La philanthropie canadienne dans notre boule de cristal

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11 janvier, 2019 DE LA PRÉSIDENTE La philanthropie canadienne dans notre boule de cristal Hilary Pearson Nous sommes à nouveau à cette période de l’année où les prévisions foisonnent. En janvier dernier, j’avais suivi le mouvement en faisant quelques prédictions concernant la philanthropie canadienne en 2018. Vous demandez-vous si celles-ci se sont vérifiées? Et ce que 2019 nous réserve en philanthropie? En toute franchise, de nombreuses prédictions sont plus l’expression des souhaits (ou des craintes) de leur auteur que des prévisions mûrement réfléchies. Il n’en reste pas moins que c’est un exercice qui peut stimuler la réflexion ou servir à lancer la discussion à la table de votre conseil. Alors, je récidive cette année. N’hésitez pas à nous faire part de vos propres prévisions. Le secteur de la philanthropie privée est en croissance… Les fonds versés à des fondations privées augmenteront. Cette prévision est une extrapolation d’une tendance à long terme. Selon les données des déclarations de revenus des contribuables, le nombre de donateurs individuels stagne ou diminue au Canada, mais les montants que donne ce nombre plus restreint de donateurs augmentent , et plus d’argent est donné à des fondations privées . Nous ne savons pas si cela signifie qu’un nombre plus important de grands donateurs créent leur propre fondation privée (quoique le nombre de fondations enregistrées ne cesse de croître) ou que plus de fonds sont versés à des fondations existantes. Il y a toutefois fort à parier que les grands donateurs distribueront plus de fonds par l’entremise d’une fondation. L’actif total des fonds orientés par les donateurs augmentera encore plus rapidement. On dispose de peu de données sur l’identité des personnes qui donnent à ces fonds, lesquels sont gérés par des fondations communautaires ou par d’autres fondations publiques souvent liées à des institutions financières, mais selon une nouvelle étude publiée en 2018, l’actif total de ces fonds augmente d’environ 20 % par année. … ce qui amènera le public à surveiller les fondations de plus près. En 2018, le « grand » secteur philanthropique des États-Unis a fait l’objet de beaucoup plus de critiques et même d’attaques publiques. Se produira-t-il la même chose au Canada? Il est facile d’alimenter le cynisme et la méfiance à l’égard des institutions, notamment des fondations privées opaques, par l’entremise des médias sociaux. On n’a pas de mal à imaginer un débordement au Canada, surtout si le nombre de fondations et de fonds orientés par les donateurs continue de croître. Le débat opposant les notions de fortune privée et de responsabilité publique s’intensifiera. Billets connexes QU’EST-CE QUI EST TENDANCE EN PHILANTHROPIE AU CANADA? La présidente de FPC, Hilary Pearson, souligne des tendances américaines dans la philanthropie et comment elle se comparent à celles qui se dessinent au Canada. RÉTROSPECTIVE ET PROJECTIONS À la fin de cette année riche en rebondissements, le moment est venu d’effectuer un retour en arrière, mais aussi de se projeter dans l’avenir, car faire l’un sans l’autre risquerait de susciter trop de déception ou trop d’espoir irrationnel ! DES SOUHAITS (PLUTÔT QUE DES PRÉDICTIONS) POUR 2016 En ce début d’année, Hilary Pearson, présidente de FPC, spécule, comme d’autres, sur les tendances dans le monde de la philanthropie et le secteur sans but lucratif en 2016. RETOUR AU BLOGUE La philanthropie canadienne dans notre boule de cristal - https://pfc.ca/fr/philanthropie-canadienne-boule-de-cristal/ 1 sur 3 19-04-25 à 14:49

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11 janvier, 2019 DE LA PRÉSIDENTE

La philanthropie canadienne dans notreboule de cristalHilary Pearson

Nous sommes à nouveau à cette période de l’année où les prévisionsfoisonnent. En janvier dernier, j’avais suivi le mouvement en faisantquelques prédictions concernant la philanthropie canadienne en2018. Vous demandez-vous si celles-ci se sont vérifiées? Et ce que 2019nous réserve en philanthropie? En toute franchise, de nombreusesprédictions sont plus l’expression des souhaits (ou des craintes) deleur auteur que des prévisions mûrement réfléchies. Il n’en reste pasmoins que c’est un exercice qui peut stimuler la réflexion ou servir àlancer la discussion à la table de votre conseil. Alors, je récidive cetteannée. N’hésitez pas à nous faire part de vos propres prévisions.

Le secteur de la philanthropie privée est en croissance…

Les fonds versés à des fondations privées augmenteront. Cette prévision est uneextrapolation d’une tendance à long terme. Selon les données des déclarations derevenus des contribuables, le nombre de donateurs individuels stagne ou diminue auCanada, mais les montants que donne ce nombre plus restreint de donateursaugmentent, et plus d’argent est donné à des fondations privées. Nous ne savons pas sicela signifie qu’un nombre plus important de grands donateurs créent leur proprefondation privée (quoique le nombre de fondations enregistrées ne cesse de croître) ouque plus de fonds sont versés à des fondations existantes. Il y a toutefois fort à parierque les grands donateurs distribueront plus de fonds par l’entremise d’une fondation.

L’actif total des fonds orientés par les donateurs augmentera encore plusrapidement. On dispose de peu de données sur l’identité des personnes qui donnent àces fonds, lesquels sont gérés par des fondations communautaires ou par d’autresfondations publiques souvent liées à des institutions financières, mais selon unenouvelle étude publiée en 2018, l’actif total de ces fonds augmente d’environ 20 % parannée.

… ce qui amènera le public à surveiller les fondations de plus près. En 2018, le« grand » secteur philanthropique des États-Unis a fait l’objet de beaucoup plus decritiques et même d’attaques publiques. Se produira-t-il la même chose au Canada? Ilest facile d’alimenter le cynisme et la méfiance à l’égard des institutions, notammentdes fondations privées opaques, par l’entremise des médias sociaux. On n’a pas de mal àimaginer un débordement au Canada, surtout si le nombre de fondations et de fondsorientés par les donateurs continue de croître. Le débat opposant les notions defortune privée et de responsabilité publique s’intensifiera.

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QU’EST-CE QUI EST TENDANCEEN PHILANTHROPIE AUCANADA?La présidente de FPC, Hilary Pearson,souligne des tendances américainesdans la philanthropie et comment ellese comparent à celles qui se dessinentau Canada.

RÉTROSPECTIVE ETPROJECTIONSÀ la fin de cette année riche enrebondissements, le moment est venud’effectuer un retour en arrière, maisaussi de se projeter dans l’avenir, carfaire l’un sans l’autre risquerait desusciter trop de déception ou tropd’espoir irrationnel !

DES SOUHAITS (PLUTÔT QUE DESPRÉDICTIONS) POUR 2016En ce début d’année, Hilary Pearson,présidente de FPC, spécule, commed’autres, sur les tendances dans lemonde de la philanthropie et le secteursans but lucratif en 2016.

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Plus d’attention sera prêtée à la diversité, à la parité et à l’inclusion. En général, leséquipes de direction et les conseils d’administration des fondations canadiennes, enparticulier des fondations privées, ne sont pas diversifiés sur le plan de l’âge, du sexe, dela race, de la religion ou à d’autres points de vue. Étant donné la diversité de lapopulation canadienne, le manque de diversité au sein des fondations est une questionqui mérite qu’on s’y arrête. En 2019, plus de fondations chercheront des moyensd’accroître la diversité des perspectives que reflètent leurs décisions et leurgouvernance.

Le leadership des jeunes sera un nouveau point de mire. Les milléniaux, qui formentla génération la plus populeuse au Canada, franchissent le cap de la trentaine. De plusen plus de voix s’élèvent pour qu’on accorde plus de place et d’attention à ce groupe,dont les attentes et les habitudes diffèrent de celles des baby-boomers qui dirigentactuellement les fondations canadiennes. Étant donné la taille et le stade de vie de cegroupe, les fondations canadiennes profiteraient immensément d’un investissementphilanthropique dans l’éducation des membres de cette génération et dans leurintégration à la main-d’œuvre du secteur. Il faut s’attendre à ce que le mondephilanthropique leur accorde encore plus d’attention en 2019.

Les philanthropes investissent plus massivement dans les jeunes autochtones. Pourde nombreuses fondations, les jeunes autochtones comme ceux qui composent leséquipes à la tête d’Échanges Racines canadiennes et de 4Rs représentent la voie à suivre.L’éducation des Autochtones prônée par Indspire et d’autres intervenants devient unecible majeure de l’action philanthropique. Les bailleurs de fonds philanthropiques vontmiser gros sur les jeunes autochtones, le groupe démographique dont la croissance estla plus rapide au Canada.

L’octroi de dons fondé sur les connaissances et la philanthropie guidée par lesdonnées : des expressions à la mode en 2019. On serait porté à croire qu’il est possiblede répondre aux éternelles questions « comment savoir si nous finançons les bonnescauses » et « que changeons-nous vraiment? » en recueillant et en analysant plus dedonnées. Trop de fondations ne peuvent toutefois le faire, faute de moyens, de tempsou de connexion à des réseaux d’acquisition de données. À FPC, nous avons avancé denouvelles idées sur cette question en 2018. C’est en 2019 que nous assisterons à la miseen place d’une véritable infrastructure d’échange de données à l’intention du secteurphilanthropique au Canada. Des discussions importantes et difficiles concernant lapropriété et l’utilisation de ces données sont toutefois à prévoir.

L’investissement d’impact : plus de produits; en attente d’un coup d’accélérateur.L’offre de nouveaux produits d’investissement d’impact intéressants a nettementaugmenté en 2018, en particulier dans les domaines des technologies d’énergie propre,du logement abordable et des investissements autochtones. Le nouveau fonds definance sociale de 755 millions de dollars annoncé par le gouvernement fédéralcommencera à prendre forme en 2019. Il a pour but de dynamiser le marché del’investissement d’impact au profit de nombreux investisseurs, dont les fondations.Ainsi, c’est en 2019 que nous observerons un essor des investissements d’impact desfondations canadiennes.

Enfin, il y a quelques domaines sortant des sentiers battus dans lesquels nous espéronstoujours que le milieu philanthropique investira davantage : la technologie et lessolutions financières au soutien des personnes marginalisées; l’Arctique et l’ensembledu Nord canadien; l’éducation des enfants réfugiés à l’étranger; la défense de l’espace dela société civile dans le monde.

Pour conclure, voici quelques conseils des coprésidents de notre conférence de 2018,Allan Northcott et Patty Faith :

Soyez modeste, mais audacieux

Ayez l’esprit pratique

Exigez des preuves et offrez de l’aide pour les recueillir

Chérissez les débats

Adoptez une perspective à long terme

Apportez votre soutien et participez à un dialogue franc et ouvert

Pour lire d’autres prévisions concernant la philanthropie et la société civile en 2019 :

David Callahan, Inside Philanthropy: Crystal Ball Check In: How Did We Do InForecasting 2018 Philanthropy

Lucy Bernholz, Philanthropy and Digital Civil Society:Blueprint 2019

Predict-A-Palooza: Civil Society Forecast 2019

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