La Peninsule Balcanique

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Cviji, Jovan (1865-1927). Jovan Cvijic,... La Péninsule balkanique, géographie humaine.... 1918. In- 8 , VIII-532 p.. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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by Jovan Cvijic

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Cviji, Jovan (1865-1927). Jovan Cvijic,... La Pninsule balkanique, gographie humaine.... 1918. In- 8 , VIII-532 p..

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet 1978 : *La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits labors ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accder aux tarifs et la licence

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JOVAN Professeur Agr

CVIJIC de Belgrade

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LA

PNINSULE

BALKANIQUE GOGRAPHIE HUMAINE

Avec

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LIBRAIRIE

ARMAND

COLIN

103, BOULEVARD SAINT-MICHEL, PARIS

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LA

BALKANIQUE

JOVAN

CVIJIC

Professeur l'Universit de Belgrade Agr l'Universit de Paris

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BALKANIQUE GOGRAPHIE HUMAINE

Avec 31 cartes et croquis dans le texte et 9 cartes hors texte

LIBRAIRIE

ARMAND

COLIN

PARIS io3, BOULEVARD SAINT-MICHEL, 1918 Tousdroitsde reproduction, traductionet d'adaptation de rservspour tous pays

Copyrightnineteenhundredand eighteen by Max Leclerc and H. Bourrelier, proprietors of Librairie Armand Colin-

PREFACE

vnements que nous traversons, je m'tais Avant les tragiques propos de publier le rsultat d'ensemble de mes recherches sur la de goen commenant par les problmes Pninsule balkanique, auxquels j'avais consacr la plus grande partie graphie physique de mon temps et de mon activit. Mais dj les gurites balkaniques vers de 'Kl12 cl 1915 avaient forcment dtourn mes proccupations les questions de gographie politique et humaine. La guerre actuelle les a mises au premier plan, et c'est elles que j'ai pens tout d'abord lorsqu'on a bien voulu m'appeler collaborer l'enseignement de la gographie dans la vieille et illustre maison de Sorbonne . Je dois avant tout celle faveur spciale deux hommes minenls dont la disparition a fuit un grand vide dans la vie intellectuelle de la France et dans le coeur de leurs nombreux amis : M. Paul Vidal de la lilache, le matre des gographes franais, qui s'intressait avec tant de bienveillance mes travaux, et M. Louis Liard, vice-recteur de t'Acadmie de Paris, le grand rformateur de l'enseignement en France. Le cours qu'ils dsiraient me voir confier suprieur rentrait parfaitement dans la conception internationale qu'ils se la du haut enseignement. Leur proposition rencontra faisaient mme bonne volont auprs de M. iMcien Poincar, alors Dire.cleur de l'Enseignement suprieur, et reid un cordial accueil parmi les membres de la Facidl des Lettres, Tons furent d'accord pour penser l'attente du que dans les circonstances prsentes je rpondrais en leur parlant des populations de la public et des tudiants Pninsule, plus encore que de ses aspects physiques. J ai donc commenc 'mon enseignement la Sorbonne par l'expos de mes tudes de gographie humaine sur les pays balkaniques.

PREFACE. Ce sont ces cours, professs depuis janvier 1917 jusqu' la fin de l'anne scolaire 1917-1918, que je publie dans le prsent volume. J'avais, plusieurs reprises, louch ces questions dans mes leons de l'Universit de Belgrade, et plusieurs d'entre elles m'avaient longuement et passionnment proccup ; mais jusqu' prsent je ne les avais pas envisages d'ensemble. Il m'a donc fallu bien des rflexions encore pour prsenter celle sorte de tableau de la gographie humaine de la Pninsule, pour grouper scientifiquement la multitude de faits, qu'embrasse une discipline dont l'objet n'est pas encore tabli de faon prcise. Ce travail tait d'autant plus difficile que ma conception de la gographie humaine diffre sur certains points de celle que lialzel et M. Jean Brunhes ont expose dans leurs remarquables ouvrages. J'ai toujours pens qu'ils excluaient trop l'homme de la gographie humaine et ne faisaient pas une pari assez large des questions qui relvent, si l'on veut, de lu sociologie autant que de la gographie, mais dont, la gographie ne peut pas se dsintresser. On s'imagine aisment que ce travail de rflexion et de coordination a t souvent interrompu, parfois rendu impossible, par les vnements et par les devoirs qui s'imposent chacun de nous dans les circonstances actuelles. D'autre pari, en quittant mon pays, je n'ai pu emporter que quelques carnets de voyages cl les plus indispensables des caries sur lesquelles j'avais figur le rsultat de mes recherches. Je n'ai pas eu le loisir de rassembler Paris toutes les ressources de travail relatives la Pninsule balkanique que j'avais sous la main Belgrade. Il y a. dans cet ouvrage des chapitres que j'ai d crire, en quelque sorte, de mmoire. Peut-tre cependant mon livre y aura-l-il gagn de n'tre pas surcharg de dtails qui d'en obscurcir les ides principales. Si cet ouvrage a risqueraient l'honneur d'une seconde dition, je lcherai d'y ajouter tout ce qui lui manque. Je ne me dissimule pas qu'il est difficile, en ce moment, de parler de certaines questions en toute impartialit, j'ai fait effort pour rester toujours dans la vrit scientifique. Mes conclusions s'appuient d'ailleurs sur de nombreuses observations faites au cours de mes voyages, antrieurement, aux vnements actuels. Je les avais entrepris sans aucun parti pris, avec le seul souci de me rendre compte.

PKfiFA.CE.

m

Il m'et t difficile de mener bonne fin l'oeuvre entreprise sans l'aide de mon excellent collgue et ami M. Lucien Gallois, dont M. Gallois a corrig, au point de vue l'obligeance gale l'rudition. et m'a aid de la langue, la plus grande partie du manuscrit, heures que ensuite a reviser les preuves. Au cours des nombreuses nous avons passes ensemble ce travail, M. Gallois m'a suggr de mon ouvrage, et utiles sur la rdaction souvent des rflexions j'ai appris, cette occasion, apprcier plus encore la clart et la de donner ici de l'esprit franais. Je suis heureux prcision "*M. Gallois, l'affectueux tmoignage de ma gratitude. ,':^V,(H"jr JovanihjllM

Paris, mai 1918.

NOTE /SUR LA TRANSCRIPTION DES NOMS '%\ SERBO-CROATES

La langue serbo-croate possde certains sons particuliers qu'il n'est pas toujours facile de rendre exactement avec les lettres employes dans les langues occidentales. On a donc pris l'habitude, quand on se sert des caractres latins pour transcrire les motsserbo-croales, d'adopter certaines graphies qui sont entres de plus en plus dans l'usage. L'avantage de ces graphies est vident. Vouloir donner aux sons serbes un quivalent dans c'est--dire les crire les langues franaise, anglaise, italienne, etc., comme ils devraient tre prononcs dans ces diffrentes langues, c'est adopter pour chacun d'eux et dans chacune de ces langues une orthographe spciale de telle faon qu'ils deviennent parfois mconnaissables pour un tranger. Il en serait de mme si l'on voulait crire en franais les mots anglais en cherchant tenir compte de leur prononciation vraie, ou, inversement, en anglais les mots franais. J'ai donc adopt pour transcrire les noms serbo-croates les graphies et les signes usuels, d'ailleurs peu nombreux, dont voici la liste : c = U franais cl anglais. Exemple, en anglais eats. C = tch franais et ck anglais. Exemple, en anglais, churclt. -' LE NOM LES FRONTIRES

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SEPTENTRIONALES

Les diffrents noms de la pninsule. La chane centrale, Catena mundi, Catena dcl Monc'o. La pninsule de l'Haemus ou des Balkans. Les valles du Danube et de la Save, frontires septentrionales. Le Karst et l'istrie, dpendances de la Pninsule. La Pninsule des Balkans a chang plusieurs fois de nom ; plus soudes grandes units gographiques Ces vent qu'aucune de l'Europe. noms ont t emprunts aux civilisations diffrentes qui s'y sont dveloppes et aux; grands empires qui s'y sont succd. Ils correspondent aussi une conception du relief de la Pninsule l'poque classique. Avant le xixc sicle, on ne s'occupait gure que de l'histoire de l'antiquit et des anciennes civilisations de ces rgions. Les gens instruits, tant sous l'impression c'est le profonde de la civilisation hellnique, nom de Pninsule ou mme de Pninsule Hellnique Grecque qui taient peu prvalut. Les autres peuples, bien que plus nombreux, les Hellnes les effaaient prs ignors, et, malgr leur nombre, On disait parfois aussi : Pninsule presque compltement. Byzantine, sous l'influence des tudes relatives son histoire et sa civilisation au Moyen-Age. Ceux qui s'occupaient d'tudes romaines l'appelrent Romaine ou Pninsule du nom de la parfois Pninsule Illyrienne, et parce qu'on supposait que les Yougoslaves province d'HIyricum (Slaves du Sud) occidentaux sont les descendants des anciens Illyriens. En mme temps que de ces noms classiques ou tirs de l'antiquit, quelques gographes et cartographes de l'Occident se servirent de celui Ottoman d'Europe, ou de Turquie d'Europe, ou encore d'Empire Turc. Au commencement du xixe sicle, et jusd'Empire du Grand qu'au Congrs de Berlin (1878), le nom de Turquie d'Europe l'emJ. Cvmc. -~ l,a Pninsule balkanique. I

INTRODUCTION. porta sur tous les autres. U correspondait bien la situation politique o s'tait trouve cette rgion jusqu'au commencement du xixe sicle; presque toute la Pninsule appartenait alors la Turquie. La Dalmatie, successivement vnitienne, autrichienne, franaise, puis de nouveau autrichienne, et le petit Montngro, seul tat indpendant de la Pninsule, comptaient pour bien peu. Mais, ds les premires dcades du xix sicle, la Serbie et la Grce apparaissent sur les cartes. Ces deux Etats, de cration rcente, drangrent les conceptions des cartographes. C'est avec une rpugnance vidente, en l'absence d'un autre nom gnral, qu'on donna encore toute la Pninsule le nom de Turquie d'Europe. Elle entrait cependant de plus en plus dans la sphre des intrts europens et se pntrait de la civilisation europenne. Les explorateurs du dbut du xix sicle reconnurent que les peuples yougoslaves y taient les plus nombreux, qu'ils n'avaient aucune parente ethnique ni avec les Hellnes, ni avec les Romains ou les Byzantins et qu'ils diffraient des anciens Illyriens. Les premiers noms donns la Pninsule ne correspondaient gure cette conception nouvelle. On comprit qu'il fallait renoncer aux noms classiques de Pninsule Hellnique, Byzantine, Bomaine ou Illyrienne, et aussi au nom politique de Turquie. C'est au commencement du xixe sicle que, sous l'inlluence des ides gographiques de Humboldt et de Bittcr, se manifesta la tendance remplacer, dans l'tude des contres de la Terre, les divisions politiques ou historiques par des divisions bases sur des faits naturels. On choisit des noms correspondant aux principaux caractres gographiques, surtout aux chanes de montagnes. Mais, cette poque, on connaissait mal le relief de la Pninsule. Ds l'antiquit et jusqu'au milieu du xixe sicle, on en eut une ide trs errone. Au temps de Strabon et de Ptolme, on dessina sur les cartes et on dcrivit dans les ouvrages gographiques une chane de montagnes traversant la Pninsule sans solution de continuit de l'Est l'Ouest, de la mer Noire jusqu'aux Alpes. On l'appela l'poque de la Renaissance Catena mundi ou Catena del Mondo. Les explorateurs de la premire moiti du xixe sicle la dsignaient sous le nom de Chane centrale (Centralkette). Elle sparait les pays balkaniques du Midi, Grce, Macdoine, Thrace, des pays septentrionaux, contres inhospitalires, froides, aux neiges abondantes et aux geles excessives, habites, disaient les Hellnes, par les Burbares. La Chane Centrale constituait une barrire formidable entre les contres sauvages du Nord et les terres polices du Midi. On ne. s'aventurait au del qu'avec horreur. Cette notion classique du relief balkanique se perptua sur la Table de Peutinger et sur les autres itinraires de l'poque romaine, malgr, la connaissance, qui devenait alors

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de la Pninsule. Elle, se plus complte, de la partie septentrionale maintint dans les livres de gographie et sur les cartes du Moyen-Age sur celles de la Benaissance. Mme plus tard, quand et particulirement les grands traits du relief de toute l'Europe furent bien connus, quand la nomenclature classique fut remplace par une nomenclature moderne ou nationale, on continua dessiner une chane centrale sur les cartes de la Pninsule. Longtemps encore on conserva les vieux noms classiques pour en dsigner les diffrents accidents de relief. Le noeud nationale central, la Sarplanina de la nomenclature orographique s'appela le Scardus. La chane qui va de l jusqu' la mer Noire fut dsigne sous les noms d'Orbetus, de Rhodope et d'Hoemus. Celle qui du Scardus va se rattacher aux Alpes porta les noms de Rebii Montes, Albanus mons, Peone Alpes. Toutefois ces noms diffrent avec les caries. Ds le xvic sicle, les cartographes italiens commencent les remplacer par la nomenclature nationale italianise ou les traduire en italien : Monte Argentaro (montagnes Srebrnica et Kopaonik), et d'autres Kostenazzo (Kostenac, dans les Bhodopes), Kunovizza encore. Ce n'est qu'aprs les voyages d'exploration d'Ami Boue et de A. ViIquesnel, dans la premire moiti du xixc sicle, qu'on commena s'apercevoir que la grande chane centrale n'existait pas et qu'au contraire, la Pninsule est coupe, du Nord au Sud, non seulement par des gorges, mais plus particulirement par la dpression MoravaVardar, suivie aujourd'hui par le chemin de fer de Belgrade Salonique. Il fallut un temps assez long pour que ces notions fussent gnralement acceptes et utilises par les cartographes. On rencontre jusqu'aux environs de 1870 des cartes gographiques portant encore la chane centrale. C'est de cette conception errone de chane centrale que provient le nom actuel de Pninsule dos Balkans. La partie orientale de celte chane portait le nom d'Hoemus. Ce nom, applique des montagnes peu loignes de Constanlinople, souvent mentionnes par les crivains classiques et byzantins, tait plus connu que ceux qu'on donnait aux autres sections. Les explorateurs du commencement du xixc sicle apprirent que rilsemus classique s'appelle actuellement Balkan. En s'inspirant de la conception fausse de la chane centrale, le gographe A. Zeune donna, en 1808, la Pninsule le nom de Pninsule des Balkans, Balkanhalbinsel ou Hoemushalbinsel (Gea. Versuch einer ivissenschafllischen Berlin, 1808). Erdbcschreibung, Le nom de Balkan, au lieu d'Ha;mus, n'est pas tout fait exact. Ce nom signifie en turc montagne. La population turque de la partie orientale de la Pninsule appelle Balkan, mme aujourd'hui, la partie

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INTRODUCTION.

orientale de l'ancien ILenius, la plus basse et la plus insignifiante. Il est trs probable qu'Ami Boue et les autres explorateurs ont entendu

le terme de Balkans appliqu par leur escorte turque mme aux parties centrales et occidentales de cette chane de montagnes, parce que les

INTRODUCTION. de Balkan, chaque montagne sous cette appellation Turcs dsignent slave nuand ils n'en connaissent pas le nom prcis. Mais la population

ROMALI rgions hellnique et macdonienne. Celles-ci se composent surtout de schistes cristallins intamorphiss avec des intercalations de calcaires, galement mtamorphiss. En outre, dans le Ploponse et au nord du golfe de Patras, la direction des couches est presque parallle la cte. Par suite, ces contres sont plus fermes et leurs chanes plus resserres ; elles se distinguent par les phnomnes karstiques. Leurs bassins sont plus isols les uns des autres, ainsi que de la mer, que ceux de la partie orientale. Mais les calcaires de la section ionienne sont moins purs que les calcaires dinariques qui constituent la c>tedalmate. Pour cette raison, les phnomnes du Karst hellnique sont considrablement moins dvelopps que ceux du Karst dinarique. Il existe une diffrence marque, dans la distribution des matriaux meubles qui forment la terre arable, entre les contres gennes et les Dans les premires, les matriaux contres thraco-macdonniennes. meubles sont constitus surtout par la terra rossa et par les autres argiles qui proviennent de la dcomposition des roches et qui sont d'une paisseur moins considrable que dans le bloc continental. On ne trouve que, par-ci, par-l, en particulier en arrire des golfes, des alluvions fluviatiles, mme des sables, des argiles et des conglomrats qui se sont dposs dans d'anciens lacs. Ces matriaux meubles se sont plus gnralement dposs et ont t mieux conservs dans les bassins thessaliens, dans ceux de Trikala, de Larissa et surtout sur le littoral de Litochori et de Katherini, l'est de l'Olympe; ils sont ici constitus par des sables et des argiles lacustres, par un calcaire d'eau douce, cl en particulier par de puissantes masses de cailloux et de conglomrats fluviatiles qui dpassent 200 mtres d'paisseur. Par-l, les bassins thessaliens se rattachent au littoral thraco-macdonien, caractris par un dveloppement considrable des couches lacustres et fluviales, qui sont un des facteurs principaux de leur fertilit. Par ces caractres comme par les autres, les bassins du littoral thraco-macdonien se rapprochent du bloc continental. Le littoral gen est, en gnral, domin par le climat mditerranen, dont les caractres bien connus sont surtout accuss sur le lit toral hellnique. La vgtation et le genre de vie, intimement lis au climat, sont presque les mmes que dans les autres rgions de la Mditerrane europenne et asiatique. Mais, en s'loignant du littoral, les caractres de climat et de vgtation subissent un changement considrable cause des montagnes massives qui s'lvent proximit de la

RGIONGENNE.

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mer ; le climat devient semblable celui de l'Europe centrale, mme prend les mmes aspects. Le littoral celui des Alpes ; la vgtation gen, l'est de l'Olympe, qui s'tend de la gorge de Tempe jusqu' la plaine de Salonique, est couvert par des maquis mditerranens,.par Au-dessus des maquis prosendroits touffus et presque impntrables. En remontant prent des vignes et des arbres fruitiers mditerranens. les pentes ou les valles de l'Olympe, la vgtation mditerranenne est de plus en plus remplace par les' arbres, par les forts feuilles caduques, puis apparaissent les conifres disperss, et, au-dessus d'eux, les pturages de la zone alpine, enveloppe de brumes, mme en t. Au lieu du genre de vie mditerranen, l'levage devient l'occupation principale de la population qui change elle-mme : ce ne sont plus les Grecs, mais les Aromounes transhumants qui font patre leurs troupeaux sur l'Olympe. Il y a aussi une diffrence entre le climat et la vgtation des rgions L't, dans les rgions hellniques et du littoral thraco-macdonien. est caractris par un manque presque absolu de pluie, hellniques, leve et une vaporation considrable. Les cours par une temprature d'eau les moins importants restent sec, les autres n'ont qu'un dbit insignifiant. L'air est souvent alors satur par l'humidit, qui provoque une abondante transpiration et amne un tat d'nervement et d'agitation inquite. Le printemps et l'automne, caractriss par des pluies sont doux et agrables, ainsi que l'hiver un peu parfois torrentielles, plus froid. Le ciel reste clair pendant presque toute l'anne. La mer, souvent calme, est d'un bleu intense. Les lignes du relief se dessinent nettement sur l'horizon, l'ensemble des formes est noy dans une lumire douce aux couleurs changeantes. En contraste avec la chaleur un sentiment de douhumide, ces aspects produisent d'apaisement, ceur et d'harmonie. Au contraire, l'hiver du littoral thraco-macdonien est plus svre; les neiges et les geles ne sont pas aussi rares que dans la pninsule hellnique ; les courants d'air qui se prcipitent des hauts sommets du bloc continental y soufflent souvent en rafales ; violents et trs froids, ils ressemblent la Bora de la cte dalmate; le plus froid il le plus connu est le vardarac (vent du Vardar), qui congle parfois les rivages du golfe de Salonique. La forte humidit relative qui persiste tout l'hiver rend les mois froids pnibles supporter. Le ciel, |>endant la saison froide, reste d'une clart parfaite. Le passage de ! hiver l't est quelquefois soudain. Les vents du Sud-Ouest prennent 'e dessus et sont accompagns galement d'une humidit relative; de l 'ient que les grandes chaleurs du littoral sont lourdes et accablantes. La i'hiie ne manque pas en t ; la quantit en reste quelquefois notable, :>ine en juillet et en aot, ce qui n'est pas mditerranen, non plus J. Cvwic. La Pninsule balkanique. 4

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ET L'HOMME. LE MILIEU GOGRAPHIQUE

que le chiffre assez lev des jours de pluie Salonique (95). Le climat du littoral thraco-macdonien a donc un caractre de transition entre le type continental et le type mditerranen. La vgtation mditerranenne donne la rgion genne un aspect diffrent de celui du bloc continental. Les grandes forets aux arbres levs font dfaut; elles sont remplaces par des maquis et par des buissons clairsems, qui souvent ne couvrent qu'imparfaitement un paysage dnud, quoique cette dnudation atteigne rarement la nudit dsolante du littoral adriatique. On ne trouve plus l, en gnral, les champs de crales si vastes du bloc continental; mais seulement de petits champs semblables des nids de verdure, entours de terrains rocheux et brls par un soleil ardent. Ils sont souvent d'une grande fertilit, particulirement quand ils sont bien arross. Le bl y prospre, des lgumes varis y croissent; leurs fruits succulents sont d'une qualit suprieure. Les pentes des collines, mme le sol des bassins de ht rgion genne sont couverts d'oliviers et de vignes dont les racines vont puiser profondment l'humidit qui leur permet de supporter la scheresse estivale. Contrairement la rgion hellnique, le littoral thraco-macdonien est arros par des cours d'eau importants, tels que la Bistrica, le Vardar, la Struma, la Mesta, etc. ; des lacs et des marcages s'y talent. Par suite des mouvements tectoniques rcents, les cours infrieurs de quelques fleuves sont accidents par des cascades. Les plus importantes sont celles de Voden, de Niausta et de Karaferia. James Backer disait que leur force hydraulique suffirait pour alimenter toutes les fabriques de Manchester. Autour des fleuves, et en particulier autour des cascades, se trouvent les oasis les plus fraches et les plus fertiles du littoral. Les champs de crales deviennent plus vasles comme aussi dans les bassins de Thessalie. Mais le fond des lassins est parfois occup par des champs de coton (environs de Seres et du lac Tahinos), par des rizires (partie occidentale de la Campania de Salonique et parties marcageuses du bassin de Scies), par des mriers (environs de Voden), surtout par de vastes plantations de tabac (environs de Drama, Kavala, Djumuldzina. Jenidz-Vardar). Les collines et les pentes du littoral sont couvertes par des vignes auxquelles s'ajoutent, plus rarement, les oliviers. Les vinles plus apprcis sont ceux de Niausta, de Gumendza et de Valandovo. Enfin, toutes ces plaines du littoral thraco-macdonien servent de patn rages d'hiver aux pasteurs transhumants des massif du Pinde et de Rhodopes. Ils y descendent en automne avec des dizaines de milliers d moutons et de brebis et remontent au printemps dans les montagnes Nombre de ces pasteurs slaves, aromounes et albanais abandonnen-

RGIONGENNE.

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cependant l'levage, surtout depuis un certain temps, pour s'installer dans les villes et les villages du littoral. Sauf ces pturages d'hiver, les prs verts et les pturages tendus dfaut dans la rgion genne; l'levage n'y peut l'ont compltement tre pratiqu aussi largement que dans les pays du bloc continental. On l'absence de gros btail. Le char tran par remarque particulirement des boeufs aux grandes cornes, sur lequel s'entassent en automne les des transports et les autres produits du sol caractristique gerbes dans le bloc continental manque presque compltement au Sud. Il y est souvent remplac par la charrette deux roues, trane par des btiuifs de petite taille et par des mulets. Le mulet devient par excellence l'animal de petit transport dans la rgion genne. Dans les contres hellniques, tout ce qui se rapporte la culture du les animaux comme les choses. Mme sol est petit, mme minuscule, le genre de vie des paysans a quelque chose d'triqu. Les produits de la terre et les revenus d'levage tant restreints, chacun sait ce que possde son voisin et tout ce qu'il peut acqurir. On se surveille mutuellement. La superficie de la terre cultivable et la somme des produits agricoles devient aigu, souvent acharne. La tant limites, la concurrence jalousie et l'envie sont la rgle. Celte lroitesse d'ides et de sentiments qu'on observe souvent dans la rgion genne, serait un trait caractristique presque gnral de la population, si la mer, surtout la mer llge, ne fournissait pas l'homme des ressources varies, par la pche, la navigation et le commerce, contribuant largir son horizon intellectuel et dvelopper sa finesse d'esprit. La rgion genne tant habite par les Grecs, abstraction faite des minorits d'autres nationalits, on peut la nommer, au point de vue ethnographique, rgion grecque. Nous avons expos dans les pages prcdentes que les nombreuses tribus slaves qui ont, au Moyen-Age, hellpntr dans la rgion genne, se sont presque compltement nises; l'assimilation des nombreux Albanais qui s'y sont installs, mme dans les derniers sicles, est moins avance. L'assimilation n'a pas eu seulement pour cause la prsence de Grues plus nombreux ou encore la civilisation el l'glise grecques, mais la nature des contres son genre grco-gennes, son climat, ses produits ct'particulirement de vie exercent ici une influence prpondrante. Au contraire, les Grecs qui se sont aventurs au cours des sicles, et jusqu' nos jours, diins les pays du bloc continental se sont, slaviss. Le littoral thracomacedonien se distingue mme ce point de vue par un double caractre : il est habit par des Grecs cl, par des Slaves; aucun des deux groupes n'a pu russir assimiler l'autre. Depuis les dernires dizaines

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ET LE MILIEU GOGRAPHIQUE L'HOMME.

d'annes, les Slaves affluent de plus en plus dans les villes et deviennent une partie importante de la population. Enfin, le rle historique de la Grce et du littoral thraco-macdonien a t diffrent. La civilisation hellnique s'est dveloppe dans les contres mridionales de la rgion genne; elle s'est rpandue de l le long du littoral thraco-macdonien, comme dans les autres contres de colonisation hellnique. Au contraire, le thtre de la civilisation byzantine tait le littoral thraco-macdonien avec Constantinople comme centre principal.

CHAPITRE BLOC

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CONTINENTAL

ou oRiE.NTALK BALKANIQUE.Plate-forme bas-danubienne et bassin de la RKGIOX Marica. Rgion inoravieniie ou Sumadija. ou CENTRALE, MOHAVO-VAISDAMKNNK. ICUON Rgion centrale ou Raska. Rgion du Vardar ou Macdoine. Itgioii dinarique, Planina, Zagora et Primorje. Rgion riNDo-DiNARiQUE. RGION du Pinde. resEn opposition la rgion genne, de dimensions relativement la mer mditerranenne et eurasiatiquc, dans laquelle treintes, chaque contre devenant ainsi une contre mapntre profondment, ritime, ou au moins domine par la mer, chacune des grandes rgions La mer Noire et que renferme le bloc est plus massive, plus continentale. l'Adriatique, par lesquelles il est entour l'Est et l'Ouest, ne pntrent nulle part aussi profondment dans la masse continentale que la mer Ege. De plus, l'une et l'autre sont des mers intrieures qui ne comLe bloc contimuniquent que par des dtroits avec la Mditerrane. nental fut toujours dans une dpendance plus troite des voies terrestres de communication que la rgion genne. Il n'a jamais eu de relations intimes avec la partie hellnique; ces deux grandes rgions d'une mme Pninsule sont restes presque trangres l'une l'autre; les rapports taient moins intimes entre elles qu'avec les pays situs en dehors de la Pninsule. U a t, il est seulement, et pour une part, en relation troite avec le littoral thraco-macdonien. En gnral, le bloc continental est plus renferm, si j'ose plus solitaire, plus taciturne, n'exprimer ainsi, et les influences du dehors, surtout les influences maritimes, s'y propagent plus pniblement que dans la rgion genne. Ajoutons que le bloc continental est peupl en majeure partie par les Serbes et les Bulgares, abstraction faite des Albanais qui habitent les contreforts du rempart du Pinde et des lots de population turque, situs l'Est et au Sud de la Pninsule. A l'inverse de la rgion genne, 1" bloc continental est particulirement favorable l'agriculture. Les sont de vrais agriculteurs, des peuples de Yougoslaves qui l'habitent

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charrue. Leur manire de se nourrir, de se loger, de gagner sa vie est compltement diffrente de celle de la population grco-genne. Les caractres d'union et de pntration ainsi que ceux d'isolement et de sparation, dcrits dans les chapitres prcdents, appartiennent en propre au bloc continental. D'aprs ces caractres, il se divise en trois rgions naturelles : Rgion orientale ou balkanique, proprement dite ; Rgion centrale ou moravo-vardarienne; Rgion occidentale ou pindo-dinarique. OU RGION ORIENTALE BALKANIQUE ETBASSIN ELAMARICA) D BAS-DANUBIENNE (l'LATE-FORME Elle est spare des autres rgions du bloc continental par des montagnes massives et leves : les Carpathes, qui se relient aux Balkans pour former un arc montagneux; plus au Sud, le rempart les Rhodopes, qui s'interpose entre le bassin de la Marica et ceux de la Mesta et de la Strurna. L seulement, contrairement aux autres rgions balkaniques, les plissements, les chanes de montagnes et les bassins ont une direction Est-Ouest. La rgion orientale est divise par les Balkans en deux rgions naturelles, la plaie-forme bas-danubienne qui est comprise entre les Balkans et le bas Danube, et le bassin de la Marica, relies entre elles par les cols des Balkans, particulirement par ceux du bas Balkan oriental. Au bassin de la Marica appartiennent aussi les pentes septentrionales des Rhodopes. Elles sont spares des pentes et des valles mridionales de ce massif par une vaste rgion leve et inhabite. Entre ces deux rgions principales est intercale la dpression subbalkanique, limite au Nord par les Balkans, au Sud, par la plate-forme de la Srednja Gora. Elle se compose d'une srie de bassins tectoniques depuis le bassin de Zlatiea l'Ouest jusqu' Burgas, sur le littoral de la mer Noire : au centre de la dpression subbalkanique se trouvent le bassin de Kazanlik et celui de Sliven, les plus tendus et les plus fertiles. La dpression subbalkanique est draine par diffrents affluents de la Marica; elle s'oriente, au point de vue conomique, surtout vers la voie ferre Sofia-Constantinople, et ne constitue en ralit qu'une partie du bassin de la Marica dont elle diffre seulement par quelques particularits. La plate-forme bas-danubienne ou bulgare est tout d'une pice : c'est une unit gographique presque parfaite. Le plan qui prside sa constitution tectonique est plus vident et pi is simple que dans les autres

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Les traits morphologiques sont grandes rgions du bloc continental. uniformes, presque d'une rgularit absolue. Elle est peu prs doElle se distingue des mine par un type climatique. par l'uniformit productions : c'est le pays des crales, surtout du bl. Sa population, est plus exclusivement soit bulgare, soit turque, agricole qu'aucune autre de la Pninsule. Le Balkan central, ainsi qu'une grande partie du Balkan occidental l'Ouest de la gorge de l'Iskar sont constitus presque exclusivement par des schistes et par du granit. Ils sont limits au Sud par ds failles ; de c'est pourquoi le Balkan central tombe au Sud par des escarpements de mtres sur la dpression Cet subbalkanique. quelques centaines d'rosion trs remarabaissement abrupt se signale par des phnomnes quables. Au Nord de la chane ( entrale on trouve une srie de chanes de plus eii plus basses au fur et mesure qu'on approche de plissements cessent brusquement du pays tabulaire. Au-del, ces plissements et on aprs un abrupt, moins lev que les escarpements subbalkaniques, arrive la plate-forme bas-danubienne constitue par des couches crtai horizontales, dislociques et tertiaires presque exceptionnellement ques par des failles de direction Nord-Sud. A l'exception de la chane centrale qui n'est coupe que par la gorge de l'Iskar, toutes les autres chanes de plissements ainsi que la plateforme bas-danubienne sont dissques par un systme de valles parallles, qui se dirigent du Sud au Nord et dont les eaux vont au Danube. Les parties de ces valles traversant la plate-forme suivent souvent des failles et sont asymtriques : les rives droites sont plus leves que les rives gauches. Les bassins d'effondrement sont rares mme dans les chanes de plissements; ceux qui existent sont de dimensions insignifiantes comme le bassin d'Orhanije l'Ouest, parcouru par le Berbes, affluent de l'Iskar. Le rseau fluvial de la Jantra, au centre de la plateforme, est le plus ramifi et le plus important. Il faut mettre part les fleuves du Balkan oriental : la Kamcija et la Provadija, valles longitudinales, orientes d'Ouest en Est, caractrises par des gorges piils aboutissent la mer Noire. L'embouchure de la Provadija gntiques; est un liman, le lac de Devna. C'est un des nombreux caractres gologiques et morphologiques par lesquels la partie orientale de la plateforme bulgare se rattache la Russie mridionale. A l'Est de la Jantra, les fleuves sont plus rares et ceux qui existent ont un dbit insignifiant a cause du climat steppique qui prvaut. Ces bassins fluviaux divisent ifi plate-forme bu zupa, mieux dlimits bulgare en compartiments dans les chanes de plissements que dans la plate-forme. I resque toute la est couverte de loess et plate-forme bas-danubienne i *i * * ueooisee jusqu' des Balkans. C'est la rgion l'escarpement septentrional

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de loess la plus tendue de la Pninsule. Les valles sont encaisses dans le loess et entaillent au-dessous les couches tertiaires et mme mso zoques qui affleurent sur leurs pentes. La couverture de loess enseveli; souvent les terrasses d'origine lacustre, qui, par suite, ne jouent pa le mme^rle que dans la rgion moravo-vardarienne. La plate-forint est un pays agricole d'une grande fertilit o l'on cultive surtout le bl, moins le mais; c'est un des plus vastes greniers de la Pninsule Mais par suite des ingalits d'un climat continental excessif, les mois sons peuvent varier d'une anne l'autre dans des proportions consi drables. Pendant les chaleurs de l't, la majeure partie de la plateforme, situe au-dessus du sol des valles, est brle; les prs et les pturages font presque dfaut. Elle est en outre ce point dnude, que nombre de villages utilisent le fumier comme moyen de chauffage. Cet aspect monotone est interrompu par les tranes de verdure qui apparaissent au fond des valles creuses presque jusqu' la nappe d'eau souterraine. Les arbres fruitiers sont rares. Cette rgion n'a presque pas de mines. Lorsqu'on franchit l'escarpement septentrional des Balkans, et qu'on se dirige vers le Sud, le relief devient plus vari. L'agriculture reste l'occupation principale de la population. Les habitants des environs de Trnovo, surtout du village de Ljaskovec, taient rputs jusqu' ces derniers temps comme jardiniers et marachers dans beaucoup de contres mme en dehors de la Pninsule. Dans sa partie occidentale, ils sont aujourd'hui remplacs par la population indigne et par les Serbes du Banat et de la Backa. Les arbres fruitiers sont en quantit plus grande. Les forts deviennent plus tendues, quand on se rapproche de la chane centrale. Des forts touffues aux arbres bas, dont le dveloppement semble arrt par le climat steppique, apparaissent surtout dans le Balkan oriental, dans le bassin de la Kamcija et dans la contre de Deli-Orman (la fort folle ). L'levage devient une ressource plus du Balkan central, o les importante de l'existence, surtout.autour pturages tendus du Ve/.cn, de Kadimlija et de Jumrukcal avec 1;; Cafadarica ainsi que ceux du Balkan occidental attirent mme les pas teurs aromounes transhumants. La plate-forme bas-danubienne se diffrencie des autres rgions de la Pninsule par ses relations extrieures, par le rle historique* qu'elle a jou et par sa composition ethnique. A tous ces points de vue, clh revt un caractre pontique. Situe la priphrie orientale de le Pninsule et limite l'Ouest par le grand arc montagneux carpatho balkanique, elle s'ouvre largement vers le Danube infrieur vers la Bon manie, vers la mer Noire et la Russie mridionale. Au Sud, par les coh des Balkans, elle a toujours entretenu des relations avec la Thrace ci

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de cette grande ville, d'une importance La proximit Constantinople. attir et influenc les peuples qui a particulirement exceptionnelle, Dans la partie oriensur la plate-forme bas-danubienne. s'installrent se dveloppa au Moyen-Age un tat vigoutale de cette plate-forme de la fusion des lments reux rsultant bulgare et slave. C'est Aboba* Preslav et Trnovo que les Bulgares tablirent Drstar (Silistrie), Aucune rgion balleurs capitales et leurs forteresses. successivement kanique n'a t au mme degr influence par les peuples touraniens venus de l'Asie et de la Bussie mridionale. environs de Consde la Marica, qui s'tend jusqu'aux Le bassin tantinople et qui, jusqu' l'invasion turque, portait le nom de Thrace, la plus complte de la Pninsule, . est l'unit gographique particufirement dans ses parties suprieure et moyenne. C'est un grand bassin limit au Sud par le granit et les schistes cristallins des d'affaissement de la Rhodopes, au Nord par les schistes et les roches msozoques le Srendja Gora et des Balkans. Dans la partie orientale apparaissent grs et le calcaire palogne dont les couches sont presque horizontales. C'est le plus vaste et l'un des plus anciens bassins tectoniques de la Pninsule. Son sol est rarement constitu par des couches nognes, mais presque exclusivement par les alluvions des rivires balkaniques et rhodopiennes. Le loess n'apparat plus au Sud des Balkans. Le climat et les productions sont plus varis que sur la plate-forme bas-danubienne. descend par les cols balkaniques ou la Lorsqu'on porte de Trajan l'Ouest dans la plaine de Marica, on remarque dans la vgtation, ds Tatar-Pazardzik, et plus encore Philippopoli, les influences climatiques mditerranennes. Le long de la Marica et de ses affluents apparaissent de vastes champs de bl et de mas, puis des cultures de tabac, des poivriers et de nombreuses rizires. Les vignes prosprent sur les collines et sur les pentes des montagnes. On y trouve aussi des mriers servant l'levage du ver soie et des arbres fruitiers varis. dans la partie orientale du bassin, prdominent les Cependant, influences du climat steppique. C'est l, en particulier dans les environs de Si ara- Zagora, de Jambol, de Karnabad et d'Ajtos, que sont les champs de bl les plus tendus. A l'exception des plateaux secs et brls de l'i Slrandza et du territoire de mme nature que traverse la rivire Krgn, toute la rgion est d'une grande' fertilit. Parmi les petits hassins de la dpression c'est le Tulovsko Polje de subbalkanique, Kazanlik qui l'emporte par ses vastes roseraies, dont on lire l'essence le rose. Les petits bassins de Zlatica et de Pirdop, avec leurs arbres t'iutiers, surtout des pruniers, les valles de la Sumadija. rappellent

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Spar par les Balkans de la plate-forme bulgare et par les Rhodopes de la Macdoine, le bassin de la Marica s'ouvre vers Constantinople. Il s'ouvre aussi vers le littoral de la Thrace, en particulier vers les ports de Ddagatch et d'Enos par le coude quj fait le fleuve en amont d'Andrinople. Il reste spar par la Strandza des ctes abruptes, aux falaises peu dcoupes et inhospitalires de la mer Noire; seul le golfe de Burgas toujours eu une relle importance conomique pour une, partie de la Thrace orientale. La rgion de la Marica a t, ds les premiers jours de Byzance et jusqu' la formation de la Bulgarie actuelle, domine par Constantinople et pntre par la civilisation et les courants historiques et ethniques de Byzance. Au Moyen-Age, et jusqu' l'invasion turque, la Thrace eut une population mixte, grco-slave, laquelle s'ajoutrent, surtout partir du xve sicle, des lots forms par les envahisseurs ottomans. C'est pendant la domination turque et en particulier depuis 1878, que les Bulgares laboureurs s'y installrent en foule et y prdominrent. A l'exception de la Macdoine, aucun autre pays de ht Pninsule n'est ce point pntr par l'ancienne civilisation balkanique, civilisation byzantine transforme. Il est facile d'en reconnatre les traces encore trs apparentes dans presque toutes les villes, dans nombre de villages, mme dans ceux qui sont peupls par les Bulgares. J'ai t surpris de les retrouver trs loin l'Ouest, dans la ville de Klisura, au Sud des Balkans. Cette civilisation ne dpasse les Balkans et la ligne de partage des eaux, entre la Marica et l'Iskar, que par de faibles avances. Il existe une diffrence psychique trs marque entre la population de la Thrace et les Bulgares de la plate-forme danubienne. Enfin, le bassin de la Marica a subi, dans une assez forte proportion, les influences asiatiques. Il est intressant de noter que c'est dans les environs d'Andrinople et de Philippopoli que surgit, au Moyen-Age, la secte religieuse trs connue des Patarnes ou Bogomiles, qui y fut introduit)! de l'Asie par les Armniens immigrs. Elle se rpandit de l dans une grande partie de la Pninsule, en Italie et dans la France mridionale, o elle fut connue sous le nom d'hrsie albigeoise. Le bassin suprieur de l'Iskar et la rgion qui va de Sofia jusqu' la frontire serbe n'appartiennent ni la plate-forme bas-danubienne, ni au bassin de la Marica. C'est une rgioi caractres gographiques spciaux qui s'intercale entre les Balkans, au NorJ, et le massif de Bhodope, au Sud et l'Ouest. Presque en son centre s'lvent lemontagnes de Viskjar cl Luljin, constitues par des roches ruptives ci des couches msozoqtics, intercales les unes dans les autres, plisseet orientes de l'Est l'Ouest. De part et d'autre de ces montagnes.

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Nord (Srbcnica, Cepan, etc..) s'alignent des crtes calcaires : celles du ont des formes arrondies ; celles du Sud, plus leves, sont aigus, Ces faisPlanina, etc.). (Vlaska et Paramunjska dchiquetes parfois ceaux de crtes sont entaills par les gorges profondes et sauvages de la Nisava et de ses affluents. Ils sont spars par des bassins d'effonet fluviales : bassins de Trn (Znedrement et des cuvettes karstiques au Sud, cuvettes polje), de Custendil (Krajiste) et de Pernik (Grahovo) de Dragoman, de Zabrdje et autres, au Nord. La route de Constantinople et la voie ferre traversent dans cette rgion la ligne de partage des eaux de la Nisava et de l'Iskar. C'est une contre presque compltement dboise, cultive seulement dans quelques bassins et cuvettes, o le rendement du sol est d'ailleurs L'levage primitif y est insignifiant. tics rpandu. Les mines de charbon de Pernik n'occupent qu'une partie o les de la population ; aussi est-ce une des parties de la Pninsule laissent le plus dsirer. Les Sopi ou Torlaques, moyens d'existence ne gagnent leur vie qu'en allant, en grand nombre, qui l'habitent, travailler au dehors.

REGION CENTRALE OU MORAVO-VARDARIENNE dont la position Contrairement la rgion orientale ou balkanique, est priphrique, lie surtout la Russie et l'Asie Mineure, les contres moravo-vardariennes se distinguent par une position centrale et des relations plus varies. Situe au centre de la Pninsule, autour des valles de la Morava et du Vardar, suivant un axe longitudinal dirig du. Nord au Sud, cette et par le rempart rgion est bien limite par l'arc carpatho-balkanique des Rhodopes l'Est, par les remparts dinarique et pinden l'Ouest. Ions les systmes de montagnes de la Pninsule y sont reprsents, lis : massif ancien y entrent en contact et parfois mme s'y enchevtrent des Rhodopes et chanes plisses tertiaires, chanes dinariques, pinmridionales celles enfin des Karpathes deennes, balkaniques, qui, dpassant les Portes de Fer, pntrent dans la Serbie orientale entre la Morava et le Timok. Comme consquence, la rgion centrale est constitue par toutes les roches de ces diffrents systmes montagneux. C'est tnie des causes de la varit de ses aspects. Ajoutons qu' la rencontre '''- ces diffrents de vastes masses de roches systmes de plissements i'iptives se sont fait jour : entre les chanes dinariques et le Kopaonik, 1 ;,ns la valle de entre les Karpathes et les Balkans dans le l'Ibar; j1-sin de la Crna Reka; dans la valle de la Kriva et de la Bregalnica 1, Sud, 1 prs de Kumanovo.

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Nous avons signal les particularits climatriques de cette rgion centrale. Les cultures et les produits en sont aussi trs varis. Nulle part, dans la Pninsule, on ne rencontre de telles diffrences, et par l;s s'imposent d'autres habitudes et d'autres manires de vivre. La dpression Morava-Vardar forme une coupure trs nette, dirige du Nord au Sud, de Belgrade Salonique, du bassin pannonien au littoral de la Thrace et de la Macdoine. Elle exerce une attraction considrable mme en dehors des territoires appartenant aux bassins de ces deux rivires. Cette attraction s'tend jusqu' Sarajevo, jusqu'au Montngro oriental, jusqu'au confluent des deux Drim. S'il n'y avait pas l'Ouest de frontires politiques bien fermes, elle atteindrait les ctes adriatiques. A l'Est, le bassin de la Struma est compris dans la mme zone d'influence. Les contres moravo-vardariennes peuvent tre divises en trois rgions naturelles : rgion moravienne ou Sumadija, contres centrales ou Raska et rgion vardarienne ou Macdoine.

RGIONMORAVIENNE U SUMADIJA O Au Nord de Nis, plus exactement au Nord des monts Kopaonik et Jastrebac, cette rgion qui constitue la Serbie septentrionale, forme une unit complte ; on peut l'appeler, d'aprs le pays qui en occupe le centre, Sumadija. C'est une plate-forme, incline du Sud au Nord, qui se termine aux bords de la Save et du Danube, en gnral par un escarpement d'une hauteur de 20 50 mtres, ou par des collines; l'autre rive de ces deux cours d'eau est basse et souvent marcageuse. Le territoire de la Sumadija correspond au fond ou aux parties bordiies du lac pannonique nogne et se distingue par une srie de terrasses lacustres qui s'abaissent peu peu en se succdant du Sud au Nord : les plus hautes ont une altitude d'environ 760 800 mtres, les plus basses, au bord du Danube, n'atteignent gure que 100 mtres. On s'explique que la plate-forme de la Sumadija se compose de sables, d'argiles et de marnes d'origine lacustre ou marine. Ces dpts sont rgulirement recouverts d'une couche d'humus souvent trs paisse. Le loess est limit presque exclusivement aux bords du Danube. A peu prs au centre de la plate-forme s'encaisse la valle de la Morava, qui se distingue par un fond large, par des pentes douces, sans gorges profondes. Un rseau trs dvelopp de valles secondaires s'y rattache. Les communications sont possibles dans toutes les directions. A l'Ouest de la Morava, de vastes plaines ont t creuses el largies dans le fond de l'ancien lac par la Kolubara, la Drina et I

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liosna, l'Est par la Mlava et par le Pek; en gnral, ces valles ne sont spares, dans leur cours infrieur, que par des plateaux bas, parfois formes ou recouverts de couches lacustres. En contraste avec les valles enfonces, mergent de la plate-forme des montagnes isoles, d'une altitude allant jusqu' 1500 mtres, etdont les racines plongent sous cette plate-forme. Elles apparaissent comme des lots montagneux et c'taient bien des lots du lac panonnique. Elles sont entoures de terrasses lacustres qui atteignent quelquefois le sommet des montagnes les inoins leves (Avala, Kosmaj, Bukulja, Yencac); les terrasses sont souvent couvertes de dpts lacustres. Mme les parties des montagnes qui dominent les terrasses lacustres sont presque enveloppes d'un manteau d'argile provenant de la dcomposition des roches. Rarement dboises, ces montagnes forment de orandes taches de verdure avec leurs forts de chnes et de htres, leurs prairies et leurs pturages. Le climat de la Sumadija se diffrencie, jusqu' un certain point, du climat des pays avoisinants de l'Europe centrale. A l'exception de la qui subit les influences du climat excessif du partie septentrionale bassin panonnique, le reste de la rgion, particulirement l'Ouest de la Moiava, se distingue par des prcipitations atmosphriques plus abondantes, qui se rpartissent dans toutes les saisons. Les hautes tempratures estivales sont souvent abaisses par des pluies et des averses. Ce qui caractrise surtout le climat de la Sumadija, c'est un longautomne, se prolongeant souvent, aprs une courte priode de froid, jusqu'en dcembre ; climat doux et humide, trs favorable l'agriculture et l'horticulture. La douceur un peu molle de l'automne s'harmonise admirablement avec les ondulations de la plate-forme et les grandes lignes de terrain qui vont se perdre au loin l'horizon. Noy dans les brumes tides et lgres, le paysage, d'un ton bleu fonc, prend alors un aspect plus vague et plus indcis encore. Les formes des objets s'estompent dans une vapeur gristre. Mais au dbut et la fin de l'hiver, parfois mme dj en automne, la kosava, vent froid et sec, souvent d'une violence extrme, souille pendant plusieurs jours, mme pendant une ou deux semaines, et cause de grands dommages la vg tntion, surtout aux arbres fruitiers. Ce vent est du type des courants ;i air II s'abat plongeants qui descendent de l'arc carpatho-balkanique. l'i rafales sur les parties septentrionales de la Sumadija. Comme vent !"f'al, il se fait aussi sentir plus au Sud, en particulier dans les environs 'leNis. Egalement favorise par son sol de terres meubles et son climat favo''dde la vgtation, la Sumadija fut, jusqu'au premier tiers du i^ sicle, en grande partie couverte de forts, surtout de forts de

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chnes. Quelques claircies naturelles s'ouvraient entre de vastes surfaces boises. Suivant les rcits des voyageurs et d'aprs d'autres doc iments, cet aspect de la Sumadija tait dj le mme au xvie sicle. Les plates formes les plus basses et le fond des valles^souvcnt occupes par des marcages, taient galement couverts de forts, d'arbustes et de broussailles dans un enchevtrement de plantes grimpantes. Cette vgtation touffue, par endroits impntrable, porte le nom de lug. Le sol, couvert de lugs, iait le pourrissoir o se formait l'paisse couche d'humus que nous avons mentionne. Les villages et mme les villes, rares d'ailleurs, et insignifiantes, s'y espaaient dans les clairires et dans les terrains dfiichs. Les plus anciens villages sont situs sur les pentes des valles et, sur les plates-formes, non sur le fond des valles. La population clairseme vivait de l'levage plus que de l'agriculture. Les grandes forts de chnes et de htres taient particulirement favorables l'levage des troupeaux de porcs ; une varit y russit, d'un grande fcondit et qui s'engraisse trs rapidement. Aujourd'hui, presque toute la plate-forme de la Sumadija est dboise. On ne retrouve que par bouquets isols quelques groupes de vieux chnes, quelquefois d'un diamtre norme et qui peuvent donner une ide de ce que devaient tre les anciennes forts. Pendant le cours du xviuc et du xixc sicle, la dure et rebutante lche du dfrichement fut poursuivie principalement par les immigrants dont les descendants constituent peu prs les huit diximes de la population actuelle. La plate-forme lacustre fut ainsi transforme en une rgion Toute cette plate-forme, mme les d'agriculture et d'horticulture. terrasses lacustres des lots montagneux, sont aujourd'hui en cultures. A ct des champs de bl, de seigle, d'orge et d'avoine, on y produit surtout du mas qui y prospre mieux que dans toute autre rgion de la Pninsule, Entre les tiges de mas on sme souvent, des citrouilles et surtout des haricots grimpants. Autour de chaque maison s'tendent partout de trs grands vergers d'arbres fruitiers, surtout de pruniers qui cachent, au printemps et en t, les yillages enfouis dans leur verdure. La Mimadija est tout spcialement, dans la Pninsule, le pays des pruniers. Les prunes s'exportent sches ou en marmelade. On en fait encore une eau-de-vie appele sljivovica (de sljiva : prune). On y rencontre aussi le poirier et le pommier, mais ces arbres sont plus rpandus dans les valles des affluents de la Morava et de la Drina, abrites du vent froid et dessefiant de l;i kosava. Pour l'levage des porcs le mas a remplac les glands. Ces animaux constituaient, avant la guerre actuelle, un capital importai) L'levage, pratiqu jadis sur de vastes espaces, s'est restreint aux lemontagneux et aux grandes montagnes de l'Est et du Sud : la Slara-Pla-

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nina, le Kopaonik, le Zlatibor. La plate-forme nourrit, en grand nombre, de la race bovine de'toute la Pninsule. Ils les plus beaux reprsentants des prs et des se nourrissent pendant l't des plantes succulentes semble-t-il, que celles des pays septenpturages, plus savoureuses, trionaux et alpins de l'Europe. Pendant l'hiver, on les enferme dans les tables. Enfin, il y a trois contres o la population s'occupe presque les meilleurs raisins et et qui fournissent exclusivement de viticulture, le meilleur vin : les environs de Negotin, de Smederevo et la Zupa de que dans la rgion Krusevac. Mais les vignes sont moins nombreuses vardarienne et dans les bassins de la Morava mridionale, au sud de Nis. Les moyens de subsistance sont donc en Sumadija plus varis que dans ne s'y produit pas, les autres rgions de la Pninsule. L'migration mme dans les contres o la densit de la population agricole atteint renl habitants par kilomtre carr. Elle semble faite pour absorber tout ce trop-plein. Le bassin du Timok est spar de la valle de la Morava par des coupes de montagnes ne dpassant pas douze cents mtres d'altitude, cols. Les cols les plus bas sont et de nombreux valles transversales ceux de Straza entre Paracin et Zajecar et de Gramada entre Nis et Knjazcvac. C'est par ce dernier que communiquaient jadis les lacs pliocnes des bassins de la Morava et du Timok. Le bassin du Timok est donc caractris par le mme relief lacustre que le bassin de la Sumadija, bien que les sdiments lacustres et les terrasses leves y correspondent plutt aux sdiments pliocnes et aux terrasses de la Roumanie. Le territoire de la Crna Rcka, constitu par des roches ruptives, surtout des La vgtaandsites, est un des plus fertiles de la Serbie danubienne. lion, les productions du sol et le genre de vie sont les mmes que dans la Sumadija. La population serbe, quoique habitant un bassin spar, a acquis, au cours d'une longue vie commune et libre, les mmes Rols et les mmes idals que ceux de la aumadija. Si l'on veut s'en tenir au principe adopt dans cette tude de n'envisager que les grandes i (Liions naturelles, on peut rattacher le bassin du Timok la Sumadija. la Bosnie septentrionale, au Nord de Sarajevo, est semblable la Les dpts d'oriSumadija par son relief, son climat et ses productions. -iiic lacustre recouvrent une grande partie du pays et des terrasses le mme origine s'lvent, semble-t-il, jusqu' huit cents mtres d'altil!|de. Ces dpts s'tendent l'Ouestau moins jusqu'au Vrbas. Mais les montagnes leves sont plus prs de la Save et le relief, *'!> gnral, est plus accentu. En oulrc les terrasses lacustres sont sou"'"I disloques, surtout dans la partie orientale de la Bosnie, entre la '"Mia et la Drina. Les sommets sont qui mergent de cette couverture

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plus boiss, ainsi que les montagnes qui la limitent au Sud. L'levage est encore trs rpandu, bien que l'agriculture devienne prdominante. Les grands vergers de pruniers dpassent la Drina et se prolongeni en Bosnie dans les plaines de la Save (Posavlje) et de la Drina (surtout dans le pays qui porte le nom de Semberija). Ils occupent aussi les terrasses lacustres. Aprs les rgions morav-ienne et centrale, la Bosnie est la contre la plus riche en mines. La mme population habite de. deux cts de la Drina. -Mais depuis l'occupation par l'Autriche-Hongrie, les liens commerciaux entre la Serbie et la Bosnie ont t compltement rompus. Commercialement, comme pour l'administration, la Bosnie s'est trouve rattache aux grands centres de la monarchie austro-hongroise. On peut la considrer comme partie intgrante de la Sumadija ou comme constituant la partie pannonique de la rgion dinarique. RGIONCENTRALE'OURASKA Elle comprend les pays trs levs o se trouvent les lignes de partage des eaux qui vont l'Adriatique, la mer Ege et la mer Noire. Ces lignes de partage ne sont gnralement pas constitues par des chanes de montagnes, mais par des plaines et des bassins levs qui facilitent les communications entre les diffrentes contres de la rgion centrale. Elle s'tend sur les territoires voisins de la dpression MoravaVardar entre Nis et Vles (Kprili), sur ceux qui bordent la route longitudinale de Bosnie et sur les pays de l'Ibar suprieur et du Lim. De ces bassins et de ces valles, on descend facilement vers la rgion moravienne au Nord, vers celle du Vardar au Sud. On est aussi rapproch du golfe de Salonique que du golfe de Scutari. L se croisent les routes longitudinales, la route transversale de Zta et celle de Deve Bair qu< rejoint la route de Constantinople. C'est le carrefour le plus important de l'intrieur de la Pninsule. Le relief est plus accident que dans la Sumadija. Les valles sup rieures de la Morava et du Vardar se composent de vastes bassins d'ef fondrement, bassins de Nis, de Leskovac, de Kosovo, de Metohija, de Skoplje, de Tetovo et d'autres encore, relis entre eux par des gorges La plupart sont entours de schistes cristallins. La partie sud-orientah .du bassin de Skoplje ainsi que les bassins de Novi-Pazar et la valle de l'Ibar se distinguent par de grandes masses de roches ruptives d'agi tertiaire. Le bassin de Metohija est domin l'Ouest et au Nord-Oues' par des escarpements de 700 800 mtres de hauteur, constitus pades calcaires et des schistes triasiques de type alpin. La valle du Lin est encaisse entre deux hautes plates-formes calcaires qui dpassen

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Entre ces bassins et ces valles se dressent des 1000 mtres d'altitude. montagnes leves et massives comme le Kopaonik, la Golija, le Sarplala Crna Gora de Skoplje et d'autres encore. nina les Prokletije, au des bassins de la rgion centrale taient remplis La plupart d'abord par des cols pliocne par de grands lacs qui communiqurent la valles prlacustres, puis s'isolrent profonds et par d'anciennes lin du pliocne. Leur sol est donc constitu par des dpts lacustres et souvent, sur les pentes, par des terrasses de mme origine. Quelquesuns, entours de montagnes trs leves, sont aussi caractriss par la prsence de puissants cnes de djection (bassin de Tetovo), mme de (bassin de Metohija moraines diluviales et des cailloux fluvio-glaciaires et de Bozaj). Les valles larges, celle de la Tpplica et la partie de la valle de l'Ibar entre Mitrovica et Raska, sont tapisses localement par des dpts lacustres, plus souvent par des alluvions fluviales. Mais la couche d'origine diflrente est transforme suprieure de tous ces matriaux par la vgtation et par les influences climatiques en un humus et une dans les bassins de Kosovo et de Metohija argile noire qui atteignent, et dans la valle de la Toplica, une paisseur considrable. les bassins de la Morava et du Vardar Au point de vue climatique, suprieur appartiennent presque au mme type que la rgion de la le bassin de Skoplje est caractris Sumadija; toutefois, par un t les plus chaud, cl dans sa vgtation se font sentir, plus qu'ailleurs, ceux de influences du climat gen. En outre, les bassins occidentaux, Kosovo, de Metohija, de Novi-Pazar et la valle du Lim et de l'Ibar se On y observe aussi des distinguent par de plus fortes prcipitations. modifications dans le type des saisons. Dans le bassin de Kosovo, par exemple, l't est plus court que dans les rgions moravienne et vardarieune. Les chaleurs n'y sont pas accablantes; mme en juillet et aot, les matines et les soires sont fraches. Les pluies froides commencent au milieu d'aot; le ciel est alors souvent charg de nuages. Mais en septembre et dans la premire moiti d^octobre, il redevient plus clair, d'un azur remarquable et parfois la temprature s'lve. Ses larges : Sarplanina, horizons, sa ceinture de hautes montagnes Prokletije, aux cimes hardies et dchiquetes,, avec de nombreux cirques creuss par les anciens glaciers, Kopaonik, massif et vert, font du bassin de Kosovo une des plus belles rgions de la Pninsule. L'hiver y est plus ">ng que dans les bassins de la Morava et du Vardar. Les bassins de Metohija, de Kosovo, de Tetovo, de Leskovac sont les l'Itis fertiles. Sauf les crales, qui sont la production les principale, autres cultures de ces rgions sont un peu diffrentes de celles de la Les champs de poivrons y fournissent la populal-l'gion moravienne. tion une part importante de son alimentation. Dans le bassin de LesI. CVIJIC. La Pninsule balkanique. 5

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kovac prdomine la culture du chanvre. Sur les pentes abrites de bassins de Metohija et de Tetovo prosprent tous les arbres fruitiers, eu particulier les pommiers, les poiriers, les chtaigniers, donnant des fruits qui sont d'une qualit suprieure. Moins tendues, mais aussi fertiles, sont les valles de la Toplica, les petits bassins d'rosion des valles de l'Ibar et du Lim o l'on cultive les crales, surtout le mais. Li valle du la Toplica, large, aux pentes adoucies, a t transforme par le travail de l'homme en un des plus beaux jardins de la Serbie. Novi Pazar et la valle suprieure du Lim (Polimljc, entre Plav et Andri jevica, et Limska Zupa, en amont de Prepolje) ont de trs beaux arbres fruitiers. Sur les plates-formes leves qui sparent ces valles, s'tendent des prs et de vastes pturages. On y circule en automne entre de nombreuses meules de foin, parmi des milliers de btes cornes, de brebis et de moutons. Dans les hautes montagnes (Golija, Kopaonik, Sar, Prokletije) voisinent les troupeaux du pays et ceux des bergers transhumants. Les pturages les plus riches et les plus odorants de la Pninsule sont ceux des pentes mridionales et occidentales de la montagne Rusulija, entre Pec et Rozaj. Il existe un caractre commun la rgion moravienne et la Raska. L'agriculture et l'levage n'y sont pas les seuls modes d'existence. On y trouve les mines les plus riches de la Pninsule. Elles furent exploites par les Romains d'abord, puis par l'Etat serbe du Moyen-Age. A cette poque, les mineurs se recrutaient surtout parmi les Sassi (Saxons). Ce furent, en gnral, les Saxons qui dirigrent les exploitations minires de la Pninsule au Moyen-Age. Les contres minires les plus fameuses taient celles de Novo Brdo (Monte Nuovo des documents italiens), aux environs de Kosovo, et le Kopaonik avec laSrebrnica (Monte Argenlaro). Les Ragusains, en particulier, y achetrent des mines dont ils transportrent les produits en Italie. Nos connaissances actuelles nous permettent d'affirmer que la rgion moravienne renferme de la houille tertiaire, crtacique, jurassique et carbonifre et de riches filons de cuivre qu'on exploite sur une grande chelle dans la Serbie orientale, surtout dans le bassin du Timok (mines de Bor et Majdanpek). Cette rgion a commenc approvisionner en houille et en cuivre les autres pays balkaniques; on en exporte le cuivre en dehors de la Pninsule. Trs rpandues sont aussi les mines d'antimoine et de galne argentifre. Les mines d'or qu'on a trouves dans les contreforts des Cnrpalhes, au Sud des Portes de Fer, ainsi que les mines de fer du Kopaonik, en sont au dbut de l'exploitation. Lis anciennes mines de Novo Brdo cl de Kratovo, pur suite de la domination turque, sont restes presque inlactes. C'est dans cette contre qu'au Moyen-Age se trouvait le centre de

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l'tat serbe, qui portait le nom de Raska, le royaume de Rascie fRacien) de ce royaume Les capitales successives occidentaux. des documents dans la contre centrale : Ras (prs du furent situes exclusivement Prizren et Skoplje. Par suite de ce rle Novipazar actuel), Pristina, et de tous les historique, la population serbe de la rgion moravienne centrale Vieille autres pays de langue serbe, appelle cette contre Serbie (Stara Srbija). La rgion moravienne a jou un rle historique diffrent et postrieur celui de la contre centrale. Ds que l'invasion turque eut soumis la et la contre centrale, le centre de l'Etat serbe, ds r'non vardarienne au Nord du Kopaonik et du Jastrebac, la fin du xivc sicle, rtrograda : Krusevac, Ses capitales successives furent dans le bassin moravien. de la Morava occidentale et mridionale, puis prs de l'embouchure sur le.Danube. Au commencement Belgrade et Smederevo (Semendria), du xix sicle, la rgion moravienne joua un autre rle historique. C'est dans cette contre qu'clata la rvolution serbe de 1804 et que se constitua le nouvel Etat serbe, la Serbie moravienne.

REGION DU VARDAR OU MACEDOINE Elle se compose d'une srie de bassins tectoniques situs le long du Vardar et de ses affluents et limits l'Est par le rempart des Rhodopes, l'Ouest par les chanes du Pinde. La rgion de la Struma, l'Est, et celle du Drim noir l'Ouest, avec les grands lacs de la Macdoine occirattaches. dentale, y sont intimement Au point de vue morphologique, il n'existe pas de diffrence marque entre la rgion du Vardar et celle de la Raska. Elle est constitue l'Est et le granit du systme des Rhodopes, par les schistes cristallins l'Ouest par les schistes, les grs, les serpentines et les calcaires du systme du Pinde. C'est la partie la plus leves : beaucoup de montagnes (Peristcr, Nice avec le Kajmakcalan, Stogovo, Jablanica, Korab, Bistra) y dpassent 2000 mtres. Les nombreux bassins de la rgion y occupent moins d'tendue Aussi produitqui les sparent. que les montagnes elle l'impression d'une rgion montagneuse. Il existe une diffrence marque entre les bassins de la Macdoine occidentale, d'une part, et ceux du Vardar et de la Struma, de l'autre, et spars par les chanes de Nice, avec le sommet du Kajmakcalan par la chane de Babuna. Les premiers grand bassin de Pelagonia avec Monastir (Bitolj), bassin fluvial de Morihovo, bassins de Prespa et iOlnid, de Debar et de la Radika sont un niveau plus lev que eux du Vardar et de la Struma. Celui de Prespa atteint 900 mtres

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d'altitude. Ceux qui sont situs l'Ouest de Monastir sont drains pir le Drim et le Devol qui se dversent dans l'Adriatique. L se rencontrent les grands tecs, Prespa (54 mtres de profondeur), avec le Maso Jezero, le lac d'Ohrid (286 mtres de profondeur), qui exercent ure influence trs nette sur le genre de vie de la population. Les bassins occidentaux n'appartiennent plus au climat mditerranen modifi, mais plus ou moins au type climatrique de la Raska. Ils se distinguent par des pluies et des neiges abondantes, par des ts plus frais, des hivers plus rigoureux, l'exception toutefois du bassin de Debar o se font sentir les influences du climat adriatique. Les montagnes qui les encadrent sont parfois couvertes de forts, contrairement aux sommets dnuds du Vardar et de'Ia Struma. Dans ces bassins levs, la principale production est celle des crales. Bien que les arbres fruitiers y fassent gnralement dfaut, ils prosprent dans les coins abrits (environs de Debar), particulirement dans les valles au Nord du lac d'Ohrid (environs d'Ohrid et contre de la Sateska, portant le nom de Debrca) et donnent mme des fruits excellents. On y pratique aussi largement l'levage. Situes proximit des deux mers, des deux rgions littorales adriatique et genne, o les pturages ne manquent pas en hiver, les montagnes mentionnes plus haut sont, dans la Pninsule, le grand domaine de la transhumance. Les pasteurs, Aromounes, Serbes et Albanais, descendent pendant l'hiver avec leurs troupeaux dans les plaines de Musakija, sur le littoral adriatique, dans celle de Larissa et sur le littoral thraco-macdonien. Enfin, la pche, dans les lacs de Malo Jezero, de Prespa, en particulier dans le lac d'Ohrid, riche en truites et en anguilles de trs bonne qualit, fournit la population un important appoint pour sa subsistance. Contrairement ces hauts bassins de l'Ouest, ceux de la valle du Vardar ou de la rgion situe plus l'Est, ne sont pas spars les uns des autres par des montagnes leves. Tous sont relis entre eu*, depuis l'Ovce Polje au Nord, jusqu' la valle infrieure de la Struma et jusqu' Djevdjcli au Sud, et constituent, en ralit^ un grand bassi i d'effondrement, le plus vaste de ceux qu'on rencontre au centre de la Pninsule. D'autre part, ils s'abaissent, mesure qu'on s'approche de ia mer Ege et, par suite, se rattachent troitement au littoral thracemacdonien. Leur climat et leur vgtation en sont fortement influenc.. Ils appartiennent au type de climat mditerranen modifi, avec lis consquences qu'il entrane. Les pentes en sont compltement dnudes. Les vasles forts font en gnral dfaut, mme sur les montagnes leves qui les sparent. Les argiles de dcomposition ne restent pas en place ; la roche apparat souvent nu. A l'exception des prie-

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la Crna, les autres cipaux cours d'eau, tels que le Vardar, la Struma, se desschent pendant l't ou se perdent dans les alluvions sableuses. Par suite de la raret des pluies d't, les cultures ne peuvent prosprer en est trs ancienne La pratique et trs rpandue. sans irrigation. sont mentionns D'origine byzantine et orientale, les canaux d'irrigation dans les chartes des rois serbes du xme sicle sous le nom de izvodi On les rencontre construits sur le mme aujourd'hui (aquse duclus). Les canaux d'irrigation plan que jadis, mais moins bien amnags. nombreux dans le bassin de Meglen, au Nord de sont particulirement deux rcoltes. Il en rsulte quelques Voden, qui donne rgulirement diffrences dans les cultures alimentaires, et le genre de vie de la popudu Vardar, de la Struma infrieuft et de leurs lation. Les territoires affluents sont par excellence les pays viticoles de la Pninsule. De vastes dans quelques les crales contres, champs de pavots remplacent, Dans le bassin de Kocane, les rizires prde la rgion moravienne. dominent. Les environs de Djevdjeli et la partie mridionale du bassin du Tikves cultivent en grand le mrier pour le ver soie. Partout on rencontre de vastes jardins produisant des lgumes et surtout le poivron. Le genre de vie fait transition entre celui des bassins macdoniens occidentaux et de la rgion moravienne et celui du littoral thracomacdonien. Les destines de la rgion du Vardar ont t fortement influences Elle s'incline pour une grande part par les caractres morphologiques. vers la mer Ege, et les roules du Vardar, comme la voie ferre ont toujours eu dans la Pninsule une importance de pre^ d'aujourd'hui, mier ordre. Sur elles venaient et viennent encore se greffer les routes comme la Via Egnatia et celles qui vont du bassin de transversales, Monastir, par Prilep et Rajac, vers la valle du Vardar. Par ces voies de la civilisation pntration, byzantine, partie du littoral thraco-macdonien, jeta dans toute la rgion de profondes racines. Par-l se propacertaines influences orientales. grent aussi, de Salonique, purement A Salonique se runissent les diffrents courants de la aujourd'hui civilisation mditerranenne et occidentale. Transforms au contact de sa population de l dans la levantine, juive et grecque, ils rayonnent Macdoine. Dans la grande rgion moravo-vardarienne, la rgion proprement dite du Vardar a donc t fortement modifie par les influences thracocomme le bassin de la Marica, dans la partie orientale iiiacdoniennes, ou balkanique de la Pninsule. Moins fortes ont t les influences qui se sont propages du Nord au Sud, de la et de la rgion moravienne liaska vers le Vardar. Elles se sont constamment fait sentir cependant "i cours des sicles, et plus netteMorava-Vardar, grce la dpression

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ment depuis la construction du chemin de fer. Au contraire, la contre montagneuse et abrite du lac Prespa, surtout la partie mridionale do celte contre, cache dans les montagnes, a servi de base et de point d'appui au royaume slavo-macdonien qui s'y forma la fin duxe sicle. Chacune des trois rgions du bloc continental renferme donc une contre de climat mditerranen pur ou modifi. Et c'est l aussi, au Centre et l'Est, que les traces de l'ancienne civilisation byzantine sont le mieux conserves. Au Nord-Ouest, dans la rgion dinarique, la plus dboise et la plus dnude de la Pninsule, et par-l se marque encore l'empreinte du climat mditerranen se fait sentir l'influence des civilisations romaine et italienne, mlanges, surtout au Sud, des survivances tte la civilisation byzantine. REGIONPINDO-DINARIQUE Ce n'est pas une unit gographique dans le mme sens que la rgion centrale ou nioravo-vardarienne ou encore que la rgion orientale ou balkanique proprement dite. On n'y trouve pas de dpression centrale, unificatrice, comme celle de Morava-Vardar, pas non plus de grandes units gographiques comme la plate-forme bas-danubienne et le bassin de la Marica. Mais ces rgions constituent une unit gologique et orographique complte. Le sol y est form par des couches gologiques plus semblables celles des Alpes que les couches gologiques des autres rgions de la Pninsule. D'autre part, leur unit rside surtout dans la direction orograpbique : les chanes de montagnes, les plateaux, les plaies-formes leves et les dpressions s'orientent paralllement la cte adriatique. Leurs formes de terrain sont diffrentes, surtout les formes karstiques de la rgion dinarique. Il y a donc l une unit montagneuse bien accuse. Enfin, situe proximit de la mer Adriatique et trs leve, la rgion pindo-dinarique se distingue par des prcipitations atmosphriques plus abondantes, surtout dans sa partie dinarique. A Crkvice, dans les Bouches de Cattaro, elles atteignent 4640 millimtres. A partir de la rgion pindo-dinarique les prcipitations atmosphriques diminuent constamment dans la direction de l'Est, pour passer au climat steppique dans la partie orientale de la plate-forme bas-danubienne; elles diminuent aussi rapidement en Grce, au Sud de la rgion pindo-dinarique. La rgion pindo-dinarique ne concide pas compltement avec les massifs dinarique et pinden. Elle est limite d'un ct par la mer Adriatique, de l'autre par une srie de dpressions et d'accidents longitudinaux, qui commencent avec le golfe d'Arta et le lac de .lanina au

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Sud cl se terminent dans le bassin de Ljubljana au Nord. Ds Janina, une srie de petites dpressions et de cols que suit la route longitudinale d'pire se prolonge jusqu'aux environs des grands lacs de la Macdoine occidentale. Aprs les lacs, c'est la valle longitudinale du Drim Noir, correspondant des failles, qui sert de limite orientale Plus vers le Nord, cette srie de dpressions la r ion pindenne. de valles et de cols se continue. Du grand bassin d'effondrement de Metohija, elle se prolonge par le col encaiss de ZIeb et par les petits bassins d'effondrement de Berane et de Bijelo Polje, dans la valle de la Tara, dans celles de la Narenta, de la Rama et du Vrbas et dans vers Karlovac (Karlstadt) et Ljubljana. les valles longitudinales Toutefois, la limite orientale de la rgion dinarique n'est pas bien marque par la nature. Elle se confond l'Est avec la Sumadija et la Raska. Il ne faut donc pas s'imaginer que, dans cette rgion montagneuse, les communications longitudinales, fassent compltement dfaut. Elles se compliquent seulement de nombreux cols. Grce ces communications on passe facilement de Ljubljana Karlovac et Ogulin, dans, la Croatie karstique, puis de l dans la Lika et IaKrbava et dans les grands bassins karstiques de Grahovo,de Livno, de Duvno en Bosnie. Par la valle infrieure de la Narenta aux pentes peu leves, on pntre aussi dans le bassin de Trebinjc ou de Gacko, et de l, dans le bassin de Niksic et dans la. valle de la Zcta, en Montngro. D'autres routes, plus courtes encore, relient des bassins intrieurs et des valles de la rgion dinarique, surtout les chancrures et les cols qu'on trouve presque rgulirement, aux deux extrmits des uvalas et des poljes karstiques. C'est par ces communications longitudinales que la population dinarique s'est mlange et a acquis un type physique et psychique presque uniforme et une langue unique, de Karlovac Scutari. Il est curieux pic la maison de type alpin se soit rpandue de la Carniole dans le pays fies Vasojevici, dans le Montngro oriental. Les communications et les contacts des populations sont facilits dans la rgion dinarique surtout par le manque de valles transversales profondment encaisses qui auraient oppos des difficults presque insurmontables aux dplacements '1 une population patriarcale. Au contraire, les nombreuses valles transversales de la rgion pindenne ont empch le mlange de la population dans la direction longitudinale. C'est une des causes pour esquelles la population albanaise de cette rgion n'est pas devenue "'"'orme comme la population serbe de la rgion dinarique. De moindre de la rgion importance pour l'unit gographique l'indo-dinarique sont les nombreuses routes transversales dj meni "innes dans un chapitre prcdent. Orientes suivant la direction "'si-Est, elles divisent celte rgion en compartiments montagneux

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isols les uns des autres. Leur rle principal a consist, au cours de sicles, rattacher la rgion moravo-vardarienne la mer Adriatique Nous avons montr que les communications transversales ont jou un rle important au point de vue du commerce et de la civilisation dans les sicles passs. Dlaisses surtout l'poque turque et ensuite cause des mauvaises dlimitations politiques, elles n'ont pas cess d'tre de routes de migration pour la population dinarique qui divergea en cou rants puissants l'Est et l'Ouest du rempart dinarique. Quand cesroutes transversales seront reconstruites ce qui ne prsente pas de difficult pour la technique moderne r- elles uniront troitement la rgion moravo-vardarienne la rgion pindo-dinarique. Mais cette dernire perdra alors beaucoup de son individualit actuelle. Dans les environs de Scutari et autour du Drim les chanes dinariques subissent un rebroussement ; la chane des Prokletije (Alpes montngrines et albanaises) entre autres passe de la direction Nord-OuestSud-Est la direction Nord-Est. De mme les chanes pindennes dvient du Nord-Sud au Nord-Est, dans la direction de la Sarplanina, du Koritnik et du Pastrik. Entre ces chanes rebrousses se trouve une srie de bassins d'effondrement, outre la zone affaisse autour du Drim. Par ces dpressions, que suivait la route de Zta, la grande unit gographique de la partie occidentale de la Pninsule est divise en rgion dinarique et en rgion pindenne, qui se distinguent par certains traits morphologiques et gologiques, et qu'ont encore contribu diffrencier l'ethnographie et l'histoire. , RGION DINARIQUE ZAGORA, (PLANINA, PIIIMOIIJE) Cette rgion tout entire, de Scutari Ljubljana, est caractrise surtout par les phnomnes karstiques les plus dvelopps du globe. Ce sont des lapiaz et des dolines qui ne dpassent que quelques dizaines de mtres de diamtre, des uvalas, cuvettes allonges dpassant un kilomtre de longueur et comprenant souvent une srie de dolines, ou encore de grands bassins karstiques, les polje karstiques atteignant 60 kilomtres de longueur sur 10 15 kilomtres de largeur. Les valles normales manquent presque compltement. Les quelques valles qu'on rencontre, loignes les unes des autres, encaisses dans les calcaires, en forme de canon, rduites la largeur de la rivire, se perdent dans les vastes plates-formes karstiques. D'autres cours d'eau plus nombreux, qui apparaissent au fond des polje karstiques et des uvalas. s'engouffrent dans les ponors (goulfres). Les sources sont trs rares:

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elles qu'on trouve sortent souvent des grottes et ont le caractre de Mais de vastes contres manquent de sources sources vauclusiennes. et de cours d'eau. Les hommes et le btail, surtout pendant l't, souffrent cruellement de cette absence d'eau frache. Le karst dinarique, se divise en trois rgions diffrentes : la rgion dos planinas (montagnes, Alpes), celle du Primorje (littoral adriatique),et. la Zagora (outre-monts), qui s'intercale entre les deux. La rgion des planinas englobe les plates-formes dinariques les plus leves, entre la ligne longitudinale qui limite l'Est la rgion dinarique peu prs la et les chanes de montagnes maritimes qui constituent frontire entre la Dalmatieet la Bosnie, entre l'Istrie et la Carniole. Elle se compose d'une srie de plates-formes qui vont s'tageant de 800 2000 mtres. Au-dessus de la plus leve se dressent les plus hauts sommets dinariques : ceux des Prokletije qui dpassent 2600 mtres, ceux du Durmitor, des Komovi, du Maglic et d'autres encore qui atteignent 2500 mtres d'altitude ou presque. Dans les plates-formes calcaires, se creusent les vastes polje karstiques de Planina, de Crkvice (en Carniole, de Lika et d'Otocac (en Croatie), de Livno, de Duvno, de Kupres, de Glamoc, de Nevesinje, de Gacko (en Bosnie-Herzgovine) dcNiksic et de Cctinje (en Montngro) et d'autres, dont le sol est souvent couvert de couches lacustres ou de grandes masses de terra rossa et autres argiles qui s'y accumulent. Des sommets les plus levs, surtout dans la partie sud-orientale de la rgion, des glaciers sont autrefois descendus : ils ont pouss leurs moraines, formant parfois de vritables dans les amphithtres, et tale leurs sdiments sur les plates-formes, dpressions karstiques et dans le fond des valles. De nombreuses taches de neige se montrent jusqu'en t sur les montagnes les plus leves, dans les Prokletije et dans le Durmitor. particulirement ho climat des planinas ressemble celui des plateaux et des hautes valles des Alpes orientales. Les neiges sont abondantes. Les communications entre les villages sont, en hiver, presque interrompues, surtout entre les villages et les chalets d't ou katun. On utilise alors on ski d'une forme particulire appelle krplje. Les avalanches ne sont pas rares, surtout au dbut du printemps, saison la plus courte et la moins accuse. Brusquement, aprs la fonte ds neiges, les arbres et les hissons reverdissent. Pendant l't,' presque toujours frais, les plates1 unes, les sommets et les bassins karstiques sont partout ensoleills ; * " ya presque pas de versants froids longtemps plongs dans l'ombre ""urne dans les valles profondes des Alpes. Les vastes pturages el les oesexposs au Midi, rpandent au loin leur parfum. Les plates-formes, jusqu'aux sommets les plus levs, se peuplent de katun, o vontesliver "'s bergers. La population des villages de l'un et de l'autre versant

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monte dans les planinas. Sur ls plates-formes paissent de nombreux troupeaux de moutons, peu de gros btail. Mais l't est considrablement raccourci par les brouillards qui dj la fin du mois d'aot deviennent de plus en plus opaques; ils sont bientt suivis par le froid et la neige. Les planinas constituent donc la zone verte de la lgion dinarique, par opposition la zone dnude rocheuse et brle de la Zagora et du littoral dalmate. Les planinas sont couvertes de vastes forts d'arbres feuilles caduques et de conifres, particulirement jusqu' l'altitude de 1600-1700 mtres. Une des rgions les plus boises est le karst do la Carniole. Au-dessus de ces forts s'tendent les pturages et les prairies alpines, peuples de katun, qui se trouvent en gnral la limite suprieure des forts. Autour des katun, on voit de petits champs de seigle, de sarrasin et de pommes de terre, quelquefois des petits jardins potagers. Les vritables champs de crales ne se trouvent que sur le fond des polje karstiques et des uvala ; au Montngro et mme en Herzgovine, le fond des dolines est presque toujours cultiv. Mais les ne suffisent pas nourrir la population dinaproduits de l'agriculture rique. Elle vend le btail et les produits de l'levage pour acheter dii bl, surtout du mais, dans les contres de la rgion moravienne cl pannonique. On rencontre en automne de longues caravanes de chevaux, montant de la rgion moravienne vers la rgion dinarique, et portant dans de grands sacs du mas et du bl. La population dinarique subit l'attraction conomique des pays de la rgion moravienne et de la partie de la plaine pannonique peuple de Serbo-Croates. Malgr une constitution gologique assez semblable et l'analogie des formes karstiques, la Zagora et le Primorje diffrent considrablement des plates-formes leves ou planinas. Le Priniorje et la Zagora se composent d'une plate-forme basse, qu'on peut suivre depuis l'Istrie jusqu'aux Bouches de Cattaro. Assez large, par places, en particulier dans les environs de Skradin (Scardona), elle se rtrcit le long des versants maritimes du Velebit, du Biokovo, cl dans les Bouches de Cattaro, o elle ne forme plus qu'une troite terrasse. Elle se prolonge dans les les dalmates et celles du Quarncro. Du ct des planinas dinariques, cette plate-forme de Skradin est limite par un escarpement lev et rocheux. Sur cette plate-forme surgissent quelques lots montagneux, comme la Promina, la Svilaja, la Bukovica. Quelques bassins affaisss,peu profonds, y sont inclus, tels que le Petrovo et le Kosovo Polje, le Sinjsko Polje, le Konavlje (Canali), dont le sol est constitu par des couches lacustres pliocnes ou par des argiles du karst La partie dalmate est dissque par les valles de la Zrmanja, de la Krka. de la Celina et de la

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Narenta infrieure; celle d'Istrie par les valles de la Rasa (Arsa) et de la Mirna (Quieto). Ce sont des canons peu piofonds, encaisss dans le ealcaire, peu prs jusqu'au niveau de la nappe d'eau souterraine. c'est un type La plate-forme de Skradin plonge sous l'Adriatique; parfait de cte submerge. Les nombreux golfes qui l'indentent lie sont valles et formes karstiques que les dpressions continentales envahies par la mer. Les les de Dalmatie et du Quarnero correspondent aux parties leves de l'ancienne surface, autour desquelles la mer a pntr. Par suite de l'affaissement du sol, le Primorje adriatique est caractris par un alignement des formes littorales dans la direction et de fines ciselures. dinarique N.-O.-S.-E, par une riche articulation La combinaison de ces caractres se produit dans les Bouches de Cattaro, qui se distinguent p'ar des ramifications trs dveloppes, d'une beaut impressionnante. Les versants abrupts des planinas dinariques, qui limitent en arrire le littoral adriatique, sparent les contres o rgne le climat alpin ou de l'Europe centrale de celles du climat mditerranen ou mditerranen modifi. Ces versants sont souvent proximit immdiate de la mer Adriatique; ceux du Velebit, du Biokovo, d'Orjen et du Lovcen ne sont pas loigns de la mer de plus de quelques centaines de mtres, 2 5 kilomtres au maximum. La zone de climat mditerranen est donc souvent trs troite. Le passage d'un type climatique l'autre est le plus accentu qu'on puisse rencontrer sur le globe. Par suite de cette configuration du terrain, le climat mditerranen adriatique a comme caractre distinctif la bora, courant atmosphrique trs plongeant, froid, d'une violence extraordinaire, qui souffle en rafales des planina sur la Zagora et le littoral, surtout en hiver. La bora adriatique amne non seulement la gele et la neige, mais elle dessche les arbres fruitiers et parfois les dracine. Elle peut mme renverser les maisons peu solides.