La Littérature Du Sida Genèse d'Un Corpus

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    La Littérature du sida: Genèse d'un corpusAuthor(s): Jean-Marie Volet, Hélène Jaccomard and Phillip WinnSource: The French Review , Vol. 75, No. 3 (Feb., 2002), pp. 528-539Published by: American Association of Teachers of French

    Stable URL: http://www.jstor.org/stable/3132850Accessed: 27-04-2016 09:55 UTC

     

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     THE FRENCH REVIEW, Vol. 75, No. 3, February 2002 Printed in U.S.A.

     La Litt&rature du sida:

     gen se d'un corpus

     par Jean-Marie Volet,

     Hilhne Jaccomard et Phillip Winn

     DE NOS JOURS, les romans, les ouvrages biographiques, les t~moignages,

     les tributs et les r~flexions sur la vie et sur la mort suscit&s par le sida ne

     se comptent plus mais ce n'est que vers le milieu des ann~es 1980 que le

     monde des lettres a commenc A t~moigner de l'ampleur ddvastatrice de

     l'6pid~mie. Cet article a pour but d'explorer dix ans de littdrature con-

     sacrde au sida en France, en Afrique, aux Etats-Unis, en Australie et

     ailleurs et de souligner l'apport des auteurs de la premiere heure i un

     corpus en plein essor.

     La Gloire du paria (1987) de Dominique Fernandez nous servira de fil

     conducteur car ce roman, un des premiers publids sur le sujet par un

     auteur frangais bien 6tabli, t~moigne avec sensibilit6 des c6t~s tout i la

     fois tris humains et tout i fait inhumains de l'~pid~mie. II pr~sente de

     manibre visionnaire les lignes de force des livres qui allaient &tre publids

     par la suite et il formule l'impact du sida du point de vue de ceux qui en

     furent les premieres victimes. Enfin, il examine son importance i l'&chelle

     de l'individu et de la societ&. La trame de l'ouvrage se resume en

     quelques mots: Bernard et Marc vivent une existence de couple petit

     bourgeois parisien lorsque le sida fait irruption dans leur vie et les

     entraine vers le disdquilibre, la disillusion et la mort. Cependant, au-

     delk de cette progression des protagonistes vers le ndant, le roman de

     Fernandez souligne un certain nombre de thbmes permettant de dessiner

     i grands traits les contours de l'6pid~mie et son &criture telle qu'elle s'est

     d~veloppde au cours de la d~cennie suivante: le tribut payd par le monde

     des arts A l'dpid~mie, la recherche des origines du virus, les reactions des

     individus i l'annonce de leur s~ropositivitd, celle de leur entourage et de

     la population en g~ndral, l'intoldrance vis-a-vis de groupes dits A

     risque , le refus d'admettre le cofit humain et 6motionnel de l'6pid~mie

     pour tout un chacun, le r61e des accompagnants: parents, partenaire,

     infirmibres, personnel medical, celui du sang contamini, et puis aussi le

     r61e de l'&criture qui permet de briser le mur du silence, de faire le point,

     de t~moigner et, pour certains auteurs, de toucher i l'immortalit&.

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     LALITTERATURE DU SIDA5 9

     Le Monde des arts divastM

     Bernard est &crivain, il gagne sa vie comme lecteur dans une maison

     d'ddition et ce n'est pas sans raison que Fernandez a choisi comme per-

     sonnage principal de son roman quelqu'un appartenant au monde des

     arts. Aussi bien en France (par exemple Mano Solo) qu'en Afrique (par

     exemple Philly Lutaya), qu'aux Etats-Unis (par exemple Rock Hudson) et

     qu'ailleurs les artistes ont 6td particulibrement affect&s par l'6pid~mie.

     Comme le souligne Montel dans son roman Un Mal imaginaire (1994), il

     devient de plus en plus apparent au milieu des anndes 1980 que l'univers

     des arts et du spectacle est peu A peu d~cim6 par le virus. Les artistes

     touches par le sida crdent des oeuvres d'art avant de disparaitre, ils

     inspirent d'autres productions artistiques-y compris des livres--et les

     innombrables ouvrages t~moignant de la vie de tel ou tel artiste disparu

     depuis lors forment un colossal monument du souvenir grave i la

     m~moire de personnalitis impitoyablement fauchdes en pleine carribre.

     Les Nuits fauves (1989) rappelle l'existence du jeune cameraman Cyril

     Collard dont l'oeuvre tant cindmatographique que littdraire a eu un reten-

     tissement 6norme en France; Mercury and Me (1994) racont6 par Jim

     Hutton retrace la vie du chanteur du groupe pop Queen, aujourd'hui

     encore aduld par ses fans et consid&rd comme une des plus grandes

     idoles de notre temps; My Life (1992), l'autobiographie du basketteur

     ambricain Magic Johnson, ridigde en collaboration avec William Novak,

     est devenue un best-seller; la disparition de David dans Ce sont amis que

     vent emporte (1991) d'Yves Navarre t~moigne de la trag~die dans le

     monde de la danse avec un grand nombre de danseurs atteints; quant

     Modern Nature (1992), le journal du peintre et cindaste anglais Derek

     Jarman, lorsqu'il est lu de pair avec son ouvrage intituld Derek Jarman's

     Garden (1995), repr~sente un v~ritable hymne A la vie, A la nature et A la

     m~moire du temps d'avant l'6pid~mie.

     Bien d'autres titres associ&s aux noms de tous ceux et celles qui ont

     quittd primaturdment la schne artistique pourraient allonger cette liste

     oii les noms les plus prestigieux c6toieraient ceux d'artistes partageant

     une semi-anonymit&. Au delA de son destin littdraire fictif, Bernard

     t~moigne bien du sort de tous les artistes plus ou moins anonymes dont

     on retrouve la trace au hasard de la lecture de livres collectifs du sou-

     venir tels que Don't Leave Me This Way: Arts in the Age of AIDS (1994),

     Always Remember (1996) un livre reproduisant des tapisseries, patchwork

     et autres oeuvres d'art d~dides aux morts du sida.

     Thdorie sur les origines de la maladie

     S'il &tait facile de constater au milieu des anndes quatre-vingts que le

     sida faisait des ravages considdrables dans les milieux artistiques et gays, il

     6tait plus difficile d'6tablir avec certitude la nature exacte du mal, les

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     raisons de l'dpid~mie et ses origines. La d~couverte du r~trovirus respon-

     sable du sida, au ddbut des anndes 1980, ne rdpondit que de manibre tris

     incomplete A ces interrogations et le narrateur de Fernandez exprime les

     incertitudes des ses contemporains en ces termes: Quand on ne trouve

     pas de rdponse scientifique A un problkme scientifique-et c'est le cas

     pour le sida, non seulement au Zaire mais en Europe et aux Etats Unis-

     l'infirmit6 de l'esprit humain le pousse A chercher Dieu ou le diable (86).

     Dis lors, il n'est pas &tonnant que de solides mythologies se soient

     d~veloppdes depuis cette 6poque, au Sud comme au Nord, et qu'elles se

     retrouvent A la fois dans les &crits et dans les attentes lectorales des uns et

     des autres. Par exemple, les pays du Nord ont place de fagon autoritaire

     l'origine de l'6pid~mie en Afrique, alors que cette dernibre continue i

     rejeter avec conviction le blame sur des manipulations biologiques dou-

     teuses venant du Nord. (Voir par exemple le dossier Le Sida en Afrique:

     recherches en sciences de l'homme et de la socidtd [1997]). Cette polarisation

     dont les ressorts profonds ont permis de dessiner les contours de la ma-

     ladie en rejetant la faute sur d'autres a permis d'attribuer la responsabil-

     it6 du fl~au en termes socioculturels 'acceptables' et elle a joud un r61e

     important dans le jeu des mesures prophylactiques ou de contraintes

     proposdes i diff~rents endroits pour faire face A l'6pid~mie. Si ces me-

     sures n'ont pas 6td jusqu'd ce jour aussi extremes que les scenarios imag-

     inds par le Sdnigalais Doumbi-Fakoli dans Certificat de contrdle anti-sida

     (1988) (l'emprisonnement systimatique des siddens), par le Frangais Isi

     Beller dans Le Feu sacrd (1990) (la naissance d'une dictature imposant

     l abstinence sexuelle par des moyens m~dicaux), ou encore par

     l'Amdricain Jed Bryan dans A Cry in the Desert (1987) (l'dlimination

     physique des homosexuels), elles restent toutefois lides A une approche

     protectionniste tris localisde.

     Cette polarisation a aussi influenc6-et continue A le faire-la manibre

     dont chacun d'entre nous a tendance A interpreter les situations mettant

     en schne des siddens. Le roman Mogbd (1991) du Bdninois Moudjib

     Djinadou en est un bon exemple. Ce livre raconte l'histoire d'un jeune

     Africain enfermd dans une prison frangaise, viold par deux homosexuels,

     Jimi et Colo, et finalement diagnostiqud sdropositif. Est-ce Djinadou, un

     coureur de jupons inv~t&rd, qui a passe le virus i Jimi et Colo, ou bien

     est-ce l'inverse? Les deux propositions sont tout A fait plausibles mais

     une seule est envisagde par le narrateur: celle de la contamination du

     h~ros africain par des homosexuels occidentaux. Le lecteur frangais moy-

     en informd de fagon insistante par les mddia sur l'6tendue de l'6pid~mie

     en Afrique en jugera peut-8tre autrement.

     Malheureusement, l'expdrience collective et les statistiques ne nous di-

     sent rien d'utile sur l'origine de la sdropositivitd des cas individuels et

     Fernandez montre combien il est difficile-pour ne pas dire impossible-

     de ddcouvrir la v~rit6 lorsqu'on se fonde sur une vision st~rdotypde ou

     math~matique du monde: Bernard est gay, certes, mais sa sdroposivitd

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     n'y est pas lide: il a requ le virus lors d'une transfusion de sang contamind

     A la suite d'un accident.

     Responsabilitis individuelles et morales

     Ddcouvrir que l'on est sdropositif est une chose, savoir de qui on tient le

     virus est une autre affaire. En limitant le champ des possibles et en souli-

     gnant que l'homosexualit6 de Bernard n'est pour rien dans son 6tat de

     sant6, Fernandez relive le hiatus qui s6pare un narrateur press6 de rdtablir

      la v6rit& comme pour se disculper et un personnage refusant d'inter-

     prdter son 6tat en termes de culpabilit6 et de responsabilit6s personnelles.

     Ce tiraillement entre savoir (attitude du narrateur de Fernandez) et ne pas

     savoir (attitude de son personnage Bernard qui ne veut pas savoir par qui

     ou comment il a 6td contamind) se retrouve dans le corpus du sida de ces

     dix dernikres anndes avec des textes tris concem6s par le mode de conta-

     mination et d'autres qui n'en parlent pas. Au nombre de ceux qui y at-

     tachent de l'importance on citera Pourquoi moi? (1987) de Juliette M., Ce

     sont amis que vents emportent de Navarre et aussi les ouvrages ddvoilant

     dans toute leur horreur le viol (Nancy [1994]), la brutalit6 irresponsable

     d'un mari volage (Violet Kala, Waste Not Your Tears [1994]) ou le r61e joud

     par les transfusions de sang contamind (Glaser, Landau ou Courtenay). Au

     nombre des livres ne permettant pas d'identifier la personne qui est A l'o-

     rigine de la sdropositivitd du narrateur ou de son personnage figurent A

     l'ami qui ne m'a pas sauvi la vie (1992) de Guibert, Les Nuits fauves de Collard

     ou encore Borrowed Time (1988) de Paul Monette.

     S'il est difficile de tirer quelque g6ndralisation que ce soit dans ce

     domaine, il semble toutefois possible affirmer que pour de tris nombreux

     narrateurs/personnages, l'accent est mis moins sur l'origine de leur pro-

     pre sdropositivitd que sur la question morale de la transmission du virus

     qui s'exprime dans la prise de conscience du danger que le personnage

     sidden fait courir A son entourage.

     De nombreux 6pisodes capturent le moment difficile oh le protago-

     niste, sur le point de devenir lui-mime ce coupable qui va permettre au

     virus de se dissiminer, oscille entre la n6cessit6 de parler et le d6sir de se

     taire. Qu'ils soient terrifids par l'idde de passer le virus i autrui comme

     Nancy, qu'ils chdent i un lache 6goisme comme c'est le cas de l'amant de

     Miguel dans Le Ruban noir (1995), et de Collard passant la nuit avec

     Laura sans lui avouer qu'il est sdropositif, ou qu'il soit anim6 par un

     esprit de vengeance 16tale comme Juliette dans Pourquoi moi? (1987), le

     personnage doit prendre une d6cision qui pourrait bien d~terminer la vie

     ou la mort de ses partenaires. Dis lors, avouer sa sdropositivitd A autrui

     ou l'ignorer au risque de transmettre le virus A quelqu'un d'autre semble

     avoir infiniment plus d'importance que l'analyse de la cause et des origi-

     nes de son propre 6tat. Suivre la trace de tous les partenaires 6ventuelle-

     ment contaminds n'est d'ailleurs pas toujours une tache aisde-voire

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     possible--comme le montre le roman de Christian Giudicelli Celui qui

     s'en va (1996) qui met en schne un jeune homme partant A la recherche

     des 40 personnes figurant dans l'agenda de son ami Malik, un jeune

     Ethiopien immigrd i Paris qui se prostituait pour survivre et qui vient de

     mourir du sida.

     Un Virus qui n'dpargne personne

     Le sida repr6sente un effondrement du systame immunitaire (Fernan-

     dez 84) permettant A toutes sortes de maladies de passer A l'attaque

     impundment, sans distinction de sexe et de race mais Marc et Bernard se

     rendent rapidement compte qu'en marge des d6finitions mddicales, la

     soci6td construit une image mythique pour ne pas dire biblique du sida:

     c'est un coup de semonce (87) venant des dieux, un appel A la vigilance,

     une invitation a la moralit6 qui se traduit rapidement en intolerance. La

     mise A l''cart de Bernard et de Marc par leurs voisins autrefois amicaux,

     commence bien avant l'annonce de leur sdropositivit&. Cet ostracisme a

     une origine sociale plus que m6dicale. IL n'est d'ailleurs pas certain que, au

     fond, les attitudes face au sida soient tras diffdrentes aujourd'hui de ce

     qu'elles 6taient hier. Bien qu'il ne soit plus possible d'ignorer que le sida

     est l'affaire de tout le monde, il n'en reste pas moins qu'une section non

     ndgligeable de l'opinion publique se r6fugie encore dans l'id6e que l'ho-

     mosexualit6 masculine et la toxicomanie---dont le Kcpas (1989) de D. Belloc

     pr6sente par ailleurs les effets dramatiques dans toute leur crudit&-

     repr6sentent les seuls vecteurs de contamination. IL n'en est rien, bien sfir,

     mais pour divers milieux mal informis, la diff6rence interpr6t6e en termes

     de d6viance sexuelle ou culturelle est brandie comme un 6pouvantail pour

     discrdditer ceux qui menacent d'dbranler L'ordre du monde (83).

     En r6alitd, ce n'est pas la crainte du sida qui conduit les voisins de

     Bernard A l'ostracisme: n'6tant ni gays, ni droguds, ils pensent 8tre i

     l'abri de tout risque de contamination. C'est plut6t une espice de crainte

     atavique semblant exiger une d6nonciation de tout 6cart A la norme. C'est

     moins le sida proprement dit que son association exclusive avec un

     groupe considdrd A risque qui confine un certain nombre d'individus

     au r61e de paria. Le champ de vision des autres en est rdtrici d'autant et

     l'dvolution de l'6pid6mie apparait de manibre incomplete et d6formde, ce

     qui explique en partie le peu d'attention accord6 par le grand public par

     exemple, au nombre consid6rable de femmes et d'enfants victimes de

     l'6pid6mie. N'6tant pas pergus comme des groupes A risques, ils sont tout

     simplement oubli&s.

     M~me si, numbriquement parlant, les ouvrages 6crits par des femmes

     ou A leur sujet restent encore minoritaires, la littdrature se fait pourtant L'&-

     cho de la trag6die telle qu'elle est v6cue au fdminin. Plusieurs nouvelles et

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     LALTTERATUREDUSDA5

    romans nous rappellent entre autres qu'en Afrique, oii l'homosexualit6 et

     la toxicomanie n'ont joud qu'un r6le tris secondaire dans l'&volution de

     l'6pidimie, les femmes en sont souvent les premibres victimes. Le Plafond

     (1997) de Micheline Coulibaly, qui est un des plus beaux textes courts

     6crits au cours de ces dernibres anndes, retrace la lente agonie d'une jeune

     femme relisant sa vie dans les lignes du plafond de la chambre oii elle est

     alit~e et oii elle se meurt avec ses souvenirs, soutenue par sa mbre. Waste

     Not Your Tears de Violet Kala; Confession of an AIDS Victim (1993) de

     Carolyne Adalla; Le Dernier Espoir (1997) de Vdronique Tadjo sont autant

     de textes d'6crivaines africaines montrant que le sida frappe hommes et

     femmes avec la m~me intensit4 sur ce continent. Mais le monde entier est

     touchi comme en t~moignent l'Ambricaine Sharon Mayes dans Immune

     (1988) ou la Franqaise Juliette M. dans Pourquoi moi? Ces dernibres figu-

     rent d'ailleurs toutes deux parmi les premibres &crivaines A avoir explor6

     la manibre dont le virus change la vie d'une femme.

     Le fait que des enfants sont de plus en plus nombreux & Atre la proie

     du sida montre aussi combien il est vain d'interpr6ter la pand~mie en ter-

     mes de d&viance et de culpabilit6. Comme le relkve le narrateur de

     Fernandez: Crois-tu que le petit Pascal, qui est mort ag6 de deux ans et

     demi & l'h6pital de Montpellier, avait d~rang6 l'ordre du monde?

    (85-86). Et que dire de la fillette ambricaine de onze ans dont l'histoire est

     racont~e dans le livre d'Alice Hoffman At Risk (1988). Depuis l'6poque de

     ces premibres disparitions, des milliers d'enfants et d'adolescents sont

     morts du sida et des milliers d'autres vivent avec le virus, cherchant A

     apporter une rdponse personnelle A la question insoluble qui se pose

     dans des termes que le titre du roman de Juliette M. exprime dans sa plus

     simple expression: Pourquoi moi? Toujours al~atoires, les rdponses ap-

     porties A cette question ne font que souligner la fragilit6 de la destinde

     humaine. On s'en rend compte en lisant par exemple les interviews de

     neuf adolescents ambricains regroupdes sous le titre We Have AIDS (1990)

     par Elaine Landau. On le ressent aussi avec un intense d~sespoir en lisant

     It Happened to Nancy, l'histoire d'une adolescente violde par un ami qui

     lui transmet le virus; In the Absence of Angels, (1991) la biographie

     d'Elisabeth Glaser (6pouse de l'acteur de la sdrie tilivisde Starsky) et de

     sa fille Ariel contaminde par le lait de sa mbre, elle-m~me contaminde par

     une transfusion sanguine lors de son accouchement; ou encore April

     Fool's Day (1993), un ouvrage de Bryce Courtenay relatant la vie et la

     mort de son fils homophile, lui aussi victime de sang contamin&.

     Midicalisation et accompagnement

     L'attitude de Marc et de son ami Bernard d~clinant petit A petit nous

     montre non seulement le vide qui se cr~e autour des couples sdropositifs

     mais aussi la mdfiance trbs t6t apparue des siddens et de leurs accompag-

     nants vis-a-vis du corps medical lorsque la fin approche. Dans le livre de

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     Fernandez, cette mdfiance nait lors d'une visite au centre de l'enfer /i

     laquelle Bernard est convi6 lorsqu'il est invite /i visiter un pavillon

     r~serv6 aux siddens dans un h~pital parisien. Plusieurs ouvrages dvo-

     quent les premieres recherches sur le virus tels que Plus grand que l'amour

     (1990) de Dominique Lapierre ou Adieu l'amour (1987) de Madeleine

     Chapsal. La Gloire du paria de Fernandez se fait aussi la chronique de ces

     premiers pas en terrain inconnu et souligne combien, face A un problkme

     qu'il comprenait mal en ses debuts, le corps m6dical a 6td pris de court.

     L'intense competition qui poussaient Frangais et Amdricains en piste

     pour le Nobel (110) n'a pas eu que des effets positifs. Comme le sug-

     girent certains passages de Courtenay, la rdponse du corps mddical a et6

     trop souvent entachde d'orgueil, d'ignorance et d'abus de pouvoir ou

     encore, comme le laisse entendre Glaser, elle a 6td influenc~e par des con-

     sid6rations politico-6conomiques qui n'ont fait que souligner l'incapacit6

     des services de santo officiels i offrir aux siddens l'aide qu'ils attendaient

     d'eux. De ce fait, de nombreux individus appartenant ou non au corps

     m~dical ont souvent tent& de pourvoir, dans la limite de leurs moyens,

     au soutien que les autoritis n'ont pas su apporter aux malades. Alors que

     son patron cherche A river le clou (109) A un institut de recherche con-

     current, l'infirmibre du centre medical que visite Bernard dans La Gloire

     du paria a d'autres prioritds. A ses yeux, le patient dont elle s'occupe

     jusqu'd l'dpuisement n'est pas le toxoplasma du 20 sur lequel on a

     essayd le foscarnet (105). C'est un homme pour lequel elle souffre dans

     sa chair de ne pas pouvoir faire davantage. Et bien que Fernandez ne

     nous la pr~sente qu'en passant, on sent bien, dans ses propos, tout le

     d6sarroi qui l'habite: I1 est bient6t midi, professeur, je n'ai pas quittd un

     instant mon malade, et j'ai l'impression que je ne l'ai soulag6 en rien,

     qu'il est aussi malheureux, aussi d6sesp&rd que si je n'6tais pas venue du

     tout (103). On retrouve d'ailleurs cette angoisse face Ai l'indiff~rence des

     spheres dirigeantes, quand ce n'est pas leur hostilit&, dans l'ouvrage

     autobiographique de Frangoise Baranne Le Couloir: une infirmibre au pays

     du sida (1994) qui relate l'exp~rience d'une jeune infirmibre complite-

     ment &crasde par un systime auquel elle voue pourtant toute son dnergie

     et le meilleur d'elle-mime. Arrivde en fin de parcours, la nature humaine

     a davantage besoin de compassion et de chaleur humaine que d'inter-

     ventions m~dicales et nombreux sont les textes qui en t~moignent. Dans

     La Gloire du paria, le partenaire de Bernard observe ambrement le sauve-

     qui-peut accompagnant l'annonce de la sdropositivitd de son compagnon

     pour demeurer un ami attentif et compatissant. La mime attitude se

     retrouve chez Kyoko (1997), l'hdroine du roman du Japonais Ryii Mura-

     kami qui demeure fiddle i ses id~aux lorsqu'elle retrouve l'idole de sa

     jeunesse en 4tat de complkte d~crdpitude et, envers et contre tout, l'ac-

     compagne dans ses derniers moments. Le mime souci d'accompagner un

     Stre cher avec amour et ddvouement se retrouve chez la mare de

     l'hdroine du Plafond imagin&e par l'Ivoirienne Micheline Coulibaly; chez

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     Barbara Peabody prenant soin de son fils Peter dans The Screaming Room

     (1986) ou encore chez l'Australienne Maria Pallotta-Chiarolly dont l'au-

     tobiographie Someone You Know: A Friend's Farewell (1991) t6moigne de

     son amitiP ind6fectible pour Jon en d6pit de la lente d6gradation phy-

     sique de son ancien collkgue de travail. Yves Navarre montre 6galement

     le couple de Ce sont amis que vent emporte en train de vivre leurs derniers

     instants ensemble apris avoir refus6 tout soutien ext6rieur et suspendu

     tout traitement.

     Vivre avec le sida

     Arriv6s au bout du chemin, Bernard et Marc se suicident. Comme

     Guibert, Collard et bien d'autres siddens arriv6s sur les rives du Styx,

     prendre la d6cision de vivre encore un jour, une heure, un instant n'est

     laiss6 &i personne et surtout pas au sida. Ce refus de c6der Ai l'in6vitable

     en interrompant volontairement la marche du temps entraine une pro-

     fonde 6motion chez le lecteur/timoin. Le fait que les autobiographies et

     les t6moignages occupent une place importante dans ce corpus souligne

     une impression de document authentique Ai laquelle il n'est pas possible

     d'&chapper, mame A la lecture de romans non autobiographiques. Le

     lecteur se sent lid de manikre existentielle &i des personnes qu'il ne con-

     nait pourtant qu'a peine et dont il ne se sent nile droit ni l'envie de con-

     tester le t6moignage, mime s'ils sont imaginaires, comme c'est le cas de

     Bernard et de Marc dans La Gloire du paria.

     Toutefois, il est 6galement possible d'affirmer que par une espace de

     ph6nomine d'osmose, la littdrature du sida est 6galement un hymne A la

     vie qui conduit le lecteur A prendre la mesure de son propre devenir.

     Souvent terrass6s par l'annonce de leur sdropositivitd, les personnages

     mis en schne dans les ouvrages que nous avons lus ont t6t fait de se res-

     saisir et de parer au plus press6, c'est-a-dire de vivre intens6ment le

     temps que leur accorde la providence (71), non pas dans une agitation

     f6brile mais dans une recherche personnelle de l'essentiel qui prend tout

     naturellement les formes les plus diverses. Bernard entreprend d'6crire la

     piece de theatre sur le sida qu'il n'avait jusque li pas eu le courage

     d'6crire de peur d'etre vilipend6 par la critique et le public parisien.

     Optant pour la meditation, Pascal de Duve embarque sur un cargo en

     route pour les Antilles avec la Bible, le Coran et les nouvelles de Stephan

     Zweig. I1 se lance dans l'6criture d'un journal de voyage, publid plus tard

     sous le titre Cargo vie (1993) et t6moignant d'une intense r6flexion

     philosophique sur l'amour et la mort. Le thbme du voyage se retrouve

     d'ailleurs dans plusieurs autres textes: le romancier Harold Brodkey part

     pour Venise oi il travaille ai son dernier roman Profane Friendship (1994);

     le h6ros du roman de Pier Vittorio Tondelli Camere separate (1989) sil-

     lonne l'Europe ai la suite de la mort de son ami Thomas; Quartier d'hiver

     (1990) de Jean-Noel Pancrazi ddbute sur le d6part pour l'Espagne du

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     garcon de caf6 du Vagabond , en phase terminale du sida. De fait, la

     mobilit6 des protagonistes que l'on retrouve dans un trbs grand nombre

     de romans est surprenante. C'est comme si ces grands malades refusaient

     de se considdrer comme tels, mais au-delk des apparences, c'est bien une

     prise de conscience de leur 6tat et le refus d'etre entrainds en direction du

     ndant qui conduit les personnages reprdsentds dans le corpus i se fixer

     eux-mames une direction, A donner un sens A leur vie, A reprendre en

     main la situation dans laquelle ils se trouvent afin de la dominer.

     Ce sens de direction s'exprime d'ailleurs de diff~rentes manibres. Aux

     dires de Guibert, par exemple, Muzil (alias Michel Foucault) d6cide de

     mettre de l'ordre dans son oeuvre lorsqu'il se sent faiblir; Juliette M., aprbs

     une pdriode de folie vengeresse, se rdconcilie avec elle-mame, ses amis et

     sa conscience; Stan Leventhal d~cide de clarifier sa vie amoureuse et pro-

     fessionnelle, de miser sur la qualit6 de vie et l'id&e de carpe diem qui est

     omniprdsente dans son roman autobiographique; Skydiving on Christopher

     Street (1995) exhorte le lecteur i vivre de manikre positive. Dans son

     roman Un Ruban noir, les personnages de Vincent Borel refusent cat&-

     goriquement de ceder A la sinistrose et, adoptant la devise: Rdpare-toi

     toi-meme et ton g~nome t'aidera (185), ils se lancent dans une vie faite de

     rendez-vous galants, de raves, d'ecstasy et de m~decine alternative dans

     une atmosphere tout A fait rabelaisienne. On retrouve le meme esprit fron-

     deur dans le livre de Gary Dunne Shadows on the Dance Floor (1992) qui

     prdsente de manikre dr81e et irrivirencieuse les milieux gays de Sydney

     de la fin des annies 1980 par l'intermddiaire de Grace et de son ami Mr

     Pointy Head qui est atteint du sida. Leur devise: Tant qu'il y a du poil, il

     y a de l'espoir convient bien i une vie extravagante o0 ils consacrent un

     minimum de temps aux soins exig~s par leur condition.

     Ecrire le sida

     S'il fallait en apporter la preuve, les deux romans que nous venons de

     mentionner montrent bien que la littirature traitant du sida est loin de

     representer un long chapelet de misbres humaines. Au contraire, elle per-

     met d'exprimer dans une varidtd de tons (comique, M16giaque, grave,

     pensif, didactique) la volont6 d'&chapper A son destin, de se rdconcilier

     avec soi-mime et de toucher A l'immortalit6 tant il est vrai que ce que le

     sida vole peu i peu au corps, le texte littiraire le reconstruit a sa guise

     pour la posterit&. Ceci explique peut-atre le rd1e central joud par la littira-

     ture dans ces romans et le nombre important d'&crivains qui y sont mis

     en schne. Bernard est un auteur, tout comme Leo (Camere separate de Pier

     Vittorio Tondelli), Jacques (Celui qui s'en va de Chistian Giudicelli) ou

     encore Mathias (Les Souliers rouges de la duchesse [1992] de Jack-Alain

     L~ger). En dehors de ces auteurs imaginaires, l'on trouve aussi les vrais

     &crivains dont l'expirience littiraire pr&cede leur rencontre avec le sida,

     que se soit de manibre directe comme c'est la cas de Harold Brodkey,

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     Conrad Detrez (romancier et porte belge auteur de La Milancolie du

     voyeur [1986]), Stan Leventhal, Herv6 Guibert, Yves Navarre, Pascal de

     Duve ou par l'intermddiaire d'un de leurs proches comme ce fut le cas de

     Bryce Courtenay. L'univers des lettres et de l'6criture ne s'arr~te d'ail-

     leurs pas aux 6crivains-personnages. On rencontre aussi au grd des pages

     le monde des journalistes (Juliette dans Pourquoi moi?) des professeurs de

     lettres (David et Katya dans The Wrong Apple [1987] de David Rees) et des

     critiques littiraires (Xavier dans La Gloire du Paria de Fernandez).

     Ce dernier ouvrage, tout comme les commentaires mordants de Jack-

     Alain Lager dans Les Souliers rouges de la duchesse, condamne sans conces-

     sion l'attrait mercantile exerc6 par le sida sur une frange non ndgligeable

     des milieux littiraires. Grain de sable ajoutd au monument du souvenir,

     focalisation de la pens&e ou fixation textuelle d'une personnalit6 en train

     de se difaire, la littirature se vide parfois aussi de sa substance lors-

     qu'elle devient une sorte de machine outil (56). Bien qu'ils surgissent

     d'un peu partout, la v6nalit6 et l'affairisme soulignds par Fernandez avec

     raison, restent cependant en marge des moments forts de l'6criture du

     sida qui se situent toujours au niveau d'expiriences existentielles poi-

     gnantes. Ii s'agit en &crivant de vaincre le ndant en d6pit d'une solitude

     mtaphysique sur laquelle vient inlassablement se briser l'altdrit&. Le

     texte devient le moyen de rompre le mur de silence qui s'installe, un cri

     de disespoir et de rdvolte mais aussi et surtout la preuve du bonheur

     d'etre encore en vie aujourd'hui et peut-atre demain. La littdrature, c'est

     aussi ce miroir permettant d'arriter les images jaillissant d'un pass6

     proche ou lointain et de les faire revivre. Penser Ai la mort, c'est 6gale-

     ment faire le point de ce qu'd 6td sa vie et, d'une certaine maniare, en

     fixer la forme de manikre definitive dans l'univers romanesque.

     Comme l'a relev6 Michael Denneny dans son article AIDS Writing

     and the Creation of a Gay Culture , les oeuvres concernant le sida &chap-

     pent au mouvement gdndral de non-rif~rentialit6 dans la mesure oi les

     critbres permettant d'en mesurer la valeur ne sont pas ceux qui r6gissent

     le reste de l'univers littdraire. Ii ne s'agit pas d'6crire sur le sida avec

     assurance et m6tier mais de timoigner d'un fl6au que, faute de pouvoir

     juguler, la socidtd laisse ai l'individu le soin de maitriser. Comme le sug-

     gare le narrateur de Fernandez une &criture c6ribrale, esth6tique ou op-

     portuniste du sida sonne faux et personne ne semble avoir le droit de

     parler du sida avec l'effronterie de croire que la plume n'a pas / trem-

     bler pour aborder une telle matibre (52). Ecrire le sida, c'est envoyer de

     br~ves notes du champ de bataille pour alerter ses compatriotes en ne

     sachant pas trop bien de quoi demain sera fait. Dans le contexte de son

     &criture, le livre de Fernandez participe de ce cri d'alarme et cela ex-

     plique sans doute que, d'un point de vue purement litt6raire, on puisse

     lui reprocher un c6td quelque peu didactique. Ii faudrait aussi souligner

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     LALTTERATUREDUSDA5 9

     Juliette M. [Pseudonym.] Pourquoi moi? confession d'une jeune femme d'aujourd'hui. Paris:

     Laffont, 1987.

     Kala, Violet. Waste Not Your Tears. Harare: Baobab, 1994.

     Landau, Elaine, ed. We Have AIDS. New York: Watts, 1990.

     Lapierre, Dominique. Plus grands que l'amour. Paris: Laffont, 1990.

     L~ger, Jack-Alain. Les Souliers rouges de la duchesse. Paris: Bourin, 1992.

     Le Sida en Afrique: recherche en sciences de l'homme et de la socidtd. Paris: Orstrom, 1997.

     Leventhal, Stan. Skydiving on Christopher Street. New York: Masquerade, 1995.

     Mayes, Sharon. Immune. St Paul, MN: New River, 1988.

     Monette, Paul. [1988] Borrowed Time. London: Flamingo, 1990.

     Montel, Maxime. Un Mal imaginaire. Paris: Minuit, 1994.

     Murakami, Ryfr. Kyoko. Arles: Picquier, 1997.

     Navarre, Yves. Ce sont amis que vent emporte. Mesnil-sur-l'Estrde: Flammarion, 1991.

     Pallotta-Chiarolli, Maria. Someone You Know. Kent Town: Wakefield, 1991.

     Pancrazi, Jean-Noel. Les Quartiers d'hiver. Paris: Gallimard, 1990.

     Peabody, Barbara. The Screaming Room. San Diego: Oak Tree, 1986.

     Rees, David. The Wrong Apple. New York: Knight's, 1987.

     Tadjo, VWronique. Le Dernier Espoir. On line. 1997. .

     Tondelli, Pier Vittorio. Camere separate. Milano: Bompiani, 1989.