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H 2 2 Son bulletin... «... Mission accomplie...».... Derniers mots de Robert qu’enregistra mon répon- deur. «La Lettre de la rentrée» 2005 est «bouclée», il me passe, «comme d’habi- tude», le relais pour sa réalisation technique. Le mercredi précédant son «départ», il trouve en- core la force et la volonté de m’appeler chez l’im- primeur, «comme d’habitude»... La voix est lasse mais, «comme d’habitude», la question fuse : «Tu seras dans les temps pour la livraison ?». Puis, rassuré et à bout de forces, il m’envoie, «comme d’habitude» : «Salut, vieux frère, à bientôt...». Près de six ans de colla- boration avec Robert, en Commission com- munication, en Comité de rédaction et de lec- ture et, enfin, pour la réalisation technique du bulletin et autres imprimés pour notre Associa- tion (carte d’adhésion et menu du banquet jus- qu’en 2004). Le chagrin et la peine sont, dans l’instant, le lourd tribut à supporter. Mais, le cou- rage, l’abnégation et la détermination dont Robert fit preuve pour mener son combat sur tous les fronts forcent le respect et le recueillement. C’est sans doute cela la véritable amitié. Robert s’en est allé, discrètement, furtivement... Durant ses mois de lutte douloureuse pour sa vie, pas une plainte, pas une allusion à son état physique. «Ça va dou- cement, j’tiens l’coup !». En Avril, accompagné de Jean Maléco, il se déplace, chez moi, à Nogent- sur-Seine, Aube, pour inaugurer l’exposition «Louise Michel et les femmes dans la Commune de Paris». Quelques semaines plus tard, c’est au Musée de Montmartre qu’il honore, dans une vi- brante allocution, la mémoire d’André Gill. Ce fût sa dernière «apparition publique». Robert c’est tout à la fois le courage, la dignité et l’oubli de soi. Au travers de «son bulletin», honorons sa mémoi- re et continuons l’œuvre entreprise. Sachons en être dignes. La tâche sera rude mais le sillon est tracé droit. C’est sans aucun doute, ce qu’il aurait voulu, mais que, par pudeur, il n'a jamais exprimé lorsqu’il sut que son destin... Aussi, gardons le souvenir de l’homme de conviction et de combat, de l’Ami chaleureux à l’humour souvent caustique mais jamais irrespectueux, de l’organisateur, du fédé- rateur à la plume alerte, de Philémon*, du Com- munard... Louise et tous les autres «de la canaille de soixante-et-onze» l’ont sûrement accueilli à bras ouverts, là-bas, plus loin... Mais nous, nous sommes depuis le 23 août 2005, un peu plus seuls... Il va nous falloir prendre «l’habitude» de travailler sans Robert, de ne plus entendre «comme d’habi- tude» : «J’pense déjà à la couverture du prochain bulletin...», alors que le précédent est encore sous presse... Mais, si comme moi, vous croyez aux for- ces de l’Esprit, Robert ne vous quittera pas... De Juillet 2004 à Août 2005, Pierre Ysmal Raoul Dubois, Robert Goupil, René Besse et d’autres Amis nous ont quittés. A l’instar de Victor Hugo, nous pourrions, à notre façon, réécrire «L’année terrible»... Jean-Marc Lefébure * Dans ce bulletin la dernière humeur de Philémon...

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Son bulletin...«... Mission accomplie...».... Derniersmots de Robert qu’enregistra mon répon-deur. «La Lettre de la rentrée» 2005 est«bouclée», il me passe, «comme d’habi-

tude», le relais pour sa réalisation technique. Le mercredi précédant son «départ», il trouve en-core la force et la volonté de m’appeler chez l’im-primeur, «comme d’habitude»... La voix est lassemais, «comme d’habitude», la question fuse : «Tuseras dans les tempspour la livraison ?».Puis, rassuré et à boutde forces, il m’envoie,«comme d’habitude» :«Salut, vieux frère, àbientôt...».Près de six ans de colla-boration avec Robert,en Commission com-munication, en Comitéde rédaction et de lec-ture et, enfin, pour laréalisation techniquedu bulletin et autres imprimés pour notre Associa-tion (carte d’adhésion et menu du banquet jus-qu’en 2004). Le chagrin et la peine sont, dansl’instant, le lourd tribut à supporter. Mais, le cou-rage, l’abnégation et la détermination dont Robertfit preuve pour mener son combat sur tous lesfronts forcent le respect et le recueillement. C’estsans doute cela la véritable amitié. Robert s’en estallé, discrètement, furtivement... Durant ses moisde lutte douloureuse pour sa vie, pas une plainte,pas une allusion à son état physique. «Ça va dou-cement, j’tiens l’coup !». En Avril, accompagné deJean Maléco, il se déplace, chez moi, à Nogent-sur-Seine, Aube, pour inaugurer l’exposition«Louise Michel et les femmes dans la Communede Paris». Quelques semaines plus tard, c’est auMusée de Montmartre qu’il honore, dans une vi-

brante allocution, la mémoire d’André Gill. Ce fûtsa dernière «apparition publique». Robert c’esttout à la fois le courage, la dignité et l’oubli de soi.Au travers de «son bulletin», honorons sa mémoi-re et continuons l’œuvre entreprise. Sachons enêtre dignes. La tâche sera rude mais le sillon esttracé droit. C’est sans aucun doute, ce qu’il auraitvoulu, mais que, par pudeur, il n'a jamais exprimélorsqu’il sut que son destin... Aussi, gardons

le souvenir de l’hommede conviction et de combat, de l’Ami chaleureux à l’humoursouvent caustique maisjamais irrespectueux, del’organisateur, du fédé-rateur à la plume alerte,de Philémon*, du Com-munard... Louise et tousles autres «de la canaillede soixante-et-onze»l’ont sûrement accueillià bras ouverts, là-bas,

plus loin... Mais nous, nous sommes depuis le 23 août 2005, un peu plus seuls...Il va nous falloir prendre «l’habitude» de travaillersans Robert, de ne plus entendre «comme d’habi-tude» : «J’pense déjà à la couverture du prochainbulletin...», alors que le précédent est encore souspresse... Mais, si comme moi, vous croyez aux for-ces de l’Esprit, Robert ne vous quittera pas...De Juillet 2004 à Août 2005, Pierre Ysmal RaoulDubois, Robert Goupil, René Besse et d’autresAmis nous ont quittés. A l’instar de Victor Hugo,nous pourrions, à notre façon, réécrire «L’annéeterrible»...

Jean-Marc Lefébure

* Dans ce bulletin la dernière humeur de Philémon...

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A COMMUNEDE PARIS-1871

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H ommage

Parmi ton apport à l’Association des Amis de laCommune de Paris, nous retiendrons particuliè-rement ton «œuvre» concernant l’élaboration, laréalisation du bulletin. Celui-ci est devenu attrac-

tif, formateur, pédagogique. Avec sa présentation ori-ginale et attractive, le bulletin est vraiment devenu lavitrine de l’Association.Pour ce faire, tu as fait un large appel aux contribu-teurs anciens et nouveaux, tu as découvert des talentsque tu as immédiatement utilisés. Tu as réuni autourde toi une équipe «soudée» où chacun a sa place etpeut toujours proposer démocratiquement dans un do-maine qui n’est pas nécessairement le sien.A partir d’une préparation de réunion de travail du Comité, préparation que tu élaborais avec soin, mé-thodes et rigueur ; tu menais rondement le débat, cequi permettait de faire le tour des problèmes dans untemps programmé et limité ne laissant pas de placeaux bavardages inutiles et stériles comme on les ren-contre encore trop souvent. Puis la réunion se termi-nait avec un rapport précis rédigé et diffusé par notresecrétaire et bien sûr par un sympathique apéritif oudéjeuner.Tu as lancé l’idée et la réalisation de communicationssupplémentaires sous la forme d’un bulletin exception-nel comme celui du cent-trentième anniversaire

(numéro 14), de la «Lettre de la Rentrée» que nos adhérents reçoivent maintenant tous les ans en Sep-tembre. Tu as su assurer et entretenir l’excellence denos rapports avec les imprimeurs successifs, ce qui apermis d’augmenter le nombre de pages et de tiragesdu bulletin, sans entamer d’un centime nos financescombien précaires. Tu savais, dans la bonne humeurmais avec fermeté, relancer les «plumes» en retard,sans jamais lasser.Certes, ce résultat est dû tout à la fois à ton actionpersonnelle, comme responsable aux qualités multi-ples, humour qui s’exprimait dans le billet signé «Philé-mon», amicale rigueur, ouverture d’esprit, et à l’équipeque tu as su constituer et animer tout au long de cesannées de collaboration. Grâce à toi Robert, et ce malgré le combat que tu menas sans défaillir contre la maladie qui t’a terrassé,le cap a été maintenu et rien n’effacera les idéaux de laCommune de Paris que tu affirmais avec conviction.Nous te sommes tous redevables...Pour te rendre hommage dans la fidélité, Robert nousmettrons tout en œuvre, pour aller encore plus loin,dans l’indépendance. Pour nous, la lutte continue.

Le Comité de rédaction

Bonne humeur, mais aussi fermeté...

«Révocable ? Vous avez dit révocable ?»

La disparition de Robert Goupil bouleverse tous lesmembres de notre Association. Depuis son adhésionaux Amis de la Commune, Robert a beaucoup contri-bué à son rayonnement. Il y tenait une place majeure.Elu le 19 févier 1996 au Conseil d’Administration, Phi-lémon signe son premier article dans le bulletin de Juin1998 : «Révocable ? Vous avez dit révocable !», fusti-geant les scandales de la Mairie de Paris de l’époque.Dès lors il s’investit dans la conception et la réalisationde notre Bulletin qui, sous son impulsion s’est forte-ment enrichi, tant au fond qu’à la forme. Son dévoue-

ment, son charisme, son sens de l’organisation le fontélire Co-Président le 23 février 2002.En dépit de sa maladie, il inspire et organise, au Muséede Montmartre, le 14 mai 2005, un hommage au cari-caturiste André Gill. Son allocution, comme d'habitudepleine de verve, soulève l’enthousiasme.Le 18 mars 2006, jour anniversaire de la Communequ’il aimait tant, nous évoquerons son action qui mar-quera durablement notre Association.

Les Amis de la Commune de Paris

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hommage

Il est bien difficile de mettre ses idées en or-dre devant une page blanche quand l’émo-tion vous submerge. On n’arrive pas à ima-giner que jamais plus Robert ne sera là pournous accueillir à la «boutique», avec son riresonore et son accolade chaleureuse.Sa bonne humeur était contagieuse et toutel’équipe se sentait à l’aise avec lui pour fairenaître régulièrement le Bulletin, ce bijou, re-flet de notre Histoire de France, que chaqueadhérente, chaque adhérent reçoit dans saboîte aux lettres. Robert était un syndicaliste. La cause étaitjuste : il se battait jusqu’au bout, aucun obs-tacle ne le rebutait. Parce qu’il aimait la vie.Il aimait les gens et les respectait.Il recevait vos lettres. Quel que soit le sujet,quel que soit le propos, reproches, critiques ou compliments (complimentsc’est mieux !), il répondait, lui. L’adhérente, l’adhérent à l’Association de la Commune, c’est une Amie, c’est un Ami.Et aussi, quel organisateur ! Parce qu’il y a un tempspour tout. On échange de bonnes blagues, mais la sortie du Bulletin, c’est sérieux. Chacun s’appliquepour que le dernier numéro soit encore plus riche.Il a apporté le meilleur de lui-même à l’Association.Combien de fois a-t-il dit, en se poussant du coude

avec Raoul ou Claude, Marcel ou Bernard, quand par-fois les aléas de la politique française nous découra-geaient : «Heureusement que nous avons la Commu-ne !». Désormais, il n’y aura plus la «patte» de Robert,poétique ou humoristique, c’était selon...Vous lirez dans ce numéro vingt-six, son dernier article, sa dernière humeur...

Jacqueline Hog

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La page blanche

Souvenir d’un Automne 1999, je pousse pour la pre-mière fois la porte du siège de l’Association des Amisde la Commune de Paris. J’ai en main une convocationpour la Commission Communication signée «RobertGoupil». Je suis arrivé très en avance. C’est un hommeau sourire franc et à la verve haute qui me reçoit. Il medonne tout de suite l’impression d’être des leurs de-puis longtemps. Le dialogue s’engage dans uneconfiance totale, cet homme sait mettre en valeur soninterlocuteur. Robert, toutes les dernières années de

travail, je ne les oublierai pas, même si dans les der-niers moments j’ai été moins disponible pour la vie del’Association (à cause d’événements professionnels in-tenses...). Robert, il y a longtemps que tu m’avais de-mandé d’écrire pour le bulletin. C’est avec un retardcertain que je le fais... Je suis un bien piètre militant del’Association. Robert, tu laisses un bien grand vide...

Pascal Bonnefemne

Souvenir d’un Automne 1999...

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Robert Goupil a donné dix ans de sa vie à notre Asso-ciation, contribuant ainsi très fortement à son essor.Membre du Conseil d’administration depuis 1996, ilanimait depuis 1998 notre Bulletin. Admirant sonesprit créateur et ses grandes qualités humaines,nous l’avons élu, le 23 février 2002, Co-Président de

notre Association. Il y a joué un rôle capital ; je ne cite-rai qu'un exemple : l’hommage rendu à André Gill. Robert, notre frère, tu nous manques énormément.

Claude Willard

Robert, notre frère...

«(...). La dernière «Lettre de la rentrée» des Amis de laCommune m’apprend la disparition de Robert Goupil !L’image qui me reste vu de lui, c’est le 13 mai 1968devant la Préfecture de Police... Sa voix tonitruante...

On aurait encore besoin de gens comme lui et de... 13 mai 1968 !»

Gilbert

Le mot d’un copain fraiseur de chez Renault...

Depuis ma première visite à l’Association début 2003,pour vous présenter un projet de fresque dédiée à laCommune de Paris, située sur un mur pignon de laPorte Montmartre à Saint-Ouen, j’ai toujours eu affaireà Robert Goupil, et j’ai eu maintes fois l’occasion de lerencontrer par la suite, au fil des événements de l’As-sociation ; chaque fois il a manifesté son amitié sansréserve.A l’occasion de la commémoration de l’anniversaire dela mort d’André Gill, il s’est adressé à moi, fin 2004,pour participer au groupe de travail de préparation, etj’en ai été flatté ; nous devions nous rencontrer dansmon atelier, car il désirait connaître mon travail. maisj’ai laissé passer cet événement auquel j’aurais aimépourtant participer, pour beaucoup de raisons, en par-

ticulier mon admiration pour André Gill, l’ami de laCommune de Paris, l’ami de Jules Vallès, celui qui aparticipé à l’Album Zutique, au sein du Cercle du mêmenom. Ce cercle hébergea Rimbaud lors de son passa-ge à Paris, fin 1871, et André Gill, lui-même, peut-être,l’accueillit-il chez lui. Cette occasion (manquée) de re-voir Robert Goupil, manquée à cause de mon étourde-rie, ne se reproduira plus, hélas, et je le regrette d'au-tant plus profondément, comme je regrette sonchaleureux accueil, et notre amitié.Je tiens à vous manifester, ainsi qu’à ses proches, toute ma tristesse face à la mort de cet Ami.Selon sa formule, je vous envoie mes salutations citoyennes autant qu’amicales.

Félix Monsonis

«Je regrette son chaleureux accueil et notre amitié...»

Les membres du Comité de Rédaction rendront un homma-ge solennel à leur Ami Robert Goupil le Samedi 19 novem-bre 2005 à 10 heures 30 au Mur des Fédérés. Chacun d’en-tre eux déposera un œillet rouge à la mémoire de Philémon.Il n’y aura pas de prise de parole. Une minute de silence sera respectée. Tous les Amis désirant partager ces quelques instants d’émotion et de souvenir nous rejoin-dront devant le Mur.

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histoire -Dossier laïcité

Au moment où est célébré le centenaire de laLoi de Décembre 1905, il n’est pas inutile derappeler que la Commune de Paris avait,trente-quatre ans auparavant, décrété la sé-paration de l’Eglise et de l’Etat.En 1871, la France vivait sous le régime duConcordat de 1801 conclu entre le Pape etBonaparte, aggravé par la Loi Falloux du 15 mars 1850 qui imposait l’instruction reli-gieuse dans les écoles. La question de la mainmisede l’institu-

tion religieuse sur l’Etat et l’Enseigne-ment se posait doncavec force.Dans ces conditions, iln’est pas étonnant quele premier décret de laCommune, adoptédès le 2 avril 1871, aiteu pour objet de ré-pondre à cette deman-de pressante de la po-pulation parisienne. Iln’est pas inutile depréciser que le décreten question remettaiten cause l’emprise del’institution religieuseet non la foi qui relèvede la liberté individuel-le. Ce décret avait étéprécédé, le 29 mars,par la mise en place de la Commission de l’Enseigne-ment qui allait créer l’Ecole laïque, gratuite et obligatoi-re, onze ans avant les lois de Jules Ferry. Sous l’impul-sion de cette Commission, et dans l’espritdémocratique et citoyen de la Commune, les munici-palités des arrondissements et les organisations popu-

laires mettaient en œuvre les mesures pratiques in-cluant l’Enseignement professionnel et l’égalité entrele sexes.L’écrasement de la Commune allait annuler ces avan-cées. Mais le grain était semé. L’œuvre de la Commu-ne ne pouvait être ignorée des législateurs de la IIIeRépublique. Et nous pouvons affirmer que l’écolelaïque, gratuite et obligatoire, et la Loi de 1905, sontles filles de la Commune de Paris-1871. Comme toutprogrès démocratique, la laïcité a été et est encore

l’objet de maintes at-taques. Comment nepas s’inquiéter despropos d’un ministreimportant appelant deses vœux le recoursaux institutions reli-gieuses pour apporterdes réponses aux diffi-cultés de vie dans lesquartiers défavorisés ?Comment rester indif-férent devant le faitque le Concordat bonapartiste reste envigueur en Alsace eten Moselle ?Le combat des Com-munards est toujoursd’actualité. L’œuvre dela Commune et la mé-thode démocratique etcitoyenne pour l’élabo-rer, sont les sources

d’inspiration pour les défenseurs de la laïcité.Yves Lenoir

N.B. Sous le titre «La Commune et la laïcité», notreAssociation vient de publier une brochure qui relate les origines et les applications immédiates du décret de la Commune du 2 avril 1871. Prix 3 euros (Frais de port : 0,77 euro).

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La Commune, une république laïque

EDITORIAL

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La Commune et la séparation de l’Eglise et de l’Etat...

LA LAÏCISATION DE L’ENSEIGNEMENT

La Convention, quelques mois avant de se séparer, aproclamé l’indépendance des cultes, le 3 Ventôse del’An III (21 février 1795) : «Nul ne pourra être empêchéd’exercer, en se conformant aux lois, le culte qu’il achoisi ; la République n’en salarie aucun».C’était l’amorce de «La séparation des Eglises et del’Etat». Mais la réaction thermidorienne a disloqué legouvernement révolutionnaire. La République est en-core fragile. Le haut clergé catholique en profite pourse réorganiser. Le 30 mai 1795, les églises sont ren-dues aux cultes.Napoléon Bonaparte, Premier Consul, dit au clergé deMilan, quelques jours avant Marengo : «Nulle sociéténe peut exister sans morale, et il n’y a pas de bonnemorale sans religion. Il n’y a donc que la religion quidonne à l’Etat un appui ferme et durable».Napoléon, en signant avec le Pape le Concordat du 15 juillet 1801, va catholiciser la France et achever dedétruire l’œuvre de la Révolution. Pendant un siècle,l’Eglise va pouvoir inculquer au peuple la soumission àla classe dirigeante et le respect de l’ordre établi.Avec la Restauration, l’alliance du trône et de l’autelest encore renforcée : L’Eglise répand les thèses du Pape Grégoire XVI, dans son encyclique «MirareVos» (1832), «qualifiant la liberté de conscience de fausse et absurde, la liberté de la presse de funes-te, exécrable».Vers les années 1830, Lamennois, Lacordaire et Mon-talembert sont à l’origine d’un catholicisme libéral favorable à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, maisils ne sont pas de force à lutter contre l’Eglise, obscu-rantisme qui les condamne.En 1849, une commission se réunit pour préparer unnouveau statut de l’Enseignement. Thiers se déchaînecontre les instituteurs, ces «anti-curés». «Qu’on fermeles écoles normales, glapit Thiers, que le curé de laparoisse se charge de l’instruction primaire. Aussi bienil apprendra toujours au peuple qu’il a plus besoin demoralité que de savoir», et Thiers nous avoue ses préférences : «J’aime mieux l’instituteur sonneur de

cloches que l’instituteur mathématicien».Utilisant au maximum les dispositions de la Loi Falloux(Mars 1850), les congrégations s’infiltrent dans les dif-férentes branches de l’enseignement. Après le coupd’état du 2 décembre 1851, l’Eglise se rallie rapide-ment au régime de Louis-Napoléon Bonaparte : L’évêque de Rennes salue en Napoléon III, «de tous lesmonarques français depuis Saint-Louis, le plus dévouéà l’Eglise et à son œuvre de civilisation et de progrès».L’Empereur augmente généreusement les salaires desministres du culte car l’Eglise est un des meilleurs sou-tiens du Régime. Louis Fiaux, qui n’est pas un extré-miste, constate que : «L’Eglise ne s’est point seule-ment associée à tous les coups de force tentéescontre la souveraineté populaire, mais il n’est pas uneconquête de l’esprit humain dans l’ordre social, poli-tique, philosophique, scientifique qu’elle n’ait anathémi-sée et combattue».Révoltés par les compromissions de L’Eglise avec leSecond Empire, les opposants à Badinguet sont despartisans convaincus de la séparation de l’Eglise et del’Etat. En 1869, lors des élections législatives, Gam-betta dans son programme radical dit «de Belleville»,inclut dans ses réformes «La séparation de l’Eglise etde l’Etat». En Octobre 1870, le professeur Jean Macé, fondateurde la Ligue de l’Enseignement avec Emmanuel Vau-chez, secrétaire général du Cercle Parisien de la Ligue, lance une pétition pour la laïcité de l’école qui recueille rapidement 1 267 267 signatures.A la même époque, plusieurs écoles laïques sont ou-vertes dans Paris. Elie Ducoudray, avocat, membre dela Société des Amis de l’Enseignement et Maire duXIVe arrondissement, prend les premières mesurespour assurer l’enseignement laïc gratuit. Sous la Com-mune, avec Maria Verdure, il propose un projet d’orga-nisation des crèches. L’administration municipale duIIe arrondissement ouvre, le lundi 9 novembre 1870,une école laïque de garçons, 49, rue Montorgueil ettrois écoles laïques de filles 41, rue Greneta, 22 rueSaint-Sauveur et 23, rue Beauregard. Louis Asseline,

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histoire - Dossier laïcité

journaliste et historien qui a succédé à Elie Ducundraydans le XIVe arrondissement, émet le vœu que les éco-les congréganistes dudit arrondissement soient immé-diatement remises entre les mains d’instituteurs etd’institutrices laïcs (29 novembre 1870).Pour les élections à l’Assemblée nationale, en Février1871, tous les Comités électoraux républicains, radi-caux et socialistes révolutionnaires insèrent dans leursrevendications «La séparation des Eglises et de l’Etat», mot d’ordre populaire que l’on retrouve dansles déclarations des candidats aux élections de la Commune.Dans leur séance de nuit du23 mars 1871, les déléguésde l’Association internationaledes Travailleurs et de laChambre fédérale des Socié-tés ouvrières lancent un appelaux travailleurs pour les élec-tions à la Commune et ils rap-pellent leurs revendicationsdont «l’instruction gratuite,laïque et intégrale». On nedoit donc pas s’étonner si undes premiers décrets promul-gués par la Commune est ce-lui de la séparation del’Eglise et de l’Etat. A la séan-ce du 2 avril 1871 de la Com-mune, le projet est présentépar le citoyen Pyat, au nomde la Commission exécutive. Le décret est adopté àl’unanimité (J.O. du 3 avril 1871) : «Art. 1. L’Eglise estséparée de l’Etat. Art. 2. Le budget des cultes est sup-primé. Art. 3. Les biens dits de mainmorte apparte-nant aux congrégations religieuses, meubles et im-meubles, sont déclarés propriétés nationales».Lefrançais, élu à la Commune dans le IVe arrondisse-ment, répond aux adversaires qui accusent la Commu-ne de spolier les congrégations : «Quant à la reprisedes biens de mainmorte, et de tous les biens apparte-

nant aux corporations religieuses, il suffit de remonterà la source originelle de ces biens pour comprendreque le décret ne faisait que restituer à la Nation ce quilui appartenait de droit et que détenaient indûment lescorporations dépossédées».Les réactionnaires ne pouvaient admettre un tel dé-cret. Il faut cependant signaler une exception : le pas-teur Edmond de Pressensé, bien que profondémenthostile à la Commune, reconnaît pourtant le bien-fondédu décret du 2 avril 1871 : «La séparation de l’Egliseet de l’Etat a beau avoir été proclamée par la Commu-ne, elle n’en demeure pas moins le seul moyen effica-

ce de rétablir la paix dans lemonde de la pensée, d’assu-rer le droit des consciences,d’en finir avec les fictions reli-gieuses, d’arracher de notresol tout ce qui subsiste de laconfusion du spirituel et dutemporel (...).».De la séparation de l’Eglise etde l’Etat découle tout naturel-lement la laïcisation des éco-les. Les délégués de la Socié-té «L’éducation nouvelle» ontremis le 1er avril une requêteaux membres de la Commu-ne. Ils demandent que l’ins-truction religieuse ou dogma-tique soit laissée touteentière à l’initiative et à la di-

rection des familles et qu’elle soit immédiatement etradicalement supprimée pour les deux sexes, danstoutes les écoles, dans tous les établissements dontles frais sont payés par l’impôt (J.O. du 2 avril 1871).Le 8 avril, Rama le délégué à l’instruction communaledu XVIIe arrondissement, fait savoir que les instituteurset institutrices des écoles et salles d’asiles publiquesde l’arrondissement sont invités à se conformer aux in-structions suivantes : ils emploieront exclusivement laméthode expérimentale ou scientifique, celle qui part

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La Commune et la séparation de l’Eglise et de l’Etat... (suite)

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toujours de l’observation des faits, quelle qu’en soit lanature, physique, morale, intellectuelle. L’enseigne-ment de la morale sera à la fois usuel et théorique, dé-gagé de tout principe religieux ou dogmatique, afin depouvoir être donné à tous, sans blesser qui que ce soit(J.0. du 13 avril 1871). Le 28 avril, une Commissiond’organisation de l’enseignement est instituée par ledélégué de la Commune à l’enseignement, EdouardVaillant. Elle est composée des citoyens André, Da Co-sta (père), Manier, Rama, Sanglier. Elle a pour objet :1. D’organiser dans le plus bref délai, l’enseignementprimaire et professionnelsur un modèle uniformedans les divers arrondis-sements de Paris ; 2. Dehâter partout où elle n’estpas encore effectuée latransformation de l’ensei-gnement religieux en en-seignement laïc (J.O. du29 avril 1871).La municipalité du IIIe ar-rondissement avertit sesadministrés congréganis-tes que leurs trois écolesdes rues Ferdinand Ber-thoud, Neuve Bourg-l’Ab-bé et de Béarn sont à par-tir du 23 avril 1871, confiés à des instituteurs laïcs. Aucours du mois d’avril, les frères et les sœurs des éco-les chrétiennes du XIIe arrondissement ont abandonnéleur poste. Un appel est fait à tous les instituteurs laïcspour que cet abandon soit comblé afin «d’inaugurer dé-finitivement l’instruction laïque, gratuite et obligatoire».Le 25 avril, Jules Allix, membre de la Commune et fai-sant fonction de maire du VIIIe arrondissement, s’adresse aux parents, aux amis de l’enseignement,aux enfants pour leur exposer la situation dans l’arron-dissement. Après avoir constaté que les écolescongréganistes ont suspendu leur engagement, il jetteles bases de l’école nouvelle dont les cours seront pu-

blics afin que les parents et les professeurs puissent yassister à leur gré. La Société «La Commune socialede Paris», dont il est le fondateur, le secondera de seslumières et de ses membres. Tous les enfants de troisà douze ans devront être bon gré, mal gré, mis à l’éco-le immédiatement. Les enfants de cinq à sept ans de-vront avoir assimilé la lecture, l’écriture, le calcul etl’orthographe. Il crée une école normale de gymnas-tique et veut en créer d’autres pour la musique et ledessin. Jules Allix n’est peut-être pas aussi «toqué»qu’on veut bien le dire quand il avertit «que les institu-

teurs ne pourront sousaucun prétexte fairepayer des fournitures auxélèves». Dans le IVe arron-dissement, les écolessont exclusivement diri-gées par des instituteurset des institutrices laïcs etla municipalité veille scru-puleusement à l’aide defréquentes inspections, àce que tout enseignementreligieux sans exceptionen soit complètementbanni (J.O. du 12 mai1871).Quelques arrondisse-

ments ont négligé de procéder à la laïcisation et le 18mai 1871, sur la proposition de la Délégation à l’Ensei-gnement, la Commune de Paris décide «Dans les 48heures, un état sera dressé de tous les établisse-ments d’enseignement tenus encore malgré les ordresde la Commune par des congréganistes. Les nomsdes membres de la Commune, délégués à la municipa-lité de l’arrondissement où les ordres de la Communerelatifs à l’établissement de l’enseignement exclusive-ment laïc, n’auront pas été exécutés, seront publiéschaque jour dans l’Officiel» (J.O. du 19 mai 1871). LaCommune entendait laïciser non seulement l’enseigne-ment mais aussi d’autres services municipaux, tels

AU COURS

DU MOIS D’AVRIL,

LES FRÈRES ET LES SŒURS

DES ÉCOLES CHRÉTIENNES

DU XIIE ARRONDISSEMENT

ONT ABANDONNÉ

LEUR POSTE.

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Selon les définitions convergentes des tex-tes de loi, des dictionnaires contempo-rains et de Monsieur Ernest Renan (1823-1892), la Laïcité se définit comme une

situation de neutralité de la société civile à l’égard desreligions. Le laïcisme qui en découle est une doctrinedonnant aux institutions et aux administrations desétats laïcs leur caractère non religieux ou areligieux - sivous digérez le néologisme -, donc officialisant leur in-dépendance de pensée etd’organisation. D’où, enFrance, une laïcisation quiassure la liberté de cons-cience aux citoyens ga-rantissant le libre exercicedes cultes mais séparantnettement l’esprit confes-sionnel de l’enseignementofficiel.Ainsi, la laïcité «à la fran-çaise» précise commentles Eglises et autres por-teurs de mystères d’outre-terre n’ont aucun pouvoirpolitique et pourquoi l’E-tat, de son côté, ne pré-tend à aucun pouvoir religieux. Voilà qui est clair. Et çan’est pas le moindre mérite des pères fondateurs de laRépublique que d’avoir formalisé la chose lors de la

Révolution de 1789. Le danger venait, déjà à cetteépoque, des croyances à un mysticisme incorporé etde leurs zélateurs..., idéologues du pouvoir royal héré-ditaire..., naïfs ensoutanés..., vendeurs de jours d’indulgence payables en ce monde et livrables dansl’autre...., pieux à calinotades..., machiavéliques ser-monnaires..., prometteurs de bonheur «post-mortem»et autres responsables d’épanchements de synoviedus à la fréquence des agenouillements.

Cependant, il en vient tou-jours de nouveaux, mêmesi certains de ces dogma-tiques ont troqué la souta-ne de la tradition pour deplus discrets costumesgris. En fait, hormis l’appa-rence, les «curetons» enveston n’ont guère chan-gé. Certes, ils ont mis unpeu d’eau dans leur vin demesse et, nonobstant lesnostalgiques de Monsei-gneur Lefèvre, certainssont devenus partisans dela démocratie. Mais, leurhiérarchie avance à la sou-

pe comme sous la Monarchie, la main droite pour bé-nir et l’autre tendue vers le grisbi. Sur ce plan, leur lob-bying semble aussi efficace que le défilé des

histoire - Dossier laïcité

que l’Assistance publique et les bureaux de bienfaisan-ce. Camille Treillard, ancien proscrit de Décembre1851, a été un bon gestionnaire de cette importanteadministration. Evidemment, il ne put, du jour au lende-main, remplacer les infirmières religieuses par des in-firmières laïques, mais il prit des mesures pour huma-niser les hôpitaux et assurer leur salubrité. Ilréorganisa les bureaux de bienfaisance en leur don-nant une direction exclusivement laïque.

La politique religieuse des Communards a été parfoiscritiquée en raison de quelques excès d’un anticlérica-lisme grossier, mais nous ne devons pas oublier queles auteurs du décret du 2 avril 1871 furent les hardisprécurseurs des Républicains qui votèrent la Loi du 7 juillet 1904 supprimant l’enseignement congréganis-te et la Loi du 9 décembre 1905 instaurant la sépara-tion des Eglises et de l’Etat.

Marcel Cerf

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La Commune et la séparation de l’Eglise et de l’Etat... (suite)

Laïcité 2005

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syndiqués de la S.N.C.F. quand ils vont de la Répu-blique à la Nation. En effet, les curés d’Alsace et deMoselle sont toujours payés par l’Etat français. Et,pour ne pas parler uniquement de nos traditions occi-dentales, les mosquées se construisent aujourd'huicomme les églises chrétiennes, avec la complicité desmunicipalités et des Conseils généraux des deuxbords. En effet, avides de réélection, François H., Ni-colas S. et les autres ratissent de plus en plus large.Mais il y a plus étonnant encore. L’Etat est le proprié-taire de très nombreuses cathédrales et églises utili-sées contractuellement par le clergé catholique. Ce-pendant, ces prestigieuses propriétés de style roman,gothique ou flamboyant représentent un coût d’entre-tien exorbitant pour les citoyens français qui ne sontpas tous des fous de la messe.En ce début de XXIe siècle, les évêchés semblent par-faitement satisfaits de la situation mais, détail amu-sant, certains regrettent de ne pouvoir ajouter leursnouveaux endroits de prière à ceux qui sont entretenuspar la République depuis 1905. Utilisant ces lieux res-tés à leur disposition, ils pensent sans doute que l’hospitalité leur est due «gratis pro deo» et «ad vitamæternam». Or l’ambition des ensoutanés de l’Islam estévidemment d’en faire autant. En effet, pourquoi l’imam n’aurait pas, lui aussi, sa tribune «gratis pro Allah» pendant la nuit des temps* ?Ainsi, sans rentrer dans les méandres et les «non dits»du financement de l’enseignement privé, cette autreboîte à malices qui mérite une analyse spécifique, onpeut dire que la frontière limitant les pouvoirs du tem-

porel et du spirituel était précise et volontariste à l’ori-gine de notre République, qu’elle est devenue floue aufil de petits arrangements démagogiques avant de de-venir aujourd’hui poreuse. Voire porteuse d’éventuelsconflits dont celui des «écolières porteuses de voile»est un exemple.Parallèlement, de nos jours, l’utopie politique donne ra-rement l’envie de se lever aux aurores pour aller voter,le travail n’apporte pas facilement l’aisance et la joiede vivre aux citoyens et nous battons ainsi des recordsd’abstention lors des élections. En revanche, durantce temps perturbant, la «Française des Jeux» et le «Pa-ri Mutuel Urbain» battent des records de chiffre d’affai-res. Nous n’en sommes plus à «Panem et Circenses»qui marqua la fin de l’Empire romain, mais nous avan-çons insoucieusement vers «Loto et R.M.I.».Les députés et sénateurs, traditionnels initiateurs ouaccompagnateurs des lois de la République, feraientbien de s’interroger sur cette question, gênante à plusd’un titre : «Est-ce que notre Laïcité va s’échouer, telleune vieille barcasse, sur les rives des lobbys religieuxdans l’indifférence de citoyens qui consacrent annuel-lement des milliards d’euros à deux nouvelles croyan-ces : le Tirage et le Grattage ?» Question subsidiaire :«Faudra-t-il faire entretenir par l’Etat ces nouveaux lieuxde culte que sont les bistrots-tabac ?».

Claude Chanaud

* Je trouverais à la fois pittoresque et justifié qu’unhommage soit rendu au Culte Protestant et au Dalaï Lama qui ne quémandent pas de budget auprès de l’Etat français.

Les Amis de la Commune de Paris-1871 - Le Centre Henri Aigueperse (UNSA-Education)L’Institut de recherche de la FSU - L’Institut CGT d’Histoire Sociale

Vous invitent à un débat sur le thème :

Mouvement ouvrier et laïcitéLE MARDI 15 NOVEMBRE 2005 DE 17 À 20 HEURES

Bourse du Travail, 67, rue de Turbigo, 75003 ParisMétro : Arts et Métiers ou Temple

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histoire

Il y a chez nous un meuble en bois précieux,d’une facture extrêmement raffinée, qui fe-rait saliver plus d’un antiquaire, malgré lescicatrices que lui ont laissées plusieurs dé-

ménagements et trois générations d’enfants nomb-reux et turbulents. En terme d’ébénisterie ce meubleréalisé vers 1880 par un maître artisan du faubourgSaint-Antoine se nomme un «chiffonnier». Mais, dans lafamille, on l’a toujours appelé le «Meuble du Forçat».J’ai entendu plus d’une fois ma grand-mère maternelle,puis ma mère, raconter son histoire et, à lafin du récit, elles avaient inévitablementles larmes aux yeux. Il m’a fallu at-teindre l’âge adulte, et parfairemes connaissances sur laCommune, pour comprendreet partager leur émotion.Car c’est effectivement unebelle histoire : celle d’unjeune médecin de la mari-ne, promis à une trèsbrillante carrière puisque,à moins de 40 ans, il arbo-rait déjà sur sa manche lesquatre galons de médecinprincipal. Natif de Toulon etamoureux de la mer, il rêvait denaviguer et ne craignait pas lesexpéditions en terres lointaines.Aussi accepta-t-il volontiers, en 1878,d’être affecté en Nouvelle-Calédonie, commemédecin du bagne de l’Ile de Nou.(...). Ce médecin, qui était un homme compatissant,doublé d’un humaniste, fut absolument horrifié par lestraitements infligés aux bagnards, et profondémentscandalisé de voir livrés à la violence d’assassins réci-divistes et de brutes irrécupérables des hommes dontle seul crime était d’avoir participé à la Commune. Ilsympathisa avec plusieurs d’entre eux, dont Louis Lu-cipia, et les soigna de son mieux, avec les moyens dubord. Il s’indigna - en vain - de la nourriture infecte que

l’on servait à ses patients et explosa littéralementquand il s’aperçut que les «riz-pain-sel» locaux détour-naient impudemment à leur profit une partie des fondsdestinés à cet usage... Il prit donc la plume et rédigeaun rapport circonstancié dans lequel il accusait en tou-tes lettres l’Administration maritime de passer desmarchés «véreux»...Ce n’était pas des choses à dire, et encore moins àécrire. On estima en hauts-lieux que ce médecin, quel’on savait libre-penseur, avait décidément le sang trop

rouge et le cœur trop à gauche. Si brillantfut-il, il n’avait pas sa place dans la

«Royale» et on brisa net sa carrièreen l’affectant définitivement à

Toulon et en le cantonnant pen-dant 15 ans dans le mêmegrade.Mais le médecin, qui n’étaitpas carriériste, garda latête haute et ne regrettajamais d’avoir proclamé lavérité. Il quitta la Nouvelle-Calédonie riche (...) des re-grets sincères qu’il laissait

derrière lui, matérialisés parun magnifique «chiffonnier»,

cadeau-surprise offert, au nomde tous ses camarades Commu-

nards, par un talentueux ébéniste dufaubourg Saint-Antoine.

De retour à Toulon, convaincu qu’on le laisse-rait végéter jusqu'à sa retraite à l’hôpital Sainte-Anne, ilprofita de sa disgrâce pour perfectionner ses connais-sances en chirurgie. (...).L’histoire pourrait s’arrêter là, mais elle a une suite.En 1893, la flotte russe vint faire escale à Toulon et laville de Paris délégua pour la circonstance quelquesconseillers municipaux, au nombre desquels se trou-vait Lucipia. Parmi la foule des officiers, ce dernier eutla surprise de reconnaître le médecin qui l’avait soignéà l’Ile de Nou. Passées les premières congratulations,

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Le meuble du forçat

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Lucipia regarda la manche d’uniforme et poussa uneexclamation incrédule : «Quoi ? Toujours quatregalons ?». «Oui, répondit le médecin, et c’est un peu àcause de vous !». Il lui raconta l’histoire du rapport. Lu-cipia, de retour à Paris, s’empressa d’en informer Hen-ri Rochefort, qui fit rapidement paraître dans «L’Intran-sigeant» quelques lignes vengeresses, et au tableaud’avancement suivant, le médecin était gratifié d’untardif cinquième galon.Il en fut très reconnaissant à Lucipia et à Rochefort,mais pas du tout à la Marine, qu’il quitta peu aprèspour ouvrir sa propre clinique. Il devint par la suite un

chirurgien réputé, encore connu dans le monde médi-cal pour avoir tenté avec succès, le 1er janvier 1900,la première suture du cœur. Ce médecin s’appelait Jules Fontan. C’était mon arrière grand-père. Je me sens très honorée d’avoir pour bisaïeul un pion-nier de la chirurgie cardiaque. Mais je suis encore plusfière d’être l’arrière-petite-fille de l’homme à qui les déportés de la Commune offrirent, en témoignage degratitude, le «Meuble du Forçat».

Elisabeth Banon

Dans une lettre adressée à Age-nor Bardous, datée du 19 juin1871, Flaubert raconte sa jour-

née au procès des Communards: «Le spectacle d’hier m’a écœuré ! Quels êtres ! Quelspiètres monstres ! Mais quelle bonacité que celle destourlourous qui les jugent».Flaubert s’est effectivement rendu à Versailles le jeudi8 juin. Mais ce n’était pas pour assister à un procès :«J’étais à Versailles le jour de l’abrogation des loisd’exil et j’ai vu beaucoup de monde». Il prévoit d’y re-tourner le jeudi 15 juin, mais ce déplacement n’est pasconfirmé. Il l’annonce dans une lettre à George Sanddu dimanche 10 ou 11 juin, mais n’y fait aucune allu-sion dans les lettres immédiatement postérieures.Il y est de nouveau le jeudi 10 août, ainsi qu’il l’annon-ce à sa nièce la veille : «Je me livrerais à cette distrac-tion (se faire enlever une dent) demain, si je n’avais unbillet d’entrée pour le conseil de guerre. J’irai donc demain à Versailles, afin de voir quelques-unes des figures de la Commune».C’est ainsi la première fois qu’il assiste au procès desCommunards.Dans sa lettre à Caroline (sa nièce) il indique avoir un «billet d’entrée pour le conseil de guerre». Ce billet,

sorte de laissez-passer lui a visiblement été fourni par Bardoux, et il le lui retourne : «Voici ton billet. Tupeux en avoir besoin. Et je te le restitue». Il rentre à Croisset le 16 août, non sans avoir passéquelques jours à Saint-Gratien chez la Princesse Mathilde... Enfin, pour conclure ce florilège, citons cesextraits d’une lettre adressée à George Sand en datedu 7 octobre 1871 : «L’instruction publique ne fera qu’augmenter le nom-bre des imbéciles... (...). Le suffrage universel tel qu’il existe est plus stupideque le droit divin... (...). L’instruction primaire nous a donné la Commune».

J.-M.L.

* Sources Bulletin n° 14 des Amis de Flaubert et de Maupassant. Rouen.

Flaubert et la Commune de Paris*...

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histoire

L’historien belge Francis Sartorius nous acommuniqué récemment un de ses arti-cles sur les rapports d’agents secrets dela police fran-

çaise opérant dans le mi-lieu des réfugiés de laCommune à Bruxelles.Le cas de l’agent Carronnous intéresse particuliè-rement parce qu’il exposeles contradictions entresa surveillance du pro-scrit Paul Vapereau et lesimplications sociales etpolitiques qui en résul-tent.Dans son rapport du 15août 1871, à la Préfectu-re de Police de Paris, Car-ron traite Paul Vapereaude «déclassé ambitieux»et «d’énergumène qui aparticipé aux orgies révo-lutionnaires» puis quel-ques lignes plus loin sonopinion sur le jeune hom-me a soudainement chan-gé, il le trouve modeste,racontant «son odysséepolitique sans forfante-rie», il blâme les fusilladesdes otages, les incendiesdes habitations. «Quelcontraste frappant entrelui et ces fanfarons, cesdéclassés ambitieux deparvenir à une positionsociale, à la fortune !».Quel est l’origine de ce rapide changement d’opinion ?Sans doute, le fait que le policier ait appris que son

nouveau protégé est le fils de Gustave Vapereau, pro-fesseur, auteur de nombreux ouvrages dont le célèbre«Dictionnaire universel des contemporains». Et voilà

notre «énergumène» trans-formé en jeune hommebien élevé qui s’est laisséabuser par son entoura-ge. Carron termine sonrapport par ces considé-rations édifiantes : «Il estdéplorable que ces jeunesgens à l’esprit cultivé, àl’éducation sévère, auxinstincts généreux aientpris au sérieux ce fouillisde déclamateurs, de cesapôtres de théories socia-les et politiques».Mais qui était réellementPaul Vapereau ?Paul Vapereau né à Toursvers 1847, docteur ès-sciences et ès-lettres, filsdu biographe Gustave Va-pereau, auteur du «Dic-tionnaire universel descontemporains» (cinq édi-tions de 1860 à 1880).Pendant la Commune,Paul Vapereau a écrit dansdes journaux révolutionnai-res sous un pseudonymeet sous son propre nomdans quelques numérosdu Journal Officiel : le 4 avril 1871 «Une paged’histoire (...). Aujourd’huila Commune est là ! Paris

ce centre d’énergie, de patriotisme et d’intelligence,vient encore une fois de relever et de régénérer la

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Le proscrit et l’agent secret

CARRON TRAITE

PAUL VAPEREAU DE

«DÉCLASSÉ AMBITIEUX»

ET «D’ÉNERGUMÈNE

QUI A PARTICIPÉ AUX ORGIES

RÉVOLUTIONNAIRES»

PUIS QUELQUES LIGNES

PLUS LOIN SON OPINION

SUR LE JEUNE HOMME A

SOUDAINEMENT CHANGÉ,

IL LE TROUVE MODESTE,

RACONTANT «SON ODYSSÉE

POLITIQUE SANS

FORFANTERIE», IL BLÂME LES

FUSILLADES DES OTAGES, LES

INCENDIES DES HABITATIONS.

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France. Par ses soins, le suffrage universel, cette ar-me de puissance, mais si dangereuse entre les mainsde ceux qui n’avaient jamais appris à s’en servir, de-viendra pour le pays, instruit et éclairé, la garantie et lasauvegarde de la liberté. Une fois encore, Paris aurasauvé la France».C’est dans le numéro du mercredi 19 avril 1871 quePaul Vapereau va publier son grand article intitulé «Le18 Mars». Il rend hommage au Comité central de laGarde nationale qui gouverne du 18 au 28 mars1871 : «Le Comité central se met à l’œuvre, réorgani-se les services, et toutes les administrations, enquelques jours, avec un personnel entièrement nou-veau et plus de quatre fois moins nombreux, fonction-nent plus régulièrement et plus rapidement qu’autre-fois».Il fait une description enthousiaste de la journée du 18 mars 1871 et exalte l’œuvre de la Commune, sespremières mesures et ses projets : «La Commune estélue, et le 28 mars date mémorable, a lieu sur la placede l’Hôtel-de-Ville la fête la plus belle et la plus solen-nelle qu’il soit donné à l’homme de contempler et àl’histoire d’enregistrer». Paul Vapereau fait preuve d’un

optimisme sans réserve que la suite des événementsviendra, hélas démentir. «Le peuple est debout et ren-verse un despotisme qui ne s’appuyait que sur sa fai-blesse. Versailles prétend comprimer la révolte : non,messieurs, ce n’est point une révolte, c’est une révolu-tion». Selon le dictionnaire Maitron, Paul Vapereau aurait éténommé contrôleur des finances pour la solde de laGarde nationale par arrêté du 17 mai 1871. On netrouve pas trace de cette nomination. Le 17 mai, c’estle directeur général du service des contrôleurs des finances pour la solde de la Garde nationale, le citoyenArmand (Hubert), qui est nommé et le 20 mai, troiscontrôleurs : Rollin, Seider, Escarfail.On ne trouve également aucun indice de sa condamna-tion par un Conseil de guerre. Se serait-il réfugié enBelgique pour échapper à des mesures répressivesqui n’étaient, sans doute, pas imaginaires comme ledémontre la surveillance exercée par l’agent secretCarron ?

M.C.

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hctualité

Pendant les Cent-Jours ( 20 mars 1815-22juin 1815), Napoléon tente d’organiser ungouvernement plus libéral, se rappro-

chant de la Monarchie constitutionnelle. Ilest prévu à cet effet un partage du pouvoir législatifentre l’Empereur et un Parlement de deux Chambres.Waterloo met fin à cette tentative.La folle double promesse du Premier ministre, hérautdu capitalisme français, admirateur et biographe del’Empereur, est de «redonner confiance aux Français»et de gagner la «bataille de l’emploi» pour sortir duchômage endémique. En cent jours, est-ce réaliste ?La théorie libérale est bavarde lorsqu’elle spécule surl’automaticité des ajustements par le marché et inven-te un monde économique symétrique. Cette théoriedevient soudainement muette lorsqu’il s’agit d’expli-quer le fait troublant que la globalisation n’est pas or-ganisée par un principe de symétrie, mais d’asymé-trie. Qu’importe ce démenti dramatique. Pouratteindre l’objectif, le gouvernement, sous l’injonctiondu Medef, fait table rase de tout ce qui grève le coûtdu travail vivant et entrave la flexibilité de l’emploi.Avec le chèque emploi, c’est la liquidation du contratde travail et la référence aux Conventions collectives.En supprimant les charges patronales au niveau duS.M.I.C., c’est l’asphyxie des régimes de protectionsociale. Avec des sanctions allant jusqu’à la suppres-sion des allocations chômage, c’est contraindre leschômeurs à accepter n’importe quel emploi, sous pei-ne de passer pour des délinquants. Avec une périoded’essai de deux ans, c’est permettre aux patrons de seséparer des salariés sans avoir à se justifier. En résu-mé : renforcement du libéralisme économique et accroissement de la précarité au travail.Voilà les voies «originales» pour résoudre le chômage.Que devient la lutte contre la fracture sociale ? Les décisions sont prises par ordonnances , sans débatsavec les élus, en mettant les syndicats devant le fait accompli. L’incompréhension grandit entre le peuple et ses gouvernants, le «Coup d’Etat perma-nent» perdure ! Après cent jours, les travailleurs res-

tent dubitatifs, le moral des Français a été rarementaussi bas. la quasi-stagnation du chiffre du chômage,malgré «quelques ajustements d’évaluation», ne sau-rait occulter l’évolution constante de l’emploi vers uneprécarité accrue ; trois indicateurs progressent :temps partiel, C.D.D., intérim. Autre symptôme signifi-catif, la baisse des investissements avec, comme corollaire, une croissance faible. Utilisant des mesu-res, sans audace, sans innovation, censées être lesmoteurs de l’emploi, les effets économiques et sociaux résultants ne peuvent être positifs.Il est possible d'envisager la mutation d’une économieà objectif financier vers une économie à objectif so-cial. Pour cela, d’autres comportements s’imposent.S’interroger sur la qualité et les performances de no-tre régime social, économique, éducatif. Ne plus avoird’attitudes de refus systématique face à l’ouverture età la compétition mondiales. Les employeurs doiventreconnaître que le libéralisme est à bout de souffle.Les travailleurs doivent abandonner leurs comporte-ments hostiles à toutes les réformes et comprendre lanécessité de se former à la gestion, que les multiplesgrèves menées contre les plans sociaux et les licen-ciements montrent qu’elles ne sont plus des alternati-ves efficaces et crédibles. Qu’exige cette constructionqui nécessitera beaucoup plus de cent jours ?Dans le domaine technique. Privilégier les facteurs decroissance comme : la recherche, le progrès, la quali-fication des hommes, les impacts positifs de la nouvel-le division du travail, l’innovation qui sont le cœur de lapolitique industrielle. Les entrepreneurs qui investis-sent dans la recherche, les entrepreneurs, les tra-vailleurs qui inventent le futur, sont à même de générerune croissance durable. Dans un monde où la richesseprogresse, c’est la question de sa répartition qui doitêtre posée. Il faut produire autrement ; en effet, àcroissance égale, la France génère moins d’emploisque les autres nations.Dans le domaine organisationnel et gestionnaire. Don-ner, à ceux qui participent à la production des riches-ses, l’accès aux moyens de contrôle et d’évaluation

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Les Cent-Jours...

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A COMMUNEDE PARIS-1871

Peut-on s’imaginer le choc que cetteannonce aurait pu provoquer ? Lesmédias si friands de nouvelles à sen-

sations se seraient régalés, en au-raient fait des tonnes et des tonnes. Le baron, l’œilvengeur sous son masque d’aigle serait monté au cré-neau apostrophant dans une fougueuse harangue tousceux qui avaient armé le bras des assassins par leursdiatribes diffamatoires envers tous ces braves pa-trons, serviteurs de la collectivité, dont le seul souci -hélas incompris - loin d’être mercantile est totalementdésintéressé. Raffarin aurait puisé dans son arsenalprudhommesque une phrase qui enrichirait le sottisierde l’histoire. Le Président de la République y serait mê-me allé de quelques sanglots pour appeler à la raisonles auteurs d’un tel forfait et veiller à ce que ne se re-nouvelle pas ce mauvais coup. Les secrétaires confé-déraux auraient même lancé un appel au calme. Fortheureusement, rien de tout cela n’est arrivé et l’onpeut continuer de respirer dans notre beau pays libre.Il n’y a eu que deux salariés de tués. Il est vrai que c’é-tait deux inspecteurs du travail et dans un pays où il ya tant de chômeurs, cette profession constitue à elle

seule une anomalie. Face à eux, un patron décrit com-me dépressif car cette maladie n’affecte, c’est bienconnu, que les représentants patronaux, totalementignorée en revanche par les salariés qui eux, n’ayantaucun souci pécuniaire, peuvent dormir du sommeil dujuste. Bien entendu les médias ont rapidement passésur l’événement et le baron et ses acolytes n’ont pasmoufté. Raffarin n’a rien trouvé à redire, pas plus queChirac et le patron, le Ministre du travail en perdit tantson souffle qu’il s’abstint de tout commentaire toutcomme du reste les secrétaires confédéraux qui, som-me toute, estimèrent qu’il s’agissait des risques dumétier.C’est ainsi dans notre beau pays au XXIe siècle,on peut continuer à assassiner sans vergogne, tou-jours au nom des mêmes principes, quand cela neconcerne que les exploités et que leurs assassinssoient absous obsédés qu’ils sont par les tracasseriesdu code du travail, dès l’instant où le statut de privilé-gié leur est acquis d’office. Les Versaillais on leursdescendants qui n’entendent jamais rendre compte.Toujours au-dessus des lois. Qui osera dire qu’il y aexagération ? On vous le répète, ce n’était qu’un sim-ple fait divers ! Philémon

économique de l’entreprise. Substituer de nouveauxcritères d’efficacité sociale aux critères financiers om-niprésents utilisés. L’efficacité des entreprises ne doitpas rester confinée que dans le niveau opératoire, celui où la productivité apparente du travail doit tout résoudre ; il faut envisager l’intervention des opéra-teurs dans le monde des décideurs. Le syndicalismedoit passer du curatif à l’anticipation et tenir tête auxstratèges du capital. La professionnalisation des syn-dicalistes est indispensable pour critiquer les straté-

gies financières et industrielles et proposer. Pour parti-ciper aux décisions majeures, la démocratie doit êtreprésente au sein des entreprises.La Commune de Paris, en 1871, préconisait une orga-nisation démocratique, révolutionnaire du travail pourinstaurer la justice sociale. Dans cette configuration,les réformes avancées par la Commune : démocratiedirecte et participation des travailleurs à la gestion restent toujours d’actualité.

Bernard Eslinger

umeurHDeux patrons assassinés !

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Notre Assemblée Générale se tiendrale Samedi 19 novembre 2005 à 14 heures 30

à la Bourse du Travail,Salle Eugène Pottier

3, rue du Château d’Eau, 75010-ParisMétro République

Hie de l’association

L’Association des Amis de la Commune deParis-1871 a mis en place des commis-sions, comme l’avait fait en son temps laCommune de 1871, pour permettre au

plus grand nombre possible d’adhérents de participerà ses activités.La Commission Communication travaille dans quatresecteurs d’activité : le site Internet ; les adhérents col-lectifs ; les relations avec les organisations partenai-res ; les relations avec la presse. D’autre part, notrebulletin reste un atout supplémentaire dans la commu-nication avec tous nos adhérents et nos sympathi-sants. Le site Internet, www.commune1871.org estanimé et actualisé par notre Ami Pierre Korber. Il estabondamment consulté ce qui montre l’intérêt portépar un large public à la Commune et à notre Associa-tion. Une cinquantaine de Comités d’Entreprises, Uni-ons et Fédérations de Syndicats, Associations et orga-nisations politiques adhèrent collectivement àl’Association moyennant une cotisation annuelle de150 euros. En échange de leur adhésion, les Amis dela Commune mettent à leur disposition leur expositionitinérante, des orateurs et animateurs pour présenterdes conférences sur la Commune et des visites du Pa-ris communard. Notre Ami Serge Portejoie anime legroupe de travail des adhérents collectifs.Le groupe de travail des organisations partenaires ades relations suivies avec une cinquantaine d’organisa-tions politiques, syndicales, associatives qui, dans leuractivité, se réfèrent à la Commune de Paris. Ces orga-

nisations s’associent à un grand nombre de nos initiati-ves, notamment à la «montée au Mur des Fédérés» quia lieu chaque année le dernier samedi de Mai. Nousconstatons que l’intérêt pour cette commémorations’est accru ces dernières années alors qu’il régressaitrégulièrement auparavant. Ce résultat positif est dûaux rencontres que nous avons eues récemmentavec, notamment, les principaux responsables de laC.G.T., de la F.S.U., de Femmes solidaires, du P.C.F.,du P.S., du M.R.C., de la L.C.R., du P.R.G. Nous avonsl’objectif et l’ambition de rencontrer au cours des pro-chains mois tous les responsables de nos organisa-tions partenaires.Le travail en direction de la presse est animé parquelques Amis autour de John Sutton. Il se révèle fruc-tueux car nous constatons que des progrès ont étéfaits ces dernières années dans la relation des événe-ments de la Commune par les journaux, revues, radioset télévisions. Il reste cependant beaucoup de progrèsà réaliser dans ce domaine. Des articles et émissionssont consacrés à la Commune sans que nous enayons connaissance. Nous renouvelons notre appel ànos adhérents pour nous envoyer des coupures depresses, notamment en province.Le travail de communication de l’Association est im-portant. Il pourrait être amélioré si nous étions plusnombreux. C’est pourquoi nous invitons les adhérentsqui liront cet article et qui disposent d’un peu de tempsà rejoindre la Commission de la Communication.

Y.L.

4

V

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La Commission Communication

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A COMMUNEDE PARIS-1871

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DUVAL, UN HÉROS DE LA COMMUNE

A la mairie du XIIIe arrondissement de Paris, ce 20 septembre 2005, Pierre-Henri Zaidman a don-né une conférence très documentée, quasi-sa-vante, sur celui qui a été avant et pendant la Com-

mune le leader révolutionnaire du «faubourgsouffrant», à savoir celui que l’on a appelé «l’hommesans visage», le général Victor-Emile Duval, assassinépar les Versaillais le 4 avril 1871 lors de la tentatived’offensive contre le Gouvernement de Thiers réfugiéà Versailles, la ville maudite. Pierre-Henri nous a minu-

tieusement détaillé la personnalité et l’action de cet ou-vrier fondeur blanquiste, membre de l’Internationale,élu Communard du XIIIe arrondissement. Le débat quia suivi a permis de préciser le rôle éminemment poli-tique de ce révolutionnaire issu du peuple. En 1869, ils’écrie dans une réunion publique : «En quarante-huit,on a proclamé le droit au travail, nous proclameronsl’obligation au travail. Que celui qui travaille mange,mais que celui qui ne travaille pas n’ait aucun droit...Par la collectivité, plus de paupérisme».

Maryse Bézagu

• LA COMMUNE DE PARIS

ET JULES VALLÈS EN HAUTE-LOIRE

Du 2 au 18 novembre, au Puy-en-Velay*, vous pourrez(re)découvrir les seize panneaux de notre expositionitinérante retraçant l’histoire de la Commune de Paris.La ville du Puy-en-Velay et la Communauté d’agglomé-ration rendent hommage à Jules Vallès à l’occasion du

cent-vingtième anniversaire de sa mort. Un program-me varié - conférences, expositions, spectacles (dont«barricade» par la Compagnie Jolie Môme... le 20 oc-tobre à Vals... - pour célébrer «l’Enfant du Velay, l’écri-vain insurgé». M.B.* Centre Départemental de Documentation, 8, rue Jean-

Baptiste Fabre, 43000 Le Puy-en-Velay.

• PARIS COMMUNARD ET RÉVOLUTIONNAIRE : HOMMAGE À LOUISE MICHEL, VISITE À PARIS

D’INSTITUTEURS LUXEMBOURGEOIS

La Fédération Générale des Instituteurs Luxembour-geois a sollicité les Amis de la Commune de Paris-1871 pour organiser une visite du Paris communard etrévolutionnaire dans le cadre du centenaire de la mortde Louise Michel. Cette promenade a eu lieu les 24 et25 septembre. Les commentaires sur le Paris com-munard ont été augmentés de références aux Révolu-

tions de 1789, 1830 et 1848. Le dimanche matin,nous nous sommes rendus à Levallois-Perret, devantla maison où Louise Michel a vécu ses dernières an-nées, au cimetière où elle repose et au Parc de la Plan-chette où est exposée sa statue dite de «Dame auxchats». A l’issue de cette visite, nos Amis luxembour-geois ont versé cent euros à la souscription pour l’a-grandissement du siège des Amis de la Commune.

Y.L.

• BROU-SUR-CHANTEREINE, JOURNÉES DU PATRIMOINE, 17 ET 18 SEPTEMBRE 2005 : TOUJOURS LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE

Nous avons participé une fois encore aux Journées dela Solidarité internationale organisées pour la septiè-me année consécutive par nos Amis de Brou-sur-Chan-tereine. Cette année, des «Indiens» du Nordeste brési-lien étaient là, «guerriers de la paix» luttant pour lesdroits de leur peuple, nous entraînant tous dans leurs

danses et chants traditionnels.Les Amis de la Commune étaient là pour témoigner del’internationalisme de 1871 qui, plus que jamais, doitêtre à l’ordre du jour. Les contacts ont été chaleureux,les questions sur cette Révolution parisienne nombreu-ses. Le combat de la Commune et la lutte des Indiensne sont pas si étrangers qu’on pourrait le croire. La so-lidarité, çà existe. Affirmons sans faiblir qu’elle fait par-tie du patrimoine mondial. M.B.

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N otes de lecture

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André Léo, la grande Communarde*Gérald Dittmar vient de publier un recueil de 23 textesd’André Léo dont un certain nombre n’ont pas été ré-

édités depuis le XIXe

siècle. Cette publica-tion, qui reproduit no-tamment 16 articlesparus sous la Commu-ne de 1871 dans lejournal «La Sociale»,est tout à fait utile pourcelles et ceux qui s’in-téressent à cette Révo-lution si particulière. Eneffet, les amateurs

pourront y découvrir la pensée de cette intellectuellerévolutionnaire qui a fait à chaud l’analyse sansconcession de l’événement. Féministe, elle a interpel-lé sans ménagement tous ceux qui oubliaient la moitiéde l’humanité, socialiste-révolutionnaire, ennemie dé-clarée de tous les pouvoirs, elle a dénoncé, en bonneCommunarde, ceux qui décidément, n’arrivaient pas àse débarrasser de leurs appétits dictatoriaux, qu’ilssoient «autoritaires» ou «anti-autoritaires». Le lecteurintelligent comprendra, inutile d’insister.

Alain Dalotel

* André Léo. «Ecrits politiques». Editions Dittmar,371, rue des Pyrénées, 75020 Paris. 30 euros.

Disponible à l’Association.

ANDRÉ LÉO. ÉCRITS POLITIQUES*

L’année 2005 est celle de l’anniversaire de la «Loi de-séparation des Eglises et de l'Etat». La «Libre Pen-sée» en a fait son flambeau, elle la défend avec achar-nement contre ceux qui, sous prétexte de lamoderniser, veulent la détruire.Le défense de cette loi est inséparable de celle de lalaïcité. Dans une note de lecture sur «L’Histoire de lalaïcité» par Henri Pena-Ruiz (La Raison numéro 503),Gérard Da Silva signale l’importance de cette étudecaptivante où l’auteur brosse le tableau de la «nostal-gie des privilèges perdus par l’Eglise catholique après1905 et met en évidence la fâcheuse tendance desreligions monothéistes à engendrer des théocratiesconsacrant l’alliance du trône et de l’autel.«La Commune de Lyon à l’heure de la Commune deParis de 1871» de Marcel Picquier fera mieux connaî-tre l’Histoire des Communes de province. Cet excel-lent exposé a pour source principale l’ouvrage fonda-

mental de Maurice Moissonnier «La Première Interna-tionale et la Commune de Lyon» (La Raison numéro501).Louise Michel est à l’honneur. Tous les aspects desactivités de cette femme exceptionnelle sont mis envaleur dans un très bel article : son intérêt primordialpour l’enseignement, son sens de la justice sociale,son courage, sa lutte pour l’émancipation de la fem-me, ses prédispositions pour la littérature, les scien-ces et les arts, etc, (La Raison numéro 501).«Louise Michel et la Commune» (La Raison numéro502), un sujet qui convient à Gérard Da Silva et qu’iltraite avec sa passion pour les justes causes...

M.C.

LIBRE PENSÉE

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A COMMUNEDE PARIS-1871

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«Le Cri du Peuple» journal populaire, comme son noml’indique, fut le plus lu des journaux de la Commune.Maxime Jourdan a réalisé une étude raisonnée de sesarticles les plus marquants*.Ce n’est pas un travail universitaire fade et ennuyeuxmais une œuvre originale qui, à travers la presse quo-tidienne, fait naître une histoire de la Commune vivan-te et discutée.On y trouve, en premier lieu, la présence de son fon-dateur, Jules Vallès, l’inclassable rédacteur en chef du«Cri du Peuple», ni théoricien, ni idéologue de la Révo-lution. Il écrit la plupart deséditoriaux qui empoignent lelecteur par leur ardente fou-gue révolutionnaire.Vallès s’entoure de journalis-tes de talent dont le passéd’opposant à Badinguet (Na-poléon III) est le plus sûr ga-rant de leurs convictions répu-blicaines.Ses collaborateurs sont lesreprésentants des différentestendances de la mouvancesocialiste : des Proudhoniensaux Blanquistes, des Jacobinsaux Internationalistes. Malgrédes opinions aussi diverses,Vallès réussit à donner un tonunique et inimitable à son jour-nal qui incarne les aspirationsde la jeunesse avide de liber-té. Il modère les excès de langage de certains sanstoutefois porter atteinte à leur liberté d’expression.Lui-même se réserve le droit de modifier ses posi-tions et de blâmer les représentants du peuple quandils le méritent à condition de ne pas s’écarter des ob-jectifs de la Révolution.

Maxime Jourdan définit avec une grande finesse d’a-nalyse l’idéologie du journal basé sur un socialisme unpeu confus et baigné dans les réminiscences de la«grande» Révolution de 1789.Quelques principes constituent la structure de cetteidéologie : refus de la lutte de classe, distinctions entre la petite bourgeoisie travailleuse et la grandebourgeoisie parasite, glorification du peuple et rejetdu gouvernement de «Foutriquet» (Thiers).Maxime Jourdan insiste, avec raison, sur la personna-lité du proudhonien Pierre Denis et son influence sur

l’orientation fédéraliste du «Cridu Peuple». L’auteur masquéde la «Déclaration du peuplefrançais» fait preuve d’un tri-omphalisme, hélas sans fon-dements dans ses articles en-flammée.Dans les annexes de l’ouvragefigurent une bonne chronolo-gie : de la déclaration de guer-re à la Prusse à l’amnistie du11 juillet 1880 ; une liste desarticles titrés et signés ; un re-cueil des principaux articlesde Jules Vallès et de ses colla-borateurs : Casimir Bouis, Eugène Vermersch, J.-B. Clément, Henri Verlet, HenriBellenger, Pierre Denis, etc.Parmi la solide équipe des ré-dacteurs, citons quelques uns

de leurs articles :«La garde nationale de Paris». Patriote, Jules Val-lès exalte l’héroïsme de cette troupe constituée de citoyens en armes tandis que d’autres journalistes sechargeront de stigmatiser les généraux incapables du«gouvernement de la défaite nationale».

LE CRI DU PEUPLE*

VALLÈS S’ENTOURE

DE JOURNALISTES

DE TALENT

DONT LE PASSÉ

D’OPPOSANT

À BADINGUET

(NAPOLÉON III)

EST LE PLUS SÛR GARANT

DE LEURS CONVICTIONS

RÉPUBLICAINES.

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N otes de lecture

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«Pandore. Basile. Mercadet». Henri Verlet, com-mandant du 192e bataillon fédéré donne des comp-tes-rendus détaillés des opérations militaires mais n’é-vite pas certaines exagérations relatives aux pertesdes Versaillais et aux victoires fictives des Fédérés.«Les larmes de crocodiles». Vermersch, malgréses outrances et ses calomnies sans fondements, de-meure un bon journaliste et un poète non négligeable.«Les décrets de la Commune». Jean-Baptiste Clémentmet ses dons de chansonnier au service de la Com-mune mais manque un peu de sens politique dans les«Croquants de Bagnolet».«Paris ville libre». Pierre Denis expose son pro-gramme qui sert de prélude à la «Déclaration au peu-ple français» du 19 avril 1871.Les journalistes qui ont collaboré aux journaux favora-bles à la Commune ont été lourdement sanctionnés :Jules Vallès, rédacteur en chef du «Cri du Peuple»condamné à mort par contumace. Henri Place dit Ver-let Henri, journaliste au «Cri du Peuple» condamné à ladéportation dans une enceinte fortifiée. CasimirBouis, journaliste au «Cri du Peuple» condamné à la

déportation dans une enceinte fortifiée. Jean-BaptisteClément, journaliste au «Cri du Peuple» condamné àmort par contumace. Eugène Vermersch, journalisteau «Cri du Peuple» condamné à mort par contumace.Pierre Denis, journaliste au «Cri du Peuple» condamnépar contumace à la déportation en enceinte fortifié...Plusieurs d’entre eux avaient exercé une fonctiondans l’administration militaire ou civile de la Commu-ne, mais dans tous les cas leur collaboration à lapresse communaliste a été une circonstance aggra-vante dans leur condamnation. Dans cet ouvrage qui dénote une connaissance ap-profondie de l’histoire de la Commune, Maxime Jour-dan nous dévoile tous les aspects techniques, poli-tiques et littéraires d’un grand journal populaire. On nepeut que souscrire à sa conclusion : «Le Cri du Peu-ple» demeure aujourd'hui un modèle de journalismepolitique».

M.C.

* Maxime Jourdan. L’Harmattan. 306 pages.25,50 euros.

En vente à l’Association.

En France, la fascination réciproque des gens quiécrivent et des leaders politiques fut rarement démen-tie et il en résulte une collusion récurrente entre lepouvoir de l’Etat et le pouvoir littéraire. Richelieu n’yfut pas pour rien en créant l’Académie Française. Plustard, Giscard d’Estaing, Pompidou et Mitterrand s’ins-crivirent sans difficulté dans ce cheminement déblayépar les Bourbons. Tout ça pour dire que Louise Mi-chel, femme de lettres mais surtout d’engagementspolitiques vibrants, est une exception à cette traditionélitiste car, brandissant le drapeau des libertaires, el-le demande dans ce petit livre la fin de tous les pou-voirs : le politique,le financier et aussi tous les autres,

y compris celui du suffrage universel. Peut-on en par-ler sans rire ? nous dit-elle.L’Anarchie c’est l’Ordre par l’Harmonie. Voilà son pos-tulat. Et son message d’action fut : Ne prenez pas lepouvoir ... Prenez possession de vos droits d’êtreshumains. Contrairement aux autres partis de gauchequi vont la suivre sur le terrain de certaines revendica-tions, elle se refuse à prendre le pouvoir puisqu’il y au-rait expropriation ce qui impliquerait une exclusionpour certains. Et sur la lancée de son engagement, elle va mettre dans le siècle à venir des espoirs ex-traordinaires d’égalité et de liberté dont elle soulignequ’ils sont les seuls biens mais qu’ils sont incompati-

PRISE DE POSSESSION*

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A COMMUNEDE PARIS-1871

bles avec une quelconque notion de possession.Donc de pouvoir.Plus même, dans «Prise de Possession»elle va annoncer un âge d’or au-delàd’un capitalisme qu’elle jugecondamné. Depuis, lors du XXe

siècle, des partis totalitaires degauche et de droite ainsi quedes tyrans opportunistes nousont fait vivre les plus conster-nantes périodes d’exploitationde l’homme par l’homme de l’histoire du monde. Louise nel’aura pas vu venir. Et l’âge aujourd’-hui, est plus d’argent que d’or. A lirepour une pensée vigoureuse, indignée, lib-re, généreuse, respectueuse des autres et ani-

mée de l’esprit de résistance. Son approche dont laformulation peut sembler naïve à notre XXIe

siècle rejoint certains systèmes de pen-sée contemporains concluant à l’é-

croulement des hiérarchies pyrami-dales au profit de réseauxtransversaux plus subtils. Ayantsur ce sujet plus d’espoirs quede certitudes, je concluerai sim-plement comme Jacques LeFlou, son préfacier :

LOUISE ON T’AIME !

C.C.

Louise Michel. Editeur J.P. Rocher.Prix 12 euros

May, un nom qui est inconnu de la plupart des gens etpourtant les frères May furent intendants de l’arméede la Commune, une fonction qui est de grande im-portance en temps de guerre.Christophe Bitaud s’est atta-ché spécialement à Elie Mayparce que, des deux frères,c’est celui qui a eu la vie poli-tique la plus intense. Il fut aus-si un franc-maçon très actif etc’est cet aspect particulier deson action que l’auteur a sur-tout développé. Les parents des frères Maysont joailliers et appartien-nent à la petite bourgeoisiejuive républicaine. Elie May, opposant au second em-pire, milite dans la mouvance blanquiste et athée.Les frères May participent avec enthousiasme à la

révolution communaliste, ils sont nommés à des postes de direction : Gustave, intendant général, Elie,directeur de la Manufacture des tabacs puis intendantdivisionnaire. Mais la gestion est rapidement suspec-

tée surtout par Gustave Tri-don, membre de la Communeet membre de la commissionmilitaire. Il rédige un rapportmettant en cause l’honorabilité des responsabilités de l’inten-dance.Tridon est un homme intelli-gent et cultivé, le plus remar-quable disciple de Blanqui.Pourquoi met-il tant d’acharne-ment à détruire l’estime accor-

dée aux frères May ? Christophe Bitaud avance uneexplication qui n’est pas sans fondement : Tridon estl’auteur du «molochisme juif» ouvrage «qui en fait

ELIE MAY : COMMUNARD ET FRANC-MAÇON*22223333

LES FRÈRES MAY

PARTICIPENT

AVEC ENTHOUSIASME

À LA RÉVOLUTION

COMMUNALISTE.

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N otes de lecture

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avec Fourier et Toussenel, le représentant de l’antisé-mitisme socialiste»(1). Cette déviance existe chezcertains socialistes du XIXe siècle.Varlin qui remplace les frères May, s’empresse de leurrendre justice et les lavera de tout soupçon. Pourtantles calomnies persisteront jusqu’en 1876, à New-Yorkoù Elie s’est réfugié.Après l’amnistie, il revient en France et reprend sa place dans la lutte politique (avec quelques erreurs de parcours) Il se présente plusieurs fois aux élec-tions mais sans succès. Il sera plus heureux dans la franc-maçonnerie puisqu’il obtient le titre de Vénérable d’honneur ad vitam aeternam de la loge«Les Trinitaires»Le 28 juillet 1918, Elie May est nommé président de«l’Association fraternelle des anciens combattants etdes amis de la Commune» A sa mort, le 21 octobre1930, il sera remplacé par son vieux camarade Camélinat, comme lui épris de justice et libre penseur

(l’un S.F.I.O., l’autre communiste)«Ainsi, tout au long d’une vie marquée de beaucoupplus d’échecs que de succès, Elie May, fidèle à sesconvictions, s’est battu avec opiniâtreté pour sesidéaux de justice et de fraternité, et c’est peut-êtreaussi tous les combats qu’il a perdus qui nous le ren-dent si attachant(2)»

M.C.

N.B : Par souci d’exactitude, signalons quelquescoquilles sur les noms propres : Félix Piat pour Félix Pyat

- Guérault pour Richard Gérault - Delecluse pour Delescluze.

* Par correspondance : Christophe Bitaud, 5 rue Franklin,92000 Nanterre.

Prix 12 euros + 2,50 euros de frais de port.(1) Dommanget Maurice, Hommes et choses

de la Commune, p. 125, éditions de la coopérative desamis de l’Ecole émancipée, Marseille, 1937.

(2) Christophe Bitaud

Cet ouvrage retrace la vie d’un révolutionnaire, avant,pendant et après la Commune.Vie intense, courte, il est mortà 45 ans le 5 août 1888, enprenant la parole dans un mee-ting pour la défense des ou-vriers terrassiers en grève.Vie tout entière, consacrée à ladéfense des exploités, maissurtout œuvre pour un change-ment de société plus juste,plus égalitaire et plus social.Emprisonné, condamné àmort, s’est battu courageuse-ment pendant les 72 jours dela Commune attaquée par lesVersaillais. Il a connu les dures conditions d’exil avec

sa femme et ses enfants en Suisse, en Belgique, enAngleterre jusqu’à sonretour en France. Il a tou-jours eu foi en son idéal,malgré les mensonges,les calomnies, les bas-sesses de la part de lapresse de Thiers, entreautre le Figaro. Ce quiétait «normal» puisqu’ilen était l’ennemi, l’hom-me à abattre.Mais ce qui est le plus in-tolérable, ce sont cellesvenant de la part demembres de son propre

camp. Le 6 août 1888, le journal «l’homme libre»

EMILE EUDES, GÉNÉRAL DE LA COMMUNE ET BLANQUISTE*

UNE VIE TOUT ENTIÈRE,

CONSACRÉE À LA DÉFENSE DES

EXPLOITÉS, MAIS SURTOUT

IL ŒUVRE POUR UN

CHANGEMENT DE SOCIÉTÉ

PLUS JUSTE, PLUS

ÉGALITAIRE ET PLUS SOCIAL.

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A COMMUNEDE PARIS-1871

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annonçait la mort d’Emile Eudes avec son portrait enpremière page et ce poème de Jules Jeannin, dontnous citons ce passage :«Salut à toi, martyr à l’âme grande et belle !Pour mot de ralliement nous redirons ton nom ;Et nous nous souviendrons à l’heure solennelleCar nous aurons aussi notre Panthéon.

Ce qui du soldat, frappé debout à la tribuneLuttant contre le mal, pour le bien, ce vrai toutSachant nous souvenir, et vive la Commune !Mais encore, comme lui, sachons tomber debout.»

Claude Le Helloc

*Jean-Louis Ménard.Editions Dittmar, 371, rue des Pyrénées, 75020 Paris.

L’idée est originale puisque l’auteur, à travers le récitd’un enfant de huit ans, raconte des épisodes impor-tants de l’histoire comme la Commune de Paris, laGuerre de 1914-1918, celle de 1939-1945.La rouge mare au fond d’argile se situe en Basse-Nor-mandie, près de Brétoncelles. L’enfant en ce prin-temps 1944, écoute le soir à la veillée son père ra-conter ses souvenirs de la Grande Guerre et ceux del’arrière grand-oncle Communard.Le grand oncle a vu le massacre des Communards,leur courage, et l’enfant s’imprègne avec force de cetexemple pour supporter sa guerre à lui en ce Prin-temps quarante-quatre. Il puise dans les aspirations àla démocratie du grand-oncle, l'envie de vivre, l’enviede bonheur. L’insouciance apparente de l’enfant estadmirablement décrite : la Rouge mare, au bord de la-quelle tout aspire à la paix peut devenir rouge de

sang. Alors qu’il s’amuse avec les grenouilles, il frôlela mort : «elle n’était pas au rendez-vous» raconte-t-ilphilosophe... Le récit comporte aussi de larges ex-traits de l’article «Hier et demain» de Jean Jaurès parudans L’Humanité en 1907 pour l’anniversaire de laCommune.L’ouvrage se termine par quelques textes de chantsde lutte du monde ouvrier que l’on chantait en famille,lors des fêtes, chez l’auteur. Tout cela fait que ce récitrappellera sans doute à quelques lecteurs des souve-nirs similaires.

Claudine Rey

* La Rouge mare du Haut-Plessis.Gérard Vallée.

Editions Page de garde. 16 euros.

LA ROUGE MARE DU HAUT-PLESSIS*

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hrèves

LOUISE MICHEL À NEVERS

Sur le thème «Le printemps des femmes»,la ville de Nevers en collaboration avec leConseil général a organisé du 25 février au

19 mars 2005 une exposition «Louise Michel».Le Centre culturel Jean-Jaurès a accueilli de nombreuxvisiteurs. Au programme de cette belle réalisation, le 5

mars, une causerie-débat autour de Louise avec l’écri-vain Gérard Oberlé suivie d’une lecture des écrits de laVierge rouge par la Compagnie du Scolopendre et del’Atelier-Théâtre de Fanny Buttafoghi. Bien belle soirée !

Notre Amie Thérèse Gournaud

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LA COMMUNE DE PARIS À ROCHEFORT

Le 23 octobre dernier, un rassemblement pour les dé-portés de la Commune de Paris s’est tenu à Roche-fort. La Fédération départementale de la Libre Penséeen est l’initiatrice depuis 2002, en partenariat avecdes formations politiques et syndicales. Cette mani-festation était organisée par le Comité 1905. Le thè-me était «La Commune de Paris et la laïcité», d’actuali-té en cette année du centenaire de la loi de 1905, ettoutes les organisations syndicales et politiques

étaient invitées à prendre la parole. Une initiative à sou-ligner, rappelant en effet que plus 9 000 combattantsde la Commune (hommes et femmes) furent internésdans les forts du littoral charentais, sur les îles d’Aix,Madame, Oléron et Ré et à Fort Boyard. Ce rassemblement est organisé devant l’ex-prison du bagne qui vit aussi passer les victimes de la barba-rie nazie...

JULES VERNE ET ANDRÉ LAURIE

(SUITE)...Un adhérent de notre Association, nous apporte desinformations complémentaires à l’article paru dans laLettre de la Rentrée concernant Jules Verne et des ma-nuscrits dont il aurait «bénéficié» (sur proposition deson éditeur le célébrissime Hetzel) pour l’écriture decertains de ses romans. Notre Ami nous précise que «André Laurie (PaschalGrousset), signa avec Jules Verne un troisième volume, «L’épave du Cynthia». Les noms des deux auteurs sont sur la couverture, sans qu’on sache exac-

tement quelle est la part de l’un et de l’autre. AndréLaurie écrivit d’autres romans pour Hetzel qui furentrepris par Hachette dans la Bibliothèque Verte. Je possède ainsi «L’héritier de Robinson». Autres titresd’André Laurie : «Le Yacht», «La vie de collège danstous les pays», «L’histoire de deux enfants de Lon-dres», «Le Capitaine Trafalgar», «Le Rubis du GrandLama», «Atlantis», «De New-York à Brest en sept heu-res». Voici ce que je peux ajouter sur cet écrivain Communard».

Gilles Plas. 77470 Trilport.

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PAROLES DE MILITAIRE...«On ne doit laisser aux civils que leurs yeux pourpleurer» De ce conseil, que le général américainSheridan donnait en 1870 à Bismarck sur la

façon de traiter les civils français, les Versaillais en

tirèrent, eux aussi, grand profit dans les massacres dela Semaine Sanglante.«la grande muette» est plus éloquente dans ses dé-monstrations qu’en stratégie guerrière. Les guerrescoloniales en attestent.

UNIVERSITÉ NANCY 2Plutôt que de porter le glorieux titre Université «LouiseMichel» L’université Nancy 2 continuera de s’appelerNancy 2. «100 ans après sa mort, elle fait encore peurà certains !»L’Université de Nancy 2 devra se contenter de ce chiff-re laconique d’appellation, perpétuant l’esprit routinierde quelques vieilles barbes qui se complaisent dans unpassé révolu.Ne changeons rien, si c’est pour donner le nom à unerévolutionnaire. Bien entendu, ils masqueront cette at-titude par des arguties, mais le fond demeure.En effet, l’un des responsables, Manuel Rebusci, quis’activa dans le sens d’un changement, précise que leConseil d’Administration de la dite Université a voté le1er mars dernier le principe d’un changement de nom,

en précisant cependant qu’il y a d’autres problèmes àrégler. Même si cela n’apparaît pas comme une priori-té, le débat était ouvert et le nom de Louise Michel futproposé.Il y eut trois votes successifs et à chaque tour, LouiseMichel restait en lice. Dans le vote ultime, sur 37 vo-tants, elle eut encore 16 voix mais 2/3 des voix étantrequis, celui, Emile Galle qui lui était opposé n’ayant re-çu que 21 voix, on en est resté au statu quo. ManuelRebusci établit que «Louise Michel» était quand mêmeen finale. De grands efforts ont été déployés pour évi-ter que l’Université porte son nom. C’est une belle le-çon de choses sur la valeur de la démocratie repré-sentative. D’où notre préambule justificatif. Iln’empêche, qu’en dépit de ces manœuvres, la véritépoursuit son chemin.

LES PARTICULES SUPÉRIEURES

Ah ! Palsembleu ! Avez-vous remarqué qu’actuellementdans les antichambres du pouvoir, les promus se re-crutent dans les successeurs des «aristos» et des «cu-lottes de peau» de l’armée versaillaise dont l’armée re-gorge à foison ? Ils se rengorgent de leurs noms à

rallonge car ils y tiennent à leurs particules, les boug-res, bien que certaines soient usurpées.Alphonse Allais, l’humoriste s’en gaussait : «Etre dequelque chose, ça pose un homme comme être de ga-renne pour un lapin «

LES JO ET LA COMMUNE

Parmi les déçus du recalage de la France aux JO2012, il y a le jeune comédien Lorant Deutsch qui brû-le actuellement les planches ainsi que les écrans et quidonnait sa version optimiste dans «le Parisien» du 27mai dernier : «C’est pour ça qu’à Paris en 2012, on varetrouver un peu la Commune de 1871, car ce serapartout du drapeau rouge !»

Nous ne sommes pas sûrs que cette vision sympa-thique a été entrevue par les organisateurs, quoiqu’ilen soit nous n’avons rien contre et puis cher Lorant, situ veux retrouver cette ambiance de la Commune, sache qu’il y a une Association où tu trouveras tout ceque tu espérais du point de vue de l’ambiance.

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Hhgenda

UN SPECTACLE SUR LA COMMUNE

«En Novembre 2005, au théâtre de «LaBelle Etoile» à Saint-Denis, la «CompagnieJolie Môme» présente «Barricade»», un

spectacle sur la Commune de Paris-1871.Les Amis de la Commune de Paris y sont cordialementconviés pour retrouver les idées toujours neuves decette Révolution pas comme les autres dans le cadred’une émouvante évocation réalisée par la «Compa-gnie Jolie Môme». Vous y retrouverez l’espoir d’une po-pulation ayant découvert dans le même temps l’espritde la résistance et celui de la responsabilité. Et, mêmesi de nos jours l’Histoire de France racontée aux Fran-çais gomme les brutales réalités de l’époque, vingt-cinq à trente mille tués et des milliers de déportés té-moignent encore de la volonté et de la capacité d’un

peuple d’imaginer un futur souhaitable et d’en prendrele chemin.Alors, du 3 au 27 novembre 2005, les jeudi, vendrediet samedi à 20 heures 30 et le dimanche à 17 heures,nous vous donnons rendez-vous au

Théâtre de «La Belle Etoile», 14, rue Saint-Just à La Plaine Saint-Denis.

Métro : porte de La Chapelle, puis bus 153 ou 302

arrêt «Eglise de La Plaine». Tarifs 10 et 16 euros.

Réservations au 01 49 98 39 20. Relâche exceptionnelle le 25 novembre 2005.

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«LOUISE MICHEL, ARTISTE RÉVOLUTIONNAIRE»Une soirée de théâtre pas comme les autres aura lieule vendredi 18 novembre à 20 heures avec Anna Desreaux, à l’Ecole Vitruve, 3, passage Josseaume*,75011 Paris. Cette représentation est offerte par Anna Desreaux au profit du projet pédagogique «Réunion-Dagana Sénégal».

A noter que cette pièce a déjà été présentée en Chineau lycée français de Shangaï.

C.C.* Entre la rue Deshaies et la rue Vignoles.

Métros Alexandre Dumas (ligne 2), Buzenval ou Maraîchers (ligne 9). Très amical prix d’entrée : 5 euros.

QUINZAINE DU CINÉMA

Du mercredi 23 novembre au mardi 6 décembre2005, le cinéma «L’épée de bois»* organise, avec not-re Association, la projection de films sur la Communede Paris. Fictions et documentaires - réalisés de 1914aux années 2000 - seront suivis de débat, animés pardivers intervenants.

La programmation, les horaires des séances, les tarifsd’entrée, sont joints à ce bulletin et figurent sur notresite Internet.

* 100, rue Mouffetard, 75005 Paris.Métro : Censier-Daubenton.

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H ommage

HOMMAGE À RAOUL DUBOIS

Le 17 décembre 2005, les Amis de la Commune deParis rendront hommage à notre Ami Raoul Dubois quia joué un rôle essentiel dans la vie de l’Association.Nous nous rendrons à 10 heures à la Mairie du XXe arrondissement. Retrouvons-nous nombreux, pourhonorer la mémoire de cette grande figure de notre Association.

NOTRE AMI EUGÈNE KERBAUL N’EST PLUS...Eugène Kerbaul, l’auteur de «Nathalie Le Mel», secré-taire de l’Union des femmes de la Commune, n’estplus. Il nous laisse la biographie de cette Bretonne révolutionnaire et féministe «pour la sauver de l’oubli»,selon sa formule.La vie de notre camarade fut riche en événements.Il adhéra au Parti communiste en 1936, en devint l’undes membres de la Direction régionale bressanne. Mobilisé en 1939, fait prisonnier, il s’évada en 1940,rejoint la Résistance et participe à des sabotages.Arrêté en 1941, emprisonné à Voves Chateaubriant, ils’en évada en 1943, reprit la lutte, chargé de la «Jeu-

nesse communiste» clandestine duNord, capitaine F.T.P., mem-bre du «Comité départementalde Libération» du Nord à la Li-bération. Journaliste à «L’Hu-manité», par la suite il reprit son métier de ty-pographe. Croix de guerre, médaillé de la Résistance,il témoignera jusqu’à la fin de sa vie de l’Histoire de la Résistance et de la Commune de Paris pour sauver de l’oubli ceux et celles qui écrivirent l’Histoireen la faisant.

Andrée Poirier

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hvis de recherche

LE VYNILE DES «4 BARBUS» SUR LA COMMUNE...Un Ami de Marseille, membre de l’Association, prépare une conférence

sur le thème «Le temps des cerises ou chansons au-tour de la Commune de Paris».Il recherche un disque du groupe «Les 4 Barbus»

sur la Commune, ce vynile a obtenu le Grand Prix du Disque dans les années soixante-dix. Une copie de cet enregistrement suffirait à son bonheur. Contacter André Garand, 4, rue de la Loge, 13002 Marseille.

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UN HISTORIEN BRITANNIQUE

ET ADRIEN LEJEUNE...Un historien britannique qui effectue un travail de recherche sur le dernier

Communard Adrien Lejeune cherche des

«..., témoins du Centenaire de la Commune de Pariset en particulier du transfert des cendresd’Adrien Lejeune au Père-Lachaise». Contacter Gavin Bowd au [email protected]

APPEL DES ETUDIANTS

POUR ORGANISER

DEUX CONFÉRENCES

Je voudrais encore souligner le chaleureuxaccueil que m’ont réservé tous les membres de l‘Asso-ciation des Amis de la Commune de Paris. Souhaitantparticiper activement à la vie de celle-ci, je m’arrange-rais, en fonction de mon emploi du temps, de mainte-nir cet objectif.Etudiant syndiqué, je souhaiterais ajouter à la liste desmanifestations prévues, deux conférences (une cet hi-ver, une au printemps pochain, les dates sont à déter-miner) sur la Commune de Paris et l’Ecole républicai-ne. Elles se dérouleraient au centre PierreMendès-France (rue de Tolbiac) et à la Sorbonne. LaFédération syndicale étudiante doit s’engager pour ré-

server les amphis et les créneaux horaires, ainsi qu’àpréparer le cadre des débats dans lesquels l’Associa-tion devrait trouver une tribune d’expression et, jel’espère, un public intéressé. J’envoie un appel à tousles Amis de l’Association susceptibles d’apporter leurconcours à ce projet à prendre contact avec moi au06 10 75 58 33.Une dernière remarque : je souhaiterais que l’on chan-te plus lors des manifestations et surtout... que leschansons soient interprétées dans leur intégralité.Dans cette optique, une distribution des partitions se-rait souhaitable. Merci pour tout ce qui est réalisé.

William Dumontier

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ADHÉREZ OU RéADHÉREZCOTISATIONS 2006/CARTE D’ADHÉSION

A partir de 30 euros - Soutien à partir de 50 eurosA partir 5 euros pour les faibles ressourcesA partir de 150 euros pour les collectivités

2222000000006666LES AMIS

DE LA

COMMUNE

DE PARIS-1871

Arthur Rimbaud. 1854-1891

Le dormeur du val

«... Il a deux trous rouges au côté droit.»

LE PROCHAIN BULLETIN PARAÎTRA DÉBUT FÉVRIER 2006.

DATE LIMITE DE REMISE DES ARTICLES : 22 DÉCEMBRE 2005.

Adressez directement vos articles à Lefébure Jean-Marc

30 Grande-Rue Saint-Laurent, 10400-Nogent-sur-SeineTéléphone 03 25 24 80 73

Vous pouvez y joindre tout document iconographique : photocopies de bonne qualité ou originaux qui vous seront restitués