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La Compagnie Présente Avec l’aide à la création du Foyer Socioculturel d’Antoing, du Centre Culturel du pays des Collines, du CAR (Centre des Arts de la Rue d’Ath ), du Centre Culturel Bruegel (Bruxelles). Avec le soutien de la ville d’Antoing. SPECTACLE RECONNU PAR LES TOURNEES ART ET VIE. La pièce est éditée chez Chloé des Lys. Compagnie Bohême en Gouaille Responsables : Sophie Barbieux & Bruno Charrier 10, rue du Rocher ~ 7640 ANTOING ~ 0476 / 65 71 10 069 / 75 80 21 [email protected] www.bohemeengouaille.sitew.com

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La Compagnie

Présente

Avec l’aide à la création du Foyer Socioculturel d’Antoing, du Centre Culturel du pays des Collines,

du CAR (Centre des Arts de la Rue d’Ath ), du Centre Culturel Bruegel (Bruxelles).

Avec le soutien de la ville d’Antoing.SPECTACLE RECONNU PAR LES TOURNEES ART ET VIE.

La pièce est éditée chez Chloé des Lys.

Compagnie Bohême en Gouaille Responsables : Sophie Barbieux & Bruno Charrier

10, rue du Rocher ~ 7640 ANTOING ~0476 / 65 71 10 ♦ 069 / 75 80 21 ♦ [email protected]

www.bohemeengouaille.sitew.com

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Texte de Bruno CharrierMise en scène de Catherine Raverdy

Avec Sophie Barbieux et Bruno CharrierTechnique du masque, Naissance des personnages et regard extérieur :

Diego Lopez SaezScénographie : Sophie BarbieuxCréation masques : Lucia Picaro

Création Lumière : Olivier DeleplanqueIllustration affiche : Alexandre Khammanivong

spectacle à Partir de 14 ans.

Sur le fil de la création…

♦ Le projet « Quenouille de fouchtre » a été accueilli en RÉSIDENCE :

Au Foyer Socioculturel d’Antoing : résidence principale avec création lumièreAu Centre Culturel du Pays des Collines (Flobecq)Au CAR (Centre des Arts de la Rue d’Ath )Au Centre Culturel Bruegel (Bruxelles)

♦ Des ÉTAPES DE TRAVAIL ont eu lieu au Foyer Socioculturel d’Antoing et auCAR.

♦ La DATE DE CRÉATION a eu lieu le 25 avril 2013 au Foyer Sociocultureld’Antoing (Rue du Burg, ).

♦ Le spectacle a été ensuite joué au Centre Culturel du Pays des Collines àFlobecq à la Maison de Village (Rue Abbé Pollart, 4) le 31 mai 2013 où il a étéreconnu par les Tournées Art et Vie.

♦ Le texte de la pièce « Quenouille de Fouchtre ! » ( initialement Quenouillede Foutre ! ) a été sélectionné pour être lu au Théâtre national de Toulousecourant 2015.

♦ Pour les dates à venir, visitez notre site.

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NOTE D'INTENTION PEDAGOGIQUE

Comme à l'époque de Molière où les troupes de théâtre s'en allaient jouerpartout où elles le pouvaient des spectacles qui permettaient aux gens des'amuser ensemble de problèmes contemporains, la compagnie Bohême enGouaille désire jouer au plus près des jeunes, dans les écoles son spectacle tout-terrain, à la fois divertissant, singulier et universel qu'est « Quenouille deFouchtre! ».… Ce spectacle de masques est une création abrupte et radicale quilaisse au vertige sa part d'expression. Avec ce spectacle, son décalage théâtrale,sa manière de transposer la réalité, sa scénographie hétéroclite et sa langue« verte », nous avons cherché à créer un espace et un univers avec l'envie desortir notamment les adolescents de leurs habitudes et avec le souhait de leurtendre des moments inattendus qui pourraient déstabiliser leurs certitudes et,pourquoi pas, leur permettre de se poser des questions sur leur manièred’espérer la vie. N'est-ce pas beau de faire exister et de partager des universparticuliers avec les adolescents pouvant en même temps être touchés et enmême temps déboussolés ? N'est-il pas important dans cette société où toutdevient uniforme, aseptisé, où tout est pour le nivellement vers le bas, où nouscherchons à rendre illicite les différences afin qu'on se sente en "sécurité", oùnotre soif de curiosité est chaque jour mise à mal, où nous faisons de chaqueindividu un bon petit produit, de créer des espaces de risque et de permettre,notamment, aux adolescents de quitter un peu leurs souliers bien confortables etd'entendre la liberté qu'est leur coeur ? N'est-ce pas une manière de leur fairedécouvrir de nouvelles choses d'eux, d'attiser leur curiosité et leur envied'apprendre ! A travers ce spectacle haut en couleurs, ne regardant pas lepublic de haut mais dans les yeux, dans l'âme, c'est ce que nous avons,artistiquement, essayé de faire : dire aux adolescents que l'art, la culture est unespace d'étonnements, de vertiges, de découvertes, de liberté et de partage. Unespace nous empêchant de nous laisser manipuler… 

Comme toute farce, « Quenouille de Fouchtre », tout en étant un spectacle  à lafois   divertissant,   singulier   et   universel   cherche   à   titiller   nos   consciences   et   notreregard autour d'un sujet… Le sujet principal  de ce spectacle est   la manipulation :Comment un pouvoir, en l'occurrence un général, peut jouer de nous, se servir de  nospeurs et de nos faiblesses, nous charmer afin de nous mener comme il le désire. Et, ànotre époque où un certain nombre de gens, partisans de la crainte, sont à nouveautentés de voter pour des partis extrémistes, voir les résultats des élections en Franceavec le Front national, n'est­il pas important d'échanger avec les jeunes autour de cethème qu'est la manipulation ? 

Ce dossier pédagogique vous permettra de découvrir l'univers singulier de cespectacle,   les   personnages,   les   masques,   et   la   ligne   narrative…   Nous   joignonségalement un petit dossier autour de la commedia dell'arte. 

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DESCRIPTION DU SPECTACLE

Grâce à l’univers « extraordinaire » du masque, la création « Quenouille defouchtre » amuseront les adolescents tout en les titillant sur certains comportementset   certaines   situations   qui   peuvent   amener   l’individu   à   se   faire   manipuler   et   às’aveugler complètement.

Dans ce spectacle,  à travers la vie d’un couple, Pépère Tapinois et MémèreGuenille, manipulation, fierté, aveuglement, désir de pouvoir et de gloire sont misen exergue par le « faux » du théâtre pour poser un regard sur la capacité qu’à l’êtrehumain à détruire sa vie et celle de l’autre. 

Loin des images vidéos, des appareils électroniques quelconques, écrite commesi la langue était de la chair, cette pièce, qui a été  conçue spécialement pour lesmasques avec deux personnages uniques,  parle autant de la violence morale ouphysique qui peut entacher un couple que de la violence sournoise, de la manipulationque peut exercer un grand pouvoir ( en l’occurrence un général ) sur des individus.

En  ce   sens,   « Quenouille  de   fouchtre ! »  est  une  transposition de certainstraits qui caractérisent  notre société. Une création où spontanéité, dialogues dechair, moments délirants et chants sont au service de la sincérité qui transpire lesurréalisme d’un spectacle brut et concret haut en couleurs.

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Le SPECTACLE et SA SATIRE

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Résumé de la pièce

Un couple errant, Pépère Tapinois et Mémère Guenille, la quarantaine, s'arrêtedans un endroit quelconque. Ce lieu inspire confiance à Pépère Tapinois, il est certainqu’ici, ils vivront, lui et sa « caille », un beau destin ! Ce n'est pas le cas de MémèreGuenille. Elle ne supporte plus Pépère Tapinois et la vie qu'elle mène à ses côtés. Sûrde lui, Pépère Tapinois oblige Mémère Guenille à installer leur campement. PépèreTapinois s’en va faire un tour. Quand il revient, il a, avec lui, un magnifique cadeau…un Général  qu'il   a  gagné   comme  lot… Chacun à   leur  manière,   certains  que   ceGénéral   va   pouvoir   leur   offrir   le   « galon   qu’ils   méritent »,  Pépère   et   Mémère,manipulés malgré eux, iront jusqu’à commettre l’irréparable…

Les personnages

Comme   toute   farce,   l'histoire   reste   fort   simple.   L'important,   ce   sont   lespersonnages, la satire et ce qu'elle dénonce. Dans cette pièce, comme nous en avons déjàparlé plus haut, le sujet principal est la manipulation. Mais afin d'exploiter au mieux cethème et que les adolescents puissent se l'approprier, il est important que la ligne directivereste entièrement centré sur les personnages. Tout se créé et doit découler d'eux. Aussi, lespersonnages  doivent   être   suffisamment   typer.   Il  doivent   également   être   suffisammentouvert pour représenter le tout­un­chacun et, de la sorte, faire que chaque adolescentpuisse se sentir proche d'eux. Ainsi,  pourront­ils recevoir au mieux l'histoire et la satire.  

Comme dans la commedia dell'arte, « Quenouille de Fouchtre ! » repose surdes personnages bien reconnaissables,  grâce à   leurs costumes,  leurs masques etleurs caractères bien typés. Mais à la différence de la commedia où les personnagesreprésentent   un   valet   ou   un   maître   ou   un   docteur,  Mémère   Guenille   est   unpersonnage qui représente toutes les femmes et Pépère Tapinois un personnagequi   représente   tous   les  hommes.  Mémère  Guenille  et  Pépère  Tapinois   sont  despersonnages   typés  mais  uniques,   sans  problème d’ordre  moral  ou   spirituel,  descréatures basiques, grotesques  ne correspondant à aucun profil social particuliermais pouvant représenter le tout­un­chacun. Nous voulons laissons découvrir leur«  photo d'identité »...

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Mémère Guenille

Si elle ne vivait pas avec son bougrede   mari,   Mémère   Guenille   serait   la   plusgrande   des   séductrices.   Elle   aimeraittellement vivre une grande et forte histoireet être admirée par tous, être à elle seule « lastatue   de   la   liberté ».   Hélas,   elle   se   sentétouffée, écrasée par Pépère Tapinois et leur« petite   vie »   qui   ne   veut   plus   rien   dire.Même si elle n’y croit plus, elle rêve que toutça   change,  qu’enfin,   elle  puisse   exister   et,par   la   même   occasion,   supprimer   PépèreTapinois de sa vie. 

Pépère Tapinois

Fier,  confiant,  content,  il  est sûrqu’un jour, lui et « sa caille », vivront desjours magnifiques.  Fou de sa femme, ilvoudrait la voir heureuse, amoureuse etqu’elle satisfasse ses envies avec plaisir.Il   n’est   pas   méchant,   il   a   même   uncaractère   plutôt   doux   mais   il   est   trèségocentrique   (il   ne   sait   pas   écouter   safemme), ce qui le rend parfois violent. Ilaimerait   tellement   qu’elle   soit   troubléepar   lui   et   que,   tous   les   jours,   elle   lefélicite d’exister.   Il veut être fier de safemme et se sentir considéré.

Le général

Le général est  une présence­absence.  C'est  le théâtrequi   le   fait   exister.   Il   n'a  pas  de  visage,   il  n'est  qu'unpouvoir qui comme une araignée installe sa toile pourfaire   de   nos   deux   protagonistes   des   pantins.   Il   estreprésenté sur scène par un objet transformé. Pourquoifaire  de   sa  présence  un  vide,  un  objet   inerte  ?  Pour

symboliser le fait que si nos deux protagonistes se font manipuler par ce général,ce   sont   eux,   au   fond,   qui   créent   cette   manipulation  et   qu’il   suffirait   qu’ilsentendent différemment leur présence pour rendre inexistant le pouvoir du général.

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La ligne narrative du spectacle

La  ligne  narrative  est  avant   tout  basée  sur   le  couple  que   forme PépèreTapinois   et   Mémère   Guenille,  sur   leur   problème   relationnel   et   leur   envie   dechangement . Bien sûr, cette envie n’est pas la même pour Pépère que pour Mémère.Pépère désire voir leur vie changer comme lui aimerait qu’elle soit tandis que Mémèreveut tout simplement changer de vie. 

En basant la ligne narrative sur leur relation, nous pouvons, à la fois, parler dela violence morale et physique que peuvent connaître certains couples et, à la fois,montrer   comment   une   situation   fragile   peut   amener   deux   êtres   à   se   fairemanipuler, en l'occurrence par un général. Ainsi, partir de la petite histoire pour enarriver à la grande.

Comment Mémère Guenille se fait­elle manipuler par le général ? Même siau début, ce général ne l’enchante pas, elle croit très vite que, grâce à   lui, elle vapouvoir   sortir   de   l’emprisonnement   que   lui   fait   vivre   Pépère   Tapinois   et,   enfin,connaître son rêve de grandeur. 

Comment Pépère Tapinois se fait­il manipuler par le général ? Pour Pépère,ce nouveau jouet qu’est le général montre combien lui­même est grand, beau et fort.Grâce à cette présence, il est persuadé que Mémère Guenille va être fascinée par lui etle traiter comme il le mérite.

De la sorte, il est facile pour le général d’en faire des pantins, il suffit pourlui de faire semblant de leur offrir ce qu’ils désirent, et ce en quoi il veulent croire.

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Si la ligne narrative est avant tout basée sur le couple, elle est également baséesur la manière de toucher le public. Afin de sentir le pouvoir du général se mettre enplace, le spectateur ne doit jamais savoir, jusqu'au moment final, ce qui va se passeraprès chacune des scènes.   Nous avons donc travaillé de telle sorte que chaqueunité d’actions soit une surprise, que chaque scène soit une pièce à part entière,l’ensemble tissant progressivement une grande toile d’araignée.  La scène finaledonnant au spectateur le plaisir de découvrir à quel point le pouvoir du général àpossédé l'espace de nos deux protagonistes.

De la sorte, le spectacle « Quenouille de fouchtre ! » pourra également, via nosdeux   personnages   et   leur   histoire,   montrer,   par   transposition,  comment   desindividus peuvent devenir les pantins monstrueux d’un pouvoir. Et,  dans notreépoque de crise, il est important de parler de cette problématique. En effet, n’est­cepas pendant de pareilles époques que le danger d’être séduit et manipulé par unedictature ou par un pouvoir fanatique peut devenir particulièrement concret ?

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Le SPECTACLE et SON UNIVERS

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Introduction

« Quenouille de fouchtre », outre le fait d'être une satire, est également un spectacle à l'universsingulier.  En règle  générale,   les   références  des   jeunes   sont   le   cinéma américain,   les   clips,   lespublicités et tout ce qui va pouvoir renforcer leurs certitudes, tout du moins, les certitudes que lasociété de consommation veut leur faire gober. De peur d'apprendre à nos dépens combien il estdifficile de leur proposer des univers qui puissent bousculer leur vision du monde et de l'art, biensouvent, nous préférons ne rien faire et leur donner ce qu'ils attendent. Mais créer et jouer pourun public, jeunes ou non, est­ce, tout simplement, faire ce qu'il attend ? En ne cherchant pas,parfois,   le   contraire,   n'est­ce   pas,   en   tant   qu'artiste,   tuer   une   certaine   liberté   ?  Nous   vousproposons à présent de découvrir un peu l'univers de notre spectacle.

Le masque

"Le   masque   a   toujours   été,   dès   ses   premières   apparitions,   représentation   :représentation d’un visage divin, humain ou animal, tour à tour héroïque terrifiant oucomique,  qui,   tout  à   la   fois,   efface   les   traits  de   celui  qui   le  porte,   et   en  exprime  lapersonnalité. Il se révèle doté d’une valeur magique parce qu’il permet la métamorphosed’un individu, rendu différent de soi et investi de pouvoirs nouveaux. Objet certes, maischargé d’une énergie secrète et mystérieuse.” (G. Calendoli) 

Le jeu masqué a son propre univers et sa propre grammaire. Le dessin du corpsdans   les  attitudes,   la  musique et   le   rythme dans   les  démarches,   le  placement  duregard, la texture de la voix, la manière de jouer avec les objets et l'imaginaire, avec lemasque, tout danse. 

Tout   en  étant   «  une  enveloppe  extérieure   reflétant  à   la  perfection  et   avecsensibilité la vie intérieure », le masque est un formidable outil de transposition. Lemasque transpose le réalisme vers un jeu autre, impossible sous le masque de faireparler son corps sur le mode du quotidien. Il a son style et son langage sublime.   Iloblige celui qui le porte à sortir de la photographie, à comprendre qu’avec lui, l’artinterprète la nature mais ne la copie pas. Grâce au masque, nous pouvons passer d’unjeu  réaliste  à  un  jeu extra­réaliste  et  avoir  un  regard  intérieur  et  différent   sur   lasociété qui nous entoure. 

Le masque offre une liberté de création et une écoute incroyable: Il permet   auspectateur  de  voir   la   réalité   avec  un autre   regard,  une  autre   sensibilité.  D'autantqu'avec   le   masque,   une   complicité   vertigineuse   se   crée   entre   le   spectateur   et   lecomédien. Et pour l'artiste, il lui permet de vivre chaque relation, chaque moment,avec  une   sincérité   amorale   et   enfantine,  une   spontanéité,   une   logique  propre  aumasque,   ce   qui   lui   offre   la   chance   de   découvrir   une  magie   qu'il   n'aurait   jamaisimaginé.  

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Les masques du spectacle « Quenouille de Fouchtre » ont été réalisés par LuciaPICARO.  Elle  s’est   inspirée des masques balinais  pour  les  créer.  Pépère  Tapinois etMémère Guenille sont des personnages qui représentent  le peuple, la masse et lesmasques  balinais  ont   cet  avantage  de  dévoiler   les  défauts  du   tout  à   chacun.  Cesmasques sont des  masques uniques.  Ils ne peuvent pas être la copie d’un autrepersonnage étant donné qu’ils doivent représenter le tout­un­chacun et le « tout­un­chacun » est fait de personnes uniques. Tout en étant uniques et différents l’unde l’autre, ces masques ont également des points communs. N’oublions pas que PépèreTapinois et Mémère Guenille vivent ensemble depuis longtemps.

L'univers de la la mise en scène

L’univers de la mise en scène a été construit, évidemment, autour du monde« extraordinaire »   qu’est   le   masque.  « Le   masque   ne   marche   pas,   il   danse.   Lemasque   ne  parle  pas,   il   chante ».   Que   ce   soit   à   travers   le   travail   corporel   oul’expression des émotions, des sentiments, nous avons cherché la sincérité de chaquemoment, de chaque mouvement, de chaque regard afin de pouvoir toucher l’essencemême du masque dans  sa propre  logique spontanée,  dans  son coeur enfantin,amoral et avant tout entier. 

Grâce   à   ce   travail,   nous   avons   créé   une   réalité   transposée,   l'histoire   seracontant avec sa propre logique surprenante. Pour que le spectateur puisse croire enla  réalité transposée  que veut être ce spectacle, nous avons fait en sorte que toutsurréalisme soit bien concret, naisse des rapports entre les personnages afin que lepublic ne perde rien de l’évolution de l’histoire et de nos protagonistes. Afin que lepublic puisse recevoir au mieux la singularité qu'a notre histoire de se raconter, il estprimordial qu'il ne perde jamais l'évolution de la relation entre les personnages et quetout vive et soit brut.

Afin d'arriver à cela, nous nous sommes également obligés à faire que chaqueobjet   de   l'espace   scénique   devienne,   un   moment   ou   l'autre,   un   jeu   pour   lespersonnages, un jeu qui permet, lui aussi, de raconter leur histoire et d'enrichir leurrelation. 

En toute modestie, nous pouvons dire que cette mise en scène danse avec lespersonnages, l'espace et les objets. Ce qui lui permet d'être réellement belle. 

Car, quelque soit le sujet, dans un spectacle de masque tout est brut mais toutdoit être beau. Beauté permettant au spectateur de « recevoir » les sens du spectacleavec un regard ouvert et d'accepter le mystère de l'oeuvre. Une œuvre doit avoir sapart de mystère afin d'espérer toucher le spectateur jusqu'en son inconscience. 

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La scénographie et les costumes

Les éléments du décor représentant le campement de Pépère Tapinois et de MémèreGuenille   sont  de  vieux  objets  qu’ils   ont   récupérés   de   ci,   de   là   et   ont  parés  ouassemblés de manière esthétique. Même si nos deux protagonistes sont des errants,même s’ils sont pauvres, ils veulent pouvoir vivre dans un  espace  qui soit  beau etriche   en   couleur.     De   la   sorte,   le   décor   ne   reste   pas   anonyme,  respire   lespersonnages et ne peut pas se confondre avec des éléments extérieurs. L'élément quireprésente   l'espace   extérieur   est   un   appareil   à   carder   quelconque   que   nos   deuxprotagonistes   utiliseront   afin   de   dresser   leur   campement.   Cet   élément   n'est   pas« théâtralisé ». De la sorte,  le campement de Pépère Tapinois et   Mémère  Guenillepeut bien se détacher du reste. Durant le spectacle, pour faire ressentir la main duGénéral sur nos deux personnages, le décor bouge et se transforme en machinede guerre.  Comme pour le reste, afin que le spectateur soit surpris par l'évolution del'histoire et sente la toile d'araignée que tisse le général, il faut qu'il ne s'attende pas à

ce que va devenir le décor.  

Quant aux costumes, Pépère et Mémère sonthabillés   de  divers   vêtements   rapiécés   et

enjolivés en harmonie avec leur campement. Dans un spectacle de masques, il estimportant que les personnages soient et se sentent beaux. 

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La langue du spectacle

Note de l'auteur : 

« Parmi les divers traits qui caractérisent cette pièce « Quenouille de fouchtre ! », jedistinguerais, tout d'abord, le langage. Il y a une dizaine d'années, j'ai lu et vu la pièce« Ubu Roi » d'Alfred Jarry et j'ai été marqué par le langage de cette farce. Dès lors, j'aitoujours voulu écrire une pièce où j'arriverais à subvertir, à ma manière, le langage.« Quenouille de fouchtre! » est née de cette envie. Mon désir, en l'écrivant, était defaire des dialogues des personnages un langage à la fois vulgaire et soutenu, coloré etirrévérencieux,   truculent   et   insolite,   où   je   me   servirais   des   mots   selon   leursymbolisme,  leur musicalité  et non simplement selon leur définition, des mots quin'appartiendraient   qu'aux   personnages   de   la   pièce,   afin   de   construire   un  universdéjanté mais vraisemblable. Le but était d'arriver à faire du langage des personnagesune matière, dirais­même, de la chair... » 

Petits extraits :

Premier extrait : Pépère Tapinois. ­ Oui ! Crénom, un beau destin ! J’ai le ventre qui en gargouille ses gloutons ! Mémère Guenille, j’ai faim !

Deuxième extrait : Mémère Guenille. ­ Si ! Exactement, Pépère Tapinois ! De par les fouets de mes intestins, c’est ce que je viens de faire !

Troisième extrait : Mémère Guenille. ­ J’ectoplasme de conjecture que je n’ai pas lechoix ? 

Quatrième extrait : Pépère Tapinois. ­ Moi­même mange ! Grogneuse !Mémère Guenille. ­ Destructeur de nourriture !

Pépère Tapinois. ­ Attention !Mémère Guenille. ­ Empaillé du cerveau !

Pépère Tapinois. ­ Hum ! Si je m’écoutais, je te mordrais les fesses !

Cinquième extrait : Pépère Tapinois. ­ Tu vois ? Et toi ! Attention à toi ! Ou tes os, tu iras les

 bouillir dans le bouillon d’un cachot.

Sixième extrait : Pépère Tapinois. ­ Moi, un hachuré ?Mémère Guenille. ­ Oui ! Hélas ! Qui est en train de dorlopiner sa tête à la

 fenêtre ? Pépère Tapinois ! Et pourquoi Pépère Tapinois dorlopine sa tête à la fenêtre ? Tu as trois secondes pour

 répondre. Un. Deux. Trois. Quenouille de fouchtre ! Parce qu’il n’est qu’une cervelle de chapon qui a oublié les ordres du général !

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La COMMEDIA DELL'ARTE

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QU'EST-CE QUE LA COMMEDIA DELL'ARTE ?

La Commedia dell'arte désigne un type de spectacle qui naquit en Italie vers1500.  Son   répertoire  repose   sur  un  grand  nombre  de   canevas  1  et  une   série  depersonnages   fixes   portant   pour   la   plupart   des  masques.  Elle   a   aussi   pour   nomCommedia all'improvviso o a soggetto, c'est­à­dire comédie où le texte est  improviséd'après un sujet, ce que nous appelons aujourd'hui un scénario. La particularité de cethéâtre c'est que les acteurs ne jouaient pas les comédies du théâtre classique mais ilsse servaient de trames 2 sur lesquelles ils inventaient des dialogues, des farces, desplaisanteries selon les désirs et les réactions du public. Ils donnaient libre cours à leurstalents de chanteurs, d'acrobates, de danseurs ou de mimes. Ils n'improvisaient pas auhasard, mais exploitaient le bon moment pour amuser et faire participer le public àl'action. C'étaient de acteurs de métier, donc de l'art (dell'arte)."Qui dit bon comédienitalien, dit homme qui a du fonds, qui joue plus d'imagination que de mémoire, quicompose en  jouant  tout ce qu'il  dit,  qui  sait  seconder avec qui   il   se trouve sur  lethéâtre." (Gherardi,  historien, 1695).  Chaque acteur finit par se spécialiser dans untype propre : l'amoureux, le pédant (qui fait étalage de  son savoir), le vantard, etc.Cette  spécialisation permit   l'évolution du personnage,  car   l'acteur   lui  donnait  unemarque personnelle. Ainsi se créèrent les masques 3 où les habitants de chaque villeretrouvaient  en même temps que leur dialecte (chaque comédien s'exprime dans salangue ou le patois de sa province) la caricature de leurs défauts et de leurs qualités.Pantalon est vénitien, Polichinelle napolitain, le Docteur est bolognais, etc. Le publicreconnaissait immédiatement le personnage à son costume : il n'était pas nécessairede préparer son entrée en scène. Souvent le même artiste jouait le même rôle pendanttoute sa carrière, si bien que lorsque mourut en France Domenico Biancolelli, on dit :"Arlequin est mort". Enfin les acteurs avaient à leur disposition les lazzi (des gags),jeux de scènes burlesques, ainsi que des tirades sur des lieux communs. Chaque acteurpossédait un répertoire de morceaux de bravoure appris par coeur : les déclarationsdépourvues de sens de Balanzone, les prouesses de  cape et d'épée du Capitaine, ledésespoir d'amour d'Arlequin... Exemples de tirades "passe­partout" apprises par coeur: le désespoir d'amour qui pourrait s'adresser également à Isabelle ou à Sméraldine, lediscours du pédant bavard et sot,   l'étalage de prouesses du Capitaine qui  sortiraitaussi bien de la bouche de Fracasse ou de Scaramouche. La pièce pouvait ainsi devenirun habile patchwork (rapiéçage) de textes. Bref l'improvisation restait toute relative, àne pas confondre avec ce que l'on pratique de nos jours dans les écoles de théâtre oules "concours d'improvisation". Un certain nombre de scènes typiques revenaient doncdans les spectacles, le plus souvent en trois actes.

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QUELLES SONT SES ORIGINES ?

Sans doute les atellanes de l'époque romaine : farces populaires qui mettaienten scène des types caricaturaux, comme Bucco, le goinfre, Lamia, l'ogresse, Maccus, lebalourd, etc. Quoi qu'il en soit, lorsqu'au XVI° siècle les mascarades (troupes de gensdéguisés  et  masqués)  quittèrent  les places publiques ­  où  elles s'étaient mêlées auxreprésentations   religieuses   ­  pour  monter   sur   les   scènes  de   l'Europe  entière,  ellesn'étaient pas  inventées de toutes pièces par les comédiens. On peut penser qu'ellesviennent   du   Moyen­Age,  précisément   des  mystères  qu'un   interdit   du   pape   avaitchassés des églises à cause de leur grossièreté et de leur manque de respect envers lesecclésiastiques. L'ancêtre de tous les masques pourrait bien être le diable.  En effet,depuis  des   temps   très   anciens  un  personnage   insolent,  poilu,  barbu,   affublé  d'unmasque, d'une paire de cornes et d'une queue noire, existait dans les pièces jouées surles autels ou les parvis, pendant la semaine sainte ou celle de Noël. Il s'en prenait auxpuissants,   à   la   noblesse,   au   clergé.   Les  textes   abondaient   en   satires   politiques,parodies, traits contre la police. Ses impertinences aboutirent à l'excommunication descomédiens qui formèrent alors des troupes vagabondes. Les saltimbanques allaient deville en ville et dressaient leurs tréteaux sur les foires ou les places publiques. Ainsi ledivertissement populaire  satirique  tua  la   représentation religieuse  et  fit  place à   lacomédie  improvisée. Le diable perdit  peu à  peu ses cornes,  sa queue,  ses poils  etdevint l'homme du peuple tantôt valet railleur et insouciant, tantôt serviteur maltraitéqui se venge en se moquant de ses maîtres. Dans chaque région il prit un caractèredifférent et employa les réparties, le langage, les expressions populaires du terroir. Ils'appela Arlequin, Brighella, Polichinelle, changeant de nom selon les provinces.

BREVE HISTOIRE DE LA COMMEDIA DELL’ARTE

Les premiers documents dans lesquels on retrouve les mêmes caractères sousles   traits  de  personnages  portant   le  même nom sont   les   comédies  de  RUZZANTE(1502­1542), né à Padoue, acteur  et écrivain en dialecte padouan. Ses thèmes sontdes histoires de mariages paysans contrariés.  Pièces  principales : La Moschetta, LaFiorina, Le paysan qui revient de guerre. On ne trouve pas en Italie de compagniesd'acteurs professionnels avant 1545. La présence d'actrices est attestée dès 1568. Lapremière troupe itinérante est celle des Gelosi qui joue à la Cour de France, appeléepar Henri III, et qui obtient un succès considérable. Les comédiens s'installent en 1576à   l'Hôtel  de  Bourgogne.  Des   familles  d'acteurs  célèbres  se   succèdent  alors   sur   lesplanches   :   les  Andreiani,   les    Fedeli,   etc.  Le  nom de Comédie   Italienne  recouvreplusieurs troupes qui jouent au Palais Royal (en alternance avec la troupe de Molière),de 1653 à 1697, date de son expulsion sur ordre de Louis XIV. A cause d'une piècesatirique dirigée contre Mme de Maintenon,   le  théâtre est   fermé  pendant 19 ans.Après le départ des Italiens , des acteurs de foire s'emparent de leur répertoire. Aumilieu des  boutiques   foraines,   ils  offrent  de  nombreux   spectacles   :   exhibitions  demonstres, sauteurs, danseurs, marionnettes. Ils y ajoutent des pièces dans le style dela Commedia, brodant sur un canevas appris par coeur. La troupe des Comédiensfrançais intente des poursuites et en 1719 les théâtres forains sont fermés.

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QUELQUES PERSONNAGES DE LA COMMEDIA DELL’ARTE

♦ ARLEQUIN

L'origine d'Arlequin est très discutée et plusieurs explications ont été proposées. Dans les pièceslatines paraissait sur scène un bouffon, le visage barbouillé de suie, la tête rasée et vêtu d'un habitde  différentes   couleurs   :   c'était   le  Sannio,  appelé  plus   tard  le  Zanni,   c'est  peut­être   l'ancêtred'Arlequin. Ce dernier doit son nom à Aliquino, le prince des démons chez Dante (Enfer, chantsXXI et XXII), mais certains prétendent que ce serait la déformation de Hellequin, nom d'un acteurdu XVI° siècle qui jouait  les bouffons. Dans la Comédie italienne, c'est un personnage de la ville"basse" de Bergame dont les habitants passaient pour sots ; ceux de la ville "haute" se croyant plusmalins.   Il  est   insolent,  cynique, gourmand, coureur de  jupons et paresseux.  Toujours à   courtd'argent, il fait de nombreux métiers : barbier, arracheur de dents, commis chez un pharmacien,etc. " Je sais tout faire : manger, boire, dormir, faire l'amour, mon seul défaut, c'est que je n'aimepas le travail" dit­il. Cette diversité d'emplois et d'idées a donné naissance à un nom commun : unarlequin,   c'est­à­dire  un homme d'opinions  changeantes.  C'est   sous  ces   traits  qu'il   est  devenul'HANSWURST de la comédie allemande. Il se montre en France à la fin du XVII° siècle, et là, ildevient plus spirituel, plus élégant et même précieux. Il a donc évolué, devenant le personnage leplus fantaisiste, le plus remuant de la Commedia. Il nécessite des dons d'acrobate et doit jouer sur les contrastes, passer rapidement du rire aux larmes.

♦ LE DOCTEUR

Le  docteur  Balanzone,  de   l'Université   de  Bologne,  membre  de   l'Académie,  homme de   lettres,avocat et médecin, fait la satire du savant. Il représente le pouvoir intellectuel tandis qu'Arlequinest   le   symbole   du  peuple.  Phraseur   pédant,   il   est   célèbre   pour   ses   interminables   discoursdépourvus de sens et son "latin de cuisine", estropiant complètement le sens des mots. Il ne fautpas confondre le Dottore italien avec le médecin de Molière. Celui de la Commedia est le plussouvent un juriste bouffon qui parodie non seulement la médecine mais la philosophie, le droit,etc.Balanzone est gros et gras, son costume et son masque sont noirs.

♦ BRIGHELLA

Son nom vient de briga : querelle. Comme Arlequin, il est originaire de Bergame en Lombardiemais il est plus astucieux puisqu'il habite la ville "haute". Il se définit lui­même ainsi : "Je suis unhomme fameux pour les fourberies et les plus belles, c'est moi qui les ai inventées". Serviteur rusé,il peut être malhonnête quand c'est nécessaire. Il retrouve les objets avant que son maître ne lesait perdus pour obtenir un bon pourboire. S'il entend tinter des pièces d'or il est prêt à tout, mêmeà supporter les injures et les coups. Il ne songe qu'à son intérêt et n'a pas le côté naïf d'Arlequin.Par exemple, si Arlequin et Brighella mangent de la polenta et que passe un papillon, Arlequin

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oublie la polenta et suit le papillon, tandis que Brighella mange la polenta et le papillon. Il faitcent promesses qu'il oublie aussitôt et prend des airs d'homme d'affaire. Au XX° siècle Brighellaouvrirait   sûrement  une agence  matrimoniale   car   il  adore  combiner   les  mariages   !   Il   consoleégalement les amants malheureux, surtout les petits vieux au grand coeur qui ont la bourse biengarnie. Il protège aussi les filles abandonnées, dans l'espoir , bien sûr, d'être "récompensé". Il estmenteur   et   bavard:   il   utilise,   dit­il,   tout   l'héritage   des  mots   que   son  père  muet  n'a   jamaisemployés! Ce malandrin a choisi deux couleurs pour son habit : le vert, couleur de l'espérancequ'il entretient toujours chez ses clients, et le blanc, car il veut "carte blanche" pour faire ce qui luiplaît.

♦ COLOMBINE

C'est la fille adoptive de Pantalon. Avec ses cheveux noirs, son nez retroussé, ses yeux vifs, elleincarne la soubrette vive et délurée. Elle est souvent l'amoureuse ou l'épouse d'Arlequin. Elle parleen dialecte vénitien, comme celui qui l'a élevée et l'a dorlotée comme ses pigeons, d'où son nom :Colombina (petite colombe). Pantalon veut la marier tantôt à Léandre, tantôt à Spaventa parcequ'ils sont riches, mais elle n'aime qu'Arlequin.

♦ PANTALON

Vieil avare, perpétuelle victime d'Arlequin et de Scapin, il se plaint des valets, "ces escrocs", desfemmes, "ces capricieuses", et des filles, "quelle ruine !" C'est le père de Colombine. Il est vénitien etsymbolise la chute de Venise, appelée autrefois la Magnifique, et tombée dans la misère, d'où soncaractère grognon, avare, et ambitieux.Il représente le vieillard amoureux et le comique vient dela contradiction entre son âge et ses désirs. Il est parfois le rival de son fils. Autrefois un Pantalondésignait un personnage jouant les rôles les plus divers pour arriver à ses fins. Aujourd'hui on sesert   encore   du  mot   "pantalonnade"   pour   faire   allusion   à   une   scène   ridicule   ou  un  discourshypocrite : les pantalonnades des hommes politiques. Pantalon porte la longue culotte à laquelleil a donné son nom qui vient du culte rendu à Venise à San Pantalone.

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LES MASQUES

♦ LEUR RÔLE

Ils tiennent une place capitale dans la Commedia dell'arte, où ils étaient non seulement unattribut, mais presque un portrait des personnages. Ils grossissent les traits et exagèrent lesexpressions. Se masquer c'est réduire l'expression mouvante du visage à une apparence fixe etrigide, mais  l'acteur dépasse en  puissance celui  qui se présente à  visage découvert,  car lemasque a son style et son langage. "Il fait éclater notre visage sur notre corps entier." (Jean­Louis Barrault)  " Un masque a une vie propre qui n'est d'ailleurs pas toujours celle que lesculpteur a voulu donner. Il y a  souvent quelque chose qui échappe au créateur". (CharlesDullin) 

♦ FABRICATION

Ils étaient faits de cuir  , matériau naturel permettant une respiration et une transpirationnormales de la peau. Le cuir est moulé sur une forme de bois et façonné avec un marteau encorne.  Une bonne maîtrise du modelage est indispensable pour ce travail d'artisan. 

Les SartoriAmleto, le père, redécouvrit une technique perdue dans la nuit de temps : faire des masquessur mesure pour les acteurs. Il ne sculpta ses masques qu'après de nombreuses tentatives. Lespremiers étaient trop durs et irritaient le visage. Il chercha à assouplir le cuir et à rendre lesformes flexibles, modelant et tannant le masque comme une paire de chaussures. Amleto estmort mais il a transmis cet art  traditionnel à  son fils Donato.  Les masques étaient parfoisréalisés en carton bouilli peint et entoilé, toujours d'une seule couleur. Beaucoup d'entre euxne couvraient pas la bouche pour lui laisser sa fonction naturelle, on les appelait alors "demi­masques". 

♦ L’EXPRESSION CORPORELLE

"Penser au corps c'est penser à nous en entier et non séparé de la tête qui considérerait lereste comme un instrument. C'est reconnaître un corps vivant au­delà de l'anatomie" (JacquesLecoq). Lorsqu'on ne joue pas "psychologique" et que l'on n'a pas le visage pour exprimer sesémotions, c'est le  corps qui dit parler,  il  faut donc le "dérouiller" afin que les membres etarticulations   fonctionnent.   Si   l'on  veut   approfondir   les   techniques   de   la   Commedia,l'entraînement doit être régulier. 

Quelques exemples : 

1. Jouer de face (d'où une plus grande difficulté à jouer avec les autres)2. Le regard appuyé, les yeux grands ouverts.3. Il faut épurer les gestes (pas de geste parasite, car le masque amplifie les attitudes). Chaquemouvement doit être fait avec une motivation.4. Ne pas jouer avec la tête mais avec tout le corps.5. Le jeu du masque est une danse.

♦ LA VOIX

Bien écouter la voix qui sort de soi et du masque, en jouer, la façonner dans les aigus, lesgraves, ou les sons nasillards afin qu'elle devienne la voix de "ce masque­là" et prenne sonlangage.

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La Commedia et le spectacle Quenouille de Fouchtre !

Ne mettant pas en scène les personnages de la commedia et leur histoire, « Quenouillede   Fouchtre »   n'est   pas   un   spectacle   de   la   Commedia   dell'arte.   Par   contre,   il   abeaucoup de similitudes avec ce théâtre :

­ Une histoire humaine et millénaire.­ Les masques des deux personnages sont des masques les définissant.­ Les deux personnages ont une voix propre à eux. Ils ont également une manière de semouvoir dans l'espace bien à eux.­ Afin de faire naître la poésie qu'est la présence du masque, le spectacle joue avec uncertain nombre de codes de jeu de la commedia.­ Le spectacle est une satire.­ Et comme après un spectacle de commedia, le plus beau compliment qu'on peut faireaux comédiens est de leur dire : On ne vous reconnaît pas du tout.