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Faculteit Letteren en Wijsbegeerte 2013-2014 La prononciation francisée des noms propres étrangers dans les journaux télévisés diffusés en France et en Belgique francophone Gertjan Roels Mémoire de maîtrise Directeur de recherche : Prof. dr Peter Lauwers Linguistique française

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Faculteit Letteren en Wijsbegeerte

2013-2014

La prononciation francisée des noms propres

étrangers dans les journaux télévisés diffusés en

France et en Belgique francophone

Gertjan Roels

Mémoire de maîtrise

Directeur de recherche : Prof. dr Peter Lauwers

Linguistique française

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La prononciation francisée des noms propres étrangers dans les

journaux télévisés diffusés en France et en Belgique francophone

Masterproef voorgelegd tot het behalen van de graad Master in de Taal- en

Letterkunde: Frans-Duits

MÉMOIRE DE MAÎTRISE

de Gertjan Roels

Directeur de recherche

PROF. DR PETER LAUWERS

UNIVERSITEIT GENT

Faculteit Letteren en Wijsbegeerte

Année universitaire 2013-2014

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REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier tout d’abord notre promoteur, Prof. Dr Peter Lauwers, qui nous a

conseillé tout au long de la rédaction du présent travail et en a relu des parties importantes.

Nous lui sommes spécialement reconnaissant pour sa grande flexibilité — les relectures

pendant le week-end et le soir ne lui sont pas étranges — et pour la patience dont il a fait

preuve pendant les périodes pendant lesquelles le travail a été temporairement interrompu.

Nos remerciements chaleureux reviennent aussi à notre grand-mère M. Monique Vergult

et à M. Stefan Acke, l’un de nos meilleurs amis, qui ont également tous les deux relu certaines

parties du notre travail.

En outre, nous voudrions remercier notre institution, l’Université de Gand, qui nous a

accordé la possibilité de suivre des cours au choix de maîtrise de langues supplémentaires et

ne nous a de cette manière non seulement permis de donner libre cours à notre grand amour

des langues et de leurs systèmes phonologiques, mais aussi d’attiser encore plus notre

enthousiasme pour l’apprentissage d’autres langues encore dans l’avenir. Je pense ici

spécialement à Prof. Dr Gunnar De Boel (grec moderne), à M. Maritta Moisio (finnois) et

probablement encore le plus au défunt Prof. Dr José Carlos Dordio Nobre da Silveira

(portugais), dont nous avons particulièrement savouré les deux cours donnés de d’une manière

passionnée et dont nous nous souviendrons toujours d’une façon résolument agréable.

Terminant par une note personnelle, je voudrais enfin remercier mes parents et mon frère,

qui m’ont incessamment encouragé d’une manière pendant la rédaction de ce travail et

d’ailleurs pendant toutes mes études.

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TABLE DES MATIÈRES

Remerciements 4

Table des matières 5

Introduction 8

Chapitre 1. Étude de la littérature scientifique 9

Chapitre 2. Méthodologie et corpus 13

2.1. Rassemblement des données 13

2.2. Constitution du corpus et traitement des occurrences 14

2.3. Clarifications d’ordre méthodologique 16

Chapitre 3. Premier tour d’horizon quantitatif 18

3.1. Quelques chiffres 18

3.2. Nombre de mots adaptés versus le total 20

Chapitre 4. Aperçu général de quelques observations récurrentes 21

4.1. Déplacement de l’accent 23

4.2. Modification des voyelles « exotiques » 24

4.3. Chute systématique de la consonne fricative glottale sourde [h] 27

4.4. Omniprésence de la consonne fricative uvulaire voisée [ʁ] 28

4.5. L’orthographe comme fil d’Ariane 31

Chapitre 5. Constatations phonologiques et phonétiques par langue source 33

5.1. Anglais 33

5.1.1. Voyelles 33

5.1.1.1. Diphtongues 34

5.1.1.2. Voyelle mi-ouverte antérieure non arrondie — [ɛ] 37

5.1.1.3. Voyelle fermée antérieure non arrondie — [i] 38

5.1.1.4. Voyelle mi-ouverte postérieure arrondie — [ɔ] 41

5.1.1.5. Voyelle fermée postérieure arrondie — [u] 42

5.1.2. Consonnes 43

5.1.2.1. Consonnes absentes en français 43

5.1.2.2. Consonnes communes à l’anglais et au français 45

5.1.3. Nasalisation 49

5.1.4. Assimilation 53

5.2. Néerlandais 54

5.2.1. Voyelles 54

5.2.1.1. Voyelles absentes en français 55

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5.2.1.2. Voyelles communes au néerlandais et au français 56

5.2.2. Consonnes 57

5.2.2.1. Consonnes absentes en français 57

5.2.2.2. Consonnes communes au néerlandais et au français 59

5.2.3. Nasalisation 60

5.2.4. Autres constats 61

5.3. Autres langues germaniques 61

5.3.1. Allemand 62

5.3.1.1. Voyelles 62

5.3.1.2. Consonnes 65

5.3.1.3. Autres observations 67

5.3.2. Suédois 68

5.3.3. Conclusions pour les langues germaniques 68

5.4. Langues romanes 71

5.4.1. Espagnol 71

5.4.1.1. Voyelles 72

5.4.1.2. Consonnes 74

5.4.1.3. Nasalisation 74

5.4.2. Italien 78

5.4.2.1. Voyelles 78

5.4.2.2. Consonnes 79

5.4.2.3. Autres observations 80

5.4.3. Portugais 80

5.4.3.1. Voyelles 81

5.4.3.2. Consonnes 83

5.4.3.3. Autres observations 84

5.4.4. Catalan 85

5.4.5. Roumain 86

5.4.6. Conclusions pour les langues romanes 86

5.5. Autres langues indo-européennes 87

5.5.1. Langues slaves 87

5.5.1.1. Ukrainien 88

5.5.1.2. Bulgare 89

5.5.1.3. Serbe 89

5.5.1.4. Russe 90

5.5.1.5. Polonais 91

5.5.1.6. Croate 92

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5.5.1.7. Macédonien 93

5.5.1.8. Conclusions pour les langues slaves 93

5.5.2. Grec 95

5.5.3. Hindi 96

5.6. Langues non-indo-européennes 97

5.6.1. Finnois 97

5.6.2. Arabe 98

5.6.3. Chinois 99

5.7. Conclusions 100

Conclusions générales 103

Tendances et explications linguistiques 103

Quelques éléments sociolinguistiques 105

Remarques conclusives 106

Bibliographie 108

Annexe 109

Corpus 109

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INTRODUCTION

La présente étude se propose d’examiner les aspects les plus divers en rapport avec la

francisation dans la prononciation de noms propres provenant de tout un éventail de langues

étrangères dans les journaux télévisés francophones. Nous nous poserons dans ce contexte

notamment la question de savoir dans quelle mesure la prononciation de ces noms se francise

en effet, s’il y existe des différences (quantitatives ou qualitatives) de l’une langue lange à

l’autre, de l’un son à l’autre ou encore de l’un nom à l’autre. En outre, nous nous pencherons

sur quelques facteurs de nature sociolinguistique et géographique afin de déterminer si la

mesure ou la nature de la francisation se trouvent également affectée par la région où le nom

est prononcé (à savoir la France ou le Belgique francophone), ou par le milieu du locuteur où

la nature de la chaîne concernée (publique ou commerciale).

Le plan de notre travail se présentera comme suit. Après un tour d’horizon concis de la

littérature scientifique limitée qui a vu je le jour jusqu’ici (dans le chapitre 1), nous

expliquerons la façon de laquelle nous avons procédé en rassemblant nos données et en

établissant le corpus sur lequel nous nous sommes basé, et nous fournirons quelques

clarifications d’ordre méthodologique (chapitre 2). Un chapitre suivant révèlera quelques

chiffres quant à la nature du corpus terminé, et traitera surtout du poids des différentes

langues sources qui s’y trouvent, sans pour autant discuter déjà les résultats quant à la

francisation même (chapitre 3). Ensuite, nous discuterons cinq tendances saillantes qui se sont

présentées plus ou moins à travers tout le corpus, et dont la nature systématique était déjà

évidente après le dressement de la liste exhaustive de tous nos constats ressortissant de

l’examen de notre corpus, donc avant que des résultats quantitatifs « dur » ne soient

disponibles (chapitre 4). Le chapitre 5 sera de loin la partie la plus importante, et comprendra

la majeure partie du corps de notre travail. Nous y mènerons une analyse systématique pour

toutes les langues sources pour lesquelles nous avons recueilli des données, en tenant compte

le plus que possible de leurs finesses phonologiques et phonétiques et en traduisant en chiffres

nos observations dans des tableaux où nous le jugerons utile. Enfin, nous fournirons nos

conclusions générales, pour lesquelles nous procédons en présentant premièrement les

tendances les plus importantes observées tout au long de l’analyse, ensuite quelques éléments

d’ordre plutôt sociolinguistique, pour clôturer finalement notre étude en formulant encore

quelques pensées conclusives.

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CHAPITRE 1. ÉTUDE DE LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE

L’une des raisons qui nous a le plus inspiré à choisir ce sujet, c’était que, bien qu’à peu

près tout un chacun semble le trouver tout à fait naturel de supposer que les locuteurs

francophones présentent une tendance fort marquée à franciser les noms propres étrangers

dans leur prononciation, très peu de littérature a jusqu’ici été consacrée à cette problématique.

C’est la simple raison pour laquelle nous nous avons vu obligé de nous limiter quant à la

discussion de la littérature existante, quoique nous nous efforcions de fournir des références à

quelques ouvrages qui du moins effleurent notre matière à travers tout le corps même de notre

travail. De toute manière, beaucoup des informations accessibles s’avèrent en premier lieu

utile dans cette partie-là, puisqu’elles traiteront le plus souvent d’éléments individuels qui ne

pourraient être abordés dans un chapitre général sur la littérature que d’une façon quelque peu

artificielle.

Celui qui va à la recherche de sources dans le domaine de la « francisation » tombera en

premier lieu sur des articles discutant la francisation non seulement dans la prononciation,

mais aussi dans la graphie, une thématique qui est à situer, surtout selon que les sources

remontent plus dans le temps, souvent autant en sociologie qu’en linguistique. Lapierre

(1993 : 207), par exemple, traite de « la possibilité de se re-nommer [sic] pour moins se

distinguer, c’est-à-dire de changer ou de franciser son nom, et ainsi de se reclasser en

promouvant une nouvelle identité » parce que les « patronymes de consonance étrangère

peuvent être perçus comme des marques, voire des stigmates, suscitant l’exclusion ou le

rejet. »

Chez Juret (1947), les rapports avec la linguistique se trouvent déjà un peu plus poussés

en avant :

« La politique française d’immigration et de naturalisation tend à augmenter

rapidement le nombre des noms patronymiques de consonance étrangère portés

par des Français. Un certain nombre de raisons rendent souhaitable que la

naturalisation soit accompagnée ou suivie de la francisation des noms de

personnes. [Celle-ci] est assez facile pour des noms italiens et pour certains

noms germaniques. Elle devient plus complexe pour les noms des langues slaves

au sujet desquels des suggestions sont avancées. » (1947 : 451)

L’auteur procède ensuite en provenant pour toute une série de patronymes étrangers des

propositions de francisation, par exemple Fabre pour l’italien Fabri, Gaurel pour le géorgien

Gorelichvili (qu’il classifie d’ailleurs à tort parmi les noms slaves) ou même la traduction

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Desmonts pour le néerlandais Vandenberg. Le sujet traité touche, certes, au nôtre — il s’agit

en fin de compte de rendre plus familiers aux francophones les noms étrangers, et c’est ce que

l’on fait également en francisant uniquement leur prononciation —, mais nous avons voulu

dès le début nous limiter aux noms propres qui ne se changent aucunement quant à leur

graphie, et pour lesquels il n’y a pas d’indications convaincantes qu’ils le feraient dans un

proche avenir. En outre, l’angle de vue de Juret s’avère être plutôt le chauviniste — il note

dans son bilan que « la France continue à personnifier l’élan vers les valeurs idéales les plus

hautes » (1947 : 461), parmi des remarques similaires encore —, tandis que nous nous

efforcerons évidemment à examiner et à décrire l’état de choses d’une manière aussi objective

que possible.

LaCharité & Paradis (2005) s’approchent déjà mieux de la thématique de notre étude à

proprement parler. Elles ont mené un examen de la nature des adaptations phonétiques et

phonologiques dans des emprunts anglais dans toute une série de langues, dont trois

différentes variétés de la nôtre (le français de Paris, celui de la ville de Québec et celui de

Montréal). Tout comme nous le ferons plus bas dans notre analyse systématique de notre

corpus, elles ont rassemblé des informations quantitatives sur les différents phonèmes anglais

inexistants en français et la mesure dans laquelle ils s’adaptent dans les langues cibles

étudiées, et signalent que :

« Not surprisingly, the more bilinguals there are in a community, the more

importations [i.e. “intentional phonetic approximation”] we find. Thus, there are

more nonadaptations [sic] in the corpus of Montreal French (32.8%) than there

are in that of Quebec City French (24.7%), because the number of bilinguals is

greater in Montreal than in Quebec City. […] The rate of importations is still

weaker in the Paris French corpus (14.2%) because the number of French-

English bilinguals is smaller in France than in Quebec. » (2005 : 230)

La question de savoir si un tel écart, bien qu’il s’agisse chez nous de noms propres et pas

d’emprunts, existe aussi entre la France et la Belgique francophone, où les connaissances de

la langue source néerlandaise sont évidemment plus répandues, nous intéressera naturellement

dans le présent travail.

Martinon (1913), dans son Comment on prononce le français : traité complet de

prononciation pratique avec les noms propres et les mots étrangers, présente l’aperçu plus ou

moins exhaustif et très étoffé de toutes les lettres et digrammes du français — il part de la

graphie pour ne pas brusquer le lecteur non initié —, avec de temps en temps des sections

consacrées spécifiquement aux emprunts et aux noms propres. Quoique la plupart des noms

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propres soient passés en revue seulement dans des notes de bas de page souvent assez

développées, cet ouvrage est jusqu’ici indubitablement celui qui s’approche le plus de ce dont

nous nous occuperons dans notre travail, mais c’est — le lecteur l’aura noté déjà —

maintenant la date de publication qui pourrait gâcher le plaisir : il sera pour bon nombre

d’exemples douteux si les prononciations « correctes » citées, surtout celles qui étaient en

1913 marquées comme étant archaïsantes déjà, le sont encore plus de cent ans après.

L’ouvrage étant avant tout une longue analyse systématique de tous les différents éléments, il

serait guère utile de le discuter ici, mais nous ne nous abstiendrons toutefois pas d’y référer çà

et là dans l’analyse même quand nous le jugeons opportun.

Si nous remplacions le français en tant que langue cible par l’anglais, la littérature nous

fournirait légèrement plus de littérature. Ainsi, Rosenhouse (1998) résume le problème sur

lequel nous nous concentrerons d’une telle manière que nous ne le pourrions guère

faire mieux :

« Foreign names are written in a variety of orthographic norms according to their

source languages which are not always known to native speakers of American

English. Therefore, the visual form of the name may be less or more difficult for

them to pronunce [sic]. […] It appears that there is no single uniform way of

dealing with the problems that rise in such cases. The pronunciation of certain

names is affected by various linguistic (phonetic) and extra-linguistic [sic]

factors. » (1998, 98)

Après les éventuelles différences entre l’Hexagone et la Belgique francophone plus haut,

deux autres aspects intéressants de la problématique sont ici effleurés : primo, peut-il être

question d’une seule systématique dans la prononciation qui éclipserait nettement les autres,

et, secundo, dans quelle mesure des facteurs linguistiques aussi bien que des circonstances de

caractère plutôt extralinguistique sont-ils en jeu tous les deux, et comment rapportent-ils les

uns aux autres ? Nous espérons dans la suite du présent travail trouver des réponses à ces

questions-là.

La même chercheuse (Rosenhouse, 2001) commente, quelques années plus tard, le

manque d’uniformité dans les stratégies de prononciation de noms propres français en anglais

de la manière suivante :

« It appears that native speakers of English do not base their decisions only on

the graphic form of the names (letter sequences); their experience with other

languages affects their productions. In addition, not all letter sequences yield

identical pronunciation decisions. Thus, solutions are not uniform. » (2001 :

245)

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Nous verrons plus loin si notre corpus nous permettra de confirmer ou de falsifier cet état

de choses — à savoir la non-exclusivité de l’orthographe comme facteur dominant et

l’influence de langues tierces, notamment — pour le rapport inverse, c’est-à-dire quand la

langue cible est le français et la langue source, comme nous le verrons, la plus importante

l’anglais. Citant Saussure (1965), Levitt (1968) appelle lui aussi l’attention sur l’orthographe,

dont il démontre l’influence considérable qu’elle a exercée dans le développement de la

prononciation du français comme nous la connaissons aujourd’hui (l’un de ses nombreux

exemples est poing, dont le [ɔ] s’est diphtongué en [wa] sous l’influence du i qui faisait à

l’origine partie du trigramme ign équivalant au [ɲ]) :

« The written word, [Saussure, 1965] adds, tends to usurp the main role; for the

non-linguist, when there is disagreement between the written and spoken form,

“la forme écrite a presque fatalement le dessus, parce que toute solution qui se

réclame d’elle est plus aisée. […] C’est comme si l’on croyait que, pour

connaître quelqu’un, il vaut mieux regarder sa photographie que son visage.” »

(1968 : 43)

Le problème avec ses remarques de Saussure pour notre sujet, à savoir les noms propres

seuls, c’est que pour beaucoup d’entre eux — quand ils proviennent de langues sources plus

exotiques, notamment —, le locuteur en question, même si celui-ci est un journaliste ayant

reçu une éducation approfondie, n’a encore jamais entendu le nom propre en question à l’oral,

et qu’il ne voit, à part la petite recherche lui coûtant du temps imprévu, dans un tel cas

souvent pas d’autre solution que de se baser alors sur l’orthographe qu’il a sous ses yeux. Cela

est au moins ce qu’était notre impression préalablement à la conception du présent travail ;

nous verrons plus bas si le problème signalé par Saussure se présente pour les noms propres

étrangers aussi bien que pour des mots issus du vocabulaire français familier comme poing.

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CHAPITRE 2. MÉTHODOLOGIE ET CORPUS

2.1. Rassemblement des données

Les observations dans cette étude s’appuient sur un corpus dans lequel ont été répertoriés

à peu près tous les noms propres étrangers que nous avons perçus dans vingt journaux

télévisés provenant de quatre des chaînes les plus populaires en France et en Belgique

francophone. Ces noms y ont été accompagnés d’emblée de, entre d’autres informations

encore (cf. infra), leur prononciation comme elle s’est faite par le locuteur en question.

Pour la France, il s’agit de la chaîne publique France 2 (qui fait partie de France

Télévisions) et de la commerciale TF1, abréviation de Télévision Française 1. TF1 est la

chaîne la plus populaire de France, avec une part de marché de 22,7% en 2012. Elle est suivie

directement de France 2, qui a atteint 14,9% des téléspectateurs dans cette même année1.

En Belgique, les deux chaînes à alimenter notre corpus sont la publique La Une, une partie

de la Radio-télévision belge de la Communauté française (abrégée en RTBF), et la

commerciale RTL-TVI, propriété du conglomérat luxembourgeois RTL Group. Ici aussi, la

chaîne commerciale attire une audience plus importante que la publique : RTL-TVI est la

première chaîne de la Belgique francophone, avec une part de marché de 20,1% en 2012, et la

RTBF n’est que la troisième la plus populaire (14,6%), étant encore devancée par la TF1

française (17,0%)2.

Le poids dans notre corpus est le même pour les quatre chaînes : chacune d’entre elles est

représentée par cinq émissions de leur journal télévisé vespéral le plus populaire, toutes

enregistrées aux cinq mêmes dates de l’année 2012 : le 22, 25, 28 et 29 octobre et le 4

novembre. Il s’agit ici du Journal de 20 heures de France 2, du Journal de 20 heures sur TF1,

du JT 19h30 de La Une et de l’édition de 20 heures du Journal sur RTL-TVI.3

Nous considérons comme des noms propres étrangers tous les noms propres issus

directement d’autres langues que le français. Des noms propres (i) avec une orthographe

1 Le Huffington Post. 2013. « Audiences TV en 2012: [sic] TF1 recule, France 2 se stabilise et M6 grimpe ».

http://www.huffingtonpost.fr/2013/01/02/audiences-tv-en-2012-tf1-recule-m6-grimpe_n_2397273.html. 2 CIM TV. « Parts de marché 2012 ».

http://www.cim.be/downloads.php?type=tv_yearly&periodicity=yearly&report=CIM_TV_Parts_de_march%C3

%A9_2012.pdf. Bruxelles : Centre d’Information sur les Médias. 3 Pour des raisons techniques, les environ cinq dernières minutes des journaux sur La Une n’ont cependant pas

pu être analysées.

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francisée — ce qui revient de facto à une traduction4 — et (ii) avec une prononciation

francisée fixe ont donc été systématiquement exclus, quoiqu’il soit souvent délicat à

déterminer si un nom propre sans adaptations graphiques possède ou non une prononciation

fixe en français. De toute façon, des noms de pays inadaptés quant à leur orthographe, comme

p.ex. Liechtenstein ou Uruguay, n’ont jamais été pris en considération pendant

l’enregistrement. Le Petit Robert des noms propres 2014 ne fournissant la prononciation des

noms que dans une petite minorité de ses entrées, la prononciation française codifiée de la

plupart des pays du monde est bel et bien à notre disposition dans d’autres ouvrages, comme

p.ex. le dictionnaire bilingue français-néerlandais Van Dale Groot woordenboek Frans-

Nederlands, qui donne [liʃtɛnˈʃtajn] pour le Liechtenstein (Van Dale, 1998³ : 780) et

[yʁyˈɡwɛ] pour l’Uruguay (ibid. : 1393 ; cf. en espagnol : [uɾuˈɡwaj]).

2.2. Constitution du corpus et traitement des occurrences

Pour chaque occurrence d’un nom propre répondant à nos critères, onze informations ont

été entrées dans notre corpus :

1. Le numéro de l’occurrence ;

2. La langue source, en utilisant les codes ISO 639-1 (p.ex. en pour l’anglais) ;

3. Le nom propre concerné ;

4. La transcription de la prononciation entendue (francisée ou non) du nom en API5 ;

5. La transcription en API de la prononciation dans la langue source (voir infra pour plus

d’explications concernant notre méthodologie pour cette partie du traitement des

données) ;

6. Le type de locuteur, représenté par les codes suivants :

a. JP (« journaliste présentateur ») : présentateur du journal télévisé, s’il lit son

texte d’un prompteur pour l’attestation en question ;

b. JE (« journaliste enregistré ») : journaliste ayant enregistré son texte ; il s’agit

alors le plus souvent de textes lus d’avance accompagnant un reportage ;

4 À moins qu’il ne s’agisse d’une translitération ou d’une transcription d’un nom écrit originellement dans une

autre écriture que l’alphabet latin (cf. infra). 5 Quoique nous ayons suivi l’API de manière assez fidèle, nous avons également utilisé quelques symboles

supplémentaires et laissé au contraire de côté quelques nuances marginales (cf. infra).

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c. JIVT (« journaliste intervention ») : journaliste ayant prononcé le nom

pendant une intervention (le plus souvent « sur place ») ; le degré de

spontanéité est ici souvent délicat à découvrir, mais nous l’avons en général

jugé plus élevé que pour JE ;

d. JIVW (« journaliste interview ») : journaliste ayant prononcé le nom pendant

un interview, soit en interviewant une tierce personne, soit en étant interviewé

lui-même par le présentateur ; il s’agit donc d’énoncés encore plus spontanés

que ceux marqués JIVT, où il s’agira plus souvent de textes davantage

préparés ou étudiés d’avance) ;

e. T (« traducteur ») : traducteur ayant prononcé le nom pendant la traduction

orale d’un énoncé provenant d’une personne parlant dans une langue étrangère

(notons qu’il est bien possible qu’il s’agit là aussi d’un journaliste) ;

f. description : description de la qualité en laquelle toute personne autre qu’un

journaliste « en fonction » fait son apparition dans le journal.

7. Le nom du locuteur. Cette information est donnée seulement s’il s’agit d’une personne

« célèbre », c’est-à-dire quelqu’un à valeur « encyclopédique » dans un domaine

quelconque. Les noms des journalistes marqués JP, JIVT et JIVW ont été retenus

aussi, mais puisqu’il est souvent plus difficile de retracer ce qui a enregistré le texte

dans un reportage — les reportages étant conçus, en France particulièrement, souvent

par toute une équipe de journalistes —, nous ne les avons pas notés pour les

collaborateurs marqués JE ;

8. Prononciation identique ou non (un simple paramètre, indiquant si la prononciation

dans l’énoncé était identique ou non à celle dans la langue source) ;

9. Type de nom. Il s’agit ici d’un code indiquant le type du nom concernée :

a. anthr : anthroponyme ;

b. bât : bâtiment ;

c. entr : entreprise ou marque ;

d. mdt : moyen de transport : modèle d’automobile (accompagné ou non du nom

de la marque, mais jamais la marque seul) ou nom d’un avion ou d’un navire ;

e. méd : média (magazine ou journal) ;

f. mét : phénomène météorologique, p.ex. un ouragan ;

g. œda : œuvre d’art ;

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h. org : organisation (association sportive, parti politique, organisme public,

etc.) ;

i. prod : produit autre qu’un modèle d’automobile ou une marque ;

j. progr : programme de télévision ;

k. top : toponyme.

10. La date. Les dates des différentes émissions sont indiquées dans le corpus à l’aide des

chiffres arabes 1 à 5, qui réfèrent de façon chronologique aux cinq dates auxquelles les

émissions ont été enregistrées. De cette manière, 1 correspond à l’une des émissions

du 22 octobre, 2 au 25 octobre, 3 au 28 octobre, 4 au 29 octobre et 5 au 4 novembre

2012.

11. La chaîne et donc l’émission concernées, F2 correspondant à France 2, TF1 à TF1,

LU à La Une et RTL à RTL-TVI.

12. Des remarques. Ce paramètre n’a été employé que pour un nombre très limité de

données, p.ex. pour indiquer que la transcription API fournie est celle d’une variété de

la langue en question seulement.

Après le rassemblement des données, nous avons établi une liste exhaustive de tous les

constats dans les domaines purement phonologique ou phonétique, donc sans tenir compte des

informations de nature plutôt circonstancielle ou sociolinguistique. Celle-là nous a servi de

base pour la rédaction du corps du notre étude.

2.3. Clarifications d’ordre méthodologique

Nos sources pour la prononciation de nos noms propres sont différentes de l’une langue à

l’autre, voire, pour certaines langues sources, de l’un nom à l’autre. Pour les langues dont

l’alphabet est plutôt phonétique et pour celles dont nous avons des connaissances, nous avons

pu nous-même fournir la transcription phonétique à l’aide ou non des ouvrages cités dans les

sous-chapitres respectifs, bien que pour le deuxième groupe, nous ayons dû avoir recours à

d’autres sources où nécessaire, en fonction du degré de « phonéticité » de l’orthographe et

l’ampleur de notre connaissance des langues concernées notamment. Pour l’anglais, une

langue fort étymologisante, la prononciation correcte de certains noms peu célèbres n’est pas

toujours évidente pour le non-angliciste, et des sources sur l’internet comme Wikipédia ou le

site consacré Forvo fournissent souvent des solutions ; cela vaut aussi pour p.ex. le chinois ou

le hindi, dont les systèmes d’écriture nous empêcheraient a priori de concevoir des

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transcriptions phonétiques même s’ils étaient phonétiques. Nous n’avons toutefois pas pu

éviter d’exclure de notre corpus et par conséquent de notre recherche çà et là des noms

propres quand ceux-ci étaient, primo, issus d’une langue de laquelle nous avions aucunes

connaissances phonologiques et quand celles-ci demanderaient trop de temps à assimiler

spécialement pour ce travail — il s’agissait alors majoritairement de langues avec des

systèmes d’écriture autres que les alphabets latin, cyrillique et slave —, et, secundo, quand

nous avons pas pu trouver leur prononciation correcte où que ce soit. Il ne s’agira ici

cependant que de quelques noms seulement, majoritairement d’origines arabe, chinois ou

japonais.

Pour les langues comportant plusieurs variétés plus ou moins standardisées, nous nous

sommes efforcé de respecter à chaque fois la variété concernée par le nom en question. Ceci

vaut pour l’anglais (britannique/indien, américain et australien), le néerlandais

(hollandais/septentrional6

et belge), l’espagnol (castillan standard7

et d’Amérique) et le

portugais (portugais et brésilien). Pour d’autres langues sources (le catalan et l’arabe,

notamment), nous n’avons remarqué d’éventuelles particularités régionales plus ou moins

établies que dans quelques cas isolés.

6 Nous emploierons le terme hollandais pour désigner la variété standard du néerlandais des Pays-Bas, et donc

pas pour le sens plus étroit selon lequel il s’applique uniquement au dialecte de trois provinces du nord-ouest du

pays. 7 Bien que quelques aspects phonologiques de l’espagnol d’Amérique se rencontrent aussi dans certaines régions

de l’Espagne (l’Andalousie et les Îles Canaries, notamment), comme p.ex. le seseo selon lequel c devant e, i et y

et z se prononcent [s] et non [θ] comme en espagnol standard, nous ne nous attardons pas sur ces particularités

parce que nous n’avons pas rencontré d’occurrences relatives à ces régions pendant l’enregistrement des

données.

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CHAPITRE 3. TOUR D’HORIZON QUANTITATIF

Avant de nous pencher sur les résultats « durs » de nos analyses, le présent chapitre se

veut un aperçu de la composition de notre corpus quant à la nature des attestations

rassemblées, à savoir du poids des différentes langues représentées notamment.

3.1. Quelques chiffres

Au total, les vingt journaux enregistrés nous ont fourni 1060 occurrences de noms propres

étrangers, ce qui équivaut à un nombre moyen de 53 attestations par journal. De ces 1060

attestations retenues, pas moins de 737, soit 69,53%, sont des noms de langue source anglaise.

L’anglais est suivi de loin par le néerlandais (160 occurrences soit 15,09%) et l’espagnol (44

ou 4,15%). Abstraction faite de la grande importance de et du grand intérêt pour l’aire

linguistique anglaise et les États-Unis en particulier, le fait que les journaux aient été

enregistrés juste après l’éclatement de l’affaire de dopage autour du cycliste américain Lance

Armstrong et pendant les semaines précédant l’élection présidentielle américaine opposant

Barack Obama à Mitt Romney a sans doute influencé sensiblement la représentation des

langues sources dans notre échantillon. Du reste, il est évident que dans un corpus dans lequel

la moitié des occurrences vient de journaux télévisés belges, le néerlandais devait a priori

occuper une place importante, même si l’annonce de la fermeture de l’usine d’automobiles

Ford Genk au Limbourg a probablement aussi influencé le poids du néerlandais.

Le tableau 1 reprend les chiffres déjà notés supra et fournit un aperçu de toutes les autres

langues sources.

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Tableau 1. Représentation des différentes langues sources dans le corpus

Rang Langue Abr.8 Occurrences Pourcentage Cumulatif

1. anglais angl.9 737 69,53% 69,53%

2. néerlandais nl.10

160 15,09% 84,62%

3. espagnol es. 44 4,15% 88,77%

4. allemand all. 34 3,21% 91,98%

5. italien it. 15 1,42% 93,40%

6. portugais pt. 12 1,13% 94,53%

7. finnois fi. 8 0,75% 95,28%

7. ukrainien uk. 8 0,75% 96,03%

9. arabe ar. 7 0,66% 96,69%

9. chinois cn. 7 0,66% 97,35%

11. bulgare bg. 4 0,38% 97,73%

11. grec gr. 4 0,38% 98,11%

11. serbe sr. 4 0,38% 98,49%

14. catalan ca. 3 0,28% 98,77%

14. russe ru. 3 0,28% 99,05%

14. suédois sd. 3 0,28% 99,33%

17. polonais pl. 2 0,19% 99,52%

17. roumain ro. 2 0,19% 99,71%

19. croate crt. 1 0,09% 99,80%

19. hindi hi. 1 0,09% 99,89%

19. macédonien mc. 1 0,09% 99,98%11

— Total — 1060 100,00% 100,00%

Les 1060 données proviennent donc de 21 langues sources différentes, dont cinq langues

sont des langues romanes comme le français (espagnol, italien, portugais, catalan, roumain),

et quatre des langues germaniques (anglais, néerlandais, allemand et suédois). Des neuf autres

langues indo-européennes, il y a sept langues slaves (ukrainien, bulgare, serbe, russe, polonais

et macédonien), le grec, et le hindi comme seule représentant de la branche indo-iranienne.

Les trois autres langues figurant dans le corpus appartiennent à trois grandes familles

différentes, à savoir les langues ouraliennes (finnois), afro-asiatiques (arabe) et sino-tibétaines

(chinois/mandarin).

Il est cependant important de rappeler que les informations quantitatives que nous venons

de fournir ne sauraient pas être interprétées comme ayant une valeur statistique au sujet de,

par exemple, la représentation des différentes ères linguistiques étrangères dans les journaux

8 Abréviation de la langue, que nous utiliserons pour des raisons d’économie dans la suite du présent travail.

Nous nous servirons de l’abréviation plus ou moins consacrée fr. pour le français. 9 Nous utiliserons à côté de celle-ci les abréviations (angl.) am. pour l’anglais américain, (angl.) brit. pour

l’anglais britannique et (angl.) austr. pour l’anglais australien. 10

Nous emploierons (nl.) flm. pour désigner le flamand ou néerlandais belge et (nl.) hl. pour le néerlandais

septentrional, souvent désigné comme hollandais quoique ce terme renvoie plutôt à une variante plus spécifique

des Pays-Bas (cf. supra). 11

L’écart de 0,02% est due à l’arrondissement des pourcentages supra.

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télévisés concernés en dehors de ce travail, d’autant plus que nous nous sommes vu obligé çà

et là d’exclure de notre recherche des noms (cf. supra).

Pour les langues sources qui nous ont fourni moins de dix occurrences — c’est-à-dire la

majorité —, nous ne considérons pas les résultats suffisamment pertinents pour certains de

nos objectifs, p.ex. quand il s’agit de fournir des données quantitatives spécifiques à ces

langues. En revanche, ils pourront bien servir d’exemples pour certaines observations de

caractère plutôt qualitatif.

3.2. Nombre de mots adaptés versus le total

Des 1060 attestations répertoriées, treize seulement (soit 1,23%) ont été réalisées

exactement de la même façon comme dans la langue source. Il s’agit ici le plus souvent de

noms très courts (huit d’entre eux ne comptent qu’une syllabe phonologiquement parlant) ou

de noms prononcés par des locuteurs de langue maternelle néerlandophone — parfois, les

deux s’appliquent.

Pour le néerlandais, il s’agit de quatre occurrences du toponyme Genk (provenant toutes

de personnes néerlandophones ou bilingues), de deux attestations du patronyme De Pauw et

d’une occurrence du toponyme Mol et du nom de parti politique CD&V chacun. Les seules

autres langues concernées sont l’anglais (James, Jade, Jets — provenant de Gilles Bouleau de

TF1, cf. infra) — et Steve) et l’italien (L’Aquila, sur lequel nous reviendrons également plus

bas).

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CHAPITRE 4. APERÇU GÉNÉRAL DE QUELQUES

OBSERVATIONS RÉCURRENTES

Avant d’aborder les constatations par rapport aux caractéristiques plus spécifiques de

l’une ou l’autre langue, nous voulons insister en introduction sur une série de constats et

d’observations qui valent pour l’ensemble, ou presque, des données et des différentes langues

sources. À ce propos, les traits qui sautent le plus aux yeux sont les suivants.

a) Le déplacement de l’accent vers la dernière syllabe dans les noms portant l’accent

autre part dans la langue source. Ce constat a été observé pour la grande majorité

des données de chacune des langues représentées dans le corpus. Ceci vaut pour

les mots simples (angl. Obama) aussi bien que pour les groupes de mots pour

lesquels l’on ne s’attend pas à une telle accentuation dans la langue source (angl.

Rolling Stones). Le déplacement de l’accent s’observe aussi régulièrement quand

la dernière syllabe a pour seule voyelle un schwa (all. Klöden) ou même un schwa

sans coda12

(nl. Lefevere) ;

b) La modification de la grande majorité des voyelles étrangères à la langue

française, qui se voient remplacées par des alternatives faisant partie de la

phonologie française traditionnelle. En voici quelques exemples : pour l’allemand,

la modification13

de la voyelle basse supérieure centrale [ɐ], comme dans Roger

Federer [ʁɔdˈʒœ:ʁ fedəˈʁœ:ʁ], ou, pour le portugais, le changement de la fermée

centrale non arrondie [ɨ] trouvée dans bon nombre de syllabes atones avec e

comme noyau, p.ex. Eduardo [ɪduˈaʁdu] → [eduˈaʁdo] ;

c) La chute systématique de la consonne fricative glottale sourde [h], qui, selon

Grevisse & Goosse (1995³ : 19), pourrait pourtant bien se prononcer en français

‘autochtone’ aussi, à savoir « dans certains emplois expressifs : […] hop ! […]

peut être prononcé avec une ‘aspiration’ […] ; de même le mot honte, si je veux

mettre une insistance particulière ». Il n’empêche que dans notre corpus , la chute

se présente pour toutes les langues sources connaissant ce phonème, p.ex. en

12

La coda, de l’italien coda ‘queue’, est la consonne ou le groupe consonantique clôturant une syllabe. Elle est à

distinguer de l’attaque, consonne ou groupe consonantique au début de la syllabe, et du noyau (syllabique) se

trouvant entre les deux et étant une voyelle dans la grande majorité des cas (et des langues du monde). Seul le

premier élément peut être absent. 13

La nature du remplacement dépend de la position (cf. infra).

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suédois Ibrahimović14

[ɪbraˈhimɔvɪtʂ] → [ibʁaimoˈvitʃ] ou en anglais Tyler

Hamilton [tajləʁamilˈtɔn], et, comme nous le montre le deuxième exemple,

n’hésite pas à ouvrir la voie à l’enchaînement vocalique non plus ;

d) Le remplacement par la consonne fricative uvulaire voisée [ʁ] de presque tous les

/r/ que connaissent nos langues sources15

, p.ex. angl. am. Lance Armstrong

[l saʁmˈstʁɔ ɡ], néerl. Eddy Merckx [ɛdiˈmɛʁks] ;

e) L’importance de l’orthographe du nom propre dans la langue source pour la

manière dont un son se transforme en prononciation francisée, p.ex. angl. Obama

[oʊˈb :mə] → [obaˈma] versus Los Angeles [lɔ:s ˈændʒələs] → [lɔs ndʒəˈlɛs].

Dans des cas comme ceux-ci — et nous en avons pu répertorier beaucoup, pour

l’anglais tout comme pour la grande majorité des autres langues sources —, la

graphie utilisée par la langue source détermine exactement la prononciation dans

la langue cible : une lettre se prononce alors comme si elle se trouvait à l’intérieur

d’un mot français dans une position comparable. Cette constatation est à

rapprocher de celle sous b), puisque les voyelles non existantes en français

justement se verront très régulièrement remplacées par une alternative déterminée

par l’orthographe dans la langue source (cf. l’exemple pt. Eduardo supra, l’une des

nombreuses occurrences illustrant les deux observations à la fois). Notons que

pour quelques alphabets autres que le latin, la transcription phonologique

française16

des noms pourrait avoir une influence sur le degré de francisation de

leur prononciation, puisque des éléments de l’orthographe française usuelle

14

Le nom est d’origine bosniaque, mais le footballeur en question étant citoyen suédois, la prononciation de son

nom s’est « suédisée » (cf. aussi infra). 15

Il s’agit notamment de la consonne spirante alvéolaire voisée [ɹ] de l’anglais et de la consonne roulée

alvéolaire voisée [r], dite « r roulé », de la plupart des autres langues, ainsi que de leurs allophones — parfois

nombreux, surtout pour ce qui concerne l’anglais — et variantes géographiques, si d’application. 16

Remarquons bien la distinction, pour les langues sources mises à l’écrit à l’aide d’autres systèmes d’écriture

que l’alphabet latin, entre une translittération et une transcription (phonologique). Une translittération remplace

seulement les graphèmes et ne tient pas compte de la langue cible — elle est donc uniforme globalement et ne

rend pas compte des particularités au niveau du rapport entre la phonologie et l’orthographe de la langue source.

Elle sera souvent employé en français aussi pour des langues comme l’arabe, le chinois ou le japonais, qui ont

plutôt des translittérations universelles — il existe pour les langues slaves aussi des systèmes de translittération,

mais ses usages se limitent généralement aux milieux scientifiques (slavistes, notamment), et elle n’ont aucune

utilité dans un travail où l’on part de l’orthographe la plus courante dans les médias. Une transcription, par

contre, diffère selon la langue cible et tient compte de la phonologie et de l’orthographe standard de celle-ci. Cf.,

p.ex., pour l’ukrainien, les différentes transcriptions de Віктор Ющенко : fr. Viktor Iouchtchenko, all. Wiktor

Juschtschenko, angl. Viktor Yushchenko, es. Víktor Yúshchenko, nl. Viktor Joesjtsjenko, etc. Ces usances

spécifiques aux langues cibles individuelles ne sont cependant loin d’être respectées systématiquement dans les

médias des différentes aires linguistiques en Europe, la translittération anglaise l’emportant souvent dû à

l’ignorance ou à une certaine peur de non-reconnaissance, d’aliénation ou simplement d’un « excès »

d’exotisme. Clarifions que dans la suite de ce travail, nous emploierons transcription quand nous entendons par

là transcription phonologique et transcription phonétique quand il s’agit d’une transcription en API.

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peuvent donner un caractère « francophone » aux noms concernés. Ceci vaut avant

tout, comme remarqué dans la note 16, pour l’alphabet cyrillique, la translittération

des systèmes arabe, chinois et grec étant en général plutôt universelle.

Dans ce qui suit, nous traiterons plus en détail ces cinq tendances saillantes.

4.1. Déplacement de l’accent

La syllabe finale étant toujours accentuée en français, le déplacement systématique de

l’accent de noms propres étrangers ne saurait guère nous surprendre. Cependant, quelques

exceptions ou autres constats remarquables méritent notre attention particulière.

Ainsi, nous avons répertorié pour la langue source néerlandaise sept exceptions à cette

tendance, six d’entre elles concernant les noms propres composés de plusieurs mots. Pour le

nom De Wever — sans que le prénom soit donc mentionné —, toutes les trois occurrences

avaient l’accent sur la pénultième comme en néerlandais. Curieusement, pour la combinaison

Bart De Wever, ceci était le cas pour une toute petite minorité de trois occurrences sur un total

de 17. La seule exception à mentionner pour la catégorie des noms simples concerne le nom

Vandevyvere, ou l’accent s’était mis sur la troisième syllabe, ici aussi suivant les recettes de la

langue source. Pour cet exemple, l’on pourrait discuter sur la question de savoir si –vy- est à

considérer comme la pénultième ou même l’antépénultième syllabe : en français autochtone,

le schwa final ne se prononcerait pas et ne constituerait par conséquent pas le noyau d’une

syllabe à part entière — situation qui donne lieu à la chute plutôt régulière du schwa final

dans nombre d’autres noms étrangers —, mais le fait qu’une syllabe identique se trouve bien

accentuée dans Patrick Lefevere et dans Vanackere (ces deux exemples étant cependant, il

faut l’admettre, les seules occurrences de ce phénomène pour cette langue source), pourrait

nous mener à maintenir l’étiquette de syllabe pour ce genre de terminaisons. Exprimé en

pourcentages, 12,8% des occurrences de groupes de mots (six sur 47) ont l’accent autre part

que sur la dernière syllabe et 5,3% des occurrences de noms simples (un sur 19) ne sont pas

oxytons, ce qui revient à un bilan général de 10,6% (sept sur 66) pour la langue source

néerlandaise. Il nous faut attirer l’attention ici sur le fait que toutes les exceptions trouvées

concernent des noms flamands et que ceux-ci n’ont été prononcés que dans des émissions en

Belgique francophone (les émissions françaises ne totalisant d’ailleurs que huit des 160

occurrences de noms néerlandais).

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Pour les autres langues sources, les exceptions sont nettement moins nombreuses. En

anglais américain, le prénom Alfred a été prononcé une fois avec l’accent sur la première

syllabe comme en anglais, alors que le même locuteur l’a encore prononcé trois fois « à la

française » dans le même journal. Par rapport aux 540 occurrences anglaises pour lesquelles

l’accent se déplace à la dernière syllabe (noms simples et groupes de mots confondus), 0,18%

seulement des noms présente ici l’exception à cette tendance. Pour l’allemand, seul Insa

Meinen porte l’accent sur la pénultième, tout comme dans la langue source, dans sa seule

occurrence (une exception sur 34 occurrences, soit 2,9%). On trouve en outre une seule

attestation de l’accentuation de la dernière syllabe constituée d’une attaque et d’un noyau [ə]

seuls : Alex Zülle. Pour l’espagnol, la finale est bien accentuée dans Río Grande, une

constatation qui se laisse mieux ranger parmi celles de la tendance générale que parmi celles,

plus remarquables, des schwas sans coda accentués : le journaliste en question pourrait bien

avoir été au courant du fait que l’espagnol ne connait pas de schwa et se sert plus ou moins

systématiquement de la voyelle moyenne antérieure non arrondie [e ]17

. Il n’y a pour cette

langue aucun contre-exemple de la tendance générale du déplacement de l’accent, tout comme

pour les autres langues sources sauf l’italien (l’une des sept attestations de L’Aquila ayant été

prononcée en maintenant l’accent sur l’antépénultième syllabe, cf. infra), le portugais

(Eduardo à accent sur la pénultième comme dans la langue source, revenant à un taux

d’exception de 11,1% pour neuf occurrences) et l’ukrainien (Iakovenko18

paroxyton comme

dans la langue source), pour lequel le nombre total de huit données est trop bas pour en tirer

des conclusions quantitatives.

4.2. Modification des voyelles « exotiques »

Le remplacement de voyelles étrangères au français est aussi un phénomène qui se

présente pour presque toutes les langues sources, quoique la mesure dans laquelle il se produit

puisse varier d’une langue à l’autre (cf. infra).

Puisque nos données sont les plus nombreuses pour la langue source anglaise, nous nous

limiterons pour ce chapitre — qui se veut un aperçu des tendances générales — aux exemples

relatifs à l’inventaire phonologique de l’anglais. Les observations concernant les sons propres 17

Nous utiliserons bien les symboles [ä] (intermédiaire entre [a] et [ ]), [e ] (entre [e] et [ɛ]) et [o ] (entre [o] et

[ɔ]), propres à l’espagnol notamment, et [ ] (entre [ ] et [œ] et propre, pour notre recherche, au finnois

seulement), utilisés par quelques auteurs mais jusqu’ici inexistants dans l’API. Cf. 5.4.1.1. infra pour plus

d’explications là-dessus. 18

Pour les langues sources mises à l’écrit à l’aide des alphabets cyrillique ou grec, nous nous limiterons à

mentionner la transcription française sauf si l’originel peut contribuer à mieux comprendre l’exemple.

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aux autres langues seront alors traitées plus en détail dans le chapitre 5. Remarquons que dans

ce qui suit, toutes les voyelles immédiatement suivies de la consonne occlusive nasale

alvéolaire voisée [n] ou de la consonne occlusive vélaire voisée [ŋ] (parking) sont exclues,

toutes les combinaisons de ce genre faisant l’objet d’une analyse séparée consacrée à

l’introduction ou non d’une nasalisation (cf. infra).

À une exception près, la voyelle ouverte postérieure non arrondie [ ], que nous identifions

encore comme étant le â de pâte mais qui en français contemporain n’est plus employé que

par les locuteurs la distinguant du a de patte19

, se laisse guider par la seule orthographe

lorsqu’il s’agit de déterminer sa réalisation en prononciation francisée. Dans Lance

Armstrong, elle devient systématiquement (à savoir 185 fois sur 185 occurrences de cette

graphie pour le son en question) la voyelle ouverte antérieure non arrondie [a]. Quand elle

s’écrit par contre o, comme c’est le cas dans Romney, la prononciation francisée se sert de la

mi-ouverte postérieure arrondie [ɔ] pour 65 des 66 attestations20

. Remarquons que [ ] n’a

donc été conservé dans aucun cas.

La voyelle ouverte postérieure arrondie [ɒ] ne se maintient pas non plus dans aucune

occurrence répertoriée. Dans les deux noms où elle est transcrite par la lettre a (Whitehall

Street et Wall Street), elle se trouve malgré l’écrit remplacée par la voyelle mi-fermée

postérieure arrondie [o] ; sous la forme de au (Austin), l’orthographe semble bien déterminer

la prononciation [o] (cf. fr. austère). La même chose vaut pour la graphie avec o, où le

caractère oui ou non fermé de la voyelle déterminera si l’alternative est [o] (Colorado) ou [ɔ]

(Boston). Parmi les 35 attestations de l’ouverte postérieure arrondie enregistrées, il n’y a

aucune exception à ces observations.

Un son très typique de l’anglais est indubitablement la voyelle pré-ouverte antérieure non

arrondie [æ], qui ne se maintient dans aucune occurrence non plus. Des 80 observations de ce

son, il est remplacé par [a] dans 73 cas, p.ex. Pat McQuaid, Colorado ou Arizona. Les sept

exceptions concernent toutes iPad Mini, Jackie Kennedy, Mick Jagger, Battery Park, Al Gore

et Staten Island ; chacun de ces noms est prononcé avec la voyelle mi-ouverte antérieure non

19

Cf. Monod (1971 : 91) : « It is interesting to note that there is a tendency in modern French to suppress the

difference between these two types of /a/ even among the most educated people. » C’est la raison pour laquelle

nous la traiterons systématiquement parmi les voyelles « absentes en français », tout en étant conscient du fait

qu’elle est dans l’idéal employée toujours en français de façon de faire la distinction précitée. Outre l’effritement

de la zone de diffusion du [ ] en français même, c’est l’observation que ce son n’est presque jamais maintenu

dans les noms étrangers (cf. infra) qui nous a appuyé dans ce choix. 20

L’exception concerne un changement en [u] du son dans Mitt Romney par Thomas Viguier de RTL-TVI, et est

peut-être à considérer comme étant un lapsus (la majorité des occurrences de [ ] écrit o concerne ce nom — ou

le nom de famille seul — justement.

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arrondie [ɛ] dans la plupart de ses occurrences. Le [æ] se trouvant à mi-chemin entre [a] et [ɛ],

il s’agit d’une fermeture due probablement à une tentative d’approximation du [æ].

Nous traiterons pour l’anglais la voyelle pré-fermée antérieure non arrondie21

[ɪ] et la

voyelle fermée centrale non arrondie [ɨ], que quelques auteurs22

tendent à employer pour

certains noms ou variantes de la langue, ensemble. Des 154 occurrences de ce phonème

inconnu du français, quatre seulement, toutes écrites i, sont maintenues en prononciation

francisée. Quand il s’orthographie a (Surface23

), e (Jackie Kennedy), i (Mitt Romney) ou y

(Maryland), le son se voit remplacé en français respectivement par [a], la voyelle mi-fermée

antérieure non arrondie [e], la voyelle fermée antérieure non arrondie [i] (pour 143 sur 147

occurrences au moins) et [i], respectivement. La graphie ey — Mitt Romney en est notre seul

exemple — provoque nettement plus d’hésitation, avec des changements en [e] (20), [ɛ] (17)

et [i] (19). L’on pourrait affirmer que pour les alternatives [e] et [ɛ], l’orthographe semble

l’emporter, tandis que la prononciation en langue source s’avère être le fil d’Ariane pour la

dernière. En ce qui concerne les exceptions (avec maintien de la prononciation d’origine),

seuls Livestrong (deux attestations sur deux, à considérer comme la plus remarquable donc),

Jerome Robbins (une occurrence dans le corpus seulement) et Jimmy Savile (une sur cinq)

sont impliqués. Pour les éléments Live- (cf. live) et Jimmy, la fréquence avec laquelle ils sont

présents en anglais pourrait avoir joué un rôle pour le maintien du son concerné ici.

Avant d’établir un bilan provisoire, deux autres voyelles simples inexistantes en français

méritent encore notre attention. La voyelle mi-ouverte postérieure non arrondie [ʌ], dans p.ex.

Roundup, donne lieu à pas moins de cinq prononciations francisées différentes, et cela sur un

total de douze occurrences enregistrées seulement. Le cas de loin le plus fréquent (sept

attestations) est le changement en la voyelle fermée antérieure arrondie [y], à expliquer

indubitablement par la graphie avec u qui est la plus générale dans la langue source et la

prononciation usuelle de cette lettre en français. Il s’observe pour des cas comme Child

Focus, Mark Zuckerberg et Lotus. Dans deux cas, le son anglais semble rester plus ou moins

stable (Roundup — l’élément up étant assez fréquent en anglais) ; trois changements ont été

observés une fois chacun : celui en la voyelle fermée postérieure arrondie [u] (Mark

Zuckerberg, cas minoritaire pouvant s’expliquer par l’origine allemande du nom), celui en [a]

21

Les voyelles pré-fermées sont les voyelles à mi-chemin entre les fermées et les mi-fermées, c.-à-d. elles sont

légèrement moins serrées que les fermées. Le terme pré-fermée correspond à l’angl. near-close. 22

Cf. p.ex. Monod (1971), qui donne /prɨzént/ (sic) pour le verbe (to) present. 23

Le VDPEN (2005 : 856) et Avots (2003 : 308) donnent [ˈsɜ:fɪs] ou l’équivalent exact dans leur propre

transcription phonétique, les sources digitales proposant parfois [ˈsɜ:fəs].

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27

(Air Force One24

) et celui en la voyelle mi-ouverte antérieure arrondie [œ] (Button). La

voyelle pré-fermée postérieure arrondie [ʊ] (Bollywood), de son côté, se ferme assez

régulièrement (treize occurrences sur quinze) en [u], les deux seules exceptions étant un

maintien (Facebook, une occurrence sur cinq) et une antériorisation en [y] (Red Bull ;

remarquons la différence d’orthographe : parmi les cas de fermeture, seul George Bush ne

s’écrit pas avec oo — cf. aussi 4.1.5. sur le rôle de l’orthographe).

Les chiffres du tableau 2, résumant ceux qui ont déjà été dévoilés çà et là ci-dessus,

corroborent suffisamment notre hypothèse sur le non-maintien des voyelles étrangères au

français — au moins pour notre langue source la plus importante —, et nous permettent ainsi

de reporter notre analyse du traitement des diphtongues anglaises au sous-chapitre approprié.

Tableau 2. Taux d’adaptation des monophtongues anglaises inconnues en français

Voyelle25

Cas d’adaptation Cas de maintien Taux d’adaptation

[ ] 251 0 100,0%

[ɒ] 35 0 100,0%

[æ] 80 0 100,0%

[ɪ] et [ɨ] 150 4 97,4%

[ʌ] 10 2 83,3%

[ʊ] 14 1 93,3%

Total 540 7 98,7%

Nous verrons ci-dessous que de tels taux de remplacement ont été obtenus pour les autres

langues sources aussi.

4.3. Chute de la consonne fricative glottale sourde [h]

De nos 21 langues sources, quatre nous ont fourni des noms contenant la consonne

fricative glottale sourde [h]26

: l’anglais (p.ex. Radcliffe Haughton), le néerlandais (Johan

Bruyneel), l’allemand (Gerhard Schröder) et le suédois (Zlatan Ibrahimović). Au total, il

s’agit de 32 occurrences, dont aucune ne présente le maintien du [h]. Qui plus est, les [h] ne

sont généralement pas remplacés par un coup de glotte [ʔ] et il n’y a pas de hiatus non plus

24

La prononciation originelle est toutefois hésitante, Avots (2003 : 214) donnant [wʌn] mais le VDPEN (2005 :

598) [w n]. 25

Il s’agit chaque fois des variantes courte et allongée confondues. 26

Il est évident que ce chiffre nous sert seulement pour annoncer la structuration de ce qui suit. D’une part, bon

nombre de langues sources ne connaissent pas de [h] elles-mêmes (p.ex. l’espagnol), d’autre part, la présence ou

absence des noms enregistrés à [h] est due au hasard (le finnois p.ex. connaît le son, mais celui est absent dans

notre corpus).

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dans bon nombre d’occurrences, la chute laissant ainsi le champ libre à l’enchaînement ou à

l’élision, comme nous l’a montré l’exemple anglais Tyler Hamilton supra.

Pour ce qui concerne l’anglais, les 26 occurrences proviennent de dix noms différents : en

plus des deux exemples supra, il s’agit de Southampton, Ohio, Manhattan, Whitehall Street,

New Hampshire, Velma Hart, Lewis Hamilton et Manganese Bronze Holdings. En général,

l’insertion d’une petite pause entre une consonne précédant le h et la voyelle le suivant, ou au

contraire l’établissement de l’enchaînement vocalique, semble dépendre de la longueur et de

la difficulté du nom et de la familiarité du public avec celui-ci. Quand le h se trouve tout à fait

à l’intérieur d’un mot (avec une consonne et une voyelle, respectivement, l’entourant

directement), il y a toujours enchaînement (Southampton [saʊθsampˈtɔn]27

, Manhattan

[manaˈtan], Whitehall Street [wajtolˈstwet]). Pour les noms composés de plusieurs mots dont

l’un commence par h, deux présentent l’enchaînement aussi (New Hampshire [nuwampˈʃœ:ʁ]

et Lewis Hamilton [lewisamilˈtɔn]), Manganese Bronze Holdings, plus long et moins célèbre,

étant le seul nom à être prononcé avec une petite pause. Pour Ohio, il y un hiatus dans trois

des quatre occurrences, la quatrième facilitant la transition à l’aide d’une consonne spirante

(semi-voyelle) labio-vélaire voisée28

[w].

Pour le néerlandais, les trois occurrences de la chute de [h] s’observent avec trois noms

différents — les anthroponymes flamands Johan Bruyneel et Herman De Croo et le

hollandais Hoogovens —, dont le premier est prononcé avec hiatus. Les exemples nommés

supra sont les seuls noms répertoriés pour l’allemand et le suédois, le premier étant représenté

par une occurrence, le second apparaissant une fois avec et une fois sans prénom. Dans

Gerhard Schröder, il y a enchaînement du r au a ; dans Ibrahimović, un hiatus voit le jour.

En somme, nous pouvons conclure que dès qu’un [h] est présent dans une langue source

quelconque, l’effacement de celui-ci fait toujours partie de la francisation des noms propres.

4.4. Omniprésence de la consonne fricative uvulaire voisée [ʁ]

Les /r/ de la plupart des langues sources représentées dans le corpus, dont les plus

courants sont la consonne spirante alvéolaire voisée [ɹ] de l’anglais et la consonne roulée

alvéolaire voisée [r] de la plupart des autres langues, sont inconnus en français et se trouvent

alors, tout comme les voyelles étrangères traitées plus haut, presque toujours remplacés par la

27

Le [s] fait partie de la prononciation quelque peu baragouinée de l’élément South- (cf. aussi infra). 28

Nous ferons la distinction entre les fricatives, caractérisées par leur bruit de friction, et les spirantes — groupe

principalement composée des semi-voyelles et des liquides —, laissant passer l’air de manière plus aisée.

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consonne fricative uvulaire voisée [ʁ] propre au français et à l’allemand, le /r/ de cette

dernière langue ne subissant par conséquent jamais de modification. Les rares exemples

d’occurrences dans lesquelles un autre /r/ (ou une approximation quelque peu

malencontreuse) a bien été réalisé concernent presque toujours le [ɹ] anglais et proviennent

d’un nombre limité de journalistes, quelques-uns parmi eux s’efforçant de faire la distinction

de manière systématique.

Des 432 occurrences anglaises contenant un [ɹ] en langue source (p.ex. Romney,

Livestrong), 411 soit 95,1% présentent le remplacement par [ʁ]. Le maintien de la spirante

s’observe dans 17 cas, soit 3,9%. Parmi ceux-ci, douze concernent des noms pour lesquels le

[ʁ] est mis en œuvre dans la moitié ou plus des occurrences, toutes attestations confondues. Il

s’agit de Mitt Romney (huit occurrences avec [ɹ] contre 39 à [ʁ], soit un taux revenant à

17,0%), Rolling Stones (deux contre une à [ʁ] et une à [w] — cf. infra —, soit 50,0%), West

Side Story (deux contre deux à [ʁ]), Ann Romney (une contre une à [ʁ]) et Romney seul (une

contre six, soit 14,3%). Les quatre autres noms sont Boca Raton (seule occurrence de ce

nom), Keith Richards (idem) et Edenbridge (idem). Remarquons que dans le deuxième nom,

le r n’est justement pas prononcé dans la langue source (cf. aussi infra, où nous démontrerons

qu’un [ʁ] s’insère toujours pour les /r/ muets en anglais britannique).

Notre observation la plus remarquable ici concerne cependant les locuteurs ayant réalisé le

[ɹ], les 17 occurrences mentionnées se distribuant sur un nombre très limité d’entre eux. Les

plus courants sont le présentateur Gilles Bouleau de TF1 (sept attestations) et sa collègue

belge Caroline Fontenoy de RTL-TVI (cinq) ; les cinq occurrences restantes se répartissent

sur au moins deux journalistes de TF1 et de RTL-TVI et un traducteur de TF1. Notons que M.

Bouleau a été correspondant à Londres puis à Washington pendant neuf ans au total,

circonstance qui pourrait bien avoir influencé son choix pour — ou sa capacité de réaliser

sans beaucoup de peine — le [ɹ] anglais. Lui, tout comme M. Fontenoy, n’ont réalisé le nom

Mitt Romney en francisant le r dans aucun cas.

Les quatre occurrences restantes des noms anglais contentant un r concernent trois cas où

il est prononcé — constat quelque peu surprenant à première vue — [w] (0,7%) et un cas où il

se réalise comme une consonne roulée uvulaire voisée [ʀ] (0,2%)29

. Le [w] (ou une

29

Cette attestation concerne une réalisation du nom Ford par Marc Van Asch, à l’époque maire de la ville belge

néerlandophone de Vilvorde. Comme le français n’est pas la langue maternelle de cet homme politique, nous ne

nous attarderons plus sur cet exemple. Notons cependant que le « r grasseyé » [ʀ] très typique du néerlandais

belge, que l’on appelle dans l’aire linguistique huig-r (‘r uvulaire’) en le distinguant du [r] qui bat en retraite et

du [ɹ] et de la consonne spirante rétroflexe voisée [ɻ] plutôt hollandais tous les deux, parmi d’autres encore, est

donc maintenu quand le nom d’origine anglaise avec prononciation néerlandisée se trouve au sein d’un énoncé

français.

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approximation de ce son) a été répertorié dans trois cas (Rolling Stones, Battery Park et

Whitehall Street), dont les deux derniers proviennent d’un seul journaliste — et se prononcent

dans le même reportage — sur France 2. Le premier exemple concerne une prononciation

minoritaire du nom dans notre corpus, côtoyant d’ailleurs une autre par le même locuteur avec

maintien de la spirante [ɹ] ; le second concerne l’occurrence unique du nom en question ; et le

dernier compte encore une attestation dans laquelle le son est prononcé [ʁ] dans un autre

journal de la même chaîne. Quoique [w] et [ɹ] aient seulement leur caractère spirant en

commun — la première consonne étant labio-vélaire et la deuxième alvéolaire —, nous ne

pouvons aboutir à une autre conclusion qu’à celle d’une tentative malencontreuse de réaliser

le [ɹ] propre à la langue source. Nous pouvons nous appuyer pour cette hypothèse sur Hallé,

Best & Levitt (1999), qui ont décrit ce lien entre /r/ et /w/ en étudiant la perception du /r/ de

l’anglais américain par des locuteurs francophones :

« These comments suggest that AE [i.e. American English] /r/ […] may be

perceived as /w/-like by French listeners. […] The /w/-/r/ contrast was by far the

most difficult for [them], both for identification and for discrimination, which

fell significantly below the levels previously shown by Americans. […] Overall,

the results suggest that French listeners […] have difficulty perceiving AE /r/.

[…] In any case, perception of /w/-like properties in AE /r/ is not too surprising

[…]. Children’s substitutions of one approximant for another […] is especially

common in English for /r/-to-/w/ substitutions [and] /r/-misarticulating children

tend to misperceive /r/ as /w/. […] Anecdotal evidence suggests that the gliding

tendency is present for French /r/, where it can be observed in /r/ misarticulation

in certain foreign accents, and in some French-creole languages. » (1999 : 293-

301)

Notons à la lumière de cette dernière remarque que l’endonyme du créole antillais est

en effet Kwéyòl (cf. par exemple le titre du Dominica’s Diksyonnè Kwéyòl Annglé de Marcel

D’jamala Fontaine et Peter A. Roberts, 1991).

À part la prononciation exceptionnelle avec [ʀ] d’une locutrice à langue maternelle

néerlandaise30

, tous les autres /r/ dans notre corpus sont remplacés par un [ʁ]. Au total, 555

des 577 occurrences des /r/ prononcés de manière autre que [ʁ] dans la langue source se

voient transformées en celui-ci, ce qui revient à un taux de 96,2%. Qui plus est, si nous

excluons les énoncés des locuteurs de langue maternelle néerlandaise31

, seul le [ɹ] de l’anglais

se maintient dans quelques occurrences. Comme l’anglais est de loin la langue étrangère le

30

Il s’agit du nom De Wever prononcé par Meyrem Almaci, à l’époque chef de groupe du parti écologiste Groen

dans l’hémicycle régional flamand, qui a d’ailleurs prononcé ce même nom avec [ʁ] français quelques secondes

avant. 31

Il n’y a, autant que nous sachions, pour les autres langues sources pas de locuteurs avec une langue maternelle

autre que la française.

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mieux connue des Français et la deuxième plus connue en Wallonie, cette constatation ne

saurait trop nous surprendre. Une explication alternative pourrait être que les [r] d’entre autres

l’espagnol (p.ex. Contador), la battue alvéolaire voisée [ɾ] propre à la même langue (p.ex.

Miguel Indurain) et au portugais, la fricative vélaire sourde [x] du portugais brésilien (p.ex.

Corcovado) et d’autres réalisations encore32

seraient plus difficiles à réaliser que le [ɹ]

anglais, mais il ne paraît quand même improbable que toutes ses variantes soit vraiment plus

évidentes à réaliser que le [ɹ]. De toute façon, les deux explications peuvent se renforcer.

4.5. L’orthographe comme fil d’Ariane

La voyelle moyenne centrale [ə] de l’anglais, voyelle pourtant très familière aux

francophones, est l’exemple par excellence pour illustrer notre thèse selon laquelle

l’orthographe des noms propres dans la langue source sert très souvent comme fil conducteur

à la prononciation francisée.

C’est que notre corpus ne contient pas moins de neuf graphies différentes pour le schwa

anglais : a (p.ex. Texas), aa (Isaac), ae (Michael Bloomberg), ai (noms d’origine française,

p.ex. American Renaissance), e (Angel), i (Wisconsin), o (Colorado, exemple dans lequel l’o

se prononce d’ailleurs de trois manières différentes), ol (Norfolk) et ou(r) (Melbourne). Ce

large éventail est dû à la réduction vocalique qui caractérise l’anglais, un procédé qui consiste

pour cette langue en l’affaiblissement fréquent de la valeur des voyelles quand elles se

trouvent dans une syllabe inaccentuée33

. De ces neuf graphies, sept provoquent une

prononciation francisée correspondant à la (ou à une) réalisation usuelle — ou s’en

rapprochant — du e muet si cette graphie s’était retrouvée au sein d’un mot français : a

(prononcé [a] dans 133 occurrences sur 135 et [ :] dans l’une d’entre elles, ces deux

alternatives totalisant 99,3% des cas), aa ([a:] dans les deux occurrences), e (des 20

attestations, neuf [ɛ], dix [ə] — approximations de [œ] et [œ:] incluses — et un [e], c’est-à-

dire toutes prononcées selon l’une des façons habituelles du français), i (seule occurrence

réalisée comme [i]), o (neuf [o], un [ɔ]), ol (seule attestation prononcée [ɔl]) et ou(r) (le seul

cas étant francisé en [u(ʁ)]).

32

Il s’agit notamment des nombreuses variantes du /r/ en néerlandais (cf. note 15) et de la consonne fricative

uvulaire sourde [χ] et du [h], tous les deux présents en portugais brésilien, variété connaissant un éventail assez

compliqué de réalisations du /r/ dépendant de la région aussi bien que de la position dans le mot. 33

Cf. Monod (1971 : 93): « A long vowel, in an unaccented syllable may become short, it may be replaced, or it

may even disappear. This cannot happen in French because the vowels have a constant value. »

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Puisque la graphie ai n’est représentée que par une seule occurrence, de surcroît d’un nom

dont un élément provient du français, nous ne nous attarderons plus sur cette graphie. La seule

graphie restante est alors ae, et celle-ci provoquant plus d’hésitation, elle mérite notre

attention particulière. Dans Michael Bloomberg, le schwa est maintenu ou évolue, sous

l’influence de l’accent, vers [œ] pour trois des quatre occurrences. L’attestation restante se

réalise comme [aɛ], probablement sous l’influence — supplémentaire, donc en plus de celle

de l’orthographe — de l’existence du prénom équivalent Michaël en français.

Traduisant en chiffres les observations décrites supra, la prononciation des [ə] anglais est

déterminée par l’orthographe dans la langue source pour 170 des 175 occurrences, soit

97,1%. Les nombreux autres sons auxquels s’appliquent des observations similaires seront

traités dans les sous-chapitres consacrés aux langues sources individuelles.

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CHAPITRE 5. CONSTATATIONS PHONOLOGIQUES

ET PHONÉTIQUES PAR LANGUE SOURCE

5.1. Anglais

L’anglais étant avec 737 attestations sur 1060 de loin notre langue source la plus

amplement représentée, elle fournit les observations les plus représentatives, et nous y

consacrerons par conséquent une partie importante de notre travail. À côté de cette donnée

quantitative, nous nous voyons confronté pour l’anglais à une orthographe extrêmement

étymologisante34, ce qui contribue considérablement à la complexité de l’analyse et au grand

éventail de réalisations possibles de bon nombre de sons.

5.1.1. Voyelles

L’analyse des monophtongues propres à l’anglais ayant déjà été faite sous 4.2. supra, nous

nous limiterons ci-dessous aux diphtongues, au moins pour ce qui regarde les voyelles

absentes en français. Rappelons que les diphtongues directement suivies de [n] ou de [ŋ] n’ont

pas été prises en considération ici et feront l’objet d’une analyse consacrée à la nasalisation

infra.

Pour ce qui concerne les voyelles anglaises faisant également partie de l’inventaire

phonologique français, nous avons pu noter des adaptations pour sept voyelles, dont toutes les

monophtongues de la Received Pronunciation qui n’ont pas été traitées parmi les voyelles

« exotiques » supra — [ə], [ɛ], [i], [ɔ] et [u] — et le [e] de l’anglais australien, que nous

n’avons rencontré que deux fois dans le nom Webber et qui y a été réalisé une fois en

l’ouvrant en [ɛ] et une fois en conservant le [e] originel. Par conséquent, la voyelle mi-ouverte

centrale non-arrondie [ɜ:] (bird) est la seule monophtongue de l’anglais britannique à ne pas

figurer dans notre corpus ; pour l’anglais américain, toutes les monophtongues sont

représentées.

Les nombreuses adaptations dont fait l’objet le [ə] anglais, qui sont principalement

déterminées par l’orthographe, ont déjà été traitées comme exemples illustrant l’importance

34

Cf. Levitt (1978 : 43) : « The influence of conventional orthography on phonology has been particularly strong

in English and French, where the fit between graphemes and phonemes is poor and where an ultra-conservative

and Latinizing tradition has consistently blocked spelling reform for several centuries. »

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générale de l’écrit sous le 4.5. supra. Les autres monophtongues mentionnées plus haut, sauf

le [e] puisque le nombre d’occurrences de cette voyelle n’est pas suffisamment élevé, seront

traitées plus loin de manière individuelle, après l’analyse du comportement des diphtongues,

c’est-à-dire à partir du paragraphe 5.1.1.2.

5.1.1.1. Diphtongues

Le français moderne ne connaissant pas de vraies diphtongues, chaque diphtongue

anglaise ainsi que son maintien ou remplacement en prononciation francisée entrent en jeu ici.

Les diphtongues « classiques » [aj] (Skyfall), [aʊ] (Bounty), [ɛə] (brit., p.ex. British Airways),

[ej] (Pat McQuaid), [ɔj] (Illinois) et [oʊ] (Obama) se modifient toutes dans une partie des

occurrences répertoriées, le taux exact variant cependant sensiblement de l’une à l’autre.

Ainsi, [aj] se maintient dans seize cas sur 30 (p.ex. Nike) et est remplacé par [i] dans les autres

(tous écrits avec i, p.ex. Microsoft), [aʊ] demeure plus ou moins stable dans deux des trois

attestations concernées (Southampton, Dow Chemicals) et se change en [u:w] dans Bounty, et

le r non prononcé de la [eə] du britannique British Airways réapparaît dans [ɛʁ].

Pour [ej] et [oʊ], les changements sont plus variés. La monophtongaison en [e] est la

prononciation la plus courante de [ej], avec six occurrences sur seize (p.ex. James Bond ;

notons la disparité par rapport à l’orthographe), les alternatives étant le changement en [ɛ] ou

[ɛ:] (quatre occurrences, p.ex. Cape May), le maintien (trois, p.ex. James) — en soi pas trop

surprenant, puisque les deux composantes de la diphtongue existent en français —,

l’ouverture en [ɛj] (deux, p.ex. John Wayne) et le remplacement par [a] (une, Daniel

Rodriguez, une attestation pouvant s’expliquer facilement par l’existence du prénom

orthographié de manière identique en français). Remarquons que dans Cape May, Facebook,

Lakewood et James Bond, soit presque la moitié des noms propres concernés, le a a été

prononcé pour chacun de ces noms de plusieurs manières, jusqu’à trois manières différentes

pour le dernier : [ɛ], [ej] et [e:]. Pour [oʊ], il nous faut distinguer les syllabes ouvertes des

fermées. Pour ces premières, il y a monophtongaison en [o] dans 145 des 152 occurrences

(p.ex. Colorado) et le maintien, observé dans quatre attestations, concerne uniquement le nom

Rolling Stones, qui ne s’est pas prononcé autrement. Les trois cas restants concernent

l’ouverture en [ɔ] (Mike Rhodes), l’ouverture complète en [u] (prononciation minoritaire

d’Ohio, peut-être un lapsus) et l’addition de la consonne spirante labio-vélaire voisée donnant

[ow], elle aussi étant une prononciation exceptionnelle du cas spécial Ohio, ou un [h] omis est

suivi d’une voyelle. En syllabe fermée, [oʊ] est le plus généralement prononcé [ɔ] comme s’il

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s’agissait d’un mot français (trois cas sur quatre, p.ex. US Postal), et se trouve monophtongué

une seule fois en [o] pour Washington Post, exemple pour lequel l’ouverte [ɔ] nous

surprendrait probablement moins, vu le caractère reconnaissable du nom commun — mutatis

mutandis — français.

Nous n’avons rencontré [ɔj] que dans le nom Illinois, dont l’origine française a plus que

probablement influencé la prononciation enregistrée avec [wa]. Les deux diphtongues, plus

exotiques, propres à l’anglais australien que nous avons répertoriées, [æj] (Casey Stoner) et

[əʉ] (Casey Stoner), ne sont pas maintenues — ce qui ne surprend guère — et sont remplacées

respectivement par la diphtongue britannique-américaine [ej] et par [o], l’alternative courante

pour l’équivalent britannique-américain ici aussi.

Les voyelles dites « rhotacisées » de l’anglais américain35

, comme [ɚ] dans p.ex. Tyler

Hamilton et [ɝ] dans Mark Zuckerberg, se trouvent en prononciation francisée toujours

prononcées avec le [ʁ] propre au français, comme c’est le cas pour la grande majorité des

occurrences des [ɹ] dans d’autres contextes. Pour le premier son, l’orthographe détermine la

prononciation. Quand il s’écrit ar (San Bernardino), il est changé en [aʁ] ; le or rencontré en

Jared Taylor se transforme en [ɔ:ʁ] pour les deux occurrences. Pour l’orthographe la plus

courante, er, l’usage est plus hésitant : [əʁ], [ɛʁ], [ɛ:ʁ] et [œ:ʁ] ont été répertoriés tous les

quatre. La première et la dernière de ces réalisations, qui se distinguent à peine en

prononciation francisée, ont été observées en coda seulement, le plus souvent en toute fin de

mot (Mark Zuckerberg, New Hampshire ; cinq noms au total), tandis que les occurrences de

[ɛʁ] et de sa variante allongée se limitent aux noms Michael Bloomberg (deux attestations ;

remarquons la position en coda, mais aussi le fait qu’une prononciation avec [əʁ] du même

nom a été répertoriée aussi) et San Bernardino (cinq).

Les diphtongues moins courantes [ju] (New Delhi) et [jʊə] (Eurostar) ont été répertoriées

quatre et deux fois, respectivement. La première s’est prononcée en français [uw] et [juw] une

fois chacun quand elle s’écrit ew, dans New Delhi pour les deux occurrences. Il nous semble

évident que la présence du w à l’écrit a ici entraîné la réalisation du [w], quoique celui-ci soit

absent à l’oral dans presque toutes les variétés de l’anglais. La chute de la consonne spirante

palatale voisée (yod) [j] dans l’une des deux occurrences pourrait s’expliquer par la

dominance de la prononciation sans yod en anglais américain de New York, toponyme

35

Mannell, Cox & Harrington (2009 :

http://clas.mq.edu.au/speech/phonetics/phonetics/vowelgraphs/USE_Monophthongs.html) incluent [ɚ] dans leur

tableau des voyelles américaines et justifient cela en clarifiant, appuyés par Olive, Greenwood & Coleman

(1993), qu’ « American English is a rhotic dialect of English and a post-vocalic /r/ has a significant effect on the

actual realisation of its preceding vowel ».

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beaucoup mieux connu. Écrite u (dans US Postal pour les deux seules occurrences de cette

orthographe), elle se francise en [y], suivant en cela l’écrit. L’emploi, en anglais, de la

diphtongue pour désigner la lettre pourrait avoir influencé cette réalisation en français,

l’abréviation originellement anglaise USA étant prononcée en français [yɛˈsa] aussi. La

combinaison [jʊə] n’ayant été rencontrée qu’à l’intérieur du nom Eurostar (dans lequel le

toponyme — anglais tout comme français — Europe est bien visible), il n’est guère

surprenant qu’elle se réalise au moyen de la voyelle mi-fermée antérieure arrondie [ø] pour

les deux occurrences concernées.

Le tableau 3 résume nos constats concernant l’adaptation des diphtongues et triphtongues

anglaises en français.

Tableau 3. Taux d’adaptation des diphtongues anglaises inconnues en français

Diphtongue /

triphtongue

Cas d’adaptation Cas de maintien Taux d’adaptation

[aj] 14 16 46,7%

[aʊ] 1 2 33,3%

[ɛə] (brit.) 1 0 100,0%

[ej] 13 3 81,3%

[ɔj] 1 0 100,0%

[oʊ] 148 4 97,4%

[æj] (austr.) 2 0 100,0%

[əʉ] (austr.) 2 0 100,0%

[ɚ] (am.) 20 0 100,0%

[ɝ] (am.) 15 0 100,0%

[ju] 4 0 100,0%

[jʊə] (brit.) 2 0 100,0%

Total 223 25 90,0%

Le pourcentage des diphtongues adaptées est comparable à celui des monophtongues (cf.

le tableau 2 supra), quoiqu’il soit un peu plus bas (90,0% contre 98,7%). Nous pouvons

expliquer cet écart en signalant que la plupart des diphtongues se forment à partir d’éléments

qui sont bien connus en français (ou approximativement). Ainsi, [aʊ] et [oʊ], par exemple,

peuvent facilement être approchée en combinant [a] respectivement avec [o] et [w], cette

dernière semi-voyelle étant, comme nous le démontrerons plus bas, réalisée assez facilement

par les francophones.

Si nous faisons la somme des chiffres pour les monophtongues avec ceux obtenus pour les

diphtongues, nous aboutissons à un taux d’adaptation de 96,0% (763 cas sur 795).

Remarquons cependant de nouveau que seules les voyelles inexistantes en français ont été

prises en compte jusqu’ici.

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37

5.1.1.2. Voyelle mi-ouverte antérieure non arrondie — [ɛ]

Exception faite des cas de maintien, la voyelle mi-ouverte antérieure non arrondie [ɛ]

(New Delhi) a été réalisée de cinq manières différentes, et cela sur un total de quinze

occurrences seulement. Des modifications répertoriées, le changement en [e] est le plus

courant : il a été répertorié à quatre reprises, réparti sur les noms New Delhi, Long Island

Express et American Renaissance. Si le deuxième de ces noms a de quoi nous surprendre à

première vue — puisque le [ɛ] pourrait parfaitement se prononcer comme tel dans une

position semblable en français —, le premier et dernier sont nettement moins remarquables :

le h de New Delhi n’étant pas prononcé en français (en anglais non plus d’ailleurs), De–

pourrait être considéré comme étant phonologiquement parlant une syllabe ouverte — type

favorisant la réalisation comme [e] (ou [ə], mais non pas [ɛ]) en français —, et l’équivalent

français américain de l’adjectif American porte l’accent aigu pour marquer sa prononciation

avec [e].

Les réalisations [i] et [ə] du [ɛ] sont présentes avec deux occurrences chacune. La

première concerne les noms Dow Chemicals et Beall. Pour le premier, la fermeture en [i],

pour laquelle il n’y pas d’explication évidente au niveau purement phonologique, une

interprétation psycholinguistique nous semble la bonne : il s’agit d’un lapsus, plus exactement

d’une anticipation du [ɪ] (francisé en [i]) présent dans la syllabe suivante. Le [i] dans le

deuxième nom est à expliquer par le simple fait que la combinaison ea se prononce très

souvent de cette manière dans la langue source, la réalisation de la voyelle dans Beall étant

exceptionnelle en raison de l’origine écossaise du nom. American Renaissance est concerné

par la prononciation avec [ə], cette fois pour le substantif qui en fait partie, mais cette

adaptation est évidemment à expliquer par le fait que celui-ci est emprunté au français. La

seule autre occurrence dans lequel le [ɛ] anglais a été prononcé [ə] se trouve dans Delaware.

La position du e dans ce nom se prête facilement à une telle réalisation, d’autant plus que la

syllabe suivante –la– suggère une étymologie allant dans le sens d’un nom commençant par la

séquence de La. Le nom du fleuve du Delaware, qui a donné son nom à l’état moderne, est en

effet issu du gouverneur anglais Thomas West, le baron De La Warr.

Quant aux [ɛ] écrits a (Maryland), l’orthographe semble l’emporter là encore : les trois

occurrences dans les noms Maryland et Delaware se prononcent toutes [a]. Les seules

adaptations restantes concernent l’allongement en [ɛ:] du [ɛ] devant [ɹ] francisé en [ʁ] (Times

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38

Square36

, deux attestations) et avant [z] final en prononciation francisée qui ne l’était pas dans

la langue source. Il s’agit pour ce dernier constat du nom Scorsese, d’origine sicilienne. En

anglais, celui-ci se prononce [skɔɹˈsɛzi] — bien que la prononciation puisse être hésitante —,

tandis que nous avons répertorié la prononciation [skɔʁˈsɛ:z], comme s’il s’agissait d’un nom

français avec un accent grave sur le premier e.

Le tableau 5 résume les différentes réalisations des [ɛ] adaptés, avec à chaque fois le

nombre d’occurrences concernées et, en-dessous de celui et en italiques, le taux y équivalant.

Notons que les cas de maintien n’ont pas été retenus de manière systématique dans notre liste

des constats pour ce qui concerne les sons existants également en français, et que nous ne

fournirons par conséquent pas de taux d’adaptation pour les voyelles concernées. Vu que les

changements au niveau de la longueur des voyelles sont très souvent liés à l’accentuation

changeante souvent a priori (cf. supra), eux aussi n’ont pas été pris en considération dans le

tableau 4 et les tables similaires infra.

Tableau 4. Réalisations de [ɛ] anglais en-dehors des cas de maintien

Orthogr. (occurr.) [e] [ə] [i] [a]

e (7) 4

57,1%

2

28,6%

1

14,3%

0

0,0%

a (5) 2

40,0%

0

0,0%

0

0,0%

3

60,0%

ea (1) 0

0,0%

0

0,0%

1

100,0%

0

0,0%

Total (13) 6

46,2%

2

15,4%

2

15,4%

3

23,1%

Le tableau, malgré le nombre quelque peu bas d’attestations qui y sont concernées, illustre

parfaitement l’importance de l’orthographe : les graphies e et a sont de préférence réalisées

[e] et [a], qui correspondent tous les deux à ces lettres en français — même, dans quelques

emprunts, pour ce qui est du e sans accent : Nigeria —, tandis que le digramme ea en principe

inexistant en français s’est prononcé, ici encore à tort, [i] tout comme c’est le cas dans des

emprunts comme dealer.

5.1.1.3. Voyelle fermée antérieure non arrondie — [i]

En-dehors des cas de maintien, de changement de longueur et de la chute du dernier e

dans Scorsese, la voyelle fermée antérieure non arrondie [i] de l’anglais a été prononcée de

36

Notons la différence avec l’anglais britannique, où nous aurions [tajmz skwɛə] et non pas [tajmz skwɛɹ].

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39

quatre manières différentes dans notre échantillon. Ici aussi, l’orthographe semble avoir une

influence importante, quoique celle-ci soit à première vue moins nette qu’ailleurs. Écrit e

(Irene), le [i] anglais s’ouvre en [ɛ] ou sa variante allongée [ɛ:] pour l’un des deux noms dans

lesquels nous avons rencontré cette orthographe : Irene est représenté par huit occurrences,

mais l’adaptation est à expliquer facilement en référant à l’équivalent français Irène de ce

nom. Pour l’autre nom dans lequel le [i] anglais adapté s’écrit e, Edenbridge, nous avons

enregistré la prononciation quelque peu surprenante [aj]. Comme ni l’orthographe, ni des

procédés phonologiques évidents pourraient expliquer ce remplacement par une diphtongue

commençant justement par [a], voyelle qui se trouve à l’autre extrémité du spectre vocalique

par rapport à [i], il s’agit ici probablement d’un lapsus.

Pour notre seule occurrence du non-maintien où [i] est écrit ee, Whitehall Street, la

réalisation avec [e] pourrait passer pour l’un de nos exemples emblématiques de la

prépondérance de l’orthographe. La connaissance tout compte fait avancée de l’anglais — le

cas concerne un énoncé provenant d’un journaliste de France 237

—, et le fait qu’un nom

commun comme street soit quand même assez courant, en font une occurrence d’autant plus

remarquable. À décharge, nous avons cependant hâte d’ajouter qu’il ne s’agit ici pas du tout

d’une tendance générale, les autres noms dans notre corpus comportant la même orthographe

pour le même son (Milwaukee, Kirk Green et Wall Street) ayant toujours été prononcés avec

[i].

Le toponyme Phoenix, seul nom dans notre corpus dans lequel [i] s’orthographe oe, s’est

prononcé comme les substantifs français phœnix et phénix — dont la parenté avec le nom de

la ville a probablement été claire aux yeux du journaliste de TF1 en question — pour ses deux

seules occurrences ; il n’y a pour cette orthographe donc pas de cas de maintien du [i] de

l’anglais. Les mots communs et noms propres d’origine grecque comportant la même ligature

que phœnix (p.ex. œdème, Œdipe) n’ont cependant pas l’exclusivité de pouvoir se prononcer

[e], Martinon (1913 : 76-77) notant que même les noms d’origine allemande Rœderer et

Kœnigsberg (écrits tous les deux avec oe de nos jours, pour autant que l’on a besoin du

toponyme historique) pouvaient à l’époque se prononcer de cette manière, contrairement à

p.ex. Wœrth.

Dans Battery Park, le y a été prononcé [ej], une diphtongaison difficile à expliquer,

puisque la prononciation [i] serait tout à fait normale en français pour un i grec dans une

position similaire — il s’est dans notre échantillon en effet maintenu dans des noms comme

37

Notons que c’était dans cette même occurrence que le [ɹ] s’est prononcé [w], cf. supra.

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Tiffany, Patsy Morris et Bollywood. Ainsi, l’hypothèse d’un lapsus se révèle ici la plus

vraisemblable, la seule occurrence en question étant réalisée par le même journaliste et dans le

même reportage où nous avons également entendu Whitehall Street avec ses deux adaptations

insolites du r et du digramme ee (cf. supra).

Le dernier avatar du [i] adapté dans notre corpus est le digramme ey (Wembley). Quant à

cette orthographe, l’usage est plus hésitant : pour la seule occurrence de Wembley et pour cinq

des neuf attestations de New Jersey, l’on a prononcé en ouvrant en [ɛ]. Ce dernier nom a en

outre été prononcé avec une ouverture moins extrême (en [e]) ainsi qu’avec maintien de la

voyelle fermée [i]. La première adaptation nous semble motivée par l’orthographe (cf. fr.

jersey), la dernière reste fidèle à la langue source, et la seconde se trouve quelque part entre

les deux.

Pour conclure notre analyse des adaptations du [i] anglais, nous tenons à noter que

l’allongement allant de pair avec cette voyelle dans certaines positions en anglais (Steve Jobs)

disparaît dans huit occurrences, réparties à travers les quatre noms Steve Jobs, Katrina, Kirk

Green et Manganese Bronze Holdings. Cette observation reflète la tendance du français à

seulement ouvrir la voie à l’allongement dans les syllabes finales (cf. cave [ka:v] versus

caverne [kaˈvɛʁn]), et que là encore, ce sera la nature de la consonne finale et/ou de la voyelle

en question qui déterminera si l’allongement est possible : les groupes de mots Steve Jobs et

Manganese Bronze Holdings forment en français chacun un groupe de mots comportant un

seul « accent de groupe de sens » à la fin, raison pour laquelle l’allongement originel des deux

[i] se perd. Dans Katrina, l’accent se déplace à la dernière syllabe et le [i] est de cette manière

empêché de conserver son allongement en français, tandis que dans Kirk Green, l’accent reste

évidemment sur la dernière syllabe mais le n final empêche l’allongement.

Le tableau 5 donne l’aperçu des adaptations subies par les [i] non conservés.

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Tableau 5. Réalisations de [i] anglais en-dehors des cas de maintien

Orthogr. (occurr.) [ɛ], [ɛ:] [aj] [e] [ej]

e (9) 8

88,9%

1

11,1%

0

0,0%

0

0,0%

ee (1) 0

0,0%

0

0,0%

1

100,0%

0

0,0%

oe (2) 0

0,0%

0

0,0%

2

100,0%

0

0,0%

y (1) 0

0,0%

0

0,0%

0

0,0%

1

100,0%

ey (9) 6

66,7%

0

0,0%

3

33,3%

0

0,0%

Total (22) 14

63,6%

1

4,5%

6

27,3%

1

4,5%

Les observations que nous pouvons extraire de la table se trouvent parfaitement dans le

droit fil de celles découlant de la table 5 : d’un échantillon de 22 noms avec [i] dont 21

écrivent cette voyelle avec e ou un digramme comportant cette lettre, 63,6% présentent la

réalisation [ɛ] ou sa variante longue en prononciation francisée.

5.1.1.4. Voyelle mi-ouverte postérieure arrondie — [ɔ]

Quand la voyelle mi-ouverte postérieure arrondie [ɔ] ou sa variante allongée [ɔ:] (Skyfall)

n’a pas été maintenue, elle a été adaptée de deux manières (abstraction faite des cas dans

lesquels l’allongée s’est raccourcie) : en la fermant en [o] ou [o:] ou bien en l’ouvrant en [a].

La fermeture s’est produite dans deux noms (Skyfall et Milwaukee), présents avec deux

attestations chacun et ne se rencontrant pas avec d’autres prononciations. Pour Milwaukee, la

fermeture s’explique facilement de par l’orthographe ; pour Skyfall, par contre, nous estimons

que l’on s’est efforcé de maintenir l’allongement propre à l’original anglais, mais que la

fermeture était presque inévitable parce que [l] final ne favorise pas l’allongement en français

pour l’ouverte [ɔ] (cf. col [kɔl] versus cor [kɔ:ʁ]). Pour 25 occurrences dans lesquelles le [ɔ]

s’écrit a (Washington), nous avons répertorié la prononciation avec [a]. Ici aussi,

l’orthographe forme la condition sine qua non pour cette réalisation, mais le contraire n’est

pas toujours le cas : comme noté supra pour Skyfall, il y a bel et bien des attestations dans

lesquelles a prononcé [ɔ] en anglais n’a pas été réalisé [a]. Les noms concernés par

l’adaptation en [a] concernent Washington (22 occurrences), Utah (une), Baltimore (une) et

Washington Post (une).

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42

Le [ɔ:] allongé a été raccourci dans 32 occurrences ; toutes concernent les noms Ford, Los

Angeles et Ford Europe. Là encore, la consonne ou le groupe consonantique final ne favorise

pas non plus l’allongement en français.38

Le tableau 6 résume les résultats obtenus pour les occurrences des [ɔ] adaptés.

Tableau 6. Réalisations de [ɔ] et [ɔ:] anglais en-dehors des cas de maintien

Orthographe (occurrences) [o] [a]

a (27) 2

7,4%

25

92,6%

au (2) 2

100,0%

0

0,0%

Total (29) 4

13,8%

25

86,2%

5.1.1.5. Voyelle fermée postérieure arrondie — [u]

La dernière voyelle commune à l’anglais et au français à être adaptée de temps à autre en

prononciation francisée, est la voyelle fermée postérieure arrondie [u] (Judi Dench). Ici aussi,

l’orthographe tend à jouer un rôle déterminant. Ainsi, pour trois noms (Judi Dench, Ruby et

Ku Klux Klan ; quatre occurrences au total) où la voyelle s’écrit u, elle est fermée en [y]

comme si la lettre était utilisée à l’intérieur d’un mot français. Quand, en revanche, elle

s’orthographe oo, [u:] se maintient mais se raccourcit en [u], Michael Bloomberg étant

cependant le seul nom de cette catégorie à figurer dans notre corpus — bien qu’il soit présent

par quatre attestations prononcées toutes de la même manière au niveau de cette voyelle.

Pour les nombreuses occurrences, à savoir 79, dans lesquelles [u] s’écrit ew (Lewis

Hamilton), le [w] encore présent dans l’orthographe s’introduit toujours en prononciation

francisée. Pour l’anglais britannique, ou un yod se réaliserait dans la prononciation des

nombreux toponymes du type New York (cf. new : brit. [nju:] vs. am. [nu:]), seul le nom Lewis

Hamilton entre ici en ligne de compte. Les deux réalisations [ew] et [uw] sont ici présentes

une fois chacune, l’une chez un journaliste de TF1, l’autre sur RTL-TVI. Pour l’anglais

américain, ew s’est prononcé sans le yod comme dans la langue source (New York) — mais en

introduisant donc bel et bien le [w] de l’écrit — dans 72 des 77 cas (soit 91,1%).

L’omniprésence de l’exemple cité39

explique le nombre beaucoup moins élevé de noms

(types) sur lesquels les attestations se répartissent (cinq, avec, à côté de New York, encore New

Hampshire, New Jersey, New York Times et New York Post). Il y a mouillure, probablement

38

Un r final seul donnerait lieu à l’allongement en français, le groupe consonantique –rd ne le fait pas. 39

L’ouragan Sandy ravageait la ville au moment de notre enregistrement.

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sous l’influence de l’anglais britannique, dans les cinq cas restants (concernant tous New York

ou New Jersey).

Dans le tableau 7, nous résumons les constats faits par rapport aux [u] modifiés.

Tableau 7. Réalisations de [u] et [u:] anglais en-dehors des cas de maintien

Orthogr. (occurr.) [y] [ew] [uw] [juw]

u (4) 4

100,0%

0

0,0%

0

0,0%

0

0,0%

ew (brit.) (2) 0

0,0%

1

50,0%

1

50,0%

0

0,0%

ew (am.) (77) 0

0,0%

0

0,0%

72

93,5%

5

6,5%

Total (83) 4

4,8%

1

1,2%

73

88,0%

5

6,0%

5.1.2. Consonnes

Pour les consonnes aussi, nous faisons la distinction entre d’une part, les consonnes

propres à l’anglais qui n’appartiennent pas à l’inventaire phonologique français traditionnel

(celles qui n’apparaissent que dans des emprunts, p.ex. [dʒ], incluses) et d’autre part, les

consonnes connues en français qui ont néanmoins fait l’objet d’une adaptation en

prononciation francisée. En rapport avec ce dernier groupe, nous ferons quelques observations

concernant des phénomènes comme l’assourdissement, la sonorisation et la détente

consonantique.

5.1.2.1. Consonnes absentes en français

Parmi les consonnes en principe inconnues au français, cinq sont représentées dans notre

corpus : [h ɹ θ dʒ tʃ]. Nous référons au sous-chapitre 4.3. pour une description de la chute

systématique du [h], qui s’est manifestée pour toutes les langues sources concernées. De

même, le remplacement presque systématique de la consonne spirante alvéolaire voisée [ɹ] par

la fricative uvulaire voisée [ʁ] du français est loin d’être limité à la seule langue source

anglaise ou à la réalisation usuelle [ɹ] de celle-ci, et a pour cette raison été amplement décrit

sous le 4.4. Le sort du [h] et du [ɹ] ne sera donc pas discuté ici, même si dans le tableau en fin

de section ces phénomènes seront inclus.

La consonne fricative dentale sourde [θ] (Keith Richards) ne se présente que deux fois

dans notre base de données. Elle est maintenue dans les noms Keith Richards et Southampton,

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même si ce dernier a été pourvu d’une consonne fricative alvéolaire sourde [s] entre la dentale

et le [a] francisé, phénomène que nous ne pouvons classifier autre part que parmi les

tentatives pas tout à fait réussies de réaliser une consonne « exotique » (cf. aussi nos

observations au niveau du [ɹ] supra). Il est possible que la consonne parasite, qui se trouve

quelque part entre les deux quant au lieu d’articulation, se soit ici introduite en passant de la

dentale au [s].

La consonne affriquée post-alvéolaire sourde [tʃ] (Child Focus) ainsi que son homologue

voisée [dʒ] (James Bond) se maintiennent dans la majorité de leurs occurrences (quatre sur

cinq respectivement 45 sur 48), une constatation pouvant facilement s’expliquer par le simple

fait que de chacune de ces deux affriquées, les deux composantes sont connues en français (à

part la fréquence élevée dans les médias français des exemples cités, qui sont récurrents) — la

non-adaptation de ces affriquées dans un nombre limité d’emprunts français comme poncho

(cf. aussi l’orthographe alternative tchao pour ciao, explicitant le maintien de la prononciation

italienne) ou gin (cf. aussi Djibouti avec dj) démontre d’ailleurs qu’un francophone n’a a

priori pas beaucoup de peine à les réaliser. Les quatre exceptions concernent, pour la sourde,

Judi Dench40

(une occurrence, avec la consonne fricative post-alvéolaire sourde [ʃ] seul) et,

pour la voisée, George Bush (trois occurrences, ici aussi avec la simplification en fricative

post-alvéolaire voisée [ʒ] seule). Dans le premier cas, l’exception s’interprète — outre de par

l’influence de l’écrit, cf. la note 40 — par le fait que Judi Dench est le seul nom dans lequel

l’affriquée fait partie d’un groupe consonantique, les trois autres noms concernés (Child

Focus, Keith Richards et Chard) ayant [tʃ] seul comme attaque. La deuxième exception

s’éclaire évidemment à la lumière de la parenté avec le prénom français Georges (cf. aussi

Michael Bloomberg et Delaware supra).

Le tableau 8 fournit les taux de maintien de chacune des consonnes inconnues au français.

Tableau 8. Taux d’adaptation des consonnes anglaises inconnues en français

Consonne Cas d’adaptation Cas de maintien Taux d’adaptation

[h] 26 0 100,0%

[ɹ] 415 17 96,1%

[θ] 1 1 50,0%

[tʃ] 1 4 20,0%

[dʒ] 3 45 6,3%

Total 446 67 86,9%

40

Concernant le même groupe consonantique, Grevisse & Goosse (1995³) donnent pour l’hésitation quant à la

prononciation des emprunts l’exemple sandwich, dans lequel l’on aurait le choix d’une part entre [s ] et [san],

d’autre part entre [itʃ] et [iʃ]. En d’autres mots, l’hésitation entre l’affriquée anglaise et la

francisation/simplification en [ʃ] se présente d’exactement la même manière au niveau de certains emprunts

consacrés.

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La table illustre la grande différence entre d’une part les consonnes étant tout à fait

« exotiques » par rapport au français (taux d’adaptation entre 50,0% et 100%) et d’autre part

les affriquées composées de deux éléments existant chacun en français (6,3% à 20,0%). Si

nous additionnons les taux obtenus pour les consonnes et pour les voyelles anglaises, nous

aboutissons à un total de 92,4%.

5.1.2.2. Consonnes communes à l’anglais et au français

L’anglais et le français ont 17 phonèmes consonantiques en commun : [m n p b t d k ɡ f v

s z ʃ ʒ j w l] (Giegerich, 20058). La plupart de ces consonnes se maintiennent de manière

systématique en prononciation francisée. Nous avons toutefois rencontré, en plus des

« simples » sonorisations et assourdissements finaux et détentes consonantiques (que nous

traiterons dans cette même section41) et de tous nos constats relatifs à l’éventuelle nasalisation

avant [n] ou [ŋ] (auxquels nous dédierons le 5.1.3. infra), quelques exemples d’adaptations —

parfois marginaux, certes — qui méritent notre attention. Ces occurrences ne concernent que

[d], r muet en anglais, [s], [z] et [w] et se trouvent le plus souvent dans des conditions

spécifiques quant à l’orthographe ou à l’origine des noms, ces derniers ayant souvent fait

l’objet d’abord d’une anglicisation aux États-Unis.

Ainsi, la sonorisation de la consonne occlusive alvéolaire sourde [t] en [d], possible dans

certains contextes, a été supprimée dans notre corpus pour le nom Ted Ligety, qui a été

prononcé simplement avec [t] en prononciation francisée.

Les r non prononcés de l’anglais britannique ou australien (Eurostar) apparaissent de

manière systématique en français. Vu l’ubiquité du [ʁ] français pour toute réalisation possible

du phonème /r/ (et pour chaque langue source), cette observation ne nous surprend guère. Un

schwa final écrit –er (Mick Jagger) s’adapte, à cause de l’apparition du [ʁ], en [œ:] allongé,

comme ce serait le cas dans une position semblable à l’intérieur d’un mot français. La seule

exception à cette dernière observation est l’introduction d’un [ɹ] justement — dans cette

position un phénomène plutôt américain — dans une occurrence de Keith Richards. Cette

réalisation provient d’ailleurs de Gilles Bouleau de TF1, comme nous l’avons indiqué ci-

dessus ancien correspondant dans le monde anglophone. Dans deux occurrences, nous avons

trouvé l’adaptation de –er en [ɛ:ʁ] au lieu de [œ:ʁ], les attestations présentant cette dernière

adaptation étant au nombre de neuf. Ces deux exemples avec [ɛ:ʁ] concernent tous les deux le

41

Ceci ne concerne pas les sonorisations et assourdissements identifiables comme étant dus à l’assimilation,

phénomène que nous traiterons à part aussi : cf. infra.

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nom de famille australien Webber, mais ce qui est plus remarquable, c’est le constat qu’ils se

sont prononcés sur deux chaînes différentes (France 2 et RTL-TVI) et à deux dates

différentes. Toutes formes confondues, un r absent en prononciation anglaise est apparu à 18

reprises dans notre corpus.

Dans certains noms d’origine juive ou allemande anglicisés, comme p.ex. Bernstein, le s

devant t de l’attaque, encore prononcé au moyen de la consonne fricative post-alvéolaire

sourde [ʃ] en allemand, s’est antériorisé en [s] en anglais, reflétant la prononciation usuelle du

son dans cette langue. Curieusement, en prononciation francisée, il s’est postériorisé de

nouveau au point de passer au [ʃ] originel propre à l’allemand. Deux occurrences présentent

ce phénomène ; il s’agit des noms Bernstein (seule occurrence de ce nom dans le corpus) et de

Frankenstorm, mot-valise de Frankenstein et de storm inventé pour désigner l’ouragan Sandy.

Pour Frankenstorm, la seule réalisation à [ʃ] se trouve cependant en équilibre avec une autre à

[s]. Apparemment, dans de tels cas, les locuteurs francophones sont inconscients de la

prononciation alvéolaire en anglais. L’orthographe se voit ici donc mise au second plan, et

l’étape « anglaise » est en quelque sorte sautée. Une constatation tout à fait comparable est la

réalisation avec la consonne affriquée alvéolaire voisée [dz] de la fricative alvéolaire voisée

[z] dans Mark Zuckerberg, un nom d’origine allemande dans lequel Z se prononcerait avec

l’affriquée alvéolaire sourde [ts] en allemand mais s’est anglicisé en [z] aux États-Unis. Tout

comme pour le [ʃ] dans Bernstein, le locuteur tâche ici de reconstruire la prononciation

originelle d’un nom pourtant anglicisé depuis longtemps : une forme d’hypercorrection.

Notons toutefois la sonorisation en [dz], [ts] étant probablement moins naturel à réaliser pour

un francophone — en témoigne p.ex. la prononciation alternative [dzaʁ] pour tsar —, et

l’orthographe avec Z jouant probablement son rôle également.

L’une de nos observations les plus remarquables est sans doute la chute du [z] final du

pluriel dans la seule occurrence du nom Stones (fidèle en cela à la prononciation française du

pluriel), à côté de quatre occurrences du nom complet Rolling Stones dans lesquelles le [s] a

bien été réalisé. Il s’agit en effet d’une attestation tout à fait isolée des autres occurrences, qui

provient de Julian Bugier, présentateur du journal sur TF1. Pour les autres noms au pluriel

(p.ex. Jets, Sharks), la marque anglaise du nombre pluriel à l’oral s’est maintenue de manière

systématique.

La dernière observation liée aux changements spécifiques affectant les voyelles connues

au français concerne la consonne spirante labio-vélaire voisée (et semi-voyelle) [w]. Quoique

la lettre w, équivalent graphique typique de ce son et courante en français dans des emprunts

comme wagon, soit réalisée en France le plus souvent en [v] — mais [w] en Belgique… —,

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nous avons eu la liberté de ranger cette voyelle parmi celles faisant partie de l’inventaire

phonologique du français, d’autant qu’elle nous est familière dans un nombre limité de mots

comme oui ou ouistiti et par la combinaison oi (boîte). Les francophones semblent par

conséquent en général ne pas avoir de peine à réaliser le [w] dans des contextes plus

« exotiques » comme des noms propres anglais (Pat McQuaid, Bollywood, Wisconsin, …),

ou, comme nous le verrons plus loin, d’autres langues sources. Pour les deux seules

occurrences de — une fois de plus — le nom australien Webber, nous avons cependant noté

deux réalisations avec la consonne fricative labio-dentale voisée [v] qui rappelle la

prononciation hexagonale de certains emprunts anglais consacrés. Rappelons que les deux

occurrences du nom en question se trouvent dans notre corpus à deux endroits tout à fait

différents. Une explication s’appuyant sur la position en attaque n’est de toute façon pas

défendable : Wisconsin, Wembley ou West Side Story p.ex. se sont prononcés avec [w] aussi.

L’assourdissement aussi bien que la sonorisation de certaines consonnes finales sont des

phénomènes souvent récurrents, mais dans la plupart des contextes loin d’être systématiques.

Ainsi, le [d] final prononcé comme tel en anglais (Ford) a été désonorisé dans une minorité

des occurrences de l’exemple cité (18 de 56) et le seul autre nom pour lequel cette observation

a pu se faire est Staten Island (une attestation seule). À côté de la fréquence élevée des mots

terminant par [d] en français, les nombreux contre-exemples de l’assourdissement décrit (Pat

McQuaid, James Bond, Bollywood) étayent l’hypothèse selon laquelle il n’y a en général pas

de tendance à éviter la sonore [d], pas non plus en Belgique particulièrement42

, tout comme ce

sera d’ailleurs le cas pour la plupart des autres voisées. Pour le reste, les désonorisations sont

plutôt rares en-dehors des cas d’assimilation. Pour la consonne fricative alvéolaire voisée [z]

en coda présente dans Fresno, nous avons répertorié la désonorisation dans les trois seules

occurrences du nom. Vu le caractère voisé de l’occlusive nasale alvéolaire voisée [n] qui la

suit, le maintien de l’assimilation naturelle de la langue source aurait été moins surprenant ;

nous estimons par conséquent pouvoir parler d’une hypercorrection ici aussi, possiblement

sous l’influence des mots en –isme dans lesquels l’occlusive nasale bilabiale voisée [m] se

désonorise sous l’influence du [s] quand l’on ne prononce pas le schwa.

42

Les 18 assourdissements dans Ford proviennent bien tous de journaux belges, mais seulement un des 56

attestations du nom au total provient d’un journal français. Il y a, en d’autres mots, pour ce nom propre

seulement aussi en Belgique une majorité de cas de maintien de la sonore.

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Pour ce qui est de la consonne occlusive vélaire sourde [k], réalisée en anglais dans

certains noms écrits avec g d’origine juive ou allemande comme p.ex. Mark Zuckerberg43

,

celle-ci s’est sonorisée dans les trois occurrences de ce nom en [ɡ], fidèle en cela à la

prononciation française de cette graphie et rappelant le même groupe consonantique présent à

la fin de nombreux patronymes ou toponymes alsaciens se terminant de cette manière en

français (Kaysersberg, Zellenberg). La modification pourrait s’expliquer simplement par le

fait que les locuteurs francophones ignorent le caractère sourd de la dernière consonne dans la

langue source. Dans l’une des trois occurrences répertoriées, la sonorisation va de pair avec

une détente consonantique : [maʁgzykəʁˈbɛ:ʁgə].

Pour le [s], la seule réalisation vraiment remarquable concerne la sonorisation en [z] à la

fin du nom d’origine espagnole Daniel Rodriguez (une occurrence seulement), dans lequel le

z était déjà sourd en espagnol et l’est en général resté en prononciation anglaise. Le français

étant bien apte à réaliser [z] en position finale, il est possible que le journaliste en question ne

soit pas au courant de l’inexistence du son en espagnol.

Une autre sonorisation est celle de toute la combinaison [ts] dans Keith Richards,

cependant présente dans une attestation seulement (la seule du nom concerné). Le r absent

dans la prononciation anglaise s’est réalisé ici, comme signalé plus haut, comme la voisée [ɹ],

et la sonorisation des deux dernières consonnes est donc un cas d’assimilation progressive.

Quant aux détentes consonantiques44

, elles se sont produites après [d] (Pat McQuaid), la

spirante latérale alvéolaire voisée [l] (Beall), [s] (Lotus), [z] (Steve Jobs) et quelques groupes

consonantiques, ne dépassant toutefois le nombre de cinq occurrences que pour ce dernier

groupe et pour [d]45

. Les trois groupes consonantiques concernés, tous représentés par un seul

nom, sont [ft] (Microsoft ; deux occurrences), [ks] (Ford S-Max ; une), [ʁɡ] (Michael

Bloomberg ; une) et [ʁk] (New York ; six). De ces noms, seul New York est représenté

également par d’autres attestations ne présentant pas la détente consonantique, englobant la

majorité de toutes les occurrences de ce toponyme (51 contre douze). Notons que trois de ces

quatre différents groupes consonantiques se terminent par une sourde, tandis que la détente

43

Cette usance anglaise ne diffère d’ailleurs pas de l’allemande, où g final s’assourdit même systématiquement,

contrairement en cela aux nombreux exemples de mots anglais « autochtones » qui gardent leur sonorité (bag).

Le phénomène s’appelle Auslautverhärtung en allemand. 44

Les quelques détentes consonantiques observées à la fin des combinaisons répondant aux critères pour notre

examen de la nasalisation sont exclues ici et seront traitées, là où nous l’avons estimé opportun, dans la section

consacrée à ce phénomène ; cf. infra. 45

Notons cependant qu’il n’est souvent pas facile de marquer la limite entre l’absence et la présence d’une

détente consonantique, et que les chiffres fournis devront être approchés, particulièrement pour ce qui regarde ce

phénomène, avec la réserve appropriée.

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consonantique se limite pour les consonnes simples sourdes à une seule attestation dans le

nom Lotus.

Pour les groupes consonantiques, nous pouvons établir ici un parallèle avec le français

« autochtone » : la majorité des mots français terminant par un tel groupe à l’oral (p.ex. être)

sont pourvus d’un e à l’écrit qui peut oui ou non être réalisé — comme un schwa ou affaibli

en une sorte de détente. En-dehors de ce groupe, le nombre de groupes consonantiques finaux

en français est assez limité — il pourrait donc être question d’un certain malaise vis-à-vis ces

groupes parmi les francophones, malaise qui se reflète dans les quelques détentes observées

dans notre corpus. Rappelons toutefois qu’il ne s’agit que d’une minorité des groupes

consonantiques (il n’y a pas eu d’adaptations à ce niveau pour p.ex. Kraft Foods, Sharks ou

Mark Zuckerberg)46

, et que le phénomène ne saurait par conséquent être surestimé.

5.1.3. Nasalisation

Afin de pouvoir esquisser la mesure dans laquelle la nasalisation des voyelles — procédé

standard en français pour toute séquence composée d’une voyelle et d’une consonne nasale à

l’intérieur de la même syllabe — se présente aussi dans les noms étrangers, nous avons noté

toutes les occurrences d’une telle suite de sons — maintiens et adaptations de la langue source

confondus47

. Nous avons toutefois exclu d’avance les séquences comportant un [m],

l’introduction d’une nasalisation dans des noms propres étrangers y étant rarissime48

.

Pour l’anglais, nous avons inclus, outre les suites de sons avec [n], toutes les

combinaisons terminant par la consonne occlusive nasale vélaire voisée [ŋ] (cf. fr. parking).

Quoiqu’il n’y ait généralement pas de nasalisation dans les emprunts à l’anglais comme

l’exemple cité49

, nous avons procédé de cette manière parce que nous avons quand même

répertorié quelques cas dans lesquels il y a eu nasalisation, oui ou non sous sa forme francisée

46

Puisque nous n’avons inclus dans notre liste des observations établie préalablement à la rédaction de ce travail

que les adaptations des sons connus en français (hors, évidemment, tout le comportement des sons inexistants en

français), nous ne pouvons pas fournir de taux d’adaptation au niveau de ceux-ci. 47

L’anglais ne connaît pas de voyelles nasales ; cf. les sections concernées pour voir la manière à laquelle nous

avons procédé pour les langues de l’inventaire phonologique dont elles font bien partie. 48

Nous n’avons en effet trouvé aucune occurrence d’une nasalisation dans une telle situation. 49

Il est, pour des mots en –ing comme parking, qui constituent une partie importante des emprunts anglais

comportant le [ŋ], d’ailleurs difficile d’introduire une nasalisation, le français ne possédant pas la nasale [ĩ]

représentée en Europe par le portugais ou par la variété guègue de l’albanais, notamment. Remarquons toutefois

qu’une nasalisation en [ɛ ], comme elle se ferait pour les terminaisons françaises –in, est ici bel et bien possible

selon Levitt (1968 : 24), qui cite les réalisations [meˈtɛ ɡ] pour meeting et [d ˈsɛ ɡ] pour dancing, qui se

prononcent dans le Petit Robert (2008) simplement [miˈtiŋ] et [d ˈsiŋ]. Shamp(o)oing est sans doute un cas

spécial ; cf. pour le reste la nasalisation en portugais du premier élément — anglais — du nom Sporting Portugal

infra.

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[ŋɡ], et que les éléments comportant cette consonne à la fin entrent donc apparemment en

ligne de compte pour un examen de la nasalisation.

Pour les exemples de l’anglais, nous avons répertorié les 13 combinaisons suivantes : [ n]

(am. Monster Storm), [ɒn] (brit. ; p.ex. Manganese Bronze Holdings), [æn] (Lance

Armstrong), [ən] (répartie parmi trois orthographes ; p.ex. Manhattan), [ɔn] (James Bond),

[aʊn] (Roundup), [ejn] (Angel), [ɪn] (Austin), [n] écrit –on (Washington), [oʊn] (Boca

Raton), [ ŋ] (am. Long Island Express), [æŋ] (Frankenstorm) et [ɔŋ] (Lance Armstrong).

Puisqu’à toutes ses suites de sons correspondent encore une multitude de réalisations

possibles, nous nous abstiendrons de les traiter toutes individuellement pour fournir plutôt un

aperçu global de nos constatations. Le tableau 9 les traduit en chiffres ; vu la grande

importance de l’orthographe constatée dans nombre de situations supra — a fortiori quand un

schwa est en jeu —, nous faisons pour cette table d’emblée la distinction entre les différentes

orthographes de l’élément [ən]. Par souci de clarté, signalons que le tableau ne tient pas

compte d’adaptations au niveau de la voyelle autres que la nasalisation pure et simple, pas

plus que des changements au niveau des consonnes autres que leur chute qui va parfois de

pair avec la nasalisation.

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Tableau 9. Nasalisation pour la langue source anglaise

Élément Cas de

nasalisation

Cas de non-

nasalisation

Taux de

nasalisation

Dont avec chute

de consonne50

Taux de chute

de consonne

[ n] (am.)51

2 0 100,0% 1 50,0%

[ɒn] (brit.) 1 0 100,0% 1 100,0%

[æn] 74 58 56,1% 43 58,1%

[ən] an 7 14 33,3% 5 71,4%

[ən] en 0 1 0,0% — —

[ən] on 0 22 0,0% — —

[ɔn] et [ɔ:n] 2 0 100,0% 2 100,0%

[aʊn] 0 2 0,0% — —

[ejn] 1 1 50,0% 1 100,0%

[ɪn] 0 1 0,0% — —

[n] on 0 23 0,0% — —

[oʊn] 0 1 0,0% — —

[ ŋ] (am.)52

1 0 100,0% 0 0,0%

[æŋ] 4 0 100,0% 2 50,0%

[ɔŋ] 50 24 67,6% 0 0,0%

Total 142 147 49,1% 55 38,7%

La grande disparité entre les différents taux de nasalisation saute immédiatement aux

yeux. Regardons les taux supérieurs à 50% : [ n], [ɒn], [ɔn] (tous les trois écrits on), [ ŋ],

[ɔŋ] (écrits ong), [æn] et [æŋ] (avant [ɡ] ou [k] ; écrits an). Tous ces éléments correspondent à

l’écrit à une voyelle dont la nasalisation se ferait de manière naturelle et plutôt régulière en

français, aboutissant à [ɔ ] pour les cinq premières combinaisons et à [ ] pour les deux

dernières.

Les éléments présentant un taux inférieur à 50% — [ən] (écrit comme dans Manhattan,

Woody Allen ou Boston), [aʊn] (Roundup), [ɪn] (Austin), [n] (Washington) et [oʊn] (Boca

Raton) — s’avéreraient par contre en général moins aptes à une nasalisation naturelle. Les

diphtongues [aʊ] et [oʊ] n’existent pas en français et ne peuvent par conséquent pas être

nasalisées telles quelles. Le schwa n’a pas d’homologue nasalisé : si l’on veut introduire la

nasalisation ici, l’on se trouve presque obligé à se baser en premier lieu sur l’orthographe et

sur la réalisation de celle-ci en français. Dans un tel cas, une voyelle anglaise subirait deux

adaptations essentielles en prononciation francisée : premièrement, l’on part de l’orthographe

au lieu de la prononciation anglaise ; deuxièmement, l’on va nasaliser la voyelle obtenue, qui

elle-même se trouvait déjà loin du schwa dans le spectre vocalique. La réalisation des noms

50

Cette colonne et la suivante ne concernent que les cas de nasalisation : les 100% correspondent donc à tous les

cas de nasalisation seulement. Il est évident que les consonnes nasales ne peuvent pas tomber sans que la

nasalisation de la voyelle s’introduise. 51

Le [ ] existant en anglais britannique aussi (cf. bath), la mention entre parenthèses ne sert qu’à rendre compte

du fait que les occurrences concernées proviennent toutes de noms américains qui n’auraient pas cette voyelle

s’ils étaient britanniques. 52

Cf. la note 51.

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52

en question serait, en d’autres mots, trop éloignée de l’origine pour qu’elle ne suscite pas

d’aliénation. Cette hypothèse s’applique aussi pour [ɪn] — le français, comme signalé déjà, ne

connait pas de [ĩ] et devrait avoir recours au [ɛ ], procédé tout à fait naturel en français

autochtone mais qui changerait trop les noms étrangers a priori moins connus — et pour le [n]

écrit on, quoique Boston se prononce traditionnellement [bɔsˈtɔ ] en français canadien53

. Le

comportement ambigu de la diphtongue [ej] dans le seul nom concerné, le prénom d’origine

espagnole Angel, — une occurrence nasalisée versus une non nasalisée, toutes les deux

énoncées par la correspondante Maryse Burgot (France 2) dans le même reportage — pourrait

s’expliquer que pour l’un cas, on a évité la nasalisation de la manière décrite ci-dessus, et

pour l’autre, l’on a approché le nom concerné du nom espagnol Ángel ou des mots français de

la famille de l’adjectif angélique, qui n’ont pas de diphtongue.

Examinons maintenant de manière un peu plus approfondie l’élément pour lequel nous

avons enregistré le plus d’occurrences (132), à savoir [æn]. Cette combinaison s’est réalisée

de non moins de dix manières différentes, dont cinq comportent la nasalisation (représentant

74 attestations soit 56,1% ; cf. le tableau 10) et cinq y renoncent (58 occurrences, soit 43,9%).

Parmi les dix noms répartis sur les 58 cas sans nasalisation, sept sont représentés par d’autres

occurrences la présentant bel et bien. Les seuls trois noms propres comportant l’élément en

question qui se sont toujours prononcés de façon non-nasalisée sont Landis, Ann Romney et

Manhattan. Le patronyme Landis seul n’est représenté qu’une seule fois dans notre corpus,

mais la seule occurrence du nom complet Floyd Landis a bien été nasalisée. Pour Ann

Romney, une réalisation [ ] dédoublerait le nombre de phonèmes et éloignerait

conséquemment sans doute trop la prononciation de celle de l’anglais — d’autant plus que

nous avons deux n ici, qui ne doivent en anglais avoir aucune signification phonologique mais

qui pourraient bien avoir l’air de vouloir suggérer aux non-anglophones qu’une chute totale de

[n] est hors question. Et quant à Manhattan, une nasalisation est a priori exclue vu la chute

systématique de [h], déléguant au [n] la tâche d’éviter le hiatus entre les deux [æ] francisés en

[a].

Le tableau 10 donne l’aperçu des différentes réalisations de [æn]. Dans l’avant-dernière

colonne, on trouve le nombre des occurrences « minoritaires », c’est-à-dire les attestations de

noms qui sont plus souvent attestés avec une autre prononciation de l’élément [æn] (présente

dans le tableau également, évidemment) ; la dernière colonne nous fournit le pourcentage des

53

Cette prononciation s’inscrit toutefois parfaitement dans notre hypothèse : la proximité de la ville de Boston

étant beaucoup plus grande au Canada qu’en France, elle est plus familière aux francophones canadiens et son

nom a conséquemment pu subir une francisation (revenant, en fin de compte, à une intégration) plus extrême.

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53

occurrences minoritaires pour cette réalisation seulement — le total de 100% équivalant donc

au nombre d’attestations figurant dans la deuxième colonne. Clarifions que dans ce tableau,

les nasalisations et non-nasalisations sont regroupées et que leurs totaux additionnés

correspondent par conséquent à 100%.

Tableau 10. Prononciation de [æn]

Réalisation Occurrences Pourcentage Occurrences

minoritaires

Pourcentage des

occurrences

[ ] 39 29,5% 27 69,2%

[ɛ ] 4 3,0% 3 75,0%

[ɛ n] 1 0,8% 1 100,0%

[ n] 29 22,0% 29 100,0%

[ɛn] et [ɛ:n] 23 17,4% 4 17,4%

[ n] 5 3,8% 2 40,0%

[an] 27 20,5% 14 51,9%

[anə] 1 0,8% 1 100,0%

[æn] 2 1,5% 2 100,0%

[ m] (avant [b]) 1 0,8% 1 100,0%

Total 132 100,0% 84 —

Avec un pourcentage total de 23,6%, les réalisations dans lesquelles une nasalisation s’est

produite mais où la consonne a toutefois été maintenue représentent une partie significative

des occurrences. Tout comme la prononciation [vɛ n] fut en français la prononciation standard

de vin avant que le [n] tombât, cette réalisation peut être considérée comme une sorte de

compromis entre la nasalisation et la non-nasalisation, et par conséquent comme un

compromis entre une francisation inexistante ou légère et une francisation complète. Nous

pourrions interpréter ces occurrences comme des hésitations entre ces deux alternatives.

5.1.4. Assimilation

À la fin de notre aperçu des constatations pour la langue source anglaise, nous avons

consacré une section à quelques assimilations — normalement parlant absentes dans la langue

source — que nous avons pu d’emblée identifier comme telles. Remarquons qu’il est possible

qu’après un examen plus approfondi de certains des constats décrits supra, ils s’avèrent aussi

comme étant en relation avec ce phénomène. Les cas de nasalisation, en particulier, qui sont

en général tous des exemples d’assimilation, ont été traités à part plus haut et seront par

conséquent exclus ci-dessous.

Toutes nos occurrences concernent des assourdissements ou des sonorisations. Côté

assourdissements, nous en avons répertoriés au niveau du [d] précédant une consonne sourde

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(pour les noms Child Focus et Jared Taylor ; quatre attestations au total) et du [z] avant une

sourde (Times Square ; une occurrence) seulement. Quant aux sonorisations, celles-ci se sont

présentées pour [k] précédant une sonore (Mark Zuckerberg seulement ; deux attestations) et

pour [s] dans trois types de situations : devant une sonore (Las Vegas ; une), entre deux

voyelles (Casey Stoner ; deux) et entre une sonore et une voyelle (Lance Armstrong54

; une).

Dans le dernier cas et celui du nom Times Square, il s’agit d’une prononciation minoritaire.

Pour Lance Armstrong notamment, l’occurrence concernée s’oppose à pas moins de 36

attestations dans lesquelles le [s] a bel et bien gardé son caractère sourd.

5.2. Néerlandais

Avec 160 occurrences de noms néerlandais, cette langue est de loin la deuxième langue la

plus amplement représentée dans notre corpus, et la seule outre l’anglais à dépasser les cent

attestations. Nous l’avons pour cette raison jugé approprié de lui consacrer son propre sous-

chapitre. Tout comme nous l’avons fait pour notre analyse des noms anglais, nous ferons

d’abord la distinction entre les voyelles et les consonnes, pour ensuite — au sein de chacune

de ces sections — traiter d’abord la façon à laquelle les sons inconnus en français ont été

réalisés et puis nous pencher sur quelques observations concernant les voyelles et consonnes

communes au néerlandais et au français.

5.2.1. Voyelles

Nous avons répertorié six voyelles appartenant à l’inventaire phonologique néerlandais55

mais pas à celui du français. De par l’anglais supra, nous connaissons déjà le [ ] (Jean-

Claude Van Damme56

), le [ɪ] (Vincent Van Quickenborne) et la diphtongue [oʊ] propre à la

variété hollandaise du néerlandais (Hoogovens). Les trois autres sont la voyelle pré-fermée

antérieure arrondie [ʏ] (Tom De Sutter) et les diphtongues [ɛj] (Meise) et [œy] (Johan

54

La sonore [n] a donc été maintenue ici, la nasalisation ne s’étant pas produite. 55

Cf. Hoebeke (1971), bien que nous ayons utilisé çà et là d’autres signes par souci d’uniformité. 56

Le lecteur notera que nous n’avons pas marqué le premier a, pourtant lui aussi réalisé [ ] en néerlandais : tout

comme pour l’anglais, nous traiterons pour le néerlandais et les autres langues sources plus bas les séquences

éventuellement prédisposées à la nasalisation à part, cf. infra.

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55

Bruyneel ; connue probablement mieux à l’étranger dans Herman Van Rompuy, qui ne figure

pas dans notre corpus)57

.

5.2.1.1. Voyelles absentes en français

Pour la voyelle ouverte postérieure non arrondie [ ], nous pouvons déjà établir un premier

parallèle — ils seront encore, comme nous le verrons infra, nombreux — avec les

constatations pour la langue source anglaise plus haut : les 31 occurrences de cette voyelle ont

été antériorisées sans exception en [a]. Peu de raisons donc pour y consacrer beaucoup de

lignes, et la même chose vaut pour la pré-fermée antérieure non arrondie [ɪ] : là aussi, les 14

attestations se sont fermées indifféremment en [i] comme nous l’avons déjà constaté pour

l’anglais. La troisième et dernière monophtongue inconnue en français, [ʏ], a présenté elle

aussi la fermeture en [y] « français » sans exception : les sept occurrences au total des deux

noms Tom De Sutter et Zulte Waregem le contiennent toutes. Il y a pour les trois

monophtongues propres au néerlandais donc systématiquement une fermeture dans tous les

cas.

Les trois diphtongues [oʊ], [ɛj] et [œy] sont beaucoup moins nombreuses que les

monophtongues, et ne se prêtent par conséquent pas à des conclusions de caractère quantitatif.

Mentionnons cependant que [oʊ] s’est monophtongué dans sa seule occurrence Hoogovens —

comme noté plus haut, la diphtongue se fait entendre moins systématiquement en Flandre, et

il est bien possible qu’un journaliste belge (qui est l’auteur de l’occurrence concernée) n’est

par conséquent pas trop familier avec elle —, que [œy] s’est plus ou moins maintenu pour sa

seule occurrence Johan Bruyneel — notons ici, comme nous l’avons fait de temps à autre

pour l’anglais déjà (cf. supra) que [œ] et le yod [j] sont tous les deux autochtones en français

—, et que [ɛj] s’est prononcée de deux manières différentes pour ses trois seules occurrences :

en le monophtonguant et allongeant en [ɛ:] (Meise ; cf. note 57) ou bien en le maintenant tel

quel (Vandevyvere et René Vandereycken ; ce dernier est peut-être le nom le plus connu à

l’époque58

, ce qui pourrait expliquer en partie le maintien).

Notons que toutes voyelles inexistantes en français confondues, seules deux occurrences

(une de [ɛj] et une de [œy]) sur 57, soit 3,5%, se sont maintenues. Ce taux ne se trouve pas

trop loin de celui de 4,3% observé pour l’anglais plus haut.

57

Ces deux diphtongues appartiennent en principe à la langue standard en Flandre aussi, mais n’y sont pas

réalisées de manière systématique, surtout dans la langue parlée. Les alternatives sont alors le plus souvent les

monophtongues [ɛ] et [œ]. 58

Il s’agit de l’entraîneur de l’équipe nationale belge de football de 2006 jusqu’en 2009.

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56

Le tableau 11 résume les constatations dans le domaine des voyelles néerlandaises

absentes en français.

Tableau 11. Taux d’adaptation des voyelles néerlandaises inconnues en français

Voyelle Cas d’adaptation Cas de maintien Taux d’adaptation

[ ] 31 0 100,0%

[ɪ] 14 0 100,0%

[ʏ] 7 0 100,0%

[ɛj] 2 1 66,7%

[oʊ] 1 0 100,0%

[œy] 1 0 100,0%

Total 56 1 98,2%

Le taux total de 98,2% est légèrement supérieur au pourcentage obtenu pour l’anglais

(96,0%). Si nous excluons les diphtongues, qui ne se prêtent avec leur nombre total de cinq

attestations pas à une conclusion quantitative, nous aboutissons à un taux d’adaptation de pas

moins de 100%, ce qui dépasse de son côté les 98,7% des monophtongues anglaises.

5.2.1.2. Voyelles communes au néerlandais et au français

À part quelques rares observations marginales d’allongements, de détentes consonantiques

ou d’ouvertures, c’est ici encore surtout le traitement du schwa (Lommel) qui saute le plus aux

yeux, présentant quatre différentes réalisations — éventail nettement moins large que celui

observé pour l’anglais, mais vu le caractère beaucoup moins étymologique de l’orthographe

néerlandaise quand même remarquable —, dépendantes de la position de l’e caduc et de la

nature de l’éventuelle consonne suivante.

En syllabe fermée (Tom De Sutter), le résultat dépend de la consonne suivante et de

l’accent, qui se déplace en général vers la dernière voyelle mais le fait, surtout pour le

néerlandais, d’une manière loin d’être systématique. Quand la consonne suivante est la liquide

[l], celle-ci entraîne la prononciation [ɛ] pour notre seule occurrence en syllabe finale

(Lommel), mais maintient le schwa dans Wommelgem, avec –el– non final. Quand la

consonne suivante est, par contre, r (p.ex. Bart De Wever ; avec r francisé pour le néerlandais

en [ʁ] à une exception près) et quand celui-ci est la consonne finale du mot, l’on obtient pour

quinze des 21 occurrences pour lesquelles la syllabe est accentuée au niveau du mot simple —

accentuation toujours déplacée, [ə] ne pouvant être tonique en néerlandais — [œ] ou son

pendant allongé [œ:] (les noms concernés sont Bart De Wever, Alexander De Croo et Tom De

Sutter). Nous pourrions considérer ce son comme l’homologue accentué du schwa pour les

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57

langues dans lesquels celui-ci ne peut être tonique, et il a souvent été difficile à marquer la

limite entre [ə] et [œ] pendant notre travail sur corpus59

. Pour les sept relatives exceptions

dans lesquelles la syllabe finale en –r n’était pas accentuée (il ne s’agit ici que des noms De

Wever et Vandevyvere60), le schwa a été conservé toujours. Quand il s’agit néanmoins d’un r

non final (Tessenderlo), l’on a prononcé [ɛ] pour cinq des six attestations des noms

Tessenderlo, Kris Peeters et Amsterdam, seul l’une des trois occurrences du deuxième nom

faisant exception avec [œ]. Les r finaux favorisant traditionnellement l’allongement avec [œ]

français (cf. largeur, médiateur), l’on éprouve donc nettement moins la tendance de remplacer

ces derniers schwas par ce son spécialiste des séquences terminant par cette lettre, mais le

maintien du schwa a apparemment pas semblé toujours approprié non plus, les syllabes

fermées se prêtant en français beaucoup moins aux schwas que les ouvertes. La différence

entre d’une part les réalisations avec [œ] de Bart De Wever et Tom De Sutter et d’autre part le

maintien du schwa dans Pieter De Crem et dans deux des cinq occurrences d’Alexander De

Croo, deux groupes de mots dans lesquels le schwa est bien l’avant-dernière son du mot, mais

pas du groupe accentué en prononciation francisée, illustre parfaitement cet état de choses.

Les schwas finaux — six occurrences réparties à travers cinq noms : Jean-Claude Van

Damme, Vincent Van Quickenborne, Leterme (d’origine française) et Zulte Waregem —

tombent pour cinq des six attestations, l’une des deux du dernier nom faisant une exception

qui peut assez facilement s’expliquer : le schwa y évite la formation d’un groupe

consonantique de trois consonnes.

5.2.2. Consonnes

5.2.2.1. Consonnes absentes en français

Dans notre corpus sont présentes six consonnes néerlandaises inexistantes dans

l’inventaire phonologique français traditionnel : la fricative palatale sourde [ç]61

(flm.

Zevende Dag), [h] (Johan Bruyneel), la fricative palatale voisée [ʝ]62

(flm. Groen), les

59

Nous avons estimé, surtout pendant les phases plus ultérieures de l’enregistrement, que les cas où [ə] était

accentué se ressemblaient à, ou égalaient plutôt, [œ]. 60

Puisque le dernier [ə] est resté muet pour ce nom, nous considérons celui-ci comme terminant par –r en

prononciation francisée. 61

Cette fricative s’utilise presque exclusivement en Flandre, et s’y présente en tant que réalisation du digramme

ch ou comme g final, où elle résulte de l’assourdissement final — standard — de la fricative palatale voisée [ʝ]

(cf. supra). Aux Pays-Bas, il sera le plus souvent remplacé par la fricative vélaire sourde [x]. 62

Cette consonne aussi ne se rencontre qu’en Belgique. Aux Pays-Bas, les réalisations de g s’approcheront

plutôt de [x].

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58

différents allophones du phonème /r/ (Eddy Merckx), la consonne fricative vélaire sourde [x]

(hl. Hoogovens) et l’occlusive nasale vélaire voisée [ŋ] (Inge Bens).

La seule occurrence de [ç], du nom Zevende Dag réalisé dans un journal belge, où l’on

sera sans doute plus familier avec cette consonne qu’en France, s’est maintenue. Tout comme

pour les autres langues sources, [h] (trois occurrences) et /r/ (le plus souvent, surtout en

Flandre, [ʀ] ; 76 occurrences au total) ont tendance à systématiquement tomber

respectivement franciser en [ʁ], exception faite d’une occurrence de De Wever provenant de

la Flamande Meyrem Almaci (cf. supra), dans laquelle [ʀ] a été maintenu.

Des 69 occurrences de [ʝ], 64 ont été vélarisées en [ɡ]. Les cinq exceptions proviennent

ici, et cela en dit long, de locuteurs ayant soit le néerlandais comme langue maternelle, soit

l’ayant étudiée de manière approfondie : une attestation a été réalisée par un ouvrier flamand,

une autre par le maire flamand Marc Van Asch (cf. supra) et les trois restantes par la

journaliste Annick Capelle de La Une, qui étudia les langues germaniques (dont le

néerlandais) à Louvain.

Les deux seules occurrences de [x], qui se réalise en Belgique le plus souvent comme [ç]

(quand il s’écrit ch ou bien, en position finale ou affecté par l’assourdissement par

l’assimilation régressive, g) ou [ʝ] (écrit g), ont été prononcées de deux différente manières :

dans Hoogovens, on l’a francisée en [ɡ], tandis que Schaars s’est réalisé avec [k]. Il est

évident que nous ne saurions faire un bilan de type quantitatif sur base de ces deux

attestations seulement, mais les résultats semblent à première vue tout à fait explicables : la

sonore g de Hoogovens se réaliserait en français aussi [ɡ] dans une position semblable, mais il

serait presque impossible de réaliser cette sonore dans un groupe consonantique le combinant

avec la sourde [s]. Même si l’on préférerait en premier lieu [ɡ], l’assimilation le ferait par

conséquent aboutir à [k].

Nos deux seules attestations du [ŋ]63

se sont produites dans les noms Inge Bens et Inge, ce

dernier renvoyant à la même échevine que le premier. La consonne a été réalisée dans les

deux occurrences comme [ŋɡ], et la position n’y sera pas pour rien : la plupart des [ŋ] sans

adjonction de [ɡ] en français se trouvent en position finale (parking, bing), et des mots comme

bingo, où la même séquence se trouve entre deux voyelles tout comme dans Inge, a maintenu

la suite [ŋɡ] avec laquelle il était déjà prononcé en anglais. L’anglais et le français ont donc

63

Bien que les francophones soient en général familiers avec cette consonne via des emprunts à l’anglais comme

parking, nous préférons la traiter comme une consonne étrangère à l’inventaire phonologique traditionnel du

français.

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59

tous les deux tendance à prononcer ng en réalisant les deux consonnes, tandis qu’en

néerlandais, le [ŋ] peut parfaitement figurer seul entre deux voyelles (engerling, sarongetje).

Le tableau 12 dresse le bilan au niveau des consonnes néerlandaises inexistantes en

français.

Tableau 12. Taux d’adaptation des consonnes néerlandaises inconnues en français

Consonne Cas d’adaptation Cas de maintien Taux d’adaptation

[ç] (flm.) 0 1 0,0%

[h] 3 0 100,0%

[ʝ] (flm.) 64 5 92,8%

[ŋ] 2 0 100,0%

/r/ 75 1 98,7%

[x] 2 0 100,0%

Total 146 7 95,4%

Notons que le total de 95,4% est pour le néerlandais nettement supérieur aux 86,9% pour

les consonnes anglaises.

5.2.2.2. Consonnes communes au néerlandais et au français

Puisque la lettre j ne se prononce en français jamais, ou presque, comme la consonne

spirante palatale voisée [j] (yod), nous avons aussi enregistré ce que celle-ci a donné pour nos

noms néerlandais la comportant. Les cinq cas concernés, représentant les noms Johan

Bruyneel (une occurrence) ou Patrick Janssens (quatre), ont tous maintenu le yod — il n’y a

pour le néerlandais donc pas eu de remplacements par [ʒ], auxquels l’on pourrait pourtant

s’attendre à première vue. Il est très probable qu’ici aussi, le fait que les occurrences ne

proviennent que de journaux télévisés belges, où l’on est en général mieux au courant de la

phonologie néerlandaise que dans la France unilingue, a joué un rôle considérable.

L’une de nos remarques les plus bizarres pour ce sous-chapitre est cependant l’une des

deux attestations de Georges Leekens, dans laquelle le [ʒ] commun au néerlandais — pas de

manière native ; il s’agit d’un emprunt au français assez répandu en Flandre — et au français

a été affriquée en [dʒ]. L’influence de l’anglais est-elle pour la locutrice en question (la

présentatrice Nora Khaleefeh de La Une) tellement importante, où s’agit-il ici plutôt d’un

lapsus pur et simple ? Cette dernière hypothèse sera de toute façon la plus plausible pour un

autre constat remarquable : pour l’une des cinq occurrences du nom Zulte Waregem, le [z]

s’est transformé en [ʒ]…

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60

Comme cela a été le cas pour l’anglais, le [w] (Vincent Van Quickenborne) a une forte

tendance à se maintenir tel quel ; il n’y a pour cette langue source aucune exception parmi les

28 occurrences de cette semi-voyelle.

Pour conclure cette section, nous tenons à mentionner que nous avons rencontré dans une

attestation du nom Bart De Wever (des 17 occurrences au total) une détente consonantique

après le [t] pour faciliter la transition vers la sonore [d] qui le suit immédiatement. Dans les

autres attestations, l’on a plutôt opté pour une petite pause ou pour une assimilation régressive

ou progressive.

5.2.3. Nasalisation

En ce qui concerne les noms étrangers néerlandais, six différentes combinaisons entrent en

jeu pour l’examen des possibles nasalisations : [ n] (Jean-Claude Van Damme), [ə] ou [ən]

(Patrick Janssens), [ɛn] (Glen De Boeck), [ɔn] (Ron Jans), [ ŋ] (Rabobank) et [ɛŋ] (Genk).

Pour l’élément [ə]/[ən] écrit en, les deux prononciations sont correctes ; il s’agit d’une

terminaison très courante en néerlandais, non seulement dans des noms propres mais p.ex.

aussi à la fin d’infinitifs et de formes plurielles. Le [n] a pour cette combinaison été réalisé

systématiquement en français, ce qui ne surprend guère, [ə] n’ayant pas de pendant nasalisé

(cf. aussi nos observations pour l’anglais supra).

Au lieu de traiter les six éléments individuellement, nous fournissons d’emblée le tableau

13, résumant nos constats quantitatifs de la même manière comme nous l’avons fait plus haut

pour l’anglais.

Tableau 13. Nasalisation pour la langue source néerlandaise

Élément Cas de

nasalisation

Cas de non-

nasalisation

Taux de

nasalisation

Cas de chute

de consonne

Taux de chute

de consonne

[ n] 5 12 29,4% 5 100,0%

[ə] / [ən] 0 22 0,0% — —

[ɛn] 0 1 0,0% — —

[ɔn] 0 2 0,0% — —

[ɛŋ] 0 56 0,0% — —

[ ŋ] 1 1 50,0% 1 50,0%

Total 6 94 6,0% 6 75,0%

Ce qui frappe ici, c’est que le taux de nasalisation s’avère nettement inférieur à celui

obtenu pour l’anglais plus haut, qui était de 49,1%. Il y peut pour cette constatation être deux

explications possibles : soit les combinaisons figurant dans le corpus pour la langue source

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61

anglaise se prêtent mieux à la nasalisation, soit les noms anglais sont plus connus et peuvent

pour cette raison subir la nasalisation sans qu’un manque de clarté s’introduise (cf. la

prononciation de Boston en Hexagone et au Québec décrit supra). Remarquons dans ce

dernier contexte que la seule occurrence d’une nasalisation pour l’élément [ ŋ] concerne le

nom Rabobank, pour lequel une nasalisation est plutôt évidente vu la parenté du néerlandais

bank avec le nom français banque. La seule autre combinaison pour laquelle la nasalisation

s’est produite, [ n], n’a de surcroît présenté celle-ci que dans le nom Alexander De Croo,

dans lequel le prénom a tendance de se franciser complètement en Alexandre à l’oral tout

comme c’est le cas pour un nom russe comme Alexandre Vinokourov64

— ce qui se reflète ici

dans la transcription également, où on a tout simplement opté pour Alexandre au lieu

d’Aleksandr. Nous pouvons par conséquent conclure qu’abstraction faite de ces cas où des

équivalents français ont probablement interféré, la nasalisation ne s’est jamais présentée pour

la langue source néerlandaise.65

5.2.4. Autres constats

Pour clôturer le sous-chapitre consacré au néerlandais, nous tenons à remarquer que la

francisation complète de prénoms existants en français avec la même orthographe — qui sont

relativement courants en néerlandais, surtout en Belgique — est un phénomène qui s’observe

de manière systématique : il a été observé pour quatre noms (Vincent Van Quickenborne,

Benjamin De Ceulaer, Esther et Marianne), totalisant six occurrences. Une adaptation

similaire s’est également révélée courante pour l’anglais, cf. p.ex. Irene et George Bush, dans

lesquels l’orthographe est de surcroît différente et pour lesquels la francisation tire donc

encore plus l’œil.

5.3. Autres langues germaniques

Parmi les autres langues germaniques figurant dans notre corpus, l’allemand et le suédois,

seul l’allemand (34 attestations de noms propres) est représenté par plus de dix occurrences.

Les trois attestations recueillies pour le suédois ne feront par conséquent, comme remarqué

64

M. Vinokourov est citoyen kazakh, mais d’ethnie russe. Le fait qu’il habite Monaco explique la tendance de

certains médias non-francophones à préférer le nom entièrement francisé Alexandre Vinokourov aussi. 65

Il s’avère cependant difficile de comparer le comportement des différents éléments pour les deux langues

sources: les attestations d’Alexander De Croo exclus, les deux seules combinaisons à être présentes avec plus de

10 occurrences sont [ə] écrit en et [ɛŋ], qui ne figurent pas parmi les données anglaises.

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déjà sous le 3.1., pas l’objet d’examens de nature quantitative. Nous maintiendrons pour des

raisons structurelles cependant la même division pour des langues sources d’une même

famille, et consacrerons au suédois dès lors une section du même niveau que celle traitant

l’allemand. À la fin de ce sous-chapitre, nous fournirons quelques conclusions spécifiques aux

langues germaniques, et nous ferons la même chose pour les branches romane et slave plus

bas encore.

Ensemble, les deux langues traitées ci-dessous totalisent donc 37 occurrences. Si nous y

ajoutons l’anglais et l’allemand, toute la branche germanique compte 934 attestations, soit

88,1% du total.

5.3.1. Allemand

5.3.1.1. Voyelles

Parmi les douze voyelles — monophtongues et diphtongues confondues — à figurer dans

notre liste des observations pour l’allemand, huit sont des voyelles que le français ne possède

pas : [ɐ] (Roger Federer), [ɪ] (Jan Ullrich), [ø:] (Klöden), [œ] (Sölden), [ʊ] (Jan Ullrich), [ʏ]

(Alex Zülle) et les diphtongues [aj] (Insa Meinen) et [aʊ] (Auschwitz). Que nous avons à partir

de maintenant affaire à des langues sources représentées dans notre corpus par des nombres

d’attestations nettement inférieurs à cent commence cependant à se faire sentir au niveau des

sons individuels, le nombre d’occurrences pour chacune de ces huit voyelles ne dépassant pas

les dix. Il nous a paru pour cette raison utile de mettre l’accent à partir de maintenant plutôt

sur les noms individuels (angl. types, représentés souvent par plusieurs tokens) que sur des

conclusions statistiques, qui deviendraient de plus en plus insignifiantes au fur et à mesure

qu’une langue se trouve moins représentée.66

La voyelle basse supérieure centrale [ɐ], inexistante en français tout comme dans les

variétés standard de l’anglais, du néerlandais ou de l’espagnol, est la réalisation typique du /r/

vocalisé en allemand, et y remplace le [ʁ] « français » dans des positions comme la finale,

notamment. Elle a été répertoriée dans les noms Roger Federer (une occurrence), Gerhard

Schröder (une également), Kärcher (six) et Rosberg (une), qui totalisent dix occurrences. Le

66

L’espagnol étant — comme seule langue non-germanique — mieux représenté que l’allemand, nous ferons

pour cette langue une exception et procéderons pour elle d’une manière « hybride », en focalisant donc sur les

noms individuels tout en fournissant quelques informations quantitatives aussi (cf. infra). Il est toutefois évident

que d’éventuelles observations intéressantes au niveau des types individuels n’ont à travers tout le présent travail

jamais eu raison d’échapper plus ou moins à notre attention selon la langue source pour laquelle elles ont été

faites — les deux procédés peuvent donc bien s’entremêler délibérément.

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/r/ a dans tous les cas réapparu sous forme de [ʁ]. Dans Roger Federer et Kärcher et pour le

dernier r dans Gerhard Schröder, la voyelle finale s’est transformée (ou a plutôt réapparu67

) et

allongée en [œ:] (Roger Federer et Gerhard Schröder) ou en [ɛ:] (Kärcher). La différence

entre les deux adaptations est évidente : tandis que dans le journal de France 2 concerné, il

était clairement question de l’entreprise allemande — il s’agit d’un reportage enregistré dans

l’usine dans le Bade-Wurtemberg —, le nom commun karcher (avec minuscule et sans tréma)

est selon le Petit Robert attesté en français depuis 1992 et s’y prononce [kaʁˈʃɛʁ] (Petit

Robert 2008 : 1408). Cette prononciation entièrement francisée s’est donc projetée ici en

s’appliquant à la marque originelle dont le nom s’est généralisé pendant les dernières

décennies pour pouvoir s’appliquer à chaque « [n]ettoyeur qui projette de l’eau sous forte

pression » (ibid.). Roger Federer et Gerhard Schröder ne se trouvant pas dans une telle

situation, leur prononciation en français est restée plus proche à l’allemand, où le [ɐ] est en fin

de compte le pendant pré-ouvert du schwa [ə]. Dans Rosberg et le prénom Gerhard, les

voyelles [ɛ], [ɛ] et [a], respectivement, se maintiennent en allemand avant [ɐ] et le font en

français aussi ; pour ces occurrences, la basse supérieure centrale se trouve par conséquent

simplement remplacé par [ʁ].

Tout comme pour l’anglais et le néerlandais, le [ɪ] allemand est fermé en [i] en

prononciation francisée, ou du moins pour quatre des cinq noms concernés (Jan Ullrich,

Ullrich, Insa Meinen et Auschwitz) ; Winnenden figurant d’exception à la règle. Notons que

ce nom, référant à une ville allemande de 27.000 habitants, est probablement le moins connu

de cette série, et qu’avec le w et la suite de deux syllabes avec un schwa, ce sera à première

vue aussi l’un des plus difficiles à réaliser, ce qui pourrait expliquer que le journaliste s’est ici

efforcé spécialement à maintenir la voyelle propre à l’allemand.

Dans nos deux seules attestations de la voyelle mi-fermée antérieure arrondie [ø], Klöden

et Gerhard Schröder, celle-ci a été entièrement postériorisée en [o]. Vu que le son devrait être

familier aux francophones (cf. jeu) et qu’il s’écrit de la même manière en suédois ou en turc,

cette adaptation semble assez radicale à première vue. Les deux noms concernés étant

relativement célèbres, il est toutefois possible que les locuteurs en question aient évité de les

prononcer à l’allemande pour ne pas aboutir à une discordance trop importante entre la

graphie avec o (fût-il pourvu d’un tréma…) et cela à ce qu’on s’attendrait en français.

Exactement la même observation s’est faite pour la voyelle mi-ouverte antérieure arrondie

[œ] : elle a été, de son côté, réalisée comme [ɔ] dans les deux seules attestations de Sölden,

67

Pour les –er finaux, c’est plutôt la combinaison dans son entier qui se prononce [ɐ] en allemand, sans qu’un

schwa y précédant soit clairement distinguable.

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l’unique nom concerné par ce son. Ce nom étant déjà nettement moins connu que Klöden ou

Gerhard Schröder, il est sans doute envisageable qu’une certaine ignorance ait joué son rôle

ici. Où est-ce que le tréma était a priori absent du texte lu par le journaliste en question ?

Nos constats pour la voyelle pré-fermée postérieure arrondie [ʊ] et la voyelle pré-fermée

antérieure arrondie [ʏ] sont similaires à ceux pour l’anglais et le néerlandais : la première se

ferme et s’antériorise en [y] dans les deux seules occurrences (Jan Ullrich, Ullrich), tandis

que la deuxième — uniquement présente dans la seule attestation d’Alex Zülle — se ferme et

se postériorise justement en [u], observation remarquable quand on considère que le [ʏ] se

trouve plus proche du [y] que [ʊ] dans le tableau vocalique.

Les deux seules diphtongues allemandes à figurer dans notre base de données, [aj] et [aʊ],

se sont ici encore plus ou moins maintenues dans les deux seules attestations concernées,

représentant les noms Insa Meinen et Auschwitz. L’orthographe au de ce dernier, qui a eu

pour l’anglais souvent tendance à se réaliser [o] comme en français, n’a ici donc pas été

décisive.

Regardons, pour clôturer notre analyse vocalique de la langue source allemande,

maintenant les voyelles qui existent en français également. Que le e de Gestapo (une

occurrence) s’est réalisé [ɛ] au lieu de comme l’une des deux alternatives originelles [e] ou

[ə]68

ne surprend guère : il nous paraît moins évident de scinder ce nom Ge-sta-po et non Ges-

ta-po sans que l’on ait l’étymologie (Geheime Staatspolizei) dans son for intérieur, et [ɛ]

serait en effet la réalisation la plus évidente en français s’il s’agissait d’une syllabe fermée. Le

comportement des schwas écrits e à l’intérieur des voyelles fermées (Sebastian Vettel),

typiques de l’allemand, est quelque peu comparable à celui observé pour le néerlandais : en

syllabe fermée, ils se maintiendront le plus souvent (avec des adaptations en [œ] ou [œ:] pour

les syllabes finales accentuées : Roger Federer), mais avant la liquide [l], il se colore en [ɛ]

(Sebastian Vettel et Vettel seul). Le [ɛ] a de son côté le plus souvent été maintenu, sauf pour

l’une de nos six occurrences de Kärcher (avec [a] en établissant le parallèle avec le nom

commun en français (cf. supra), mais cela — est ceci est remarquable — seulement chez le

présentateur, les cinq occurrences avec [ɛ] allemand provenant du journaliste sur les lieux de

l’usine…) et pour Gerhard Schröder, une majorité des attestations de Sebastian Vettel et une

minorité de celles de Vettel seul, qui l’ont tous fermé en [e]. Pour le premier nom, le parallèle

avec New Delhi s’impose d’emblée : le [h] étant tombé, la première syllabe se laisse

interpréter comme étant phonologiquement parlant une ouverte, et un tel contexte favorise [e]

68

Le Duden (20066 : 685) donne [ɡeˈstapo] aussi bien que [ɡəˈʃtapo].

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65

plutôt que [ɛ]. Pour Vettel, l’adaptation semble à première vue moins facile à interpréter. Il

nous semble possible que le double t a suscité la fermeture en [e] tout comme le double s le

ferait dans la même position dans des mots français (p.ex. essentiel [es ˈsjɛl], ressusciter

[ʁesysiˈte]). Parce qu’un double t est en français beaucoup plus rare dans ce contexte (le Petit

Robert (2008) ne contient p.ex. aucune entrée commençant par ett–), l’on aurait dans ce cas

— ne fût-ce inconsciemment — recours à un parallèle de nature quand même différente. Une

autre fermeture à première vue moins évidente est celle du [ɔ] de Rosberg : la voyelle de

l’allemand s’y prononcerait exactement de la même façon dans une position similaire en

français, mais le [s] étant sonorisé en [z] en l’assimilant à la bilabiale voisée [b] qui suit, l’on

a abouti à une syllabe qui s’approche phonologiquement parlant plutôt à des mots comme

rose ou grandiose, dans lesquels la fermée [o] précède de manière plus ou moins systématique

le [z] final.

Ce même nom a d’ailleurs suscité la détente consonantique aussi, un constat qui se range

parfaitement dans le droit fil des groupes consonantiques similaires en anglais (cf. Michael

Bloomberg supra).

5.3.1.2. Consonnes

Nous avons enregistré pour l’allemand des adaptations pour cinq consonnes inexistantes

en français et pour trois consonnes que le français connaît bien.

Au niveau des consonnes propres à l’allemand, il s’agit du [ç] que nous connaissons

encore du flamand (Jan Ullrich), du [h] qui tombe naturellement dans sa seule occurrence et

sur lequel nous ne nous attarderons par conséquent plus (Gerhard Schröder), du [x]

également connu au néerlandais des Pays-Bas (Cranach) et du coup de glotte [ʔ] (Jan

[ʔ]Ullrich). La majorité de ces consonnes ne sont présentes dans notre corpus qu’avec un

nombre d’occurrences très limité, [ç] étant la seule d’entre elles à dépasser les cinq (à savoir

huit attestations).

Cette consonne fricative palatale sourde [ç] a dans tous les cas (répartis sur les noms Jan

Ullrich, Ullrich et Kärcher) été antériorisée en [ʃ]. Remarquons la différence avec le nom

néerlandais Zevende Dag, qui avait de son côté maintenu le [ç] dans un journal belge — les

trois noms concernés ici ayant toujours été réalisés dans des journaux franco-français, une

familiarité plus importante avec le néerlandais en Belgique qu’avec l’allemand en France

pourrait y être pour quelque chose. Le [x], en allemand en distribution complémentaire avec

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66

[ç]69

, est exclusivement présent dans la seule attestation de Cranach, où il a été remplacé par

l’occlusive [k] tout comme c’était le cas pour le nom néerlandais Schaars supra : dès que

l’orthographe ch est en jeu, il n’y a rarement d’alternatives pour la prononciation [k], le [ç]

tout comme le [x] s’avérant souvent extrêmement difficile à réaliser pour un francophone —

le lecteur belge établira sans doute le parallèle avec la peine que beaucoup d’hommes

politiques belges francophones ont à prononcer ch ou g final néerlandais sans que [k] en soit

le résultat.

Le coup de glotte [ʔ], en allemand en principe toujours réalisé avant une voyelle quand

celui-ci forme le début du mot70

, tombe en français de manière systématique, raison pour

laquelle nous ne nous sommes pas efforcé de noter toutes les occurrences individuellement.

Dans un nom comme Jan Ullrich, le coup de glotte cède la place alors naturellement à

l’enchaînement, c’est-à-dire que l’on peut considérer phonologiquement parlant le [n] comme

l’attaque de sa deuxième syllabe tout comme cela serait le cas s’il s’agissait d’une liaison en

français.

La dernière consonne connue à l’allemand mais non au français est la consonne affriquée

alvéolaire sourde [ts]. Tandis que ses pendants post-alvéolaire [tʃ] et post-alvéolaire sonore

[dʒ] ont tendance à se maintenir pour la langue source anglaise (taux d’adaptation de 20,0% et

de 6,3%, cf. tableau 9 supra), l’alvéolaire sourde s’est adaptée pour ses deux seules

occurrences. Écrit c dans Mercedes, le résultat a été [s] ; l’orthographe z d’Alex Zülle a abouti

à une sonorisation en [dz]. À part l’exotisme sans doute plus important de [ts] que de [tʃ] (que

connaissent l’anglais et l’espagnol) et de la sonore [dʒ] (existant en italien, p.ex.),

l’intégration assez poussée du nom de marque Mercedes ainsi que le fait qu’il se dérive du

nom français Mercédès ont probablement joué un rôle ici.

Au niveau des consonnes communes à l’allemand et au français, le [f] écrit v (Sebastian

Vettel) tout comme le [z] écrit s (constituant à lui seul l’attaque de syllabe, p.ex. Sebastian

Vettel) ont tous les deux dans la majorité des cas été francisés en les prononçant [v] et [s]

comme suggéré par l’orthographe, l’un revenant à une sonorisation et l’autre à un

assourdissement. Pour [f], il s’agit des noms Sebastian Vettel, Volkswagen et Vettel (douze

occurrences au total) ; pour [z], les noms propres concernés sont Sebastian Vettel et Sölden

(totalisant dix attestations), mais Insa Meinen fait ici exception en conservant la sonore.

Puisqu’il est notre seule occurrence où [z] fait partie d’un groupe consonantique, cette

69

Le ch se prononce [x] après a, o ou u (Dach, Koch, Luch, Rauch) et s’appelle pour cette raison Ach-Laut en

allemand, tandis que le [ç] dit Ich-Laut se rencontre dans tous les autres contextes (ich, Dolch, Chemik). Les

mots terminant par –chs (Lachs, Fuchs) et leurs dérivés (luchsen) font exception et se réalisent avec [ks]. 70

Cf. Meibauer (2007²).

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67

réalisation sera due au caractère voisé du [n] précédent. Une telle assimilation n’est pas

étrange en néerlandais non plus, des mots comme kapitalisme ou consumeren y étant

prononcés très souvent avec [z] avant [m] ou après [n], respectivement. Le nom Volkswagen

se trouve en outre impliqué dans une adaptation récurrente pouvant s’interpréter comme une

hypercorrection : le w qui s’y prononcerait [v] en allemand (éventuellement même [f] affecté

par la sonore [s] ici) s’est réalisé en prononciation francisée comme [w] suivant en cela l’écrit

pour sa seule attestation tout comme pour l’unique occurrence d’Auschwitz. « Sandwiché »

entre la liquide [l] et la semi-voyelle [w], le groupe consonantique [ks] s’est ensuite sonorisé

en [ɡz], le résultat total aboutissant à [vɔlɡzwaˈɡœn], dans lequel cinq des dix sons ne se

retrouvaient donc pas dans l’originel allemand (à savoir [v], le premier [ɡ], [z], [w] et le [œ]

résultant de l’accentuation de schwa final).

Mise à part la détente consonantique citée plus haut pour Rosberg, celle-ci s’est produite

aussi pour rompre le groupe consonantique consistant en quatre consonnes — du moins si

l’on considérait l’affriquée comme deux consonnes : [ksts] — dans Alex Zülle. Notons que

cette détente se trouve ici plus ou moins nécessaire quand on veut sonoriser l’affriquée [ts] (ce

que l’on a fait en effet, cf. supra) sans que l’assimilation entraîne la sonorisation du [ks] aussi.

5.3.1.3. Autres observations

Pour deux des huit occurrences de la combinaison Sebastian Vettel, le prénom a été

francisé entièrement comme s’il s’agissait d’un nom français, même si l’orthographe diffère

considérablement (fr. Sébastien). La nasalisation de l’élément –an — interprété de cette façon

de facto comme –en — fait évidemment partie intégrante de ce phénomène. Cela étant dit,

nous n’avons plus beaucoup à remarquer sur la nasalisation pour la langue source allemande :

des 12 attestations restantes des combinaisons [an] et [ən] (en allemand d’ailleurs

exclusivement prononcé ainsi, et donc jamais [ə] comme en néerlandais) confondues, seule

une autre occurrence de Sebastian Vettel encore a été réalisée avec [ɛ n] sans que la consonne

tombe, et fait donc figure de forme hybride — cela revient à un total de trois nasalisations

contre onze non-nasalisations, soit un taux de 21,4%. Ce dernier nom a d’ailleurs été attestée

une fois également avec une prononciation renonçant à la nasalisation mais bel et bien

fermant le [a] en [ɛ], ce qui constitue en quelque sorte le pendant non-nasalisé de la réalisation

hybride [ɛ n]. Au total, –an dans le pronom concerné a donc été prononcé de quatre manières

différentes : à l’allemande [an], à la française [ɛ ] et de manière hybride comme [ɛ n] ou [ɛn].

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5.3.2. Suédois

Les trois seuls noms, représentés une fois chacun, que nous avons répertoriés pour le

suédois sont Oskarshamn, le nom d’origine bosniaque Ibrahimović et ce même nom en

combinaison avec le prénom, Zlatan Ibrahimović. La prononciation originelle bosniaque de ce

nom étant [ˈzlatan ibraˈxi:movitɕ]71, il s’est « suédisé » en [ˈsl :tan ibraˈhimovitɕ]

72. Quant

aux voyelles, le [ ] de ce dernier nom s’est fermé en [a] — tout comme nous l’avons constaté

pour l’anglais et le néerlandais — et le [a:] allongé d’Oskarshamn s’est raccourci en [a], la

finale [m] ne favorisant pas l’allongement de la voyelle finale en français.

Côté consonnes, le r non prononcé en suédois d’Oskarshamn a apparu en prononciation

francisée comme [ʁ], et la même consonne a évidemment remplacé le r roulé de (Zlatan)

Ibrahimović. Au niveau de ces mêmes noms, le [z] bosniaque assourdi en [s] en suédois reçoit

sa valeur originelle et se réalise [z] tout comme c’est le cas dans le néologisme zlataner formé

à partir du prénom du joueur de football. L’affriquée [tɕ] semble se maintenir en français plus

ou moins, quoique nous ayons probablement plutôt affaire au pendant plus familier aux

francophones [tʃ].

La nasalisation ne s’est pour le suédois pas produite dans la seule attestation concernée

Zlatan Ibrahimović, un constat qui ne s’égare guère des observations pour les autres langues

sources germaniques.

5.3.3. Conclusions pour les langues germaniques

Comparons maintenant les comportements des noms propres pour nos quatre langues

germaniques confondues — il est évident que l’anglais et le néerlandais entrent ici également

en ligne de compte, bien qu’ils aient mérité leurs propres sous-chapitres de par leur

représentation exponentiellement plus importante.

Nous avons examiné le degré de francisation de 24 voyelles — monophtongues,

diphtongues et triphtongues — étrangères au français et présentes dans au moins une des

71

Le signe [tɕ] correspond à la consonne affriquée alvéolo-palatale sourde, qui se distingue de l’affriquée post-

alvéolaire sourde [tʃ] que connaissent le français (notamment dans des emprunts, p.ex. tchao) et l’anglais (chief)

en ce qu’elle s’articule plus en avant de la bouche. Elle se rencontre p.ex. aussi en catalan fletxa ‘flèche’ ou en

norvégien tjern ‘étang’. Il est parfois difficile de la distinguer, à part de du [tʃ] encore, de l’affriquée rétroflexe

sourde [tʂ], pour laquelle la pointe de la langue, dirigée en arrière, articule la consonne au niveau du palais

(polonais czas ‘temps’, biélorusse пачатак patchatak ‘le début’). 72

Le suédois connaît la consonne fricative alvéolo-palatale sourde [ɕ] — elle se trouve dans Oskarshamn, par

exemple — et peut simplement la combiner avec [t] pour réaliser l’affriquée qui, elle, ne fait en principe pas

partie de son inventaire phonologique (sauf pour le suédois de Finlande, dans lequel [ɕ] se réalise justement [tɕ]).

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langues germaniques présentes dans notre corpus. Seize de ces voyelles n’ont été répertoriées

que dans l’une des langues concernées, et fournir encore une fois l’aperçu de celles-ci —

souvent très peu nombreuses — ne serait pas trop utile. Nous avons alors préféré de nous

limiter aux sept voyelles pour lesquelles nous avons des résultats à travers deux langues

germaniques au minimum. Le tableau 14 résume ces informations en donnant à chaque fois en

haut de la cellule respectivement le nombre des adaptations et celui des cas de maintien et en

bas, en italiques, le taux d’adaptation.

Tableau 14. Taux d’adaptation des voyelles germaniques inconnues en français

Voyelle Anglais Néerlandais Allemand Suédois Total

[ ] 251-0

100,0%

31-0

100,0%

— 1-0

100,0% 283/0

100,0%

[ɪ] et [ɨ] 150-4

97,4%

14-0

100,0%

4-1

80,0%

— 168-5

97,1%

[ʊ] 14-1

93,3%

— 2-0 — 16-1

94,1%

[ʏ] — 7-0

100,0%

1-0

100,0%

— 8-0

100,0%

[aj] 14-16

46,7%

— 0-1

0,0%

— 14-17

45,2%

[aʊ] 1-2

33,3%

— 0-1

0,0%

— 1-3

25,0%

[oʊ] 148-4

97,4%

1-0

100,0%

— — 149-4

97,4%

Total 578-27

95,5%

53-0

100,0%

5-3

62,3%

1-0

100,0%

639-30

95,6%

Ce qui ressort immédiatement de ce tableau, hors les taux d’adaptation supérieurs à 60%

qui se présentent à travers toutes les langues sources, c’est qu’il n’y a pour les sept voyelles

concernées aucune différence quant à la dominance de l’adaptation ou de la non-adaptation

parmi ces différentes langues : tous les sons se sont majoritairement adaptés pour toutes les

langues, sauf les diphtongues [aj] et [aʊ], qui se sont le plus souvent adaptées pour l’anglais

aussi bien que pour le néerlandais. Il n’y a au niveau des voyelles absentes en français donc

pas de différences considérables de l’une langue source à l’autre. Remarquons pour le reste

que les seize sons n’ayant apparu que dans les noms d’une seule langue n’ont été maintenus

que dans six des 206 cas, ce qui augmenterait le pourcentage total de 95,6% obtenu dans le

tableau encore pour atteindre les 95,9%.

Nous procéderons exactement de la même façon pour les consonnes. Si nous traitons pour

celles-ci le [ɹ], le [r] et les différents /r/ du néerlandais ensemble en tant qu’un seul phonème,

nous comptons pour les quatre langues concernées 11 consonnes étrangères au français dans

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70

notre corpus — hors le [tʂ] non propre au suédois même —, dont quatre reviennent pour

plusieurs langues. Le tableau 15 fournit l’aperçu des observations quantitatives de ces

dernières.

Tableau 15. Taux d’adaptation des consonnes germaniques inconnues en français

Consonne Anglais Néerlandais Allemand Suédois Total

[ç] — 0-1

0,0%

8-0

100,0%

— 8-1

88,9%

[x] — 2-0

100,0%

1-0

100,0%

— 3-0

100,0%

[h] 26-0

100,0%

3-0

100,0%

1-0

100,0%

2-0

100,0% 32-0

100,0%

/r/ sauf [ʁ] 415-17

96,1%

3-0

100,0%

— 2-0

100,0% 420-17

96,1%

Total 441-17

96,3%

8-1

88,9%

11-0

100,0%

4-0

100,0%

464-18

96,3%

À part la seule attestation du [ç] néerlandais de la part d’un journaliste de la chaîne belge

La Une justement, ce tableau corrobore encore plus l’hypothèse formulée plus haut : non la

nature de la langue source détermine pour les langues germaniques le degré de francisation

des consonnes absentes en français, mais elles ne sont en général simplement guère réalisées,

indépendamment de la langue source. Parmi les consonnes qui ne se sont représentées que

pour une langue source, il y a eu 74 cas d’adaptation et 55 de maintien, ce qui porterait le taux

total sur 88,1% : un pourcentage légèrement inférieur aux 96,3% obtenus dans le tableau 15,

mais il faut clarifier ici que 45 des 55 cas de maintien proviennent de l’affriquée anglaise [dʒ],

pour laquelle nous avons déjà souligné qu’elle est en général facile à assimiler pour un

francophone — la seule autre consonne à être majoritairement maintenue est d’ailleurs son

pendant sourd [tʃ] justement. Si nous combinons ces 88,1% avec les 95,9% auxquels nous

avons abouti plus haut pour les voyelles (tenant compte du poids des chiffres absolus,

évidemment), nous obtenons un taux total de 92,7%. Rappelons que ce dernier chiffre reflète

la mesure dans laquelle tous les sons germaniques inconnus en français confondus se sont

réalisés, mais seulement ceux-ci : le taux ne tient donc pas compte des adaptations — parfois

multiples, cf. le [ə] anglais et ses différentes orthographes — au niveau des sons appartenant à

la phonologie française.

Penchons-nous enfin encore une fois sur la nasalisation. Les taux de nasalisation diffèrent

considérablement parmi les différentes langues germaniques — 49,1% pour l’anglais, 6,0%

pour le néerlandais, 21,4% pour l’allemand et 0,0% pour le suédois, revenant à un total de

37,4% —, mais elles ont bien en commun que seule une minorité des séquences entrant en

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ligne de compte pour la nasalisation laissent effectivement le champ libre à celle-ci. Les trois

occurrences de nasalisation pour l’allemand provenant des francisations complètes du prénom

dans Sebastian Vettel, nous pouvons en laissant à part celles-ci constater que plus une langue

est connue par le locuteur ou par le public auquel il s’adresse (et, ce qui ira souvent de pair

avec cela, plus les noms propres concernés sont connus), plus la nasalisation est évidente —

pensons par exemple aux nasalisations récurrentes dans Lance Armstrong.

5.4. Langues romanes

En ce qui concerne la représentation des langues romanes dans notre corpus, il ne saurait

nous surprendre que l’espagnol (44 occurrences), l’italien (15) et le portugais (12) sont

respectivement le plus amplement représentés. Ces langues méritant la partie majeure de notre

attention, le catalan (3 attestations) et le roumain (2) seront traités d’une manière plutôt

marginale. Ensemble, nous dénombrons 76 occurrences de noms propres romanes, soit 7,2%

de notre base de données.

5.4.1. Espagnol

Nous ne tiendrons pour la transcription phonétique des noms propres espagnols pas

compte des nuances phonétiques telles que la nasalisation des voyelles dans certains contextes

ou de légères adaptations de celles-ci au niveau du lieu d’articulation ou de l’aperture, selon la

position dans le mot ou l’accentuation73

, puisque ses nuances se sont avérées en général peu

ou non utiles pour notre travail74

. Pour ne pas devoir avoir recours à la distinction entre p.ex.

[e] et [ɛ], nous emploierons les signes convenus par certains auteurs comme signalé dans la

note 17 supra : pour l’espagnol, il s’agit de [ä] (ouverte centrale non arrondie), [e ] (moyenne

antérieure non arrondie) et [o ] (moyenne postérieure arrondie)75

. La même chose vaut pour

73

Cf. Quilis (1998² : 37) : “[Los] fonemas […] pueden presentar pequeñas variaciones de abertura o cierre, o de

anterioridad o posterioridad, [o] de la acción del velo del paladar […]. Un fonema vocálico se realiza como vocal

nasal cuando se encuentra : a) entre dos consonantes nasales […]; b) después de pausa y antes de consonante

nasal […]. En los demás contornos, se realiza como vocal oral […]. 74

Si nous faisions la distinction, nous constaterions qu’elles ne font pas partie des facteurs influençant la

réalisation des phonèmes concernés en prononciation francisée, et que les éventuelles différences se manifestant

dans celle-ci (liées p.ex. à la position dans le mot) se présenteront en général pour les autres variantes aussi. Ceci

ne vaut évidemment pas pour la nasalisation, pour laquelle nous maintiendrons naturellement la distinction dès

qu’une voyelle se trouve suivie d’une consonne nasale faisant partie de la coda. 75

Les paramètres selon lesquels ces trois sons se trouvent à mi-chemin entre deux autres diffèrent donc : [ä] se

situe entre [a] et [ ] du fait qu’il s’articule au centre de la cavité buccale, tandis que [e ] et [o ] sont moyens

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72

des allophones du genre [d ], signifiant l’articulation dentale du [d], que nous transcrirons tout

simplement à l’aide de ce dernier signe, la différence se faisant là encore à cause de la

position et n’influençant pas non plus de manière significative l’état de choses en

prononciation francisée. En somme, nos transcriptions phonétiques s’approcheront pour

l’espagnol plutôt à des transcriptions phonologiques — pour lesquelles les phonèmes seront

d’une importance supérieure à celle des réalisations concrètes —, bien que nous maintenions

les crochets pour l’uniformité et pour ne pas donner la mauvaise impression que notre mode

de travail se modifie pour cette section.

5.4.1.1. Voyelles

Quilis (1998² : 40) fournit pour l’espagnol le triangle vocalique repris (à part un

remaniement au niveau de la mise en page et l’utilisation des signes spéciaux que nous venons

de décrire) dans le tableau 16. Clarifions que nous ne traiterons pour l’espagnol pas les

diphtongues (genre [aj] dans Miguel Indurain) ou [jo ] dans Mariona) séparément, et ne les

mentionnerons que dans le cas où une adaptation intéressante s’y est produite76

.

Tableau 16. Voyelles de l’espagnol77

Antérieures Centrales Postérieures

Fermées i u

Moyennes e o

Ouvertes ä

concernant le degré d’aperture de la bouche et se trouvent pour cette raison entre [e] et [ɛ] respectivement [o] et

[ɔ] ; [ä], [a] et [ ] étant tous des voyelles ouvertes. 76

Les raisons pour laquelle nous avons choisi de procéder ainsi sont multiples. Outre sur le fait qu’une

répartition plus détaillée nous empêcherait encore plus de tirer des conclusions quantitatives au sujet des

voyelles, attirons l’attention sur la constatation que le second élément dans une « diphtongue » comme [aj],

parfois même transcrite [ai] (aire ‘air’), n’est en fait souvent pas traité phonologiquement de diphtongue par les

hispanophones eux-mêmes. Ainsi, l’espagnol connaît la règle que l’accent tombe normalement — quand il n’y a

pas d’accent aigu en jeu — sur la dernière syllabe si le mot en question se termine par une consonne autre que n

ou s (actor ‘acteur’), et qu’il tombe sur l’avant-dernière s’il se termine par une voyelle ou en n ou s (playa

‘plage’, entienden ‘ils comprennent’, vamos ‘allons’). Paraguay et Uruguay, dont certains prétendront qu’ils

comportent tous les deux la triphtongue [waj], portent cependant tous les deux l’accent sur la dernière syllabe

sans que celle-ci soit pourvue d’un accent à l’écrit, ce qui prouve qu’il ne s’agit que d’une séquence de [wa] et

d’un y (qui peut être voyelle dans d’autres contextes) entièrement employé consonantiquement et se prononçant

alors [j]. Ces deux noms se terminent donc par une consonne et non par une voyelle, et il n’y saurait par

conséquent a priori être question d’une triphtongue, qui aurait soit déplacé l’accent vers la pénultième syllabe,

soit reçu l’accent aigu. 77

Il nous a paru évident de ne pas inclure de colonnes ou de lignes qui seraient vides faute de voyelles s’y

rangeant existantes en espagnol. Ceci vaudra pour tous les autres tableaux plus loin aussi.

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73

Le total de cinq voyelles espagnoles, aussi bien que le fait que les deux extrêmes [i] et [u]

n’aient jamais fait l’objet d’une adaptation dans notre corpus, font que l’analyse des voyelles

espagnoles restera relativement concise.

La voyelle ouverte centrale non arrondie [ä] (Contador) a pour 32 de ses 33 attestations

été fermée en [a], l’unique exception étant l’une de nos deux occurrences de Mariano Rajoy,

dont le présentateur de La Une François de Brigode a prononcé le dernier a comme [o] — il

nous semble que l’hypothèse d’un lapsus dû à l’anticipation du [o ] (francisé en [ɔ]) est ici la

plus évidente (cf. aussi l’attestation de Dow Chemicals avec [i] supra). L’adaptation [a] ne

surprend pas vraiment et se trouve tout à fait en parallèle avec les observations faites plus haut

non seulement pour [ ], mais aussi pour p.ex. [æ].

Au niveau du [e ] et du [o ], les adaptations sont un peu plus complexes, et ce sera en

premier lieu la position qui déterminera, notamment, le degré d’aperture en prononciation

francisée.

La voyelle moyenne antérieure non arrondie [e ] présente d’abord des comportements

différents selon qu’elle se rencontre en syllabe ouverte (Beloki) ou fermée (Fidel Castro).

Quand dans le premier cas, le e — il n’y existe, au moins dans notre corpus, pas d’autres

possibilités par rapport à l’orthographe de ce son — est non-final, la moyenne se ferme le plus

souvent en [e] (six occurrences des noms Beloki, Dani Pedrosa et Pedrosa seul), avec

cependant deux attestations d’ouverture en [ɛ] aussi : Jésica et Pérez. Notons la présence de

l’accent aigu pour ces noms justement — nous aurions supposé plutôt que celui-ci provoque

en premier lieu une réalisation comme [e] de la part d’un francophone. Outre ces deux

occurrences, la prononciation avec [e] nous semble tout à fait légitime : elle serait en français

la plus évidente dans la position en question, du moins si l’on préfère ne pas avoir recours à

une réduction au schwa. Quand e ouvert se trouve en position finale (Jorge Lorenzo), [e] se

présente pour trois attestations (des deux noms Jorge Lorenzo et Río Grande), tandis que le

remplacement par un schwa — qui serait ici, évidemment, toute naturelle en français, surtout

pour Río Grande… — ne s’est rencontré que dans une occurrence minoritaire de ce premier

nom. En syllabe fermée, par contre, [e ] s’est ouverte en [ɛ] dans les neuf cas concernés,

répartis parmi les six noms Fidel Castro, Javier Bardem, Miguel Indurain, Andrés, Fernando

Alonso et Álvarez.

À ces observations ressemblent assez bien celles faites pour la voyelle moyenne

postérieure arrondie [o ], que l’on a ouverte en [ɔ] pour chacune des huit attestations en syllabe

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74

fermée (les noms concernés étant Contador78

, Mariano Rajoy et Jorge Lorenzo) et qui s’est

en syllabe ouverte fermée en [o] pour 27 des 29 occurrences (représentant les noms Beloki,

Fidel Castro, Mariona, Aroa, Mariano Rajoy, Alonso, Fernando Alonso, Jorge Lorenzo, Dani

Pedrosa, Pedrosa, Lorenzo et Río Grande), Ronald Vargas et Molins faisant exception en

s’ouvrant en [ɔ] pour leur seule attestation chacun.

Le tableau 17 résume les observations faites pour les voyelles espagnoles.

Tableau 17. Réalisations des voyelles espagnoles

Voyelle 1re réalisation

(attestations = %)

2e réalisation (idem) 3

e réalisation (idem)

[ä] [a] (32 = 97,0%) [o] (1 = 3,0%) —

[e ] (syllabe ouverte) [e] (9 = 75,0%) [ɛ] (2 = 16,7%) [ə] (1 = 8,3%)

[e ] (syllabe fermée) [ɛ] (9 = 100,0%) — —

[o ] (syllabe ouverte) [o] (27 = 93,1%) [ɔ] (2 = 6,9%) —

[o ] (syllabe fermée) [ɔ] (6 = 100,0%) — —

5.4.1.2. Consonnes

Nous reprenons dans le tableau 18 les consonnes espagnoles comme distinguées par

Quilis (1998² : 86 sq.)79

.

Tableau 18. Consonnes de l’espagnol

Mode

d’articu-

lation

Bilabiales Labioden-

tales

Dentales Alvéolai-

res

Post-

alvéolaires

Palatales Vélaires

Nasales m n ɲ

Occlusives p b t d k ɡ

Affriquées tʃ

Fricatives f θ s x

Spirantes j

Roulées r

Battues ɾ

Spirantes

latérales l ʎ

78

Clarifions encore une fois que le premier o n’est ici pas marqué puisque nous traiterons les séquences

composées d’une voyelle et d’une nasale faisant partie de la coda à part plus bas. 79

Quilis (1998²) y inclut aussi la consonne occlusive nasale uvulaire voisée [ɴ] (enjuto ‘sec’), mais puisque

celle-ci n’est en fait autre que la réalisation de [n] avant consonne (et donc un allophone), il nous a paru inutile

de ne pas la traiter comme les autres allophones (p.ex. [ʝ] pour [ɡ]) en l’incluant dans la table contrairement à

ceux-ci.

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75

De ces 19 consonnes, six sont inconnues du français : [tʃ], [θ], [x], [r], [ɾ]80

et [ʎ], au

moins si l’on considère [tʃ], présent dans bon nombre d’emprunts (cf. supra), et [r], parfois

encore réalisé dans certaines régions françaises et canadiennes au lieu de [ʁ], comme étant des

consonnes étrangers à l’inventaire phonologique du français standard. Seules l’affriquée post-

alvéolaire sourde [tʃ] (muchacho ‘garçon’) et la spirante latérale palatale voisée [ʎ] (calle

‘rue’) ne se sont pas rencontrées dans notre corpus.

Commençons pour l’espagnol aussi avec ces consonnes absentes en français.

Tous nos enregistrements de la consonne fricative dentale sourde [θ] concernent

l’orthographe avec z (Jorge Lorenzo), là où celle avec c est fort répandue aussi, la distribution

se fondant généralement sur le caractère du son suivant. Cette orthographe a provoqué la

réalisation [z] pour toutes les cinq occurrences (cependant réparties uniquement parmi Jorge

Lorenzo et Lorenzo seul), ce qui est de nouveau une observation corroborant la prépondérance

de l’écrit, la fricative alvéolaire voisée [z] n’existant pas en espagnol. Remarquons que

contrairement aux constats pour l’anglais — où nous n’avons pas observée de cas de perte

totale de la dentale, cf. supra —, l’on n’a apparemment jamais fait la peine d’essayer de

réaliser le [θ] propre à l’espagnol.

Les observations pour la consonne fricative vélaire sourde [x] (Jorge Lorenzo) se trouvent

dans le droit fil de celles pour le [θ]. Ce son pouvant s’écrire j ou g (ce dernier uniquement

avant e, i ou y), les réalisations en prononciation francisée se laissent lier à la nature de

l’orthographe. Écrit g, il s’est francisé en [ɡ] pour les trois attestations de Jorge Lorenzo, le

seul nom concerné. D’une part, la francisation paraît complète puisque [ɡ] est courant en

français et y correspond aussi à cette graphie, mais d’autre part, elle pourrait avoir été plus

radicale encore en remplaçant la vélaire par la post-alvéolaire [ʒ], qui serait la réalisation au

sein d’un mot français dans la position en question — dans un tel cas, l’on aurait (à dépens de

la vélarité, naturellement) maintenu le caractère fricatif de l’originel. Pour l’orthographe j

(Javier Bardem), l’usage est nettement plus hésitant : nous avons répertorié une affriquée

post-alvéolaire voisée [dʒ] pour Jésica (comme s’il s’agissait d’un nom anglais…), un yod [j]

pour Jorge Lorenzo (comme si le nom était allemand, ou qu’il s’orthographiait y, représentant

généralement le yod en espagnol), une postériorisation en [ʁ] pour ce même nom, et quatre

occurrences dans lesquelles l’originel a plus ou moins été maintenu (Javier Bardem, Mariano

Rajoy (deux attestations) et Jorge Lorenzo), quoiqu’il soit parfois difficile à marquer la limite

80

Que [r] et [ɾ] ne sont en espagnol pas des allophones mais bien deux phonèmes différents est

traditionnellement démontré à l’aide de la paire minimale perro [ˈpe ro ] ‘chien’ versus pero [ˈpe ɾo ] ‘mais’.

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76

entre lui et [ʁ] en prononciation francisée. Notons que nous avons pour ce dernier exemple

donc trouvé trois différentes réalisations, à savoir [j], [ʁ] et [x].

Notons enfin que l’adaptation en [ʁ] s’est pour l’espagnol présentée sans exception pour

les 34 occurrences de noms propres contenant la roulée alvéolaire voisée [r] (Contador) et la

battue alvéolaire voisée [ɾ] (Miguel Indurain) confondues.

Le tableau 19 résume les taux d’adaptation des consonnes espagnoles étrangères au

français.

Tableau 19. Taux d’adaptation des consonnes espagnoles inconnues en français

Voyelle Cas de maintien Cas d’adaptation Taux d’adaptation

[r] 0 23 100,0%

[ɾ] 0 11 100,0%

[x] 4 6 60,0%

[θ] 0 5 100,0%

Total 4 45 91,8%

À part ces consonnes typiques de l’espagnol, quelques-unes des consonnes espagnoles

également connues au français méritent encore notre attention. Ainsi, les quatre occurrences

d’un /b/ écrit v ont toutes été adaptées : Ronald Vargas, Vargas seul et Álvarez se sont

réalisés avec [v], tandis que la bilabiale a été remplacée par la semi-voyelle [w] dans Javier

Bardem — comme si le journaliste de France 2 en question était bien au courant du fait qu’un

v ne se prononce en espagnol pas de la même manière qu’en français, mais qu’il trouvait une

réalisation avec [b] légèrement trop « exotisante ». Ensuite, le [s] entre un deux voyelles ou

entre [n] et voyelle, qui conserve en espagnol typiquement son caractère sourd, s’est sonorisé

en [z] dans une partie des occurrences de Dani Pedrosa, Pedrosa, Alonso et Fernando Alonso,

mais en revanche pas dans Jésica, qui s’écrirait en français justement avec double s pour

marquer la non-sonorisation. Notons pour clôturer cette section que la finale [s] — d’ailleurs

prononcé de cette manière en espagnol américain aussi — de la seule attestation du prénom

Álvarez a été pourvue d’une détente consonantique, constat qui pourrait s’expliquer par la

rareté de mots terminant par –s en français sans qu’un schwa facultatif e ne suive.

5.4.1.3. Nasalisation

Pour l’espagnol, trois éléments éventuellement susceptibles d’être nasalisés sont présents

dans notre corpus : [än] (Andrés), [o n] (Contador) et [ajn] (Miguel Indurain). La première

combinaison s’est nasalisée « à la française » — lisez : en abandonnant la consonne — pour

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77

quatre de ses cinq occurrences, concernant les noms Andrés et Fernando Alonso. Vu la

présence (et l’omniprésence) des prénoms équivalents André et Fernand en français, cette

observation ne saurait guère nous surprendre, bon nombre de constats ayant été faits plus haut

illustrant que ce genre de parallèles s’établissent très aisément. Le nom faisant exception ici

est Río Grande, dont on pourrait affirmer qu’elle est remarquable vu la proximité de l’adjectif

français grand, mais qui semble déjà plus logique quand on considère que le journaliste en

question a aussi maintenu la dernière voyelle (ne fût-ce en la fermant en [e], cf. supra) — un

minimum de conscience vis-à-vis de la phonologie espagnole doit donc y avoir joué un rôle.

Pour la combinaison [o n], le comportement est au contraire plus hétérogène, [ɔ ], [ɔ n] et

l’ouverture sans nasalisation [ɔn] s’étant présentés tous les trois. Des 14 attestations au total

de l’élément en question, la nasalisation (complète aussi bien que tout court) reste cependant

l’adaptation la plus fréquente, avec sept occurrences de [ɔ ] (représentant les noms propres

Contador, Alonso — une prononciation toutefois minoritaire de ce nom, cf. infra — et

Fernando Alonso) et une réalisation de l’alternative hybride [ɔ n] dans Alonso (minoritaire ici

encore). La nasalisation n’a en revanche pas été introduite pour six attestations des noms

Contador (une occurrence, et par conséquent de son côté minoritaire ici) et Alonso (cinq,

versus une pour les deux manières de nasalisation supra chacune). Nous avons donc observé

que pour le nom de famille Alonso seul, la nasalisation est restée en plan pour une majorité de

cinq des sept attestations (71,4%), tandis qu’elle a bien eu lieu pour toutes les quatre

occurrences de la combinaison Fernando Alonso. Le nombre d’attestations n’excédant pas les

dix (même cinq) pour ce dernier nom propre à lui seul, ce constat pourrait évidemment être dû

au hasard, mais il nous paraît cependant plus probable que l’on a tendance à maintenir la

nasalisation dans le nom de famille quand on l’a déjà introduite d’une manière tout à fait

naturelle pour le prénom Fernando, homologue ibérique de Fernand.

Le dernier élément concerné par la possible nasalisation en espagnol est [ajn], comportant

la diphtongue [aj], qui ne s’est toutefois rencontré que dans la seule occurrence de Miguel

Indurain, où la nasalisation ne s’est pas produite mais dans lequel il y a bien eu fermeture en

[ɛjn].

Le tableau 20 donne l’aperçu quantitatif de ces constatations concernant la nasalisation en

espagnol.

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Tableau 20. Nasalisation pour la langue source espagnole

Élément Cas de

nasalisation

Cas de non-

nasalisation

Taux de

nasalisation

Cas de chute

de consonne

Taux de chute

de consonne

[än] 4 1 80,0% 4 100,0%

[o n] 8 6 57,1% 7 87,5%

[ajn] 0 1 0,0% — —

Total 12 8 60,0% 11 91,7%

Remarquons avant tout que le taux total de 60,0% obtenu pour l’espagnol excède

largement ceux obtenus pour les deux langues germaniques traitées plus haut, l’anglais

(49,1%) et — surtout — le néerlandais (6,0%). De surcroît, le taux pour la perte de consonne

aussi est nettement plus important pour l’espagnol, avec 91,7% comparés à 38,7% pour

l’anglais et 75,0% pour le néerlandais. Il est donc question d’une claire tendance à introduire

la nasalisation en espagnol plus souvent qu’en anglais ou en néerlandais.

5.4.2. Italien

Avec 15 attestations de noms propres dans notre base de données, l’italien y est la seconde

langue romane la mieux représentée. Comme remarqué plus haut pour l’allemand, un tel

chiffre nous permettra guère de nous concentrer sur la distillation d’informations

quantitatives, ce qui fait que nous nous pencherons avant tout sur les comportements des

noms propres — avec lesquels nous ciblons ici donc en premier lieu les types et non les tokens

— individuels.

5.4.2.1. Voyelles

Calboli & Moroni (1989 : 409) distinguent pour l’italien les sept phonèmes repris dans le

tableau 21.

Tableau 21. Voyelles de l’italien

Antérieures Centrales Postérieures

Fermées i u

Mi-fermées e o

Mi-ouvertes ɛ ɔ

Ouvertes a

Toutes ces sept voyelles sont parfaitement connues du français, et nous avons par

conséquent enregistré très peu d’adaptations particulières au niveau de celles-ci. Le seul

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changement s’est produit pour le [u] (Juventus), justement la seule voyelle qui s’écrit d’une

manière tout à fait différente qu’en français (u versus ou) : la lettre u étant réalisée

usuellement [y] en français, l’orthographe a ici aussi servi comme fil conducteur et l’on a

prononcé [y] les u des deux seuls noms concernés, à savoir Juventus et Berlusconi.

5.4.2.2. Consonnes

En ce qui concerne les consonnes, Calboli & Moroni (1989 : 432 sq.) en distinguent celles

figurant dans le tableau 2281

.

Tableau 22. Consonnes de l’italien

Mode

d’articula-

tion

Bilabiales Labiodenta-

les

Alvéolaires Post-

alvéolaires

Palatales Vélaires

Nasales m n ɲ

Occlusives p b t d k ɡ

Affriquées ts dz tʃ dʒ

Fricatives f v s z ʃ

Spirantes j w

Roulées r

Spirantes

latérales l ʎ

Six de ces 23 consonnes ne se rencontrent pas dans l’inventaire phonologique français

classique: [ts] (canzone ‘chanson’), [dz] (ampiezza ‘amplitude’), [tʃ] (ceco ‘tchèque’), [dʒ]

(Giamaica ‘Jamaïque’), [r] (Nardello) et [ʎ] (gli ‘les’). La seule d’entre elles à s’être

présentée dans notre corpus est cependant [r], qui s’est d’une manière peu surprenante

francisée en [ʁ] dans les cinq occurrences des noms concernés, à savoir Nardello, Ferrari82

et

Berlusconi.

Mentionnons toutefois trois observations au niveau des consonnes familières au français

aussi. Ainsi, l’attaque [j] de la seule attestation de Juventus s’est entièrement francisée en [ʒ]

suivant en cela l’orthographe, tout comme c’était le cas pour les deux u du même nom (cf.

supra). En outre, la semi-voyelle [w] dans le nom L’Aquila — qui y est manifestement

réalisée dans la langue source — est tombé pour l’une des sept occurrences de celui-ci.

L’attestation en question est l’unique à provenir du présentateur Michel De Maegd de RTL-

81

Nous nous sommes cependant permis d’y ajouter les semi-voyelles [j] (présente dans p.ex. ione (‘ion’) ou des

mots propres comme Jarno Trulli) et [w] (ruota ‘roue’). 82

Le double rr aussi bien que le simple r sont concerné ici, l’italien (contrairement à l’espagnol) ne connaissant

en principe pas d’autres /r/ que le roulé.

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TVI, qui est de ce fait le seul parmi quatre locuteurs différents soit à ignorer la prononciation

italienne de la ville concernée, soit à introduire une francisation en faire tomber le [w] qui ne

se prononce en français évidemment pas dans bon nombre de mots quand il suit un q. Enfin,

nous croyons pouvoir faire mention d’une tendance à abolir la gémination consonantique

(p.ex. Basso, prononcé [ˈba:sso] en italien), en général absente en français mais tout à fait

systématique en italien dès que l’on voit apparaître à l’écrit une double consonne. Pour

chacune des cinq occurrences comportant ce phénomène en italien, représentant les noms

Basso, Nardello et Ferrari, les consonnes doubles [ss], [ll] et [rr] se sont en prononciation

francisée simplifiées.

5.4.2.3. Autres observations

Quant à la nasalisation, seuls les noms Pantani et Juventus, présents par une seule

occurrence chacun, entrent pour l’italien en ligne de compte. Ils ont tous les deux été nasalisés

entièrement, en [ ] et [ɛ ] respectivement.

Revenons enfin encore une fois sur l’accentuation des noms propres italiens. Comme nous

l’avons déjà signalé plus haut dans le 4.1. sur le déplacement systématique de l’accent, l’une

des sept attestations de L’Aquila fait pour l’italien exception en conservant l’accent sur

l’antépénultième (soit la première) syllabe. Il est frappant ici que cette réalisation est la seule

de ce toponyme à provenir d’un journaliste ayant enregistré ses propos à l’avance pour les

faire accompagner un reportage tourné sur place — il s’agit en d’autres mots d’un

correspondant (ou éventuellement un envoyé spécial) de La Une en Italie ayant sans doute des

connaissances d’italien ; les six autres occurrences de ce nom provenaient toutes de

présentateurs ou de traducteurs.

5.4.3. Portugais

La langue source portugaise est, avec douze attestations recueillies, la dernière langue

source romane à dépasser le nombre de dix occurrences dans notre corpus. Comme noté dans

l’explication de notre méthodologie supra, nous tenons pour le portugais aussi compte des

variantes nationales les plus importantes, c’est-à-dire le portugais européen et celui du Brésil.

Parce que pas moins que onze de nos douze occurrences portugaises proviennent du portugais

brésilien, nous aurons dans notre analyse le plus affaire à cette variété. C’est la raison pour

laquelle nous nous limiterons à fournir des tableaux de sons pour elle seule — ce qui nous

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81

empêchera évidemment pas de considérer suffisamment les particularités de la variante

européenne aussi. Il est dans ce contexte indispensable que nous clarifiions qu’il ne saurait

être question d’une seule variété brésilienne « standard », et qu’il y existe des différences

importantes d’une région à l’autre. Il faut par conséquent savoir louvoyer un peu en

transcrivant les noms brésiliens en écriture IPA, et certaines inexactitudes ou inconséquences

au niveau de la transcription phonétique de noms individuels ne peuvent pas être exclues.

5.4.3.1. Voyelles

Barbosa & Albano (2004) distinguent pour le portugais de São Paulo, la ville la plus

grande du Brésil — et d’ailleurs de toute l’Amérique du Sud —, les voyelles reprises dans le

tableau 2383

. Notons que ce tableau exclut les voyelles nasales (ce que nous ferons

évidemment pas, cf. infra), et que les sons mis entre parenthèses n’apparaissent que dans

certains dialectes.

Tableau 23. Voyelles du portugais

Antérieures Centrales Postérieures

Fermées i u

Pré-fermées (ɪ) (ʊ)

Mi-fermées e o

Moyennes (e )

Mi-ouvertes ɛ ɔ

Pré-ouvertes (ɐ)

Ouvertes a

Si nous nous appuyons provisoirement sur cet aperçu, nous aboutissons donc à un total de

onze voyelles portugaises, parmi lesquelles quatre — [ɪ] (Eduardo), [ʊ] (bonito ‘joli’), [e ]

(energia ‘énergie’) et [ɐ] (Rio de Janeiro) — sont étrangères au français.

Le [ɪ] est, à côté (au Brésil surtout) de [i] entre autres, une réalisation typique du e non

accentué (Eduardo). Il ne s’est pour ce qui concerne la langue source rencontré dans notre

corpus que dans le nom cité (quoique là aussi, l’usage peut être hésitant), le e dans Rio de

Janeiro étant prononcé [i]. Nous avons déjà mentionné dans le sous-chapitre sur la

modification presque systématique des voyelles « exotiques » que [ɪ] a ici été réalisé comme

[e], ce qui revient à une francisation complète pour laquelle l’on s’est probablement basé sur

83

Barbosa & Albano (2004) utilisent [ ] au lieu de [e ], mais nous préférons continuer en utilisant ce dernier

signe pour maintenir la clarté de la parenté avec [o ].

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82

l’orthographe aussi bien que sur, estimerions-nous, l’existence du pronom français Édouard.

[ʊ] et [e ] ne se trouvent tous les deux pas dans notre corpus, l’usage général pour les mots

pouvant éventuellement comporter ces sons étant de préférer [u] respectivement [e] ou [ɛ]. La

voyelle pré-ouverte centrale [ɐ], qui nous est encore familière de notre analyse pour la langue

source allemande plus haut, est cependant très courante comme réalisation des a non

accentués, ce qui est d’ailleurs le cas au Portugal aussi. Pour quatre de ses cinq occurrences,

concernant les noms Rio de Janeiro, Copacabana, Heitor da Silva Costa et Bel Noronha, elle

s’est à la fois antériorisée et ouverte en [a]. Le nom faisant exception est Guanabara, dans

lequel la voyelle finale est de manière quelque peu surprenante tombé et où l’avant-dernier a,

accentué en portugais aussi, s’est allongé comme si la dernière voyelle n’était qu’un schwa84

.

C’est l’usage en portugais de nasaliser non seulement les voyelles suivies de n, m ou (dans

des emprunts ou noms étrangers) ng quand ceux-ci se trouvent en coda, mais aussi quand ils

constituent l’attaque de la syllabe suivante (ou font partie d’elle). Ce phénomène se rencontre

p.ex. dans un nom propre comme Copacabana, où l’avant-dernier a se trouve nasalisé en [ɐ ]

quoique le [n] suivant appartienne à la dernière syllabe. Puisque ce type de nasalisation n’est

en principe pas possible en français, nous n’avons pas rangé les éléments concernés parmi les

combinaisons éventuellement susceptibles de subir la nasalisation (cf. infra). Les deux seules

occurrences dans notre corpus, une de [ɐ ] (Copacabana) et une de [ɔ ] (Bel Noronha), ont en

prononciation francisée en effet été réalisées de manière orale, à savoir comme [a] et [o].

Parce que la réduction vocalique est en portugais, contrairement au français,

omniprésente, et que les mêmes lettres peuvent par conséquent se réaliser d’une manière tout

à fait différente selon qu’elles sont accentuées ou non, il y a pour cette langue également bon

nombre d’adaptations au niveau des voyelles communes au portugais et au français. Ainsi, le

[u], en portugais à côté de la réalisation usuelle de u aussi la prononciation normale de la

plupart des o atones — tout comme c’est d’ailleurs le cas en catalan standard (cf. infra) —, ne

s’est maintenu que dans l’unique attestation du nom Eduardo, dont le pendant français est —

et s’écrit — justement Édouard. Dans les douze autres occurrences de la postérieure (soit

92,3%), elle s’est adaptée en [ɔ], [o] ou [y], suivant l’orthographe puis la position en syllabe

fermée ou ouverte. Écrit o, elle s’est en syllabe fermée prononcée [ɔ] pour les quatre

occurrences concernées (des noms Sporting Portugal — l’unique nom propre portugais

provenant de la lusophonie européenne — et Corcovado), ce qui nous semble tout à fait

84

Le schwa est cependant en effet relativement proche du [ɐ]. Ce dernier son se trouvant entre le schwa et [ä]

dans le triangle vocalique (mais pas à mi-chemin, où nous avons [ɜ] et [ɞ]), ce n’est pas pour rien que [ɐ] est

souvent appelé tiefes Schwa (‘schwa profond’) en linguistique allemande.

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83

normal vu la réalisation du o en français dans la même position. Quand le o se trouve en

revanche en syllabe ouverte, elle s’est fermée en [o] pour six des sept attestations concernées

(réparties parmi les noms Eduardo, Corcovado, Rio et Rio de Janeiro), le nom faisant

exception pour cette position étant Bel Noronha, réalisé de manière plus ouverte avec [ɔ].

Remarquons que toutes les attestations de o finaux se sont donc réalisées avec [o], comme ce

serait le cas à l’intérieur d’un mot français, et que le premier o dans Bel Noronha, non final, se

serait probablement prononcé [ɔ] s’il s’agissait d’un mot français (cf. noria). L’on a donc

tendance à se baser sur la prononciation française aussi au sein de la catégorie des [u] écrits o

en syllabes ouvertes. Quand cette voyelle s’écrit par contre u, elle se réalise [y] tout comme

en français — au moins pour notre seule occurrence Sporting Portugal, pour laquelle nous

pouvons bien entendu blâmer le nom français de pays. Notons pour le reste que le [i]

prononcé comme tel dans le nom Rio de Janeiro s’est francisé en [ə] comme s’il s’agissait du

la préposition française de — une adaptation tout à fait normale vu l’ubiquité de noms

géographiques à la Territoire de Belfort ou Pont-de-Loup —, et que nous avons aussi

répertorié une transformation de [a] en [o] dans le nom Guanabara, ce que nous ne pouvons

interpréter autrement que comme un lapsus de la part du journaliste concerné.

La diphtongue [ej] dans Rio de Janeiro s’est prononcé dans sa seule attestation [ɛ], suivant

ici encore l’orthographe (cf. Seine).

5.4.3.2. Consonnes

Barbosa (1983 : 165) énumère pour le portugais les phonèmes consonantiques repris dans

le tableau 24.85

85

Nous y avons ajouté les affriquées [tʃ] et [dʒ] ainsi que la fricative [x], toutes les trois courantes au Brésil.

Pour le reste, nous avons remplacé les signes peu clairs /r/ (muro ‘mur’) et /ρ/ (qui nous était entièrement étrange

mais se trouverait dans burro ‘coup de poing’) par [ɾ] et [ʀ], respectivement. Bien que d’autres variantes existent

encore (comme signalé supra), ces deux réalisations-ci suffisent pour pouvoir tenir compte des distinctions au

niveau phonologique au Portugal.

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84

Tableau 24. Consonnes du portugais

Mode

d’articula

-tion

Bilabiales Labiodenta

-les

Alvéolai-

res

Post-

alvéolaires

Palatales Vélaires Uvulaires

Nasales m n ɲ

Occlusives p b t d k ɡ

Affriquées tʃ dʒ

Fricatives f v s z ʃ ʒ x

Spirantes j w

Roulées ʀ

Battues ɾ

Spirantes

latérales l ʎ

Comme signalé supra, tous les possibles allophones de /r/ ont été francisés en [ʁ], qui est

d’ailleurs lui aussi une variante existante au Portugal — et pour lequel il ne doit par

conséquent pas nécessairement être question d’une francisation. Il s’agit de dix attestations au

total des noms Sporting Portugal, Eduardo, Corcovado, Rio, Rio de Janeiro, Heitor da Silva

Costa, Guanabara et Bel Noronha.

L’affriquée [dʒ], qui est en portugais brésilien le résultat de la palatalisation tout à fait

habituelle des d avant e non accentué ou i, est en prononciation francisée abolie pour la seule

occurrence concernée, Rio de Janeiro. Ceci ne surprend guère vu la parenté de la préposition

avec son pendant identique en français (cf. supra), et il est p.ex. en Flandre également tout à

fait normal de ne pas tenir compte de la palatalisation typique du brésilien même quand on

réalise p.ex. l’o final comme [u]. La même chose vaut pour la vocalisation des l en fin de

syllabes, autre trait distinguant du portugais brésilien : tandis que l’on a [w] dans la langue

source (cf. aussi Dilma Rousseff [ˈdʒiwmɐ χuˈsɛf]), la seule attestation en question Heitor da

Silva Costa s’est simplement réalisée avec [l].

Les autres consonnes ne se sont soit pas présentées dans notre corpus, soit ont été

maintenues telles quelles en prononciation francisée.

5.4.3.3. Autres observations

Quand la nasalisation concerne des positions éventuellement susceptibles de celle-ci en

français aussi — à savoir quand les consonnes nasales se trouvent encore au sein des syllabes

concernées —, elle tombe justement en prononciation francisée pour les deux attestations en

question. Pour l’élément [ĩɡ] écrit ing (Sporting Portugal), qui a été réalisé [iŋ] en fermant la

voyelle originelle [ɪŋ] de l’anglais, cette observation n’est pas anormale : la nasalisation du i

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85

dans gredin est tout à fait habituel, tout comme elle l’est avant ng dans des mots comme coing

ou poing et également quand ce digramme est anglais et s’y prononce [ŋ] (cf. Lance

Armstrong supra), mais i seul avant ng rendrait les choses probablement trop compliquées —

d’autant plus qu’un emprunt comme parking se prononce également avec [iŋ]. L’autre

attestation concerne l’élément [ɔ ] dans Nadson, qui lui aussi s’est entièrement dénasalisé en

[ɔn].

Terminons notre analyse de la langue source portugaise en attirant l’attention sur la

francisation entière d’un prénom pourtant « lusitanisé » comme Heitor dans notre unique

attestation Heitor da Silva Costa, dans lequel la diphtongue ei s’est réalisé non comme [ɛj]

mais comme [ɛk], comme s’il s’agissait d’Hector. Rappelons que nous avons observé le

même phénomène (qui dépasse en fait la simple francisation, mais revient plutôt à une sorte

de traduction) plus haut pour l’allemand (Sebastian Vettel).

5.4.4. Catalan

La langue source catalane n’étant représentée que par trois occurrences, nous n’y

consacrerons pas beaucoup de lignes dans ce travail. Nos trois attestations représentent trois

noms différents : David Ferrer, Almussafes et Sergi López.

Tout comme le portugais, le russe et de fait l’anglais aussi (cf. les nombreuses

orthographes du [ə]), le catalan connaît un haut degré de réduction vocalique, c’est-à-dire que

les voyelles atones se trouvent généralement articulées d’une tout autre manière que les

toniques. Comme nous venons de le signaler pour le portugais supra, ce phénomène n’est

guère maintenu par les francophones prononçant les noms catalans. Ainsi, le toponyme

Almussafes, que l’on prononce en catalan standard [əlmuˈsafəs] — cf. Larousse (2004 : XIII)

—, a été réalisé par un journaliste de RTL-TVI avec [a] ouvert et [ɛ] mi-ouvert,

respectivement. La même chose vaut pour David Ferrer, où nous devrions avoir à Barcelone

[dəˈvit fəˈreɾ], et pour Sergi López [ˈsɛɾdʒi ˈlɔpəs], qui ont été francisés en [davitfeˈʁɛʁ] et

[sɛʁʒilɔˈpɛzə] en ouvrant les schwas, selon l’écrit, en [a], [e] ou [ə].

Remarquons quant aux consonnes que la fricative [dʒ] de Sergi López a donc été simplifié

pour aboutir au [ʒ] tout à fait français et que le z final de López, en catalan déjà provenant de

l’espagnol, où il se prononcerait [θ], se sonorise et est pourvu d’une détente consonantique

facilitant ce processus.

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86

5.4.5. Roumain

Les deux seules attestations de noms propres roumains dans notre corpus, Mutu et Mircea

Rednic, présentent peu de singularités phonologiques roumaines inconnues au français.

Attirons l’attention seulement, à part sur le déplacement de l’accent et la francisation du [r]

habituels, sur le fait que l’affriquée [tʃ] dans Mircea Rednic s’est maintenue telle quelle en

prononciation francisée, et que les deux [e ]86

dans ce même nom (Mircea Rednic) ont été

ouvert pour le premier et fermée pour le deuxième, ce qui reflète parfaitement l’usage en

français autochtone.

5.4.6. Conclusions pour les langues romanes

Le [e ] et les différentes réalisations du phonème /r/ étant les deux seuls éléments absents

en français à s’être présentés pour plus d’une langue source dans notre corpus, il serait inutile

de fournir ici un tableau comme nous l’avons fait pour les langues germaniques supra. Si nous

faisons cependant le total des pourcentages d’adaptation de tous ces sons confondus, nous

obtenons un taux de pas moins de 97,5% (156 attestations contre quatre, les pourcentages des

voyelles et des consonnes séparément étant de 100% et de 93,3%, respectivement), le [x] étant

même le seul son à faire exception à la règle plus ou moins générale que nous avons

adaptation pour chaque occurrence des sons propres aux langues concernées. Si l’on

préférerait d’y exclure la consonne centrale [ä] de l’espagnol et les moyennes [e ] et [o ] de

cette même langue source et du roumain, pour lesquelles l’on pourrait argumenter que la

limite entre elles et leurs pendants antérieurs/postérieurs et mi-fermés/mi-ouverts,

respectivement, pourrait avoir été souvent difficile à marquer pendant l’enregistrement, nous

aboutissons toujours à un taux d’adaptation de 94,4% (67 contre 71). Ce dernier pourcentage

ne s’écarte pas considérablement des 92,9% que nous avons trouvés pour les langues

germaniques supra, et la tendance à éviter les sons auxquels l’on n’est pas familier en devient

d’autant plus nette.

Au niveau des sons que nous connaissons en français aussi, l’adaptation des [u] portugais

écrits o ou u dans douze des treize attestations concernées (soit 92,3%) a démontré que

l’orthographe est pour les langues romanes aussi tellement importante que l’on pourrait,

86

Tout comme l’espagnol, le roumain ne fait pas la différence entre [e] et [ɛ] — du moins pas au niveau des

phonèmes — et la réalisation du e se trouvera le plus souvent quelque part entre les deux. La transcription

phonétique avec [e ] est pour cette voyelle alors la plus évidente.

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87

surtout pour le portugais (dont les connaissances seront en général limitées chez les

journalistes aussi), considérer de compter cette voyelle parmi les voyelles « inexistantes » en

français, du moins pour les cas où il s’écrit de l’une de ces deux manières.

Pour les trois langues nous ayant fourni des éléments susceptibles de se nasaliser,

l’espagnol l’a présentée dans douze cas, pour la laisser de côté dans huit autres occurrences

(60,0%). Les attestations italiennes et portugaises concernées ont de leur côté été nasalisées

dans deux cas sur deux et dans aucun des deux, respectivement. Au total, quatorze des 24

occurrences, soit 58,3%, ont donc été nasalisées. Ce pourcentage est considérablement

supérieur aux 38,5% obtenus plus haut pour les quatre langues germaniques, les noms issus

d’autres langues romanes s’avèrent donc plus prédisposés à la nasalisation, procédé typique

du français, en prononciation francisée que les germaniques.

5.5. Autres langues indo-européennes

Parmi les neuf autres langues indo-européennes à être représentées dans notre corpus, sept

sont des langues slaves — l’ukrainien (huit attestations87

), le bulgare, le serbe (quatre

chacun), le russe (trois), le polonais (deux), le croate et le macédonien (une chacun) —, l’une

est indo-iranienne (le hindi, avec une occurrence), et le grec, représenté par quatre

attestations, forme une branche à part entière tout comme le font l’albanais et l’arménien.

Puisque les nombres d’attestations sont si peu élevés pour toutes les langues concernées,

nous avons préféré de grouper les huit langues slaves sous une même section et de traiter

ensuite le grec et le hindi séparément. Cela nous permettra aussi de mieux accentuer

d’éventuelles particularités communes quant à la francisation à travers les langues de cette

même branche.

5.5.1. Langues slaves

Les sept langues slaves présentes dans notre corpus proviennent des trois sous-branches

de la famille : les langues slaves orientales (ukrainien et russe), méridionales (bulgare, serbe,

croate et macédonien) et occidentales (polonais). Dans l’ensemble, elles comptent 23

occurrences, ce qui revient à 2,2% de notre corpus.

87

Que l’ukrainien justement est de cette catégorie la langue le mieux représentée est dû au fait que des élections

parlementaires ont eu lieu en Ukraine le 28 octobre 2012, soit pendant l’enregistrement des données.

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88

5.5.1.1. Ukrainien

Les huit attestations recueillies de noms propres ukrainiens concernent six noms

différents : Viktor Ianoukovytch, Ioulia Tymochenko (trois occurrences), Klytchko88

,

Ianoukovytch seul, Tymochenko et Iakovenko.

Quant aux voyelles ukrainiennes, le [ ] s’est toujours francisé en [a] dans les six

occurrences des noms concernés, à savoir Viktor Ianoukovytch, Ioulia Tymochenko,

Ianoukovytch et Iakovenko. Des francisations similaires et tout à fait dans le droit fil de celles

faites plus haut pour les autres langue sources se sont également produites pour le [ɪ]

(généralement un и transcrit par y, permettant parfaitement de le distinguer du і transcrit i, qui

se prononce [i]), qui devient systématiquement [i] là où il se présente dans tous les noms sauf

Iakovenko, et pour le [ɔ] avant r, qui s’est allongé dans Viktor Ianoukovytch. La mi-ouverte

[ɔ] s’est le plus souvent fermée en [o] en syllabe ouverte, c’est-à-dire toujours sauf pour les

non-finales dans Ioulia Tymochenko (deux des trois occurrences) et Tymochenko. Encore pour

Ioulia Tymochenko Юлія Тимошенко, deux des trois occurrences avaient perdu le [i] présent

en ukrainien avant le [ja] final, un phénomène probablement dû au manque de clarté de la

transcription française sur ce point : le і dans Юлія réprésente [i], et я la combinaison [j ].

Pour la troisième attestation de ce même nom, la séquence [ij] est même tombée dans son

intégralité, et l’on a abouti à [juˈla] seulement. Vu l’existence de substantifs comme sanglier

et de noms propres du genre Julien en français, où nous avons aussi la séquence [lj], il s’agit

ici probablement d’un lapsus.

Les consonnes ukrainiennes, sauf [r] (francisé) et [tʃ] transcrit tch (pour cette raison

maintenu pour les trois occurrences concernés Viktor Ianoukovytch, Klytchko et

Ianoukovytch) toutes présentes en français pour ce qui regarde celles présentes dans notre

corpus, se sont en général maintenues. Mentionnons seulement deux affrications de [ʃ] en [tʃ]

pour les noms Ioulia Tymochenko et Tymochenko de la part de la présentatrice Caroline

Fontenoy de RTL-TVI, une modification d’autant plus intéressante puisque c’est justement

[tʃ] qui n’existe en français que dans des emprunts, et que [ʃ] s’y écrit naturellement ch — ce

n’est pas pour rien que la transcription française préfère ce digramme. S’il ne s’agit pas d’un

autre lapsus ici — c’est la même présentatrice qui a réalisé Ioulia dépourvu des deux sons

[ij]… —, il est possible que la locutrice ait interprété la transcription avec ch comme

88

L’orthographe Klitschko est tout à fait courante dans les médias, mais nous avons préféré de maintenir la

transcription française habituelle consistant à transcrire и par y et ч par tch (l’élément tsch — nous pourrions

l’appeler un « tétragraphe » — ne peut presque provenir que de l’allemand d’ailleurs).

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équivalant à la même chose qu’en anglais ou en espagnol, où l’on aurait évidemment

l’orthographe ch pour l’affriquée [tʃ].

Nous avons déjà signalé dans le sous-chapitre sur le déplacement répandu de l’accent que

Iakovenko a pour l’ukrainien fait exception en maintenant celui-ci sur la pénultième syllabe.

Enfin, aucune nasalisation s’est pour l’ukrainien introduite en prononciation francisée — la

séquence [ɛŋ] que nous trouvons dans Ioulia Tymochenko s’est donc maintenu.

5.5.1.2. Bulgare

Outre la francisation du [r], les quatre noms bulgares (Arzo, Aksel, Aldeniz et Dimitrov,

s’étant rencontré une fois chacun) nous ont fourni peu de particularités au niveau de leur

réalisation en prononciation francisée. Signalons seulement que [ɛ] en syllabe ouverte dans le

prénom Aldeniz s’est neutralisé en [ə], ce que nous estimons être dû à la similarité avec le

français Denis.

5.5.1.3. Serbe

Clarifions pour le serbe d’abord que nous partons pour cette langue de l’alphabet latin, et

qu’il ne s’agit ici pas d’une transcription mais plutôt d’un autre système d’écriture — pas

encore trop courant en Serbie, mais codifié tout de même —, caractérisé par l’usage des

signes diacritiques qui sont les mêmes que ceux employés dans les alphabets latins adaptés du

bosniaque, du croate ou du monténégrin, dans la mesure où l’on considère toutes ces variétés

nationales comme des langues à part entière89

. La différence avec une transcription est

évidemment que l’on éviterait pour cette dernière, au moins en ce qui concerne les langues

slaves, d’employer des signes diacritiques, en fournissant au lieu de ceux-ci des graphies

propres aux différentes langues sources (cf. la note 16 supra).

Les quatre attestations de noms propres serbes dans notre corpus concernent les deux

noms Jovanović et Jorgačević (trois occurrences) seulement. Quant aux voyelles, le [a:]

allongé du premier nom s’est raccourci en [a] dans sa seule occurrence, et le [e ] en voyelle

ouverte ainsi que le [o ] en ouverte et fermée — le serbe aussi a recours à ces voyelles

89

Nous avons pour le présent travail donc distingué le croate et le serbe, suivant en cela les gouvernements

nationaux concernés mais aussi p.ex. l’Union européenne, qui a adopté en tant que langue officielle le croate et

non le serbo-croate suite à l’accession de la Croatie.

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moyennes plutôt qu’à [ɛ] et à [ɔ] — se sont adaptés en [e] et [ɔ] pour Jorgačević et pour

Jovanović et Jorgačević, respectivement.

Pour ce qui regarde les consonnes serbes, l’attaque [j] dans Jovanović a été francisée en

[ʒ] sur RTL-TVI tandis que cette même semi-voyelle a été maintenue telle quelle dans les

trois attestations de Jorgačević, qui proviennent toutes de leurs collègues de la chaîne

publique La Une. L’affriquée alvéolo-palatale sourde [tɕ], qui s’écrit ć et diffère subtilement

de son homologue post-alvéolaire sourde [tʃ] que nous connaissons de l’anglais et de

l’espagnol mais aussi de l’ukrainien (cf. supra) et qui s’orthographe de son côté č90, s’est plus

ou moins maintenue dans les quatre cas (Jovanović, Jorgačević), quoique la réalisation en

prononciation française s’approche plutôt de la post-alvéolaire justement. Cette observation se

trouve en fort contraste avec la réalisation de celle-ci dans les trois occurrences de Jorgačević,

où l’on a tout simplement prononcé [s] comme si le signe diacritique était absent dans le texte

lu par les journalistes en question et qu’il s’agissait d’un nom français (l’on est cependant, il

est vrai, pas allé jusqu’à le sonoriser encore parce qu’il se trouve entre deux consonnes).

Attendu la coutume généralisée dans les médias — populaires aussi bien que moins

populaires — de supprimer des signes trop « exotisants », la première hypothèse est très

probable, et elle expliquerait de surcroît la disparité entre les comportements des deux

affriquées : –ić étant une terminaison omniprésente dans les langues slaves méridionales, c’est

un élément auquel l’on s’est entre-temps habitué en Europe occidentale — probablement

justement grâce en partie aux nombreux joueurs de football venus de l’ex-Yougoslavie (cf.

Zlatan Ibrahimović plus haut) —, à tel point que la presse flamande prononçait à peu près

collectivement le nom de l’entraîneur roumain Mircea Rednic (évidemment sans l’accent)

aussi avec la sifflante pendant les premiers jours après son arrivée en Belgique91

.

5.5.1.4. Russe92

Pour le russe, les trois attestations de noms propres recueillis pendant l’enregistrement

sont Vinokourov, Kerjakov et Vladimir Poutine. Nous avons constaté des adaptations au

niveau de cinq voyelles et de deux consonnes, toutes absentes dans la phonologie française.

90

Cf. Prisma (20094 : 574) : « Er is een klein verschil in uitspraak tussen de č en de ć. De eerste letter, ook wel

‘tvrdo č’ [‘č dur’] genoemd, wordt iets harder uitgesproken dan de ć, ook wel ‘mekano ć’ [‘ć doux’] genoemd.

Hetzelfde geldt voor de letters dž en đ (de eerste wordt iets harder uitgesproken). » 91

Cette réalisation fautive était à l’époque répandue plus ou moins jusqu’au moment où l’entraîneur lui-même

clarifia la prononciation correcte de son nom. Notons que l’erreur ne s’est pas présentée pour notre seule

occurrence du nom Mircea Rednic sur RTL-TVI. 92

Cf. Langran & Veshnyeva (201212

) pour une introduction à la prononciation du russe.

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91

La réduction vocalique des inaccentuées est en russe tellement développée que nous pouvons,

pour notre échantillon, facilement faire la distinction entre les voyelles attestées dans des

syllabes toniques et celles se rencontrant dans les atones.

Au niveau des voyelles accentuées, les sons affectées sont [ji] (Vladimir Poutine) et [o ] en

syllabe fermée (typique de la terminaison –ov93

: Vinokourov). Pour [ji], la mouillure — autre

trait typique du russe — a été abolie pour sa seule attestation, ce qui ne saurait guère nous

surprendre vu l’exotisme que la réalisation de celle-ci engendrerait probablement. Le [o ] s’est

pour ses deux seules occurrences en syllabe fermée (Vinokourov et Kerjakov) ouvert en [ɔ] ; il

n’y a dans notre corpus pas d’attestations du même son en syllabe ouverte.

Côté voyelles atones, les modifications répertoriées se sont produites au niveau de [ɐ]

(Kerjakov), [ɪ] et [jɪ]

94 (Kerjakov) et [ʊ] (Vinokourov). Le [ɐ] s’est réalisé, suivant clairement

l’orthographe, comme [a] dans Kerjakov et Vladimir Poutine et comme [ɔ] dans Vinokourov.

La même observation vaut pour les [ɪ] et [jɪ], qui se sont prononcés [ɛ] dans Kerjakov mais [i]

dans Vinokourov et Vladimir Poutine. Enfin, [ʊ] aussi s’est simplement francisé au moyen de

la fermeture en [u] — le lecteur n’a en fin de compte guère d’autre choix quand la

transcription présente le digraphe ou. En somme, les cinq voyelles étrangères au français

présentes dans notre corpus ont toutes été entièrement francisée avec l’orthographe comme fil

conducteur.

Au niveau des consonnes propres au russe, nous avons — à part la francisation des [r]

dans les trois noms — seulement trouvé la modification quelque peu étrange de la consonne

fricative rétroflexe voisée [ʐ]95

dans Kerjakov en [z]. Là où nous aurions plutôt attendu la

prononciation, suivant la transcription, avec le [ʒ] tout à fait français, l’on a donc préféré

l’alvéolaire sonore à son pendant post-alvéolaire. Vu la clarté de la transcription française, il

peut cependant bien s’agir d’un lapsus ici.

Il est frappant à voir que la transcription française a pour le russe tendance à empêcher

que la nasalisation se fasse dans un nom comme Vladimir Poutine Владимир Путин

(transcrit en anglais Vladimir Putin, en néerlandais Vladimir Poetin, etc.) en ajoutant un –e à

l’élément –in. Cet usage est loin d’être la règle, mais il se voit par exemple aussi pour

Pouchkine ou pour la ville de Magadan, écrit Magadane çà et là dans des textes français sur

l’internet, ou — dans une langue typologiquement tout à fait différente — pour p.ex. le nom

93

Nous ne voulons cependant pas dire par cela que celle-ci porterait toujours l’accent. 94

Ces deux variantes sont parfois interchangeables, parfois elle dépendent des mots individuels. Nous nous

sommes permis de les traiter ensemble. 95

Il s’agit ici de la variante rétroflexe (cf. la note 71 supra) des [ʒ] et [ʑ], qui s’écrit ordinairement ж en russe.

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de l’actuel président libanais Michel Sleiman, au lieu duquel Sleimane se présente souvent

aussi.96

Il n’y avait pour le russe par conséquent pas d’éléments sensibles à la nasalisation.

5.5.1.5. Polonais

L’unique langue slave occidentale est représentée dans notre corpus par les deux noms

Jerzy Janowicz et Wasil, qui s’y trouvent une fois chacun.

La seule voyelle polonaise à être adaptée dans notre corpus est la fermée centrale non

arrondie [ɨ] — écrit en général y, ce qui permet de la distinguer facilement de la fermée [i] qui

s’orthographe i —, pour laquelle nous avons la fermeture et l’antériorisation en [i] dans sa

seule occurrence Jerzy Janowicz.

Les modifications au niveau des consonnes du polonais sont alors, nonobstant le nombre

très bas d’attestations, quelque peu plus nombreuses. Dans Wasil, le s qui se réalise dans la

langue source comme la fricative alvéolo-palatale sourde [ɕ] sous l’influence du i suivant s’est

entièrement francisée en [z] : outre l’abolition de la postériorisation, la position de la

consonne entre deux voyelles entraîne une sonorisation tout à fait naturelle — du moins s’il

s’agissait d’un nom français. Les trois autres adaptations se sont présentées dans Jerzy

Janowicz. Ainsi, l’attaque consistant en la semi-voyelle [j] s’est curieusement francisée en [ʒ]

pour le prénom mais maintenue dans le nom de famille chez le journaliste de TF1 en question.

Le digraphe rz, dont la valeur est en polonais la consonne fricative rétroflexe voisée [ʐ], s’est

prononcé à la française comme [ʁz], et l’affriquée alvéolo-palatale non-voisée [tʂ] écrit cz

s’est antériorisée en [tsə], avec l’adjonction peu surprenante d’une détente consonantique pour

le faciliter — l’on a apparemment été conscient du fait qu’il s’agit d’une affriquée, mais nous

aurions ici plutôt attendu [tʃ] que [ts], qui est indubitablement plus rare en français encore que

[tʃ].

5.5.1.6. Croate

Dans Dinamo Zagreb, la seule attestation d’un nom propre croate dans notre base de

données, le [e ] moyen — ayant reçu l’accent en prononciation francisée — s’est ouvert et

allongé en [ɛ] comme s’il s’agissait d’un nom français se terminant par, disons, –èbe.

Clarifions que le croate ne connaît, contrairement à la majorité des autres langues slaves, pas

96

Ce dernier exemple pourrait être considéré comme étant plus évident vu la francisation — non inhabituelle au

Liban, où la position du français est toujours très forte — déjà poussée assez loin du nom arabe.

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d’assourdissement des consonnes finales sonores, et qu’il n’y saurait donc être question d’une

« resonorisation » quand nous entendons ici [b] chez un locuteur français.

5.5.1.7. Macédonien97

Mentionnons pour la langue source macédonienne, à part le déplacement de l’accent vers

la dernière syllabe et la francisation du [r], que la semi-voyelle [j] écrit j98

dans la

transcription de notre seule occurrence Trajkovski a été maintenue telle quelle.

5.5.1.8. Conclusions pour les langues slaves

Traduisons maintenant en chiffres quelques constatations que nous venons de faire pour

les différentes langues slaves dans le tableau 25. Celui-ci fournit pour les sons absents en

français et présents dans notre corpus, tous traités plus haut, la réalisation en prononciation

francisée — il n’y a pour chaque voyelle ou consonne en effet qu’une seule prononciation

enregistrée. Vu l’importance de l’orthographe déjà signalée plus haut à plusieurs reprises,

nous accompagnerons d’emblée chaque son des façons auxquelles il s’est écrit dans notre

corpus (originellement ou dans la transcription, cette dernière suivie de l’originel cyrillique si

d’application)99

.

97

Cf. Kramer (2003²) pour un bon aperçu rudimentaire de la prononciation du macédonien. 98

La transcription du bulgare et du macédonien diffère en effet de celle de p.ex. le russe sur ce point, cf. aussi

Skopje en français et non pas quelque chose comme Skopiè. 99

Cette primauté de l’écrit est par conséquent également la raison pour laquelle nous scindons quelques sons en

plusieurs entrées selon leur orthographe, notamment quand l’on pourrait prédire d’avance qu’ils ne peuvent

guère être réalisés de la même façon en prononciation francisée. La même chose vaut pour la position des /e/ et

/o/. En outre, nous traiterons les [ɪ] et [ɨ] ensemble tout comme nous l’avons fait pour l’anglais supra.

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Tableau 25. Réalisations des sons slaves inconnus en français

Son Réalisa-

tion

Nombre

d’attesta-

tions

Noms

concer-

nés

Langues concernées

(respectivement, si

d’application)

[ ] a (а) [a] 6 3 uk.

[ɐ] a (а) [a] 2 2 ru.

[ɐ] o (о) [ɔ] 1 1 ru.

[e ] e — syllabe fermée [ɛ] 1 1 crt.

[e ] e — syllabe ouverte [e] 3 1 sr.

[ji] i (и) [i] 1 1 ru.

[ɪ], [jɪ] y (и), i (и) et [ɨ] y [i] 10 8 uk., ru., pl.

[ɪ], [jɪ] e (е) — syllabe fermée [ɛ] 1 1 ru.

[o ] o (о) — syllabe fermée [ɔ] 2 2 ru.

[o ] o — syllabe ouverte [ɔ] 4 2 sr.

[ʊ] ou (у) [u] 1 1 ru.

[ʐ] j (ж) [z] 1 1 ru.

[ʐ] rz [ʁz] 1 1 pl.

[ɕ] s — entre deux voyelles [z] 1 1 pl.

[tʃ] č [s] 3 1 sr.

[tʃ] tch (ч) [tʃ] 3 3 uk.

[tʂ] cz — final [tsə] 1 1 pl.

[tɕ] ć [tʃ] 4 1 sr.

[r] r (р), r [ʁ] 11 9 uk., bg., ru., sr., crt., mc.

Total — 57 18100

(Toutes)

Ce qui saute immédiatement aux yeux (et cela non seulement parce que nous l’avons écrit

en gras), c’est que les affriquées ukrainiennes, et par conséquent transcrites, sont les seules

affriquées, consonnes et sons slaves étrangers au français à s’être maintenues telles quelles

systématiquement dans notre corpus — le russe, le bulgare et le macédonien, qui y sont les

autres langues écrites en cyrillique, n’ont pas présenté d’affriquées pour ce qui concerne nos

données. En d’autres mots, seules les affriquées de l’unique langue pour laquelle une

transcription entre ici en jeu, à savoir les trois occurrences du [tʃ] dans Viktor Ianoukovytch,

Klytchko et Ianoukovytch, ont été maintenues telles quelles. Apparemment, les locuteurs

francophones ont donc vraiment besoin d’une suite de graphies directement identifiables

comme étant françaises pour pouvoir, savoir ou vouloir reproduire exactement l’affriquée

originelle, quoique nous devions immédiatement nuancer cette hypothèse en clarifiant que

l’ukrainien est de nos trois langues slaves fournissant des affriquées aussi la seule dans

laquelle il s’agit du « simple » [tʃ] composé de facto des [t] et [ʃ] tout à fait courants en

français et que le nombre d’attestations est pour les langues slaves trop bas pour pouvoir

aboutir à des conclusion quantitatives pour l’ukrainien, et encore moins pour le russe, le

100

Ce nombre se réfère au nombre de noms différents entrant en jeu pour toute la colonne, donc en comptant

chaque nom une fois seulement. Le chiffre dans la colonne précédente reflète par contre le total des observations

faites, dont il y aura plusieurs par occurrence individuelle d’un nom.

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bulgare et le macédonien, qui n’ont pas eu l’occasion de nous fournir les affriquées qui leur

sont autant familières qu’elles le sont à l’ukrainien. Au total, 54 des 57 attestations de sons

slaves absents en français, soit 94,7%, ont été adaptés.

C’est donc dans ce droit fil également que s’inscrit la conclusion qui ressort

immédiatement du tableau 22 : l’écrit et, a fortiori, la transcription déterminent pour les

langues slaves encore plus, c’est-à-dire presque entièrement, la manière à laquelle les noms

propres se prononcent dans un contexte francophone. Une transcription, par laquelle nous

entendons ici donc une transcription phonologique spécifiquement conçue pour la langue

cible en question, devrait pourtant en premier lieu pouvoir servir de fil d’Ariane pour pouvoir

reproduire de manière aussi authentiquement possible la prononciation dans la langue source.

Mais parce que, contrairement à la translittération (de caractère plus scientifique), elle

n’admet pas de signes diacritiques étrangers (ou éventuellement de lettres supplémentaires

comme p.ex. le þ islandais ou l’ə de l’azéri, qui n’en appartiennent pas moins à l’alphabet

latin) pour rendre compte des particularités des langues concernées (p.ex. le [ɪ]) et qu’elle ne

change pas l’orthographe quand celle-ci ne se change pas non plus dans la langue source

malgré un changement au niveau de la prononciation (p.ex. la réduction vocalique en russe : o

non accentué juste avant la syllabe tonique réalisé [ɐ]), il demeurera toujours difficile voire

impossible de rendre compte de la prononciation authentique sans que l’on ait recours à des

systèmes plus complexes (p.ex. la translittération justement, quoiqu’elle non plus ne rende pas

compte de p.ex. la réduction vocalique en russe), et qui seraient beaucoup plus difficiles à

assimiler pour les lecteurs ainsi que pour les journalistes et présentateurs, surtout quand on

aurait subséquemment encore tendance à faire tomber les signes diacritiques ainsi importés.

Notre observation que les cz et rz polonais ou le č serbe aient contrairement aux différents tch

russes, ainsi transcrits, pas été prononcés comme dans la langue source prouve cependant

qu’au moins pour les consonnes, la transcription française comme nous la connaissons

aujourd’hui pour les langues slaves est, tout bien considéré, un outil pratique pour avoir une

idée de la prononciation dans la langue source.

5.5.2. Grec

La langue source grecque, qui a apparu dans notre corpus à quatre reprises, y est

représentée par les deux noms Olympiakos et Costas Vaxevanis (trois occurrences).

Au niveau des voyelles, les deux seuls sons affectés par des adaptations — [ɛ] et [ɔ] —

existent en français aussi. Dans toutes les attestations de Costas Vaxevanis, le [ɛ] s’est fermé

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en [e] suivant l’usage en français, et le [ɔ] a suivi ce modèle dans Olympiakos, pour lequel le

premier [o] surprend plus (cf. fr. olympique, quand même avec [ɔ]) que le second, qui se

trouve tout à fait dans le droit fil de noms comme Calvados ou Darcos ou encore, selon

Martinon (1913 : 103), des « noms de cigares, trabucos, crapulos, etc., et dans les accusations

latins, intra muros, benedicat vos, et par conséquent salva-nos ; également dans […] Burgos,

don Carlos, Cornélius Népos et Hyesos. »

Quant aux consonnes grecques, le p π dans Olympiakos, qui se prononce dans cette

position (c’est-à-dire après m μ, avec lequel il forme le digraphe mp prononcé [b] dans bon

nombre d’autres contextes, p.ex. μπετόν beton ‘béton’101

) de façon sonorisée dans la langue

source (cf. Βαλσαηάκι et al., 2005) — [ɔlimbjaˈkɔ:s] — s’est assourdi en [p], ce qui ne

pouvait guère être autrement vu la transcription habituelle du nom. Dans Costas Vaxevanis,

l’on a à nouveau assourdi le [s] final du prénom, qui se sonorise en grec parce que le mot

suivant commence par une sonore (Βαλσαηάκι et al., 2005). Ceci peut paraître curieux dans

une langue cible comme le français, où l’on a justement tendance à garantir l’enchaînement

fluide des éléments syntaxiquement liés les uns aux autres, mais les locuteurs en question ont

pour ce nom laisse une petite pause, sans doute pour faciliter la prononciation du nom

étranger. Celui-ci s’est d’ailleurs réalisé pour ses deux occurrences sur France 2 bizarrement

avec un [s] au lieu du second [v] dans le nom de famille Vaxevanis, ce qui est évidemment un

lapsus (dû à une faute de frappe sur le prompteur ?). (Ce [s] introduit est d’ailleurs bel et bien

resté sourd, ce qui le met en contraste avec la francisation entière en [z] du [ɕ] de Wasil plus

haut.)

Tout comme l’orthographe avec b de la transcription Olympiakos semble pour le gros des

médias être hors question, la non-nasalisation de l’élément –ym– s’avère également peu

évidente pour ce nom pouvant faire étalage de sa parenté avec l’Olympe et de ce fait avec

toute la série de noms communs français qui s’en dérivent, et qui présentent évidemment tous

— contrairement à l’usage en grec, bien entendu — la nasalisation.

5.5.3. Hindi

Le nom de l’État fédéré indien de l’Uttar Pradesh, dont les langues officielles sont

l’anglais, le hindi aussi bien que l’ourdou mais dont le nom est issu de cette deuxième langue,

101

Dans la majorité des cas, la transcription mb ou b, dépendant de la valeur dans le mot mais donc avec le b au

lieu du p, sera possible aussi (voire la plus répandue). C’est probablement l’étymologie illustre d’Olympiakos qui

empêche cela pour ce nom.

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est la seule attestation pour la langue source hindie — à son tour l’unique langue indo-aryenne

et indo-iranienne à être représentée — dans notre corpus. Elle se prononce en hindi [ˈʊttʌr

prʌˈde:ʃ], ce qui comporte deux voyelles — à savoir [ʊ] et [ʌ] — et une consonne — [r],

outre la gémination [tt] qui ne se produirait en français que rarement à l’intérieur d’un même

mot — absentes dans l’inventaire phonologique de la langue française.

Quant à la pré-fermée [ʊ], le présentateur Gilles Bouleau de TF1 l’a fermé encore pour

aboutir au [u] connu du français — il ne s’est ici pas laissé guider par l’orthographe

seulement, qui l’aurait fait réaliser pour le français [y] au lieu de [u]. Les deux [ʌ] écrits a ont

par contre été entièrement francisés en [a] d’après l’orthographe, ce qui fait que nous pouvons

parler ici d’une réalisation hybride au niveau du rapport entre les phonologie et orthographe

françaises. Les modifications répertoriées ne s’épuisent cependant pas avec cette seconde

voyelle inconnue en français : l’on a encore ouvert et raccourci la voyelle mi-fermée allongée

[e:] en [ɛ], ce qui nous semble parfaitement explicable vu sa position en syllabe fermée.

À part l’ « uvularisation » en [ʁ] du [r] roulé, l’abolition de la gémination [tt] en [t] est la

seule adaptation en matière des consonnes hindies.

5.6. Langues non-indo-européennes

Les trois langues appartenant à des familles linguistiques autre que l’indo-européenne à

être présentes dans notre corpus sont le finnois (ouralienne, plus exactement finno-ougrienne ;

représenté par huit attestations de noms propres), l’arabe (afro-asiatique ; sept) et le chinois

(sino-tibétaine ; sept également). Dans l’ensemble, ses langues sont donc représentées par 22

occurrences au total, ce qui revient à un taux de 2,1% du corpus.102

5.6.1. Finnois

Avec huit attestations, la langue finnoise est la mieux représentée parmi les non-indo-

européennes, mais le fait que toutes ces attestations proviennent uniquement des noms Kimi

Räikkönen (cinq) et Räikkönen seul (trois) tempère évidemment la représentativité des

données pour cette langue source.

102

Cela revient à dire que pas moins de 97,9% des attestations de noms propres étrangers dans notre corpus

proviennent d’une seule des quelques 140 (144 hors langues des signes, isolats et langues non classifiées selon

Lewis, Simons & Fennig (2013), pour être exact) familles de langues du monde. Rappelons toutefois que cela

n’en dit que peu sur la représentation des différentes ères linguistiques dans les émissions examinées, puisque

nous avons sauté quelques noms faute d’information quant à leur prononciation (cf. le 3.1. supra).

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Dans le domaine des voyelles, le finnois aussi comporte trois voyelles moyennes :

l’antérieure non arrondie [e ] (Räikkönen), l’antérieure arrondie [ ] (Räikkönen) et la

postérieure [o ] (yliopisto ‘université’). La dernière ne s’est pas présentée dans notre corpus, et

nous reviendrons encore sur les huit attestations de la première. Le [ø] s’est de son côté

postériorisée en [o] pour sept des huit occurrences au total, la seule exception étant un

maintien de la part d’un journaliste de RTL-TVI. Quoique le français connaisse parfaitement

la voyelle avoisinante [ø] et que le procédé de l’adjonction du tréma ne soit pas du tout une

exclusivité finlandaise (cf. le 5.3.1. sur l’allemand supra), cette observation se trouve dans le

droit fil de nos constats pour les quelques noms allemands concernés Klöden, Gerhard

Schröder (pour le [ø] tous les deux) et Sölden (pour le [œ]), que l’on a au niveau des voyelles

en question systématiquement francisés aussi. La diphtongue [æj] écrit äi — le premier

élément, ubiquitaire en finnois, correspond en effet au [æ] de l’anglais cat — a été francisé en

[aj] sans exception. Là, il y a bien une petite disparité avec le ä allemand — qui s’y prononce

cependant [ɛ] et donc différemment qu’en finnois, mais les différents impacts du tréma au

niveau des réalisations en français peuvent à notre avis bien être comparés —, bien que le seul

nom le comportant soit Kärcher et que l’une des six attestations de celui-ci ait bien été réalisé

avec [a] par Laurent Delahousse de France 2 (cf. 5.3.1.).

Tout comme nous l’avons constaté pour l’italien et le hindi, la gémination — autre trait

typique du finnois — [kk] est tombé dans les huit cas et s’est simplifiée en [k]. La nasalisation

s’est par contre jamais produite pour l’élément –en, les différentes réalisations étant le quasi-

maintien avec [ɛn] (six fois) et l’adaptation en [ən] ou [œn] (deux). Cette dernière option

pourrait être (inconsciemment ou non) influencée par une tendance à approcher le finnois à

l’allemand par une fausse impression d’affinité avec le germanique.

5.6.2. Arabe

Faute de connaissances de l’arabe, la seule langue afro-asiatique à être représentée dans

notre corpus, ou de son système d’écriture de la part de nous-même, nous avons pour l’arabe

dû nous borner à un nombre limité de noms propres pour lesquels nous pouvions trouver la

prononciation correcte. Les sept attestations arabes représentent les noms Bachar el-Assad

[baʃˈʃa:r el ˈʔasad] (quatre occurrences), Bachar seul, Abdallah [ʕabˈd ll ] et Kadhafi

[ɡəˈd :fi].

Au niveau des voyelles, les [ ] — variantes allongées incluses — ont ici encore tous été

réalisés comme [a] dans Abdallah et Kadhafi. Le [e] en syllabe fermée, qui se trouve dans la

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prononciation levantine de Bachar el-Assad, s’y est ouverte en [a] pour trois des quatre cas,

l’attestation restante présentant le [ɛ]. La première adaptation peut parfaitement s’expliquer en

référant à l’omniprésence de la transcription alternative Bashar al-Assad, courante en anglais

surtout. Le schwa dans Kadhafi a de son côté été francisé aussi en la remplaçant par [a].

En matière des consonnes arabes, le [r] (Bachar el-Assad) et le coup de glotte [ʔ] avant

l’élément Assad sont les seules à ne pas appartenir à la phonologie française standard. Le

premier son s’est francisé en [ʁ] ; le second a été supprimé, voire a laissé le champ libre à

l’enchaînement propre au français, tout comme nous l’avons vu pour l’allemand supra.

Remarquons pour le reste trois adaptations au niveau des autres consonnes. Ainsi, le [d] final

de Bachar el-Assad a été pourvu d’une détente consonantique pour deux des quatre

occurrences. Deux observations tout à fait régulières en vue des constats faits pour les autres

langues sources sont la perte de la gémination dans Bachar aussi bien que dans Abdallah, et

l’assourdissement du [ɡ] en [k] dans Kadhafi, provoqué naturellement par la transcription,

dont existent justement des variantes multiples avec k aussi bien qu’avec g.

5.6.3. Chinois

Le chinois (par lequel nous entendons ici le mandarin standard), la toute dernière langue

source à être analysé dans ce travail, est la seule langue sino-tibétaine dont proviennent des

attestations de noms propres dans notre base de données. Celles-ci sont, tout comme pour

l’arabe supra, sept, et se répartissent à travers trois noms propres différents : Wen Jiabao [wɛn

dʒjaˈbaw] (cinq occurrences), Xi Jinping [ɕi tɕinphiŋ] et Bo Xilai [pɔ ɕilaj]. Nous ne tiendrons

pour le chinois pas compte des tons (et les avons supprimés dans nos transcriptions

phonétiques), trait typique de cette langue, puisque cette caractéristique est tellement exotique

en Europe qu’aucun locuteur ne l’a maintenue.

Dans Wen Jiabao, la semi-voyelle [w] a pris l’accent et s’est francisé en s’adaptant en [o]

clair, et la diphtongue [aj] dans Bo Xilai a été conservée telle quelle. Pour le reste, les voyelles

on plus ou moins été maintenues en prononciation francisée.

En ce qui concerne les consonnes chinoises, quatre d’entre eux, toutes étrangères au

français, ont été adaptées. D’abord, le [p] sourd translittéré au moyen d’un b dans Bo Xilai a

été sonorisé en [b]. L’affriquée alvéolo-palatale sourde [tɕ] que nous trouvons écrite j dans Xi

Jinping a également été complètement francisée en [ʒ] ; l’usage pour son pendant fricative

[ɕ], typiquement écrit x en pinyin, est plus hésitant : dans Xi Jinping, Alain de Chalvron de

France 2 l’a antériorisé en [s], tandis que le même locuteur l’a justement affriqué en [tʃ] pour

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100

Bo Xilai dans le même journal télévisé. Enfin, l’aspiration du [ph] dans Xi Jinping tombe pour

aboutir à un simple [p].

En fait des combinaisons répondant aux critères pour une éventuelle nasalisation en

français, aucune des trois éléments répertoriés n’y a donné lieu. Quatre des cinq attestations

de Wen Jiabao ont maintenu le [ɛn], une réalisation avec [œn] faisant exception. Le [in] dans

Xi Jinping a au lieu d’être nasalisé été assimilé au [p] suivant, et est devenu alors [im].

L’élément [iŋ] à la fin du même nom (Jinping) a été maintenu tel quel.

5.7. Conclusions

Maintenant que nous avons parcouru de manière analytique nos observations pour toutes

nos 21 langues sources, nous pourrons avancer quelques conclusions sur l’ensemble de ces

langues.

Commençons par le résumé de quelques chiffres sur le maintien de tous les sons inconnus

en français (tableau 26). Puisque l’anglais et le néerlandais sont de loin les langues sources les

mieux représentées, nous les distinguerons encore une fois explicitement dans le tableau —

bien qu’ils aient également été inclus dans les chiffres pour les langues germaniques — et

ferons de même pour les tables suivantes. Dans le tableau, les (familles de) langues, sont

suivies du nombre total des attestations103

. Pour le reste, nous procédons de la même façon

que dans le tableau des langues germaniques : dans chaque cellule est d’abord fourni le

nombre de modifications, suivi, après le trait d’union, du nombre de cas de maintien,

complété (en-dessous) par le taux d’adaptation. Les chiffres absolus sont suivis encore du

nombre de sons concernés (entre parenthèses).

103

Ces chiffres incluent donc les occurrences qui ne présentent pas de sons absents en français, et ne servent qu’à

rappeler le poids des langues concernées dans le corpus.

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101

Tableau 26. Taux d’adaptation des sons inconnus en français à travers le corpus

Langues Voyelles Consonnes Total

Anglais (737) 736-32 (19)

96,0%

446-67 (5)

86,9% 1182-99 (24)

92,3%

Néerlandais (160) 56-1 (6)

98,2%

146-7 (6)

95,4% 202-8 (12)

96,2%

Germaniques (934) 836-36 (24)

95,9%

538-73 (11)

88,1% 1374-109 (35)

92,7%

Romanes (76) 100-0 (8)

100,0%

56-4 (5)

93,3% 156-4 (13)

97,5%

Autres IE (28) 34-0 (9)

100,0%

23-3 (6)

88,5% 57-3 (15)

95,0%

Non-IE (22) 17-2 (4)

89,5%

22-0 (5)

100,0% 39-2 (9)

95,1%

Total104

987-38 (—)

96,3% 639-80 (—)

88,9%

1626-118 (—)

93,2%

Si nous soustrayons des chiffres pour les langues romanes les 89 attestations des voyelles

moyennes et du [ä] central de l’espagnol (cf. supra — cela revient à l’ensemble des voyelles

espagnoles inexistantes en français), nous aboutissons à un taux d’adaptation total de 94,4%

pour cette branche de langues, un pourcentage qui se trouverait parfaitement entre les 92,7%

obtenus pour les langues germaniques et les 95,0% et 95,1% pour les autres langues indo-

européennes et non-indo-européennes, respectivement. Toutefois, les écarts entre les taux sont

trop ténues pour être statistiquement significatives, ce qui nous amène à conclure qu’il n’y a

en général pas de différences de l’une famille de langues à l’autre quant au degré de

francisation de leurs sons étrangers au français.

Le tableau 27 présente les chiffres totaux quant à la nasalisation.

Tableau 27. Taux de nasalisation à travers le corpus

Langues Nombre d’élé-

ments concernés

Cas de

nasalisation

Cas de maintien Taux de

nasalisation

Anglais 13 142 147 49,1%

Néerlandais 6 6 94 6,0%

Germaniques 17 151 253 38,5%

Romanes 7 12 8 60,0%

Autres IE 2 1 5 16,7%

Non-IE 4 0 15 0,0%

Total — 312 522 37,4%

104

Il est évident que les chiffres totaux n’incluent pas deux fois l’anglais et le néerlandais, tout comme les totaux

des différents sons concernés ne contiennent qu’une fois chaque son ; ceci explique le fait que nous avons

répertorié « seulement » 35 sons pour toutes les langues germaniques, tandis que le 24 pour l’anglais et le 12 du

néerlandais reviendraient à eux seuls déjà à 36.

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102

Si nous rangions ici les quatre groupes de langues par ordre décroissant selon les

pourcentages, le résultat est comparable à celui obtenu plus haut pour la réalisation des sons,

sauf pour les langues romanes, qui entraînent nettement plus la nasalisation que les

germaniques et sont même le seul groupe pour lequel le taux est supérieur à 50%. Même si les

locuteurs n’ont guère d’idée des systèmes phonologiques des autres langues romanes, ils sont

donc bel et bien conscients de la parenté de ces langues avec le français. On pourrait supposer

qu’ils les considèrent comme étant moins exotiques — ce qui ne revient donc pas à dire qu’ils

connaîtraient la prononciation correcte de chaque graphie — et par conséquent plus enclines à

la nasalisation que les langues réputées plus éloignées du français, et dont on suppose en

quelque sorte qu’elles ne possèdent pas le phénomène de la nasalisation. Paradoxalement, la

proximité des langues (au niveau de la perception implicite par le locuteur), entraînerait un

taux plus élevé de nasalisations abusives. Que ce phénomène soit cependant loin d’être

ubiquitaire, cela est cependant démontré par les 40% de non-nasalisations dans notre corpus et

par le fait que certains mots communs empruntés à l’espagnol comme p.ex. ayuntamiento,

pour lequel Van Dale (1998³ : 108) donne [ajuntamjɛnˈto], sans nasalisation pour les deux

éléments. L’observation que le taux pour le néerlandais considéré individuellement est plus

modeste encore que celui des autres langues indo-européennes est à relativiser compte tenu du

nombre très bas d’occurrences pour ce dernier groupe, et surtout au fait que la seule

nasalisation observée y provient du grec Olympiakos, pour lequel nous avons indiqué ci-

dessus une parenté tellement évidente avec les mots français de la même famille, à tel point

que la prononciation authentique aurait pu entraîner une aliénation peu souhaitée dans le chef

du locuteur.

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103

CONCLUSIONS GÉNÉRALES

Dans ce qui suit, nous reprendrons d’abord les tendances majeures que nous avons pu

observer dans le corps de ce travail, avant de nous pencher sur les principes sous-jacents à

celles-ci ainsi qu’à certains facteurs sociolinguistiques. Enfin, nous présenterons encore

quelques pensées conclusives.

Tendances et explications linguistiques

La présente étude a confirmé de manière convaincante que, quand il s’agit des noms

propres étrangers, les locuteurs francophones ont systématiquement tendance à ne pas réaliser

les sons qui sont propres à la langue source mais qui ne font pas partie du système

phonologique français : le taux d’adaptation de tous les sons étrangers au français est de pas

moins de 93,2%, et les différences d’un son à l’autre sont souvent marginales. Les écarts entre

les langues sources s’étant également avérés plutôt marginaux (sauf pour la nasalisation, cf.

supra), nous nous pencherons encore sur quelques paramètres supplémentaires. Nous nous

abstiendrons ici de récapituler les tendances décrites dans le chapitre 4, qui, toutes, se sont

vues vérifiées dans le corps du travail.

À travers toute notre étude et pour chacune des 21 langues sources examinées,

l’orthographe s’est nettement avérée le facteur le plus important dans le choix de réalisations

alternatives pour les sons inconnus que l’on ne réalise pas, quelle qu’en soit la raison (Pat

McQuaid [patmakˈwɛ:d]), aussi bien que pour les sons auxquels l’on devrait être familier de

par le français, mais que l’on ne réalise cependant pas, pour des raisons diverses (it. Juventus

[juˈvɛntus] devient [ʒyvɛ ̍ tys]). Comme dans les deux exemples cités, l’on va dans de tels cas

réaliser les sons concernés (respectivement [æ ej j u ɛn y]) comme s’ils se trouvaient à

l’intérieur d’un mot français (fat, entraîneur, joli, usure, appendice), le plus souvent en tenant

également compte de la position dans le mot : l’espagnol Contador [ko ntäˈdo r] devient

[kɔ taˈdɔʁ] comme dans cor, Fidel Castro [fiˈde l ˈkästro ] devient [fidɛlkasˈtʁo] comme dans

impresario. Toutefois, nous avons pu identifier quelques types de noms ou de sons qui, en

gros, échappent fréquemment, voire systématiquement à ces phénomènes récurrents : les

diphtongues qui sont d’emblée identifiables comme telles à l’écrit (Johan Bruyneel), les

affriquées composées de deux éléments connus du français (Ianoukovytch), un nombre limité

de noms d’une célébrité relativement importante et quelques-uns des noms qui dans la langue

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104

source ont déjà été empruntés à des langues tierces (cela vaut d’autant plus pour les noms

issus du français, comme American Renaissance, Illinois ou nl. Vincent).

Ainsi, le tableau 3, dans lequel nous avons fourni l’aperçu du comportement des

diphtongues et triphtongues anglaises, nous a fourni des taux fort différents les uns des autres.

Pour [aʊ], une minorité des attestations avait présentait une adaptation, et p.ex. Dow

Chemicals et Southampton maintenaient leurs diphtongues telles quelles — les w et u suivant

les o y trahissent les diphtongues. Le [oʊ], par contre, n’était maintenu que dans 2,6% des

cas : il apparaît à l’écrit sous la forme d’un o seul (Obama) et son timbre est tout à fait

étranger à l’oreille française. Que [aj], écrit le plus souvent i (Nike) ou y (Tyler), fasse ici

exception s’explique assez logiquement : la différence entre [i] et [aj] est énorme comparée à

celle entre [o] et [oʊ]. Dès que l’on a l’impression que sa propre réalisation du o dans Obama

s’approche assez bien de la prononciation américaine, l’on ne va plus s’efforcer à la

perfectionner encore, tandis que celui qui prononcerait Nike ou Tyler avec [i] attirerait

d’emblée les regards avec une réalisation tellement insolite, d’autant plus compte tenu de la

célébrité des noms en question. Un modèle similaire ressort du tableau 11, traitant des

voyelles néerlandaises : tandis que [œy] et [ɛj] se maintiennent dans Bruyneel et Vandevyvere

(dans lequel le y n’est qu’une vieille variante du digramme ij), les deux [oʊ] dans Hoogovens

se sont simplifiés.

Passons immédiatement aux affriquées, que nous pourrions en quelque sorte considérer

comme les homologues consonantiques des diphtongues. Celles qui sont composées

d’éléments que possède la phonologie française (le plus souvent [dʒ] et [tʃ]) ont été

majoritairement maintenues pour l’anglais (cf. tableau 8) ainsi que pour l’ukrainien, dont la

transcription clarifie la valeur du tch, mais ici aussi, l’orthographe gâche le plaisir dès que

celle-ci devient moins transparente : les affriquées parfaitement réalisées pour l’anglais et

l’ukrainien disparaissent du radar dès qu’un č (serbe) ou un simple d quelque peu trompeur

(portugais brésilien) entre en jeu.

Des noms anglais célèbres, souvent dérivés de noms communs comme Skyfall, dans

lesquels on a fermé le [ɔ:] anglais en [o:] au lieu de le remplacer par [a] suivant l’écrit, et dans

lesquels le [aj] a été maintenu, présentent fréquemment des adaptations moins importantes : le

[θ] de Keith a été conservé, tout comme la diphtongue [aj] dans Nike et Tyler, comme nous

venons de le signaler. L’influence de l’orthographe se trouve ici contrecarrée par la grande

fréquence du mot, et par là souvent en partie par la prononciation dans la langue source. Des

noms comme New Jersey, dont le digramme s’est réalisé en [i] — maintenant le timbre de

l’anglais —, en [ɛ] — le rapprochant du nom commun français jersey — et en [e] — créant le

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105

compromis entre ces deux alternatives —, ne se laissent classifier dans cette catégorie que

pour une partie de leurs attestations. Ils nous offrent des exemples transversaux nous

permettant de retracer plusieurs stratégies — conscientes ou non — d’adaptation pour le

même nom. Un cas semblable est le prénom Angel, que Maryse Burgot a prononcé une fois en

introduisant la nasalisation qu’il subirait en français, et une fois en maintenant, au contraire, la

séquence [ejn]. Le phénomène n’est cependant pas une exclusivité des voyelles provenant de

l’anglais : rappelons pour l’allemand l’exemple Kärcher, que le journaliste à Paris prononçait

[kaʀˈʃɛ:ʀ] comme le prescrit le Petit Robert, mais qui était réalisé par l’envoyé spécial à

l’intérieur de l’usine en Allemagne [kɛʀˈʃɛ:ʀ], faisant ainsi le compromis entre l’emprunt

français et la prononciation allemande du nom de la marque lui donnant son nom.

Le sort des noms « refrancisés » (American Renaissance, Illinois, ou, en remontant plus

dans le temps, Delaware) nous a surpris nettement moins que celui des autres noms

(partiellement) « rétablis » (angl. Bernstein avec [ʃ] malgré l’exemple anglais, l’orthographe

et l’usance française, Zuckerberg avec [dz], avec ces trois mêmes remarques).

Quelques éléments sociolinguistiques

La francisation des noms propres ne se faisant pas « en vase clos » ; elle est tributaire de

plusieurs facteurs d’ordre sociolinguistique. L’on pourrait penser notamment à des différences

aux niveaux (i) diatopique (la France versus la Belgique), (ii) diastratique (les différents

« milieux » des locuteurs, ainsi que les différences entre les chaînes publiques et

commerciales), et (iii) diaphasique (lié aux facteurs diasituationnels et au style choisi par le

locuteur, en fonction de ceux-ci justement). L’on pourrait y ajouter encore (iv) des aspects

sociolinguistiques relevant du domaine des noms eux-mêmes (leur dénotation et leur degré de

connaissance ou réputation). Nous nous limiterons ici toutefois aux deux premiers types de

variation, les observations au niveau des autres étant trop spécifiques et trop peu nombreux

pour en distiller des généralisations.

Le nom de Lance Armstrong est représenté dans notre corpus avec pas moins de 38

occurrences, ce qui en fait l’un de nos rares noms à, à la fois, s’y rencontrer à plus de dix

reprises, s’être entendu dans les deux régions étudiées (avec une fréquence comparable), et

présenter plusieurs alternatives quant à sa francisation. En outre, il possède quatre éléments

susceptibles de poser problème aux francophones ([æn], deux [ɹ] et [ɔŋ]). Ces facteurs en font

un excellent point de départ pour quelques observations de nature sociolinguistique, qui, faute

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106

de temps et d’espace, n’ont pas pu être développées d’une manière plus systématique. Si nous

prenons en considération les deux éléments susceptibles de nasalisation et si nous y ajoutons

encore les 35 [ɔŋ] provenant des attestations du nom de famille Armstrong seul, nous

aboutissons à un total de 111 éléments individuels, se répartissant sur toutes les quatre chaînes

des deux pays. Des 56 occurrences de ces combinaisons dans les journaux télévisés belges de

La Une et de RTL-TVI, 14 — soit 25,0% — ont été nasalisées. Les 55 attestations

répertoriées dans les journaux télévisés diffusés dans l’Hexagone, sur France 2 et TF1, ont,

par contre, été nasalisées à 100 pour cent. L’insécurité linguistique (cf. Francard, 1993) —

souvent évoquée — des Belges a donc manifestement une influence sur la manière dont on

francise le nom Lance Armstrong en Belgique, renonçant à une nasalisation apparemment

tellement évidente chez nos voisins du sud. L’on peut y voir un manque de confiance dans son

identité linguistique, ce qui confirme ce que l’on trouve dans la littérature à ce propos

(Hambye, 2005).

Nous avons déjà effleuré plus haut les différences observées au niveau du [ɹ] anglais entre

l’ancien correspondant du monde anglophone Gilles Bouleau et à peu près tous les autres

locuteurs francophones. Nous avons également signalé les différences observées au niveau de

l’accentuation du toponyme italien L’Aquila entre la voix accompagnant un reportage sur

place et les autres journalistes ayant prononcé ce nom géographique. Ce sont des exemples de

la variation diastratique, illustrant notamment l’importance des technolectes : selon que l’on

est plus familier avec l’anglais ou l’italien (sur le plan professionnel), l’on s’efforcera plus

d’en réaliser plus ou moins les particularités — ou l’on en est au moins conscient. Si nous

faisons, pour demeurer dans la variation diastratique, les mêmes calculs pour Lance

Armstrong, mais avec comme point de départ la distinction entre les chaînes publiques et les

chaînes commerciales (indépendamment du pays), l’écart est négligeable : la nasalisation s’est

introduite dans 50,8% des 59 cas pour les deux chaînes publiques France 2 et La Une et dans

48,1% des 52 attestations provenant de leurs homologues commerciaux TF1 et RTL-TVI.

Remarques conclusives

Au terme de ce travail, il convient d’avouer qu’une des questions les plus intéressantes (et

les plus intrigantes) que l’on puisse se poser dans ce contexte demeure inévitablement encore

sans réponse : le français adapte-t-il plus souvent les noms propres étrangers que les autres

langues, disons, européennes ? Si une telle perspective n’entrait pas dans notre propre sujet,

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force est de constater que les taux d’adaptation très élevés que nous avons observés suggèrent

fortement que cela doit être le cas. Toutefois, restons prudents. Par exemple, en Flandre, les

journalistes prononcent le toponyme russe Volgograd aussi plus ou moins systématiquement

comme [ˈvɔlʝoʝr t], c’est-à-dire à la façon à peu près « la plus néerlandaise » possible, au lieu

de [vəlɡɐˈɡrat] prescrit par la phonologie russe. Et ceux parmi les journalistes de la télévision

publique qui prononcent les trois [u] dans l’anthroponyme portugais Cristiano Ronaldo

laisseront le plus souvent encore de côté la postériorisation du s en [ʃ] ainsi que la nasalisation

subtile du premier a. En d’autres mots, la prononciation « incorrecte » de noms propres

étrangers — ou, formulé autrement, l’empreinte de la langue maternelle (qu’elle soit d’une

adaptation inconsciente ou d’une stratégie consciente) — restera probablement un phénomène

de tous les temps et, surtout, de toutes les aires linguistiques et de beaucoup de langues

sources.

Il reste encore beaucoup à faire dans le domaine dans lequel nous nous sommes plongé

ici. De futures recherches comparatives pourraient donner une réponse à la question que nous

venons de nous poser, mais pourraient aussi, à l’aide d’un corpus plus vaste, à la fois fournir

des chiffres plus robustes et rapporter les premières informations quantitatives pour des

langues pour lesquelles notre échantillon était trop peu représentatif. En outre, ces études

pourraient nous fournir les premières observations scientifiques quant à la francisation dans la

prononciation des noms provenant d’autres langues qui n’ont pas encore trouvé leur chemin

jusqu’à notre corpus, dont quelques langues européennes standardisées comme p.ex. les

langues baltes et celtiques, l’albanais ou l’arménien.

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108

BIBLIOGRAPHIE

Pour les dictionnaires, nous avons indiqué entre crochets à la fin des entrées concernées le nom à

l’aide duquel nous référons au titre dans le texte (p.ex. Van Dale pour le Van Dale Groot woordenboek

Frans-Nederlands sous la direction de P. Bogaards). Les sources que nous avons consultées sur

l’internet ont été pourvues du localisateur de leur page principale à la fin de la référence.

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110

ANNEXE

Corpus

Il est possible que le corpus repris ci-dessous contienne des inexactitudes ou inconséquences

datant des premières phases du travail. Nous pouvons à tout moment être contacté pour des

renseignements quant à le contenu du corpus. Notons que nous avons supprimé la colonne des

remarques pour économiser de l’espace.

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

1 en Lance Armstrong æn :ɾ ɾ ŋ JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

2 en Obama ob oʊ b : ə JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

3 en Romney ni ɾ : ni JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

4 en Lance Armstrong æn :ɾ ɾ ŋ JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

5 en Lance Armstrong ŋ æn :ɾ ɾ ŋ JE Clément Le Goff Onwaar anthr 1 F2

6 en Lance Armstrong [læns :ɾ ɾ ŋ JE Clément Le Goff Onwaar anthr 1 F2

7 en Lance Armstrong ə æn :ɾ ɾ ŋ T Onwaar anthr 1 F2

8 en Lance Armstrong ə æn :ɾ ɾ ŋ T Onwaar anthr 1 F2

9 en Pat McQuaid p k weɪd pæ ək weɪd JIVT Julien Benedetto Onwaar anthr 1 F2

10 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JIVT Julien Benedetto Onwaar anthr 1 F2

11 en Pat McQuaid p k wɛ:d pæ ək weɪd JIVT Julien Benedetto Onwaar anthr 1 F2

12 en Lance Armstrong ŋ [læns :ɾ ɾ ŋ JIVT David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

13 en Austin o in ɒ ɪn JP David Pujadas Onwaar top 1 F2

14 en Texas ɛk ɛk ə JP David Pujadas Onwaar top 1 F2

15 en Livestrong ɪ ɪ ɾ ŋ JP David Pujadas Onwaar org 1 F2

16 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ directeur de manifestation sportive

Christian Prudhomme

Onwaar anthr 1 F2

17 en Lance Armstrong ɛ æn :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 F2

18 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 F2

19 de Alex Zülle ɛk ədzu ə ɛk ʏ ə JE Onwaar anthr 1 F2

20 de Jan Ullrich j ny iʃ j n ʔʊ ɪç JE Onwaar anthr 1 F2

21 es Beloki be o ki be o ki JE Onwaar anthr 1 F2

22 de Klöden k o dən k ø:dən JE Onwaar anthr 1 F2

23 it Basso b o b : o JE Onwaar anthr 1 F2

24 de Ullrich y iʃ ʊ ɪç JE Onwaar anthr 1 F2

25 es Beloki be o ki be o ki JE Onwaar anthr 1 F2

26 it Nardello n dɛ o n r dɛ: o JE Onwaar anthr 1 F2

27 en Lance Armstrong æn :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 F2

28 en Lance Armstrong ɛ æn :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 F2

29 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 F2

30 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 F2

31 en Lance Armstrong ɛ æn :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 F2

32 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ directeur sportif Onwaar anthr 1 F2

33 en Lance Armstrong æn :ɾ ɾ ŋ JIVW David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

34 en Texas ɛk ɛk ə JIVW David Pujadas Onwaar top 1 F2

35 en Lance Armstrong æn :ɾ ɾ ŋ JIVW David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

36 en Lance Armstrong ŋ æn :ɾ ɾ ŋ JIVW David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

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111

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

37 en Lance [læns] journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

38 en Colorado ko o do kɒ ə ɾædoʊ journaliste Michel Drucker Onwaar top 1 F2

39 it Ferrari fɛ i fɛr r ri journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

40 it Ferrari fɛ i fɛr r ri journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

41 it Juventus y ɛ y ju ɛn u journaliste Michel Drucker Onwaar org 1 F2

42 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

43 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

44 ru Vinokourov in ku f ɪnɐkʊ rof journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

45 es Contador k d ko n do r journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

46 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

47 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ journaliste Michel Drucker Onwaar anthr 1 F2

48 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

49 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

50 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə JP David Pujadas Onwaar top 1 F2

51 en Tiffany if ni ɪfəni JE Onwaar anthr 1 F2

52 en Tiffany if ni ɪfəni JE Onwaar anthr 1 F2

53 en Phoenix fe nik finɪk JE Onwaar top 1 F2

54 en Patsy Morris p i i pæ i ɾɪ JE Onwaar anthr 1 F2

55 en Phoenix fe nik finɪk JE Onwaar top 1 F2

56 en Patsy p i pæ i JE Onwaar anthr 1 F2

57 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə JE Onwaar top 1 F2

58 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə T Onwaar top 1 F2

59 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə JE Franck Genauzeau Onwaar top 1 F2

60 en Obama ob oʊ b : ə JE Onwaar anthr 1 F2

61 en Romney nɛ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 1 F2

62 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

63 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

64 es Fidel Castro fidɛ k o fi de k ro JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

65 ar Bachar el-Assad b ʃ ɛ d b ʃ ʃ :r e ʔ d JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

66 en James Bond d ɛ z b d d eɪ z b :nd JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

67 en Daniel Craig d njɛ k ɛ deɪnjə kɾeɪ JP David Pujadas Onwaar anthr 1 F2

68 en James Bond d eɪ z b də d eɪ z b :nd T Onwaar anthr 1 F2

69 en Skyfall k ɪ fo: k ɪf : JE Onwaar anthr 1 F2

70 en Judi Dench d ydi dɛnʃ d u:di dɛn ʃ JE Onwaar anthr 1 F2

71 es Javier Bardem x wjɛ b dɛ x bje r b r de JE Onwaar anthr 1 F2

72 en James d eɪ z d eɪ z TF Waar anthr 1 F2

73 en Armstrong ə :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 TF1

74 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

75 nl Eddy Merckx ɛdi ɛ k ɛdi ɛrk JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

76 es Miguel Indurain i ɛ indu ɛin i e indu r ɪn JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

77 en Lance Armstrong æn ɾ ɾ ŋ JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

78 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JIVT Michel Floquet Onwaar anthr 1 TF1

79 en Nike n ɪ ki n ɪki JIVT Michel Floquet Onwaar entr 1 TF1

80 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JIVT Michel Floquet Onwaar anthr 1 TF1

81 en Livestrong ɪ ŋ ɪ ɾ ŋ JIVT Michel Floquet Onwaar org 1 TF1

82 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JIVT Michel Floquet Onwaar anthr 1 TF1

83 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

84 en Armstrong ə :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 TF1

85 it Pantani p ni p n ni JE Onwaar anthr 1 TF1

86 es Contador k d ko n do r JE Onwaar anthr 1 TF1

87 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ cycliste Richard Virenque Onwaar anthr 1 TF1

88 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ cycliste Christophe Bassons Onwaar anthr 1 TF1

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112

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

89 en Lance Armstrong ɛ n æn ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 TF1

90 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ journaliste Patrick Chassé Onwaar anthr 1 TF1

91 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 TF1

92 en Lance Armstrong ŋ æn ɾ ɾ ŋ JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

93 en Roundup n dʌp ɾ ʊn dʌp directeur d'agence Marc Mortureux Onwaar entr 1 TF1

94 en Roundup n dʌp ɾ ʊn dʌp JE Onwaar entr 1 TF1

95 en Monsanto o n æn oʊ professeur de biologie

Gilles-Éric Seralini Onwaar entr 1 TF1

96 es Andrés d ɛ n dre JE Onwaar anthr 1 TF1

97 es Mariona jo n r jo n JE Onwaar anthr 1 TF1

98 es Aroa o ro JE Onwaar anthr 1 TF1

99 es Jésica d ɛ i k xe ik JE Onwaar anthr 1 TF1

100 it L'Aquila kwi :kwi JP Gilles Bouleau Onwaar top 1 TF1

101 en Mitt Romney i ɾ ne i ɾ : nɪ JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

102 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

103 en Boca Raton bok ɾ n boʊkə ɾə oʊn JP Gilles Bouleau Onwaar top 1 TF1

104 en Mitt Romney i ɾ ne ɪ ɾ : nɪ JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

105 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ T Onwaar anthr 1 TF1

106 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 1 TF1

107 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 1 TF1

108 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 1 TF1

109 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 1 TF1

110 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 1 TF1

111 en Boston b n bɒ: ən JE Onwaar top 1 TF1

112 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 1 TF1

113 en Bollywood b i wud b iwʊd JE Onwaar top 1 TF1

114 en Bollywood b i wud b iwʊd JE Onwaar top 1 TF1

115 nl Jean-Claude Van Damme

k od n d k od n d ə

enfant Onwaar anthr 1 TF1

116 en Eurostar ø o : jʊɾoʊ : JP Gilles Bouleau Onwaar entr 1 TF1

117 de Cranach k n k k n x directeur de musée

Henry Loyrette Onwaar anthr 1 TF1

118 es Fidel Castro fidɛ k o fi de k ro JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 1 TF1

119 en Lance Armstrong ɛn ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

120 en Lance Armstrong ɛn ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

121 en Lance Armstrong ɛn ŋ ə æ:n :ɾ ɾ ŋ JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

122 en Pat McQuaid p k kwɛ:də pæ ək weɪd JE Onwaar anthr 1 LU

123 en Lance Armstrong ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ T Onwaar anthr 1 LU

124 en Lance Armstrong ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ T Onwaar anthr 1 LU

125 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ directeur de manifestation sportive

Christian Prudhomme

Onwaar anthr 1 LU

126 en Lance Armstrong ɛn :ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 LU

127 en Lance Armstrong ɛn ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 LU

128 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 LU

129 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 LU

130 nl Johan Bruyneel jo nb œy ne joh n brœy ne JE Onwaar anthr 1 LU

131 en Floyd Landis f jd ɛ di f jd ændɪ JE Onwaar anthr 1 LU

132 en Tyler Hamilton ɪ ə i n ɪ ɚ hæ ɪ ən JE Onwaar anthr 1 LU

133 en Lance Armstrong ɛn ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 LU

134 en US Postal yɛ p juɛ poʊ ə JIVT Christophe Delstanches

Onwaar entr 1 LU

135 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ JIVT Christophe Onwaar anthr 1 LU

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113

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

Delstanches

136 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JIVT Christophe Delstanches

Onwaar anthr 1 LU

137 nl Rabobank bo b k r bob ŋk JIVT Christophe Delstanches

Onwaar entr 1 LU

138 nl Alexander De Croo

ek də də k o e k ndər də kro]

JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

139 nl Vincent Van Quickenborne

ɛ nkwikə b n ɪn ɛn f ŋ kwɪkəb rnə

JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

140 nl Alexander De Croo

ek də də k o e k ndər də kro]

JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

141 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

142 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

143 en Los Angeles nd ə ɛ : ænd ə ə JP François de Brigode Onwaar top 1 LU

144 en Los Angeles nd ə ɛ : ænd ə ə JE Onwaar top 1 LU

145 en Barack Obama b k ob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 1 LU

146 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 1 LU

147 en Obama ob oʊ b : ə JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

148 en Romney ne ɾ : nɪ JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

149 it L'Aquila kwi :kwi JP François de Brigode Onwaar top 1 LU

150 nl Bart De Wever b dəwe ə b r də we ər JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

151 bg Arzo zo [arzo] JE Onwaar anthr 1 LU

152 bg Aksel k ɛ k ɛ JE Onwaar anthr 1 LU

153 bg Aldeniz də ni dɛni JE Onwaar anthr 1 LU

154 en Child Focus ʃ ɪ fo ky ʃ ɪ d foʊkʌ JE Onwaar org 1 LU

155 en Child Focus ʃ ɪ fo ky ʃ ɪ d foʊkʌ JE Onwaar org 1 LU

156 it L'Aquila kwi :kwi JP François de Brigode Onwaar top 1 LU

157 it L'Aquila :kwi :kwi JE Waar top 1 LU

158 it L'Aquila kwi :kwi T Onwaar top 1 LU

159 it L'Aquila kwi :kwi T Onwaar top 1 LU

160 es Mariano Rajoy j no o x j rj no r xo j JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

161 nl Bart De Wever b dəwe ə b r də we ər JE Onwaar anthr 1 LU

162 nl Bart De Wever b dəwe ə b r də we ər JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

163 nl Bart De Wever b dəwe ə b r də we ər JP François de Brigode Onwaar anthr 1 LU

164 nl Patrick Janssens p ikj n ɛn p rɪk j n ə JE Onwaar anthr 1 LU

165 nl Patrick Janssens p ikj n ɛn p rɪk j n ə JE Onwaar anthr 1 LU

166 nl Bart De Wever b dəwe œr b r də we ər JE Onwaar anthr 1 LU

167 nl Bart De Wever b dəwe œr b r də we ər JE Onwaar anthr 1 LU

168 nl Patrick Janssens p ikj n ɛn p rɪk j n ə JE Onwaar anthr 1 LU

169 nl Groen u:nə ʝrun JE Onwaar org 1 LU

170 nl Groen u:nə ʝrun JE Onwaar org 1 LU

171 nl De Wever də we ə də we ər chef de groupe parlement régional

Meyrem Almaci Onwaar anthr 1 LU

172 nl De Wever də we ər də we ər chef de groupe parlement régional

Meyrem Almaci Onwaar anthr 1 LU

173 nl CD&V edeɛn e edeɛn e JE Waar org 1 LU

175 nl Bart De Wever b dəwe œ b r də we ər JE Onwaar anthr 1 LU

176 en Lance Armstrong ɛnz ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JP Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

177 it Berlusconi bɛ y ko ni bɛr u koni JE Onwaar anthr 1 RTL

178 nl Open Vld opən eɛ de opə eɛ de JIVT Benoît Duthoo Onwaar org 1 RTL

179 nl Alexander De Croo

ek dœ dək o e k ndər də kro]

JIVT Benoît Duthoo Onwaar anthr 1 RTL

180 nl Open Vld opən eɛ de opə eɛ de JIVT Benoît Duthoo Onwaar org 1 RTL

181 nl Herman De Croo ɛ ndə k o hɛr n də kro JIVT Benoît Duthoo Onwaar anthr 1 RTL

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114

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

182 nl Leterme ə ɛ ə ɛr ə JIVT Benoît Duthoo Onwaar anthr 1 RTL

183 nl Alexander De Croo

ek dœ də k o e k ndər də kro]

JIVT Benoît Duthoo Onwaar anthr 1 RTL

184 nl Open Vld opən eɛ de opə eɛ de JIVT Benoît Duthoo Onwaar org 1 RTL

185 nl Alexander De Croo

ek dœ də k o e k ndər də kro]

JIVT Benoît Duthoo Onwaar anthr 1 RTL

186 nl Open Vld opən eɛ de opə eɛ de JIVT Benoît Duthoo Onwaar org 1 RTL

187 en Milwaukee i wo ki ɪ w :ki JP Michel De Maegd Onwaar top 1 RTL

188 en Wisconsin wɪ k n in wɪ kɒn ən JP Michel De Maegd Onwaar top 1 RTL

189 en Milwaukee i wo ki ɪ w :ki JE Onwaar top 1 RTL

190 en Radcliffe Haughton

dk ifo ən ɾæ:dk ɪf h : ən JE Onwaar anthr 1 RTL

191 en Barack Obama b kob bəɾ :k oʊ b : ə JP Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

192 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JP Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

193 es Mariano Rajoy j no x j rj no r xo j JP Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

194 it L'Aquila ki kwi JP Michel De Maegd Onwaar top 1 RTL

195 en Lance Armstrong ɛn ŋə æ:n :ɾ ɾ ŋ JP Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

196 en Lance Armstrong ɛn æ:n :ɾ ɾ ŋ T Onwaar anthr 1 RTL

197 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ T Onwaar anthr 1 RTL

198 en Lance Armstrong ɛn ə æ:n :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 RTL

199 en Pat McQuaid p k kweɪd pæ ək weɪd JE Onwaar anthr 1 RTL

200 en Lance Armstrong ɛn ə æ:n :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 RTL

201 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 RTL

202 en Lance Armstrong ɛn æ:n :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 RTL

203 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 RTL

204 en Lance Armstrong ɛn ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 RTL

205 en Lance Armstrong n ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ directeur de manifestation sportive

Christian Prudhomme

Onwaar anthr 1 RTL

206 nl Patrick Lefevere p ik əfe ə ə p rɪk ə fe ərə JE Onwaar anthr 1 RTL

207 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 RTL

208 en Lance Armstrong ɛ:n :ŋə æ:n :ɾ ɾ ŋ JE Onwaar anthr 1 RTL

209 en Lance Armstrong ɛn :ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JIVW Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

210 es Contador k n d ko n do r journaliste Gilles Goetghebuer Onwaar anthr 1 RTL

211 en Landis ɛn di ændɪ journaliste Gilles Goetghebuer Onwaar anthr 1 RTL

212 en Armstrong :ɾ ɾ ŋ JIVW Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

213 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ journaliste Gilles Goetghebuer Onwaar anthr 1 RTL

214 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ journaliste Gilles Goetghebuer Onwaar anthr 1 RTL

215 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ journaliste Gilles Goetghebuer Onwaar anthr 1 RTL

216 en Armstrong ŋ :ɾ ɾ ŋ journaliste Gilles Goetghebuer Onwaar anthr 1 RTL

217 en Lance Armstrong ɛn :ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JP Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

218 nl Ron Jans n j n r n j n JIVT Vincent Jamoulle Onwaar anthr 1 RTL

219 nl Ron Jans n j n r n j n JIVT Vincent Jamoulle Onwaar anthr 1 RTL

220 nl Glen De Boeck ɛndə buk ʝ ɛn də buk JIVT Vincent Jamoulle Onwaar anthr 1 RTL

221 nl René Vandereycken

əne ndə eɪ kœn rə ne ndə rɛi:kə

JIVT Vincent Jamoulle Onwaar anthr 1 RTL

222 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 1 RTL

223 en Lance Armstrong ɛn :ŋ æ:n :ɾ ɾ ŋ JP Michel De Maegd Onwaar anthr 1 RTL

224 en Ford f d f :ɾd JP Julian Bugier Onwaar entr 2 F2

225 en Southampton ʊθ p n ʊθ hæ p ən JP Julian Bugier Onwaar top 2 F2

226 en Dagenham d ə n dæ ənə JP Julian Bugier Onwaar top 2 F2

227 en Mitt Romney i o ni ɪ ɾ : nɪ JP Julian Bugier Onwaar anthr 2 F2

228 en Ohio o jo oʊ h ɪoʊ JP Julian Bugier Onwaar top 2 F2

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115

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

229 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Julian Bugier Onwaar anthr 2 F2

230 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JP Julian Bugier Onwaar top 2 F2

231 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JP Julian Bugier Onwaar top 2 F2

232 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JE Maryse Burgot Onwaar top 2 F2

233 en Angel n d ə eɪnd ə JE Maryse Burgot Onwaar anthr 2 F2

234 en Angel d ɛ: eɪnd ə JE Maryse Burgot Onwaar anthr 2 F2

235 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JE Maryse Burgot Onwaar top 2 F2

236 en Obama ob oʊ b : ə JE Maryse Burgot Onwaar anthr 2 F2

237 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JIVT Maryse Burgot Onwaar top 2 F2

238 ar Bachar b ʃ b ʃ ʃ :r T Onwaar anthr 2 F2

239 en Jade d eɪd d eɪd JE Waar anthr 2 F2

240 en Carry-Anne k i j n kæɾi æn JE Onwaar anthr 2 F2

241 en Apple pœ æpə JP Julian Bugier Onwaar entr 2 F2

242 en Microsoft ik o f ə ɪkɾoʊ ɒf JE Onwaar entr 2 F2

243 en Surface y f ɝfɪ JE Onwaar prod 2 F2

244 en iPad Mini ɪpɛd i ni ɪpæd ɪni JE Onwaar prod 2 F2

245 en Apple pœ æpə JE Onwaar entr 2 F2

246 en Microsoft ik o f ə ɪkɾoʊ ɒf JE Onwaar entr 2 F2

247 en Surface y f ɜɾfɪ JE Onwaar prod 2 F2

248 en Stones [ston] oʊnz JP Julian Bugier Onwaar anthr 2 F2

249 hr Dinamo Zagreb din oz ɛ:b din o z : rɛb JP Julian Bugier Onwaar org 2 F2

250 sv Ibr hi o ić ib i o i ʃ ɪbr hi ɪ ʂ JP Julian Bugier Onwaar anthr 2 F2

251 gr Olympiakos o ɛ pj ko: i bj k JP Julian Bugier Onwaar org 2 F2

252 en Apple pœ æpə JP Gilles Bouleau Onwaar entr 2 TF1

253 en Facebook fejz buk fej bʊk JP Gilles Bouleau Onwaar entr 2 TF1

254 en Steve Jobs i d bz i: d ɒbz JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

255 en Mark Zuckerberg k dzukə bɛ ɾk zʌkɚbɝk JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

256 en Steve Jobs i d bz i d ɒbz chef d'entreprise Bertin Nahum Onwaar anthr 2 TF1

257 en Mark Zuckerberg zykə bɛ ɾk zʌkɚbɝk chef d'entreprise Bertin Nahum Onwaar anthr 2 TF1

258 en Los Angeles nd ə ɛ : ænd ə ə JP Gilles Bouleau Onwaar top 2 TF1

259 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

260 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JP Gilles Bouleau Onwaar top 2 TF1

261 en Iowa ɪo w ɪəwə JP Gilles Bouleau Onwaar top 2 TF1

262 en Colorado ko do kɒ ə ɾædoʊ JP Gilles Bouleau Onwaar top 2 TF1

263 en Illinois i in w ɪ ɪ n ɪ JP Gilles Bouleau Onwaar top 2 TF1

264 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

265 en Michelle i ʃɛ: ɪ ʃɛ: JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

266 en Nevada ne d nə ædə JP Gilles Bouleau Onwaar top 2 TF1

267 en Jackie Kennedy d ɛkikɛne di d æki kɛnɪdi JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

268 en Michelle Obama iʃɛ ob ɪ ʃɛ oʊ b : ə JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

269 en Ann Romney n ɾ nɛ æn ɾ : nɪ JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

270 en Michelle Obama iʃɛ ob ɪ ʃɛ oʊ b : ə JE Onwaar anthr 2 TF1

271 en Ann Romney nə ni æn ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 2 TF1

272 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə T Onwaar anthr 2 TF1

273 hi Uttar Pradesh u p dɛʃ ʊ ʌr prʌ de:ʃ JP Gilles Bouleau Onwaar top 2 TF1

274 en New Delhi nuwde i nju: dɛ i JE Onwaar top 2 TF1

275 en Wembley wɛ b ɛ wɛ b i JP Gilles Bouleau Onwaar bât 2 TF1

276 en Rolling Stones iŋ oʊnz ɾɒ ɪŋ oʊnz JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

277 en Rolling Stones w iŋ oʊnz ɾɒ ɪŋ oʊnz JE Onwaar anthr 2 TF1

278 en Mick Jagger ikd ɛ œ: ɪk d æ ə JE Onwaar anthr 2 TF1

279 en Rolling Stones ɾ iŋ oʊnz ɾɒ ɪŋ oʊnz JE Onwaar anthr 2 TF1

280 en Rolling Stones ɾ iŋ oʊnz ɾɒ ɪŋ oʊnz JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

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116

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

281 en West Side Story wɛ ɪd ɾi wɛ ɪd ɾi JP Gilles Bouleau Onwaar œd 2 TF1

282 en Jets d ɛ d ɛ JP Gilles Bouleau Waar org 2 TF1

283 en Sharks ʃ k ʃ ɾk JP Gilles Bouleau Onwaar org 2 TF1

284 en West Side Story wɛ ɪd i wɛ ɪd ɾi JE Onwaar œd 2 TF1

285 en Bernstein bɛ n ʃ ɪn bɝn i:n JE Onwaar anthr 2 TF1

286 en Jerome Robbins d e o bɪn d ɪ ɾoʊ ɾ bɪn JE Onwaar anthr 2 TF1

287 en West Side Story wɛ ɪd ɾi wɛ ɪd ɾi T Onwaar œd 2 TF1

288 en West Side Story wɛ ɪd i wɛ ɪd ɾi JE Onwaar œd 2 TF1

289 en Mick Jagger ikd ɛ œ: ɪk d æ ə JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

290 en Keith Richards ki:θɾi ʃ :ɾdz ki:θ ɾɪ ʃə JP Gilles Bouleau Onwaar anthr 2 TF1

291 en Ford f f :ɾd JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

292 en Ford f f :ɾd JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

293 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP François de Brigode Onwaar top 2 LU

294 en Ford S-Max f də ɛ k ə f :ɾd ɛ æk JE Onwaar mdt 2 LU

295 nl Genk ɛ:ŋkə ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

296 en Ford f : də f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

298 en Ford f f :ɾd ouvrier Onwaar entr 2 LU

299 en Ford f : d f :ɾd ouvrier Onwaar entr 2 LU

301 nl Lommel ɛ ə JE Onwaar top 2 LU

302 en Ford f : d f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

303 nl Genk ʝɛŋk ʝɛŋk ouvrier Waar top 2 LU

304 en Ford f f :ɾd chauffeur test Onwaar entr 2 LU

305 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk chauffeur test Onwaar top 2 LU

306 en Ford f : də f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

307 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

308 en Ford f d f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

309 en Ford f d f :ɾd JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

310 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP François de Brigode Onwaar top 2 LU

311 en Ford f f :ɾd JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

312 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP François de Brigode Onwaar top 2 LU

313 en Ford f f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

314 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

315 en Ford f f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

316 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

317 en Ford f f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

318 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

319 en Dow Chemicals d ʊwki i kœ d ʊw kɛ ɪkə JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

320 nl Tessenderlo ɛ ɛndɛ o ɛ ɛndər o JP François de Brigode Onwaar top 2 LU

321 en Ford f d f :ɾd JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

322 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP François de Brigode Onwaar top 2 LU

323 en Ford f f :ɾd JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

324 en Ford f f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

325 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

326 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

327 nl Kris Peeters k i pe ɛ krɪ pe ər JP François de Brigode Onwaar anthr 2 LU

328 en Ford f f :ɾd JIVT Annick Capelle Onwaar entr 2 LU

329 nl Genk ʝɛŋkə ʝɛŋk JIVT Annick Capelle Onwaar top 2 LU

330 en Ford f f :ɾd JIVT Annick Capelle Onwaar entr 2 LU

331 nl Genk ʝɛŋk ʝɛŋk JIVT Annick Capelle Waar top 2 LU

332 en Ford f f :ɾd JIVT Annick Capelle Onwaar entr 2 LU

333 nl Genk ʝɛŋk ʝɛŋk JIVT Annick Capelle Waar top 2 LU

334 en Ford f f :ɾd JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

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117

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

335 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP François de Brigode Onwaar top 2 LU

336 en Ford f f :ɾd JP François de Brigode Onwaar entr 2 LU

337 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP François de Brigode Onwaar top 2 LU

338 nl Meryame Kitir e j ki i erj ki ir JE Onwaar anthr 2 LU

339 en Ford f d f :ɾd JE Onwaar entr 2 LU

340 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

341 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 LU

342 nl Meryame Kitir e j ki i erj ki ir JE Onwaar anthr 2 LU

343 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk délégué syndical Onwaar top 2 LU

344 en Stockton k n k ən JP François de Brigode Onwaar top 2 LU

345 en Stockton k n k ən JE Onwaar top 2 LU

346 en Ann Johnston n d n n æn d :n ən JE Onwaar anthr 2 LU

347 en Alfred f ɛd æ fɾɛd JE Onwaar anthr 2 LU

348 en Alfred f ɛd æ fɾɛd JE Onwaar anthr 2 LU

349 en Alfred f ɛd æ fɾɛd JE Onwaar anthr 2 LU

350 en Alfred f ɛd æ fɾɛd JE Onwaar anthr 2 LU

351 en Stockton k n k ən JE Onwaar top 2 LU

352 en Stockton k n k ən JE Onwaar top 2 LU

353 en Forbes f : bz f :ɾbz JE Onwaar méd 2 LU

354 en Stockton k n k ən JE Onwaar top 2 LU

355 en Skyfall k ɪ fo: k ɪfɒ: JP François de Brigode Onwaar œd 2 LU

356 en James Bond d e: zb nd d eɪ z bɒ:nd JP François de Brigode Onwaar anthr 2 LU

357 en Ford f : də f :ɾd JP Michel De Maegd Onwaar entr 2 RTL

358 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

359 en Ford f : d f :ɾd JP Michel De Maegd Onwaar entr 2 RTL

360 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

361 en Ford f : də f :ɾd JP Michel De Maegd Onwaar entr 2 RTL

362 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Michel De Maegd Onwaar anthr 2 RTL

363 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

364 nl Hoogovens o o ən hoʊxoʊ ə JE Onwaar entr 2 RTL

365 en Ford f : də f :ɾd JP Michel De Maegd Onwaar entr 2 RTL

366 nl Genk ɛ:ŋkə ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

367 en Ford f : d f :ɾd JIVT Olivier Pierre Onwaar entr 2 RTL

368 nl Genk ɛ:ŋkə ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

369 en Ford f : d f :ɾd JP Michel De Maegd Onwaar entr 2 RTL

370 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

371 en Ford f : də f :ɾd JE Onwaar entr 2 RTL

372 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 RTL

373 en Ford f : də f :ɾd JE Onwaar entr 2 RTL

374 en Ford f : d f :ɾd vice-président d'entreprise

Onwaar entr 2 RTL

375 en Ford f : də f :ɾd JE Onwaar entr 2 RTL

376 en Ford f : d f :ɾd JE Onwaar entr 2 RTL

377 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 RTL

378 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk vice-président d'entreprise

Onwaar top 2 RTL

382 en Ford f : də f :ɾd JE Onwaar entr 2 RTL

383 en Ford f : d f :ɾd JE Onwaar entr 2 RTL

384 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 RTL

385 en Ford f : d f :ɾd JP Michel De Maegd Onwaar entr 2 RTL

386 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

387 en Ford f : d f :ɾd secrétaire générale Onwaar entr 2 RTL

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118

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

de syndicat

388 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk secrétaire générale de syndicat

Onwaar top 2 RTL

389 nl Monica De Koninck

nik dək niŋk onik də konɪŋk

JE Onwaar anthr 2 RTL

390 nl Kris Peeters k i pe ɛ krɪ pe ər JIVT Martin Vachiery Onwaar anthr 2 RTL

391 nl Monica De Koninck

nik dək niŋk onik də konɪŋk

JIVT Martin Vachiery Onwaar anthr 2 RTL

392 en Ford Europe f d ø p f :ɾd jʊɾəp JIVT Martin Vachiery Onwaar entr 2 RTL

393 nl Meryame Kitir e j ki i erj ki ir JIVT Martin Vachiery Onwaar anthr 2 RTL

394 en Ford f d f :ɾd JIVT Martin Vachiery Onwaar entr 2 RTL

395 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JIVT Martin Vachiery Onwaar top 2 RTL

396 en Ford f d f :ɾd JIVT Martin Vachiery Onwaar entr 2 RTL

397 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JIVT Martin Vachiery Onwaar top 2 RTL

398 en Ford f : də f :ɾd JP Michel De Maegd Onwaar entr 2 RTL

399 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

400 ca Almussafes u fɛ ə u fɪ JE Onwaar top 2 RTL

401 en Ford f d f :ɾd JE Onwaar entr 2 RTL

402 en Fiesta fjɛ fjɛ ə T Onwaar mdt 2 RTL

403 en Ford f də f :ɾd JP Michel De Maegd Onwaar entr 2 RTL

404 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

405 nl Steenokkerzeel en kə ze: en kərze T Onwaar top 2 RTL

406 nl Cargovil k o i k rʝo ɪ JE Onwaar top 2 RTL

407 en Ford f r f :ɾd maire Marc Van Asch Onwaar entr 2 RTL

408 nl Genk ʝɛŋk ʝɛŋk maire Marc Van Asch Waar top 2 RTL

409 en Ford f d f :ɾd JE Onwaar entr 2 RTL

410 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 2 RTL

411 en Ford f d f :ɾd syndicaliste Onwaar entr 2 RTL

412 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk syndicaliste Onwaar top 2 RTL

413 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Michel De Maegd Onwaar anthr 2 RTL

414 en Las Vegas z e : eɪ ə JE Onwaar top 2 RTL

415 en Katy Perry ke ipɛ i keɪ i pɛɾi JE Onwaar anthr 2 RTL

416 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 2 RTL

417 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 2 RTL

418 en Obama ob oʊ b : ə T Onwaar anthr 2 RTL

419 en George Bush ə buʃ d ɾd bʊʃ JE Onwaar anthr 2 RTL

420 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 2 RTL

421 en Iowa ɪo w ɪəwə JE Onwaar top 2 RTL

422 en Colorado ko o do kɒ ə ɾædoʊ JE Onwaar top 2 RTL

423 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 2 RTL

424 en Mitt Romney i ɾ ni ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 2 RTL

425 en Sandy n di ændi JP Michel De Maegd Onwaar mét 2 RTL

426 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Michel De Maegd Onwaar top 2 RTL

427 pt Sporting Portugal p iŋp y p ĩ pu u ɫ

JP Michel De Maegd Onwaar org 2 RTL

428 nl Schaars k : [sxa:rs] JIVT Onwaar anthr 2 RTL

429 nl Benjamin De Ceulaer

bɛ ɛ dəkø bɛnj ɪn də kø r

JIVT Onwaar anthr 2 RTL

430 pt Nadson n n n JIVT Onwaar anthr 2 RTL

431 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JIVT Onwaar org 2 RTL

432 sr Jo no ić n i ʃ jo :no i ɕ JE Onwaar anthr 2 RTL

433 ru Kerjakov kɛ z k f kɨrʐɐ kof JE Onwaar anthr 2 RTL

434 es Málaga JP Michel De Maegd Onwaar org 2 RTL

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119

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

435 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Julian Bugier Onwaar top 3 F2

436 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Julian Bugier Onwaar top 3 F2

437 en Sandy n di ændi JP Julian Bugier Onwaar mét 3 F2

438 en Manhattan n n æn hæ ən JE Onwaar top 3 F2

439 en Battery Park bɛ weɪ p k bæ ɾi p ɾk JE Onwaar top 3 F2

440 en Whitehall Street w j o we w j hɒ: ɾi: JE Onwaar top 3 F2

441 en New York njuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 3 F2

442 en Michael Bloomberg

ɪkœ b u bɛ: ə ɪkə b u: bɚ

JE Onwaar anthr 3 F2

443 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 3 F2

444 en Frankenstorm f ŋkən ʃ fɾæŋkən ɾ JE Onwaar mét 3 F2

445 en Frankenstein f ŋkən ʃ ɪn fɾæŋkənʃ ɪn JE Onwaar anthr 3 F2

446 en Norfolk n f k n ɾfək JE Onwaar top 3 F2

447 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JE Onwaar top 3 F2

448 en US Navy juɛ neɪ i ju ɛ neɪ i JE Onwaar org 3 F2

449 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Julian Bugier Onwaar top 3 F2

450 en New York nuw j kə nu: j ɾk JIVT Maryse Burgot Onwaar top 3 F2

451 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Maryse Burgot Onwaar anthr 3 F2

452 en New York nuw j kə nu: j ɾk JP Julian Bugier Onwaar top 3 F2

453 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JP Julian Bugier Onwaar anthr 3 F2

454 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə JP Julian Bugier Onwaar top 3 F2

455 en Maricopa iko p æɾɨ koʊpə JE Onwaar top 3 F2

456 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə JE Onwaar top 3 F2

457 en Johnny Olivarez d ni o i ɛz d :ni oʊ i ɾɛz JE Onwaar anthr 3 F2

458 en Joe Arpaio d o p jo d oʊ ɾ p :joʊ JE Onwaar anthr 3 F2

459 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə JE Onwaar top 3 F2

460 en Daniel Rodriguez d n jɛ od i ɛz deɪnjə ɾoʊ dɾi ɛ

JE Onwaar anthr 3 F2

461 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə T Onwaar top 3 F2

462 en Obama ob oʊ b : ə JE Onwaar anthr 3 F2

463 de Sebastian Vettel eb j n ɛ ɛ ze b j n fɛ ə JP Julian Bugier Onwaar anthr 3 F2

464 en Facebook fejz buk fej bʊk JP Julian Bugier Onwaar entr 3 F2

465 en Facebook fez buk fej bʊk humoriste Laurent Gerra Onwaar entr 3 F2

466 ro Mutu u u u u JE Onwaar anthr 3 F2

467 pt Eduardo edu do ɨdu du JE Onwaar anthr 3 F2

468 de Sebastian Vettel eb jɛ ɛ ɛ ze b j n ɛ ə JE Onwaar anthr 3 F2

469 es Alonso zo o n o JE Onwaar anthr 3 F2

470 en Webber ɛ bɛ: webə JE Onwaar anthr 3 F2

471 de Sölden dɛn zœ dən JE Onwaar top 3 F2

472 en Sandy n di ændi JP Claire Chazal Onwaar mét 3 TF1

473 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 3 TF1

474 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JE Onwaar top 3 TF1

475 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 3 TF1

476 en Michael Bloomberg

ɪ kə b u bə ɪkə b u: bɚ

JE Onwaar anthr 3 TF1

477 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JE Onwaar top 3 TF1

478 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 3 TF1

479 en Sandy di ændi JE Onwaar mét 3 TF1

480 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Claire Chazal Onwaar top 3 TF1

481 en Sandy di ændi JIVT Michel Floquet Onwaar mét 3 TF1

482 en Irene i ɛ:n ɪ ɾi:n JIVT Michel Floquet Onwaar mét 3 TF1

483 en Sandy n di ændi JIVT Michel Floquet Onwaar mét 3 TF1

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ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

484 en Obama ob oʊ b : ə JIVT Michel Floquet Onwaar anthr 3 TF1

485 de Sölden dən zœ dən JE Onwaar top 3 TF1

486 en Ted Ligety ɛd i ɛ i ɛd ɪ ədi JE Onwaar anthr 3 TF1

487 sv Zlatan Ibr hi o ić

z n ib i o i ʃ ː n ɪbr hiː ɪ ɕ

JE Onwaar anthr 3 TF1

488 en New Delhi njuw de i nju: dɛ i JE Onwaar top 3 TF1

489 de Sebastian Vettel eb jɛ n e ɛ ze b j n fɛ ə JE Onwaar anthr 3 TF1

490 es Fernando Alonso fɛ n do o fe r n ndo o n o JE Onwaar anthr 3 TF1

491 de Roger Federer d œ: fedə œ: d ə fedə ɐ JE Onwaar anthr 3 TF1

492 bg Dimitrov di i f di i r f JE Onwaar anthr 3 TF1

493 nl Inge Bens iŋ ə bɛn ɪŋə bɛn JE Onwaar anthr 3 LU

494 nl Open Vld opən eɛ de opə eɛ de JE Onwaar org 3 LU

495 nl Wommelgem w ə ɛ: ə w ə ʝɛ JE Onwaar top 3 LU

496 en Ford f d f ɾd JE Onwaar entr 3 LU

497 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 3 LU

498 en Ford f də f ɾd JE Onwaar entr 3 LU

499 nl Bart De Wever b dəwe œ b r də we ər JP Hadja Lahbib Onwaar anthr 3 LU

500 en Ford f d f ɾd JP Hadja Lahbib Onwaar entr 3 LU

501 nl Genk ɛŋkə ʝɛŋk JP Hadja Lahbib Onwaar top 3 LU

502 en Sandy n di ændi JP Hadja Lahbib Onwaar mét 3 LU

503 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Hadja Lahbib Onwaar top 3 LU

504 nl Mol JP Hadja Lahbib Waar top 3 LU

505 sv Oskarshamn k ʃ k ʃ : JE Onwaar top 3 LU

506 en Sandy n di ændi JP Hadja Lahbib Onwaar mét 3 LU

507 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Hadja Lahbib Onwaar top 3 LU

508 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Hadja Lahbib Onwaar top 3 LU

509 en Sandy n di ændi JP Hadja Lahbib Onwaar mét 3 LU

510 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 3 LU

511 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 3 LU

512 en Monster Storm n ə n ɚ ɾ JE Onwaar mét 3 LU

513 gr Costas Vaxevanis k k e ni k z k ɛ ni

JE Onwaar anthr 3 LU

514 uk Viktor Ianoukovytch

ik : j nuko i ʃ ik r j nu k ɪ ʃ JP Hadja Lahbib Onwaar anthr 3 LU

515 uk Ioulia Tymochenko

ju j i ʃɛŋ ko ju ij ɪ ʃɛŋk JP Hadja Lahbib Onwaar anthr 3 LU

516 uk Klytchko k i ʃ ko k ɪ ʃ k JP Hadja Lahbib Onwaar anthr 3 LU

517 nl Lokeren okə œn okərə JP Hadja Lahbib Onwaar top 3 LU

518 nl Lokeren okə œn okərə JE Onwaar top 3 LU

519 nl De Pauw də p uw də p uw JE Waar anthr 3 LU

520 sr Jor če ić j e i ʃ jor ʃe i ɕ JE Onwaar anthr 3 LU

521 nl Lokeren okə œn okərə JE Onwaar top 3 LU

522 nl Lokeren okə œn okərə JE Onwaar top 3 LU

523 nl De Pauw də p uw də p uw JE Waar anthr 3 LU

524 sr Jor če ić j e i ʃ jor ʃe i ɕ JE Onwaar anthr 3 LU

525 es Bacca b k b k JE Onwaar anthr 3 LU

526 nl Lokeren okə œn okərə JE Onwaar top 3 LU

527 en New York nuw j kə nu: j ɾk JP Caroline Fontenoy Onwaar top 3 RTL

528 en Sandy n di ændi JP Caroline Fontenoy Onwaar mét 3 RTL

529 en Sandy ɛn di ændi JP Caroline Fontenoy Onwaar mét 3 RTL

530 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Caroline Fontenoy Onwaar top 3 RTL

531 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 3 RTL

532 en Michael ik ɛ b u bɛ ɪkə JE Onwaar anthr 3 RTL

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121

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Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

Bloomberg b u: bɚ

533 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 3 RTL

534 en New Jersey njuw d ɛ ze nu: d ɝzi JE Onwaar top 3 RTL

535 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 3 RTL

536 nl Wommelgem w ə ɛ w ə ʝɛ JP Caroline Fontenoy Onwaar top 3 RTL

537 nl Meise ɛ: ɛ: ə ministre fédéral Didier Reynders Onwaar top 3 RTL

538 nl Wommelgem w ə ɛ w ə ʝɛ JE Onwaar top 3 RTL

539 nl Inge iŋ ə ɪŋə T Onwaar anthr 3 RTL

540 en Ford f d f ɾd JP Caroline Fontenoy Onwaar entr 3 RTL

541 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Caroline Fontenoy Onwaar top 3 RTL

542 nl Kris Peeters k i pe œ: k ɪ pe ər JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

543 en Sandy n di ændi JP Caroline Fontenoy Onwaar mét 3 RTL

544 en George Bush ə buʃ d ɾd bʊʃ JE Onwaar anthr 3 RTL

545 en Al Gore ɛ : æ :ɾ JE Onwaar anthr 3 RTL

546 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 3 RTL

547 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 3 RTL

548 en New Hampshire nuw p ʃœ: nu: hæ pʃɚ JE Onwaar top 3 RTL

549 en Mitt Romney i ɾ ni ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 3 RTL

550 uk Ioulia Tymochenko

ju i ʃɛŋ ko ju ij ɪ ʃɛŋk JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

551 uk Ianoukovytch j nuko i ʃ j nu k ɪ ʃ JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

552 uk Tymochenko i ʃɛŋ ko ɪ ʃɛŋk JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

553 ro Mircea Rednic i ʃe ɛd nik ir ʃe rednik JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

554 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JE Onwaar top 3 RTL

555 es Ronald Vargas n d ro n d b r JE Onwaar anthr 3 RTL

556 es Vargas b r JE Onwaar anthr 3 RTL

557 es Molins in o in JE Onwaar anthr 3 RTL

558 pl Wasil zi ɕi JE Onwaar anthr 3 RTL

559 nl Tom De Sutter də y œ: də ʏ ər JE Onwaar anthr 3 RTL

560 uk Iakovenko j ko ɛŋko j k ɛŋk JE Onwaar anthr 3 RTL

561 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Caroline Fontenoy Onwaar org 3 RTL

562 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Caroline Fontenoy Onwaar org 3 RTL

563 nl Zulte Waregem zy w ə ɛ zʏ ə w :rəʝɛ JP Caroline Fontenoy Onwaar org 3 RTL

564 es Jorge Lorenzo j ə o ɛn zo xo rxe o re nθo JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

565 en Casey Stoner keɪzi o nœ: kæɪ i ə nə JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

566 es Dani Pedrosa d niped o z d ni pe dro JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

567 es Jorge Lorenzo e o ɛn zo xo rxe o re nθo JE Onwaar anthr 3 RTL

568 es Jorge Lorenzo x e o ɛn zo xo rxe o re nθo JE Onwaar anthr 3 RTL

569 es Pedrosa ped o z pe dro JE Onwaar anthr 3 RTL

570 es Dani Pedrosa d niped o z d ni pe dro JE Onwaar anthr 3 RTL

571 es Dani Pedrosa d niped o z d ni pɛ dro JE Onwaar anthr 3 RTL

572 en Casey Stoner keɪzi o nœ: kæɪ i ə nə JE Onwaar anthr 3 RTL

573 es Lorenzo o ɛn zo o re nθo JE Onwaar anthr 3 RTL

574 es Lorenzo o ɛn zo o re nθo JE Onwaar anthr 3 RTL

575 de Sebastian Vettel eb j n e ɛ ze b j n fɛ ə JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

576 it Ferrari fɛ i fɛr r ri JP Caroline Fontenoy Onwaar entr 3 RTL

577 es Alonso n zo o n o JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

578 es Alonso n zo o n o JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 3 RTL

579 en Sandy n di ændi JP Caroline Fontenoy Onwaar mét 3 RTL

580 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Caroline Fontenoy Onwaar top 3 RTL

581 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Julian Bugier Onwaar top 4 F2

582 en Boston b n bɒ ən JP Julian Bugier Onwaar top 4 F2

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ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

583 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

584 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Julian Bugier Onwaar top 4 F2

585 zh Wen Jiabao wœn d i b o wɛn d j b w JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

586 en Steve Jobs i d bz i: d ɒbz JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

587 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Maryse Burgot Onwaar anthr 4 F2

588 en Sandy n di ændi JE Maryse Burgot Onwaar mét 4 F2

589 en New Jersey nuw d ɛ ze nu: d ɝzi JP Julian Bugier Onwaar top 4 F2

590 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Julian Bugier Onwaar top 4 F2

591 en Cape May keɪp ɛ: keɪp eɪ JE Maryse Burgot Onwaar top 4 F2

592 en New Jersey njuw d œ zɛ nu: d ɝzi JE Maryse Burgot Onwaar top 4 F2

593 en Cape May keɪp ɛi keɪp eɪ JE Maryse Burgot Onwaar top 4 F2

594 en Irene i ɛnə ɪ ɾi:n T Onwaar mét 4 F2

595 en Sandy n di ændi JE Maryse Burgot Onwaar mét 4 F2

596 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVT Maryse Burgot Onwaar top 4 F2

597 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Julian Bugier Onwaar top 4 F2

598 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Julian Bugier Onwaar top 4 F2

599 en Manhattan n n æn hæ ən JE Onwaar top 4 F2

600 en Battery Park b i p k bæ ɾi p ɾk JE Onwaar top 4 F2

601 en Manhattan n n æn hæ ən JE Onwaar top 4 F2

602 en Times Square ɪ kwɛ: ɪ z kwɛɾ JE Onwaar top 4 F2

603 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JE Onwaar top 4 F2

604 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Stéphan Breitner Onwaar anthr 4 F2

605 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JIVT Stéphan Breitner Onwaar anthr 4 F2

606 en George Bush ə buʃ d ɾd bʊʃ JIVT Stéphan Breitner Onwaar anthr 4 F2

607 en Katrina k i n kə ɾi:nə JIVT Stéphan Breitner Onwaar mét 4 F2

608 en Katrina k i n kə ɾi:nə JIVT Philippe Verdier Onwaar mét 4 F2

609 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JIVT Philippe Verdier Onwaar top 4 F2

610 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVT Philippe Verdier Onwaar top 4 F2

611 en Irene i ɛnə ɪ ɾi:n JIVT Philippe Verdier Onwaar mét 4 F2

612 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVT Philippe Verdier Onwaar top 4 F2

613 en Steve Jobs [stiv d bzə i: d ɒbz entrepreneur Bertin Nahum Onwaar anthr 4 F2

614 en Mark Zuckerberg zykə bɛ: ə ɾk zʌkɚbɝk entrepreneur Bertin Nahum Onwaar anthr 4 F2

615 en James Cameron d e k n d eɪ kæ əɾən entrepreneur Bertin Nahum Onwaar anthr 4 F2

616 en Apple pə æpə JE Onwaar entr 4 F2

617 en Facebook fejz buk fej bʊk JE Onwaar entr 4 F2

618 zh Wen Jiabao wɛn d i b o wɛnn d j b w JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

619 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

620 gr Costas Vaxevanis k k e ni k z k ɛ ni

JE Onwaar anthr 4 F2

621 gr Costas Vaxevanis k k e ni k z k ɛ ni

JE Onwaar anthr 4 F2

622 zh Wen Jiabao wɛn d i b o wɛn d j b w JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

623 zh Wen Jiabao wɛn d i b o wɛn d j b w JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

624 zh Wen Jiabao wɛn d i b o wɛn d j b w JE Alain de Chalvron Onwaar anthr 4 F2

625 en New York Times nuw j k ɪ z nu: j ɾk ɪ z JE Alain de Chalvron Onwaar méd 4 F2

626 zh Xi Jinping i i piŋ ɕǐ ɕînphǐŋ JE Alain de Chalvron Onwaar anthr 4 F2

627 zh Bo Xilai b ʃi ɪ p ɕ ɪ JE Alain de Chalvron Onwaar anthr 4 F2

628 en Facebook fejz bʊk fej bʊk JIVT Alain de Chalvron Onwaar entr 4 F2

629 en New York Times nuw j k ɪ z nu: j ɾk ɪ z JIVT Alain de Chalvron Onwaar méd 4 F2

630 en New York Times nuw j k ɪ z nu: j ɾk ɪ z JIVT Alain de Chalvron Onwaar méd 4 F2

631 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

632 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

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123

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

633 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JP Julian Bugier Onwaar anthr 4 F2

634 en Ruby y bi ɾubi T Onwaar anthr 4 F2

635 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 4 F2

636 en Utah y ju: : JE Onwaar top 4 F2

637 en Chard ʃ d ʃ ɾd JE Onwaar anthr 4 F2

638 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 4 F2

639 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 4 F2

640 en Kirk Green kɪ k in kɝk ɾi:n JE Onwaar anthr 4 F2

641 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 4 F2

642 pt Corcovado k ko do kuxku du JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

643 pt Rio i jo iu JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

644 en Frankenstorm f kən fɾæŋkən ɾ JP Gilles Bouleau Onwaar mét 4 TF1

645 en Sandy n di ændi JP Gilles Bouleau Onwaar mét 4 TF1

646 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

647 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

648 en Baltimore b i : b ɨ ɾ JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

649 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

650 en Wall Street wo i wɒ ɾi JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

651 en Wall Street wo i wɒ ɾi JE Onwaar top 4 TF1

652 en Manhattan n n æn hæ ən JE Onwaar top 4 TF1

653 en Manhattan n n æn hæ ən JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

654 en Sandy n di ændi JIVT Guillaume Debré Onwaar mét 4 TF1

655 en Sandy n di ændi JIVT Guillaume Debré Onwaar mét 4 TF1

656 en Sandy di ændi JIVT Guillaume Debré Onwaar mét 4 TF1

657 en Manhattan n n æn hæ ən JIVT Guillaume Debré Onwaar top 4 TF1

658 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

659 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 4 TF1

660 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JE Onwaar top 4 TF1

661 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 4 TF1

662 en Maryland i də ɛɾɨ ənd T Onwaar top 4 TF1

663 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 4 TF1

664 en Irene i ɛ:nə ɪ ɾi:n JE Onwaar mét 4 TF1

665 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 4 TF1

666 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

667 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JIVT Michel Floquet Onwaar anthr 4 TF1

668 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Michel Floquet Onwaar anthr 4 TF1

669 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Michel Floquet Onwaar anthr 4 TF1

670 en Sandy n di ændi JIVT Michel Floquet Onwaar anthr 4 TF1

671 en Sandy n di ændi JIVW Évelyne Dhéliat Onwaar mét 4 TF1

672 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVW Évelyne Dhéliat Onwaar top 4 TF1

673 en Irene i ɛ:nə ɪ ɾi:n JIVW Évelyne Dhéliat Onwaar mét 4 TF1

674 en Sandy n di ændi JIVW Évelyne Dhéliat Onwaar mét 4 TF1

675 en Long Island Express

ɪ nd ek p ɛ ŋ ɪ ənd ɛk pɾɛ

JIVW Évelyne Dhéliat Onwaar mét 4 TF1

676 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

677 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

678 en Texas ɛk ɛk ə JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

679 en Michigan iʃi n ɪʃɨ ən JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

680 en Fresno f ɛ no fɾɛznoʊ JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

681 en Los Angeles d ə ɛ : ænd ə ə JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

682 en San Francisco f i ko æn fɾən ɪ koʊ JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

683 en Fresno f ɛ no fɾɛznoʊ JE Anne-Claire Coudray Onwaar top 4 TF1

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124

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

684 en Rick ik ɾɪk JE Anne-Claire Coudray Onwaar anthr 4 TF1

685 en Jack d k d æk JE Anne-Claire Coudray Onwaar anthr 4 TF1

686 en Fresno f ɛ no fɾɛznoʊ JE Anne-Claire Coudray Onwaar top 4 TF1

687 en Mike Rhodes ɪk dz ɪk ɾoʊdz JIVW Anne-Claire Coudray Onwaar anthr 4 TF1

688 en Fresno f ɛ no fɾɛznoʊ T Onwaar top 4 TF1

689 en San Bernardino bɛ n di no æn bɚnɚ dinoʊ JE Anne-Claire Coudray Onwaar top 4 TF1

690 en San Bernardino bɛ n di no æn bɚnɚ dinoʊ JE Onwaar top 4 TF1

691 en Beall bi ə bɛ JE Onwaar anthr 4 TF1

692 en San Bernardino bɛ n di no æn bɚnɚ dinoʊ JE Onwaar top 4 TF1

693 en San Bernardino bɛ n di no æn bɚnɚ dinoʊ JE Onwaar top 4 TF1

694 en Sandy n di ændi JP Gilles Bouleau Onwaar mét 4 TF1

695 pt Rio de Janeiro iodə nɛ o iu d i ɐ nejɾu JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

696 en Big Ben bi bɛn bɪ bɛn JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

697 pt Corcovado k ko do kuxku du JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

698 pt Copacabana k p k b n k p kɐ bɐ nɐ JP Gilles Bouleau Onwaar top 4 TF1

699 pt Corcovado k ko do kuxku du JE Onwaar top 4 TF1

700 pt Heitor da Silva Costa

ɛk : d i k ɛɪ ox dɐ iw ɐ k ɐ

JE Onwaar anthr 4 TF1

701 pt Guanabara won b : w n b ɾɐ JE Onwaar top 4 TF1

702 pt Bel Noronha bɛ n o nj bɛ nu njɐ JE Onwaar anthr 4 TF1

703 en Sandy n di ændi JP Gilles Bouleau Onwaar mét 4 TF1

704 en Atlantic City ik i i ə æn ɪk ɪ i JE Onwaar top 4 TF1

705 en Sandy di ændi JE Onwaar mét 4 TF1

706 en Sandy di ændi JE Onwaar mét 4 TF1

707 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 4 TF1

708 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 4 TF1

709 en Wall Street wo i wɒ: ɾi JE Onwaar top 4 TF1

710 en Sandy di ændi JP Gilles Bouleau Onwaar mét 4 TF1

711 en Sandy ɛn di ændi JP Julie Morelle Onwaar mét 4 LU

712 en Gary Glitter i i œ: æɾi ɪ ə JP Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

713 en Jimmy Savile d i i i d ɪ i æ ɪ JP Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

714 en Sandy ɛn di ændi JP Julie Morelle Onwaar mét 4 LU

715 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Julie Morelle Onwaar top 4 LU

716 en Obama ob oʊ b : ə JP Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

717 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Julie Morelle Onwaar top 4 LU

718 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 4 LU

719 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 4 LU

720 en New Jersey nuwd œ zɛ nu: d ɝzi JE Onwaar top 4 LU

721 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 4 LU

722 en Atlantic City ik i i ə æn ɪk ɪ i JE Onwaar top 4 LU

723 en Irene i ɛ:n ɪ ɾi:n T Onwaar mét 4 LU

724 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 4 LU

725 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Julie Morelle Onwaar top 4 LU

726 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

727 en New Jersey njuwd œ zɛ nu: d ɝzi JIVT Philippe Gassot Onwaar top 4 LU

728 en Delaware də w dɛ əwɛəɾ JIVT Philippe Gassot Onwaar top 4 LU

729 en New York nuw j kə nu: j ɾk JIVT Philippe Gassot Onwaar top 4 LU

730 en Sandy n di ændi JIVT Philippe Gassot Onwaar mét 4 LU

731 en New Jersey njuwd œ ze nu: d ɝzi JIVT Philippe Gassot Onwaar top 4 LU

732 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVW Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

733 en Sandy ɛn di ændi JIVT Philippe Gassot Onwaar mét 4 LU

734 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Philippe Gassot Onwaar anthr 4 LU

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Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

735 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Julie Morelle Onwaar top 4 LU

736 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Julie Morelle Onwaar top 4 LU

737 en New York nuw j kə nu: j ɾk JP Julie Morelle Onwaar top 4 LU

738 en Boston b n bɒ ən JP Julie Morelle Onwaar top 4 LU

739 en New York nuw j k nu: j ɾk voyageur Onwaar top 4 LU

740 en New York nuw j k nu: j ɾk porte-parole Onwaar top 4 LU

741 nl Vanackere n kə ə: n kərə JP Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

742 en Kraft Foods k f fu:dz kɾæf fu:dz JP Julie Morelle Onwaar entr 4 LU

743 en Ford f d f ɾd JP Julie Morelle Onwaar entr 4 LU

744 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Julie Morelle Onwaar top 4 LU

745 de Volkswagen zw œn f k ən ouvrier Onwaar entr 4 LU

746 en Ford f f ɾd syndicaliste Onwaar entr 4 LU

747 en Ford f d f ɾd JIVW Onwaar entr 4 LU

748 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JIVW Onwaar top 4 LU

749 en Jimmy Savile d i i i d ɪ i æ ɪ JP Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

750 en Gary Glitter i i œ: æɾi ɪ ə JP Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

751 en Gary Glitter i i œ: æɾi ɪ ə JE Onwaar anthr 4 LU

752 en Jimmy Savile d i i i d ɪ i æ ɪ JE Onwaar anthr 4 LU

753 en Gary Glitter i i œ: æɾi ɪ ə JE Onwaar anthr 4 LU

754 en Scotland Yard k d j də kɒ ənd j :d JE Onwaar org 4 LU

755 en Savile i æ ɪ JE Onwaar anthr 4 LU

756 en Jimmy Savile d i i i d ɪ i æ ɪ JE Onwaar anthr 4 LU

757 en Gary Glitter i i œ: æɾi ɪ ə JE Onwaar anthr 4 LU

758 en Scotland Yard k nd j d kɒ ənd j :d JE Onwaar org 4 LU

759 en Jimmy Savile d ɪ i i d ɪ i æ ɪ JE Onwaar anthr 4 LU

760 uk Ioulia Tymochenko

ju j i oʃɛŋ ko ju ij ɪ ʃɛŋk JP Julie Morelle Onwaar anthr 4 LU

761 de Insa Meinen inz ɪnən ɪnz ɪnən JE Onwaar anthr 4 LU

762 de Gestapo ɛ po e :po JE Onwaar org 4 LU

763 de Auschwitz ʊʃ wi ʊʃ ɪ historienne Insa Meinen Onwaar top 4 LU

764 en Sandy n di ændi JP Hakima Darhmouch Onwaar mét 4 RTL

765 en New York nuw j kə nu: j ɾk JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

766 en Sandy n di ændi JP Hakima Darhmouch Onwaar mét 4 RTL

767 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

768 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

769 en Bounty bu:wn i b ʊn i JE Onwaar mdt 4 RTL

770 en Maryland i d ɛɾɨ ənd T Onwaar top 4 RTL

771 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 4 RTL

772 en Irene i ɛ:n ɪ ɾi:n JE Onwaar mét 4 RTL

773 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

774 en Wall Street wo i wɒ: ɾi JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

775 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 4 RTL

776 en New Jersey nuwd œ zi nu: d ɝzi T Onwaar top 4 RTL

777 en Irene i ɛ:n ɪ ɾi:n T Onwaar mét 4 RTL

778 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

779 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVW Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

780 en Manhattan n n æn hæ ən JIVT Thomas Viguier Onwaar top 4 RTL

781 en Times Square ɪ kwɛ: ɪ z kwɛɾ JIVT Thomas Viguier Onwaar top 4 RTL

782 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVT Thomas Viguier Onwaar top 4 RTL

783 en Sandy di ændi JIVT Thomas Viguier Onwaar mét 4 RTL

784 en New York Post nuwj k p nu: j ɾk poʊ JIVT Thomas Viguier Onwaar méd 4 RTL

785 en Sandy n di ændi JIVT Thomas Viguier Onwaar mét 4 RTL

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126

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Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

786 en Sandy n di ændi JIVT Thomas Viguier Onwaar mét 4 RTL

787 en Michael Bloomberg

ɪ kœ b u bɛ ɪkə b u: bɚ

JIVT Thomas Viguier Onwaar anthr 4 RTL

788 en Manhattan n n æn hæ ən JIVT Thomas Viguier Onwaar top 4 RTL

789 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVW Hakima Darhmouch Onwaar anthr 4 RTL

790 en Sandy n di ændi JIVT Thomas Viguier Onwaar mét 4 RTL

791 en Ohio o jo oʊ h ɪoʊ JIVT Thomas Viguier Onwaar top 4 RTL

792 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Thomas Viguier Onwaar anthr 4 RTL

793 en Sandy n di ændi JIVT Thomas Viguier Onwaar mét 4 RTL

794 en Mitt Romney i u ne ɪ ɾ : nɪ JIVT Thomas Viguier Onwaar anthr 4 RTL

795 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Thomas Viguier Onwaar anthr 4 RTL

796 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

797 en Obama ob oʊ b : ə JP Hakima Darhmouch Onwaar anthr 4 RTL

798 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

799 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Hakima Darhmouch Onwaar anthr 4 RTL

800 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JE Onwaar top 4 RTL

801 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 4 RTL

802 en New York nuw j k nu: j ɾk voyageuse Onwaar top 4 RTL

803 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 4 RTL

804 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JE Onwaar top 4 RTL

805 en Sandy n di ændi JE Onwaar mét 4 RTL

806 en Miami ij i ɪ æ i T Onwaar top 4 RTL

807 en Orlando do ɾ ændoʊ T Onwaar top 4 RTL

808 en New York nuw j k nu: j ɾk T Onwaar top 4 RTL

809 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVT Charlotte Notteghem

Onwaar top 4 RTL

810 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JIVT Charlotte Notteghem

Onwaar top 4 RTL

811 en Atlanta ə æn ə JIVT Charlotte Notteghem

Onwaar top 4 RTL

812 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JIVT Charlotte Notteghem

Onwaar top 4 RTL

813 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVT Charlotte Notteghem

Onwaar top 4 RTL

814 en British Airways b i iʃɛ weɪz bɾɪ ɪʃ ɛəweɪz JP Hakima Darhmouch Onwaar entr 4 RTL

815 en Sandy n di ændi JP Hakima Darhmouch Onwaar mét 4 RTL

816 nl Bart De Wever b dəwe œ: b r də we ər JP Hakima Darhmouch Onwaar anthr 4 RTL

817 nl Bart De Wever b dəwe œ: b r də we ər JE Onwaar anthr 4 RTL

818 nl Bruno Tobback b yno b k bryno b k JE Onwaar anthr 4 RTL

819 nl Bart De Wever b də we œ: b r də we ər JE Onwaar anthr 4 RTL

820 nl De Wever də we ə də we ər maire Vincent De Wolf Onwaar anthr 4 RTL

821 nl Bart De Wever b dəwe œ: b r də we ər JE Onwaar anthr 4 RTL

822 nl RC Genk ɛ e ɛŋkə ɛr e ʝɛŋk JP Hakima Darhmouch Onwaar org 4 RTL

823 en Ford f f ɾd JP Hakima Darhmouch Onwaar entr 4 RTL

824 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

825 nl Jelle Vossen jɛ ə ən jɛ ə ə JP Hakima Darhmouch Onwaar anthr 4 RTL

826 en Ford f d f ɾd JP Hakima Darhmouch Onwaar entr 4 RTL

827 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

828 en Kraft Foods k f fu:dz kɾæf fu:dz JP Hakima Darhmouch Onwaar entr 4 RTL

829 nl Lokeren okə œn okərə JP Hakima Darhmouch Onwaar org 4 RTL

830 nl Zulte Waregem y əw ə ɛ zʏ ə w rəʝɛ JP Hakima Darhmouch Onwaar org 4 RTL

831 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Hakima Darhmouch Onwaar org 4 RTL

832 en Sandy di ændi JP Hakima Darhmouch Onwaar mét 4 RTL

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ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

833 en Melbourne ɛ bu n ɛ bən JP Hakima Darhmouch Onwaar top 4 RTL

834 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

835 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

836 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

837 en Boston b n bɒ ən JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

838 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

839 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

840 en Sandy di ændi JP Laurent Delahousse Onwaar mét 5 F2

841 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

842 en Manhattan n n æn hæ ən JE Onwaar top 5 F2

843 en Brooklyn b uk in bɾʊk ɪn JE Onwaar top 5 F2

844 en Manhattan n n æn hæ ən JE Onwaar top 5 F2

845 en New York nuw j k nu: j ɾk T Onwaar top 5 F2

846 en Manhattan n n æn hæ ən JE Arnaud Comte Onwaar top 5 F2

847 en New York nuw j k nu: j ɾk JE Onwaar top 5 F2

848 en Sandy di ændi JE Onwaar mét 5 F2

849 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

850 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

851 en Washington Post w ʃiŋ n po w ʃɪŋ n poʊ JP Laurent Delahousse Onwaar méd 5 F2

852 en Boston b n bɒ ən JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

853 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

854 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

855 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

856 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Maryse Burgot Onwaar anthr 5 F2

857 en Velma Hart ɛ ɛ ə h ɾ JE Maryse Burgot Onwaar anthr 5 F2

858 en Obama ob oʊ b : ə JE Maryse Burgot Onwaar anthr 5 F2

859 en Washington w ʃiŋ n w ʃɪŋ n JE Maryse Burgot Onwaar top 5 F2

860 en Colorado ko o do kɒ ə ɾædoʊ JE Maryse Burgot Onwaar top 5 F2

861 en Lakewood eɪk wudə eɪkwʊd JE Maryse Burgot Onwaar top 5 F2

862 en Obama ob oʊ b : ə JE Maryse Burgot Onwaar anthr 5 F2

863 en Romney nɛ ɾ : nɪ JE Maryse Burgot Onwaar anthr 5 F2

864 en Lakewood eɪk wudə eɪkwʊd JE Maryse Burgot Onwaar top 5 F2

865 en Colorado ko o do kɒ ə ɾædoʊ JE Maryse Burgot Onwaar top 5 F2

866 en Lakewood ek wudə eɪkwʊd T Onwaar top 5 F2

867 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

868 en Obama ob oʊ b : ə JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

869 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Stéphan Breitner Onwaar anthr 5 F2

870 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JIVT Stéphan Breitner Onwaar top 5 F2

871 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Stéphan Breitner Onwaar anthr 5 F2

872 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Stéphan Breitner Onwaar anthr 5 F2

873 en Boston b n bɒ ən JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

874 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

875 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JIVT Claude Sempère Onwaar anthr 5 F2

876 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Claude Sempère Onwaar anthr 5 F2

877 en Iowa ɪo w ɪəwə JIVT Claude Sempère Onwaar top 5 F2

878 en Ohio ow jo oʊ h ɪoʊ JIVT Claude Sempère Onwaar top 5 F2

879 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JIVT Claude Sempère Onwaar anthr 5 F2

880 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Claude Sempère Onwaar anthr 5 F2

881 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JIVT Claude Sempère Onwaar anthr 5 F2

882 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Claude Sempère Onwaar anthr 5 F2

883 en Boston b n bɒ ən JIVT Claude Sempère Onwaar top 5 F2

884 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JIVT Claude Sempère Onwaar anthr 5 F2

Page 128: La prononciation francisée des noms propres étrangers dans ...lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/002/162/619/RUG01... · La prononciation francisée des noms propres ... Constitution du

128

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

885 ar Bachar el-Assad b ʃ də b ʃ ʃ :r e ʔ d JE Onwaar anthr 5 F2

886 ar Bachar el-Assad b ʃ də b ʃ ʃ :r e ʔ d JE Guillaume Daret Onwaar anthr 5 F2

887 de Kärcher k ʃɛ: kɛ çɐ JP Laurent Delahousse Onwaar entr 5 F2

888 de Winnenden ɪnən dœn ɪnəndən JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

889 de Kärcher kɛ ʃɛ: kɛ çɐ JE Onwaar entr 5 F2

890 de Kärcher kɛ ʃɛ: kɛ çɐ JE Onwaar entr 5 F2

891 de Kärcher kɛ ʃɛ: kɛ çɐ JE Onwaar entr 5 F2

892 de Kärcher kɛ ʃɛ: kɛ çɐ JE Onwaar entr 5 F2

893 de Kärcher kɛ ʃɛ: kɛ çɐ JE Arnaud Boutet Onwaar entr 5 F2

894 de Gerhard Schröder

e ʃ o dœ: ɛɐh ɐ ʃ ø:dɐ JIVW François Lenglet Onwaar anthr 5 F2

895 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

897 fi Kimi Räikkönen ki i ɪko nɛn ki i ræjk:ønen JE Onwaar anthr 5 F2

898 de Vettel ɛ ɛ fɛ ə JE Onwaar anthr 5 F2

899 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

900 en New York nuw j k nu: j ɾk actrice Leila Bekhti Onwaar top 5 F2

901 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVW Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

902 en Obama ob oʊ b : ə JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

903 en Twitter wi œ: wɪ ɚ JE Onwaar entr 5 F2

904 en Obama ob oʊ b : ə acteur Onwaar anthr 5 F2

905 en Obama ob oʊ b : ə acteur Onwaar anthr 5 F2

906 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVW Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

907 en New York nuw j k [nu: j ɾk JIVW Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

908 en New York nuw j k nu: j ɾk JIVW Laurent Delahousse Onwaar top 5 F2

909 en Scorsese k ɛ:z k ɾ ɛzi actrice Géraldine Nakache Onwaar anthr 5 F2

910 en Woody Allen wudi ɛn wudi æ ən JIVW Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

911 en Obama ob oʊ b : ə JIVW Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

912 en Woody Allen wudi ɛn wudi æ ən actrice Géraldine Nakache Onwaar anthr 5 F2

913 en Scorsese k ɛ:z k ɾ ɛ ɛ actrice Géraldine Nakache Onwaar anthr 5 F2

914 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVW Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

915 en New York nuw j k nu: j ɾk actrice Géraldine Nakache Onwaar top 5 F2

916 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

917 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JP Laurent Delahousse Onwaar anthr 5 F2

918 en Obama ob oʊ b : ə JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

919 en Romney nɛ ɾ : nɪ JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

920 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

921 en Boston b n bɒ ən JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

922 en Sandy n di ændi JP Claire Chazal Onwaar mét 5 TF1

923 en New York nuw j k nu: j ɾk JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

924 en Manhattan n n æn hæ ən JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

925 en New Jersey nuwd œ zɛ nu: d ɝzi JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

926 en Steve [sti:v] [sti:v] JE Waar anthr 5 TF1

927 en Staten Island ɛ ən ɪ æ ən ɪ ənd JE Anne-Claire Coudray Onwaar top 5 TF1

928 en Sandy n di ændi JE Anne-Claire Coudray Onwaar mét 5 TF1

929 en Obama ob oʊ b : ə JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

930 en Romney ne ɾ : nɪ JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

931 ar Abdallah bd ʕ b d JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

932 nl Amsterdam ɛ d ər d JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

933 nl Amsterdam ɛ d ər d JE Onwaar top 5 TF1

934 nl Esther ɛ ɛ: ɛ ər JE Onwaar anthr 5 TF1

935 nl Marianne j n r j nə JE Onwaar anthr 5 TF1

936 nl Esther ɛ ɛ: ɛ ər JE Onwaar anthr 5 TF1

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129

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

937 nl Esther ɛ ɛ: ɛ ər JE Onwaar anthr 5 TF1

938 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

939 en Mitt Romney i nɛ ɪ ɾ : nɪ JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

940 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

941 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

942 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 5 TF1

943 en Ohio o ju oʊ h ɪoʊ JE Onwaar top 5 TF1

944 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 5 TF1

945 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Guillaume Debré Onwaar anthr 5 TF1

946 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 5 TF1

947 en Air Force One ɛ f w n ɛɾ f ɾ wʌn JE Onwaar mdt 5 TF1

948 en Obama ob oʊ b : ə JE Onwaar anthr 5 TF1

949 en Ohio o jo oʊ h ɪoʊ T Onwaar top 5 TF1

950 en Iowa ɪo w ɪəwə T Onwaar top 5 TF1

951 en Chicago ʃik o ʃɪ k : oʊ JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

952 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

953 en Obama ob oʊ b : ə JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

954 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Guillaume Debré Onwaar anthr 5 TF1

955 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Guillaume Debré Onwaar anthr 5 TF1

956 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Guillaume Debré Onwaar anthr 5 TF1

957 en Boston b n bɒ ən JP Claire Chazal Onwaar top 5 TF1

958 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JP Claire Chazal Onwaar anthr 5 TF1

959 en Boston b n bɒ ən JIVT Pierre Grange Onwaar top 5 TF1

960 en John McCain d n ə keɪn d n ə keɪn JIVT Pierre Grange Onwaar anthr 5 TF1

961 en Mitt Romney i ne ɪ ɾ : nɪ JIVT Pierre Grange Onwaar anthr 5 TF1

962 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JIVT Pierre Grange Onwaar anthr 5 TF1

963 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JIVT Pierre Grange Onwaar anthr 5 TF1

964 en Michelle Carr iʃɛ k i ʃɛ k ɾ JE Onwaar anthr 5 TF1

965 fi Kimi Räikkönen ki i ɪko nɛn ki i ræjk:ønen JE Onwaar anthr 5 TF1

966 en Lotus o y ə oʊ ʌ JE Onwaar org 5 TF1

967 en Lewis Hamilton ewi i n u:ɪ hæ ɪ ən JE Onwaar anthr 5 TF1

968 es Fernando Alonso fɛ n do o fe r n ndo o n o JE Onwaar anthr 5 TF1

969 de Sebastian Vettel eb jɛn e ɛ ze b j n fɛ ə JE Onwaar anthr 5 TF1

970 es Alonso n o o n o JE Onwaar anthr 5 TF1

971 ca David Ferrer d i fe ɛ d i fe reɾ JE Onwaar anthr 5 TF1

972 pl Jerzy Janowicz ɛ zij n i ə jɛʐɨ j n i ʂ JE Onwaar anthr 5 TF1

973 nl Bart De Wever b dəwe œ: b r də we ər JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

974 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

975 nl Bart De Wever b dəwe œ: b r də we ər JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

976 nl Bart De Wever b ədə we ə b r də we ər JE Onwaar anthr 5 LU

977 nl Patrick Janssens p ikj n ɛn p rɪk j n ə JE Onwaar anthr 5 LU

978 nl Bart De Wever b də we ə b r də we ər JE Onwaar anthr 5 LU

979 nl Groen u:n ʝrun JE Onwaar org 5 LU

980 nl Zevende Dag ze əndə daç] ze ədə d ç JE Onwaar progr 5 LU

981 nl Bart De Wever b də we ə b r də we ər JE Onwaar anthr 5 LU

982 nl Pieter De Crem pi ə də k ɛ pi ər də krɛ JIVT Rachel Crivellaro Onwaar anthr 5 LU

983 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 5 LU

984 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə T Onwaar anthr 5 LU

985 en Jared Taylor d ɛ eɪ : d æɾəd eɪ ɚ JE Onwaar anthr 5 LU

986 en Yale je: ə jeɪ JE Onwaar org 5 LU

987 en Alabama b æ ə bæ ə JE Onwaar top 5 LU

988 en American e ikɛn əne ə ɛɾɪkən JE Onwaar org 5 LU

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ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

Renaissance ɾɛnə n

989 en Jared Taylor d ɛ eɪ : d æɾəd eɪ ɚ T Onwaar anthr 5 LU

990 en Ku Klux Klan kykyk k [ku k ʌk k æn T Onwaar org 5 LU

991 en Ku Klux Klan kyk yk k ku k ʌk k æn JE Onwaar org 5 LU

992 en Klan k [klæn] JE Onwaar org 5 LU

993 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 5 LU

994 ru Vladimir Poutine di i pu in ɫɐ dji jɪr pu jɪn JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

995 ar Bachar el-Assad b ʃ d b ʃ ʃ :r e ʔ d JE Onwaar anthr 5 LU

996 ar Kadhafi k d fi ə d ːfi JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

997 en Arizona izo n æɾɪ zoʊnə JP Nora Khaleefeh Onwaar top 5 LU

998 en Manganese Bronze Holdings

niz b z diŋz æŋ əni:z bɾɒnz hoʊ dɪŋz

JE Onwaar entr 5 LU

999 de Mercedes ɛ e dɛ ɛ e:dɛ JE Onwaar entr 5 LU

1000 de Vito i o i o JE Onwaar mdt 5 LU

1001 fi Kimi Räikkönen ki i ɪko nɛn ki i ræjk:ønen JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

1002 es Fernando Alonso fɛ n do zo fe r n ndo o n o JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

1003 de Sebastian Vettel eb jɛ e ɛ ze b j n fɛ ə JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

1004 en Red Bull ɛd by ɾɛd bʊ JP Nora Khaleefeh Onwaar org 5 LU

1005 es Alonso zo o n o JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

1006 nl Zulte Waregem zy əw ə ɛ zʏ ə w rəʝɛ JP Nora Khaleefeh Onwaar org 5 LU

1007 nl Georges Leekens d ə e kɛn r ə ekə JP Nora Khaleefeh Onwaar anthr 5 LU

1008 nl Georges Leekens ə e kɛn r ə ekə JE Onwaar anthr 5 LU

1009 sr Jor če ić j e i ʃ jor ʃe i ɕ JE Onwaar anthr 5 LU

1010 nl Zulte Waregem zy əw ə ɛ zʏ ə w rəʝɛ JE Onwaar org 5 LU

1011 mk Trajkovski jk f ki r j k f ki JE Onwaar anthr 5 LU

1012 en Texas ɛk ɛk ə JP Caroline Fontenoy Onwaar top 5 RTL

1013 nl Vandevyvere ndə ɛɪ ə n də ɛi ərə JE Onwaar anthr 5 RTL

1014 nl Pieter De Crem pi ə dək ɛ pi ər də krɛ JIVT Frédéric Delfosse Onwaar anthr 5 RTL

1015 nl Bruno Tobback b yno b k bryno b k JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1016 en Mitt Romney i ɾ ni ɪ ɾ : nɪ JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1017 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1018 en Mitt Romney i ɾ ni ɪ ɾ : nɪ JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1019 en Romney ɾ ni ɾ : nɪ JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1020 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1021 en Mitt Romney [mit ɾ ni ɪ ɾ : nɪ JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1022 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 5 RTL

1023 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 5 RTL

1024 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JE Onwaar anthr 5 RTL

1025 en Mitt Romney i ni ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 5 RTL

1026 en Barack Obama b kob bə ɾ :k oʊ b : ə JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1027 en Texas ɛk ɛk ə JP Caroline Fontenoy Onwaar top 5 RTL

1028 es Álvarez ɛ ə b re JE Onwaar anthr 5 RTL

1029 en Texas ɛk ɛk ə JE Onwaar top 5 RTL

1030 es Fátima f i f i JE Onwaar anthr 5 RTL

1031 es Río Grande ijo n de rijo r nde JE Onwaar top 5 RTL

1032 en Mitt Romney i ɾ ne ɪ ɾ : nɪ JE Onwaar anthr 5 RTL

1033 en Texas ɛk ɛk ə JE Onwaar top 5 RTL

1034 en Alamo o æ ə oʊ JE Onwaar bât 5 RTL

1035 en John Wayne d n wɛin d :n weɪn JE Onwaar anthr 5 RTL

1036 en New York nuw j kə nu: j ɾk JP Caroline Fontenoy Onwaar top 5 RTL

1037 en Sandy n di ændi JP Caroline Fontenoy Onwaar mét 5 RTL

1038 en New Jersey nuwd ɛ zɛ nu: d ɝzi JP Caroline Fontenoy Onwaar top 5 RTL

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131

ID Langue source

Nom propre Prononciation entendue Prononciation langue source

Type de locuteur Nom du locuteur Prononciati

ons identiques

Type de nom

D Chaîne

1039 en Isaac i z :k ɪzək JP Caroline Fontenoy Onwaar mét 5 RTL

1040 en Sandy æn di ændi JE Onwaar mét 5 RTL

1041 en Isaac i z :k ɪzək JE Onwaar mét 5 RTL

1042 en Sandy æn di ændi JE Onwaar mét 5 RTL

1043 ca Sergi López ɛ i pɛzə ɛrd i pɛ JE Onwaar anthr 5 RTL

1044 nl Tom De Sutter də y œ: də ʏ ər JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1045 nl Lokeren okə œn okərə JP Caroline Fontenoy Onwaar org 5 RTL

1046 nl Zulte Waregem zy əw ə ɛ zʏ ə w rəʝɛ JP Caroline Fontenoy Onwaar org 5 RTL

1047 nl Genk ɛŋk ʝɛŋk JP Caroline Fontenoy Onwaar org 5 RTL

1048 fi Kimi Räikkönen ki i ɪko nən ki i ræjk:ønen JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1049 de Sebastian Vettel eb j n e ɛ ze b j n fɛ ə JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1050 fi Kimi Räikkönen ki i ɪkø nɛn ki i ræjk:ønen JE Onwaar anthr 5 RTL

1051 en Lewis Hamilton uwi i n u:ɪ hæ ɪ ən JE Onwaar anthr 5 RTL

1052 fi Räikkönen ɪko nɛn ræjk:ønen JE Onwaar anthr 5 RTL

1053 es Alonso n zo o n o JE Onwaar anthr 5 RTL

1054 de Vettel ɛ ɛ fɛ ə JE Onwaar anthr 5 RTL

1055 de Rosberg oz bɛ kə bɛɐk JE Onwaar anthr 5 RTL

1056 en Hamilton h i n hæ ɪ ən JE Onwaar anthr 5 RTL

1057 fi Räikkönen ɪko nən ræjk:ønen JE Onwaar anthr 5 RTL

1058 es Alonso n zo o n o JE Onwaar anthr 5 RTL

1059 en Webber e bɛ: webə JE Onwaar anthr 5 RTL

1060 es Pérez pɛ ɛ pe re JE Onwaar anthr 5 RTL

1061 fi Räikkönen ɪko nɛn ræjk:ønen JE Onwaar anthr 5 RTL

1062 es Alonso n zo o n o JE Onwaar anthr 5 RTL

1063 de Vettel e ɛ fɛ ə JE Onwaar anthr 5 RTL

1064 de Sebastian Vettel eb j n e ɛ ze b j n fɛ ə JE Onwaar anthr 5 RTL

1065 en Button bœ n bʌ ən JE Onwaar anthr 5 RTL

1066 en Lance Armstrong ɛn ŋ æn :ɾ ɾ ŋ JP Caroline Fontenoy Onwaar anthr 5 RTL

1067 en Edenbridge ɪdə bɾid i:dənbɾɪd JP Caroline Fontenoy Onwaar top 5 RTL