p. 150-156).

Rapport duchef du centre de Gursà l’inspecteur général descamps et centres d’internement duterritoire faisant état desdécès, dutrafic de tickets d’alimentation et dedenrées et ducontrôle des colis (p. 157).

Rapport n˚ 7 deM. Mende et rapport n˚ 1 dudocteurBertinau 25 novembre1943 suiteà leur visite des campsd’internéscivils du Sud dela France (p.158-162).

Témoignage deA. Hercfeld : «Ceque j’ai vu aucamp deGurs (20 février-17mars1943)» (p. 163-167).

Documents divers

20 mai 1941

23-25août 1942

Courrier du préfet régional deToulouse auministrede l’Inté-rieur au sujet deschefs de camp (p.170-171).

Itinéraire reconstitué du5e convoi dezonelibre vers lecampde Drancy en zone occupée.SergeKlarsfeld, LeCalendrierde la persécution des Juifs en France 1940-1944, Les Fils et

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4septembre 1942

12 septembre 1942

28 septembre1942

26 octobre 1942

19 juillet 1943

25 janvier 1944

31 janvier 1947

19 décembre1945-23 octobre 1948

14 novembre 1993

filles des déportésjuifs de France,BeateKlarsfeldFounda-tion, 1993,p. 437(p. 172).

Courrier du commissaire de Périgueux au commissairecen-tral de police au sujet des mesuresconservatoiresconcernantles logements desisraélitesétrangerstransférésen zoneoccupée (p.173-174).

Courrier du vice-président dela Commission administrativedes hospicescivils de Nice l’intendant de police deNice ausujetde la destination desbijoux et des sommestrouvés surdes Israélitesayantséjournéà l’hôpital Pasteur (p.175-176).

Courrier du conseillerd’État, préfet régional auchef dugou-vernement ausujet des attestationsconcernant lesbiens desisraélites et le refus de ceux-ci de sesoumettreà cette forma-lité (p. 177).

Procès-verbal degendarmerie, section deCastelsarrasin,com-pagnie de Tarn-et-Garonne, constatantla levée des scellésd’un immeuble etl’inventaire des effets etobjetsappartenantà la famille israéliteactuellement internée.Articles de pressesur lejournal d’Adèle Kurtzweil retrouvé parmi les effetslais-sés parsa familleà Auvillar dans leTarn-et-Garonne oùilsétaient assignésà résidence (p.178-179).

Courrier del’inspecteurprincipal desDouanesà Thonon ausous-préfet deThonon ausujetde devisessaisiessur unefamille juive arrêtéelorsd’unetentativede franchissementdela frontière, puis versées àla Trésorerie générale (p.180-181).

Courrierdu préfet du Tarn-et-Garonne au préfet deCorrèzeconcernant letransfertd’une partie del’argentdéposé aucamp de Septfonds par uninterné auprofit d’un tiers (p.182).

Courrierdu ministrede l’Intérieur auxpréfetsannulantla précé-dente demandeconcernantla destructionde documentsfondéssur desdistinctionsd’ordre racialentreFrançais(p. 183-184).

Affaire SimonBeigel relativeà la vente aux enchères publiquesd’objetsdiversenlevés auxJuifsextradés deRennes-les-Bainsau profit d’unadministrateur provisoire (p.185-187).

Article de journal concernantAdèleKurzweil, internéeau campde Septfonds dansle Tarn-et-Garonne :« Le journald’Adèlegazée à Auschwitz», inLa Dépêche dudimanche(p. 188-189).

Banque deFrance

27 février 1940

10 juin 1940

Courrierdu ministèredesFinancesau gouverneur dela BanquedeFrancesurla destinationà donner auxdevisesétrangèresetauxbijoux etobjetsprécieux appartenantàdes internéscivilsdétenus danslescamps de concentration (p.192-193).

Courrier du commissaire spécial,directeurdu centre deFortBarrauxau directeur dela Banque deFranceà Grenoble ausujet de l’ouverture d’uncompte (p.194).

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9 septembre 1941

4 novembre 1941

15 janvier 1942

5 juin 1942

19septembre1942-23 août1999

19 juillet 1944

29octobre 1948

Courrier du directeur ducamp deMérignacà la préfecture deGironde concernantla locationd’un coffreà la succursale dela Banque de France à Bordeauxpour y déposerl’argent, lesvaleurs et les bijouxappartenant auxinternés (p.195).

Courrierdu gouverneur dela Banque de France à Chamalièresau ministresecrétaired’État à l’Intérieur sur location d’uncoffrepour le Centrede séjoursurveilléfort Barraux (p.196-197).

Courrier du directeur dela Banque de France aupréfetd’Indre-et-Loireconcernantle dépôt des titresappartenantaux Israélites internés aucamp deLa Lande (p.198).

Lettre du ministère del’Intérieur au gouverneur dela Banquede France de Chamalièreslui demandantd’autoriserle direc-teur de la succursale dela Banque deFranceà louer un com-partiment decoffre au chef ducampdestinéà recevoir lesbijoux et objets devaleurappartenant auxinternés (p.199).

Affaire Drexler relativeà la restitution depiècesd’or,découvertes au domiciled’une Israélitedirigée surl’Alle-magne puisdéposéesà la Banque deFrance, à sonuniquehéritière le13 mai 1954 (p.200-202).

Courrierdu commissaire principal, chef ducamp deGurs aupréfet des Basses-Pyrénées au sujet debienslaisséspar lesétrangers ayantquitté le camp deGurs n’ayant pu êtredépo-sés àla Banque deFrance (p.203).

Courrier dupréfet d’Indre-et-Loireau directeur dela Banquede Franceà Toursconcernantla demande derestitution delasommedéposée par un internéà son entrée aucamp deLa Lande (p.204).

Caisse desdépôts etconsignations

9 novembre 1943

19 juin 1945

16janvier 1947

Arrêtédu préfet régional dela Gironde surle versement àlaCDCdes sommes etvaleurs desIsraélitesdéportés par lesautoritésallemandes (p.206).

Apposition de scellés sur lesbiensd’internés décédés aucamp deNexon devantêtre déposésà la CDC (p. 207-216).

Sommesappartenantà des internés deNexon avantleurdépart en Allemagneverséesà la CDC (p. 217).

Administration de l’Enregistrementdes Domaines et duTimbre

23février 1943

20 juin 1944

Courrier du préfet dela région deLimoges au préfet delaDordogne surle règlement par leCGQJet l’administrationdes Domaines dela question desbiens laissés par les israéli-tes étrangers dirigés surla zoneoccupée (p. 220).

Courrier duchef du bureau liquidateur du centresurveillé deBrens au receveur del’Enregistrement,des Domaines et du

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13février 1945

3 octobre 1947

Timbre au sujet de bijoux enmétalprécieux abandonnés pardes internées évadées (p.221).

Courrier du directeur del’Enregistrementau directeur duBlo-cus du ministère des Financesdemandantsi les fondsconfis-qués aux Israélites doivent être versésà la Caissedes dépôtset consignations (p.222).

Circulaire du ministrede l’Intérieur aux préfets surla destina-tion à donner aux fonds et objetsayant appartenu à desinternés (p. 223-224).

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Organisationdescampsd’internement enFrance

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DépôtsdesinternésJuifs

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Conditionsdevie

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Documentsdivers

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Adèle KURZWEIL avait 17ans quandelle fut déportéele 9 septembre1942par le convoi n˚ 30. Elle étaitnéeen Autriche à Gratz.RéfugiéeàAuvillar dansle Tarn-et-Garonne,elle fut victime avec sesparentsde lagrandrafle de la zone libre. le 26 août 1942.Arrêtés. internésau campde Septfonds,ils en furent transférés versDrancyà partir de la garedeCaussadele 3 septembre1942.Sa mémoire n’a pas été oubliéeàMontaubanau lycée Michelet où elle étaitélèveet où une courde l’éta-blissementportesonnom depuis1993.

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Banquede France

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CaissedesDépôtset Consignations

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Jean Mattéoli ; Serge Klarsfeld, André Delahaye, (et al.)

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Jean Mattéoli ; Serge Klarsfeld, André Delahaye, (et al.)

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Administrationde l’EnregistrementdesDomaineset du Timbre

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Organigramme de la Mission

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Table de matièreI n t r oduc t i on 7

Les sources 11

Le cadre administratif degestion descamps 15

Les conditionsdevie dans lescampsd’internementfrançais 17Le statut particulier des Juifsdans les campsd’internement français 18Les camps de la zonelibre 20Les camps de zoneoccupée 29Les améliorations apportées auxconditions de vie 31

Les groupements de travailleurs étrangers 33Le sort desJuifs 33Les conditions particulières des Juifs 34Les déportations 37

Les dépôtsdans les campsd’internement 41

Les dépôts initiaux en francs et en devises 42Les coffres àl’intérieur des camps 45L’argent conservé sur eux 46L’argent reçu par les internés 48Les bijoux et valeurs desinternés 50Bijoux 50Valeurs 50Les objets appartenant auxinternés 51

Les soldes des comptesaprès le départ 52L’argent devait suivre lesinternés 53

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Le devenir del’argentdes internés 55Non-respect du règlement concernant ledépôt 55Détournement del’argent déposé par les internés 57Non-remboursement desinternés 58Les successions desinternés décédés 61Le devenir desobjets, biens et valeurs 62

Vente des objets et valeurs d’internés décédés 65

À la liquidation des camps 66Les comptes dedépôts 68Les objets de valeur 69Caisse desdépôts etconsignations,Administrationdes Domaines, Banque deFrance 70

Les « bienslaissésderrièreeux » 73

Conclusion 83

Annexes 89

Organisation descamps d’internement en France 95Dépôts des internés Juifs 115Conditions de vie 125Documents divers 169Banque de France 191Caisse desDépôts etConsignations 205Administration de l’Enregistrement des Domaineset du Timbre 219

Organigramme de la mission 225

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