La Fraude Fiscale Au Maroc

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MastreSpcialis DROITDELENTREPRISE THESEPROFESSIONNELLE: LAFRAUDEFISCALEAUMAROC

Travailralispar: MelleAchaBELMANOUR Encadrpar: MrMohamedAFREKOUS

Novembre2008

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SOMMAIRERemerciements Sommaire Abrviations Bibliographie INTRODUCTION GENERALE ...............................................................................................01 PREMIERE PARTIE : Fraude Fiscale : Definition Causes Procedes Et Consequences ................................................................................................................08 INTRODUCTION DE LA 1re PARTIE .................................................................................09 CHAPITRE 1 TERMINOLOGIE DE LA NOTION DE FRAUDE FISCALE .........................10 Section 1 Le concept de fraude fiscale ..........................................................................10 1 : Dfinition de la fraude fiscale ........................................................................................10 2 : Les lments constitutifs de la fraude fiscale ................................................................12 Section 2 La distinction entre Fraude fiscale et vasion fiscale .................................17 1 : Les lments communs ................................................................................................19 2 : Les divergences .............................................................................................................20 CHAPITRE 2 LES CAUSES DE LA FRAUDE FISCALE ...................................................22 Section 1 Les causes imputables au contribuable .......................................................24 1 : Les causes dordre culturel et historique .......................................................................24 2 : Les causes psychologiques .........................................................................................30 Section 2 : Les causes non imputables au contribuable .................................................36

1 : Les causes affrentes aux systmes politique, conomique et financier marocain ......37 2 : Les dfaillances de ladministration fiscale ...................................................................47 CHAPITRE 3 Les Procedes De La Fraude Fiscale Et Ses Consequences .......................56 Section 1 : Les fraudes sur limpt , sur les bnfices et la TVA ....................................56 1 : Les fraudes sur les comptes de gestion.........................................................................56 2 : Les fraudes sur les comptes du bilan.............................................................................66 3 : Les fraudes en matire des droits denregistrement .....................................................68 4 : Autres formes de fraude.................................................................................................70 Section 2 : Les consquences de la fraude fiscale...........................................................71 1 : Les effets immdiats de la fraude fiscale .......................................................................71

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2 : Les effets diffrs de la fraude fiscale.............................................................................74 CONCLUSION DE LA 1ERE PARTIE....................................................................................77 DEUXIEME PARTIE :Les Moyens De Lutte Contre La Fraude Fiscale ............................79 INTRODUCTION DE LA 2me PARTIE................................................................................80 CHAPITRE 1 : Les pralables la lutte contre la fraude fiscale .....................................81 Section 1 : lenvironnement social favorable ...................................................................81 1 : Action sur le contribuable : lacquiescement fiscal ........................................................81 2 : Amlioration des rapports de ladministration fiscale avec le contribuable ....................85 Section 2 : Lenvironnement lgal et rglementaire adquat .........................................92 1 : Luniformisation et la simplification des rgles fiscales ..................................................93 2 : La simplification du systme fiscal ................................................................................95 CHAPITRE 2 : La prvention de la fraude fiscale .................................................................96 Section 1 : Etendue et porte des moyens de prvention ...............................................97 1 : Le contrle fiscal ............................................................................................................97 2 : La menace de redressement .........................................................................................102 Section 2 : Amlioration des moyens du contrle fiscal .................................................104 1 : Amlioration des moyens techniques du contrle fiscal ................................................104 2 : Amlioration des mthodes de travail ............................................................................108 CHAPITRE 3 : La rpression de la fraude fiscale .................................................................114 Section 1 : Les sanctions prvues contre la fraude fiscale ...........................................114 1 : Les sanctions fiscales ....................................................................................................115 2 : Les sanctions civiles ......................................................................................................117 Section 2 : Institution des mesures de dissuasion...........................................................119 1 : Renforcement des sanctions .........................................................................................119 2 : Assouplissement des procdures ................................................................................121 CONCLUSION DE LA 2EME PARTIE ...................................................................................122 CONCLUSION GENERALE ..................................................................................................123-124

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INTRODUCTION GENERALE

Limpt est au centre des rapports qui lient une socit ltat qui la gouverne. Il est en effet un fait social intimement li lvolution des socits, notamment celle de leurs institutions politiques, juridiques et conomiques. Larticle 14 de la Dclaration des Droits de lHomme et du Citoyen de 1789, fonde le principe du consentement de limpt, rgle le transfert du pouvoir fiscal aux reprsentants du peuple et assoit la lgitimit du prlvement : " Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mmes ou par leurs reprsentants, la ncessit de la contribution publique, de la consentir librement d'en suivre l'emploi, et d'en dterminer la quotit, l'assiette, le recouvrement et la dure. " Nanmoins, dans tous les pays du monde, limpt na pas une bonne rputation, cette caractristique est dautant plus accentue si lon se rfre aux pays en voie de dveloppement. De mme, lapparition de la fraude fiscale remonte la cration de limpt, et depuis lors, fraude et impt ne se sont plus spars. Cest un phnomne qui se dveloppe avec la fiscalit elle-mme, tel point que certains financiers comme Von Gerloff ont pu formuler une loi de rsistance croissante limpt qui apparat comme le corollaire de la loi de1 Wagner sur laccroissement constant des dpenses publiques ( ).

La fraude constitue une raction pacifique limpt, celui ci a toujours suscit des ractions souvent trs violentes des moments prcis de lhistoire.

P.MGaudemetetJ.Molinier:Financespubliques,Tome2,fiscalit,5medition,Montchretien, Paris19921

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Lhistoire du Maroc dborde de cas de rvoltes contre limpt, Fadoul GHARNIT crivait avant le protectorat que le Maghzen se contente de plumer le contribuable. Ali AL YOUSSI minent Alim de Fs au dix huitime sicle navait pas hsit dnoncer dans une longue ptre adresse au Sultan Moulay Ismal, limposition crasante et les extorsions des fonctionnaires de2 ltat qui selon lui : ont mang la chair, bu le sang et sucer les os ( ).

La sparation entre bled maghzen et bled siba se basait sur la soumission ou non limpt et nombre de harkas au dix neuvime sicle taient destins collecter limpt.

La fraude fiscale apparaissant comme une limite au pouvoir dimposer et contrariant la collecte des ressources tatiques, constitue un sujet dinquitude pour les gouvernements divers niveaux : - Sur un niveau financier, la fraude gnre une perte de ressources pour le budget gnral de ltat, et grve les capacits des gouvernements faire face leurs dpenses ; - Sur un niveau de justice et dquit, la fraude fiscale contrarie la rpartition quitable du fardeau du financement public entre les contribuables en accroissant la charge de ceux qui demeurent honntes ; - Sur un niveau politique, la fraude fiscale contrarie en quelque sorte la lgitimit du pouvoir par le refus de limpt.

* PROBLEMATIQUE :ANNACIRI:AlIstiqsa,citparElMansour.M:lesoulemasetleMaghzendansleMaroc prcolonial,leMarocactueld. DuCNRS.Paris1992p.9inlaFraudefiscale,Aboulhassanetautres.d.ARABIANALHilal1993p.14.22

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Depuis le temps immmoriaux, les groupes sociaux ont toujours t confronts au lancinant problme des dpenses effectuer pour la survie et la continuit du groupe. Pour fonctionner toute socit a besoin davoir des ressources susceptibles de couvrir les besoins collectifs.

Par ailleurs, parmi les moyens davoir financier de lEtat, nous avons les dpenses publiques et les ressources publiques. Dans ces dernires nous retrouvons les ressources dfinitives, celles de trsorerie et celles extraordinaires.

Mais nous attirons toute notre attention aux ressources dfinitives parce quelles comprennent les ressources fiscales.

Comme limpt est la principale source de revenu dans un Etat, on part de lide que seule lautorit politique peut satisfaire la demande de biens publics comme la scurit publique et la dfense nationale, extension du concept de tout ce que lon appelle aujourdhui services publics . LEtat produit les biens publics demands par ses membres. Le cot de cette production dtermine le niveau ncessaire des prlvements obligatoires :

tous profitant des biens publics, tous doivent contribuer leur financement.

Si lEtat cherche lever des impts maximum sans gard la demande de biens publics, sil exploite les contribuables au profit dune minorit qui reoit plus quelle ne paie, alors les contribuables se rfugient dans : La fraude fiscale.

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A cet effet, il faut souligner quaux ingalits mises en place par la loi fiscale sajoutent les ingalits dcoulant des conditions dapplication de la lgislation fiscale. Certains impts peuvent tre plus facilement frauds que dautres, et les moyens de prvention et de contrle sont trs ingalement efficaces. Il en rsulte que les diffrentes catgories sociales et professionnelles ne sont pas dans une situation identique lgard de la fraude fiscale et ceci rsulte assez souvent de choix politiques dlibrs.

Les salaris sont facilement contrls , partir des dclarations faites par les employeurs.

Par contre de nombreuses professions librales, commerciales et industrielles disposent de nombreuses possibilits de soustraire une partie de leurs activits limpt et les mesures ncessaires pour leur contrle ne sont dlibrment pas mises en place.

Mais les interrogations que nous nous posons sont celles de savoir pourquoi le gouvernement, le lgislateur ne fournissent pas assez deffort pour lutter contre la fraude fiscale au Maroc ? Comment le Maroc peut il se dvelopper sil ne met pas deffort pour lutter pour ce manque gagner qui est la fraude fiscale ? Il ya-t-il un contrle efficace au Maroc pour la lutte contre la fraude fiscale ?

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*INTERET DU SUJET :

Tous les pays aussi bien ceux en voie de dveloppement que ceux industrialiss aspirent au dveloppement, ce dernier est un idal et en tant que tel, il est comme une limite asymptotique. On le poursuit sans jamais sassurer de lavoir atteint une fois pour toute.

Cependant, au moment o lEtat a besoin de recettes pour assurer ce dveloppement et mener bien son devoir de satisfaction du besoin collectif, des personnes aussi bien morales que physiques font tout pour chapper au paiement de limpt.

Cest ainsi que ce travail prsente un intrt pratique en ce sens quil apporte certaines informations sur les causes qui poussent le contribuable luder limpt, aussi sur les procds utiliss pour frauder, et sur les consquences de la fraude fiscale qui font que leffort pourtant attendu au dveloppement du Maroc, peut ntre quune illusion. Il constituera en quelque sorte un cri dalarme qui pourra nous amener cogiter sur les mthodes les plus adquates pour combattre ce flau social et conomique quest la fraude fiscale.

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*METHODOLOGIE :

La

mthodologie

adopte

pour

llaboration

de

la

prsente

thse

professionnelle sarticule autour des axes ci-aprs :

1. Choix du sujet de la thse avec prsentation de la cible, savoir la dtermination des causes et consquences et moyens de lutte la fraude fiscale ; 2. Validation de la problmatique ainsi que de la mthodologie de recherche ; 3. Recueil des informations ncessaires partir des ouvrages et rapports ; 4. Benchmarking tabli entre le Maroc et dautres pays trangers en matire de fraude fiscale ; 5. Dveloppement stratgique de la thse professionnelle dterminer :

Distinction entre la fraude et lvasion fiscale Dtermination des causes et procds de la fraude fiscale Dtermination des consquences de la fraude Dfinir les moyens de lutte contre la fraude fiscale

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Par consquent, cette thse professionnelle sera scinde en deux axes de recherche :

La premire partie prsentera une approche densemble sur la fraude fiscale, en faisant la distinction entre deux phnomnes qui prtent souvent confusion lvasion et la fraude fiscale et en dterminant les diverses causes de cette dernire.

On voquera aussi avec un grand intrt les dveloppements concernant les procds de fraude utiliss. Un recensement minutieux en est fait, tant sur le terrain des bnfices et de la TVA que des droits denregistrements.

De mme que les consquences de la fraude fiscale aussi bien sur le plan social que sur le plan conomique.

La deuxime partie viendra logiquement tudier les moyens dont dispose lEtat pour tenter dendiguer la fraude fiscale.

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PREMIERE PARTIE

FRAUDE FISCALE :

DEFINITION CAUSES PROCEDES ET CONSEQUENCES

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INTRODUCTION DE LA 1re PARTIE

La fraude fiscale a comme objectif, et parfois donc comme rsultat dchapper tout ou partie de lobligation fiscale. Cependant des comportements de natures diverses peuvent amener la mme issue. Diffrencier, juridiquement les divers types de comportements de refus de limpt se rvle trs complexe.

La complexit du phnomne de fraude fiscale transparat dans la diversit du vocabulaire qui lui est attach et qui fait delle un concept difficile cerner.

Nous avons relev un ensemble consquent de termes qui ont trait la fraude fiscale et aux divers comportements de refus de limpt qui lui sont proches, ainsi en est-il de la fraude lgale ou lgitime, lvasion lgale ou au contraire illgale, lhabilet fiscale, lvitement de limpt, la fuite devant limpt etc. . Cet ensemble sapparente aux dlinquances fiscales, au refus de limpt, aux rsistances limpt, aux manifestations dun certain antifiscalisme, aux comportements fiscaux ngatifs, quil faut dissocier de la simple erreur commise par le contribuable.

Avant de prendre en considration parmi lventail des termes existants, les deux formes principales de la minimisation fiscale savoir la fraude fiscale et lvasion fiscale, il convient en premier lieu de dfinir la fraude fiscale, pour ensuite dterminer approximativement les causes, procds et consquences propres ce comportement, qui est la fraude fiscale.

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CHAPITRE 1 TERMINOLOGIE DE LA NOTION DE FRAUDE FISCALE

La fraude fiscale est le chapitre de droit fiscal le plus tudi, par les fiscalistes bien sr, les thoriciens aussi et les journalistes rgulirement.

Mais curieusement, si lon a tout crit sur ses causes, ses modalits, son ampleur, son contrle ou ses sanctions, les mots qui la dsignent sont imprcis et le domaine quelle recouvre est incertain.

Section 1 Le concept de fraude fiscale

Les termes dsignant la fraude fiscale sont imprcis, cela provient de leur diversit.

Si lon parle en effet de fraude, on parle aussi de fraude lgale ou lgitime, de fraude illgale, dvasion internationale, dvasion lgale, dvasion illgale, de paradis fiscaux ou de refuge, dabus de droit de fuite devant limpt , de libre choix de la voie la moins impose ou encore de sous- estimation fiscale , de fraude la loi ou dconomie souterraine . Devant cette ambigit de la notion de fraude fiscale nous allons essayer de son approcher juridiquement.

Paragraphe 1 : Dfinition de la fraude fiscale Autour de la fraude fiscale gravite tout un kalidoscope dimages et de mots qui rend trs difficile la comprhension du phnomne. Le lgislateur marocain touch galement par la confusion terminologique du phnomne na pas expressment dfinis la fraude fiscale. Dans le titre

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premier

sanctions en matire dassiette du Code Gnral des Impts

Marocain, les seuls actes rprims fiscalement sont : - Le dfaut ou retard dans les dpts des dclarations du rsultat fiscal, des plus-values, du revenu global, des profits immobiliers, du chiffre daffaire, des actes et des conventions ; - Labstention de communication des documents ; - La rectification, lomission, linsuffisance ou la minoration de la base imposable, une nuance est nanmoins introduite ce niveau, elle entrane lapplication dune majoration de 100 % au lieu de 15 % des droits correspondants au bnfice de lexercice lorsque la mauvaise foi du contribuable est tablie ; - La complicit de fraude, en effet larticle 187 " Sanctions pour fraude ou complicit de fraude " du Code Gnral des Impts stipule que : " Une amende gale 100 % du montant de limpt lud est applicable toute personne ayant " particip aux manuvres destines luder le paiement de limpt, assist ou conseill lexcution desdites manuvres, le contribuable dans de laction

indpendamment

disciplinaire si elle exerce une fonction publique " , il est signaler que la rpression prvue par cet article concerne le complice la fraude fiscale et non pas le contribuable fraudeur.

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En droit compar, plus prcisment en droit franais la fraude fiscale est dfini par larticle 1741 du Code Gnral des Impts qui dispose que : " quiconque sest frauduleusement soustrait ou tent de se soustraire frauduleusement ltablissement ou au paiement total ou partiel de limpt, soit quil ait volontairement omis de faire sa dclaration dans les dlais prescrits, soit quil ait volontairement dissimul une partie des sommes sujettes limpt, soit quil ait organis son insolvabilit ou mis obstacle par dautres manuvres au recouvrement de limpt , soit en agissant de toute autre manuvre frauduleuse . "

Paragraphe 2 : Les lments constitutifs de la fraude fiscale

En droit gnral, la qualification possible de la fraude fiscale fut fonde sur trois lments savoir llment lgal, llment matriel et llment intentionnel.

a - Llment lgal :

La fraude fiscale est acte de mauvaise foi qui sexerce lencontre dun objet en loccurrence la loi, et nexiste que sil ya une rgle obligatoire laquelle on tente de se soustraire. La loi constitue donc llment lgal.

Llment lgal est une ncessit vidente. Le principe de la lgalit des incriminations offre au contribuable une garantie contre les abus toujours possibles de lEtat, puisque la rpression nest possible que sur la base dun texte lgislatif dincrimination.

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En droit marocain, bien que le lgislateur marocain ninvoque pas expressment la fraude fiscale, nous pouvons dire que les articles 186 et 187 du Code Gnral des Impts marocain constituent llment lgal. Par contre, en droit franais llment lgal est prvu fiscalement et pnalement. La fraude fiscale en droit franais fait lobjet dune double rpression, larticle 1729 du Code Gnral des Impts rprime la fraude

fiscale par des majorations fiscales. Au contraire, larticle 1741 institue une rpression pnale. Face cette dualit de textes et de sanctions en droit franais, la question sest pose de savoir si la notion de fraude fiscale avait une unit. Nya-t-il pas deux notions de fraude fiscale ? Lune pnale et lautre fiscale ? La doctrine franaise se prononce le plus souvent pour lunit, les articles 1729 et 1741 du Code Gnral des Impts rprimeraient le mme dlit de fraude fiscale. b - Llment matriel :

La fraude ne doit pas tre latente, pour tre condamnable il faut quun fait extrieur la rvle : llment matriel. Ainsi les deux principales manifestations de la fraude fiscale sont lomission ou laction. - La fraude pour omission est trs frquente, surtout en matire de TVA. Elle reprsente en moyenne prs de 50% des chefs de redressement aprs vrification par ladministration fiscale. Elle peut prendre deux formes : lomission de dclaration ou lomission dun lment dassiette.

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1) Lomission de dclaration est constitutive du dlit de fraude fiscale si volontairement, elle permet de se soustraire au paiement de limpt. 2) Lomission dun lment dassiette est trs courante. Surtout en matire de droits denregistrement o lon parle dinsuffisance dvaluation . - En gnral, la fraude par action conduit des dissimulations en matire imposable. Cette dissimulation peut tre matrielle ou juridique. 1) La dissimulation matrielle porte notamment sur les bnfices. Elle est obtenue directement par la minoration de recettes ou de stocks et indirectement par la majoration des charges.3 2) La dissimulation juridique par acte dguis se ramne labus de droit ( ).

Les parties sentendent pour cacher la vritable nature du contrat. Cependant, les manifestations de llment matriel peuvent tenir de la simple tentative, larticle 1741 du Code Gnral des Impts franais sanctionne quiconque sest frauduleusement soustrait ou a tent de se soustraire frauduleusement ltablissement au paiement des impts . Autrement dit, la tentative de fraude est punissable. Cette extension pose dailleurs un problme de frontire. Entre les actes prparatoires un dlit, le commencement dexcution et la consommation de ce dlit, o se situe en effet la tentative ?

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C. Scailteur, le choix de la voie la moins impose, Mlanges P. Sibille, Bruxelles, 1981,

P.799.14

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La jurisprudence considre que la tentative la fraude se situe avant la date de souscription de la dclaration fiscale, pass ce dlai, pour la Cour de Cassation, le dlit de fraude fiscale est consomm. Souvent, le problme de la dfinition de la tentative est facilit dans la mesure o des actes qui prparent la fraude sont dj rigs en dlits distincts. Ainsi larticle 1743 -1 du Code Gnral des Impts Franais punit de peines pnales quiconque a sciemment omis de passer ..des critures ou a pass des critures inexactes aux livres comptables. Les manipulations comptables sont donc sanctionnes indpendamment de la rpression de la tentative de fraude.

c - Llment intentionnel : Enfin, la fraude fiscale suppose un acte intentionnel de la part du contribuable, traduisant sa volont de contourner de manire dlibre et intentionnelle la loi, afin dluder le paiement de limpt. Pour reprendre une dfinition utilise par le Conseil Europen des Impts en 1977, " il ya fraude ds lors quil sagit dun comportement dlictuel dlibr ". Malgr la dfinition prcise en sus, llment intentionnel reste llment le plus dlicat de la fraude fiscale. Il divise la doctrine, et le droit positif nest pas dfinitivement fix. 1) Lanalyse doctrinale : Le droit pnal gnral distingue, les infractions matrielles, des infractions intentionnelles. Lanalyse vaut pour le dlit de fraude fiscale qui fait lobjet de deux apprciations diffrentes : objective et subjective.

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- Lapproche objective du dlit de fraude fiscale conduit se dsintresser de son caractre intentionnel, llment matriel suffirait. Ds lors quune norme fiscale a t viole peu importe lintention, de mme que le fait de dmontrer lintention frauduleuse est en pratique trs dlicat. - Lapproche subjective, elle exige du contribuable qui fraude une double connaissance. Il doit savoir au moment de lacte quil contrevient la loi fiscale, mais il doit vouloir en plus ce rsultat et que son acte ait t commis librement sans contrainte : la fraude fiscale devient l une volont consciente de commettre le fait prohib par la loi. 2) Les solutions du droit positif : En droit positif la thse subjective sest impose condition que les autorits concernes en cas de fraude fiscale apportent la preuve du caractre intentionnel de la soustraction au paiement des impts. Llment intentionnel doit tre montr par tous les modes de preuve susceptibles de former lintime conviction du juge, que linfraction a t commise intentionnellement, c'est--dire dans le dessein de se soustraire 4 limpt ( ).

En dpit de la multitude des approches tendant dfinir la fraude fiscale celleci demeure ambigu, et prte confusion avec divers termes dont lvasion fiscale.

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J.P. Casimir, le libre annot des procdures fiscales, 1982, P 191

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Section 2 La distinction entre Fraude fiscale et vasion fiscale

En ralit, la distinction entre fraude fiscale et vasion fiscale nest pas une tache aise aussi bien sur le plan pratique que thorique, tel point que lassociation fiscale internationale runie Venise en 1983 a renonc en proposer une dfinition. Aprs deux jours de travaux mens par nombre5 dauteurs cette qute a t abandonne ( ).

Toutefois et pour des raisons de commodit, lvasion fiscale dite fraude lgale ou lgitime a dabord dsign, entre les deux guerres la forme6 internationale de la fraude. Cest le sens que lui donnaient M. Lerouge. ( )

Toutefois, le plus souvent lvasion fiscale est entendue comme lart dviter de tomber dans le champ dattraction de la loi fiscale. Enfin dans un troisime sens, que lui donne notamment M. Duverger, lvasion fiscale devient un terme gnrique dsignant lensemble des manifestations de fuite devant limpt. La fraude lgale lato sensu va alors jusqu englober la fraude illgale. Au sens intermdiaire le plus frquemment retenu la fraude lgale permet dviter limpt selon trois modalits : - Soit la loi fiscale amnage elle-mme la fraude lgale par un rgime fiscal de faveur, le contribuable prend connaissance de ce rgime et en bnficie compte tenu de son activit.

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Voir Dictionnaire encyclopdique de finances publiques, Economica. Paris. 1991, P855

sous la direction de loie Philip6

Lerouge, Thorie de la fraude en droit fiscal, P.156

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- Soit plus simplement, le contribuable sabstient daccomplir lactivit, lopration ou lacte taxable. - Soit enfin, la fraude lgale se produit par la manipulation des failles du systme fiscal ce qui permet au contribuable de se soustraire certaines obligations en matire dimpt sans contrevenir la loi. Elle se7 ramne lhabilit fiscale ou au choix de la voie la moins impose ( ).

Au vu de ce qui prcde, la fraude lgale se situant aux confins de la lgalit, fonde sur lhabilet fiscale et lexpression est synonyme dvasion fiscale. La dfinition, fournie par BARILARI et DRAPE claire ce point : Action visant soustraire limpt tout ou partie de la matire imposable sans contrevenir formellement la loi. En ce sens, lvasion fiscale se distingue de la fraude fiscale, qui implique un comportement, actif ou passif, en infraction avec les rgles fiscales. Concernant la fraude illgale, expression plonastique, elle dsigne la violation directe et ouverte de la loi fiscale. Le terme fraude illgale est employ en symtrie par rapport lexpression fraude fiscale. Malgr les diverses dfinitions apportes, la confusion entre les deux notions ne sefface que partiellement et il reste difficile de dpasser lindtermination des phnomnes, cest pour cette raison que nous essaierons dapprocher les deux comportements autrement, en analysant les points communs et les divergences entre la fraude fiscale et lvasion fiscale, sachant que lune comme lautre aboutit luder la totalit ou une partie de limpt d par le contribuable.7

B. Navatte, la fraude et lhabilit en droit fiscal Dalloz 1951. Chronique P.87

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Paragraphe 1 : Les lments communs La fraude et lvasion fiscale prsentent un certain nombre de caractristiques communes. La premire de ces particularits est que toutes deux procurent un gain au contribuable, donc une conomie par rapport la dette fiscale initiale du contribuable : la motivation financire est donc prsente dans les deux cas.

En second lieu, la fraude comme lvasion fiscale dcoulent toutes les deux de lexistence de lintention prmdite dluder limpt.

La raction ngative face limpt constitue galement un lment en commun entre la fraude et lvasion fiscale, tout contribuable qui dans le but dchapper limpt utilisera lune ou lautre des mthodes . Si la pratique de lvasion requiert de son auteur une connaissance trs profonde de la lgislation fiscale, et lart de la dtourner son profit, la fraude fiscale suppose un sens du risque.

En effet, si la fraude fiscale consiste en un acte isol intervenant posteriori, lvasion fiscale suppose une action organise priori consistant en une fuite avant limpt, cette action peut intervenir au moment mme de llaboration de la loi fiscale, ainsi en France par exemple, lAssemble Nationale, "les attachs parlementaires dlgus par les organisations les plus puissantes dfendent jalousement les intrts de leur mandants. Leur rle : sur les dossiers qui les concernent, essay de faire passer les amendements rdigs par leurs soins aux diffrentes tapes de llaboration dun projet de loi. "

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Paragraphe 2 : Les divergences Les divergences entre la fraude fiscale et lvasion fiscale seront analyses partir des lments suivants : - Lacte : Il sagit dvasion fiscale lorsque intentionnellement, le contribuable utilise dune manire abusive les lacunes du dispositif fiscal national, et lexistence de systmes fiscaux variables selon les diffrents pays. Quant la fraude fiscale, elle suppose un comportement intentionnel consistant dissimuler une partie des recettes ou majorer les charges. - La lgalit : Sur un plan juridique la lgalit de lacte constitue un critre de sparation : la fraude est illgale car elle constitue une transgression des dispositions fiscales, alors que lvasion fiscale est aux regards de la lgislation comme nenfreignant pas la loi, elle est donc lgale autant quhabile. - La sanction : cest la notion dinfraction qui spare, en droit, la fraude et lvasion fiscale.

La qualit dinfraction ne sapplique qu la fraude fiscale qui est susceptible de sanctions soit fiscales, soit pnales. Alors que lvasion fiscale ne fait pas lobjet de rpression.

Donc, vasion et fraude fiscales se confondent : lvasion serait une variante de la fraude, puisque chercher luder limpt par quelque moyen que ce soit revient frauder.

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Dans la pratique, les contribuables qui soffrent le luxe de frauder le fisc par le canal de lvasion fiscale sont peu nombreux, vu que cette pratique ncessite des contribuables bien informs juridiquement et fiscalement ou du moins qui ont les moyens de se payer les services des cabinets de conseil dans ce but.

En conclusion, dans la suite de notre dveloppement, nous retiendrons uniquement la notion de la fraude fiscale, tant entendu que comme souligne plus haut lvasion fiscale ne constitue quune variante de la premire.

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CHAPITRE 2 LES CAUSES DE LA FRAUDE FISCALE

Pourquoi sintresser aux ressorts de la fraude fiscale ? La question peut se poser dans la mesure o la fraude est dabord un phnomne illgal, qui pnalise les organismes publics, alourdit la charge de la contribution commune pour lensemble des contribuables et vient rompre le principe fondamental dgalit devant limpt. Dans ces conditions,

le rle des services en charge doit tre de lutter contre ces comportements, quelles quen soient les causes et les ressorts.

Pourtant, faute de comprendre les causes de la fraude fiscale, les autorits publiques risquent en matire de lutte contre la fraude, de sen tenir aux symptmes sans en traiter les causes relles au risque de mettre en place des stratgies inadaptes.

En effet, les causes de la fraude fiscale sont certainement multiples, cest pourquoi il serait hasardeux de se risquer affirmer que tel ou tel facteur est prdominant parmi la longue liste de ceux qui sont traditionnellement avancs comme par exemple, linadaptation du systme fiscal, le refus des contraintes, lidologie, lantitatisme, les mentalits, le got du risque, la conjoncture8 conomique, la pression fiscale, ou encore lappt du gain ( ). De mme

quon ne saurait avancer que chacune des causes influe sparment sur le contribuable et lincite frauder, il savre quen gnral, les diverses causes simbriquent entre elles, se compltent et donnent en consquence un aspect complexe du phnomne de la fraude fiscale.8

BOUVIER : Introduction au droit fiscal gnral et la thorie de limpt L.G.D.J.2004 P

.15422

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Certaines causes ne sont pas facilement perceptibles ds lors quelles tiennent des aspects psychosociologiques, dautres par ailleurs, subissent des fluctuations quant limportance de leurs effets en fonction des donnes soit lgislatives, techniques, conomiques ou conjoncturelles. Ce qui semble sr, cest que les causes prvalant dans les pays avancs, ne sont pas forcment identiques celles qui engendrent la fraude fiscale au sein des pays en voie de dveloppement. Donc limportance des causes et explications du phnomne revtent un caractre relatif ds linstant o lon se place dans des environnements diffrents.

Ceci dit, Nous allons essayer daborder les diffrentes causes de la fraude fiscale travers une optique dualiste : - Les causes imputables au contribuable en fonction des contraintes et donnes dordre socio - psychologique ; - Les interdpendances des systmes politique, conomique et financier ; - Les causes imputables lAdministration, en tant quune organisation disposant dun arsenal matriel, technique et rglementaire.

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Section 1 Les causes imputables au contribuable

La fraude fiscale est le fait du contribuable .Ce dernier justifie ou explique son geste par des facteurs culturels, historiques, psychologiques et conomiques quil subit, ou alors par son attitude lgard de lenvironnement social et institutionnel quil rprouve gnralement.

Paragraphe 1 : Les causes dordre culturel et historique Dune manire gnrale, tous les peuples ont t faonns par des facteurs culturels et historiques, de sorte quils adoptent actuellement une attitude variable lgard de limpt. Le sentiment dhostilit lgard de limpt ne date pas dhier, et ce quelque soit le contexte dans lequel on se place .Comme le souligne G.ARDANT, les situations dans lesquelles soprait le prlvement dans toute sa forme, navaient pas pour pralable lassentiment du contribuable, celui-ci supportait9 sans autre moyen de dtour la contrainte du prlvement ( ).

Indpendamment de ces conditions, limpt donne limpression dtre la contrainte la plus pnible de par sa nature mme. Cette attitude

ngative et antagoniste vis--vis de limpt, a suscit des ractions violentes,10 tel le mouvement POUJADE en France ( ).

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G.ARDANT : Thorie sociologique de lImpt.

Le poujadisme : Du nom de Pierre POUJADE, est un mouvement politique et syndical franais, apparu en 1953 dans le Lot et qui disparat en 1958. Ce mouvement revendiquait la dfense des commerants et des artisans, quil considrait mise en danger par le dveloppement des grandes surfaces dans la France de laprs guerre. 24

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Ce sentiment dhostilit lgard de limpt, nest pas prsent uniquement dans lhistoire des pays dvelopps, il sest galement manifest au sein des pays en voie de dveloppement sous de formes spcifiques.

Le Maroc a eu connatre dun systme fiscal traditionnel jusquau dbut du 20me sicle. A linstar des pays musulmans, la fiscalit marocaine comprenait dune part un systme fiscal dessence religieux, et dautre part de nouvelles contributions crs linitiative des sultans. On distinguait dans cette dernire catgorie les impts de souverainet.

Les impts caractre religieux taient la ZAKAT (impt sur les troupeaux danimaux) et lACHOUR (impt sur les rcoltes ou le produit de la terre productive) : ces impts taient dus par les musulmans uniquement.

Les impts de souverainet taient constitus principalement par le KHARADJ (impt foncier auquel taient soumis les non musulmans en terre dIslam), et la JEZYA (impt de capitation). A ces deux impts sajoutaient titre ponctuel, la HEDYA , la MOUNNA , la SOUKHRA et la HARKA .

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Ce systme tel quil tait conu, incitait des formes diffrentes de rsistance selon uil sagissait des musulmans eux-mmes, ou de non musulmans.

1) LES CONTRIBUABLES MUSULMANS :

Linstitution des contributions de souverainet tait dicte par un souci de combler le manque ressenti par le Trsor Chrifien suite aux insuffisantes ressources procures par les impts dorigine religieuse. A leur tour ces impts suscitaient une attitude peu favorable de la part des contribuables musulmans pour les raisons suivantes : - Les contributions religieuses rpandaient une sorte de discrimination sociale, puisque des exemptions taient prvues au profit dune catgorie de personnes, les villes jouissaient dun privilge fiscal rel . dune manire gnrale, limpt dans sa totalit ne pesait que sur les paysans pratique, autrement dit ceux qui y taient assujettis relevaient des couches infrieures de la socit do le caractre humiliant de limpt pour cette tranche sociale. - Les systmes dassiette et de rpartition des contributions de souverainet particulirement la HEDYA (donation faite par les musulmans et les non musulmans aux souverains loccasion des

ftes musulmanes) taient si injustes quils incitaient la fraude. Le montant de limpt tait dtermin lavance, et il incombait aux tribus de sen acquitter une fois que lautorisation eut t donne aux oumanas de procder son recouvrement.

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Ce systme avait des consquences telles que quelques membres fuyaient leur tribu pour chapper limpt. Il sen suivait que ceux qui y restaient, taient obligs de supporter les quotits des membres qui avaient fui. - Les impts religieux qui taient imposs lpoque se payaient en nature. Cependant suite aux difficults financires quavait connues le Trsor en 1860, il fut dcid en 1865 de recouvrer la ZAKAT et lACHOUR en argent et ce avec toutes les difficults pratiques qui sen suivaient. Ainsi un autre systme allait supplanter

le prcdent : au lieu de calculer limpt sur le produit rel des terres et des troupeaux, ltat va le fixer forfait et en fonction de ses besoins . Dun impt religieux prlev en nature, la ZAKAT et

LACHOUR vont se transformer en une taxe arbitraire, cette mutation va entrainer de graves consquences sur un quilibre dj prcaire entre une catgorie de la population qui supporte rellement limpt et ltat, car il faut souligner que la ZAKAT ntait pour les habitants des villes quune obligation religieuse dont ils sacqutaient11 bnvolement sous forme daumnes . ( )

A cela il faut ajouter le rle de certains gouverneurs de tribus en tant que complices des fraudeurs. Il appartenait en effet ces gouverneurs deffectuer la rpartition des impts entre les tribus et au sein dune mme tribu.

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- G.AYACHE : Etudes dhistoire marocaine. Socit Marocaine des Editeurs runis27

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2) LES CONTRIBUABLES NON - MUSULMANS :

Ils taient assujettis aux deux contributions de souverainet le KHARAJ et la JEZYA , ces deux types dimpts formaient un systme fiscal rigoureux du fait quils taient souvent lobjet de modification dans le sens de la hausse, et dont la sanction tait du ressort de lautorit du Sultan.

Le caractre contraignant de ce systme fiscal constituait un facteur parmi dautres de la conversion lIslam. Mais il savra que cette conversion ne changea rien la condition des assujettis ces deux contributions, puisque le KHARADJ ne sera plus considr comme une charge due par lusager mais par la terre elle-mme.

Lapplication du KHARADJ devenait de plus en plus difficile, celle ci se heurtait la rsistance des nouveaux convertis, qui nacceptrent pas dtre trait diffremment du commun des anciens musulmans.

Donc, initialement les non musulmans staient convertis lIslam pour chapper au poids excessif de ces contributions, mais il savra que ceux ci, taient dans lobligation de la supporter aprs, et ce cause de la discrimination dont ils taient lobjet. Cest ainsi que le KHARADJ malgr quelques rformes, sera abandonn et remplac par la NAIBA .

Ce nouvel impt allait connatre la mme issue que le KHARADJ . En effet, son recouvrement tait aussi difficile et ncessitait souvent des expditions punitives. Cette rsistance tait aggrave par labus des agents chargs du recouvrement et de la liquidation de la NAIBA .

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Gnralement, les facteurs culturels ont pour effet de pousser le contribuable des pays en voie de dveloppement adopter une attitude qui lgitime la fraude fiscale.

D'autres lments renforcent cette attitude. Dans le pass rcent de certains pays, l'impt prlev sous la colonisation tait la manifestation mme de loppression. Les grve de limpt, pratiques sous l'influence des nationalistes reprsentaient une des manifestations de rsistance contre le colonisateur, certains dirigeants de mouvements nationalistes avaient laiss croire la population quelle naurait plus dimpt payer aprs lindpendance, dautres lavaient promis formellement tel tait le cas Madagascar du parti de masse, puisque le Mouvement Dmocratique de la Rnovation Nationale , cre en 1946 , garantissait ses membres une totale immunit fiscale aprs lindpendance.

Ceci dit, que d'arme de combat , la grve de l'impt a t dnature en un instrument de dmagogie ". De tels agissements ont sans doute eu une incidence ngative sur la conception de l'impt par le contribuable des pays en voie de dveloppement, mais bien plus, leur effet s'est aggrav et a incit les citoyens l'incivisme fiscal, surtout dans les tats nouvellement cres.

On conoit ainsi que la fraude fiscale qui svit au sein des pays en voie de dveloppement, y compris le Maroc, sexplique par des causes plus au moins abstraites mais qui sont ancres dans linconscient des citoyens. Ces causes faonnent fatalement un contribuable dont le profil rpond parfaitement celui dont les actes antifiscaux ne sont pas rprouvs par sa propre conscience.

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Paragraphe 2 : Les causes psychologiques

On a souvent insist sur la primaut de la mentalit du contribuable pour expliquer le phnomne de la fraude fiscale. Lensemble des facteurs qui concourent faonner cette mentalit du contribuable sont appels causes psychologiques. Il est sr que toute fiscalit produit des effets sur le contribuable quelque soit son niveau. Pris isolment le contribuable peut avoir une perception favorable lgard de limpt ou au contraire en ressentir une rpugnance. De mme que la socit au sein de laquelle le contribuable volue, peut adopter une attitude svre ou indulgente envers le contribuable fraudeur. Il ne serait pas exagr de dire, que dans nimporte quelle socit, se manifeste, ne serait ce que tacitement, un sentiment dindulgence envers la fraude fiscale et les fraudeurs. Cette attitude est plus accentue au sein des pays en voie de dveloppement. Il vient lesprit ce niveau de tenter la comparaison suivante : le fraudeur est-il un voleur ? Ce nest pas le cas, surtout au sein dune socit o la proprit prive est sacre. On rprime donc svrement le vol, mais on ne lapparente pas la fraude fiscale.

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En effet, Pour un grand nombre de citoyens la conscience fiscale est moins rigoureuse que la conscience morale. Beaucoup de contribuables nont pas le sentiment de commettre une faute morale de la mme gravit en soustrayant au fisc la matire imposable quen dvalisant leurs voisins ou en puisant directement dans les caisses publiques. On relve une boutade dun auteur anglais du 19me sicle qui a crit : le fraudeur fiscal me plat, cest un voleur honnte, car il ne vole que ltat qui12 nest quune abstraction. ( )

Ds lors que la socit adopte une telle attitude, le fraudeur se sent en quelque sorte cautionn, et protg civilement . Il agira et se vantera de ses exploits au su de tout le monde. Ceci nous conduit nous pencher sur la notion de morale telle quelle est conue en matire fiscale au sein dune socit. La dfinition que nous proposons nous parait rpondre cette question sans quivoque : la morale fiscale est lattitude dun groupe ou de la totalit des contribuables devant le problme de laccomplissement ou de la ngligence de leurs13 obligations fiscales. ( )

Par extension, la morale fiscale dbouche sur une apprciation morale du dlit en matire fiscale : le contribuable approuve t-il ou non le dlit en question ? La rponse cette question se fait en partant de la hirarchisation du dlit fiscal au sein dune socit dtermine. Ainsi, SCHMOLDERS en se basant sur les sondages quil a entrepris sur une certaine population, est arriv la conclusion suivante : le dlit en matire fiscale nest nullement considr comme un dlit , mais un coup russi par un commerant dbrouillard.12

B.TADDEI : La fraude fiscale. Librairie technique 1979

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SCHMOLDERS : Psychologie des Finances et de lImpt .Coll. Sup. P.U.F

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Cette conception en matire de dlit fiscale est encore vrifie lorsquon constate quun citoyen honorable ne perd rien de lestime quon peut lui porter sil commet une fraude fiscale. Ds lors, frauder est une opration dont les consquences sociales sont pratiquement neutres, sinon favorables, du moment que la morale sociale ne la rprouve pas. Le Maroc connat galement lexistence de cette chelle de valeurs, en vertu de laquelle le fraudeur du fisc est jug comme un homme qui sadapte aisment un systme, qui russit dans la socit, et qui remplit ds lors toutes les conditions pour soffrir en exemple. A ce niveau on est enclin nous demander, quels sont les soubassements de cette morale fiscale, et o trouve t- elle sa justification au regard du contribuable et de lopinion publique ? Les auteurs sont partags quant cette question, certains avancent des arguments objectifs, dautres mettent laccent sur des applications dordre subjectif.

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a-Les facteurs objectifs :

En effet, pour un certain nombre dauteurs, tel M. GAUDUMET, la tendance ne pas respecter la loi fiscale rside dans ses propres caractristiques. Ce constat dcoule dune approche comparative avec la loi en gnral.

Selon M. GAUDUMET, la valeur de la loi en gnral tient aux trois points suivants :

1) Sa gnralit 2) Sa permanence 3) Son impartialit

Or, selon le mme auteur, la loi fiscale ne remplie pas ces conditions. Premirement, elle nest pas gnrale, dans la mesure o il y a une tendance personnaliser limpt : la loi fiscale essaie dadapter la charge fiscale chaque situation individuelle. Cette mme loi est souvent source de discrimination, crant des positions privilgies pour certains contribuables.

Deuximement, la loi fiscale nest pas permanente, elle est souvent sujette des remaniements : tel acte ou tel cas aujourdhui tax est exonr au bout de quelque temps. M. KTIRI reconnat concernant la loi fiscale marocaine que le propre de la fiscalit marocaine est dtre continuellement retouche, manipule, triture dans lintervalle dune loi de finances qui supprime, corrige14 prcise et complte . ( )

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EL KTIRI .M : Fiscalit et dveloppement au Maroc .Rabat, d. Maghrbines ,198233

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Enfin, elle manque dimpartialit, lapplication de la loi fiscale est impose par ltat lgislateur et par ltat juge a son propre profit . De telle sorte que les liens qui stablissent entre le contribuable et ladministration fiscale reposent sur un jeu du plus rus contre le plus fort.

Ces critiques adresses la loi fiscale appellent plusieurs remarques. Il est souhaitable de parvenir une certaine stabilit de la rgle fiscale, encore faut il que cela ne nuise pas aux impratifs de justice et de lutte contre la fraude : c'est--dire que la loi fiscale devrait se situer dans un juste milieu.

b-Les facteurs subjectifs :

Le consensus social anti fiscal peut galement sexpliquer pour des raisons subjectives :

Lutilisation des fonds publics peut constituer une lgitimation de la fraude fiscale. Faisant rfrence des enqutes quil a entrepris, M.DUVERGE, note que les motifs ont tous trait au mauvais emploi fait par ltat du produit des impts . Cette ide peut germer dans lesprit du contribuable partir des expriences auxquelles sest livr ltat, mais sa conception diffre bien entendu selon quil sagisse de contribuable dtenteurs de gros revenus ou ceux dtenteurs de faibles revenus. Ainsi pour les premiers, la pauprisation par limpt est ressentie de manire diffrente de la seconde catgorie de contribuables.

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Sagissant des contribuables de gros revenus, on relate cet gard la rflexion dun industriel Sud-Amricain qui dit que : la croissance de notre pays est fonde sur le fait que nous ne payons pas dimpt. Si nous le payions, le gouvernement les dpenserait dans de stupides entreprises, telles que . . Donc le contribuable ais des pays en voie de dveloppement prfre garder lquivalent de la grande part de limpt au lieu de la verser ltat, en considrant que lpargne faite sur la base de limpt non pay servira dautres projets dinvestissement. Le contribuable dtenteur de faible revenu lui est convaincu en plus du fait quil ya un gaspillage des deniers publics, quil ne profite pas quitablement du fruit de limpt quil paye, un sentiment de frustration et dinjustice le conduira adopter une position hostile la communaut. Il rigera par consquent la fraude fiscale comme une raction lgitime contre une socit o il se sent exclu. Donc, en gnral le contribuable attend de sa contribution un juste retour , sil estime que les pouvoirs publics font trop peu avec les recettes quils peroivent, ou que lui-mme ne reoit pas assez de biens et services publics par rapport sa contribution, ceci influencera ngativement sa volont de respecter ses obligations fiscales et crera une tolrance de la fraude fiscale par lopinion publique.

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Section 2 : Les causes non imputables au contribuable

Pour certains auteurs, la fraude fiscale traduit un rflexe habituel du contribuable qui se croit surimpos. Il est, gnralement, admis que la fraude limpt constitue pour ce dernier une soupape de sret et le moyen le plus efficace de dfense contre une pression fiscale excessive rsultant , le plus15 souvent , dun accroissement permanent des dpenses publiques. ( )

A ce titre, Andr .MARGAIRAZ fait observer que : la soustraction fiscale a augment encore avec le dveloppement des impts synthtiques tablis daprs les dclarations des contribuables. Elle sest accrue surtout avec laugmentation des taux, les difficults conomiques, linflation qui bouleverse16 les valuations et linsuffisance du contrle fiscal .( )

A cet effet, il nous appartient dintgrer dans cette approche explicative de la fraude fiscale une hypothse qui parat plausible concernant les causes non imputables au contribuable, et qui sont relativement lies son environnement politique, conomique et financier.

CHOTIN.R : Le fisc, la petite entreprise et lexpert comptable : jeux dacteurs et stratgies judicieuses. LGDJ 1994 P.165. 16 MARGAIRAZ op.cit.p. 1236

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Paragraphe

1:

Les

causes

affrentes

aux

systmes

politique,

conomique et financier marocain

Au-del des causes historiques et psychologiques, ce sont souvent les causes politiques, conomiques et financires qui ont une incidence dcisive sur le comportement du contribuable, et prcisment le contribuable marocain.

En effet, la fraude fiscale en tant que phnomne social complexe peut tre apprhende dans sa totalit, travers les interdpendances des systmes politique, conomique et financier.

a-La pression fiscale excessive :

Depuis lindpendance, les caractristiques principales des exigences du systme politique marocain rsidaient dans la volont dassurer la scurit de ltat au moyen du renforcement de son appareil administratif et la sauvegarde du pouvoir dachat de la grande masse de la population par la subvention des produits de large consommation ou stratgique. En effet, les besoins de la dfense nationale du fait de la rcupration des provinces sahariennes sont devenus des facteurs dimportance croissante qui ont pes lourdement sur le financement intrieur : La courbe des dpenses militaires na pas cess daugmenter.

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Durant cette mme priode, le rle de lEtat dans le domaine de linvestissement sest fortement accru. Pour une grande part, cette

participation a pris la forme de transfert du trsor aux entreprises publiques ou semi publiques destins au financement de leur investissement et parfois la couverture de leur dficit de fonctionnement.

Il est prciser galement que le taux dmographique de la population marocaine a progress dune faon extrmement rapide, causant ainsi : - Au niveau de la rpartition des revenus, une grande disparit entre les classes sociales ; - Au niveau de la consommation des mnages, la pauprisation dune grande partie des mnages marocains en milieu urbain et rural.

Sous leffet combin de ces deux facteurs, les pouvoirs publics ont procd par une politique de subvention au maintien des prix des produits alimentaires, cest ainsi que grce une subvention moyenne annuelle de lordre dun milliard de dirhams, les prix du pain , du sucre et de lhuile nont connu quune faible hausse , alors que les prix unitaires de ces mmes produits limportation ont t multiplis par quatre.

Ces options stratgiques, qui sinscrivent dans la logique de ltat providence ont fini par engendrer un dysfonctionnement du systme politique en terme de politique du financement et de dficit du trsor.

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Cependant, malgr les recommandations des organisations internationales concrtises par le PAS, la priode 1980 2002, a enregistr une tendance la hausse de la part des dpenses ordinaires dans les dpenses totales au dtriment de celles de linvestissement.

En parlant dinvestissement, les diffrents codes dencouragement des investissements qui se sont succds depuis lindpendance ont engendr un manque gagner non ngligeable pour les caisses de lEtat suite aux diverses exonrations octroyes, sans pour autant russir attirer les capitaux l o on lescomptait. Lexprience dans un nombre de pays a dmontr que les

facteurs qui incitent les investisseurs sinstaller dans tel ou tel pays ne sont pas souvent de nature fiscale mais ils ont plutt trait la stabilit politique, la souplesse des administrations, et lexistence de mains duvre qualifie.

Pour essayer de remdier aux diverses difficults budgtaires de cette priode, ltat avait mis une politique qui stait engage dans une approche daugmentation des taux dimposition et de cration de nouveaux impts.

La consquence normale de cette transformation fiscale tait laccroissement du phnomne de la fraude fiscale, ce qui a encore rendu le systme fiscal inoprant et incapable de rpondre aux exigences du systme politique en termes de financement public et de dveloppement conomique.

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Actuellement, si lon compare le Maroc des pays voisins et niveau de dveloppement conomique quasi-similaire la Tunisie ou encore lEgypte, on peut affirmer que la pression fiscal au Maroc est une contrainte trs pesante pour les acteurs conomiques, en loccurrence : - Les entreprises, selon leur nature juridique et leur importance conomique (grande entreprise, PMI, PME) ; - Les salaris ; - Les mnages en tant que cellule de dpense En effet, lIR applicable aux revenus des personnes physiques (gnralement salaires des particuliers) et aux socits de personnes (socit en nom collectif, socit en commandite simple et socit en participation) varie de 25% pour les revenus de 1.500 3.750 dirhams, 42% pour les revenus suprieurs 10.000 dirhams, en passant par un taux de 35% pour les revenus compris entre 3.750 et 5.000 dirhams et 40% pour ceux situs entre 5.000 et 10.000 dirhams. LIR est calcul sur le salaire brut et prlev tous les mois et directement des salaires.

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Les socits de personnes doivent encore sacquitter dun autre IR, dit sur le revenu annuel, et ce en fin danne avec une cotisation minimale de 0,25 0,5% du chiffre daffaires.

LIS de 35% des bnfices, sapplique toutes les socits de capitaux, aux tablissements publics et aux autres personnes morales et, sur option, aux socits de personnes. En plus de ces deux principaux impts, toute personne physique ou morale, de nationalit marocaine ou trangre qui exerce une profession ou un commerce, doit sacquitter de la patente.

Dautres taxes dites locales atterrissent dans les coffres du Trsor Public comme la taxe urbaine (3 ou 4%), la taxe ddilit (6 ou 10%).

Finalement, la TVA de 20% (et pour certaines activits, de 7, 10 ou 14%) est en fait supporte par le consommateur final, lentreprise servant en quelque sorte de simple collecteur pour lEtat.

Il revient dire que la classe moyenne et les petites et moyennes entreprises qui sont les premiers touchs par cette pression fiscale, malgr les dernires rvisions la baisse de lIR introduites par la loi de finances de 2007.

Cette ralit nous montre que les taux marginaux excessifs incitent la fraude fiscale, en particulier dans un systme fiscal dclaratif dpourvu de moyens appropri de contrle, notamment des petites et moyennes entreprises.

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b-Lexistence des lobbies :

Pour faire face au poids des prlvements fiscaux, les contribuables agissent : - Individuellement au moyen de la fraude fiscale. Elle peut exprimer un dsaccord sur les options politiques dun gouvernement considr, et peut devenir en quelque sorte une sanction du consentement limpt. En effet la motivation politique ou idologique de la fraude fiscale est difficile tablir lorsquelle est individuelle. Toutefois, la Cour dappel de Grenoble en France a eu connatre en date du 30 Septembre 1982, dun cas concrtisant cette motivation politique de la fraude fiscale : un matre assistant de la facult de droit de Perpignan refusait depuis 1969 de dclarer ses revenus au motif quil ne voulait pas collaborer lexercice dun pouvoir national illgitime qui ne17 correspond plus aux ncessits de la collectivit . ( )

- Collectivement, par des groupes organiss, officiellement connus, qui dfendent leurs intrts par lutilisation dun moyen lgal tel que le lobbysme . Cest le processus, par lequel un groupe dintrt ou une entreprise tente dinfluencer la politique du gouvernement. Il dcrit les activits de ceux qui recherchent les faveurs du gouvernement en approchant les hommes politiques dans les couloirs des difices gouvernementaux. Il a ensuite volu pour dcrire le processus par lequel les groupes dintrt prennent contact avec des personnes (proches) du monde politique18 pour que celles-ci interviennent en faveur de leurs objectifs . ( )

17

Jean Claude MARTINEZ : La Fraude Fiscale Que sais je ?

18

Heuverswyn J.Van Schuybrok j.p. Le Lobbying : une ancienne profession redcouverte.

Gestion 2000 Oct.-Nov.1999 n 5 P.13342

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Cest ainsi quau Maroc, pour consolider loption librale et faire entendre les thses de lentreprise, le secteur priv sappuie sur des structures reprsentatives organises telles que : - Les chambres de Commerce, dIndustrie, dArtisanat, de Service et Maritimes ; - Les diffrentes associations professionnelles regroupant les chefs dentreprises et uvrant pour la consolidation de lesprit de lentreprise et la dfense de leurs intrts. Au centre de ce rseau il ya la Confdration Gnrale des Entreprises du Maroc (C.G.E.M) qui a une fonction capitale et joue un rle catalyseur.

En fait, il est certain que les actions des diffrentes associations ne sont pas toujours trs fortes devant les actions du gouvernement, mais leur vhmence revendicative, en revanche, nest pas du reste en matire fiscale tout particulirement.

Malgr les dispositions draconiennes de la constitution et la loi organique des finances qui minimisent le rle du parlement en matire financire, celui-ci, par lintermdiaire de la commission des finances exerce des pressions sur le gouvernement pour ne pas adopter certaines dispositions financires ou pour en loigner lexcution dans le temps, ou pour les supprimer tout simplement. Les membres de la commission des finances jouent donc le rle de lobby pour dfendre, dans le cadre du jeu dmocratique, les intrts de certains groupes professionnels.

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Le lobbysme fait natre une discrimination en matire fiscale, ce qui ne fait quenraciner le problme de la fraude fiscale dans le tissu conomique marocain.

A cet gard, on peut citer lexemple dun impt difiant qui a bien t dfendu par son lobby, cest limpt agricole.

En 1970, le gouvernement ayant constat le faible rendement de limpt agricole instaur en 1961 la place du Tertib , a propos une rforme introduisant la notion dimpt sur le revenu qui est gale au rendement par hectare en tenant compte de la qualit de lexploitation et de la nature de la culture. Le lobby agricole a mobilis la majeure partie de la commission des finances et le projet a t abandonn.

Le gouvernement revient la charge dans le cadre du projet de loi des finances pour 1980 en proposant le doublement de recettes de limpt agricole par lactualisation des revenus virtuels lhectare par arrt du Ministre des Finances.

Le lobby agricole a pu mobiliser la majeure partie des dputs de la commission des finances pour bloquer le vote de la loi de finances, sous rserve que le gouvernement sengage ne pas prendre larrt dapplication ncessaire lexcution effective de laugmentation inscrite dans le projet de loi de finances.

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Suite lengagement pris par le gouvernement, les dputs ont vot le projet de loi des finances et le ministre des finances na jamais pris larrt en question.

La dernire forme de pression exerce par le lobby agricole avait concern le rejet de lintroduction du rgime de la comptabilit pour la dtermination du revenu agricole, dans le cadre de reforme fiscale promulgue en avril 1984. Cette fois-ci laction des agriculteurs notamment les grands propritaires aboutit lexonration des revenus agricoles jusqu 2000 par Dcision Royale. Dailleurs compte tenu du poids du lobby agricole, cette exonration qui a t donc consomme en 2000, a t reconduite par Dcision Royale et entrine par la loi de finances pour lanne 2001, jusquau 2010 et puis jusqu fin 2013 au motif dencourager le secteur agricole (secteur qui reprsente 16% du PIB : totalisant prs de 70 Milliards dollars, emploie 40% de la population active, soit plus de 4 Millions de personnes) .

En consquence, on peut souligner que lexistence des lobbys constitue une incitation la fraude fiscale dans la mesure o le contribuable faible qui ne peut dfendre ses intrts dans le cadre dun lobby puissant, na comme seule issue que la fraude fiscale et ce pour allger dune part la pression fiscale et dautre part pour se venger contre linjustice fiscale dont il se sent victime.

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c-La conjoncture conomique :

Les considrations conomiques sont dcisives en matire de fraude fiscale. En effet, la balance entre les avantages et les inconvnients tirs dune fraude est une question conomique. Dune part, la situation personnelle du contribuable commande souvent son comportement vis--vis de

ladministration fiscale. Si le contribuable se trouve dans une situation conomique prospre il a tendance payer ses impts pour ne pas courir le risque que ferait peser sur lui la tentative de dissimulation du revenu. Sil se trouve dans une situation difficile, il pensera que le paiement de limpt aggravera sa situation.

Dautre part, le rle de la conjoncture conomique influe sur la fuite devant limpt. Dabord lorsque la conjoncture facilite la rpercussion de limpt, elle freine le phnomne : le contribuable nest pas port frauder puisquil est sr de pouvoir rejeter le poids de limpt sur les autres. Cest leffet recherch travers la TVA et quelle produit largement. Au contraire, en priode de dpression conomique, les commerants nayant pas cette possibilit ont tendance luder limpt. Donc, il existe une certaine corrlation entre les priodes de rcession

conomique et lamplification de la fraude fiscale. Le contribuable trouve quil est difficile de sacquitter dun impt affrent un revenu ralis en priode prospre, alors quil traverse une phase pnible.

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Par ailleurs, lexistence dune conomie informelle constitue aussi une zone de fuite devant limpt dans la mesure o dans ce secteur qui est labri de ladministration fiscale, ni les bnfices, ni les salaires, ni les transactions ne sont soumis limpt ce qui engendre de fortes pertes fiscales. M.GAUDMET observe que lexistence de march parallle dans les priodes de pnurie, accentue de lampleur de la fraude : les transactions ralises sur19 ce march occulte chappent ncessairement ladministration fiscale . ( )

Paragraphe 2 : Les dfaillances de ladministration fiscale

Si un contribuable a la possibilit de ne pas se conformer ses obligations fiscales et sil considre quil na quun risque minime dtre contrl et partant sanctionn, il ya de fortes chances quil prendra ce risque. Ltendue de la fraude fiscale dpend donc en partie de la peur du gendarme , c'est--dire de la crainte que ladministration fiscale inspire aux contribuables.

Ainsi,

les

insuffisances sur

le

plan

humain

et

organisationnel,

de

ladministration fiscale facilite la tche du fraudeur, de mme que son attitude laxiste lgard de la fraude encourage la prolifration de ce phnomne.

a - Les moyens humains :

linstar des pays en voie de dveloppement, ladministration fiscale marocaine se caractrise faiblesse de son effectif. sur le plan du personnel administratif par la

19

P.M GUADEMET : Prcis de Finances Publiques .Ed. Montchretien.

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1) La sous-administration Il est vident que, linsuffisance quantitative des agents de ladministration fiscale au niveau des services dassiettes et au niveau des brigades de vrifications peut avoir des effets nfastes sur le travail de ladministration fiscal en gnral.

En effet, le nombre des dossiers contrls par an par les services de vrification reste trop faible pour permettre un contrle vraiment satisfaisant et systmatique de tous les contribuables. Ainsi, lagent incapable de toucher tous les contribuables qui relvent de son secteur se contente pour certains dossiers de reconduire les anciennes bases, bien que celles-ci aient subi des changements importants.

Cette situation de sous-effectif de ladministration fiscale marocaine ne fait que confirmer la situation qui prvaut dans tous les pays en voie de dveloppement ou presque toutes les administrations souffrent de carence de fonctionnaires. Les causes clames, tiennent au fait que ces pays manquent de personnes qualifies pour toffer leurs administrations, alors quon assiste au sein de ces pays un chmage des intellectuels.

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Cependant, la cause essentielle du sous-effectif dans ladministration fiscale semble rsider dans lintrt des contribuables influents et dtenteurs de pouvoir lobbysme , qui empchent la volont politique dagir en ce sens. Ces derniers sacharnent bloquer tout projet gouvernemental daugmenter le20 nombre des agents de ladministration fiscale. ( )

2) Le mal de ladministration De nombreux auteurs sont unanimes dire que le mal de ladministration fiscale serait le fait de deux flaux qui dvastent les administrations fiscales des pays en voie de dveloppement, il sagirait de lincomptence des agents et de la corruption.

La non qualification des agents de ladministration fiscale sexplique par la tendance de ladministration fiscale recruter des cadres de bas niveaux alors que paradoxalement il existe un chmage des intellectuels au sein de ces pays. Pour prendre lexemple du Maroc, un recrutement massif de licencis en conomie suivi dune formation pousse en fiscalit serait bnfique pour ladministration fiscale marocaine.

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De mme que lattribution des fonctions de responsabilit au sein des administrations fiscales des pays en voie de dveloppement obit souvent des critres subjectifs.

Il apparat donc que lincomptence des agents de ladministration fiscale nest pas perue comme un dsquilibre conjoncturel d au niveau de dveloppement, mais plutt comme une option dlibre que lEtat paye cher, puisque plus les agents sont incomptents moins les entres fiscales sont importantes.

La deuxime cause de la dfaillance de ladministration fiscale est la corruption. En effet daprs les Nations Unies (20) les causes de la corruption dans les administrations des pays en voie de dveloppement sont au nombre de cinq : - Linsuffisance du contrle des fonctionnaires disposant de pouvoirs trs tendus ; - Le parasitisme familial - Le mauvais exemple des politiciens - Un traitement insuffisant - Lenvironnement social tolrant

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Nous voudrions insister sur les deux derniers lments :

Le traitement insuffisant des agents de ladministration fiscale, lgitime en quelque sorte la corruption. On se rapporte la citation suivante : lEtat le devoir de rserver un traitement spcial la catgorie particulire de fonctionnaires qui, non seulement engagent leur responsabilit morale dans leur mtier, mais encore sont professionnellement les mieux placs pour juger21 de lingalit des conditions. ( )

Quant au second lment, il a trait au climat social des pays en voie de dveloppement o la pratique de la corruption revt une caractristique particulire. En effet, la ralit voudrait que tout fonctionnaire qui accomplit un devoir envers une tierce personne soit en droit de rclamer une rmunration, le service rendu est considr comme une faveur, qui appelle forcment une contrepartie. Ds lors, une socit o les critres de relations entre ladministration et ladministr se basent sur de pareilles ralits, constitue inluctablement un champ o la corruption se dveloppe saccepte et senracine. Ceci est dautant, plus vrai, quaucune volont de punir les agents corrompus nest manifeste.

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En consquence, la corruption nest plus le fait dune catgorie dtermine de fonctionnaires, mais elle touche pratiquement toute la hirarchie. La corruption est dmocratique, parce quelle stend du ministre jusquau22 planton. ( )

En somme les insuffisances sur le plan humain handicapent srieusement ladministration fiscale, et des lacunes sur le plan organisationnel viennent amplifier ces dfaillances.

b Les dfaillances dordre organisationnel :

La dfaillance de ladministration fiscale sur le plan organisationnel sarticule en gnral autour des points suivants :

1) Absence de coordination entre les services du Ministre des Finances

La collaboration entre les services du Ministre des Finances et le service des impts laisse beaucoup dsirer. Ces diffrents services (Enregistrement, Douanes, Trsorerie Gnrale) disposent conjointement de renseignements dont lexploitation et la circulation peuvent conduire les services des impts une apprhension plus exacte de la matire imposable.

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Elles constituent de surcroit, un lment de recoupement susceptible dclairer les services dassiette au moment de la vrification des dclarations faites par les contribuables, on peut citer titre dexemples dans le domaine de limmobilier, les informations que peut communiquer le service

denregistrement et du timbre au service des impts quand il sagit dapprcier les prix de cession des biens immobiliers.

2) Inexistence dune structure efficace de linformation

Les objectifs de rendement et de justice fiscale dpendent essentiellement de la manire dapprhension de la matire imposable, de la dfinition du redevable et du recoupement de ses biens et de son patrimoine.

Ces oprations demeurent largement tributaires de la structure et du circuit de linformation dont dispose ladministration fiscale. Limportance de linformation se manifeste invariablement tant au niveau de lassiette qu celui du contrle.

Linformation

fiscale

est

reue

par

ladministration

par

deux

voies

complmentaires, le recensement et la dclaration. Le premier moyen caractris par son aspect partiel et comportant des risques derreurs donne des rsultats insatisfaisants en raison du manque de moyens humains.

Quant aux informations achemines par le biais de la dclaration, elles sont prsumes tre exactes jusqu preuve du contraire. Elles ne peuvent tre remises en question qu loccasion dun contrle par la brigade de vrifications.

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Cest ce niveau quintervient la brigade des recherches, son but est de collecter systmatiquement des recoupements ncessaires au contrle fiscal.

Cependant cette dernire ne dispose en fait que dinformations parcellaires quelle envoie la demande des vrificateurs chargs dun dossier de vrification . Alors quelle est cense rpondre aux demandes manant de toutes les brigades de vrification du Maroc.

En gnral, la carence en matire dinformation place ladministration fiscale dans une position de faiblesse lgard du contribuable vrifie, qui est assur que ladministration est incapable de dceler ses manuvres frauduleuses et par consquent djouer sa tentative de frauder.

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APPROCHE GLOBALE DE LA FRAUDE FISCALE

ApprochePsychologique

ApprocheEconomique

Fraude Fiscale

ApprochePolitique

ApprocheHistorique

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CHAPITRE 3 LES PROCEDES DE LA FRAUDE FISCALE ET SES CONSEQUENCES

Aprs avoir tudi les diverses causes de la fraude fiscale tant celles imputables au contribuable que celles qui ne le sont pas, le prochain but recherch est dexposer les procds de la fraude fiscale constats lors des vrifications des comptabilits. Pour en dterminer ultrieurement les consquences.

Section 1 : Les fraudes sur limpt , sur les bnfices et la TVA Linventaire des contrles fiscaux, mettant en relief les types de fraudes courantes constats par les inspecteurs vrificateurs en tant quirrgularits graves dans les critures comptables des entreprises, permet de les classer en deux catgories : - Les fraudes sur les comptes de gestion - Les fraudes sur les comptes du bilan Paragraphe 1 : Les fraudes sur les comptes de gestion

Le rsultat fiscal de chaque exercice comptable est dtermin daprs lexcdent des produits dexploitation, profits et gains provenant des oprations de toute nature effectues par la socit ou lentreprise individuelle impose selon le rgime de la comptabilit, sur les charges engages ou supportes pour les besoins de lexploitation.

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Pour les socits et les entreprises individuelles, la fraude fiscale prend la forme dans la grande majorit des cas :

a- De minoration de produits :

Le compte ventes et recettes, constitue le poste pour lequel les dissimulations sont les plus frquentes dans les redressements du rsultat fiscal de lentreprise.

Ce type de fraude est plus facile raliser chez les prestataires de services que chez les industriels. Il est plus pratiqu par les entreprises individuelles que pour les socits de capitaux.

Ainsi, les principales irrgularits observes lors du contrle du poste chiffre daffaires concernent tout particulirement :

1) La dissimulation des recettes au moyen de vente sans facture assortie le plus souvent dune minoration corrlative des achats afin dviter une rduction apparente du pourcentage du bnfice brut qui constitue un clignotant pouvant attirer lattention du vrificateur. En effet, la vente sans facture, procd courant dans les transactions commerciales entre les petites entreprises, traduit gnralement une situation daccord ou de connivence entre lacheteur et le vendeur.

Cependant, dans le cas o lacheteur rclame une pice justificative, le commerant lui dlivre une pice dtache dun facturier spcial ou sur un carnet bons ;

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2) Limputation irrgulire des produits de vente en espces dans le compte courant dassocis. Le procd de fraude rside dans le fait de dtourner des recettes de leur compte de produits ; 3) Lattnuation des ventes par des rfactions irrgulires sous forme de remise et davoirs fictifs.

b- La manipulation frauduleuse des achats :

La vrification du compte achat fait apparatre deux principales irrgularits : majoration ou minoration des achats.

1) La majoration des achats : Elle a pour but de diminuer le bnfice imposable et dobtenir des dductions supplmentaires. Elle peut revtir plusieurs formes : - La non comptabilisation davoirs, ristournes, rabais, escomptes obtenus du fournisseur ; - Linscription de la mme facture deux dates diffrentes ou la comptabilisation de la facture originale et de son duplicata ; - La comptabilisation dachats fictifs ; - La modification du millsime de la facture et sa comptabilisation ultrieure ; - La comptabilisation des immobilisations en achats ce qui une incidence directe sur le bnfice imposable. En effet par ce biais, lentreprise cherche substituer lamortissement chelonn par une dduction totale et immdiate de sa dpense affectant dans le sens de la baisse le bnfice de lexercice de leur acquisition. Elle concerne en particulier les achats demballages rcuprables qui normalement doivent tre immobiliss ;

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- La comptabilisation de fausses factures, ce procd de fraude a tendance prendre de lampleur par la cration de socits crans. Il se base sur le mcanisme du taxi qui est un prte nom dont la seule fonction est dtre inscrit au registre de commerce pour pouvoir tablir, sur du papier commercial en tte, des factures de ventes fictives. Autrement dit, il dirige une entreprise de pure faade crans , charge dmettre des documents socits commerciaux

correspondant des oprations fictives passes avec des entreprises relles et dapparence irrprochable en leur permettant par ces factures de complaisance dobtenir des imputations ou des remboursements indus dimpts en matire de TVA .

Dans ce cadre la fraude est possible dans la mesure o le contrle des dductions est opr sur la base de documents comptables en loccurrence la facture et non sur les oprations relles.

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LES TAXIS ET LA TVA SCHEMA DUNE FRAUDE INDUSTRIELLE :

Vente toutes taxes Avec diminution frauduleuse de la TVA due sur les autres transactionsExportation

Fournisseur (Rel ou fictif)

Ventesans TVA

TAXI

DETAXEUR

Paiement rl hors TVA (ou paiement avec TVA suivi de la restitution du montant de la TVA)

Vente en Remboursement du crdit fictif de TVA

TRESOR PUBLIC

Dossier de remboursement de

Source : Conseils des Impts 1983

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2) Les minorations des achats :

Cette forme de dissimulation des achats a pour but une minoration corrlative des ventes. Elle permet de rtablir un coefficient de bnfice brut apparemment normal malgr la dissimulation dune fraction des recettes. Par ce procd, la comptabilit vite de prsenter des carts disproportionns entre les achats et les ventes afin de paratre rgulire en la forme.

Cette fraude se manifeste sous diffrentes formes : - Des omissions rptes de comptabilisation de factures rgulirement tablies par le fournisseur ; - Le rglement des achats au comptant sans facture, cest une pratique qui ne rencontre aucune difficult ni opposition en raison de lintrt commun des deux parties. une situation idale pour le vendeur dsintress qui naccorde aucune importance lidentit de son acheteur des lors que le paiement est effectu en liquide et que la marchandise est livre. La mention de comptant , tenant lieu de nom, assure lanonymat total qui correspond au dsir du partenaire. Pour donner lopration plus de garantie lespce sera prfre au chque ou tout autre moyen de paiement. Il nest pas fait usage des bons de commandes ou de livraison afin dcarter toute ventualit de preuve pouvant tablir lexistence doprations clandestines. - Les achats comptabiliss en frais gnraux : imputation comptable irrgulire qui peut tre utilise des fins frauduleuses ; - Les achats en dtail et non comptabilis.

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c- Lvaluation fictive des stocks et travaux en cours :

Les stocks, constitus pat lensemble des matires premires entrant dans le processus de production des produits finis destins la commercialisation, et les travaux en cours sont pris en compte dans la dtermination du rsultat comptable de lentreprise. Les irrgularits commises sur ces deux postes comptables ont pour but de minorer le rsultat fiscal.

1) Les fraudes sur les stocks :

Abstraction faite des erreurs matrielles, frquentes et difficilement vitables, les stocks sont sources de falsifications volontaires, conduisant soit une majoration, soit une diminution de la valeur relle du stock la clture de lexercice.

La majoration de la valeur du stock permet de faire apparatre un pourcentage de bnfice brut normal alors que des recettes minores lauraient fait apparatre anormalement faible, lexercice suivant.

Le redevable peut enregistrer ses recettes relles pour ne pas tre amen une nouvelle majoration du stock.

La diminution de la valeur du stock entrane la diminution des rsultats dexploitation, mais elle ne peut tre que limite, car le stock ne peut tre indfiniment rduit et inefficace long terme car se rpercutant dune manire inverse sur les rsultats de lexercice suivant.

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La diminution de la valeur du stock cache des ventes sans factures. Parfois il peut sexpliquer, en totalit ou en partie, selon limportance de la minoration, par du vol ou des prlvements en nature.

2) La minoration frauduleuse des travaux en cours :

La fraude sur les travaux en cours est un procd gnralement utilis par les entreprises des travaux publics et du btiment en loccurrence les entreprises de plomberie, de menuiserie, climatisation, btiment, peinture etc ..

Du fait que les travaux en cours figurent lactif du bilan pour leur cot au jour de linventaire, lentreprise pourrait avoir intrt minorer le montant de ses travaux en cours pour diminuer son bnfice. Cette minoration peut revtir deux formes : - La minoration quantitative : A ce niveau, la fraude prend la forme dune omission ou suppression totale, linventaire, dun ou plusieurs chantiers en cours, dans un but de dissimulation de la recette correspondante ou pour chapper la taxation dans le cadre de la livraison soi mme.

La minoration valuative :

Le procd de fraude rside dans lvaluation un montant infrieur au prix de revient rel par minoration dun ou plusieurs lments constitutifs de ce prix de revient (Matires premires, matriaux, main duvre etc. )

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d- La comptabilisation de charges fictives ou non lies lexploitation

Pour la dtermination du bnfice imposable, les dpenses, admises en dduction, sont celles qui sont exposes dans lintrt de lexploitation de lentreprise et qui remplissent les deux conditions suivantes :

1) Les frais et charges doivent correspondre des paiements rels ou des compensations entre les membres dun groupe de socits

adjudicataires dun mme march et appuys de pices justificatives ;

2) Ils doivent tre rattachs lexercice au cours duquel ils ont t engags.

La prise en compte, titre de frais gnraux, de dpenses fictives ou non lies lexploitation constitue un moyen commode et courant dont usent les entreprises pour rduire le rsultat fiscal. En effet limprcision sur la nature de ces frais dductibles offre aux contribuables une large marge daction. A ce titre les procds sont extrmement nombreux et varis.

On peut citer, la majoration dachat ou de charges : - A laide de factures fictives, ou de factures ou de relevs faisant double emploi ; - Par linscription de postes pour lesquels il nexiste aucune pice justificative ; - Par le paiement des salaires et honoraires ou exagrs ; - Enregistrer dans les comptes dachats ou les comptes de frais, des dpenses ne concernent pas lentreprise, mais qui profitent directement ou indirectement aux propritaires ou aux actionnaires de celle ci.

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Les redressements oprs sur les comptes de charges concernent tout particulirement : - Les honoraires, commissions, redevances ou indemnits verss des tiers ou des dirigeants et actionnaires de la socit et qui ne correspondent pas un travail effectif ; - La comptabilisation des frais de mission, de rception et de voyage personnels ou familiaux en tant que charges dexploitation ; - Des immobilisations comptabilises dans le compte des frais gnraux. Gnralement, au niveau des entreprises individuelles et en particulier des professions librales, il est frquent de relever lors du contrle des comptabilits des situations o il nest pas fait de distinction entre les dpenses personnelles et les charges lies lexploitation.

En dfinitive, les postes de frais gnraux sont source dirrgularits, danomalies voire mme de manuvres frauduleuses.

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Paragraphe 2 : Les fraudes sur les comptes du bilan

Le bilan, tat reprsentatif de la situation patrimoniale de lentreprise une date donne, dcrit : - Au passif, lorigine juridique des ressources de lentreprise ; - A lactif, leur destination conomique ou emploi. De ce fait, toute anomalie ou irrgularit frauduleuse portant sur les composantes du bilan affecte le rsultat net et par voie de consquence le bnfice imposable. A ce titre, les minorations du bnfice imposable par les manipulations les plus frquentes des comptes du bilan concernant gnralement la diminution de lactif et laugmentation de certains comptes du passif. On citera titre dexemple, les anomalies et les irrgularits caractre frauduleux suivantes qui sont relevs lors des vrifications de comptabilits des entreprises.

a- Les anomalies et irrgularits de lactif

Lapplication de taux damortissement plus levs que ceux admis par nature de biens immobiliss et par lusage et la pratique de lactivit ou la profession concerne ;

1) Linscription dans lactif des immobilisations fictives, ce qui donne lieu la constitution de dotations aux amortissements dductibles du rsultat fiscal ; 2) pas aux conditions lgales de dductibilit ; le plus souvent, la constitution de ce type de provisions est la rsultante de lencaissement de ventes en

noir encaisses par les dirigeants de lentreprise ; 3) Loctroi de prts aux actionnaires qui dissimulent en fait des actions frauduleuses sous forme de distribution de bnfices occultes.

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b- Les anomalies et irrgularits du passif

Les anomalies et irrgularits qui pourraient tre qualifies de fraude et qui concernent, tout particulirement, les provisions