La Révolution surréaliste - N°3, Primer año

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La Révolution surréaliste Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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La Révolution surréaliste - N°3, Primer año

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  • La Rvolutionsurraliste

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • La Rvolution surraliste. 1924-1929.

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  • A TableQuittez les cavernes de l'tre. Venez.L'esprit souffle en dehors de l'esprit.

    Il est temps d'abandonner vos logis.Cdez la Toute-Pense. Le Merveil-leux est la racine de l'esprit.

    Nous sommes du dedans de 1 esprit,de l'intrieur de la tte. Ides, logique,ordre, Vrit (avec un grand V), Raison,nous donnons tout au nant de la mort.Gare vos logiques, Messieurs, gare vos logiques, vous ne savez pas jusqu onotre haine de la logique peut nous mener.Ce n'est que par un dtournement dela vie, par un arrt impos l'esprit, quel'on peut fixer la vie dans sa physionomiedite relle, mais la ralit n'est pas l-dessous. C'est pourquoi, nous, qui visons une certaine ternit, surrelle, nousqui depuis longtemps ne nous considronsplus dans le prsent, et qui sommes nous-mmes comme nos ombres relles, il ne

    faut pas venir nous embter en espritQui nous juge, n'est pas n l'esprit, cet esprit que nous voulons dire et quiest pour nous en dehors de ce que vousappelez l'esprit. Il ne faut pas trop attirernotre attention sur les chanes qui nousrattachent la ptrifiante imbcillit de1 esprit. Nous avons mis la main sur unebte nouvelle. Les cieux rpondent notreattitude d'absurdit insense. Cette habi-tude que vous avez de tourner le dos auxquestions, n'empchera pas au jour ditles cieux de s'ouvrir, et une nouvellelangue de s'installer au milieu de vostractations imbciles, nous voulons diredes tractations imbcdes de votre pense.

    Il y a des signes dans la Pense. Notreattitude d'absurdit et de mort est cellede la rceptivit la meilleure. A traversles fentes d'une ralit dsormais inviable,parle un monde volontairement sibyllin.

  • REVES

    Collombet, io ans :Un squelette vint me dire : Je veux te prendre

    parce qu'il y a longtemps que tu vis, petit. Jevais prendre une fourche pour t'emporter chezle diable. Arrivs chez le diable il n'y avait, pasassez de place pour moi. Le diable dit : Puisqu'iln'y a pas assez de place, je vais t'avaler. Dans leventre du diable j'ai vu plein de petits enfants.Mais le diable dit : Je ne peux plus respirer.Et il me dit : Sors de mon ventre, petit monstre.Et maintenant, va-t'en sur la terre. Le squeletterevint me dire qu'il fallait que je me rveille.

    .Mon rve tait fini.

    Duval, i i ans :Une fois j'ai rv que j'tais dans ma chambre.

    Tout coup mes bottes glissent sur le parquet,montent au mur. Quand elles furent tout en hautdu mur, je leur cric : Envoyez-moi des cartes-postales. El quand elles furent montes, tout coup je vois dans le mur des diables rouges avecde longues oreilles. Jls me bousculaient, ils sau-taient sur le lit. 11 y en a un qui s'assit sur lefauteuil. Le fauteuil se retourne vers le mur etle diable rouge est port dans le mur, et les autresdans le parquet:. Le dernier grimpe au mur. Jeprends un torchon que je lui jette. Il le prend ets'en va.

    Lazare, i 1 ans :Un jour j'ai rv qu'un chien tait venu me

    chercher pour tuer des rats. J'ai pris un sabot etj'ai tap sur un rat qui fut tu. Alors le chien apris le rat et il l'a enterr dans la terre el ilmit des fleurs jaunes et des roses fanes et ill'arrosait avec le besoin qu'il avait (l).Max Morise :

    J'assiste un banquet donn en l'honneur duSurralisme. Le nombreuses tables sont dressessur une vaste prairie. Un personnage qui joue lerle d'Andr Breton, mais qui ressemble lafois Nikita Baliel, Jo Zelh et au violoniste-chef du clbre jazz-band espagnol des Euscl-las , actuellement en tourne Chamonix,circule parmi les convives et fait: le bonimentavec une exubrance toute mridionale. Sondiscours est continuellement ponctu d'excla-mations telles que : Nous autresRusses... Vous

    allez voir comment les Russes... A la russe...etc., etc. Il roule l'R du mot Russe d'unefaon menaante

    -

    et prononce Vu : ou. Vers lafin du repas, on distribue des fusils aux assistantset on les enrle de force pour leur apprendre faire l'exercice. Mais il y a quelques rcalcitrantset je vois l'un d'eux entraner quelques hsi-tants en levant de vives protestations ; quel-qu'un dit, ct de moi : Toujours ce Rigaut,il ne peut donc pas se tenir tranquille. Cependantle bonimenteur, aprs avoir expliqu que lefascisme sera vaincu par un fascisme plus fort,un fascisme dans la manire russe , nousprsente le fusil d'un modle nouveau et ton-nant qu'on distribue aux troupes : on a supprimla crosse, comme acessoire inutile, et on l'a rem-place par une seconde baonnette, perfection-nement dont il est facile de concevoir l'impor-tance. Puis le bonimenteur essaye cette arme entirant en l'air ; une belle fuse mauve s'lve quelques mtres et retombe en dcrivant unegracieuse parabole, la grande joie du gnralet de son tat-major. Le gnral est un person-nage ventru en uniforme d'oprette, dou d'unprodigieux crne en carton de forme pointue el:couronn de quelques cheveux roux. On apporteensuite un canon qui lance une fuse mauve plusbelle que la premire. Mais ce n'est rien encore :voici qu'on apporte une superbe pice d'artilleriede taille gigantesque et de forme mal dfinie, mais eouj) sr bizarre ; le canon en est plusieurs foiscoud. Il a pour projectile une sphre transpa-rente et. mauve bien entendu, semblable unebulle de savon, qui s'lve peu et vient retombersur ie crne pointu du gnral o elle clate.

    Cela vaut mieux qu'un boulet de canon , ditcelui-ci avec satisfaction. En passant devant unecage o est enferm un mouton, le bonimenteurse disculpe d'une fausse accusation porte contrelui par le gnral : W... est crev, dit-il. Vouscroyiez que c'tait moi qui l'avais crev. Ehbien, pas du tout, c'est le mouton. Et: le mouton,save/.-vous qui l'a pris ? Eh bien, c'est le renardEt: le renard ? Eh bien, c'est le lion qui l'a pris.Et le lion ? Eh bien, c'est la nause. Pendantce discours, les personnages du rve se sonteffacs el: j'entends une voix qui conclut : Par-faitement, parfaitement, acquiesa le gnrai,sans mme se demander quel pouvait tre cettrange animal. >.

    Antonin Artaud :

    C'tait un cinmatographe arien..

    Du hautd'un aroplane immuable on cinmatographiaitl'envol d'une mcanique prcise qui savait ce(1) Ces trois rf'vos d'enfiints nous sont conuminiqtH's parM. J. Baucoinont.

  • REVES

    qu'elle faisait. L'air tant plein d'un ron ronlapidaire comme la lumire qui l'emplissait.Mais le phare parfois ratait l'appareil.

    A la fin, nous ne fmes plus que deux ou troissur les ailes de la machine. L'aroplane pendaitau ciel. Je me sentais dans un quilibre odieux.Mais comme la mcanique se renversait, il nousfallut faire un tour dans le vide en nous rta-blissant sur des anneaux. A la fin l'oprationrussit, mais mes amis taient partis ; il ne res-tait plus que les mcaniciens ajusteurs qui fai-saient tourner leurs vilbrequins dans le vide.

    A cet instant, un des deux fils cassa :

    Arrtez les travaux, leur criai-je, je tombe !Nous tions cinq cents mtres du sol.

    Patience, me rpondit-on, vous tes npour tomber

    11 nous fallait viter de marcher sur les ailesde la machine. Je les sentais pourtant rsistantessous moi.

    C'est que si je tombe, hurlai-je, je savaisbien que je ne sais pas voler.

    Et je sentis que tout craquait.Un cri : Envoyez les lancets ! Et immdiatement f imaginai mes jambes

    saisies par le coup de rasoir du lasso, l'aroplanequitter mes pieds, et moi suspendu dans le vide,les pieds au plafond.

    Je ne sus jamais si celait, arrive.

    If

    Et immdiatement, j'en arrivai la crmoniematrimoniale attendue. C'tait un mariage oon ne mariait que des vierges, mais il y avaitaussi des actrices, des prostitues ; et pourarriver la vierge, il fallait passer un petitfleuve, un cours d'eau hriss de joncs. Or lesmaris se renfermaient avec les vierges et lesentreprenaient immdiatement.

    Une entre autres. TJIUS vierge que les autres,avait une robe carreaux clairs, des cheveuxfriss. Elle fut possde par un acteur connu.Elle tait petite et assez forte. Je regrettai qu'ellene m'aimt pas.

    La chambre dans laquelle on la mit avait uneporte qui fermait mal, et travers la fente de laporte j'assistai son abandon. J'tais d'ailleursassez loin de la fente, mais de tous les gens quitaient dans la salle nul autre que moi ne s'occu-pait de ce qui se passait dans la chambre. Je lavoyais dj nue et debout, et j'admirais com-ment son impudeur tait enveloppe de fracheuret d'une espce de dcision rsolue. Elle sentaittrs bien son sexe, mais comme une chose abso-lument naturelle et normale ce moment-l :elle tait avec un jeune mari. Et donc nous la.poursuivmes en bateau.

    IIINous tions trois en robe de moine, et comme

    suite la robe de moine, Max Jacob arriva enpetit manteau. Il voulait me rconcilier avec lavie, avec la vie ou avec lui-mme, et je sentaisen avant de moi la masse morte de ses raisons.

    Auparavant, nous avions traqu quelquesfemmes. Nous les possdions sur des tables, aucoin des chaises, dans les escaliers, et l'une d'ellestait ma soeur.

    Les murs taient noirs, les portes s'y dcou-paient nettement, et laissaient percer des clai-rages de caveaux. Le dcor tout entier tait uneanalogie volontaire et cre. Ma soeur taitcouche sur une table, elle tait dj grosse etavait beaucoup de manteaux. Mais elle tait surun autre plan que moi-mme dans un autremilieu.

    Il y avait des tables et des portes lucides, desescaliers. Je sentis que tout cela tait laid. Etnous avions mis des robos longues pour masquernotre pch.

    Or ma mre arriva en costume d'abbesse. Jeredoutai qu'elle n'arrivt. Mais le manteau courtde Max Jacob dmontrait qu'il n'y avait plusrien cacher.

    11 avait deux manteaux, l'un vert et l'autrejaune, et le vert tait plus long que le jaune.Ils apparurent, successivement. Nous compul-smes nos papiers.

    Paul Eluard :i

    Au lieu d'une fille, j'ai un fils. Il s'est: tir uneballe dans la tte, on l'a pans, mais on a oublide lui enlever le revolver. 11 a recommenc. Jesuis table avec tous les gens que je connais.Soudain, quelqu'un que je ne vois pas arrive etme dit : Ton fils s'est tir sept balles dans latte, mais il n'est pas mort. Alors seulement,un immense dsespoir m'envahit et je me dtournepour qu'on ne me voie pas pleurer.

    2

    Je feuillette Le Journal littraire, d'ordinairesans intrt. Le numro que j'ai dans les mainscontient de nombreuses photographies de gn-raux et de camps d'Afrique. A la dernire pageune grande photographie intitule : L'Armefranaise

    reprsente trois soldats, l'un derrire

    l'autre ; mais, entre le premier et le second setrouve ma femme habille la mode excentriquede IQOO et qui tient la main une ombrelle ; surle ct un gnral Bor avec une longue barbe,

  • REVES

    une redingote et un chapeau haut-de-forme.J'apprcie vivement.

    3G... a t coquette avec son voisin ; elle a

    mme t jusqu' lui proposer sa photographieet son adresse

    sur un ton mprisant il est vrai.Nous sommes alors devant la gare du Nord.Je tiens un pot de colle et, furieux, j'en bar-bouille le visage de G..., puis je lui enfonce lepinceau dans la bouche. Sa passivit augmentema colre, je la jette en bas des escaliers, sa ttersonne sur la pierre. Je me prcipite et constatequ'elle est morte. Je la prends alors dans mesbras et pars la recherche d'une pharmacie.Mais je ne trouve qu'un bar qui est la fois bar,boulangerie et pharmacie. Cet endroit est com-pltement dsert. Je dpose G... sur un lit decamp et m'aperois qu'elle est devenue toutepetite. Elle sourit... Ma douleur ne vient pasde sa mort, mais de l'impossibilit de pouvoir larendre sa taille normale, ide qui m'affole com-pltement.

    4Ce jour-l, je reois, dans un jardin commeje les aime, diverses notabilits, notamment la

    Prsidente de la Rpublique, une grande femmetrs belle, peu prs l'image conventionnellede Marianne. Nous nous promenonsavec sa suitedans des alles bordes de buis et d'ifs trs bientaills. Au bout d'une alle, une grande portecompose dans sa surface de plusieurs autresportes, une dore, une rouge, une noire, uneverte et, au milieu, la plus petite, blanche. Tousles gens qui m'accompagnent ont chacun une clefdiffrente. Je dois deviner quelle est la bonne,sinon tout le monde s'en ira. Je propose de lajouer aux cartes. Refus. Et ce n'est plus la Pr-sidente, mais le Prsident de la Rpublique quej'ai mes cts. 11 s'en va. Je J'accompagnepoliment.

    5Une jeune femme d'apparence trs malheu-

    reuse vient: me voir mon bureau. Elle tientdans ses bras un enfant: ngre. Nous ne parlonspas, je cherche comment cette femme assezjolie mais si pauvre peut avoir un enfant de cettecouleur. Mais soudain elle s'avance vers moi etm'embrasse sur la bouche. J'ai alors l'impression,mais seulement: l'impression, de tout comprendre.

    6C'est sur un trottoir de Paris, dans une rue

    dserte, que je la rencontre. Le ciel, d'une couleurindcise, me donne le sentiment d'une grandelibert physique. Je ne vois pas le visage de lafemme qui est de la couleur de l'heure, maisje trouve un grand plaisir ne pas dtacher mes

    regards de l'endroit o il est. Il me semble vrai-ment passer par les quatre saisons. Au bout d'unlong moment, la femme dfait lentement desnoeuds de rubans multicolores qu'elle a sur lapoitrine et sur le ventre. Son visage apparatalors, il est blanc et dur comme le-marbre.

    Pierre Naville :I

    Je me promne en compagnie de personnesindistinctes qui sont celles que prcisment jecherche. Nous arrivons une place d'o s'-chappent de petites rues bordes de maisons trsbr,uvantes ; il fait une couleur d'aquarium. Al'entre d'une de ces rues se tient une barrirede personnes, puis, quelque distance, uneautre. Dans l'espace vide entre ces deux foules,il y a sur la droite un comptoir derrire lequel setrouve une femme (?) sans particularit aucune,qui explique quelque chose. Sur le comptoir, uneverge coupe longitudinalement, semble servir desujet de conversation. Sur la gauche, on emmneun homme dfaillant. Tous sont vtus de couleurstrs claires. L'atmosphre est calme. Bien queplac loin derrire tout le monde, je vois trs bientous les dtails de la scne. On dit : C'est qu'ila voulu... Cette phrase m'excite beaucoup. Jeme jette dans la maison droite ; au sous-sol,il y a un dancing ; mon entre, toutes lesfemmes, trs fardes, et qui se ressemblent tran-gement, se lvent. L'orchestre joue, tout cherche m'entraner. Mais je dsire indistinctementquelqu'un. Je remonte. Au premier tage, mmescne. Les femmes se ressemblent toujours toutes.La maison occupe tout le champ de mon inqui-tude. Et les personnes qui me suivaient, qui sontcelles que je cherche, sont quelque part ici. Ilme semble avoir cru reconnatre la voix deS. B.

    IIUn homme jeune, vtu assez pauvrement, est

    debout contre un des piliers soutenant la lignedu mtropolitain qui passe boulevard Pasteur.Comme je le croise, il m'arrte et me questionnesur la technique de la peinture ; je lui donnetous les renseignements que je suis capable delui fournir et je m'apprte continuer mon che-min. Mais il me retient en disant peu prs : Et puis, je dois vous dire aussi, j'aime unefemme, mais elle me repousse... 11 a l'air navr,et je suis press de m'loigner. Avant de lequitter, et pour paratre compatir son chagrin,sans doute, je lui demande son nom : A l'occa-sion, nous pourrons nous revoir , ajout-je. Ilme rpond : Werther . A l'oue .de ce nom,j'entre dans une violente colre, mais je restesur place gesticuler en disant : Ah non, par

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    exemple ! s'appeler Werther et s'occuper detechnique picturale ! Ah a c'est un peu fort,vous vous appelez Werther et vous vous mlezde cela !

    Raymond Queneau :Je suis Londres, dans une des rues les plus

    misrables de la ville. Je marche rapidement enme demandant comment se dit urinoir en slang.Je passe devant une gare qui me parat tre avecvidence celle de Brompton Road. Dans la rue,une femme chante en franais : C'est jeune. Jetraverse ensuite un pont sur la Tamise, deve-nue excessivement petite et sur laquelle cepen-dant naviguent quantit de navires d'un trsfort tonnage. Des marins martiniquais hissentune barque sur le pont. L'animationest extraordi-naire. Je me trouve alors, avec trois amis, J. B. P.,L. P. et V. T. Ce dernierprtendantn'trepasencoreassez sec donne chacun de nous un billetde cinq francs et une pice de cinq centimesNous passonsdevant un magasin o sont exposesdes antiquits orientales et des ftiches ngres.J. B. P. fait des passes magntiques devant laWtrineen disant : Il n'y a pasd''poquetertiaire. Nous nous trouvons ensuite la foire des Bati-gnolles qui est d'ailleurs avenue de Clichy. Nousvoulons entrer clans un muse anatomique, mais

    nous ne pouvons rien voir tant la foule est grande.Je veux acheter des bonbons, mais ce que jeprenais pour des pastilles d'eucalyptus ce sontdes cristaux d'un mtal rcemment dcouvert.A ce moment, P. me reproche de ne plus luicrire

    ; et, aussitt, je me trouve seul dans unerue, o l'embarras des voitures est considrable.La foule crie

    : Ce sont les curs qui encombrent

    les rues. Cependant, je n'en vois aucun. J'essaieen vain de traverser; une femme me prend lebras et me dit : Matrice, liypercomplexe.

    Jacques-Andr Boifard ;Nous roulons L. A., M. M. et moi ;\ bicvclette

    vers le chteau du Marquis de Sade. Bientt nousquittons la route pour suivre une voie de cheminde 1er. Les rails deviennent de bois et trs larges sibien que maintenant nous roulons dessus. Uncart inusit que je n'avais pas aperu entre deuxrails nie prcipite dans un trou ct de la voie.Tandis que mes amis poursuivent leur chemin etque j'essaye de me hisser hors de l'eau o je suisplong jusqu' mi-corps, je me trouve dans unappartement du chteau, devant une ai moire, cte Je ia fidle domestique du marquis de Satiequi est mon oncle, choisissant dans un cothet desmontres et les iabatici es lui avant appartenu.

    Chteau (les croyants. l'an! Klcc.

  • GLOSSAIRE

    GLOSSAIRE : J Y SERRE MES GLOSESA

    AMERTUME ' la mer s'abreuve d'cume. Jehume la mtr.

    ANNEAU-

    Vangoisse pend nos naseaux-C

    CADAVRE

    le cadenas s'ouvre c'est le havre,cadastre de nos lvres.

    CALICE

    un cilice de ptales.CHEVELURE, huche des voeux voleurs de chair.CIEL

    si elle ? o elle ? r-elle ou irr-elle ?CLOISON

    le clotre ou l prison, une loi.CUISSES

    acuit des ciseaux nus, lisses.

    DDCIMER

    dtruire les cimes.DFINIR, c'est disperser. Dilemme del dmence.DENSIT

    dents serres : les pierres de la cit.Dans quel site serons-nous ressuscites?

    DOMINER : dlire drisoire, ddale dchir.

    ECLIPSE

    ellipse de clart.ECLOSION

    cluses rompues, si nous osions !ENIGME

    je gis dans la ghenne. Est-ce unedigue 011 une dme ?

    ENSEVELI serai-je bientt li dans les sves ?ENTRAILLES l'aulreditcorps, cl ses broussailles.PAVES

    elles pavent la mer.RE

    l'air que nous respirons, notre aire d'action.ETAU

    les. ais, sans le couteau.TINCELLE

    lciiilc et cele sitt aile.VASION

    hors du vase, vers Eve ou Sion !

    FFANTME enfantpar les heaumes.FCONDER

    profondeurdes fes, le seconder el tesonder...

    FIANCE

    au fil des ans dfi lanc.FIVRE

    la sve monte, je me dfie de ses lvres.FILIGRANE

    les fils de nos organes nous lient,granules.

    FLAMME l'me s'effile comme une lame.FLEUVE fleur neuve des rives.FLORAISON, hors des raisons fltries, le flol de

    braise...FOUDRE

    lefeu enpoudre, quant va-l-ilsourdre?FROID fixe cl roide.

    G

    GLACE

    mirage qui craque. Il nous enlace.

    HHORLOGE

    hors du cadran l'heure abroge.HUMAIN

    la main humide, moite. L'as-tu con-

    nue, celte main?I

    INGNU

    le gnie nu.

    jJEU

    le feu de joie, la joie du feu.

    LLANGAGE

    bagage lent de l'esprit.LANGUE

    la gangue des ailes, comme la lampeen est la hampe.

    LGENDAIREfeulasse les pierresdautan, duresou lgres.

    LUCIDE

    Lucifer de l'pe, quel suicide ?LUXURE

    l'usure du luxe charnu erre.

    MMARBRE,

    -

    arbre immuable des veines.MTAMORPHOSES

    maladie mtaphysiquedesmorts.

    MIGRATION

    migraine des oiseaux.MINRAL

    nerf durcipar les rles, pierre termi-nale.

    MURAILLESmres,elles se niarqiii.nl de futileset de craquelures.

    NNOMBRE

    -

    l'ombre nie.

    OORBE courbure, l'aube des ovaires.ORIGINEL les os rigides naissent : je les hle.OSSATURE

    eaux-mres satures, dpose^ lesslrticlurcs !

    PPERSPECTIVE

    l'oeil perce, lumire active.

    RRAC'NES sinuosits originaires des races.RAVIN V entrouvre son raVin, sa ValVe ou

    son Vagin.RVOLUTION solution de tout rve.ROSAIRE

    l'rosion des prires.RUMEUR

    -

    brume des bruitsqui meurent au fonddes rues.

    RUSE

    elle rase les murs, elle est ma muse.

  • GLOSSAIRE

    SSAVEUR

    c'est la douceur des laves.SCEAU

    sang et eau.SPULCRE

    urne qui spare, je my pure.STRATAGME

    tages ingnieux, stratifis.SUBSTANCE

    suc. 'existence.SUICIDE

    ide sre de sursis.

    TTRAJECTOIREtrace jete : ton histoire.TEMPORAIRE

    l'horaire des tempes m apeur.TRNE

    nos crnes le haussent, outre les Trnes.

    VVERTICALEl'envers des trves cervicales.VGTAL

    jet d'alvoles.VERBIAGE

    herbage des mots sans vie.VERSEAU

    la mort dcouvre le verso des tres.VERTIGE

    lige, vers quel litige ?VOL V bat de l'aile. Il a la forme d'un oiseau.VOTE

    roule incurve, si haute !

    Y

    Y fourches caudines de la mort. J'y suis lanc..(A suivre.)

    Une monstrueuse aberration fait croire auxhommes que le langage est n pour faciliter leursrelations mutuelles. C'est dans ce but d'utilitqu'ils rdigent des dictionnaires, o les motssont catalogus, dous d'un sens bien dfini(croient-ils), bas sur la coutume et l'tymologie.Or l'tymologie est une science parfaitementvaine qui ne renseigne en rien sur le sens vritabled'un mot, c'est--dire la signification particulire,personnelle, que chacun se doit de lui assigner,selon le bon plaisir de son esprit. Quant lacoutume, il est superflu de dire que c'est le plusbas critriumauquel on puisse se rfrer.

    Le sens usuel et. le sens tymologique d'unmot ne peuvent rien nous apprendre sur nous-mmes, puisqu'ils reprsentent la fraction collec-tive du langage, celle qui a t faite pour touset non pour chacun de nous.

    En dissquant les mots que nous aimons,sans nous soucier de suivre ni l'tymologie, ni lasignification admise, nous dcouvrons leursvertus les plus caches et les ramificationssecrtesqui se propagent travers tout le langage,canalises par les associations de sons, de formeset d'ides. Alors le langage se transforme enoracle et nous avons l (si tnu qu'il soit) un filpour nous guider, dans la Babel de notre esprit.

    Michel LEIRIS.

    Oui voici maintenant le seul usageauquel puisse servir dsormais le lan-gage, un moyen de rolie, d'liminationde la pense, de rupture, le ddale desdraisons, et non pas un DICTION-NAIRE o tels cuistres des environs dela Seine canalisent leurs rtrcissementsspirituels.

    ANTONIN ARTAUD.

    J'ai dit X. : N'est-ce pas, faites despices, mais faites-les, n'est-ce pas, detoutes pices, faites-les en coup de vent,faites-les en coup de feu, faites-les encoup de silex, que vos personnages aientdes mains de silex, et que quand ils setouchent les mains, il en sorte de lalumire.

    ** *

    Nous sommes du bois dent on fait lessquelettes.

    **. *

    Le surralisme ne comprend rien quelque chose.

    *

    Le cinma est la mise en oeuvre duhasard..

    ** *

    La diction surraliste est trouve.

    * *

    Attention l'inaccessible.

    ** *

    Cet homme, tous ses actes un jour npourront qu'tre pris charge contre lui,et il le sait.

  • PAMPHLET CONTRE JERUSALEM

    Les Juifs nous ont toujours donn le spectaclede l'autoflagellation. Ce sont eux qui racontentles histoires les plus mchantes sur Isral. Cesont eux qui se ridiculisent, qui s'accusent, quise condamnent. Drumont petit vieillard, vousn'avez pas su y faire.

    Peut-tre alors pourrai-je avec plus de libertqu'eux exprimermon admiration pour le caractresacr de leur mission et dnoncer, dans un critqui n'est pas antismite, toute l'horreur quej'prouve pour un nationalisme naissant, toutel'esprance que je mets en eux pour faire chec une certaine dsertion cle l'esprit.

    2Si l'Amrique avait t dcouverte (au sens

    o les descendants de Colomb l'entendent) parl'ouest, c'est--dire du ct du Pacifique, par desnavigateurs orientaux, au lieu de l'tre par desoccidentaux du ct cle l'Atlantique, sans douten'aurions-nous pas signaler le pril couru parl'esprit du fait que l'Asie, citadelle cle tous lesespoirs, est attaque l'ouest et l'est. Lecontinent amricain aurait alors t une forte-resse avance, infranchissable pour les hommes cervelles troites du vieux monde (comme ilsdisent, parlant de ce nid de gupes, verrue del'Asie, l'Europe).

    A l'heure actuelle, la question de prendre partidans la grande querellede l'esprit et de la matirene permet plus l'indiffrence. Des contreforts duThibet aux valles grasses des fleuves colors,aux plaines lphants, aux marais d'alligators,de l'Himalaya Coromandel, de l'Amou Daria Sakkalinc, des mes profondes sentent: venircomme un ocan la tempte, l'pidmie occiden-tale. Qu'on ne s'y trompe pas. Le Japon se

    ' pitamine, s'europanise. La Russie balance..:n.tve ses deux fragments antagonistes n'a pasaffirm sa volont dans un sens spirituel. Partoutailleurs tout fait chec au danger, mais pourcombien de temps ? Sans fracas la bataille del'Afrique se livre ardemment. Qu'aucune dfec-tion ne se produise parmi les dfenseursdu noeudde l'univers pour lesquelles il importe de prendreparti au nom de l'infini et de l'ternit !

    Parmi les races d'Orient la race juive sembleavoir reu mission spciale. Dlgue chez lesennemis, ne sont-ils pas, consciemment ou non,les serviteurs de l'esprit primitif. Race trange.C'est un de ses individus que la chrtient adore,crucifis par ses compatriotes.

    Les mystiques peuvent sur ce terrain potiquespculer sur les tranges circonstances de laPassion, il n'en reste pas moins que, sans lyrisme

    pourtant lgitime, les Juifs se sont introduits enOccident la suite de Jsus. Une nouvelle foisla mer Rouge s'est entr'ouverte pour une con-qute magnifique, mais les perscuteurs ont-ilsnotion de la noyade, laquelle ils sont prdes-tins. Sur l'ocan, le berceau de Mose rencontreun puissant paquebot et l'air est plein de tem-ptes surnaturelles en instance d'clater.Quel est donc leur rle ces batteurs d'es-trade du futur Tamerlan, quel vent, les pousse,ces nouveaux Spartiates, la suite du Lonidascrucifi et passs de la dfensive, l'attaque ?

    3Quoiqu'ils subissent en apparence l'influence

    du pays o ils vivent, l'atmosphrese transformel o passent les Juifs. On ne les voit sans doutepas la tte des rvoltes, proclamant' les vritsncessaires la naissance des Rvolutions, mais,dans la foule, regardez ces nez busqus, cescheveux onduls, ces regards de velours. Issusdes ghettos et des paisibles boutiques, ceux qu'onput croire acharns la seule poursuite de l'ar-gent se rvlent les piliers anonymes de l'insur-rection. Ils ouvraient, les portes des franc-maon-neries du xvine sicle aux esprits inquiets, ilssortirent au premier boulanger pendu en placede GKvc, stimulant l'ardeur populaireet laissantsur leurs comptoirs luisants d'usure les tr-buchets peser l'or. Saint-Merry les vit derrirela barricade fameuse ; les plaines blanches deSibrie, les isbas de Russie les abritrent eux etleurs bombes ; le sicle dernier vit la destines'emparer de l'un d'eux et rappeler aux Franaisqu'ils devaient: se reconnatre et se compterderrire les deux bannires ennemies du Terri-toire et de la Libert.

    D'autres, chargs de besogne moins vidente,laissent leurs frres l'ingrate besogne d'agentprovocateur de l'esprit. Et ce sont des banquierset ce sont des ministres exagrant encoie l'in-famie de la classe ennemie qui les accueille. L'orentre leurs mains semble dou d'une vie de rep-tile, les ^Bourses oscillent sur leurs fondationsno-classiques, les cours des Rio Tinto et desmines de ptrole deviennent de srs instrumentsde dmoralisation.

    Emigrants falots insensiblesaux coups du sort,oiseaux de passage des ports humides, usuriersen lvites noires de Fs et cle Nijni-Novgorod,Monsieur le baron de Rotschild, Monsieur Dreyfus(d'autres disent capitaine), marchand de vodkaet de poisson fum de la rue des Rosiers, par desmoyens diffrents, votre insu peut-tre, vouspoursuivez le mme but, vous participez lamme cause.

    Enfants perdus ! enfants maudits ! l'Arabe

  • PAMPHLET CONTRE JERUSALEM

    crache votre passage et vous tes le rempartde la Mecque, le bouddhiste vous mprise etvous dfendez le Gange, Lhassa vous est interditeet vous tes parmi les ser\ iteurs des Lamas,ides blanches dans un ciel blanc.

    Fable cependant que ces haines politiques etutiles au bon accomplissement de la tache quivous est assigne. Qu'il vous dteste ou qu'ilvous dfende, l'Occident est en proie aux pensesleves que votre sillage entrane ; vous tes unlment cle dsordre chez l'ennemi de l'Orient ;les passions contre lesquelles plusieurs millnairesde civilisation mditerranenne se sont levsrenaissent plus profondes et capables de pousserles humains aux dterminations extrmes. Voustes les plus mpriss et les sacrifis parmi lessoldats de l'Asie, les bataillonnaires isols lamerci des progroms et des lches vengeances etcependant vous n'avez jamais Faibli, jamaisvotre activit ne s'est ralentie.

    Et cependant, voici que, n de la Socit desNations, un mouvement sentimental pousse versla reconstruction de Sion et la fondation d'unEtat juif aussi ridicule et artificiel que la Pologne.Alors tous ces impurs, tous ces cerveaux mlsqui affaiblissaient l'Europe au profit de l'Asieretourneront au pays sacr, portant avec eux iapire des maladies de l'esprit, le scepticismecontract durant cette expdition de deux milleans en pays ennemis. Le trouble qu'ils portent lo ils vont ils le porteront la valle troite duJourdain, aux rives tragiques de la mer Morte.Cette force se retournera contre ce qu'elle amission de dfendre en devenant le poste avancedes nations de l'ouesl et autrement dangereuxque les colonies anglaises et franaises. LesRotschild en subventionnai)! l'expdition sioniste,vont l'ciienutre du gnie de la. race.

    le sais bien qu'ils sont rares ceux qui dsertentet partent retrouver le fameux mur des lamen-tations ou des littrateurs imbciles ont cru voiren quelques vieillards l'esprit d'Isral retournant son berceau. L'chec d'une pareille tentativene fait heureusement aucun doute. Le MonacoMonte-Carlo du Levant n'a pas encore ouvert soncasino et, si les ractionnaires n'ont pas encorepouss la roue du vieux char biblique, rien n'in-dique dans leur attitude u:\ dplaisir ou uneinquitude, 'fout au contraire, il faut voir en cequasi silence une marque de joie. Ces bons poli-tiques se. frottent les mains ! leur territoire serapeut-tre vacu.

    Mais un courant est cr. Il ne faut pas qu'ilsprennent d'importance. Il faut que les Isralitesrestent en exil tant que la cause occidentale nesera pas perdue, tant que ne sera pas cras cetesprit latin, grec, anglo-saxon, allemand, qui estla plus terrible menace contre l'esprit.

    De Paris Rome, de Londres New York,d'Oxford Hambourg, la maladie devient chaque

    jour plus agressive. La vieille Sadique de Genveprtend squestrer l'me. Les dernires libertssont menaces. Droit l'opium, droit l'alcool,droit l'amour, droit l'avortement, droit clel'individu disposer de lui-mme, voil ce queles sinistres bonzes de la Socit des Nations sonten train de ruiner (l).

    Et c'est au moment o le monde a besoin riestrente deniers sacrs, conservs par vous, quevous prtendez fuir ! L'ide seule d'une retraite

    possible doil vous rvolter contre les faibles et leslches parmi vous. Le jour approche, votre jour.Cette fois, c'est une question de vie ou de mort,pour tout ce qui vaut d'tre vcu cl dfendu.

    Les trente deniers de Judas n'oill pa3 tdonns en vain. Vous les avez conservs pourracheter les rares qui valent la peine d tre sauves.Ne les gaspillez pas dfricher des terrainssentinienta ux.

    C'est un trsor que tout l'or du monde nepourrait s ervir vous racheter.

    ROBERT DESNOS.

    (1) A signaler aussi cette femme des h lire il ne pasfrquenter qui,

  • Lettre aux Recteursdes Universits Europennes

    MONSIEUR LE RECTEUR,

    DANS LA CITERNE TROITE QUE vous APPELEZ PENSE , LES RAYONS SPIRITUELS POURRISSENTCOMME DE LA PAILLE,

    ASSEZ DE JEUX DE LANGUE, D'ARTIFICES DE SYNTAXE, DE JONGLERIES DE FORMULES, IL Y A

    A TROUVER MAINTENANT LA GRANDE LOI DU COEUR, LA Loi QUI NE SOIT PAS UNE LOI, UNE PRISON,MAIS UN GUIDE POUR L'ESPRIT PERDU DANS SON PROPRE LABYRINTHE. PLUS LOIN QUE CE QUE LASCIENCE POURRA JAMAIS TOUCHER, LA OU LES FAISCEAUX DE LA RAISON SE BRISENT CONTRE LES

    NUAGES, CE LABYRINTHE EXISTE, POINT CENTRAL OU CONVERGENT TOUTES LES FORCES DE L'TRE,LES ULTIMES NERVURES DE L'ESPRIT. DANS CE DDALE DE MURAILLES MOUVANTES ET TOUJOURSDPLACES, HORS DE TOUTES LES FORMES CONNUES DE PENSE, NOTRE ESPRIT SE MEUT, PIANT SESMOUVEMENTSLES PLUS SECRETS ET SPONTANS, CEUX QUI ONT UN" CARACTREDE RVLATION, CETAIR "VENU D'AILLEURS, T'.IMB DU CIEL.

    MAIS LA RACE DES PROPHTES S'EST TEINTE.L'EUROPESE CRISTALLISE,SE MOMIFIELENTEMENTSOUS LES BANDELETTES DE SES FRONTIRES, DE SES USINES, DE SES TRIBUNAUX, DE SES UNIVERSITES. L'ESPRIT GEL CHAQUE ENTRE LES AS MINRAUX QUI SI RESSERRENT SUR LUI. LA FAUTE ENEST A VOS SYSTMES MOISIS, A VOTRE LOGIQUEDE 2 ET 2 FONT 1, LA FAUTE EN EST A VOUS, RECTEURS,

    PRIS AU FILET DES SYLLOGISMES.VOUS FABRIQUEZ DES INGNIEURS,DES MAGISTRATS, DES MDECINSA QUI CHAPPENT LES VRAIS MYSTRESDU CORPS, LES LOIS COSMIQUES DE 1,'TRE, DE FAUX SAVANTSAVEUGLES DANS L.'OUTLLI-TERRE, DES PHILOSOPHES QUI PRTENDENT A RECONSTRUIRE L'ESPRIT,LE PLUS PETIT ACTE DE CRATIONSPONTANE EST UN MONDE PLUS COMPLEXE ET PLUS RVLATEURQU'UNE QUELCONQUE MTAPHYSIQUE.

    LAISSEZ-NOUS DONC, MESSIEURS,VOUS N'TES QUE DES USURPATEURS. DE QUEL DROIT PRTEN-DEZ-VOUS CANALISER L'INTELLIGENCE,DCERNER DES BREVETS D'ESPRIT ?

    VOUS NE SAVEZ RIEN DE L'ESPRIT,VOUS IGNOREZ SES RAMIFICATIONSLES PLUS CACHES ET LESPLUS ESSENTIELLES,CES EMPREINTES FOSSILES SI PROCHES DES SOURCES DE NOUS-MME, CES TRACESQUE NOUS PARVENONS PARFOIS A RELEVER SUR LES GISEMENTS LES PLUS OBSCURS DE NOS CERVEAUX.

    AU NOM MME DE VOTRE LOGIQUE, NOUS VOUS DISONS : LA VIE PUE, MESSIEURS.REGARDEZUNINSTANT VOS FACES, CONSIDREZ VOS PRODUITS. A TRAVERS LE CRIBLE DE VOS DIPLOMES, PASSE UNEJEUNESSE EFFLANQUE, PERDUE. VOUS TES LA PLAIE D'UN MONDE, MESSIEURS,ET C'EST TANTMIEUX POUR CE MONDE, MAIS Qu'lL SE PENSE UN PEU MOINS A LA TTE DE L'HUMANIT.

  • L'AMOUR DES HEURES, LA HAINE DU POIVRE

    Un clou, deux clous, trois clous et voici notremaison btie. Devant elle se dresse une pe desucre qui, sous l'influence d'un rayon de soleil,tend devenir un monde nouveau, une plantede feuilles sches dont le dsir de rotation autourd'un couple de hrons, se manifeste pas un lger

    .hululement qui est le signal du dpart pour les48 coureurs engags dans la course de Paris l'toile polaire en passant par tous les nouveauxcinmas des capitales europennes. Les voicipartis ; mais, tandis que dans les courses que nousvoyons de temps autre dans les forts de sel,les coureurs disparaissent, un un comme desgouttes de rose, cette fois-ci ils se multiplient mesure que croit: la distance qui les spare deleur point de dpart, sans que, pour cela, diminuecelle qui les spare de leur but. Et voici que,maintenant, leur taille devient de plus en plusleve, si bien qu'on ne tarde pas les confondreavec les monuments publies, puis avec les arbresdes forts, puis avec les falaises et les montagnes,puis avec l'ombre des montagnes et les voicidisparus. Ils ne sont pas morts comme on pour-rait le croire, mais ils sont devenus les cinq doigtsde ma main qui crit VROLE l'usage de mescontemporains. Ceux-ci n'en sont pas surpris car

    ils savent quel usage les architectes font de lavrole, mais moi qui l'ignore je suis oblig d'at-tendre l'arrive de Nestorqui rpand devant moiles trsors de son intelligence sous forme dedrages remplies de fourmis, lesquelles n'ont riende plus press que de sortir de leur abri pourdvorer ma chaussure, neuve par la grce deDieu.

    Eh bien, Nestor, qu'attends-tu pour meparier de la vrole ?

    Nestor.

    Un jour que je contemplais, avectoute l'attention qui convient, un pareil examen,une porte-fentre qui s'agitait faiblement sousla pousse du parfum des roses tapissant unparterre voisin, je vis la vitre se couvrir d'ins-criptions chinoises que je ne comprenais pas. Unchien aboya si prs de moi que mon fauteuilfondit sous moi comme si l'motion lui avaitcoup les jambes et je me trouvai tendu sur ledos

    comme un hanneton

    au milieu d'unetarte aux abricots qui s'attendait un toutautre accueil de ma part et se vengea cle moninconvenance en me lanant au visage un jetde sulfate de cuivre, en sorte que je fus obligde tenir, pendant un laps cle temps que je puisva'uer . cinq annes au moins, le rle d'uncep de vigne atteint de phylloxra. Je n'en fuspas plus satisfait que cela et manifestai haute-ment mon mcontentement en m'obslinanl produire des haricots verts sauts au lieu duraisin qu'on attendait de moi.

    Au bout de cinq ans donc, une ancre demarine tombant prs de moi sur un champignonqui ne survcut pas cet accident, me renditma forme humaine, non sans la modifier sensi-blement ; par exemple, je n'avais plus que quatreorteils chaque pied ; par contre j'avais troistesticules dont un, celui du milieu, qui avait lal'orme, la couleur et les dimensions d'une fram-boise. C'est alors que l'ide de la vrole se pr-senta mon esprit : un d jouer dont lechiffre :-: seul tait visible se planta devantmes yeux avec l'intention de s'y maintenirenverset contre tous. Nanmoins, vous devez bien penserque la volont d'un d jouer ne compte pasdevant celle d'un homme que n'effraye aucunpril, mme pas l'ide d'un lacet de chaussuretournant au-dessus de sa. tfitc la vitesse de75 noeuds l'heure. En un clin d'oeil, je lis dece d la paupire du macaroni. Mais, je vous ledemande, que restcra-t-il des paupires du maca-roni et. mme du macaroni lorsque les pluiesd'hiver et les vents de l'univers auront dco-lor son visage ? Peut-tre n'en subsistcra-t-ilmme pas une graine de plafond ! Et alors, quevoulez-vous qu'il advienne des rochers de cra-mique qui marquent l'entre des forteresses o

  • L'AMOUR DES HEURES i3

    se terrent les zouaves vroles qui veulent viterde rencontrer les esclaves du violoncelle et lesmaris des farandoles qui dvastent les ocans,estropient les requins, volent les carapaces destortues et chassent les colombes de leur colombierpour y installer ds perruques. Les zouaves sontd'anciennes fougres que la fantaisie du lacetde chaussure affubles d'un pantalon bouffantpour les diffrencier des mandolines et destimbres-poste. Ils s'en vont par les plainesincultes pcher, pour les bonnes d'enfant, dessouris blanches dans la gueule des saumons,lesquels se prtent trs aimablement cetteopration qui satisfait leur dsir de parfum.L'un d'eux, un zouave plus vrole que les autres,au regard de moustache, s'loigne de ses compa-gnons. C'est qu'il recherche l'essence de la bireet la profondeur des mers pendant les temptes.11 passe le long d'un fleuve large comme la mainqui chavire des plumes cle perroquet. Il en conclut,qu'il traverse l'Amrique du sud et s'attend rencontrer, quelques mtres plus loin, un bagnardoccup compter les serpents de la fort vierge.Il ne rencontre pas cle bagnard, mais une barrirede dfenses d'lphants. Il la franchit et: marchemaintenant sur un tapis de brioches. Il ne douteplus que ce tapis le conduise un sofa o seprlasse quelque jeune fille, jolie comme le feu.solitaire et nue qui ne demande pas mieux quede taire l'amour avec une orchide isole du restedu monde et ignorante au point de ne pas con-natre la couleur de ses (leurs. Mais l'orchiden'aime pas la jeune fille. Elle ne songe qu' lavrole, son amie. Le zouave, homme d'espritsimple dont la vie n'est qu'une lente reptationautour des chevilles d'une musulmane, lui rpondpar un billement qui ne le satisfait pas. Pour sefaire comprendre, elle entame les louanges de lavrole :

    Vorchiie.

    Zouave la tte oblique, aucrne transparent, comme la. mer, toi qui naquisune nuit sur un lit de caf gel, toi dont la mrequitta tout exprs le cou d'une girafe pour temettre au monde, tu ne connais pas la vrole,la vrole qui descend du singe. Sache donc qu'unjour une cartomancienne qui prenait un bain vitapparatre une paire de lunettes dans sa bai-gnoire, au-dessus de ses pieds. Elle sursauta etles lunettes glissrent, la surface de l'eau, par-courant la baignoireen tous sens. En mme tempselle sentit ses seins la quitter et les vit aussitt la surface tic l'eau, verts, dlicieusementverts.L'invitable se produisit : les lunettes rencon-trrent les seins qui, secous d'une colre folle,bondirent hors de la baignoire.

    O migraine ! course folle ! Les seins frappentun guerrier ngre qui garde l'appareil douchessi lger que la cartomancienne craignait qu'unsouffle d'air la ft s'envoler. Et le guerrier da-

    homen n'est plus qu'une addition immense desnombres de nombres de dix chiffres dont le totalforme le mot : VROLE.

    BENJAMIN PRET.

    Il faut se taire une ide physique dela rvolution.

    ANDR MASSON.

    ** *

    Nous avons moins besoin d adeptesactifs que d'adeptes bouleverss.

    ANTONIN ARTAUD.

    * *

    De divers espoirs que j'ai eus, le plustenace tait le dsespoir.

    Louis ARAGON.

  • DCADENCE DE LA VIE

    Amlrr Miissim.

    M"10 de Librloilc n'ose plus rentrer chez elle.Elle a peur des voiles d'toile qui pendent myst-rieusement jusqu'il terre. Une petite main grandetout au plus comme une ide de rve lui tendmystrieusement ses doigts. Ils sont opale etelle a peur de la virginit qui est l'gale de lamort. Sun mari l'oiscau-lyre chasse les pintadesdes nuages. Il sait que les nuages bleus con-tiennent des femmes adorables aux yeux verts,tandis (pie les nuages blancs contiennent despenseurs inous et des Heurs el les nuages rosesdes larmes cl les nuages ples des perles d'amouret les nuages mauves des lvres de prophtes,mais les nuages noirs, los nuages du froid et dusang, sont les seuls qui contiennent les pintadestranges au gesl c parfait, celles qu'il veut, pourexprimenter son besoin d'amour !

    Ce sont de larges rves que ceux que l'on faiten marchant dans les laves brlantes du monde.Par instant jaillissent: des mtores hurlants, destres profans de la souffrance ou des fantmesde femmes frles et souriant quand mme ensouvenir de leur premier baiser

    -

    Un tre jeuneet plein de mystre.

    Elles profilent leur ombreavec de grandes ombrelles laites par les ruisseaux

    et les violettes plus loin que toutes les dimen-sions connues. Une voix tait prs d'elles, plusprs que l'oiscau-lyre :

    La Premire rencontre de ces deux enfants

    de la poussire eut lieu dans le parc prs despois de senteur. Elle tait grave comme cesfemmes glaces sur la couverture des livres.Lui sentait grandir des dsirs d'infini, tremblantau milieu de l'anne de ses premires promis-cuits.

    L'infini, voyez-vous, monte sans lever les

    mains, alcyon de malheur, plus pur que le pain.A la premire source, les anges achtent leurrepas du soir ; pour ma part, je me nourris demoutarde en marchant sur la mer commel'cume. Fatalit !

    Le monde ouvre ses portes comme un man-

    teau de fourrure. Une femme, un beau soir surcette route d'algues, me parlait de clarr, maisses yeux taient ples sous le volet cle ses sourcils.La belle maison que cette main saignante aumilieu de la mer. Pour frapper sa porte j'aiune main de jade, car je gagne ma vie perdreles sous de mon amour. Plus de dtresses craindre, plus de vices soigner. Je n'ai jamaisrien compris aux mots magiques des toiles.

    Je descends dans un monde bas comme

    le rle... Plus loin un cheval rouge buvait dans la lune

    les larmes du cheval d'argent qui n'tait pasencore rentr.

    Ce ne sort plus aujourd'hui les larmes quivous empchent de marcher, mais c'est la vie,l'trange vie avec ses faades de mtal et de(leurs. O Hommes de la lumire, Hommes de foi,comprenez-moi !

    Je me suis promen toute la nuit dans cetterue maudite aux innombrables prophtes, cetterue qui est tout simplement maudite comme mespas et comme mon pauvre coeur, ce derniervestige de ma triste et mdiocre existence. Cebar sanglant ouvre son rle mon dsespoir.Voici les chafauds de chevelure que j'aime, cesnuques ciseles par des cheveux gris, parfummerveilleux de cette chair de femme absolumentobscne. Vous tous alcools du jour au genre demadones, mes petites matresses l'oeil d'in-cendie !

    Mais le plus terrible, peut-tre, le smokingde mon ami sur le violon mon me cet instru-ment dsaccord.

    Cette chre atmosphre de fantmes troisheures du matin et ces sourires crucifiant ma follepassion parmi les crachats.

    0 jamais, jamais ! Ma tte, ma tte !Ici un personnage commence pleurer. Tandis

  • DECADENCE DE LA VIE

    que reluit le soleil neuf des flammes de bougiedans l'antre phnomnal des glaces brises aufond des souterrains d'une valle lointaine. Iltremble, il s'meut de ces sourcils qui rgissentles merveilles du ciel. Un personnage qui sepromne dans une fort de jeunes filles. Ce sonttout simplement les fleurs de mes toiles.

    J'lve le dbat s'il s'agit de l'amour. Ce n'estpas le premier visage pour lequel j'ai tourn lesyeux, cette aurore borale, cette aimable cendreau miel d'oeillet et les doigts du soleil ces larvesfltries d'un coeur maussade !

    Nous sommes toujours le soir. Cherchant unelgance de folie j'avais envoy cette femmemes rves dans du papier de soie ! Mes beauxrves adorables et majestueux, Madame deLibrtoile, nous en sommes rests l !

    Mon ami habite un palais correct dont il faitles honneurs avec amertume. Nul repos netrouble l'motion de ces marbres. C'est la bellemaison du dsespoir face de chien.

    Il n'y a pas de journes qu'il ne mdite surl'ennui, car il n'est pas dans sa douceur des rica-nements secs comme des bris de couteaux. Ilporte un monoclequi lui renvoie chaque minutel'image de sa destine.

    Destine ! Destine ! guide tmraire, as-tudonc jamais suivi les routes de roseaux le longdes tangs de folie o sont, ces petits poissonsmulticolores des innombrables plaisirs. Mais leplaisir lui-mme, n'cst-il pas couvert d'abcs,avec son manteau de nuage et ses ailes de vipre.

    Le plaisir, n'avons-nous donc jamais su ceque c'est ?

    Aujourd'hui 10 fvrier 1925. fl ne s'est rienpass...

    Je suis sorti dans une rue boueuse et tour-mente avec un clair de dfi dans toute mapersonne et personne ne m'a rpondu.

    Au coin d'une impasse sordide, il y avait bienune femme adorable... Elle tait habille d'herbesfolles et de myosotis et toute sa majest renfer-mait la lumire, la lumire vritable, la seulelumire indispensable qui n'est pas l'imbcilelumire solaire qui'trouble les rves miraculeux,c'est--dire qu'elle tait l'amour ! Elle taitl'amour en personne avec ses tincellesde lavandesfraches, belle matine rieuse l'afft des ruis-seaux rveurs. Elle tait impassiblement belle,la seule route qui pouvait me convenir videm-ment.

    Aujourd'hui 10 fvrier 1925, je suis devenufou de malheur.

    Ces jours-ci, l'existence nous a apport sonfracas quotidien. Les les aux diamants bleusque nous rencontrons dans nos forts vierges sontdevenus d'inacceptables problmes et tous lesmonocles des fils de la nuit sont briss.

    Nous sommes devant le procs de l'existencedes choses mcaniques.

    Nul n'abordera cette rive de mdiocrit s'iln'est auparavant muni de vtements douteux.Mon vaisseau n'y abordera pas !

    Mon vaisseau transporte de doux tres pensifs.Il n'y a rien cle plus agrable que ces personnagesde lgende fleur de peau. Nous allons contretoute espce de dgot, amoureux de l'amour.Les cris qui surgissent derrire les vagues sontceux des foules immondes qui refroidissent lecoeur, mais l'horizon que nous touchons dudoigt il y a une petite lueur d'espoir et. nosdoigts deviennent de fictifs chemins ou de joliesmajuscules sur lesquels vole l'absinthe en trou-peau.

    Mme de Librtoile vogue elle aussi dans sesdiamants et dans ses robes majestueuses tranede nuit. Elle me fait des signes du haut d'unpristile de neige.

    (A suivre). JACQUES BARON.

    ll celte litinpc df chair cl tic hronzv qu'on ne rencontrequ'en liant des rues, quand 1rs maisons s'cnrlctil pour mieuxentendre l'air.

    Dcde" Siml/cain.

  • Adresse au Pape

    Le Confessionnal, ce n'est pas toi, Pape, c'est nous, mais, comprends-

    nous et que la catholicit nous comprenne.Au nom de la Patrie, au nom de la Famille, tu pousses la vente des

    mes, la libre trituration des corps.Nous avons entre notre me et nous assez de chemins franchir, assez

    de distances pour,y interposer tes prtres branlants et cet amoncellement

    d'aventureuses doctrines dont se nourrissent tous les chtrs du libralisme

    mondial.

    Ton Dieu catholique et chrtien qui, comme les autres dieux a pens

    tout le mal :

    1 Tu l'as mis dans ta poche.

    2 Nous n'avons que faire de tes canons, index, pch, confessionnal,

    prtraille, nous pensons une autre guerre, guerre toi, Pape, chien.

    Ici l'esprit se confesse l'esprit.

    Du haut en bas d ta mascarade romaine ce qui triomphe c'est la haine

    des Vrits immdiates de l'me, de ces flammes qui brlent mme l'esprit. Il

    n'y a Dieu, Bible ou Evangile, il n'y a pas de mots qui arrtent l'esprit.

    Nous ne sommes pas au monde. O Pape confin dans le monde, ni la

    terre, ni Dieu ne parlent par toi.

    Le monde, c'est l'abme de l'me, Pape djet, Pape extrieur l'me,laisse-nous nager dans nos corps, laisse nos mes dans nos mes, nous n'avons

    pas besoin de ton couteau de clarts.

  • Adresse au Dala-Lama

    Nous sommes tes trs fidles serviteurs, Grand Lama, donne-nous,,adresse-nous tes lumires, dans un langage que nos esprits contaminsd'Europens puissent comprendre, et au besoin, change-nous notre Esprit,fais-nous un esprit tout tourn vers ces cimes parfaites o l'Esprit de l'Homme

    ne souffre plus.

    Fais-nous un Esprit sans habitudes, un esprit gel vritablement dansl'Esprit, ou un Esprit avec des habitudes plus pures, les tiennes, si elles sontbonnes pour la libert.

    Nous sommes environns de papes rugueux, de littrateurs, de critiques,de. chiens, notre Esprit est parmi les chiens, qui pensent immdiatement avecla terre, qui pensent indcrottablement dans le prsent.

    Enseigne-nous, Lama, la lvitation matrielle des corps et comment

    nous pourrions n'tre plus tenus par la terre.,

    Car, tu sais bien quelle libration transparente des mes, quelle

    libert de l'Esprit dans l'Esprit, Pape acceptable, Pape en l'Esprit vritable,

    nous faisons allusion.

    C'est avec l'oeil du dedans que je te regarde, Pape, au sommet dudedans. C'est du dedans que je te ressemble, moi, pousse, ide, lvre,lvitation, rve, cri, renonciation l'ide, suspendu entre toutes les formes,

    et n'esprant plus que le vent.

  • TEXTES SURREALISTES

    Max Morise :Sources de l'Oubanghi, gonflement des pripa-

    tticiennes dont le ventre porte le foetus merce-naire, simulation du dsespoir, excutions arbi-traires de meurtriers bienfaisants, lvs purs,chacals rdants, frocit des hieroglvpb.es, borbo-rygme de l'estomac de Jhovah, dynastiesperverties par de longs sicles de triomphe etdes crimes innombrables, lutteurs muscls,saucissons d'Arles, fidles sectateurs de l'amouret de la damnation, tilles-mres, Caligulas la longue barbe et: l'oeil petit, tritons et naades,marmitons et tilles de cuisine, jaguars indomptsdes mers ocaniennes, loufoques et scarabes,catholiques et catharcux, formes indcouvertesde la loi de la gravitation universelle, ples,je vous porte en mon coeur. Vous tes les engou-levents rapaoes qui arrachent, aux entrailles desdemi-dieux la t\ re du doute qui y drouleson interminable et: majestueuse procession.Vous tes les chalas o s'enlacent les haricotsverts de mon aspiration. Vous tes mtores.J'engage les hommes dpourvus de sens communet lches se dvtir des vtements de bouesche qu'ils portent en guise de gilet de flanelleet se prosterner. L'poux tuera l'pouse, le

    fils sodomisera le pre, et le vaccin chtieral'enrag. Le Ilot des carapaces vermeilles com-mence couler. Le lit de la Seine dborde dusuc gastrique des faux prophtes. Le tonnerrea des bornes, les fromages sont accoupls auxbiques, et les desseins de la Providence ne sontplus de mise. 11 y a une diffrence capitale entrela guerre et la superstition : cette diffrence,c'est le poulpe aux yeux bleus, c'est le zbredu dsert, c'est la figure succulente, c'est l'Indo-Chine tout entire avec ses filles, avec ses collines,avec ses soubresauts, ses ptisseries et ses lima-ons ; c'est, aussi le fond de mon palais et leseuil de mon oesophage, avec ses capitales, avecses divinits de bois et de beurre frais, avec sesgnraux la poitrine fcale. La joute commence ;j'entre en lice et je tire un coup de revolverdans la direction du Prsident de la Rpublique,qui par bonheur n'atteint que le Prsident duSnat. 11 est mort, mais la joute continue et ilne reste qu'une heure avant le coucher du soleil.Les pigeons voyageurs se htent. Leur vol sefait plus lent, et soudain leurs ailes se figent.Quel est ce bruit de coups de poings que j'en-tends sur ma nuque ? Quelle est cette voiturehermtiquement: close qui passe devant mesyeux ? O vont ces rgiments en marche ?

  • TEXTES SURREALISTES

    Mais, douleur, ma main s'est consume et dutas de cendres sort un pingouin grotesque quine porte aucun insigne.D. L.

    :

    Je suis alle dans une chanson verte qui blcuis-ait de champaradis. J'y ai trouv une glorioleen chemin qui, en m'offrant le bras, cognait uncureuil cle cire. Il avait une patte de livre etjonglait glorieusement son avant-scne au singe-mtaphore. Cirque de fantaisie, le Champaradisfleurissait sa baignoire et alla la promener enfuribonde de contrebande. Chemin faisant il futassailli par l'lphantimage, qui, aprs une lutteau bord de la quelconque route s'en alla en fai-sant frntiquement des signes de croix. Le para-dis quitta alors le champ terrestre et se vapo-risa en ce lieu qu'on sait, et comme pour tre duridicul-sauvagc. D'avant tout est en charpe delopard l'lphant-image s'ignora du lendemainau lendemain et toujours plus vite de manirequ'il ne resta finalement plus qu'une seule veilletranslucide et burlesque qui lut nomme Beigedes Prs

    .Des baisers en cascade et au rouleau

    de phonographe y figuraient cl noblementvinrent s'agenouiller devant l'trange Baie-histoire qui vient d'tre raconte.

    Bleudivoireet Satinlouclic taient deux copain-copine. Ils sont ns tous deux un lundi : ce quin'est pas suffisant. Bientt ils iront en luile ensem-

    l'elll Kl.;-

    ble pour mieux se quitter, car Satinlouche aime levinaigre et Bleudivoire la messe. Chemin chemine,par vagabond et par Montrouge, la vieille chicanequi revient encore et l'innombrable saut du diables'corche les cuisses pour s'agrafter un pan de nuagele long des hanches. Pour tout cela n'est pas uneexcuse et mieux vaudrait escaladerle ciel carrmentet avec franchise. Mais trop de malveillance et d'-ternels retours en toutes ces nuits innombrablesbalancent toujours ma cervelle challaudeet pource qui est de la vanit, Satinlouche l'a prise en unetelle affection que les chauves-souriss'en battentenduel. Nanmoins les cascades vermoulues d'uneautre sphre reparaissaient constamment devantmes fentres isoles et l'irrprochable oubli vintles fermer violemment. Si vite la funbre destinede ces deux tres r.cs un lundi vient s'accrocher la mienne et je suis encore a les traner chacund'une main.

    La suppression de l'esclavageLes peuples qui luttent pour leur indpendance, quand

    ils auront sauv leur sol, leurs traditions, leurs coutumeset leur religion, s'apercevront qu'ils sont capables de sedbarrasser de lous leurs matres, trangers ou nationaux,l.e oui de la libert vient en combattant pour elle. Beauxcivilisateurs, depuis .lsus jusqu'il ce jeune el brillantaviateur, gaulois devant des ttes coupes, la lin de votrergne marquera le dbut de l'mancipation totale de l'hommeet de l'esprit. I.a suprmatie de l'Europe ne s'appuie quesur les armes et la croix, la croix au service des armes, maisles boulines domins ne montrent aux conqurants qu'unmasque impassible derrire lequel la pense se nourrit(l'cllc-mmo, avec toute la force de la haine. Des brles,mais des brilles plus dangereusesencore pour vous que vospires vnilglistcs puisqu'elles ne sont sensibles qu' elles-mmes cl que vous portez en vous le nant dans lequel ellesvous prcipiteront.

    Comment voud riez-vous que les plus stoques d'entreces esclaves supportent ternellement les cruauts imbcilesde la dcadenceblanche : en Egypte el aux Indes, les Anglaisont pass toute mesure et la rvolte gronde, tous les Intel'leclurls s'insurgent contre PAngleterres en Indo Chinele blanc n'est qu'un cadavre cl ce cadavre jette ses orduresnu ni-/ (lu .hume : .lava, le Hollandais bouffi vante lenombre(le ses domestiques,mais (le lenips aut re ou l'gorgel l'on garde pieusement le souvenir de l'ieler Ki-bcrveldqui, dj en 1712:2. rva d'une hcatombe gnrale; partouten Afrique l'homme est plus bal lu qu'un chien ; quand onlibra les esclaves de la Martinique ci (Il la Guadeloupe,quand ceux-ci massacrrent sans piti les colons, bruln-nltout, l'arme eut peur el n'intervint pas ; on suit au Marocl'exemple de la campagne de Chine : l'ordre est donn delirer sur les laboureurs qui ensemencent aux environs desposles el de ne pas spcifier le sexe el l'ge en Indiquantle nombredes dissidents tus ou blesss ; partout des mis .ionnoires et des soldats, des corbeaux el des chacals, les unscouvrant les autres de leurs tnbres, mais partout aussides rvoltes, des incendies, des empoisonnements, partoutdes attentats ri des complots. Anglais, Frnncnis, Hollandais,Italiens, Espagnols, peuples des grandes mers, peuplesd'Kxli'nir-Occidenl, ce n'est pas en tout cas dans voscolonies que vous trouverez un refuge quand la masse del'Orienl rondin inexorablesur vous, la masse de voire Orient,de ces pays sans colonies plus libres, plus forls et plus pursque vous : l'Allemagne, la Hilssie, la Chine. Ce jour-l toutesles banques du Christianisme seront fermes, le signe del'aube remplacera au ciel el dans les esprits le signe dusupplice, aucune parole ne sera plus soumise la matireet les hommes de toutes couleurs seront absolument libressous le regard adorable de la libert absolue.

    l'tuil El.lAHU

  • L'EUROPE ET L ASIEL'Orient rve et respire dans une substance

    vitale dans laquelle l'homme et le monde de saconscience sont plongs une fois pour toutes :hors du temps et d'une manire absolue ! Tandisque nous, en Europe, nous pensons mme cequ'il y a derrire le monde, la mtaphysique comme jjrocessus historique , donc temporelen somme. Nous en parlons en usant de dsi-gnations telles que : esjurit mondial, volontmondiale, conscience mondiale, nergie. Maistoujours au moyen d'expressions comprenantl'action, et par l, le changement : image de notrepropre existence active, toujours agite, tendanttoujours vers un but. Mme Shopenhaoer etSpinoza, les deux penseurs les plus contemplatifsde l'Europe ont cherch dans la ralit du mondemoins une Essence au del du temps et de l'action,qu'une Vie temporelle et agissante.

    ...Selon tout ceci, il nous semble que la pensede l'Orient (comme une femme aimante s'aban-donne intimement) se serre contre le coeur dela nature, tandis que la conscience de l'hommeoccidental est: tendue et menaante en face d'elle,toujours aux aguets et cherchant par quelsmoyens il pourrait: en trouver la cl et tremis en tat de l'imiter, de la corriger mme ;puis toute la vitalit bariolede l'Europen'aboutitfinalement qu' l'apparition fantomatique de laMachine qui, comme un vampire, un fantmespiritualis cle ce qui est: vivant, se met engloutirla vie. Car notre art constructeur et crateur luiaussi, est comme la synthse de la chimie, pure-ment artificiel , relevant: d'avance de dcom-positions mcaniques, de. morcellements, anato-misants de la vie.

    C'est: pour de telles raisons que nous ne com-prenons pas l'adoration nave des symbolessimples el: grands de la nativit, cle la conception,de la fertilit, de la vie et cle la mort. Kl: nousne comprenons pas que l'Orient place sa vn-ration dans les hommes qui n'ont absolumentrien lait, rien accompli, rien crit, mais qui,ainsi que Bouddha et Laotsc, ne vcurent detous leurs sens que de la contemplation de l'im-muable vivant.

    :immobiles, saints, sans CON-DUITE DANS L'EXSSTENCE, sans actionsTandisquenous,nous trouvons notrejustification,

    souvent mme notre excuse dans l'activit. C'estjustement: parce que nous sentons ce que nousavons perdu que nous nous acharnons, pluspauvres de vie, sur la conception : vie .Dans la toute jeune philosophie europenne lesformules favorites de tous les oracles sont ence moment les dnominations telles que : vie,philosophie de la vie, contemplation immdiate,vidence adquate, puissance de vie, intuition del'lment vital. Et dans l'Europe actuelle il n'est

    rien qu'on n'entende autant rabcher que cechant repoussant la louange de la vie deFichte :

    Rien n'a de valeur et de signification que lavie. Tout ce qui est pense, posie, science n'ade valeur que par un rapport quelconque entreelles et la vie, qu'elles en dcoulent ou qu'ellescomptent y aboutir.

    En crivant ceci, je sais trs bien que moncontemporain qui le lit (si un contemporain le lit)aura immdiatement quelque chose de bien plusintelligent dire sur ce mme sujet, et que navr,je devrai reconnatre, demain, qu'un ]3rofesseurde philosophie aura dj jslus amplementexpliqu, un pote mieux formul ce qui me sem-blait cr par moi avec le sang de mon corps.Car il n'y a pas de production qui ne soit, commetelle, immdiatement surpasse. Mais l'homme,le porteur cle toute cette productibilit, de toutce savoir ? Les rapports entre ses oeuvrespositives et la vie qui les engendre et les portesont si vagues, que mme le meilleur de notreculture est plutt su, appris, compris que vcuet souffert. C'est pour cela que ceux qui pro-duisent

    chez nous font pour ainsi dire un jourfri en travaillant et une telle affaire d'tat deleurs oeuvres. Nous demandons qu'un livre nousexalte, qu'un tableau nous lasse oublier, les oeuvres doivent: nous dlivrer de la ralit.Tant que la grande ide universelle du catholi-cisme sut crer pour l'Europe une atmosphrecommune, une simple beaut naissait de l'aridevie quotidienne. Tandis qu' prsent l'un estromantisme et l'autre lutte pour la puissance,et l'homme europen fait. des valeurs. Unedes ])lus belles odes d'un pote allemand com-mence par ces mots :

    Dj, arrive l'heure pnible de la naissance

    O il nat, de lui-mme, l'homme instable. Mais c'est l justement: le crime des hommes

    productifs ; dans leurs oeuvres ils se font natreau lieu de se rvler. La nature mme de toutevie cratrice exige qu'elle s'offre elle-mme d'unemanire simple et innocente ; mais la formation,la cration, le travail conscient n'augmente quelui-mme au del de la nature et fait paratrede soi plus que le sang vivant ne donne, commeles chats aiment: manger plus qu'ils ne sontlourds. Ces hommes d'Europe ont leurs talents,leurs adresses, leurs capacits, leur rudition etleurs techniques comme on nat avec un ossurnumraire. L'un en a ; l'autre n'en a pas.Ces clbres imbciles aimeraient surtout sebarricader derrire leur art ou leur science, de

  • L'EUROPE ET L'ASIE

    manire que l'homme vivant soit simplementune personnalit empirique avale par la production objective . La misre de cette culture est qu'elle extorque de l'me lapuissance et la production comme on fait fleuriren hiver du lilas dans une serre. Ces clbresimbciles s'imaginent que par leurs oeuvres ilsjustifieront leur personne. Les machines del'Europe ont plus d'esprit que ceux qui lesconstruisent. Les livres de l'Europe sont plusnobles que ceux qui les ont crits. Qu'on se gardede regarder de prs un de ces travailleurs !Et c'est ce qu'ils nomment leur objectivit.

    lis perdent toute valeur pour eux-mmes ens'adonnant constamment des oeuvres et desvaleurs objectives. Car il est bien entendu qu'ilspourraient tous aussi bien faire autre chose. Etmme si ce sont des rveurs ou des mystiques ;alors ils rvent, devant un public et disent desoracles sur la place du march. Qu'on regardeles visages de ces penseurs, de ces artistes d'au-jourd'hui I Ne pourrait-on pas, dans certaineslimites, tous les interchanger, les prendre lesuns pour les autres ? Ils deviennent martialsquand le canon gronde et pieux quand les clochessonnent.

    Il est caractristique pour toute la science etla philosophie europenne, qu'elles restent tou-jours enracines dans le grand mensonge humainde la causalit .

    NOUSVOULONSCONNAITRELA RA-LISATION, LE FAIT ACCOMPLI, LESCAUSES RELLES DES CHOSES ET PARLA MME NOUS PERDONS DE VUELEUR VIE, TOUTES NOS SCIENCESDISSOLVENT LE MONDE EN UN NANTDE RELATIONS.

    Le soi-disant volutionnisme n'est autre choseque la plus faible et dernire infusion du christianisme devenu europen. La. rformation mon-daine de Luther tait la seconde infusion. Maisdepuis, la foi chrtienne est devenue de plus enplus optimiste-progressiste. Conception satis-faisante , ce qui veut dire : religion qui peuts'accorder avec les affaires europennes ; ceci estle but reconnu et cependant secret des scienceseuropennes et rien ne dmontre plus 'clairementla dcadence de la pense philosophique que lefait suivant : mme les cerveaux qui pensentreconnaissent la facult d' agir d'une maniresatisfaisante comme un critrium de vrit ;comme d'ailleurs l'Europen croit rsoudre laquestion de la vrit du bouddhisme ou dunihilisme en prouvant qu'avec le bouddhisme oule nihilisme en Europe la vie deviendrait impossible.

    La sagesse de l'Asie est invinciblement pessi-miste. Dans des milliers d'ouvrages, elle a appro-

    fondi les connexions insparables de la maturitspirituelle avec la souffrance. Elle pntre ladpendance rciproque cle la connaissance et dela douleur et SAIT QUE LA CONSCIENCEEST FONCTION INALTRABLE DE LADETRESSE. Son enseignement le plus profond(le plus profond de toute la terre) est celui de laDukha-Satya des Indes : tout savoir est loigne-ment d'une petite douleur, chaque douleur laporte d'une nouvelle perfection, l'augmentationdu jugement prsume une augmentation de d-ceptions ; la connaissance est dsillusion ; cons-cience : arrt de la vie. En der nier lieu l'espritest un impasse. ET CONNAISSANCPAR-FAITE

    DTOURNEMENTDE LA VIE.Cette philosophie n'est pas europenne.

    THODORE LESSING.(Trad. de Vallemand par Denise Lvy.)

    Je les ferai revenir l'usage des cordesnoues.

    LAO-TSEU.

    Dans lu haute antiquit, lorsque l'criture n'tait pus encoreinvente, les hommes se semaient de cordelettes noues pourcommuniquer leurs penses.

    Paul Klce.Patoies panirnonieisis de Vavare.

  • Lettre aux coles du Bouddha

    Vous QUI N'TES PAS DANS LA CHAIR, ET QUI SAVEZ A QUEL POINT DE SA TRAJECTOIRECHARNELLE, DE SON VA-ET-VIENT INSENS, L'AME TROUVE LE VERBEABSOLU, LA PAROLENOUVELLE,LA TERRE INTRIEURE,VOUS QUI SAVEZ COMMENT ON SE RETOURNE DANS SA PENSE, ET COMMENTL'ESPRIT PEUT SE SAUVER DE LUI-MME, VOUS QUI TES INTRIEURS A VOUS-MMES, VOUS DONTL'ESPRIT N'EST PLUS SUR LE PLAN DE LA CHAIR, IL Y A ICI DES MAINS POUR QUI PRENDRE N'ESTPAS TOUT, DES CERVELLES QUI VOIENT PLUS LOIN QU'UNE FORET DE TOITS, UNE FLORAISON DEFAADES, UN PEUPLE DE ROUES, UNE ACTIVIT DE FEU ET DE MARBRES. AVANCE CE PEUPLE DEFER, AVANCENT LES MOTS CRITS AVEC LA VITESSE DE LA LUMIRE,AVANCENT I.'UN VERS L'AUTRELES SEXES AVEC LA FORCE DES BOULETS, QU'EST-CE QUI SERA CHANG SANS LES ROUTES DEL'AME ? DANS LES SPASMES DU COEUR, DANS L'INSATISFACTION DE L'ESPRIT.

    C'EST POURQUOI JETEZ A L'EAU TOUS CES BLANCS QUI ARRIVENT AVEC LEURS TTES PETITES,ET LEURS ESPRITS SI BIEN CONDUITS. IL FAUT ICI QUE CES CHIENS NOUS ENTENDENT, NOUS NEPARLONS PAS DU VIEUX MAL HUMAIN. C'EST D'AUTRES BESOINS QUE NOTRE ESPRIT SOUFFREQUE CEUX INHRENTS A LA VIE. NOUS SOUFFRONS D'UNE POURRITURE, DE LA POURRITURE DELA RAISON.

    L'EUROPE LOGIQUE CRASE L'ESPRIT SANS FIN ENTRE LES MARTEAUX DE DEUX TERMES,ELLE OUVRE ET REFERME L'ESPRIT. MAIS MAINTENANT L'TRANGLEMENT EST A SON COMBLE,IL Y A TROP LONGTEMPS QUE NOUS PATISSONS SOUS LE HARNAIS. L'ESPRIT EST PLUS GRANDQUE L'ESPRIT, LES MTAMORPHOSES DE LA VIE SONT MULTIPLES. COMME VOUS, NOUS REPOUSSONSLE PROGRS : VENEZ JETEZ BAS NOS MAISONS.

    QUE NOS SCRIBES CONTINUENT ENCORE POUR QUELQUES TEMPS A CRIRE, NOS JOURNA-LISTES DE PAPOTER, NOS CRITIQUES D'ANONNER, NOS JUIFS DE SE COULER DANS LEURSMOULES A RAPINES, NOS POLITIQUES DE PRORER, ET NOS ASSASSINS JUDICIAIRES DE COUVEREN PAIX LEURS FORFAITS. NOUS SAVONS, NOUS, CE QUE C'EST QUE LA VIE. NOS CRIVAINS,NOS PENSEURS, NOS DOCTEURS, NOS GRIBOUILLES S'Y ENTENDENT A RATER LA VIE, QUE TOUSCES SCRIBES BAVENT SUR NOUS, QU'ILS Y BAVENT PAR HABITUDE OU MANIE, QU'ILS YBAVENT PAR CHATRAGE D'ESPRIT, PAR IMPOSSIBILIT D'ACCDER AUX NUANCES, A CES LIMONSVITREUX, A CES TERRES TOURNANTES, OU L'ESPRIT HAUT PLAC DE L'HOMME S'INTERCHANGESANS FIN. NOUS AVONS CAPT LA PENSE LA MEILLEURE. VENEZ. SAUVEZ-NOUS DE CES LARVES.INVENTEZNOUS DE NOUVELLES MAISONS.

  • a 4 LA REVENDICATION DU PLAISIR

    Andr Masson.

    La revendication du plaisirLe cristal, les veines du bois et de la lumire,

    et la lumire mme des alcools ncessaires uneexistence prophtique, les musiques trop lgrespour que nous les maudissions, les toiles achets des prix drisoires, les perles nes des jeux del'air avec la'peau des femmes, toutes ces exigencesfont la moelle de nos sens, ce ruisseau o nousdversons le sang pur des rves.

    Nous n'aimons que la neige et le feu, lestourmentes glaces du ple, les victimes encorechaudes de l'espoir, les artes vives de flammesou d'eau qui rongent notre ossature. Nous'n'ai-mons que la neige et le feu de la chair, vraie den-sit de notre esprit. Le cours des astres dirige nospas comme ces battements fivreux d'artresquand un regard ou un breuvage parsme nosyeux d'aiguilles.

    Les belles couleurs nous charment. Il en est quisont pareilles aux multiples yeux de l'amour, aureflet du crime sur la lame d'un couteau, aux pasd'une vierge impure sur le miroir trange de lammoire. Ces couleurs, nous en parons la cita-delle de nos membres, quand nos mainsvoudraienttre des faux ou des coups de feu. Nous les bras-

    sons avec.notre esprit boursoufl d'amertume,nous les serrons dans nos bras aprs les momentsd'ivresse. Nous les bouleversons pour tablir desbarricades, afin d'empoisonner l'air avec notreternit. Entre les ples de la lumireet de l'obscu-rit, les. larmes jaunes de la vie prparent lescouleurs de la mort.

    Il n'y a que les couleurs tragiques, celles quise lovent comme les serpents entre les lianes del'atmosphre. Il n'y a, disons-nous, que cespigments solaires qui puissent nous prendresang et eau. Lorsque les rues sont la proie del'lectricit, toutes les annonces rapaces nousattirent. Nous devenons phosphorescents, et cen'est pas la lpre. Pour ne pas leur faire hontenous tentons cle porter des vtements idaux.Nous regardons bien en face les sphynx tte'd'pingles. Nous djouons les complots des ban-quiers enferms dans leur Bourse maussade,ceux-l qui ne lisent l'avenir que pour les besoinscroupis de leurs Marchs et qui;se permettentd'insulter la face du ciel au nom de leur richessed'ordure. Prairie mouvanteet molle o tous lesreptiles sont tapis, nous te dfions ! Nos pas sontassez purs pour chapper tes traquenards.Nos fronts sont assez hauts pour merger mmesi nous sommes engloutis- et nos chevelures

  • DESCRIPTION D'UNE REVOLTE PROCHAINE i5

    surnageront toujours pour te jeter de mauvaissorts !

    Les femmes que nous aimons, corbeaux, vousles avez voles. Dans les cavernes mobiles de vosautos vous les tenez prisonnires d par ladgradation universelle. Pourceaux vendus IChiens prostitus I Vous tes les goutiers du ciel.Tout ce quevous touchez se change en excrments.Et ces femmes adores, nous ne.les reconnaissonsplus ds qu'elles vous appartiennent.

    Nous rclamons celles qui de droit nous

    reviennent, les amies luxueuses qui portent noscouleurs,

    en vertu d'une seconde de regret quipassa parfois dans leurs yeux,

    -

    au nom del'amour essentiel que seuls nous savons tranerdans notre ombre.

    Car nous valons mieux que vous, mieux quela vie de verre bris, mieux mme que l'instantfatal o notre bouche et notre ternit ne ferontque deux lvres.

    JACQUES BARON et MICHEL LEIRIS.

    Description d'une Rvolte prochaineIssus de l'Est tnbreux, les civiliss conti-

    nuent la mme marche vers. l'Ouest qu'Attila,Tamerlan et tant d'autres inconnus. Oui ditciviliss dit anciens barbares, c'est--direbtardsdes aventuriers cle la nuit, c'est--dire ceux quel'ennemi (Romains, Grecs) corrompit. Expulsesdes rives du Pacifique et des pentes de l'Hima-laya, ces grandes compagnies , infidles leurmission, se trouvent maintenant face ceux quiles chassrent aux jours pas trs lointains desInvasions.

    Fils de Kalmouck, petit-fils des Huns, dpouil-lez un peu ces robes empruntes aux vestiairesd'Athnes et de Thbes, ces cuirasses ramasses Sparte et Rome et apparaissez nus commel'taient vos pres sur leurs petits chevaux, etvous, Normands laboureurs, pcheurs de sar-dines, fabricants cle cidre, montez un peu sur cesbarques hasardeuses qui, par del le cerclepolaire, tracrent un long sillage avantd'atteindreces prs humides et ces forts giboyeuses. Meute,reconnais ton matre ! Tu croyais le fuircet Orient qui te chassait en l'investissant dudroit de destruction que tu n'as pas su conserveret voici que tu le retrouves .de dos, une fois letour du monde achev. Je t'en prie, n'imite pasle chien qui veut attraper sa queue, tu courrasperptuellement aprs l'Ouest, arrte-toi.

    Rends-nous compte un peu de ta mission,grande arme orientale devenue aujourd'huiLes Occidentaux.

    ROME ? Tu l'as dtruite, d'un coup devent ou du glaive de ton alli Brennus.Rome ? Tu l'as reconstruite, tu lui as mmeemprunt ses lois (Droit romain, comme disenttes vieillards des tribunaux) et tu lui as donnun Pape pour bien dtourner l'esprit d'Orientde son but.

    ATHNES ? Celle-l, tu l'as partage commede l'toffe et tu as model tes visages sur lesvisages de ses statues brises.

    Tu as mme dtruit en passant THBES etMEMPHI?, mais tu te gardas bien de leur prendrequoi que cela soit. Tu ne ris pas si fort quand onte parle de Touk ank Amon.

    Quand l'arrire-garde rejoignit le gros de lafoule, ta tte Charles Martel, tu la combattis,comme aux Champs Cataiauniques tu te heurtasaux archanges d'Attila..Les langues que tu parlessont celles de tes anciens adversaires. Depuis unepetite vingtaine de sicles tu laisses des rhuma-tismes historiques gagner tes membres. Il esttemps que tu demandes aux hommes du Levantle mot d'ordre que tu as perdu. La route que tusuis, malgr la rotondit de la terre, ne te mon-trera jamais que le couchant. Rebrousse che-min (l)...

    Mais quoi ? Il me semble que tu te prends ausrieux ?

    Ce tapis vert ? Ces messieurs impotents, cettestupide femme de lettres ? Socit des Nations,comme tu dis, en omettant, naturellement, dedire quel capital : dix millions de cadavres fraiset ce qu'il faut pour entretenir les stocks. O diplo-mates vreux assembls pour rendre impossibletoute guerre examinons un peu votre travail clecochons.

    Il me semble que votre Socit a surtout pourbut la lutte contre la libert.

    En vertu de quel monstrueuxprincipede conser-vation de l'espce, admettez-vousencore que vosassocis condamnent l'.avortement. Du ct ducrime, l'amour s'veille et prpare ses couteaux;il se pourrait qu'avant peu, et en son nom quin'a jamais signifi Paix, il y ait du sang derpandu.'

    En vertu de quel droit interdisez-vous l'usagedes stupfiants (2) ? Bientt, sans doute, gri-bouilles, condamnerez-vous mort ceux quitenteront de se suicider sans y russir. J'entends,

    (1) Ainsi devais-tu faire quand, arriv' aux rives del'Atlantique, aprs avoir ruin le monde grco-latin,tu transformas les bivacs en cits.

    (2) 11 n'est pas inutile de signaler ici la conduite decertains mouchards bnvoles : J.-P. Liausu, MarcelNadaud, qui mnentune immonde campagne de dla-tion dans la presse. Plus que tous autres ceux-l ontdroit au mpris intgral. En l'espce, ces messieurs se conduisent comme des fripouilles accomplies.

  • DESCRIPTION D'UNE REVOLTE PROCHAINE

    il faut des soldats pour vos gnraux et descontribuables pour vos finances.

    N'est-il pas odieux, en tous cas, ce contrleexerc sur la faon de vivre et de mourir parceux mmes qui sont prts exiger le sacrificede la vie , l'impt du sang pour une causeque personnellement je rprouve. Le soin dema mort et cle ma vie n'importe qu' moi ;la pairie ? je vous demande un peu qu'est-ceque cela signifie maintenant ?

    Cette mme haine de l'individu et cle ses droitsvous a conduit rglementer la littrature por-nographique . Bonne occasion pour la vieillepucelle raneie qui reprsentait la France et lesparalytiques qui reprsentaient les autres paysde se frotter le nombril par la pense. 'Admirablespectacle : une femme de lettres, au seins tom-bants, discutant, avec quelle science, du crimede ces livres qui lui rappellent que voici long-temps dj que sa dcrpitude loigne d'elle lesamants vigoureux (i).

    Socit des Nations ! vieille putain ! Tu peuxtre fire de ton oeuvre. Demain, par les fortset les plaines des soldats encadrs de gendarmesrevolver au poing, s'entretucront de force. Cesmmes soldats que tu fis natre coups de loiset de dcrets. Demain, l'Amrique protestanteplus imbcile que jamais, force de prohibition,se masturbant seulement derrire ses coffres-fortset In statue de la Libert, aura puissammentsecond l'effort du Conseil des Prud'hommes'europens.

    Alors l'amant lyrique et le sage se diront quele temps de la rvolte de l'esprit contre la matireest venu. Le mot d'ordre primitif enfin retrouv,surexcitera la poigne des derniers survivants .l'inquisition utilitaire. Ce que sera cette rvoltespontane, casernes et cathdrales en flammes,ou prise de pouvoir irrsistible clans un monu-ment public : devant une table, tapis vert, unprsident de Rpublique, lgion d'honneur ensautoir, et ses ministres en veston emmens pardes insurgscorrects, peu importe. Ce qui importe,c'est le rgime auquel aboutira ce renversement,des pouvoirs.

    J'ai toujours mpris ces rvolutionnaires qui,pour avoir mis un drapeau tricolore . la placed'un drapeau blanc, s'estimaient satisfaits etvivaient tranquillement, dcors par le nouvelEtat, pensionns par le nouveau gouvernement.

    Non, pour un rvolutionnaire, il n'v a qu'unrgime possible :

    LA REVOLUTION,c'e:t--dire

    LA TERREUR

    C'est l'instauration de celle-ci qui m'intresseet son avnement seul aujourd'hui me fait encoreesprer la disparition des canailles qui encombrentla vie. L'atmosphre infernaleactuelleaura raisondes plus nobles impulsions. Seule la guillotinepeut, par des coupes sombres, claircir cette fouled'adversaires auxquels nous nous heurtons. Ah !qu'elle se dresse enfin sur une place publique lasympathique machine de la dlivrance. Elle sertdepuis trop longtemps aux fins de la crapule.

    Assassins, bandits, forbans, vous ftes lespremiers rvolts. Le parti immondedes honntesgens vous a consacr au dieu de la lchet et del'hypocrisie. Ce que je n'aurai sans doiue jamaisle courage d'accomplir, vous l'avez tent et vosttes coupes, roules par quelque invisibleocan, s'entrechoquent tnbreusement, quelquepart dans un coin de l'me universelle.

    Souhait puril, enfantillage risible, il me plat moi cle l'imaginer, ce grand soir tel qu'ilsera.

    Avec ses caravanes d'officiers enchans con-duits vers l'estrade.

    Avec vtements noirs dcors de sang caills,les diplomates et les politiciens dcapits entasssau pied des rverbres. Et la trogne de LonDaudet, et la tirelire creuse de Charles Marinas,ple-mle avec le gros mutile de Paul Claudel,celui de cette vieille connaissance, le mraischalde Castclnau, et tous les curs, oui tous les curs !Quel beau tas de soutanes et de surplis, rvlantdes cuisses dcharnes par le pou de corps de laluxure hypocrite et les sergents de ville, ventresau pralable et ces messieurs en bourgeois chtrs, et les femmes de lettres depuis la Noaillesjusqu' Jean Cocteau, savamment martyrisespar les bourreaux que nous saurions si bien tre.

    Ah ! retrouver le langage du Pre Duchcsne pour te clbrer, poque, future. Je ne parle pasdes rductions entreprendre dans le matrieldes muses et des bibliothques, mesure acces-soire o le plus radical sera le mieux.

    Mais l'puration mthodique de la population :les fondateursde famille, les crateurs d'oeuvresde bienfaisance (la charit est ne tare), les curset les pasteurs (je ne veux pas les oublier, ceux-l),les militaires, les gens qui rapportent leur

    .propritaire les portefeuilles trouvs dans la rue,les pres corn'iens, les mres de famille nom-breuses, les adhrents la caisse d'pargne(plus mprisablesque les capitalistes), la policeen bloc, les hommes et les femmes de lettres, lesinventeurs de srums contre les pidmies, les

    bienfaiteurs de l'humanit , les pratiquants etles bnficiaires de la piti, toute cette tourbe

    (1) I.a vague de pudeur chre aux journalistes n'estpas imaginaire. Kllc lui la premire nanil'c.slalian decet tal d'esprit vulgaire qui a drlourr de son sensle mol : morille, pour n'y plus voir qu'une distinctionutilitaire entre, un bien problmatique el un mal arbitraire.

  • BEAUX-

    ARTS *7

    enfin disparue, quel soulagement ! Les grandesRvolutions naissent de la reconnaissance d'unprincipe unique : celui de la libert absolue serale mobile de la prochaine.

    Toutes ces liberts individuelles se heurterontPar slection naturelle l'humanit dcrotra jus-qu'au jour o, dlivre de ses parasites, ellepourra se dire qu'il existe des questions autrementimportantes que la culture des crales.QU'IL EST TEMPS ENFIN DE S'OCCUPER DEL'ETERNIT.

    ROBERT DESNOS.

    Beaux-ArtsJe ne connais du got que le dgot.Matres, matres chanteurs, barbouillez vos

    toiles.Plus personne n'ignore qu'il n'y a pas de pein-

    ture surraliste. Ni les traits du cr?yon livr auhasard des gestes, ni l'image retraant les figuresde rve, ni les fantaisies Imaginatives, c'est bienentendu, ne peuvent tre ainsi qualifies.

    Mais il y a des spectacles.La mmoire et le plaisir des yeux : voil toute

    l'esthtique.

    Songez que, de cette manire, l'esprit en estvenu n'admettic que des figures invariablementrectangulaires : les coins, les bords d'un tableau,l'quilibre, la hauteur et la largeur, etc...

    Comment se fait-il que ce qu'on nomme lalittrature s'alimente presqu'uniquement del'amour, et que les mots trouvent si facilementleur compte dans cet abandon, tandis que lesarts plastiquesen sont sevrs, ou qu'il n'y trans-parat que voil d'une faon trs ambigu?

    Il n'y a vraiement pas d'quivalent du nu dansles livres.

    *

    Le cin,ma, non parce qu'il est la vie, mais lemerveilleux, l'agencementd'lments fortuits.

    La rue, les kiosques, les automobiles, les porteshurlantes, les lampes clatant dans le ciel.

    Les photographies : Eusbe, l'Etoile, Le Matin,Excelsior La Nature, la plus petite ampouledu monde, chemin suivi par le meurtrier. La cir-culation du sang dans l'paisseur d'une mem-brane.

    S'habiller,

    se dvtir.PIERRE NAVILLE.

  • 28 PHRASES DE REVEIL

    Douce phrases de Rveil

    Moisi sourire de Voltaire

    Yorick adieu !Au blond giron d'OphliaSalvatio et spes, spes, spes unica !

    Mer de Hmboldt" inchangeTycho quarante brasses de pnombreArzachel sans infra-rouge jusqu' Jeudi.

    Farrago et chacal vertO souffle Chihili !

    Pie-mre assoupie o rve le lichanoreComa et dpart.Adieu au devoir terrestre.

    Elment 7, Intgral 120Mort ?... Oui, mais non, point et virguleLa phrase continue.Eucharistie l'Universel.Adhsion ai Multiple.

    Berneval sur Bar-el-LothNavre mais crnes-cailloux pour Sbastien Mel-[moth.

    La tte s'carte du lingeLe temporal gris gographiquement s'incurve et[tourneLa regnse dj s'labore au sous-ventreLe signal bref ultime la mre s'est figLa glaise lourde d'un spectre neuf colle au visageLa limace du rouge durcit.

    Autour de la mort MonnaieMonnaie autour de l'autruche de la Mort.

    Cadavre sitt, zinc-sonnerie au[verso.

    Sans lassitude et trs dispos main-tenant

    A commencer le voyage cosmique, il[sait que siL'amour thrique vient manquer,

    [il mourra.

    Couturire implantation artifi-cielle instrumentale

    de Globe road Cephastrcet 42 rtrcitde gr gr les gants forwinter time.Curieux s'abstenir. Gots raffins,free and easy sans ricence.Arlcston dit qu'elle prconise (sic)Splendidement sa r.uc et qu'on doitaller Holborn pour trouver mca-

    nique pareille.

    Adorneur de sa saintet secrteFurtif ascte voluptueuxPadoubni trs bas prononcera[ bakkalonm

    Au vortex-cylindre chair revomie.Sa vioque a clams. Alas Marnai' !

    Crne-oursin, sexe-gastropode, diaphragme

    et foie-carapacetortue, lvres-limaces,coeur-mduse prisonnire ; toujours la chreet fraternelle identit terrestre ; mais, 11 bisrue Verniquet, trs tard dans le toitextase des lucarnes vers le ciel vert.L'Hrtiqueaussi est vivant.

    Maurice BienET.

  • Lettre aux Mdecins-Chefsdes Asiles de Fous

    MESSIEURS,

    LES LOIS, LA COUTUME vous CONCDENT LE DROIT DE MESURER L'ESPRIT. CETTE JURIDICTIONSOUVERAINE, REDOUTABLE,C'EST AVEC VOTRE ENTENDEMENTQUE VOUS L'EXERCEZ. LAISSEZ-NOUSRIRE. LA CRDULITDES PEUPLES CIVILISS,DES SAVANTS, DES GOUVERNANTSPARE LA PSYCHIATRIED'ON NE SAIT QUELLES LUMIRES SURNATURELLES. LE PROCS DE VOTRE PROFESSION EST JUGD'AVANCE. NOUS N'ENTENDONS PAS DISCUTER ICI LA VALEUR DE VOTRE SCIENCE, NI L'EXISTENCEDOUTEUSE DES MALADIES MENTALES. MAIS POUR CENT PATHOGNIES PRTENTIEUSESOU SE DCHANELA CONFUSION DE LA MATIREET DE L'ESPRIT, POUR CENT CLASSIFICATIONS DONT LES PLUS VAGUESSONT ENCORELES SEULES UTILISABLES,COMBINE DE TENTATIVES NOBLES POUR APPROCHER LE MONDECRBRAL OU VIVENT TANT DE VOS PRISONNIERS? COMBIEN TES-VOUS,PAR EXEMPLE, POUR QUI LERVE DU DMENT PRCOCE,LES IMAGES DONT IL EST I,A PROIE SONT AUTRE CHOSE QU'UNE SALADE DEMOTS ?

    NOUS NE NOUS TONNONS PAS DE VOUS TROUVER INFRIEURS A UNE TACHE POUR LAQUELLE ILN'Y A QUE PEU DE PRDESTINS. MAIS NOUS NOUS LEVONS CONTRE LE DROIT ATTRIBU A DES HOMMES,BORNS OU NON, DE SANCTIONNER PAR L'INCARCRATION PERPTUELLE LEURS INVESTIGATIONSDANS LE DOMAINE DE I.'ESPRIT.

    ET QUELLE INCARCRATION I ON SAIT, ON NE SAIT PAS ASSEZ QUE LES ASILES LOIN D'TREDES asiles, SONT D'EFFROYABLES GEOLES, OU LES DTENUS FOURNISSENTUNE MAIN-D'OUVRE GRA-TUITE ET COMMODE,OU LES SVICES SONT LA RGLE, ET CELA EST TO